Nous avons besoin de la junte militaire !

En parlant de l’armée égyptienne, le général James Mattis, a déclaré au New York Times : « Nous avons besoin d’eux pour le canal de Suez, nous avons besoin d’eux pour le traité de paix à l’encontre d’Israël, nous avons besoin d’eux pour [les droits] de survol, nous avons besoin d’eux pour la poursuite du combat contre les extrémistes violents qui sont une menace à la fois pour la transition de l’Egypte vers la démocratie et pour les intérêts américains. »

En attendant de revenir sur le contenu détaillé de la relation entre l’Empire et son vassal  voici un article proposé par Mohand Tahar qui montre qu’il existe encore des femmes et des hommes  de gauche en Amérique qui éprouvent du respect pour le peuple arabe et pour les ouvriers dans le monde à contrario de la gauche arabe devenue ultra libérale et fasciste :

La junte militaire se prépare à libérer Moubarak

Par Alex Lantier
Mondialisation.ca, 22 août 2013

Après une semaine de massacres qui ont tué ou blessé des milliers de protestataires non armés, la junte militaire égyptienne se prépare à libérer l’ancien dictateur haï, Hosni Moubarak, qui se trouve en prison depuis que le soulèvement de la classe ouvrière de février 2011 l’avait contraint à démissionner.

Lorsque hier, un juge a blanchi Moubarak d’accusations de corruption, l’avocat de Moubarak, Farib el-Deeb, a dit à la presse : « Tout ce qui nous reste, c’est une simple procédure administrative qui devrait prendre moins de 48 heures. Il devrait être libéré d’ici la fin de la semaine. »

El-Deeb a prédit avec confiance que Moubarak serait disculpé d’autres accusations de corruption retenues contre lui. Il serait alors libéré sous caution et ferait appel contre l’accusation de n’avoir pas arrêté les massacres de manifestants par l’armée durant le soulèvement de 2011. La junte, qui comprend de nombreux feloul – des anciens éléments du régime Moubarak – dont les massacres, selon les chiffres officiels, ont causé la mort d’environ un millier de personnes, et blessé 6.000 personnes, chercheront aussi à tout prix à blanchir Moubarak de ces accusations.

La tuerie de masse commise par la junte et la réhabilitation du dictateur haï montre que le coup d’Etat du 3 juillet qu’elle avait organisé et qui a été soutenu par les forces de la pseudo-gauche dans la coalition Tamarod (« rebelle »), a été un complot contre-révolutionnaire mené contre la population. Il avait pour but d’empêcher les protestations grandissantes de la classe ouvrière contre le président islamiste à présent déchu, Mohamed Morsi, et de restaurer les conditions ayant existé avant la révolution.

Pendant deux ans, les feloul et leurs alliés de la classe moyenne avaient serré les dents en s’efforçant de dissimuler leur haine de classe à l’égard des protestations des travailleurs qui revendiquaient du travail, des droits démocratiques et la fin de la pauvreté. Ils ont simplement gagné du temps dans l’espoir de restaurer les conditions politiques leur permettant de jouir sans entraves de leur part des bénéfices tirés des empires commerciaux corrompus bâtis sous Moubarak. Maintenant que la junte a réimposé l’état d’urgence, restauré la police politique et envoyé les chars dans la rue pour massacrer des manifestants, ils tentent de saisir leur chance.

Hier, l’homme fort de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, a fait planer la menace de nouvelles répressions contre une nouvelle opposition : « Nous ne resterons pas silencieux et sans agir face à la destruction du pays et du peuple ou à l’incendie de la nation et à l’acte de terroriser les citoyens. »

En fait, c’est la junte et ses alliés qui cherchent à terroriser le peuple égyptien en prévenant une éruption des luttes politiques de masse à l’encontre de sa politique réactionnaire. Non seulement ils ont réimposé les formes de régime dictatoriales qui avaient existé sous Moubarak, mais ils ont considérablement réduit les subventions à l’alimentation et au carburant dont dépendent des dizaines de millions de travailleurs égyptiens.

La junte a annoncé hier le meurtre de 36 autres manifestants qui avaient été capturés à la mosquée al-Fath près de la place Ramsès au Caire alors qu’ils se trouvaient en garde à vue par la police. Elle est également en train de procéder à des arrestations de masse de manifestants, dont celles de 1.004 manifestants après les protestations de vendredi.

Le ministre de l’Intérieur a aussi annoncé hier l’interdiction des « comités populaires de sécurité » et a exigé que les Egyptiens respectent le couvre-feu, à partir de 7 heures du soir, imposé par la junte. Ceci reflète en partie la multiplication des plaintes concernant les groupes de vigiles composés de sbires auxquels Tamarod a fait appel pour attaquer les manifestants pro-Morsi. Mais cela reflète aussi la peur profonde à l’égard de l’opposition de la classe ouvrière qui durant les soulèvements de 2011 avait formé des comités populaires d’autodéfense contre les sbires de la police.

Les Frères musulmans de Morsi, qui craignent aussi que de nouvelles protestations ne viennent encourager une explosion politique de la classe ouvrière, ont annulé toutes les neuf manifestations prévues, à l’exception de trois. Ils ont détourné ces manifestations des trajets prévus afin d’empêcher d’autres affrontements avec l’armée.

En soutenant les organisations contre-révolutionnaires de Tamarod, les charlatans de la pseudo-gauche comme les Socialistes révolutionnaires (SR) ont montré qu’ils se trouvaient, par rapport à la classe ouvrière, de l’autre côté de la barricade. La prochaine offensive révolutionnaire de la classe ouvrière ne pourra se développer qu’en opposition à ces forces réactionnaires, que la junte vise à intégrer pleinement dans l’Etat, ainsi qu’à ses partisans impérialistes.

Kamal Abu Eita, le ministre de la Main-d’oeuvre et du Travail, est en train d’achever la rédaction d’un projet sur « les libertés des syndicats » qui octroie aux syndicats « indépendants », mis en place par des organisations telles que les SR, l’accès à des positions et à des fonds publics. (Voir : « How Egypt’s Revolutionary Socialists helped pave the way for military repression») Abu Eita collabore aussi étroitement avec les émirats pétroliers réactionnaires du Golfe persique. Il a obtenu du cheikh sultan bin Mohamed al Qasimi, le régent de Sharjan, un don de 2 millions de dollars destiné à des « programmes de développement pour la classe ouvrière égyptienne » afin d’aider le ministère du Travail et la bureaucratie syndicale à faire fonctionner les usines fermées durant la révolution.

L’objectif de cette opération est d’accorder à la bureaucratie syndicale et aux partis de la pseudo-gauche des positions lucratives comme exploiteurs de main-d’œuvre ayant un intérêt financier direct dans la répression des luttes de la classe ouvrière dans les secteurs les plus stratégiques de l’économie. Abu Eita a précisé, « Nous avons l’intention de profiter de l’expérience de l’Amérique latine dans la réouverture d’usines fermées. »

Les puissances impérialistes financent elles aussi la contre-révolution. Bien que de nombreux responsables américains et européens aient exprimé leur manque d’aise à soutenir ouvertement la junte au moment où elle massacre des manifestants, craignant que ceci n’entraîne une opposition populaire dans leur propre pays, ils continuent de la soutenir. Le gouvernement Obama n’a pas supprimé son aide annuelle de 1,3 milliards de dollars que les Etats-Unis versent à l’armée égyptienne et continue encore effectivement à financer la répression de la junte.

La Maison Blanche est en train de signaler à la junte que si elle est en mesure d’écraser rapidement les protestations, elle ne rencontrera aucune opposition de Washington. Un responsable du gouvernement Obama a dit cyniquement au New York Times, « Bien que la violence soit intolérable, nous pourrions peut-être accepter ces décisions, et ce rapidement. »

L’armée égyptienne est un instrument crucial de l’intervention impérialiste américaine au Moyen-Orient. Elle accorde des droits de passage immédiats du canal de Suez aux navires de guerre américains et des droits de survol aux avions de combat américains pour bombarder des cibles au Moyen-Orient. Ceci réduit considérablement la durée de déploiement pour les forces américaines. Et ceci a joué un rôle primordial en facilitant l’invasion américaine de l’Irak en 2003 lorsque le refus de la Turquie de permettre aux forces américaines d’entrer en Turquie pour attaquer l’Irak avait contraint la marine américaine à redéployer ses porte-avions vers le sud et à passer par le canal de Suez.

Un autre signe indiquant que les relations de Washington avec la junte restent solides est le fait que le porte-avions USS Harry Truman et son escorte composée de deux croiseurs ont passé hier sans problème le canal de Suez.

En parlant de l’armée égyptienne, le général James Mattis, a déclaré au New York Times : « Nous avons besoin d’eux pour le canal de Suez, nous avons besoin d’eux pour le traité de paix à l’encontre d’Israël, nous avons besoin d’eux pour [les droits] de survol, nous avons besoin d’eux pour la poursuite du combat contre les extrémistes violents qui sont une menace à la fois pour la transition de l’Egypte vers la démocratie et pour les intérêts américains. »

source : http://www.mondialisation.ca/la-junte-militaire-se-prepare-a-liberer-moubarak/5346711

 

(Article original paru le 20 août 2013)

Quoi, qui, pourquoi, comment, dans quelles circonstances et pour quelles conséquences.

Tout phénomène qui se produit bouleversant la réalité sociale, économique, politique ou militaire appelle les questionnements que la société est appelée à y trouver des réponses si elle ne veut pas basculer dans l’horreur de l’incompréhension et dans les ténèbres des crises qui s’accumulent  et s’alimentent mutuellement. Ces questions sont universelles : Quoi, qui, pourquoi, comment, dans quelles circonstances et pour quelles  conséquences. Si les élites font l’impasse sur ces questions et si la société ne demandent pas des réponses à ces élites alors tous subissent la malédiction :

{Ceux des descendants d’Israël qui sont devenus renégats ont été maudits par la bouche de David et par celle de Jésus, fils de Marie, parce qu’ils désobéissaient  et qu’ils agressaient. Et cela car ils ne s’interdisaient pas mutuellement le mal qu’ils commettaient. Que leurs agissements étaient donc exécrables !} Al Maidah 78

La justice ne peut résoudre un crime, la science ne peut comprendre un phénomène, l’histoire ne peut le cœur humain ne peut trouver résilience ou sérénité, s’ils ne répondent pas à ces question qui mènent à la vérité.  Restaurer la  justice est davantage plus complexe et plus exigeant en termes de quête de la vérité. Des médias sans éthique, sans amour de la vérité, sans esprit de justice et d’équité, sans devoir d’informer se transforment en armes qui assassinent les consciences, les esprits, les cœurs et les corps.

Les mathématiques modernes, la psychologie sociale, la linguistique et l’illusion optique ont découvert ce qu’ils appellent le « piège de la raison » qui introduit un biais dans  les conclusions d’une démonstration, d’une enquête ou d’une observation qui a manqué de vigilance ou qui s’est laissé dominer par les impressions,  les préjugés ou les routines.

Que dire alors de la déraison qui anime les médias à qui on a confié la mission du matraquage idéologique, psychologique et médiatique pour ne pas se poser les questions sur les auteurs et les motivations  d’une violence politique ou sociale, d’une agression militaire ou policière, d’un acte terroriste, d’une manipulation psychosociale, d’une subversion… pour criminaliser ceux qui veulent se poser les question, pour les intimider et les confiner au silence.

Quoi, qui, pourquoi, comment, dans quelles circonstances et pour quelles conséquences sont des questions importantes pour comprendre une révolte affublée de révolution ou de printemps. Ces questions sont à poser en ce qui concerne la compétence de désinformer des médias nés des révoltes arabes. En Algérie, après octobre 1988, en Egypte,  après février 20011, la majorité des médias n’ont pas joué leur rôle d’informer, d’éduquer, d’accompagner la démocratie et de participer au débat d’idées. Elles sont venues confisquer la volonté du peuple et le manipuler. Par quoi, pour  qui, pourquoi, comment, dans quelles circonstances et pour quelles conséquences ces médias se sont avérés les ennemis de la démocratie. Avec quel argent ces médias sont devenus un escadron avancé pour saper les valeurs du peuple et ses espoirs. Au nom de quelle morale, de quelle idéologie et de quel peuple ces médias ont cultivé la haine et la discorde dans la société et ont poussé à l’affrontement entre militaires et civils.

A qui profite la guerre civile ? A qui profite la confusion ? A qui profitent la corruption des mœurs politiques et économiques, la pollution des esprits,  et la diabolisation de l’adversaire politique ?

Par qui, pourquoi, au profit de qui, comment, dans quelles circonstances et pour quelles conséquences est poursuivie  la guerre idéologique que menait le colonialisme contre les indigènes qui refusaient de demeurer ses axillaires de pensée, ses assistés, ses vassaux… contre la langue de l’indigène… contre la religion de l’indigène… contre la liberté et la dignité de l’indigène…

Est-ce qu’il est raisonnable et juste  d’imputer aux partisans de l’Islam politique les actes de vandalisme contre les édifices publics et les Eglises alors que le plus ignorant de l’histoire des Frères musulmans sait qu’il n’est ni de leur intérêt ni de leur culture religieuse, sociale  et politique de s’attaquer aux Coptes. Les mouvements sectaires et infantiles ont toujours reproché aux Frères musulmans leur rapport bienveillant envers les Chrétiens et en particulier envers les Chrétiens d’Orient qui partagent avec eux l’arabité, la citoyenneté et la civilisation musulmane.

Qui a intérêt à rompre le fil du vouloir vivre ensemble et du partage d’un certain nombre de dénominateurs communs dont le territoire et les interactions socio-économiques entre musulmans et non musulmans ?

J’ai pris position par écrit contre les Frères musulmans leur reprochant leur empressement à conquérir le pouvoir, leurs arrangements avec l’armée et leur démarche confrérique qui approfondit la discorde sociale et cela m’a permis de voir suffisamment tôt ce qui allait se produire et comment la presse arabe annexe de la presse islamophobe allait manipuler et exploiter la réalité. Voici quelques  extraits des pages 72 à 90 de mon livre «  Le dilemme arabe et les dix commandements américains » :

… La dérive démiurge s’auto justifie par l’illégitimité du pouvoir politique, par la prétention à être le seul détenteur de la vérité et par l’aura de l’Islam sur une population assoiffée d’Islam mais dépossédée des moyens d’appropriation de la vérité coranique. La dérive narcissique permet de jeter l’anathème sur les autres et de les traiter d’hérétiques alors qu’Allah n’a permis à aucun homme de percer le secret du cœur d’un autre ni admis qu’une secte se considère comme la secte du salut et les autres des condamnés à la perdition et à être perdus :

{Ne faites donc pas votre propre éloge. Il Est Plus-Scient de celui qui a été pieux.} (53, 32)

Allah a scellé les pensées intimes et les secrets des cœurs sinon la vie serait infernale ou dramatique. Les Salafistes bigots sont une césure dans les mentalités collectives et dans le corps social, mais ils veulent être une interposition entre le cœur de l’homme et son Créateur, entre sa liberté d’agir et leur conception sectaire et bornée du libre arbitre ou de l’exercice politique sans tutelle théocratique et sans bornage militariste. Ils sont loin de comprendre cette sagesse :

« Il se peut que Dieu te montre les mystères de Son Royaume céleste (malakût) et qu’Il ne permette pas de voir les secrets des hommes. Quiconque percevrait les secrets des hommes sans que son âme se soit conformée à la Miséricorde divine, cette perception serait pour lui une tentation (fitna) et pourrait lui attirer de graves dommages. » (Atta-Allah d’Alexandrie)

C’est cette dérive démiurge qui leur permet de juger à la place de Dieu et de se substituer à l’État. C’est dans cet esprit pervers que nous lisons la Fatwa d’Ahmad Farid cheikh d’Alexandrie autorisant l’armée à tirer à balles réelles sur les Manifestants. Moubarak et tous les tyrans du monde n’ont jamais eu la folie de le dire si ouvertement. Autoriser le meurtre de manifestants sous prétexte qu’ils troublent la paix civile ou qu’ils sèment la « Fitna » est une hérésie qui vient s’ajouter à celle de Qaradhawi demandant, en direct d’Al Jazzera, d’assassiner Kadhafi chef d’État.

Le nouveau ministre de la Justice installé par la Junte militaire lance les mêmes menaces contre les Manifestants qui en l’espace de quelques semaines ne sont plus des héros, mais des traitres, des agents de l’étranger.

Dans ce climat délétère, nous voyons les Frères Musulmans s’ériger en gardiens du temple : ils assurent la sécurité des Coptes d’Égypte au lieu et place de l’armée qui est au pouvoir. Nous sommes face à une théâtralisation, une dramatisation de la violence, pour occulter les arrangements d’appareils entre des « islamistes » infantiles, mais fourbes, et des militaires despotes.

La logique de la politique et de la responsabilité exige des Frères Musulmans de demander à l’armée, qui a le pouvoir réel, de garantir la sécurité à l’ensemble de la population égyptienne ou de céder le pouvoir aux civils. C’est participer à la confusion qu’inverser le rôle et se croire plus royaliste que le roi avant d’entrer dans la cour des courtisans du roi. C’est participer à la clarification que de dire au détenteur du pouvoir réel lorsqu’il assure son devoir de maintien de l’ordre tu as bien agis et le contraire lorsqu’il est défaillent au lieu de se substituer à son rôle. L’astuce politicienne devient vassalisation et le peuple qui a donné sa voix risque de voir que le mensonge continue sous le manteau de l’Islam et à ce moment il risque de pénaliser de la manière la plus inattendue ceux qui se réclament de l’islamisme. Je n’ai pas voulu publier ce livre achevé en 2011, car l’intuition me dit que le peuple égyptien et en particulier les jeunes ne vont pas se laisser duper et, de leur initiative ou poussés par les forces anti islamiques, ils vont revenir à la charge contre le Conseil militaire supérieur et puis se retourner contre les Frères Musulmans devenus otages des Qataris et des Turcs.

[…]

Mohamed Al Ghazali connaissait l’Islam, l’Égypte, les mouvements islamiques et la réalité du monde et par conséquent il avait osé s’attaquer à ceux qui croient défendre l’Islam et qui en réalité, consciemment ou inconsciemment le desservent :

« Ils sont tels des gens qui bloquent une route sans en ouvrir une autre […] D’autres également ne font point de distinction entre les problèmes périphériques et les problèmes centraux, ni entre les sujets fondamentaux et les branches secondaires, ni entre les problèmes majeurs et ceux qui sont mineurs. Ils dépenseraient toute leur énergie pour combattre les problèmes secondaires. Ainsi, il est probable qu’ils attaquent par la mauvaise direction, là où le véritable ennemi attaque par une autre direction. Il leur arrive parfois d’attaquer même des ennemis imaginaires. Tous ces prêcheurs sont un pénible fardeau pour la Prédication Islamique. Ceux-là doivent être corrigés, tout comme ceux qui prêchent pour leurs profits personnels et non pour des principes islamiques sincères ».

[…]

Rien ne peut s’opposer à la volonté populaire : ni le pourrissement voulu par l’armée, ni le jeu maladroit de ‘Amr Khaled de remettre le peuple en état de travailler en proposant des arrangements d’appareils, des médiatisations de l’armée faisant du social, en galvanisant le patriotisme teinté d’Islam pour remettre l’appareil économique à produire alors que les antagonismes de classes sont toujours présents, l’injustice sociale est présente avec ses causes et ses processus…

[…]

Mais de la même manière que Malek Bennabi a vu le ferment de la révolution algérienne dans la sombre nuit du colonialisme nous observons le même ferment que le colonialisme tente de dénaturer en présentant la révolution arabe sous forme d’une simple « fermentation pour distiller certaines idées que le colonisateur recueille soigneusement pour en faire les idées directrices de la «boulitique». Astuce d’ailleurs cousue de fil blanc, et capable tout au plus d’abuser ses auteurs, qui sonnent inlassablement les douze coups fatidiques de minuit en croyant encore pouvoir assoupir la conscience musulmane. Naïf et entêté, le machiavélisme colonialiste ne se laisse abattre par aucun échec et mobilise encore et tous les jours des sonneurs de minuit, à qui l’on distribue des sommes importantes au lieu de les consacrer à des tâches plus utiles […] Le colonialisme et ses intellectuels font encore sonner minuit, mais dans le monde, musulman, l’heure du sommeil et des fantômes est passée, sans rémission…»

J’ai osé remuer le couteau dans nos plaies bien avant que ce couteau nous égorge de nouveau, mais  nous ne sommes pas encore dans une société apaisée qui cherche à comprendre ni dans un processus de clarification qui pose les questions et cherchent les réponses. Il est logique donc que les pratiques totalitaires et les agissements pour compte du colonialisme et du sionisme continuent de se manifester en revêtant des apparences fallacieuses de nationalisme, de modernité, de démocratie, d’islamisme.

Les Frères musulmans ont commis des erreurs stratégiques et politiques qui demandent à être traités par des voies politiques démocratiques. Leur criminalisation et leur répression ne servent ni la vérité,  ni la justice, ni les intérêts de la nation et du peuple. Il y a une volonté de conduire l’Egypte vers la guerre civile. Il faut reconnaitre que les Frères musulmans ont fait échouer cette volonté, jusqu’à présent, en refusant d’aller à la violence armée et en montrant qu’ils ont encore la capacité de mobiliser et d’être entendu pour que la violence ne soit pas une fatalité vers laquelle conduisent le matraquage médiatique  et la répression policière.

En brisant le principe pacifique et consensuel de l’alternance démocratique et en imputant aux Frères musulmans et au HAMAS des actes  terroristes contre l’armée et la police, le général Sissi, le  Ministre de l’Intérieur et les médias aux ordres ont signé un chèque à blanc aux sionistes. Voici ce que je notais dans mon analyse sur la « révolution » égyptienne :

« C’est le ministre chargé de la Défense passive, Matan Vilnaï, qui a exprimé son désespoir de ne pas voir le maréchal Tantaoui maîtriser le nouvel élan révolutionnaire : « La situation est problématique, sensible et pas claire. Tantaoui tente d’éviter le chaos et de transmettre le pouvoir de la façon la plus ordonnée possible. Nous espérons qu’il va réussir et les Égyptiens doivent aussi l’espérer, sinon ce sera le chaos général et ce sera très mauvais, pour l’Égypte » »

Les sionistes continuent d’appuyer le chaos en Egypte en décourageant l’Administration américaine à condamner les violences

Le Figaro : L’Aipac (American Israel Public Affairs Committee), le très influent lobby pro-israélien à Washington, participe à cette campagne. Dans un récent message adressé aux sénateurs, cette organisation affirme que le gel des subsides américains «pourrait aggraver l’instabilité en Égypte, affecter les intérêts américains et avoir un impact négatif sur Israël notre allié».

Mediapart : En Egypte le putchiste Sissi soutenu par Israël s’attaque aux journalistes occidentaux

Par hasard l’Arabie saoudite menace les Européens s’ils envisageaient de supprimer leur aide à l’Egypte.

Par hasard on active le front médiatique en guerre contre la Syrie en imputant au régime syrien le recours aux armes chimiques.  Diversion pour faire oublier l’Egypte ou provocation pour achever le plan de dislocation du monde arabe. Il suffit d’attendre la suite : opérations de l’OTAN sur Damas ou mouvement des pseudos Djihadistes et transfert des armes de la Libye vers l’Egypte. Le plan diabolique est en souffrance et il se dévoile même si la presse arabe veut lui donner une autre lecture.

Le mensonge et la paresse ne peuvent continuer de  cacher le piège médiatique qui a préparé la récupération de la « chute » de Moubarak,  la diabolisation des Frères musulmans une fois qu’ils aient retrouvé un semblant de cap politique, l’angélisation du coup d’Etat. Il faut juste taper  Mossadegh ou  Allende  pour retrouver le même scénario médiatique orchestré par la CIA et les mêmes objectifs de l’Empire. Cheikh Al Ibrahimi avait trouvé le meilleur qualificatif qui soit : « le pire sabotage contre l’humanité »

Quel que soit le résultat de la diversion ou de la subversion, la presse arabe ne peut pas continuer à vendre le mensonge qui consiste à dire que la gauche ou que les libéraux sont partie prenante et déterminante dans le conflit politique et idéologique en Egypte. Ils ne sont que des opportunistes qui jettent de l’huile sur le feu pour masquer la nature réel du conflit et en tirer bénéfices mondains et immédiats.

Quoi, qui, pourquoi, comment, dans quelles circonstances et pour quelles conséquences est sans doute le chemin qui va éclairer les consciences, les discours, les analyses dans les prochaines semaines et les prochains mois, une fois que les arguments fallacieux auraient épuisé leur fonds de commerce ou qu’ils auraient atteint le seuil de saturation. Plus tôt ou plus tard les réponses aux principales questions s’imposeront à la conscience humaine et ni l’Administration américaine, ni le sionisme, ni  l’Arabie saoudite, ni les médias arabes,  ni les faucons dans l’armée et la police ne pourront les faire taire ni les cacher :

{Dis :  » La Vérité est venue, et le faux s’est évanoui. Certes, le faux est évanescent « .} Al Isra 81

Al Zahq signifie : arriver à l’article de la mort, affaibli sans chance de retrouver force, être à l’agonie, alangui,  tombé  assourdi par un coup mortel, arrivé à l’expiration, s’épuiser,  tomber comme un  moribond, devenir soudainement périclitant, assommé… disparaître…

L’école marxiste de Samir Amin continue de croire dans le déterminisme de la lutte des classes et ne voient pas les autres forces qui animent l’histoire et la conduisent à son aboutissement contraires à leurs souhaits.  L’alternance est la loi qui gouverne l’Univers. Vérité et mensonge s’affrontent jusqu’à la fin des temps avec des moments forts où la vérité frappe symboliquement le mensonge à la tête  comme un coup de bélier qui porte un coup fatal à son provocateur.

Ce n’est que lorsque l’opprimé et l’oppresseur se retrouvent réunis dans la quête des réponses du quoi, qui, pourquoi, comment, dans quelles circonstances et pour quelles conséquences de l’oppression qu’émerge de la conscience le refus de l’oppression et que Malek Bennabi appelle le sentiment démocratique. L’humain en refusant d’être la proie ou le prédateur peut alors construire la paix dans sa cité et envisager d’autres questions sur la gestion de la cité. Ce sont les réponses à ses questions lorsqu’elles sont consensuelles et respectées qui construisent le processus démocratique et l’alternance pacifique au pouvoir.

Ces réponses  exigent du courage, de la lucidité et de la morale. Elles exigent le respect du peuple,  l’amour de la vérité et la soif de justice. Ces qualités ne peuvent se manifester dans une société où les insensés et les irresponsables embusqués dans les médias confisquent en toute impunité la parole de la religion, de la justice, de l’histoire, de la politique, de la culture et de la morale pour en faire de l’audience marchande, de la haine idéologique, du spectacle sanglant… du mensonge.

Pour l’instant, rares sont les Arabes, dans le camp islamiste ou non islamiste, qui font du questionnement objectif sur ce qui s’est passé, sur ce qui se passe et sur ce qui va se passer leur priorité. Chacun dénigre l’autre et s’imagine que le dénigrement travaille à son avantage. Le dénigrement n’a jamais été une politique de sortie de crise ni une méthode  de conscientisation  du peuple. Les Frères musulmans ne doivent pas  croire  que leur position de victime sauvagement réprimée aujourd’hui  fasse amende honorable à leur posture blâmable lorsque Saïd Ramadha al Bouti a été assassiné ou lorsqu’ils ont donné caution morale et religieuse à l’OTAN et aux pseudos Djihadistes de détruire la Syrie et la Libye. La vérité est au dessus de toute considération partisane ou conjoncturelle.  Se réclamer de l’Islam n’est pas suffisant pour se croire à l’abri des mêmes fautes que ceux qui ne s’en réclament pas :

{Ceux des descendants d’Israël qui sont devenus renégats ont été maudits par la bouche de David et par celle de Jésus, fils de Marie, parce qu’ils désobéissaient  et qu’ils agressaient. Et cela car ils ne s’interdisaient pas mutuellement le mal qu’ils commettaient. Que leurs agissements étaient donc exécrables !} Al Maidah 78

Les Frères musulmans doivent donc répondre aux questions : Quoi, qui, pourquoi, comment, dans quelles circonstances et pour quelles conséquences ils ont facilité la mission de l’Administration américaine pour approfondir les césures dans les géographies, les cultures, les politiques, les économies et les mentalités collectives des Arabes alors que l’urgence était de fédérer… S’ils ne clarifient pas les phénomènes dont ils ont été les acteurs, les témoins ou la victime, ils seront l’otage des autres qui ne manqueront pas de noircir le tableau et de les accuser justement ou injustement.

L’Egypte de Samir Amin et les patriotes de l’Algérie : des syllogismes fallacieux !

Le site « Algérie patriotique » expert de la désinformation des Algériens sur la situation en Algérie et Egypte se fait l’écho du professeur d’économie politique Samir Amin. Les éradicateurs et les falsificateurs idéologiques se renvoient l’ascenseur. Pour comprendre le nationalisme de l’« Algérie patriotique » il faut juste voir le nombre de musulmans, d’Arabes ou de Berbères qui sont affichés en première : Douganov, Maurice, Bernard et l’athée Samir Amin qui n’a jamais caché sa haine pour l’Islam politique.  Les intellectomanes d’Algérie et d’Egypte ne ratent jamais l’occasion d’exprimer leur haine de l’Islam et de s’afficher comme des auxiliaires de la pensée importée d’ailleurs.

Comme je suis un de leurs détracteurs les plus affichés des Frères musulmans,  je m’autorise moralement à répondre aux mensonges des pseudos démocrates qui ne finissent pas de faire couler le sang des musulmans en terres musulmanes, car les peuples musulmans ne veulent pas leur donner mandat pour  les gouverner, car ils savent les haïssent et qu’ils haïssent leur religion.

Q : Les médias évoquent un deal conclu entre Morsi et les Américains qui consistait à céder 40% des territoires du Sinaï aux réfugiés palestiniens. En contrepartie, les Frères musulmans auraient empoché huit milliards de dollars. Qu’en est-il réellement ? R : Oui, cette information est exacte. Il y avait un deal entre Morsi, les Américains, les Israéliens et les acolytes riches des Frères musulmans de Hamas à Ghaza

Où est le document qui prouve ces assertions frauduleuses qui vont saboter l’avenir d’un pays pour des décades. Nous pouvons écrire des analyses simples ou sophistiquées, mais nous ne pouvons construire ou déconstruire une nation sans preuves juridiques, sans arguments scientifiques, sans jugement de l’histoire.  Sur le plan logique nous avons vu comment les Frères musulmans ont eu du mal à gouverner un pays en faillite  et comment ils ont eu du mal à affronter les campagnes médiatiques qui les diabolisaient et aussi nous nous interrogeons s’ils avaient réellement imaginé vendre une partie du Sinaï ou s’ils étaient inconscients pour croire qu’ils n’allaient pas toucher un tabou. Nous ne sommes pas dans une concession de pétrole de Sahara que Sonatrach gère sans rendre compte au peuple algérien nous sommes dans un territoire avec sa sensibilité, sa mentalité collective, son histoire, sa symbolique religieuse et ses populations écartées du développement. Nous sommes dans une zone sensible où il ne s’agit pas seulement de profondeur stratégique, mais de terrain de confrontation.

Nous ne sommes pas dans une épicerie, mais dans ce qui donne justification à l’existence de la rente militaro industrielle égyptienne. Il est difficile de voir les Frères musulmans franchir ces lignes rouges. Samir Amir sait que plus c’est gros et sensationnel plus c’est crédible d’autant plus que les esprits sont fermés. C’est une accusation grave qu’un homme sensé ne peut porter sans risquer de se trouver devant les tribunaux s’il y avait la démocratie et la légalité. Un journaliste d’investigation aimant son métier et respectant ses lecteurs aurait donné la parole à l’accusé et à d’autres analystes sur un sujet aussi sensible.

« L’armée est entrée en jeu et a réagi de manière patriotique, ce qui est tout à fait à son honneur, et a dit : «On ne peut pas vendre le Sinaï à quiconque, fussent-ils des Palestiniens et faciliter le plan israélien.» C’est à ce moment-là que l’armée est rentrée en conflit avec Morsi et les Américains »

Je lis la presse égyptienne et la presse palestinienne anti Morsi, elles avancent d’autres arguments : le désaccord de l’armée sur le rapprochement de Morsi avec le HAMAS, avec l’Iran. Il y a un général  en retraite qui a soutenu que le général Sissi voulait imputer l’assassinat de soldats égyptiens au Sinaï en juillet 2012 au HAMAS alors que Morsi l’imputait à Israël. Les premiers jours du coup d’Etat la presse égyptienne, à l’unanimité, a informé d’une  plainte pour que la justice juge pour haute trahison Morsi, car il s’est évadé de prison lors de l’insurrection populaire contre Moubarak. On lui reproche tout et rien à la fois que la véritable question est escamotée : il a été démocratiquement élu et il est donc illégal et illégitime de le destituer en le gardant otage. S’il y avait une preuve du deal, elle aurait été publiée dans la presse et Morsi aurait été lynché haut et court.

Enfin tout le monde s’accorde à dire que le pouvoir réel était au sein de la confrérie et non au sein du parti de Morsi ou de son cabinet. Il aurait été plus simple et plus efficace de viser le chef de la confrérie pour ce montage que Morsi. Par ailleurs le montage géostratégique de ce deal exige la collaboration de plusieurs chefs d’Etat, de plusieurs diplomates et de plusieurs agences de renseignement. Même si Morsi voulait extorquer des milliards à l’administration américaine ou rendre services aux riches palestiniens la décision finale revenait aux grandes puissances.

Je ne suis ni journaliste ni expert en dialectique ou en droit, mais un homme qui déteste le mensonge et le crime. Je me documente sur les raisons qui motivent l’horreur aux yeux des éradicateurs au lieu de me contenter à nier les uns  ou à approuver les autres. Je me suis rappelé un débat des plus malhonnêtes qui me soit permis de voir dans le monde arabe. Ce débat (http://www.youtube.com/watch?v=5k20uL5FOSE) qui a eu lieu avant le référendum sur la Constitution se focalisait sur l’article 57 qui stipulait :

Projet de la Constitution : article 57

L’État accorde l’asile aux étrangers privés dans leur pays d’origine des droits et libertés garantis par la Constitution.

L’extradition des réfugiés politiques est interdite.

Ceci en conformité avec les dispositions légales.

Le droit international, le droit européen, et la Constitution française accordent aux réfugiés le droit d’asile avec un certain nombre de droits moraux et matériels qui assurent leur protection et leur dignité. Les grands pays à tradition d’accueil, comme la France, énonce ce droit comme un principe fondateur de la République en le proclamant dans le préambule de leur Constitution. La loi et les institutions  explicitent et régulent le code de séjour des étrangers, le code de la nationalité, le droit d’asile. Ce sont des traditions humanistes que la Charia islamique a instauré depuis  l’avènement de l’Islam. On le retrouve dans la paix offerte par l’Eglise aux réfugiés dans son enceinte. Voici ce qu’on reproche à la nouvelle Constitution égyptienne :

 » Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République «   (Article 53.1 de la Constitution de 1958).

Les Coptes, les libéraux et les nationalistes se permettent de jouer sur les mots pour faire peur à la population et exacerber son nationalisme. Ainsi ils font l’amalgame entre Gantanamo, Palestine, terrorisme, apatrides délinquants, accords commerciaux avec l’Union européenne, accords secrets avec Israël…  Je n’ai jamais entendu des propos aussi racistes et aussi négateurs des droits de l’homme que dans cette émission où les traditions totalitaires avec leur montage et leur exclusion de la partie adverse ne peuvent trouver place dans l’extrême droite française qui perdrait tout crédit politique.

Samir Amin et les comparses de l’éradication et de la diabolisation se taisent pourtant sur le résultat du référendum populaire malgré la mobilisation de tous les moyens médiatiques.  Ils continuent de nous servir leurs arguments fallacieux et leur haine de l’Islam au lieu d’affronter leurs adversaires politiques et idéologiques sur le champ des élections  et sur le terrain des idées.

Le premier argument de Samir Amin et des souteneurs du coup d’Etat sur « Algérie patriotique » :

« La seule et véritable raison est que Morsi était rejeté par le peuple égyptien. La preuve en est donnée par la campagne de signature de Tamaroud qui avait réuni, avant le 30 juin, vingt-six millions de signatures demandant le départ de Morsi. Ces signatures n’ont pas été ramassées n’importe comment. Elles représentent un chiffre vrai. La manifestation du 30 juin était bel et bien attendue. Seulement, elle a dépassé tout ce qu’on pouvait imaginer. Les chiffres indiquent que dans toute l’Egypte, et non seulement à la place Tahrir, il y avait trente-trois millions de manifestants, le 30 juin. Pour un pays de 85 millions…  Face à cela, évidemment, le commandement de l’armée a été très sage ; il a déposé Morsi et confié la présidence intérimaire à qui de droit, c’est-à-dire au président du Conseil constitutionnel, Adli Mansour, qui est un juge, mais pas un juge révolutionnaire ; c’est un homme conservateur, connu pour être parfaitement honnête et démocrate… Morsi qui se comportait comme un brigand et sans aucun respect des règles les plus élémentaires de la démocratie. »

Comment un professeur d’économie politique et un journaliste grand démocrate vont-ils nous faire avaler leur couleuvre ? Par ce que la subversion appelle le syllogisme fallacieux : fausses prémisses, faux raisonnement et fausses conclusions masquées par des affirmations tautologiques qui s’affirment comme vraies et qui deviennent référence pour faire des mensonges à venir des vérités que rien ne vient confirmer. L’esprit et la rhétorique des démocrates arabes auraient été  des curiosités s’il n’y avait pas les conséquences dramatiques que l’on sait. Les faux démocrates annoncent une fausse vérité et la suivent pas d’autres fausses vérités :

« Tout le monde le sait en Egypte. Et la preuve va être donnée par la justice bientôt. »

Les démocrates arabes, au nom de la démocratie (souveraineté du peuple) assassinent le choix du peuple, assassinent le peuple dans l’espoir que la justice de l’Etat d’exception va leur donner les arguments et les preuves. Et pourtant, un apprenti ouvrier de 14 ans (niveau BEP ou CAP) apprend au collège français que la démocratie se mesure par le scrutin, se respecte par le respect du résultat des urnes et se pratique par l’exercice de l’alternance politique. Les manifestations du Front de Droite ou du Front de Gauche, les manifestations contre ou en faveur de Sarkozy ou de Hollande, ne font pas le choix populaire et ne peuvent remplacer une élection.

Etre républicain ou démocrate commence par le respect du choix du peuple et l’engagement à œuvrer pour que le respect du choix populaire soit ancré dans la culture politique. Cette posture est davantage attendue dans les pays arabes qui n’ont pas ces traditions. Celui qui se prétend le plus démocrate devrait montrer l’exemplarité, mais les élites arabes ne sont pas à leur première contradiction, ni à leur premier parjure, ni à leur première trahison.  Ils ne peuvent voir le ridicule et le faux de leur argumentation ni leur référence qui n’est pas le peuple arabe, mais l’Etranger dont il cherche l’agrément :

« L’ambassade des Etats-Unis a proclamé Morsi vainqueur d’élections «démocratiques» et, évidemment, trois minutes après, les ambassades de Grande-Bretagne, de France et des autres pays européens ont suivi. La commission des soi-disant observateurs étrangers, principalement des Européens, a entériné ces élections-farce. Le régime ne bénéficiait, donc, d’aucune légitimité. »

C’est lamentable comme argument, ridicule comme justification, cynique comme mensonge. La vérité la plus élémentaire est d’interroger les comptes rendus de la presse égyptienne sur les aller venue des officiels du pouvoir et de l’opposition à Washington. Tous vont chercher la bénédiction de l’Administration américaine, et tous cherchent et rendent compte de la position des élites américaines et européennes à l’égard de leur pays. Les indigènes sont considérés comme des faire-valoir, ils ne sont sollicités que pour verser leur sang faute de n’avoir pas donné leurs voix. Les faux démocrates et les faux progressistes sollicitent  l’Empire et le boudent comme des prostitués lorsque l’Empire poursuit ses objectifs qui dépassent leur stupidité infantile et leurs ambitions démesurées.

Un enfant attardé mental sait que jamais l’Amérique et Israël ne laisseront leurs vassaux se faire massacrer ou se faire déposséder de cette façon. Nous voyons l’Arabie saoudite mettre tous ses  moyens diplomatiques et financiers pour empêcher que l’Europe ne puissent, par égard à ses citoyens, condamner la répression en Egypte. Nous voyons, de la manière la plus éclatante, comment le monde arabe et musulman met son curseur distinguant  les partisans de la vérité des partisans du faux. Le syllogisme des démocrates opposés aux islamistes ne tient plus depuis plus de 20 ans. Les rentiers de tout bord veulent maintenir le statut quo idéologique des années cinquante à soixante dix.

Un journaliste instruit et démocrate dispose des archives des médias. Un professeur d’économie marxiste connait l’importance du traitement statistique des données et il sait que Lénine a mené un travail colossal et objectif de collecte et de traitement des chiffres  pour réaliser ses monographies sur la situation réelle de la Russie. Lorsqu’on entend les inepties du professeur Samir Amin on comprend la faillite morale et politique de ses élèves dans le monde arabe. Ils sont prisonniers de leurs clichés idéologiques et de leurs syllogismes fallacieux. La dialectique chez les marxistes arabes c’est juste de l’intellectualisme ostentatoire et un gagne-pain dans les universités du tiers monde.

3 ou 30 millions d’opposants en Egypte il faudrait les prouver. Plus le mensonge est répété  plus il parait plausible. Plus le mensonge est gros plus il frappe les esprits. Ces pygmalions adorateurs de leurs syllogismes fallacieux savent la vérité : seule une élection permet de mesurer en grandeur réelle le poids électoral d’une force politique.  Même si les opposants de Morsi sont plus de 30 millions rien ne dit que les partisans de Morsi ne sont pas autant sinon plus, et rien ne dit que les « forces » pseudo libérales qui ont obtenu moins de 0,01% et qui ont échoué à faire boycotter le référendum sur la Constitution puissent avoir une voix dans l’avenir. Il faut revenir à l’arbitrage du peuple qui s’est déjà exprimé selon les règles de la démocratie moderne :

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Ce sont les chiffres  officiels de l’Etat égyptien. Faut-il contester ces chiffres,  changer de peuple, ou se remettre de nouveau  au peuple et attendre les nouveaux chiffres. Les falsificateurs savent qu’ils n’ont aucune chance de remporter une élection transparente et honnête. La solution est la fuite en avant en programmant un bain de sang et en tentant de le vendre puis de le justifier par des élites qui se comportent moralement et socialement pire que les Baltagis et les mercenaires. Même si vous n’avez ni religion, ni respect du pacte, ni esprit démocratique, le sang versé vous poursuivra dans ce monde et dans l’autre. L’illusion de réussite vous fermera la porte au repentir et à l’autocritique. Les militaires que vous avez entrainés dans votre chute ne vous donneront jamais la moindre  parcelle de ce pouvoir tant convoité.

Quelle est la signification de ces 3 millions de voix à la place Tahrir ? Où sont les  études réalisées par les ingénieurs, topographes, urbanistes, géographes et cartographes pour estimer le nombre de personnes pouvant se réunir à la place Tahrir et dans ses périphéries ?  J’ai cherché à comprendre la signification des chiffres qui occultent la sacralité de la vie humaine et la valeur de la pratique démocratique ? J’ai trouvé deux démonstrations que deux ingénieurs  égyptiens sur You Tube pour réfuter la valeur des chiffres.  Je vous conseille de recourir à Google Earth pro (ou plus) sinon à Google Earth grand public et de vous faire assister par le logiciel gratuit GE-Path. Même s’il y a des erreurs de l’ordre de 0,01 les résultats restent probants pour des estimations.

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Il est vrai que l’œil humain est toujours impressionné par le fantastique et qu’il est sujet aux phénomènes d’illusion optique,  il est vrai que les images sont impressionnantes.

 

 

 

 

 

 

 

Place-Tahrir2Ces images impressionnantes occultent les images aussi impressionnantes des partisans de la légalité constitutionnelle et du respect du processus électoral. Je me suis rappelé la citation d’Umbero Ecco sur les symboles et la puissance de l’image : « Dans une société démocratique, l’image doit inviter à la réflexion et non à l’hypnose ».  J’ai toujours pensé et dit que les pseudo modernistes arabes sont otages de la mythologie grecque et qu’ils sont les plus grands paresseux en matière de processus dans un monde arabe qui ne partage pas leurs symboles et leur réfutation de la foi et de la démocratie.

 

 

Il faut parvenir à évaluer la surface de cette marée humaine. Les pécheurs de l’Occident parviennent à évaluer la quantité de sardines dans l’océan, alors que les vertueux du monde arabe jouent sur la fascination.  Combien de personnes peuvent être contenues dans les espaces pouvant théoriquement les contenir si on part de l’hypothèse extrême que 4 personnes peuvent rester debout et longtemps sur 1 m2 dans une ville aussi insalubre et aussi étouffante que le Caire ? Il faut faire un tracé qui épouse les contours de cette marée humaine :

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A partir de plusieurs tracés il faut faire confiance à la technique de Google Earth et non aux idéologues éradicateurs pour évaluer, noter et additionner les superficies calculées par le  logiciel  :

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Dans le meilleur des cas nous arrivons à la même conclusion des Egyptiens qui contestent les chiffres : Au maximum 400 milles personnes si on fait abstraction de l’espace occupé par les bâtiments. En tenant compte du turn over, du renouvèlement des manifestants, nous pouvons admettre le chiffre de  600 mille. En partant de ce chiffre  et en faisant une extrapolation sur l’ensemble de l’Egypte, nous pouvons arriver à une mobilisation anti Morsi de 5 millions. Même si nous supposons qu’il a plus de 4 personnes au m2 et qu’il n’y a pas d’arbres ni de bâtiments nous arrivons au chiffre d’un millions au Caire et par extrapolation de 10 millions en Egypte. Nous sommes loin des chiffres avancés par le syllogisme fallacieux. Nous sommes loin du rapport démocratique aux chiffres officiels de l’élection présidentielle et du référendum sur la Constitution.

Il doit y avoir une haine idéologique qui transcende la rivalité politique. Elle est focalisée sur l’Islam politique. Les Français qui ont des traditions démocratiques et qui font des manifestations une expression sociale et politique normale dans le jeu démocratique ont du mal à trouver une autorité crédible et impartiale qui expertise le nombre des manifestants qui varient toujours de 1 à 10 selon la police et les organisateurs. Comment donner foi à ceux qui n’existent en poids politique dans un pays qui de surcroit n’a pas d’appareil statistique fiable.

Si nous oublions les calculs que permet Google Earth nous ne pouvons occulter le nombre impressionnant des Egyptiens qui se sont mobilisés contre le coup d’Etat. Si les démocrates avaient la certitude de remporter des élections futures ils n’auraient pas couru le risque d’occulter le nombre des partisans de Morsi et des partisans de la légalité qui continuent de se manifester malgré la terreur recherchée par la répression et la mise au silence.

Notre professeur de dialectique ou plutôt de rhétorique fallacieuse et de casuistique idéologique continue sans honte ni pudeur à déverser ses mensonges et à trouver des insensés qui le diffusent devenant  ainsi complice dans la mise à mort d’un pays frère et la fin d’une expérience démocratique :

« Il y a eu trente-trois millions de manifestants au Caire contre Morsi, lequel avait le pouvoir de l’Etat et les milliards de dollars du Golfe. Seulement, il n’a même pas pu mobiliser deux millions de partisans. On parle de danger de guerre civile quand l’opinion est véritablement divisée et partagée. Ce n’est pas le cas en Egypte. Ce qu’il y a, par contre, ce sont des actions terroristes. En Egypte, tout le monde sait que les Frères musulmans sont au nombre de cinq cent mille à six cent mille. Parmi eux, il y a une centaine de milliers qui est armée. Ce sont ceux-là qui peuvent créer des troubles, non une guerre civile. D’ailleurs, dans les manifestations populaires, ceux qui arrêtent les Frères musulmans et les battent à plate couture, ce ne sont pas les forces policières, mais plutôt les manifestants eux-mêmes. »

Les monarchies absolutistes viennent de mettre 20 milliards sur la table pour accompagner le coup d’Etat, le temps va dévoiler les dessous de table pour préparer le coup d’Etat et inciter les militaires à le faire. Le Qatar vient d’envoyer quatre bateaux de gaz. Ce n’est pas moi qui l’affirme. Les télévisions et les journaux du monde entier témoigne du mensonge sans vergogne de la gauche égyptienne et de la gauche algérienne qui se fait écho de leur mensonge sans respect ni pour  la vérité des faits, ni pour la démocratie, ni pour la sensibilité du peuple algérien et ses souffrances. Le complot contre la jeune et fragile démocratie égyptienne a réuni toutes les crapules de gauche comme de droite, de l’intérieur comme de l’extérieur, du camp islamiste comme de leur éradicateurs.

Le scénario est diabolique. Moralement, politiquement, médiatiquement  et intellectuellement, nous assistons à l’effondrement du scénario qui dévoile  l’ampleur de son mensonge et de son horreur.  Nous ne voyons ni juge ni organisation non gouvernementale indépendante recevoir les copies des 20 ou 30 millions de signataires demandant la destitution du président Morsi. Même si cela venait à se réaliser et j’en doute comme je doute que le chameau puisse entrer par le chas d’une aiguille, il faudrait prouver que ces signataires voulaient la fin de tout le processus démocratique.

Je ne suis ni journaliste, ni professeur de dialectique, ni partisan de la démocratie ou de l’islamisme, mais un homme qui refuse le mensonge et le meurtre. J’ai donc rédigé un article sur la Baltagiya fort documenté. Il y a des images, des chiffres et des analyses. Un professeur d’économie politique peut faire de la boulitique dans sa tour d’ivoire et auprès de ses pairs, mais il ne peut cacher la vérité flagrante au peuple égyptien qui vit à proximité des milices de délinquants promus en justiciers et en vitrine politique fasciste.

Le journaliste algérien, même s’il n’a pas la culture démocratique et l’esprit sportif,  il aurait pu avoir la présence d’esprit de se rappeler que les Algériens ont souffert de la Baltagiya égyptienne lors des rencontres de football et qu’ils ne risquent pas n’oublier les appels au meurtre et la falsification des faits d’un certain Dib qui conduit toujours le tapage médiatique des canailles qui trouvent refuge dans le nationalisme des frustrés et des prédateurs. Lorsqu’on analyse les commentaires on comprend que l’esprit partisan n’écrit pas pour afficher ses arguments ou pour montrer la vérité à laquelle il est parvenu, mais pour gagner son pain et plaire à ses lecteurs acquis à la même cause que lui et ses commanditaires.

Il faut bien, un jour ou l’autre, dans ce monde ou dans l’au-delà, que chacun apporte ses preuves et ses témoins et rendre compte sur ce qui a conduit à l’atrocité des crimes commis contre un peuple et un pays et comment et pourquoi avoir informé et manipulé la réalité de cette façon et non de telle autre. Il ne s’agit pas de statistiques ou de syllogismes pour s’amuser ou jouer de la passion humaine et de sa crédulité, mais de la sacralité de la vie humaine et du droit à un peuple de décider de son devenir. Un professeur « dialecticien » ou un journaliste « patriote » n’a pas plus de droit qu’un paysan, qu’un ouvrier ou qu’un exclu dans le choix de ses gouvernants et de la façon à être gouverné. Il a plus de devoir par sa compétence à raisonner et sa possibilité à communiquer. Moralement et intellectuellement parlant le professeur et le journaliste partage la même ignorance du peuple et de sa religion et fondent leur idéologie sur le même fantasme et les mêmes méthodes de mensonge. C’est lamentable.

C’est tellement lamentable qu’ils nous font croire que l’Amérique et l’Europe ne peuvent pas venir en aide à leurs  vassaux islamistes mis en Egypte pour le profit d’Israël.  Personnellement j’ai attaqué les Frères musulmans et Qaradhawi pour leur politique insensée en Syrie et en Libye disant qu’elle sert les intérêts de l’Empire et du sionisme qui déchire les musulmans entre eux pour continuer de démanteler la région. L’Empire et le sionisme poursuivent  le même objectif contre le monde arabe et le monde musulman par la stratégie du soft-powerment de Brezinski et l’attisement des luttes idéologiques entre musulmans de Bernard Levy. Sur ce terrain les islamistes et les non islamistes ont été lamentables.

Les erreurs de gouvernance ou de vision stratégique ne permettent pas d’affirmer qu’il y avait une trahison ou une collusion d’intérêt contre la souveraineté nationale. J’ai exprimé mes craintes qu’en Algérie ou qu’en Egypte  l’administration américaine puisse manipuler l’esprit de revanche, l’appétit de pouvoir et l’inculture géopolitique que les systèmes despotes ont développé y compris au sens de l’opposition islamiste. J’ai par contre refusé de croire que les Frères musulmans puissent agir  en traitres pour le compte de l’OTAN ou de l’administration sioniste. Leur combat pour la Palestine et ligne idéologique ne leur permettent pas la mutation sur les principes et les valeurs.

La mauvaise gestion du dossier syrien par les Frères musulmans et par le HAMAS, a permis de cultiver le doute, puis de  d’en faire un objectif idéologique et politique contre l’expérience démocratique égyptienne et palestinienne tout en sapant la résistance en la déchirant de l’intérieur. Ma principale crainte était de voir les Frères musulmans tomber dans des  arrangements tactiques et hypocrites avec l’armée ou avec l’Administration américaine ou de se disperser dans des faux clivages idéologiques. Les éradicateurs ont souhaité la collusion et ont focalisé leurs efforts pour lui donner une réalité médiatique. Ils n’ont pas joué seulement à la Boulitique, ils ont œuvré dans le sens de la stratégie sioniste et impériale puis ils font semblant de se présenter comme la conscience nationale par des mensonges et des manipulations. C’est mesquin et criminel !

La politique comprise comme consécration de soi au service de la cité ( le but de la démocratie n’est-ce pas) ne se fonde ni des approximations, ni sur des jugements de valeur ni sur le triomphe de l’ego au détriment des citoyens.  Le professeur du centralisme démocratique et de la dialectique historique ainsi que le journaliste patriotique auraient pu nous informer sur les revendications des 3, 10, 22, 30 ou 52 millions ligués contre Morsi. Au-delà de l’éviction de Morsi quel est leur projet, leur désir, leur ambition : économie libérale, augmentation de salaire, sécurité, élections présidentielles anticipées, révision constitutionnelle.

Si tout ce monde était rassemblé autour d’un seul et même objectif pourquoi aller vers un coup d’Etat militaire, pourquoi ce bain de sang, pourquoi ce chaos, pourquoi l’absence de ce peuple et la présence des Baltagiyas. Si ce rassemblement est divergent politiquement, socialement et idéologiquement pourquoi un retour au pouvoir de l’armée, de la police et du système Moubarak. Comment connaitre la nature réelle de ce rassemblement : le poids réel des partis dans un parlement élu démocratiquement. Pour l’instant, le choix est l’éradication pour ne pas être confronté de nouveau au choix populaire.

Les éradicateurs experts en syllogismes fallacieux ne peuvent dire à leurs relais médiatiques que la Constitution égyptienne, malgré tout ce qu’on peut lui reprocher  comme erreur de formalisme juridique, a apporté des avancées démocratiques et des garanties de justice sociale que la gauche française n’ose pas imaginer voir inscrites dans la Constitution française.  Je ne suis pas naïf au point de ne pas voir que les Islamistes  ne parviennent pas à traduire leurs bonnes intentions en praxis sociale et politique.

L’honnête homme devrait vérifier ses sources et écouter toutes les parties en conflit avant de se prononcer et devenir complice de crimes. S’il l’avait fait il aurait vu que les Frères musulmans ont inscrit dans la Constitution égyptienne le refus du licenciement des travailleurs, le principe de l’économie coopérative, la subordination de l’état d’urgence ou de la déclaration de guerre à l’accord préalable des 2/3 des parlementaires. La Constitution est perfectible par la pratique démocratique, mais les démocrates arabes refusent que la Charia islamique soit inscrite comme source du droit dans les pays arabe.

Leur haine idéologique est cachée sous leurs les arguments fallacieux qui sont alignés les uns après les autres comme des torpilles de Satan le maudit  :

« D’ailleurs, les actions contre le Mali et l’Algérie sont venues de Libye. »

N’est-ce pas que la gauche arabe a été plus stupide que les islamistes dans les tragiques événements en Libye. Est-ce qu’ils ont contesté  l’agression de l’OTAN ? Non ! On a vu des cadres des services français avec des cadres patriotes algériens se mobiliser davantage contre les Islamistes en Libye pour des raisons idéologiques que pour des questions de droit et de souveraineté nationale.

Les élites égyptiennes et algériennes ont-elles condamné l’intervention française au Mali ? Ont-elles analysé  la gestion stratégique du chaos en Libye dans le redéploiement du colonialisme français aux frontières de l’Algérie et dans ses rivalités ou dans ses collaborations avec la pénétration américaine qui confisque les ressources des peuples africains.

Le capitalisme stade suprême de l’impérialisme est une vue de l’esprit lorsque les élites arabes sont confrontés à la réalité du capitalisme et de l’impérialisme  et aux luttes idéologiques qu’ils imposent à notre système de pensée toujours incapable de penser par lui-même son drame et son devenir.

La dialectique marxiste est  l’analyse des contradictions sociales, économiques et historiques en vue de dépasser la crise et produire une nouvelle réalité et ainsi de suite. Pour les marxistes arabes c’est une série d’affirmations sans preuves, sans analyse des tenants et aboutissants. J’ai longuement écrit sur le projet américano sioniste soutenu par les Bédouins qui envisage de régler la judaïsation définitive  des terres  par le déplacement des populations palestinienne et de ce qui reste de territoires autonomes vers la Jordanie et l’Egypte.

La guerre en Syrie et les erreurs de Qaradhawi ont été  utilisé pour l’affaiblissement de la Résistance et le miroitement d’un khalifat islamique comme solution finale pour liquider la résistance palestinienne avant de liquider les mouvements islamiques par des luttes internes ou par une agression externe. J’ai montré comment Qaradhawi, devenu sénile  manipulé par le Qatar et les taupes infiltrés dans l’association internationale des savants musulmans, contribuait à la réalisation d’un plan qui dépassait la Syrie et dont, lui les savants sous sa présidence et les Frères musulmans allaient être les premières victimes. Nous sommes dans un projet, un processus, un scénario complexe, mais nous ne sommes pas dans un contrat négocié entre Américains et Frères musulmans comme veulent nous le faire gober les patriotes égyptiens et algériens.

C’est triste de voir les dialecticiens faire l’impasse sur Sykes Picot 2 et se focaliser sur l’Islam politique qui peine en Tunisie et en Egypte à financer son budget,  à ramener la sécurité et à tracer un cap.

Les rouages de l’Etat étaient encore aux mains de l’ancien régime. Samir Amin ne peut ignorer les contradictions de la « révolution égyptienne » ! Il ne peut ignorer ni les enjeux de pouvoir ni les clivages idéologiques. Pour les hommes de ma génération, Haykal et Samir Amin sont de grandes déceptions. Ils ont marqué des générations dans le mauvais sens de l’histoire. Ils vont quitter l’histoire du monde arabe lamentablement. Chacun est en train de dévoiler ses cartes à une vitesse effarantes.

Nous voyons comment les modes opératoires médiatiques et intellectuels,  sans foi ni loi, se rencontrer sur le terrain du mensonge, de la désinformation, de la criminalisation de l’adversaire politique. Ces voyous osent insulter la charia alors qu’elle leur demande d’être juste, équitable et probe. La charia qu’ils dénigrent énonce clairement que :

«  La preuve doit être établie par l’accusateur, le serment  pour l’accusé qui réfute les charges contre lui ».

Les « démoncrates » se révèlent dans les grands événements de petits usuriers  délateurs qui accusent  sans apporter la moindre preuve ni la moindre argumentation scientifique.

L’intellectualisme « anti impérialiste » véritable fond de commerce idéologique et véritable rente politique a figé les nationalistes arabes, chrétiens et athées, dans une posture qui les rend incapables de comprendre le monde et de conduire les peuples arabes vers la liberté. Voici ce que Samir Amin dit de son livre (« Le monde arabe dans la longue durée, le printemps arabe. Le Temps des Cerises » septembre 2011) sur les révolutions arabes en Tunisie et en Egypte et que le processus historique ancien et en cours dément catégoriquement :

« La victoire électorale des Frères Musulmans et des Salafistes en Égypte (janvier 2012) n’est guère surprenante. La dégradation produite par la mondialisation capitaliste contemporaine a entraîné un gonflement prodigieux des activités dites « informelles », qui, en Égypte, fournissent leurs moyens de survie à plus de la moitié de la population (les statistiques disent : 60%). Or les Frères Musulmans, sont fort bien placées pour tirer profit de cette dégradation et en perpétuer la reproduction. Leur idéologie simple donne une légitimité à cette économie primitive de marché/ de bazar. Les moyens financiers fabuleux mis à leur disposition (par le Golfe) permettent de le traduire en moyens d’action efficaces : avances financières à l’économie informelle, charité d’accompagnement (centres de soins et autres).

C’est par ce moyen que les Frères s’implantent dans la société réelle et la place sous leur dépendance. Mais ce succès aurait été difficile s’il n’avait pas répondu parfaitement aux objectifs des pays du Golfe, de Washington et d’Israël. Ces trois alliés intimes partagent la même préoccupation : faire échouer le redressement de l’Égypte. Car une Égypte forte, debout, c’est la fin du triple hégémonisme du Golfe (la soumission au discours de l’islamisation de la société), des États Unis (l’Égypte compradorisée et misérabilisée reste dans leur giron) et d’Israël (l’Égypte impuissante laisse faire en Palestine).

L’avortement planifié de la « révolution égyptienne » garantirait donc la continuité du système mis en place depuis Sadate, fondé sur l’alliance du commandement de l’armée et de l’Islam politique.

 

Celui qui veut comprendre et deviner les mots des « intellectuels » algériens il faudrait qu’il lise Samir Amin tricotant sur l’Afrique du Nord et lui transposant les théories marxistes latino américaines alors  Marx lui-même n’a a jamais osé transposer la problématique du capitalisme européen et du prolétariat dans ses analyses sur l’Asie et le monde musulman. La jeunesse arabe a fuit le marxisme et le nationalisme des Arabes pour leur  dogmatisme simpliste et pour leur haine de l’Islam. Un jour on fera la lumière sur la collusion des évangélistes avec les marxistes arabes. Ces derniers ont été les instruments de la lutte idéologique contre l’Islam mené par les évangélistes eux mêmes instruments de la lutte idéologique du sionisme pour la domination mondiale. Les documents et les témoignages existent… Ils peuvent se présenter en image  comme les défenseurs de l’humanité, mais cela ne change rien à leur nature inhumaine, ni à leur fonction d’intellectuels organiques au service des dictatures militaires.

Baltagiya et Boulitique

En Egypte et après l’effusion de sang programmée par un coup d’Etat qui a déjà montré sa faillite politique et morale, nous voyons la connivence de la Baltagiya et de la Boulitique s’étaler dans les places publiques et les petits écrans égyptiens et occidentaux. Il leur faut montrer les partisans de la solution islamique dépossédés de leurs droits en position de terroristes à abattre et leurs adversaires en un peuple uni contre le terrorisme. La pilule ne passe pas. Pour comprendre il faut aller plus loin que la lecture immédiate des images et des discours.

La Baltagiya est étymologiquement (du turc) la corporation de voyous à la pelle (en masse). C’est un terme qui est entré dans les mœurs et le lexique de l’Egypte avant la chute de Moubarak. Lors des élections de 2005 et 2007qui donnaient Moubarak usé, lui et son parti, les voyous sont entrés en scène pour intimider les électeurs et donner la victoire de plus de 90% au Président et à son  parti au pouvoir. Nous avons assisté au remake en 2011 comme acte de subversion sociale et politique contre les manifestants. Nous assistons au relookage en 2013 avec plus de sang et davantage de violences.

La Boulitique, terme introduit par Malek Bennabi,  est l’activité politicienne déraisonnée qui gère la vie publique par l’affectif et qui gère la cité comme si c’était une épicerie familiale que le dernier rejeton familial peut mettre en faillite sur un coup de tête ou qu’il peut faire prospérer sans comptabilité ni de comptes à rendre ne comptant que sur la générosité de ses clients, leur imbécilité  et sa bonne étoile. L’un et l’autre se rencontre dans une sorte de malédiction qui enlève à l’humain son humanité et à la société sa raison de faire de la politique et d’édifier une voie de progrès.

La Boulitique a recours à des analyses et des analystes déraisonnées qui jouent sur la fibre occidentale de la lutte anti-terroriste contre l’Islam et les musulmans pour continuer à naviguer à vue, à jouer le rôle de comparse dans le plan occidental qui ne veut pas d’alternative civilisationnelle islamique à son projet de domination sur les ressources et les consciences mondiales.

La Baltagiya est présentée, depuis quelques jours, comme la réaction honorable  du peuple qui apporte son soutien au régime militaire et qui exprime sa colère contre les « islamistes » qui portent atteinte à la sécurité nationale, à la sécurité publique, aux biens privés et publics, à la vie des paisibles citoyens. On prend tous les gens pour des tarés qui ne comprennent ni la similitude des images entre l’ère Moubarak et le projet de Sissi ni la collusion entre les forces de sécurité avec les organisations de voyous.
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Dans les pays arabes on voit ce phénomène de délinquance s’organiser autour du football qui devient un exutoire de haine, de défoulement psychotique d’une population névrosé, sans repères et en quête de violences gratuites pour donner sens à une vie d’insensés. Bien entendu ce phénomène coïncide avec l’instrumentalisation boulitique des sports de masse pourtant censés éduquer. Il coïncide avec la « démocratisation » des ghettos sociaux et de la perdition scolaire qui fournissent des contingents de désœuvrés, d’exclus, de rancuniers, de repris de justice récupérés, de gens sans foi ni loi. Ils sont à la fois produits par le système d’exclusion et déchets de récupération d’un système qui les recycle dans ses basses besognes, mais aussi produits et déchets d’une société en errance, en panne, en décomposition…

Avec la réintroduction du politique dans le champ social arabe, La Baltagiya est devenue une organisation politique de voyous qui agit pour le compte des appareils sécuritaires et des réseaux d’affaires affiliés aux services pour terroriser la population civile, intimider les partis politiques et les associations de la société civile, et pour casser les grèves et les manifestations. Les voyous et leur instrumentalisation par les services de police ou par d’autres officine n’est pas un fait nouveau dans l’histoire des sociétés humaines.

Souvent ils interviennent pour transformer une marche pacifique en un affrontement violent avec les forces de l’ordre faisant ainsi diversion sur les objectifs de la manifestation, de sa capacité à rassembler et à communiquer. C’est un procédé condamnable par sa malhonnête morale et intellectuelle et sa capacité de nuisance politique et sociale. Dans les pays arabes et tout particulièrement en Egypte ce phénomène prend des proportions effrayantes car ce mouvement des voyous n’est pas une manœuvre secondaire dans la diversion comme cela se passe dans les grandes démocraties, c’est une procédure systématique que le pouvoir en place utilise non seulement contre ses opposants lorsqu’ils deviennent crédibles et « menaçants », mais dirigé comme un instrument de terreur contre les populations livrées sans défense à des individus sans conscience pour empêcher que les populations ne trouvent la stabilité et les repères qui leur permettent de faire des projets autres que consommer, copuler  et voir la télévision.

Ce que nous voyons en Egypte et que tente d’expliquer d’une manière  maladroite et  malhonnête la pensée hostile à la libération des peuples traduit en réalité un phénomène infernal qui ligue tous les démons de la terre contre une confrérie islamique qui a osé gouverner au nom de l’Islam faisant fi de sa capacité ou nom à bien gouverner. Il est indécent de faire étalage des erreurs de la victime alors qu’elle est sous l’emprise de son bourreau qui ne lui donne aucun chance ! Encore une fois il s’agit d’intimider, de terroriser, de diaboliser, de frapper non seulement les islamistes réfractaires à l’ordre mondial, mais tous les partisans de la liberté, de la dignité de l’homme,  et de l’indépendance nationale dans le monde arabe.

Les stratégies de violence et de contre violence que l’administration américaine et le sionisme ont développé  aux Etats-Unis dans la lutte contre la gauche et contre l’extrême droite, dans la lutte contre les résistances arabes et palestiniennes en particulier, dans la lutte contre les mouvements révolutionnaires sud-américains sont mis en œuvre en Egypte et ce depuis longtemps. Encore une fois il s’agit de ne pas montrer le lien de déstabilisation qui frappe le monde musulman et en particulier le monde arabe où la violence et les révoltes sont fomentées puis instrumentalisés pour détruire les musulmans et les arabes par les musulmans et les arabes eux-mêmes.

Il est pitoyable de voir comment on met en scène le peuple arabe défenseur violent du coup d’Etat et le même peuple arabe rebelle violent contre un Etat constitué. Il n’y a que les bédouins qui affichent publiquement leur sénilité politique et qui soutiennent en même temps les rebelles contre Assad et les Baltagis favorables à Sissi. L’administration sioniste  et l’administration impériale ne tirent aucune balle et ne pointent aucune oreille et pourtant ils accomplissent leur œuvre de destruction. Les médias sionistes peuvent les accompagner et c’est de bonne guerre. Les Bédouins du Golfe peuvent payer la facture du coût de la répression et de ses conséquences économiques pour rendre service au sionisme et au satanisme qui veillent sur leurs trônes.

Les Algériens, les Syriens, les Irakiens, les Soudanais, les Libanais, les Afghans, les Tunisiens, les Égyptiens payent la trahison et l’immoralité des Bédouins qui contrôlent  leurs gouvernements. En faisant croire qu’il s’agit de deux peuples qui s’affrontent, encore une fois, il s’agit de masquer l’échec politique et moral d’un coup d’Etat de militaires qui ont peur de perdre leurs privilèges et de pseudo démocrates affiliés à la rente politique de l’ancien régime qui ont perdu toute chance d’accéder au pouvoir. Il s’agit de faire apparaître cet échec  en un triomphe légal et légitime de la  force violente légale contre la force  barbare.

La vengeance idéologique et la rancune politique ont un gout de sang que les Baltagiya appelés à la rescousse sont censés effacer dans une sorte de nationalisme de canailles et de voyous. Les Occidentaux sont censés ne pas faire de différence dans nos faciès et nos comportements supposés représenter le mal et la laideur. Le général Sissi et ses comparses civils boutiques et médiatiques sont parvenus à mobiliser des centaines de milliers de personnes à la place Tahrir finissant par croire à leur propre  mensonge : répondre à des millions de personnes opposés à la légitimité d’un président et de parlementaires issus d’un processus démocratique. Ils ne parviennent plus à mobiliser les crédules, malgré leur appel et leurs moyens médiatiques. La Baltagiya est le dernier secours.

Tant qu’il y avait deux acteurs politiques majeurs, le mensonge et la manipulation pouvaient se faire, mais maintenant qu’il n’y a qu’un acteur politique qui conteste le système répressif sécuritaire les stratagèmes ne tiennent plus. Sissi n’est plus le  lion qui ne dévore pas ses petits, comme il a aimé se présenter,  mais une araignée qui dévore ses géniteurs et qui va être dévoré à son tour par ses petits. Cette araignée est  fragile dans sa demeure comme nous le dit le Coran lorsqu’il nous présente les comploteurs.

La Baltagiya fait illusion qu’il y a encore un peuple contre les Frères musulmans alors que dans la réalité il y a les forces de répression contre une partie du peuple qui rejette le coup d’Etat et le système fasciste qui est en train de se mettre en place.  Le reste du peuple a peur. Sa peur est légitime. Il est livré aux tribunaux militaires et aux accusations de terroristes sans moyen de défense. La Baltagiya donne l’illusion d’être le peuple qui veut lyncher les terroristes tout en étant la menace et l’intimidation du peuple fragilisé et contraint au repli. Les images ne peuvent être cachées indéfiniment. Les peuples savent par instinct. La technologie qui permet de maquiller la vérité permet aussi de conserver intacte la mémoire de la réalité.

 

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La Baltagiya a déjà fait irruption sur la scène politique dans ce que les romantiques appellent la révolution arabe. Elle a montré ses capacités d’organisation et ses nuisances, mais elle a pu être contenue par l’effet révolutionnaire et par l’armée qui a lâché Moubarak pour ne pas tomber avec lui dans une épreuve de force qui avait tourné aux avantages de la population. Aujourd’hui la contre révolution s’est organisée et l’armée a tiré leçon de son échec et ensemble ils s’appuient sur la Baltagiya qui agit davantage comme une milice fasciste organisée comme un parti de terreur que comme une organisation de petits voyous. Le phénomène n’est pas nouveau.

Le président Morsi avait changé de ministre de l’intérieur et de Chef de la police car le siège de la présidence au Caire était devenue la cible de la Baltagiya qui a ensuite attaqué les sièges de la confrérie et assassiné dans des conditions horribles plusieurs membres de la confrérie en prélude comme elle avait intimidé les électeurs lors des élections égyptiennes sur la Constitution adoptée à 57% malgré le refus des opposants qui se sont montrés inféodés à l’ancien régime et qui ont appelé l’armée à mettre fin à l’expérience démocratique. En décembre 2012 il a été a demandé à l’autorité religieuse officielle de se prononcer sur la Baltagiya. Le secrétariat de l’instance égyptienne de la    Fatwa a publié ce  communiqué pour  condamner ce phénomène. Voici la traduction de la synthèse de cette Fatwa que j’ai faite pour préparer la rédaction de cet article :

« La Baltagiya est un terme signifiant le recours délibéré à la force et à violence pour terroriser la population et la spolier de ses biens. A ce titre c’est un péché qui peut être considéré comme un péché capital. Ce péché s’il vient à se généraliser et à s’étendre il mettrait en péril la sécurité publique que la Charia islamique a pour dessein de préserver dans sa vocation à défendre à défendre la vie, l’intelligence et la propriété des hommes sur terre.

La Charia dans sa vocation à préserver l’intégrité de la personne humaine et de sa dignité anticipe en interdisant et en punissant sévèrement tout acte et tout comportement  qui  provoquent la frayeur et l’inquiétude de la population et cela même si cet acte et ce comportement n’avaient pour intention que la plaisanterie ou s’ils résultaient de port d’objet pouvant susciter de la peur ou de la violence chez autrui. Le Prophète (saws) a dit :

« Que nul d’entre vous ne pointe son arme sur son frère, car Satan pourrait pousser son bras à commettre le répréhensible et à devenir ainsi l’hôte de l’Enfer. » « Qui pointe son  arme (ou son outils en fer) pour montrer son frère est maudit par les Anges tant  qu’il pointe sur son frère même s’il était son frère de sang » « N’effrayer pas les musulmans car l’effroi d’un musulman est une énorme injustice. »

Lorsque le comportement effrayant vise ou devient  l’intimidation pour porter atteinte à la vie, aux biens et à la dignité de l’homme cela entre sous les peines légales prévues par la Charia contre la sédition et le brigandage en bandes organisées : Le Coran a considéré les brigands qui portent atteinte à la vie d’autrui, à ses biens et à sa dignité comme Ses ennemis et les ennemis de Son Prophète qui ne méritent donc ni pitié ni excuse : {En vérité, il n’y aura qu’une seule rétribution pour ceux qui font la guerre à Dieu et à Son Envoyé et qui sèment la corruption sur la terre : ils seront mis à mort ou crucifiés, ou on leur coupera la main droite et le pied gauche – ou inversement -, ou ils seront expulsés du pays. Tel sera leur sort : une honte en ce monde et un châtiment terrible dans l’Au-delà, sauf pour ceux qui se seront repentis avant de tomber en votre pouvoir. Sachez que Dieu est Pardonneur, Miséricordieux.} Al Maidah 33

Le Prophète (saws) a considéré les brigands et les séditieux comme des criminels apostats : « Quiconque porte les armes contre nous n’est pas des nôtres »

Tous les juristes et toutes les écoles de l’Islam sont unanimes pour ne trouver ni circonstance atténuante ni réduction de peine pour le brigandage et la sédition qui mettent en péril la vie des gens et qui portent atteinte à leurs droits fondamentaux dont celui de vivre en sécurité et en paix. Les juristes musulmans considèrent que le brigandage en bandes organisées et la sédition armée mettent en péril l’existence de la communauté ainsi que ses droits et sa prospérité et qu’il faut donc les combattre avec force et détermination. C’est la seule situation pénale dans le droit musulman où la victime ne peut pas user de son droit de pardon ou de son désistement d’une partie de sa plainte si la justice venait à prouver le crime. La Charia islamique donne à l’agressé le droit à la légitime défense  pouvant causer la mort à l’agresseur s’il ne trouve pas d’autre voie que la violence contre la violence.

Celui qui tue en état de légitime défense n’a pas de Diya (tribu de sang) à verser aux ayants-droits ni de Kaffara (purification par le jeune ou l’aumône) La Charia islamique oblige le musulman à  porter secours à l’agressé et d’empêcher l’agresseur de commettre son acte. Si l’agressé ou celui qui lui porte secours meurt à la suite de l’agression ils sont considéré comme des martyrs car ils ont défendu le droit à la vie. Celui qui ne peut porter assistance doit appeler  au secours sinon aider la justice pour mettre fin à la Baltagiya et restaurer les droits de la victime.

Le Prophète a fait partager la responsabilité de l’agression également à celui qui a la possibilité de porter assistance à la victime  et ne le fait pas préférant le silence ou la démission. Il a dit : « Que l’un de vous ne reste pas impuissant devant un homme (ou ne prenne pas position en faveur) qui porte atteinte à la vie d’autrui. Celui qui se dérobe sera poursuivi de malédiction. Que l’un de vous ne reste pas impuissant (ou ne prenne pas position en faveur) devant un homme qui frappe un autre. Celui qui se dérobe sera poursuivi de malédiction. » L’islam et sa Charia ordonne aux individus et à la société de s’opposer vigoureusement à ceux qui agressent injustement les autres et leurs portent torts et préjudices. Si la société ne le fait pas alors ses membres courent le risque de voir l’anarchie s’installer en son sein et se trouver dans le malheur et l’adversité sans qu’Allah ne réponde à leur invocation.

Le Prophète (saws) a dit : « Lorsque les gens délaissent l’injuste commettre ses injustices sans l’en empêcher alors ils ne sont plus à l’abri d’un châtiment de Dieu qui les frappera à l’improviste » « Le pays où les gens commettent impunément l’injustice et assassinent devient une terre perverse (ardh khabitha). Dans une autre version : Il ne restera alors à celui qui cherche le repentir  qu’à fuir cette terre de mal » La charia islamique fait de la défense des membres de la société un devoir qui incombe à l’ensemble de la société. Tout individu ou groupe qui subit une injustice ou une exaction de la part d’autres individus ou d’autres groupes entraine l’engagement de la responsabilité morale et religieuse de l’ensemble de la société qui a failli à ses devoirs d’instaurer et de garantir la sécurité à ses membres.

Le juge musulman lorsque il est devant un crime dont il ne parvient pas à identifier les auteurs a l’obligation de faire témoigner 50 personnes du quartier où a eu lieu le meurtre et de leur faire prêter serment qu’ils ne sont ni auteurs ni complices de l’auteur et qu’ils ne connaissent pas son identité. La vie humaine est sacrée. Même s’ils ne sont pas les auteurs du crime, ils sont tenus de verser le tribut du sang à un juge qui se car ils portent la responsabilité sociale d’avoir permis par leur laxisme le meurtre dans leur cité. La loi musulmane considère que le criminel n’a pu commettre son crime dans un lieu que parce qu’il  bénéficie de la complicité de quelques-uns de ses membres ou parce qu’il connait le relâchement des liens sociaux ou de la conscience morale.

La Baltagiya est un comportement criminel qui relève des grands péchés que l’Instance  de la Fatwa tient à rappeler la gravité de son existence et la responsabilité de la société dans son apparition et sa  persistance.  L’Islam considère la Baltagiya une corruption grave (Fassad fil ardh) qui mérite donc une riposte sociale des plus vigilantes et des plus responsables ainsi les peines pénales les plus lourdes comme le prévoit le code pénal dans ses articles 6 de 1998, 10 de 2011. L’Instance de la Fatwa rappelle le principe: « La lourdeur des peines est fonction de l’ampleur des crimes »

La Baltagiya que le droit condamne a plusieurs manifestations : intimidation par la force et la violence physique et morale, démonstration de force pour effrayer,  menaces et atteintes à l’intégrité des personnes,  de leurs biens et de leur dignité, mise en danger de la vie d’autrui, troubles de l’ordre et de la sécurité publique, contraintes et harcèlement, port d’armes, d’objets, de substances ou d’animaux, susceptibles de tuer, de blesser ou d’effrayer… L’attention doit être attirée sur les nouveaux comportements et phénomènes récents qui portent atteinte aux biens publics, à la vie normale des citoyens… »

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Ce texte appelle des observations pour améliorer nos connaissances sur ce qui se passe et enseigner à nos enfants et petits enfants la valeur de la paix et de la dignité humaine. La première observation c’est la lourdeur des peines et le peu de compassion de la Charia envers les brigands qui portent atteinte à la vie et à la sécurité des innocents. Il faut avoir une idée de l’horreur des crimes et de l’ampleur de la violence infernale pour admettre que les auteurs baltagiyas ne méritent aucune compassion. Il faut avoir en mémoire que le Prophète n’a pas imaginé ni mis en exécution ces peines, mais qu’ils s’imposaient à une société musulmane naissante qui a garanti la paix, la sécurité, la justice, l’équité, la solidarité sociale et la fraternité entre ses membres. Toute intrusion violente et criminelle dans une société qui aspire à se civiliser doit être sévèrement punie, car non seulement elle sape la concorde civile, mais pousse la société à revenir à ses instincts tribaux et à sa dislocation.

A ce titre je laisse deux vidéos exprimer l’horreur des victimes et la lâcheté de la société qui assiste impuissante sans parler de la monstruosité de ceux qui appellent au lynchage. Ame sensible s’abstenir. L’internet est rempli de séquences sur  l’indicible et l’insupportable de ce que endure l’opprimé en terres d’Islam :

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La seconde observation c’est que celui qui suit les révolutions arabes constate avec effroi ce qu’elles ont produit comme violence et comme terreur. En Egypte cette terreur était devenue un phénomène banalisé qui prenait de l’ampleur lors des élections pour intimider les électeurs. Les candidats aux élections se sont montrés extrêmement violents dans leurs discours, leurs comportements et leurs menaces contre leur adversaire sans que la justice, la police, les médias, les partis politiques  et les autorités religieuses n’en fassent une préoccupation majeure. Autant la violence en Syrie et en Libye montait en crescendo sur le terrain militaire, autant elle montait en Egypte sur le plan social, politique et idéologique. Le même diable semblait agir partout, encourageant les uns et les autre à s’entre-tuer… en  donnant les justifications religieuses et idéologiques à ce que l’Islam et la morale universelle rejettent pour que chacun ne cherche qu’à fuir pour sauver sa vie :

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Cette spirale de la violence semble même être  cotée dans la bourse des salaires de la terreur et de la mort tant chez les Jihadistes en Syrie que les Baltagiyas en Egypte, œuvrant chacun pour objectifs paradoxaux, mais se retrouvant réunis par la même finalité : saper le monde arabe.

Certains journalistes égyptiens avaient avancé le montant de l’intervention « technique » des Baltagis évaluée entre 40 et 200 euros par personne et par opération. Le salaire mensuel moyen en Egypte est de l’ordre de 70 euros. Le marché du mercenariat est donc florissant en termes de revenus et en termes d’offres de services. La violence inter parti constitue la demande. C’est un sans doute le plus grand employeur du monde. Des experts évaluent à 450 mille personnes le nombre de Baltagis.

Un expert criminologue égyptien (le colonel Rafat Abdelahamid) soutient que le revenu du Baltagi peut atteindre jusqu’à 1000 euros couvrant son salaire et les frais techniques de son opération, les soins s’il est blessé, les frais de justice et l’amélioration de ses conditions de détention. Il soutient que le Baltagi est aussi employé dans les opérations de surveillance, de garde rapprochée des hautes personnalités. C’est un véritable business que n’offrent pas les tours opérators. Cette expertise a été menée en 2005. Nous sommes en 2013 : le marché s’est structuré et s’est politisé.

Celui qui suit le devenir des révolutions arabes a sans doute suivi le déroulement du coup d’Etat en Egypte qui a commencé par la mobilisation des Baltagis semant la terreur dans le pays et « prouvant » aux égyptiens qu’ils sont otages et qu’ils n’ont que le choix : se débarrasser de Morsi et des Frères musulmans incapables d’assurer leur sécurité ou subir la terreur organisée et impitoyable.

La baltagiya n’est plus un mouvement de voyous que les services utilisent pour les sales besognes. C’est une véritable institution du crime politique et de l’intimidation sociale que les régimes totalitaires n’ont pas su inventer, mais que l’esprit arabe dictatorial a produit dans le plus grand pays arabe et dans l’une des plus anciennes civilisations du monde.  Le colonel Badaoui Abdelatif ancien conseiller du Ministre de l’intérieur avait avancé dans les colonnes du plus grand quotidien arabe Al Ahram, en 2011 ou 2012,  le chiffre effarant de 50 officiers supérieurs et de 150 officiers subalternes qui étaient chargés de superviser et de coordonner la Baltagiya.

Pour les rares analyses et juristes égyptiens qui ont voulu écrire ou répondre aux questions des rares journalistes intéressés par le sujet après la chute de Moubarak l’explication de l’existence et de la puissance de la Baltagiya est que la sécurité nationale et intérieure était focalisée sur la protection du président et des principaux cadres du parti du président qui administraient le territoire. Le peuple était livré à lui-même et aux voyous. Je n’ai pas trouvé de documents de références, mais il semble que le Président Morsi a été confronté à l’énigme de l’organisation secrète et puissante de la Baltagiya et de son infiltration dans les rouages de l’Etat. Le limogeage du chef de la police, du ministre de l’intérieur et les mesures prises au sein de l’appareil de justice ont trouvé une résistance des appareils et des médias toujours au service de l’ancien régime.

Ce phénomène dépasse donc le politique et le sécuritaire au sens logique des termes : il y a une opération  terrorisante internationale qui reproduit le même modèle en Irak, en Syrie et en Egypte sous des slogans différents. Guerre confessionnelle entre sunnites et chiites, guerre idéologique entre islamistes et baasistes,  guerre de pouvoir entre démocrates nationalistes et Frères musulmans.

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La troisième  observation c’est que le   texte de la Fatwa crée  l’amalgame entre le justiciable et le politique. Défendre la légalité ou la légitimité n’est pas de la Baltagiya. Se contenter de citer des références qui font l’unanimité dans le monde musulman, arabe et non arabe, sunnite et chiite,  depuis 14 siècles, sans impliquer la responsabilité de l’Etat, du Ministre de l’intérieur, de la Justice, et sans demander une enquête criminologique ou une étude sociologique  c’est prendre les gens pour des vessies.  Jamais dans un pays démocratique, un curé, un rabbin, un citoyen, un gouvernant, un opposant, un militaire ou un policier ne viendrait confondre une association de malfaiteurs avec une marche pacifique qui réclame des droits sociaux ou qui exprime une opinion politique.

L’autorité religieuse qui se permet de telles confusions participe à la crise sociale et politique en mettant le curseur là où il ne doit pas être mis. Ce sont ces confusions et cette absence de vision lointaine sur le devenir des choses qui ont mis Qaradhawi et les Frères musulmans dans une fausse posture dans la conduite de la révolution égyptienne et ses implications en Libye et en Syrie sans parler de leurs dérives vers le sectarisme religieux dans la région.

La quatrième   observation c’est que le   texte de la Fatwa s’il met en évidence la profondeur du phénomène semble pourtant montrer les limites d’analyse sociale, politique et psychologique des autorités religieuses officielles de ce phénomène destructeur. Les sociologues et les psychologues ont des champs d’études sur cette « espèce humaine » qui se conduit en prédateurs contre les opprimés.

Nous connaissons tous les grandes causes que sont l’effondrement social, le climat de violence généré par le despotisme politique, le non droit,  l’absence de démocratie, le désespoir social, le mimétisme du marginal qui est prêt à n’importe quoi pour  s’enrichir et  acquérir du pouvoir qui lui donnent sens, l’ignorance, l’absence de conscience sociale et politique de ce que les marxistes appelle le lumpenprolétariat ou sous-produit de la bourgeoisie d’affaires  mafieuse vassalisée au grand capital internationale et aux mafias régionales du grand capital.

Il faut aller plus loin dans l’étude des mécanismes sociaux, psychologiques, économiques et policiers, car le phénomène, en Egypte s’installe durablement et risque de faire école dans le reste des pays arabes en quête de changement ou en échec de changement. En effet, l’Egypte offre un champ social, politique et économique et une proximité particulière avec l’entité sioniste et l’administration américaine qui font que l’expression de la Baltagiya est plus violente qu’ailleurs, plus organisée, et plus présente dans la vie sociale et politique. Elle aura des répercussions irréversibles sur le reste du monde arabe.

A terme les Chrétiens d’Orient seront les plus perdants. Les Coptes égyptiens sont une minorité qui a un niveau d’instruction et de revenu supérieur à celui des musulmans dans la majorité sont paupérisés. Ils ajoutent au mécontentement populaire et se placent en cibles lorsqu’ils soutiennent un coup d’Etat  et pavanent dans les plateaux de télévision occidentaux pour exprimer leur haine des Frères musulmans et leur refus de la Charia. Il faut rappeler qu’en Egypte la Charia est, sur le plan formel, toujours en vigueur et les Coptes ont leur propre loi en matière de code de la famille. Le sionisme et l’impérialisme veulent justement expurger le monde arabe de la présence chrétienne pour des raisons stratégiques que j’ai expliqué dans mon livre sur l’Islamophobie.

La Fatwa souffre du littéralisme des élites musulmanes qui se contentent du verbe alors qu’elles ont le devoir de mobiliser les moyens d’études et de résolution des problèmes. Elle ne met pas fin à la confusion en Egypte qui vit depuis longtemps une violence que la révolution a exacerbée sans lui apporter réponses et solutions. Les facteurs anciens et les acteurs anciens sont toujours présents s’affrontant pour un avenir de plus en plus incertain. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’incertitude n’est pas seulement politique et économique, mais elle est sociale et sécuritaire.

Par ailleurs, pour comprendre la gravité de cette incertitude il faut se rappeler  les scandales de la République française dans la collusion entre les services et les intérêts mafieux sur les questions de gestion de la rente coloniale, et il faut imaginer la collusion des services et des intérêts en Egypte, pays pauvre, colonisé, surpeuplé et doté d’élites bavardes, surdiplômées, mais hyper ignorantes des règles politiques et démocratiques. La France ou un autre pays occidental a les moyens de surmonter sa crise et de balayer dans ses services. Dans les conditions égyptiennes, la promotion de la petite délinquance en partenaire sécuritaire et en allié politique va détruire ce qui reste de l’Etat et de la société. Il faut interroger l’histoire. L’Etat ne peut survivre ni renaître dans les conditions de domination de la Baltagiya ou de la Boulitique. Lorsque ces deux fléaux se rencontrent c’est la société elle-même qui est mise à mort ou qui se corrompt et finit par devenir une malédiction pour elle-même. On comprend l’effroi du Prophète devant la vision du monde musulman se déchirant :

« Malheur aux arabes à cause d’un mal qui approche…
Allons-nous périr alors qu’il y a les gens pieux parmi nous ?
Oui si le mal augmente (se répand) ! Dans une autre version il a dit : Ils n’interdisent pas le blâmable »

La situation est catastrophique car les élites dites civilisées instrumentalisent la nature humaine qui se révèle ou qui est conduite à devenir lamentablement mauvaise et inconsciente de la gravité de ses péchés. Les élites deviennent le cœur de l’abîme, le moteur de l’abime,   lorsque ces élites se laissent guider par la passion et par l’idéologie aveugle alors qu’elles sont déjà enracinées dans la boulitique, c’est-à-dire lorsqu’elles interviennent dans le champ public  sans analyse scientifique, sans inscription dans le long terme, sans nobles et généreuses aspirtations.

Si on peut faire attribuer  l’horreur de ce qui se produit à des milices de voyous sanguinaires, ou à des militaires mus par l’esprit de corps et la discipline militaire, ou à des policiers excités,  comment comprendre les déraisons des élites qui  appellent au meurtre, à l’éradication de l’autre, au fascisme, à l’approbation et à l’encouragement de la Baltagiya qui tente de  lyncher  ou  de brûler les citoyens évacués par la force des armes de la mosquée Al Fath devant les forces publiques  pour ne pas dire sous leur protection ?

Pour l’œil exercé à voir, le siège de la Mosquée Al Fath par l’armée, la police et la Baltagiya signifiait que des dirigeants de l’opposition au coup d’Etat y siégeaient ou y avaient trouvé refuge.  La foule, les téléphones portables et les accords entre les officiers et les assiégés ont sans doute permis aux évacués de ne pas se faire lyncher par la Baltagiya comme il était prévu, mais cela ne leur a pas sauvé la vie sur la route de leur prison où ils ont été assassinés dans une opération rocambolesque maquillant le crime en tentatives d’évasion.  Depuis 2011, les Égyptiens savent que dans la   police  il y a des fonctionnaires  au rang de sous-officiers et d’officiers affiliés à la Baltagia.  Si les écoles arabes ont produit des crétins Les écoles coloniales et en particuliers les écoles anglo-saxones ont produit des monstres.

 

Pour comprendre où va l’Egypte conduite par les faux démocrates il faut imaginer un pays du tiers monde dont la police est du sommet à la base constituée par des réseaux affiliés aux cartels de la drogue, de la prostitution, du racket et du crime organisé. Ces réseaux disposent autant d’hommes que l’armée égyptienne. Que dire lorsque ces appels au meurtre et à la violence hors de la légalité et hors du contrôle de la justice sont prononcés par des académiciens, des scientifiques, des juristes qui se prétendaient des humanistes, des démocrates, des dialoguistes.

Les pays occidentaux qui couvrent les crimes commis contre nos peuples assurent la protection, dans leur société, aux assassins et aux violeurs pour les conduire sains et saufs devant les juridictions. Tant que la justice ne s’est pas prononcée ils demeurent des présumés coupables. Les élites arabes ne parviennent pas à cette conscience morale, intellectuelle  et sociale  du droit et de la dignité humaine.

Est-ce que les souteneurs du coup d’Etat vont prendre conscience que l’interruption de la Baltagiya dans le phénomène politique était le coup fatal donné à Moubarak et à son parti de fonctionnaires, d’affairistes et de journalistes. Le peuple égyptien a été lourdement choqué et a rompu définitivement et totalement avec Moubarak, son armée et sa police. Cela n’a pas duré longtemps car les arrangements d’appareils et la course au pouvoir étaient plus forts que la construction de l’Etat de droit et l’assainissement psychosocial. Y aurait-il un sursaut de conscience, un autre choc salvateur ? Est-ce que les souteneurs du coup d’Etat vont prendre conscience  des ravages sociaux et culturels commis par les milices des Baltagiyas promus en  « comités populaires » faisant la loi.

Les Egyptiens, en vérité, n’ont pas tiré leçons de la grave collusion entre sécurité, médias, Boulitique et Baltagiya lors d’un match de football à petit enjeu de prestige sportif régional. Est-ce qu’ils vont tirer la sonnette d’alarme et se réveiller cette fois qu’il s’agit d’enjeux plus grands ? Est-ce qu’ils vont réaliser l’horreur qui les attend lorsque cette meute de loups sanguinaires et impitoyables va prendre le contrôle définitif des appareils, des cités, des esprits et s’installer dans l’impunité totale.

La baltagiya, au-delà de son nom, de son lieu et de son époque, détruit ce qui reste d’humanité dans les cœurs et les esprits après avoir sapé tous les fondements de la civilisation.  Il y a une loi immuable et implacable qui échappe aux criminels et à leurs commanditaires :

{Aux Thamoud Nous avons envoyé leur frère Sâlih pour les exhorter à adorer Dieu ! Mais voilà qu’ils se scindèrent en deux groupes qui se querellaient.   » O mon peuple !, leur dit Sâlih, pourquoi vous hâtez-vous d’accomplir le mal plutôt que le bien ? Si seulement vous demandiez pardon à Dieu, peut-être vous serait-il fait miséricorde… «   Ils dirent :  » Nous avons tiré un mauvais augure de toi et de ceux qui sont avec toi « . Il dit :  » Votre augure relève de Dieu ; mais vous êtes un peuple mis à l’épreuve « .  Il y avait dans la ville neuf individus qui semaient la corruption sur la terre et qui ne s’amendaient pas.  Ensemble, ils firent par Dieu ce serment :  » Nous l’assaillerons de nuit, lui et sa famille ; puis nous dirons au vengeur de son sang : « Nous n’avons rien vu du massacre de sa famille ; certes, nous disons vrai ! » «   Ils ourdirent un stratagème, mais Nous en avons ourdi un autre, sans qu’ils s’en rendent compte.  Vois quel a été le résultat de leur ruse : Nous les avons exterminés, eux et tout leur peuple.  Leurs demeures sont aujourd’hui désertes parce qu’ils ont été iniques. Il y a vraiment là un signe pour l’édification des hommes. } [An Naml 45 à 52]  

Fascisme en Egypte : les évidences

On peut faire coller à n’importe qui une étiquette idéologique pour détruire ses arguments ou pour le salir dans un monde où il est interdit de penser librement. On ne peut nier l’évidence des textes promulgués, des discours, des faits qui témoignent de leur mensonge, de leur caractère fasciste et totalitaire.

Voici ce que les médias refusent d’analyser comme fondement juridique et idéologique du bain de sang : l’atteinte aux libertés. Les pseudos démocrates peuvent se cacher derrière les mots vides de sens sur la modernité, la  lutte contre le terrorisme et tout leur jargon fallacieux, mais ils ne peuvent effacer de la mémoire collective le bain de sang ni les testes liberticides et anti démocratiques qu’ils soutiennent se cachant derrière les militaires qui prennent fait et position en faveur de ceux qui ont échoué lamentablement à se faire élire par le peuple.

Article 3 de la loi sur l’Etat d’urgence

Le Président de la République, dès la proclamation de l’état d’urgence, est chargé de prendre, par écrit ou par voie orale, les mesures suivantes :
Premièrement:
– La restrictions aux liberté de réunion, de déplacement, et de résidence et de circulation des personnes dans certains lieux ou certains moments,
– L’arrestation des suspects ou des personnes dangereuses pour l’ordre et la sécurité publique et de les mettre en détention,
– Le contôle et la fouille des personnes et des lieux, sans être restreint par les dispositions du Code de procédure pénale.

L’article énumère ensuite toutes les mesures immorales, illégales de censure, de violation du courrier et de la correspondance privés ou médiatiques, de contrôle des organes et des bâtiments de presse et de télévision se donnant le droit de fermer et d’autoriser sans justification et sans référence à la justice ou à la loi.

L’article 4 donne existence et attribution aux tribunaux d’exception qui ont droit de vie et de mort, droit d’interner ou de libérer sans référence à la loi ni au droit.

Dans un article précédent, j’ai décrit ce qui se passait en Egypte comme l’instauration du fascisme. Ce n’est pas un jeu de mots.

Si les textes et les mesures rappellent le retour à l’ère Moubarak, les appels demandant de lyncher ou de brûler les opposants politiques au coup d’Etat et à la répression sanglante rappelle les tribunaux d’inquisition du Moyen-age contre ceux désignés comme hérétiques pour avoir pensé différemment ou pour avoir contesté l’ordre inquisitorial. Le fascisme est une forme « civilisée » de l’inquisition. Ce qui se passe en Egypte est pire que l’inquisition.

Le temps va montrer que le Takfir religieux dans sa forme chrétienne ou musulmane est un enfant de chœur devant le Takfir politico idéologique. Ce dernier a pour soutien l’armée, la police, les élites et les médias. J’ai dénoncé l’insenséisme du chauvinisme nationaliste et laïc qui annonçait triomphalement l’échec et la fin de l’Islam politique ne voyant pas ou refusant de voir qu’ils sont les instruments de l’échec et de la fin de la politique et les artisans du désastre de leur pays. La haine idéologique et la revanche contre le peuple qui les as boudés les conduit au nom du libéralisme, du marxisme, du salafisme, et de n’importe quoi qui donne appartenance à tout ce qui n’est pas peuple, de se venger du peuple.

Je ne suis pas juriste et encore moins un constitutionnaliste, mais je suis certain que n’importe quel étudiant français de troisième année de droit, à condition de ne pas lui situer l’enjeu politique et idéologique en Egypte, vous dira qu’il n’a jamais lu un texte aussi mal écrit , aussi confus, aussi arbitraire et aussi liberticide. Il ne peut permettre d’espérer une ouverture démocratique, une réconciliation nationale ou un progrès social tant que ses commanditaires, ses écrivains et ses exécutants restent aux commandes du pouvoir politique et militaire.

Les Arabes, nés dans l’oppression et grandis dans la soumission, ne réagissent pas, mais les latino américains qui ont la conscience des dictatures et du rôle de l’administration américaine dans l’émergence et le maintien de ses dictatures ont réagi et ont fait écouter leur voix disant non au coup d’Etat, non au bain de sang, non à l’Etat d’urgence, non au fascisme.

Crime contre l’humanité et malédiction en Egypte

Il est difficile d’imaginer voir de ses yeux cette boucherie même si intellectuellement nous y étions préparés eu égard aux enjeux idéologiques et stratégiques.

Il est difficile d’imaginer un appareil d’Etat, même au tiers monde, tirer à balles réelles sur la foule sans légitime défense et sans tirs de sommation.

Il est  difficile d’imaginer voir ces images en Egypte qualifié par le Prophète (saws) de carquois de l’Islam.

Il est difficile d’imaginer l’hôpital de fortune des occupants de la place Rabiâ al Adawiya devenir un brasier allumé par les forces de l’ordre dans une capitale qui dispose de l’université islamique Al Azhar qui veut rayonner spirituellement et intellectuellement sur le monde arabe et musulman.

Il est difficile d’imaginer que des êtres humains puissent réaliser ce carnage avec autant de cynisme et de détermination. Il est encore plus difficile d’imaginer d’autres humains encourager et soutenir le carnage commis contre leurs concitoyens et coreligionnaires.

Et pourtant cela s’est produit et va se répéter. Les militaires et les éradicateurs savent sur le plan objectif que les Frères musulmans restent la force la plus organisée et la plus conséquente en matière de mobilisation sociale pour faire face au coup d’Etat et ses conséquences politiques lorsqu’il faut revenir à la vitrine démocratique. Ni Djamel Abdel Nasser et son charisme révolutionnaire ni Sadate et Moubarak et leur alignement à l’administration américaine et sioniste n’ont pu éradiquer ni affaiblir la confrérie qui dispose de près d’un siècle d’expérience de résistance contre l’oppression. Ils tentent d’instaurer le chaos et la violence armée qui discrédite définitivement l’organisation des Frères musulmans et livrent la population au fascisme.

Les GIA égyptiens ont depuis longtemps révisé leur position sur le recours à la violence armée et ont finalement éradiqué idéologiquement, socialement  et politiquement l’organisation secrète armée dans la société égyptienne. La violence horrible ne vise qu’à pousser les égyptiens à prendre les armes et à se donner bonne conscience pour exterminer toutes les élites, toutes les forces de propositions et toutes les alternatives qui peuvent faire de l’ombre au cercle des initiés. Dans la foulée ils réactivent les réseaux terroristes dormants et les résidus des GIA, tous infiltrés, par les services égyptiens, les milieux mafieux et les officines étrangères. Les pseudos attentats contre les églises, les pseudos attaques contre l’entité sioniste et les actes de vandalismes contre les édifices publics sont les scénarios traditionnels.

Le scénario le plus cynique et le plus satanique est celui du coup d’Etat qui consiste à donner raison idéologiquement aux détracteurs salafistes jihadistes des Frères musulmans qui considèrent la démocratie comme hérésie et qui prônent le changement radical par la violence et l’islamisation par la force. Dans la conjoncture internationale le coup d’Etat est un choix délibéré pour promouvoir la violence et faire sombrer le monde arabe et musulman dans la « régression féconde » préconisé par l’administration américaine pour maintenir son hégémonie et interdire l’éveil islamique latent.

 Dans mon livre sur l’islamophobie j’ai montré comment et pourquoi se met en place le scénario de diabolisation des musulmans et comment fonctionne la machine infernale médiatique, idéologique, militaire et psychologique pour installer durablement le monde arabe  et musulman dans une instabilité où se cultive la méfiance envers les musulmans et la défiance entre les musulmans.

Les indigènes de la république continuent à se croire le centre du monde et à identifier l’islamophobie à un acte raciste ou à un profilage raciale et occultent la guerre de civilisation qui se joue en terres d’islam et où des dizaines de millions de musulmans en Afrique et en Asie se font occire ouvertement depuis le 11 septembre.

Les musulmans conscients et lettrés doivent garder à l’esprit que les courants infantiles, violents, sectaires et nombrilistes travaillent en faveur de la stratégie occidentale qui connait son ennemi véritable qu’elle doit abattre, intimider ou faire taire. Il n’est pas étonnant de voir les insensés, imposteurs de l’Islam, s’acharner  sur la démocratie, alors que l’expérience démocratique, certes imparfaite, en Tunisie et en Egypte commence à se poser les bonnes questions qui vont la conduire à produire de la pensée politique, de la liberté, de l’islamité libérée de la tyrannie et civilisatrice. Il est triste de voir le principe de l’alternance politique remis en cause de cette façon aussi tragique. Il est plus triste de constater l’inconscience et le niveau lamentable des « Arabes » qui ne parviennent pas à être réveillés par tant d’effusion de sang, de ruines, de malédiction. Ce qui se passe en Egypte et en Syrie est le processus visé par l’islamophobie américano-sioniste : diviser le monde musulman, le faire entrer en guerre civile, le rendre haïssable et méprisable pour justifier toute intervention militaire pour liquider le groupe vainqueur de l’affrontement intérieur. L’islamophobie est plus que la haine raciale ou confessionnelle : elle est une stratégie préméditée et efficace pour saper le monde musulman et en particulier le monde arabe qui fait la jonction entre l’Asie et l’Afrique.

Il y avait une volonté de présenter le courant islamique comme un vassal de Washington, ce que démentent les événements tragiques, pour faciliter sa repression. Et pourtant la vitrine actuelle des initiés, qui ont fait le coup d’Etat et qui terrorisent le peuple, est fondamentalement constitué des amis de l’Amérique : les officiers formés par le Pentagone et les Libéraux en affaire avec les milieux américains directement ou par l’intermédiaire des capitaux arabes. Cette vitrine vient d’être renforcé par la nomination au Caire de Robert S. Ford ex ambassadeur américain en Syrie et organisateur de la guerre civile en Syrie.  La presse spécialisée décrit Robert S. Ford comme étant l’ancien assistant de l’ambassadeur John Negroponte à Bagdad,  Pour ceux qui ont oublié, John Negroponte est l’installateur du chaos en Irak et la mise sur place des Blacks waters à l’image des escadrons de la mort qu’il avait crées et développées au Nicaragua pour appuyer la CIA et le régime militaire dans ses opérations répressives  de contre révolution et de subversion idéologique.

L’aveuglement idéologique veut montrer Robert S. Ford comme l’allié des Frères musulmans pour détruire l’armée égyptienne oubliant que l’armée égyptienne n’a plus de doctrine de guerre et ne considère plus Israël comme son ennemi principal.

Les élites civiles et militaires des systèmes arabes  haïssent le peuple et sont animés des mêmes désirs  de  puissance de Corée,  Hamana et  Pharaon.  Ils agissent méthodiquement et avec science : plus le nombre de victimes est nombreux plus le sentiment d’injustice est fort et large avec le risque plus grand de voir un plus grand nombre basculer dans l’action armée tout en étant certain que la majorité choquée par la violence et la contre violence sera contrainte au mutisme, au sauve-qui-peut social, à la corruption… C’est une politique diabolique qui s’apparente au terrorisme d’Etat et au fascisme.

Roland Barthes  a donné une excellente définition du fascisme : « Le fascisme, ce n’est pas d’empêcher de dire, c’est d’obliger à dire. »  Elle rejoint  la définition  de Bertollucci sur le nationalisme fasciste : « le nationalisme est le dernier refuge des canailles ». Les despotes arabes  ont l’art de cultiver le nationalisme chauvin et de se présenter comme le rempart pour protéger la démocratie des ennemis de la démocratie.  Le fascisme est essentiellement la dictature qui s’instaure sur la base du  mépris pour le peuple et pour sa liberté. Le fascisme ne se contente pas de triompher par la force de ses adversaires, mais veut les humilier avant de purifier la société de leur présence en les diabolisant puis en les exterminant. En Egypte il a commencé par effacer de la mémoire un fait extraordinaire : Morsi est le premier président civil en Egypte. Même s’il a failli dans sa gouvernance, jamais au grand jamais la classe politique n’aurait du permettre l’atteinte à la fonction symbolique de président élu. Sur le plan démocratique et sur le plan islamique porter atteinte à cette fonction par des voies séditieuses est un sacrilège qui ouvre la porte à l’effusion de sang. Les partis politiques qui ont cautionné le coup d’Etat porte la responsabilité morale du sang versé. Le fascisme a la capacité médiatique et l’art de la propagande pour maquiller la réalité et présenter le coup de force comme volonté populaire pour ne pas dire volonté divine.

Non seulement le fascisme s’installe en Egypte recouvrant de son horreur les horreurs passés de la dictature de Moubarak, mais la malédiction de Dieu fera fuir toute miséricorde, toute bénédiction des limbes, des mains et des appareils qui ont planifié, exécuté et approuvé ce crime contre l’humanité. Les images sont horribles, mais l’annonce de ce qui attend les coupables, leurs complices et les insouciants qui se taisent devant l’effusion du sang des musulmans   est pire :

{Quiconque tue un croyant intentionnellement, sa punition sera la Géhenne où il s’éternisera ; Allah le frappera de Sa Colère, le maudira et lui préparera un immense châtiment.} An Nissa 93

Aucune Ayat dans le Coran ne comporte autant de châtiments réunis. Le sang et la vie du musulman sont sacrés et nul ne peut se donner justification pour les violer et porter atteinte à leur sacralité et à leur intégrité.

Aucun hadith n’est aussi redoutable que ceux condamnant le meurtrier qui a prémédité son crime :

verset-meurtre2

Le Jour du Jugement dernier, la victime  se présentera   retenant  par la main son meurtrier.
Allah demandera alors : Pourquoi l’as tu tué ? Il dira : Pour que la gloire soit à Toi ! Allah lui dira : Mais elle est à moi.
Se présentera une autre victime tirant  par la  main de son meurtrier. Allah lui demandera alors : Pourquoi l’as tu tué ? Il dira : Pour que la gloire soit à Untel ! Allah lui dira : Mais elle n’est pas à lui. Endosse alors le fardeau de ses péchés…

verset-meurtre3

Par Allah, le monde ici-bas et tout ce qu’il contient ne valent rien en égard à l’attentat contre la vie du musulman sans raison de justice.

Le croyant demeure dans une aisance de son Dine tant qu’il pas porté atteinte à la vie sacrée.

verset-meurtre4

Quiconque aide à l’assassinat d’un musulman ne serait-ce que par une bribe de parole, rencontrera Allah le Jour de la rencontre avec Allah portant sur son front l’inscription nul espoir en la Miséricorde d’Allah.

Tout être pourrait être absous par Allah pour ses péchés à l’exception de celui qui meurt mécréant ou de celui qui tue un croyant avec préméditation.

verset-meurtre5

Le croyant demeure embrassant sa foi et bon (faisant le bien) tant qu’il ne porte pas atteinte à la vie sacrée. S’il commet un attentat contre autrui alors il s’est fermé toutes les possibilités ( de faire le bien, de se repentir).

Les caméras occidentales sont braqués sur les assassinés et le sang versé pour vendre de l’audience à la publicité. Elles ont les moyens d’estimer le nombre des victimes comme elles ont les moyens d’estimer le nombre des partisans de Morsi et le nombre des partisans du coup d’Etat. Elles n’utilisent pas ces moyens car ils risquent de réveiller la conscience humaine qui pourrait demander des comptes contre les auteurs de l’hécatombe. Combien de temps va t-on se taire  sur le nombre réel des victimes et combien de temps va t-on occulter l’autre vérité horrible : les milliers de disparus, les milliers d’internés, les milliers de torturés?

Allah répond certainement à l’invocation de l’opprimé même s’Il diffère Sa réponse

disparus  

Inauguration du bain de sang en Egypte

Comme prévu le sang commence à couler avec effusion. Comme sortie de crise les putschistes n’ont pas d’autre alternative que massacrer les populations civiles.   Les Frères musulmans annoncent plus de 2000 morts et plus de 10000 blessés vers midi de ce mercredi. Parmi les morts et les blessés on retrouve des cadres de la confrérie et des membres de leur famille. L’union sacrée du sacrifice transcendant les classes sociales va affronter l’union des affairistes et des rentiers de l’ancien régime.  Symboliquement, les choses ne marchent pas au gré des putschistes qui semblent éprouver beaucoup de difficultés confortant l’idée du refus du coup d’Etat et de ses conséquences par un grand nombre d’officiers égyptiens.

meurtre-barbare

Une fois les centaines, les milliers, les dizaines de milliers de tués, de blessés, de disparus comptabilisés puis  incrustés dans la mémoire collective arabe quelle serait l’issue pour ceux qui ont ordonné, exécuté et approuvé les massacres après avoir renié et  trahi un processus électoral ?

Il sera difficile de cacher le nombre de morts et les circonstances de leur décès comme il sera difficile de s’inventer des prétextes politiques ou sécuritaires crédibles… Il sera difficile de supporter la vue des corps calcinés et mutilés :

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Les organisateurs des manifestations et des sit-in contre le coup d’Etat ont sans doute pris au sérieux les menaces de l’appareil répressif,  les appels au meurtre des éradicateurs et l’hypocrisie des capitales occidentales. Ils ont sans doute élaboré des scénarios de gestion de crise  qui leur permettent de conduire les assassins vers l’impasse et de répondre de leur meurtre. Les organisateurs savent qu’ils livrent une résistance qui exigent durée et imagination face à un appareil répressif impitoyable qui ne recule devant rien. Logiquement nous devons assister à l’élargissement et à la multiplication des lieux de rassemblement.  Nous l’espérons. Sinon la guerre civile va s’installer jusqu’à l’éradication d’un camp pour ne pas dire l’anéantissement totale de l’Egypte au grand plaisir d’Israël qui a détruit le monde arabe en deux ans sans tirer une seule balle !!!

Si les partisans de la légalité se sont préparés à l’affrontement pacifique des forces de répression alors la question tragique et inévitable serait celle de l’endurance et de l’enthousiasme des populations à se sacrifier ainsi que celle des soldats et des policiers à supporter de voir le sang versé, les os broyés et les cervelles giclées sans écœurement. La résistance mentale est parfois plus décisive que le rapport des forces. L’armée et les services de répression du Shah d’Iran ont cédé après avoir atteint les limites de leur humanité :  5000 victimes civiles désarmées fauchées par les chenilles des chars et par les balles des mitrailleuses.

Les Frères musulmans ont fait la faute monumentale de composer avec l’armée de Moubarak et de stopper la révolution, il se trouve aujourd’hui dans  le défi d’achever le travail s’ils ne veulent pas disparaître de la scène politique et sociale. Les partisans de la démocratie sont eux aussi dans la même équation : relancer le processus démocratique en s’opposant au coup d’Etat et en redéfinissant les dénominateurs communs avec les principaux acteurs islamiques ou disparaître eux et leurs rêves de justice sociale, de progrès social.  L’Egypte tenu par les militaires sera une colonie d’Israël,  une base coloniale de l’Empire américain,    un comptoir commercial de l’oligarchie financière… une terre maudite par le sang versé en toute impunité. Sissi joue son avenir politique, sa vie et son désir de devenir le Hamana incontesté de l’Egypte, il sera impitoyable pour servir ses amlbitions et ceux de ses maîtres.

CHAREn attendant, il sera difficile à l’armée égyptienne de mater une insurrection dans un pays de 85 millions d’habitants. Il sera difficile à une armée de conduire avec succès une opération de police d’autant plus qu’elle a montré ses limites lors de la révolution contre Moubarak. Les opposants au coup d’Etat montre des chars en difficulté devant la population ainsi que la prise d’assaut de bâtiments gouvernementaux dans les provinces.

L’armée égyptienne a su reconquérir un prestige au détriment de la police qui porte le chapeau des exactions de l’ère Moubarak. L’armée ne peut se passer de la police dans la répression des manifestants ni de ses anciennes méthodes. Les stigmates  de l’ancien régime risquent de faire mal de nouveau et pousser la rue égyptienne à s’allier aux opprimés et aux réprimés.

Il sera difficile aux anti Morsi de continuer à se cacher derrière la mauvaise gouvernance des Frères musulmans ou derrière l’étiquette de terroristes.

Il sera difficile aux Salafistes de continuer à vivre paisiblement servant leurs intérêts sectaires et les intérêts de l’Arabie saoudite alors que leur pays est mis à feu et à sang à cause de leur incurie politique et religieuse. Al Azhar et les Salafistes vont fatalement épuiser leurs syllogismes fallacieux et se trouver sans arguments devant  leurs détracteurs qui ne manqueront pas de les interroger sur la position du Prophète (saws) sur l’effusion du sang des innocents et sur la destitution d’un gouvernant légitime.

Nous allons sans doute assister dans les heures et les jours qui suivent à des divisions qui vont repositionner politiquement les curseurs de l’opposition ou de l’alliance aux putschistes et aux légalistes transcendant le positionnement idéologique des uns et des autres. La crise ne peut être surmontée et résolue que par des changements de postures. Il faut espérer une dynamique accélérée, juste et efficace qui mette fin à l’effusion de sang et qui ouvre une nouvelle voie dans le cadre d’une recomposition politique.

Sur le plan international, les observateurs notent l’ouverture du dialogue entre les Iraniens et les Frères musulmans et le Hezbollah et le HAMAS ce qui laisse supposer que les Frères musulmans restent une force crédible et perfectible qui a toujours la possibilité d’exercer un rôle en Egypte et dans le monde arabe. En organisant, hier, des manifestations hors de leur carré, les partisans de la légalité ont sans doute pris l’initiative pour ne pas rester otage et ont poussé les autorités militaires et civiles  paralysées par les divergences en leur sein sur le recours de la violence à  se décanter et à choisir définitivement leur camp.

LSF analyse le processus du coup d’Etat militaire en Egypte

J’apporte un petit commentaire sur un  article fort intéressant par son niveau de  crédibilité et de  gravité  publié par  Liberté Sans Frontière (LSF)  (Alwihda Info) Sadam Ahmat – 6 Août 2013

 

Avant le coup d’état militaro-populaire de l’Egypte du 3 juillet, il y a eu plusieurs mois d’acrimonie entre Morsi et son ministre de la défense le général Sissi. Certes, Sisi n’est pas stupide. Ancien patron de renseignement militaire , il a fait appel à ses instincts pour comprendre que la faiblesse et la naïveté de Morsi lui vont bien. Il a lui-même dorloté le mouvement de révolte (Tamarroud) qui l’a conduit à destituer, le 3 juillet, le président Mohamed Morsi.

1ère partie

En raison de leurs différends, Alsissi avait prévu depuis des mois le renversement du régime de son président Morsi. Mais il attendait l’occasion et des préparatifs sont engagés dans ce cens. Les officiers supérieurs qui se sont sentis humiliés par le printemps égyptien qui a emporté le Raïs Hosni Moubarak en 2011, sont restés aux aguets pour attendre les islamistes au tournant. Pour combattre le régime islamiste, l ’armée a entreprit une panoplie de démarches basée sur le sabotage et la manipulation de la population. Appuyé par les hommes d’affaires, des industriels et des libéraux proches de l’ancien régime de Hosni Moubarak, il a été décidé de faire subir à la population le délestage d’électricité, la coupure intempestive de l’eau et du Gaz, surtout provoquer la pénurie du carburant…

Pour bien préparer la chute « légale » du régime islamiste, rien n’a été laissé au hasard. Cinq chaînes de télévision et plusieurs nouveaux journaux ont été crées pour médiatiser les manifestations et diaboliser Morsi et les islamistes. Ces organes de presse étaient trop agressifs envers Morsi accusé de tous les noms d’oiseaux pour le salir.

Parmi les accusations propagées par le média pro Sisi :

Morsi est incapable de gérer le pays ;
Morsi apporte un soutien aux Djihadistes du Sinaï ;
Morsi propose la vente de 7 km du territoire égyptien à Israël ;
Morsi complote avec Hamas contre l’Egypte ;
Morsi a vendu le carburant et l’électricité à Hamas en créant de pénurie en Egypte ; Morsi céde la bande égyptienne de Halaïb au Soudan. Morsi est tout sauf un être humain. Il est d’origine palestinienne et ses enfants sont des américains. Pire, il a la bénédiction des Etats unis d’Amérique…

Le sabotage suivi d’une campagne de dénigrement contre Morsi a très bien marché et la population a commencé par grogner. Selon Dr. Bassim Oda, l’ancien ministre égyptien des vivres, « la proposition du ministre de la défense Elsissi concernant les votes était une farce stratégique car l’armée égyptienne ne fait pas quelque chose d’improvisée, le coup d’état militaire a été minutieusement préparé depuis plus de six mois (…) Personnalité charismatique, Elsissi pense incarner la personnalité de Nasser mais je lui dirai cette époque est révolue à jamais et le peuple n’acceptera pas le fait accompli»

Alsissi semble avoir pactisé avec un groupe d’activiste nommé Tamarod. L’armée a aidé Tamarod dès le début, en communiquant avec elle par des tiers. Ce groupe constitué de jeunes a lancé une campagne de manifestation à Altahrir pour exiger le départ du président Morsi.
Des millions d’égyptiens ont envahi les rues ce qui semble avoir fourni une occasion en or pour El-Sissi d’avancer dans son plan pour se débarrasser du président.

Lorsque le président Morsi s’est rendu compte vers le 20 juin des intentions d’Al Sisi, il était déjà trop tard pour lui de faire changer les cours des événements. Mais il a décidé d’évincer quand même son ministre de la défense.

Le 23 juin 2013, le ministre de l’intérieur que Morsi croyait travailler pour lui, a discrètement informé le ministre de la défense que le président s’apprêtait à le remplacer. Elsissi déforme le rapport parvenu en impliquant tous les chefs de l’armée. Il les réunit et les informe des intentions de Morsi à vouloir se débarrasser de tous les chefs de l’armée. Ainsi Elsissi reçoit le feu vert des chefs militaires et passe à l’étape suivante pour prendre le président Morsi de cours. Il lance un ultimatum aux deux parties, les appelant à trouver une solution dans les deux prochaines semaines, sinon l’armée prendra sa responsabilité. Furieux, Morsi demande des explications pour ce communiqué militaire. Mais les chefs militaires qui sont tous, désormais, unanimes, pour le renversement, informent le président que le communiqué n’est autre qu’une manière d’apaiser la situation et pas plus. Morsi est alors anesthésié mais pas rassuré.

Les conseillers du président Morsi l’ont déconseillé de remplacer le ministre de la défense car il est trop tard et s’il le fait, il lui donnera l’occasion d’être un héros. Morsi se trouve les mains liées et Elsissi saute de joie lorsqu’il constate la réussite de la manifestation du 30 juin sur la place Altahrir et à Al itihadia ( palais présidentiel). Les rues étaient noires du monde. Pour impressionner Morsi et consorts, l’armée a fait défiler au dessus des manifestants des hélicoptères en les aspergeant d’une pluie des drapeaux égyptiens. Une copie des images est remise aux télévisions pro Elsissi. C’est une sorte d’avertissement au président Morsi et à tous ceux qui se doutent encore, dans l’armée, de l’intention de Sissi.

Le jour du coup d’état

Selon l’Emir de Qatar Cheikh Tamim, « nous avons entretenus des contacts avec le président Morsi jusqu’au jour de son écartement par l’armée (…) nous avons proposé un plan de sortie de crise de huit points que le président Morsi a acceptés, excepté la modification de la constitution. Quelques minutes après, le général Mahammat Al-Assar, le vice ministre de la défense nous a appelé pour exiger le referendum ou le vote. Tout s’est passé le même jour de la destitution de Morsi,» C’est comme si l’armée a déjà décidé du sort de son président.

Deuxième partie

Après le coup d’Etat

Dès le lendemain du 3 juillet, la police, qui n’assurait plus la sécurité, a repris son travail ; les distributeurs d’essence ont été à nouveau approvisionnés ; les coupures d’électricité sont devenues plus rares. Comme par enchantement ! Comme si l' »Etat profond » s’était, un an durant, soigneusement attaché à torpiller la présidence Morsi – premier chef d’Etat égyptien civil et premier démocratiquement élu.
Toutefois, le coup d’état a eu lieu sans tenir compte des réactions des islamistes qui était virulente. Les partisans du président déchu ont envahi les rues de toutes les villes égyptiennes. Cette démonstration de force a surpris les putschistes qui se sont réunis d’urgence. Pour les islamistes, il est désormais clair que les manifestations qui ont précédé le coup d’Etat du 3 juillet n’ont été qu’une façade. Elles ont été organisées en sous main par l’ arm ée et soutenues par les institutions de l' »Etat profond » restées en place : police, justice, services secrets, complexe militaro-industriel. En un mot, l’ancien régime s’est vengé.

Le vendredi 5 juillet à 9 H, soit 48 H après le coup d’état, et la réaction des islamistes dans les rues, le ministre de la défense s’est réuni dans son bureau avec tous les commandants de l’armée, excepté celui de la deuxième armée empêché par la situation au Sinaï. Après trois heures de discussion, les généraux ont estimé nécessaire de négocier une porte de sortie avec Morsi. Le chef d’état major de l’armée de l’air le général Sidkhi Soubhi et le chef d’état major de l’armée de l’air le général Younes Alseid Hamid sont chargés de diriger les négociations avec Morsi.
A 2 heures du matin (samedi 6 juillet), les deux généraux ont rencontré le président pour lui présenter un plan de sortie de crise qui se résume en deux points : Se retirer simplement et purement de la présidence, soit désigner comme premier ministre Albarad-i en lui attribuant tous les pouvoirs exécutifs et s’interdire de s’ingérer dans les affaires de l’armée, ni dans son armement, ni dans sa gestion. Le président a ri en rejetant fermement cette offre. « vous me faites rire (…) Que Dieu vous bénisse vous m’avez perdu le sommeil dans le vide. » La réponse du président a énervé le général Sidkhi le chef d’état major de l’armée qui a riposté en ces termes : « on peut vous exterminer pour faire de vous un ilot de sang. Rendez vous compte que vous ne pouvez plus diriger ce pays qu’en marchant sur nos cadavres. »
Le même jour à 6 h du matin, Sissi se retrouve avec tous les commandants militaires pour analyser les derniers rapports des services militaires. Les rapports indiquent qu’il ya un mécontentement au sein de l’armée. Elsissi fut soumis à un feu roulant de critiques. On reprocha explicitement au général Elsissi de n’avoir pas réussi à prévoir la réaction rapide et forte des partisans du président déchu.
Prenant la parole, le commandant de la 3ème armée le général Oussama Askar s’est attaqué à Elsissi pour la rapidité de sa décision de démettre Morsi. La décision a été prise au moment où l’Emir de Qatar Cheikh Tamim a réussi à convaincre le président Morsi d’accepter son plan de sortie de crise en huit points, excepté la modification de la constitution.
Elsissi a rappelé que la décision a été prise à l’unanimité et qu’il n’est pas question de la remettre en cause maintenant. La réunion s’est vidée en queue de poisson.
Le même jour à midi, Alsissi se réunit avec le chef d’état major, le général Soubhi et le général Ahmat Abouldahab, directeur de sensibilisation. A l’ordre du jour, analyser les rapports des services de renseignement militaire et revoir le plan. Il a été décidé de :
– Tous les organes de presse anti Morsi sont sollicités pour répandre de fausses rumeurs, diaboliser les islamistes et noircir leur réputation.

– Coordonner avec le ministère de l’intérieur pour la provocation, les attaques, l’incendie des sièges des frères musulmans et la manipulation des images,
– Organiser une manifestation grandiose contre les frères musulmans,
– Renforcer la manifestation par des milliers des soldats et policiers en civil.
– Le dimanche dans l’après midi, les services de renseignement militaire alertent le ministre de la défense Elsissi sur l’augmentation de l’effectif des frères musulmans dans les rues et sur le mécontentement de certains officiers supérieurs. -Les services de renseignement militaire disent avoir intercepté une communication téléphonique du Directeur du génie militaire le général Tahir Abdallah qui a qualifié la destitution de Morsi est irréfléchie et rapide et qu’il appelle à une sortie de crise rapide.

Le 26 juillet, à la demande du nouvel homme fort, les anti Morsi sont sortis en masse pour charger l’armée de combattre le terrorisme et la violence ! Cette démonstration n’a pas été du goût de plusieurs hauts responsables égyptiens. L’ancien conseiller démissionnaire du président déchu, Mohammed Fouad Jadallah a indiqué que l’appel par le général Sissi à une manifestation de soutien dans les rues a fait perdre l’occasion de se réconcilier. Car, les frères musulmans ont déjà accepté un projet de médiation dirigée par Cheikh Al-Azhar. Cette manifestation a fait au moins 82 morts pro-Morsi lors d’affrontements avec la police anti-émeutes égyptienne et des hommes en tenue civile. De nombreux manifestants ayant reçu des coups de feu mortels à la tête ou à la poitrine, a déclaré Human Rights Watch. Ils ont été tués le 27 juillet lors d’affrontements ayant duré plusieurs heures sur une route à proximité d’un sit-in des Frères musulmans devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans l’est du Caire.

Human Rights Watch a mené des entretiens avec sept témoins des violences, et examiné plusieurs vidéos montrant les incidents. Les violences ont eu lieu quelques heures après l’annonce par le président intérimaire Adly Mansour que « l’État doit imposer l’ordre avec toute la force et la détermination». Le même jour, le ministre de l’Intérieur, le général Mohammed Ibrahim, a averti que les forces de sécurité allaient « bientôt » disperser les sit-ins pro-Morsi sit-in sur les places Rabaaal-Adawiya et Al-Nahda.

Liberté Sans Frontière (LSF)
A suivre

 

Commentaires Omar Mazri :

1 – Le différend entre le général Sissi et Morsi est sur le rapport de l’Egypte envers le HAMAS. Une partie de l’armée voulait imputer la responsabilité de l’assassinat des soldats au HAMAS alors que Morsi refusait ce scénario sans preuves et ses conséquences politiques et militaires sur Gaza.  J’avais annoncé très tôt la bataille contre le HAMAS et la résistance palestinienne dans la récupération de la « révolution arabe »  et dans son dévoiement. Sur cet vidéo le général à la retraite, Tahar Azzzedine, héros de la guerre d’octobre, fait des révélations graves :

[youtube id= »5z9PppceOXQ  » width= »620″ height= »360″]

2 – Depuis  novembre 2012 des mouvements hostiles à Morsi se sont manifesté sur la place publique  au seins des officiers supérieurs de la police sous la conduite du  ministre de l’intérieur.   Le Ministre de l’Intérieur de Morsi , le général Ibrahim Nadjib, qui a organisé le coup d’Etat avec les forces armées, a succédé au Ministre de l’Intérieur, le général Ahmed Jamal Eddine qui a été limogé par Morsi suite à son refus de protéger le palais présidentiel contre les voyous dénommés Baltaji ( mot  turc signifiant  ramasseurs de pelles) qui ont tenté à plusieurs fois de pénétrer dans le palais présidentiel. Il semble que Morsi au lieu d’engager des réformes profondes et de mener la « révolution » à son terme en l’épurant des cadres de l’ancien système ait choisi de composer, de tenter de s’attirer les bonnes grâces de la police et de l’armée pourtant discréditées. L’idée de faire appel a un politique réformateur pour gérer la politique sécuritaire et administrer l’Intérieur au lieu de faire appel à un ancien directeur général de sûreté  régionale ou nationale ne semble pas encore faire partie de la culture politique. 

Sous le règne de ces deux  mandarins de la police les Frères Musulmans ont vu, alors qu’ils « gouvernaient » l’Egypte,  leurs locaux saccagés et leurs archives pillées sans tirer les conséquences politiques ni prendre les mesures de prévention contre le coup d’Etat flagrant (?) 

 

Dr Ramadan A. Shallah : la nation vit les moments les plus critiques de son histoire

Extraits de l’allocution, à  l’occasion de la journée mondiale d’al-Qods du Dr. Ramadan Shallah, secrétaire général du mouvement du Jihad islamique en Palestine, invité par le Comité de Soutien à la Résistance (Liban)  :
Quelle que soit la durée du temps et quels que soient les événements, il ne faut pas oublier que la Palestine reste la cause des Arabes et des musulmans. La Palestine est même la cause première de toutes les autres causes.
1 – Notre peuple a été victime, il y a plus de 65 ans, d’un terrible processus de déracinement de sa terre, et même de la plus grande opération de rapine dans l’histoire, lorsque le projet occidentalo-sioniste s’est emparé de notre terre et notre patrie. En conséquence, notre peuple palestinien a été transformé en réfugiés, à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine. Et c’est pourquoi nous sommes ici aujourd’hui.
2 – Malgré les nombreuses étapes historiques et les phases que le conflit sur la Palestine a traversées, quatre événements clés ont fondé la tragédie de la Palestine, ou plutôt ont dessiné ce qui fut appelé le Moyen-Orient du XXème et XXIème siècles : a) l’accord Sykes-Picot en 1916, b) la Promesse Balfour en 1917, c) la Nakba de la Palestine en 1948 et d) la seconde Nakba, avec la chute d’al-Quds et la défaite de juin 1967.
3 – Aujourd’hui, en cette étape délicate et complexe de l’histoire de la nation, nous assistons à une nouvelle recomposition de ces quatre événements, mais de manière plus grave et plus néfaste ; le monde arabe est face à un nouvel accord Sykes-Picot, plus grave que le précédent, car d’abord, il ne se limite pas aux pays du machrek mais peut atteindre l’Égypte et les pays au nord de l’Afrique. Ensuite, il est conçu pour effriter et diviser encore plus nos pays, en divisant ce qui est déjà divisé et en remplaçant le conflit avec l’ennemi sioniste par des conflits confessionnels et ethniques.
Puis il y a une nouvelle Promesse Balfour, pire que la première, qui porte un nom arabe, cette fois-ci. La nouvelle Promesse Balfour porte le nom de l’Initiative arabe, qui est bien pire, car lors de l’ancienne Promesse Balfour, celui qui ne possède pas a donné (la Palestine) à celui qui n’y a pas droit. Quant à la nouvelle promesse, et sur la base que la Palestine est une terre arabo-musulmane, c’est celui qui possède qui concède à celui qui n’y a pas droit. Quant à la Nakba de 48, il y a pire aujourd’hui : c’est lorsque le propriétaire de la terre cède sa terre, remettant en cause son droit sacré à y retourner.
A présent, le projet sioniste est en passe de récolter les dernières conséquences de la Nakba, en proclamant la Palestine comme un État juif et raciste, « épurée » des Arabes et des Palestiniens, et des gens. Ce qui ouvre la possibilité d’expulser ce qui reste de notre peuple sur la terre de Palestine, qu’ils soient les Palestiniens de 48 ou tous les autres Palestiniens.
Concernant le seconde Nakba, ou la défaite de 67, où l’ennemi a achevé l’occupation de la ville d’al-Quds, aujourd’hui, il n’y a même plus de Quds pour y verser les larmes. La ville a été judaïsée, et ses habitants sont en train d’être expulsés. La bataille à propos de la mosquée al-Aqsa tourne autour de son partage comme le fut la mosquée al-Ibrahimi dans la ville d’al-Khalil, ce que les sionistes n’avaient pas osé faire, alors qu’ils étaient au fait de leur victoire, lors de leur entrée dans al-Quds, en 1967.
4 – Nous assistons, en ce moment, à une activité fébrile, dans l’attente de la reprise des négociations entre l’entité sioniste et l’Autorité palestinienne, qui a abandonné plusieurs de ses conditions, suite aux pressions américaines. Qu’y a-t-il de nouveau, dans ce retour aux négociations, alors qu’il a été prouvé leur échec et leur inutilité ? Ce qui est nouveau, c’est le fait que le dossier palestinien va être proposé, non pas sur la table des négociations, mais sur celle du troc avec d’autres dossiers dans la région. Je pense que la direction palestinienne en est consciente et qu’elle ne tombera pas dans le piège. Sinon, le résultat sera, non seulement la liquidation de la cause de la Palestine, mais la destruction et l’effondrement d’autres entités dans la région. C’est pourquoi nous devons reconnaître que :
5 – la nation est dans un état des plus graves, sinon des plus néfastes, de toutes les étapes de son histoire. L’état de division et de l’alignement confessionnel dans la région risque de nous entraîner, tous, vers l’inconnu. La responsabilité de cela est partagée par tous. Il est réclamé de tous d’opérer une révision critique de tout ce qui se déroule et s’est déroulé dans la région.
Quant à nous, en tant que résistance palestinienne, le devoir légal et la responsabilité nationale nous imposent de protéger la Palestine en tant que dépôt que nous ne devons pas égarer. Il ne faut pas la jeter dans les conflits ou les querelles internes de toutes sortes, pour qu’elle reste chère aux yeux de tous, et qu’elle garde sa place dans les cœurs de tous. Et non qu’elle soit une accusation pour laquelle est jugé quiconque s’en approche ou qui demande des nouvelles de son peuple, sous le prétexte « d’échanger de renseignements », comme si les Palestiniens étaient des ennemis. Face à une telle situation, nous ne pouvons que patienter et endurer, en attendant que Dieu intervienne en notre faveur, pour que la Palestine revienne à nouveau et qu’elle soit notre boussole pour tous, la qibla de notre lutte, jusqu’à la victoire et la libération, par la volonté de Dieu.
En conclusion, malgré tous les défis et les dangers, nous sommes certains que notre nation saura surmonter cette étape difficile de son histoire comme elle a surmonté d’autres étapes similaires.

Mossad, monarchies arabes, Egypte et Palestine

La chaine Al Manar du Hezbollah libanais rapporte que la chaîne de télévision israélienne, Canal 2, a informé de la visite secrète  du chef des services de renseignements israéliens (Mossad), Tamir Bardo , il y a quelques semaines, aux Emirats-arabes-unis.

Selon l’expert des affaires arabes de Canal 2, Ehod Yaari, « la visite était officieuse » et « Bardo s’est réuni avec le prince héritier Mohamad ben Zayed alNahyan, ainsi qu’avec de haut responsables sécuritaires ».

Au cours de cette réunion, il a été surtout question de la situation en Egypte avant le coup d’état militaire et de la coopération dans les questions militaire et sécuritaire.

Toujours selon la même source, Bardo s’est réuni avec le responsable palestinien Mohammad Dahlan qui réside à Dubaï.

Le journal algérien arabophone As Chourouq a fait état de la coordination du Mossad avec  les services de sécurité des monarchies du Golfe, le palestinien Dahlan et les sphères d’affaires liées au régime de Moubarak  pour réaliser le coup d’état militaire. As Chourouq se rapportant à des sources égyptiennes (civiles et militaires) de haut niveau déclarent que Dahlan aurait piloté l’opération qui consistait à verser des milliards de dollars pour financer la chute de Morsi.

Tous les indices convergent vers ce qui est évident depuis longtemps : la liquidation de la question palestinienne. La liquidation  de la Palestine passe par la normalisation des Arabes avec Israël ou  par l’anarchie dans le monde arabe sinon la combinaison des deux. Dans tous les cas il faut criminaliser les mouvements islamiques  et les encadrer les amenant à faire des fautes ou à agir avec précipitation.

Les errements de l’association des savants musulmans présidée par Qaradhawi et la cécité des  Frères musulmans dans le dossier libyen et syrien ont facilité le jeu de l’Empire et du sionisme qui disposent d’une ingénierie prodigieuse pour connaitre nos faiblesses, nos divisions, et anticiper. La haine idéologique des libéraux et des gauchistes arabes qui s’empressent de proclamer  » les peuples arabes se soulèvent contre la terreur des Frères musulmans et des autres mouvements islamistes » ajoutent de la confusion. L’Empire sait manier la muleta devant les têtes baissées  des forcenés de la politique.

Les hommes sensés aimant la vérité et les hommes épris de liberté et de justice doivent reconnaître l’évidence flagrante : les putschistes égyptiens se sont emparés des difficultés politiques de Morsi à gouverner un pays « ingouvernable » par la mentalité confrérique et par le fardeau de l’héritage Moubarak pour lui adresser les griefs qui arrangent l’Empire et le sionisme. Morsi est accusé de soutenir le HAMAS un des principaux mouvements de la résistance après que le FATAH ait choisi Oslo comme Sadate a choisi Camp David. Celui qui ne voit pas l’inscription du Hezbolah dans la liste des terroristes par l’Union européenne et ne fait pas le rapprochement entre  les pressions américaines sur l’Autorité palestinienne pour faire des concessions à Israël doit avoir le cœur rempli de haine contre l’Islam ou doit avoir le crane rempli de moelle épinière sans limbes.

La gauche égyptienne tenté par l’économie de marché n’arrive plus à manier la dialectique historique :  elle  devrait relire le 18 Brumaire de Marx et revisiter le coup d’Etat du général Pinochet contre le président Salvador Aliendé . Pinochet a ce que les libéraux et les putchistes arabes n’ont pas :  une idée de la démocratie bourgeoise qui libère les forces productives lui permettant d’accumuler du capital sur des progrès sociaux et économiques. Prisonniers de leur délire de voir l’échec de l’Islam politique pour cacher leur propre échec ils ne sont pas en mesure de comprendre que l’échec est celui des mouvements islamiques partisans ou sectaire. L’échec de l’idéologie partisane annonce, inchaallah, la renaissance de l’Islam social et politique.