De la nécessité de créer des instances de cotation des actions bancaires en Algérie.

[L]e journal à sensation As Chourouk rapporte au sujet du  congrès des Savants musulmans à  Oran : « Les experts et érudits, présents à Oran, ont estimé que la création des instances de cotation bancaires constitue « un véritable challenge que doivent relever les pays musulmans pour se conformer aux exigences du marché financier mondial ».

Tout est dit sans pudeur ni honte ni crainte d’Allah par nos « honorables» savants qui depuis longtemps ont fait de leurs opinions une nouvelle religion au-dessus de celle révélée par Allah. Au nom de l’Ijtihad,  des intérêts mondains et du pragmatisme nos Savants ont fait de l’esprit partisan des Frères Musulmans et de leurs aristocraties une nouvelle religion qui ne juge plus selon ce que Allah a révélé, mais selon le «  Fiqh du réalisme» et « nécessité fait loi » allant à rendre licite l’illicite qu’Allah a autorisé en cas de force majeur et pour assurer la survie de l’homme, car la vie humaine est sacrée et le peuplement de la terre par des vivants bien portant est le dessein d’Allah. Allah dit sans équivoque sur la contrainte vitale qui autorise le recours à ses interdits :

إِنَّمَا حَرَّمَ عَلَيْكُمُ ٱلْمَيْتَةَ وَٱلدَّمَ وَلَحْمَ ٱلْخِنزِيرِ وَمَآ أُهِلَّ بِهِ لِغَيْرِ ٱللَّهِ فَمَنِ ٱضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلاَ عَادٍ فَلاۤ إِثْمَ عَلَيْهِ إِنَّ ٱللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ

{Il vous a seulement prohibé la bête morte, le sang, la viande de porc, et ce qui a été immolé à d’autres qu’Allah. Quiconque y a été contraint, sans être outrageant ni transgressant, ne commet pas de péché. Certes, Allah est Absoluteur, Miséricordieux.} Al Baqarah 173

 

Il s’agit de sauver sa vie en matière de nourriture et de boisson. Allah [swt] sait qu’il y aura des « intelligents qui vont faire de l’Ijtihad et tourner le dos à son Livre pour faire prévaloir leurs opinions sur le Livre d’Allah et la Sunna du Prophète et c’est pourquoi Il lance un avertissement juste après ce verset évident :

{Certes, ceux qui taisent ce que contient Livre qu’Allah a révélé puis le troquent à vil prix, ceux-là ne mangent dans leurs ventres que le Feu; Allah ne leur parlera point le Jour de la Résurrection, ne les épurera point, et ils auront un douloureux châtiment. Ceux-là sont ceux qui ont troqué le fourvoiement contre la Direction infaillible, et le châtiment contre l’absolution. Qu’ils endurent le Feu,  car qu’Allah a révélé le Livre, en Vérité, alors que ceux qui divergent à propos du Livre sont certainement dans un schisme profond.}

Le texte coranique est clair, évident. Il ne demande pas d’être un docteur en théologie, un expert en linguistique pour le comprendre ou un spécialiste de l’abrogeant et de l’abrogé. Il ne s’agit pas de la contrainte en matière de transactions commerciales ni en matière de logement, ni en matière de prêts bancaires, ni en matière de viande animale. Si cela était le cas, Allah et Son Prophète auraient ouvert le champ de la permissivité. Nous constatons, avec notre modeste savoir, que ce champ est restreint au vital. Toute transgression pour élargir ce champ à d’autres domaines est une incompétence à trouver des réponses adéquates par paresse intellectuelle.

Par exemple en matière de crédit immobilier la paresse consiste à promulguer une Fatwa autorisant l’accès à la propriété privée incitant les musulmans à recourir au crédit et aux intérêts alors que la logique socio-économique qu’aurait suivi Omar Ibn Al Khattab est d’inciter les musulmans à s’organiser pour mobiliser leurs idées, leurs compétences, leur argent et leurs bras pour construire des logements accessibles, mettre en place des banques du pauvre, innover des solutions inédites en matière d’organisation, d’ingénierie et de management pour résoudre leur crise en restant dans le cadre du halal sans risque d’outrager Allah et de transgresser ses lois.  Le pire de ce genre de Fatwas faites pour le motif « louable » de faciliter la vie des musulmans c’est qu’elle les laisse prisonnier du système en place alors que l’Islam exige la prise d’initiative dans un champ de halal dont les possibilités ne sont pas encore épuisées. Par ailleurs, le recours à ce genre de Fatwas farfelues ne fait que répondre qu’à une minorité qui peut accéder au crédit.  La majorité ne bénéficie pas de cette solution boiteuse, car elle ne remplit pas les conditions du crédit.

Au-delà de la facilitation, j’ai du mal à comprendre la logique d’un savant qui se permet non seulement d’approcher les limites d’Allah, mais de les transgresser alors qu’il sait mieux que nous les « stupides » qui ne pratiquons pas l’Ijtihad la gravité de la situation pour qui nous avons une déclaration de guerre émanant d’Allah :

{Ceux qui consomment des produits de l’usure ne se lèvent que comme se lève, en se débattant, celui que Satan a possédé. Et cela parce qu’ils ont dit : « La vente n’est que semblable à l’intérêt », alors qu’Allah a rendu licite la vente et a interdit l’intérêt. Celui qui a reçu une exhortation de son Dieu et qui s’abstient, gardera ses gains antérieurs et son cas relèvera d’Allah. Quiconque récidive : Il sera alors de ceux-là, les condamnés au Feu, où ils s’y éterniseront. Allah annihile l’intérêt et fait accroître les aumônes. Allah n’aime point tout mécréant-tenace grand-pécheur.}  Al Baqarah 275 à 276

{O vous qui êtes devenus croyants, craignez Allah et laissez ce qui reste de l’intérêt, si jamais vous êtes croyants. Si vous ne le faites pas, attendez-vous alors à une guerre de la part d’Allah et de Son Messager. Si vous vous repentez, vous garderez alors vos capitaux. Ne soyez point injustes et on ne vous fera subir aucune injustice.} Al Baqarah 278 à 279

« Qui consomme le Riba c’est comme s’il a forniqué avec sa mère dans l’enceinte de la Kaaba le jour de ‘Arafa »

J’ai du mal à comprendre comment on peut faire de la surenchère sur la parole d’Allah et de Son Prophète et oser, sans crainte de la gravité de leurs menaces, autoriser leur esprit à imaginer des scénarios que le Prophète n’a pas imaginés comme s’il était un inapte sur le plan intellectuel ou comme si la religion lui a échappé alors que le Coran lui a été révélé et qu’il en est l’incarnation parfaite :

وَنَزَّلْنَا عَلَيْكَ ٱلْكِتَابَ تِبْيَاناً لِّكُلِّ شَيْءٍ وَهُدًى وَرَحْمَةً وَبُشْرَىٰ لِلْمُسْلِمِينَ

{Et Nous t’avons révélé le Livre explicitation de toute chose, Direction infaillible, Miséricorde, et bonne nouvelle pour les musulmans.} An Nahl 89

On trouve dans le monde musulman, depuis longtemps déjà, des prétentieux pris par leur chauvinisme à défendre leur opinion et leur Madhab (école, doctrine) pour dire que grâce à tel savant on a enfin résolu le problème que Mohamed [saw] avait occulté. Honte à eux. L’ego démesuré les rend fermés à l’humilité et à la déférence envers le Prophète dont la vie a pris fin une fois que sa mission a été accomplie :

{Aujourd’hui, les négateurs ont perdu tout espoir de vous détourner de votre religion, ne les craignez donc plus et craignez Moi. Désormais, J’ai parachevé pour vous votre religion, J’ai parfait ma Grâce envers vous, et J’ai agréé pour vous l’Islam comme religion.} Al Maidah 3

Ce parachèvement, cette complétude, cette perfection de l’Islam et du Coran sont immédiatement suivis dans le Livre d’Allah par un verset qui vient confirmer que la seule permission d’outrepasser les limites d’Allah est la famine qui met en danger votre vie vie et celle de vos enfants :

{Mais quiconque sera contraint, lors d’une famine, sans se laisser aberrer par péché, Allah alors est sûrement Absoluteur, Miséricordieux.} Al Maidah 3

Le Coran est inimitable, incomparable et d’une perfection que seul un ignorant ne peut pas suivre ? Regardez, mes frères et mes sœurs,  comment il enchaine après le parachèvement de la religion parfaite et la famine :

{Ils t’interrogent sur ce qui leur est licite. Dis : « Vous sont licites les bonnes choses} Al Maida 4

Nous interrogeons nos savants et nos intellectuels comme ont interrogé les compagnons le Prophète [saw] :

Expliquez-nous comment le Riba peut devenir licite et bonne chose? Avez-vous les ravages du Riba et de l’économie capitaliste dans le monde ? Expliquez-nous comment les cotations bancaires et l’immersion dans le système financier capitaliste et ribawi sont des choses licites et halal?

Expliquez-nous ce que nous avons du mal à comprendre : la logique qui pousse un savant musulman à utiliser les ruses et les syllogismes fallacieux que lui dictent son imagination et sa mauvaise connaissance de la réalité sociale, politique et économique. Nous avons du mal à imaginer un savant musulman tomber dans les mêmes travers que les Bani Israël qui trichent avec la parole des Prophètes et qui écrivent des livres contraires à la loi de Dieu et qu’Allah décrit comme si nous étions leurs contemporains :

Nous vous interrogeons comme le Coran a interrogé les maitres à penser de l’égarement qui étaient contemporains de Mohamed [saw] :

{Dis : « Avez-vous compris ce qu’Allah a fait descendre pour vous comme  subsistances, et dont vous déclaré une part illicite et une autre licite ? » Dis : « Est-ce Allah qui vous l’a permis ou bien controuvez-vous contre Allah ? » Qu’en sera-t-il de la conjecture de ceux qui controuvent le mensonge contre Allah, le jour de la Résurrection ?}  Younes 59

{Ne dites pas, de ce que vos langues décrivent mensongèrement : « Ceci est licite et ceci est illicite », pour inventer le mensonge contre Allah. Certes, ceux qui controuvent le mensonge contre Allah ne cultiveront point.} An Nahl  116

N’est-ce pas que le Prophète [saw] a fermé la porte aux spécialistes ex cathedra qui pratiquent l’innovation pour plaire aux dirigeants ou à leurs partisans dans les partis politiques ou dans les foules surexcitées. Il a montré la voie sur la conduite à tenir devant des mots, des phénomènes, des comportements et des pratiques nouvelles sur lesquels, en apparence, la religion s’est tue :

« Allah s’est tue sur certaines choses, non par oubli, mais par miséricorde pour vous »

« Le licite est évident, l’illicite est évident, entre les deux il y a le doute (la confusion). Délaissez  le douteux (le confus) »

Il a signifié qu’en matière de Halam et de Haram dont la définition est la prérogative exclusive de   Dieu et que se chargent de transmettre et d’expliciter les Prophètes il n’y a pas de place à l’Ijtihad innovateur qui touche à la Parole divine :

{Rien ne peut changer Ses paroles} Al An’âm 117

Nous venons de citer deux versets argumentaires dans les sourates « les bestiaux » et « les abeilles » contre l’illusion de l’Ijtihad qui s’illusionne de changer impunément la Parole d’Allah. Ces deux versets qui abordent, entre autres, les bienfaits d’Allah et le devoir de se conformer à sa Chari’a qui est juste et valide car elle vise le bonheur des hommes posent le problème de la nécessité vitale (Dharoura)  et de la permission à transgresser les lois uniquement en cas de lutte pour la survie :

قُل لاَّ أَجِدُ فِي مَا أُوْحِيَ إِلَيَّ مُحَرَّماً عَلَى طَاعِمٍ يَطْعَمُهُ إِلاَّ أَن يَكُونَ مَيْتَةً أَوْ دَماً مَّسْفُوحاً أَوْ لَحْمَ خِنزِيرٍ فَإِنَّهُ رِجْسٌ أَوْ فِسْقاً أُهِلَّ لِغَيْرِ اللّهِ بِهِ فَمَنِ اضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلاَ عَادٍ فَإِنَّ رَبَّكَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ

{Dis : « Je ne trouve dans ce qui m’a été révélé comme  interdit frappant la nourriture mangée par un homme qu’une  bête morte, du sang qu’on a fait couler ou de la viande de porc. Ce sont des choses souillées, impies, ou immolées à d’autres divinités et non à Allah. Quiconque y a été contraint, sans être outrageant ni transgressant, ton Dieu alors Est Absoluteur, Miséricordieux. »} Al An’âm 145

فَكُلُواْ مِمَّا رَزَقَكُمُ ٱللَّهُ حَلَـٰلاً طَيِّباً وَٱشْكُرُواْ نِعْمَتَ ٱللَّهِ إِن كُنْتُمْ إِيَّاهُ تَعْبُدُونَ  إِنَّمَا حَرَّمَ عَلَيْكُمُ ٱلْمَيْتَةَ وَٱلْدَّمَ وَلَحْمَ ٱلْخَنْزِيرِ وَمَآ أُهِلَّ لِغَيْرِ ٱللَّهِ بِهِ فَمَنِ ٱضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلاَ عَادٍ فَإِنَّ ٱللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ  وَلاَ تَقُولُواْ لِمَا تَصِفُ أَلْسِنَتُكُمُ ٱلْكَذِبَ هَـٰذَا حَلاَلٌ وَهَـٰذَا حَرَامٌ لِّتَفْتَرُواْ عَلَىٰ ٱللَّهِ ٱلْكَذِبَ

{Mangez de ce qu’Allah vous a octroyé de licite, de bon, et soyez reconnaissants envers la Grâce d’Allah, si vraiment vous L’adorez. Il vous a seulement interdit la bête morte, le sang, la viande de porc, et ce qui a été immolé à d’autres qu’Allah. Quiconque a été contraint sans être outrageant ni transgressant, Allah alors Est sûrement Absoluteur, Miséricordieux. Ne dites pas, de ce que vos langues décrivent mensongèrement : « Ceci est licite et ceci est illicite », pour inventer le mensonge contre Allah.} An Nahl 114 à 116

Ces énoncés sur le licite et la contrainte mettent en évidence deux vérités. La première c’est qu’il ne s’agit que du vital et que ce vital se rapporte à la nourriture dans des conditions extrêmes et pour une durée limitée le temps de sauver sa vie. La seconde-vérité est que s’il doit y avoir un fiqh en matière de survie il ne doit pas s’appeler « fiqh ad dharoura », mais « fiqh al Idhtirar » pour rester en conformité avec l’énoncé coranique. Il y a une distinction majeure entre la nécessité ou le besoin ou la contrainte qui met en cause l’existence et met en danger la vie comme l’énonce le Coran :

أَمَّن يُجِيبُ ٱلْمُضْطَرَّ إِذَا دَعَاهُ وَيَكْشِفُ ٱلسُّوۤءَ

{Celui qui répond à l’appel de l’indigent, quand il L’invoque, et écarte le mal} An Naml 62

Nous sommes dans les mêmes deux logiques : celle de l’indigence et de la survie, et celle que c’est Allah qui répond en exauçant l’invocation ou en donnant dans le Coran ce qui préserve la vie. Toute intermédiation dans ce domaine relève de la conjecture blâmée par le Coran ou relève d’un mal encore plus sournois et plus profond qui se résume en trois tares qui se conjuguent :

La première tare est celle du plan depuis Vatican II approuvée par la CIA et le sionisme de créer une sorte de Vatican islamique. Cette formule plait à certains savants imbus de leur suffisance et de leur mégalomanie qui les poussent à régenter le monde musulman et à décréter qui a le droit de vivre ou de mourir. Ceux-là au lieu de fédérer la communauté musulmane sur un projet de renaissance civilisationnelle et mettre fin à leur schisme sont en train de défendre leur posture partisane et lui donner un habit sur mesure qui veut s’imposer comme madhab (doctrine et école) hégémonique, celui de la Wassatiya. Ils font dire au terme coranique de Wassat ce qui plait à leur projet. Nous y reviendrons un jour si Allah nous prête longue vie et inspiration.

La seconde est celle de la quête de légitimité d’un pouvoir qui continue d’instrumentaliser la religion à des fins politiciennes jouant de nouveau avec le feu et la vie des gens. Il ne tire aucune leçon de la tragédie nationale et continue de manipuler les Frères Musulmans après avoir manipulé les confréries soufies de Ghozali à Bouteflika reprenant le schéma colonialiste à leur compte.

La troisième est celle des oligarchies qui utilisent l’islam comme « survêtement » pour donner légitimité à leur savoir médiocre et à leur fortune amassée dans le marché noir et dans les produits financiers. Ces derniers sont les alliés naturels du capitalisme et des monarchies. La religion n’est pas une vocation de libération de la tyrannie et d’édification nationale, elle est le moyen judicieux pour s’insérer dans le Nouvel Ordre Mondial avec son économie de marché et son Riba.

Les trois tares se conjuguent, car leurs intérêts de manipuler la religion et de mettre le peuple à l’écart de la gestion des ressources nationales se croisent. Tous comme les pétrodollars des monarchies décadentes ont besoin d’un cadre légal juridique et religieux en Algérie pour se donner légitimité et faire de la République une monarchie où le pouvoir s’alterne entre les oligarchies et les rentiers faisant fi de la loi divine qui interdit la circulation de la richesse et l’alternance du pouvoir entre les riches :

مَّآ أَفَآءَ ٱللَّهُ عَلَىٰ رَسُولِهِ مِنْ أَهْلِ ٱلْقُرَىٰ فَلِلَّهِ وَلِلرَّسُولِ وَلِذِي ٱلْقُرْبَىٰ وَٱلْيَتَامَىٰ وَٱلْمَسَاكِينِ وَٱبْنِ ٱلسَّبِيلِ كَيْ لاَ يَكُونَ دُولَةً بَيْنَ ٱلأَغْنِيَآءِ مِنكُمْ وَمَآ آتَاكُمُ ٱلرَّسُولُ فَخُذُوهُ وَمَا نَهَاكُمْ عَنْهُ فَٱنتَهُواْ وَٱتَّقُواْ ٱللَّهَ إِنَّ ٱللَّهَ شَدِيدُ ٱلْعِقَابِ

{L’aubaine qu’Allah a accordée à  Son Messager aux détriment des gens de la Mecque, revient à la Cause d’Allah, au Messager, aux proches, aux orphelins, aux miséreux, au passager démuni,  afin que cela ne circule (ne s’alterne pas)  pas exclusivement parmi les riches d’entre vous –  Et ce que le Messager vous a donné, prenez-le, et ce qu’il vous a interdit, abstenez-vous-en, et prenez garde à Allah, car Allah Punit sévèrement –  Et elle revient aux Mouhajirines pauvres, qui ont été  chassés de leurs demeures et de leurs biens, recherchant une Munificence d’Allah et Son agrément, et font triompher la Cause d’Allah et Son Messager. Ceux-là sont les véridiques. Et elle revient également à ceux qui s’installèrent, avant eux, à Médine et dans la foi, ils aiment ceux qui ont émigré auprès d’eux, et ne trouvent, en leurs cœurs, nulle envie pour ce que les autres  ont reçu, les préférant à eux-mêmes, alors qu’ils souffrent de pauvreté. Et quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là alors sont ceux qui cultivent. Et elle revient aussi   à ceux qui viennent après eux, qui disent : « Notre Dieu, Absous-nous ainsi que nos frères qui nous ont devancé dans la foi, et ne laisse pas de rancune dans nos cœurs contre ceux qui sont devenus  croyants, notre Dieu, Tu es Compatissant, Miséricordieux ».} Al Hachr 7 à 10

Combien est grande la Miséricorde de notre Dieu. Comme ses lois sont justes, équitables et bénéfiques aux musulmans. Comme est honteux et vilain le comportement de ces voyous qui se prétendent intellectuels et savants qui veulent détourner à leur profit exclusif l’aubaine de l’indépendance, du pétrole, du gaz, de l’étendue du territoire, du sacrifice des martyrs, de la position géostratégique.

Ils veulent nous refaire le coup des banques pseudo islamiques qui pratiquent la Mourabaha et la cotation bancaire laissant de côté les investissements productifs et le développement économique et social. Ils ne sont pas intéressés par le partenariat islamique qui crée une société de partage, de solidarité et de conjugaison des compétences manuelles, techniques, intellectuelles et financières que permettent la Moucharakah et la Moudarabah.

La mourabaha est licite même si pour l’instant elle se pratique principalement en tant que bay’â bil qist ou bil ajal – vente à terme et à échéance – Il s’agit en termes modernes du leasing bail avec transfert progressif de la propriété. Ce système en pratique dans le monde capitaliste et connu dans le monde musulman n’est pas à la portée de nos « agents financiers » et de nos agents qui n’ont pas de culture économique ni social, mais une culture de bandits, de spoliateur, de rentiers. Il leur manque l’esprit entrepreneurial et la culture du partenariat qui leur donnent du poids social et économique pour élever le peuple vers le haut et hisser le pays au rang qui lui est du. Ils sont trop petits pour être à l’image du Prophète qu’ils renient par leur comportement.

Ils veulent nous leurrer en faisant oublier que la  logique économique de l’islam dans la moudaraba et la moucharaka n’est pas  dans  la banque, mais dans l’opérateur économique ou l’agent investisseur. Si on place la banque en amont et si on focalise notre souci sur les banques privées alors nous aurons trahi les versets coraniques et nous aurons désobéi au Prophète : la richesse ne doit pas rester pas en circulation entre les riches afin que le pouvoir et les richesses ne soient pas entre les mains  des oligarchies et que le peuple se trouve en situation de révolte, poussé à verser son sang ou à verser le sang d’autrui poussé par les affamés de pouvoir et de richesse. L’esprit du Coran et de l’économie est d’empêcher à la fois la thésaurisation de la monnaie et la constitution d’oligarchie qui exclut le peuple des ressources nationales. La  banque doit rester un intermédiaire public qui garantit l’échange, le dépôt, l’encaissement, le  paiement et la défense de la monnaie nationale contre la dévaluation ainsi que la protection de l’économie contre l’inflation. Ce serait encore une fausse piste après celle du socialisme, du libéralisme que de faire croire que la solution miracle est de faire de la banque un agent financier avec l’arrière pensée de financiariser l’économie en l’inondant de produits financiers avec un label halal alors que c’est illicite, anti économique, anti social et anti religieux. La banque n’a pas vocation à être un agent économique, mais un facilitateur de l’activité économique et commerciale. Il faut dynamiser l’économie, l’industrie, l’agriculture et le commerce, dans un esprit de concurrence saine et d’efficacité socioéconomique, et la logistique ainsi que les banques se mettent à suivre par la logique de la dynamique selon la loi de « la fonction crée l’organe ».

Faire un congrès sur la finance islamique pour donner crédit aux docteurs en finances et aux docteurs en « tmarbite » et « takloubite » c’est pire que mettre la charrue devant les bœufs. Dans le cas, d’ailleurs invraisemblable, d’une finance islamique, parler aujourd’hui de finances et de banque islamique alors qu’il n’y a ni économie, ni agent économique ni Etat de droit est une plaisanterie de mauvais gout, une préoccupation pour riches oisifs, un plan d’intégration dans le nouvel ordre mondial qui a besoin d’un islam consumériste qui pratique le crédit et les intérêts ainsi que les jeux, le sexe, la drogue et la télé reality.

Ces gouvernants despotes et incultes au lieu de partir de la philosophie de l’islam et de la coopération avec le peuple et les agents économiques nationaux pour créer des coopératives de production et de services ainsi que des mutuelles de crédit sans intérêt et des agences d’investissements publics ils continuent de recourir à l’étranger pour importer le capitalisme dans sa forme perverse de « produits en main » et de « clé en main » naturelle ou dans sa forme « islamisée  » de banques islamiques avec des capitaux saoudiens et qataris pour éviter l’intimidation et le risque de se voir l’objet d’une saisie par les banques étrangères sous le contrôle de la CIA . Nos banques islamiques vont s’occuper de financer l’immobilier et le tourisme avec la tête et les bras des Chinois, des Français, des Américains et d’autres espèces évolués. Nous autres avec nos têtes nous n’avons que les yeux pour admirer ou pour pleurer, avec nos mains que pour bruler de dépit ou caresser d’envie. Quelle honte .

Pour ne pas me prendre pour un vieux fou aigri et la tête remplie de théories et de chimères, je raconte un fait authentique : Il y a plus de 20 ans quand la Banque al Baraka s’est installée en Algérie je lui ai soumis pour le compte de l’entreprise publique que je dirigeais un projet de coopératives dans le cadre de l’emploi des jeunes. Le projet était ambitieux et je l’ai conduit dans le cadre d’une concertation internationale pour trouver des partenaires financiers et des bureaux d’ingénierie spécialisée dans le montage des coopératives. Allah est témoin et les documents faisant foi sont dans les tiroirs des ministères et des banques algériennes : Les coopérateurs communistes italiens et espagnols ainsi que le numéro un mondial canadien se sont montrés plus qu’intéressés pour y participer sans toucher un mot ou une phrase à mon projet. Allah est témoin : la  Banque islamique Al Baraka n’a pas daigné lire une ligne du projet, car le titre et  l’auteur du projet du projet sont suffisamment révélateurs de son contenu en contradiction avec les intentions de cette banque et de toutes les banques islamiques.

Il ne s’agit pas de prendre tout ce qui brille pour de l’or ni ce qui a le qualificatif d’islamique comme relevant de l’Islam. Si l’Islam était réellement en jeu dans les projets de nos gouvernants, de nos savants et de nos intellectuels, ils n’auraient pas consacré leur temps à débattre de la cotation des banques et du  » véritable challenge que doivent relever les pays musulmans pour se conformer aux exigences du marché financier mondial « . Il ya tellement de priorités occultées :

–        L’effusion du sang des musulmans par d’autres musulmans,

–        L’analphabétisme et la précarité,

–        La prédation impériale et les visées néocoloniales,

–        L’autosuffisance alimentaire absente,

–        Le plein emploi absent,

–        La gouvernance insensée,

–        La Tyrannie et la culture de l’oubli,

–        L’occupation des terres musulmanes par les armées étrangères,

–        Etc.

 

N’est-ce pas que le Prophète [saw] a mis fin au monopole des Juifs sur la monnaie, l’industrie  et  le marché.

N’est-ce pas que Abou Bakr a levé une armée pour imposer de force le droit du pauvre  contre ceux qui ne voulaient plus s’acquiter de leur devoir de zakat envers les pauvres et les nécessiteux.

N’est-ce pas que Omar Ibn al Khattab a développé l’État moderne et  mis en place des opportunités d’investissements dans la petite entreprise au profit des hommes et des femmes en leur prêtant sans intérêt de l’argent en provenance du Trésor public.

Pourquoi alors chercher en dehors du Prophète [saw] et des Khalifes bien guidés les solutions à nos problèmes ?

N’est-il pas plus opportun, plus pertinent et plus rationnel  de faire le bilan sur les cinquante ans d’existences des banques islamiques et de la  décade passée sur les spéculations boursières dans les pays musulmans en termes de développement socioéconomique. Qu’ont apporté  ces pratiques inconséquentes et douteuses aux indigents  et aux investisseurs?

En termes d’investissement la priorité n’est-elle pas de faire des recommandations conformes à l’Islam pour que, conformément à la Zakàt, les investissements productifs et les investissements sociaux ne soient pas imposables. État par la fiscalité peut et doit non seulement favoriser les investissements productifs et prioritaires, réguler le marché, freiner  le luxe et le superflu, mais aussi appliquer la justice sociale et le plein emploi?

Avant de conclure il me vient à l’esprit cette sentence de Malek Bennabi où il rend  Louange à Allah qui a fait de notre décadence notre salut, car ainsi nous sommes parvenus à rester encore indigestes pour l’Occident qui ne parvient pas à nous dissoudre dans son moule. Ceci est vrai. La meilleure preuve est dans cette anecdote toute simple, mais significative. La presse francophone qui a fait l’écho du congrès l’a fait avec des arrières pensées idéologiques. Il s’agit pour les uns animés par la culture éradicatrice laïciste  de présenter le fait islamique et le caractère arabe, alors que pour les autres il s’agit de présenter une ouverture de la pensée rétrograde musulmane vers la modernité et l’économie de marché. La presse arabophone et notamment As Chourouk a montré les désaccords et les attaques virulentes entre les partisans de l’alignement sur l’économie occidentale et les autres qui crient à la trahison des principes de l’Islam accusant les premiers de savants du palais.

Nous sommes dans le dernier carré de résistance qui nous reste et que décrit le Prophète Mohammed [saw] :

«  Jamais ma communauté ne se réunit sur un fourvoiement »

La logique coranique et prophétique exige que ni la communauté ni les savants ne doivent diverger sur des sujets graves. Si jamais il y a divergence ce n’est pas une miséricorde mais une malédiction. Lorsqu’il y a divergence c’est qu’il y une des deux possibilités : un qui a raison et l’autre qui a tort sinon ce sont tous les deux qui ont tort.  L’égarement sera toujours contesté même  si la contestation est timide et minoritaire. Que faire lorsqu’on est gens du commun face à ces divergences qui témoignent que la communauté et ses élites ne se portent pas bien? Le Prophète [saw]  y répond :

« La bonne foi c’est ce qui apporte la tranquillité dans le cœur et l’absence de doute (confusion), la mauvaise foi c’est ce qui cause le trouble dans le cœur et le doute (la confusion). Délaisse ce qui te procure le doute et accroche-toi à ce qui ne te procure pas le doute, et cela même si les gens te donnent des Fatwas.

Ce hadith explique que le musulman doit trancher et se positionner, car le vrai et le faux ne peuvent cohabiter. La responsabilité de notre confusion et de notre situation chaotique est dans deux tares. La première est celle qui fait prévaloir l’opinion du savant et de ses partisans sur les références coraniques et prophétiques que le savant et l’intellectuel doivent transmettre aux gens du commun en leur montrant leur méthodologie d’approche et de raisonnement pour construire leur avis afin que le niveau des gens s’élève leur rendant facile le discernement. Cette démarche aurait permis non seulement de rendre les peuples musulmans responsables de leur destin, mais aurait permis aux savants de se consacrer à des choses plus complexes, car un peuple comprenant sa religion va les soutenir et ne pas les déranger pour des futilités. Par ailleurs cette démarche du savant qui transmet le savoir sans devenir un monopole de la connaissance ou un passage incontournable est la garantie de ne pas devenir comme les Juifs et les Chrétiens avec leur clergé séparé du peuple ou donner crédit au projet de  « créer un Vatican de l’Islam pour modifier l’Islam et le rendre assimilable à l’esprit du commerce.»

Le peuple musulman ne peut rencontrer Allah en lui disant j’ai tué, j’ai mangé du haram, j’ai pratiqué le Riba, j’ai cautionné l’injustice  pour le motif qu’un savant ou qu’un groupe de savants par l’Ijam’â a (le consensus) dit je prends à ma charge les conséquences d’une Fatwa. Chacun de nous est tenu d’apporter ses arguments à Allah sur ses propres actes et ses propres positions. L’Islam est une religion de justice, de responsabilité et de savoir. Il n’y a pas de place à l’insouciance ni à se reposer sur les autres. Chacun ne fait le bien ou le mal qu’à son propre avantage et à son propre désavantage. Même, Satan ne sera pas tenu responsable de ce qu’il nous a inspirés comme pensées et comme actes. Il est déjà maudit depuis Adam. C’est nous qui sommes en cause dans notre lutte contre Satan : vaincu ou vainqueur.

Le seul cas où le Musulman doit se taire et chercher à fuir c’est lorsqu’il est contraint de prendre position pour un camp contre un autre et que chacune de ses position l’amène à ce que un ou plusieurs musulmans dans un camp ou dans l’autre soient tués sans droit ni justice. Allah n’aime pas le désordre.

Sinon que faire ? Nous avons vu que Mohamed [saw] ne nous a pas laissés sans solutions. Le Coran nous a donné en la personne des Prophètes et des gens vertueux un modèle à suivre. Connaissons ces modèles et notre choix n’en sera que plus facile et plus évident. A titre d’illustration, Allah nous décrit Khidr l’homme vertueux qu’Allah a destiné pour être le guide d’apprentissage du Ghyab pour Moïse :

فَوَجَدَا عَبْداً مِّنْ عِبَادِنَآ آتَيْنَاهُ رَحْمَةً مِّنْ عِندِنَا وَعَلَّمْنَاهُ مِن لَّدُنَّا عِلْماً

{Ils trouvèrent un Dévoué d’entre Nos Dévoués, à qui Nous avons donné de Notre part une Miséricorde,  et Nous lui avons enseigné de chez Nous une Science.} Al Kahf 65

Voici un modèle coranique que nous retrouvons chez David, Salomon, Mohamed et les autres Prophètes [saw] : ce modèle conjugue la science et la miséricorde, et tous les deux viennent d’Allah et ne viennent pas de la fabrication médiatique ou de la machination politique. Que le musulman fasse du Coran sa grille de lecture des hommes et des phénomènes. Ce n’est pas un doctorat en théologie ou en linguistique dont nous avons besoin le plus, mais de cette âme, de cet esprit et de ce cœur que Mohamed [saw] a cultivés dans ses compagnons qui n’étaient que de simples cultivateurs, de petits bergers, de petits commerçants illuminés par la foi et la vérité. Allah leur a donné la lumière, le Nour, par lequel ils discernaient. Cherchons cette lumière.  Tout être portant cette lumière et parlant par cette lumière est aux yeux de l’Islam un savant même s’il n’a pas de titre universitaire ni d’insigne honorifique sous forme de  bonnet sur la tête ou de vêtement sur le corps. Allah regarde le corps et Il a décrété que ce qui est utile au gens reste sur terre et que l’écume est condamnée à disparaitre et le Prophète [saw] cherchait la protection d’Allah contre un savoir inutile et un cœur sans recueillement.

Est-ce que nos parents sont tombés martyrs ou en vécus massacrés dans les camps d’internement et nous, leurs enfants, avons sacrifié notre jeunesse à servir ce pays, pour que des oligarques viennent nous dire, alors que nous sommes en crise d’identité, de légitimité, de développement, que « La nécessité est de créer des instances de cotation des actions bancaires en Algérie »

Est-ce  que notre dernier rempart contre le colonialisme et la dépersonnalisation, en l’occurrence l’Islam, va devenir le refuge des renégats qui activent à dépouiller ce qui reste du droit musulman et vassaliser l’Islam et les Musulmans au nouvel ordre mondial inéquitable et injuste ? Allons-nous comme Bani Israël être les adorateurs du veau dès que Moïse a tourné le dos :

{Et quand la colère de Moïse s’est tue, il prit les Tables. Il est dans leur transcription : Direction et Miséricorde pour ceux qui redoutent leur Dieu. Moïse choisit ses gens, soixante-dix hommes, pour Notre temps fixé. Et quand ils furent pris de tremblement, il dit :   « Mon Dieu, si Tu l’avais voulu, Tu les aurais fait périr auparavant, et moi aussi ! Nous ferais-Tu périr en raison de ce que les insensés d’entre nous ont fait ? Ce n’est qu’une épreuve de Ta Part, Tu fourvoies par elle qui Tu veux et Tu guides qui Tu Veux. Tu es notre Protecteur, Absous-nous et fais-nous Miséricorde, car Tu es le Meilleur des Absoluteurs, et prescris-nous un Bien en ce monde et dans la vie Future, nous nous sommes guidés vers Toi. » Il dit : « Mon châtiment, J’en frappe qui Je veux, mais Ma Miséricorde embrasse toute chose.} Al A’âraf 154 à 156

Algériens réveillez-vous. Nous n’avons pas le droit de nous  laisser pas déposséder de notre droit et de notre devoir à l’initiative populaire dans l’économie, la politique et le social par ses insensés qui vont vous faire goûter l’enfer dans un pays qu’Allah a  voulu qu’il soit un Paradis. Il ne s’agit ni de sédition, ni de rébellion ni de violence, ni d’esprit partisan ou sectaire, et encore moins de désir de vengeance,  mais de ne pas nous laisser embobiner et de désirer ardemment le changement. Notre avenir et celui de nos enfants sont en jeu ainsi que notre salut dans l’autre. Faisons preuve de discernement et aspirons à la réforme, celle de chacun de nous,  le reste appartient à Allah [swt] :

{Et Nous avons fait hériter les gens, qui étaient opprimés, les levants de la terre et ses ponants, que Nous avions bénis. Et la Bonne Parole de ton Dieu fut réalisée pour la descendance d’Israël à cause de leur persévérance. Et Nous avons détruit ce que faisaient Pharaon et son peuple, et ce qu’ils ont édifié.} Al Aâraf 57

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Notre ami Bouteflika – de l’Etat rêvé à l’Etat scélérat » : vérité ou diversion ?

Je suis tombé sur un article, en trois parties, du journal « le matindz »  intitulé «  Les dessous de la complicité Bouteflika – Émirats ». Ces articles font  l’apologie du livre « Notre ami Bouteflika – de l’État rêvé à l’État scélérat » ainsi que la publicité au directeur de ce journal Mohamed Benchicou président du collectif rédacteur du livre.

Je n’ai aucune sympathie pour ce journal qui n’existe que par le monopole de l’État sur la publicité qui distribue la rente aux journaux servant sa stratégie de communication. Si ce journal et tant d’autres du même gabarit devaient compter sur la qualité du travail d’investigation de leurs journalistes et de l’intérêt du peuple algérien pour leur contenu il y a longtemps que ces journaux auraient déclaré faillite et mis la clé sous le paillasson.  

Ce qui m’a amené à prendre la plume c’est la capacité de nuisance et de désinformation qu’il laisse dans l’esprit de jeunes en quête de scandales sur une gouvernance incompétente faute de se prendre en charge et de s’impliquer dans une dynamique de changement. Il y a une volonté délibérée de diversion qu’il faut dénoncer : Haqqoun ourida bihi bàatiloun (Une vérité dont la visée est de faire valoir le faux – Ali Ibn Abi Taleb)

Ce journal et le livre dont il fait la promotion ne donnent pas une réflexion sur la dynamique du changement, mais répondent en apparence à une logique commerciale de la presse à sensation et de l’opposition à dénonciation verbale, mais sans apporter du nouveau sur les pratiques du pouvoir qui n’échappent pas aux gens de la plèbe.

Lorsque 300 000 Algériens et l’Algérie avec son histoire, ses ressources et son avenir sont occis par l’incitation à la haine, à l’éradication et à la guerre civile par ce même journal et son directeur on peut se demander : quelle est la signification des milliards qu’aurait détournés le Président Boutelflika ? Ce journal dont la nature idéologique n’est plus le trotskisme, mais les affaires comme l’ensemble de la gauche algérienne même si Gilles Perrault appelé à la rescousse pour donner crédit et notoriété à leur livre a un passé notoire de trotskiste. 

Celui qui veut s’intéresser à  l’histoire du trotskisme verra comment ce mouvement a été souvent l’écran de dissimulation du sionisme et de la CIA. La meilleure illustration est le rôle des trotskistes en mai 68 qui a fait tomber le général de Gaule connu pour son refus de l’alliance avec l’OTAN, son refus du sionisme et sa politique d’une politique d’ouverture avec le monde arabe. L’histoire retient également qu’après l’offensive militaire de  Ho Chi Minh  en mars 68 contre l’armée américaine au Vietnam la France était chargée d’ouvrir les négociations entre l’Amérique et Ho Chi Minh en mai 68 et qui ont abouti à la conférence de Paris en 1969. Alors que le monde progressiste et les peuples des anciennes colonies venaient de découvrir ce héros vietnamien, les trotskistes français n’ont pas trouvé mieux que d’organiser une manifestation avec des drapeaux et des banderoles en hommage non pas à Ho Chi Minh, mais à Trotski. Pour Malek Bennabi qui avait analysé l’aspect idéologique des progressistes algériens et français qui refusent aux musulmans le débat idéologique, il y avait une supercherie sioniste et américaine pour faire imposer leur agenda dans une manifestation à la fois anti-impérialiste et  reconnaissante à la lutte du peuple vietnamien. On peut légitimement se poser la question sur la place d’un Trotskiste comme  Gilles Perrault dans un problème qui relève de l’Algérie et des Algériens.   Le talent, l’engagement,  la biographie et la bibliographie de Gilles Perrault ne sont pas des facteurs déterminants pour préfacer un livre écrit par des Algériens attaquant un président algérien en exercice même si ce président est illégitime, corrompu, autocratique. Il y a des principes à ne pas transgresser.

J’ai refusé que le général Khaled Nezzar  soit trainé dans un tribunal français ou suisse non par sympathie pour lui, mais par dignité pour mes proches qui sont morts pour la patrie et qui ont connu les camps d’internement durant la guerre de libération. Mon refus m’a fait rompre des amitiés solides et anciennes, car l’égard pour l’Algérie, nonobstant son État pitoyable et pour lequel Khaled Nezzar a une part de responsabilité, impose à tout algérien un sentiment patriotique libéré du patriotisme de canailles que certaines personnes dans le pouvoir, dans l’opposition et dans les médias algériens cultivent sans honte ni pudeur. Il n’appartient ni à la France ni à la Suisse ni aux États-Unis ni aux monarchies du Golfe d’interférer dans nos affaires internes : il y va de notre devenir, de notre dignité, de notre souveraineté même si celle-ci est lourdement mise en cause par les gouvernants. Si nous tolérons un instant, dans un livre ou dans une affaire de justice,  le droit de regard de l’Étranger sur une affaire relevant du droit algérien et concernant le peuple algérien, même si pour l’instant le droit et le peuple sont les plus grands absents, nous devenons des complices à l’ingérence étrangère qui est la nouvelle doctrine du nouvel ordre mondial pour nous asservir de nouveau. Musulman je crois en la justice divine : si l’État algérien n’est pas constitué pour rendre justice avec équité et impartialité, les responsables de crimes politiques et économiques, et d’atteinte à la vie des individus ne peuvent échapper à l’impunité de l’histoire et du Jugement dernier.

Enfin, il reste à montrer le paradoxe des trotskistes et des gauchistes algériens. Ils se sont convertis depuis longtemps à l’économie de marché et à l’affairisme qu’ils oublient dans leur analyse de recourir à la dialectique marxiste qui consiste essentiellement à analyser la dynamique sociale, politique, économique et historique d’un système, ses rapports avec la géopolitique, et ses contradictions. Il s’agit d’analyses de  processus pour comprendre et pour agir et non de prise de positions partisanes en faveur ou contre des individus. Les progressistes algériens, en rupture avec la culture dialectique et nationaliste des grandes figures du marxisme algérien  telles que Mohamed Harbi ou Hachemi Hajerès, sont   otages intellectuellement et moralement des appareils bureaucratiques dont ils sont issus et otages de leur culture d’éradication du peuple qu’ils ne pourront jamais représenter, car ils savent qu’ils sont désavoués par ce peuple sur le plan moral, religieux et idéologique. Ils savent qu’ils sont le produit d’un système qu’ils ont servi et défendu.

Je ne défends pas le président Bouteflika, dont le bilan n’échappe à personne et je ne vais pas faire de la surenchère sur la situation du peuple algérien. Je m’insurge contre la désinformation qui consiste à présenter un président ou un homme comme bouc émissaire de la catastrophe annoncée.  Nous savons tous que ce président est coopté par le système et s’il y a un devoir courageux de demander des comptes et de situer les responsabilités il consiste à analyser le système et les alliances nationales et internationales qui ont permis l’arrivée de monsieur Bouteflika et sa longévité alors que monsieur Boudiaf a fini tragiquement en direct et que le général Liamine Zéroual a jeté l’éponge.

Bien entendu les pseudos progressistes algériens, journalistes et écrivains,  ne nous diront jamais qu’ils ont constitué l’ossature de l’appareil bureaucratique de l’appareil d’État et des appareils économiques du secteur public dont sont issus le secteur privé parasitaire et la presse « libre » qui tous vivent de la rente de l’État et de sa corruption. Pourquoi alors se comporter comme les pharisiens accusant de fornication l’élément faible de la société juive et laissant les autres péchés dans l’oubli et le silence que Jésus est venu les réformer ? La réponse est simple et connue par tout le monde sans jeter l’anathème sur les pharisiens de l’Algérie post indépendance.

Elle est simple quand on sait que la bataille que se livrent les différents clans du pouvoir pour la rente et la prébende se fait par deux canaux : le terrorisme contre le peuple et la guerre médiatique.

Tout le monde sait pour qui roule notre presse indépendante. Elle ne roule pas pour l’État algérien ni pour le peuple algérien : elle roule pour un clan contre l’autre. Elle ne roule pas pour la souveraineté nationale et la résistance contre la prédation nationale et internationale, mais elle roule pour un enjeu stratégique contre un autre enjeu aussi stratégique.

Le premier enjeu stratégique :  L’Algérie après l’indépendance et jusqu’à la fin de l’ère Chadli était un terrain de bataille entre les nationalistes (toutes idéologies et tendances politiques confondues), les partisans du Makhzen marocain (une république monarchiste avec la même matrice politique, économique et sécuritaire que celle du Maroc) et le Hizb frança,  la cinquième colonne qui veut maintenir l’Algérie dans la francophonie sur le plan culturel et politique et le comptoir commercial sur le plan économique et géopolitique.  

Le second enjeu stratégique : Les mêmes acteurs jouent et toujours très mal à qui emmènera l’Algérie dans le giron américano-qatari saoudien ou dans le giron franco-européen. 

Si le second est classique et bien rôdé avec ses clercs et ses appareils au sein des médias, des appareils administratifs et économiques pour maintenir l’Algérie comme comptoir commercial de la France et de ses partenaires européens, le premier est « moderne » et en voie de puissance pour embarquer l’Algérie comme base coloniale de l’OTAN pour jouer le rôle de gendarme en Afrique et en supplétifs dans une prochaine guerre contre l’Iran. Cet axe nouveau repose sur le « soft powerment » de Brezinski qui accorde une large part aux islamo nationalistes, aux courants maraboutiques et aux anarchistes de l’Islam infantile qui sont mus par le désir de vengeance et par la quête de pouvoir.

Les arguments du « matin » et de monsieur Benchicou  sont tellement évidents et fallacieux que nous ne sommes pas dans un réquisitoire dicté par l’éveil de conscience de l’algérianité contre les droits bafoués et les richesses spoliées, mais dans une démarche de psychopathes qui ont peur d’un scénario qui les exclut du contrôle des rouages de l’État et du partage de la rente qu’ils ont patiemment et méthodiquement élaboré depuis la « révolution agraire » par le noyautage de l’administration et de l’économie.  Servant leurs intérêts idéologiques, linguistiques, politiques  et économiques ils ne peuvent pas attaquer la monarchie saoudienne ou qatarie de vassaux de l’impérialisme et du sionisme, car ils n’ont ni le courage ni le nationalisme qui défend la souveraineté du peuple et ses valeurs arabo musulmanes. Ils ont par contre la perfidie et la lâcheté de poignarder, comme à leur habitude, le peuple algérien en le frappant dans ce qui est sacré tout en faisant de la désinformation sur les origines et les acteurs du système de prédation de l’Algérie.

Ainsi, ce qui est à retenir dans leur détraction de Bouteflika et des monarchies est cette expression perdue dans le verbiage : « Algérie réorientée vers une engeance arabo-islamique. Le terme engeance signifie bien leur embarras qui témoigne de leur désespoir de conquérir le sommet du pouvoir et de leur  doute sur leur l’efficacité de leurs alliances classiques.

Ils savent qu’à terme l’Algérie ne leur appartiendra pas. Ils ont choisi la tyrannie, l’exclusion et le monopole au nom de la liberté et de la démocratie, le temps de rendre des comptes n’est pas loin. Bouteflika est déjà sur la voie de rejoindre son créateur qui lui demandera des comptes.  

Je les mets au défi, de ramener non pas Gilles Perrault, mais un institut de sondage compétent et indépendant pour définir le nombre de vendus de leur presse, le profil de leur lecteur et les rubriques consultées.

Je fais le pari d’un litre d’huile kabyle contre une olive palestinienne que la majorité des gens qui achètent leurs journaux le font pour consulter la rubrique sportive et la rubrique nécrologique. Le diction algérien s’applique bien à ces parasites saltimbanques de foire : Yakoul al Ghalla wa iyssab al Milla ( Il mange leur nourriture et puis insulte leur confession).  Il est plus que jamais urgent de se réveiller, car il y a le feu dans la demeure Algérie, les pyromanes et les corrupteurs sont plus nombreux que les réformateur. Un changement pacifié et accompagné sous le contrôle de l'ANP  qui s'engagerait  à respecter et à  faire respecter la Constitution et à rester en dehors des luttes partisanes et politiques est urgent avant que le changement ne soit pas imposé contre la souveraineté nationale.

Faisons du slogan "pour les idées et le débat" une réalité au service de l'Algérie.  

« Notre ami Bouteflika – de l’Etat rêvé à l’Etat scélérat » : vérité ou diversion ?

L’Afrique est sans défense face à l’offensiv​e militaire euro-US

 

Tandis que les USA et leurs alliés de l’OTAN progressent vers le Sud pour renforcer leur emprise sur l’Afrique, après avoir pris possession de la Libye et de ses gigantesques champs pétrolifères, la plupart des dirigeants africains semblent approuver leur réinsertion dans l’Empire. L’AFRICOM se trouve déjà dans une position favorable, où les Africains eux-mêmes l’ont placée.

Les USA et leurs alliés ont entamé une offensive en Afrique et en Asie, une attaque sur plusieurs fronts qui dans certaines régions rappelle un « blitzkrieg ». Cette agression effrénée a débuté avec la transformation de l’OTAN en corps expéditionnaire pour renverser le régime libyen, et s’apprête maintenant à détruire l’ordre laïc syrien. Bien que depuis des années on se soit appuyé sur des plans visant à changer ouvertement ou discrètement les régimes de pays ciblés, en parfait accord avec l’impératif historique du capital mondialisé : soumettre à la matraque la planète entière pour en faire un marché docile aux ordres de Washington, Londres et Paris,  l’offensive actuelle s’est heurtée à une évolution imprévue : le cauchemar d’un réveil arabe.

La perspective d’un printemps arabe au début de l’année 2011 a déclenché une véritable hystérie dans les capitales impériales. Brutalement la rue arabe vous plaçait devant votre propre mort géopolitique. Washington comprend très bien que l’émergence de régimes arabes conformes à la volonté populaire conduirait rapidement, selon l’expression chère à Chomsky, à éjecter les USA de la région – sonnant le glas non seulement d’un Occident assoiffé de pétrole, mais aussi des filiales du capital international que constituent les autocraties putrides du Golfe persique.

Visant à des siècles de domination euro-US Washington, Londres et Paris se sont hâtés de faire de l’OTAN l’instrument d’une opération « Shock and Awe » contre leur cible préférée en Afrique du Nord : Mouammar Kadhafi. L’onde de choc de cette démonstration de force a jeté dans les rues de Damas les suppôts de l’impérialisme. Mais l’Afrique est la région la plus exposée sur le sentier de guerre des USA – un continent prêt à tomber dans leur escarcelle grâce aux innombrables liens que les classes politiques et militaires africaines entretiennent avec l’impérialisme. Les USA et leurs alliés, les Français au premier rang, sont en position de « croquer » la plus grande partie de l’Afrique avec la collaboration de la plupart de ses gouvernements et surtout des militaires.

L’AFRICOM, créée en 2008 par l’administration Bush , et désormais la créature à part entière de la doctrine d’intervention « humanitaire » d’Obama, revendique la responsabilité militaire de tout le continent hors l’Egypte. Le commandement militaire US a réuni un nombre impressionnant d’alliances avec des organisations régionales et des blocs de pays représentant tout le continent à quelques exceptions près -d’ailleurs déjà dans le collimateur. Les USA progressent brutalement vers le Sud après avoir conquis la Libye, mais ce sont les Africains eux-mêmes qui leur ont aplani la route.

La guerre menée par les USA en Somalie, qui s’est intensifiée de manière dramatique avec l’invasion éthiopienne soutenue par les USA, a maintenant été légitimée par l’IGAD (International Authority on Development in East Africa), qui inclut l’Éthiopie, le gouvernement somalien fantoche de Mogadiscio, le Kenya, l’Ouganda, Djibouti, protectorat français de facto et nominalement le Soudan.

L’opération – nominale – de l’ONU en Côte d’Ivoire pour renverser le régime de Laurent Gbagbo, dirigée par la France, a été approuvée par la CEDEAO, l’Union économique qui regroupe 16 États d’Afrique de l’Ouest : le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Mali, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo.

L’AFRICOM organise tous les ans de gigantesques manœuvres militaires du nom d’African Endeavor qui entraîne les armées africaines au maniement des « pratiques standard de communication». On leur enseigne les procédures de commandement et de contrôle US sur des équipements militaires US et sous la surveillance de conseillers US. En 2009, les armées de 29 pays africains avaient pris part à ces manœuvres. Cette année, 40 pays participaient à African Endeavor, constituant la plus grande concentration d’hommes en armes en Afrique.

Plus sournoise encore est la doctrine du «  soldat à soldat », qui encourage les gradés de même rang des armées états-unienne et africaines à établir des relations personnelles à tout niveau : général/général, colonel/colonel, major/major et même capitaine/capitaine. L’AFRICOM espère établir ainsi des relations personnelles durables avec les armées africaines, quels que soient les régimes en place.

Au Sahel l’AFRICOM entretient des relations étroites avec pratiquement tous les États qui bordent le Sud du Sahara, depuis l’Atlantique jusqu’à l’Océan indien, sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Il s’agit de la Mauritanie, du Mali, du Tchad et du Niger, plus le Nigeria et le Sénégal. Au Nord, l’AFRICOM maintient les mêmes liens avec les pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie) et jusqu’à cette année avec la Libye de Kadhafi.

C’est souvent l’AFRICOM qui est la véritable force derrière des interventions dites « africaines ». L’AMISOM (Mission de l’Union africaine en Somalie),  officiellement la prétendue « force de maintien de la paix » en Somalie, se compose en réalité de troupes ougandaises et burundaises, deux gouvernements fantoches au service des USA ; elles fonctionnent comme mercenaires de Washington et sont payées essentiellement par les USAméricains. 500 soldats venus de Djibouti doivent bientôt s’y joindre. Des années durant l’AMISOM a été la seule force qui a sauvé le régime fantoche de Mogadiscio de l’anéantissement par la résistance des Shabab. Aujourd’hui les combattants de l’Union africaine ont reçu des renforts et mènent, en commun avec les envahisseurs kenyans et éthiopiens, une offensive destiner à prendre en tenaille les Shabab et à les exterminer. La mort vient du ciel sous forme de drones US basés en Éthiopie et à Djibouti. Et donc une armée qui se dit le bras armé de l’Union africaine est un outil de guerre US dans la Corne de l’Afrique – un conflit que les USA ont allumé et qui est également soutenu par l’alliance régionale de coopération, l’IGAD.

L’invasion de l’Érythrée, adversaire de l’Éthiopie et l’un des rares pays à rester en-dehors de la nébuleuse de l’AFRICOM n’est plus qu’une question de temps. Sans nul doute ce sera l’œuvre des « forces armées africaines », soutenues par les USA et la France. L’Union africaine, mouillée jusqu’au cou, ne s’y opposera sûrement pas.

Dès que le dernier bastion loyal à Kadhafi est tombé, les interventions « humanitaires » d’Obama se sont profondément enfoncées en Afrique centrale ; 100 hommes des unités spéciales ont été envoyés en Ouganda en vue de missions en République démocratique du Congo, dans le nouveau pays du Sud-Soudan et en République Centrafricaine, un poste avancé du néocolonialisme français, où les USAméricains avaient expédié le Président haïtien Jean-Bertrand Aristide après son enlèvement en 2004. Il est vraisemblable que les «  bérets verts » US viendront à bout des 2000 combattants (environ) de l’Armée de libération du Seigneur – une force que les Ougandais auraient été à même d’anéantir à eux seuls, s’ils n’avaient été occupés à jouer les mercenaires des USA dans tout le continent. (Dans cette région, le second tueur loyal aux USA est le Rwanda, que l’ONU rend responsable de la mort de millions de Congolais).

L’agression contre la Libye était devenue inévitable dès lors que le Nigéria, l’Afrique du Sud et le Gabon s’étaient déshonorés en approuvant la zone d’exclusion aérienne proposée par le Conseil de sécurité de l’ONU. L’onde de choc de l’offensive euro-USaméricaine s’étend vers les Sud et embrasera bientôt le continent entier. La Corne de l’Afrique n’est déjà plus qu’un champ de bataille où règnent le feu et la famine, œuvre des USaméricains, mais avec le soutien total des Africains et de leurs institutions régionales. En Occident, la CEDEAO sert de légitimation à la politique impériale, pendant qu’au Sahel les Africains se battent pour trouver des objectifs appropriés aux USAméricains. Tous les ans les USAméricains réunissent les militaires du continent pour leur apprendre le commandement et le contrôle de leurs troupes, ce qui rend leurs armées incapables de résister au véritable ennemi : les USA et l’OTAN.

Trompée par une classe politico-militaire désireuse de s’intégrer à tout prix dans le système impérial, l’Afrique est sans défense face à l’agression euro-américaine.

Seuls les bidonvilles et la brousse peuvent détourner cette catastrophe. S’ils veulent résister aux USAméricains et aux Européens, les Africains doivent en premier lieu lutter contre leurs propres gouvernements.

Auteur : Glen Ford

Il est cofondateur du Black Agenda Report. il est aussi l’auteur de The Big Lie: An Analysis of U.S. Media Coverage of the Grenada Invasion [Le Grand mensonge : une analyse de la couverture par les médias US de l’invasion de Grenade].

Traduction : Michèle Mialane

Française. Professeure d’allemand retraitée, traductrice et éditrice, membre de Coorditrad et de Tlaxcala.

Notes de la traductrice : J’ai traduit ce texte car il me semble rectifier un peu la désinformation scandaleuse qui a cours dans les médias français. Cependant je doute que Kadhafi ait jamais joué un rôle positif et en ce qui concerne la Syrie je juge urgent d’attendre. En outre je considère que la France n’est autre chose que le jouet des USA dans cette affaire (et en train de perdre son statut de puissance coloniale, ce dont je me réjouirais si c’était au profit des Africains eux-mêmes et non du monde anglo-saxon.) Enfin je regrette que ce texte ignore totalement les intérêts impérialistes des nouveaux pays émergents, principalement l’Inde et la Chine, qui s’approprient notamment les riches terres agricoles africaines, dont ils ont – contrairement aux USA et à l’Europe, intéressés par les seules richesses du sous-sol ainsi que par une main-d’oeuvre sous-payée – un besoin urgent. Inde et Chine  doivent en effet nourrir une population pléthorique sur des surfaces chaque jour réduites par l’industrialisation et le mode de vie occidental. L’article ne voit donc  pas que le malheureux continent africain est un terrain de conquête où s’affronte le reste du monde. Ceci posé, Dumont avait raison quand il écrivait, voici déjà près de quarante ans: l’Afrique noire est mal partie.-MM

Source Tlaxcala

La prochaine armée « islamique » sous commandement de l’OTAN.

Dans cette première manche de la confrontation géopolitique entre la Syrie et l’Empire américain, le régime syrien, malgré quelques défections, des assassinats de hautes personnalités, des désertions dans le rang des soldats de l’armée, une situation humanitaire déplorable et une économie semi-asphyxiée, semble marquer des points. En effet, l’objectif de créer des zones autonomes « libérées » et de faire pencher la population en faveur des « insurgés » pour lancer une offensive militaire et diplomatique de grande envergure a été déjoué par l’armée syrienne qui a montré une capacité de défense inattendue. La seconde guerre de Qaradhawi qui a promis de prier à Damas la mi Ramadhan semble ne pas se dérouler selon les voeux du Pape des Frères Musulmans.

La guerre avec la Syrie n’est pas finie pour l’Empire américain qui joue à découvert derrière ses alliés européens, ses vassaux arabes et turcs, et ses instruments « jihadistes » montés selon les options stratégiques et tactiques de Brezinski et de l’orientaliste anglo-israélo-américain Bernard Lewis.

Bernard Lewis est un orientaliste idéologue proche des néo-conservateurs, il est engagé pour la guerre dans le monde musulman et la défense inconditionnelle d’Israël.  Il fut conseiller des services secrets britanniques (Seconde Guerre mondiale), consultant du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, conseiller de Benyamin Netanyahou alors ambassadeur d’Israël à l’ONU (1984-88). Considéré comme « fin spécialiste » du monde musulman et de la Turquie, il soutient Brezinski dans le projet d’une guerre fratricide entre musulmans. Il est partisan pour une guerre entre Sunnites et Chiites après l’échec de sa doctrine d’une guerre entre Arabes et Perses. Comme Daniel Pipes le fer de lance de l’Islamophobie mondial, Bernard Lewis est un spécialiste de la civilisation islamique, du monde arabe, de la Turquie, et il connait bien la langue arabe qu’il a apprise au Caire. Quand on voit l’unité idéologique et la convergence d’actions contre le monde arabe et musulman des sommités américaines telles que Francis Fukuyama ( la fin de l’histoire) , Samuel  Huntington (le clash des civilisations), Bernard Lewis, Brezinski et Henry Kissinger, on ne peut que rire devant BHL le farfelu et surtout pleurer devant l’indigence de nos intellectuels, de nos savants et de nos hommes politiques gouvernants ou opposants. Tous s’accordent à détruire le monde musulman de l’intérieur en accentuant les clivages entre les doctrines, les poussant jusqu’à devenir luttes intestines armées. Tous s’accordent à demander une ingérence de l’OTAN pour régler les contentieux entre les gouvernants qui résistent à l’Occident et une minorité qui veut leur arracher le pouvoir par la force et une prétendue légitimité religieuse. Tous réitèrent le scénario de Laurence d’Arabie dans une sorte de flux et de reflux de notre Wahn que l’histoire charrie.

Dans son livre « Le Grand échiquier, L’Amérique et le reste du monde », Zbigniew Brezinski qualifie la Turquie de « pivot géopolitique de premier ordre » et « d’important acteur géostratégique dans la région des Balkans eurasiens ». Et tout naturellement donc que dans la géopolitique d’Obama, la Turquie d’Erdogan se « libère » de ses militaires laïcs, manœuvre sur le dos des Palestiniens et se trouve dans une alliance avec l’Arabie saoudite et le Qatar dans l’intervention en Libye. Nous voyons se dessiner le même profil et le même mode opératoire en Egypte avec l’éviction du maréchal Tantaoui et de quelques généraux après la dernière visite d’Hilary Clinton en Israël et en Egypte post Moubarak. Il faut donner de la crédibilité à ces Frères Musulmans qu’hier on considérait comme des terroristes car il faut les intégrer dans le jeu d’échec où ne savent jouer et gagner que ceux qui connaissent les règles, la stratégie et qui sont rodés par une longue pratique de coups successifs et d’anticipations sur des parties qui ont la carte mondiale et le temps historique comme champ de jeu.

Bernard Lewis, sioniste notoire, est celui qui a donné naissance à l’expression « choc des civilisations » qui plait tellement aux Américains et aux sionistes européens. Il est comme Brezinski partisan de la formule qu’il a inventée depuis déjà longtemps sur la Palestine : « la création d’un État arabe palestinien sur les parties de la Palestine mandataire auxquelles Israël renoncerait ». Selon lui, l’Islam reste toutefois « l’opposition contre le processus de paix la plus puissante et la plus ancrée dans les principes, développée […] par le gouvernement iranien et ses agences ainsi que par les autres partis et organisations islamiques » qui développent une propagande antisémite plus puissante que celle basée sur le nationalisme et les races et qui puise « aux riches ressources […] de l’antisémitisme européen ».

Il connait parfaitement le potentiel de l’Islam et il est dommage que les Musulmans malades d’apologies ne voient qu’une reconnaissance de leur civilisation là où il y a une menace, une visée, un plan de destruction de l’embryon qui pourrait faire renaitre la civilisation musulmane : « Lorsque la puissance musulmane était à son apogée, seule une autre civilisation, la Chine, pouvait se comparer à elle par l’ampleur, la qualité et la diversité de ses réalisations. Toutefois, la civilisation chinoise restait essentiellement limitée à une aire géographique, l’Extrême-Orient, et à une famille de peuples. L’Islam, en revanche, avait créé une civilisation mondiale, pluriethnique, multiraciale, internationale, et l’on pourrait même dire transcontinentale. » . Bernard Lewis propose une solution aux musulmans : « Ce n’est qu’en renonçant à leurs griefs et à leur victimisation, en surmontant leurs querelles, en unissant leurs talents, leur énergie et leurs ressources dans un même élan créatif, que ces peuples pourront de nouveau faire du Moyen-Orient ce qu’il était dans l’Antiquité et au Moyen Âge, un haut lieu de civilisation. Le choix leur appartient. ” C’est toujours le même discours lénifiant et apologétique qui ne dit pas la réalité pensée et l’action mise en œuvre pour le monde arabe et musulman : la civilisation passe par la reconnaissance d’Israël et l’alignement sur l’Occident sinon par une guerre fratricide entre les musulmans dont un clan serait appuyé par l’Occident contre l’autre partie afin de domestiquer les « islamistes» et d’en faire des vassaux comme durant la guerre en Afghanistan contre l’Union soviétique ou des alliés contre la Chine ou contre un pays musulman qui monterait en puissance par sa technologie et son armée.

 Pour l’instant Qaradhawi, l’Association internationale des savants musulmans, les « Jihadistes », les gouvernants arabes et leurs opposants spécialisés dans l’oppositionnel stérile et vindicatif sont livrés pour le compte « pertes et profits » sur l’autel de la « démocratie » et du « Khalifat islamique » afin d’affaiblir le régime syrien, créer de la diversion médiatique, et  maintenir la tension psychologique sur les troupes loyalistes juste le temps de mettre en place cinq séquences diaboliques :

Séquence 1 : Donner le temps à la Turquie et à l’Arabie saoudite de monter une armée des pays  « islamiques » légale et légitimée par l’O.C.I qui irait renverser le régime laïc et mécréant de Bachar Al Assad. Cette armée constituée de troupes au sol serait appuyée par l’aviation de l’OTAN et l’US Navy.  Pour l’instant deux problèmes freinent ce pas fatidiques : le sommet des non-alignés à Téhéran et la position indécise et contradictoire du président égyptien Morsi qui voudrait le départ de Bachar al Assad et l’installation des Frères Musulmans, mais refuse une intervention étrangère. Sans l’Égypte, cette armée « islamique »  perdrait de sa crédibilité et de son efficacité. Bernard Lewis et  Zbigniew Brezinski se rejoignent parfaitement sur le rôle de la Turquie sunnite pilotant avec le Serviteur des Lieux saints de l’Islam une armée sunnite contre une armée chiite. Il faut espérer que l’échec du complot initial opposant Arabes et Perses se reproduise une fois de plus. Ce n’est ni Qaradhawi ni l’assemblée internationale des savants musulmans ni les Djihadistes financés par le Qatar et l’Arabie saoudite qui vont contrer ce complot.

Séquence 2 : Monter une coalition internationale contre l’Iran et le Hezbollah dont la force arabe ou sunnite serait  envoyée aux premières lignes. Les débordements de la guerre civile en Syrie touchent déjà le Liban où le pire est à craindre. Il faut reconnaitre que pour l’instant la majorité des confessions parviennent à contenir le feu qui risque de s’embraser et enflammer le Liban pour une autre guerre civile. Plus la pression monte sur la Syrie, le Liban  et l’Iran et plus les risques de contagion dans la région deviennent plus sérieux et plus graves touchant des pays comme la Turquie, l’Arabie saoudite. Il est de la tradition de l’Empire et du sionisme de gagner sinon de laisser derrière eux des ruines. S’ils échouent à mener des guerres victorieuses, ils parviennent à laisser des pays dévastés, des sociétés fracturées et des pays voisins en disharmonie sur de longues périodes freinant ainsi leur développement et leur capacité de faire front au nouvel ordre mondial.

Il faut être naïfs et incultes pour croire que Bachar Al Assad gêne l’Occident par sa propre personne. Je suis persuadé que s’il y avait un sunnite Frère musulman ou laïc et non un alaouite ou un nossayri au pouvoir, le scénario serait le même, car il s’agit de livrer les clés du gaz syrien, le corridor d’attaque de l’Iran, et les clés d’entrée au moyen Orient qui sont le Liban et la Syrie par l’histoire et la géographie.

Séquence 3 : Passer au Pakistan et obtenir son désarmement nucléaire et son démantèlement en régions ethniques dans un Sykes Picot 3 dans ces régions d’Asie musulmane après le Sykes Picot 2 dans le monde arabe. Quand on voit les attaques de drones sur le Pakistan, on est frappé par le silence de l’armée pakistanaise, mais lorsqu’on voit la riposte en Afghanistan contre les troupes américaines on se dit qu’il doit y avoir déjà une guerre ou une provocation de guerre de la part des États-Unis contre le Pakistan qui ne dit pas encore son nom, mais qui est bien réelle. Les attentats sanglants et sans cesse contre les communautés chiites au Pakistan et en Irak montrent que cette déclaration de guerre est suivie par la mise en place d’une guerre civile pour laisser l’État et l’armée divisés sur plusieurs fronts qui les poussent à une hémorragie. Pendant ce temps, l’Inde renforce son axe avec le sionisme et multiplie sa capacité de frappe balistique alors que les associations musulmanes nombreuses au Pakistan semblent impuissantes à peser sur le cours des événements… C’est le même Wahn qui continue de sévir dans le monde musulman…

Séquence 4 : Appliquer la formule de deux micros états en Palestine à proximité d’Israël dont l’un, celui du Fatah, sera reconnu comme le modèle du Vatican et l’autre, celui du HAMAS, confié à l’Égypte.  Ces deux avortons vivront de l’aumône internationale, des bienfaits d’Israël et surtout reconnaitront l’Etat sioniste et se désisteront du droit au retour des réfugiés. Pour l’instant le HAMAS, en se désolidarisant de la Syrie et en optant pour une démarche pragmatique qui va sans doute lui donner une reconnaissance par les Etats-Unis et Israël, est sur la voie de la normalisation et d’un nouveau camp David à moins que les voix radicales des faucons du HAMAS imposent la charte initiale du HAMAS ou que l’Arabie saoudite, le Qatar et les Etats-Unis ne fortifient les cellules dormantes d’al Qaeda pour une guerre fratricide entre Palestiniens à Gaza faisant ainsi perdre le dernier crédit qui reste aux palestiniens sans cap ni boussole depuis déja longtemps ou du moins depuis Oslo. Pour l’instant nous assistons à une ingratitude des Palestiniens envers les Pays qui les ont soutenus qui est aussi grotesque que leur exercice de pouvoir et d’administration et d’éléction fantôche sous occupation…

Séquence 5 : Faire passer l’Algérie de comptoir colonial français à base coloniale américaine en disposant de ses ressources et de son armée et tout particulièrement de son aviation et de sa marine pour faire le gendarme pour le compte de l’OTAN au Sahel. Certains Algériens se réjouissent de voir le général Khaled Nezzar poursuivi par la Suisse pour « crimes contre l’humanité ». Je n’ai pas de sympathie pour lui mais j’ai de la dignité et de la considération pour moi-même et pour mon pays. Je ne pourrais pas comprendre qu’un Algérien conscient des enjeux et des menaces ne voit pas que la poursuite de Nezzar n’est pas un acte de justice ni d’amour pour l’Algérie, mais une manœuvre d’intimidation contre les chefs de l’ANP pour les amener à collaborer et pour préparer l’opposition algérienne à s’intégrer dans le « cactus arabe » visant à démanteler l’Algérie ou à l’engager dans une nouvelle guerre civile si l’ANP refuse de coopérer au-delà des limites rouges.

La vérité doit être dite sans passion ni colère ni ressentiment. Nous sommes musulmans et si jamais un général doit être jugé pour des fautes graves, il le sera par une justice algérienne. S’il échappe à la Justice, car celle-ci est sous son contrôle, il ne pourra pas échapper à celle du Tout Puissant. Vouloir la justice au dépens de ce qui reste comme souveraineté nationale est inadmissible. Ceci est inadmissible, car aucun pays n’a compétence juridique ni morale pour juger l’un de nous pour des problèmes entre nous. Si nous le tolérons aujourd’hui, demain nos enfants et nos petits-enfants seront de nouveau déportés et jugés selon la loi du plus fort et non selon notre droit et nos coutumes.

A la lumière de ce qu’on a vu en Palestine, au Liban, en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie, il semble de plus en plus probable que les véritables bourreaux ne soient pas algériens, mais des agents étrangers qui n’ont non seulement aucune pitié pour nous, mais nous haïssent au point de violenter nos enfants, nos mères et nos épouses dans des conditions atroces. Enfin, il est impossible de croire que ceux qui ont mené l’Algérie à un processus « démocratique » pipé dès le début puis ont demandé son annulation et ont poussé les uns et les autres à s’entretuer puissent 20 ans après avoir de la compassion pour nous ou avoir de la considération pour les islamistes ou les nationalistes. Méfiance et vigilance. Personne ne veut faire son bilan de conscience ni l’analyse critique de son action politique ni s’engager pour un véritable changement concerté qui engage tous les Algériens sans exclusive ni exclusion alors que la situation est urgente.

Pour l’instant nous voyons les prémisses qui annoncent le démembrement du pays et la mise sous tutelle de son armée : la persistance chez les militaires de l’idée d’un peuple immature et inapte, la dissolution des moeurs sociales, politiques et économiques, l’absence de règles déontologiques, l’individualisme, l’absence d’unité d’orientation idéologique, les ressources nationales aux mains des multinationales, l’économie nationale livrée aux parasites privés qui sont nés dans le sillage du secteur public et de la corruption et le marché livré au marché noir et à la corruption, un fossé de plus en plus grand entre gouvernants et gouvernés, le sentiment d’impunité chez une minorité et le sentiment d’injustice chez la majorité, absence de langue nationale, absence de projet d’avenir, environnement arabe et africain en turbulence, situation intérieure explosive, visées coloniales de plus en plus affichées, intimidantes et menaçantes…

Conclusion

Ces séquences annoncent une fin de scénario pessimiste qui s’avance inexorablement et à grande vitesse à moins que la Providence divine ait un autre dessein qui nous échappe. Dans ces moments de confusion et de bouleversements imposés par les autres, car nous n’avons pas su concevoir et réaliser à temps nos changements par nous-mêmes et à notre profit, il ne s’agit pas de baisser les bras ou d’avoir une quelconque émotion, mais de tout faire et tout dire pour tenter de sauver les meubles et ne pas donner à l’Empire agonisant et à l’entité sioniste dans l’impasse une possibilité de se régénérer.

La gauche française à l’instar des progressistes occidentaux ont comme d’habitude failli et ne sont plus concernés par le devenir des peuples ni par la lutte anti impérialiste. Les événements en Libye et en Syrie prouvent une de fois de plus les limites idéologiques de la gauche quand il s’agit du monde musulman.

Il ne reste à ceux qui portent la civilisation musulmane et arabe dans leurs tripes que de réagir avec patience et constance en dévoilant les complots et les enjeux.

Enfin ce n’est qu’une analyse qui montre le probable sans prétendre détenir la vérité :

{Il n’est pas de mise qu’Il vous Informe sur le Ghayb} Al Baqara 179

La vérité sur laquelle nul ne peut faire de concessions ni l’ignorer surtout s’il se réclame de l’Islam est incontestablement celle-ci et que Qaradhawi semble oublier prouvant une fois de plus que le savoir n’est pas la garantie de la probité intellectuelle ni de la guidance religieuse :

{Il n’appartient point à un croyant de tuer un croyant sauf par erreur.} An Nissa 92

{Quiconque tue un croyant intentionnellement, sa punition sera la Géhenne où il s’éternisera ; Allah le Frappera de Sa Colère, le Maudira et lui Préparera un immense châtiment.} An Nissa 93

En Libye, Qadhafi a tué en 40 ans près de 4000 Libyens, les Jihadistes avec l’aide de l’Otan ont tué en 4 mois plus de 40 000 libyens. Combien de musulmans seront décimés en Syrie? Combien de musulmans seront occirés par la future « armée islamique internationale » si jamais elle verrait le jour ? Pour l’instant nous savons que depuis le 11/09, dix millions de musulmans ont péri entre l’Irak, l’Afghanistan, le Nigéria, la Somalie, le Soudan… Nous savons aussi par le hadith authentique que celui qui combat sous un étendard de confusion (false flag ou fausse bannière) et s’il meurt, sa mort est celle de la Jahiliya (il meurt comme un mécréant). Nous savons par la Fatwa de Cheikh Al Ibrahimi le prédicateur de la révolution algérienne que le colonialisme et l’Islam sont antagonistes et que toute alliance avec l’impérialisme est l’oeuvre de Satan :

« les Musulmans doivent comprendre tout ces enjeux et savoir que la vigilance la plus élémentaire leur recommande d’éprouver, par esprit d’équité et de réciprocité, pour le moins, les mêmes sentiments d’hostilité que leur ennemi éprouve envers eux. Leur allégeance loyale et leur alliance sous n’importe quelle forme envers le colonialisme, leur ennemi, est une transgression des principes sacrés de l’Islam. Celui qui accepte ou tolère la tutelle colonialiste signifie ici, qu’il a accepté de se détourner de sa religion et de faire triompher l’ennemi de sa religion sur sa propre personne, sa génération, son peuple et sa patrie. »

Dans le prolongement de mes analyses sur les révolutions en Tunisie et en Egypte j’ai écris deux livres  » Le dilemme arabe et les 10 commandements US » et « Islamophobie : Deus Machina » pour montrer, selon ma propre évaluation de la situation du monde musulman et ma propre grille de lecture des révoltes arabes, que nous allons assister à des arrangements d’appareils bureaucratiques avec l’impérialisme pour d’une part confisquer les révolutions populaires en Tunisie et en Egypte et d’autrre part semer le chaos en Syrie et en Libye. L’ingénierie et la prospective américaine allaient disloquer les mentalités collectives, les géographies, les économies et l’histoire commune du monde musulman pour empêcher toute évolution dans le monde musulman et en particulier tout rapprochement avec l’Iran et toute consolidation et élargissement de l’axe de résistance. Par ailleurs le complexe de renseignement et de psychologie sociale de la CIA et des experts de la géopolitique allaient donner un contenu militaire à l’Islamophobie pour faire de la méfiance des occidentaux envers les Musulmans et de la défiance des musulmans entre eux un champ explosif faisant sauter l’islam politique avant qu’il ne parvienne à maturité civilisationnelle. Avec la mise en scène des Jihadistes, d’al Jazira et de Qaradawi, ils ont réussi à dévoyer le projet islamique et à stopper la dynamique de changement.

Maintenant ils passent à la récolte des fruits : créer une armée « islamique » agissant pour le compte de l’OTAN… Entre la coupe et les lèvres il y a la Syrie et Damas. L’autre récolte est celle que j’avais évoqué dans ces deux livres : Profiter des erreurs stratégiques de Qaradhawi prisonnier de sa mégalomine , de sa sénilité et sans doute  la taupe qui s’est infiltrée  dans son entourage et l’a manipulé pour détruire l’association internationale des savants musulmans dont son président était antisioniste et militant acharné de la résistance palestinienne. Nous voyons déja les dégats : des sites alimentés de syrie le traitent déja d’agent du Mossad, ce qui est une éxagération et un mensonge sans preuve. Plus tard les Islamophobes comme Daniel Pipes vont exploiter sa Fatwa autorisant l’assassinat de Kadhafi pour salir les savants musulmans qui n’ont pas eu le courage et l’intelligence de mettre fin à la dérive guerrière de Qaradhawi et à son ecart flagrant de la Sunna du Prophète (saws). Laurence d’Arabie, Bressinski, Lewis, BHL, Daniel Pipes et consort surfent sur notre insenséisme et notre vanité.

Benjamin Stora et le relais de BHL dans le jeu de dominos

Le journal Al Moujahid écrit à la une du  14 mai 2012 : « Dans un entretien au journal en ligne «Mediapart», Benjamin Stora : “Hollande doit faire des gestes d’apaisement mémoriel avec l’Algérie” ». J’en profite pour répondre à notre valeureux journal et au grand Benjamin stora en publiant de nouveau un ancien article sur son évaluation de l’Algérie

Benjamin Stora, universitaire « spécialisé » sur le Maghreb, monte au créneau au Figaro suite à l’agression franco atlantiste contre la Libye pour décréter que les dirigeants algériens donnent l’impression de ne pas tenir compte de la nouvelle donne géopolitique et que «Le régime algérien fait preuve de myopie». Son article plein de « trous noirs » mérite d’être d’être corrigé et refocalisé pour nous éviter les ténèbres qui nous sont promis et que relaye la presse algérienne comme si l’éditeur en chef est BHL, Benjamin Stora ou un adjudant chef des « Think Tank » français.

Je me rappelle qu’en début des années 2000 le Point avait écrit un article, avec comme tête d’affiche le Général Lamari et comme titre « Harro sur les Généraux ». Le Général algérien croyait que l’interview était à son honneur et qu’il s’adressait au peuple algérien mais la subtilité de la langue française lui a manqué pour comprendre que « Haro » est le cri poussé  par quelqu’un pour attirer l’attention sur le coupable d’un forfait ou le cri lancé par les Seigneurs pour galvaniser leurs chiens lancés dans la chasse à courre contre le gros gibier. Quelques mois plus tard le Général Lamari appris la langue française à ses dépens malgré de longs et loyaux services. Le Figaro veut rééditer le coup du Point et Benjamin Stora celui du  coup de Tripoli et ainsi préparer la mise  à la tête de l’État algérien d’un « plus français que moi tu meurs ». BHL est appelé, pour l’instant à travailler dans les coulisses auprès de ses réseaux algériens. Il est trop ivre par son succès libyen pour apparaitre en plein jour avec une gueule de bois et il risque de froisser la sensibilité des algériens. Entre l’article du Point et celui du Figaro l’Algérie a beaucoup changé mais les fichiers français ne sont pas à jour car l’effet pygmalion joue en leur défaveur : les Algériens qui les renseignent sont déconnectés de la réalité et à leur tour ils ont le regard perverti par le regard porté sur eux par leur manipulateur qu’ils ont informé.

 

Notre ami et cousin Benjamin Stora veut sans doute envoyer un message aux « Juifs convertis à l’Islam »[i] de l’Algérie post coloniale comme BHL l’a fait à ceux de Misrata en Libye pour faire au sol ce que les bombardements aériens et le pilonnage naval ont préparé à Tripoli

 

En synthèse de son interview il dit aux algériens d’oublier les réminiscences anti impérialistes et qu’il faut être réaliste «  La matrice culturelle du régime algérien a peu changé depuis l’époque Boumediene. Le fer de lance de la diplomatie algérienne, c’est encore en grande partie l’anti-impérialisme des années 1970. Cela peut paraître difficile à croire, mais les dirigeants algériens donnent l’impression de ne pas tenir compte de la nouvelle donne géopolitique, qu’il s’agisse de la chute du mur de Berlin, de la fin de la guerre froide, de l’élection de Barack Obama… » Un universitaire français qui croit au Messianisme obamique, aux fabulations et aux superstitions. Boumediene reste une épine dans la gorge. J’avais pensé que la pensée française avait plus de talent et de subtilités pour exprimer ses haines et ses peurs mais nous avons une fois de plus la confirmation de la mort de l’intelligentsia en France. Il n’y a que les Algériens de Liberté, d’Al Watan et d’autres canailleries à y croire. La référence à la chute du mur de Berlin n’est pas fortuite elle témoigne l’idée dominante en Occident qui se résume en trois points :

–       La fin des pôles idéologiques et le triomphe définitif du sionisme et de l’impérialisme ;

–       L’axe Vatican CIA a fait tomber le mur de Berlin par le noyautage des mouvements protestataires et « démocratiques » dans les syndicats et dans la société civile ;

–       Les Arabes et les Musulmans sont les artisans de la chute de l’URSS et ils restent le fer de lance de la recomposition du monde par leur inculture politique et leur convulsion émotionnelle :

  1. Les Moudjahiddines arabes et afghans qui ont poussé l’URSS à un effort de guerre insoutenable
  2. L’Arabie saoudite qui a fait couler les recettes  pétrole   de l’URSS ;

Il nous demande de reconnaitre le nouvel ordre mondial et de nous soumettre à la théorie de la domination impérialo sioniste défendue par les néo conservateurs américains et dont les Européens sont devenus les exécutants. Cette théorie est celle de Francis Fukuyama « La fin de l’Histoire ». Il faut nous soumettre au triomphe arrogant du capitalisme, du mode de vie américain et de la domination du sionisme. Il faut nous plier au remodelage du monde musulman selon des schémas  ethniques, confessionnels, topographiques dans un Syse Picot 2 qui réalise six objectifs :

–       La main mise sur les ressources du sous sol au profit des appétits prédateurs de l’Occident,

–       L’impossibilité du monde musulman ou arabe de créer une unité civilisationnelle en disloquant et en fragmentant ce qui est latent à la renaissance islamique en l’occurrence la contigüité spatiale, la continuité historique, la mémoire collective, le devenir commun,

–       Le chaos constructeur d’un patchwork à façade démocratique où chaque élément du puzzle disloqué est un comptoir commercial comme dans les traditions des comptoirs anglais, hollandais ou français en Asie et en Afrique ;

–       L’installation de bases militaires

–       La prise de contrôle du continent africain comme réservoir de matière premières et gisements de marché de consommation pour les biens et services industriels ou domestiques obsolètes

–       Encercler la Chine et interdire l’émergence des projets  de l’organisation de l’alliance de Shanghai (Russie-Chine) et sa mise en réseau avec les pays du BRIC.

Benjamin Stora dit : « c’est un nationalisme exacerbé qui rejette le principe du droit d’ingérence. Enfin, un certain nombre de responsables algériens redoutent que ce printemps arabe ne fasse le jeu d’un islam radical qu’ils ont combattu tout au long des années 1990. Il est clair que le pouvoir est divisé sur la conduite à adopter. Le courant conservateur tient la corde, mais il ne représente pas forcément l’armée. Il y a des islamo-conservateurs ou de vieux nationalistes arabes qui sont toujours au pouvoir, qui s’accrochent au passé et qui ne comprennent pas les aspirations aux changements de la jeunesse arabe, en particulier de la jeunesse berbère, nombreuse, éduquée et à l’affût des bruits du monde. » Sans commentaire : le nationalisme de canaille, l’islamisme infantile, le berbérisme sectaire sont les portes d’entrées de l’ingérence française en Algérie

Comme toujours il attise les particularismes locaux contre l’unité nationale : « Un espace immense et une population hétérogène qui se compose de Sahariens, de Mozabites, de Kabyles, d’Algérois, d’Oranais qui ne marchent pas forcément du même pas. » Vous reconnaitrez avec moi que depuis qu’il a fuit l’Algérie sa vision sur l’Algérie  devient de l’emporte pièces. Oranais et Algérois c’est des ethnies, des confessions, des doctrines, des territoires, des cultures ou des vues d’un esprit qui veut montrer les divisions en Algérie comme insurmontable pour que les Algériens vivent en paix ensemble  et qu’il faut partitionner le pays pour le rendre gérable, gouvernable, démocratique et séculier

Cerise sur la tarte storaïque : « En outre, l’Algérie est un pays très riche et le pouvoir dispose de ressources financières considérables de nature à empêcher qu’un mouvement de revendications sociales ne se transforme en contestation politique. Malgré cela, les Algériens sont de plus en plus choqués par la répression en Syrie, suivent avec intérêt le processus de démocratisation en Tunisie, et craignent également un possible isolement de leur pays sur la scène internationale. Comment, dans ces conditions, ne pas croire à un changement démocratique en Algérie? »

Je ne vais pas lui livrer toutes mes cartes et toutes mes connaissances sur un pays que j’ai honorablement servi et loyalement critiqué mais dire au public français : attention les nostalgiques de l’Algérie française  vous invitent à une aventure qui va vous couter cher ! Je m’explique sans rentrer dans les détails que vos spécialistes connaissent mais que votre actuel gouvernement belliqueux peut ignorer pour des considérations électorales ou de géostratégie ( le front atlantiste et le front sioniste) :

–       Ce n’est plus le même personnel militaire qui dirige l’Algérie. Les seconds couteaux qui ont mené la lutte antiterroriste se considèrent comme légitimes et comme les Messies Sauveurs de l’Algérie. Vous avez créé les conditions politiques et géopolitiques pour qu’il y ait une guerre civile en Algérie. Ces Militaires ont maté les Algériens et tout particulièrement les Maquis islamiques ou pseudo islamiques. Ils se considèrent comme les véritables détenteurs du pouvoir réel et comme les plus méritants à user de la rente de l’Algérie. Qui touchera à leurs privilèges se mordra les dents car ils sont aguerris à mener de longues opérations militaires sans pitié.

–       La mentalité du régime algérien vous échappe. La France et les lobbies pro français en Algérie pensent que les décideurs algériens sont inféodés à la France alors qu’ils ne sont inféodés qu’à leur logique interne : la survie de la meute et le maintien de l’Algérie sous chasse gardée privée. La France a été un auxiliaire et non le donneur d’ordres. Quand les décideurs algériens ont liquidé les réseaux islamiques ils se sont tournés vers un autre auxiliaire : les États-Unis. Ces derniers ont raflé toutes les mises stratégiques. Quand les États-Unis ont voulu imposer leur agenda les Algériens se sont tournés vers les Russes et les Chinois.

–       La culture politique algérienne, après la force, est la corruption. Elle a commencé par corrompre tous les laïcs qui ont vécu à l’ombre de la rente dans le service public et les as laissé divaguer dans leurs journaux.

–       Les Algériens ont développé un réseau de clientélisme et de corruption en France par l’intermédiaire des laïcs éradicateurs qui le moment venu sont obligés de défendre le régime algérien que de prendre le risque de tout perdre. Ils n’ont pas d’idéal mais des intérêts. Les intérêts liés à la corruption entre l’Algérie et la France vont entrer en jeu lorsque le conflit monte au degré intenable

–       Les Algériens disposent de cellules nés du FLN et de l’amicale des Algériens en France capables de mobiliser l’émigration musulmane et de mener une lutte sociale, politique, religieuse et armée en France. Tout le drame des jeunes nés de parents algériens en France est la hantise des Français de le voir se retourner contre eux. Cette hantise tient davantage à l’esprit revanchard et nostalgique de la guerre d’Algérie que des Algériens. Les Français ont semé le vent les décideurs algériens peuvent produire la tempête quand ils le veulent.

–       Le peuple algérien est épuisé par deux décennies qui ont le mérite de lui dévoiler la vérité sur ses gouvernants, les opposants et les élites. Il est en stand by. Il attend le retour du Mahdi ou la refondation du mouvement islamique sur une base saine débarrassé des débris de l’incompétence et de l’improvisation.

–       La topographie de l’Algérie est complexe ;

–       Les Algériens ont pratiqué la France pendant 132 ans de colonisation et 50 ans de post colonisation : ils connaissent son discours, ses actes et ses intentions

Dans mes  livres « Le dilemme arabe et les 10 commandements US » et dans « Islamophobie : Deus Machina » j’ai montré le rôle du Qatar dans la récupération de la jeunesse des banlieues et des universitaires en quête de reconnaissance sociale afin de faciliter l’implantation du sionisme dans les banlieues qui n’a jamais peu avoir lieu par le passé; j’ai montré également le rôle que veut jouer le Qatar pour gagner l’opinion d’origine arabe en France dans l’éventualité d’une guerre contre la Syrie, l’Iran et l’Algérie.

Le peuple Algérien a une longue expérience de résistance passive et celui qui l’a pratiqué sait que ce n’est pas un tube digestif ni une foule (Ghachi) mais une intelligence politique qui va exprimer un sursaut de conscience et de vigilance à la lumière des événements de Libye, de Syrie, de Palestine.  Il sait que la révolution tunisienne a été confisquée par des arrangements d’appareils avec l’armée tunisienne et les caciques de Bourguiba sous les auspices de la France et des États-Unis. Il attend un sursaut révolutionnaire en Tunisie et une poursuite de la Révolution en Égypte. Le deal passé entre l’armée égyptienne, les Frères Musulmans et la Turquie allié de l’OTAN ne passe pas inaperçu aux algériens qui ont vu les Frères Musulmans étaler leur corruption et leurs alliances contre nature.

Enfin un dernier mot : Benjamin Stora et BHL à l’instar de Sarkosy et des monarchies arabes font de l’intox en prenant leurs désirs pour des réalités. Le temps va nous montrer que l’affaire libyenne n’est qu’à son début et que la braise sous la cendre est comme un Phénix. Le temps va nous montrer que le colonialisme anglais a su atteindre ses objectif au Machrek par son intelligence et sa gestion par vassal interposé alors que le colonialisme français court à sa perte par son arrogance, sa stupidité et son ignorance. Dieu merci.  Le temps va nous montrer qui va sortir gagnant de la bataille que vont se livrer les services français et algériens pour le contrôle et l’instrumentalisation de l’Aqmi.

Les peuples libyens, tunisiens et égyptiens eux aussi n’ont pas dit leur dernier mot. Les peuples maghrébins comme leurs gouvernants savent jouer aux dominos. C’est moins raffiné et plus bruyant que le jeu d’échec mais il y a des combinaisons intéressantes pour fermer ou ouvrir le jeu et c’est le seul jeu où il arrive au gagnant de perdre s’il n’a pas joué tous ses dominos. Il n’est pas dit que les armes disponibles en Libye vont aller uniquement en Algérie. Il y a d’autres destinations : Gaza, l’Afghanistan, le Maroc et même la France…

{Dis : « Contemplez ce qu’il y a dans les Cieux et la terre. A quoi serviraient les Signes et les avertissements à des gens qui ne sont pas croyants ? S’attendent-ils à autre chose que comme les jours de ceux qui passèrent avant eux ? Dis : « Attendez, je suis avec vous de ceux qui attendent. »} Younes 101

 

Omar Mazri


[i] Information donnée par le journaliste français Thierry Meyssan de retour de Tripoli

Lecteur musulman, mon frère et mon ennemi

Je veux te parler, te dire des  choses très graves.

Malek Bennabi

Dans une précédente publication, une pudeur m’avait retenu. Je ne voulais pas te dire certaines choses pour te les laisser à entendre. Mais je veux ici te les faire entendre clairement car la mauvaise foi et l’ignorance des voleurs de prestige ont encore prise sur ta conscience. Tu représentes à leurs yeux une parcelle de pouvoir qu’ils veulent garder.

Aussi doit-je d’abord dénoncer ton impuissance à éventer leurs pièges, à sentir tes erreurs. Je veux t’apprendre à leur poser des questions, à te poser des questions, pour éviter leurs pièges et tes propres erreurs.

Commençons par le commencement. Ce commencement est dans la confusion, dans ton impuissance à voir clair. Tu sens bien ton mal, mais comment le nommes-tu ? Au lieu de te recueillir sur le mal , de poser des interrogations, de te demander : pourquoi donc suis-je colonisé ? Tu as simplement prêté l’oreille aux voix de la foire. Et comme les voleurs de prestige, comme le malheureux troupeau qu’ils exploitent, tu t’es écrié à ton tour « A bas le colonialisme » puis tu as prêté encore l’oreille aux vociférations de la foire. Et tu as voulu, à ton tour , nommer ton mal… Ne me prête pas l’oreille, mais l’attention pour comprendre les choses. Fais un effort d’imagination pour comprendre les choses. Fais un effort d’imagination pour me suivre, à pas de géant.

Suis-moi à San-Francisco. Regarde avec tes yeux et ton intelligence et non avec tes oreilles. Cette ville et les milles aspects de la vie que tu vois sont l’œuvre de cet homme que tu aperçois là, penché sur son labeur, il travaille…

Mais que signifie, en termes analytiques, en éléments primordiaux, cet acte magique par lequel l’homme transforme la nature et se transforme lui-même? Que signifie ce mot qui traduit à la fois la peine, la sueur de l’homme et la condition fondamentale de son bien-être, de sa sécurité et de sa puissance ? C’est ce mystère que je veux d’abord te révéler. Que fait l’homme qui travaille, qui crée par sa peine sa condition ? Il fait essentiellement une synthèse : la synthèse de l’homme, du sol et du temps…

Maintenant que tu es initié à un grand mystère, poursuivons notre chemin, à pas de géant. Tu as traversé New York, tu as aussi contemplé Londres et Paris, tu as atteint Varsovie, et tu as poussé jusqu’à Moscou ou plus loin encore, jusqu’à Tokyo. Qu’as-tu vu ? Les aspects essentiels de la vie ont-ils essentiellement changé au cours du trajet, si tu l’as fait les yeux et l’esprit grand ouverts ? Tu as vu partout, les mêmes édifices, les mêmes routes, les mêmes usines, les mêmes ateliers, les mêmes machines, les mêmes écoles, les mêmes laboratoires. Et tu as vu aussi que c’est cela et rien que cela qui fait la condition de l’homme. Mais « cela », cette même synthèse de l’homme, du sol et du temps que tu as constaté de San Francisco à Moscou, « cela » comment se nomme-t-il dans l’histoire ? Tu le sais puisque toi- même, quand tu veux appeler les choses par le nom, tu le nommes la « civilisation occidentale ».

Mais poursuivons encore notre voyage, en changeant d’itinéraire. Nous  allons partir de Tanger, traverser l’Afrique du Nord, longer le littoral sableux de la Tripolitaine, traverser le Nil et le canal de Suez, visiter les pays du Moyen-Orient, nous enfoncer dans les territoires musulmans de l’Inde et atteindre Java. Qu’aurons-nous vu ? N’est-ce pas aussi les mêmes aspects essentiels de la vie : la même inactivité, la même pauvreté, la même ignorance, la même somnolence ? Mais comment cette aire où règne le silence ? N’est-ce pas l’aire de la civilisation musulmane ? Cela aussi tu le sais. Mais ne me pose pas encore de questions.

Complétons encore notre tour d’horizon pour tirer une conclusion générale. Aprés cet itinéraire dans l’espace, faisons un autre dans le temps. Reculons d’un millénaire dans l’histoire. L’aire musulmane s’étendait alors de Samarkand à Cordoue et l’aire occidentale de Londres à Moscou. Mais de Cordoue à Samarkand, c’était un chantier où travaillaient des penseurs, des savants, des docteurs, des artistes, des artisans…L’aire où l’homme réalisait la synthèse de la civilisation musulmane. Cependant que dans l’autre aire, de Londres à Moscou, régnait l’état féodal où l’homme vivait en « serf taillable et corvéable à merci». Serais-tu tenté de faire un bond en avant, un bond de mille ans dans l’histoire ? Alors ne m’interroges pas sur l’avenir, je l’ignore. Je te dirais seulement cette parole de Celui qui sait : « Tels sont les jours. Nous les donnons tour à tour aux hommes »( Coran.Al ‘Imrane 139 )

Maintenant que nous sommes au terme de notre voyage, tirons plutôt une conclusion. Tu as constaté de visu que la condition de l’homme ne résulte pas des données ethniques, linguistiques, politiques ou géographiques. En effet, de San-Francisco à Moscou, il y a plusieurs langues, des races différentes, des systèmes politiques et des climats divers. Mais tu as constaté la même condition humaine, résultant du même labeur, de la même synthèse. Tu as constaté que cette condition est liée aux données générales d’une aire, qu’elle ne varie pas essentiellement d’un cadre institutionnel à un autre, d’une démocratie à une monarchie, mais d’une civilisation donnée à une autre. Tu as constaté, en un mot, que le destin de l’homme est profondément marqué par sa civilisation, qu’il s’élève ou déchoit avec elle. C’est cela la conclusion essentielle que je t’invite à tirer de ce voyage dans l’espace et dans le temps, c’est-à-dire dans l’histoire. Cette conclusion est capitale car elle constitue un critère et une méthode. C’est un critère pour éviter ta propre erreur et les pièges qu’on peut te poser pour déceler le faux, pour distinguer le patriotisme de la trahison. Car tu sais à présent que tout ce qui ne sert à réaliser la synthèse de l’homme, du sol et du temps est un faux dans l’histoire, donc un faux aussi dans la vie quotidienne. C’est aussi une méthode parce qu’en inspirant ta philosophie sociale, elle donnera à ton effort son efficacité maximum, elle donnera à ta vie le sens d’une flèche pointée vers une civilisation, c’est-à-dire, comme tu le sais, vers la seule condition humaine possible.

Et maintenant que tu es en possession de ce critère et de cette méthode dont je vais approfondir pour toi dans cette étude- je veux te faire réfléchir sur tes erreurs et tes illusions. Ton problème est faussé d’emblée quand tu le nommes d’un nom qui lui donne des frontières et qui donne à ton intelligence des œillères. C’est cela ce que tu fais quand tu parles de « problème algérien » ou de « problème yéménite », sachant pourtant que le mal est le même de Tanger à Java. As-tu le droit de nommer la peste de noms différents, ici la fièvre et ailleurs autrement ? Tu sais que du diagnostic découle la médication, et que si l’un est faux, l’autre est fausse fatalement. Et tu vois aussi le signe, mais tu ne vois pas ce qu’il désigne.

En pays chrétien, mon frère, la croix est un signe qui désigne aussi le cimetière. C’est le sceptre de la mort. Dans un pays colonisé, la colonisation est aussi un sceptre qui désigne la colonisabilité. Pourtant, je ne t’entends jamais parler de ta colonisabilité, mais seulement de la colonisation. Tu ne dis pas « pourquoi je suis colonisé » ? Tu dis seulement : « je suis colonisé ». Tu ne parles pas de tes « devoirs » mais seulement de tes « droits ». Je sais que ton attitude stérile découle de l’absence d’un critère et d’une méthode. Tu écoutes tes erreurs et leurs mensonges. Car les voleurs de prestige te mentent, eux qui n’ont pas le souci de t’éclairer mais de t’éblouir, de te servir mais de se servir de toi pour détenir et garder une parcelle de pouvoir. Et pourtant, il est clair que pour détruire la plante vénéneuse, il faut l’atteindre dans son germe, à la racine. Or la colonisation prend racine dans la colonisabilité. Là où un peuple n’est pas colonisable, la colonisation ne peut s’établir sur son sol. Le peuple allemand n’est pas colonisé aujourd’hui, bien que le sol allemand soit occupé. Le colonialisme ne peut planter son sceptre que là où il y a le cimetière d’une civilisation, donc l’homme colonisable.

Alors, maintenant, tu peux comprendre, je puis te révéler un autre mystère, entre la colonisabilité et colonialisme, il y a un pacte ; ils se donnent la main, eux aussi, à la foire où les voleurs de prestige monnayent ton destin, notre destin. Le colonialisme sait que la vocifération de la foire ne sont ni du patriotisme, ni de la politiques, ni de la culture, mais de la trahison, de la « boulitique », de la mythologie, de la magie, du mirage, de la mystification. Car tout ce qui ne sert pas à la synthèse de l’homme, du sol et du temps n’est rien dans l’histoire.

Mais je te dois encore un éclaircissement, puisque par principe je ne dois pas te laisser entendre les choses, mais te les faire entendre. Tu peux t’imaginer qu’en somme le problème est presque résolu puisque aussi qu’ailleurs il y a, dans le monde musulman, l’homme qui peut entreprendre la synthèse d’une civilisation musulmane. Il n’y aurait plus en somme qu’à désigner à cet homme son but dans l’histoire. Mais si tu t’imagines cela, je te dirais que tu as perdu le sens de cette étude dès la première ligne et que ton premier pas avec moi est un faux pas. Alors je te dirais mon frère, que je ne parle pas de l’homme qu’ a avorté la faillite d’une civilisation, de « l’indigène » colonisable qui est encore plus ou moins colonisé, de Tanger à Java, mais de l’homme qui doit enfanter une civilisation. C’est dans ce but que j’ai posé dans cette étude le problème de l’homme et que j’ai défini la culture qui peut le créer. Mais ce n’est pas à la foire qu ’on peut créer ce créateur. La foire où palabrent les voleurs de prestige, ces faux travailleurs, ces faux créateurs. Au fait, que disent-ils ? Que dit celui-ci que je vois arranger sa imama (turban) et surveiller sa syntaxe ? C’est un fantôme surgi du temps passé, un revenant de l’époque de Haroun Errachid. Il cite, comme argument décisifs, les phrases précieuses d’Ibn en-Nadhim, la prose parlée de Hariri et les rimes étincelantes de Moutanabi. Et toi ébahi, toi fasciné par les mots, tu opines doucement du chef buvant le verbe de ce prêcheur de souvenirs. Et que dit celui-là qui arrange sa grimace des grands jours, sa grimace électorale en surveillant son nœud de cravate ? C’est le prêcheur des besoins nouveaux, il veut te convaincre en citant Victor Hugo et Voltaire et toi tu dodelines de la tète toujours…

Mais au fond de toi, je vois une incertitude : tu rêves tantôt des fastes des milles et une nuits, et tantôt d’une voiture de marque et d’un fauteuil confortable, tu rêves, mon frère et on te fait rêver, mais la civilisation n’est ni un musée de vieux souvenirs, ni un bazar de nouveautés, c’est un chantier, une usine, un laboratoire où l’homme crée sa condition, en faisant la synthèse fondamentale de son pouvoir, du sol et du temps. Et c’est aussi un temple où l’homme peut -quand il veut respirer, s’inspirer- lever la tète au-dessus de son ouvrage et découvrir l’infini de Dieu, de Dieu qui inspire son génie et renouvelle son courage. C’est un temple où l’ignorance doit être attentive et pudique comme un point d’interrogation.

Il faut « chasser du temple » l’ignorance expansive qui se répand en jactance qui est impudique comme un point d’exclamation »

Malek Bennabi, le 10 janvier 1951

souvenirs et invocation lors de l’évocation du Hadj 2011

Allah (swt) nous demande d’exalter, durant la période du pèlerinage, les rites prescrits par Allah comme faisant partie de la Taqwah d’Allah qui est la vigilance envers Allah par le respect scrupuleux de Ses Commandements, la Crainte de Son Courroux et l’Espérance de Sa Miséricorde. Parmi Ses Commandements il y a le devoir de penser et d’agir pour le bien de la communauté musulmane et en particulier des plus proches. C’est aussi notre devoir de souhaiter pour notre peuple une prospérité et une gouvernance sensée qui lui apporte la paix, la sécurité et la prospérité réelle et non illusoire et mensongère.

Mais dans ces premiers jours de Dhoul Hijja de 2011 nous voyons une fois de plus des comportements irrationnels,  des positions d’insouciance  que blâme la Sourate Al Hadj et qui prouvent une fois de plus que nous gouvernants sont loin de penser au repentir et à la réforme:

أَفَلَمْ يَسِيرُوا فِي الْأَرْضِ فَتَكُونَ لَهُمْ قُلُوبٌ يَعْقِلُونَ بِهَا أَوْ آذَانٌ يَسْمَعُونَ بِهَا فَإِنَّهَا لَا تَعْمَى الْأَبْصَارُ وَلَٰكِنْ تَعْمَى الْقُلُوبُ الَّتِي فِي الصُّدُورِ

{N’ont-ils donc pas été de par la terre, de sorte qu’ils aient des cœurs avec lesquels ils raisonnent ou des oreilles avec lesquelles ils entendent ? En fait, ce ne sont pas les yeux qui s’aveuglent, mais ce qui s’aveugle, ce sont les cœurs qui sont dans les poitrines.} Al Hadj 44

Sans aller loin dans la terre et faire un grand effort intellectuel, politique, diplomatique ou économique ou un grand jihad de prospective ou de stratégie globale, l’Internet, les médias, la vox populi annoncent froidement ce chaque bureaucrate de l’administration algérienne semble ignorer car  «  عَلَىٰ قُلُوبٍ أَقْفَالُهَا   certains cœurs portent leurs scellements ? »  On verra un peu plus loin que les cœurs sont scellés, dans le cas algérien, par la médiocrité cultivée par conjugaison du despotisme politique, de la rente économique et de la présence dans les sphères de décision  des Renégats à l’Algérianité (Islamité, arabité et souveraineté nationale).

« La Suède vient de perdre ce qui lui restait de souveraineté dans l’industrie automobile. Le pays scandinave était pourtant représenté par deux figures de l’automobile européenne reconnue pour leur qualité et leur caractère très affirmé: Volvo et Saab… Deux entreprises chinoises viennent de signer pour le rachat de Saab à Swedish Automobile, un an et demi après sa reprise par celui-ci. Après un an et demi de descente aux enfers, Swedish Automotive signe l’échec de la reprise de Saab en revendant la marque automobile à Pang Da et Youngman…

Swedish Automobile avait racheté Saab à General Motors en janvier 2010 pour 70 millions d’euros. Il a ensuite investi près de 120 millions d’euros dans l’entreprise. Aujourd’hui, Pang Da et Youngman mettront la main sur la marque suédoise pour 100 millions d’euros. Les ouvriers de Saab espèrent connaître le même sort que Volvo qui est sorti de sa torpeur après avoir été revendu à Geely par Ford, un constructeur automobile chinois. Celui-ci lui a ouvert les portes du marché chinois. Volvo construit désormais des usines en Asie et en Amérique. »

La Chine,  un pays émergent, était comme l’Algérie un pays sous-développé. Les chinois avaient une doctrine géostratégique, une politique économique et une bonne gouvernance. Les Algériens avaient  du sentimentalisme à l’eau de rose qui cultive le nationalisme de canailles et les confréries maraboutiques religieuses ou profanes qui anesthésient l’esprit et cultivent le culte du Za’im ainsi que celui de la pensée unique tant dans le pouvoir que dans l’opposition éradicatrice ou islamiste.

Avec plus de 150 milliards de dollars de réserves et une manne pétrolière, gazière  et minière les Algériens n’ont pas de culture managériale mais la  culture rentière d’un pays transformé en comptoir commercial ou les autochtones sont les indigènes du nouvel ordre mondial grâce à la gabegie et l’incurie de leurs « intellectomanes » et de leurs « intellect-écuelles » dont les diplômes délivrés par les prestigieuses universités mondiales ne cachent pas leur misère morale, leur indigence intellectuelle et leur servitude devant les uniformes et le bruit des bottes.

Il est surprenant qu’avec ces fonds et cette manne céleste l’Algérie n’a pas les moyens de racheter une partie des fleurons de l’industrie française évalué à plus ou moins 50 milliards de dollars. On va me dire il faut un savoir faire. Ce savoir faire était à la portée des Algériens si ces derniers au lieu de se lancer dans une décennie de désinvestissement, une décennie de guerre civile et une décennie de consommation effrénée (gastrophilie selon le terme benabien)  avaient mis fin à la sous culture du marché en main, du clé en main ou du produit en main et développé des bureaux d’études, des ingénieries spécialisées, des agences d’investissements, des cabinets d’affaires internationales, des observatoire de veille économique et de prospective. Il aurait fallu rompre avec la paresse, l’indolence, la trahison, le clientélisme et la vassalité.  Au lieu d’avoir un chef d’état marabout et des diplomates concierges on aurait eu des Commis de l’État qui peuvent louer les compétences de cabinets juridiques et d’experts pour acheter par exemple l’Usine Renault qui vaut aujourd’hui 4 ou 5 milliard de dollars. Même sans le soutien des experts  et  dans l’état actuel de leur médiocrité les cadres et les décideurs algériens auraient acheté Saab, Fiat, Peugeot, Renault.

Sans ingénieries financières et managériales de haut niveau ils auraient laissé le bon sens les guider comme il a guidé les maçons et les ouvriers d’origine maghrébine de Renault, de Peugeot ou de Berliet a économiser puis mettre leurs économies et les bijoux de famille dans les boulangeries, les épiceries, les boucheries et autres petites affaires que le français vieilli ou devenu paresseux a mis en faillite ou pris par un complexe de supériorité a délaissé croyant au mirage de gauche et de droite sur l’entreprenariat privé industrielle et High Tech dans une économie mondiale en crise depuis longtemps et que leurs économistes n’ont pas vu venir davantage captivés par le cirque médiatique  et les allégeances au pouvoir que par l’observation des faits et la production de la pensée économique innovante.

Contre le bon sens, contre l’intérêt national, les Algériens en pleine crise au lieu d’attendre ou de prendre les risques réels ont une fois de plus choisi la facilité et l’absurdité la plus déconcertante : ils offrent une bouffée d’oxygène à l’État français  en donnant des facilités à Renault qui va investir 1 milliard d’euro en Algérie. Il ne faut pas être nul en économie et en gouvernance mais il faut être traitre à son pays et vassal de la France pour offrir l’implantation d’un milliard d’euros alors que l’usine mère ne vaut que 4 ou 5 milliards d’euros en actifs immobiliers et industriels. Ce n’est pas une absurdité mais une trahison quand l’Algérie pour 100 ou 200 millions de dollars peut s’acheter des firmes plus prestigieuses que Renault : Jaguar, Rover, Opel.

Si les Algériens de là bas ne sont pas les véritables harkis de la France qui sont en train de dilapider leur argent en laissant les banques françaises devenir maitresses de l’économie algérienne car un président sénile et des appareils illettrés politiquement et économiquement leur ont donné l’Algérie comme un comptoir commercial avec des projets titanesques de nouvelles villes alors que l’Algérien ne sait plus tracer ni construire un trottoir droit et à l’échelle, ni restaurer, réhabiliter ou restructurer le vieux urbain sapé par le goutte à goutte des infiltrations d’eau ni mettre un plan de précaution ou de prévention pour faire face à un éventuel séisme qui mettrait par terre la centaine d’immeubles légués par le colonialisme et qui ne sont à ce jour pas entretenus et que le CTC a expertisé comme vulnérables. En pleine crise et en pleine dette les Algériens ont vendu leur dette publique  au Crédit Lyonnais contre toute idée de la souveraineté nationale et contre toute idée de redressement de l’économie nationale.

Après avoir fait supporter au peuple algérien le cout de leurs improvisations et de leurs aventurismes ils le privent une fois de plus de son droit à édifier son pays ou d’avoir un droit de regard sur la gestion de ses ressources. Ils le trahissent et le mettent en situation d’indigène colonisé en donnant l’Algérie aux banques françaises hypothéquant son avenir et son indépendance. Ils poussent l’indécence à apporter leur contribution à sauver l’économie mondiale en participant au sauvetage des Banques européennes et en plaçant leur argent en Bons du Trésor américain.

Un sursaut de dignité ou de vigilance leur aurait indiqué la voie à suivre s’ils ne savent pas faire : s’adosser au nouveau capitalisme chinois et les bureaux d’études de Shanghai ou les plus performants dans le monde ceux de Hong Kong et lancer des OPA sur quelques industries et quelques banques françaises. Il ne s’agit pas d’humilier ou de prendre une revanche tardive sur le colonialisme français mais d’imiter les chinois : disposer de marques de prestiges pour assoir leur exportation ; disposer des compétences managériales pour apprendre, capitaliser et transférer les performances en matière d’organisation ; accéder au know how produit et Know how production pour un transfert de technologie ; mettre sur place en Algérie le même réseau de concessionnaire qu’en France pour que le consommateur algérien bénéficie des mêmes garanties et de la même qualité que le consommateur français.

La proximité avec la France ne milite pas dans ce scénario d’OPA de délocaliser le montage car il n’apporte rien en termes de savoir faire puisque tout est robotisé dans la chaine. La clé est dans le processus de ré-industrialisation de l’Algérie. Les firmes françaises ont environ 20000 à 30000 sous traitants alors que les firmes suédoises atteignent 60000 sous-traitants. L’Algérie gouvernés par des Algériens auraient payé un milliard au lieu de 100 million car elle a un matelas de réserve financière  qui lui permet de construire en Algérie  des PME générant de l’emploi, des centres de formation et un chiffre d’affaires de 5 milliards de dollars une fois la croissance mondiale retrouvée si le monde n’entre pas dans le scénario pessimiste d’une guerre nucléaire ou d’un effondrement économique. Sur le plan religieux quand je regarde l’émission les « Chantiers de l’extrême » je me dis qu’Allah a mis l’homme comme Khalifat sur terre pour la civiliser. Nous ne sommes pas prêts à entrer dans l’alternance civilisationnelle d’une part et Allah est Juste et Équitable d’autre part.  L’effondrement économique et technologique de l’Occident renverrait l’Occident au moyen-âge et le reste de  l’humanité à l’âge de pierre avec cette compétence occidentale de dominer de nouveau le monde car les trahisons des Algériens ne sont qu’un aspect des trahisons du monde musulman dans sa globalité territoriale, intellectuelle, technologique, économique, politique et religieuse renouer avec

Oublions ces ratages et oublions l’avenir des  banques françaises qui vont mourir  debout car les divergences franco allemandes sont insurmontables poussant le Président Sarkozy à annoncer lors de son allocution télévisée, qu’il ne nationaliserait pas les banques françaises. Oublions que ce seront les pays idiots utiles du monde arabe et musulman qui vont recapitaliser les banques de bon gré ou mal gré par leur contribution à l’effort de guerre occidental contre le monde arabe…

Je viens de recevoir un message m’invitant à voir la khotba de Ali Belhadj faisant de la surenchère sur la Khotba de l’imam officiel désigné par la houkouma. Le bonhomme n’a pas changé et celà n’augure rien de postifi pour l’Algérie. J’ai vu la vidéo de Belhadj expliquant qu’il ne faut pas avoir de pitié pour Kadhafi et il justifie le lynchage en citant le verset  » وَإِنْ عَاقَبْتُمْ فَعَاقِبُوا بِمِثْلِ مَا عُوقِبْتُمْ بِهِ وَلَئِنْ صَبَرْتُمْ لَهُوَ خَيْرٌ لِلصَّابِرِينَ

Et si vous punissez, punissez alors comme vous avez été punis, mais si vous patientez, c’est sûrement meilleur pour les patients.
Il n’a pas le droit de couper le verset de son énoncé global et de lui donner une explication selon son opinion :

{Appelle à la Cause de ton Seigneur par la sagesse et la bienveillante exhortation, et discute avec eux de la façon la meilleure. Certes, ton Seigneur Est Plus-Scient de celui qui se fourvoie de Sa Voie, et Il Est Plus-Scient de ceux qui sont guidés. Et si vous punissez, punissez alors comme vous avez été punis, mais si vous patientez, c’est sûrement meilleur pour les patients. Et persévère, car ta persévérance tient d’Allah. Ne t’afflige point pour eux, et ne t’angoisse point de ce qu’ils rusent. Certes, Allah Est avec ceux qui ont été pieux et ceux qui font le mieux.} An Nahl 125

Il ouvre la voie à l’arbitraire et à l’anarchie car jamais Allah n’a autorisé de se faire justice soi même en dehors d’un cadre légale de justice étatique et légitime. Ces voyous du CNT n’ont aucune légitimité sauf celle de la violence de l’OTAN même si on accepte que Kadhafi est un criminel. Le discours de Ali Belhadj prouve au monde entier qu’il fallait interrompre le processus electoral et que le « Qui tue qui » est tout désigné. Je n’ai jamais vu une érudition mener l’homme à sa perdition comme celle de Ali Belhadj. Il confirme aux classes moyennes leur refus de cautionner son Jihad improvisé et  que l’avenir ne peut se construire avec des ignorants de ce genre.  le FIS est bel et bien mort et enterré.  Belhadj joue le jeu du régime car il fait fuir la classe moyenne qui ne veut pas vivre l’anarchie de la Libye.

Ensuite il aborde la question de Khaled Nezzar devant la justice suisse et il réclame qu’il soit jugé en Algérie. Il est toujours à côté de la plaque. Est-ce qu’il est crédible de demander,  d’espérer un procès en Algérie de Nezzar en Algérie connaissant la nature du pouvoir? Est ce que le système a changé? Est ce  que laisser Nezzar partir en suisse et le faire prendre là bas ne cache pas quelque chose qui dépasse le cadre judiciaire: l’instrumentalisation d’une plainte légitime et de souffrances vraies dans  la lutte de succession de Bouteflika entre clans du pouvoir ou  dans la lutte d’influence entre les USA et la France ? Je l’ai définitivement radié de mon schéma. Il devient dangereux pour la  cause de l’Islam que nous défendons car il se montre de moins en moins cohérent, moins  logique  et surtout il continue de ne pas voir les rapports de forces et d’intelligences au niveau interne  et externe qui s’exercent sur l’Algérie la laissant sans repères, sans cap, sans gouvernail et sans carte de navigation.

D’ailleurs on  le laisse parler  pour l’enfoncer d’une part  et car il ne représente plus une menace pour le régime d’autre part. Les salafistes et les soufies le considèrent comme un Kharijite. Celà veut dire qu’ils ont donné leur accord pour son assassinat mais le régime est trop malin il n’a pas besoin de le tuer. Il se liquide tout seul. L’intelligence est de savoir reconnaitre une défaite et de quitter la table à temps puis se mettre à écrire ses  mémoires et à apporter des clarifications sur ses contacts avec l’armée, sur la chute du gouvernement de Hamrouche, sur les maquis, sur les GIA pour dégager sa responsabilité ou l’assumer et clarifier la vérité au peuple algérien.

Oublions Ali Belhadj et les ratages historiques et moraux du FIS !

Cet oubli est nécessaire pour donner vitalité à la mémoire et la faire témoigner sur une réalité vécue qui témoigne que la trahison n’est pas conjoncturelle mais structurelle et que tous les Algériens en portent une part de responsabilité par leur comportement fataliste, leur démission et le sabotage de l’Algérie par ces hauts cadres qu’ils soient dans l’armée, la sécurité, la diplomatie ou ce qu’on appelle les Ministères d’un semblant d’État. L’opposition algérienne fait partie de ce ratage et de cette trahison par son incompétence et son irresponsabiité de livrer des victimes au système sans livrer d’alternative crédible au peuple.

Je vais témoigner sur un aspect des moins complexes de cette trahison pour illustrer la rencontre de mes souvenirs avec le pélérinage qui approche et que nous ratons sur le plan collectif :

Je fus chargé par le gouvernement de Monsieur Mouloud Hamrouche de mettre de l’ordre sinon démanteler et réorganiser le service public de la pêche côtière, hauturière et océanique. Ma mission se résume en un ordre donné au Ministre de l’Agriculture de me nommer Directeur général alors qu’il ne voulait pas de moi et en une copie des résolutions du gouvernement sur la pêche.

–        J’ai multiplié par 10 le prix du corail brut sur le marché international et j’ai fait signer un arrêté par Ghazi Hidouci Ministre de l’Économie et des Finances interdisant d’une part la pêche et l’exportation brute de Corail et d’autre part la production et la commercialisation d’une part de la cueillette de corail par les artisans de Beni Yéni. J’ai mis un partenariat avec les corailleurs japonais pour transférer du savoir faire de production en Algérie et du savoir faire marketing pour s’implanter en Asie et dans le monde arabe. J’ai prix le risque de rencontrer la maffia italienne  en Italie et leurs avocats en Suisse pour passer un contrat simple : travailler dans la transparence sans porter atteinte à l’écologie et aux ressources et tous nous gagnerons en profit et en qualité sinon les gardes côtes algériennes vous poursuivront même si vos vedettes sont plus rapides. Un certain nombre de cadres algériens étaient prêt à jouer le jeu  pour défendre cette ressource rare pour la protéger, la valoriser et la mettre au service des artisans et des pécheurs algériens qui ne sabotent pas leur pays. Les étrangers et le général patron des  gardes côtes ont respecté leurs engagements. Les Algériens ont trahi pour mille et un raisons. Al Kala et Ténès étaient parmi les derniers gisements importants et de qualité dans le monde. Les Algériens étaient le premier déchet politique et économique dans le monde.

–        ALMAP, la société mixte algéro mauritanienne était détruite par des agents du public qui attendaient sa privatisation et accéder au dinar symbolique aux licences de pêches, aux bateaux,  au port et à l’usine de conditionnement financés par l’Algérie qui a fait un prêt de 30 millions de dollars auprès de la banque africaine de développement. Contre l’expertise du cabinet américain Price Water House menée par de jeunes marocains  et tunisiens  j’ai apporte ma contre expertise avec l’aide de jeunes mauritaniens de Nouadhibou et après concertation avec Monsieur Belkobi le premier ambassadeur en Mauritanie et l’un des  diplomate le plus en vue du temps de la Révolution algérienne puis du temps du Président Boumediene. J’ai rencontré  l’ambassadeur d’Algérie Tahar Laâjal en poste à Nouakchott et il m’a apporté son soutien pour sauver l’outil et la présence algérienne en Mauritanie. Avec un dossier économiquement, politiquement, diplomatiquement et financièrement irréprochable et incontestable non seulement pour sauver la présence algérienne en Mauritanie et utiliser une carte économique et stratégique pour la pêche océanique et hauturière en guinée, au Vietnam et en Libye j’ai trouvé tous les Ministères et toutes les banques algériennes ligués contre moi et tout particulièrement le Ministère de l’Agriculture et l’Agence nationale de développement des pêches… L’entreprise a été coulée dans un hôtel bordel à Casablanca et les cabinets de ministres à Alger.

–        Les Coopératives de pêches côtières. J’ai mis en place la philosophie et les scénarios de montage des métiers sous un système coopératif  de production et mutuelle de financement. J’ai mis fin au projet minable financé par la FAO présidé à l’époque par Driss Al Djazaïri,  l’arrière petit  fils de l’émir Abdelkader,  de quelques barques de 3 mètres et j’ai élaboré le chantier d’organisation des filières de métiers liés à la mer et au poisson pour la pêche côtière et la pêche halieutique qui ne se faisait pas en Algérie par absence de tradition et par les contraintes de la topographie maritime. Ce fut l’un des projets les plus fédérateurs après la révolution agraire en 70 et l’autogestion en 62. Le Ministre de l’Économie, monsieur Ghazi Hidouci, Le Ministre du Travail, monsieur Kara, le Ministre Délégué aux  Réformes, monsieur Koraichi, le syndicat des pécheurs algériens, les jeunes en formation dans les écoles de pêches, les Groupes internationaux de coopératives du Québec, d’Italie et d’Espagne, des groupes financiers ont trouvé l’idée géniale. Je dispose de documents émanant d’experts et de financiers étrangers impliqués dans le projet disant à peu près la même chose : « C’est la première fois qu’en Afrique et dans le monde arabe nous voyons un homme porter un tel projet et le décrire lui-même comme projet prêt  à être exécuté ». 30000  emplois et 5 milliards de dollars de revenus en régime de croisière pour un investissement de 300 millions dollars fractionnés sur 3 ans…

Les Algériens aux commandes du pays refusaient de rêver et de croire dans les possibilités de leur pays et des hommes compétents de  ce pays. J’ai donc connu une chasse à l’homme qui ne peut être comprise que si on admet l’idée que l’Algérie n’est pas gouvernée par des Algériens. Je ne suis  ni naïf ni stupide je n’ai jamais livré un document ou donné une interview à la presse algérienne. Le monde de la mer est un monde silencieux la bataille a eu lieu en silence sous l’œil vigilant d’Allah. j’ai montré contre vents et marées mes performances pour être crédibles et trouver  assistance  pour porter ces projets et les faire réaliser. Il fallait redresser l’ENAPECHE et l’ENOCEP en les fusionnant et en remettant la machine en marche sans mettre un ouvrier, un employé ou un cadre dehors alors que les banques algériennes avaient reçus de leur souteneur l’ordre de ne plus m’accorder le découvert bancaire pour les salaires. J’ai quitté l’entreprise la laissant pour la première fois de son existence avec près de 3 milliards anciens de bénéfices. J’ai remis à flots des bateaux avec des compétences algériennes et j’ai envoyé ces bateaux ramener le thalasso dollar qu’Allah nous a donné dans la mer immense et abandonnée. Pour le prix  d’un appartement loué pour une année, de billets d’avion prepaid Corée du Nord Algérie, de  salaires modestes versés en dinars et avec des techniciens et ingénieurs algériens j’ai réalisé la première ferme marine en Algérie et la première station prototype de fabrication d’alginate et de gélatine végétale avec l’objectif d’exporter les algues comestibles au Japon. J’ai rencontré l’actuel président de l’Assemblée nationale alors président de la commission économique de l’assemblée nationale du FLN lui disant je vous offre ce qui fera votre gloire personnelle : offrir des perspectives de travail pour les jeunes en contrepartie je ne veux rien pour moi juste un répit pour lancer les projets et rendre le processus irréversible. Face à moi il n’y avait que « des sourds, des muets, ils ne comprennent pas »

Pendant que les Algériens étaient à l’affut comme des requins de toute proie à dévorer, mes missions en Maurtitanie m’ont fait voir le retrait de l’Algérie de la Mauritanie qui était du temps de Boumédienne considéré comme une Wilaya algérienne pour sa profondeur stratégique, son accès à l’Océant,  la fraternité dans la construction du Grand Maghreb et le différent avec le Maroc au sujet du Polisario. Cette mauritanie construite par l’Algérie se remplissait de casernes avec le drapeau français et au moment où on détruisait un bel outil de production le fils de Mittérand s’installait à la tête d’une société de pêche privée.

Sachant que j’étais en terrain perilleux et tous les Algériens savent que le terrain le plus difficile était le secteur de la pêche pour les connivences des algériens pour brader le thon rouge aux pécheurs clandestins italiens, espagnols et coréens. Le chef  des gardes cotes a joué avec moi le jeu d’un algérien aimant son pays et m’a livré deux thonniers avec des tonnes de thon et le matériel de pêche comme produits saisis. Je pouvais grace à la collaboration de la marine algérienne lancer une activité dans laquelle les Algériens  jouaient le rôle d’informateurs par liaisons radios pour informer les  trafiquants des sorties en mer des gardes côtes. Le plus ahurissant est contre toute logique je vois débarquer dans mon bureau une ravissante asiatique qui m’offraient des choses en contrepartie de la récupération des bateaux et des thons rouges énormes. Devant mon refus elle a fait intervenir un haut fonctionnaire dont elle était la maitresse. Par décision de justice tout est remis à la liberté mais moi j’avais déja vendu le thon rouge contre du thon blanc acheminé. J’ai acheté du thon blanc pour les conserveries de l’armée algérienne à 1300 dollars la tonne alors que mes prédécesseurs l’achetaient à 1700 dollars la tonne. Le thon rouge conservé dans une unité de froid a été sacagé par un acte de malveillance pour casser la vente et me laisser discréditer.

Devant cette situation qui ne permettait pas de gérer sereinement et avec des méthodes transparentes et avec les menaces de mon élimination physique ou du kidnaping de ma fille j’ai fais appel à deux connaissances. Un ancien attaché militaire et un ancien officier de gendarmerie pour m’assister dans l’affrontement qui s’annonçait violent et impitoyable surtout que j’avais lancé une opération symbolique  » un rat qui ne mange pas vingt quatre heures meurt de faim ». J’ai négocié tous les contrats d’importation et d’exportation en secret et avec des leurres sur les sources, les lieux et les jours de débarquement ainsi que le mode de financement. La Banquedu crédit extérieur tenu par Omar Benderra a fait preuve de professionalisme et de respect du secret bancaire pour les transactions commerciales.

J’ai pris, devant les sabotages, les rumeurs sur mon appartenance à la sécurité militaire, au FIS, aux services italiens, espagnols, la décision de passer à la contre offensive sur un terrain vulnérable. Là où je passe j’utilise ma capacité à lire près de mille pages par jour et à trouver les infos pour créer une sorte de carte mentale me permettant d’avoir en tête ou à ma portée la culture de l’entreprise depuis sa création, sur sa base comptable, ses hommes, ses contrats. Quelque chose m’a intrigué. Un ancien secréataire d’Etat à la pêche a laissé des notes rédigés sous formes d’organigrammes qui attestent sa compétnce et sa volonté de travailler. Le directeur des pêches qui a travaillé sous ses ordres est mort dans des conditions louches et le ministre a été limogé. Mes deux spécialistes du renseignement m’ont apporté le premier contrat de pêche internationale entre l’Algérie et l’Espagne. L’étude du contrat et l’enquête discrète menée montre qu’il y avait une opération de subversion montée probablement par les services français et l’équipe du Makhzen marocain très influente dans les banques et les administrations qu’on surtout « les marocains » pour les distinguer du Hizb frança. C’est une des plus vilaines et complexes affaires. L’ancien directeur et commandant de la sécurité militaire (c’était la tradition du système algérien) a été mal conseillé par les services du secréatariat d’état qui ne lui ont pas dit qu’il existe une ordonnance algérienne interdisant la pêche algériene sous pavillon étranger (Ministère du Transport). Les services français ont poussé une société basque qui travaille pour l’ETA considérée comme organisation terroriste de faire des offres. La société y voyait une manne financière pour son organisation. La victime était l’Etat algérien accusé par la France de travailler contre ses intérêts et de négocier en contre partie la souverainté sur la mer algérienne. Dans l’affaire le commandant et le Ministre furent renvoyés par le Président Chadli sas jamais comprendre ce qui leur arrive ni pourquoi.

La France a le champ libre pour imposer Cofrepeche qui fait intervenir les bateaux désarmés du fait de la surexploitation des mers avec leurs équipages et les Algériens signent un contrat où ils mettent du personnel auxillaire et la ressources halieutique dans un marché de dupes : 80% de la peche de poisson noble était commercialisé à l’étranger sur un prix fixe moyen à la tonne et non sur le prix réel de la bourse du marché japonais ou espagnol ou dus africian. Les Algériens reçoivent 20% et les Français 80%. Les 20% était du pellagique (anchois et sardines) destinés au marché algérien selon une répartition de 80% pour les Algériens et 20% pour les français. Ces 20% en dinars permettent en réalité de ne rappatrier aucune devise en Algérie. Le financement se faisait par la comission européenne sous forme d’aide, de prêt et de subventions aux désarmement de la flotte française. En lisant ce contrat qui m’a été caché et qui était paraphé je fus pris de nausées. Al Amr bil Maârouf, la commanderie du bien,  n’est pas un discours dans une mosquée  avec un imam qui lit le prêche lénifiant du Ministère des afaires religieuses ou un autre qui critique le régime d’une manière incendiaire sans connaitre les mécanismes économiques et les processus de la corruption et du sabotage. Se taire ou dénoncer le contrat et ouvrir de nouvelles consultations au nom d’une entreprise connue sur le marché international comme corrompue et incompétente. Dans la crise les structures ont perdu toute signfication ne reste que l’homme qui la compétence, la probité et les idées qui persuadent du sérieux et des performances. Les contrats sont dans les banques, les Ministères concernés où je suis le seul algérien a mettre sur la table des négociations le projet de contrat rédigé par moi et ses annexes techniques. Je suis le seul où j’impose un partenariat transparent pour la p^che hauturière et océnaique sans toucher à la pêche cotière avec en sus l’obligation de réinvestir dans la peche cotière pour le montage d’une holding qui soutient les coopératives. Les coopératives revendent une partie de leur production au holding de tele manière que la pêche cotière reste le terrain exclusif et protégé de l’artisan pecheur privé ou coopérateur.

Avec l’arrivée de Ghozali, abou faracha, la mission devenait impossible. L’officier de Gendarmerie qui me secondait faisait le facteur entre moi et cerains colonels de la Sécurité dont Mu’awiya me proposant de le rencontrer et de faire de moi un minsitre de la pêche car je mérite un meilleur salaire, une meilleure position sociale et un pouvoir plus efficace pour mener à termes ces gros projets. J’ai réuni le staff et j’ai dit à A. Abdelawwahab : réveille-toi des illusions et libère ta conscience : on va faire de toi Brutus assassinant Cesar puis ont va te jeter et ils savent ton admiration pour ma capacité de travail. Les choses se sont passées exactement comme je le préssentais. Je fus interdit d’accéder à mon bureau de retour d’une mission au Japon où les japonais savaient avant moi que j’étais liquidé car les lâches et les traitres m’ont frapé dans le dos et  en appelant les japonais pour leur montrer leur bassesse et ils s’imaginent qu’avec cette culture de caniveau ils vont implanter en Algérie des partenariats équitables et transparents : Impossible la loi de Dieu est sans appel :

الْخَبِيثَاتُ لِلْخَبِيثِينَ وَالْخَبِيثُونَ لِلْخَبِيثَاتِ وَالطَّيِّبَاتُ لِلطَّيِّبِينَ وَالطَّيِّبُونَ لِلطَّيِّبَاتِ أُولَٰئِكَ مُبَرَّءُونَ مِمَّا يَقُولُونَ لَهُمْ مَغْفِرَةٌ وَرِزْقٌ كَرِيمٌ

{Les mauvaises aux mauvais, et les mauvais aux mauvaises. De même, les bonnes aux bons, et les bons aux bonnes. Ceux-là sont innocents de ce que les autres disent. Ils ont un pardon et une récompense généreuse.} An Nour 26

Avec ces petites réalisations et de grands projets ficelés dans un pays qui ne vit que vassal de l’étranger  et avec les  autres projets en aval de ces grands projets j’ai compris la nature maffieuse et saboteuse de ce régime traitre, perfide et assassin. Pendant 20 ans de bataille et avec cette idée simpliste  algérienne d’un président mal entouré, d’un ministre mal entouré, du mauvais œil des étrangers qui envient nos richesses et notre indépendance  on finit par jeter l’éponge et remettre en cause l’histoire et la gouvernance  de son pays. Nos malheurs ne sont pas une fatalité mais notre propre œuvre. Nous avons détruit notre pays par notre indolence, notre acceptation de l’assistance, notre refus  de la lucidité et de la critique, notre penchant à la facilité et au mutisme tant que nous restons sages, corruptibles et brassant du vent dans un pays qui part en fumée.

Ceci n’est qu’un aperçu de la faillite morale et intellectuelle d’un pays sans gouvernance algérienne. Je peux étayer par d’autres exemples dans d’autres secteurs de l’économie ou de l’administration et montrer le comportement absurde des « cadres » algériens  qui comme les décrit Malek Bennabi n’ont retenu de la civilisation occidentale que ses choses et avec la culture choséiste on ne fait qu’entasser des choses à l’image de ce qui ne se construit pas faute de  cadre idéologique, de ligne d’orientation et de projet de civilisation.

Ce que j’ai appris du « petit peuple » algérien qui a travaillé avec moi  c’est qu’il a une conscience aigue de ce qui se passe et de ce qui s’est passé. La corruption et le despotisme engendrent la médiocrité, la paresse et la corruption. Ce sont les seules  armes de résistance  que ce peuple a trouvé pour survivre ;  les gouvernés comme les gouvernants convergent sur le court et le moyen terme au même objectif :

فَأَتَاهُمُ اللَّهُ مِنْ حَيْثُ لَمْ يَحْتَسِبُوا وَقَذَفَ فِي قُلُوبِهِمُ الرُّعْبَ يُخْرِبُونَ بُيُوتَهُمْ بِأَيْدِيهِمْ وَأَيْدِي الْمُؤْمِنِينَ فَاعْتَبِرُوا يَا أُولِي الْأَبْصَارِ

{Allah les Surprit par où ils ne s’attendaient pas, et Jeta l’épouvante dans leurs cœurs. Ils détruisent leurs maisons par leurs propres mains et par les mains des croyants. Tirez-en un exemple, ô doués de clairvoyance.} Al Hashr 2

Sur le long terme ce système va fatalement s’effondrer comme un château de cartes et ce peuple méprisé et déshumanisé va se débarrasser du vernis du Wahn qu’on lui a collé sur la peau. J’en ai grand espoir presque la certitude car je garde en mémoire le dévouement, la gentillesse et la capacité d’endurance des centaines, des milliers de personnes qui ont travaillé sous mes ordres dans des conditions difficiles sans que jamais on ne m’a manqué de respect ni refusé un ordre et sans que j’ai eu à exprimer mon autorité hiérarchique. Ce n’était pas ma position sociale mais mon autorité morale que les algériens, jeunes et vieux, ont admiré et respecté. Il est vrai que certains syndicalistes staliniens ou certains cadres corrompus me faisaient des crasses derrière le dos ou me surnommaient le prêtre quand ils faisaient des pétitions contre moi :

وَالْبَلَدُ الطَّيِّبُ يَخْرُجُ نَبَاتُهُ بِإِذْنِ رَبِّهِ وَالَّذِي خَبُثَ لَا يَخْرُجُ إِلَّا نَكِدًا كَذَٰلِكَ نُصَرِّفُ الْآيَاتِ لِقَوْمٍ يَشْكُرُونَ

{Et  la bonne contrée, sa végétation pousse grâce au vouloir de son Seigneur, alors que dans celle qui fut mauvaise, elle ne pousse que dépérie. De même, Nous Varions les Signes pour des gens reconnaissants.} Al A’raf 58

L’Algérie terre de promesses et de moissons, réconciliée avec son identité trouvera le Ciel généreux pour la bénir et compenser ses souffrances et ses privations que les traitres  lui ont fait porter et se relever pour édifier l’Algérie rêvé par ses Moudjahiddines, ses Oulémas, ses poètes, sa jeunesse et l’ensemble de ses braves gens. La clé pour se relever et redémarrer dans la rectitude est le jour où nous reviendrons au monothéisme pur et parfait  « lâ ilâha illa Allah : Il n’y a point de divinité sauf Allah » en refusant de soumettre autrui ou de se soumettre au Taghut, en    s’en remettant complètement à Allah, en ayant totale  confiance en Lui, en mettant  notre espoir en Lui,  en ne demandant  qu’à Lui et exclusivement à Lui. Allah (swt) a promis et Sa Promesse est vérité :

الَّذِينَ آمَنُوا وَلَمْ يَلْبِسُوا إِيمَانَهُمْ بِظُلْمٍ أُولَٰئِكَ لَهُمُ الْأَمْنُ وَهُمْ مُهْتَدُونَ

{Ceux qui sont devenus  croyants et n’ont pas confondu leur foi d’une injustice, ceux-là auront la sécurité, et ils sont guidés.} Al An’âme 82

Le monde viendra se prosterner sous nos pieds car il a été créé pour qu’il soit assujetti à l’homme jouant sa vocation de Khalife, le libérateur civilisateur et non au paresseux, opprimé ou oppresseur :

لَقَدْ كَانَ لِسَبَإٍ فِي مَسْكَنِهِمْ آيَةٌ جَنَّتَانِ عَنْ يَمِينٍ وَشِمَالٍ كُلُوا مِنْ رِزْقِ رَبِّكُمْ وَاشْكُرُوا لَهُ بَلْدَةٌ طَيِّبَةٌ وَرَبٌّ غَفُورٌ

{Les Saba’ avaient dans leur demeure une Merveille : deux jardins, à droite et à gauche (de leur vallée). Mangez de ce qu’Allah vous A Octroyé, et soyez reconnaissants envers Lui. Un bon pays et un Seigneur Pardonneur.} Saba 15

Allah rassemble notre dispersion,  facilite nos affaires et fais nous triompher de notre ego incitateur au trouble et au mal pour que nous puissions distinguer le vrai du faux, le licite de l’illicite, le juste de l’injuste, le bien du mal, l’ami de l’ennemi. Allah la sincérité est Ton épée qui finit de trancher mets-nous par Ta Miséricorde dans ce monde dans le camp des véridiques et fais-nous rejoindre dans l’autre monde les véridiques qui nous ont précédé. Amin

La Fatwa de Cheikh El Ibrahimi contre le Colonialisme

Maintenant que les savants de palais, les prédicateurs incultes et les pantins ont fini leurs jouissances et réjouissances sur les milliers de morts et les ruines de la Libye colonisée au nom des valeurs civilisatrices de l’Occident colonisateur et agresseur, se posent des questions qui vont appeler des réponses inévitables et irrévocables comme celles qu’a apportées Cheikh El Ibrahimi au colonialisme. Pour bien comprendre la portée universelle de la Fatwa du Cheikh Al Ibrahimi nous allons rapidement brosser le cadre qui se déssine après les conséquences de la Fatwa de Qaradhawi et ses adorateurs :

1 – Les va-t-en guerre musulmans appelant au meurtre n’ont jusqu’à ce jour fourni aucune justifications religieuses, idéologiques, politiques ou morale à leur alliance avec l’OTAN agressant un pays souverain. Peuvent-ils faire l’impasse sur les conséquences de la guerre?

2 – Les Analyses de savants musulmans comme Ramadan Al Bouti ou Cheikh Al Albani qui avec versets coraniques et hadiths réfutent l’aventurisme politique et l’improvisation du changement par la violence armée ainsi que le recours au colonialisme n’ont pas été écoutés et on ne leur a opposé que des opinions partisanes et sectaires sans fondement logique ni analyse géostratégique sur les enjeux et les conflits fomentés par l’impérialisme et ses vassaux. La voie de la lucidité va-t-elle l’emporter sur la confusion et l’irresponsabilité?

3 – Faisant fi qu’une révolution réussie ici ne peut être transposée mécaniquement ailleurs et surtout sans adhésion des couches moyennes, les Arabes ont montré la faillite de leur système de pensée et leur éloignement des réalités sociales. Ils ont été lamentablement manipulés comme des spectateurs face au petit écran regardant les illusionnistes et les magiciens du verbe et de l’image. Les images horribles mais réelles cachées sur la Libye, l’Irak, l’Afghanistan et autres guerres de Croisades ne vont-elle pas venir frapper le regard de l’humain et remplir son imaginaire d’horreurs intolérables qui vont inspirer à son imagination d’autres formes de résistance pour ne plus tolérer la présence du colonialisme?

4 – Faisons abstraction des intentions de la Charia en Libye dont personne n’a compris le contenu, les modalités et les nouveautés qui vont apporter plus de sécurité, de paix, de prospérité, de liberté dans un pays mis en ruines et en implosion sociologique. Quelle était l’intention d’organiser un défilé de mode et une exposition de mannequins occidentaux et arabes à une société en deuil, en perte de repères et choquée par l’exhibitionnisme de valeurs en contradiction avec ses traditions. Agressée et terrorisée, la société libyenne va-t-elle garder son mutisme et tolérer la présence des profanateurs et profanatrices qui ont souillé une seconde fois son sol après le lynchage de Omar al Mokhtar et celui de Mouammar al Kadhafi? Est-ce que les savants du Moyen-Orient connaissent la nature du colonialisme ? Est-ce le peuple libyen va se réapproprier sa mémoire anti-colonialiste?

6 – Charlie Hebdo juste après la fin de l’agression française contre la Libye, se laisse aller à son déversoir de haine pour exacerber les tensions sociales jouant sur la « défaite » refoulée des uns et l’émotionnel convulsif des autres : Il nous livre des caricatures, des blasphèmes, de l’humour de caniveau pour nous blesser et porter atteinte à la personne du Prophète (saws), aux symboles et valeurs de l’Islam comme si l’Islam est conquis, dompté, démantelé. Les Musulmans auront-ils l’intelligence de ne plus réagir par l’instinct mais de mobiliser leurs intelligences et de fédérer leurs compétences et apporter des réponses qui donnent à leur présence sur le sol français une lueur d’espoir pour le peuple français opprimé et paupérisé en leur offrant l’alternative islamique de résistance contre l’opression et les atteintes à la dignité de l’homme honoré par Dieu?

5 – Thomas R. Eddlem dans « the new american » du mardi 1er Novembre, citant des sources américaines, nous informe que l’Administration Obama travaille d’arrache pied pour la mise en place d’un OTAN arabe après l’expérience militaire réussie en Libye, l’expérience sécuritaire réussie au Bahreïn et la création d’un conglomérat militaire et économique englobant toutes les monarchies arabes du Golfe à l’Atlantique. Quelle est la prochaine cible : La Syrie, l’Algérie, l’Iran, le Liban, Gaza, le Pakistan ? Que feront les Musulmans ? Que diront les progressistes occidentaux?

Nous sommes donc à la veille de nouvelles trahisons, de nouvelles agressions et il est de notre devoir d’informer que malgré l’instrumentalisation de la religion par les rentiers, les médiocres et les bureaucrates et malgré les plans des haineux et des nostalgiques de l’Algérie française et des colonies, l’Islam demeure par son essence, son histoire, sa civilisation et ses grandes figures le Dine de la liberté et de la libération des Taghut et jamais il ne sera question pour cette oumma musulmane de se soumettre au colonialisme, à ses intimidations, à ses corruptions. Le colonialisme peut détruire des villes, assassiner des chefs d’États, liquider des opposants, diaboliser les Musulmans ou les criminaliser, il ne pourra détruire leur âme, leur mémoire et les grandes figures qui l’ont mis à nu et qui l’ont combattu comme Cheikh Mohamed Al Bachir Al Ibrahimi (1889 – 1965), ce patriote humble et ce militant dévoué contre le colonialisme en Algérie et hors des frontières de l’Algérie.

Suivons donc le parcours du libérateur et le regard du civilisé :

1 – Le colonialisme dans son intégralité est une infamie provenant de l’œuvre de Satan

« الاستعمار كُلُّه رجْسٌ من عمل الشيطان »

Partant du verset suivant

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِنَّمَا الْخَمْرُ وَالْمَيْسِرُ وَالْأَنْصَابُ وَالْأَزْلَامُ رِجْسٌ مِنْ عَمَلِ الشَّيْطَانِ فَاجْتَنِبُوهُ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ إِنَّمَا يُرِيدُ الشَّيْطَانُ أَنْ يُوقِعَ بَيْنَكُمُ الْعَدَاوَةَ وَالْبَغْضَاءَ فِي الْخَمْرِ وَالْمَيْسِرِ وَيَصُدَّكُمْ عَنْ ذِكْرِ اللَّهِ وَعَنِ الصَّلَاةِ فَهَلْ أَنْتُمْ مُنْتَهُونَ

O vous qui êtes devenus croyants, les boissons alcoolisées, les jeux d’argent, les idoles et les fiches ne sont qu’infamies, de l’œuvre de Satan, évitez-les donc, afin que vous cultiviez. Toutefois, Satan ne veut que semer parmi vous l’animosité et la haine dans les boissons alcoolisées, les jeux d’argent, vous rebuter de psalmodier le Nom d’Allah et de la prière. Ne finirez-vous donc pas ? Al Maidah 90

Cheikh Al Ibrahimi bien avant Al Khomeiny est celui qui a désigné le colonialisme de Satan et non seulement l’impérialisme américain. Al Ibrahimi nous montre les conséquences directes et tragiques du colonialisme en termes de débauche morale, de corruption sociale et de destruction de la civilisation. S’adressant à l’esprit musulman il invite l’esprit du Musulman à la vigilance s’il ne veut pas subir les ravages du colonialisme ou s’il veut s’émanciper de son emprise et se libérer de ses ruines :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا ادْخُلُوا فِي السِّلْمِ كَافَّةً وَلَا تَتَّبِعُوا خُطُوَاتِ الشَّيْطَانِ إِنَّهُ لَكُمْ عَدُوٌّ مُبِينٌ

O vous qui êtes devenus croyants, entrez dans la paix en totalité et ne suivez point les pas de Satan. Il est pour vous un ennemi évident. Al Baqara 208

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَتَّخِذُوا عَدُوِّي وَعَدُوَّكُمْ أَوْلِيَاءَ تُلْقُونَ إِلَيْهِمْ بِالْمَوَدَّةِ وَقَدْ كَفَرُوا بِمَا جَاءَكُمْ مِنَ الْحَقِّ

O vous qui êtes devenus croyants, ne prenez pas Mon ennemi et votre ennemi comme protecteurs, quand vous sortez lutter pour Ma Cause et que vous recherchez Mon Agrément, en leur faisant preuve d’affection, alors qu’ils ont mécru en ce qui vous a été Révélé de Vrai Al Mumtahana 1

Dans la revue Al Bassair, à travers le contenu moral, spirituel et idéologique du Coran, Cheikh Taleb Al Ibrahimi – une des prestigieuses figures de l’Association des Oulémas algériens – montre que le colonialisme est une souillure morale, une profanation des valeurs de l’Islam et une infamie sociale et culturelle qu’il faut combattre au même titre qu’il faut combattre Satan l’inspirateur de tous les maux et de tous les fléaux :

« الاستعمارُ كلُّهُ رِجْسٌ من عَمَل الشيطان ، يَلْتَقِي القائمون به على سَجَايَا خبيثة ، ذو غرائزَ شَرِهةٍ ، ونظراتٍ عميقة إلى وسائل الافتراس ، وإخضاعِ الفرائسِ ، وأَهَمُّ تلك الوسائل َقتلُ الـمعنويات ، وتَخديرُ الاحساسات الروحية « .

« Le colonialisme dans sa globalité comme dans ses composants est une souillure provenant de l’œuvre de Satan, ses partisans se rencontrent sur ses propagations perverses celles-là même qui sont poussées par les instincts prédateurs voraces des colonisateurs et animés par les théories du colonialisme expertes dans la construction des instruments impitoyables de prédation et cultivées dans l’art de mettre en servitude les objets de leurs convoitises. Parmi ses moyens les plus redoutables, le colonialisme sape le moral des colonisés et anesthésie leurs sensibilités morales et spirituelles »

إِن فرنسا قذفَتْ هذا الوطنَ بأربعةِ أنواعٍ من القُوى مختلفةِ التأثير، مُتحدَّةِ الأثَر، متباعدةِ الميادين؛ ولكنها تَلْتقِي على هدَفٍ واحد وهو التمكينُ للاستعمار وأَنها حاربتهُ بأربعةِ أسلحةٍ بَشرية أَخفُّها فتكًا وأقصرُهَا مَدًى الجنديُّ ! « 

En effet la France coloniale a pilonné l’Algérie avec quatre types de forces d’influences diverses mais coordonnées dans leur visée finale et étendue dans leur dimension et leur portée. En vérité un seul objectif est ciblé : La consolidation de la colonisation et la territorialisation du colonialisme. Dans la conjugaison de ces quatre forces de combat, les troupes d’occupation ne sont que l’aspect le plus visible mais le moins dévastateur et le moins durable sur le plan de l’effet social et historique sur le peuple algérien.

… » جاءت فرنسا إِِلى الجزائر بالراهب الاستعماري لتُفسِدَ على المسلمين دينَهم، وتَفْتِنَهُم به عن عقائدهم، وتُشكِّكَهم بتَثليثه في توحيدهم، وتُضَار في ألسنهم كلمةَ « الهادي » بكلمة  » الفادي » ذلك كلُّه بعدمَا أمَدَّتْهُ بالعون، وضَمِنَتْ له الحريةَ، وكَفَرتْ به هُناكَ، لتؤمن به هنا « .

« La France est venue en Algérie avec son missionnaire évangéliste colonisateur pour corrompre l’islamité des Algériens, les pousser à douter de leur foi et de leurs valeurs, et provoquer la sédition et le désordre au sein des Musulmans. Elle est venue pour effacer de leur mémoire et de leur langue le Nom d’Allah Al Hadi (Celui qui donne la Guidance) par le nom de leur icône déifié « le Rédempteur » en donnant à ce missionnaire l’appui logistique, le soutien militaire après avoir nié Jésus là-bas et décidé de l’imposer ici »

وجاءتْ بالـمعلم « الاستعماري » ليُفْسِدَ على أبناءِ المسلمين عقولَهم ، ويُلْقِيَ الاضطرابَ في أفكارهم ، وَيستنزلَهُم عن لغتهم وآدابهم، ويُشوِّهَ لهم تاريخَهم ويُقلِّلَ لهم سلَفهم في أَعينهم، ويُزهِّدَهُم في دينهم ونبيِّهم ويُعلِّمهم _ بعد ذلك _ تعليمًا ناقصًا: هو شر من الجهل!!

La France est venue avec l’éducation « colonisatrice » et la science « colonialiste » pour corrompre les esprits des fils des Musulmans et semer le trouble dans leurs pensées, pour déposer leur conscience, leur langue et leur littérature au profit de celles de la France, pour falsifier et dénaturer leur histoire et réduire le rôle et l’importance de leurs ancêtres à leurs yeux fascinés par d’autres figures, pour les inciter à renoncer à leur religion. L’enseignement colonial vise à créer une pensée handicapée dont les effets sur la personnalité sont pires que ceux de l’ignorance.

وجاءت بالطبيب « الاستعماري » ليُحافظَ على صِحَّة أبنائها قبلَ كلِّ شيء بآية أنه لا يكونُ إلا حيثُ يكون الأوروباويون ، لا في المداشر التي يسكُنها الألوفُ من المسلمين وحدَهم، ولا في القبائل المتجاورة التي تعد عشرات الألوف منهم ، أما هذا الطبيب الاستعماري بالنسبة إلى المسلمين فكأنما جاء ليُداويَ علَّةً بعلل ، ويَقْتُلَ جرثومةً بخلْق جَراثيم، ويجرب معلوماته فيهم كما يُجرِّبها في الأَرانب، ثم يَعيشُ على أمراضهم التي مكن لها الاستعمار بالفقر والجهل.

« La France est venue avec le médecin colonialiste dont la vocation première est de préserver la santé de la population européenne et de ce fait il ne s’installe que là ou s’installe la colonie de peuplement européen ou européanisé. Il n’a pas la préoccupation d’être auprès des campagnes, des tribus et des douars peuplés par les millions de Musulmans. Si la médecine colonialiste intervient dans la population musulmane c’est comme si sa vocation n’est pas de soigner mais d’inoculer des maux nouveaux à la place d’un mal ancien, d’éradiquer un microbe en cultivant à sa place d’autres microbes, d’expérimenter ses nouveaux savoirs et ses nouveaux remèdes sur une population musulmane devenue cobaye humain. Tous ces désastres ne suffisent pas, il faut encore que le médecin français s’enrichissent sur le dos des malheurs des autochtones musulmans que le colonialisme a précarisé sur le plan sanitaire par l’instauration de la pauvreté et de l’ignorance. »

إن الاستعمار القائم على الجندي، والمعلم، والطبيب، والراهب، هَيكلٌ حيوانيٌّ يَمشِي على أربع… وإن الاستعمار قد قَضَى بواسطة هؤلاء الأربعة على عشرةِ ملايين من البشر، فَرمَى مَواهبَهم بالتعطيل ، وعُقولَهم بالخمود، وأذهانَهم بالركود، وأفكارَهم بالعقم، وأضاع على الإنسانية بضياعهم عشرَةَ ملايين من المواهب، والعقول، والأذهان، والأفكار، وهي رأسُ مالٍ عظيم كانت تستعينُ به- لولا الاستعمار- على الخيْر العام والمنفعة، وتنتفعَ به في إقامة دعائم المدنية، فَما أشْأَمَ الاستعمارَ على الإنسانية « !!!.. »

« Il est certain que le colonialisme institué sur le soldat, le missionnaire, l’enseignement et le médecin est une structure animale prédatrice marchant sur quatre pattes. C’est par ces quatre moteurs que le colonialisme a mis en panne les talents, les possibilités et le génie de millions de musulmans. Il a ainsi pu saper leur effort, figer leur mental, rendre inerte leur cognition, rendre stériles leurs idées. Il a ainsi privé l’humanité de millions de potentialités en énergie créatrice, en cerveau fécond, en mental imaginatif, en idée généreuse qui sont un prodigieux capital dont l’humanité aurait profité et utilisé pour résoudre ses problèmes mais que le colonialisme a saboté, détruit, détourné du bien pour laisser les collectifs humains sans ressources capables d’ériger des cités, de promouvoir des civilisations et de se mettre au service de l’humanité. Le colonialisme est la forme la plus pessimiste et la plus cynique dans la destruction de l’humain. »

2 – Le colonialisme et l’Islam

الاستعمار والإسلام

Le colonialisme a combattu l’Islam car il était et il demeure l’obstacle authentique et irréversible à la colonisation, à son expansion, à ses causes et à ses effets sur le monde musulman et non musulman :

جاءَ الاستعمار الَّدنِسُ الجزائرَ يَحْمِلُ : السيفَ والصليبَ، ذلك للتمكُّن.

Le colonialisme, impur et profanateur, est venu en Algérie portant l’épée dans une main et la croix dans l’autre main afin de s’implanter comme colonisation de peuplement.

وهذا للتمكين ، فَملَكَ الأرضَ واسْتَعْبَدَ الرقابَ، وفَرضَ الجِزي ، وسخَّر العقولَ والأبدانَ، ولو وقَفَ عند حدُود الدُّنيويات لقلْنَا : تلك هي طبيعةُ الاستعمار الجائع، تدفعه الشهواتُ إلى اللذات ، فيجْرِي إلى مَداها وَيقف، وتدفعه الأنانيةُ إلى الحيوانيةِ فيلتقمُ ولا ينتقمُ، ولكنه كان استعمارًا دينيًّا مسيحيًّا عاريًّا، وَقَفَ للإسلام بالمرصاد من أول يوم ، وانتَهكَ حُرُماته من أول يومٍ فابَتزَّ أموالَهُ الموقوفةَ بالقَهْر وتصرَّفَ في مَعابِدهِ بالتحويل (جامع كتشاوة مثلا) والهدم، وتحكم في الباقي منها بالاحتكار والاستبداد، وتدخَّل في شعائره بالتضييق والتشديد ، كلُّ ذلك بروح مسيحيةٍ رومانية تُشِعُّ بالحِقد، وتَفُورُ بالانتقام، ولم يكتف بذلك حتى احتضَنَ اليهوديةَ، وحَمَى أهلَها، وأَشْرَكَهُم في السيادة ليؤلِّبها مع المسيحية على حرب الإسلام، ويُجنِّدَها في الكتائب المُغيرة عليه.

Pour dominer l’Algérie et consolider son pouvoir : Il a pris possession de ses terres, il a opprimé et asservi ses habitants, il a imposé des impôts et des taxes, il a assujetti les esprits et les corps. S’il s’était confiné aux seuls aspects mondains et matériels nous aurions dit que telle est la nature du colonialisme : La prévarication et la voracité de l’affamé cherchant sa proie, l’être poussé par ses instincts bestiaux qui veut jouir des biens terrestres à n’importe quel prix. Nous aurions compris qu’une fois ses appétits satisfaits, il prenne une pause et comprenne qu’il est naturel que son égoïsme pousse la victime et le spolié à chercher à se venger de lui et non que triomphe sur lui la bête qui l’habite et qu’il se venge de sa bestialité insatiable sur sa victime et ceux qu’il a spolié.

Mais le colonialisme français est un colonialisme de nature religieuse : Un évangélisme intégriste. Cet intégrisme a ciblé l’Islam dès le premier jour de son projet colonisateur, il a porté atteinte à ses valeurs sacrées, il a profané les lieux de culte les transformant en Église et en Écurie pour ses armées, il a pratiqué la rapine sur les biens des fondations pieuses musulmanes en utilisant la contrainte par la force des armes et des lois scélérates. Après avoir démoli sans droit ce qui lui semblait de son droit à démolir par la force de ses armées il s’est attaché à installer son monopole sur les richesses et les biens et à asservir et à opprimer les Musulmans dépossédés de leurs biens et de leurs droits. Poussé par son esprit à la fois évangéliste inquisiteur, romain revanchard et manichéen rempli de haine et d’éradication de l’autre, il a traqué le culte musulman dans toutes ses expressions, ses hommes et ses institutions. En dépit de tout cela il s’est renforcé dans sa lutte contre l’Islam en se montrant généreux avec les Juifs et le judaïsme au détriment des Musulmans. Les Musulmans furent chassés et exclus alors que les Juifs furent rapprochés, consultés et impliqués en leur faveur dans le processus de la colonisation de l’Algérie. Ainsi ils ont réalisé l’alliance des Livres falsifiés contre le Livre intègre.

وقَد اطمأنتْ إلى أن الشعبَ الجزائريِّ قد مَات كما صَرَّح بذلك أحدُ ساسَتِها الكبار في خطبةٍ ألقاهَا على مُمثلي الأمَم في المهرجان الذي أقَامتْه في عِيدِها المئويِّ لاحتلال الجزائر، وكان مما قالَ:( لا تظنُّوا أنَّ هذه المهرجاناتِ من أجْل بلوغِنَا مائةَ سنةٍ في هذا الوطن، فقدْ أَقامَ الرومان قبْلَنَا فيه ثلاثَة قرونٍ، ومعَ ذلك خرَجُواْ منه، ألا فلتعلموا أن مَغزَى هذه المهرجانات هو تشييعُ جنازة الإسلام بهذه الديار ) .!!

« Lors de la célébration du centenaire de la colonisation, la France était persuadée que le peuple algérien était définitivement mort comme le proclamait un de ses notables dans son discours devant les délégués des nations occidentales. Entre tout ce qu’il a dit il faut prêter attention à ce passage : « Ne pensez pas que ces festivités sont destinés à célébrer les 100 ans de notre présence dans ce pays. Les Romains y sont restés avant nous plus de trois siècles mais ils ont fini par le quitter. Ce que vous devez savoir sur l’enjeu stratégique de cette commémoration grandiose c’est l’enterrement définitif de l’Islam dans ces contrées… »

3 – L’alliance avec le colonialisme est sédition contre l’Islam

موالاة المستعمر خروج عن الإسلام

Dès le début de la révolution algérienne contre le colonialisme, le discours du Cheikh El Ibrahimi a apporté son soutien religieux et militant. Il s’est lancé dans la lutte idéologique et psychologique menée par l’impérialisme qui cherchait à miner la dynamique et l’unité du mouvement de libération du peuple algérien opprimé. Il appelait tous les peuples opprimés à résister et à exprimer leur méfiance et leur défiance envers le colonialisme. Il a montré la vocation universelle de l’Islam que ne peuvent changer ni Qaradhawi ni Al Belhadj en donnant crédit au soutien de l’OTAN aux séditieux libyens bafouant les règles de l’Islam et souillant dans leur bouches le Nom majestueux d’Allah qui a fait entrer Mohamed (saws) entrant à la Mecque en toute humilité sans verser une goutte de sang. Durant son séjour au Caire Cheikh Al Ibrahimi a dénoncé les partisans des alliances ou des compromissions avec le colonialisme et a refusé toute justification politique ou religieuse de collaboration.

Il a promulgué une Fatwa qui reste jusqu’à aujourd’hui opportune, pertinente et cohérente.

فتوى الشيخ البشير الإبراهيمي

Fatwa du Cheikh Mohamed Al Bachir Al Ibrahimi – Le Caire 1955

بسم الله الرحمن الرحيم

إذا قلنا: « إنَّ موالاةَ المستعمِر خروجٌ عن الإسلام » فهذا حكمٌ مجمَل، تفصيلُه أنَّ الموالاة مفاعلةٌ أصلُها الولاء أو الولاية، وتمسّها في معناها مادة التّولّي، والألفاظُ الثلاثة واردة على لسان الشرع، منوطٌ بها الحكم الذي حكمنا به وهو الخروجُ عن الإسلام، وهي في الاستعمال الشرعيِّ جاريةٌ على استعمالها اللّغوي، وهو في جملته ضدُّ العداوة، لأنَّ العربَ تقول: « وَالَيْتُ أو عاديت، وفلان وليّ أو عدّو، وبنو فلان أولياء أو أعداء »، وعلى هذا المعنى تدور تصرّفات الكلمة في الاستعمَالَين الشرعيّ واللغويّ.

Au Nom d’Allah, le Miséricordeur, le Miséricordieux

Si nous disons que « l’acceptation de la tutelle du colonisateur » ou « l’alliance avec le colonisateur » est apostasie dans l’Islam nous énonçons un jugement global. Dans le détail il faut savoir que la tutelle suppose l’allégeance, l’acceptation, la protection. Ces trois termes appliqués au colonisateur sont en contradiction avec la loi coranique. Sur le plan sémantique le Walâ a pour antonymes l’agression et la transgression. Toujours dans le détail mais sur le plan lexical et sémantique le colonialisme ne peut par sa qualité intrinsèque d’agresseur et de transgresseur être un allié ou un tuteur

وماذا بين الاستعمَار والإسلام من جوامعَ أو فوارق حتى يكونَ ذلك الحكم الذي قلناه صحيحاً أو فاسداً؟

D’une manière plus précise et sans équivoque quels sont les points ou les lignes de convergence ou de rupture entre l’Islam et le Colonialisme pour que notre jugement précédent sur l’incompatibilité entre l’Islam et le colonisateur soit juste ou faux d’une manière évidente et incontestable :

إنَّ الإسلامَ والاستعمار ضدّان لا يلتقيان في مبدإٍ ولا في غاية، فالإسلام دينُ الحرية والتحرير، والاستعمار دين العبودية والاستعباد، والإسلام شرع الرحمةَ والرفق، وأمر بالعدل والإحسان، والاستعمار قوامُه على الشدّة والقسوة والطغيان، والإسلام يدعو إلى السلام والاستقرار، والاستعمار يدعو إلى الحرب والتقتيل والتدمير والاضطراب،

L’Islam et le colonialisme sont deux antagonismes qui ne peuvent jamais se rencontrer. L’Islam est la religion de la liberté et de l’émancipation alors que le colonialisme est la religion de la servitude et de l’asservissement. L’Islam a instauré la miséricorde et la bienveillance et il ordonne la pratique du bien et de la justice alors que le colonialisme repose sur la dureté, la tyrannie et la transgression. L’Islam appelle à la paix et à la stabilité, pendant que le colonialisme appelle à la guerre, au meurtre, à la destruction et aux crises.

والإسلام يُثبت الأديانَ السماوية ويحميها، ويقرّ ما فيها من خيرٍ ويحترم أنبياءَها وكتبَها، بل يجعل الإيمانَ بتلك الكتبِ وأولئك الرّسل قاعدةً من قواعده وأصلاً من أصوله، والاستعمار يكفُر بكلّ ذلك ويعمَل على هدمه، خصوصاً الإسلام ونبيّه وقرآنه ومعتنقيه.

L’Islam confirme les religions révélées dont il assure la protection, reconnait ce qu’elles contiennent comme bienfaits qu’elles professent, il respecte les Prophètes qui y sont mentionnées et vénère les livres saints. Plus encore, l’Islam a fait de la croyance des livres saints et des Prophètes de ces religions, une de ses bases et l’un de ses principes. Par contre le colonialisme renie tout cela et travaille à ruiner ces principes et plus particulièrement ceux de l’Islam dont il combat l’essence, le Prophète, le Coran et les adeptes.

نستنتِج من كلّ ذلك أن الاستعمارَ عدوّ لدودٌ للإسلام وأهلِه، فوجَب في حكم الإسلام اعتبارُ الاستعمار أعدَى أعدائِه، ووجب على المسلمين أن يطبِّقوا هذا الحكمَ وهو معاداةُ الاستعمار لا موالاته.

Aussi, nous déduisons de tout cela que le colonialisme est le pire ennemi de l’Islam et des Musulmans et par voie de conséquence il est de l’obligation de tous les gens de confession musulmane de considérer le colonialisme comme l’un de ses plus grands ennemis et par conséquent il ne peut y avoir acceptation de sa tutelle, de son alliance ou d’une allégeance à son égard.

الاستعمارُ الغربيّ ـ وكلّ استعمارٍ في الوجود غربيّ ـ يزيد على مقاصدِه الجوهريّة وهي الاستئثار والاستعلاء والاستغلال مقصداً آخرَ أصيلاً وهو محوُ الإسلام من الكرة الأرضية خوفاً من قوّته الكامنة، وخشيةً منه أن يعيدَ سيرتَه الأولى كرةً أخرى.

Le colonialisme occidental, d’ailleurs tout colonialisme dans cette existence est occidental, en plus des mobiles fondamentaux, d’égoïsme, de vanité, et d’exploitation, communs à tous les impérialismes, en a un autre qui lui appartient en propre : Effacer toute trace de l’Islam de la surface de cette planète, car il craint de le voir rétablir sa puissance d’antan et restaurer sa grandeur passé.

وجميعُ أعمال الاستعمار ترمي إلى تحقيق هذا المقصد، فاحتضانُه للحركاتِ التبشيرية وحمايتُه لها وسيلةٌ من وسائل حربِه للإسلام، وتشجيعُه للضالين المضلّين من المسلمين غايتُه تجريد الإسلام من روحانيته وسلطانه على النفوس، ثم محوُه بالتدريج، ونشرُه للإلحاد بين المسلمين وسيلةٌ من وسائل محوِ الإسلام، وحمايتُه للآفات الاجتماعية التي يحرّمها الإسلام ويحاربها كالخمر والبغاء والقمار ترمي إلى تلك الغاية، ففي الجزائر ـ مثلاً ـ يبيح الاستعمارُ الفرنسيّ فتحَ المقامِر لتبديد أموال المسلمين، وفتحَ المخامر لإفساد عقولهم وأبدانهم، وفتحَ المواخير لإفساد مجتمعهم، ولا يبيح فتحَ مدرسةٍ عربيّة تحيِي لغتَهم أو فتحَ مدرسةٍ دينيّة تحفَظ عليهم دينَهم.

Toutes les actions du colonialisme tendent vers la réalisation de ce but en l’occurrence la tutelle qu’il impose aux multitudes humaines. L’adoption des mouvements évangélistes et la protection qu’il leur apporte, ne sont que des moyens dans sa lutte contre l’Islam et dans sa tentative de dépouiller le Musulman de la spiritualité et de la force civilisationnelle de l’Islam afin de le détruire graduellement. C’est dans ce sens qu’il faut situer les encouragements qu’il prodigue aux musulmans qui ont dévié du droit chemin, et qui cherchent à en tromper d’autres. Les égarés et les séducteurs ont pour but de prêcher l’athéisme chez les Musulmans ou de cultiver les tares morales et sociales proscrites et combattues par l’Islam, telles l’alcoolisme, la prostitution et les jeux de hasards. A travers ces moyens le colonialisme poursuit toujours le même but : L’anéantissement de l’Islam. En Algérie par exemple, le colonialisme français autorise les jeux de hasard pour détruire la foi des musulmans…, c’est pour la même raison qu’il permet la multiplication des débits de boisson et bien d’autres choses. Par contre, il s’oppose à l’ouverture d’une médersa arabe, par les Algériens, pour assurer la pérennité de leur langue, ou à la création d’une école religieuse, pour sauvegarder les préceptes de leur religion.

ويأتي في آخر قائمةِ الأسلحة التي يستعمِلها الاستعمارُ الغربيّ لحرب الإسلام اتّفاقُه بالإجماع على خلقِ دولةِ إسرائيل في صميمِ الوطَن العربي، وانتزاعِ قطعةٍ مقدّسة من وطن الإسلام وإعطائها لليهود الذين يدينون بكذِب المسيح وصلبِه، وبالطعن في أمّه الطاهرة.

Dans sa stratégie de lutte contre l’Islam la dernière trouvaille du colonialisme occidental est la création de l’État d’Israël au cœur du monde arabe et l’arrachement d’une partie des lieux saints de la nation musulmane pour l’offrir aux Juifs dont la dévotion consiste à faire mentir le Messie, à prétendre à sa crucifixion et à diffamer sa mère chaste et pure.

فالواجبُ على المسلمين أن يفهَموا هذا، وأن يعلَموا أنَّ مَن كان عدوًّا لهم فأقلّ درجاتِ الإنصاف أن يكونوا أعداءً له، وأنَّ موالاتَه بأيّ نوعٍ من أنواع الولاية هي خروجٌ عن أحكام الإسلام، لأنَّ معنى الموالاةِ له أن تنصرَه على نفسِك وعلى دينِك وعلى قومِك وعلى وطنِك.

Ceci dit, les Musulmans doivent comprendre tout ces enjeux et savoir que la vigilance la plus élémentaire leur recommande d’éprouver, par esprit d’équité et de réciprocité, pour le moins, les mêmes sentiments d’hostilité que leur ennemi éprouve envers eux. Leur allégeance loyale et leur alliance sous n’importe quelle forme envers le colonialisme, leur ennemi, est une transgression des principes sacrés de l’Islam. Celui qui accepte ou tolère la tutelle colonialiste signifie ici, qu’il a accepté de se détourner de sa religion et de faire triompher l’ennemi de sa religion sur sa propre personne, sa génération, son peuple et sa patrie.

والمعاذِير التي يعتَذر بها المُوالون للاستعمار كالمداراة وطلبِ المصلحة يجب أن تدخُل في الموازين الإسلامية، والموازينُ الإسلاميّة دقيقةٌ تزِن كلَّ شيء من ذلك بقَدرِه وبقَدرِ الضرورة الداعيَة إليه، وأظهرُ ما تكون تلك الضروراتُ في الأفراد لا في الجماعات ولا في الحكومات.

Les excuses et les justifications auxquelles ont recours les vassaux du colonialisme tel que le recours à l’administration compétente ou l’attraction des bienfaits pour la communauté doivent être remises dans leur contexte et évaluées avec minutie par les règles islamiques en la matière. Ces règles sont strictes, détaillées et ne permettent aucun fourvoiement ni louvoiement. La nécessité qui fait loi pour justifier l’alliance ou l’allégeance n’est valide que pour des cas particuliers et à titre individuel et ponctuel et en aucun cas à titre collectif au niveau des groupes ou des gouvernements musulmans

وموالاةُ المستعمِر أقبحُ وأشنَع ما تكون من الحكومات، وأقبحُ أنواعِها أن يُحالَف حيث يجب أن يُخالَف، وأن يُعاهَد حيث يجب أن يُجاهَد، وأقبحُ ما فيها من القبح أن يُحالَف استعمارٌ على حربِ استعمار.

Un des aspects les plus infâmes de l’allégeance envers le colonialisme, c’est de s’allier à lui en qualité de gouvernant. Une des pires et infâmes alliances avec le colonialisme, c’est celle qui est faite au moment où il faudrait s’opposer à lui et de lui tendre la main au moment où il faudrait le combattre. Ce qui dépasse le comble de l’infamie c’est de pactiser avec ton colonisateur lorsqu’il livre bataille contre un autre colonisateur alors chacun ne veut que te mettre sous sa domination coloniale.

وقد كانَتِ الحروب قبلَ اليوم لمعانٍ بعضُها شريف، وقد يكون أحدُ الجانبَين فيها على حقّ، أما هذه الحروب التي لا تنتهي الواحدةُ منها إلا وهي حاملٌ مُقْرِب بأخرى أشدَّ منها هولاً وأشنعَ عاقبةً، فلم يبقَ فيها شيء من معاني الشّرفِ ولا من معاني الرّحمة ولا من معاني الكرامَة الإنسانيّة، وإنما هي حربٌ مجنونة يبعثُها حبُّ الاستعلاء والتسلّط على الضعفاء، والاستئثار بخيراتِ أرضهم، والضعفاءُ دائماً هم الأدوات التي تقَع بها الحرب، وتقَع عليها الحرب، فهم في السِّلم محلُّ النزاع، وفي الحربِ ميدان الصّراع.

Par le passé, avant le colonialisme occidental, les guerres pouvaient avoir d’autres mobiles et d’autres significations. Certaines guerres étaient nobles par leur cause et les partisans d’un camp pouvaient être du côté du droit. Mais ces guerres qui s’enchainent sans interruption, l’une appelant la suivante en plus dure et moins juste et avec des conséquences plus néfastes et plus désastreuses n’ont aucun soupçon d’honneur, de vérité, de miséricorde, de justice ou de dignité humaine. Nous sommes face à des guerres de folies, d’absurdité et de cruauté alimentées par l’arrogance, le despotisme, la domination des faibles et la spoliation de leurs biens et des richesses de leurs terres. Ce sont toujours les faibles et les opprimés qui sont utilisés comme instruments dans les machines guerrières, ce sont eux qui subissent les conséquences des guerres. Dans la paix ils sont l’alibi pour déclarer la guerre, et dans la guerre ils sont le terrain d’affrontements où se règlent les conflits des autres.

لا مِثال للبلاهةِ والبَلادة أوضح من محالفة الضعيفِ للقويّ إلا إذا صحّ في الواقع وفي حُكم العقل أن يحالِف الديكُ النسر، أو تحالِفَ الشاة الذئب.

Il ne peut y avoir exemple plus éloquent en matière de stupidité et de lâcheté que de voir l’opprimé faire alliance avec son oppresseur à moins que la réalité du monde et la logique de la raison nous prouvent l’alliance de la colombe avec l’aigle et celle de l’entente l’agneau avec le loup.

كيفَ نحالِف الأقوياءَ وقد دلّت التجاربُ أنهم إنما يحالفوننا ليتَّخذوا من أبنائنا وقوداً للحَرب، ومن أرضِنا ميداناً لها، ومن خيراتِ أرضنا أزواداً للقائمين بها، ثم تنتهي الحربُ ونحن المغلوبون الخاسرون على كلّ حال، وقد تكرّرت النذُر فهل من مُدَّكِر؟!

Pourquoi faire allégeance aux puissants alors les expériences prouvent qu’ils ne s’allient à nous que pour prendre nos enfants comme chair à canon, nos géographies comme zone de conflits et d’affrontements à leurs guerres coloniales, nos terres comme ressources pour asseoir leur puissance et leur domination. Puis lorsque la guerre s’achève, le plus grand perdant et le plus grand vaincu c’est toujours nous et ce quelque soient les mobiles ou les circonstances des guerres coloniales. Combien d’avertisseurs sont venus nous réveiller est-ce que parmi nous il y en a qui se souviennent ?

أيّها المسلمون أفراداً وهيئات وحكومات: لا توالُوا الاستعمارَ فإنَّ موالاتَه عداوةٌ لله وخروجٌ عن دينه.

O musulmans ! O organisations musulmanes ! O gouvernements islamiques, ne manifestez aucun sentiment d’attachement pour le colonialisme, car ce serait commettre une rébellion contre Allah, une agression contre le genre humain et vous seriez des hérétiques séditieux envers l’Islam.

ولا تتولّوه في سِلم ولا حَرب فإنَّ مصلحتَه في السِّلم قبل مصالحكم، وغنيمَته في الحرب هي أوطانُكم. ولا تعاهِدوه فإنّه لا عهدَ له. ولا تأمَنوه فإنّه لا أمانَ له ولا إيمان

Ne soyez pas alliés à ses côtés, ni en temps de paix, ni en temps de guerre, car en temps de paix, il fait passer son intérêt avant les vôtres, et en cas de guerre ce sont vos patries qui seront son butin. Ne contractez aucune alliance avec lui car il ne respecte pas ses engagements ; n’attachez aucune foi en ce qu’il dit, car certainement sans foi ni loi il n’est garant d’aucune sécurité ou protection pour vous.

إنَّ الاستعمارَ يلفِظ أنفاسَه الأخيرة فلا يكتُبْ عليكم التاريخُ أنّكم زِدتم في عمره يوماً بموالاتكم له.
ولا تحالِفوه فإنَّ من طَبعِه الحيوانيّ أن يأكلَ حليفَه قبلَ عدوِّه.

Le colonialisme laisse échapper ses derniers soupirs. Que l’histoire ne soit pas un témoignage contre vous en lui donnant par votre allégeance un jour supplémentaire d’existence sur terre. Ne vous alliez pas à lui, car sa nature bestiale le pousse à dévorer son allié avant de dévorer son ennemi.

والسلام عليكم ورحمة الله وبركاته.

Salutations à vous et que la Miséricorde d’Allah et Ses Bénédictions soient sur vous.

Cheikh Bachir El Ibrahimi

4 – Conclusion : Question cruciale

Tous les savants musulmans disent qu’une Fatwa ne change que si changent le temps, le lieu, l’homme et les conditions car elle doit être une réponse concrète et réaliste sans bien entendu être en contradiction avec le Coran, la Sunna et les coutumes du peuple recevant cette Fatwa. Entre la Fatwa de Cheikh Mohamed Al Bachir Al Ibrahimi et celle de Qaradhawi, quels sont les changements survenus dans le temps, le sol, l’homme et les conditions sociales, idéologiques, politiques, économiques et militaires pour supposer que le colonialisme a changé et que le monde musulman est bi khayr (il se porte bien) et que le recours au colonialisme n’est pas une guerre contre l’Islam, une sédition contre le Prophète de l’Islam, une trahison au Livre de l’Islam, une atteinte à la liberté et à la dignité de la communauté de l’Islam

Si Ali Belhadj n’est pas capable de voir la portée désastreuse de ses paroles irresponsables sur l’avenir de l’Islam et de la lutte anti impérialiste dans une Algérie livrée à la prédation capitaliste ni sur la répulsion qu’il provoque sur les couches moyennes en cautionnant le lynchage de Kadhafi et en se taisant sur les crimes de l’OTAN, je l’invite fraternellement à faire preuve de lucidité, au delà de celle qu’aurait du lui apporter ses longues années de prison, de privation de droits civiques, d’atteinte à sa propre chair. Il doit méditer dans une retraite spirituelle et voir trois choses horribles. Toutes proportions gardées, il est dans le même isolement au sein du mouvement islamique que l’était Kadhafi au sein de la communauté internationale. Il n’est pas à l’abri du même lychage médiatique puis physique, que je ne lui souhaite pas, par les confréries maraboutiques et les salafistes monarchistes corrompus par l’économie de marché et qu’il ne doit cette relative liberté de parole, de mouvement et de rester en vie que par la volonté d’un régime qui n’a plus peur de lui et qui le laisse jouer le rôle de repoussoir. Enfin c’est ce colonialisme et ses agents qui ont annulé les élections remportés par le FIS, qui ont dissous le FIS et qui ont plongé l’Algérie dans une décénie noire et rouge; ce sont ce même colonialisme et ses mêmes agents qui ont lynché Kadhafi et livré la Libye à un scénario qui ne peut rentrer dans l’imagination d’un homme qui ne puise pas ses sources de lecture et de reflexion dans la tragédie algérienne face au colonialisme.

Il ne suffit pas d’être un érudit comme Qaradhawi ou une icone comme Belhadj qui fait passer ses opinions partisanes pour une Fatwa, il faudrait être comme Al Ibrahimi, être au coeur de la lutte contre le colonialisme et incarner l’histoire tragique, le sol spolié, la mémoire violée et un peuple opprimé pris entre les 4 pattes du colonialisme et les deux machoires du despotisme qui sont la corruption et l’arbitraire. Il faut de la lucidité et de la probité morale pour voir l’évolution et les métamorphoses de ces quatre pattes qui n’ont ni changé de nature ni changé la nature de la bête cruelle cupide et vorace qu’elles portent au dessus de nos têtes.

Il suffit d’être un insensé ou un agent conscient ou inconscient de la rente religieuse, politique et économique pour donner un souffle de vie à un système colonialiste en agonie et en quête de proie pour survivre. Comme un rat s’il ne mange pas 24 heures, il meurt. C’est un grand haram que de le nourrir sur le dos de la communauté musulmane alors que sa nature est de proliférer pour dévorer ses biens, ses enfants et lui apporter la peste, le choléra et le typhus!

C’est un désastre pour la pensée musulmane que de ne pas voir que la Fatwa incitant au meurtre et la barbarie qui a suivi le lychage de Kadhafi ne soient pas comprise comme une volonté colonialiste de stopper les révolutions et de criminaliser les mouvements se réclamant de l’Islam incompatible avec le colonialisme et le capitalisme. C’est un dégat inimaginable pour l’avenir de la communauté musulmane et la souveraineté nationale quand on voit les élites musulmanes alors qu’elles sont dans l’opposition, solliciter le secours et l’assistance du colonialisme. En effet le citoyen est en droit de se poser la question légitime : Si ces gens là arrivent au pouvoir avec cette mentalité et se trouvent confrontés au respects des traités internationaux, aux relations internationales, aux complexités de la gouvernance, ils feront pire que les despotes qui nous gouvernenent car ils n’ont pas conscience des enjeux ni de la lutte idéologique ni des pressions politiques, diplomatiques, militaires et économiques que les 4 pattes et les deux machoires du colonialisme leur feront subir jusqu’à céder toute parcelle de souveraineté pourvu qu’on ne touche pas à la barbe, à la gandoura, aux mosquées et au slogan « l’Islam est la religion de l’Etat« . Un état qu’ils sont incapables d’édifier ou de gouverner tant qu’ils n’ont pas d’idées claires sur la réalité du monde et sur leurs lacunes idéiques et leurs défaillences idéologiques.

Omar Mazri – Auteur, Ecrivain

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Les cinq maitres du Tamkine (territorialisation)

ٱلَّذِينَ إِن مَّكَّنَّـٰهُمْ فِى ٱلْأَرْضِ أَقَامُوا۟ ٱلصَّلَوٰةَ وَءَاتَوُا۟ ٱلزَّكَوٰةَ وَأَمَرُوا۟ بِٱلْمَعْرُوفِ وَنَهَوْا۟ عَنِ ٱلْمُنكَرِ وَلِلَّهِ عَـٰقِبَةُ ٱلْأُمُورِ

Ceux qui, si Nous leur Accordons pouvoir sur terre, accomplissent la Salat, s’acquittent de la Zakat, commandent le bon usage et interdisent le répréhensible. Et c’est à Allah qu’appartient l’issue des choses. Al Hajj –  v41

Si nous devions étudier le sens et la mise en application de ces versets, nous y passerons notre existence sans épuiser le champ de leur possibilités et leur signification. Je vais juste montrer une application méthodologique et politique en terme de gouvernance moderne à travers le terme coranique de Tamkine (pouvoir sur terre, position territoriale) et ses impacts sur le plan de l’aménagement du territoire, de la planification économique, du développement urbain et industriel, et de l’indépendance nationale.

Définition globale

Le Tamkine ou la territorialisation au sens coranique, même si nous la traduisons par « pouvoir sur terre » a une signification plus large : Donner à la communauté l’autorité, les moyens et les facultés de s’établir sur un territoire et y exercer sa vocation sans rival, sans oppression, sans limites autres que celles fixées par la religion ou les membres de la communauté là où la religion lui a laissé le champ libre. Au delà de la domination sur la géographie et du pouvoir de l’État il s’agit davantage de l’établissement d’une société réformatrice et bien agissante (Mujtama’â Sàleh wa Mouslih) qui fait de son territoire de vie un cadre de déploiement de toutes les compétences et de tous les talents et de toutes les possibilités.

Un certain nombre d’exigences sont nécessaires pour faire du Territoire un espace de socialisation, un lieu de souveraineté, une appartenance à défendre, un exercice de  la politique, de  l’économique, de la culture et de l’aménagement du territoire dans une ligne d’orientation commune par l’adhésion  libre, contractuelle et respectueuse des diversités qui font l’harmonie du vivre ensemble et non les divergences du Wahn. C’est ce que nous allons voir à travers l’analyse du verset coranique et notre expérience praticienne de quelques aspects de l’Algérie.

Le Territoire (le Makane) : Ses cinq empreintes humaines

Le Tamkine c’est l’instauration de la communauté de croyants sur un territoire de vie pour lui marquer cinq empreintes.

La première empreinte est celle de l’Honorificat originel.

L’homme, croyant ou non croyant, porte en lui le besoin de considération et d’estime qui font de lui cette créature qui est passée d’un grain de poussière insignifiant ou de cette goutte de sperme fétide à une créature honorée et élue dans les Univers. Cet Honorificat est intrinsèque et il va s’exprimer sous forme de quêtes humaines pour réaliser toutes les dignités qui font la grandeur et la noblesse de l’Homme : Dignité humaine, dignité intellectuelle, dignité religieuse, dignité sociale, dignité morale, dignité politique, dignité économique, dignité culturelle, dignité écologique. L’homme n’est pas un animal religieux ou un animal parlant mais un être honoré et vertueux s’il ne transgresse pas lui-même ou s’il ne se soumet pas à ceux qui transgressent cet ensemble de dignité indissociables.

Il n’y pas de vertu à faire valoir ni à communiquer aux autres, y compris la vertu de la foi et de la religiosité, si l’homme n’a pas et garanti l’ensemble de ses dignités qui font de lui une humanité plurielle à partir de laquelle peut émerger la communauté de foi monothéiste qui rejette le Taghut sous ses formes d’idoles, de fétiches, de totems, de préjugés, d’immobilisme et d’aliénation qui le prive de ses dignités et de sa vertu. Le Prophète (saws) a posé l’équation en termes concis fermant la porte à toute spéculation religieuse, philosophique ou eschatologique sur le substrat de l’humanité qui donne l’islamité : « Les meilleurs d’entre vous dans la Jahiliya sont les meilleurs d’entre vous dans l’Islam s’ils font l’effort de connaitre leur religion (Taffakuh fi Dine) ». Il faut être un dépravé ou un polémiste pour penser que Mohamed (saws) par le terme – meilleur – ne visait pas ce qui donne à l’homme sa dignité, son respect, sa vertu et qu’il visait le pouvoir ou la richesse.

La seconde empreinte est la compétence de nommer : Comprendre, lire et désigner les choses, les concepts

L’homme est par excellence est un processus de quêtes, un ensemble de recherches, de demandes, d’aller à la découverte de ce qui fait l’homme dans son humanité et le libère de sa bestialité, de son animalité :

…et par l’être humain, et par Celui qui l’A Parfait, et lui A Donné son impudence et sa piété. A effectivement cultivé, celui qui l’a épurée ; et a effectivement perdu, celui qui l’a souillée. As Shams – v7

Dans le sens coranique la quête est une épreuve qu’Allah fait subir aux hommes pour les distinguer, les différencier en mérites sur le plan des intentions, des actes, de la morale, de la foi et des états spirituels en vue du Jugement dernier que sera un Jour de Rétribution :

Et Nous vous Éprouvons par le mal et par le bien : différenciation (des mérites). Al Anbiya – v35

L’homme, par son intelligence, sa capacité de parler, d’écrire et de lire, de fabriquer et d’utiliser des outils, est mû par plusieurs quêtes : Quête de Dieu, de liberté, de considération, de dignité, de savoir, de territoire, de pouvoir, de puissance, de justice, de vérité, de sens, de beauté, d’amour, de faire…

Pour exprimer ses attributs ontologiques, exercer ses capacités actantielles, tisser des relations sociales et interagir dans les relations économiques et politiques, il faut disposer d’un canevas idéique qui transporte les idées, qui configure les projets, qui exprime la volonté, le savoir, l’art de négocier et le sens. Ce sont les mots, quand ils ne sont pas bavardages futiles et diversion, qui sont les métiers à tisser des complexes de quêtes. Le langage est la voie de formation de l’intelligence et du remplissage des images mentales qui vont nourrir l’imaginaire, ce champ d’exploration mentale, et y laisser l’imagination chercher à former, déformer, assembler et désassembler pour construire des images qui ont du sens, qui sont innovatrices en matière d’idées et de projets de faire. La compétence originelle de l’homme et par conséquent la première et l’ultime quête de son existence est celle de pouvoir et savoir nommer pour désigner, exprimer, clarifier, préciser ses droits et ses devoirs, et éviter la confusion :

Et Il Apprit à Adam tous les noms, puis les Exposa aux Anges et Dit : « Informez-Moi des noms de ceux-là, si vous êtes véridiques ». Ils dirent : « Gloire à Toi! Nous ne connaissons que ce que Tu nous As Enseigné, Tu Es Toi L’ Omniscient, Le Sage ». Il Dit : « O Adam, informe-les de leurs noms ». Al Baqara – v31

La compétence de nommer nous la possédons tous car elle est le nécessaire dont avaient besoin Et Adam pour peupler leur solitude sur terre, se repérer, se rencontrer, peupler la terre, se déplacer, élaborer et réaliser les projets scientifiques, technologiques et techniques. Abandonné à sa solitude, l’homme se sent assailli d’un sentiment de vide cosmique. C’est sa façon de remplir ce vide qui déterminera le type de sa culture et de sa civilisation, c’est -à- dire tous les caractères internes et externes de sa vocation historique. Le Coran pour édifier notre compétence de nommer nous invite à lire les signes coraniques, les signes cosmiques et les signes historiques pour que la compétence de nommer soit un instrument de déploiement dans le territoire revisité par la mémoire et la pensée :

N’ont-ils donc pas été de par la terre, de sorte qu’ils aient des cœurs avec lesquels ils raisonnent ou des oreilles avec lesquelles ils entendent ? En fait, ce ne sont pas les yeux qui s’aveuglent, mais ce qui s’aveugle, ce sont les cœurs qui sont dans les poitrines. Al Hajj – v44

Lire l’histoire pour être capable de distribuer le Bien en n’importe quel lieu, n’importe quel moment et partir en quête pour le chercher, le cultiver et le partager. C’est la vocation du Musulman dans sa compétence humaine de nommer. Il est important à la lumière de ce qui vient d’être dit jusqu’ici de souligner que l’œuvre, pour avoir un caractère islamique, n’a pas besoin de traiter exclusivement de l’Islam mais de traiter aussi de l’humanité et des quêtes de l’homme sous l’angle de l’éthique et de l’esthétique de l’Islam car sans humanité et sans territoire, il n’y a pas d’islamité. Il est encore une fois important de préciser que l’auteur musulman n’est pas confiné à ne parler que de l’Islam en tant que religion mais il doit parler de l’homme, de l’humanité, du monde, de la société en nommant leurs désirs, leurs tendances, leurs penchants, leurs contradictions.

La troisième empreinte est celle de l’exercice de la vocation de Khalife d’Allah.

Cette vocation de Khalife d’Allah sur terre consiste à mettre en action les talents et les facultés cognitives, psycho affectives, sociales sur le territoire (la terre et ses ressources assujetties à l’homme) pour s’y déployer en agent de peuplement, de civilisation, de réforme contre la corruption, et en résistant contre l’agression et l’effusion de sang sans droit ni justice. Pour mener cette vocation de Khalife, l’Homme, croyant ou non, est animé par des quêtes de liberté, de pouvoir, de puissance, de sens, d’appropriation, de jouissance, de considération, d’expression de sa compétence humaine de nommer et de manipuler les choses, les idées, les concepts, les technologies, les techniques et les savoirs…

Le Coran nous montre que le Croyant comme le Prophète ne peut se désister de son devoir de Khalife sur terre ni de l’humanité qui habite ce Khalife. Ce qui va le distinguer des autres est la finalité de son œuvre, l’espérance de la récompense, la vertu et le sens le plus raffiné et le plus noble des dignités humaines mises au service de la responsabilité individuelle (Masouliya) et de la responsabilité collective (Taklife).

Face à la corruption sur le territoire partagé, le Prophète face aux corrompus et à leur suiviste se met sur le plan de la foi mais aussi sur celui de l’humanité qui fédère la communauté plurielle car une concorde sur la justice et la paix laisse l’humain reconquérir ses dignités et reconstruire son islamité sur des bases saines loin du maraboutisme et de l’infantilisme. L’Islamité comme occupation du territoire avec le dessein d’adorer Allah et d’instaurer la justice sociale ne peut être en contradiction avec la vocation de l’humain qui est celle de se libérer, de se civiliser ou de réformer ce qui a été corrompu ou colonisé. Il ne s’agit pas d’aller contre l’humanité, la sienne ou celle des autres, mais de lutter contre la deshumanisation quelque soit la forme, hideuse ou enjolivée, de son visage ou de son discours ou de ses actes :

Invoquez votre Seigneur avec humilité et secrètement : Il n’Aime point les arrogants.

Et ne corrompez pas de par la terre après qu’elle ait été civilisée, et invoquez-Le par crainte et avec aspiration. Certes, la Miséricorde d’Allah est toute proche de ceux qui agissent au mieux. Al Aâraf – v57

Et aux Madian, leur frère Cho‘ayb. Il dit : « O mon peuple, adorez Allah, vous n’avez d’autre Dieu que Lui. Vous est parvenue une évidence de votre Seigneur. Acquittez donc les mesures et les poids, ne mésestimez pas aux gens leurs choses, et ne corrompez pas de par la terre après qu’elle ait été civilisée. Cela est mieux pour vous si vous êtes croyants. Et ne guettez point en tout chemin, menaçant et rebutant de la Cause d’Allah, quiconque croit en Lui, en la désirant tortueuse. Et rappelez-vous lorsque vous étiez peu nombreux et qu’Il vous accrut. Regardez quel ne fut le sort des corrupteurs ! Al Aâraf – v85

Et aux Thamùd, leur frère Saleh. Il dit : « O mon peuple, adorez Allah, vous n’avez d’autre Dieu que Lui. C’est Lui qui vous A Formés de la terre et vous y Installa pour la civiliser. Implorez-Le de vous Pardonner, ensuite, repentez-vous à Lui, car mon Seigneur Est Tout-Proche, Il Exauce. » Hùd – v61

Le Coran met en exergue «ذَ‌ٰلِكُمْ خَيْرٌۭ لَّكُمْ إِن كُنتُم مُّؤْمِنِينَ Cela est mieux pour vous si vous êtes croyants ». Le mieux est l’excellence du bien tant dans la conduite que le dessein du Musulman qui dépasse les faux clivages pour aller à l’essentiel de la bataille qui se déroule sur son territoire et son époque. Cette bataille n’est pas seulement religieuse et idéologique mais aussi et surtout politique, économique et sociale (éthique et esthétique de vie, de solidarité, de vivre ensemble harmonieux, de dignité, de liberté…). Cette excellence n’est pas en contradiction avec le fait religieux mais l’implique dans l’Islah du Prophète Cho’ayb (as) « Acquittez donc les mesures et les poids, ne mésestimez pas aux gens leurs choses, et ne corrompez pas de par la terre après qu’elle ait été civilisée ».

C’est la raison pour laquelle il ne peut y avoir un projet islamique sans grand projet non seulement politique et économique mais civilisationnel comme Cho’ayb l’appelle de sa force, de sa conviction, de son savoir éclairé par Allah loin des compromissions, des arrangements d’appareils et de la lutte politicienne :

Il dit : « O mon peuple, voyez-vous, si je tiens sur une évidence de mon Seigneur et qu’Il m’Ait Octroyé de Lui-même une bonne subsistance, je ne veux point faire le contraire de ce que je vous interdis. Je ne veux que la Réforme, autant que je peux. Ma réussite ne dépend que d’Allah. Je me fie entièrement à Lui, et c’est à Lui que je reviens. » Al Aâraf – v88

La quatrième empreinte est l’adoration d’Allah :

Et Je n’Ai Créé les djinns et les êtres humains que pour M’adorer. Je ne Veux d’eux nulle subsistance, et Je ne Veux point d’eux qu’ils Me nourrissent. Ad Dàriyàte – v56

Le caractère exclusif du verset « que pour M’adorer » suffit à témoigner que l’adoration d’Allah s’inscrit dans une dimension et un cadre sans limites. Il est impossible de fixer le contenu et les formes de l’adoration d’Allah. Les versets et les Hadiths sont tellement nombreux et les actes humains sont tellement multiples et divers que ni une bibliothèque ni une existence ne pourront énumérer ni les limiter. Les piliers fondamentaux de l’Islam portent l’édifice de l’adoration d’Allah et du service dans sa cause qui va du culte pur et monothéiste, à la libération de l’opprimé, à la civilisation de la terre en passant par la commanderie du bien et le blâme du répréhensible.

La Sourate Al Hajj évoque le pèlerinage, la prière et la zakat sous entendant la Chahada (Attestation de foi) et le Ramadan que le lecteur ajoute de lui-même par pratique du texte coranique et connaissance de la religion.

Le Coran se caractérise par l’ellipse qui donne au lecteur la liberté de construire le sens et qui entraine le lecteur à développer les mécanismes idéiques et imaginatifs pour faire des liens de sens au-delà de l’apparat ou du formalisme littéral car le projet coranique est un grand projet de libération et de civilisation qui repose sur l’homme libéré de l’aliénation, de la médiocrité, du prêt à penser, de l’inertie mentale, politique, sociale ou économique. Tous les énoncés coraniques sont à la fois allégorie, ellipses et mouvement dynamique qui transporte le Croyant dans le monde des idées, des actions positives et constructives sans atteinte à la cohérence, à la globalité et au réalisme à la fois du texte que du territoire dans lequel se meut le Musulman :

Et si Allah ne Faisait réagir les Hommes les uns par les autres, que de cloîtres, d’églises, de synagogues et de mosquées, dans lesquels le nom d’Allah Est beaucoup Invoqué, ne seraient démolis ! Certes, Allah Donnera sûrement victoire à celui qui fait triompher Sa Cause. Certes, Allah Est sûrement Fort, Invincible. Certes, Allah Donnera sûrement victoire à celui qui fait triompher Sa Cause. Certes, Allah Est sûrement Fort, Invincible. Ceux qui, si Nous leur Accordons pouvoir sur terre, accomplissent la Salat, s’acquittent de la Zakat, commandent le bon usage et interdisent le répréhensible. Et c’est à Allah qu’appartient l’issue des choses. Al Hajj – v40

Il n’y a pas de place à l’attente messianique ni au comportement maraboutique ni à l’infantilisme qui conduisent un peuple ou un État, au Nom de la religion, à se désister de ses droits et de ses devoirs alors que leur Dieu leur demande de porter secours aux opprimés, de défendre les valeurs y compris celles des autres et des leurs quand ils sont persécutés ou visés par la prédation colonialiste.

La cinquième empreinte est le témoignage

Il s’agit de faire du territoire un lieu de conjugaison, une grammaire de la civilisation, mettant en harmonie et en interaction de synergie les mentalités collectives, des expériences historiques et des lieux aménagés, urbanisés, mis en valeur pour témoigner de ce qui fait l’Islam parachèvement du monothéisme : l’Honorificat de l’homme, le Khalifat de Dieu sur terre et l’adoration d’Allah, l’Un, l’Unique sans rival ni associé :

C’est Lui [Allah] qui vous A déjà Nommés musulmans, auparavant, et dans ceci [le Coran] : afin que le Messager soit témoin sur vous et que vous soyez témoins sur les Hommes. Al Hajj – v78

Comment témoigner de ce qui fait l’Islam : L’anagogie et l’empathie. L’anagogie est cet élan spirituel vers Dieu avec la conscience de porter l’universel ou d’en être au moins l’écho dans tous les registres ontologiques, sociaux, territoriaux, politiques, économiques et médiatiques. Il ne s’agit pas de se soumettre à l’hégémonie impérialiste ni au despote car l’anagogie est antagoniste avec la culture d’empire et le culte du Taghut ou de Satan qui avilit l’humain, sape la foi, corrompt le territoire de vie et interdit toute expression de témoignage vivant autre que l’apologie stérile et la polémique des hypocrites et des ignorants. L’empathie est cet élan noble et généreux vers l’humanité dans sa pluralité et sa diversité comme élan miséricordieux pour témoigner, dans son cœur, son esprit et son acte de la présence du Miséricordeur Miséricordieux qui a donné existence à ce territoire avec ses ressources, ses hommes, ses bénédictions. C’est aller contre Allah que de faire de ce territoire un lieu de malédiction, un espace de domination de Satan et du Taghut, une corruption généralisée.

Le témoignage n’est pas un luxe ou un privilège pour intellectuel ou écrivain ou concepteur ou hommes politiques mais un devoir pour chaque musulman qui doit participer par ses moyens à produire ce qui donne sens à témoigner, à le diffuser, à le cultiver, à le promouvoir et à le défendre. Le territoire tel que le définit la sourate al Hajj est le lieu de lutte contre l’oppresseur, lieu de prière et lieu de redistribution équitable de la zakat, c’est-à-dire du produit national réalisé par le travail et l’exploitation des ressources. Il n’y a pas de territoire (Makane) si comme le dit le Prophète (saws) il n’y a pas de production de sa nourriture, de son habillement, de ses outillages et de son armement. Il a même précisé qu’il n’y aucun bien à attendre d’un peuple qui se contente de suivre les troupeaux sans but, sans projet de civilisation.

Le musulman ne peut exercer sa vocation et ses missions, dont celle de témoigner, alors que son territoire est profané (najass) par les souillures du colonialisme. Il ne peut y avoir Tamkine sans la consolidation du pouvoir social, politique, économique, urbain, foncier, culturel, industriel, commercial, agraire et intellectuel dans un territoire. Il ne peut y avoir Tamkine si ce pouvoir est entre les mains du colonialisme, des corrompus, des médiocres et des vassaux de l’impérialisme :

Certes, quand les tyrans s’emparent d’une Cité, ils la corrompent et rendent avilis les nobles de ses habitants. C’est ce qu’ils font toujours. An Naml – v34

Après l’indépendance, nous étions dans la possibilité de reconquérir notre territoire dans le sens global et non comme terre ou flotte un drapeau et il est du devoir de chaque musulman de lutter pour une appropriation politique, économique et sociale la plus large de ses ressources nationales pour le profit du peuple et de tous les agents œuvrant dans la transparence, la probité et l’effort méritoire de libérer et de civiliser le territoire :

Et le butin qu’Allah leur A Enlevé pour Son Messager, vous n’avez précipité dessus ni chevaux, ni chameaux, mais Allah Donne pouvoir à Ses Messagers sur qui Il Veut. Allah Est Omnipuissant sur toute chose. Le butin qu’Allah A Enlevé aux gens des Cités, pour Son Messager, revient à la Cause d’Allah, au Messager, aux proches, aux orphelins, aux miséreux, au passager démuni : afin que cela ne circule pas exclusivement parmi les riches d’entre vous. Et ce que le Messager vous a donné, prenez-le, et ce qu’il vous a interdit, abstenez-vous-en, et prenez-garde à Allah, car Allah Punit sévèrement. Et (revient) aux émigrés pauvres, qui furent chassés de leurs demeures et de leurs biens, recherchant une Munificence d’Allah et un agrément, et font triompher la Cause d’Allah et Son Messager. Ceux-là sont les véridiques.

Et (revient) à ceux qui s’installèrent en la demeure et dans la foi, avant eux, qui aiment ceux qui émigrèrent auprès d’eux, et ne trouvent, en leurs cœurs, nulle envie pour ce qu’ils ont reçu, et les préfèrent à eux-mêmes, même s’ils souffrent de pauvreté. Et quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là alors sont ceux qui cultivent. Et (revient) à ceux qui vinrent après eux, qui disent : « Notre Seigneur, Pardonne-nous ainsi que nos frères qui nous devancèrent dans la foi, et ne Laisse pas de rancune dans nos cœurs contre ceux qui sont devenus croyants, notre Seigneur, Tu Es Compatissant, Miséricordieux ». Al Hashr – v 6 à 10

Ces versets ne sont pas abrogés et nous interpellèrent chaque jour eu égard à la corruption des uns et à la paupérisation des autres. Ils nous interpelleront individuellement et collectivement, le Jour où chacun viendra nu rendre des comptes et tout son corps ainsi que son existence viendront comme des témoins contre lui car il n’a pas témoigné dans ce monde et n’a pas fait de son territoire un lieu de témoignage par la dignité, la vertu, la prospérité, la justice, l’équité, le scrupule inspirant aux autres le respect, la considération et non la prédation et l’humiliation.

Le Prophète a laissé un contenu inégalé en termes de justice sociale sur le territoire où vivent les Musulmans en position de pouvoir sur le territoire s’ils ne veulent pas perdre leur territoire et devenir esclaves ou assistés sur leur territoires et sur les territoires des autres :

« Les gens sont associés en quatre : L’eau, le feu, le sel et les pâturages »

Il ne faut pas être un Mufti des monarchies du Golfe ou le grand communicateur d’al Jazeera pour comprendre le terme « butin » des versets d’Al Hachr et les ressources stratégiques ou vitales de la nation dans le hadith. Il n’y a pas de territoire si le Musulman suit sa passion, son opinion ou les inspirations de Satan, des Hommes ou des Djinns au lieu de se conformer à l’esprit de l’islamité qui l’habite sinon à celui de l’humanité qui l’habite.

L’islamité c’est la territorialisation de l’Islam qui sort du cœur pour s’inscrire dans la cité des hommes et le temporel de son existence. La mondialisation et les visées impériales et sionistes rendent les territoires musulmans des proies que les Musulmans eux-mêmes facilitent par l’abandon de leur souveraineté, la médiocrité de leur pensée et l’inertie de leurs moyens politiques, économiques, communicationnels et éducatifs. Nous sommes mis face au devoir d’actualiser notre lecture coranique et de rendre notre lecture du monde réaliste, globale et dynamique pour donner sens et consistance à notre territoire sinon nous le perdrons sous forme de conquêtes coloniales ou de gaspillage de ses ressources naturelles, financières et humaines. Les Musulmans doivent être cohérents avec la réalité du monde, les principes et les méthodologies coraniques puis prendre position sans confusion ni fuite des responsabilités : Résister comme le dit l’énoncé coranique sur le Makane ou désister de leur vocation et de leurs droits territoriaux et ainsi faire des concessions de plus en plus brutales qui vont non seulement toucher leur Makane mais toucher à l’avenir de leurs enfants et à la religion de leurs parents.

Les cinq maitres du Territoire (Makane)

Est-ce qu’après 15 siècles d’islamité nous avons encore besoin de Fatwas pour nous expliquer l’évidence du Coran et les luttes qu’ont mené les Anciens pour briser l’étroitesse du lieu et l’injustice des hommes et les ouvrir à la dignité de l’homme et à la grandeur de l’Islam ? Non ! Nous avons les fondamentaux de l’Islam qui sont des invariants. Avec ces fondamentaux nous devons cultiver notre être ontologique, social et notre territoire en actualisant nos connaissances et en mobilisant nos compétences.

La maitrise du territoire

Quand la Salat est terminée, déployez-vous de par la terre et recherchez de la Munificence d’Allah, et invoquez souvent le Nom d’Allah, afin que vous cultiviez. Al Jumu’a – v10

Nous sommes ordonnés de nous déployer sur notre territoire comme des agents économiques libres et entreprenants recherchant les Bienfaits d’Allah qu’Il a déposé dans les ressources de notre sol, les efforts de nos hommes. Il ne s’agit pas de vivre comme des rentiers, des experts en corruption, des cupides vivant du Riba déguisé en Halal ou en parasite s’enrichissant dans le marché noir et l’économie informelle qu’un système corrompu entretient pour ne pas aborder les questions des libertés et celles de la gestion du territoire et de ses ressources.

C’est en nous déployons sur notre territoire et en comptant sur Allah que nous pouvons alors espérer le Falah. Compter sur Allah ne signifie par être bigot mais agir libéré de la peur du Taghut et de la servitude à ce qui n’est pas Dieu et tout particulièrement à l’État déliquescent et ses maitres sionistes et impérialistes qui l’avilissent et le volent comme l’Idole de la Jahiliya humiliait les idées, confisquait la dignité et poussait à la perversion morale et sociale pour vivre comme des minus habens errant sans but, en marge de l’histoire des hommes.

Le Falah coranique n’est pas le succès mondain ou la réussite sociale éphémère que l’Islam ne prohibe pas si elles sont méritée et licites. Le Falah c’est la culture au sens propre et allégorique : Cultiver son esprit, sa foi, son efficacité sociale, son territoire, sa liberté, sa dignité, sa vertu, sa prospérité économique, son progrès social, son développement scientifique et technologique, les générations montantes, les droits des pauvres, les devoirs des compétents, l’avenir, l’espérance et l’attente de la Promesse divine dans l’au-delà.

Il ne peut y avoir déploiement dans le territoire et culture du territoire et de ses habitants sans l’émergence des maitres de la territorialisation :

La maitrise d’ouvrage

Il y a trois maitres d’ouvrages principaux : l’État, l’agent économique et la société civile qui investissent et s’approprient une œuvre, qui témoignent de leur présentiel temporel et territorial. Il ne peut y avoir maîtrise d’ouvrage sans légitimité. La légitimité se fait par la reconnaissance de l’autorité ou de la propriété qui a le pouvoir et la capacité de faire faire une œuvre, un témoignage, un acte. Quand le citoyen qui donne légitimité est absent ou occulté, il n’y a pas de maitrise d’ouvrage mais népotisme, gaspillage, gabegie, incurie, passe droits, privilèges, non droit et promotion de la médiocrité et de la corruption.

Sans légitimité, sans représentativité et sans droit, le maître d’ouvrage peut imposer sa légalité par le rapport de force, le rapport de corruption et le rapport de clientélisme. Mais il ne peut en aucun cas accomplir ce que ne peut se faire que dans la transparence, le droit et la légitimité. Ainsi :

  • Il va travailler sans contrat et imposer ses conditions sans négocier ni définir le terme du contrat lié à l’œuvre ni ses droits et ses obligations ainsi que ceux de ses partenaires.
  • Il va se démettre de ses obligations contractuelles.
  • Il va agir sans programme, sans calendrier, sans gouvernail, sans cap ni boussole ni consultation avec des partenaires qui ne peuvent exister car lui-même n’existe pas.
  • Il va être incapable de définir les besoins, leur priorité et encore moins les entités exprimant les besoins, ni celles portant les projets de satisfaction de ses besoins. Il va jouir de son pouvoir et de sa propriété illégitime sans partage de jouissance, de droit et d’intérêt avec ceux de l’utilisateur final de l’ouvrage qu’il ne connait pas et ne rencontre pas.
  • Sans légitimité donc sans normes et sans stabilité, il va cultiver la culture d’allégeance au lieu de celle de la maitrise d’ouvrage qui exige de s’entourer des compétences, juridiques, diplomatiques, économiques, politiques et géostratégiques.
  • Il va être dans l’incompétence totale de maitriser ses budgets et ses dépenses ni de les allouer convenablement.
  • Il sera dans l’incapacité morale, technique, administrative d’effectuer les opérations de recettes d’un ouvrage c’est-à-dire le réceptionner dans les délais, les prix et la qualité.
  • Ignorant tout du métier de maitre d’ouvrage, il va manquer à son devoir de garantir ou de se doter de compétences d’expertises, de garanties et de contrôle.
  • N’étant ni autorité ni propriétaire légitime, il sera dans l’incapacité d’assurer l’entretien, la rénovation, la restauration, la modernisation, la réhabilitation, la restructuration de ses ouvrages usés ou obsolètes. Il sera donc sémantiquement incapable de mener des réformes ou de conduire des projets de salut public.

Dans le schéma de représentation coranique il sera dans ces deux images :

Incapable de conduire des réformes :

Il est parmi les Hommes celui dont les paroles dans la vie terrestre te plaisent, qui prend Allah en témoin sur ses bonnes intentions, alors qu’il est le pire des ennemis ; et s’il se détourne, il s’évertue de par la terre pour y corrompre, détruire la récolte et le bétail, mais Allah n’Aime pas la corruption. Et si on lui dit : « Prends garde à Allah », il est pris d’orgueil par sa coulpe. Que la Géhenne lui suffise donc, et quelles piètres couches ! Al Baqara – v204

Les exemples concrets : Les Chantiers de l’Algérie, ses marchés en main, ses clés en mains, ses produits en main, ses chèques aux étrangers qui rédigent les contrats, les feuilles de route. L’Algérien paye et signe et exécute ensuite très mal, même en vendant son pays il le vend mal au point que les acheteurs ne parviennent pas à comprendre comment avec 200 milliards et une manne céleste, les Algériens sont tous des Haragas en puissance.

Ennemi de tout réformateur :

Et Nous avons Envoyé, en fait, aux Thamùd leur frère Salah : « Adorez Allah ». Mais les voilà deux groupes qui se disputent. Il dit : « O mes gens ! Pourquoi vous hâtez-vous dans la mauvaise action avant la bonne action. Que n’implorez-vous Allah de vous Pardonner, puissiez-vous bénéficier de Miséricorde ? » Ils dirent : « Nous t’accusons de mauvais augure, toi et ceux qui sont avec toi ». Il dit : « Votre mauvais augure est auprès d’Allah. Plutôt, vous êtes des gens qui succombent à la tentation ». Et il y avait dans la ville un groupe de neuf qui corrompaient de par la terre et n’amendaient point. Ils dirent : « Jurez par Allah de le tuer la nuit, lui et sa famille, ensuite nous dirons sûrement à son protecteur : “ Nous n’avons point vu le meurtre de sa famille, et nous sommes vraiment véridiques” ». Et ils ont élaboré une redoutable ruse, et Nous Avons Planifié un irrévocable stratagème sans qu’ils ne se rendent compte. An Naml 45 à 50

La maitrise d’usage

L’ouvrage, la réalisation, l’usine, la route, la nouvelle ville et même l’État, au niveau central ou communal, sont en principe destinés à un usage, à un utilisateur. Quand la maîtrise d’ouvrage n’est ni à l’origine de la conception ni en fin de réception l’expression des intérêts ou des besoins de l’utilisateur final de l’ouvrage où va exister la maitrise d’usage. Le maitre d’usage a pour vocation de témoigner son acceptation, manifester ses préoccupations, exprimer ses besoins, participer à la décision qui concerne sa compétence à utiliser.

Dépossédé de sa citoyenneté, il ne va ni participer à la définition de l’ouvrage ni à son utilisation rationnelle. Il va vivre comme un indu occupant sur d’autres espaces et d’autres ouvrages ou comme un vandale détruisant les ouvrages non conformes à ses besoins et pour lesquels ils ne retrouvent ni son âme, ni sa culture, ni son souci, ni son avenir. Il va zapper tout simplement le jour où on le convoque à renouveler son allégeance ou à applaudir pour témoigner devant la caméra de sa satisfaction d’utilisateur sur qui on a commis un déni de droit, un dol commercial, un fardage marketing, une imposture politique.

Le système de reconnaissance qui fonde la légitimité et qui donne à l’un le titre de maitre d’ouvrage et à l’autre le titre de maitre d’usage quand il est obsolète ou inexistant, l’usager n’est pas maitre d’usage mais esclave ou aliéné ou dépossédé de son droit de maitrise par la dépossession de son droit d’expression, de ses libertés, de ses dignités… La maitrise d’usage est indissociable de l’exercice de l’usager, associé à la décision de la maitrise d’œuvre en exerçant lui-même la souveraineté nationale par l’exercice responsable de la politique, de l’économique, de la culture, de l’information, du contrôle des ressources nationales. Tant que le citoyen n’est restitué dans ses droits et ses devoirs, il n’y aura pas de maitrise d’usage ni de maitrise d’ouvrage mais des antagonismes, des révoltes, des émeutes, de la corruption, de la résistance passive où chacun fait semblant d’être maitre de son territoire et pendant ce temps les conquérants prédateurs préparent tout le monde à entrer dans la préhistoire ou à devenir exilé dans son territoire où la seule culture est celle de la « préférence étrangère ».

Dépossédé de sa mémoire collective, de son histoire, de sa religion, instrumentalisées pour donner légitimité à une maitrise d’ouvrage illégitime, l’Algérien va non seulement ne pas exercer son droit et son devoir de maitre d’usage mais il va, par un processus psycho social, se retourner contre son histoire, son identité, son appartenance civilisationnelle et la compréhension saine de sa religion. Il va fuir dans le sensationnel, l’explication eschatologique de l’histoire, l’inertie des bigots et le mysticisme du néant que les successeurs interminables depuis Abou Faracha jusqu’à Sidi Abdelakader Boutef ont cultivés depuis 1992 pour fabriquer la machine à abrutir, à berner et à leurrer, faisant plus de dégâts que les éradicateurs ou les escadrons de la mort. En effet, le mort est auprès du Miséricordeur implorant Sa Miséricorde mais le vivant gangréné par la mythologie et le délire est un agent mortifère, un assassin de la personnalité, un négateur du territoire, et un ignorant en terme de maitrise d’ouvrage ou d’usage car il vit dans un monde d’illusionnistes sans responsabilité ni ouvrage ni utilisateur.

Le peuple ne peut indéfiniment voir son territoire confisqué et son devoir de maitrise d’usage nié. Il va irrévocablement trouver une solution pacifique ou violente mais il ne peut rester dans cette situation d’inertie qui le place ainsi que nous tous dans la situation de défaillants :

Certes, ceux qui se font injustice à eux-mêmes, les Anges leur disent en les rappelant : « Où en étiez-vous ! ». Ils dirent : « Nous étions des opprimés de par la terre ». Ils disent : « La terre d’Allah n’était-elle pas vaste pour que vous y émigriez ? ». Ceux-là alors leur refuge sera la Géhenne, vil destin ! Sauf les opprimés de parmi les hommes, les femmes et les enfants à court de moyens, et qui ne trouvent pas de voie. An Nissa – v97

Chacun de nous doit transcender ses peurs, son insouciance et ses divergences doctrinales ou politiques et prendre par la main, tôt et par nous-mêmes, le changement qui tarde à venir. Le Prophète (saws) nous a laissé face à nos responsabilités « L’image de celui qui ne reconnaît pas les interdits de Dieu et cherche à les abolir et l’image de celui qui les transgresse est celle d’un groupe de gens qui ont tiré au sort pour donner à chacun d’eux sa place dans un bateau. A certains revint le pont et à d’autres la cale. Ceux qui logeaient dans la cale étaient obligés de passer par le pont pour puiser l’eau (de la rivière). Ils dirent : « Si nous faisions un trou dans la partie qui nous revient, nous cesserons de déranger ceux qui sont au dessus de nous ». S’ils les laissaient réaliser ce désir, c’est leur perte à tous ; et s’ils les en empêchent, c’est leur salut à eux et à tous ».

Il s’agit de se prendre en charge avec responsabilité et ne pas faire l’erreur libyenne de s’engager sous un étendard de confusion qui fait triompher les causes des autres au détriment de nos intérêts stratégiques et de nos valeurs religieuses. Si nous manquons de lucidité et si nous tolérons de confier notre destin à d’autres, nous aurions trahi Allah et Son Prophète. Si nous devons faire tomber les criminels, nous le ferons mais avec nos moyens et pour nos intérêts.

Ce serait dramatique que nous versions notre sang, notre sueur et nos larmes pour d’autres tyrans, d’autres vassaux ou pour leurs maitres qui vont une fois de plus mal exercer la maitrise d’ouvrage et nous interdire d’exercer notre maitrise d’usage en faisant de notre territoire une vitrine de ce qu’on appelle le modernisme et qui peut fasciner à première vue. L’Algérie et les Algériens méritent mieux, par leur révolution et par leur jeunesse, que des villes spectacles de type Dubaï ou Las Vegas : Ils méritent de prendre en main leur territoire par eux-mêmes. A cet effet ils doivent être vigilants contre les chants de sirène de l’impérialisme et de ses marabouts, les mêmes qui ont servi le colonialisme français et qui sont prêts à servir n’importe quel maître pourvu qu’ils aient pitance de chien et comportement de pervers sous un habillage de dévots :

Et craignez une sédition qui n’atteindrait pas particulièrement ceux qui ont été injustes d’entre vous. Sachez qu’Allah Punit sévèrement. Et rappelez-vous lorsque vous étiez peu nombreux, opprimés de par la terre, redoutant que les Hommes ne vous arrachent, alors Il vous A Abrités, vous A Soutenus de Sa victoire et vous A Octroyé de bonnes subsistances, pour que vous deveniez reconnaissants. O vous qui êtes devenus croyants, ne trahissez point Allah et le Messager et ne trahissez pas ce qu’on vous a confié, tout en le sachant. Al Anfal – v24 à 27

La maitrise d’œuvre

Quand le maitre d’ouvrage est défaillent, absent ou illégitime et quand en face le maitre d’usage est occulté dans son existence et dans l’exercice de ses droits peut-on parler d’un maitre d’œuvre qui agit à la fois selon le cahier de charges fixé par le maitre d’ouvrage et les besoins du maitre d’usage dont il est logiquement chargé de concevoir, de planifier, de superviser la réalisation des ouvrages ? Non ! Sans une passerelle de concertation et de consultation entre la maitrise d’ouvrage, la maitrise d’œuvre et la maitrise d’usage, nous ne sommes pas en gestion de projet mais en administration de dossiers qui finissent par des appels d’offres à l’Étranger qui impose ses choix et ses prix.

Dans un système clientéliste et fondé sur l’illusion du paraitre, l’intelligence est cooptation et non compétence. Impossible dans ces conditions de créer ou de gérer un ouvrage national, une industrie nationale, une agriculture de subsistance, des logements conformes à notre éthique et à nos traditions. Il n’y a pas de bureau d’études car toutes les conditions en amont (l’éducation, l’enseignement, les finances et la justice) et les conditions en aval (les crises de confiance dans les marchés, les métiers, les usagers et les utilisateurs) sont rédhibitoires. Les compétences ont fuit et celles qui restent sont mise en concurrence dans un échange inégal et immoral : La corruption intérieure et la préférence à l’étranger.

Tous ces éléments font que la maitrise d’ouvrage est en déliquescence comme les magiciens de Pharaon avec l’esprit mercantile et la posture de courtisan devant un système de corruption :

Les magiciens vinrent à Pharaon. Ils dirent : « Aurons-Nous sûrement une rémunération si nous sommes, nous, les gagnants ? » Il dit : « Oui, et vous serez du nombre des rapprochés. » Al A’âraf – v114

Le maitre d’œuvre est une déontologie envers le maitre d’usage et le maitre d’ouvrage, des règles de l’art qui exigent d’être au fait des derniers savoirs et des derniers savoirs faire, mais aussi un talent de créativité. Il est impossible par l’expérience historique du colonialisme ou du despotisme de voir cohabiter l’oppression avec la créativité. La créativité repose sur une imagination sans limite et un stock d’images mentales belles et nouvelles. Un système médiocre et laid ne peut donner naissance à de l’intelligence vive qui produit des belles idées, de beaux comportements, de beaux projets, de beaux ouvrages. Il faut vivre dans un environnement qui produit de la beauté ou de la douleur qui attend l’espérance venant du ciel pour s’inscrire dans la Transcendance et devenir créatif, imaginatif, noble et généreux. Il faut aimer son territoire et ses habitants pour que l’amour se transforme en idées belles et que la production du beau devienne aimable à un maitre d’ouvrage légitime et à un maitre d’usage reconnaissant et participatif.

La vision bureaucratique conjuguée au schéma courtisan et corrupteur du maitre d’ouvrage et au laisser-aller et au laisser-faire du maitre d’usage ne produisent pas une logique de conception et de créativité mais une logique d’appareil et d’organes administratifs statiques. La conception et l’ingénierie sont des process, des schémas à la fois globaux, abstraits et dynamiques tout en collant à la réalité du territoire et tout en exigeant la mise en réseau de processus agissant en synergie entre eux et en symbiose avec l’environnement. Où est la liberté et la reconnaissance qui donnent talent et légitimité à l’acte créatif ?

Dans l’acte créatif il y a la compétence symbolique de tisser du lien social, historique et civilisationnel dans un territoire pour le rendre mieux vivable, plus facile à cultiver dans le sens de Falah. Cette compétence ne peut s’exprimer dans ce qui fait l’homme, la compétence de nommer dans une langue et non dans un dialecte. Cette compétence ne peut s’exprimer sans le cadre imaginatif qui s’appuie sur la mémoire collective, les liaisons culturelles et socio-historiques et tout ce qui participe à la grammaire de la civilisation et à la conjugaison des compétences. La compétence ne peut s’exprimer sans le respect de cette loi universelle qui donne à chacun le droit de quêter dignement la considération et attendre la récompense méritée de son travail :

Dis : « Agissez, Allah Verra sûrement votre œuvre, ainsi que Son Messager et les croyants. At Tawbah – v105

A chacun, des degrés de ce qu’ils ont fait. Ton Seigneur n’Est point Inattentif à ce qu’ils font. Al An’âme – v132

Ces deux versets non seulement autorisent et recommandent l’instauration d’un système légitime de reconnaissance et de sanctions ou de récompenses mais rappellent la conscience et les scrupules qui doivent guider toute idée et tout projet car Allah est le Regard attentif et vigilant que ne surprend ni somnolence ni distraction ni dissipation. Ce regard est aussi celui de la conscience sociale et politique des citoyens qui sanctionnent par la reconnaissance de l’œuvre et de son maitre d’œuvre, faudrait-il encore que le citoyen existe par son exercice politique et économique qui peut faire ou défaire une renommée, un prestige, une fortune. Faudrait-il que ce citoyen existe par son sens esthétique qui suppose un système éducatif performant, un référentiel de valeurs identifié par tous comme étant la norme, et un sens du témoignage en agissant dans la mise en valeur et la protection de ce territoire qui est la cadre d’expansion du talent et des intelligences destinés à le façonner, à la reconfigurer selon l’harmonie et la concorde.

Si le système ne permet que l’émergence des courtisans, des corrompus sans désir de s’inscrire comme des témoins mais aussi comme des actants éducateurs, libérateurs et civilisateurs au service du territoire et de ses habitants alors ce sont les arrogants qui s’installent et instaurent leur valeurs d’opportunistes et de courtisans qui donne pérennité à la médiocrité et la déliquescence du territoire dans sa formulation de maitre d’ouvrage, de maitre d’usage et de maitre d’œuvre :

… ceux dont l’œuvre s’est fourvoyée dans la vie terrestre, et eux pensent qu’ils font le meilleur. Al Kahf – v104

La maitrise d’exécution

Avec un système où les maitres d’ouvrage, d’usage et d’œuvre sont sans prérogatives et sans implication dans le territoire avec des vocations et des exercices responsables de leurs droits et de leurs devoirs dans des espaces contractuels, il ne peut y avoir de maitres d’exécution au sens de respect des règles de l’art, de la déontologie. Il ne peut y avoir que corruption, cupidité, fraudes, bricolage et comme toujours le recours à l’Étranger ou à des chantiers titanesques confiés à des minables qui au nom de la maitrise d’exécution font de l’import et de la revente sur le marché parallèle. Les plus honnêtes sont en situation de faillite ou de reconversion en épiciers.

La maitrise d’expertise, de contrôle, de normalisation et de certification.

Cette méta-maitrise qui peut se trouver sous la forme d’un conseil constitutionnel ou sous la forme d’un contrôle technique de la construction ou d’un expert comptable ou d’un notaire n’est pas viable quand les quatre maitrises qui la sous tendent sont absentes pour lui donner légitimité et surtout la compétence d’être et de faire en matière d’arbitrage, d’homologation, de validation, tant dans l’ouvrage que dans les agents y intervenant. Cette compétence est complexe et sensible car elle est le fruit de l’accumulation des savoirs et des savoirs-faires tant dans chacune des maitrises que dans les rapports qu’entretiennent les différents maitres d’ouvrage, d’œuvre, d’usage et d’exécution.

Un système bureaucratique ou un esprit naïf pourrait se contenter du trompe-l’œil du diplôme – nécessaire mais insuffisant-. Il s’agit de trois compétences qui vont se sédimenter dans le temps et dans le territoire pour témoigner de la méta-compétence. La compétence théorique des savoirs, ; la compétence praticienne des savoirs faire ; et la compétence organisationnelle, communicationnelle et informationnelle des liens institutionnels, des exercices de pouvoir et d’autorité entre les quatre maitrises de compétences qui se déploient dans le territoire sous la supervision et le contrôle formel et parfois informel de la maitrise d’expertise, de contrôle, de normalisation et de certification.

Cette méta-maitrise touche l’ensemble des registres y compris le registre religieux. Il est inadmissible que les Musulmans disposant d’une religion aussi vraie, organisée, rationnelle et saine comme l’Islam puisse tolérer que n’importe qui lance des Fatwas sans consultation ni concertation ni représentativité tant de ses pairs que de la communauté de croyants. Cela n’est possible que si les croyants s’approprient leur religion et la connaissent davantage pour promouvoir une élite religieuse issue d’eux, ayant leurs soucis, portant en leur nom et exprimant leurs intérêts.

Quand le territoire est configuré par ces cinq compétences, quand l’habitant du territoire porte la vocation du Khalifat et de l’Honorificat, alors la communauté de musulmans citoyens peut disposer d’une vision géostratégique, d’une compétence d’anticipation et d’une gouvernance sensée.

« Si les affaires ne sont pas confiées à leurs ayants droits alors qu’ils attendent l’Heure (la fin de leur existence, de leur territoire, de leur civilisation, de leur monde) » Hadith

Mais si nous parvenons à conjuguer avec intelligence et efficacité les cinq pilliers de l’Islam et les cinq maitres de l’aménagement du Territoire et de l’Etat (Tamkine) nous seront non seulement sauvés mais nous aurions gagné les deux mondes.

L’appropriation du Territoire et l’exercice des 5 maitrises

Si nous reprenons l’énoncé de base nous voyons au moins 5 axes de travail collectif :

Et si Allah ne Faisait réagir les Hommes les uns par les autres, que de cloîtres, d’églises, de synagogues et de mosquées, dans lesquels le nom d’Allah Est beaucoup Invoqué, ne seraient démolis ! Certes, Allah Donnera sûrement victoire à celui qui fait triompher Sa Cause. Certes, Allah Est sûrement Fort, Invincible. Certes, Allah Donnera sûrement victoire à celui qui fait triompher Sa Cause. Certes, Allah Est sûrement Fort, Invincible. Ceux qui, si Nous leur Accordons pouvoir sur terre, accomplissent la Salat, s’acquittent de la Zakat, commandent le bon usage et interdisent le répréhensible. Et c’est à Allah qu’appartient l’issue des choses. Al Hajj – v40

Le premier axe est la résistance

La résistance par la Sunna du Dafa’â « faire réagir les Hommes les uns par les autres » comme le spécifie le verset coranique du Tamkine et l’allusion à la Salat qui exige l’endurance et l’alliance des Musulmans et non leur subordination aux intérêts des corrompus, des colonisateurs

O vous qui êtes devenus croyants, ayez recours à la persévérance et à la prière. Certes, Allah est avec les persévérants. Al Baqara – v153

 

Le second axe est la culture de la vertu et de la dignité

La Salat et la Zakat ne sont pas des formalités de bigots mais occupation du territorial selon des normes éthiques et des programmes cohérents et efficaces pour instaurer la justice sociale sans laquelle la dignité n’a pas de sens et la fraternité islamique reste juste un slogan.

La bonne foi ne consiste pas à tourner vos visages vers le levant et le ponant. Mais la bonne foi désigne: celui qui croit en Allah, au Jour Dernier, aux Anges, au Livre et aux Prophètes; et qui donne de son bien – malgré l’amour qu’il lui porte – à ceux qui sont proches, aux orphelins, aux miséreux, au passager démuni, aux nécessiteux et pour l’affranchissement des captifs; qui accomplit la prière, s’acquitte de la Zakat; et ceux qui tiennent parole s’ils promettent ; et les persévérants lors du malheur et de l’adversité, et au moment du mal de la guerre. Ceux-là sont ceux qui ont été véridiques et ceux-là sont les pieux. Al Baqara – v177

Le troisième axe est l’unité

C’est un devoir de faire converger toutes les forces vives et saines sous un programme unificateur, fédérateur qui place le curseur du clivage idéologique sur les exigences qu’imposent le temps, le lieu et les circonstances, sans confusion ni fausse divergence. Dans les moments difficiles, les hommes sincères doivent mettre l’esprit partisan et les lignes idéologiques de divergences de côté et trouver un dénominateur commun pour défendre leur territoire ou l’aménager ou mettre en vie les maitrises de son aménagement :

Les croyants et les croyantes sont protecteurs les uns des autres. Ils commandent le convenable et interdisent le répréhensible, accomplissent la prière, s’acquittent de la Zakat, obéissent à Allah et à Son Messager. Ceux-là, Allah leur Fera Miséricorde. Certes, Allah Est Invincible, Sage. At Tawbah – v71

Et ne soyez pas comme ceux qui se désunirent et divergèrent à partir du moment que leur vinrent les évidences. Ceux-là auront un immense châtiment. Al Maidah – v105

Le quatrième axe est l’exercice économique

Tous les versets que nous venons de citer s’articulent autour de la Salat et de la Zakat. La Zakat est bien entendu le droit du pauvre, du nécessiteux et du besogneux, du privé de liberté, du failli, du voyageur, du fonctionnaire participant à sa collecte et à sa redistribution. Il ne s’agit pas de la charité chrétienne mais d’une incitation à produire la richesse et à la redistribuer équitablement pour assurer sur des bases socio-économique la justice, l’égalité, la dignité, la liberté et la mise en dynamique de l’ensemble de la société. Cette position qui consiste à supporter un régime despotique ou à tolérer la présence étrangère tout en apportant des aides alimentaires ou à distribuer la Zakat des nantis, des rentiers, des corrompus et de ceux qui ont spolié et confisqué les richesses nationales est une attitude maladive, une posture hypocrite. L’Islam n’a pas institué la Zakat pour rendre la pauvreté une et le chômage fatalité.

Ceux qui dépensent leurs biens pour la cause d’Allah, puis ne font pas suivre ce qu’ils dépensèrent de vantardise, ni de nuisance, auront leur rémunération auprès de leur Seigneur. Nulle crainte pour eux et ils ne seront point affligés. Un dire convenable et un pardon sont meilleurs qu’une aumône suivie de nuisance. Allah s’en Passe, Il Est Longanime. O vous qui êtes devenus croyants, n’annihilez pas vos aumônes par la vantardise et la nuisance, comme celui qui dépense son bien par ostentation devant les Hommes, et qui ne croit ni en Allah ni au Jour Dernier. Son exemple est comme l’exemple d’un rocher couvert de poussière, qu’une averse frappa et laissa tout aride. Ils n’ont aucune prise sur ce qu’ils ont acquis, et Allah ne Guide point les gens mécréants. L’exemple de ceux qui dépensent leurs biens désirant l’agrément d’Allah et l’affermissement de leurs âmes est comme l’exemple d’un jardin sur une colline : l’averse l’atteint-il, sa production est deux fois plus grande. Et s’il n’est pas atteint par l’averse, il le sera par la bruine. Allah est Omnivoyant ce que vous faites. Al Baqara – v261 à 264

L’exercice libre et souverain du peuple suppose donc l’appropriation, l’usage et la jouissance des ressources du Territoire ainsi que la mise à sa disponibilité de toutes les facilitations juridiques, commerciales, économiques, institutionnelles, organisationnelles, technologiques et financières. Ce sont ces garanties de l’exercice économique du peuple sur son territoire qui vont assurer l’indépendance nationale et de la promotion d’un peuple qui dispose entre ses mains des facteurs de la dignité et des moyens du témoignage.

L’exercice économique orienté vers le monopole des privilégiés est banni dans l’Islam :

…afin que cela ne circule pas exclusivement parmi les riches d’entre vous Al Hashr – v7

La nature et le mode d’exercice de l’exercice économique façonne un territoire et ses mentalités collectives. S’il est exercé par les oligarques et l’économie informelle excluant le peuple de son territoire et le privant de la satisfaction de ses besoins primaires nous avons le schéma actuel de l’Algérie :

… quand le mal le touche, il est affolé, et quand le bien le touche, il devient avare Al Ma’àrij – v21

Quand le peuple est souverain sur son territoire avec une conscience morale, sociale et religieuse il devient mohammadien au sens où l’économique est au service de sa prospérité sociale mais aussi de sa résistance contre l’oppression. La conscience économique d’un peuple résistant est dans la culture du don car l’offre de surplus économique est préférable à l’assistanat et à la mendicité que donne la rente ou l’aide étrangère. Cette conscience sociale ne cherche pas à acquérir mais à donner au point que le Coran les a immortalisés comme modèle de comportement lorsque l’adversité n’est pas en leur faveur pour qu’il puisse donner car ils considèrent que le don est un devoir alors les autres considèrent que prendre indument est un droit :

Nulle faute n’incombe aux faibles, ni aux malades ni à ceux qui ne trouvent de quoi dépenser, s’ils donnent conseils pour l’amour d’Allah et de Son Messager. Aucun blâme n’incombe à ceux qui font le meilleur. Allah Est Pardonneur, Miséricordieux. Ni pour ceux qui, quand ils vinrent te demander montures, tu dis : « Je n’ai de montures à vous donner », et ils s’écartèrent les yeux débordants de larmes, par affliction, de n’avoir pas de quoi dépenser. Le blâme n’incombe qu’à ceux qui te demandèrent dispense alors qu’ils sont riches. Ils se contentèrent d’être avec les défaillants et Allah A Scellé leurs cœurs, c’est pourquoi ils ne savent point. At Tawbah – v91

Il ne peut y avoir humanité ni islamité ni algérianité si les ressources stratégiques sont dilapidées ou confiées en concessions coloniales aux Etrangers pour ne rien laisser aux générations futures. Il ne peut y avoir de légitimité quand une gouvernance thésaurise le capital de la nation sous forme occulte sans garantie de retour. Allah a exigé que la ressource stratégique soit gérée dans un esprit de coopération intergénérationnelle au moment où Madinah se constituait comme Etat embryonnaire mais souverain. Il a ordonné de faire du premier revenu (Al Anfal) pris à l’ennemi mis en déroute à Badr une leçon pour toutes les générations de Musulmans qui se suivent, l’une léguant à l’autre le capital de ses efforts :

Et (revient) à ceux qui vinrent après eux, qui disent : « Notre Seigneur, Pardonne-nous ainsi que nos frères qui nous devancèrent dans la foi, et ne Laisse pas de rancune dans nos cœurs contre ceux qui sont devenus croyants, notre Seigneur, Tu Es Compatissant, Miséricordieux ». Al Anfal – v10

L’Algérien est mis face à des solutions « séduisantes » de crédit et de banques « islamiques » pour développer le consumérisme capitaliste sur la base du crédit et du fétichisme des choses au détriment de la dignité humaine, du travail, de l’investissement productif et de l’efficacité sociale. Ce n’est qu’en reprenenant en main l’exercice de l’économique qu’il peut refonder le système de production des richesses, de leur échange et de leur consommation. Notre Prophète (saws) en arrivant à Médine avait face à lui les puissances impériales qui l’encerclaient mais aucune possibilité de developpement et de liberté : Les finances, le foncier, le marché, l’industrie, l’armement, l’immobilier n’étaient pas aux mains des Musulmans qui venaient de plus en nombreux de la Mecque sans bien, sans métier et sans toit. Les acte symboliques après la construction de la mosquée et de l’asile pour les pauvres sont : La construction des écoles, le démantèlement de tous les monopoles, l’ouverture de grands chantiers à Médine conduits par des Musulmans. Il a transformé l’opprimé en civilisateur libérateur. De tout ses gestes sublimes, l’histoire retient celui où il s’inclina et embrassa la main calleuse d’un travailleur agraire : L’Islam honore le travail. Ce ne sont pas les fausses banques islamiques qui recyclent les pétrodollars dont a besoin l’Algérie mais des agences d’investissements s’appuyant sur une modernisation des finances et de l’économie libérées du Riba et des pratiques ribawi contre lesquels Allah a déclaré la guerre.

Le cinquième axe est l’exercice politique :

Si l’économique est l’enjeu réel, le politique compris comme œuvrer pour l’intérêt public est le plus déterminant car il va organiser les pouvoirs sinon mener la lutte pour que la résistance contre la dictature politique, économique et étrangère soit mobilisée et efficace. Nous voyons par exemple sur le plan économique comment le Coran a placé le politique pour que l’économique ne soit pas confisqué par les nantis et les opulents :

…afin que cela ne circule pas exclusivement parmi les riches d’entre vous Al Hashr – v7

Et si Nous Voulons Faire périr une Cité, Nous accordons le pouvoir à ses opulents : ils s’y livrent à la perversité. Alors le châtiment lui incombe. Al Isra – v16

Sans exercice politique, le peuple ne peut donc s’approprier son territoire ni participer en tant que maitre d’usage et encore moins fournir des élus et des compétences pour conduire la maitrise d’ouvrage, la maitrise d’œuvre, la maitrise d’exécution et la maitrise d’expertise. Il restera juridiquement, économiquement et politiquement un incapable, un marginal. Comme les versets le montre, la lutte politique va arracher la confiscation des richesses par les parasites et les opulents et moraliser la vie sociale, politique, culturelle, communicationnelle, informationnelle, médiatique, commerciale et institutionnelle. La moralisation n’est pas un discours bigot moralisateur mais des praxis politiques, sociales et économiques où le peuple exerce sa souveraineté par la participation, par le contrôle et par sa reconnaissance qui donne légitimité ou rend illégitime un pouvoir, une propriété. C’est par l’exercice politique que le peuple va former sa conscience sociale et politique qui fera de lui le regard qui approuve ou désapprouve, encourage ou interdit telle pratique et tel comportement selon la conformité ou non à ses valeurs, à ses coutumes, à ses lois…

Revenons au verset sur lequel nous avons construit notre exposé sur les cinq maitres, les cinq piliers, les cinq exercices de souveraineté et d’aménagement sur le Territoire (Makane) sur lesquels se fondent la planification et la programmation urbaine, industrielle, agricole, technologique et scientifique :

Ceux qui, si Nous leur Accordons pouvoir sur terre, accomplissent la Salat, s’acquittent de la Zakat, commandent le bon usage et interdisent le répréhensible. Et c’est à Allah qu’appartient l’issue des choses. Al Hajj – v40

Ce verset, qui définit la vocation du Musulman sur son territoire, a présenté, évoqué la Salat car elle est la quintessence de l’Islam, la moralisation ontologique et sociale qui garantit la vertu et l’exigence de respecter les dignités, ainsi que le caractère institutionnel de l’exercice de la politique comme le précise les versets suivants :

Et ce qui est auprès d’Allah est meilleur et plus permanent, pour ceux qui sont devenus croyants et se fient à leur Seigneur, et ceux qui évitent les plus graves des péchés et les paillardises, et qui, s’ils se mettent en colère, Pardonnent. Et ceux qui ont répondu (favorablement) à leur Seigneur, qui ont accompli la prière, et dont leur affaire est une consultation entre eux, et qui dépensent de ce que Nous leur Octroyâmes, et ceux qui, s’ils sont frappés de tyrannie, triomphent. La punition d’un mal est un mal pareil. Quiconque pardonne et s’amende, sa rémunération incombe alors à Allah. Il n’Aime pas les injustes.

Et quiconque triomphe après avoir subi une injustice : Ceux-là alors ne leur incombe aucune responsabilité. Mais la responsabilité incombe à ceux qui sont injustes envers les gens, et qui tyrannisent de par la terre sans juste cause. Ceux-là auront un douloureux châtiment. Et quiconque persévère et Pardonne : Cela est vraiment de la haute détermination. As Choura – v36 à 43

Ces versets bien entendu renforcent le premier axe, celui de la résistance, en rendant obligation de triompher de l’injustice, de l’oppression sans outrepasser les limites morales ni transgresser les prescriptions divines ni demeurer dans un état de guerre à l’infini. Le Fiqh islamique est très éloquent et très détaillé même si nous voyons ces derniers temps des savants, des gourous se réclamant de l’Islam passer outre et imposer leurs opinions, leur esprit de revanche et l’agenda de l’OTAN, des États-Unis, de la France et de l’entité sioniste avant les intérêts de leurs peuples et les règles islamiques.

Ces versets instituent d’une manière formelle l’exercice politique du peuple avec cette remarquable conjugaison du spirituel, du politique et de l’économique « qui ont accompli la prière, et dont leur affaire est une consultation entre eux, et qui dépensent de ce que Nous leur Octroyâmes ». Cette règle est renforcée par l’injonction faite au Prophète qui est notre modèle de référence :

C’est grâce à la Miséricorde d’Allah que tu es doux envers eux. Si tu étais brutal, rude de cœur, ils se seraient détachés de toi. Soit donc magnanime envers eux, implore pour eux le Pardon, et consulte-les dans la prise de décision. Et si tu prends ta décision, alors fie-toi à Allah. Certes, Allah Aime ceux qui se fient à Lui. Al ‘Imrane – v159

Tous ces versets traitent de la constance sur la méthodologie islamique qui a institué l’exercice politique en libérant l’homme du culte du Taghut et en refusant les cultures d’empires des Perses et des Byzantins ou le système des castes de l’Inde ou de la Chine ou le système des hiérarchies religieuses des Juifs et des Chrétiens. L’exercice politique est un devoir car c’est par lui que se fait le Tamkine de la Oumma (la territorialisation).

Il ne s’agit pas ici de débattre des controverses théoriques et méthodologiques ou doctrinales sur le vote, sur les institutions ou sur le rapport entre Choura et démocratie. Au-delà des mots, ce qui nous intéresse ici c’est l’affirmation de l’exercice libre et populaire de la politique pour garantir la souveraineté du peuple contre le monopole, les oligarchies, les polyarchies, les monarchies, les autocraties et l’anarchie. Ce qui nous intéresse est de donner un contenu et une finalité à l’exercice politique et aux institutions à travers lesquelles s’exerce la politique. Il ne s’agit pas d’imiter l’Orient ou l’Occident mais d’être capable de produire une pensée politique autonome et féconde pour imaginer un système inédit ou plus adapté à nos réalités sociales, culturelles, historiques, religieuses et territoriales dans la concertation responsable et transparente. Ce serait un faux débat que de mettre la souveraineté du peuple comme antinomique avec la Souveraineté d’Allah, de le rendre comparables ou de les confondre.

La priorité est de rendre l’exercice politique un acte populaire libéré des forces de l’argent, des appareils bureaucratiques et sécuritaire et à l’abri des manipulations médiatiques. C’est à ces conditions que le politique (l’homme) et la politique (la mise du territoire au service du Musulman et de ses dignités) prennent leur sens dans nos valeurs, dans notre histoire et dans l’avenir des générations montantes. Tout faux clivages, en ces moments, est de la diversion idéologique, de la subversion étrangère, de la confusion.

La maitrise du territoire et le pouvoir politique despotique

Il serait faux de croire que le soulèvement armé,  la désobéissance civlile ou  la compétition politique à travers des partis politiques est la garantie dans un pays musulman d’emergence et d’exercice des cinq maitres du territoires et des cinq maitrises du territoires qui édifient la prospérité et la souveraineté du peuple sur son destin et ses ressources. Tout ce qui provoque la sédition et l’atteinte à la vie humaine est facteur de regréssion et de perdition. Même si le pouvoir en place est despote, corrompu et injuste il suffit de respecter les lois coraniques pour que Allah transforme la peur en quiétude,  la faim en abondance de bien, l’injustice en justice, l’oppression en liberté. La réforme politique, économique et religieuse n’est pas l’oeuvre des partis politiques ni l’imposition par la force mais le résultat de l’effort des réformateurs qui agissent au sein de la société et des rouages de l’Etat, de l’administration et des centres de décision ou d’éxécution des maitrises d’ouvrage, d’oeuvre, de certification,  d’exécution et d’usage dans tous les domaines. Nous avons cité l’exemple des réformateurs comme Salah et Cho’aïb face à à la corruption des valeurs mais aussi face à la force maléfique des corrupteurs qui sèment lme désordre et la terreur. C’est l’acte réformateur accompli par des réformateurs agrées par Allah qui apporte le développement,  la propspérité du territoire et la souverainté d’un peuple sur son territoire. Ces réformateurs vont impulser une dynamique de réformes qui va se généraliser et s’accélérer dans l’Etat, les administrations, les institutions, l’économie et la société. Lorsque Allah agréé ces Réformateurs il leur donne promotion pour conduire les réformes ou Il leur donne le pouvoir sinon il chatie le peuple et ses gouvernants qui ne veulement pas suivre les réformateurs qu’Il a agréé. Ces réformateurs n’ont aucune visée mondaine ni politique, leur dessein est de servir Allah et la communauté de musulmans. Tout musulman qui sape l’unité des musulmans ne peut être réformateur. Tout musulman qui agit pour briguer un poste ou une parcelle du pouvoir n’est pas réformateur car il va à l’encontre de la volonté d’Allah qui choisit ceux qui luttent sincèrement dans sa voie et pour sa cause. Ceux-là sont préoccupés par l’obeissance à Allah (swt)  et à Son Prophète (saws) :

وَعَدَ اللَّهُ الَّذِينَ آمَنُوا مِنْكُمْ وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ لَيَسْتَخْلِفَنَّهُم فِي الأَرْضِ كَمَا اسْتَخْلَفَ الَّذِينَ مِنْ قَبْلِهِمْ وَلَيُمَكِّنَنَّ لَهُمْ دِينَهُمُ الَّذِي ارْتَضَى لَهُمْ وَلَيُبَدِّلَنَّهُمْ مِنْ بَعْدِ خَوْفِهِمْ أَمْنًا يَعْبُدُونَنِي لا يُشْرِكُونَ بِي شَيْئًا وَمَنْ كَفَرَ بَعْدَ ذَلِكَ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الْفَاسِقُونَ

{Dis : « Obéissez à Allah et obéissez au Messager ». Si alors ils se détournent, il ne lui incombe que ce dont il fut chargé, et il ne vous incombe que ce dont on vous a chargés. Et si vous lui obéissez vous serez guidés, et il n’incombe au Messager que la transmission évidente. Allah promet à ceux qui sont devenus  croyants d’entre vous, et ont fait les œuvres méritoires de faire d’eux, véritablement, les successeurs sur la terre, comme Il a fait de ceux qui furent avant eux, des successeurs, et d’accorder plein pouvoir à leur religion, qu’Il a agréée pour eux, et qu’après leur inquiétude, Il la leur changera en sécurité. Ils M’adorent et ne M’associent  absolument rien. Et quiconque renie après cela, alors ceux-ci sont les pervertis.  Alors accomplissez la Salàt, et acquittez-vous de la Zakàt, et obéissez au Messager, ainsi il  vous sera  fait miséricorde.} An Nour 52 à 56

الَّذِينَ إِنْ مَكَّنَّاهُمْ فِي الْأَرْضِ أَقَامُوا الصَّلَاةَ وَآتَوُا الزَّكَاةَ وَأَمَرُوا بِالْمَعْرُوفِ وَنَهَوْا عَنِ الْمُنْكَرِ وَلِلَّهِ عَاقِبَةُ الْأُمُورِ

{Ceux qui, lorsque Nous leur accordons autorité sur un territoire, accomplissent la Salàt, s’acquittent de la Zakàt, commandent le bon usage et interdisent le répréhensible. Et c’est à Allah qu’appartient l’ultime décision.} Al Hadj 41

 

La préférence étrangère et la maitrise du territoire

Ceux qui pourraient être alléchés par un scénario libyen, croyant naïvement ou hypocritement, que l’OTAN, les États-Unis et la France sont des œuvres de charité et de bienfaisance internationale et qu’ils n’ont pas des objectifs stratégiques et géopolitiques, devraient peut-être relire la carte du monde et relire le Coran ou méditer la Fatwa de Cheikh Al Ibrahimi contre le colonialisme :

Ceux qui prennent les mécréants comme protecteurs au lieu des croyants, recherchent-ils auprès d’eux l’invincibilité ? Certes, l’invincibilité en totalité appartient à Allah. An Nissa – v139

Quiconque recherche de la considération, c’est à Allah qu’appartiennent les égards en totalité. Vers Lui monte la bonne parole, et l’œuvre vertueuse, Il l’Élève. Et ceux qui édifient des stratagèmes de nuisance auront un sévère châtiment. Et la ruse de ceux-là se perdra d’elle-même. Fatir – v10

Le Territoire perd sa vocation coranique quand le colonialisme externe et le despotisme interne profanent et souillent ce qui donne sens et consistance : Les hommes, les idées, l’exercice politique et économique, l’organisation et le vivre ensemble. Désacralisé et souillé l’homme devient un fragment de Wahn mis en reproduction pour faire éclater son territoire et donner la préférence à l’Etranger. Ceci n’est pas nouveau. C’est ainsi que la regression et la décadence du monde musulman a commencé comme l’explique Ibn Khaldoun : « on voit toujours la perfection dans la personne d’un vainqueur (…) Le vaincu adopte alors les usages du vainqueur et s’assimile à lui : C’est de l’imitation pure et simple.».

La dégradation morale et idéique du mimétisme pousse à une dépendance idéologique, politique, économique et culturelle des dominés envers le dominant les réduisant à l’impuissance et au Wahn. Ibn Khaldoun explique : « quand un peuple perd le contrôle de ses propres affaires, est réduit comme en esclavage et devient un instrument aux mains d’autrui, l’apathie le submerge. […] Les vaincus s’affaiblissent et deviennent incapables de se défendre. Ils sont victimes de quiconque veut les dominer et la proie des gros appétits (…) Lorsqu’un peuple perd le contrôle de ses propres affaires et devient l’instrument d’autrui ».

Le colonialisme et le despotisme souillent le Territoire et le brisent par un processus de détéritorialisation qui fait fuir les valeurs, la spiritualité, les idées, les compétences, le vivre ensemble, l’argent… Il devient un comptoir commercial ou une base coloniale : Un lieu de pillage des ressources et d’excursion des agressions contre les indigènes et les voisins. Ce sont deux schémas qui produisent un territoire artificiel qui fait fuir et qui désintègre. L’artificiel, même sous des apparats sensationnels, est un phénomène de détéritorialité car l’homme est accessoire. Ces sont les idées des autres qui s’exercent contre les valeurs du peuple poussé au rempli, à la fuite, à la corruption ou à l’exil.

Aujourd’hui nous sommes confrontés comme en 1954 et en 1962 à la même loi coranique du changement :

Allah ne Modifie rien en un peuple jusqu’à ce qu’ils changent ce qui est en eux-mêmes.} Ar Ra’âd – v11

Nous devons réaliser une nouvelle territorialisation fondée sur un changement ontologique et un consensus social qui donne à la société et ses valeurs le pouvoir libre de fédérer, de codifier, de normaliser et d’arbitrer sur le plan politique, économique et culturel. Changer sous l’impulsion du colonialisme et lui ressembler, ou changer par nous mêmes et ressembler à nous-mêmes? Nous pouvons être libres si nous redonnons de la considération à l’Homme qui habite le Territoire et lui permettre de reconstruire son autonomie dans ses idées, son argent, son organisation,ses hommes et son sol.

En brisant tous les liens de dépendance et de servitude avec le despotisme et avec la colonisation, nous pouvons alors opérer le processus de territotalisation qui consiste à faire du territoire une force d’attraction.  La Wasatiya, comme centre de gravité des forces centripètes qui produisent de la richesse, de la liberté, de la culture, des idées et de la résistance contre l’oppression et l’injustice. La Wasatiya comme reseau de centres de rayonnement civilisateur.

Le Territoire n’a de réalité et de devenir que dans sa capacité interne et autonome à être structurant et captivant pour ses membres : Être fédérateur, intégrant, rassurant, stabilisant et promoteur. C’est dans ce cadre que faire du retour à l’héritage arabo-islamique devient signifiant car il s’inscrit dans une ingénierie libératrice et civilisationnelle confiée à tous, et non dans l’apologie d’un passé révolu confiée à des charlatans.

وَالَّذِينَ هَاجَرُوا فِي اللَّهِ مِنْ بَعْدِ مَا ظُلِمُوا لَنُبَوِّئَنَّهُمْ فِي الدُّنْيَا حَسَنَةً وَلَأَجْرُ الْآخِرَةِ أَكْبَرُ لَوْ كَانُوا يَعْلَمُونَ

Et ceux qui se sont exilés pour Allah après avoir subi injustice, Nous les Établirons certainement dans une position prééminente dans le monde. Et sûrement, la rémunération de la vie Future est plus grande, s’ils le savaient An Nahl – v41

 

Omar Mazri

Algérie : Changement choisi sinon imposé

Depuis quelques jours la situation en Algérie et la situation au sein des partis politiques et au sein de l’opposition – qui tous ne représentent pas le peuple – sont en effervescence et en état de guerre les uns contre les autres avec les mots d’ordre suicidaire des années 80 et 90 : L’éradication et le refus de la Charia pour les uns, la démocratie est koufr pour les autres. Tous semblent répondre aux convocations de l’Ambassade américaine à Alger. Tout semble indiquer que la France et les États-Unis sont derrière cette effervescence pour au moins huit raisons ou péchés capitaux :

1 – Revenir à la théorie des dominos pour la reconfiguration du Moyen-Orient, cette fois au niveau de l’Afrique du Nord qui recèle les réelles potentialités d’avenir en faveur mais aussi contre le nouvel ordre mondial selon la perspective du regard.

2 – Récupérer ce qu’ils appellent le printemps arabe et changer leurs pions vieillis, usés, stupides qui n’arrivent plus à gérer et à dégager des élites qui pensent en terme de région car les États-Unis ne sont pas intéressés à gérer pays par pays mais région par région. L’Afrique du Nord est une région qui pourrait être rattaché à l’Afrique subsaharienne après avoir été fragmentée car l’empire sait que le nationalisme arabe et l’internationalisme islamique sont des opposants à sa vision césarienne du monde. A l’abri par la distance ils peuvent déstabiliser et investir sur le plus vassal, le plus cupide et le plus impitoyable… Il ne faut jamais perdre de vue que l’impérialisme a plusieurs fers dans le feu en même temps et plusieurs pédales : il peut accélérer, ralentir ou freiner ici ailleurs nous secouant de telle manière que nous n’ayons aucun repère et aucune capacité de résistance ou d’anticipation.

3 – Profiter du coup en Libye. Les analyses simplistes y voient une affaire de pétrole ou de base militaire mais l’arsenal technologique industriel et militaire est tel que le pétrole leur appartient déjà et qu’ils sont militairement présent partout. La Libye, c’est créer une entropie pour contrer la révolution Égyptienne, par la diversion, la subversion et la bloquer. Sans l’argent, le territoire et l’influence de la Libye de Kadhafi, la révolution égyptienne avec les bureaucraties toujours en place et une économie sous contrôle américain reviendrait au giron du FMI et de la Banque mondiale. L’entropie est en Libye une déstabilisation de toute la région car pour les malheurs des arabes, ils n’ont pas de cadre d’orientation idéologique fédératrice alors que la France et les États-Unis exacerbent les clivages idéologiques pour rééditer en Algérie le scénario libyen et stopper toute imagination de changement.

4 – L’Otan sait que l’armée algérienne est divisée d’une manière profonde. Elle est divisée sur son alignement aux Janviéristes éradicateurs qui lui a coûté en capital confiance et respect de la part du peuple. Elle est divisée sur la tutelle du DRS. Elle est divisée entre les courants qui la composent : Pro américains, pro français, pro marocains, nationalistes issus de l’ANP et recrutés depuis les années 60 à partir des écoles algériennes, elle est divisé sur le lâchage du Général et Président Liamine Zéroual et d’autres généraux de prestige issus des écoles de guerre d’URSS, de Chine, d’Irak et d’Égypte. Ces généraux auraient pu apporter la paix et la concorde au début des années 90 et éviter au pays cette horrible hémorragie. Sur ce sujet il faut avouer que les nationalistes, les islamistes et les pseudos démocrates n’ont pas été à la hauteur pour soutenir le moindre mal et mettre fin précocement à la guerre civile fomentée par les services et les médias français ainsi que leurs valets algériens. Sur ces divisions accumulées vient s’ajouter la position sur la Libye. Les officiers algériens, professionnels et nationalistes, ne pouvaient et ne peuvent toujours pas tolérer la présence et l’agression d’un pays frère dans ce qu’on appelle la profondeur stratégique de son territoire alors qu’une autre poignée d’officiers rompus aux intrigues, aux compromis d’appareils et à l’alignement sur l’axe Paris-Washington. Il s’agit d’une opération chirurgicale pour se débarrasser d’un tyran, d’un fou, d’un gêneur. Le temps et la résistance des loyalistes de Kadhafi a donné raison aux nationalistes. Ces derniers peuvent contribuer à l’échec lamentable de l’OTAN. Je ne suis pas au sein de l’armée pour le savoir, il suffit de lire la presse algérienne et de connaitre sa ligne idéologique pour deviner ce qui n’est pas dit.

5 – Israël n’a pas abandonné ses deux projets : S’étendre géographiquement et faire de la rive latine de la méditerranée la rive dominante sur la rive musulmane et arabe pour lui garantir sa suprématie militaire, culturelle, idéologique et économique dans une confrontation avec l’Iran. Dans ce cadre, l’armée égyptienne est sous la tutelle américaine et même si la révolution égyptienne réussie, le maréchal et ses généraux depuis Camp David n’ont plus de doctrine de guerre ni de possibilité de confrontation avec Israël. Dans le monde arabe il ne reste que deux armées celle de la Syrie avec son bras le Hezbollah et son soutien logistique iranien, et celle de l’Algérie. Toute attaque contre l’Iran ou la Syrie mettra les forces américaines, les installations de pétrole et Tel Aviv sous un déluge avec la règle œil pour œil et dent pour dent mais surtout avec la population arabe en situation insurrectionnelle capable de s’engager pour frapper les intérêts occidentaux sans parler de l’Afghanistan et du Pakistan. Erdogan serait renversé par les islamistes et les nationalistes turcs. Pour l’instant il ne reste que frapper l’armée algérienne. La frappe peut être symbolique.

Cette frappe symbolique nous l’avons lue symboliquement quand les Janviéristes poussés par la France et les Etats-Unis ont annulé la première expérience démocratique. Certes leurs valets ont perdu dans cette défaite, l’impérialisme opportuniste et intelligent a profité de l’occasion pour frapper le FIS car il y voyait la réincarnation du FLN historique et salir l’ANP en lui collant du sang sur sa mémoire et en l’éloignant du peuple dont sont issus ses officiers subalternes, ses sous-officiers et ses djounouds. Ils sont parvenus en impliquant l’armée dans des opérations de répression et de défense d’un système moribond et haï par le peuple à frapper, à travers l’ANP, l’ALN qui a vaincu, avec l’appui du peuple algérien, la France coloniale et le pacte de l’Otan qui soutenait sa barbarie contre le peuple algérien. La France a gagné, elle partage avec l’armée algérienne et les élites algériennes les mêmes exactions contre le peuple algérien. Cela a été possible car la France sait que le FIS n’avait pas la maturité pour construire des alliances stratégiques avec le FLN, le gouvernement Hamrouche et une partie de l’armée.

Le FIS avec la rhétorique de ses chefs incompétents et l’émotionnel de ses troupes indisciplinés ne pouvait pas voir la ligne d’horizon et d’ailleurs il continue de ne pas la voir, ni de faire son examen de conscience et rendre compte à ceux qui ont voté pour lui, ni aux victimes de ses errements. Rester sur cette position victimaire de confiscation du vote et de la répression sur ses cadres est suicidaire car le monde change et il faut savoir écrire de nouvelles pages de l’histoire. Tous les partis politiques algériens portent cette tare du culte du chef et de la pensée unique même si elle les conduit à l’impasse, à la trahison ou au suicide. Etre vicitme n’exonère pas de ses devoirs.

Dans ces moments fébriles nous voyons Anwar Haddam annoncer son retour des Etats-Unis et dire des imbécilités gravissimes du genre : Ou le changement ou le soutien à la lutte armée alors que le Jihad en Algérie contre l’armée algérienne, à tort ou a raison, n’a pas été promulgué par la seule autorité religieuse crédible en Algérie : Mohamed Sahnoun. Les savants musulmans comme Al Albani, Al Bouti et Al Qaradhawi n’ont pas émis de Fatwas. Le peuple algérien n’a pas suivi et a payé un prix cher juste pour avoir donné ses voix au FIS. Par ailleurs la réalité est là et il faut composer avec : L’improvisation des maquis a fait perdre définitivement au FIS sa victoire politique car son mutisme a laissé l’armée algérienne mener une guerre anti-insurrectionnelle et criminaliser les Djihadistes et remporter militairement, politiquement et socialement la victoire. Si Haddam n’est pas capable de voir la défaite cuisante, il faudrait qu’il reste aux États-Unis et n’ajoute pas de la confusion à la confusion.

J’interroge ici Ali Belhadj qui soutient le CNT libyen et Haddam qui soutient la lutte armée sur une question d’ordre tactique : La politique c’est comme un combat militaire avec cependant des moyens pacifiques : On ne prend une position qu’avec un ordre de combat, un renseignement, un poste d’observation, un choix des armes conformes au terrain et au rapport des forces et bien entendu une ligne de repli. Tout ça était absent. Si cela n’était pas absent, on aurait pas eu cette tragédie et on n’aurait pas vu Haddam partir aux États-Unis car il ne viendrait jamais à l’esprit d’un combattant entrainé à faire du camp de son ennemi le camp de son retrait. Quand cela arrive par stupidité ou par erreur, les lois de la guerre, de la politique exigent que celui qui vient, libéré ou en fuite, du camp de l’ennemi, qu’il soit mis au silence un certain temps, le temps de l’éprouver, d’éprouver sa solidité psychologique, sa loyauté. L’impérialisme sait tout ça sauf les Algériens qui accumulent faute sur faute, improvisation sur improvisation et ils croient qu’Allah va donner la victoire ou la gouvernance à ceux qui vont faire pire que les autres au nom de l’Islam.

Par rapport à Israël il est important de voir que les sionistes judéo-chrétiens et arabes misent sur le retour du Messie dans un rôle de Rédempteur. Leurs croyances, fondées sur le messianisme politique qui vit sur le culte du sang versé ou du cataclysme vengeur, veulent des guerres de conquêtes pour exterminer les païens et les infidèles que nous sommes (les Musulmans) et imposer la suprématie d’une religion qui n’a pas d’adeptes car elle refuse les conversions et ainsi faire dominer le monde par quelques millions d’individus fanatiques et sataniques. Si Israël et ses spécialistes de la communication ont besoin de se donner des alibis religieux fallacieux pour magnifier la puissance nucléaire militaire américaine et la caporaliser au service du Grand Israël, il est surprenant voire suspicieux d’observer des Musulmans détenteurs d’un Livre qui décrit les mécanismes de libération de l’oppression et de l’édification civilisationnelle se lancer dans des explications eschatologiques et métaphysiques de l’histoire allant dans le sens de la culture talmudique et rabbinique sioniste.

En Algérie, le champ social est dominé par les confréries maraboutiques qui traditionnellement ont été au service de la colonisation et du despotisme politique. Il est dominé par les salafistes infantiles apologétiques de la monarchie saoudienne et colporteurs de la désinformation et de la propagande défaitiste. Le champ politique est vide. Il n’est peuplé que de monstres qui cherchent la revanche, faisant le jeu des sionistes et de l’empire. Les uns affichent de plus en plus fort que la démocratie est Koufr alors que les autres affichent plus fort encore qu’ils sont prêts à prendre les armes contre l’instauration de la chari’a islamique. Dans cette cacophonie qui fait penser à la fable de la peste de la Fontaine où chacun cherche un bouc émissaire pour lui faire porter l’épidémie en faisant de lui un étranger dans son propre pays, nous voyons la télévision algérienne exprimer la plus haute trahison. Elle donne la parole à Yves Bonnet, ancien patron de la DST, pour répondre à Canal + sur l’affaire des moines de Tibhérine et sur la Libye.

Nous savons que le clan Asloui, Benhabilès et compagnie sont engagés dans la lutte anti islamique avec les services français, mais que ça se dise dans des communiqués, celà témoigne de l’indigence politique et morale ou au contraire du cynisme qui pousse à l’exacerbation sociale et politique en Algérie pour aller à la confrontation par émeutes ou par voies armées ? Nous savons aussi qu’entre la CIA et la DST il y a une lutte sur la prise de pouvoir en Algérie. Il ne s’agit pas seulement du pouvoir sur Al Mouradia ou les Tagharins mais sur les esprits de tous les Algériens, sur leurs biens, sur leur économie, sur leur religion. L’ambassade américaine à Alger dépense des fortunes en réceptions et organise des voyages d’affaires dans le monde occidental au profit de jeunes et petits cadres qui croient bénéficier de privilèges ou se voient des « lumières » d’intelligence rayonnant au milieu des Hittistes et des victimes de la Hogra. L’Occident en faillite morale, politique et économique a besoin de nouvelles guerres, de nouvelles conquêtes, de nouveaux partages coloniaux.

Quand l’ancien patron de la DST répond à Canal+, on comprend que deux factions des renseignements et du pouvoir français se battent et expriment leur divergence sur la crise libyenne et sur le passé algérien, mais quand cela se passe à Alger et sur la chaine de télévision algérienne cela veut dire que le complot est plus grave : Nous sommes otages de la politique étrangère et sécuritaire française, nous sommes un terrain d’opération des divergences internationales, de la France avec ses alliés de l’Otan, nous sommes les Pinocchio manipulés par les services français. Mais là aussi il faut rendre hommage à la France de Sarkozy et à l’Amérique d’Obama de montrer leur niveau de bassesse. Nous sommes loin de ce qu’on lisait dans notre jeunesse sur l’intelligence des services et de la diplomatie. Nous sommes face à des chiffonniers, des tueurs, des tortionnaires, des cupides, des agresseurs.

Mais pour l’Algérie et les Algériens c’est la preuve par l’image et le son en direct à l’ENTV et en différé à canal + que c’est la DST française qui gouverne l’Algérie. Que cela se fasse avec autant de tapage et de visibilité n’est pas anodin. Il faut revenir à l’effervescence du monde depuis que l’Égypte a entamé sa révolution qui peut mener des Islamistes au pouvoir, alliés à la gauche nassérienne, laissant les Frères Musulmans en seconde position, mais laissant surtout Israël hors de l’épicentre du monde arabe, une fois repris par l’Égypte.
Quand on islamise les voyous du CNT dans la télévision algérienne, c’est bel et bien pour gérer en Algérie les conséquences géopolitiques à venir et préparer le chaos avant l’émergence d’un front islamo nationaliste révolutionnaire altermondialiste en Afrique du Nord.

6 – Quand on sait que l’Algérie est passée de la légitimité historique à la légitimité révolutionnaire de 67, puis de la légitimité des seconds couteaux ou des jeunes loups de l’armée qui ont vaincu par les armes une légitimité démocratique, on s’attend donc à ce que ces nouveaux promus ne cèdent ni leur pouvoir ni leurs privilèges et encore moins ce sentiment de mépris envers le civil qui peut sembler sectaire mais acceptable au regard de l’histoire moderne de l’Algérie construite autour de l’ALN puis de l’ANP, et au regard des irresponsabilités des civils qui demandent non seulement à l’armée d’arbitrer mais de reprendre ce qu’ils sont incapables de gagner ou de conserver. Quand on sait que le patron de la DRS est vieux et malade et que dans son entourage l’intelligence de son niveau est inexistente. Quand on sait que Bouteflika a modifié une constitution qui donne des pouvoirs exhorbitants qu’il ne peut exercer à cause de son âge.

7 – Quand on voit comment le FFS avec ses relais dans les autres partis y compris dans la mouvance islamiste a fait admettre l’idée d’une Constituante, on doit se poser des questions sur l’opportunité et la pertinence de cette revendication. Ce n’est pas une imitation de la Tunisie ni de l’Egypte. Pour que le lecteur comprenne la place de cette question dans une architecture complexe qui remonte aux années 80, il faut se rappeler que tous les « démocrates » algériens réclament avec le FFS une constituante, comme si l’Algérie était sans constitution ou sans prolongement idéologique avec Washington, Paris et Tel-Aviv. Nous allons entrer de nouveau dans la remise en cause de l’identité et de l’appartenance algérienne. Pour un pays meurtri et trahi comme l’Algérie, toute atteinte ou toute confusion sur sa personnalité ne fait qu’empirer la situation idéologique, politique, sociale et culturelle. La constitution algérienne est « moderne » même si elle ne répond pas aux aspirations des lignes dures des islamistes ou des laïcs. C’est pour l’instant un compromis tolérable même si le Président Bouteflika y a introduit des arrangements inacceptables, donnant au futur président un pouvoir autocratique. Pour les démocrates algériens, il faut une constituante. Pourquoi ? La réponse est d’ordre idéologique et d’ordre subversif voulu ou non voulu :

La réponse idéologique. En 1976, le Président Boumediene a lancé ce qui devait être la troisième révolution – la révolution culturelle – après la révolution agraire et la révolution industrielle. La charte nationale a connu un engouement des Algériens dans le FLN, l’UGTA, l’UNPA, l’ANP, les écrivains et artistes algériens et tous les intellectuels de l’époque et notamment Mouloud Kacem, le Kabyle, polyglotte, défenseur de l’Arabe et de l’Islam, un pur Amazigh à l’image d’Ibn Badis et des chefs des grandes confréries (les Chorafa) comme celle dont descend le père d’Aït Ahmed, le Président du FFS. La charte nationale a révélé, il faut consulter les archives, l’expression de la personnalité algérienne à travers son islamité, son arabité, sa guerre de libération contre le colonialisme et sa revendication de se démarquer de l’ex-puissance coloniale. La Révolution culturelle, posée formellement sous forme de charte nationale était une des revendications du penseur Malek Bennabi qui demandait lui et son cercle de réflexion une unité idéologique, une direction d’orientation politique, l’affirmation d’une culture nationale exprimant la personnalité algérienne. Le courant islamiste algérianiste qui n’a rien à voir avec les Frères Musulmans et les Salafis a appuyé ce débat malgré qu’il soit idéologiquement en désaccord avec le Président Boumediene. Le destin ou un plan bien orchestré a fait disparaitre le président algérien et occulté ce chantier. Ce chantier est d’actualité maintenant plus que jamais car c’est de ce chantier que se dessinera les configurations idéologiques, culturelles, politiques et économiques de l’Algérie de demain à condition de se libérer du ponctuel, du sensationnel et de la diversion.

La lutte contre le peuple algérien sera une lutte idéologique féroce pour déconstruire son désir et ne pas le laisser construire sa personnalité détruite par 132 ans de colonialisme. Si la colonisabilité a amené la colonisation. Celle-ci nous a légué la colonialité, cet esprit d’indigène qu’on retrouve dans les bureaucraties et chez les intellectuels arabophones ou francophones qui voit l’avenir que dans la confusion et la servitude à l’Occident.

La réponse subversive sous forme politique et autre : Au-delà de l’attachement à la culture des mots de la révolution française, il s’agit en réalité de demander une assemblée constituante pour contrer l’esprit algérien qui s’est exprimé dans la charte nationale. Il faut une assemblée constituante pour réaliser un des deux projets :

Projet 1 – Éliminer toutes références à l’Islam et à la lutte de libération nationale. Les spécialistes de la diversion ont déjà fait capoter la charte de Tripoli qui donnait une configuration révolutionnaire et islamique avec une dose de socialisme (davantage en référence à l’Égypte de Nasser et son soutien à la révolution algérienne qu’à l’URSS). La voie est ouverte pour reprendre le projet colonial : Séculariser l’Algérie. Ce n’est pas sans raison que le modèle turc et le modèle tunisien étaient la référence prisée dans les microcosmes algérois. Parmi ces laïcs, on retrouve des arabisants et des nationalistes qui ont fait la révolution algérienne mais on oublie de mentionner qu’ils sont les purs produits de la lutte idéologique menée par le colonialisme à travers les associations et les lycées franco-musulmans qui visaient l’assimilation et la « libération de la femme algérienne » du voile. Ce travail était supervisé par les catholiques et les communistes français qui trouvaient dans des élites égarées ou admiratives de l’émancipation à l’occidentale matière à faire. Ce projet est toujours d’actualité. Je ne suis pas Dieu pour sonder les cœurs et me prononcer sur l’intentionnalité naïve, morbide ou traitresse de ce projet chez les démocrates algériens qui vivent l’islamisation de l’Algérie comme un drame personnel.

Pour leur malheur, ils ne voient pas que cette islamisation est infantile, sans devenir. Pour leur intelligence, ils ont peur du retour de l’Islam politique qui va poser les problèmes en termes civilisationnels et qui va dévoiler leur manigance avec le néo-colonialisme et leur vassalité à ce néo-colonialisme qui se sont nourries mutuellement de l’illusion de la mort de l’Islam politique. Le nouveau drapeau libyen, le vert avec l’inscription Allahu Akbar, et la force du mouvement islamique en Égypte fortement politisée, dévoile le retour en force de l’Islam politique. La confiscation de la révolution de jasmin, de BHL, des printemps arabe ne cachent pas les transformations des sociétés arabes et le désarroi des démocrates qui rejettent déjà la sanction des urnes et qui préfèrent le chaos à toute solution islamique…

Projet 2 – La Constituante a fait miroiter des alouettes à certains islamistes et nationalistes algériens, y voyant une panacée alors que d’après tous les experts la constitution algérienne est bonne sur le plan de son écriture. Le problème est dans sa non exécution. Pourquoi alors choisir une solution compliquée : Une constituante au lieu d’activer et de réviser l’actuelle Constitution. L’assemblée constituante élue « démocratiquement » va fatalement se trouver confrontée à des expressions pluralistes sur l’identité algérienne en l’occurrence : l’islamité, l’arabité, la souveraineté nationale par rapport à l’Occident et le fédéralisme. Toutes les combinaisons de clivage sont possibles dans cette assemblée où chacun se dit légitime et représentant du peuple pour imposer un dilemme ou l’impossible renoncement entre Islam et sécularisation, l’Arabe comme langue nationale ou le Français ou le Berbère, le régionalisme ou l’État central, l’appartenance au monde arabo musulman et africain ou appartenance à la rive latine (sous entendant l’aire civilisationnelle judéo-chrétienne et la reconnaissance d’Israël). Dans un pays en crise, en exacerbation sociale et politique, en clivage idéologique, en déchirement par les influences étrangères nous sommes dans un scénario type d’éclatement du pays.

La logique citoyenne, intellectuelle et morale exige pourtant que les conflits ou les clivages relevant du culturel sont complexes et n’obéissent souvent pas à des logiques objectives. Ils doivent être relégués à un débat non politique et dans un cadre apaisé, c’est-à-dire une fois la sérénité retrouvée, la confiance obtenue, la reconnaissance de l’autre confirmée, l’absence d’armes et de milices garantie… Ce climat n’est possible que dans le cadre d’une autorité de l’État avec des institutions représentatives et reconnues par la majorité du peuple dont la souveraineté sur les gouvernants et les élus est respectée à travers l’exercice de son choix libre et le respect de ce choix.

La souveraineté du peuple ne se pose pas en termes d’opposition avec la souveraineté d’Allah. L’ignorance d’Allah fait qu’on parle de Lui et de Sa Charia comme si c’était le copain du coin ou le rival dans les élections du bled. L’ignorance de la Charia fait qu’on la présente comme un corpus de lois décrites et appliquées d’une manière caricaturale et amputée de son cadre social et culturel. La Chari’a est étymologiquement la voie, la méthodologie. Notre référence n’est pas l’Arabie saoudite mais le Coran. Si vous ne voulez pas de ce Coran arrêtez de louvoyer, dites-le et affichez votre athéisme ou votre agnosticisme ou votre religion et entrez en compétition loyale dans des élections démocratiques puis soumettez-vous au verdict des urnes. J’espère que l’armée algérienne a tiré toutes les leçons de l’inconséquence de ses chefs sans foi ni morale ni dignité, qui ont fait le sale travail pour d’autres qui vont la conduire à affronter l’Otan ou à s’y soumettre :
« Le perdant est celui qui a vendu sa vie future pour sa vie mondaine, mais le pire des perdus est celui qui a vendu sa vie future pour la vie mondaine des autres ».

Si nous voulons une assemblée constituante pour fonder une nouvelle République qui s’inscrit dans un projet civilisationnel et dans une autre configuration démocratique, instaurons d’abord la paix et la concorde ainsi que la légitimité du pouvoir. Une fois réglés les problèmes culturels dans le cadre culturel et non idéologique, alors une assemblée constituante peut voir le jour et reposer les questions de fond de la Choura islamique : Exclure l’argent de la vie politique, réduire le pouvoir médiatique à son rôle d’éducateur et d’informateur, faire élire le conseil des formes armées et de sécurité par le peuple pour éviter que les forces de sécurité et les forces armées soient un instrument de répression ou de confiscation du pouvoir. Élire les grands magistrats par le peuple pour que la justice soit rendue au Nom d’Allah mais pour le peuple. Bannissons les postes de ministre de l’information, de la jeunesse, de la culture de l’exécutif pour protéger le peuple de l’emprise idéologique du pouvoir. Supprimons le ministre du culte pour que la religion ne soit pas instrumentalisée par le pouvoir. Rendons l’Islam au peuple. Les comités populaires élisent leur imam et l’Etat redonne à la Mosquée les fondations pieuses et les biens Waqf inaliénables pour que l’activité de dévotion ne soit pas financée par l’Etat et que l’imam comme le savant musulman vive autonome du pouvoir. Mettons en place une démocratie directe dans une décentralisation qui fait de la commune le cœur du dispositif démocratique. Créons au ministère de l’économie et des finances une direction générale de la Zakat et de la justice sociale. Supprimons le Riba et les produits financiers. Rendons les terres des terres ‘arch communautaires, inaliénables, incessibles et indivisibles. Rendons les musulmans propriétaires usagers et associés à la gestion des plans d’eau, de l’énergie, des ressources stratégiques et des zones de parcours pour l’élevage. Nationalisons les banques et protégeons notre monnaie nationale. L’Islam a des réponses a apporter sur ces sujets.

La constituante pourrait et devrait, plus tard, définir les principes fondamentaux qui définissent les droits du pauvre sur l’état et sur le possédant ainsi que le devoir constitutionnel du riche et du gouvernant sur le faible, l’opprimé et le pauvre. Encore une fois nous n’en sommes pas encore là. L’urgence est de garantir les libertés individuelles et publiques, le droit à l’expression multiple, l’interdiction de toucher aux valeurs sacrées du peuple, de sa religion et de sa souveraineté. L’Islam prospère dans la liberté car ses arguments sont moraux, idéiques et persuasifs. La liberté, la justice et la miséricorde sont la citadelle de l’Islam imprenable et prospère. Les haineux, les revanchards et les fabricants d’opacité et de confusion sont poussés par le désir de ne pas créer de conditions au débat sur l’Islam par l’Islam mais de créer les conflits et la provocation pour que les plus émotifs, les moins instruits et les manipulés entrent dans la danse créant un sentiment d’insécurité favorable au maintien des choses en l’état.

8 – Une info est passé sur anb et elhiwar tv et parle de policiers en nombres dans Alger pour faire face aux possibles affrontements dus à une scission dans le FLN. Il y aurait des mouvements violents entre partisans du FLN à Draria. L’événement montre le niveau de déliquescence du système et il dévoile les partis pris de certains analystes et de certains observateurs proches des milieux de l’opposition officieuse et pose la question : A quelle logique politicienne ou autre, ces prises de postion s’affichent et donnent légitimité ou justification à un corrompu au détriment d’un autre ?

L’affaire de Draria est grave. Elle appelle plusieurs remarques. Cette chaine proche des Frères Musulmans transmet la vérité sous un angle partisan. L’angle partisan des Frères Musulmans est de s’inscrire dans les révolutions arabes d’une manière mécaniste sans analyse objective et subjective. Ils ont l’appui de Qaradhawi qui peut à travers al Jazeera rééditer la tragédie de la Libye. Ils sont pour une solution islamique qui peut s’arranger avec la mondialisation, le FMI, la Banque mondiale, les aristocraties, les États-Unis et la France ou l’impérialisme pourvu qu’on préserve les clichés de l’Islam. Ils sont loin des principes d’Hassan al Banna le fondateur du mouvement ou de Sayyed Qutb le théoricien du mouvement. Leur entrisme politique en Égypte et en Algérie montrent les dégâts sur la société. Le modèle par excellence est Erdogan, gouverner sous l’étiquette islamique tout en étant allié stratégique d’Israël et de l’Otan. La politique des Frères Musulmans qui consiste à dire « embrasse le chien par la gueule si cela doit te faciliter la tâche » ou de « négocier avec le diable comme Allah a dialogué avec Satan » a montré ses limites en Algérie et ses dérives en Syrie et en Libye. Perdu dans les affaires et le partage de la rente, les Frères Musulmans d’Algérie doivent entretenir la lutte au sein du FLN pensant affaiblir un adversaire et ramasser la mise sans subir l’épreuve populaire.

Ces 8 points conjugués ensembles et les souvenirs du silence qui a entouré la mort du Président Boumediene avec toutes les conséquences de rééquilibrage du pouvoir au profit d’un clan nous laisse face à un scénario alarmant qui peut se décliner sous une des deux formes tout de suite ou dans un avenir proche :

1 – Bouteflika sentant la fin proche et le repentir (Wikileaks l’a présenté selon les sources américaines comme membre d’une confrérie religieuse maraboutique) a peut être présenté un projet de réforme et comme en 88, l’aile pourrie du FLN réagit en mettant le conflit politique à la rue pour prendre en otage le Président et le peuple. Octobre 88 n’était pas un évenement déclencheur d’une révolte contre le système mais une orchestration par les caciques du FLN qui préssentaient la rencontre entre des réformes inévitables et la marche progressive d’une volonté de changement qui a commencé dans les acieries de Annaba en 85, puis à Constantine en 87, puis à Rouiba dans le secteur industriel en 88. Les jeunes d’octobres ont été les victimes bouc emissaires pour stopper une révolution en maturation et une réforme en préparation. En 89-90, le FIS a aussi été manipulé en allant se battre contre les réformes au lieu d’en discuter le contenu et de dire la vérité à Hamrouche : Nous sommes pour certaines et contre certaines de tes réformes. Pour celles dont nous sommes d’accord tu ne peux les mener seul sans parti politique qui te soutient et encore moins avec le soutien d’un FLN dont les réformateurs sont minoritaires. Allons ensemble à une réforme institutionnelle et à un processus démocratique et puis ensemble avec le peuple, travaillons pour un minimum démocratique pour nous libérer du FMI, du désinvestissement, de la bureaucratie, de la rente, de la vassalisation à la France… Chadli n’était pas l’obstacle aux réformes ni au FIS, il manquait d’envergure et de pouvoir. L’obstacle était le cabinet de Larbi Belkheir. Abassasi Madani et Ali Belhadj auraient du voir la situation avec lucidité tant nationale qu’internationale (la première guerre du Golf). Qu’ils se trompent une fois c’est pardonnable mais qu’ils ne puissent se ratraper avec le général Liamine Zéroual devient le syndrôme morbide de l’égarement.

Hamrouche et le FLN réformateur auraient du voir les contradictions du système et ne pas mener une réforme qui en étant dévoyé par Ghozali et ses successeurs a, au nom de la réforme, introduit des distorsions graves dans l’économie et les médias. Les appareils du FIS et du FLN ont été des facteurs de blocage d’une démocratie naissante mais les faux culs dans le rang des réformateurs ainsi que l’absence d’un soutien politique et populaire ne pouvaient que mener à une crise dont nous payons les conséquences comme un homme qui s’arrête à gué dans une rivière en crue. Cette rivière s’appelait le nouvel ordre mondial qui charissait avec lui le RCD et l’économie informelle, alliés inconditionnels du capitalisme prédateurs.
Bouteflika réformateur repenti serait donc un scénario romantique mais probable et incertain…

2 – Bouteflika Serait déjà mort ou agonisant ou dans un long coma comme Sharon. Il y a déjà plusieurs mois qu’on évoque son assassinat sous couvert médical pour mettre fin à son projet de réforme, à la concorde nationale que les éradicateurs refusent ou l’empressement de l’empire et de ses vassaux de se débarrasser de lui. Ce n’est pas leur ennemi mais un allié devenu encombrant par son âge et par l’unanimité populaire derrière lui qui a trouvé quelques réponses à son désir de trouver un toit, un logement, une consommation. Bouteflika a redistribué quelques miettes de la rente à un peuple paupérisé. Mort, agonisant ou malade incapable de gouverner, le feu vert pour sa succession est intéressant pour faire voler en éclat ce qui reste de l’Algérie quand on sait qu’au nom de l’autorité de l’État (haybat ad dawla) on a détruit ce qui restait de l’État et le peuple qui pouvait donner sens et légitimité à cet état comme émanation de la souveraineté populaire. Tous les partis politiques sont décapités, noyautés. Les gens compétents sont mis au silence ou contraints à l’exil.

Nous sommes donc dans une situation favorable à l’implosion du système au profit de l’impérialisme. L’impérialisme a la vocation de détruire et de reconstruire selon son agenda et ses intérêts. Il sait que les islamistes sont décapités sans chef et prêts à en découdre avec le régime, poussés par l’esprit de revanche et la disponibilité des armes en circulation en Libye. Il sait que les Laïcs ont échoué lamentablement leur politique d’éradication et il sait qu’ils savent qu’avec les révoltes arabes ils seront inévitablement repris par l’histoire que ce soit par des élections libres et démocratiques ou par une révolution populaire et par conséquent ils doivent passer à l’action en faisant exploser toutes les mines qu’ils ont semé ces dernières années jusqu’à rendre impossible l’arrivée au pouvoir des islamistes. L’impérialisme a en main l’agenda et la stratégie : Ou bien pousser les uns et les autres à une lutte fratricide ou à un arrangement d’appareils pour hériter ensemble du legs de Bouteflika et faire de l’Algérie le centre de ses opérations, le poste de commandement pour diriger l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne et liquider Kadhafi sinon le maintenir dans un niveau de combativité tel qu’il ne gagne pas mais qu’il ne permet pas à la Libye de revenir à la normale tant que le sort de l’Égypte et de l’Iran ne sont pas définitivement réglés.

Pour l’instant il semble que la lutte soit déjà engagée entre deux crapules du système, Belkhadem, l’ancienne garde du FLN, l’islamo nationaliste incompétent, et Ouyahiya, le chef des éradicateurs, la nouvelle garde laïque issue de l’école nationale d’Administration fondée par Larbi Belkheir pour former les commis apolitiques de l’État algérien. Cette lutte peut être régulée par la France, l’Arabie saoudite et les Etats-Unis ou dépasser le seuil tolérable car chacun se croit investi de la mission messianique de remplacer Bouteflika et chacun a son réseau clientéliste national et ses souteneurs étrangers. Faute de trancher entre les deux, le système peut choisir une autre calamité islamo-nationaliste avec ses réseaux dans l’armée, les affaires, le FLN et l’ancienne équipe de Hamrouche : Ali Benflis. C’est ce qui semble pour l’instant se déssiner. Pour celui qui connait l’Algérie, ce choix est provisoire et d’autres luttes sont en perspectives. Comme dans l’empire Romain, les élites et les généraux doivent se réunir en conclave et arbitrer entre les prétendants au trône.

Ces trois dauphins sont le produit de la continuité d’un système qui a fait de son existence une errance erratique au nom du peuple, loin du peuple, contre le peuple et se protégeant de ce peuple derrière l’armée issue du peuple. Ces trois dauphins ont bradé les richesses de l’Algérie au capital international et aucun des trois n’a tenté de résister ou de dénoncer cette braderie de l’économie nationale ni préserver les hydrocarbures, ni préserver la productivité du travail algérien contre la concurrence déloyale des économies organisées, performantes et prédatrices. Le Chômage, la fuite des cerveaux, l’importation de tout à partir des mêmes monopoles internationaux et par les mêmes monopoles nationaux, le désinvestissement, la fraude fiscale et douanière, le crédit sélectif et clientéliste, le transfert colossal des fortunes, l’affaiblissement de la monnaie nationale, l’alignement sur le Riba et les banques internationales d’un côté et le délabrement de l’appareil éducatif et scientifique national avec plagiat des pôles urbains et technologiques français, vides de contenus, de cohérence et de compétences nationales, d’autre part sont le résultat de ce triumvirat archaïque et anti national. Ce même trio d’incompétents avec ceux qui les ont succédés et accompagné ont permis le montage de joint venture où le capital industriel national a été sous évalué, non recapitalisé.

Les incompétents du FIS mettent en avant un économiste oubliant que celui-ci sous injonction des États-Unis et d’une partie de l’armée a mis fin à l’investissement productif en le remplaçant par les investissements de valorisation du potentiel existant qui devenaient un pipi de chat dans une industrie nationale restructurée à l’emporte pièce alors qu’il fallait lui redonner une nouvelle impulsion managériale et une nouvelle doctrine économique. On ne peut faire valoir ses titres universitaires et toucher à l’économique quand on ignore que le politique est le plus déterminant en dernière instance. Tous ces incompétents sont dans le pouvoir et dans l’opposition alors que le peuple est hors pouvoir et hors opposition souffrant des uns et des autres.

Nous sommes dans une phase décisive d’un moment de l’histoire et tout semble se rassembler avec le mouvement désordonné pour la prise du pouvoir ou pour l’éclatement de l’Algérie.
Dans ce flou, Bouteflika n’a apporté aucune mesure digne d’intérêt, sauf à donner du pouvoir et du matériel à la police pour faire sortir l’armée du bourbier sécuritaire et pour contrer le DRS, mais l’armée se dit – Je suis légitime sur le plan historique, révolutionnaire et anti-terroriste ? Qui va prendre l’initiative ? Qui va affronter l’autre ? Est-ce l’empire à un Tantaoui égyptien ou un Djérid Ammar tunisien ?
Pour sortir du flou et trouver une issue nous devons reposer la question non seulement en termes de légitimité politique mais en termes de légitimité médiatique et économique.

Sur le plan médiatique l’Algérien est désinformé par des médias au service des intérêts occultes et des prédateurs. L’Algérien est mis dans une situation de l’âne de Buridan dans l’impossibilité de choisir ou de renoncer. Ceux qui se présentent comme information d’opposition ne lui donnent pas les clés de comprendre pour anticiper mais le soumettent à une autre forme de désinformation le poussant à quitter le champ politique et à ne pas voir le champ économique. A cet effet tout est mis sur le compte du DRS ou de Bouteflika alors qu’il s’agit d’un système dominé par la culture du partage mafieux de la rente des hydrocarbures, de l’économie informelle, de la prédation que permet un système bureaucratique et un système managérial qui a exclut l’idée de faire des études d’ingénierie par des Algériens et de confier petits et grands travaux au capital international par le clé en main ou le produit en main avec des commissions et des rétro commissions. Les dauphins de Bouteflika, comme lui-même, sont l’émanation du non Etat qui permet la prédation économique, l’injustice sociale, l’absence d’arbitrage par le peuple sur l’utilisation des ressources nationales, l’absence d’esprit d’initiatives créatrices de valeurs, d’emplois et de richesses nationales par le fait du monopole des dérogations et de la servitude aux réseaux du Bakchich en Algérie et hors d’Algérie.

L’équation économique est davantage pire : Nous devenons le terrain où le capitalisme, non seulement continue l’échange inégal par le commerce ou par la prédation coloniale mais le dépotoir de leur technologie obsolète et de leurs nuisances sur l’environnement (déchets nucléaires, produits périmés, idées mortifères…). Il est impossible de mettre sur place une économie moderne quand l’État n’a pas de politique et quand les agents économiques forment une famille au double sens de mafieux et d’alliances matrimoniales. Ce n’est pas la loi de Lavoisier mais la loi de Brown : Tout est en mouvement entropique, chaotique, au détriment du peuple et de l’économie nationale.
Une chose est sure, l’Algérie est rentrée dans une phase d’instabilité d’un nouveau genre. Elle n’est pas maitresse de son agenda. Il appartient aux Algériens conscients des enjeux de partager avec moi deux règles :

La première : Notre miséricorde pour le peuple que nous recommande l’Islam, elle doit être supérieure à la haine des haïssables pour ne pas nous déshumaniser et être entrainés dans leur haine. Nous devons refuser la voie de la violence aveugle, sans projet, sans cap. La révolution est nécessaire, juste et inévitable mais elle ne peut et ne doit être confiée à des aventuriers, des incompétents et des faillitaires. La miséricorde et l’empathie que nous commande l’Islam nous ordonne de nous poser la question déterminante : Allons-nous au nom de notre désir de libération encourager les criminels impérialistes et les revanchards islamistes ou les éradicateurs laïcs à réaliser leurs dessins de guerre civile comme en Lybie et en Syrie ? Avons-nous la lucidité et la compétence de fédérer les probités morales et politiques, intellectuelles et populaires, civiles et militaires pour rassembler les Algériens et les conduire pacifiquement mais sans concessions, sans arrangements d’appareils et sans présence de l’OTAN, de la CIA et de la DST pour enfin parachever l’indépendance qui a été confisquée et retrouver la souveraineté dans la paix, la liberté, la prospérité ? N’est-ce pas que notre Prophète nous a interdit de combattre derrière un étendard confus et que celui qui meurt derrière cet étendard meurt comme un mécréant. N’est ce pas lui qui nous a demandé d’être lucide et d’empêcher les insensés de nous conduire à la noyade collective :

D’après Annou’mân Ibn Bachir (RA), le Prophète(sws) a dit : « L’image de celui qui ne reconnaît pas les interdits de Dieu et cherche à les abolir et l’image de celui qui les transgresse est celle d’un groupe de gens qui ont tiré au sort pour donner à chacun d’eux sa place dans un bateau. A certains revint le pont et à d’autres la cale. Ceux qui logeaient dans la cale étaient obligés de passer par le pont pour puiser l’eau (de la rivière). Ils dirent : « Si nous faisions un trou dans la partie qui nous revient, nous cesserons de déranger ceux qui sont au dessus de nous ». S’ils les laissaient réaliser ce désir, c’est leur perte à tous ; et s’ils les en empêchent, c’est leur salut à eux et à tous ». (Rapporté par Al Boukhari)

La seconde : Nous devons d’inviter l’armée algérienne à relire avec responsabilité et nationalisme la plateforme de Rome de 1995 et d’inviter rapidement les plus sages et les plus influents à y adhérer et à faire bloc contre la marche vers l’inconnu. Sinon il y a le projet de Plateforme proposé par Abdelhamid Mehri qui doit être débattu, enrichi et mis sur pied pour en faire un programme de transition autour duquel se rangerait les femmes et les hommes épris de liberté, d’algérianité et des idéaux de novembre 54. J’invite les militants et les sympathisants d’une idée noble, généreuse, compétente et réaliste du FLN historique, du FIS, du FFS et de l’ANP à s’engager hors de l’esprit infantile et partisan de leurs appareils sectaires et à défendre l’indépendance de l’Algérie et à la redresser politiquement, économiquement et socialement.
Encore une fois il faut avoir le courage de dire la vérité : Ne perdons pas de temps. Monsieur Abdelhamid Mehri a fait une bonne proposition au Président Bouteflika. En mon humble avis, il est trop âgé et trop intelligent pour aspirer à autre chose qu’à une réconciliation qui réunit les lucides de ce pays avant le déluge. Le silence occultant sa proposition par l’opposition algérienne et ses chantres reste suspect quand on connait la valeur de l’homme, ses positions invariantes et surtout l’initiative d’ouvrir le champ politique et social. L’opposition algérienne islamistes et laïcs semblent être d’accord pour éviter le seul événement réellement politique depuis presque 20 ans.

Pour nous il ne s’agirait pas d’un moment d’émotion et d’applaudissement mais d’une nouvelle théorie de l’État, d’un nouvel énoncé de principes constitutionnels, d’une nouvelle doctrine de gouvernance, de la restauration de la politique comme disait Malek Bennabi un acte scientifique. Il ne peut être scientifique au sens sociologique si la société est absente ou si l’état-pouvoir dans tout ce qu’il entreprend est à la fois le maitre d’ouvrage, le maitre d’œuvre et le maitre d’usage ne laissant place à aucune inventivité, à aucune expression plurielle, à aucune responsabilité qui s’assume dans son domaine de métier et de compétence. Il ne peut y avoir Plateforme de sortie de crise si le peuple n’est pas impliqué dans ce débat au niveau des quartiers, des villes, des communes, des wilayas, de la nation, des corporations, sans fusil sur la tempe et sans argent sale mis dans les mains. Le peuple est le seul garant de l’Etat de droit à ériger, de la protection de cet Etat, de ce peuple et de leur territoire des visées impérialistes.
C’est en cassant, en Algérie, le système laïc, usuraire et monopoliste et en promouvant à sa place un système civilisationnel inédit mais s’inscrivant dans la logique de continuité territoriale, historique et psycho mentales de la civilisation islamique que nous pouvons nous préserver de l’impérialisme et du sionisme.

Contrairement aux apparences, l’Algérie dispose de ressources et d’hommes compétents alors que l’impérialisme dispose d’un capitalisme en voie d’effondrement. Dans les mois à venir tout le capital industriel, foncier et financier réel ou fictif passera entre les mains du capitalisme chinois ou israélien. L’Algérie est capable de résister et de porter la voix des opprimés d’Afrique du Nord et d’Afrique. Sinon tous nous serons des pré retraités qui vivoterons d’une rente du comptoir commercial américano franco israélo saoudien en Algérie. Nos limbes deviendrons des kleenex jetables, le temps de pleurnicher sur la grandeur et la dignité de nos aïeux avant 1830, puis comme une mémoire volatile d’un poisson rouge dans un bocal nous vivrons avec l’impression du déjà vu.

Ancien cadre supérieur, ancien dirigeant d’entreprise et ancien pédagogue je sais par expérience qu’il ne faut jamais construire sur une blessure qui n’est pas cicatrisée et qu’il faut redresser l’échec en réussite en réalisant de véritables réussites, même si elles semblent petites, ces réussites si elles sont celles des principaux acteurs du changement, ceux qui peinent et qui attendent un meilleur avenir, alors elles facilitent les grandes réussites, les grands apprentissages et la cicatrisation des plus grandes douleurs, des plus grandes déceptions et des plus grandes pertes. Même si les apparences entretenues par les intellect-écuelles et les médias invitent au pessimisme et à l’abandon, il y a de l’espoir et d’immenses chantiers à entamer pour reconquérir notre dignité, notre islamité et notre algérianité. On nous impose l’Apocalypse et les Croisades, soyons à la foi le plant de palmier que le Prophète a recommandé de planter même si la fin du monde survient et soyons tous Salah Eddine pour nous libérer de ce Wahn.

« Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne vous prenne par la gorge » W. Churchill

Allah soit témoin que j’ai transmis en mon âme et conscience.

Omar Mazri – Auteur, Ecrivain

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