Alea JASTA est pour les bédouins

 « Alea jacta est » est une locution latine signifiant « le sort en est jeté », ou « les dés sont jetés » attribué à César franchissant le Rubicon (le fleuve faisant frontière entre la Gaule et Rome) et qui voudrait dire qu’il s’en remettait aux événements hasardeux sur lesquels il n’aurait aucune emprise, et sur l’histoire à advenir, car il n’y a plus de possibilités de revenir sur ce qui a décidé et entrepris. Les gouvernants saoudiens n’ont ni la stature de César ni la grandeur de Rome et de son empire, mais juste de l’argent pour corrompre, une rente religieuse pour fasciner, une arrogance et une sénilité les conduisant fatalement à JASTA – Justice Against Sponsors of Terrorism Act – la loi fédérale américaine votée jeudi 29 septembre 2016 par le Congrès des États-Unis  permettant aux cours fédérales américaines de poursuivre des États étrangers qui auraient aidé ou qui aideraient à commettre un acte terroriste contre un intérêt américain. Comme il était hautement prévisible, l’objectif affiché des législateurs américains est de permettre aux proches des victimes des attentats du 11 septembre 2001 de poursuivre en justice l’Arabie saoudite pour son éventuel soutien aux terroristes en cause (15 des 19 terroristes étaient saoudiens) est devenu réalité tangible. Cette réalité vient de se manifester quelques jours après la visite triomphaliste du dauphin saoudien à la Maison Blanche qui a fait croire que sa visite et ses résultats étaient d’importance historique et de portée stratégique. Le cabinet Kreindler & Kreindler vient de demander des dommages et intérêts aux familles des victimes du 9/11 imputant l’attentant aux Saoudiens et aux puissants et vastes réseaux de bienfaisance dont notamment la fondation Al Haramein.

Les séniles et les arrogants, sans stratégie et sans profondeur historique civilisationnelle, ont dilapidé leurs ressources, leurs crédits religieux et leur temps en vanités et corruption, mais le temps est impitoyable pour celui qui ne sait où aller sauf suivre la voix de son maître alors que ce maître est devenu lui-même inaudible, confus, empêtré dans ses contradictions et son essoufflement. La fin annoncée des Saoudiens et réalisée par leurs propres mains est en achèvement par la conjugaison de plusieurs facteurs dont les plus importants :

  • l’enlisement au Yémen qui devient un gouffre financier pour les Saoudiens, un désastre humanitaire et sans doute un processus qui va les conduire à la cour pénale internationale pour crimes de guerre et génocide si d’ici là les Yéménites ne s’emparent pas d’une ou plusieurs provinces saoudiennes.
  • La défaite humiliante en Syrie qui va sans aucun doute d’une manière ou d’une autre leur renvoyer la facture et les groupes terroristes.
  • La perte de crédibilité saoudienne face à l’Iran. Les manœuvres sectaires et idéologiques vont s’estomper pour laisser apparaître d’un côté un pays usurpateur de l’Islam et imposteur des lieux saints sans vision réaliste du monde et sans édifice politique, diplomatique, économique et technologique, d’un autre côté un pays habile et édificateur.
  • La refondation du Moyen-Orient et la réalisation de l’Eurasie avec l’exclusion des monarchies qui vont de fait se trouver des intrus sans place et sans avenir  dans l’environnement géopolitique en émergence qui les cerne déjà militairement, économiquement et politiquement.
  • L’Egypte et la Turquie ne sont pas des alliés stratégiques crédibles et durables pouvant aider les Saoudiens, car ils ne cherchent que la manne financière et le prestige religieux de l’Arabie qui sont d’ailleurs en train de s’évaporer pour ne laisser que les déceptions et les illusions perdues des peuples en souffrance ou en insouciance.
  • L’Arabie est en crise sociale et financière du fait de son financement de la guerre en Syrie (5 milliards de dollars), de la guerre au Yémen (20 à 30 milliards de dollars), de la course à l’armement (100 milliards). Cette course vaine et hémorragique a fait dire à un général américain qu’il trouvait stupide qu’un de leurs alliés dépense des centaines de millions de dollars (tirs de missiles Patriots) contre des quadricoptères de quelques centaines de dollars (drones yéménites) signifiant par-là l’absence de stratégie, de compétence et de bravoure des va-t-en-guerre. Cette crise en accroissement exponentiel : perte de confiance des troupes et prix du pétrole en chute pour des décennies qui annoncent des énergies renouvelables et concurrentielles. La rente ou plutôt les rentes financières, historiques et religieuses ont formaté les esprits et institué une institution de médiocres serviles à tous les niveaux et dans tous les domaines.

Les Etats-Unis n’ont plus besoin des hydrocarbures saoudiens ni de leur sol, car après l’expansion vient inéluctablement le temps de l’autarcie et de l’effondrement comme ce fut pour tous les empires passés.

  • Les Etats-Unis sont en déclin, ils ne peuvent être « garantie » ou « asile » pour leurs protégés, ils ont besoin de vassaux disciplinés et forts. S’ils ne rentrent pas en guerre civile, ils vont se déchirer intérieurement et déchirer leurs alliés. Avec ou sans Trump, les Administrateurs cyniques et cupides de l’Amérique vont saigner à blanc les monarchies en leur faisant payer à prix fort leur sécurité tout en les engageant dans des guerres inutiles et perdues d’avance.
  • L‘Islamophobie continue de jouer ses cartes : frapper le musulman par le musulman pour les faire apparaître tous hideux et ne méritant ni pitié ni considération. N’inspirant ni compassion ni respect, leurs territoires peuvent être livrés à la cupidité vorace ou à la destruction totale les laissant sans ressources, sans perspectives de développement, sans projet de civilisation, sans force de résistance, sans continuité et cohérence dans les géographies, les mentalités, les devenirs et les économies. La Turquie, gouverné par un « illuminé » est en train de sombrer, malgré ses cadres militaires, politiques et économiques de haut niveau. L’Arabie saoudite ne va pas sombrer, elle va se volatiliser au milieu des morts, des appauvris, des imbéciles et des déçus qu’elle a semé dans le monde musulman. Le reste du monde musulman qui aura suivi sa voie sera relégué à un comptoir commercial, une base militaire, une zone de transit démographique pour l’Europe, ou un terrain d’affrontement

Les Saoudiens ne se rendent pas compte de l’imminence et de la gravité du danger qui pèse sur eux : 800 personnes parmi les proches des victimes du 11 septembre viennent de déposer une plainte auprès du tribunal fédéral de Manhattan (New York) contre l’Arabie Saoudite pour son financement d’Al-Qaïda et réclamer en dommages et intérêts une compensation financière qui va s’élever non à quelques millions de dollars, mais probablement à des centaines voire des milliers de milliards de dollars. Les Saoudiens et la médiocratie dans le monde arabe et musulman s’imaginent que les dizaines de sociétéd arabo américaines et l’alliance avec Trump contre l’Iran vont garantir un avenir radieux et une pérennité aux médiocres. Trump lui-même a des problèmes avec les institutions de son pays, la démocratie occidentale, malgré ses défauts et ses lobbies, ne permet de réaliser n’importe quel deal avec la justice. Dans le cas présent, il ne s’agit pas de la justice d’un pays du quart monde ou d’un dictateur, mais celle de l’Empire et de ses sujets avec ses règles, son éthique et sa transparence « relative ». Dans cette affaire il s’agit du pactole de Crésus tant pour les parents de victimes et de la ville de New-York que des géants américains du barreau qui ne perçoivent pas des honoraires, mais des pourcentages qui annoncent des sommes faramineuses. La vente bradée d’Aramco (société américaine saoudienne), les revenus du « tourisme de la dévotion » et la mise en hypothèque du sol saoudien ne suffiront ni à se prémunir contre les accusations du FBI ni à honorer les dommages et intérêts que la Justice viendra à exiger dans un avenir proche en réponse à la plaidoirie de Jim Kreindler. Le Fisc américain en prélevant sa part du butin, donnerait à Trump ou à un autre locataire de la Maison Blanche les moyens de financement public pour le sauvetage de l’Amérique.

Qui sème le vent récolte la tempête, alea JASTA est : le cabinet Kreindler & Kreindler va franchir le Rubicon et mettre en faillite les Saoudiens. Il s’agit d’un groupe d’avocat fondé en 1950 et dirigé par Jim Kreindler l’expert mondial dans les affaires d’accident d’avion qui gagne pratiquement tous ses procès. Il avait représenté les familles qui ont poursuivi la Libye, dans l’affaire du vol Pan Am 103 de la Pan American Airlines explosé au-dessus de Lockerbie en Ecosse sur son chemin à New York en  1988. Il avait fait casquer la compagnie aérienne pour « faute intentionnelle ».

Alea JASTA est, 80 années de servilité fondée sur protection contre pétrole, islamique wahhabite contre indépendance politique et économique des Arabes et des Musulmans vont être renvoyées à l’oubli. Arbi Arbi wa law kana al coulounel Bendaoud.

Ce qu’on appelle l’Etat profond américain (deep state) n’est pas al coulounel qui a servi la grandeur de la France dans les colonies, mais une mentalité, une idéologie, une vision globale et stratégique qui peut pousser Trump à l’inertie défaitiste lorsqu’il voit le principal allié de l’Amérique contre l’Iran, le Hezbollah et les Russes se faire massacrer par les médias et les juges américains. L’Etat profond peut aussi se servir de la période de confusion et d’incertitude aux USA pour se débarrasser d’un allié arabe devenu encombrant et inefficace tout en apportant bénéfice financier à l’Amérique et aux affaires par la mise en banqueroute d’un Etat aussi riche que l’Arabie saoudite. Il est fort probable que le deep state ait admis l’idée du retrait de l’Amérique du Moyen-Orient et qu’il mette la pression sur l’Arabie saoudite pour qu’elle renforce son alliance puis sa vassalité à l’Etat sioniste qui aurait pour charge d’assurer la sécurité des monarchies qui déclarent la guerre aux mouvements de résistance ou qui accomplissent une guerre par procuration contre l’Iran. Nous sommes dans une époque de spectacles et de narratives, la réalité et la vérité sont difficiles à entrevoir. Il faut oser voir toutes les possibilités. En effet les dés sont jetés et rien n’est sous la maîtrise des hommes, l’histoire est en train de s’accomplir d’une manière accélérée défiant les logiques de systèmes et d’appareils, c’est ce que j’avais qualifié de mystique de l’histoire dans mon livre sur les révolutions arabes  « mystique ou mystification » :

{Nous les emmenons par gradation (vers leur fin) de par où  ils n’ont aucun ressenti}  Coran

Enfermé dans nos débats sur le « halal » et le « haram » nous n’avons ni le temps ni l’envie de nous préoccuper de ce que les puissants de ce monde s’autorisent et s’interdisent pour garantir leurs intérêts et leurs privilèges.

Il nous suffit de continuer à mentir sur Allah et de déclarer qu’Il est le Garant et le Défenseur de nos pays et de nous gouvernants comme si Allah pouvait accepter l’incompétence, la trahison et la corruption du seul fait que nous vivons dans des « terres musulmanes » ou que nous portons des prénoms musulmans. La plus grande faillite des Arabes et des Musulmans est dans la croyance de ce genre de mythe que les rentiers de la religion et du pouvoir ont cultivé dans nos esprits infantiles. Alea jacta est, les Syriens dans quelques années viendront, à leur tour, demander aux Arabes et aux Turques dommages et intérêts, les Libyens aux Français…

{Nous avons destiné beaucoup de djinns et d’hommes pour l’Enfer. Ils ont des cœurs, mais ne comprennent pas. Ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais n’entendent pas. Ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore. Tels sont les insouciants.} Le Coran [7:179]

Syllogismes fallacieux saoudiens et guerre en Syrie.

Si le déni de réalité fausse les énoncés de vérité,  l’absence de vérité ne permet ni  de construire une réalité objective autre que perception ou  représentation mentale ni de trouver un consensus sur la réalité pour qu’elle devienne vivable dans le sens où se construit un sens commun, des valeurs communes, des intérêts partagés et un vouloir-vivre ensemble. Sur le plan ontologique, social, politique, idéologique, historique ou religieux, le pervers narcissique est le cas pathologique le plus tragique. Il est symbolisé par le drame de Caïn tuant Abel, le drame de toute pathologie qui se croit détentrice de la vérité et possédante de la réalité telles qu’elle se les représente dans le mental, l’affectif et  le comportement provoquant des dérives criminogènes sur sa victime.

Le pervers narcissique établit ses rapports sur la domination par la force, la séduction, la fascination et l’exclusion voire l’élimination tant de ce qui lui résiste que de ce qui se soumet à lui. Vivant dans un déni de réalité et de vérité il construit un système de représentations et de valeurs qui le sublime et qui dévalorise tout ce qui n’est pas lui au point de nier à autrui les droits fondamentaux de la différence voire même de l’existence. Sur le plan de la religion et de la patrie, le pervers narcissique parvient à confondre les nobles principes avec les valeurs qu’il se représente de ses principes. Un principe coranique, politique, moral, intellectuel objectif par son caractère universel est transféré dans le domaine de la valeur subjective construite par une coutume, un intérêt, un désir, une idéologie, un vécu, une erreur d’interprétation, une dérive pathologique…

C’est exactement ce que l’Arabie saoudite, Daesh et consorts ont réalisé et c’est ainsi qu’ils ont construit leur existence et leur durée. Ils ont détourné la vérité du Coran et ils ont défiguré la réalité de l’Islam :

La perversion est définie par « l’action de détourner quelque chose de sa vraie nature ».

Le narcissisme est défini comme l’installation durable de « l’ intérêt excessif pour (l’image de) soi provoquant une survalorisation de soi et une dévalorisation d’autrui ».

C’est par ces deux déviations que le pervers narcissique désacralise la vie humaine et rend, « légitime et légaux », les crimes les plus odieux, l’effusion de sang à grande échelle sans droit ni justice, la tyrannie et la guerre contre les musulmans :

{وَمِنَ ٱلنَّاسِ مَن يُعْجِبُكَ قَوْلُهُۥ فِى ٱلْحَيَوٰةِ ٱلدُّنْيَا وَيُشْهِدُ ٱللَّـهَ عَلَىٰ مَا فِى قَلْبِهِۦ وَهُوَ أَلَدُّ ٱلْخِصَامِ}

{وَإِذَا تَوَلَّىٰ سَعَىٰ فِى ٱلْأَرْضِ لِيُفْسِدَ فِيهَا وَيُهْلِكَ ٱلْحَرْثَ وَٱلنَّسْلَ ۗ وَٱللَّـهُ لَا يُحِبُّ ٱلْفَسَادَ }

{وَإِذَا قِيلَ لَهُ ٱتَّقِ ٱللَّـهَ أَخَذَتْهُ ٱلْعِزَّةُ بِٱلْإِثْمِ ۚ فَحَسْبُهُۥ جَهَنَّمُ ۚ وَلَبِئْسَ ٱلْمِهَادُ}

{Parmi les hommes, il y a celui dont le discours te plait lorsqu’il parle de la vie de ce monde. Il prend Allah à témoin de ce que contient son cœur ; mais c’est le plus acharné des querelleurs. Dès qu’il tourne le dos, il s’en va par la terre pour y semer la corruption et détruire les récoltes et le bétail ; alors que Allah n’aime pas le désordre. Lorsqu’on lui dit :  » Prends-garde à Allah ! « , la superbe s’empare de lui et le pousse au péché. Son partage sera la Géhenne : quel détestable lit de repos !} Al Baqarah 204 -206

Mes propos ne sont ni exagérés ni mal orientés. Pour preuve : l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, le Yémen et la Syrie. L’argent, les territoires, le temps et les hommes sacrifiés pour entretenir la mégalomanie et l’incompétence des gouvernants arabes ne sont plus à citer ou à démontrer. Toutes ces destructions ne semblent pas réveiller les esprits indolents, toutes ces dislocations ne semblent pas heurter les consciences. Les Saoudiens et leurs vassaux poussent le monde arabe et musulman à se payer le luxe d’une guerre longue et meurtrière en Syrie alors que les solutions préconisées et appliquées en Libye et en Syrie ne sont pas une faillite, mais une catastrophe sauf pour l’Empire, le sionisme et les marchands de canons.

La nouvelle guerre (terrestre), après cinq ans de subversion, en Syrie n’est pas seulement une fuite en avant devant les échecs des Américains et des Saoudiens à faire tomber le régime syrien et à rendre rédhibitoire l’assistance des Russes, des Iraniens et du Hezbollah. Elle n’est pas aussi une panique lorsqu’on voit la défaite stratégique des Saoudiens au Yémen et que la logique militaire et politique commande d’arrêter ou du moins de ne pas livrer bataille sur plusieurs fronts. Elle est, sur le plan dialectique, un processus implacable qui va faire changer les données du monde radicalement lorsque l’on sait que :

a- L’Arabie saoudite est en train de mettre en jeu sa propre existence : ou bien la guerre en Syrie s’arrête au profit du régime syrien qui est en train de renverser l’équilibre des forces militaires en sa faveur alors qu’elle va perdre milliards, alliés et investissements politiques et idéologiques ; ou bien c’est une guerre totale sur plusieurs fronts et contre plusieurs adversaires que l’Arabie saoudite ne peut remporter ni par son armée ni par ses mercenaires.

b – L’autre pervers narcissique, le sultan néo ottoman, est en train de pousser sa logique jusqu’à son épuisement, car il va se trouver devant des équations impossibles à gérer sur le plan national et international.

c – L’Empire est en train de s’effondrer : beaucoup de discours narratifs et de communication, mais peu d’action. Il est en train de subir les contrecoups du pervers narcissique : se détruire faute de détruire les autres ou l’essoufflement et l’isolement faute de pouvoir détruire les autres. Pour l’instant les autres sont les Russes qui font preuve de sang-froid, de planification et d’efficacité mettant en impuissance les Américains et l’OTAN.

Les cartes semblent compliquées et la fin du monde proche, mais si on fait abstraction des détails, des tons et des nuances on finit par ne voir que le clan des pervers-narcissiques avec leurs victimes et le reste ceux qui leur résistent. On finit par voir le pessimisme, l’infantilisme et l’inefficacité des pervers-narcissiques en devenir plus flagrant, plus fragile et enfin plus décisif pour leur fin de règne dans l’histoire. On commence à voir l’optimisme, la force, la détermination et la fédération des résistants aux syllogismes fallacieux des pervers-narcissiques.

En ce qui concerne le régime saoudien, ses vassaux et ses chantres, les mythes qui font office de syllogisme fallacieux sont au nombre de six :

  1. Le wahhabisme est la doctrine vraie, authentique et pure, la seule à représenter l’Islam. Il faut donc éradiquer les différences.
  2. L’Arabie saoudite est l’arabité vraie, authentique et pure, car elle est la terre natale du Prophète (saws). Il faut donc mettre le monde arabe sous tutelle saoudienne.
  3. Le pétrole est une manne céleste octroyée aux rois et princes bédouins comme l’a été le territoire. Ils appartiennent à Dieu qui a donné mandat à la monarchie seule souveraine en termes de propriété, d’usage et d’abus, de gouvernance. L’absolutisme monarchique français serait progressiste et moderne comparé aux monarchies du Golfe.
  4. Les « religieux » officiels saoudiens sont l’élite intellectuelle, morale et spirituelle du monde musulman : ils ne sont pas seulement le clergé « pseudo-institué » par le Prophète en leur qualité de légataire de la science, de la mémoire et du territoire, ils sont la Parole d’Allah infaillible et irréfragable.
  5. La dynastie saoudienne est « le Serviteur des deux lieux saints de l’Islam »
  6. L’Amérique est l’allié fidèle et indéfectible des Arabes et des musulmans.

Comme le chiffre 6, l’Arabie saoudite et ceux qui partagent et véhiculent son idéologie sont le symbole de la perfection et de l’ordre. À ce titre ils ont la certitude d’être dans le vrai et d’avoir la victoire contre les Syriens, les Iraniens et les Russes comme ils ont la certitude d’avoir écrasé la résistance yéménite. Les rentes religieuses, financières, idéologiques et le soutien des Américains et des Européens leur facilitent le montage des « rebelles », des mercenaires et des dévoués pour mener les guerres que leur armée ne peut pas mener faute de doctrine, de technicité et de bravoure.

C’est avec ces six fables que le monde arabo-musulman et ses élites politico-religieuses ont  construit leur pensée moderne. C’est ainsi que le monde arabe et musulman va entrer dans une nouvelle guerre (guerre terrestre) où cette fois les illusions seront balayées faute d’illusionnés pour les porter. Peut-être que les insensés survivants reviendront à la raison qui leur dira que la Palestine occupée est sunnite arabe.

Aucun syllogisme et aucun discours ne peuvent tenir devant le hadith qui dit que le croyant n’est véritablement croyant que si les gens sont à l’abri de sa main (qui frappe, qui tue, qui vole) et de sa langue (qui insulte, qui humilie, qui ordonne le mal).

La vérité et la réalité nous imposent de dire que si les Arabes et les Musulmans ont donné la caution morale et religieuse à l’OTAN pour détruire la Libye et assassiner son président en exercice, l’histoire ne va pas se répéter : Bachar Al Assad et la Syrie vont imposer une nouvelle réalité et faire émerger la vérité sur l’imposture et la trahison de ceux qui parlent au nom de l’Islam. Encore une fois, il ne s’agit pas d’espoirs ou de désirs, mais de réalité objective c’est-à-dire de rapport de forces, dans ce cas les rapports sont mondiaux, ils concernent les Russes, les Chinois et les Américains. Les Arabes ne jouent que le rôle de figurants.

Lorsque Poutine et Medvedev disent à l’OTAN que toute présence étrangère sur le sol syrien est une déclaration de guerre  à la Russie et que celle-ci peut conduire à une troisième guerre mondiale, il ne s’agit pas de l’infantilisme des princes ou de la sénilité des rois du monde arabe. Les Arabes piètres et serviles ont répondu fidèlement à l’appel américain de former une armée arabe otanesque, mais les Américains ne sont pas insensés pour s’engager dans une confrontation planétaire dont ils ne maitrisent pas tous les tenants et aboutissants à moins que leur stratégie soit de se débarrasser de la Turquie et de l’Arabie pour faire des affaires avec les Iraniens et se partager le monde avec les Russes. Les semaines à venir vont montrer la tendance.

Pour les Arabes pervers-narcissiques il ne peut y avoir de changement politique, stratégique ou tactique ou opérationnel, ils sont dans leur délire. Ce délire a pris des proportions infernales lorsque le Yémen a résisté, la Syrie a reconquis des territoires et l’Iran a repris sa place dans le concert des nations. Ce délire pervers et narcissique n’émerge pas du néant il est construit par la conjugaison des facteurs suivants :

  • une décadence civilisationnelle qu’on croyait surmontée par le puritanisme religieux et le discours moralisateur,
  • une instrumentalisation de la religion à des fins politiciennes et idéologiques pour asseoir une dynastie instaurée par la force des armes et l’effusion de sang des musulmans,
  • une doxa intellectuelle entretenue par la rente religieuse,
  • une rente religieuse construite sur l’immobilisme et la compilation des anciens savoirs,
  •  une manipulation de l’histoire par l’impérialisme anglo-saxon qui a placé ses liges pour saper tout effort d’ indépendance et pour faire diversion sur tout projet de renaissance de l’Islam libérateur et civilisateur,
  • l’islamophobie comme machine de guerre médiatique, psychologique et militaire pour donner aux musulmans une image hideuse qui ne mérite ni respect ni pitié, et pour entrainer les musulmans dans des guerres fratricides sectaires, ethniques…

Tous ces facteurs ont cultivé la déraison dans la pensée musulmane et ont introduit la démesure dans les politiques suivies y compris dans celles de mener la guerre contre les peuples  et de livrer leurs territoires à la prédation et à la destruction. C’est cette démesure qui produit la pensée mortifère et morbide qui croit que le salut est dans l’Apocalypse ou dans la venue du Sauveur, et qui exige que les peuples arabes et musulmans  se soumettent avec fatalité à la folie destructrice des pervers-narcissiques, ceux-là mêmes qui la gouvernent et ceux-là même qui produisent sa mentalité religieuse et nationale.

Nous sommes dans un monde où il n’y a pas de place à l’insensé et  à l’impuissant. L’insensé et l’impuissant ne sont là que parce que les intérêts en jeu exigent leur présence dans un rôle à jouer. Les intérêts ne peuvent occulter indéfiniment la vérité et la réalité de l’Islam et des musulmans : Le Coran est la Parole d’Allah et l’Islam Sa Religion signifiant par là que les géo-codes et les socio-codes peuvent donner une interprétation temporelle et spatiale à l’Islam, à sa culture, à sa philosophie et à sa sociologie, mais ils ne peuvent s’imposer comme la norme et encore moins lorsqu’ils sont mal représentés ou proposés comme caricature et repoussoir à un monde inondé d’informations et de « vérités ».

Omar MAZRI

Source : Syllogismes fallacieux saoudiens et guerre en Syrie.