Manifeste judéophile et islamophobe ou pure diversion ?

Le caractère manifestement islamophobe et judéophile des termes, des intentions et des figures des personnalités politico-médiatiques dénonçant «une épuration ethnique à bas bruit» pratiquée par les « islamistes radicaux » contre les bons citoyens juifs soulèvent quelques questions.

Les questions que nous soulevons ne cachent pas le caractère odieux de l’assassinat ou de la torture de onze juifs français par quelques musulmans français ou résidents en France. Elles ne se dressent pas contre la liberté, la légalité voire la légitimité de manifester ses opinions vraies ou fausses, de déclarer ses sentiments ou ses préjugés, d’afficher ses appartenances idéologiques ou religieuses. Les questions que nous soulevons manifestent notre liberté de pensée et notre devoir de clarification pour que ce qui ressemble à une vaste opération de communication ne soit pas vécue par la communauté la plus fragile de France comme une énième stigmatisation, une énième provocation, un énième amalgame, une sempiternelle diversion…

Les questions et les réponses à un problème factuel ou narratif ne doivent pas être prisonnier d’une imagination délirante et narcissique mise en scène et livrée à la consommation de masse pour fasciner, hypnotiser, leurrer, détourner, séduire, masquer.

Le problème, ses questions et ses réponses doivent répondre à :

  • La réalité (situation objective),
  • La vérité (se référer aux positions principielles les plus universelles ou aux affirmations catégoriques et explicites d’un texte sacré religieux ou profane fondateur d’une pensée ou d’une civilisation et non à des valeurs c’est-à-dire à des jugements, des interprétations et des opinions à portée limitée en termes de durée de temps, d’étendue d’espace)
  • Le contexte dans lequel se manifestent la réalité et la vérité pour s’imprimer dans la conscience humaine ou pour s’exprimer aux autres consciences.

Le contexte international :

L’échec en Syrie et la mise en évidence de plus en plus visible et de plus en plus crédible de l’implication occidentale dans la formation, le soutien et la manipulation des groupes terroristes nommés pour la « bonne cause » « islamistes » ou « djihadistes » impose de faire diversion.

L’impossibilité de cacher les manifestations des Palestiniens revendiquant toujours leur droit au retour avec détermination et conviction et la riposte sanglante et démesurée des forces d’occupation sioniste de la Palestine. A chaque agression sioniste et à chaque effort de résistance palestinienne le monde politico-médiatique vient apporter son soutien à l’entité sioniste et il n’échappe à personne la bataille qui veut confondre l’anti sionisme et le soutien à la résistance avec l’anti sémitisme. Le ridicule de qualifier un arabe d’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient pourtant sémite que le juif d’Amérique, de France ou de Russie ne tue plus personne. Cette dérive « sémantique » porte préjudice aux Juifs eux-mêmes, mais eux aussi ils sont victimes des médias et du sionisme.

La réalité :

J’ai froid au dos et j’ai les limbes qui se transforment en morve lorsque je lis ce que les notables politico médiatiques français énoncent comme vérité sacrée :

«Les Français juifs ont 25 fois plus de risques d’être agressés que leurs concitoyens musulmans»,

«Dix pour cent des citoyens juifs d’Ile de France – c’est-à-dire environ 50 000 personnes – ont récemment été contraints de déménager parce qu’ils n’étaient plus en sécurité dans certaines cités et parce que leurs enfants ne pouvaient plus fréquenter l’école de la République»,

«Il s’agit d’une épuration ethnique à bas bruit au pays d’Émile Zola et de Clemenceau.»

Le crime et le criminel comme objet de préoccupation intellectuelle n’est pas un fait nouveau, ce qui est nouveau et absurde c’est de l’imputer médiatiquement à une race, à une religion, à une communauté sans apporter de preuves scientifiques et de témoignages vérifiables et incontestables. Le crime et le criminel sont des choses graves et sérieuses, ils relèvent de la compétence des criminologistes, des juristes, des psychologues, des psychiatres. Dans le passé il y a eu des dérives racistes ou des incompétences intellectuelles pour imputer le crime à une race. Aujourd’hui la théorie dominante veut que le crime relève de déviance de la personnalité individuelle ou de troubles pathologiques que les conditions sociales, politiques, économiques et psychologiques aiguisent ou atténuent. On a montré également que l’ignorance des lois et l’irresponsabilité sociale favorisent la délinquance et le crime.

Il est du droit des personnalités ayant signé le manifeste d’exprimer leur peur ou de manifester leur sympathie pour les Juifs et leur antipathie pour les musulmans, mais il est de leur responsabilité morale et citoyenne de ne pas s’embarquer sur un terrain aussi complexe que la sociologie et la psychologie du crime. En France il y a un homme extrêmement compétent en matière de criminologie, en l’occurrence Alain Bauer, professeur de criminologie appliquée au Conservatoire national des arts et métiers, consultant national et international en sécurité, auteur d’une cinquantaine d’ouvrages sur la criminalité et le terrorisme, descendant de parents juifs. Il serait intéressant, même s’il ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique, d’écouter son avis sur les assertions infondées et floues du dit manifeste. Il serait intéressant, même si certains lui reprochent sa « proximité avec l’extrême droite » ou  sa « haine des musulmans » de voir comment il explique les connexions du crime organisé et les solutions à apporter à la criminalité au lieu de juger et de punir des communautés sans argument scientifiques, sans volonté d’apaiser et de « civiliser ». Il pourrait nous expliquer pourquoi les « islamistes radicaux » ont droit d’expression sur l’Internet pourtant surveillée, pourquoi ils parviennent à passer à l’acte alors qu’ils sont fichés et surveillés et surtout pourquoi la majorité des ces « radicaux islamisés » proviennent de la délinquance ou du crime organisé ?

La réalité que les forces de l’ordre connaissent est bien celle du nombre d’arabes, d’africains et d’étrangers assassinés en France. Objectivement aller sur ce terrain et établir des ratios est dangereux, car la plupart des crimes et des agressions ne peuvent être attribués au racisme ou à l’islamophobie. Par ailleurs les ratios ne peuvent rien signifier lorsque l’on sait que les effectifs des communautés sont incomparables, les conditions sociales des communautés sont incomparables.

A titre d’illustration de la lutte idéologique et médiatique du manifeste et de ses affirmations fallacieuses comme celle-ci :  «Dix pour cent des citoyens juifs d’Ile de France – c’est-à-dire environ 50 000 personnes – ont récemment été contraints de déménager parce qu’ils n’étaient plus en sécurité dans certaines cités et parce que leurs enfants ne pouvaient plus fréquenter l’école de la République». Tous les gens sensés des HLM, de la sociologie, de l’administration régionale et communale, de la démographie, de la géographie savent qu’il y a un processus d’infiltration et d’exfiltration communautaire dans les cités, les écoles, les lieux de travail par l’écrémage et la ségrégation du fait des conditions sociales, du communautarisme passif (celui mené par les politiques sociales et économiques en échec d’intégration et en confusion  sur le droit à la différence qui créé de la diversité et l’obligation d’indifférenciation qui multiplie les variétés dans les mêmes moules sociaux, politiques et médiatiques cultivant le même unanimisme et le même immobilisme). Il n’y a pas que les seuls Juifs qui ont déserté les « quartiers et les écoles de quartiers », mais tous les « européens » qui ont les moyens de partir et une minorité d’arabes et d’africains qui sont parvenus à une « intégration sociale » par le revenu.

L’autre réalité qui n’échappe à personne est le nombre de musulmans et d’arabes tués par le terrorisme « islamique ». Il ne s’agit pas de « onze » personnes, mais de millions de personnes en Irak, en Syrie, en Afghanistan depuis peu. Si nous devons comptabiliser les tués par la cupidité et la voracité des prédateurs occidentaux dans le monde il s’agit de centaines de millions. On s’interroge donc sur les mobiles des signataires du Manifeste contre l’antisémitisme lorsque l’un des signataires les plus influents et les plus prestigieux a mis à feu et à sang la Libye pour spolier ses richesses, punir les peuples qui résistent à l’ordre impérial et sioniste.

L’horreur de la réalité du Manifeste est exprimée par le journaliste Claude Askolovitch, qui dans les colonnes du site Slate, dit qu’il s’agit d’ «Une mise en accusation des musulmans de ce pays, réputés étrangers à une véritable identité française, sauf à renoncer à leur dignité». Il conteste la quintessence du message qui : «fait de la lutte pour les juifs une composante du combat identitaire français, et cette identité exclut.» Il en déduit que ce texte induit que «la défense du juif implique le refus de l’islam ».

Le politico-médiatique français n’a toujours pas compris que l’échec de l’esprit français en Algérie et son idéologie colonisatrice est dû principalement à sa stupide stratégie de monter le Juif contre le Musulman, le Berbère contre l’Arabe, l’assimilé contre l’indigène…

L’autre réalité est celle de la fiction d’un Islam français à opposer à l’Islam pour civiliser le monde. Les Américains veulent une OTAN arabe qui combat les arabes, les africains et les asiatiques pour le compte de l’empire au nom d’une certaine idée (fausse) de l’Islam. Ils fondent leur fiction sur la vassalité, la terreur ou la corruption des gouvernants arabes.  Les Français, forts de leur culture et de leur intelligence, veulent mieux faire : fabriquer un Islam français puis l’exporter comme on exporte une voiture ou des pommes de terre. Les uns et les autres se croient les dépositaires légaux de l’humanité et de l’universel.

«… que les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés de caducité par les autorités théologiques, comme le furent les incohérences de la Bible et l’antisémitisme catholique aboli par [le concile] Vatican II, afin qu’aucun croyant ne puisse s’appuyer sur un texte sacré pour commettre un crime».

«Nous attendons de l’islam de France qu’il ouvre la voie»

L’Islam au service des appétits impérialistes et de l’hégémonie culturelle de l’Occident athée et matérialiste nous l’avons vu en œuvre en terres d’Islam et nous avons vu ses bouffons en France. Il faut d’abord tenter de judaïser les Juifs et de christianiser les Chrétiens que vous connaissez mieux que les musulmans que vous voulez islamiser à la mode de Vatican II. Le manifeste pro sioniste et pro Netanyhou dans son contexte est dans sa réalité intrinsèque une référence à Vatican II pour une raison stratégique : la lutte idéologique.

Le Concile Vatican II (1962-1965) est une référence majeure sur le plan géopolitique : il déclare la guerre contre l’Islam jugé unique et solide rempart culturel, moral et spirituel à l’évangélisation de la planète. Pour s’attaquer à ce rempart Vatican II va réhabiliter les Juifs du meurtre de Jésus, ouvrir les passerelles vers l’Église orthodoxe d’Orient et de Russie, unifier les slaves contre l’union soviétique, considérer les musulmans comme sans Dieu, sans Livre et sans Prophète, considérer l’Islam comme une religion asiatique à l’image du bouddhisme, une spiritualité en retrait du monde… Contre la dialectique de l’existence qui refuse le monopole et le pouvoir unique Vatican II est en harmonie avec l’hégémonie impériale qui ne reconnait pas la diversité et la multipolarité. Le Vatican II est en harmonie avec le matérialisme impérialiste : l’Évangile, parole de Jésus d’inspiration divine est reconnu comme écriture humaine. Le Vatican II correspond à l’esprit de la post modernité : ni Dieu, ni centre, mais pouvoir temporel absolu et sans partage aux mains des communicants ( du nouvel ordre mondial). Le Vatican II est l’instrument de lutte idéologique le plus redoutable : il enlève à l’Islam son caractère divin et ferme la porte à un des messages les plus forts du Coran : les falsifications des écritures saintes et les crimes contre l’homme par les élites intellectuelles et politiques des Juifs et des Chrétiens qui instrumentalisaient la religion à des fins mondaines. Il évangélise les Chrétiens dans le sens où il les fait entrer massivement dans le giron de l’Église et enfin il leur demande de se désolidariser de la Palestine léguée aux Juifs qui ont le droit de la vider de ses occupants arabes et musulmans. Les Églises orthodoxes de Palestine, de Syrie, d’Irak et du Liban ont refusé cette reconnaissance. J’ai traduit et publié des textes sur l’arabité des chrétiens et leur attachement à la cause palestinienne. J’ai écrit sur le pape Benoit XVI, sur la visite d’Obama au Caire, sur les croisades : on trouve la même stratégie et la même communication : enlever aux indigènes leur droit à la patrie et former une élite musulmane médiocre et méprisable au service de l’envahisseur. La colonisation, l’évangélisation et l’Empire ne sont pas encore liquidés. Il y aura toujours des voix et des voies pour leur expression et leur désir de conquête et de vassalisation.

Le contexte national : La crise sociale, la crise civilisationnelle, la crise économique, les retombées de l’agression contre la Libye mettent à mal la cohésion politique et médiatique ainsi que sa crédibilité. La diversion et le spectacle sont des armes de manipulation de l’opinion et de désinformation.

Dans ce contexte international et national d’exaspération et de crise tout crime relevant du droit commun et inacceptable sur le plan de l’éthique et de la morale est instrumentalisé à des fins idéologiques et politico militaires. On confisque à la Justice, à la Police et à la conscience humaine leur devoir de questeur de vérité et de réalité. Lorsque le Manifeste dit «Nous demandons que la lutte contre cette faillite démocratique qu’est l’antisémitisme devienne cause nationale avant qu’il ne soit trop tard, avant que la France ne soit plus la France» nous disons que ce n’est pas ainsi que l’idéal républicain et démocratique sera restauré ou promu. On ne peut ni promouvoir ni partager ce qui est confisqué ou pris en otage.

« Une civilisation démocratique ne pourra se sauver que si elle fait du langage de l’image un stimulant pour la réflexion critique, pas une invitation à l’hypnose ». Umberto Eco

J’ai largement abordé ce thème dans l’article : Je suis une image ( https://liberation-opprimes.net/je-suis-une-image/ ). Je suis heureux de constater que malgré la désinformation il y a toujours des honnêtes gens qui osent dire “ne parlez pas en notre nom” et ne travestissez pas la vérité. Voir l’article «Mise en accusation des musulmans» ? Des voix dénoncent la tribune contre le «nouvel antisémitisme» ( https://francais.rt.com/france/50093-voix-denoncent-tribune-contre-nouvel-antisemitisme )

La vérité : La négation de l’Islam et la stigmatisation des musulmans s’imaginent occulter la vérité en déclarant :

« que les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés de caducité par les autorités théologiques »

Il ne s’agit pas de vérité mais de syllogisme fallacieux :

1 – Sur un plan procédurier il n’appartient pas à l’accusé d’un délit ou d’un crime de défendre mon innocence, mais il appartient à ses accusateurs d’apporter leurs preuves et leurs arguments sur sa criminalité et les incitations aux crimes de sa religion, de son idéologie.

2 – Pour l’instant ils ne produisent qu’une doxa politico médiatique qui se veut casuistique docte. La casuistique se fonde sur le principe général pour juger du particulier alors qu’ici on émet une opinion infondée et ignare pour donner l’illusion de juger le principe général (le Coran) à partir du singulier (le musulman déviant et agressif). On ne peut raisonnablement imputer au Coran et aux musulmans qui peuplent la planète les malheurs qui s’abattent sur les Juifs et les Chrétiens et se taire sur les agissements d’une secte ou d’une monarchie incitant à la haine et au crime. Il est facile de se taire sur les agissements du corrupteur et de pourfendre le faible et le sans voix.

3 – Sur le plan logique, abstraction de la réalité et de la véracité, on ne peut demander à une autorité religieuse de frapper de caducité une partie ou l’ensemble de sa référence religieuse ou doctrinale à moins qu’elle ne soit déjà dans un processus de remise en cause de ses fondamentaux ou qu’elle ne soit dans une position de vassalisation telle que le reniement identitaire et religieux ne peut être évité. Les seules autorités religieuses qui sont capables de ce reniement sont celles de l’Arabie saoudite, car elles sont inféodées à la rente et au pouvoir du sultan. Les seules autorités religieuses qui sont capables de ce reniement sont celles sur qui pèsent l’accusation de terrorisme ou d’incitation au terrorisme et qui ont contribué à l’effort de guerre occidental contre la Libye et la Syrie par leurs moratoires criminels. Les renversements idéologiques et culturels en Arabie saoudite annoncent le néo wahhabisme ouvertement sionisant ou une guerre civile entre les libéraux et les archaïques.

4 – Les Occidentaux les plus éclairés et les plus honnêtes se laissent piéger par la doxa des savants et prédicateurs musulmans ou par celle des orientalistes. Les trois grands empires musulmans, les Omeyades, les Abbassides et les Ottomans ont légué aux musulmans et aux occidentaux une culture d’empire avec ses moratoires religieux pour justifier les colonisations ou pour contrer les envahisseurs étrangers dans une époque de confrontation politique et militaire. Le religieux a été instrumentalisé à des fins politiques et historiques. On peut leur trouver une justification ou une explication comme on peut les réfuter et les critiquer cela fait partie de la pensée humaine sur la politique, les relations internationales, l’histoire, l’économique, la géographie et la sociologie. L’immobilisme et la décadence musulmane ont érigé, à tort, le patrimoine historique et le fait coutumier d’une époque singulière ou d’une géographie  particulière en dogmes religieux inviolables. La conjugaison de la tyrannie politique dans le monde musulman, de sa paresse intellectuelle et du son mimétisme religieux des Juifs et des Chrétiens a gommé le sens coranique et son caractère universel. La colonisation a accentué ce gommage en aiguisant le refus du colonisateur non seulement en sa qualité idéologique et militaire mais en sa qualité humaine et dans ses valeurs morales et sociales.

Aussi les musulmans conscients et responsables doivent prendre leurs legs religieux avec esprit critique en puisant directement dans la source du Coran et dans le comportement du Prophète (saws) pour témoigner de la vérité et vivre dans leur réalité. Ils ne doivent pas continuer à vivre en marge du monde comme des reclus ou des bannis ou des accusés qui réagissent sans peser sur leur destin et celui des autres humains. Ils doivent mettre fin au mythe du musulman parfait car l’Islam est parfait qui les rend incapables de se prendre en charge dans un monde en mouvement et dont le mouvement est alimenté par la dialectique des crises. Pour ne plus être objet de manipulation nous devons agir comme acteur avec nos moyens et nos ressources pour nous libérer de l’oppression et de l’humiliation dans ce monde et dans l’autre.

Plusieurs voies s’offrent à nous, pour ma part j’en voie quatre  :

  1. Régler le sens de l’allégeance et de l’appartenance. Pour l’homme cultivé et intelligent, conscient et responsable de sa vie sur terre, les sphères, registres et niveaux d’allégeance et d’appartenance sont relatifs, non exclusifs. Nous pouvons les concevoir et les vivre sans contradiction, sans schizophrénie et sans anarchie si nous parvenons à les définir, à les délimiter et à les agencer dans des priorités. Sur ce terrain les Juifs ont réglé leurs problèmes. Athées ou croyants, communs ou élite, ils parviennent à vivre en harmonie et à faire front en bloc à l’adversité sans bruits et avec efficacité. Toutes les communautés humaines en minorité, par la loi de l’adaptation et du changement parviennent à trouver leurs marques et à vivre au sein des autres respectés et respectueux.
  2. Comprendre le rapport des forces. Nous vivons dans un pays où la charité répond à des impératifs politiques et idéologiques, mais où aussi le respect accordé et la voix permise sont fonction du poids électoral, social, politique, médiatique, culturel et économique. Pour des raisons historiques nous sommes absents sur ces terrains et nous ne pesons rien dans le rapport des forces. Le minimum requis, même si la démocratie est dévoyée par les médias, est de participer efficacement et massivement. Il ne s’agit pas d’un vote communautariste, mais d’un vote citoyen donc utile pour la vie sociale et économique du citoyen, utile pour les libertés fondamentales, utile pour la justice, utile pour la paix. Le Halal et le Haram ont été définis d’une manière explicite par le Coran, il serait vain d’en faire des masques pour cacher notre indigence et notre paresse. On peut décider de s’abstenir de voter par acte politique et c’est un choix respectable. Le faire par motif religieux est une ignorance de la religion et une inféodation à une secte ou une allégeance à un pays étranger.
  3. S’approprier le savoir et la connaissance. En qualité de musulman je me dois de connaitre un minimum du Coran pour vivre apaisé, libre et responsable. En qualité de citoyen ou de résident je me dois de connaitre un minimum de la culture, de la géographie et de l’histoire du peuple ou de la communauté avec qui je partage le temps et le lieu de vie.
  4. Réclamer pour nous et pour les autres la liberté et le droit à la différence. Il ne s’agit pas dans nos rapports avec les autres, musulmans ou non musulmans, de nous focaliser sur les questions d’exégèse ou de rite, mais de liberté, de responsabilité, de savoir, de dignité humaine. Nous ne pouvons inviter à la foi que par notre pratique quotidienne de la vertu. Nous devons penser, dire et agir en termes de liberté et de responsabilité. Tous les énoncés coraniques où il est question de châtiment divin ou de Jihad (lutte ou plus précisément effort sur soi) ont pour vocation la défense de la liberté et de l’expression plurielle. Seul Dieu est Un, Immuable, Absolu et Parfait avec pour corollaire tout ce qui n’est pas Dieu est divers et varié, changeant, relatif et imparfait. Nos réponses et nos positions en matière de liberté et de droit à la différence ne peuvent être tactiques, conjoncturelles ou superficielles : elles découlent du credo de notre foi monothéiste.
    Tous les Prophètes autorisés à prendre les armes et tous les châtiments venant du ciel répondent au seul impératif de défendre la liberté et de refuser le monopole y compris en matière de conscience et de pensée. L’ordre coranique de tuer les Juifs n’est pas un ordre arbitraire, inique et raciste que donnerait un tyran judéophobe contre tous les juifs pour leur race ou leur religion, mais la suite logique et historique qui a été réservée à une tribu juive qui a trahi le pacte de non-agression établi avec le Messager Mohamed (saws), qui a comploté avec les Arabes oppresseurs et qui a tué les émissaires de paix envoyé vers eux par le Prophète. Contre les traitres et les transgresseurs ce ne fut pas la loi coranique qui a été appliquée, mais la loi mosaïque dure et impitoyable. Le peuple de Sodome et Gomorrhe (peuple de Loth) n’a pas été exterminé, comme le disent la Bible et certains imitateurs musulmans pour ses méfaits moraux (homosexualité), mais pour son refus de la différence de Loth qui ne pratiquait pas l’homosexualité et qui risquait l’expulsion de la cité. Il en fut de même pour le peuple de Salah dont les élites ont confisqué les terres et l’eau pour le profit exclusif des nantis. Il en fut de même pour le peuple de Choaib dont le peuple a été exterminé pour le monopole du commerce et l’usage frauduleux des instruments de pesage et de mesure. David a combattu les envahisseurs tyranniques (jabbarines). Résister à un ordre inique et lutter pour sa liberté et celle des autres y compris pour la préservation de leurs lieux de culte et de leurs temples est un principe coranique universel que pratiquent tous les hommes épris de liberté et de justice. C’est ce que nous voyons en Palestine et ailleurs dans le monde. Le châtiment divin frappe aussi tous les hommes et tous les pouvoirs qui ont une dérive démiurge comme Pharaon.

Au lieu de verser dans des formulations infondées et tendancieuses, les signataires du Manifeste auraient trouvé plus d’écho et meilleur écoute s’il n’avait pas reproduit une fois de plus le monopole de la souffrance du peuple juif comme si les autres peuples n’ont pas de souffrance, comme si les Juifs de France ne sont pas confrontés aux mêmes problèmes que les autres français. Le moment et les propos du manifeste du nouvel antisémitisme mettent l’accent sur les clivages et les haines et à ce titre ils ne servent ni les intérêts de la République ni ceux de la Démocratie ni ceux de la Liberté ni ceux de l’impartialité et de la neutralité de la Justice.

Les défenseurs laïcistes de la République et les pourfendeurs islamistes de la République tombent dans le même travers psittaciste qui consiste à répéter inlassablement, comme des perroquets savants, le même discours alors que la réalité, la vérité et le contexte les contredisent. Selon l’expression de Malek Benabi le côté pile et le côté face de la même fausse monnaie intellectuelle peuvent représenter deux figures différentes, mais représenter le même symbole de l’échange ou de l’accord. Ces termes de l’échange ou de l’accord nous les avons vu et nous les continuons de les voir dans les agissements des terroristes pseudo islamistes qui terrorisent les populations musulmanes, mais qui ne mènent aucune attaque verbale ou physique contre l’occupant sioniste. Les uns et les autres pratiquent l’art de la diversion dans leur propre camp et avec leurs propres rhétoriques. En France les élites musulmanes participent au même psittacisme : bavarder et se disputer des rentes de positions sociales ou intellectuelles alors qu’aucune action sérieuse de pédagogie ou d’édification civilisationnelle (fondations caritatives, institut de formation, magazine, édition …) n’a été entreprise.

Conclusion :

La loi coranique suprême stipule que

« Quiconque attente, sans droit, à la vie d’un homme c’est comme s’il avait attenté sur l’humanité entière« .

Cette loi est universelle. L’unique dérogation est le droit de défendre la vie ou la liberté lorsqu’elles sont menacées ou bafouées. Le seul droit est celui de la légitime défense, celui de la résistance contre n envahisseur, celui de la lutte contre un oppresseur usant de violence ou celui d’un acte de justice rendu par un tribunal légal et constitué qui accorde au justiciable toutes les garanties pour se défendre ou d’être défendu. En matière de justice, le Coran autorise la peine de mort comme hadd c’est à dire limite supérieure qu’il ne faut pas transgresser et il recommande le pardon et la remise de peine s’il y a repentir. Le fanatique qui tue au nom de Dieu ou de la religion est un criminel qui doit répondre de ses actes devant un tribunal et nul autre que lui ne doit porter le fardeau de son crime. Le fanatique qui impute à quelqu’un la responsabilité du crime commis par un autre est criminel lui aussi car son faux témoignage peut conduire au meurtre et à l’iniquité envers un homme ou une communauté d’hommes. Celui qui parvient à me prouver que le Coran dit le contraire je m’engage à échanger ma foi contre la sienne et à faire du sionisme l’amour de ma vie.

Quel est notre devoir face aux schismes ?

La prescription coranique

{Certes, cette communauté qui est la vôtre est une communauté unique, et Je suis votre Seigneur. Adorez-Moi donc.}  Al Anbiya 92

{C’est Lui (Allah) qui vous A déjà nommés musulmans, auparavant, et dans ceci (le Coran) : afin que le Messager soit témoin auprès de vous et que vous soyez témoins auprès des hommes.} Al Hadj 78

Le Coran nous ordonne d’être une communauté de musulmans sans esprit partisan ni confessionnel. Toute autre démarche est une transgression au Coran. Nous avons montré l’ineptie de ceux qui se cachent derrière un hadith faible et qui même s’il était authentique a un autre sens que la divergence est une miséricorde. C’est plus qu’une transgression c’est un Takkabur, une arrogance, une surenchère sur Allah qui nous a nommé Musulman et qui a voulu que nous soyons une seule communauté unie derrière un même Coran et un même Prophète.

 

La réalité

Nous nous comportons, de fait, comme les égarés et les fourvoyés que le Coran nous a interdit de suivre :

{Les Juifs ont dit : « Les Nazaréens ne tiennent sur rien », et les Nazaréens ont dit : « Les Juifs ne tiennent sur rien », et ils récitent le Livre! Ainsi dirent aussi, les mêmes paroles, ceux qui ne savent pas. Mais Allah Jugera alors entre eux, le Jour de la Résurrection, sur ce dont ils divergeaient.} Al Baqarah 112

La réalité est en contradiction totale avec ce verset. Comment espérer la quiétude, la paix, la prospérité, la liberté et la dignité alors que nous sommes dans une réalité contradictoire avec  l’esprit et la lettre du Coran. Cette réalité n’est pas une imposition de l’extérieur qui peut donner justification à notre stupidité ou à notre pragmatisme, c’est un processus historique et idéique que nous avons réalisé depuis des siècles qui nous a amené à cette situation de Wahn, de divergences, d’obscurantisme ouvrant la porte au colonialisme qui a finit de détruire ce qui restait comme noblesse et lumière en nous. Libéré de ce colonialisme par la grâce de Dieu nous sommes revenus au même état qui a précédé le colonialisme : l’esprit atomiste et tribal que condamne l’Islam même s’ils prennent le nom de confessions, de doctrines, de nations…

Confrontant l’image de la réalité avec l’image du devoir coranique notre vision mentale devient floue par la superposition de l’espoir qui émane du Qur’àn et de celle du  « cynisme » qui habite notre imagination modelée par le regard qui ne voit que la laideur, le mensonge, l’hypocrisie,  l’ego narcissique dupliqué dans les élites et les peuples. Nous sommes fragmentés à l’image de ce puzzle issu de  Sykes Picot puis de l’implantation sioniste que Sheikh Azzedine Al-Qassam a décrit : «Sans l’Islam, nous ne sommes que des tribus sans lien, chacune préoccupée par ses propres considérations étroites. »

Comme en proie à des troubles oculaires nous sommes obligés de fermer un œil pour ne voir que d’un seul œil mais l’image qui  bouleverse notre vision  est  totalement incrustée en toile de fond : la réalité des schismes et du wahn qui nous enveloppent au quotidien.

A quelle perspective  s’attendre ? Faudrait-il tout  reconstruire pour éviter les mauvaises surprises ? Peut-on reconstruire sans déconstruire ? Peut-on déconstruire et reconstruire dans l’anarchie et les divergences ? Faut-il faire de l’attaque des schismes une priorité dans le travail de déconstruction reconstruction ?

Je  ne pense pas, honnêtement,   qu’il soit utile d’ouvrir le dossier des schismes au niveau intermédiaire des associations musulmanes. En plus de notre déficit de compétence il y a la douleur de la plaie qui rend difficile le regard froid et lucide sur les manifestations du mal qui nous ronge. Il y a  aussi l’expérience sociale, politique et professionnelle qui témoigne qu’il ne faut ni déblayer ni construire sur une plaie ontologique ou sociale ni dans son voisinage mais qu’il faut construire ailleurs le temps que…

Mohamed (saws) s’est trouvé confronté aux plaies béantes de l’idolâtrie et de l’injustice en Arabie pré islamique. Il ne s’est pas attaqué aux idoles ni au système oppressif avant d’édifier  l’homme qui s’en libère en construisant dans la partie intacte et saine (sa Fitra) l’amour de la vérité qui chasse le mensonge. Il y a un énorme travail de déconstruction de la décadene musulmane et de la mentalité de colonisé  puis de reconstruction de l’être musulman libéré du fétichisme des doctrines et de l’esprit partisan et sectaire :

{C’est Lui qui A Envoyé, parmi les analphabètes, un Messager d’entre eux, qui leur récite Ses Versets, qui les épure, qui leur apprend le Livre et la Sagesse, bien qu’ils fussent sûrement, auparavant, dans un fourvoiement évident. Et d’autres, parmi eux, qui ne les ont pas encore suivis. Et Il Est l’Invincible, le Sage.} Al Jumu’a 2

{Et avertis ton clan : les plus proches, et sois modeste envers ceux qui t’ont suivi des croyants. S’ils se rebellent contre toi, alors dit : « Je suis innocent de ce que vous commettez ». Et fie-toi à l’Invincible, au Miséricordieux} As Chu’ara 214

S’appuyant sur une avant-garde de sacrifice et d’endurance  il a construit l’homme Mohammadien le civilisé et le civilisateur au Nom d’Allah. Cet homme nouveau est sorti de sa torpeur par « Lis ! Lis au Nom de ton Seigneur » pour entrer dans le monde de l’épreuve qui forge les volontés et trie les déterminations et les compétences au contact de l’oppression. Le musulman connaissant son Dieu est tout de suite confronté à sa  vocation et à ses missions : résister à l’oppresseur, nier la Jahiliya et fédérer d’autres avant-gardes jusqu’à faire émerger la communauté de foi libérée de l’oppression et de la « hamiyat al Jahiliya », le fanatisme de l’obscurantisme ante islamique. Ce ne sont pas les défis, les causes de résistances, la fondation communautaire sur le Tawhid qui manquent mais la volonté et le savoir. Ce n’est qu’une fois qu’on a fait triompher l’idée que les idoles tombent malgré leur parure, leur fardage, la surface de leur socle et la hauteur de leur mémorial. Il ne s’agit pas de reprendre à zéro mais de restaurer la foi en modifiant le système de représentation du monde : quelle est le sens de ma vie, quelle est la finalité de mon action, quel est le but de mon argent, de mes relations, de mon pouvoir et de mon intelligence, quel est le modèle de mon existence…

{Certes, Allah A Racheté des croyants leur vie et leurs biens, par le Paradis qui sera à eux. Ils combattent pour la Cause d’Allah} At Tawbah 111

Il y a derrière ces questions  plusieurs autres raisons multiples, objectives et subjectives, qui exigent la prudence et la circonspection avant de se prononcer sur les schismes et les divergences qui font que les réponses attendues sont en deçà ou hors sujet. Les idées de la Jahiliya étaient simples et primitives et ne portaient que les contradictions de la Jahiliya alors que celles d’aujourd’hui sont complexes structurées et portant les contractions d’une civilisation islamique infantilisée, dévoyée dissolue dans la civilisation occidentale elle-même en dissolution et en contradiction mais toujours puissante pour imprimer ses idées au monde dominé par sa technologie, sa technique, sa science, ses médias ; et stigmatisé par les séquelles de sa colonisation sur les territoires et sur les  mentalités. La situation est complexe car elle repose sur des mythes qui sont entretenus comme figures historiques, comme vérités islamiques, comme relevant du sacré indiscutable. Tant que le sang du musulman ne reprenne pas sa sacralité et tant que les priorités face à l’agresseur extérieur ne sont pas admis par tous pour faire front commun il serait vain de débattre des causes du schismes et des moyens de le surmonter. Comment le surmonter alors que nous voyons dans ces moments difficiles de Fitna interne et d’agression  externe les savants musulmans, les intellectuels musulmans et les médias musulmans faire l’apologie d’une école doctrinaire contre une autre,  accentuer le cliavage  confessionnel, ethnique et linguistique.

Nous allons passer en revue, d’une manière non exhaustive, les raisons qui militent de chercher autrement la solution aux problèmes des schismes et des divergences que dans les réponses simplistes et polémiques. Dans ce cadre nous avons choisi 6 axes :

1/ la distinction  entre diversité et divergences; 2/ les schismes et l’instrumentalisation du  religieux ; 3/ Les divisions sont profondes à l’intérieur des schismes;  4/  Se consacrer à la lutte idéologique menée contre l’Islam en exprimant l’islam authentique est la priorités; 5/ la liberté doit être notre préoccupation majeure; 6/ relais de communication des savants fédérateurs nous devons conserver notre objectivité et  nous déployer sur plusieurs  directions pour défendre l’Islam

Distinction  entre diversité et divergences.

Il est dramatique de confondre la richesse et la complémentarité dans la  diversité avec la pauvreté et la contradiction dans la divergence. Allah montre que la diversité gouverne les univers  dans l’unité et y croire fait partie de la foi monothéiste.

{Les Hommes ne formaient qu’une seule communauté, mais ils divergèrent. Et n’était-ce un Décret préalable de ton Seigneur, c’en aurait été fait entre eux sur ce dont ils divergeaient.} Younes 19

{Et parmi Ses Signes : la Création des Cieux et de la terre, et la diversité de vos langages et de vos couleurs. Certes, il y a en cela des Signes pour les savants.} Ar Rum 22

Contester cette loi c’est nier le monothéisme ou se rebeller contre la sagesse divine. La sagesse divine a voulu que la diversité des idées, des formes, des contenus, des cultures crée la complémentarité ou l’attraction/répulsion pour que la dynamique et le changement permanent soient  le moteur de la vie, du progrès ainsi que l’épreuve  pour distinguer le bien du mal, le vrai du faux, le juste de l’injuste, le méritant du déméritant, le croyant du mécréant:

{C’est Lui qui Fit de vous des remplaçants sur terre, et Éleva certains d’entre vous au-dessus d’autres, de quelques degrés, pour vous Éprouver en ce qu’Il vous A Donné.} Al An’âm 165

{C’est Lui qui vous A Créés : il est parmi vous le mécréant, et il est parmi vous le croyant. Et Allah Omni-Voit ce que vous faites…} At Taghabun 2

{Si ton Seigneur Voulait, Il Aurait Fait les Hommes une seule communauté. Et ils continuent à diverger. Sauf ceux que ton Seigneur Prit en Sa Miséricorde. Et c’est pour cela qu’Il les A Créés.} Hud 118

Sur ce verset à titre d’exemple nous pouvons à la suite des savants et des exégètes avoir des interprétations différentes sur le sens de la création humaine : pour adorer Dieu, pour bénéficier de Sa Miséricorde ou pour être divergent sur la foi, le culte et la charia ? La diversité de lecture ne peut amener à la divergence. La divergence c’est de refuser l’inégalité dans l’intelligence, la sensibilité et la compétence de lire et tirer signification. La diversité c’est accepter toutes les lectures puisque l’essentiel n’est pas nié en l’occurrence : Allah est le Créateur, Allah est l’Adoré, Allah est le Miséricordieux ; l’homme est la créature devant adorer Allah, l’indigent qui a besoin de la miséricorde divine, l’intelligence qui cherche à comprendre et qui  se distingue  dans la manière,  le contenu  et la finalité de sa compréhension et de ses sources de savoir.

La divergence c’est quand il n’y a plus de convergence sur les références du savoir et de l’action, la finalité des buts et l’éthique des moyens. La divergence c’est quand il n’y a plus d’accord sur le sens à donner, la voie à emprunter, la solution à choisir du fait de l’ignorance ou de la confusion sur la compréhension des prescriptions divines et des enseignements mohammadiens allant à la fracture sociale, à la discorde, à la haine et à la violence verbale ou physique :

{Et ne soyez pas comme ceux qui se désunirent et divergèrent à partir du moment que leur vinrent les évidences.} Al ‘Imrane 105

«  Ne devenez pas après moi des mécréants. Les uns tuant les autres » Hadith

{Que prennent garde alors ceux qui contreviennent à son ordre, qu’ils ne soient atteints d’une épreuve, ou qu’ils ne soient atteints d’un douloureux châtiment.} An Nur 63

La divergence n’est pas dans la diversité ou la différence de comprendre une partie du Qur’àn, de  la Sunna  et de la réalité sociale, économique  ou politique. La divergence est dans le refus de recourir aux évidences (les versets coraniques) et se contenter de répéter comme « parole d’évangile » l’avis d’un Sheikh ou d’un chef de parti et d’entrer en dissidence contre les intérêts stratégiques de la communauté musulmane. La divergence n’est pas contre l’orthodoxie sunnite ou chiite car l’Islam n’a pas de clergé mais des savants qui font effort intellectuel de comprendre, d’apporter des interprétations et des solutions. La divergence c’est de faire de ces savants une orthodoxie, un clergé, une référence infaillible et irréfutable. La divergence c’est donner plus d’importance aux différences tolérables sur les questions de Fiqh (jurisprudence) au point de nuire à l’unité sacrée des musulmans,  à occulter la parole de Dieu, à la confisquer comme une rente religieuse ou à l’instrumentaliser à des fins politiques et mondaines. L’union se fait sur des bases saines et claires :

{Attachez-vous tous au lien (habl) d’Allah et ne vous désunissez point. Rappelez-vous la Grâce d’Allah envers vous lorsque vous étiez des ennemis, qu’Il Unit entre vos cœurs et vous devîntes frères, par Sa Grâce; lorsque vous étiez au bord d’un abîme du Feu et qu’Il vous en Sauva. Ainsi Allah vous Démontre Ses Signes, pour que vous deveniez  guidés. Et qu’il y ait parmi vous une Communauté : qui incitent au bien, commandent le bon usage, et interdisent ce qui est répréhensible. Ceux-là sont ceux qui cultivent.} Al ‘Imrane 103

La communauté musulmane entre en divergence si elle perd le sens du Qur’àn et de la Sunna,  si elle perd la signification de sa vocation « al amr bil ma’rouf wal nahay ‘anil mounkar » et si elle perd la compréhension du « ma’rouf » (convenable) ou du « mounkar » (répréhensible). Sans références elle perd ses repères, ses membres se « sectarisent » et la divergence remplace la différence. Elle devient semblable aux communautés qui ont perdu leur vitalité civilisationnelle et dont chaque partie a voulu tyranniser l’autre au nom de la religion, de la morale, de l’ethnie, de la classe, du pouvoir, du savoir ou de l’idole :

{Les Hommes étaient une seule communauté. Alors Allah Envoya les Prophètes annonciateurs et avertisseurs, et Révéla avec eux le Livre, en Vérité, pour qu’il juge parmi les Hommes sur ce dont ils divergèrent. Et n’y divergea, par tyrannie entre eux, que ceux qui le reçurent, après que leur vinrent les évidences. Alors Allah A Guidé, par Son Vouloir, ceux qui devinrent croyants, vers la Vérité sur laquelle ils divergeaient. Allah guide qui Il Veut vers un chemin de rectitude.} Al Baqara 213

Ce n’est pas la servitude aux gens ou le mimétisme des gens qui est garant de la vérité mais la conformité aux évidences. C’est la tyrannie des despotes religieux ou politiques qui va saper la concorde sociale et corrompre le climat favorable au savoir, à la compassion, à la fraternité et à la miséricorde. Il ne s’agit pas de devenir savant mais de connaître l’essentiel de sa religion pour ne pas succomber au fanatisme et au chauvinisme comme l’a montré l’Imam Ali : « On ne connaît pas la vérité grâce aux gens ! Connais la vérité, et dès lors tu connaîtras ceux qui la suivent »

Ignorant la vérité et les réseaux de relation des versets coraniques les uns aux autres nous pouvons avoir des lectures différentes qui amènent à la divergence et aux schismes dans la lecture de quelques versets :

{O vous qui êtes devenus croyants, obéissez à Allah, obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent l’autorité. Et si vous êtes en contestation sur quelque chose, référez-le à Allah et au Messager, si vous croyez en Allah et au Jour Dernier. Cela est un bien et d’une meilleure interprétation.} An Nissa 59

« Celui qui m’a obéit, a obéit à Allah. Celui qui me désobéit, a désobéit à Allah. Celui qui obéit au dirigeant, m’a obéit. Et celui qui désobéit au dirigeant, m’a désobéit. »

« Il ne te faut absolument pas te séparer de la communauté des musulmans et de leur dirigeant. »

Que les musulmans ne soient pas d’accord sur la nature et la composition de l’élite constituée par  les détenteurs de l’autorité (awli al amr) : autorité politique, autorité religieuse, autorité sociale, autorité mixte cela ne pose pas de problème. Qu’ils aient des approches plurielles et diverses sur les formes institutionnelles de l’exercice de l’autorité et de sa représentativité ne pose pas de problèmes sur le plan idéique ou religieux. Le problème qui crée la divergence est l’aveuglement qui fait accepter l’absolutisme politique au point de ne reconnaître l’autorité que celle qui détient le pouvoir politique sans légitimité sociale et politique, sans recours à la Choura,  sans acceptation de débattre du sens de minkoum (l’élite détentrice de l’autorité ou du commandement d’entre vous, de parmi vous signifiant sa représentativité et sa conformité aux valeurs de la communauté musulmane). Ne pas comprendre et ne pas chercher à comprendre un sens consensuel sur la signification de « Awli al Amr) est catastrophique : détenteurs de l’autorité (laquelle), chargé des affaires publiques, gouvernant et sur cette confusion continuer de confondre les affaires privées avec les affaires publics, le despotisme avec l’islam c’est continuer à tolérer que la corruption, la malversation et la dignité du musulman soient bafouées par le despote et le colonisateur.

Le verset qui parle d’obeissance aux awli al amr a t-il une portée portée politique stricte? Si c’est oui attribuer le pouvoir aux savants n’est-ce pas donner crédit à la théocratie? Si c’est non quelle est la place du savant religieux? Le verset ne pose-t-il pas un problème de gouvernance globale dans une société islamique qui ne fait pas de séparation entre le politique et le religieux, le profane et le sacré et qui exige la formation d’une élite plurielle dont la légitimité est davantage sociale que politique ou religieuse? La légitimité est une question de reconnaissance sur le plan de la probité, du mérité, du dévouement, de l’équité, de la compétence pour représenter dignement et fidèlement la communauté de foi! Qui doit trancher en cas de divergence ? Le Qur’àn ou le despote et ses courtisans ? Le Qur’àn a-t-il un énoncé équivoque sur le desptotisme

{Et lorsqu’ils se disputent dans le Feu, et que les faibles disent à ceux qui s’enorgueillirent : Nous, nous étions vos suiveurs, pouvez-vous alors nous préserver d’une part du Feu ? Ceux qui s’enorgueillir dirent : Nous y sommes tous. Allah A effectivement jugé entre les serviteurs} Ghafir, 47, 48.

Omar a-t-il été despote en demandant au peuple  lors de son élection : « Si ma conduite est irréprochable, aidez-moi ; si j’agis mal corrigez-moi ».

Le pire dans la divergence est de refuser  le droit au peuple à l’expression libre qui peut contester, sans entrer en sédition, la politique  sociale et économique. C’est  un principe islamique normal né de la diversité et de la légitimité de la représentativité qui peut être gagnée ou perdu. Il ne s’agit pas de fomenter une révolution sanglante ni un coup d’état ni une rebéllion pacifique ou armée, mais de pouvoir débattre et chercher ensemble la meilleure solution  par exigence de la vérité et pour les intérêts de la communauté  :

« Et si vous êtes en contestation sur quelque chose, référez-le à Allah et au Messager ».

Ce verset qui autorise la contestation montre que le détenteur de l’autorité religieuse, politique, sociale ou judiciaire n’est ni infaillible ni irréversible. Tout est sujet à débat et au libre choix  à l’exception des vérités scientifiques et des prescriptions de la religion. L’arbitrage par le recours au Qur’àn et à la Sunna sous-entend la recherche d’un nouveau  consensus politique et d’un nouveau pacte social. Si le consensus politique et le pacte social ne sont pas renégociés par la Choura il n’y a que deux voies possibles : la tyrannie ou l’épreuve de force. L’Islam refuse la tyrannie et refuse l’épreuve de force non par amour  des gouvernants ou des gouvernés mais par respect de la sacralité du sang des musulmans, de leur dignité et de leur paix sociale.   Les voies du despotisme et de la force pour s’imposer contre son peuple favorisent les dissensions idéologiques,  politiques et sociales et produisent de la violence.  Il en est de même  pour un parti ou une foule en colère qui veut s’imposer par le chantage ou la force aux gouvernants en place sinon les destituer même si celà doit mettre le pays à feu et à sang puis le soumettre à l’intervention étrangère. Toutes les catastrophes du monde musulman sont liées à cette incapacité à traduire la Choura (démocratie islamique) en institution alors que l’Islam en a fait la contigüité socio politique de la prière et de la Sunna :

{C’est grâce à la Miséricorde d’Allah que tu es doux envers eux. Si tu étais brutal, rude de cœur, ils se seraient détachés de toi. Pardonne-leur donc, implore pour eux l’absolution, et consulte-les dans l’affaire publique. Et si tu prends ta décision, alors fie-toi à Allah. Certes, Allah Aime ceux qui se fient à Lui.} Al ‘Imrane 159

{Et ce qui est auprès d’Allah est meilleur et plus permanent, pour ceux qui devinrent croyants et se fient à leur Seigneur, et ceux qui évitent les plus graves des péchés et les paillardises, et qui, s’ils se mettent en colère, absolvent. Et ceux qui ont répondu (favorablement) à leur Seigneur, qui ont accompli la prière, et dont leur affaire est une consultation entre eux, et qui dépensent de ce que Nous leur Octroyâmes, et ceux qui, s’ils sont frappés de tyrannie, triomphent.}

Les Hadiths confirment le refus de la tyrannie et de l’erreur du savant qui conduisent aux schismes :

« Je crains pour ma Oumma de trois actes : l’erreur d’un savant, un gouvernant tyrannique, un caprice que l’on se met à suivre ».

« La pierre meulière de l’Islam tourne, tournez donc avec l’Islam où il se dirige. A savoir : le Qur’àn et le gouvernant se sépareront, ne vous séparez point du Livre. Vous aurez des gouvernants dévoyeurs, qui réalisent pour eux-mêmes ce qu’ils ne font point pour vous ; si vous leur obéissez ils vous égarent, et si vous leur désobéissez ils vous tuent ».

L’erreur du politique n’a de portée que sur le monde temporel et n’a d’étendue sur le plan de la durée et de l’espace qu’une portion limitée alors que celle du savant conduit à la catastrophe car elle est plus suivie mais aussi plus sujette à divergence vu les controverses théologiques instituées dans la communauté musulmane comme une innovation hérétique.

 

 les schismes, d’origine politique  et doctrinale instrumentalisent le religieux

les schismes, d’origine politique  et doctrinale instrumentalisent le religieux pour faire triompher une opinion ou une école sur une autre au lieu de servir la vérité comme l’ont fait les « fondateurs » des doctrines et des confessions. Les Malek, Ibn Hanbal, Abou Hanifa, As Shafi’i et Ja’âfar pour ce citer que ceux là n’ont sans doute jamais imaginé créer des écoles avec des adeptes fanatiques qui allient saper l’unité de la communauté musulmane. Ils ont produit un Ijtihad en quête de savoir et de vérité. Leur héritage scientifique est considérable mais sa valeur ne donne aucune légitimité religieuse à leurs adeptes de s’enfermer dans les écoles doctrinales traditionnelles réduisant ainsi la richesse de l’Islam et le présentant comme incapable de faire face aux défis du temps en rassemblant les énergies et en produisant un nouvel Ijtihad qui tiennent compte du lieu, du temps, des idées, des circonstances politico historiques, des conditions socio économiques et de la situation psycho spirituelle.

Il ne s’agit pas de fermer ou d’effacer les pages du passé des sciences religieuses mais il s’agit d’en ouvrir d’autres pages blanches pour y inscrire de nouveau sens comme d’actualiser aussi les vielles pages en adaptant le sens ou en actualisant la lecture aux nouveaux contextes et aux nouveau défis. Il ne s’agit pas de contester l’existence des divergences mais de se poser des questions comment se prétendre musulman et faire de la surenchère sur la Parole divine en se donnant des attributions et des titres alors qu’Allah lui-même a choisi depuis l’origine des temps de nous appeler « Musulman » ? Comment se diverger ou se donner les raison se divergences alors que le Tawhid repose sur le Tawhid de la divinité que sur celui de la communauté de foi ? Comment s’enfermer dans des traditions reposant sur une culture propre à des ancêtres qui ont épuisé leur capital de vie et sont déjà en train de répondre de leurs actes et de leurs paroles alors que le Qur’àn nous demande de ne pas nous conformer aux traditions et au mimétisme. Chacun de nous devra compte individuellement de sa foi et de son cheminement spirituel. Il ne s’agit pas de promouvoir l’anarchie mais de dénoncer le chauvinisme qui nuit à l’unité du monde musulman. Si l’unité « religieuse » comporte des biais l’unité politique et idéologique va comporter des biais plus grands et plus nombreux.

Le défi le plus grand est de mettre fin à la dislocation des rangs et à la perte d’autorité des savants religieux sur les gouvernants,  sur les élites politiques et intellectuelles, et sur les populaces. Tendre la main aux gouvernants et prôner la réconciliation sans tenir compte des conditions politiques et économiques qui ont mis en place les despotes dans le monde musulman et la vassalisation de celui-ci à l’Occident c’est faire un vœu pieu et rejeter les échéances inévitables : la libération des peuples qui est la condition fondamentale pour l’exercice d’un Islam authentique et celui-ci est la seule voie de mobilisation pour la  libération de la Palestine et des terres musulmanes occupées et pour l’édification d’une civilisation de spiritualité monothéiste, d’éthique morale, de liberté politique, de progrès social, et de prospérité économique.

Il est simpliste d’accepter le fait accompli de l’atomicité de la communauté qui réjouit ses ennemis et lui facilite la tâche de pénétration impérialiste par la colonisation ou par l’invasion culturelle ou par la création du chaos dans le domaine des idées y compris celles liées à la religion et ses impacts sur la vie sociale et politique. Quel sens donné à ce syndrome de soumission à l’ordre établi : « Al Ikhtilaf rahma » confondant la diversité dans la concorde sociale au sein d’une civilisation avec les divergences par la discorde au sein d’une régression ?

Il serait suicidaire pour nous qui n’avons ni autorité religieuse, ni légitimité sociale ni compétence intellectuelle d’intervenir au niveau de la base populaire ou des jeunes en quête de réponse et d’apporter une réponse ou un argumentaire qui met fin aux schismes dans la communauté musulmane. Il y a trop de déficit de dialogue, de liberté et de culture de la quête de la vérité sans qu’un mot, une phrase, une intention et une prise de position ne soit pas automatiquement mis en défiance et catalogués comme sectaire ou servant une doctrine voire servant le sionisme. Dire la vérité ne suffit pas il faut que la voix qui porte soit légitime et surtout qu’elle soit écoutée sinon la vérité dite ne fait qu’empirer les clivages idéologiques, les controverses thologiques et les confusions partisanes.  Il y a des moments historiques où ni la légitimé ni la probité ni la compétence ni la valeur des hommes ne peuvent résoudre les contradictions sociales et politiques qui prennent des formes religieuses et doctrinales. Le cas le plus flagrant est celui des valeureux et vénérables petits fils du Prophète (saws) les Imams Al Hussein et Al Hassan. Chacun a fait une lecture correcte des événements et chacun a répondu selon les circonstances particulières et selon la nature de sa personnalité conduisant l’un à la radicalité et au martyre et conduisant l’autre à la paix au détriment de ses droits. Ni l’un ni l’autre ne pouvait inverser le cours fatal de l’histoire d’un peuple qui s’est assoupi ou qui s’est mis en quête des choses au détriment des idées et des valeurs. Il y a une loi qui gouverne l’histoire : Al Istibdal, la substitution des générations

{Et si vous vous détournez, Il Substituera un autre peuple que vous, ensuite, ils ne seront pas comme vous.} Muhammad 38

Que signifie « ils ne seront pas comme vous » ? Sans inventer une lecture singulière du Qur’àn ou revendiquer une compétence en exégèse la différence va résider dans la qualité de la foi, dans la propension à faire don de soi pour le « Sabile Allah », dans la capacité à surmonter les divergences qui sapent l’unité et la cohésion, dans la vision lucide qui consiste à ne pas se tromper de cible ni de méthode en l’occurrence ne pas se contenter de vivre dans l’apologie du passé ou dans la polémique avec les adversaires de l’Islam mais de construire les instruments de force de la communauté en lui redonnant la conscience de ses devoirs, la connaissance sur ses déficit et la manière de les combler, et la globalité de l’approche islamique. L’histoire de l’Istibdal dans le lieu le plus symbolique de la civilisation musulmane est dans l’alternance et la fragmentation des dynasties d’Andalousie annonçant et puis donnant le coup fatal de la Reconquista espagnol et chrétienne qui correspond à la période post almohade.  Les divergences religieuses, les contradictions des intérêts économiques  et les divergences politiques s’auto alimentent et s’auto instrumentalisent.

Ibn Khaldoun en a dressé un tableau sans complaisance.  Les opposant parvenaient au pouvoir tant que leur revendication politico était fondée sur une noble et saine revendication religieuse visant la libération de la pensée islamique de la stagnation du Fiqh et de la dispersion de la communauté sur des détails juridiques et cultuels qui mettaient le Qur’àn et la a Sunna dans la périphérie de l’Islam au lieu d’en être le centre. Dès que les intérêts politiques et économiques prenaient le pas sur les intérêts de la communauté la préséance revenait aux jurisconsultes et aux détails et l’exclusion du Qur’àn et de la Sunna de l’âme de la cité confiné au monde des choses et des détails.  Ceux qui se réclament du Qur’àn ont eu la fâcheuse tendance de dériver vers la théosophie d’inspiration chrétienne et grecque et se mettre à spéculer dans le vide sans aborder les problèmes inédits et les défis du temps. L’Islam confisqué par les pouvoirs politiques, les théologiens et les Faqihs perdait son caractère social et sa dimension pédagogique d’éducation, de libération et de civilisation des peuples. Il devenait une banale religion, celle du dévot,  des confréries  maraboutiques, des  factions et des sectes. Le colonialisme a rencontré le monde musulman dans cet état et il a maintenu, entretenu et développé cet état en greffant sur les parasites traditionnels de l’Islam d’autres parasites inféodés aux choses de sa  modernité sans en avoir les concepts et les valeurs. Le temps d’un réveil il y a une insurrection, une guerre de libération mais l’esprit sectaire atomiste et schizophrène entre deux cultures l’une apologétique et l’autre polémiste vont coexister et se focaliser sur le passé islamique ou sur la modernité occidentale. Dans ce déchirement le monde musulman va se fragmenter territorialement, socialement, politiquement, idéologiquement et même sur le plan de la religion.

Les schismes présent surtout depuis la colonisabilité du monde musulman c’est-à-dire depuis déjà l’éclatement du monde musulman en principautés despotiques et en courants de pensée sectaires est trop ancien dans les mœurs culturelles pour qu’ils soient traités judicieusement. Trop anciens et trop durables  Les schismes sont devenus sédiments culturels, mémoire collective, inconscient collectif, pensée commune. Ni un article ni un livre ni une encyclopédie ni un savant ne changera les choses. Les schismes ne relèvent plus du conjoncturel ou du partiel mais du structurel c’est-à-dire d’une réponse globale et prolongée sur l’ensembles des sphères religieuses, intellectuelles, politiques, économiques, culturelles et sociales pour réhabiliter les principes fondamentaux de l’Islam sur lesquels il n’y a pour l’instant ni débat en interne ni communication à destination du non musulman. Une société malade comme un corps malade ne produit que de la faiblesse et des douleurs. Ce n’est pas un antalgique ou l’ablation d’un organe malade qui va redonner la vitalité. Il faut régénérer tout le corps ou produire une nouvelle génération avec ses élites, ses savants et ses couches sociales.

La régénération sociale peut se réaliser en opérant une rupture avec le statut quo et en changeant tout ce qui doit être changé : notre rapport au pouvoir, notre rapport au temps, notre rapport au savoir, notre rapport à l’autorité, notre rapport à la religion, notre rapport au savoir, notre rapport au passé et notre rapport aux autres. C’est se leurrer que de continuer à croire que nous pouvons continuer à vivre sur les deux rentes qui sont l’apologie du passé glorieux du Salaf As Salah et la polémique contre l’Occident ou contre ceux qui ne partagent ni notre foi ni nos idées. La rupture et le changement ne peuvent se réaliser que si et seulement si nous analysons sans complaisance la situation du Wahn qui nous habite. Il ne s’agit plus de rejeter la faute sur autrui mais de disséquer froidement notre Wahn comme le fait un médecin légiste sur un cadavre lors d’une autopsie. Ce travail s’appelle l’examen de conscience. Sur le plan individuel l’examen de conscience est difficile car il malmène l’ego qui se replie et se ferme. Il faut beaucoup de hauteur, de distanciation et de méthode pour fouiller dans ses propres méandres limbiques. C’est sans doute davantage plus difficile pour l’ego social, politique ou le corps religieux (si on admet qu’en islam il y a des dignitaires religieux et ceci est un autre problème)

Ceci c’est pour dire combien est complexe le problème des schismes et comment on peut involontairement faire une erreur. Le mieux est de laisser aux savants le devoir de prendre leur responsabilité et aux historiens de clarifier avec documents l’histoire musulmane y compris ses aspects sombres car elle reste l’histoire non de Mohamed ou du Qur’àn mais d’hommes qui sont venus après.

Les schismes sont enracinés dans l’élite versée dans les sciences religieuses qui à contrario des anciens qui avaient le Coran et la Sunna comme seuls référents ont des centaines de milliers de thèmes de Fiqh et chaque thème faisant l’objet de dizaines et de centaines de controverses. L’étudiant et le diplômé en sciences religieuses est par conséquent lui-même un véhicule de schisme par sa formation focalisée sur des particularismes controversées et non plus sur les fondamentaux de l’Islam tels qu’appris et mis en pratique par le Prophète et ses compagnons. Tout notre référentiel idéique ainsi que notre système universitaire et accadémique est à réformer de fond en comble pour retrouver la pureté et la simplicité de l’Islam ainsi que ses priorités dont l’union et la fédération de la communauté.

Les divergences et les controverses ont contaminé les  partisans à l’intérieur des schismes confessionnels ou doctrinaux sont divisés

Les partisans à l’intérieur des schismes confessionnels ou doctrinaux sont divisés en dizaine de sous famille à qui il est presque impossible de répondre d’une manière sereine et crédible sans soulever une tempête de controverses ou de critiques acerbes. Ce serait stupide que d’entrer dans un débat ou une lutte en marge de la marche de l’histoire ou hors des enjeux essentiels. La lutte idéologique menée contre les musulmans consiste à nous faire voir midi à quatorze heures, la marge comme le centre et le futile comme la priorité des priorités.

La communauté est difractée, dispersée et atomisée et cela n’est pas seulement au niveau des jeunes ou des musulmans lambda mais au niveau des élites. Rien n’arrive à se faire en entrainant l’adhésion de la majorité des musulmans. Tous les courants musulmans pour des raisons doctrinales, sentimentales, politiques et nationalistes (?!) concourent à rendre stériles les efforts et à multiplier et élargir les zones de divergence. Cela fait au moins un quart de siècle que je cherche à comprendre comment les savants musulmans et les élites puissent être leurrés par le nombre massif de réactifs convulsifs mais improductifs qui leur fait dire que la communauté musulmane se porte bien. La réalité sociale prouve le contraire. S’il y a des priorités ce sont celles-ci : les savants musulmans se doivent de régler leur divergence et de se montrer unifiés comme ils se doivent de prendre la tête du mouvement du changement social et politique dans un cadre démocratique pour que l’aventurisme et l’improvisation ne conduisent pas à des horizons bouchés, à des effusions de sang inutiles ou a des félonies qui ajoutent à la dispersion des efforts  et à la perte des énergies. Les partisans de la base ne trouveront plus d’alibi pour faire valoir des divergences doctrinales ou confessionnelles.

L’erreur à ne pas commettre : se focaliser sur les groupuscules minoritaires mais hyper visibles et occulter les causes qui ont donné naissance à la culture de la divergence et de l’anathème

Il serait faux de se consacrer à lutter contre les « déviances » et les sectes organisées. Il serait faux aussi de croire que les groupes de Musulmans fanatiques ou laxistes sont à l’origine de la fragmentation du monde musulman. Il est vrai que nous assistons ici et là à des extrémismes, des fanatismes et leurs corollaires des permissivités contraires à la lettre et à l’esprit de l’Islam. Ces dérives ne sont pas la cause principale mais l’effet le plus spectaculaire de la décomposition du monde musulman. L’arriération religieuse, intellectuelle, culturelle, sociale et politique est la cause principale qui rend le monde musulman inapte à comprendre l’Islam, son Qur’àn et sa Sunna. Dans cette inaptitude globale ce serait aller vers une autre errance que de se mettre à dénoncer et à combattre les « déviants ». Cette errance est l’objectif de la lutte idéologique menée contre l’Islam. La lutte idéologique veut nous occuper à nous déchirer et à n’aborder que les contradictions secondaires sans aller au fond de nos problèmes et réaliser la renaissance ou le réveil des consciences musulmanes. Il s’agit donc de nous empêcher de nous concentrer sur les problèmes majeurs qui sont la fédération des énergies, le développement social et économique, la résistance contre l’impérialisme et le sionisme, la lutte contre le despotisme politique et la protection des peuples musulmans de la prévarication et de la captation  économiques. Nous ne devons pas perdre le cap principal : régénérer les consciences musulmanes en interpellant leur Fitra par le langage le plus clair et le plus authentique sur l’Islam et sur la vocation des musulmans dans l’histoire de l’humanité. Au lieu de s’épuiser à répondre à tous les négateurs ou de chercher à concilier tous les divergents il est plus utile et plus urgent d’expliquer et de diffuser le contenu et la dimension de l’Islam pour que le musulman ne soit pris ni par le doute ni par la confusion :

{Ce Livre-là, sans aucun doute, est une Direction infaillible pour les pieux… Ceux-là sont sous une Direction infaillible de leur Seigneur, et ceux-là sont ceux qui cultivent. } Al Baqarah 2 et 5

Cultiver et faire cultiver la foi dans le cœur et dans la cité ainsi que la piété, la vertu, l’intelligence, le travail, le progrès, la solidarité, la justice, la liberté sont les terrains que nous n’occupons que très peu tant dans l’action que dans la réflexion. La liberté de penser et de s’exprimer sans peur pour ses idées et sa personne est une vertu islamique qui ne s’accommode de la fermeture aux autres,  de la lâcheté de refuser de confronter ses arguments aux autres ou de se croire le seul à avoir raison. L’Islam par sa méthodologie du Taffakur (pensée méditative sur les signes de la création), du Taddabur (pensée contemplative sur le sens des versets coraniques et de leur liaison sémantique) et du Burhane (argumenter avec preuve et logique) ne craint aucun détracteur. Il ne s’agit pas de protéger l’Islam en faisant l’apologie du passé ou versant abusivement dans  la polémique contre l’Occident, et les sectes et le chauvinisme des partisans d’écoles ou de doctrines musulmanes. Il s’agit de lutter contre ceux qui portent préjudice à l’Islam en faisant justement la promotion de la foi et de la raison. Ce n’est pas en bridant la raison que les Musulmans ont triomphé mais en lui donnant tout son cadre d’expansion sans limites et en lui offrant le terrain fertile de son émergence et de son développement : l’authenticité et la sincérité de la connaissance.

Le problème n’est pas dans l’existence des différences mais dans trois problèmes qui relèvent de l’incompréhension de la diversité : Al Ijtihad, l’indifférenciation et le Taffakuf

Al Ijtihad : les écoles doctrinales sont nées de l’Ijtihad, l’effort intellectuel pour comprendre la réalité du monde et le questionnement des musulmans et leur apporter des réponses opportunes, pertinentes et cohérentes à la lumière du Qur’àn et de la Sunna. Cet Ijtihad ne doit ni répondre aux normes du Qiyas (analogie) ni du Ijma’â (consensus),  mais s’inscrire dans la conformité au Coran et à la Sunna du Prophète.  Si l’Ijtihad sans référents fixes est préjudiciables à la communauté musulmane alors lorsque la communauté de savant et d’intellectuels ne   produit plus de l’Ijtihad, mais  se contente du Taqlid aveugle (imitation servile) qui devient une forme de dogmatisme mais surtout une forme de paresse intellectuelle, sociale et politique. L’ironie du sort c’est que le Taqlid pour éviter l’Ijtihad trouve prétexte à se cacher derrière les schismes alors qu’il en est un  des  initiateurs par absence de probité intellectuelle et d’examen de conscience qui a caractérisé les compagnons du Prophète qui navaient pas peu de se désavouer et de reconnaitre publiquement leurs erreurs ou leurs oublis. Le schismes deviennent écran ou fuite pour ne pas s’engager dans la quête de la vérité en posant de nouveau la pertinence, l’opportunité et la cohérence du mode de lecture et de compréhension tant de la réalité que des référents religieux et idéologiques. Aujourd’hui la technologie et le savoir humain sont capables de ne plus se contenter de l’Isnad d’un hadith pour vérifier l’authenticité de sa chaine de transmission sans laquelle le Hadith devient douteux. Il est possible d’aller vers davantage d’exigence comme cela se fait dans les laboratoires de recherche les plus sophistioqués dans le monde pour conduire un projet de recherche : l’analyse de contenu, l’analyse du contexte et l’analyse des référents. Pour nous les référents sont les versets coraniques. Mohamed (saws) est l’incarnation du Coran, son explicitation, son modèle de mise en oeuvre. C’est la démarche globale avec la conscience d’agir pour Allah et Son Prophète qui peuvent nous faire sortir des controverses futiles, des pièges de l’interpréation de l’histoire écrite d’une manière contradictoire par les vainqueurs et par la minorité vaincue. Il est impossible de concilier les passions et les opinions sur l’histoire à  moins de fonder une véritable accadémie de recherche historique qui a vocation scientifique : servir la vérité avec méthode scientifique hors de tout esprit partisan, confessionnel ou sectaire. Cette accadémie ne verra le jour que lorsque les Musulmans épuisent leurs contradictions et prennent enfin conscience de la voie du salut.

Dans les phases de régression intellectuelle ou de despotisme politique  Il est plus simple et moins risqué d’engager une polémique avec son frère le musulman que d’aborder une réflexion autonome et innovatrice pour solutionner les problèmes des musulmans. Au lieu de réaliser al Ijtihad on pratique de la polémique, de la diversion ou de la surenchère idéologique ou religieuse. Parfois cela prend la forme de la culture de la rente qui investit le domaine religieux comme tous les domaines de l’activité humaine.

L’indifférenciation : Quand un avis religieux, juridique ou politique refuse la contradiction et ne pratique pas l’auto critique il sombre dans le processus d’indiférenciation qui consiste à refuser la différence et la diversité. L’indifférenciation est à la fois dans la banalisation d’une idée au point de lui faire perdre sa vitalité et son efficacité ou dans le despotisme d’une autre qui s’impose non par son argumentation mais par la force de ses adhérents. Le paradoxe veut que quand la culture de l’indifférenciation est dominante jusqu’à devenir exclusion ou marginalisation de l’autre, cet autre va exprimer son existence et son ipséité en se singularisant, en accentuant les diférences au point de devenir une minorité qui a la vitalité et l’instinct de conservation d’une minorité persécutée ou niée. C’est l’altérité qui est le rempart contre l’indifférenciation si elle est reconnaissance des différences idéiques. Les idées se déplacent, mutent, évoluent ou se fossilisent. La convergence est dans l’ouverture et non dans la fermeture ou le déni de reconnaissance de la différence et de la diversité.

Le Taffakuf fi Dine : La communauté musulmane a la responsabilité de produire son élite verséé dans les sciences religieuses. Bien que je ne sois ni  arabisant ni linguiste je sens intuitivement la différence entre Tafqih (comme Ta’âlim, Tadkir, Tafkir) et Taffakur (comme Ta’âlloum, Taddakur et Taffakur). Le terme Taf’îl évoque à la fois l’idée d’horizontalité, d’extériorité, d’actualisation, de mise en vigueur d’un verbe d’action, de mobilisation de moyens au service d’une cause supérieure qui est la finalité de l’action et qui passe par le tafa’ul ou l’interaction des actants avec leur environnement. Le Tafa’ûl a davantage un sens de verticalité, d’intériorité, d’interactivité, de quête et de créativité en faisant l’effort sur soi et en produisant une nouvelle action ou un nouveau sens ou une  nouvelle portée à l’action et une nouvelle dimension à l’idée. Le Taf’il est l’accessoire du  tafa’oul. Les logiques ontologiques, intellectuelles et actantielles ne sont donc pas les mêmes entre Tafqih et Tafaqquh. Le sens coranique de Taffakuh dépasse le sens d’acquisition passive de la science religieuse  (Tafqih) et sa transmission horizontale il est l’obligation de produire un effort intellectuelle pour produire de la connaissance nouvelle pour faire face aux problèmes nouveaux. Le verbe Yataffaqahou fi Dine dans l’énoncé coranique est cité dans un contexte du Jihad. Face au destin de la communauté musulmane d’affronter en permanence des ennemis qui veulent la détourner de sa religion  et face à la vocation civilisatrice de la communauté musulmane il est dit clairement dans l’énoncé coranique que la communauté doit se spécialiser d’une part entre ceux qui fournissent l’effort économique et financier du Jihad et ceux qui fournissent l’effort physique et intellectuel du Jihad.

{Il n’appartenait pas aux habitants d’al-Madinah, ni aux nomades du désert qui sont autour d’eux, de rester à l’arrière du Messager d’Allah, ni de préférer leurs vies à sa vie. Cela, parce qu’ils ne seront saisis ni de soif, ni de fatigue, ni de faim, (en combattant) pour la Cause d’Allah ; ni ils ne fouleront aucun sol qui fasse enrager les mécréants, ni ils n’obtiendront nul avantage sur l’ennemi, sans que cela ne leur soit inscrit comme œuvre méritoire. Certes, Allah ne Perd point la rémunération de ceux qui font le meilleur. Et ils ne dépenseront nulle dépense, petite ou grande, ni ne franchiront nulle vallée sans que cela ne soit inscrit en leur faveur, afin qu’Allah les Récompense par le meilleur de ce qu’ils faisaient. Et il n’appartenait pas aux croyants de se ruer en totalité. Que ne se rua-t-il, de chaque troupe d’entre eux, un groupe : qu’ils soient versés dans le Dine, et pour avertir leurs gens, quand ils retournent à eux, pour qu’ils se méfient.} At Tawba 120

Quand on laisse son imagination entrer dans le champ de bataille et voir mentalement Mohamed (saws) et ses compagnons dans la pratique du Dine à la fois Tadayyun (investissement spirituel,  ferveur et implication religieuse, dévotion)  et Dounya (monde existentiel, social, écologique, politique, économique, militaire, scientifique et intellectuel) on ne peut une fois de plus comprendre le Fiqh qui découle du Taffaquh que comme production intellectuelle pour la sauvegarde et la promotion de la communauté musulmane. Il s’agit d’innovation qui ne va ni contre le credo islamique ni dans le sens de Bid’âa (innovation dans la pratique religieuse et la croyance).  Le débat focalisé uniquement sur le savant ou sur les sciences religieuses fausse la problématique sociale et idéologique des avantages et des inconvénients des diversités. Il faut revenir aux conditions sociales, économiques et politiques c’est-à-dire à l’opportunité, la pertinence et l’acuité des problèmes qui se posent à la société musulmane et voir s’il y a réponse ou non, s’il y a urgence à répondre ou non, s’il y a necesssité de produire de nouvelles connaissances, d’actualiser les anciennes ou d’imiter les anciens ? Le débat ne concerne pas seulement les sciences religieuses il concerne la science et les élites, toutes les élites de la société musulmane.

La gestion des problèmes liés à al Ijtihad, l’indifférenciation et le Taffakuf ne peut être heuristique, hasardeuse mais répondre aux normes coraniques,  à des critères scientifiques et surtout à une volonté de vivre ensemble comme communauté de foi et comme citoyens partageant la même religion et la même cité ou la même terre. Le vouloir vivre ensemble appartient à la société mais il appartient aussi au devoir des élites et des gouvernants, mais en particulier aux savants qui ont la lourde responsabilité de créer du lien fédérateur, de sauvegarder les valeurs qui donnent sens commun et orientation commune à la nation. Si l’état est illégitime, despote et en plus vassal aux ennemis de l’Islam le résultat ne peut qu’être Taqlid boiteux et tronqué, indifférenciation sociale et intellectuelle. On assiste même à l’anarchie entretenue pour que la communauté musulmane ne produise pas la diversité enrichissante et ne produisent pas de l’innovation. Nous maintenir dans un état de fossiles est un objectif fondamental dans la lutte idéologique menée par l’impérialisme. Nous voyons hélas des « Faqihs » demander l’uniformité des écoles de pensée dans le monde musulman et une certaine rigidité de la pensée mais ils font semblant de ne pas voir le fondement : la légitimité de celui qui va décider de l’uniformisation ou de donner le primat à tel courant sur un autre alors que la dynamique universelle veut que les idées les plus nobles, les plus généreuses et les plus efficaces s’implantent normalement quand elles trouvent un cadre favorable, celui de la liberté et de l’esprit en quête de savoir et de vérité. La question qui fait peur aux rentiers est  posée sans détours : quel  est  le mécanisme religieux, social, politique et intellectuel des Sahabas et des Tàbi’ines  qui leur a permis de produire une civilisation ? La réponse est dans l’unité mais aussi dans cette éthique morale de ne pas convoiter les autres.

La liberté et l’Etat de droit doivent  être notre préoccupation majeure

Je pense que la liberté doit être notre préoccupation majeure. Il ne s’agit pas de s’aligner sur les slogans libertaires occidentaux qui finissent en permissivité d’user et d’abuser sans morale. Il s’agit d’engager un processus de libération de l’homme pour que celui exerce sa liberté. La liberté est compromise par la  situation subjective de prendre une décision autonome (aliénation au marché,  aux médias et aux sectes). Elle est compromise par les conditions psycho cognitives (l’étendue, le contenu et la signification des savoirs et savoirs faire ainsi que les sentiments de peur ou d’oppression ou leur contraire). Elle est surtout compromise par les  conditions objectives (physiques, sociales et politiques) d’autonomie économique,  de dignité sociale, de droits politiques et de rationalité dans la prise de décision par l’ouverture, la perturbation ou la fermeture des accès à l’information fiables et à son traitement crédible, pertinent et opportun. La liberté favorise la sécurité et la confiance favorables à l’acquisition et au transfert des connaissances. Contre le repli sur soi qui favorise la méfiance et la défiance il n’y a pas d’autre attitude que l’ouverture d’esprit et la liberté. Les élites doivent pratiquer et montrer aux jeunes générations la culture du dialogue, la recherche du consensus par l’argumentation, la reconnaissance de l’erreur et la proclamation de la vérité (relative) même si elle provient d’autrui.

Plus l’objectif est noble et grand plus l’homme prend de la hauteur sur les détails insignifiants et inconséquents pour se consacrer à l’essentiel et ne pas être détourné par les futilités. L’imam Ali a montré la voie de l’excellence dans la distanciation pour se libérer du biais cognitif et du biais affectif qui faussent notre regard et nous font perdre l’objectivité : «…quiconque souhaite se garder des vices et des péchés devra chercher les vraies causes de l’infatuation et les vraies voies pour les combattre. Et pour trouver ces vraies voies, quelqu’un doit les chercher avec l’aide de la connaissance. Quiconque acquiert complètement plusieurs branches de la connaissance prendra des leçons de la vie et quiconque essaye de prendre des leçons de la vie est en réalité engagé dans l’étude des causes de l’élévation et de la tombée des civilisations précédentes. »

La vérité que nous possédons est relative et parcellaire car elle dépend de notre assise intellectuelle et morale ainsi que de culture qui fait que nous pratiquons la raison avec efficience ou nous la délaissons pour le conformisme et le suivisme. Le piège fatal pour notre intelligence et notre dynamisme social et politique c’est de se croire capable tout seul de  cerner la totalité. Nos erreurs et nos faiblesses exploitées par la lutte idéologique est l’atomicité des efforts qui fait que chacun est persuadé qu’il est de son devoir de répondre à tout et de donner réponse totale sur une problématique.  Il faut arriver à se libérer de la fascination y compris la sienne de croire apporter la détraction définitive aux sophismes qui sont alimentent les schismes. Des exemples simples de sophisme sur lesquels se construisent les sophismes dans le monde musulman montrent la difficulté de répondre. Nous pouvons  démontrer l’absence de logique et de vérité dans les assertions fallacieuses qui partent pourtant d’un esprit vrai mais qu’elles ont perverti :

L’islam est parfait.
Nous sommes musulmans.
Nous sommes donc parfaits.

 

La communauté mohammadienne se divisera en 72 factions.
Toutes les factions sont condamnées à l’Enfer sauf la faction sauvée.
Nous sommes la faction mohammadienne authentique
Nous sommes donc la faction sauvée.

 

Les lettres mystérieuses du Coran sont des nombres cachés
Les nombres sont la clé mathématique du secret coranique
Les versets et les lettres obéissent à des séries de nombres multiples
Les séries mathématiques dans le Coran auraient du être  parfaites
Il y a eu donc ajout ou retraits  de versets, de lettres ou d’erreurs syntaxiques
Par conséquent : déduisez le reste…

 

Mais que va nous apporter le raisonnement logique fallacieux  dans un système qui a perdu la logique de l’entendement et qui fonctionne sur la conjugaison de la rhétorique du verbe des prédicateurs  et de l’émotionnel des auditeurs ? Il nous faudrait d’abord posséder et partager les mêmes critères de vérité, de validité et de culture islamique… Si on se limite au territoire français et si on se met à l’étude des intérêts idéologiques, économiques et politiques il nous faudrait passer en revue l’histoire de la décadence du monde musulman et celle de la colonisation pour répondre  aux syllogismes qui sont derrière la fabrication de l’ islam des Bachagas et de l’aristocratie, l’islam festif, islam maraboutique, l’islam sionisant, l’islam de France, l’islam laïc, l’islam progressiste, l’islam boudhisant, l’islam salafiste anarchiste, l’islam salafiste monarchiste, les islam sectaires type  coraniste, l’islam sunnite, l’islam chiite, l’islam hanafite, l’islam malékite, l’islam hanbalite, l’islam ibadite…

Il nous faut redonner à la génération montante six motivations  en plus du gout de la vertu morale et de la probité intellectuelle et de l’ardeur spirituelle :

  • La lecture du Qur’àn et sa compréhension. Le Qur’àn met l’individu en situation de gymnastique des facultés cognitives et mnésiques
  • La logique par les mathématiques. Il ne s’agit pas de sombrer dans les arguments fallacieux de la prétention des défenseurs du miracle mathématique du Qur’àn et leurs dérives idéologiques et religieuses. Il s’agit d’éduquer l’esprit à la discipline de la pensée pour qu’il ne tombe pas dans les pièges de la raison ou dans les manipulations par les   faux syllogismes.
  • Le Taddabur ou  lecture méditative  pour développer la compétence visuelle à fouiller un texte et y trouver les signes et les indices pour construire un sens de plus en plus complexe qui dépasse le mot, la phrase, le paragraphe, le chapitre pour aller à l’idée, à sa genèse, à ses conséquences, à sa structuration et à ses articulations avec d’autres idées.  Dans ce cadre l’histoire des civilisations et le récit des Prophètes constituent les meilleures pistes.
  • Chercher la vérité pour la vérité conformément au hadith du Prophète qui dit que nous n’aurions point la foi tant que nous n’aurions pas inspiré aux autres l’amour de la vérité.
  • Mettre en application le savoir et les résultats dans la quête de la vérité pour changer mutadis mutandis ce qui doit être changé en chacun de nous à titre individuel et social et devenir ainsi receptif et réactif à l’appel du divin au lieux des appels partisans et sectaires.
  • Oeuvrer pour la fédération des  communautés musulmanes avec l’idée que cette oeuvre est un acte de dévotion, une obligation religieuse.

Nous qui sommes relais de communication des  savants fédérateurs nous devons conserver notre objectivité et agir sur au moins sept  directions :

a) appeler et pratiquer l’unité des rangs. Sortir de cette unité des rangs c’est mettre en cause l’Islam lui-même. Les fondateurs des grandes écoles qui perdurent ou des écoles éphémères qui ont accompli ou non accompli leur mission historique ont répondu à une problématique intellectuelle, religieuse, politique  ou sociale en produisant de la pensée. Cette pensée n’est pas totalement fossile, une grande partie est sans doute encore vive et il appartient aux spécialistes de puiser dans ce réservoir d’idées et dans ce patrimoine scientifique. Le condamnable est, par principe, l’idée anti coranique qui consiste à se donner ou à donner à un maitre des titres d’infaillibilité avec ses dérives démiurges.    Le Qur’àn refuse aux croyants le droit de se donner des titres de vertus. Pourquoi sacraliser un homme ou son œuvre alors que l’islam nous ordonne d’argumenter sans cesse pour arriver à la vérité et à mettre en ébullition notre pensée pour faire face aux défis de l’homme, du lieu et du temps. La raison humaine a été créée pour fonctionner dans des conditions extrêmes. Nos frères et nos sœurs qui préfèrent la polémique qui épuisent la langue et les nerfs sans mettre à dure épreuve la capacité de réfléchir ne sont pas dans le vrai mais s’épuiser à le répéter c’est faire preuve de déraison.

b) Considérer l’islam comme le cadre global qui permet de tenir un discours et une pratique qui met en valeur un seul Qur’àn, un seul Prophète, une seule Qibla, une seule destinée et un seul ennemi. Dans ce cadre la vision élitiste des microcosmes ne conduit pas à donner à l’Islam son prolongement social. La démarche populiste conduit aux mêmes dérives que la démarche élitaire avec peut-être plus de tapage médiatique pour montrer les « haillons » de l’Islam à la conquête du pouvoir et liguer contre eux tous les intérêts de classe y compris ceux de la bourgeoisie musulmane qui n’a paris de l’islam que le bigotisme des pharisiens juifs. Le modèle est devant nos yeux : Mohamed et ses compagnons. Les pauvres qui l’ont soutenu et vénéré n’étaient pas des anarchistes mais des civilisés, des projets de civilisation, des croyants que la foi a transcendé leurs conditions sociales. Les riches qui ont soutenu Mohamed (saws) ont transcendé leur appartenance sociale ou intellectuelle par la foi qui les mis au service de la fratrie de foi et non au service de leurs intérêts qui les auraient obligé à éprouver du mépris pour les pauvres et les « misérables ». Le problème est plus complexe que les schismes : il est dans la perte de vocation du musulman qui a permis l’émergence des schismes et des classes. S’attaquer aux apparences des schismes c’est vouloir redresser un tronc tordu en s’attaquant  à son ombre ou à ses rameaux. Il faut rester patient et disponible pour  s’ouvrir aux autres et les pousser à l’ouverture à condition qu’il y ait un avantage bénéfique mutuel sur le plan de la foi et non une polémique stérile.

c)- Se focaliser à corriger ce qui touche au credo de la foi, inviter à donner à la foi un contenu idéologique, social et politique, soutenir la libération des pays musulmans, défendre la dignité de la minorité musulmane et lui donner sa place en Europe, former les jeunes générations à avoir une pensée islamique globale qui conjugue la spiritualité et la raison et qui fuit à la fois l’apologie du passé et la polémique avec les autres. Construire maillon par maillon l’action sociale et politique tout en  tricotant le tissu idéique et idéologique des jeunes pour qu’ils puissent se faire leur propre opinion libérée de la manipulation et de la contrainte. La liberté de choisir se construit en cultivant le sens de la responsabilité. La responsabilité se construit sur le sens de la justice, de l’équité, de la probité et de l’éthique. Il ne peut y avoir liberté de choix, de renoncement ou de rupture si les conditions subjectives et objectives de la liberté sont inexistantes ou aliénées.

Quand la liberté et ses conditions sont clairement définies alors il reste à tracer le chemin et les étapes pour atteindre la liberté. Ce chemin s’appelle la libération. Si le Taghut désigne l’idolâtrie, la laideur, la servitude, l’oppression, la corruption, l’ignorance,  alors le « Sabile Allah » ou la voie de Dieu s’appelle le monothéisme, la liberté, la justice, l’équité, la science, la perfection, la beauté, la solidarité sociale, la paix. La libération est ce chemin qui consiste à passer du Taghut à Allah et à se maintenir dans la voie d’Allah sans fléchir ni faiblir ni dévier. C’est le discours et la praxis du changement c’est-à-dire de la libération qui fait défaut et sans doute ce sont ce discours et cette praxis qui vont réveiller, fédérer, mobiliser et faire agir d’une manière diverse mais harmonieuse et convergente non seulement toutes les énergies musulmanes mais toutes celles qui ne trouvent plus de justification morale, économique, sociale et politique au capitalisme, à l’impérialisme, à l’évangélisation et au sionisme… C’est la vocation de missionné missionnaire qu’il faut réhabiliter pour remettre le musulman dans la quête inscrite dans sa foi : se civiliser et civiliser pour un humanisme relevant du divin qui s’appelle l’Honorificat originel d’Adam et sa mission de Khalifa sur terre.

d) Dégager notre responsabilité envers Allah en agissant pour l’unité sans être de ceux « qui allument le feu de la Fitna » en croyant bien faire. Dégager notre responsabilité c’est rester sur le dénominateur commun et dans l’espace social et idéique de ce dénominateur commun défendre ceux qui le défendent et attaquer ceux qui le sapent. Nous pouvons nous tromper à notre niveau et l’erreur peut être réduite si nous inscrivons nos pas dans ceux des  Savants et des élites. Même s’il n’y a pas de voie unifiante chacun doit agir selon sa conscience religieuse, morale, sociale et politique pour se  fixer un cap réaliste et tenir le gouvernail sur ce cap. Avoir un bon cap et un gouvernail n’est pas suffisant pour conduire un bateau il faudrait se reporter à une boussole (mesurer par rapport à un référentiel unique), une carte de navigation (disposer d’un  parcours fixant les étapes et les écueils entre la provenance et la destination pour ne pas se croiser ni se télescoper ni dupliquer à l’identique) et une vigie (la veille stratégique pour voir de loin). La bonne et sincère volonté ne suffit pas à combler les lacunes, les rancœurs, les incompréhensions d’une culture musulmane décadente qui refuse le dialogue, l’écoute et surtout qui ne fait pas  le bilan de la situation d’une manière récurrente et stratégique pour  construire une prospective où chacun joue sa partition sur son terrain, sa spécialité, sa préoccupation et son niveau d’intervention ou de réflexion stratégique, tactique ou opérationnelle. Il ne faut pas se focaliser sur la dénonciation des gouvernants et des autres confessions encore moins tomber dans la discorde et la sédition armée car ces gouverants et ces confessions  sont le reflet de notre moi collectif. Jamais Allah ne donne suprématie d’un méchant sur un bon musulman sauf s’il a voulu éprouver le Musulman. Dans un cas comme dans l’autre nous sommes tenus de faire preuve d’endurance car l’ordre dans son intégralité relève d’Allah. Occupons-nous de ce qui relève de nos compétences : réformer la société en réformant notre moi individuel.

e) Former les élites dès leur jeune âge. Ceux qui ont en charge la formation et l’éducation des jeunes ne doivent pas perdre de vue que les remplir de connaissance sans développer en eux l’esprit de compréhension,  le sens critique et l’analyse contradictoire des sources c’est les livrer demain à la paresse intellectuelle, au formalisme et à la soumission à la voix la plus forte, la plus séduisante ou la plus médiatisée au lieu d’adhérer à la voix la plus raisonnable et la plus sincère. Voila plus de quarante que nous assistons au gaspillage des énergies : En effet des jeunes assoiffés de connaissance et de religion se trouvent embrigadées dans des voies maraboutiques ou charlatanesques qui leur font perdre le gout de l’effort intellectuel et le sens des défis. Cette nouvelle génération comme l’était la notre est une génération pure et saine qui veut accomplir son destin en faisant face non seulement à ses défis de travail de formation, d’étude et de dignité mais aux défis lancés à l’Islam partout dans le monde. Il est de notre devoir de lui montrer la fausseté des récits légendaires et des attitudes apologétiques ou polémistes, et des explications eschatologiques de l’Histoire humaine comme il est de notre devoir de lui apprendre aussi bien les voies de sa liberté que celles de son aliénation. Nous devons lui apprendre sa religion authentique et comment une fois armée d’une foi saine et pure elle peut construire dans le dialogue et l’argumentation la réfutation des détracteurs mais surtout les forces de propositions pour l’avenir d’une manière raisonnable, impartiale, équitable, objective et efficace.

Aucune religion aucune philosophie et aucune civilisation n’a cultivé la pratique de la raison comme l’Islam. Les seules limites à la parole et à la pensée sont le blasphème, l’hérésie et l’atteinte à la vie, à l’intimité, à l’honneur ou à la dignité des gens.  Mohamed al Ghazali dans « l’Islam et le despotisme politique » a indiqué une voie toujours d’actualité : « Veiller à l’éducation musulmane d’un être est une charge multi fonctionnelle : charge qui comprend : la rectitude personnelle, l’éveil de la conscience, l’esprit de fidélité sociale, l’élément de dévouement pour la réalisation du message divin ».

Pour cultiver l’amour de la vérité dans l’apprentissage des textes musulmans et en même temps apprendre le Qur’àn et le Hadith dans l’esprit islamique authentique toujours en quête de vérité il faut se libérer de la pression de ceux qui veulent limiter l’apprentissage aux seuls versets coraniques comme de ceux qui ont exclu le Qur’àn pour se contenter du Hadith. Mohamed (saws) ne faisait pas apprendre à ses compagnons le Hadith puisqu’il était le locuteur, le modèle, le pédagogue. Pour retenir ses paroles il fallait une grande dose d’amour, de vénération et d’implication. Sans ces dispositions, le jeune immergé dans le monde moderne de la facilité médiatique se fatigue et se lasse. La neuro pédagogie montre qu’en apprend mieux que si on est impliqué dans ce qu’on apprend d’abord en le comprenant ensuite en s’y projetant comme futur acteur qui va rejouer le rôle devant d’autres. Ainsi il est plus facile d’apprendre les contes de grand mère ou les blagues du copain que les récitations de l’école. Dans le premier cas il y a un projet d’évocation. Dans le second il y a une obligation qui trouve résistance mentale et oubli devant l’enseignant, la feuille d’examen ou l’épreuve du temps qui efface ce qui est appris superficiellement.  Dans le premier cas il y a un projet : faire plus tard, raconter à d’autres, être le narrateur ou l’actant qui interprète. La pédagogie moderne appelle ce principe de projet d’évocation, la sollicitation de l’imagination qui explore les possibilités du devenir et construit le personnage de l’ego qui va s’approprier le réel pour le revisiter plus tard. Nos savants, nos intellectuels et prédicateurs qui ont choisi le système  américain des shows évangélistes doivent se réveiller et comprendre que la formation d’une génération ne se fait pas par la fascination et l’hypnose mais par le parler vrai et par l’exemple qui se donne non en spectacle mais en pédagogue posant les problèmes, apportant les solutions et évaluant l’efficacité de ces solutions ainsi que leur conséquences afin de promouvoir des responsables et non des handicapés ou des mimétistes qui peuvent se faire du tort et porter préjudice à la communaité musulmane alors qu’ils s’imaginent être les héros de Badr ou de Tabouk.

Ce principe de projet et d’évocation Mohamed (saws) l’a appliqué durant les 23 ans sans relâche. Il récitait 10 versets, les expliquait et les faisait apprendre avec le projet d’évocation pour que chacun les fasse apprendre à d’autre et en même temps chacun en devenait le responsable qui mettait en exercice, en vie, en pratique. Il repassait dans la vie quotidienne et au sermon pour rappeler et fixer les repères pour ne pas oublier sur le plan de la mémoire mais surtout sur le plan de la pratique. C’est cette piste qu’il faut privilégier en l’adaptant au Qur’àn et à la Sunna pour raconter le monde, l’expliquer et explorer les solutions de changement ou d’adaptation. Il faut donc susciter le thème par les apprenants eux mêmes pour les impliquer dans la quête de sens et dans la construction de l’imaginaire. Sur le thème choisi il faut parvenir à faire revivre la stratégie pédagogique mohammadienne : un verset coranique avec une explication dans laquelle il y a un hadith qui explique accompagné d’un récit événementiel   ou biographique soit du Prophète soit un de ses compagnons ou de ses épouses. Les plus doués vont  comprendre,  retenir et en faire la norme de leur réflexion, les moins doués vont comprendre et appliquer, les plus faibles vont retenir l’essentiel c’est à dire la morale du récit, l’émotion de l’événement, les mots les plus signifiants et c’est pour eux assez suffisant pour construire une personnalité de base qui conjugue la mémoire et la réflexion, le passé et le présent, le réel et le devenir.

Il ne faut jamais perdre de vue l’essentiel : quand on étudie sommairement le Hadith on voit que souvent il répond à une question ou apporte une solution mais parfois il prévient ou annonce un problème qu’il faut traiter par anticipation. En tous les cas le verset coranique ou le hadith  était précurseur de la communication moderne dans le sens où autour d’une action majeure il y a trois messages : un  qui prépare, un qui accompagne et un qui conclut. Chaque message répond à la même préoccupation de base mais en adoptant des perspectives de vues différentes selon l’intérêt visé et le contexte. Il s’agit d’une pédagogie différenciée qui utilise la répétition pour éclairer un aspect  Mohamed (saws) maniant le Qur’àn et ce qui va constituer sa Sunna (ses paroles, ses postures, ses comportements, ses silences, son mode de vie…) était littéralement une parole bue ses compagnons. Son discours répondait à plusieurs  critères d’efficacité: la vérité, la compétence, la sincérité, la pertinence et l’opportunité sociale, politique, religieuse ou militaire en collant à la réalité du terrain. A l’amour et à la  vénération de Mohamed (saws) nous devons ajouter le réalisme social et politique pour projeter le Qur’àn et la Sunna sur le vécu. Ce vécu était présent au point que Mohamed de son Minbar répondaient aux interrogations ou sollicitaient les questions de ses compagnons qui  voyaient en lui le modèle incontestable de la miséricorde et de  la vérité.

Voici une des sentences de l’imam Ali qui témoigne d’une  justesse et d’une sagesse de vue née dans l’école mohammadienne qu’il a fréquenté avec Abu Bakr, Omar et les autres compagnons :

« Voici quatre causes d’infidélité et de perte de la croyance en Allah : le désir de caprices, la passion de contester tout argument, la déviation de la vérité, et la dissension, car quiconque a envie de caprices ne s’incline pas en direction de la vérité. Quiconque ne cesse de contester tout argument compte tenu de son ignorance restera toujours aveugle à la vérité. Quiconque dévie de la vérité en raison de l’ignorance prendra toujours pour bien le mal et pour mal le bien et il restera toujours intoxiqué avec égarement. Et quiconque crée une brèche (avec Allah et Son Messager), sa voie devient difficile, ses affaires deviendront compliquées et son chemin à la délivrance sera incertain.

De façon similaire, le doute a aussi quatre aspects : le raisonnement insensé, la vacillation et l’hésitation, et l’abandon irraisonnable à l’infidélité, parce que celui qui s’est accoutumé à des discussions déraisonnables et absurdes ne verra jamais la Lumière de la Vérité et vivra toujours dans l’obscurité de l’ignorance. Celui qui a peur de faire face à des faits (de la vie, de la mort et de la vie après la mort) s’éloignera toujours de la réalité absolue. Celui qui permet les doutes et l’incertitude de le faire vaciller sera toujours sous le contrôle de Satan. Et celui qui se rend à l’infidélité accepte la malédiction dans les deux mondes »

f) Mette en œuvre la fraternisation au lieu de se contenter des slogans de fraternité. Il faut donc favoriser le travail collaboratif et coopératif entre associations musulmanes pour cultiver la confiance et la connaissance réciproque hors des préjugés, des clichés et des stéréotypes qui ne reposent souvent que sur des spéculations de la lutte idéologique ou des vestiges de l’incompréhension héritée depuis trop longtemps. Il y a plusieurs facilitations que la mise en commun des efforts et des moyens peut apporter : Sortir de l’autarcie et de l’isolement en se libérant de la solitude de l’errance en vase clos qui a marqué la personnalité du musulman depuis la décadence de la civilisation musulmane et son corollaire la colonisation. Sortir de la culture de la défiance en se libérant de la peur et de la perte de confiance, héritée du despotisme politique, du matraquage idéologique et des schismes devenus phénomènes culturels voire des formes d’atavisme « islamique ». Le travail en commun élaboré dans un cadre « démocratique » crée de la transparence, le sens de la responsabilité collective et fait renaître la force fédératrice de l’Islam : la fraternisation et la solidarité. S’impliquer dans un travail planifié avec des objectifs clairs et des résultats mesurables et vérifiables permet de se libérer de la polémique des oisifs et des paresseux pour se consacrer au « ‘Amal Salah »

g) Se conformer à la voix des savants non seulement les plus représentatifs par leur conformité exemplaire au Coran et à la Sunna mais ceux qui établissent et diffusent  les cartes de navigation les plus pertinentes, les plus opportunes, les plus cohérentes, les plus fiables et les plus efficaces pour faire face aux défis de notre époque.

J’ai lu un article de feu Mohamed Fadhlallah qui a eu le courage d’aller au fond du problème en le situant dans le « zaïmisme » de la culture arabo musulmane décadente qui fait que chaque savant, chaque homme politique, chaque intellectuel se croit le Zaïm messianique, la référence absolue pour ses partisans et qui ne dialogue avec les autres Zaïms que par courtoisie ou par hypocrisie alors qu’il s’agit d’aller vers le peuple  et lui demander de dépasser les cadres partisans et de s’inscrire dans la grandeur et dans l’unité de l’Islam : « Si nous sommes convaincus du principe de l’unité islamique, nous devrions descendre vers nos bases. Mais il se pourrait que ces bases que nous avons éduquées avec la nourriture de la haine nous lancent des pierres et nous lapident. Nous devrions considérer ces pierres comme des médailles qui nous décorent car ce qui te lapide est l’arriération et non pas la conscience. L’arriération, c’est elle qui a lapidé les prophètes tout au long de l’histoire. »

J’ai lu le livre de Youssef Al Qaradhaoui «  al Ikhtilaf rahma » qui insiste sur insiste sur la règle d’or dans la vie intellectuelle et religieuse de l’Islam qui a favorisé la diversité : « Agissons de concert pour tout ce qui fait objet de notre accord et que chacun trouve en l’autre une excuse pour son opinion contradictoire dans l’attente d’un dialogue pour mettre fin au désaccord  et d’un cadre pour nous unir et nous réunir davantage.». La diversité qui donne naissance à la divergence et aux schismes n’est pas louable. Le temps a montré que devant l’épreuve les mots bien écrits s’effacent et ne restent que les prises de décision regrettables qui font couler le sang et provoquer la discorde.

J’ai lu aussi l’analyse du penseur  Al Ghanouchi  sur le fonctionnement et les contradictions au sein de la Fédération Internationale des Savants Musulmans. J’ai lu avec attention les réactions que son article a suscité qui vont de l’apologie à la déception en passant par la diversion. Il y avait  des questions légitimes et sérieuses qui demandent réponse et clarification. Parmi ces questions se trouvent en priorité la libération du monde musulman du colonialisme et du despotisme, la question palestinienne, l’émergence de la Turquie et de l’Iran comme forces régionales qui doivent se conjuguer par l’apport des Arabes pour fédérer les peuples musulmans et les engager sur la voie de la libération de l’hégémonie impérialisme et du développement socio économique. Là aussi il y a loin de la coupe aux lèvres. Ce ne sont pas les beaux discours mais les justes positions qu’on attend d’un guide musulman. Si Qaradhawi et Ghanouchi avaient pris une position juste et courageuse  sur la Libye et la Syrie en totale conformité avec les références islamiques qu’ils font semblant de ne plus connaitre alors on aurait eu sans doute des conséquences désastruses pour l’Empire et ses vassaux européens et arabes.

Dans ces conditions de contradictions, de changement en fonction des intérêts partisans comment prétendre qu’il y  a plus de raisons de s’unir que de raisons de se désunir?

Dans la perspective de voir des changements historiques dans le monde musulman – menés par les savants musulmans – l’imagination se trouve en exploration de sa mémoire et se met à produire des images d’espoir qui se superposent sur des images de déception sans les effacer. Elles peuvent s’effacer si nous nous impliquons tous dans une seule et même orientation comme une composition harmonieuse avec ses diversités et respectant la loi de l’unité et des accords :

{Qui donc est meilleur que celui qui incite vers Allah, qui fait œuvre méritoire et dit : « Je suis du nombre des musulmans ? ». L’œuvre méritoire et l’œuvre vile ne sont point égales. Avance celle qui est la meilleure (pour repousser le mal), et voilà que celui avec qui il y a une animosité entre toi et lui, devient comme s’il était un ami chaleureux. Et ne l’obtiendront que ceux qui ont persévéré, et ne l’obtiendra que celui qui a une chance immense.} Fussilat 34

 

Le plus dangereux des défis ce sont les pratiques religieuses corrompues.

Mohamed Al Ghazali a écrit dans la bataille du sens :

« Après quarante ans de travail dans la prédication islamique, je réalise que le plus dangereux des défis ce sont les pratiques religieuses corrompues. Cela englobe le travail pour les caprices et les illusions, ainsi que le travail pour les désirs et bénéfices personnels.

La foi est une conscience intellectuelle, mais ces gens sont intellectuellement et continuellement inconscients. La foi mène à un cœur pur, mais ces gens ont des cœurs malades. Leurs cœurs sont terriblement malades. Dévoiler des pratiques religieuses altérées nécessite une étude détaillée afin de cerner les raisons mentales et psychologiques les sous-tendant. Abû Hâmid Al-Ghazâli a dédié une grande partie de son livre, La  Revivification, pour donner le remède à ses maladies et en avertir les gens. Ibn Al-Jawzî écrivit la Déception d’Iblis pour dévoiler les différentes formes de pratiques religieuses altérées et pour prévenir les gens.

Certes, ces mauvaises pratiques greffées sur la religion conduisent à une image erronée de l’islam dans l’esprit de nombreuses personnes douées de sens. Ces gens découvrent l’Islam à travers le comportement et attitudes de ses adeptes. En effet, quelques musulmans — que ce soient dans les époques passées ou contemporaine — sont une disgrâce pour leur religion elle-même.

J’ai constaté que de nombreuses personnes, travaillant dans le champ de la Da`wah, font du tort à l’islam. Certains concentrent leurs efforts en permanence sur l’interdiction des choses. On entend d’eux que le fait que la religion interdit ceci ou cela. Ils ne se soucient même pas de donner une alternative dont les gens auraient besoin. Ils sont tels des gens qui bloquent une route sans en ouvrir une autre.

D’autres prédicateurs vivent encore dans le passé et non dans le présent ou le futur, comme si l’Islam était une religion historique. C’est un spectacle saisissant que de le voir débattre avec, par exemple, les Mu`tazélites ou les Jahmites. Il peut avoir raison dans ce qu’il dit, mais il ignore complètement que les ennemis de l’islam porte aujourd’hui d’autres noms et emploient d’autres méthodes et arguments.

D’autres également ne font point de distinction entre les problèmes périphériques et les problèmes centraux, ni entre les sujets fondamentaux et les branches secondaires, ni entre les problèmes majeurs et ceux qui sont mineurs. Ils dépenseraient toute leur énergie pour combattre les problèmes secondaires. Ainsi, il est probable qu’ils attaquent par la mauvaise direction, là où le véritable ennemi attaque par une autre direction. Il leur arrive parfois d’attaquer même des ennemis imaginaires.

Tous ces prêcheurs sont un pénible fardeau pour la Prédication Islamique. Ceux-là doivent être corrigés, tout comme ceux qui prêchent pour leurs profits personnels et non pour des principes islamiques sincères. Travailler pour les valeurs islamiques est bien différent du travail pour des désirs personnels.

Mohamed Fadhlallah écrit dans la bataille pour l’unité islamique :

« Regardons cette réalité islamique. Nous avons tant et tant parlé de la Palestine, et la Palestine est perdue. Nous avons tant et tant parlé d’Afghanistan, et l’Afghanistan est perdu. Eux, ils planifient. Quant à nous, nous crions des slogans. Eux ils nous envahissent. Quant à nous, nous nous disputons. Notre problème c’est que nous flottons en surface. Nous nous laissons guider par des paroles…

Musulmans de toutes les confessions ! Vous voulez l’Islam ou vos égoïsmes ? Le monde déclare la guerre contre l’Islam. Nous devons nous apprêter au combat. L’unité islamique devrait constituer le sens de l’Islam en nous. Soyez des Musulmans sunnites et des Musulmans chiites, car en mettant de côté votre appartenance à l’Islam, vous ne faites que privilégier la confession au détriment de l’Islam. La place présente beaucoup de contradictions. Les perspectives s’ouvrent à beaucoup d’espoir. Accourez vers la réalité, pour planifier, œuvrer et craindre Dieu dans notre présent et notre avenir. Réfléchissons longuement et profondément à notre avenir ! »       

Je pense qu’il serait plus utile de se consacrer à l’étude et à la diffusion de la part de vérité à laquelle nous avons pu accéder par la Grâce divine que de s’épuiser à convaincre autrui de la fausseté de son argumentation ou de son école. L’Islam du temps du Prophète et des premiers Califes a été compris totalement comme si la communauté était un même esprit malgré quelques différences d’opinions et d’interprétations qui fondaient comme glace devant le rayonnement intellectuel et spirituel des illustres compagnons et successeurs. C’est cet esprit rayonant et diffus dans la société qui serait la garantie d’avoir un seul et grand  esprit anagogique et empathique refusant la prolifération des partis politiques et des pseudos écoles de pensée. Ce n’est pas la diversité des écoles de pensées qui est remise en cause c’est l’atomicité et les faux syllogismes qui naissent dans l’esprit des suiveurs qui se trouvent davantage au service d’une culture d’école qu’au service de l’Islam ou qui se trouvent davantage dans la reproduction d’une école et ses sources internes que dans l’étude du Qur’àn et de la Sunna à l’époque des nouveaux défis scientifiques et technologiques et des apports de la psychologie, de la psychologie sociale, de la sociologie, de l’histoire,  de la médecine et de tant de sciences qui apportent des éclairages nouveaux sur la lecture du monde et les comportements humains. Ce n’est pas l’association des hommes autour de problèmes politiques ou économiques à résoudre qui posent problèmes c’est l’esprit partisan qui devient lui même un clivage idéologique entre les différents partis politiques se réclamant de l’Islam et qui  paradoxalement se déchirent et trahissent le principe d’unité et d’union.

La priorité est de faire naitre l’amour du Qur’àn et de connaître les hadiths mais en les lisant dans le contexte de leur énonciation. Il s’agit bien d’énonciation et non d’énoncé. L’énonciation donne à un énoncé ses conditions socio historiques et politico culturelles. Le hadith se libère ainsi du caractère « fictif » de sa narration pour prendre en charge les aspects diégétiques c’est-à-dire l’évocation de l’univers du hadith en l’occurrence la psychologie du Prophète face aux événements et aux hommes qui l’ont poussé à adopter telle attitude. Il ne s’agit pas de le faire pour les dizaines de milliers de hadiths mais pour ceux dont la compréhension est difficile,  porte à confusion  ou dans la porté est limitée et le caractère singulier. Dieu est plus savant.  A titre d’illustration comment comprendre ce hadith « Écoute et obéis même si on te frappe et qu’on te prend tes biens. »  qui semble en apparence confirmer la négation du principe de la Choura coranique que le Prophète a appliqué ou avec la notion de martyr qu’il a expliqué en l’étendant  à celui qui est tué en défendant ses biens ? Il faut que les Musulmans comprennent qu’Allah et Son  Prophète (saws) n’aiment pas l’injustice mais la sacralité du Musulman, sa vie, son sang, ses biens, sa dignité, sa quiétude, sont plus précieux que la lutte pour le pouvoir mondain éphémère. Jamais  Allah et le Prophète ne donneraient raison à celui qui rend licite le sang versé d’un musulman quelque soit le prétexte.

C’est l’énonciation qui change le sens du hadith et malheureusement c’est autour du Hadith que se réalise les plus grandes divergences alors que le Prophète (saws) a été le rassembleur, l’unificateur et le fédérateur des Arabes divergents autour d’une idée fédératrice l’islam. C’est trahir ce Prophète que de diverger ou de traiter les uns les autres de mécréants au lieu de construire une communauté soudée qui a la compétence de l’aimer, de le vénérer et de le suivre dans l’esprit et la manière qu’il traitait les problèmes et les hommes. A titre d’illustration on voit des musulmans se haïr et ne plus se parler pour un problème de  longueur de pantalon, de Qamis ou de teinture des cheveux. Ali Ibn Abi Taleb fut questionné sur ce hadith : « Avec la coloration des cheveux, changez le vieil âge en jeunesse afin de ne pas ressembler aux Juifs ». Il donna cette réponse : «  A la première époque de l’Islam, il y avait très peu de Musulmans. Le Noble Prophète (saws) leur conseilla de paraître jeunes et énergétiques et de ne pas adopter la mode des (prêtres) Juifs ayant de longues barbes blanches effervescentes. Mais les Musulmans n’étaient ensuite plus en minorité, leur État était fort et puissant, ils pouvaient prendre le style qu’ils souhaitaient ». Qui empêche les musulmans de vérifier ces dires. Il ne s’agit pas de réfuter mais de préciser le contexte et la portée sociale ou politique d’un hadith. Il ne s’agit pas de ne plus  réaliser de nouvelles compilations sur les dizaines de milliers de hadiths mais de donner la priorité à l’étude sémantique et historique du hadith pour en faire de nouveau un « Qur’àn marchant entre les gens ».  Bukhari, Muslim, Malek et nos vénérables maitres ont prouvé leur compétence intellectuelle, leur probité morale et leur scrupule consciencieux pour sauver le Hadith de l’oubli et le protéger de la falsification. Il appartient aux spécialistes du Hadith de parachever ce travail en donnant au musulman l’exégèse scientifique et historique pour que le Hadith devienne une « science appliquée » et non une connaissance récitée.

Le scrupule (Al War’â) indispensable à la formation intellectuelle de qualité ne nait pas des fausses croyances mais des véritables certitudes qui naissent dans le doute non de la parole d’Allah mais dans le doute de soi, de sa compréhension, de sa compétence à donner un contenu, une dimension et une portée esthétique, sociale, politique et intellectuelle à la parole de vérité car nous restons des interprètes imparfaits et changeants. L’imperfection tient à notre nature humaine. La qualité du musulman n’est pas dans sa prétention à être parfait mais dans sa reconnaissance à être perfectible. N’est perfectible que celui qui reconnait son erreur et qui dans la pratique médiatique, sociale ou politique est plus interpellé par la faute à corriger et à en comprendre les origines, les mécanismes et les conséquences qu’à trouver le  fautif et se contenter de le blâmer ou de l’incriminer. N’est perfectible  que celui qui prodigue le bon conseil et l’accepte venant des autres si bien entendu le conseil ne vise pas à humilier ou à perturber mais à contribuer à la promotion de la vérité et du mérite.

Le changement que fait activer le scrupule tient à l’expérience personnelle et sociale ainsi qu’à l’effet du temps et du savoir sur la communauté dans laquelle nous vivons. C’est ce scrupule relativisant notre savoir et celui  des autres qui nous rend à la fois des communicants échangeant les informations pour chercher la vérité sans chauvinisme et des consciences vives qui réalisent l’auto critique pour se redéfinir dans le rapport à la vérité, à la quête de savoir et notre relation avec les autres. Pour que le scrupule soit la culture du salut il faudrait sans doute redonner au « Nafs al Lawàma » le sens de l’ego insatisfait dans l’accomplissement de son devoir et qui se met par la voie critique dans celle de la perfectibilité qui lui donne le rang de « Nafs Mutma’ina » l’être apaisé non dans cette vie mais dans la phase ultime de sa vie et dans sa ressuscitation.  « Nafs al Lawàma » ne sera pas opposée à « Nafs Mutma’ina » mais à « Nafs al Amàra bi Sou’ » l’ego incitateur au mal, inspirateur de la laideur sans conscience sans sens des responsabilités.

Nous inscrivant dans la perfectibilité et l’examen de conscience sans doute nous serions plus exigeants envers notre ego qu’envers les autres, plus indulgent avec ses contradicteurs qu’avec le fardage des complaisants envers le Moi. Une chose semble certaine, à la lumière du Qur’àn, nous serions des croyants dans leur dimension humaine qui peuvent espérer s’améliorer sans jeter l’anathème sur les autres pour le seul motif qu’ils ne partagent pas notre école de pensée ou notre doctrine ou notre association. Dans ce nouvel état d’esprit nous pouvons tous être des dispensateurs de savoir envers ceux qui ont le plus de disponibilités à recevoir le savoir et en faire un cadre d’expansion de leur vie, ou être des demandeurs de savoir qui vont le chercher auprès des élites du passé ou du présent, morte ou vivantes. Dans ce rôle double de « stratégie pédagogique » pour donner et de « stratégie d’apprentissage » pour recevoir que chaque musulman doit porter nous pouvons nous inscrire dans la hiérarchie du savoir et du don loin des faux  clivages doctrinaux, confessionnels, factionnels ou sectaires. Il suffit de revenir à la lettre et à l’esprit du Qur’àn : sous la même bannière de l’Islam Allah a distingué les croyants selon leur œuvre et non selon leur appartenance sociale ou doctrinale :

أورثنا الكتاب الذين اصطفينا من عبادنا فمنهم ظالم لنفسه ومنهم مقتصد ومنهم سابق بالخيرات بإذن الله ذلك هو الفضل الكبير

{Nous avons donné en héritage le Livre à ceux que Nous avons élus de Nos créatures. Il est alors, d’entre eux, celui qui se fait injustice à lui-même, il est d’entre eux  celui qui est passable, et il est d’entre eux qui s’empresse aux œuvres d’excellence par le Vouloir d’Allah, cela est la grande Munificence.} Fater 32

Le rapport des musulmans dans une communauté vivante n’est pas dans entre le riche et le pauvre, le fort et le puissant, l’instruit et l’analphabète ni entre partisans entre telle école ou telle confession. Le rapport est un rapport entre croyants actants sociaux confrontés dans le sens et la mise en application de la foi, du savoir, du pouvoir, du devoir, du vouloir et de l’action. Ce rapport n’est pas livré aux conjonctures de puissance politique ou économique sinon ce serait un rapport profane entre mécréants matérialistes. Ce rapport est subordonné aux finalités de la religion islamique et relativisé par sa confrontation au référentiel islamique : Le Qur’àn et la Sunna. Plus le monde musulman s’approche de son référentiel plus il s’implique dans une quête psycho temporelle qui l’élève et élève les autres vers le modèle mohammadien. Le riche qui n’enrichit pas autrui est pauvre mais le pauvre qui enrichit autrui est plus que riche il est enrichissant. Le fort qui ne soutien pas le faible est faible mais le faible qui soutient l’opprimé est un soutien. Le savant qui n’apprend pas à l’ignorant est un ignorant. L’ignorant qui cherche à apprendre est sur la voie de la sagesse, sur la voie du martyr. Quand la communauté est malade, désarticulée ou disloquée les rapports ne peuvent être ni construits ni évalués sur la vertu et la foi mais sur les conditions historiques, sociales et politiques qui ont corrompu la vertu et occulté la foi.

L’absence de quête vers la foi, la vertu et l’excellence rabaisse les gens vers les instincts primaires. La perte de conscience sociale conduit à la marginalité et la fragmentation qui sapent davantage la religion et sa morale. L’ennemi de l’Islam qui observe et mesure les mouvements sociaux et les phénomènes de la spiritualité sait où se situe le centre de gravité social, moral et intellectuel et agit avec intelligence subtil pour déplacer le centre de gravité vers le niveau le plus bas et c’est à ce niveau le plus fragile que les schismes vont être maintenus ou recréés. Le niveau le plus bas n’est pas à voir dans la hiérarchie formelle mais dans cette stratification coranique : les hypocrites, les injustices à eux-mêmes, les passables, et ceux qui s’empressent aux œuvres d’excellence.  Le centre de gravité tient davantage à la force d’expression et de pression sociale qu’au nombre numérique. Une communauté qui n’a pas de centre de gravité est non seulement instable mais sans repères pour s’analyser et fixer son cap et son mouvement du fait d’ailleurs de son instabilité qui lui fait changer son référentiel ou les coordonnées de son référentiel. Ainsi la majorité des membres peut se prétendre appartenir au Qur’àn et à la Sunna mais chacun dans son système mental et psycho social porte un regard différent sur le Qur’àn et la Sunna.

L’absence de centre de gravité qui donne un référentiel stable et commun fait que d’une part chacun s’imagine être lui-même la coordonnée et la seule et d’autre part la communauté ou bien cultive la défiance entre ses membres et la méfiance envers autrui ou bien tombe sous la fascination des idées et des choses étrangères à l’Islam. Comme les Pharisiens de Babel dans la Bible nous parlons une seule et  même langue mais celle-ci ayant perdu sa signification pour tous elle engendre l’incompréhension d’abord et la violence ensuite. Il suffit à l’ennemi de l’Islam de donner la voix à un mécréant ou à un membre de la minorité d’hypocrite et de les médiatiser pour que la communauté redéploye le centre de gravité de ses préoccupations. Nous passons ainsi de l’apologie du passé, à la polémique entre nous au dénigrement des autres sans discerner les priorités et surtout sans accepter de voir la priorité : nous reconstruire après un travail de déconstruction. Il suffit qu’un seul ose s’engager sur l’auto critique ou demander l’examen de conscience pour recentrer nos problèmes à l’intérieur de nous-mêmes pour que des voix s’élèvent et pratiquent l’intimidation et le totalitarisme qui ont miné la civilisation islamique : « qui est tu toi pour dire ceci ou cela ? ». La culture messianique de la décadence est dans la contradiction d’attendre le sauveur et refuser tout débat constructif, et de ramener un problème d’idée, de lecture, d’interprétation non à son argumentation mais à un problème de personne ou de rang social ou religieux.

C’est ainsi qu’seul coraniste en France disposant du soutien médiatique et bénéficiant du laxisme de la communauté fera plus de dégâts dans la communauté qu’un loup dans une bergerie. La véritable bataille n’est pas contre le coraniste et les autres sectes et encore moins contre les divergences doctrinales et confessionnelle mais dans l’effort de tous à mettre le curseur social au centre de gravité et le centre de gravité au cœur de l’élite celle que le Qur’àn a qualifié de « qui s’empresse aux œuvres d’excellence par le Vouloir d’Allah »

Le bien et le mal peuvent se trouver réunis avec une domination du mal sur le bien dans une strate sociale ou politique ou dans l’ensemble de la société comme l’a souligné Omar Ibn Al Khattab (que Dieu lui accorde Sa satisfaction) qui dit une fois à l’un de ses compagnons: « Sais-tu ce qui démolit l’Islam? » L’autre dit: « Non ». Il lui dit: la faute des savants, la polémique des hypocrites et le gouvernement des chefs qui détournent leurs administrés du droit chemin » – Riyad as-Salihin (Les Jardins des vertueux).

Ce hadith de Omar est le vaste chantier qui attend la jeune génération montante si elle se donne le courage et l’intelligence de le préparer avant de l’aborder. Il  implique un effort massif assidu et conséquent sur plusieurs années, sur tous les domaines d’activités ; sur tous les registres  de formation de la conscience, religieuse, morale, sociale et politique ; et sur toutes les sphères de la décision politique et sociale. Il s’agit du changement :

{Certes, Allah ne Modifie rien en un peuple jusqu’à ce qu’ils changent ce qui est en eux-mêmes.} Ar Ra’âd 11

Sur la voie de la libération de Jérusalem Salah Eddine a compris les raisons du Wahn et de la débâcle devant les croisés et il a agit sur les causes et non sur les effets pour obtenir des résultats tangibles. Voici une partie de la lettre de Salah Eddine envoyée au calife et que rapporte l’ historien égyptien Qassem Abdou Qassem :

« Si les affaires de la guerre trouvaient solution dans la pluralité des  participations   on n’aurait pas manqué sans doute la gloire qui nous fait défaut au vu de l’importance du nombre de prétendants autonomes chacun réclamant pour lui l’autorité. On n’aurait pas été amené à subir des préjudices s’il était naturel que le monde supporte la coexistence de plusieurs autorités contradictoires. Mais la vérité que nous ne pouvons ni occulter ni fuir sans préjudices et dommages et que les affaires de la guerre exigent une longue préparation et une excellente planification qui ne peuvent se passer de l’unité de commandement militaire et de l’unité de décision politique. Si la question du commandement est réglée et la planification politique tranchée il ne reste alors que la mise en place des organes consultatifs sur les questions de mobilisation  des moyens pour mener les combats victorieux… »

Conclusion :

Quand j’étais jeune j’entendais Cheikh Qaradhawi dire que la communauté se portait bien (oumma bi khayr) et que la Sahwa (l’éveil islamique) s’étendait  sur l’ensemble du monde musulman. La réalité pourtant dans le lieu de travail, dans la famille, dans la cité, dans la culture, dans l’université et dans l’économie et la politique montrait le contraire. Qui avait raison : la réalité objective ou les souhaits d’un savant coupé de la réalité. Le temps est toujours là pour témoigner de notre réalité morbide, cette fois-ci il témoigne contre nos savants qui ont vendu du vent et des faux rêves à des jeunes épris de liberté, de connaissance et du désir de servir l’Islam.

Il nous faut dépasser les clivages religieux et revenir au « Nous » de la sourate Al Fatiha qui inaugure le Coran pour le résumer et fixer les normes que nul ne peut transgresser. La sourate al Baqarah qui décrit l’humanité et ses défauts à travers le récit détaillé sur Bani Israël  nous met en garde contre le schisme des Juifs et des Chrétiens  et leur prétention à faire d’Abraham leur icone religieuse sans avoir de lien religieux ni spirituel ni moral avec lui.  Abraham (saws)  dont les Musulmans se réclament comme héritiers à la suite de Mohamed (saws)  et qu’ils citent à chaque salat est cité au début de la sourate Al Baqarah ainsi que d’autres Prophètes (as) comme porteurs du titre exclusif de Musulmans :

{Et lorsque Abraham élevait les assises de la Maison ainsi qu’Ismaël : « Notre Seigneur, Agrée de nous, Tu es Toi L’Omni-Audient, Le Tout-Scient ; notre Maitre, fais que nous nous remettions à Toi, et fais de  notre descendance  un peuple qui Te soit musulman. Montre-nous nos rites, Fais-nous Rémission, Tu Es Toi Le Rémissif, Le Miséricordieux. Notre Maitre envoie-leur un Messager d’entre eux, qui leur récite Tes Versets, qui leur apprenne le Livre et la Sagesse, et qui les épure. Tu Es Toi L’Invincible, Le Sage ». Qui donc ne voudrait pas de la Confession d’Abraham à moins d’avoir perdu son âme ? Effectivement, Nous l’avons élu dans le monde, et dans la vie Future il sera certainement du nombre des Vertueux. Et lorsque son Seigneur lui Dit : « Adopte l’Islam », il dit : « Je me remets au Maitre des Univers ». Et c’est ce qu’Abraham a recommandé à ses enfants; Jacob en fit de même : « O mes enfants, certes, Allah A Choisi pour vous la religion, ne mourez donc pas sans que vous soyez musulmans ».} Al Baqarah 127

Voici la controverse des Juis et des Chrétiens qui les a conduit au schisme religieux et doctrinaires : nous sommes entrain d’adopter le même comportement et les mêmes qualificatifs qu’ils choisissent pour leurs sectes, leurs écoles et leur clergé. Allah nous donne la réponse salutaire :

{Et ils dirent : « Soyez juifs ou nazaréens, vous serez guidés ». Dis : « Bien au contraire : la confession d’Abraham, pur monothéiste, et qui ne fut point du nombre des polythéistes ». Dites : « Nous sommes devenus  croyants en Allah, en ce qui nous a été Révélé, et en ce qui a été Révélé à Abraham, à  Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, et en ce qui a été révélé à Moïse, à Jésus, et en ce qui a été révélé aux Prophètes par leur Maitre. Nous ne faisons de distinction entre aucun d’entre eux et nous nous remettons à Lui ». S’ils croient en cela même que vous croyez, ils se sont effectivement bien guidés, et s’ils s’en détournent, c’est qu’ils sont en schisme} Al Baqarah 133

 

Omar Mazri

 

Arafa : enseigné en post graduation comme tourisme de dévotion et enjeu néo colonialiste!

A la veille de ‘Arafa nous devons revenir aux fondamentaux de l’Islam car ce jour résume le Hadj et le Hadj nous rappelle notre fin prochaine par le contenu de la Sourate Al Hadj et par le sermon d’adieu du Prophète (saws) qui a signifié son départ pour rejoindre le Compagnon le Très Haut et signifier la fin de sa mission avec le parachèvement de l’Islam qui n’attend que des vocations pour le porter et le servir.

Dans ce cadre je reviens sur un thème ancien que j’ai déjà traité en 2006 et sur lequel je reviens en l’actualisant car la situation a régressé et il est du devoir de chacun de rappeler :

{Certes, Allah A Racheté des croyants leur vie et leurs biens, par le Paradis qui sera à eux.} AT Tawbah 111

Faisant le commentaire de ce verset, dans une thèse de doctorat, sous la direction d’un islamologue non musulman, un doctorant arabe et musulman s’interroge sur la signification de l’échange inégal qui puisse exister entre l’homme et Dieu. « L’humain donne sa vie et tout ce qu’il possède pour un paradis incertain ? » Le même universitaire continue en faisant l’inventaire des fardeaux infligés par Dieu au Musulman :

{Ils combattent pour la Cause d’Allah, ils tuent et ils sont tués. Promesse qu’Il A Faite, en vérité, dans la Torah, l’Évangile et le Coran. Qui donc tient promesse mieux qu’Allah ? Voyez alors un augure favorable dans votre échange, par lequel vous avez fait acte d’allégeance. Cela est sûrement l’immense triomphe. Ceux qui se repentent, adorent, louangent, méditent, s’inclinent, se prosternent, commandent le convenable, interdisent le répréhensible et observent les Ordres d’Allah : annonce la bonne nouvelle aux croyants.} AT Tawbah 112

Et plus loin il s’interroge dans un paradoxe qui montre que lui et son encadreur ont perdu leur latin : « Sacrifices de quelques jours éphémères en échange du Paradis  eternel ?»

Cet universitaire est à la fois un pur produit de ce qu’on appelle l’Islam français et son futur véhicule.  D’une masse coupée de ses sources authentiques on extrait des élites pour la  fragmentation de l’Islam sachant que le monde musulman fasciné par l’Occident, ses produits et ses élites sera peut-être attiré par des théologiens de nuisance théologique, idéologique qui iront plus loin que les partisans du dialogue des religions qui affirment que l’Islam est le troisième  rameau du monothéisme. Des savants Musulmans de renommée mondiale mais pourtant interdit de séjour en France deviennent les chantres de l’intervention étrangère contre un pays musulman sous un prétexte que la Charia réprouve. Nous devons donc veiller à la formation des jeunes théologiens et aux capacités cognitives et morales des jeunes imams puisque les anciens ont une nouvelle fois failli et montré leurs limites.

Ces nouveaux théologiens prêcheront l’unité cherchée par Vatican 2 : l’Islam est une religion asiatique qui doit s’effacer devant le Christ Rédempteur dans toutes ses significations religieuses, idéologiques, géostratégique, ethnologique, politique, militaire et économique. Pour le moment on veille à l’émergence d’un  Islam spiritualiste, intellectualiste, consumériste, aristocratique, clérical, sans praxis social et politique  ni effort ni sacrifice ni obligations à respecter. Ce spécimen n’est pas un atome libre mais le produit d’une lutte idéologique qui consiste à vider l’Islam de sa substance et à remplir les Musulmans de confusions, de spéculations, de scepticisme.

C’est une thèse qui a se rapporte au pèlerinage sécularisé, laïcisé, consumériste et qui part du vécu de la communauté à travers l’étude sociologique, économique et mercatique des pèlerins et des   agences de voyage qui encadrent le pèlerinage en France renvoyant une fois de plus l’origine de nos malheurs, de nos souffrances et de notre Wahn non pas à la supériorité des autres mais à notre propre inconséquence, à notre propre insenséisme, à la loi de Dieu telle qu’Il l’annonce dans la Sourate du pèlerinage:

{C’est ainsi, en raison de ce que tes mains ont commis et, certes, Allah n’Est jamais Injuste envers Ses Créatures.} Al Hadj 10

La plus grande injustice qui amène à l’égarement est non seulement d’apprendre sa religion de non musulman et de s’appuyer sur un Coran mal traduit par les orientalistes et leurs disciples pour en faire un instrument de lutte idéologique qui fausse la compréhension du Coran et sème le doute dans l’esprit du Musulman non arabophone en quête de sa religion pour servir son maitre de conférence ou son directeur de thèse et non  se mettre au service de la Religion d’Allah et de Sa communauté monothéiste. En effet il continue à s’interroger sur le sens du pèlerinage qui devient un chemin de croix  dans la jungle des voyagistes et des guides sans scrupules comme il s’interroge sur ce Dieu qui ne donne aucune garantie au pèlerin malgré tous les sacrifices consentis :

« O vous qui avez cru, inclinez-vous, prosternez-vous, adorez votre Seigneur et faites le bien, peut-être récolterez-vous le succès » Coran 22, 77

Quand on revient au Coran dans sa version originale :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا ارْكَعُوا وَاسْجُدُوا وَاعْبُدُوا رَبَّكُمْ وَافْعَلُوا الْخَيْرَ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ

On voit de suite les biais cognitifs et spirituels d’une traduction fallacieuse :

Les Croyants sont  affublés de ce titre « O vous qui avez cru » signifiant insidieusement et perfidement la fin de l’Islam : le statut de foi  est un passé achevé, accompli, fini, révolu, terminé. La communauté de foi monothéiste est au musée de l’histoire sans présent ni devenir !

Tous les efforts et les croyances du Musulman sont vains et  douteux car le Livre des Musulmans est un Livre qui n’annonce pas l’amour et l’espérance chrétienne mais  « peut-être récolterez-vous ».

Les Musulmans à travers leurs pérégrinations et leur culte ostentatoire ne sont que des hommes mus par la quête mondaine « récolterez-vous le succès » et dans d’autres traductions on trouve « Peut-être réussirez-vous! ». La vision matérialiste du monde ne peut voir l’action humaine, ses motivations et ses ambitions que dans un cadre mondain : le succès dans une compétition mondaine ou la réussite sociale. Le pèlerinage sous ses apparences de dévotion n’est qu’un culte païen pour gens crédules ou pour bigots qui cherchent à réaliser les visées profanes de l’économie de dévotion ou du tourisme religieux. Alors que la traduction non littérale mais celle du sens des versets coraniques changent complètement l’optique de compréhension de l’Islam et de son pilier le Hadj qui n’est pas un der nier pilier accessoire mais un pilier fondamental qui est un apprentissage de l’universalité de l’Islam, de l’humilité et du Jihad dans son sens le plus large y compris son aspect physique, comportemental :

{O vous qui êtes devenus croyants, inclinez-vous, prosternez-vous, adorez votre Seigneur et faites le bien, afin que vous cultiviez.} Al Hadj 77

Tout le travail de sape est de vider les mots arabes de leur sens coranique  pour leur enlever le cachet divin de Révélation, de vérité. L’expérience de l’Occident dans sa lutte contre l’Église est mise à profit : profanation, désacralisation ses valeurs, laïcisation de ses préceptes, nationalisation de sa dimension pour lui enlever l’universel de son message. D’ailleurs je garde souvenir d’un débat que j’ai eu avec un jeune sous la tente à Mina qui tentait d’expliquer que le Hadj est une foire internationale donnant un sens consumériste et marketing aux versets suivants car il s’est attaché à une lecture littéraliste focalisé sur le terme « مَنَافِعَ bienfaits, utilités, avantages » comme si nous étions une civilisation fondée sur l’utilitarisme ou sur le culte du veau d’or et non sur le monothéisme pur et sincère. Les avantages dont il s’agit sont relatif à la consolidation du monothéisme, à l’ancrage historique et civilisationnelle à Abraham (saws) et Mohamed (saws), à la  spiritualité, aux liens sociaux et fraternels entre Musulmans issus de l’humanité plurielle et se fédérant par l’Islam et pour Allah :

وَأَذِّنْ فِي النَّاسِ بِالْحَجِّ يَأْتُوكَ رِجَالًا وَعَلَىٰ كُلِّ ضَامِرٍ يَأْتِينَ مِنْ كُلِّ فَجٍّ عَمِيقٍ لِيَشْهَدُوا مَنَافِعَ لَهُمْ وَيَذْكُرُوا اسْمَ اللَّهِ فِي أَيَّامٍ مَعْلُومَاتٍ عَلَىٰ مَا رَزَقَهُمْ مِنْ بَهِيمَةِ الْأَنْعَامِ فَكُلُوا مِنْهَا وَأَطْعِمُوا الْبَائِسَ الْفَقِيرَ

{Et appelle les Hommes au pèlerinage, ils te viendront à pieds et sur toute monture, ils viendront de tout ravin éloigné. Afin qu’ils participent aux avantages qui leur reviennent, et qu’ils invoquent le nom d’Allah en des journées connues, pour ce qu’Il leur A Octroyé du bétail de bêtes. Alors mangez-en et nourrissez l’infortuné et le miséreux. Ensuite, qu’ils se délient de leurs interdits, qu’ils accomplissent leurs vœux, et qu’ils fassent la circumambulation autour de la Maison antique. » C’est ainsi, car quiconque magnifie les choses sacrées d’Allah, cela est un bien pour lui auprès de son Seigneur. Et le bétail vous est rendu licite, sauf ce qui vous est signalé. Évitez donc l’infamie des idoles, et évitez le faux parler, en purs monothéistes à l’égard d’Allah et non comme polythéistes.} Al Hadj 28

Si nous avions une lecture correcte de l’Islam nous aurions vu, par exemple, que le titre de « Serviteur des Lieux Saints de l’Islam »  est une usurpation hérétique, une imposture idéologique pour détacher la Palestine de la cause islamique. Au lieu de voir le pèlerinage comme marché où s’exhibent les marchandises des chinois, des indiens, des anglo-saxons et où la production arabe et musulmane brille par son absence nous aurons pu voir le pèlerinage comme un congrès universel qui redonne du ciment fraternel, de la cohésion,  de la spiritualité et du Jihad pour défendre la Oumma de la prédation capitaliste et colonialiste. Vu comme Jihad alors les trois millions de pèlerins auraient marché comme un seul homme, Salah Eddine,  sur Jérusalem pour la libérer au nom d’Allah Akbar au lieu de voir aujourd’hui sur les chaines publiques et privées un homme se faire lyncher par des énergumènes dont la bouche est souillée par un esprit inculte et fanatique et qui profanent le Nom d’Allah. Si nous avions la culture monothéiste et le sens des responsabilités jamais nous n’aurions dérogé, en Libye ou ailleurs, aux règles instituées par le Prophète (saws) :

« Votre sang, vos biens et votre honneur sont sacrés comme l’est votre jour-ci, dans votre pays-ci, en votre mois-ci. Certes, toute chose qui existait du temps de l’ignorance, est rejetée sous mes pieds, ainsi que le sang qu’on a fait couler durant cette période »

« La vie d’un Musulman est plus sacrée que la Kaaba »

« Celui qui sort de l’obéissance, quitte le groupe des croyants et meurt, il meurt d’une mort préislamique. Et celui qui meurt sous une bannière égarée par l’orgueil, se fâchant pour un sectarisme ou appelant pour un sectarisme ou cherchant à faire triompher un sectarisme, sa mort est une mort préislamique. Et celui qui combat ma Oumma, frappant ses innocents et ses corrompus sans éviter ses croyants, et qui ne tient pas ses promesses, celui là, il n’est pas de moi et je ne suis pas de lui. »

« Le tué viendra [le jour de la résurrection] accroché au tueur, le sang coulant de ses jugulaires et disant : Ô Seigneur ! Demande à celui-ci pourquoi il m’a tué ! »

« La perte de l’ici-bas a moins de valeur pour Allah que le meurtre d’un musulman. »

 

« J’ai invoqué mon Seigneur en faveur de ma communauté, en Lui demandant de ne pas la faire périr pour cause de sécheresse ou de famine, qu’elle ne soit pas dominé par un ennemi qui leur soit étranger, et qui dévaste leurs territoires. Allah a dit: « O Mohammad! Quand Je lance un décret, il est irrévocable et J’exaucerai ton invocation en faveur de ta communauté, Je ne les ferai pas périr par la sécheresse ou la famine et ils ne seront pas dominé par un ennemi qui leur soit étranger, et qui dévaste leurs territoires, sauf s’il essaye de les encercler de tous côtés, jusqu’à ce que les membres de ta communauté s’entretuent et se capturent les uns les autres. »

 

Nous ne pouvons faire l’impasse d’une lecture idéologique et socio politique de la Sourate Al Hadj. Quand on voit les Frères Musulmans dans le monde organiser des châines caritatives et des oeuvres de bianfaisance on pourrait croire qu’il respectent scrupuleusement les principes de l’Islam et notamment ce verset :

{Alors mangez-en et nourrissez l’infortuné et le miséreux.} Al Hadj 29

Mais lorsque nous entendons Cheikh Al Albani ou Malek Bennabi les traiter de pestiférés à l’exception de certaines figures emblématiques comme Hassan Al Banna on est frappé par la rudesse du ton et ce qui semble l’iniquité des propos. Mias lorsqu’on observe leur comportement d’aristocrate ou de bourgeois qui se rassasient et qui entre dans des arrangements d’appareils tout en affichant avec grande publicité la charité on est amené à se poser des questions. Est-ce la vocation de l’Islam de faire de la charité et de laisser en l’état les conditions socio économiques qui créent la pauvreté? Est-ce la vocation de l’Islam de refaire ce que la charité chrétienne a fait en se mettant du côté des puissants?  L’Islam ordonne de lutter pour changer l’ordre injuste et installer à sa place un ordre de justice, de solidarité sociale, de plein emploi, de redistribution équitable des richesses et des revenus. Maintenant que la lutte du Prophète contre les idolatres de la Mecque est achevé le Jihad contre l’impérialsme, le capitalisme, les inégalités sociales, l’absence de droit sont des priorités. Est ce que composer avec le FMI, la Banque mondiale, le nouvel ordre mondial et l’hégémonie américaine est comptabilbe avec l’esprit et l’énoncé de la sourate al Hadj  :

{Certes, Allah Prend la défense de ceux qui sont devenus croyants. Certes, Allah n’Aime pas celui qui persiste dans la traîtrise, qui persiste dans la mécréance.Il a été permis à ceux qui sont combattus, de se défendre, en raison de l’injustice qu’ils ont subie.} Al Hadj 38

Si nous avions une lecture correcte du Pèlerinage en tant que pilier de l’Islam ou en tant que Sourate du Coran nous aurions vu l’harmonie et la concordance du rite avec les thèmes des versets dont une partie a été révélée à la Mecque pour enraciner la foi et une partie révélée à Madinah pour édifier le Moujahid libérateur et civilisateur. Nous aurions vu les versets révélés de jour comme de nuit, dans l’urbain comme dans le rural, dans le repos et le mouvement. Le pèlerinage comme rite ou comme sourate est l’Islam en mouvement : une communauté de foi agissante et combattante qui a prise sur le monde avec vertu et conscience de l’Au-delà avec crainte et espérance. Ce qui est frappant c’est que la Sourate al Hadj comme Arafat, Mouzdalifa et Mina sont le rappel du Jugement dernier et la subordination de notre existence non à une lecture eschatologique de l’histoire mais à vivre pour rencontrer Allah ayant accompli Ses Commandements, désiré Sa Rencontre et craint Son Châtiment. En tous les cas  si notre imagination était remplie des ces images coraniques ou mecquoises sur le Hadj et l’évocation de la Résurrection nous ferons des thèses, des agences de voyages, des guides, des intellectuels, des gouvernants sur la praxis islamique et non sur des approches modernistes  sur la théo politique, la théo économie, la théo mercatique, l’économie de dévotion,  le tourisme islamique,  la banque islamique,  l’islam apolitique, le tourisme cultuel, le marketing   théo-politique à la Mecque…

Cette réaction est la même devant ce qu’on appelle l’islamologie qui croit que  la rupture épistémologique, la linguistique moderne générale de Saussure jusqu’à la grammaire générative de Chomsky ou l’analyse narrative de Greimas et des néo constructivistes permet de mieux comprendre le Coran pour proposer une nouvelle islamique sans la foi et le cœur des musulmans captivé par l’Ijtihad qui veut non pas réformer l’homme et la cité corrompue mais réformer le Coran et la Sunna non plus Révélation mais production littéraire, création  intellectuelle, œuvre humaine que le génie de la Sorbonne peut comprendre.

Il est vrai que notre comportement festif et irresponsable travestit le culte et le rend aux yeux de l’étranger à l’islam  presque une forme de carnaval païen. Nous fabriquons notre propre échec en fabriquant par notre comportement ridicule l’argumentaire des détracteurs de l’islam. Ces derniers sans probité préfèrent confondre la faille des musulmans avec l’islam et refuse de voir l’islam dans sa globalité lequel ne se reconnait pas dans notre misère morale, sociale, politique et économique. Nous devenons des faussaires, des fabricants de fausses monnaies, et nous l’injectons dans le circuit de la culture mondiale et elle nous revient en pire par effet pygmalion inversé. Le microbe c’est nous-mêmes qui le produisons, les détracteurs ne font que le mettre en incubation puis le propager et l’inoculer à plus grande échelle et à dose plus nocive. Le Coran  énonce cette vérité sans détours :

{Ce qui vous arrive de néfaste provient de vous-mêmes (de vos propres agissements et comportements}

Ce verset expliquer la défaite des Musulmans à Ohod. Nous ne pouvons taire la mort de Hamza à Ohod et ce qui s’est passé en libye à l’approche du mois sacré du pélérinage. On rapporte que Hamza Ibn ‘Abd AI-Muttalib expliquait sa conversion à l’islam par cette méditation : « J’ai erré des nuits durant dans les immensités du désert et j’ai pu me convaincre que Dieu ne peut être confiné dans un temple (La Ka’ba). » Hamza Ibn ‘Abd AI-Muttalib, l’oncle du Prophète, surnommé le seigneur des martyrs après sa mort et  le lion du désert de son vivant a été assassiné par  Al  Wahchi, l’ esclave abyssin,  en échange de sa liberté. Wahshi   l’ a frappé par traitrise par une lance qui lui a transpércé le dos. Alors qu’il était agonisant Hind l’épouse du chef des idolatres Abou Sofiane à ouvert ses entraille et a dévoré son foie par haine pour Mohamed (saws),  par dégout de l’Islam et par esprit de vengeance puiqu’elle avait une haine envers Hamza qui a tué dans la bataille  son père, son frère, son oncle et son fils.  Mohamed (saws) pris de chagrin et révolté par l’horreur du corps mutilé de son oncle il jusra : « Si Dieu me donnait la victoire sur Quraysh n’importe où, je mutilerais trente hommes parmi eux. » Mais Allah lui fixa les limites à ne pas transgresser :

{Par la sagesse et la bonne exhortation, appelle les gens au sentier de Ton seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c’est Ton seigneur qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés. Et si vous punissez, infligez à l’agresseur une punition égale au tort qu’il vous a fait. Et si vous endurez… cela est certes meilleur pour les endurants. Endure, ton endurance ne viendra qu’avec l’aide de Dieu. Ne t’afflige pas pour eux. Et ne sois pas angoissé à cause de leurs complots. Certes, Dieu est avec ceux qui Le craignent et ceux qui sont bienfaisants. » An Nahl 125

Des années plus tard entrant triomphant à la Mecque Mohamed est resté le Prophète de la Miséricorde il n’a donc porté atteinte ni à la vie, ni à la dignité, ni aux biens ni à la vie des assassins des siens : il les laissa libre en échange de leur conversion à l’Islam sans chercher à sonder la sincérité ou la fausseté de leur conversion :  » le Jugement appartient à Allah ». Mohamed reste le Prophète de la Miséricorde et notre modèle et par conséquent jamais les revenchards, les haineux ne pourront se réclamer de lui ni tenter de donner justification religieuse ou légale  à l’assassinat horrible de Kadhafi sans jugement ni aux milliers de morts et de torturés qui ont servi loyalement l’état libyen contre ce qu’ils considéraient une sédition armée, une collaboration avec l’ennemi. Au delà des hommes nous devons rester aux principes de l’Islam. Le cynisme manifesté par certains Frères Musulmans se retournera contre eux comme il s’est retourné contre eux en Algérie. Les Algériens qui, au nom de l’Islamisme, soutiennent ce traitement ignoble à un chef d’état par l’OTAN et ses vassaux ne doivent pas oublier que le peuple algérien n’a pas oublié ses morts ni oublié l’absence de ces monstres qui se réjouissent de la mort d’un homme comme si cet homme, apostat ou musulman va faire oublier les milliers ou dizaine de milliers de morts libyens sous prétexte d’une vidéo amalgamée ou ancienne dans laquelle Kadhafi aurait tourné en dérision le rite du Tawwaf. Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ou d’apostasie.

Notre responsabilité est de continuer à témoigner et à chercher des arguments et des moyens de défense en attendant l’éveil islamique qui s’annonce déferlant sur le monde comme une marée spirituelle salvatrice.   Notre responsabilité nous devons la faire partager en priorité par les jeunes qui ont un potentiel de cognition car ils sont la relève capable de vivre son temps et de prendre en charge ses défis. Ces jeunes, en particulier ceux qui traitent de l’islam et des musulmans doivent se libérer du regard des orientalistes et des islamologues français pour former leur propre regard à la lumière du Coran et de la Sunna tels qu’ils s’offrent à eux sans la falsification du détour par autrui. Le Coran met en relief l’importance du rôle de la jeunesse dans le projet de libération contre la Tyrannie et contre l’idolâtrie : Abraham, Salomon, Joseph, Moise, Jésus, Mohamed, leurs disciples et compagnons sont dans leur majorité des jeunes remplis de foi et de vitalité.  Leur science et leur force sont au service d’une cause juste.

Ceci dit nous allons revenir au thème central de notre analyse : l’influence de la pensée cléricale et laïque dans les thèses sur l’islam (français). Dans notre analyse nous  n’allons pas jouer le jeu de la polémique et  faire le parallèle entre le voyage à Lourdes et le pèlerinage à la Mecque  et comparer les aspects festifs, conviviaux ou les   objets de souvenirs. La raison simple et objective est que les deux processus sont incomparables. Celui qui a fait le pèlerinage  à la Mecque constate qu’il n’ya aucune comparaison à faire entre le pèlerinage au Vatican ou à Lourdes. Chez les civilisés de l’Occident on ne trouve pas la même ferveur, le même émerveillement que manifestent les misérables musulmans, ces  petites gens illettrés qui viennent par exemple des arrières pays de l’Afghanistan et qui n’ont connu ni la civilisation ni  ses gadgets et qui n’éprouvent aucun besoin de porter leur regard autre que sur la Kaaba, la Mosquée sacrée ou la Mosquée du Prophète. Malgré leur rudesse et leurs coutumes, parfois, contraires à l’esprit de l’islam leur foi est sincère, leur vénération pour les lieux saints est sans défaut, leur amour pour Mohamed est sans commune mesure et leur ferveur religieuse est exemplaire. Chez les civilisés de l’Occident on trouve de grands mots théosophie, théophanie, rationalité, liberté vide de contenu, de vertu, de spiritualité.

Nous allons plutôt  nous situer là où ça fait mal et là ou la dérive est  généralisée dans ce que nous avons pu lire sur ce sujet.

La première dérive est  l’influence de la culture française dont le juridisme excessif déforme  la lecture et l’interprétation du texte coranique et de la pratique rituelle du musulman.  Vidant le texte coranique de son essence on lui fait faire une lecture en opérant un transfert sémantique du sens spirituel subtil du Coran  vers  l’aspect formel transactionnel et contractuel du code de commerce de la  République française.  Nous restons étonnés par cette prolifération de lois pour régenter la vie et la conscience des citoyens comme fut le cas du foulard islamique. Notre étonnement n’est pas seulement dans la nature de certaines lois mais dans les sources d’inspiration idéique de cet esprit qui veut tout légiférer au mépris de l’amour supposé des chrétiens pour leurs semblables.

Nos  étudiants d’extraction musulmane sous la direction  d’islamologues et d’orientalistes laïcs  et religieux s’interrogent donc    sur l’échange inégal et inique entre le Dieu des musulmans et l’Homme   au regard des efforts financiers et physiques de ce dernier dans  l’accomplissement  de son  pèlerinage. Nous assistons à des débats byzantins du type «Comment croire en une égalité et en une équité dans une transaction  entre un divin supposé supérieur et absolu et un homme supposé inférieur et relatif ?».

La seconde dérive dans  la quête de l’égalité entre Dieu et l’homme est née du  mythe de l’égalitarisme laïciste qui refuse la loi de la différence qui gouverne le monde et le principe général de la réalité tant de la foi que de la réalité du monde : l’Unicité du Créateur sans rival, sans intermédiaire, sans associé, sans oubli ni fatigue ni somnolence ni accident ni hasard. Tout est en harmonie selon le principe de l’unité gouvernant la diversité et de son corolaire la variété assemblée dans l’unité de sens, de finalité, de causalité.

L’esprit du musulman pris dans le piège de la rhétorique du verbe occidental devient sensible au principe de Saint Thomas «  je ne crois qu’en ce que je vois » et sensible à l’utopie (le non lieu) de l’égalitarisme  qui au nom du droit à l’égalité devient une négation du droit à  la différence et se laisse entraîner dans le plus grand matraquage moral, social et idéologique de la société : l’indifférenciation. C’est l’indifférenciation  qui  crée l’inégalité par l’indifférence, le nivellement démocratique par l’appartenance de classe créant une société à deux collèges : d’un côté les égaux indifférenciés mis dans le même système impersonnel d’éducation, d’évaluation, de compétition, de travail, de promotion, de droit et de devoirs et d’un autre côté une élite  de privilégiés en compétition de passe droits, de bonne grâce, de facilité, de différenciation de traitement et de considération selon la fortune, la renommée et le pouvoir.

Comment un esprit « rationnel » formaté dans l’idéologique égalitariste peut-il voir l’équité et l’égalité (ou l’inégalité)  entre les sacrifices et les risques du Pèlerin d’un coté et les Bienfaits divins de l’autre :

{C’est ainsi, et quiconque honore les rites d’Allah, cela fait alors partie de la piété des cœurs. Vous y avez des avantages jusqu’à un terme fixé, ensuite son lieu de Pardon  est la Maison antique. Et à chaque communauté Nous Prescrivîmes un lieu d’offrande, afin qu’ils mentionnent le nom d’Allah sur ce qu’Il leur A Octroyé de bétail de bêtes, car votre Dieu Est un Dieu Unique, remettez-vous donc à Lui. Et annonce la bonne nouvelle à ceux qui sont déférents, ceux qui, si le nom d’Allah Est mentionné, leurs cœurs frémissent, ceux qui persévèrent face à ce qui les atteint, ceux qui accomplissent la prière et qui dépensent de ce que Nous leur Octroyâmes.} Al Hadj 32

{…mangez-en et nourrissez le pauvre et le mendiant. De même, Nous vous les Avons Assujettis, pour que vous soyez reconnaissants. Ne parviendra point à Allah ni leurs chairs, ni leurs sangs, mais Il lui parvient la piété de votre part. De même, Il vous les A Assujettis afin que vous glorifiiez Allah pour ce qu’Il vous A Guidés. Et annonce la bonne nouvelle à ceux qui font le meilleur.} Al Hadj 36

{Certes, Allah Prend la défense de ceux qui sont devenus  croyants. Certes, Allah n’Aime pas celui qui persiste dans la traîtrise, qui persiste dans la mécréance. Il a été permis à ceux qui sont combattus, de se défendre, en raison de l’injustice qu’ils ont subie. Certes, pour leur donner victoire, Allah Est sûrement Omnipuissant. Ceux qui furent expulsés de leurs demeures sans aucune juste cause, rien que pour avoir dit : « Notre Seigneur Est Allah ». Et si Allah ne Faisait réagir les Hommes les uns par les autres, que de cloîtres, d’églises, de synagogues et de mosquées, dans lesquels le nom d’Allah Est beaucoup Invoqué, ne seraient démolis ! Certes, Allah Donnera sûrement victoire à celui qui fait triompher Sa Cause. Certes, Allah Est sûrement Fort, Invincible.} Al Hadj 38

{Ceux qui, si Nous leur Accordons pouvoir sur terre, accomplissent la prière, s’acquittent de la Zakat, commandent le bon usage et interdisent le répréhensible. Et c’est à Allah qu’appartient l’issue des choses.} Al Hadj 41

Quand les musulmans non seulement tournent le dos au cadre de la Sourate Al Hadj mais font  du zèle en transformant la vocation du pèlerinage « parcours du combattant » pour la défense de la foi, de l’islam, de la communauté musulmane en  supplices, en arnaques, en mensonges, en négligence, en business…ils perdent les bienfaits et la récompense.

Tous à un titre ou à un autre nous sommes redevables du bon accomplissement du Hadj. Dans le passé les véritables serviteurs (servants) des lieux saints étaient les Moutawifs et les Zamzami qui se consacraient au service du pèlerin par amour de Dieu et par respect des traditions abrahamiques et mohammadiennes. Pourtant le Coran, du vivant du Prophète,  ne leur a pas donné un statut égal à ceux qui se consacrent à la cause de la vérité et de la défense des opprimés:

{Comment pouvez-vous assimiler celui qui est chargé de distribuer l’eau aux pèlerins ou d’entretenir la Mosquée sacrée à celui qui croit en Dieu, au Jugement dernier et qui combat pour la Cause de Dieu? Non, ils ne sont pas égaux devant Dieu, et Dieu ne guide point les injustes.} At Tawbah  19.

Aujourd’hui tout est devenu rentabilité, productivité, gain, bénéfices sous  la domination de la culture  capitalise qui favorise l’émergence de courtiers, de rentiers, de traders de voyagistes attirés par le gain facile et la naïveté des pèlerins souvent vieux et ignorants des rites. Sur ce terrain les associations musulmanes, les représentants de l’état, les imams méritent un procès verbal de carence et d’incompétence. Sur le plan de la pensée politique et économique nous sommes en réalité loin des problèmes essentiels que les véreux ne peuvent cacher en l’occurrence les ravages de l’économie mondiale dans les esprits du musulman qui est amené sur l’autel du monothéisme du marché à renier sa foi et ses valeurs par l’adoption d’un modèle consumériste et financier fondé sur le Riba et l’exploitation de l’homme. On ne peut poursuivre un but aussi noble soit-il que celui du Hadj si on se trompe de priorité et de cibles en tentant de redresser l’ombre au lieu de l’arbre tordu.

Les représentations officielles les plus connues en France, portent la responsabilité la plus importante. Nous en portons une partie moindre certes car nous n’avons ni mandat ni représentativité mais en vertu du fard kifaya la défaillance des uns engage la responsabilité des autres. Dans l’islam la communauté en aucun moment de son existence et des ses circonstances ne peut être dégagée de ses responsabilités car sa vitalité, sa considération, sa promotion, son déploiement, sa survie même dépendent de sa vigilance et de sa compétence à assumer ses responsabilités. Par cette contribution nous participons au débat et nous invitons chaque musulman et chaque être libre et conscient d’y souscrire pour la dignité de l’homme, pour la promotion de la vérité, pour donner sens à la parole…

Notre défaillance, nos problèmes hérités de la décadence de la civilisation musulmane et de la colonisation ne peuvent nous faire oublier que la raison éclairée ne peut construire un argumentaire fallacieux sous prétexte qu’une agence de voyage ou un guide mal intentionné a arnaqué de vieux pèlerins. Il est honteux sur le plan intellectuel de confondre intentionnellement le contrat entre le pèlerin et le voyagiste ou le guide et le contrat avec Dieu. Il est honteux pour un intellectuel de profiter de ces défaillances pour étaler notre misère que nul n’ignore et oublier l’essentiel : la défaillance de l’état français qui laisse les musulmans français ou résidents sur son sol vivre comme des citoyens bannis des lieux de la loi et livré aux trafiquants de tout genre dans le marché du hallal et dans l’accomplissement des rites du Hadj et de la Omra.

Il est encore plus inadmissible de voir un jeune soucieux de l’accomplissement du pèlerinage se voir attaquer en justice par un voyagiste véreux et se voir réclamer 100 000 euros de dommages et intérêts pour diffamation ou atteinte à l’image de marque. Où la communauté des justes, de la communauté centrale, de la communité du droit, de la communauté du Jihad pour se mobiliser autour des compétences musulmanes qui les défendent au péril de leur vie, de leurs intérêts. Il est navrant de voir cette même communauté réagir avec fougue devant un mouvement musulman infantile ou de montrer de la servitude de colonisé quand  celui qui se met en avant n’est pas arabe ou n’est pas musulman. Jamais Allah ne vous donnera de la dignité tant que vous ne savez pas choisir vos élites, les promouvoir et les défendre comme harba (avant garde).

Ce sont les conditions sociologiques et l’amalgame entretenu qui font que l’esprit rationnel du mécréant perfide et la foi raisonnée du croyant  sincère se trouvenr face à la même énigme devant l’organisation et le déroulement du pèlerinage chaque année mais avec des mobiles opposés : «  sacrifices de quelques jours éphémères en échange du Paradis  eternel ?»

On veut nous faire croire que notre religion est aussi une utopie spirituelle dont la réalité n’est que magouilles et intérêts sordides. Dans la lutte idéologique contre l’islam rien n’est gratuit. Il s’agit sans doute de faire  perdre aux piliers de l’islam leur crédibilité en s’appuyant un peu sur la  dérive de certains de nos coreligionnaires et beaucoup plus sur la  dérive sémantique et le matraquage idéologique des écrivaillons sur l’islam. Les démagogues de l’islam ont tout fait pour présenter Mohamed comme un miracle impossible à réaliser. Un passé fabuleux, certes, mais un passé dépassé qu’il faut surmonter en s’ancrant dans la modernité et l’Occident. Les musulmans francisés pris dans les limites de la connaissance de leur propre langue et de la langue française qui n’est pas leur langue maternelle tombent dans le piège de la raison et de la traduction qui devient arme idéologique de subversion contre la foi. Ils ne peuvent comprendre le pacte, la transaction, l’Alliance et surtout être sensible du privilège d’avoir été créé, honoré et ennobli par Allah le Créateur qui leur parle et leur accorde des Promesses alors que rien ne l’oblige puisqu’il est le Riche, le Nécessaire et nous sommes les indigents, les nécessiteux :

{Hâtez-vous de mériter l’absolution de votre Seigneur et un Paradis aussi vaste que les Cieux et la Terre, destiné à ceux qui prennent garde à  Dieu} Al-i’Imran – 133.

{Voilà ceux qui, en récompense de leur endurance, occuperont les lieux les plus élevés du Paradis, et y seront accueillis par des vœux de salut et de paix.} Al-Furqan – .75.

Ce devenir promu est occulté par l’amalgame des détracteurs de l’islam mais aussi par les partisans de la lettre qui ont tout fait pour donner au culte et au Fiqh (jurisprudence islamique) plus d’importance que la lutte du musulman pour le savoir, la liberté, la dignité humaine et la foi sincère. En mettant l’accent sur la morale et la loi ils ont oublié l’essentiel de l’islam : la conscience des  responsabilités qui découlent de la foi et l’amour de Dieu qui donnent à la morale une justification, une conduite, un pathos. Dans la décadence des uns et l’expansionnisme raciste des autres  le colonisable rencontre le colonisateur dans la même supercherie et les mêmes dérives qui dénaturent le sens et briment les vocations. Le terme Fiqh – qui signifie compréhension du verbe faqiha comprendre et tafaqaha faire effort de comprendre – est galvaudé dans les traductions qui en font jurisprudence islamique et dans la routine mimétique  du musulman qui en fait une doctrine ou des écoles doctrinaire focalisés sur le rite. Et pourtant le Coran qui est le référent vise autre chose de plus complexe et de plus vital pour la communauté : comprendre pour être guidé vers ce qui est sensé,  pour témoigner de la vérité et s’acquitter de sa mission de libérateur, d’édificateur, de civilisateur monothéiste:

C’est l’invocation de Moise qui résume la trame de la vocation du Musulman répondant aux Injonctions divine :

{Rends-toi chez Pharaon, il a outrepassé les limites. Il dit : « Mon Seigneur, Épanouis mon cœur, facilite ma mission, et délie une défectuosité de ma langue, afin qu’ils comprennent ce que je dis, et Donne-moi un assistant de ma famille, Aaron mon frère, pour me donner courage, et Fais-le participer à ma Mission, afin que nous T’exaltions beaucoup, et que nous T’invoquions beaucoup, Tu As toujours Été Omnivoyant à notre égard. »}Taha 24

C’est le sens du hadith :

« Le meilleur d’entre vous dans la Jahiliya (le paganisme ante islamique) est le meilleur d’entre vous dans l’Islam s’il fait l’effort de comprendre sa religion »

L’évidence simple et concise. C’est la même évidence pour la Chari’a qu’on a déformée en ahkam (lois islamiques, code pénal) alors que les lois ne représentent qu’une infime partie du Coran qui est lui-même dans son intégralité Shari’a dans sa signification arabe de « Minhaj » la Méthode, la Voie ou la Direction à suivre dans son intégralité :

{Ensuite, Nous t’Avons Mis sur une voie claire en ce qui concerne la constitution de la Religion. Suis-la donc et ne suis pas les passions de ceux qui ne savent pas.} Al Jatiya  18

Après les premières fascinations devant le  Hadj et devant l’ampleur du phénomène des jeunes qui effectuent le pèlerinage pour compléter leur religion et non comme des vieux retraités qui vont laver leurs os,   l’Occident a compris ce que nous n’avons toujours pas compris : la force de fédération internationale des musulmans lors de ce congrès annuel des musulmans qui se regroupent transcendant sans les nier ou les indifférencier toutes les différences ethniques, géographiques, linguistiques, sociales, sexuelles, générationnelles pour proclamer la grandeur d’Allah, pour témoigner de l’Unicité de la Oumma islamique, pour accomplir un pilier de l’islam qui est le dernier pilier de l’islam qui couronne l’appartenance à l’islam et non une corvée ou un accessoire de l’islam. L’Occident avait compris ce phénomène lors de la colonisation et il avait mis ses espions, ses orientalistes, ses experts de la guerre psychologique pour encadrer, profaner et détourner les saintes pérégrinations des indigènes qui pourraient devenir porteur d’un projet fédérateur de résistance comme l’ont été ceux qui les ont précédé dans les mouvements insurrectionnels et qui tous portaient le titre de Hadj comme symbole de purification de toute souillure y compris celle de la colonisation. La situation, aujourd’hui,  est plus névralgique car il ne s’agit pas de vieux os mais de jeunes cerveaux qui vont accomplir le pèlerinage comme pilier porteur de l’islam.

Il faut lire la seule Sourate qui porte le nom d’un pilier porteur de l’islam en l’occurrence Al Hadj pour comprendre la portée de ce pilier dans le Jihad an nafs et le Jihad contre l’ennemi : Satan dans ses version de Djinn et d’Ins. Nous les musulmans de notre temps nous ne voyons que la parie visible en l’occurrence le rite. L’esprit occidental cartésien, rationnel et efficace voit la portée du pèlerinage, son influence, sa dynamique sociale et politique. Il a ses officines qui lui traduisent les commentaires de la Sourate al Hadj où il est question de monothéisme et de Jihad, de résurrection et du devoir de témoignage :

{Évitez donc l’infamie des idoles, et évitez le faux parler, en purs monothéistes à l’égard d’Allah et non comme polythéistes. Et quiconque associe à Allah, c’est comme s’il s’affalait du ciel et que les oiseaux le ravissent, ou comme si le vent le faisait choir en un gouffre profond.} Al Hadj 31

{Et Nous n’Avons point Envoyé avant toi de Messager ni de Prophète sans que Satan n’insinue aux gens  d’autres paroles, que lui inspire ses souhaits, pour jeter le doute dans les pensées. Alors Allah Abroge ce qu’insuffle Satan, puis Allah Confirme Ses Versets. Allah Est Omniscient, Sage. Afin qu’Il Fasse de ce qu’insuffle Satan une épreuve pour ceux qui ont une malveillance dans leurs cœurs, et ceux qui ont les cœurs endurcis. Certes, les injustes sont dans un schisme profond. Et afin que ceux qui reçurent la science sachent que cela est la Vérité de ton Seigneur, alors ils y croiront et leurs cœurs en seront déférents. Et Allah Guidera sûrement ceux qui sont devenus  croyants vers un chemin de rectitude.} Al Hadj 52

{Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués de se défendre – parce que vraiment ils sont lésés; et Allah est certes Capable de les secourir} al hadj 39

Décryptant nos signes, nos symboles, nos textes et nos références ils anticipent pour nous livrer à toutes les sauces de leur propre signification pour créer écran entre nous et le principe de sens. La colère qui nous anime ici n’est pas contre le procédé qui est légitime pour eux puisque nous sommes perçus comme un danger potentiel, des infidèles, des insoumis mais contre le liant de la sauce qui la rend attrayante et digeste : notre propre chair (jaldatina). Elle est non seulement  liant mais aussi  ingrédient et servitude aux ordres de son maitre par inconscience, par incompétence ou par concupiscence. Notre Wahn ils le connaissent, ils l’entretiennent et le cultivent en cultivant nos déchirements, notre cupidité, notre hypocrisie, nos désirs mondains, nos divergences doctrinales, nos prétentions arrogantes à la surenchère y compris celle de refuser de nous nomme comme Allah a voulu que nous soyons nommés : Musulmans :

{Et efforcez-vous pour Allah comme il se doit de faire l’effort  pour Lui. Il vous A Élus et ne vous Imposa nulle gêne en religion, la confession de votre père Abraham. C’est Lui [Allah] qui vous A déjà Nommés musulmans, auparavant, et dans ceci [le Coran] : afin que le Messager soit témoin sur vous et que vous soyez témoins sur les Hommes. Accomplissez donc la prière, acquittez-vous de la Zakat, attachez-vous à Allah, Il Est votre Protecteur, le meilleur Protecteur et le meilleur Défenseur.} Al Hadj 78

Le dernier verset de la sourate « le Pèlerinage » montre la Finalité du Hadj, la fratrie de foi, ce que nous transgressons chaque jour par nos postures partisanes, nos schismes doctrinaux, nos infantilismes, nos Fatwas  fondées sur des opinions, notre irresponsabilité qui nous rend agent de Fitna, de discorde, de diversion et de subversion contre nos intérêts moraux, religieux et communautaires pour finir comme des débris, des fragments d’insignifiances emportés par les rigoles du temps et piétinés par le colonialisme et le néo colonialisme.

Nos apprentis intellectuels doivent se réveiller et comprendre que lorsqu’Allah nous gratifie d’un énoncé sublime comme celui-ci :

{Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis.)

L’énonciation qui parle d’achat, de vente et d’échange est de l’ordre de l’allégorique pour rendre l’énoncé accessible et attirant a l’âme et a la conscience. Allah nous a créé avec en nous le désir faisant de nous des êtres désirant attirés par ce qui est désirable. Quel est le plus grand désir que de vivre dans le bonheur sans finitude, sans imperfection. Nous portons la mémoire collective, l’inconscient collectif de l’humanité légué par nos parents Adam et Eve qui ont édifié le premier temple, la première mosquée, le premier sanctuaire destiné à l’adoration exclusive d’Allah et à l’orientation unique de tous les monothéistes en quête de ressourcement spirituel, en quête de donner prise à ce désir inassouvi sur cette terre condamnée  à l’anéantissement des désirs, des existences. Même si la suite des versets donne l’impression qu’il y ait une transaction d’égal a égal il ne peut y avoir entre Dieu et l’homme dans leur essence, leurs attributs, leur offre et leur demande ni égalité ni inégalité ni différences mais incomparabilité totale. L’allégorie est la pour rendre l’incomparable (donc l’inaccessible, l’invisible,  et l’indicible) facilement imaginable et compréhensible mais aussi pour rendre le désir ultime de l’homme une Promesse divine qui va s’accomplir :

{Certes, Allah A Racheté des croyants leur vie et leurs biens, par le Paradis qui sera à eux. Ils combattent pour la Cause d’Allah, ils tuent et ils sont tués. Promesse qu’Il A Faite, en vérité, dans la Torah, l’Évangile et le Coran. Qui donc tient promesse mieux qu’Allah ? Voyez alors un augure favorable dans votre échange, par lequel vous avez fait acte d’allégeance. Cela est sûrement l’immense triomphe. Ceux qui se repentent, adorent, louangent, méditent, s’inclinent, se prosternent, commandent le convenable, interdisent le répréhensible et observent les Ordres d’Allah : annonce la bonne nouvelle aux croyants.} At Tawbah 111

Il y a incomparabilité entre les cocontractants en leurs qualités respectives d’Etre divin et d’être humain. Même si nous prenons au sens littéral l’échange celui-ci demeure inégale et cette l’inégalité est tellement grande qu’elle devient incomparable, non mesurable. Quelle est la valeur de la vraie vie éternelle dans le bonheur ? Inestimable ! Quelle est la valeur de notre dévotion, de nos sacrifices, de nos souffrances éphémères face à l’étendue d’un Paradis eternel aussi vaste que les cieux et la terre avec des délices incomparables en beauté, en goût, en innovation  à ceux connus sur terre ? Quelle est la signification de la transaction quand Celui qui propose la transaction incomparable est le créateur de l’homme partenaire de la transaction, de ses œuvres objet de la transaction et du Paradis  récompense de la transaction ? La miséricorde divine ! Quel est notre part dans cette transaction ? Un infiniment petit de patience dans le malheur et de gratitude dans le bonheur sur cette terre qui ne vaut pas l’aile d’un moustique ou d’un moucheron comparativement à la valeur de la vraie vie. Mathématiquement parlant notre part est équivalent au rapport d’une valeur par rapport à l’infini c’est-à-dire zéro ce qui ne signifie pas rien ou le vide absolu mais l’absence  de valeur.

Dans la question de l’échange égal ou inégal avec Dieu nous ne devons jamais perdre de vue l’humilité et la Taqwah que nous devons avoir dès qu’il s’agit de Dieu. II est incomparable et son incomparabilité même dans les Attributs divins qu’il a fait connaitre dépasse notre entendement car nous proclamons Allah Akbar : Dieu est le plus grand dans toutes nos conceptions, nos imaginations et nos rapports à Sa Beauté, a Sa Perfection, a Sa Puissance, a Sa Science, a Sa miséricorde. Allah est plus grand que tout ce que nous pouvons imaginer, il est au dessus de toute comparaison, il est comme le dit l’imam Ali créateur du lieu et du temps sans être soumis lui-même aux notions de temps et de lieux sur lesquels nous construisons notre jugement et notre système de comparaison et d’évaluation. Dire Allah Akbar sans éprouver de l’humilité, de l’indigence, de la miséricorde c’est se montrer arrogant, inculte, bruyant, vide de sens et vide de spiritualité. Il est dommageable pour l’esprit, le cœur et la conscience du croyant de voir des insensés non seulement profaner le Nom d’Allah mais participer par leur insenséisme à la lutte idéologique et médiatique mené par Satan contre l’Islam et les Musulmans pour les diaboliser à son image et en faire des objets de répulsion, de dérision, de manipulation. Et pourtant notre Prophète (saws) nous a recommandé l’humilité, la miséricorde, la sagesse, la constance, l’intelligence et l’efficacité toutes ces qualités que les pérégrinations du Pélérinage inculquent au Croyant quand il est à la Mecque contemplant la Kaaba, les montagnes encerclant la Mecque et cette masse humaine tournant en communion avec l’univers et attestant qu’elle n’est ni le cntre de l’univers ni le nombril du monde mais un grain atomique qui a besoin de la Miséricorde divine et de la sagesse prophétique :

« Annoncez la bonne nouvelle et ne faites pas fuir les gens »

C’est la Miséricorde d’Allah qui nous fait entrer au Paradis, ce ne sont pas nos œuvres. Nos œuvres ne sont rien en égard aux bienfaits de la vision des formes et des couleurs de ce monde bien avant celles du Paradis, de l’amour, de l’intelligence libérée de toute forme de bridage, des sens nouveaux pour apprécier l’odeur, la vision, le  gout des saveurs et de ce qui est impossible a recenser car il relève encore du Ghayb auquel nous croyons. Voici comment Allah décrit la qualité des Musulmans qui ont ouvert la Mecque sans livrer bataille ni faire couler une goutte de sang :

{Tu les vois inclinés, prosternés, aspirant à une Munificence de la part d’Allah et un agrément.} Al Fatah 29

Ce sont ces qualités qui permettent cet échange incomparable. Le Paradis lui même n’est rien devant  la rencontre de Dieu et la vie en  sa proximité et le contempler sans voile pour bénéficier à chaque contemplation d’un amour plus grand et d’une beauté plus grande sans que les précédents ne soient imparfaits ni les à venir la limite :

{Dis : « Vous annoncerai-je quelque chose de mieux que tout cela ? ». Pour ceux qui ont craint se trouvent, auprès de leur Seigneur, des Paradis sous lesquels coulent les fleuves : ils s’y éterniseront, auront des conjointes purifiées et l’agrément d’Allah.} Al ‘Imrane 15

Parler d’échange égal ou  inégal c’est faire preuve de manquement d’égard a Celui qui nous a créés et ne pas comprendre la vocation et la mission pour laquelle nous avons été existenciés.

{Ils n’ont pas considéré Allah à Sa véritable considération) Az-Zumar 67

Quand la langue s’inspire des fondements mythologiques grecs ou romains qui la sous tendent elle ne peut traduire l’exactitude de la foi comme elle ne peut empêcher à la raison de dériver et au sens de se corrompre. La langue véhicule un imaginaire c’est-à-dire une compétence symbolique à évoquer le passé, à explorer le présent et à anticiper sur l’avenir puis à tisser des liens vers ce qui est plus signifiant, plus sensé. Lorsque cet imaginaire est peuplé de mythes il ne peut logiquement se prévaloir d’une suprématie de rationalité sur la langue d’autrui et son système de pensée. Quand l’imaginaire sur lequel s’appuie l’expression de la foi et de la raison s’investit dans le devenir de l’homme depuis Adam jusqu’à Mohamed (saws) en passant par les chemins empruntés par tous les Prophètes et Messager alors il devient Lumière qui éclaire la compétence de nommer de tous les hommes de foi par laquelle passent et la parole et le savoir :

{Et Il apprit à Adam tous les noms} al Baqara 31

Cette réflexion ayant pris son essor dans la défense d’un pilier de l’Islam, Al Hajj, il est important de souligner que le pèlerinage est valide s’il a rempli les conditions cultuelles et celles de son intention. Seul son acceptation par Dieu  en fait un rite agrée et méritoire. Dieu dans Sa Bonté nous a montré les signes de l’acceptation du Hajj : se cultiver c’est-à-dire agir après l’accomplissement du pèlerinage comme un croyant qui a renouvelé son alliance avec Dieu et qui fait effort de cultiver sa foi, son savoir, sa probité, sa sincérité, son devoir, ses relations humaines, son travail avec la même ferveur que celle qu’il avait manifesté lors de son séjour aux Lieux saints. Une fois de plus ce n’est pas notre interprétation qui fait foi mais le Coran :

{Dépensez pour la cause d’Allah et ne vous jetez pas, de vos propres mains, dans la perdition. Et faites le meilleur, car Allah Aime ceux qui font le meilleur. Accomplissez le Pèlerinage et la Visite Pieuse pour Allah.} Al Baqara 195

{Le Pèlerinage : ce sont des mois connus. Quiconque s’y impose le Pèlerinage, alors pas de jouissance, de perversité ou de controverse durant le Pèlerinage. Ce que vous faites de bien, Allah le Sait. Et approvisionnez-vous. Oui, sans doute, le meilleur approvisionnement, c’est la piété. Et prenez garde à Allah, ô doués d’entendement.} Al Baqara 197

Notre démarche avait un but didactique :  prendre pour prétexte quelques  lacunes et non sens trouvés dans des travaux universitaires pour attirer l’attention sur la vigilance que l’esprit musulman doit avoir pour traiter des problèmes relevant de sa religion et de sa communauté musulmane pour que la lutte idéologique ne le coopte pas et en fasse un clerc au service de la manipulation ou le coupe de sa base populaire qui attend l’émergence d’élites nobles et généreuses portant  en charge les soucis, les désirs et les ambitions d’une communauté qui n’arrive pas à constituer sa conscience de communauté du fait des séquelles de l’émigration, de la colonisation et de l’exclusion. La discrimination positive ne consiste pas à reconnaitre la communauté mais à l’écrémer, en garder ce qui est bon pour le capitalisme et le néo colonialisme puis rejeter le reste dans le ghetto urbain, culturel et social au nom de Liberté, Égalité, Fraternité.

Nous avons le choix, dans l’acquisition et le maniement de la langue et du verbe. En faire une servitude, une manipulation ou un constat qui frise le ridicule et l’inconséquence comme par exemple ce   communiqué de la Fédération Nationale des Musulmans de France : « Cette nuit, les locaux de Charlie Hebdo ont fait l’objet d’un incendie criminel et son site internet a été « piraté ». Comme de nombreux citoyens français, nous avons été choqués par ce drame et je souhaite, au nom de la Fédération Nationale des Musulmans de France, condamner ces actes sans la moindre réserve possible. » Ou bien en faire une suite de revendications, comme font les Gouvernants Arabes et  Musulmans auprès de l’ONU, pour demander à la République de devenir chose (Res) publique (publica) et de traiter les voyagistes et agences de voyages qui gèrent ou administrent le culte musulman de les contraindre à fonctionner avec la même transparence, déontologie et performances en termes de métier que les voyagistes français. Ou bien nous passons à une étape supérieur, celle de la dignité, exercer nos devoirs de Musulmans. C’est la voie la plus difficile mais la plus sincère pour ceux qui veulent un Paradis aussi vaste que les cieux et la terre.

Pour exercer nos devoir, à tous les niveaux des hiérarchies, des registres spirituels et temporels, des domaines d’activité nous devons briser la culture de l’inertie et du Wahn et répondre à la loi de Dieu : en décolonisant notre pensée, notre décision ainsi que celle  de la langue et des mots. Malek Bennabi a montré le changement de paradigme par le changement des mots et son exemple a toute sa signification ici : « Les mots marquent des positions idéologiques déterminées… Si on les modifie, le changement d’un terme ne marquera pas seulement l’abandon d’une position idéologique qu’il désignait, mais il marquera aussi un changement dans le comportement révolutionnaire lui-même. Quand le combattant cesse de se nommer « El Moudjahid » c’est le comportement du « troufion » qui réapparait, comme dans un régime de tirailleurs »… Certaines licences de langage – qui se veulent audaces révolutionnaires – ne sont en fait que des trahisons de la révolution dans son objet essentiel : la transformation de l’homme selon la loi coranique. »

إِنَّ اللَّهَ لَا يُغَيِّرُ مَا بِقَوْمٍ حَتَّىٰ يُغَيِّرُوا مَا بِأَنْفُسِهِمْ وَإِذَا أَرَادَ اللَّهُ بِقَوْمٍ سُوءًا فَلَا مَرَدَّ لَهُ وَمَا لَهُمْ مِنْ دُونِهِ مِنْ وَالٍ

{Allah ne Modifie rien en un peuple jusqu’à ce qu’ils changent ce qui est en eux-mêmes. Et si Allah Veut quelque mal à un peuple, rien ne peut le repousser et ils n’ont, à l’exclusion de Lui, aucun protecteur.} Ar Ra’âd 11

Le Changement est à la fois ontologique pour récupérer et exercer sa responsabilité individuelle (Mas’ouliya) et sociale pour exercer sa responsabilité collective qui est d’exercer la vocation de l’Islam (Taklif).

souvenirs et invocation lors de l’évocation du Hadj 2011

Allah (swt) nous demande d’exalter, durant la période du pèlerinage, les rites prescrits par Allah comme faisant partie de la Taqwah d’Allah qui est la vigilance envers Allah par le respect scrupuleux de Ses Commandements, la Crainte de Son Courroux et l’Espérance de Sa Miséricorde. Parmi Ses Commandements il y a le devoir de penser et d’agir pour le bien de la communauté musulmane et en particulier des plus proches. C’est aussi notre devoir de souhaiter pour notre peuple une prospérité et une gouvernance sensée qui lui apporte la paix, la sécurité et la prospérité réelle et non illusoire et mensongère.

Mais dans ces premiers jours de Dhoul Hijja de 2011 nous voyons une fois de plus des comportements irrationnels,  des positions d’insouciance  que blâme la Sourate Al Hadj et qui prouvent une fois de plus que nous gouvernants sont loin de penser au repentir et à la réforme:

أَفَلَمْ يَسِيرُوا فِي الْأَرْضِ فَتَكُونَ لَهُمْ قُلُوبٌ يَعْقِلُونَ بِهَا أَوْ آذَانٌ يَسْمَعُونَ بِهَا فَإِنَّهَا لَا تَعْمَى الْأَبْصَارُ وَلَٰكِنْ تَعْمَى الْقُلُوبُ الَّتِي فِي الصُّدُورِ

{N’ont-ils donc pas été de par la terre, de sorte qu’ils aient des cœurs avec lesquels ils raisonnent ou des oreilles avec lesquelles ils entendent ? En fait, ce ne sont pas les yeux qui s’aveuglent, mais ce qui s’aveugle, ce sont les cœurs qui sont dans les poitrines.} Al Hadj 44

Sans aller loin dans la terre et faire un grand effort intellectuel, politique, diplomatique ou économique ou un grand jihad de prospective ou de stratégie globale, l’Internet, les médias, la vox populi annoncent froidement ce chaque bureaucrate de l’administration algérienne semble ignorer car  «  عَلَىٰ قُلُوبٍ أَقْفَالُهَا   certains cœurs portent leurs scellements ? »  On verra un peu plus loin que les cœurs sont scellés, dans le cas algérien, par la médiocrité cultivée par conjugaison du despotisme politique, de la rente économique et de la présence dans les sphères de décision  des Renégats à l’Algérianité (Islamité, arabité et souveraineté nationale).

« La Suède vient de perdre ce qui lui restait de souveraineté dans l’industrie automobile. Le pays scandinave était pourtant représenté par deux figures de l’automobile européenne reconnue pour leur qualité et leur caractère très affirmé: Volvo et Saab… Deux entreprises chinoises viennent de signer pour le rachat de Saab à Swedish Automobile, un an et demi après sa reprise par celui-ci. Après un an et demi de descente aux enfers, Swedish Automotive signe l’échec de la reprise de Saab en revendant la marque automobile à Pang Da et Youngman…

Swedish Automobile avait racheté Saab à General Motors en janvier 2010 pour 70 millions d’euros. Il a ensuite investi près de 120 millions d’euros dans l’entreprise. Aujourd’hui, Pang Da et Youngman mettront la main sur la marque suédoise pour 100 millions d’euros. Les ouvriers de Saab espèrent connaître le même sort que Volvo qui est sorti de sa torpeur après avoir été revendu à Geely par Ford, un constructeur automobile chinois. Celui-ci lui a ouvert les portes du marché chinois. Volvo construit désormais des usines en Asie et en Amérique. »

La Chine,  un pays émergent, était comme l’Algérie un pays sous-développé. Les chinois avaient une doctrine géostratégique, une politique économique et une bonne gouvernance. Les Algériens avaient  du sentimentalisme à l’eau de rose qui cultive le nationalisme de canailles et les confréries maraboutiques religieuses ou profanes qui anesthésient l’esprit et cultivent le culte du Za’im ainsi que celui de la pensée unique tant dans le pouvoir que dans l’opposition éradicatrice ou islamiste.

Avec plus de 150 milliards de dollars de réserves et une manne pétrolière, gazière  et minière les Algériens n’ont pas de culture managériale mais la  culture rentière d’un pays transformé en comptoir commercial ou les autochtones sont les indigènes du nouvel ordre mondial grâce à la gabegie et l’incurie de leurs « intellectomanes » et de leurs « intellect-écuelles » dont les diplômes délivrés par les prestigieuses universités mondiales ne cachent pas leur misère morale, leur indigence intellectuelle et leur servitude devant les uniformes et le bruit des bottes.

Il est surprenant qu’avec ces fonds et cette manne céleste l’Algérie n’a pas les moyens de racheter une partie des fleurons de l’industrie française évalué à plus ou moins 50 milliards de dollars. On va me dire il faut un savoir faire. Ce savoir faire était à la portée des Algériens si ces derniers au lieu de se lancer dans une décennie de désinvestissement, une décennie de guerre civile et une décennie de consommation effrénée (gastrophilie selon le terme benabien)  avaient mis fin à la sous culture du marché en main, du clé en main ou du produit en main et développé des bureaux d’études, des ingénieries spécialisées, des agences d’investissements, des cabinets d’affaires internationales, des observatoire de veille économique et de prospective. Il aurait fallu rompre avec la paresse, l’indolence, la trahison, le clientélisme et la vassalité.  Au lieu d’avoir un chef d’état marabout et des diplomates concierges on aurait eu des Commis de l’État qui peuvent louer les compétences de cabinets juridiques et d’experts pour acheter par exemple l’Usine Renault qui vaut aujourd’hui 4 ou 5 milliard de dollars. Même sans le soutien des experts  et  dans l’état actuel de leur médiocrité les cadres et les décideurs algériens auraient acheté Saab, Fiat, Peugeot, Renault.

Sans ingénieries financières et managériales de haut niveau ils auraient laissé le bon sens les guider comme il a guidé les maçons et les ouvriers d’origine maghrébine de Renault, de Peugeot ou de Berliet a économiser puis mettre leurs économies et les bijoux de famille dans les boulangeries, les épiceries, les boucheries et autres petites affaires que le français vieilli ou devenu paresseux a mis en faillite ou pris par un complexe de supériorité a délaissé croyant au mirage de gauche et de droite sur l’entreprenariat privé industrielle et High Tech dans une économie mondiale en crise depuis longtemps et que leurs économistes n’ont pas vu venir davantage captivés par le cirque médiatique  et les allégeances au pouvoir que par l’observation des faits et la production de la pensée économique innovante.

Contre le bon sens, contre l’intérêt national, les Algériens en pleine crise au lieu d’attendre ou de prendre les risques réels ont une fois de plus choisi la facilité et l’absurdité la plus déconcertante : ils offrent une bouffée d’oxygène à l’État français  en donnant des facilités à Renault qui va investir 1 milliard d’euro en Algérie. Il ne faut pas être nul en économie et en gouvernance mais il faut être traitre à son pays et vassal de la France pour offrir l’implantation d’un milliard d’euros alors que l’usine mère ne vaut que 4 ou 5 milliards d’euros en actifs immobiliers et industriels. Ce n’est pas une absurdité mais une trahison quand l’Algérie pour 100 ou 200 millions de dollars peut s’acheter des firmes plus prestigieuses que Renault : Jaguar, Rover, Opel.

Si les Algériens de là bas ne sont pas les véritables harkis de la France qui sont en train de dilapider leur argent en laissant les banques françaises devenir maitresses de l’économie algérienne car un président sénile et des appareils illettrés politiquement et économiquement leur ont donné l’Algérie comme un comptoir commercial avec des projets titanesques de nouvelles villes alors que l’Algérien ne sait plus tracer ni construire un trottoir droit et à l’échelle, ni restaurer, réhabiliter ou restructurer le vieux urbain sapé par le goutte à goutte des infiltrations d’eau ni mettre un plan de précaution ou de prévention pour faire face à un éventuel séisme qui mettrait par terre la centaine d’immeubles légués par le colonialisme et qui ne sont à ce jour pas entretenus et que le CTC a expertisé comme vulnérables. En pleine crise et en pleine dette les Algériens ont vendu leur dette publique  au Crédit Lyonnais contre toute idée de la souveraineté nationale et contre toute idée de redressement de l’économie nationale.

Après avoir fait supporter au peuple algérien le cout de leurs improvisations et de leurs aventurismes ils le privent une fois de plus de son droit à édifier son pays ou d’avoir un droit de regard sur la gestion de ses ressources. Ils le trahissent et le mettent en situation d’indigène colonisé en donnant l’Algérie aux banques françaises hypothéquant son avenir et son indépendance. Ils poussent l’indécence à apporter leur contribution à sauver l’économie mondiale en participant au sauvetage des Banques européennes et en plaçant leur argent en Bons du Trésor américain.

Un sursaut de dignité ou de vigilance leur aurait indiqué la voie à suivre s’ils ne savent pas faire : s’adosser au nouveau capitalisme chinois et les bureaux d’études de Shanghai ou les plus performants dans le monde ceux de Hong Kong et lancer des OPA sur quelques industries et quelques banques françaises. Il ne s’agit pas d’humilier ou de prendre une revanche tardive sur le colonialisme français mais d’imiter les chinois : disposer de marques de prestiges pour assoir leur exportation ; disposer des compétences managériales pour apprendre, capitaliser et transférer les performances en matière d’organisation ; accéder au know how produit et Know how production pour un transfert de technologie ; mettre sur place en Algérie le même réseau de concessionnaire qu’en France pour que le consommateur algérien bénéficie des mêmes garanties et de la même qualité que le consommateur français.

La proximité avec la France ne milite pas dans ce scénario d’OPA de délocaliser le montage car il n’apporte rien en termes de savoir faire puisque tout est robotisé dans la chaine. La clé est dans le processus de ré-industrialisation de l’Algérie. Les firmes françaises ont environ 20000 à 30000 sous traitants alors que les firmes suédoises atteignent 60000 sous-traitants. L’Algérie gouvernés par des Algériens auraient payé un milliard au lieu de 100 million car elle a un matelas de réserve financière  qui lui permet de construire en Algérie  des PME générant de l’emploi, des centres de formation et un chiffre d’affaires de 5 milliards de dollars une fois la croissance mondiale retrouvée si le monde n’entre pas dans le scénario pessimiste d’une guerre nucléaire ou d’un effondrement économique. Sur le plan religieux quand je regarde l’émission les « Chantiers de l’extrême » je me dis qu’Allah a mis l’homme comme Khalifat sur terre pour la civiliser. Nous ne sommes pas prêts à entrer dans l’alternance civilisationnelle d’une part et Allah est Juste et Équitable d’autre part.  L’effondrement économique et technologique de l’Occident renverrait l’Occident au moyen-âge et le reste de  l’humanité à l’âge de pierre avec cette compétence occidentale de dominer de nouveau le monde car les trahisons des Algériens ne sont qu’un aspect des trahisons du monde musulman dans sa globalité territoriale, intellectuelle, technologique, économique, politique et religieuse renouer avec

Oublions ces ratages et oublions l’avenir des  banques françaises qui vont mourir  debout car les divergences franco allemandes sont insurmontables poussant le Président Sarkozy à annoncer lors de son allocution télévisée, qu’il ne nationaliserait pas les banques françaises. Oublions que ce seront les pays idiots utiles du monde arabe et musulman qui vont recapitaliser les banques de bon gré ou mal gré par leur contribution à l’effort de guerre occidental contre le monde arabe…

Je viens de recevoir un message m’invitant à voir la khotba de Ali Belhadj faisant de la surenchère sur la Khotba de l’imam officiel désigné par la houkouma. Le bonhomme n’a pas changé et celà n’augure rien de postifi pour l’Algérie. J’ai vu la vidéo de Belhadj expliquant qu’il ne faut pas avoir de pitié pour Kadhafi et il justifie le lynchage en citant le verset  » وَإِنْ عَاقَبْتُمْ فَعَاقِبُوا بِمِثْلِ مَا عُوقِبْتُمْ بِهِ وَلَئِنْ صَبَرْتُمْ لَهُوَ خَيْرٌ لِلصَّابِرِينَ

Et si vous punissez, punissez alors comme vous avez été punis, mais si vous patientez, c’est sûrement meilleur pour les patients.
Il n’a pas le droit de couper le verset de son énoncé global et de lui donner une explication selon son opinion :

{Appelle à la Cause de ton Seigneur par la sagesse et la bienveillante exhortation, et discute avec eux de la façon la meilleure. Certes, ton Seigneur Est Plus-Scient de celui qui se fourvoie de Sa Voie, et Il Est Plus-Scient de ceux qui sont guidés. Et si vous punissez, punissez alors comme vous avez été punis, mais si vous patientez, c’est sûrement meilleur pour les patients. Et persévère, car ta persévérance tient d’Allah. Ne t’afflige point pour eux, et ne t’angoisse point de ce qu’ils rusent. Certes, Allah Est avec ceux qui ont été pieux et ceux qui font le mieux.} An Nahl 125

Il ouvre la voie à l’arbitraire et à l’anarchie car jamais Allah n’a autorisé de se faire justice soi même en dehors d’un cadre légale de justice étatique et légitime. Ces voyous du CNT n’ont aucune légitimité sauf celle de la violence de l’OTAN même si on accepte que Kadhafi est un criminel. Le discours de Ali Belhadj prouve au monde entier qu’il fallait interrompre le processus electoral et que le « Qui tue qui » est tout désigné. Je n’ai jamais vu une érudition mener l’homme à sa perdition comme celle de Ali Belhadj. Il confirme aux classes moyennes leur refus de cautionner son Jihad improvisé et  que l’avenir ne peut se construire avec des ignorants de ce genre.  le FIS est bel et bien mort et enterré.  Belhadj joue le jeu du régime car il fait fuir la classe moyenne qui ne veut pas vivre l’anarchie de la Libye.

Ensuite il aborde la question de Khaled Nezzar devant la justice suisse et il réclame qu’il soit jugé en Algérie. Il est toujours à côté de la plaque. Est-ce qu’il est crédible de demander,  d’espérer un procès en Algérie de Nezzar en Algérie connaissant la nature du pouvoir? Est ce que le système a changé? Est ce  que laisser Nezzar partir en suisse et le faire prendre là bas ne cache pas quelque chose qui dépasse le cadre judiciaire: l’instrumentalisation d’une plainte légitime et de souffrances vraies dans  la lutte de succession de Bouteflika entre clans du pouvoir ou  dans la lutte d’influence entre les USA et la France ? Je l’ai définitivement radié de mon schéma. Il devient dangereux pour la  cause de l’Islam que nous défendons car il se montre de moins en moins cohérent, moins  logique  et surtout il continue de ne pas voir les rapports de forces et d’intelligences au niveau interne  et externe qui s’exercent sur l’Algérie la laissant sans repères, sans cap, sans gouvernail et sans carte de navigation.

D’ailleurs on  le laisse parler  pour l’enfoncer d’une part  et car il ne représente plus une menace pour le régime d’autre part. Les salafistes et les soufies le considèrent comme un Kharijite. Celà veut dire qu’ils ont donné leur accord pour son assassinat mais le régime est trop malin il n’a pas besoin de le tuer. Il se liquide tout seul. L’intelligence est de savoir reconnaitre une défaite et de quitter la table à temps puis se mettre à écrire ses  mémoires et à apporter des clarifications sur ses contacts avec l’armée, sur la chute du gouvernement de Hamrouche, sur les maquis, sur les GIA pour dégager sa responsabilité ou l’assumer et clarifier la vérité au peuple algérien.

Oublions Ali Belhadj et les ratages historiques et moraux du FIS !

Cet oubli est nécessaire pour donner vitalité à la mémoire et la faire témoigner sur une réalité vécue qui témoigne que la trahison n’est pas conjoncturelle mais structurelle et que tous les Algériens en portent une part de responsabilité par leur comportement fataliste, leur démission et le sabotage de l’Algérie par ces hauts cadres qu’ils soient dans l’armée, la sécurité, la diplomatie ou ce qu’on appelle les Ministères d’un semblant d’État. L’opposition algérienne fait partie de ce ratage et de cette trahison par son incompétence et son irresponsabiité de livrer des victimes au système sans livrer d’alternative crédible au peuple.

Je vais témoigner sur un aspect des moins complexes de cette trahison pour illustrer la rencontre de mes souvenirs avec le pélérinage qui approche et que nous ratons sur le plan collectif :

Je fus chargé par le gouvernement de Monsieur Mouloud Hamrouche de mettre de l’ordre sinon démanteler et réorganiser le service public de la pêche côtière, hauturière et océanique. Ma mission se résume en un ordre donné au Ministre de l’Agriculture de me nommer Directeur général alors qu’il ne voulait pas de moi et en une copie des résolutions du gouvernement sur la pêche.

–        J’ai multiplié par 10 le prix du corail brut sur le marché international et j’ai fait signer un arrêté par Ghazi Hidouci Ministre de l’Économie et des Finances interdisant d’une part la pêche et l’exportation brute de Corail et d’autre part la production et la commercialisation d’une part de la cueillette de corail par les artisans de Beni Yéni. J’ai mis un partenariat avec les corailleurs japonais pour transférer du savoir faire de production en Algérie et du savoir faire marketing pour s’implanter en Asie et dans le monde arabe. J’ai prix le risque de rencontrer la maffia italienne  en Italie et leurs avocats en Suisse pour passer un contrat simple : travailler dans la transparence sans porter atteinte à l’écologie et aux ressources et tous nous gagnerons en profit et en qualité sinon les gardes côtes algériennes vous poursuivront même si vos vedettes sont plus rapides. Un certain nombre de cadres algériens étaient prêt à jouer le jeu  pour défendre cette ressource rare pour la protéger, la valoriser et la mettre au service des artisans et des pécheurs algériens qui ne sabotent pas leur pays. Les étrangers et le général patron des  gardes côtes ont respecté leurs engagements. Les Algériens ont trahi pour mille et un raisons. Al Kala et Ténès étaient parmi les derniers gisements importants et de qualité dans le monde. Les Algériens étaient le premier déchet politique et économique dans le monde.

–        ALMAP, la société mixte algéro mauritanienne était détruite par des agents du public qui attendaient sa privatisation et accéder au dinar symbolique aux licences de pêches, aux bateaux,  au port et à l’usine de conditionnement financés par l’Algérie qui a fait un prêt de 30 millions de dollars auprès de la banque africaine de développement. Contre l’expertise du cabinet américain Price Water House menée par de jeunes marocains  et tunisiens  j’ai apporte ma contre expertise avec l’aide de jeunes mauritaniens de Nouadhibou et après concertation avec Monsieur Belkobi le premier ambassadeur en Mauritanie et l’un des  diplomate le plus en vue du temps de la Révolution algérienne puis du temps du Président Boumediene. J’ai rencontré  l’ambassadeur d’Algérie Tahar Laâjal en poste à Nouakchott et il m’a apporté son soutien pour sauver l’outil et la présence algérienne en Mauritanie. Avec un dossier économiquement, politiquement, diplomatiquement et financièrement irréprochable et incontestable non seulement pour sauver la présence algérienne en Mauritanie et utiliser une carte économique et stratégique pour la pêche océanique et hauturière en guinée, au Vietnam et en Libye j’ai trouvé tous les Ministères et toutes les banques algériennes ligués contre moi et tout particulièrement le Ministère de l’Agriculture et l’Agence nationale de développement des pêches… L’entreprise a été coulée dans un hôtel bordel à Casablanca et les cabinets de ministres à Alger.

–        Les Coopératives de pêches côtières. J’ai mis en place la philosophie et les scénarios de montage des métiers sous un système coopératif  de production et mutuelle de financement. J’ai mis fin au projet minable financé par la FAO présidé à l’époque par Driss Al Djazaïri,  l’arrière petit  fils de l’émir Abdelkader,  de quelques barques de 3 mètres et j’ai élaboré le chantier d’organisation des filières de métiers liés à la mer et au poisson pour la pêche côtière et la pêche halieutique qui ne se faisait pas en Algérie par absence de tradition et par les contraintes de la topographie maritime. Ce fut l’un des projets les plus fédérateurs après la révolution agraire en 70 et l’autogestion en 62. Le Ministre de l’Économie, monsieur Ghazi Hidouci, Le Ministre du Travail, monsieur Kara, le Ministre Délégué aux  Réformes, monsieur Koraichi, le syndicat des pécheurs algériens, les jeunes en formation dans les écoles de pêches, les Groupes internationaux de coopératives du Québec, d’Italie et d’Espagne, des groupes financiers ont trouvé l’idée géniale. Je dispose de documents émanant d’experts et de financiers étrangers impliqués dans le projet disant à peu près la même chose : « C’est la première fois qu’en Afrique et dans le monde arabe nous voyons un homme porter un tel projet et le décrire lui-même comme projet prêt  à être exécuté ». 30000  emplois et 5 milliards de dollars de revenus en régime de croisière pour un investissement de 300 millions dollars fractionnés sur 3 ans…

Les Algériens aux commandes du pays refusaient de rêver et de croire dans les possibilités de leur pays et des hommes compétents de  ce pays. J’ai donc connu une chasse à l’homme qui ne peut être comprise que si on admet l’idée que l’Algérie n’est pas gouvernée par des Algériens. Je ne suis  ni naïf ni stupide je n’ai jamais livré un document ou donné une interview à la presse algérienne. Le monde de la mer est un monde silencieux la bataille a eu lieu en silence sous l’œil vigilant d’Allah. j’ai montré contre vents et marées mes performances pour être crédibles et trouver  assistance  pour porter ces projets et les faire réaliser. Il fallait redresser l’ENAPECHE et l’ENOCEP en les fusionnant et en remettant la machine en marche sans mettre un ouvrier, un employé ou un cadre dehors alors que les banques algériennes avaient reçus de leur souteneur l’ordre de ne plus m’accorder le découvert bancaire pour les salaires. J’ai quitté l’entreprise la laissant pour la première fois de son existence avec près de 3 milliards anciens de bénéfices. J’ai remis à flots des bateaux avec des compétences algériennes et j’ai envoyé ces bateaux ramener le thalasso dollar qu’Allah nous a donné dans la mer immense et abandonnée. Pour le prix  d’un appartement loué pour une année, de billets d’avion prepaid Corée du Nord Algérie, de  salaires modestes versés en dinars et avec des techniciens et ingénieurs algériens j’ai réalisé la première ferme marine en Algérie et la première station prototype de fabrication d’alginate et de gélatine végétale avec l’objectif d’exporter les algues comestibles au Japon. J’ai rencontré l’actuel président de l’Assemblée nationale alors président de la commission économique de l’assemblée nationale du FLN lui disant je vous offre ce qui fera votre gloire personnelle : offrir des perspectives de travail pour les jeunes en contrepartie je ne veux rien pour moi juste un répit pour lancer les projets et rendre le processus irréversible. Face à moi il n’y avait que « des sourds, des muets, ils ne comprennent pas »

Pendant que les Algériens étaient à l’affut comme des requins de toute proie à dévorer, mes missions en Maurtitanie m’ont fait voir le retrait de l’Algérie de la Mauritanie qui était du temps de Boumédienne considéré comme une Wilaya algérienne pour sa profondeur stratégique, son accès à l’Océant,  la fraternité dans la construction du Grand Maghreb et le différent avec le Maroc au sujet du Polisario. Cette mauritanie construite par l’Algérie se remplissait de casernes avec le drapeau français et au moment où on détruisait un bel outil de production le fils de Mittérand s’installait à la tête d’une société de pêche privée.

Sachant que j’étais en terrain perilleux et tous les Algériens savent que le terrain le plus difficile était le secteur de la pêche pour les connivences des algériens pour brader le thon rouge aux pécheurs clandestins italiens, espagnols et coréens. Le chef  des gardes cotes a joué avec moi le jeu d’un algérien aimant son pays et m’a livré deux thonniers avec des tonnes de thon et le matériel de pêche comme produits saisis. Je pouvais grace à la collaboration de la marine algérienne lancer une activité dans laquelle les Algériens  jouaient le rôle d’informateurs par liaisons radios pour informer les  trafiquants des sorties en mer des gardes côtes. Le plus ahurissant est contre toute logique je vois débarquer dans mon bureau une ravissante asiatique qui m’offraient des choses en contrepartie de la récupération des bateaux et des thons rouges énormes. Devant mon refus elle a fait intervenir un haut fonctionnaire dont elle était la maitresse. Par décision de justice tout est remis à la liberté mais moi j’avais déja vendu le thon rouge contre du thon blanc acheminé. J’ai acheté du thon blanc pour les conserveries de l’armée algérienne à 1300 dollars la tonne alors que mes prédécesseurs l’achetaient à 1700 dollars la tonne. Le thon rouge conservé dans une unité de froid a été sacagé par un acte de malveillance pour casser la vente et me laisser discréditer.

Devant cette situation qui ne permettait pas de gérer sereinement et avec des méthodes transparentes et avec les menaces de mon élimination physique ou du kidnaping de ma fille j’ai fais appel à deux connaissances. Un ancien attaché militaire et un ancien officier de gendarmerie pour m’assister dans l’affrontement qui s’annonçait violent et impitoyable surtout que j’avais lancé une opération symbolique  » un rat qui ne mange pas vingt quatre heures meurt de faim ». J’ai négocié tous les contrats d’importation et d’exportation en secret et avec des leurres sur les sources, les lieux et les jours de débarquement ainsi que le mode de financement. La Banquedu crédit extérieur tenu par Omar Benderra a fait preuve de professionalisme et de respect du secret bancaire pour les transactions commerciales.

J’ai pris, devant les sabotages, les rumeurs sur mon appartenance à la sécurité militaire, au FIS, aux services italiens, espagnols, la décision de passer à la contre offensive sur un terrain vulnérable. Là où je passe j’utilise ma capacité à lire près de mille pages par jour et à trouver les infos pour créer une sorte de carte mentale me permettant d’avoir en tête ou à ma portée la culture de l’entreprise depuis sa création, sur sa base comptable, ses hommes, ses contrats. Quelque chose m’a intrigué. Un ancien secréataire d’Etat à la pêche a laissé des notes rédigés sous formes d’organigrammes qui attestent sa compétnce et sa volonté de travailler. Le directeur des pêches qui a travaillé sous ses ordres est mort dans des conditions louches et le ministre a été limogé. Mes deux spécialistes du renseignement m’ont apporté le premier contrat de pêche internationale entre l’Algérie et l’Espagne. L’étude du contrat et l’enquête discrète menée montre qu’il y avait une opération de subversion montée probablement par les services français et l’équipe du Makhzen marocain très influente dans les banques et les administrations qu’on surtout « les marocains » pour les distinguer du Hizb frança. C’est une des plus vilaines et complexes affaires. L’ancien directeur et commandant de la sécurité militaire (c’était la tradition du système algérien) a été mal conseillé par les services du secréatariat d’état qui ne lui ont pas dit qu’il existe une ordonnance algérienne interdisant la pêche algériene sous pavillon étranger (Ministère du Transport). Les services français ont poussé une société basque qui travaille pour l’ETA considérée comme organisation terroriste de faire des offres. La société y voyait une manne financière pour son organisation. La victime était l’Etat algérien accusé par la France de travailler contre ses intérêts et de négocier en contre partie la souverainté sur la mer algérienne. Dans l’affaire le commandant et le Ministre furent renvoyés par le Président Chadli sas jamais comprendre ce qui leur arrive ni pourquoi.

La France a le champ libre pour imposer Cofrepeche qui fait intervenir les bateaux désarmés du fait de la surexploitation des mers avec leurs équipages et les Algériens signent un contrat où ils mettent du personnel auxillaire et la ressources halieutique dans un marché de dupes : 80% de la peche de poisson noble était commercialisé à l’étranger sur un prix fixe moyen à la tonne et non sur le prix réel de la bourse du marché japonais ou espagnol ou dus africian. Les Algériens reçoivent 20% et les Français 80%. Les 20% était du pellagique (anchois et sardines) destinés au marché algérien selon une répartition de 80% pour les Algériens et 20% pour les français. Ces 20% en dinars permettent en réalité de ne rappatrier aucune devise en Algérie. Le financement se faisait par la comission européenne sous forme d’aide, de prêt et de subventions aux désarmement de la flotte française. En lisant ce contrat qui m’a été caché et qui était paraphé je fus pris de nausées. Al Amr bil Maârouf, la commanderie du bien,  n’est pas un discours dans une mosquée  avec un imam qui lit le prêche lénifiant du Ministère des afaires religieuses ou un autre qui critique le régime d’une manière incendiaire sans connaitre les mécanismes économiques et les processus de la corruption et du sabotage. Se taire ou dénoncer le contrat et ouvrir de nouvelles consultations au nom d’une entreprise connue sur le marché international comme corrompue et incompétente. Dans la crise les structures ont perdu toute signfication ne reste que l’homme qui la compétence, la probité et les idées qui persuadent du sérieux et des performances. Les contrats sont dans les banques, les Ministères concernés où je suis le seul algérien a mettre sur la table des négociations le projet de contrat rédigé par moi et ses annexes techniques. Je suis le seul où j’impose un partenariat transparent pour la p^che hauturière et océnaique sans toucher à la pêche cotière avec en sus l’obligation de réinvestir dans la peche cotière pour le montage d’une holding qui soutient les coopératives. Les coopératives revendent une partie de leur production au holding de tele manière que la pêche cotière reste le terrain exclusif et protégé de l’artisan pecheur privé ou coopérateur.

Avec l’arrivée de Ghozali, abou faracha, la mission devenait impossible. L’officier de Gendarmerie qui me secondait faisait le facteur entre moi et cerains colonels de la Sécurité dont Mu’awiya me proposant de le rencontrer et de faire de moi un minsitre de la pêche car je mérite un meilleur salaire, une meilleure position sociale et un pouvoir plus efficace pour mener à termes ces gros projets. J’ai réuni le staff et j’ai dit à A. Abdelawwahab : réveille-toi des illusions et libère ta conscience : on va faire de toi Brutus assassinant Cesar puis ont va te jeter et ils savent ton admiration pour ma capacité de travail. Les choses se sont passées exactement comme je le préssentais. Je fus interdit d’accéder à mon bureau de retour d’une mission au Japon où les japonais savaient avant moi que j’étais liquidé car les lâches et les traitres m’ont frapé dans le dos et  en appelant les japonais pour leur montrer leur bassesse et ils s’imaginent qu’avec cette culture de caniveau ils vont implanter en Algérie des partenariats équitables et transparents : Impossible la loi de Dieu est sans appel :

الْخَبِيثَاتُ لِلْخَبِيثِينَ وَالْخَبِيثُونَ لِلْخَبِيثَاتِ وَالطَّيِّبَاتُ لِلطَّيِّبِينَ وَالطَّيِّبُونَ لِلطَّيِّبَاتِ أُولَٰئِكَ مُبَرَّءُونَ مِمَّا يَقُولُونَ لَهُمْ مَغْفِرَةٌ وَرِزْقٌ كَرِيمٌ

{Les mauvaises aux mauvais, et les mauvais aux mauvaises. De même, les bonnes aux bons, et les bons aux bonnes. Ceux-là sont innocents de ce que les autres disent. Ils ont un pardon et une récompense généreuse.} An Nour 26

Avec ces petites réalisations et de grands projets ficelés dans un pays qui ne vit que vassal de l’étranger  et avec les  autres projets en aval de ces grands projets j’ai compris la nature maffieuse et saboteuse de ce régime traitre, perfide et assassin. Pendant 20 ans de bataille et avec cette idée simpliste  algérienne d’un président mal entouré, d’un ministre mal entouré, du mauvais œil des étrangers qui envient nos richesses et notre indépendance  on finit par jeter l’éponge et remettre en cause l’histoire et la gouvernance  de son pays. Nos malheurs ne sont pas une fatalité mais notre propre œuvre. Nous avons détruit notre pays par notre indolence, notre acceptation de l’assistance, notre refus  de la lucidité et de la critique, notre penchant à la facilité et au mutisme tant que nous restons sages, corruptibles et brassant du vent dans un pays qui part en fumée.

Ceci n’est qu’un aperçu de la faillite morale et intellectuelle d’un pays sans gouvernance algérienne. Je peux étayer par d’autres exemples dans d’autres secteurs de l’économie ou de l’administration et montrer le comportement absurde des « cadres » algériens  qui comme les décrit Malek Bennabi n’ont retenu de la civilisation occidentale que ses choses et avec la culture choséiste on ne fait qu’entasser des choses à l’image de ce qui ne se construit pas faute de  cadre idéologique, de ligne d’orientation et de projet de civilisation.

Ce que j’ai appris du « petit peuple » algérien qui a travaillé avec moi  c’est qu’il a une conscience aigue de ce qui se passe et de ce qui s’est passé. La corruption et le despotisme engendrent la médiocrité, la paresse et la corruption. Ce sont les seules  armes de résistance  que ce peuple a trouvé pour survivre ;  les gouvernés comme les gouvernants convergent sur le court et le moyen terme au même objectif :

فَأَتَاهُمُ اللَّهُ مِنْ حَيْثُ لَمْ يَحْتَسِبُوا وَقَذَفَ فِي قُلُوبِهِمُ الرُّعْبَ يُخْرِبُونَ بُيُوتَهُمْ بِأَيْدِيهِمْ وَأَيْدِي الْمُؤْمِنِينَ فَاعْتَبِرُوا يَا أُولِي الْأَبْصَارِ

{Allah les Surprit par où ils ne s’attendaient pas, et Jeta l’épouvante dans leurs cœurs. Ils détruisent leurs maisons par leurs propres mains et par les mains des croyants. Tirez-en un exemple, ô doués de clairvoyance.} Al Hashr 2

Sur le long terme ce système va fatalement s’effondrer comme un château de cartes et ce peuple méprisé et déshumanisé va se débarrasser du vernis du Wahn qu’on lui a collé sur la peau. J’en ai grand espoir presque la certitude car je garde en mémoire le dévouement, la gentillesse et la capacité d’endurance des centaines, des milliers de personnes qui ont travaillé sous mes ordres dans des conditions difficiles sans que jamais on ne m’a manqué de respect ni refusé un ordre et sans que j’ai eu à exprimer mon autorité hiérarchique. Ce n’était pas ma position sociale mais mon autorité morale que les algériens, jeunes et vieux, ont admiré et respecté. Il est vrai que certains syndicalistes staliniens ou certains cadres corrompus me faisaient des crasses derrière le dos ou me surnommaient le prêtre quand ils faisaient des pétitions contre moi :

وَالْبَلَدُ الطَّيِّبُ يَخْرُجُ نَبَاتُهُ بِإِذْنِ رَبِّهِ وَالَّذِي خَبُثَ لَا يَخْرُجُ إِلَّا نَكِدًا كَذَٰلِكَ نُصَرِّفُ الْآيَاتِ لِقَوْمٍ يَشْكُرُونَ

{Et  la bonne contrée, sa végétation pousse grâce au vouloir de son Seigneur, alors que dans celle qui fut mauvaise, elle ne pousse que dépérie. De même, Nous Varions les Signes pour des gens reconnaissants.} Al A’raf 58

L’Algérie terre de promesses et de moissons, réconciliée avec son identité trouvera le Ciel généreux pour la bénir et compenser ses souffrances et ses privations que les traitres  lui ont fait porter et se relever pour édifier l’Algérie rêvé par ses Moudjahiddines, ses Oulémas, ses poètes, sa jeunesse et l’ensemble de ses braves gens. La clé pour se relever et redémarrer dans la rectitude est le jour où nous reviendrons au monothéisme pur et parfait  « lâ ilâha illa Allah : Il n’y a point de divinité sauf Allah » en refusant de soumettre autrui ou de se soumettre au Taghut, en    s’en remettant complètement à Allah, en ayant totale  confiance en Lui, en mettant  notre espoir en Lui,  en ne demandant  qu’à Lui et exclusivement à Lui. Allah (swt) a promis et Sa Promesse est vérité :

الَّذِينَ آمَنُوا وَلَمْ يَلْبِسُوا إِيمَانَهُمْ بِظُلْمٍ أُولَٰئِكَ لَهُمُ الْأَمْنُ وَهُمْ مُهْتَدُونَ

{Ceux qui sont devenus  croyants et n’ont pas confondu leur foi d’une injustice, ceux-là auront la sécurité, et ils sont guidés.} Al An’âme 82

Le monde viendra se prosterner sous nos pieds car il a été créé pour qu’il soit assujetti à l’homme jouant sa vocation de Khalife, le libérateur civilisateur et non au paresseux, opprimé ou oppresseur :

لَقَدْ كَانَ لِسَبَإٍ فِي مَسْكَنِهِمْ آيَةٌ جَنَّتَانِ عَنْ يَمِينٍ وَشِمَالٍ كُلُوا مِنْ رِزْقِ رَبِّكُمْ وَاشْكُرُوا لَهُ بَلْدَةٌ طَيِّبَةٌ وَرَبٌّ غَفُورٌ

{Les Saba’ avaient dans leur demeure une Merveille : deux jardins, à droite et à gauche (de leur vallée). Mangez de ce qu’Allah vous A Octroyé, et soyez reconnaissants envers Lui. Un bon pays et un Seigneur Pardonneur.} Saba 15

Allah rassemble notre dispersion,  facilite nos affaires et fais nous triompher de notre ego incitateur au trouble et au mal pour que nous puissions distinguer le vrai du faux, le licite de l’illicite, le juste de l’injuste, le bien du mal, l’ami de l’ennemi. Allah la sincérité est Ton épée qui finit de trancher mets-nous par Ta Miséricorde dans ce monde dans le camp des véridiques et fais-nous rejoindre dans l’autre monde les véridiques qui nous ont précédé. Amin