Eschatologie et Apocalypse : sauve-qui-peut ou quête de rétribution ?

J’ai livré ma première lecture sur l’eschatologie dans l’article suivant :

Analyse de l’explication eschatologique de l’histoire

Il  a montré comment Mohamed (saws) avait fait face à la réalité sociale, économique et militaire pour la transformer à l’avantage des musulmans de Médine. Il avait cassé le monopole des Juifs sur le marché, l’industrie et les finances tout en engageant de grands chantiers de modernisation de la ville accompagnant l’œuvre de foi et la reconstruction de la personnalité humaine. Avant de livrer ma lecture de la Sourate Al Kahf dans la réfutation de l’analyse eschatologique de l’histoire et montrer sa vocation principale dans le Tamkine (la territorialisation  globale) de l’Islam, je vous livre dans le présent article la signification et les dangers de la lecture eschatologique de l’histoire.

La dimension internationale et apocalyptique du conflit syrien touche presque à sa fin laissant derrière elle un champ de ruines en Syrie, un « printemps » arabe grisaillé et maussade et une recomposition régionale qui demande une lecture correcte si l’on veut mettre fin à l’effusion du sang et profiter du retrait de l’armada américaine pour réparer nos maux. Elle laisse beaucoup de questions sur le silence des uns et le sauve-qui-peut des autres. alors que l’effusion du sang exigeait des réponses appropriées pour tirer leçon de l’horreur des crimes,  de la violation du sacré et de l’arrogance de l’hyperpuissance en déclin.

Partout le règne du chaos, de la confusion et de la faillite dans le monde arabe. Tout le potentiel arabe est gaspillé par des gouvernants despotes, des opposants incultes et des gouvernés ramenés au niveau infantile. Dans ces faillites,  il y a celle du discours apocalyptique qui annonçait la venue du Messie et la fin du monde ainsi que celle du discours bigot infantile ou anarchiste qui annonçait le triomphe de l’Islam et l’extermination des mécréants.  La débâcle américaine sans livrer bataille laisse le Hezbollah et l’Iran en position renforcée dans la région n’en déplaise aux « sunnites » mauvais tacticiens incultes sur le plan géopolitique. La débâcle américaine rend improbable à moyen terme le scénario apocalyptique attendu par les Musulmans, les Juifs, les Chrétiens et les athées oisifs. Il serait temps de revenir sur ce scénario sous l’angle de la culture musulmane et en tirer quelques leçons.

Comme tous les peuples livrés au sauve-qui-peut social et idéologique lorsque les crises sociales et historiques les submergent et s’accumulent sans explication logique, les musulmans se sont inventé des ennemis et des mythes pour expliquer l’histoire qui semble « injustement » les accabler. Contre la raison et les lois de l’Histoire les peuples en fuite se réfugient dans le fatalisme et la superstition qui prennent apparence de religiosité pour mieux se vendre.

On invoque des Hadiths pour justifier l’irrationnel et le sensationnel comme si le Prophète (saws) n’avait pas mené des résistances héroïques défiant le rapport des forces en s’appuyant sur la détermination de la foi et l’organisation la plus judicieuse et la plus efficace.  La bataille de Badr avait annoncé la suprématie de la foi sur l’agression alors que celle d’Ohod avait annoncé la défaite de la des justes et des pieux au sommet de leur puissance lorsqu’ils se mettent à improviser, à se désorganiser et à mal gérer leur crise.

La bataille d’Ohod est immortalisée par le Coran comme une pédagogie de la victoire par le repositionnement  efficace des rangs, des esprits  et des cœurs lorsqu’il y a revirement du sort et défaite dans la bataille. Ohod nous apprend à chercher nos défaites et nos malheurs en nous-mêmes sans bouc émissaire, ni victimisation, ni mystification :

{Quand un malheur vous frappe, quoique vous ayez infligé le double aux ennemis, vous dites : « Comment cela ? » Dis : « Cela provient de vous-mêmes »}

L’être humain a tendance, par paresse intellectuelle et par débordement imaginatif, de préférer se raconter des histoires qui répondent aux « mystères » de son existence  que de chercher  à comprendre.  La  fabulation et la mythologie ont joué un grand rôle dans l’histoire humaine. Ce sont des systèmes de représentation erronée de la réalité et de l’histoire qui sont en général fondés sur des supposés imaginaires, des préjugés, des fausses connaissances et la crédulité des gens sans éducation et sans désir sur la connaissance de la genèse des phénomènes selon le principe de causalité.  La fabulation ou la superstition consiste à adopter un modèle imaginaire de représentation à la suite d’un phénomène difficile à comprendre puis à le reproduire dans la mentalité collective comme vrai. Les faux modèles de représentation de la réalité lorsqu’ils deviennent culture ou religion produisent l’adoption de syllogismes fallacieux non seulement pour expliquer le passé et l’avenir, mais  pour aussi et surtout manipuler la tendance humaine à recourir à la superstition et à la fiction et l’amener à se soumettre à l’idée aliénante et au pouvoir dominant.

Plus le système est décadent ou tyrannique plus il produit de la superstition et s’invente des fabulateurs, des marabouts et des légendes. Le système tyrannique a besoin des esprits féconds en fabulations et en superstitions pour maintenir sa domination politique, économique, militaire et mentale. Contre l’Islam et son pouvoir fédérateur et libérateur, les colons étrangers et les usurpateurs nationaux ont facilité l’émergence des mouvements fétichistes, totémistes, maraboutiques, infantiles parfois sous le couvert de l’Islam et de ses imposteurs. Dans les troubles sociaux et dans la longue nuit coloniale ou tyrannique apparaissent les fous qui incarnent la mentalité collective qui se retrouve souvent bien représentée par une  folie à la fois solitaire et sociable, sauvage et mondaine, marginale et conformiste.

Les fous de Shakespeare et de Mohamed Dib sont éloquents. Ces auteurs de génie montrent avec art et intelligence  comment une société et un pouvoir  cultivent la confusion, le désespoir, l’attente de fausses solutions avec des éclaircies de vérité, de prémonitions. Les personnages fantasmatiques de la Grèce antique n’ont pas empêché celle-ci de produire de la philosophie, des mathématiques et un sens raffiné de l’harmonie et du beau. Les fictions romaines n’ont pas interdit à Rome de mettre sur pied une administration et un droit dont l’efficacité a permis de coloniser et d’administrer une grande partie de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe.

Les mythes et les fictions faussent la réalité, mais ne s’opposent pas au développement d’une cité lorsque celle-ci n’a pas de crise d’identité ou de crise sur le  projet de son devenir qui l’empêchent de se fédérer, de s’orienter, d’agir efficacement.  Le monde musulman accumule les mythes, les fictions avec l’absence de projet et d’efficacité au point qu’il se permet d’introduire les fabulations arabes, perses, romaines et grecques non seulement dans sa culture populaire d’errant, mais dans sa culture savante, mais fossilisée sur l’Islam.

Dans les grandes crises des nations, des partis politiques, de l’histoire, il y a souvent confusion des rôles, dilution des responsabilités, absence de projet, et difficulté à identifier la hiérarchie et à utiliser les passerelles de communication entre le commandement et l’exécution. La crise mortelle est celle où la crise de légitimité et la crise d’efficacité se conjuguent et durent trop longtemps rendant impossible l’imagination d’une solution sauf par la voie du bouleversement qui détruit l’inertie et remet le mouvement même si cela se fait d’une manière violente et anarchique dans un premier temps à moins qu’il ne précipite l’achèvement du système qui a produit la crise.

Les peuples qui ne parviennent pas à prendre de la distance sur les phénomènes ni à voir leur part de responsabilité dans les malheurs et les calamités qui les frappent comme les guerres, les catastrophes et les crises s’inventent souvent des catharsis pour conjuguer le mauvais sort. L’effort cathartique ne résout pas les problèmes, mais il agit comme un anesthésiant social ou plus exactement comme un effet placebo en  déplaçant la réalité vers l’imaginaire. Ainsi on s’invente des étrangers oiseaux de mauvais augure à pourchasser, des rituels sacrificiels à pratiquer,  des ancêtres à adorer, des fétiches et de faux combats. Bien entendu, les pouvoirs et les magiciens entretiennent ces dérives sociales et culturelles pour assoir leur pouvoir et conserver leur rente.

Les peuples et les gouvernants qui surmontent les crises sont ceux qui procèdent à  l’inventaire de leurs forces et faiblesses, à l’analyse objective et minutieuse de leurs erreurs et de leurs défaillances, à la recherche  en eux-mêmes des causes  de leur échec et de leur retard en prospectant le Moi individuel et collectif sur le plan psychologique, mental, éthique, pragmatique et spirituel afin de mettre fin à l’inertie, à la paralysie, à l’égarement.  Ce sont les leçons de la bataille d’Ohod qui indiquent les causes de la victoire et de la défaite face à l’ennemi, de l’émergence d’une civilisation et de sa décadence face à une concurrente.

La cause et la gestion de la crise d’une société, d’un mouvement islamique ou d’une civilisation musulmane, de ses malheurs, de sa catastrophe, de sa défaite ou de sa décadence ne sont pas abordées fortuitement dans le Coran, mais sont posés comme loi à connaitre et à appliquer en tout lieu, tout moment et toute circonstance :

{Et ce qui vous a frappé de malheur, c’est en raison de ce que vos mains ont commis, mais Il pardonne beaucoup. Vous ne saurez L’entraver de par la terre et vous n’avez, à l’exclusion d’Allah, ni protecteur ni partisan.} As Choura 30

Ce sont donc les mêmes leçons d’Ohod qui indiquent comment se redresser après une défaite, une crise ou  une régression :

{O vous qui êtes devenus croyants, si vous obéissez à ceux qui sont devenus  mécréants, ils vous feront retourner sur vos pas, alors vous deviendrez des perdus. Sans aucun doute, Allah est votre Protecteur et Il est le meilleur des secoureurs.       Nous Jetterons l’épouvante dans les cœurs de ceux qui sont devenus  mécréants, en raison de ce qu’ils associèrent à Allah ce sur quoi Il n’a révélé aucune preuve. Leur refuge sera le Feu, piètre demeure des injustes !             Allah a effectivement accompli Sa promesse envers vous lorsque, par Son Vouloir, vous taillez votre ennemi en pièces, jusqu’au moment où vous avez fléchi et vous avez contesté les ordres. Vous vous êtes rebellés après qu’Il vous ait montré ce que vous souhaitiez. Il est parmi vous celui qui veut le monde, et il est parmi vous celui qui veut la vie future. Ensuite, Il vous a détourné d’eux pour vous éprouver. Et Il vous a sûrement Pardonné. Allah Est tout Munificence envers les croyants. Lorsque vous battiez en retraite sans vous soucier les uns des autres et tandis que le Messager vous rappelait sur vos arrières, Il vous infligea alors souci sur souci, afin que vous ne soyez point affligés par ce que vous avez raté, ni par ce que vous avez subi. Allah est bien informé de ce que vous faites. Ensuite, le souci surmonté, Il a fait descendre sur vous Sa sécurité. Un groupe d’entre vous a été enveloppé d’un sommeil tandis qu’un autre groupe ne se souciaient que d’eux-mêmes, et pensaient d’Allah autre que la vérité : des pensées préislamiques. Ils disaient : « Avons-nous une part de décision en cela ? » Dis : « Toute la décision appartient à Allah ». Ils cachent en eux-mêmes ce qu’ils ne te manifestent point. Ils disent : « Si nous avions une part dans la décision, nous ne serions pas tués ici même ». Dis : « Eussiez-vous été dans vos maisons, ceux pour qui il a été décrété d’être tués auraient surgi sur leur couche ». Et cela, afin qu’Allah Éprouve ce qui est dans vos poitrines, et Purifie ce qui est dans vos cœurs. Allah Est Tout-Scient de l’essence des pensées.   Certes, ceux d’entre vous qui fuirent le jour où les deux troupes s’affrontèrent, c’est Satan qui les fit chuter à cause de certains de leurs acquis. Mais Allah leur A Pardonné. Certes, Allah Est Absoluteur, Longanime.} Ali ‘Imrane  149 à 155

{Si Allah vous fait triompher, nul ne pourra vous vaincre. Et s’Il vous Abandonne, qui d’autre que Lui pourra vous faire triompher ? Que les croyants se fient à Allah.}  Ali ‘Imrane  160

{Allah A effectivement Gratifié les croyants, lorsqu’Il Envoya parmi eux un Messager d’eux-mêmes leur réciter Ses Versets, les épurer, leur apprendre le Livre et la Sagesse, bien qu’avant cela, ils étaient dans un fourvoiement évident.              Quand un malheur vous frappe, quoique vous ayez infligé le double aux ennemis, vous dites : « Comment cela ? » Dis : « Cela vient de vous-mêmes ». Certes, Allah Est Omnipotent sur toute chose. Et ce qui vous a atteint, le jour où les deux troupes s’affrontèrent, fut par le Vouloir d’Allah, afin qu’Il fasse voir les croyants, et afin qu’Il fasse voir ceux qui furent hypocrites, à qui il fut dit : « Venez combattre pour la cause d’Allah ou bien prenez la défense »*. Ils dirent : « Si nous savions combattre, nous vous aurions suivi ». Ils étaient, ce jour-là, plus proche de la mécréance que de la Foi : ils disent par leurs bouches ce qui n’est point dans leurs cœurs. Allah Est plus Scient de ce qu’ils taisent. Ceux qui dirent à leurs confrères, et s’abstinrent : « S’ils nous avaient écoutés, ils n’auraient pas été tués ». Dis : « Repoussez-donc la mort loin de vous-mêmes si vous êtes véridiques! »} Ali ‘Imrane 164 à 168

{Et certainement, Allah ne perd point la rémunération des croyants, ceux qui ont favorablement réagi à l’appel d’Allah et du Messager, bien que la blessure les ait touchés. A ceux d’entre eux, qui firent le meilleur et sont devenus  pieux, une immense rémunération. Ceux à qui les hommes dirent : « Les hommes se coalisèrent contre vous, prenez donc garde ». Mais cela augmenta leur foi et dirent : « Allah nous suffit, c’est le meilleur Procurateur ». Alors ils revinrent avec une grâce d’Allah et une munificence. Aucun mal ne les effleura, et ils suivirent l’agrément d’Allah. Allah Possède une Munificence immense.        Seulement, tel est Satan : il fait peur à ses liges. Ne les redoutez point, et redoutez-Moi, si vous êtes croyants. Et ne t’afflige point de ceux qui s’empressent vers la mécréance. Ils ne nuiront en rien à Allah. Allah Veut ne leur Assigner aucune part dans la vie Future. Et ils auront un immense châtiment.} Ali ‘Imrane  171 à 175

Cet énoncé est suffisamment explicite et détaillé pour ne pas avoir à le commenter. Il faut par contre éviter de prendre des morceaux de phrases et en faire une conclusion générale pour la soumettre à notre opinion. Cet énoncé est confirmé par d’autres énoncés pour s’affirmer comme une loi générale historique qui supervise les défaites et les victoires, les décadences et les émergences, les avancées et les retards qui naissent de la loi universelle de l’attraction répulsion dans tous les phénomènes :

{Et ces jours, Nous les alternons parmi les hommes.} Ali ‘Imrane 140

Il ne s’agit pas de remettre en cause l’authenticité technique ou la sémantique des Hadiths qui sont invoqués pour l’explication eschatologique de l’histoire, mais de montrer que le Coran, Parole d’Allah est la configuration de la parole, du comportement et de l’action de Mohamed (saws). À ce titre il ne peut ni annuler, ni contredire le Coran et il ne peut annoncer des événements faisant loi historique alors que le Coran ne les a ni expressément cités ni implicitement  évoqués.  Je n’ai pas compétence à me prononcer sur le Hadith, mais le Coran énonce une éthique et une pragmatique  dans la bataille d’Ohod pour qu’elle devienne une praxis pour une communauté appelée à recourir et à défendre l’ultime prophète et l’ultime religion pour les univers. Nous croyons avec certitude qu’Allah intervient dans l’histoire humaine pour la modifier selon son Dessein qui transcende celui des hommes. Il donne à ses Waliys vertueux des prodiges, des Signes, des intuitions, des visions et des comportements qui transforment radicalement les rapports de forces :

{Et Allah repoussa ceux qui sont devenus  mécréants, avec leur rage, ils n’obtinrent aucun bien. Allah a épargné le combat aux croyants. Allah a toujours Été Tout-Fort, Invincible. Et Il fit sortir ceux qui les soutiennent, des gens du Livre, de leurs fortifications et il a jeté l’effroi dans leurs cœurs : un groupe vous tuez, et vous captivez un groupe ! Et Il vous a fait hériter leur terre, et leurs demeures, et leurs biens, et une terre que vous n’aviez jamais foulée. Allah a toujours été Omnipuissant sur toute chose.} Al Ahzab 25

{C’est Lui qui a fait sortir ceux qui sont devenus  mécréants des gens du Livre, de leurs demeures, pour le début du rassemblement. Vous ne pensiez pas qu’ils sortiraient et eux pensèrent que leurs forteresses les préserveraient d’Allah, alors Allah les surprit par où ils ne s’attendaient pas, et Il jeta l’effroi dans leurs cœurs. Ils détruisent leurs maisons par leurs propres mains et par les mains des croyants. Tirez-en un exemple, ô doués de clairvoyance.} Al Hashr 2

{Et lorsque ton Dieu  a inspiré aux Anges : « Je suis avec vous, affermissez donc ceux qui sont devenus  croyants, Je déposerais  l’épouvante dans les cœurs de ceux qui sont devenus  mécréants. Frappez donc sur les cous, frappez-en chaque bout de doigt ».} Al Anfal 12

Toutes ces manifestations divines sont l’expression de la même loi « Kun fa Yakoun – ainsi soit-il » qui s’expriment dans les lois immuables de l’alternance et de l’épreuve qui font du croyant et de la communauté de foi les  premiers concernés et les premiers impliqués par et dans  le changement de leur  situation. Confier son destin au Messie (saws), aux Russes ou aux Américains non seulement n’est pas très sérieux comme comportement, mais va à l’encontre des lois coraniques :

{Ceci est un Manifeste pour les hommes, une Direction infaillible et une exhortation pour les pieux. Ne perdez donc pas courage, ne vous affligez point alors que vous êtes les supérieurs, si vous êtes croyants. Si une blessure vous atteint, les autres furent aussi atteints d’une blessure pareille. Et ces jours, Nous les alternons parmi les hommes. Allah connait certainement  ceux qui sont devenus croyants, et Il élit des Martyrs d’entre vous _ Allah n’aime point les injustes – afin qu’Il purifie ceux qui sont devenus croyants, et qu’Il anéantisse les mécréants. Ou bien pensiez-vous entrer au Paradis sans qu’Allah ne confirme  ceux qui ont lutté d’entre vous et ne confirme  les persévérants ?} Ali ‘Imrane 139

Si les musulmans se trompent d’ennemis, d’analyse, de situation géopolitique, de logistique, de forme de lutte, cela relève de leur insenséisme, de leur fatalisme ou de leur inculture, mais non du Coran ou du Hadith. Nous sommes, comme les autres, anciens, présents et à venir, condamnés à vivre comme épreuve des autres et à être éprouvés par les autres. Personne ne peut vivre ce destin à notre place. Se tromper de lecture du destin ou de notre rôle dans ce destin ne change pas à la nature de l’existence humaine ni à la pérennité du conflit où nos responsabilités sont engagées entièrement :

{Si Allah ne Faisait pas réagir les hommes les uns par les autres, que de cloîtres, d’églises, de synagogues et de mosquées, dans lesquels le nom d’Allah est beaucoup Invoqué, seraient démolis ! Certes, Allah donnera sûrement victoire à celui qui fait triompher Sa Cause, en effet  Allah est véritablement Fort, Invincible. Ceux qui, lorsque Nous leur accordons autorité sur un territoire, accomplissent la Salât, s’acquittent de la Zakat, commandent le bon usage et interdisent le répréhensible. Et c’est à Allah qu’appartient l’ultime décision.} Al Hajj 40

Lorsque l’épreuve nous fait perdre le cap au point de demander aux musulmans friands de sensationnels et en panne d’imagination de se réfugier avec leur fortune transformée en or ou en argent, loin de la civilisation, dans un village, loin des côtes, sans moyens de communication modernes, il y a un problème. Quelle est la source coranique ou prophétique et quelle est la logique de ce comportement qui ressemble étrangement à celui de Robinson Crusoé. Daniel Defoe en imaginant le naufrage et le salut de Robinson Crusoé décrit la société occidentale comme le mythe de l’éternel retour dans une vision matérialiste et efficace où la Bible devient un carnet comptable pour la mémoire et la planification de l’homme en quête de survie dans un monde sans Dieu ni perspective autre que l’imagination ingénieuse, l’exploration du monde, le travail efficace et la mise au service de vendredi le noir faisant office d’auxiliaire domestique.

Quelle est la signification spirituelle, morale, psychologique et idéologique de l’état d’esprit de l’errance et de la solitude qui pousse les musulmans à chercher le repli autarcique et la posture communautariste de ghetto socioreligieux dans un monde qui est devenu un méga village où tout s’échange et se communique à la vitesse de la lumière ? Pourquoi aller contre l’esprit qui a fait la gloire de l’Islam et l’essor de la civilisation musulmane : l’ouverture aux autres. Les Musulmans du temps du Prophète, d’Abou Bakr et d’ Omar sont allés vers les autres pour marquer l’empreinte de l’Islam sur le monde et ne pas subir l’enfermement mortel. Parfois ils  sont allés l’épée à la main, mais souvent ils sont allés comme commerçants et savants apportant la vérité, la justice, la fraternité humaine et l’ouverture d’esprit.

Ce discours « sauve-qui-peut trouve » naturellement écho auprès de la jeunesse stigmatisée par les systèmes dominants, sans projet de vie, et sans connaissance de la philosophie islamique. C’est justement sa facilité à se propager dans les médias et dans les esprits qui le rend dangereux. Heureusement, comme tous les projets farfelus des musulmans, il a manqué d’ingénierie pour ne pas donner des perspectives réelles de fuite vers l’inconnu dans un monde où tout est balisé ne laissant place qu’à très peu d’espace libre.

Nous avons beaucoup de responsabilités à accomplir et beaucoup d’épreuves à affronter y compris au sein des nôtres :

{Nous avons fait ce qu’il y a sur la terre pour l’embellir afin de les éprouver : lequel d’entre eux agit au mieux.} Al Kahf  6

{Les hommes pensent-ils qu’ils seraient épargnés juste pour avoir dit : « Nous devînmes croyants » et qu’ils ne seraient pas mis à l’épreuve ? Nous avons éprouvé, en fait, ceux qui étaient avant eux. Allah sait sûrement ceux qui furent véridiques et Sait sûrement les menteurs.} Al Ankabout 2

Le dessein d’Allah est exprimé en début de ses Sourates : la mise à l’épreuve des hommes et tout particulièrement des croyants pour que la foi et l’acte humain soient soumis à la vérité, à la justice et à la sanction, car Allah est Vérité,  Justice et Miséricorde  par  lesquelles nous pouvons voir Sa Parole et Son Acte de manifester en nous donnant vie, existence et possibilités de déploiement dans Son Royaume. Nous ne pouvons ignorer l’ouverture et la clôture d’une Sourate puis aller chercher à l’intérieur un sens ésotérique ou une influence judéo-chrétienne justifiant nos élucubrations apocalyptiques et eschatologiques sur lesquels ces Sourates ne disent absolument rien qui puissent nous donner matière pour raisonner et agir en conformité avec la lettre et l’esprit coranique.

Nous ne pouvons ignorer les épreuves qui nous frappent et que ne parvenons pas à surmonter sans revenir aux versets qui citent les épreuves et tout particulièrement à la grande épreuve d’Ohod. L’énoncé d’Ohod a donné la réponse aux Compagnons du Prophète et il continue de nous la donner et de la donner aux communautés de croyants après nous jusqu’à la fin de l’épreuve ultime :

{Il n’est pas de mise qu’Allah laisse les croyants dans l’état où vous êtes, jusqu’à ce qu’Il discerne le méchant du bon. Et il n’est pas de mise qu’Il vous informe sur l’Occulte, mais Allah élit, parmi Ses Messagers, qui Il veut. Croyez donc en Allah et en ses Messagers. Et si vous êtes croyants et êtes pieux, vous aurez sûrement une immense rémunération.}  Ali ‘Imrane  179

Il n’est pas de mise qu’Allah nous informe sur le Ghayb, l’Occulte, l’inconnaissable, le non manifesté, le destin, le futur existentialisé ou non existentialisé, les possibles non d’actualité, l’inintelligible, la métaphysique. Allah a suffisamment doté l’humain de facultés cognitives, psycho affectives, intuitives, actancielles et spirituelles   pour qu’il puisse raisonner et agir en être connaissant et responsable. Le musulman est un humain qui dispose des mêmes facultés que les autres hommes avec l’avantage du soutien d’Allah s’il agit pour la cause d’Allah et s’il réfléchit et agit en conformité avec la méthodologie et les enseignements coraniques et prophétiques.

Malheureusement dans les crises nous perdons la compétence de raisonner et d’agir rationnellement et efficacement faisant perdurer la crise jusqu’à oublier ses origines, ses causes, ses actants pour finir par  controverser sur la nature de la crise, sa fatalité et les personnalités qui ont réfléchi sur la crise d’une manière superficielle ou   sérieuse sans avoir pour but la quête de solutions. Comme les peuples primitifs et les sociétés médiévales, nous cherchons les explications dans le surnaturel, dans le sensationnel, dans le fascinant car notre esprit ayant perdu tout contact avec la rationalité et la réalité ne recherche plus l’efficacité et la vérité. Il cherche à se rassurer et à communiquer pour se prouver qu’il existe et qu’il a une position dominante dans un monde où l’intuition lui dit pourtant qu’il n’est plus représentatif de la vérité, qu’il n’a plus compétence à trouver des solutions ou à gouverner au sens politique, idéologique et religieux.

La société malade et infantilisée par la crise va produire des élites moribondes et paternalistes qui vont entretenir la maladie puis l’aggraver. Entre les élites et le peuple va se tisser une relation de Pygmalion où chacun sera fasciné par le regard que l’autre lui porte ainsi que par le regard qu’il porte sur l’autre. La raison et la réalité sont remplacés par l’admiration mutuelle, la démagogie, le sensationnel. Poussés par le même désir du sensationnel et de la mythologie, les peuples et les élites vont entrer en compétition délirante sur le même désir en faisant de la surenchère : qui produit le plus de fascination, le plus d’invraisemblables et le plus de « fuites en avant » pour ne pas avoir à assumer ses responsabilités, à ne pas surmonter la crise, mais au contraire à en faire un fonds de commerce, une rente, une fausse monnaie intellectuelle et religieuse.

C’est pour éviter ces dérives et ces déviations que la victoire d’Ohad s’est transformée en défaite pour imprimer la conscience historique  et puis cette défaite s’est transformée en une victoire stratégique pour imprimer le devenir de cette communauté qui a la mission de porter l’étendard de l’Islam.  L’esprit de synthèse ou l’esprit d’analyse que nous commande le Coran par Ohod est dans ce verset :

{Il n’est pas de mise qu’Allah laisse les croyants dans l’état où vous êtes, jusqu’à ce qu’Il discerne le méchant du bon. Et il n’est pas de mise qu’Il vous informe sur l’Occulte, mais Allah élit, parmi Ses Messagers, qui Il veut. Croyez donc en Allah et en ses Messagers. Et si vous êtes croyants et êtes pieux, vous aurez sûrement une immense rémunération.}  Ali ‘Imrane  179

Il ne suffit pas de se déclarer musulman ou partisan du Prophète pour vivre heureux et triomphant, il faut vivre avec discernement sa foi et la réalité du monde, car l’existence est une épreuve. L’épreuve est une purification et une pédagogie pour aller de l’avant. Celui qui néglige l’épreuve ou y succombe n’a pas de devenir sur le plan du rapport des intelligences, des volontés et des forces face à son ennemi de l’extérieur, le mécréant transgresseur et agresseur, et face à son ennemi de l’intérieur, l’hypocrite comploteur. Il n’y a pas de place à l’anarchie et à l’improvisation, car ces deux tares entretiennent la désunion et facilitent le travail de sape de l’ennemi de l’intérieur et de l’extérieur en quête de toute faute, de toute défaillance. Il n’y a pas de place à la coexistence de deux systèmes divergents dans leur projet et dans leur valeur. La crise nait souvent de la coexistence de deux oppositions à force égale. La crise n’est surmontée que par l’épreuve qui permet à une force de se démarquer de l’autre et d’imposer sa vérité et sa logique par sa détermination, sa vertu et son efficacité.

Dans l’épreuve et dans l’adversité, il est attendu des musulmans la constance et l’endurance, mais aussi le réalisme et l’efficacité. Ce qui sape l’effort social est le fatalisme, la spéculation sur le destin et la controverse sur le Ghayb pour expliquer ce que la raison ne veut pas voir et justifier ce que l’ingénierie ne peut pas imaginer comme réponse efficace. En discourant sur l’eschatologie alors que le Coran n’en fait pas un sujet de connaissance conceptuelle et praticien dans l’exercice des responsabilités du musulman ne prend-on pas le risque de faire dire à Allah ce qu’Il n’a pas dit : « Et il n’est pas de mise qu’Il vous informe sur l’Occulte ».

Allah a promis la victoire aux musulmans s’ils agissent en conformité avec les lois spirituelles, psychologiques, sociales et techniques de la victoire et de la gloire. Allah a promis de distinguer par l’épreuve les croyants des hypocrites, mais Il n’a pas permis d’informer le croyant sur le nom, la liste et les intentions du cœur des hypocrites.

Spéculer sur les hypocrites et les mécréants pour les pourchasser comme le faisaient les tribunaux de l’Inquisition médiévale n’est pas de la culture musulmane. Le faire c’est accentuer la crise et se détourner des solutions réelles. Encore une fois attendre des solutions miraculeuses, faire des spéculations métaphysiques, porter des jugements de valeur sur les intentions des gens  ou leur jeter l’anathème font partie de la leçon d’Ohod comme étant des pratiques à bannir, car elles ne font que déplacer la bataille sur des considérations secondaires et sur des opinions qui ne changent rien à la réalité sociale, spirituelle, militaire ou géopolitique de la communauté de foi face à son adversaire qui l’agresse ou face à une décadence qui la disperse et la menace de disparition.

Il n’est donc pas de mise que le musulman fuit la réalité sur laquelle il a prise vers  l’inconnu de l’eschatologie, du sectarisme  et de la bigoterie qui ne modifient en rien la situation ontologique et sociale du musulman et qui ne permettent  en rien d’agir sur l’environnement du musulman et de son adversaire.

L’environnement n’est pas un vague sentiment, une opinion, une idée farfelue, une connaissance superficielle ou une préoccupation secondaire. L’environnement est l’ensemble des facteurs géographiques, économiques, politiques, militaires, juridiques et techniques qui ont influence sur nous ou qui nous permettent d’exercer une influence sur les autres. Que l’influence soit positive ou négative, ponctuelle ou permanente, étendue ou limitée dans le temps, l’espace et l’intensité, elle ne configure un environnement que si elle agit sur nous ou sur notre adversaire ou concurrent. L’intelligence est d’analyser ses influences, de les mesurer, de les hiérarchiser et de trouver leurs leviers d’action ou de freinage pour en faire des facteurs de développement, de paix ou de victoire. La connaissance et l’action sur l’environnement ne sont pas un exercice de style, mais la pratique de la loi de l’adaptation et de la loi du changement.

Les psychiatres et les pédagogues connaissent les problèmes psychologiques et sociaux de l’adaptation  et leur corrélation avec  le  stress, l’angoisse traumatisante et la culture de l’échec pouvant aller jusqu’au comportement auto destructif.  Le déni de réalité pousse les victimes de leur propre décadence et de leur inertie au repli identitaire et au comportement victimaire. La culture de la souffrance devient fatalité, la fuite ou  la polémique devient méthode d’argumentation,  les futilités ou l’anathème deviennent le comportement qui évite la responsabilité du changement. L’adaptation est difficile, voire impossible, lorsque l’individu ne parvient pas à se focaliser sur des phénomènes observables et mesurables leur préférant les jugements de valeur et la morale ou les références passéistes. La loi universelle du changement  exige l’adaptation raisonnée et librement choisie par chacun comme étant de son devoir et de sa responsabilité :

{Allah ne change point en un peuple tant que ses membres ne changement pas ce qui est en lui » Ar Raâd 11

Le Prophète (saws) façonneur du changement et des hommes qui conduisent le changement a montré les lacunes qui interdisent le changement : la recherche des justifications et le mimétisme social :

« Allah mon Dieu ! Je me réfugie auprès de Toi contre toute justification invoquée »

« Le Croyant ne pratique pas la mai’a ! c’est quoi la mai’a ? La mai’a c’est que tu fasse le bien lorsque les gens font le bien et que tu fasse le mal lorsque les gens font le mal. Le Croyant fait le bien même lorsque les gens font le mal ».

Être libre et responsable, mais pour cela il faut être lucide, vigilant et extrêmement critique au point de ne rien accepter sans évaluation préalable des conséquences, sans vérification des sources, sans quête de l’efficacité, sans regard relatif et évolutif sur la genèse des phénomènes, car le monde n’est pas donné achevé une fois pour toutes, mais il est en devenir incessant. La responsabilité est sans doute après la foi ce qui caractérise le plus et le mieux le croyant. Nous entendons des musulmans justifier leur crime au nom d’Allah et du destin, nous voyons des musulmans spéculer sur la validité de la foi et des intentions intimes des gens, nous lisons des livres et des articles décrire le destin comme s’ils étaient informés du contenu du Livre du destin. Et pourtant le Coran nous ordonne dans le cas le plus extrême, en l’occurrence le combat, de garder le sens des responsabilités et le scrupule  qui rendent le croyant consciencieux, prenant garde à Allah dans ses dires et ses actes :

{O vous qui êtes devenus croyants, si vous vous lancez pour la cause d’Allah, discernez bien et ne dites pas à qui vous offre la paix : « Tu n’es pas croyant », aspirant aux vanités de la vie terrestre, alors qu’Allah Possède d’innombrables biens. Ainsi étiez-vous auparavant, mais Allah vous A Gratifiés. Discernez bien.} An Nissa 94

Nous sommes tenus au respect de la vérité stricte,  de la vie d’autrui et de sa sécurité autant sinon plus qu’à notre propre vie. Pourquoi alors inventez des mensonges et fuir les responsabilités qui s’imposent ? La quête du prestige, l’ignorance, l’irresponsabilité ?

Pourquoi s’attacher à des explications historiques et à des solutions qui ont fait faillite depuis plus de cinq siècles. Ne voyons-nous pas que le corpus théologique et juridique que nous sanctifions n’est pas la Parole d’Allah, mais opinions personnelles ? Seul Allah est immuable et Absolu, le reste est relatif, faillible.

Lorsque Allah nous livre l’essence de la pédagogie d’Ohod « Et il n’est pas de mise qu’Il vous informe sur l’Occulte, mais Allah élit, parmi Ses Messagers, qui Il veut. Croyez donc en Allah et en ses Messagers. » Il nous dit qu’il est de l’ordre des choses de subir les épreuves et que le changement, qui transforme l’épreuve de la défaite en victoire et celle de la décadence en émergence de civilisation, passe par la foi authentique ». Il n’y a pas de place aux mythes,  ni aux fabulations, ni aux innovations, ni aux solutions partielles et ponctuelles. La voie du salut comme celle de la victoire ou de la civilisation est dans la méthodologie du Coran et la pratique du Prophète (saws).

Tant que les Musulmans se sont attachés au Coran et au Prophète, malgré la culture d’empire et les divergences doctrinales apportées par les dynasties omeyyades et abbassides, la civilisation musulmane a rayonné sur le monde. Son rayonnement était spirituel, politique, culturel, philosophique, scientifique, technique et artistique. Lorsqu’elle avait perdu les attributs de ce rayonnement et les moyens de sa défense et de son expansion, elle a connu la déferlante des barbares qui sont tombés sur elle comme une épreuve terrible lui faisant perdre ses derniers attributs de résistance militaire et idéologique.

Les crises qui ont précédé puis  suivi la destruction de Bagdad puis la perte de Cordoue et ensuite la colonisation du monde musulman n’ont pas donné écho aux analyses des savants musulmans qui avaient annoncé ou analysé sociologiquement, politiquement et spirituellement la décadence du monde musulman. La paresse intellectuelle et les germes persistants de la même crise  ont favorisé trois tendances de pensées.

La première tendance est celle du sectarisme doctrinal et politique où les uns attendent le Mahdi et les autres le Calife bien guidé. La seconde tendance ne se préoccupe pas de faire une analyse sociologique, géopolitique, idéologique et intellectuelle des causes de la décadence ou de la civilisation, elle se contente du discours moralisateur paternaliste et de l’érudition juridique.  La troisième tendance vise à expliquer l’histoire par l’eschatologie.

Dès qu’un évènement tragique survient dans le monde musulman, les Mongols, les blancs colonisateurs, Tsunami, la guerre en Syrie, la Bible de Daniel est invoquée sous habillage musulman pour embrouiller les cartes ou tout simplement  pour trouver une niche médiatique.  Ce qui est risible, s’il y a matière à rire, c’est que les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans sont tous d’accord sur la venue du Messie et l’affrontement mondial avec chacun une issue qui est favorable pour sa seule religion. Les plus politisés sont les sionistes qui sont parvenus à faire de l’eschatologie messianique, alors qu’ils ne croient pas au Messie, une préoccupation idéologique, politique et médiatique aux États-Unis au service d’Israël.

Quelle est la clé qui permet de trouver le lien entre les théories américaines de la fin de l’histoire comme celle de Francis Fukuyama et le discours musulman sur la fin du monde et la venue du Messie qui met fin à l’histoire humaine ?

Les Américains ont un dispositif de conquête du monde d’ailleurs en faillite où il n’y a plus de place aux autres cultures et aux autres idéologies. La fin de l’histoire c’est le triomphe du monothéisme du marché et du rêve américain c’est-à-dire la ressuscitation de tous les diables et de tous les démons que permet l’hyperpuissance.

Qu’apporte la fin de l’histoire aux musulmans et à l’humanité lorsqu’elle est une narrative d’un Cheikh ou d’un docteur musulman parlant au nom de l’Islam ? Qu’apporte-t-elle sur le plan spirituel, social, économique, militaire, politique ? Rien ! Elle ne fait qu’inscrire le musulman dans l’attente messianique qui est finie puisque le Prophète Mohamed annoncé par Jésus est venu et que ce Prophète a annoncé qu’il est la réinitialisation du temps et qu’il est l’annonce de la fin du monde. Les compteurs de l’humanité ont été remis à zéro pour un nouveau départ et une nouvelle mission. Quelle est cette mission à expliquer à l’humanité,  quel est le nouveau départ, vers quelle destination, pour quelle finalité et avec quels moyens ? L’Islam a répondu. Pourquoi lui imputer d’autres réponses ?

Au lieu d’analyser la carte géopolitique du monde arabe, l’histoire et les perspectives des mouvements islamiques, les conditions d’oppression et de libération, il est plus simple, plus rassurant et plus convaincant pour une population en quête de sensationnel de jouer à l’occultiste qui déchiffre les mystères. Hollywood incarné dans un personnage avec barbe et qamis pour raconter aux crédules   la venue du Messie, l’apparition de l’antéchrist,  la sortie de Gog et Magog puis la fin du monde.

La pédagogie, l’ingénierie, la psychologie se rejoignent sur le questionnement comme démarche saine pour comprendre et trouver les solutions qui aident à s’adapter ou à innover sur le plan du comportement, des savoirs  et des pratiques. Lorsque le culte des anciens devient la règle, le questionnement devient banni y compris sur la réalité du monde et sur la signification du Coran. Sans questionnement, nous devenons des fossiles, des mémoires figées sans attention sur le présent et sans attente sur le futur sauf à s’émerveiller de ce qui cultive l’apologie du passé et les certitudes répétées depuis des siècles sans pour autant voir qu’elles ne peuvent plus expliquer ni résoudre nos problèmes récurrents.

Je ne veux pas dire que la fin ultime du monde ne va pas avoir lieu ni que les fins partielles des mondes ne se produisent pas. La fin d’une civilisation, l’anéantissement d’un peuple, la disparition d’une contrée sont des phénomènes qui se sont produits et qui vont se produire de nouveau. L’histoire et l’archéologie parfois elles sont des témoins crédibles, mais parfois il y a un mystère total qui ne reste vivace que dans la mémoire des collectivités humaines ou dans quelques traces portées par les vestiges des villes disparues ou englouties. Allah réalise  la fin d’un monde, d’une civilisation ou d’un peuple par un  châtiment effroyable qui peut s’exécuter par le vent, la pluie, la mer, le feu, les pierres, les séismes, les guerres ou les Anges. À titre d’exemple :

{Mentionne le frère de `Âd lorsqu’il vint avertir son peuple dans le pays d’al-Ahqâf , bien que des avertisseurs étaient déjà venus avant et autour de  lui.  «N’adorez, dit-il, qu’Allah! Je crains pour vous le châtiment d’un Jour effroyable !» Ils dirent : « Es-tu venu à nous  pour nous détourner de nos divinités? Alors, apporte-nous donc ce dont tu nous menace, si tu es du nombre des véridiques ». Il leur dit : « Allah Seul en a connaissance, Je ne fais que vous transmettre ce pour quoi j’ai été envoyé, mais je vois bien que j’ai affaire à un peuple d’ignorants ». Quand ils le virent tel un phénomène à l’horizon, faisant face à leurs vallées, ils dirent : « Ce n’est qu’un phénomène qui nous apporte la pluie ! » Bien au contraire, ce n’est que ce que vous étiez impatients de voir venir : un vent porteur d’un douloureux châtiment, qui détruit tout, par la volonté de son Dieu. Le lendemain matin alors on ne voyait plus que les traces de leurs demeures : C’est ainsi que Nous punissons les peuples malfaiteurs.} } Al Ahqaf 21

Lorsqu’on étudie attentivement la fin des civilisations dans le Coran ou la fin de l’histoire d’une nation et sa disparition totale nous voyons un certain nombre de lois se manifester. C’est  un Prophète qui menace ses détracteurs, il est appuyé par des Signes qui ne trompent pas sur la suite des événements comme les Signes de Moise ou de Noé. Ces Signes ne sont pas discours de désespoir ou fuite de la réalité, mais aboutissement historique de la confrontation entre d’une part une foi porteuse de vérité et d’esprit de sens en minorité et d’autre part une arrogance belliqueuse porteuse de corruption et de mécréance agressive et criminelle en position de force.

La vérité portée et défendue par les Prophètes et leurs disciples ne s’inscrit dans aucun calcul mondain et politicien, autrement dit il n’y a ni revendication de pouvoir ni promesse électorale, mais agissement sincère et résolu pour Allah par amour d’Allah : le Tamkine comme pouvoir politique et position territoriale vient comme récompense à l’effort du Tamkine Dine Allah ( la promotion de la parole d’Allah) et non comme préalable.  Les Prophètes ne spéculent pas, ils annoncent une vérité qui va s’accomplir même si le terme de son accomplissement leur échappe. Enfin nous constatons que cette confrontation ultime annoncée en faveur de la vérité prophétique porte en elle les ferments de l’alternative pour que le châtiment qui frappe les iniques devienne salut pour les disciples des Prophètes. Le salut est à la fois spirituel et civilisationnel comme l’énonce la Sourate Al Ahqaf :

{Nous les avions pourvus  de ce  dont vous n’avez pas été pourvus : Nous leur avions certes donné l’ouïe, la vue et l’intelligence, mais ni leur ouïe, ni leur vue, ni leur intelligence ne leur servirent à rien comme ils reniaient les Signes d’Allah, Et il s’avéra contre eux ce dont ils se moquaient. Nous avons fait périr nombre de cités qui vous entouraient, après avoir multiplié les signes à leur intention, afin qu’ils reviennent [au droit chemin].} Al Ahqaf 26

L’annonce par les Prophètes de la fin du monde ou de la fin de l’histoire de leurs ennemis n’est pas une plaisanterie, mais processus historique logique dans le long et pénible processus du salut qui implique des générations. Est-ce que nous sommes suffisamment impliqués ontologiquement et socialement à l’image des Prophètes et de leurs disciples pour espérer voir la fin de l’Amérique et de ses vassaux despotes. Sommes-nous l’alternative ?

Lorsque les Russes et les Chinois rivalisent diplomatiquement, militairement, économiquement et technologiquement pour s’imposer comme alternative au monopole américain est-ce que nous sommes partie prenante dans le changement du monde ? Est-ce que nous avons les facultés de perception et d’entendement que cite la Sourate Al Ahqaf dans la perspective du changement annoncé aux Arabes du temps de Mohamed (saws) ?  Quelle est notre priorité ? A qui destiner le discours sur la fin du monde : à nos ennemis qui nous menacent d’extermination ainsi que les autres humains de la planète et avec quels moyens ou à nos populations en mal de vivre et en panne de projet. Je ne pense pas que l’Islam, les musulmans et l’humanité a besoin d’un cirque médiatique d’autant plus que ce cirque et les autres qui l’accompagnent depuis la chute de Bagdad et de Cordoue ne font qu’amuser sans instruire réellement les musulmans sur leur situation de Wahn.

Comment apprendre de notre situation afin qu’elle ne se reproduise plus si nous refusons de nous poser des questions sur la genèse de nos problèmes et sur nos rapports ontologiques et sociaux à ces problèmes ? C’est la grande leçon d’Ohod à laquelle nous invite le Coran que nous esquivons.

Lorsque nous la lisons en cohérence avec les énoncés d’Ohod sans tronquer le contextuel alors nous comprenons que le changement attendu et que nous ne parvenons pas à réaliser est global, complexe, réaliste et dynamique :

Un changement spirituel : la foi et la spiritualité sont l’essence du changement, car elles déterminent sa finalité en l’occurrence le salut collectif dans ce monde et le salut individuel dans l’autre.

Un changement ontologique et social en changeant les attributs actanciels de l’être individuel et social : vouloir, pouvoir, savoir, devoir, croire et agir.

Un changement dans le système de représentation de l’environnement en devenant acteur dans cet environnement par la prise en charge de ses facteurs et de ses influences. Le musulman n’est pas un être errant et solitaire qui vit en autarcie sur une planète perdue dans l’univers. Il vit sur terre avec d’autres communautés avec la mission de faire le bien et de témoigner de la foi. C’est une épreuve qu’il faut vivre et non subir.

Un changement dans la conscience qui donne la mesure de la crise, de ses causes et du refus de s’y soumettre.

Un changement dans la lecture de notre réalité et de notre environnement. Il ne peut y avoir changement de lecture si nous restons focalisés sur les vieilles lectures. La lecture de Flen ou Felten peut apporter des informations intéressantes, par exemple sur la situation médiévale du monde musulman alors que l’Europe prépare sa Renaissance en prenant tous ses matériaux au monde musulman alors que celui-ci entre en paralysie intellectuelle, scientifique et technique. Si notre lecture ne voit pas l’alternance des civilisations et la confrontation entre des efficacités et des projets alors elle peut continuer à faire de son passé un mouroir.

Ces registres de changements ne sont pas isolés les uns des autres, car l’être humain n’est pas un composé de parties distinctes, mais un tout complexe et dynamique. Le registre le plus important est la foi monothéisme saine et authentique, celle qui fait vibrer l’âme et imposer ses marques spirituelles, éthiques et esthétiques aux idées et aux territoires.

Le changement, l’adaptation et le réalisme ne signifient pas la soumission à l’ordre injuste dominant ni à l’acceptation de la mécréance comme vérité respectable ou admissible, mais l’effort assidu de trouver ce qui est le plus opportun sur le plan temporel, le plus pertinent sur le plan spatial, le plus cohérent sur le plan de la globalité, le plus urgent sur le plan des priorités et le plus efficace sur le plan des moyens pour transformer notre défaite et notre Wahn en victoire et en rayonnement civilisationnel le plus intense, le plus durable et le plus étendu.

Je crois à la fin « apocalyptique » du monde comme il est dit dans le Coran. La fin du monde fait partie intégrale de la foi :

{Ce Livre-là, sans aucun doute, est une Direction infaillible pour les pieux, ceux qui croient au Ghayb, accomplissent la prière et dépensent de ce que Nous leur avons octroyé, et ceux qui croient en ce qui t’as été révélé, en ce qui a été révélé avant toi, et qui croient foncièrement en la vie future. Ceux-là sont sous une Direction infaillible de leur Dieu, et ceux-là sont ceux qui cultivent. } Al Baqarah 2

La fin du monde est le préalable au Jugement dernier et au Paradis et à l’Enfer :

{Et Nous Donnâmes, en fait, à Moïse et à Aaron le Critère comme Lumière et Rappel pour les pieux : ceux qui prennent garde à leur Dieu en conscience et prennent garde de l’Heure.} Al Anbiya 40

L’annonce de la fin du monde est rationnellement le chemin de la foi, car l’éphémère et la mortalité sont évidents et ont un dessein : réfuter l’absurdité d’une existence sans raison, sans finalité, sans responsabilités. C’est aussi la motivation et l’effort spirituel, moral et actanciel pour le salut ontologique et social. La description coranique, prophétique  et scientifique de la fin du monde est suffisamment éloquente pour ne pas en rajouter en en faisant du sensationnel pour captiver un public friand de sensations, mais très peu intéressé par la vérité et le devoir.

Les mécréants ont refusé d’y  croire alors que les Juifs et les Chrétiens, se croyant les bien-aimés d’Allah, ont refusé de croire à leur fin en Enfer. La Sourate Al Kahf nous montre trois attitudes magistrales devant l’évocation de la fin du monde.

La première attitude se rapporte à la découverte des jeunes dormants de la caverne qui avaient  fui la persécution des païens :

{C’est ainsi que Nous avons fait pour qu’ils soient découverts afin que les gens sachent que la promesse d’Allah est Vérité, et que l’Heure ne fait aucun doute. Lorsqu’ils se sont disputés au sujet de leur affaire, certains d’entre eux  ont dit : « Construisez sur eux un édifice : leur Dieu en est Plus-Scient », alors que ceux qui ont emporté la  décision ont dit : « Nous élèverons sûrement une mosquée au-dessus d’eux ». Les uns disent : « Ils étaient trois, mais leur chien étant  le quatrième », et d’autres disent : « Ils étaient cinq, mais leur sixième étant leur chien » par divination. Et d’autres encore disent : « Ils étaient sept, mais leur chien  étant le huitième  ». Dis : « Mon Dieu Est Plus-Scient de leur nombre, et peu nombreux sont ceux qui savent leur nombre. Ne discute alors sur leur sujet que par une évocation globale, et ne demande l’avis de personne à leur sujet. Et ne dis jamais à propos pas d’une chose : « Je ferai ceci demain », sauf : « Si Allah veut ». Evoque  le Nom de ton Dieu, si tu oublies, et dis : « Mon Dieu me guidera sûrement vers ce qui est plus proche de cela en sens ».} Al Kahf 22

L’énoncé nous montre comment l’esprit « rationnel et comptable » débat sur les futilités du nombre au lieu de méditer le Signe de la Ressuscitation. L’esprit  « politique et pratique » quant à lui débat sur l’aspect utilitaire et rituel pour récupérer le phénomène en élevant un édifice mortuaire qui fait office de sanctuaire. Le Fiqh musulman qui a confondu la Parole d’Allah avec celle des personnages du récit coranique en fait tout une controverse juridique sur les constructions des tombes dont les effets sur la guerre en Syrie et en Libye se font sentir de nos jours.

Tirer l’enseignement le plus sensé en termes de foi et le plus évocateur en termes de vie spirituelle est le dessin que nous devons suivre comme nous y invite le Coran. Cet énoncé vient comme une pédagogie de la lucidité et de la victoire alors que Mohamed (saws) était en situation de faiblesse à la Mecque. Si nous pouvons nous permettre une analogie nous dirons que c’est au moment de la persécution comme celle de Mohamed (saws) sans voir une aide s’annoncer qu’il aurait été « possible » d’imaginer la venue du Messie porter main forte à Mohamed et non maintenant que la religion musulmane et que le Coran sont confortablement installés dans l’histoire humaine.

La seconde attitude est celle du rebelle arrogant dont la catastrophe de la vie ici-bas témoigne de la fin du monde annoncée et de la catastrophe lors du Jugement dernier qui attend le négateur transgresseur et agresseur :

{Et il entra dans son jardin, se faisant injuste à lui-même en disant : « Je ne pense pas que ceci puisse jamais disparaître, et je ne pense pas que l’Heure du Jugement dernier puisse avoir  lieu ; et si jamais  je suis ramené à mon Dieu, j’en trouverai sûrement un meilleur sort ». […] Et ses fruits furent ravagés. Alors il se mit à se tordre les mains, déplorant ce qu’il a dépensé, en le voyant dévasté sur ses treillis, et à se lamenter : « Dussé-je n’avoir jamais associé personne à mon Dieu ! » Il ne trouva aucun  clan pour le soutenir contre Allah, et nul ne peut le secourir, car en pareille situation, la protection appartient à Allah qui est la vérité suprême} Al Kahf 35

La troisième attitude est celle du Croyant, ici représenté par un pauvre qui ne possède que sa foi et sa lucidité qui lui permettent d’envisager l’avenir avec espoir tout en craignant la catastrophe imminente pour le mécréant arrogant :

{Son voisin qui conversait  avec lui  répliqua : « As-tu renié Celui qui t’a créé de poussière, ensuite d’une nutfah, ensuite t’a donné forme humaine ? Mais pour moi,  Allah est mon Dieu et je n’associe personne à mon Dieu. Et que n’as-tu dit, en entrant dans ton jardin : ‘‘ Tel est le Vouloir d’Allah ! Il n’y a de puissance qu’avec l’appui d’Allah !’’ Si tu me vois, moins pourvu que  toi en biens et en enfants,  Il se peut que mon Dieu me donne quelque chose de meilleur que ton jardin contre lequel Il enverra une grêle   du ciel, alors sa terre deviendra stérile et  boueuse, ou bien son eau se tarisse, alors tu ne pourras point l’atteindre ». Il est Celui qui accorde la meilleure rétribution et le  meilleur aboutissement.} Al Kahf 35

Il ne s’agit pas d’attendre la fin du monde comme spectateurs, mais de chercher la rétribution après l’aboutissement de la vie et l’accomplissement de l’effort dans cette vie. La Sourate Al Kahf montre la priorité du discours : l’avertissement de la fin aux mécréants pour les menacer et l’annonce de l’espoir et de l’espérance dans la rétribution aux Croyants pour les encourager et les inciter à se montrer assidu et constant :

{Livre d’une parfaite intégrité, afin d’avertir du châtiment rigoureux qui provient de Lui, et d’annoncer aux croyants qui font le bien qu’ils auront une bonne rémunération} Al Kahf 2,

Pourquoi donc se tromper d’interlocuteur et consacrer le discours destiné aux croyants à attendre la venue, vraie ou inventée, du Messie ou celle du Mahdi. Est-ce que l’annonce ou la venue du Messie et du Mahdi va-t-elle remplacer celle de Mohamed (saws) et est-elle suffisante ou nécessaire pour constater nos souffrances et nos malheurs et enfin avoir l’espoir de les surmonter ou de disparaitre avec l’anéantissement de la vie sur terre ?

L’attitude du croyant dans la sourate Al Kahf est celle de ce voisin qui conseille avec probité et qui entrevoit les catastrophes naturelles comme châtiment divin dont il faut se prémunir par le travail laborieux et la foi agissante :

{Son voisin qui conversait avec lui répliqua : « As-tu renié Celui qui t’a créé de poussière, ensuite d’une nutfah, ensuite t’a donné forme humaine ? Mais pour moi, Allah est mon Dieu et je n’associe personne à mon Dieu. Et que n’as-tu dit, en entrant dans ton jardin : ‘‘ Tel est le Vouloir d’Allah ! Il n’y a de puissance qu’avec l’appui d’Allah !’’ Si tu me vois, moins pourvu que  toi en biens et en enfants,  Il se peut que mon Dieu me donne quelque chose de meilleur que ton jardin contre lequel Il enverra une grêle   du ciel, alors sa terre deviendra stérile et  boueuse, ou bien son eau se tarisse, alors tu ne pourras point l’atteindre ». Il est Celui qui accorde la meilleure rétribution et le meilleur aboutissement.} Al Kahf 35

L’attitude de ce croyant   n’est-elle pas la meilleure réponse pour affronter les responsables de nos décadences et trouver une issue honorable à nos problèmes. Ce récit est-il en contradiction avec les enseignements d’Ohod sur la responsabilité individuelle et collective ?

Nous avons vu comment l’énoncé coranique qui traite de la défaite d’Ohod, de ses causes et de ses conséquences exclue l’Occulte. Il n’est donc pas attendu du musulman d’expliquer la colonisation ou la guerre en Syrie et leurs conséquences par l’Occulte, mais par l’analyse logique et documentée sur l’histoire, la sociologie, l’économie, la politique, l’idéologie de la région et l’état décadent de la pensée musulmane qui produit des catastrophes chez les uns et le sauve-qui-peut chez les autres.

Je suis convaincu qu’il vaut mieux se tromper par l’imperfection de sa logique et le manque de fiabilité de sa  documentation que de faire dire à Allah ce qu’Il n’a pas dit.

Allah (swt) dit d’une manière claire, précise et transparente ne nécessitant aucun commentaire :

{Certes, Allah possède la connaissance de l’Heure} Loqman 34

La connaissance de la fin du monde et de l’avenir appartient exclusivement à Allah. S’il faut chercher une connaissance c’est donc auprès de Sa Parole dans le Coran. Le Coran dit la même vérité sans lui trouver un énoncé équivoque ou permettant une interprétation eschatologique :

{ … certes sont perdus, ceux qui ont démenti la rencontre d’Allah, jusqu’à ce que l’Heure [la fin du monde]  leur vienne à l’improviste.} Al An’âme 31

{Ils t’interrogent sur l’Heure : « A quelle époque est-elle  fixée ? » Dis : « Sa  connaissance est seulement auprès de mon Dieu. Nul autre que Lui ne la manifestera à son moment propice. Pesante elle sera aux Cieux et en la terre.  Elle ne vous parviendra qu’à l’improviste. »  Ils t’interrogent comme si tu étais à sa recherche. Dis : « Sa connaissance est seulement auprès d’Allah, mais la plupart des hommes ne savent pas. » Dis : « Je ne détiens pour ma personne ni bien ni mal, sauf ce que veut Allah. Si je  connaissais le Ghayb, j’en aurais accru les biens et nulle nuisance ne m’aurait touché. Je ne suis qu’un avertisseur et un annonciateur pour des gens qui croient. »}  Al A’raf  187-188

{Certes, l’Heure aura lieu : Je la rends absolument secrète afin que chaque personne soit récompensée selon ses efforts.} Taha 15

{Les hommes t’interrogent sur l’Heure. Dis : « Sa connaissance est seulement auprès d’Allah ». Et qu’en sais-tu ? Peut-être que l’Heure aura lieu bientôt.} Al Ahzab 63

Personne ne sait donc quand aura lieu la fin du monde, mais les croyants savent qu’elle aura lieu et qu’elle est inscrite dans le Livre de Dieu que nul ne peut voir ni deviner. Pourquoi alors ce discours sur ce qui échappe à notre entendement ?

Le Prophète menaçait les mécréants de la fin du monde et rappelait aux croyants la fin du monde pour qu’ils agissent toujours bien de peur qu’ils ne meurent à l’improviste dans un état qui ne sied pas au croyant. Allah a fait voir l’Enfer et le Paradis au Prophète, mais Il ne lui a pas fait connaitre la date de la fin du monde.

Parler de la fin du monde, de l’Enfer et du Paradis fait partie du discours de la foi (théologie) et de la pédagogie de la foi et de la vertu, mais cela ne peut se transformer en discours sensationnel messianique où le délai d’Allah connu uniquement par Lui devient une prédiction à la portée de n’importe quel homme s’il a suffisamment d’éloquence et de crédibilité médiatique :

{Laisse-moi donc avec ceux qui démentent ce Coran, Nous allons les appâter par où ils ne se rendront pas compte.  Et Je leur laisserai un délai. Certes, Ma Manœuvre est solide.} Al Qalam 44

Notre discours, notre comportement et nos actes doivent donc être davantage orientés vers l’éveil et la responsabilisation de notre communauté que vers son divertissement ou sa diversion par des motifs aussi graves et solennels que la fin du monde et le Châtiment divin. Si les malheurs qui frappent cette communauté ne parviennent pas à la réveiller, je ne pense pas raisonnablement que le discours fascinant et terrorisant puisse la réveiller ni d’ailleurs le discours moralisateur et formaliste. L’injonction de la Sourate Al Qalam au Prophète (saws) chagriné par le refus des païens et des Gens du Livre à l’écouter puis à le suivre nous donne la solution :

{… possèdent-ils l’Occulte de sorte qu’ils écrivent ? Persévère donc jusqu’au jugement de ton Dieu}  Al Qalam 47

Les Juifs, les Chrétiens, les Arabes païens et les hypocrites pour différentes raisons l’interrogeaient sur la fin du monde. Les uns voulaient vérifier la validité de sa Prophétie alors que les autres voulaient le railler ou le provoquer. Le Coran lui a donné cette réponse :

{Ils t’interrogent sur l’Heure : « A quelle époque est-elle fixée ? » Qu’as-tu à faire de son moment ? C’est vers ton Dieu sa finale. Mais toi, tu n’as qu’à avertir celui qui la craint.} An Nazi’âtes 42

Cette réponse est aussi valable pour les croyants encore sensibles aux mythologies grecques et perses qui leur parvenaient des caravanes et qui questionnaient le Prophète (saws). Les hadiths rapportent ce dialogue fort instructif que je ne transmets pas fidèlement :

« Un musulman demanda au Prophète : « quand est-ce qu’aura lieu la fin du monde ? » – le Prophète lui répondit : En quoi cela te concerne ? » – le demandeur dit alors : «  Non je voulais juste savoir quoi faire lorsqu’elle survient » – le Prophète lui dit : «  Si tu as dans la main une pousse de palmier empresse-toi de la planter »

Question intelligente et réponse magistrale pour ceux qui cherchent la vérité et l’efficacité de l’Islam : que faire ?

Expliquer les révolutions arabes, la guerre en Syrie ou l’occupation sioniste de la Palestine par l’eschatologie c’est non seulement introduire la culture judéo-chrétienne dans les croyances musulmanes, mais c’est cultiver le sensationnel alors que l’urgence et la priorité sont dans l’éveil du musulman qui doit se montrer réaliste, efficace et assidu dans des projets à long terme qui construisent sa liberté et sa responsabilité.

J’ai du mal à comprendre l’entêtement des experts en eschatologie alors que  le Prophète (saws) a formellement interdit de dater la fin du monde :

« Malheurs aux Waqatoun ! Ceux qui fixent une date à l’Heure »

S’il y a un investissement personnel ou collectif à faire, il réside bien dans la définition du salut et de la mission impartie :

{O vous qui êtes devenus croyants, prenez garde à Allah, et que chaque personne voit ce qu’elle a préparé pour le lendemain, et prenez garde à Allah. Certes, Allah Est Omniscient de ce que vous faites. Et ne soyez pas comme ceux qui oublièrent Allah, alors Il fit qu’ils s’oublièrent eux-mêmes. Ceux-là sont les pervertis.}  Al Hashr 18

Celui qui est préparé à vivre ou à mourir demain avec la certitude de rencontrer Allah est davantage préoccupé par l’usage du temps, de l’argent et de  l’intelligence dont il a été pourvu et dont il devra rendre compte.

Je ne crois pas qu’il faille expliquer le monde et l’histoire par des références eschatologiques. La priorité de notre jeunesse est d’étudier sérieusement la Parole d’Allah. Cette jeunesse doit acquérir les méthodes scientifiques, historiques, sociologiques, psychologiques et archéologiques pour mieux comprendre le monde le marquer de la couleur islamique monothéiste. Je suis persuadé que celui qui a recours à l’explication eschatologique non seulement fait une erreur de lecture, mais se comporte idéologiquement et psychologiquement de la même façon  que les Arabes dahrinistes et déterministes qui se contentaient d’imputer la vie et la mort au processus naturel de succession des générations sans jugement dernier.

{Et ils disent : « Ce n’est que notre vie terrestre : nous mourons et nous vivons, et ne nous fait périr que le temps ».} Al Jatiya 24

Si les Dahrinistes pensent que c’est le temps qui les fait périr et que la vie est absurde, les Apocalyptiques sont croyant en Dieu et au Jugement dernier, mais ils pensent que notre existence est absurde et que l’histoire humaine est réglée d’une manière surnaturelle surlaquelle nous n’avons aucune prise sauf d’attendre la fin du monde et le Décret d’Allah. Il faut lire la réponse d’Allah aux Dahrinistes païens pour deviner  la réponse à faire aux Apocalyptiques croyants :

{Et ils disent : « Ce n’est que notre vie terrestre : nous mourons et nous vivons, et ne nous fait périr que le temps ». Et ils n’ont de cela aucune science. Certes, ils ne font que conjecturer} Al Jatiya 24

Tous les négateurs refusent de croire en la fin du monde. La fin du monde n’est un fait scientifique ou narratif dont il faut simplement prendre connaissance par curiosité intellectuelle ou dont il faut faire le sujet principal de nos discours entre nous ou de notre discours aux autres. Il faut lire les énoncés coraniques dans leur intégralité et dans leur contexte :

{Et lorsqu’on leur récite Nos Signes évidents, leur argument n’était autre qu’ils dirent : Et ils disent : « Ce n’est que notre vie terrestre : nous mourons et nous vivons, et ne nous fait périr que le temps ».}  Dis : « Allah vous Fait revivre, ensuite vous Fait mourir, ensuite vous Rassemble pour le Jour de la Résurrection, sans aucun doute, mais la plupart des hommes ne savent pas, et à Allah appartient le Royaume des Cieux et de la terre. Et le Jour où l’Heure aura lieu, ce Jour-là les détracteurs seront perdus ». Et tu vois chaque communauté agenouillée. Chaque communauté sera appelée à son Livre : Aujourd’hui vous serez récompensés de ce que vous faisiez. Voici notre Registre qui témoigne de vous en toute Vérité. Nous, Nous Inscrivions ce que vous faisiez.} Al Jatiya 24 à 29

La fin du monde comme la fin de notre monde aura lieu, mais nous ignorons son terme. Elle annonce le Jugement dernier, qui lui-même annonce la rétribution de nos actes commis dans cette existence terrestre. La foi dans le Jugement dernier c’est la foi agissante, celle qui agit pour être récompensée. L’excellence c’est d’agir pour l’amour d’Allah. Le Prophète (saws) a décrit la foi et la vertu comme 99 registres d’actions positives et bienfaisantes.

Avons-nous épuisé tout le registre pédagogique du Coran, toutes les possibilités d’action de la foi et tous les moyens de résistance contre l’oppression ?

Avons-nous vu les causes, la dimension et la profondeur de la culture de la catastrophe sociale, politique et idéologique dans les malheurs et l’insouciance qui continuent de nous frapper. Voyons nous la Justice d’Allah qui  fait subir aux hommes et aux peuples leurs propres œuvres :

{Il n’est pas de mise qu’Allah soit injuste envers eux, mais c’est envers eux-mêmes qu’ils étaient injustes.} At Tawbah 70

 

 

 

 

 

 

Analyse de l’explication eschatologique de l’histoire

Que dire lorsqu’on est sollicité pour se prononcer sur l’opinion d’une célébrité telle que Cheikh Imran Hossein ? Que dire lorsqu’on ne sait pas si derrière la sollicitude, il y a une sincérité ou une envie de me faire trébucher et me mettre à dos ses sympathisants. Je pourrais me taire pour éviter la confusion, mais j’ai préféré répondre par acquis de conscience après avoir imploré Allah de ne pas faire de mes arguments une atteinte à la dignité d’un savant, mais une participation à la clarification comme l’exige notre Prophète (saws) dont certains laissent, comme dans le Coran, l’évident (al muhkam) pour se consacrer au probable (al mutashabihate) dont le terme de réalisation nous échappe et dont la compréhension ne peut être ramenée à l’opinion personnelle malgré son érudition :

« Allah mon Seigneur je me réfugie vers Toi si je commets une injustice ou qu’on me fasse une injustice, si je trébuche ou fasse trébucher autrui, que je sois ignorant ou que je sois ignoré, que j’égare ou que je me fasse égaré »

Mon opinion personnelle a donc peu de valeurs. Je ne suis pas savant ayant autorité religieuse pour évaluer et juger un homme qui a consacré sa vie à défendre sa thèse, ses convictions. Je tente de faire travailler mes neurones avec ce que j’ai comme culture coranique, quand j’écoute ou je lis car le Coran et la Sunna nous demandent d’être circonspect et de tout soumettre à l’analyse critique. Voici donc ma réponse, après insistance de mes lecteurs, en huit points. Jae la livre à chaud comme un résumé de ma propre lecture du Dine et du monde face à ce que dit Cheikh Imran Hossein qui a sa propre lecture du Dine et du monde sans prétendre répondre à tout son effort de prédication ni à son érudition. Je me sens contraint d’apporter une réponse qui va sortir du consensus et c’est pourquoi il faudrait voir mon intervention comme la contribution d’un musulman au débat et pas plus. Ce débat ne doit pas faire oublier que j’ai de lui une bonne opinion qui ne m’interdit pas d’exprimer des réserves sur sa vision comme je le fais sur d’autres. Moi-même j’en reçois certaines forts déplaisantes. Notre règle ne sort pas celle des anciens pieux : mon opinion a des vérités et des erreurs alors que celle de l’autre a des erreurs et des vérités. Convenons de ce qui nous réunit et que chacun de nous tolère les erreurs et les fautes de l’autre.

Ma modeste expérience de « pratiquer » les Musulmans formatés et cherchant davantage la polémique que le débat me montre déjà les « valeureux cavaliers » de la Fitna m’accuser de tout et de rien. Trop habitués au culte des idoles, ils ne peuvent tolérer qu’un autre puisse s’exprimer et émettre son opinion différente. Allah a créé la diversité et les différences mais les Musulmans ont choisi l’unanimisme, le prêt à penser et cette tendance à faire des hommes des fétiches à adorer. Il est de mon devoir de m’exprimer sur ce sujet et d’éclairer les jeunes sur le défi civilisationnel conformément au Hadith du Prophète (saws) qui ne laisse pas de place au fatalisme ou à la démission :

Interrogé sur l’Heure (la fin du monde), le Prophète (saws) a demandé les raisons de la question. Le questionneur ( homme avisé) a répondu qu’il voulait savoir ce qu’il devrait faire à ce moment là. Le Prophète (saws) lui dit : lorsque survient la fin du monde et si dans ta main se trouve un plant de palmier, alors plante-le!

Sur l’approche eschatologique de l’histoire

Gog et magog sont vrais mais cela relève du Ghayb connu par Allah. La fin du monde est vraie mais connue par Allah. Si on considère comme vrai que la fin du monde aura lieu un vendredi, le prochain vendredi ou celui dans mille ans la question qui reste posé et à laquelle le Coran et la Sunna ont répondu : que faire entre chaque vendredi? Si le Prophète nous demande de planter le plant de palmier qui est entre nos mains au moment de la fin du monde ( les étoiles qui tombent etc…) que devons nous faire entre chaque vendredi. Autrement dit que devons nous faire de chaque jour de notre vie : attendre la fin du monde, la venue du Mahdi et le Dejjel ou œuvrer pour qu’Allah et les croyants voient nos œuvres comme œuvres efficaces qui font du bien aux musulmans et rejettent les nuisances des mécréants. Sur le plan historique la littérature musulmane montre cette dérive morbide et messianique hérité des Juifs à chercher l’Apocalypse dans les moments difficiles comme les Croisades par exemple. J’ai développé ce thème en faisant l’analyse de la sourate al Kahf dans une série de 10 parties  » Salomon et la gouvernance » où j’analyse le défi technologique de Dhul Qarnayn et les leçons civilisationnelles dans ses rencontres différentielles avec des peuplades différentes. Je ne vais pas y revenir. Par contre je vais montrer la vision positive et civilisationnelle d’un homme de la trempe de Bennabi en citant son article sur l’Islam de demain écrit en 1973 :

L’an 2000 semble, dans l’océan des temps, désigné comme le seuil d’une parousie qui réconciliera les hommes ou d’un cataclysme qui abolira leur destin…

Nous n’avons pas à faire de prophétie quant à l’issue de cette alternative…

Par contre, il nous est permis en tant que musulmans, de définir notre rôle en vue de son infléchissement vers une issue favorable. Nous savons déjà quel est notre rôle principal dans tous les cas. Il se trouve défini clairement dans le Coran «C’est ainsi que nous avons fait de vous (musulmans) une nation mitoyenne pour que vous serviez de témoins pour les autres hommes et * que le Prophète soit votre témoin…»’.
Dans une parousie ou dans un cataclysme, voila d’abord notre rôle. Il est déjà superflu de dire qu’il exige de nous toutes les vertus inhérentes à un témoignage valable…

Mais au delà ou en deçà de ce témoignage nous devons aussi, par la nature des choses, assumer notre rôle de frères des autres hommes pour sauver avec eux notre commun destin….

Si le premier problème est essentiellement moral, le second est moral et social à la fois…

Si le premier se pose uniquement en termes d’authenticité, le second se pose en termes d’authenticité et d’efficacité à la fois. C’est ce dernier qui occupe notre attention d’autant plus qu’il recoupe le premier ou le pose immédiatement. Car si nous nous demandons comment être authentiques et efficaces, bien que les deux termes recouvrent deux notions différentes, notre réponse est unique. C’est par l’Islam uniquement que nous pourrons répondre aux deux exigences du problème posé. Mais il nous faut donner à l’Islam pensé et vécu par chacun de nous la dimension d’une «vérité travaillante». Cela veut dire que cette vérité doit se faire promesse d’avenir fraternel pour tous les hommes.
C’est à ce prix qu’une ère où s’accumulent tant de signes d’apocalypse se transforme en ère de fraternité abrahamique et plus largement en fraternité adamique.

Sur le Khalifat comme solution.

Le Khalifat devrait être logiquement le résultat d’un processus de libération du Taghut et de civilisation fondée sur le monothéisme. Il est en contradiction avec la venue du Mahdi ou du Dejel. Le Kalifa relève de la rencontre de nos possibilités civilisationnelles avec les conditions objectives et subjectives de la civilisation alors que l’Heure est indépendante de notre volonté. Le Kalifa est le produit de notre Raghba désir de croyant. Il ne peut y avoir de désir que s’il y un désirant en quête de ce qui lui manque et qui se présente sous forme de désirable avec le désirable perçu comme ce qui manque pour combler notre manque, notre besoin, notre aspiration, notre visée du cœur… L’heure c’est l’arrivée du terme échu à l’existence sur laquelle notre désir de vivre plus longtemps n’a pas de prise.

Le Khalifat est notre désir à tous mais il ne faut pas se leurrer par des mots. Ce n’est pas le Khalifat ou le Calife qui va mettre fin à notre Wahn mais l’inverse. Il faut qu’il y ait une communauté musulmane qui désire le changement ontologique et sociale et qui fait l’effort de s’approcher de Dieu alors le Kalifat et son Calife seront présent comme Salad Eddine a été présent assiégeant Jérusalem pour la reconquérir avec ‘azm (fermeté et intransigeance).

Il y un grand problème de méthodologie et de priorisation dans notre communauté. Nous sommes friands de choses impossibles à mettre en œuvre comme nous sommes prisonniers de l’apologie d’un passé pourtant révolu. Chaque jour Allah renouvelle Sa Création et dans Ses Créatures il n’y a que les Musulmans qui ne réfléchissent pas en devenir mais en retour impossible. Nous manquons du principe de sens, de la cohérence du discours avec la réalité du monde et de l’efficacité de la pensée. On importe nos idées comme on importe nos voitures et nos habits un peu de l’Occident et un peu de l’Orient. On ne peut pas sauter des étapes et parler de Khalifat alors qu’il n’existe aucun état islamique. Il faut passer par des états islamiques puis des confédérations régionales puis mondiales. La chute du Khalifat en dehors des problèmes politiques et religieux était due aussi à la difficulté de gouvernance d’un état central régentant un empire pluri-ethniques, pluri-linguistiques, pluri-géographiques. Ce n’est pas le mot qui est important c’est son contenu et sa faisabilité. Un mot aussi noble et aussi ambitieux ne doit être l’écran fascinant qui cachent nos misères actuelles qui ne semblent pas s’atténuer mais s’aggraver.

Je peux me tromper mais en posant la question d’État islamique nous sommes hors cadre coranique car nous pouvons importer l’empire omeyade, abbasside ou saoudien avec son despotisme ou l’Andalousie musulmane avec ses lumières mais aussi ses luttes de principautés rivales. Le Coran parle de Tamkine Dine Allah : c’est un concept plus complexe et plus large mais plus opératoire que Dawla (État). Il s’agit d’Islamité du temps et de l’espace de vie ou en d’autres termes de la territorialité des principes divins avec ou sans état. Nous continuons à lire notre religion à travers le regard et les idées des judéo-chrétiens et de l’État nation de la modernité même si cette nation est de 1,5 milliard et englobe tous les territoires de la terre y compris le cœur de l’Occident anglosaxon et latin : les états unis et la France. Si nous parlons d’état islamique au troisième millénaire nous serons face à l’équation des minorités musulmanes et surtout face à un devoir plus grand  » Le triomphe de l’Islam sur toutes les autres religion ». Ces religions il faut aller les chercher dans leurs territoires. Il faut avant d’aller les chercher se libérer de la confiscation de la religion par l’Etat et de l’instrumentalisation de l’Islam a des fins politiciennes. L’Islam territorialisé est l’Islam de Mohamed (saws) à Médine ou celui de Youssef en Égypte. L’ingénierie change en fonction de notre vœu volontariste mais des conditions sociales et historiques.

Lorsque nous posons le problème en terme de Tamkine Dine Allah nous élargissons le problème non seulement à la question politique mais à la question sociale. Il ne peut y avoir Tamkine Dine Allah sans Tamkine la Oumma mohammadienne consolidée fratrie de foi, en interaction harmonieuse sur le plan économique, scientifique et culturel. Le Tamkine de la Oumma c’est une communauté qui pèse lourdement quand elle minoritaire et qui a la souveraineté quand elle est majoritaire. Elle n’est pas un débris emportés par les rigoles de l’histoire comme du Wahn insignifiant qui cache sa misère morale, intellectuelle et économique et sa faiblesse devant les autres en se cachant derrière des vérités eschatologiques qui échappent à son emprise.

Les salafistes infantiles et les Juifs sionistes nous demandent de partir et revenir en terres d’Islam et de rêver au Khalifat. Avant de parler de Khalifat il y a des contradictions et des confusions à lever ainsi que des concepts à développer à partir du Coran et de la Sunna. Pour cela il faut qu’on s’inscrive dans un devenir avec un cap, une boussole et un gouvernail sur une carte mondiale. Les débats stériles qui n’apportent rien à la connaissance de l’Islam, à la production des idées pour une renaissance civilisationnelle ou à la résistance contre le mondialisme ne sont que diversion au profit des autres et dispersion de nos efforts au détriment de nos devoirs non accompli hélas trop nombreux pour être cités.

Quand à l’or monnaie.

Ce n’est pas une panacée. Il suffit qu’il y ait un monopole, une pratique franche ou déguisée du riba et de l’injustice pour que l’or soit accaparé par les riches au détriment des pauvres. Il suffit que les pays capitalistes soient en crise pour qu’il nous déclare la guerre et nous prenne notre or. D’ailleurs il y a 50 ans les États-Unis avaient pour étalon l’or ce qui ne les a pas empêchés d’aller vers la mondialisation en exportant leur mode de vie : le fordisme ou le taylorisme industriel, le crédit à la consommation et la fascination de l’appropriation à n’importe quel prix. Le problème économique chez nous est structurel d’ordre institutionnel et politique. Même avec une monnaie de singe les chinois ont une croissance de 8% alors les Algériens avec 150 milliards de dollars de réserve ils ne sont capables ni de produire de l’investissement, ni de la santé publique ni tenter d’acheter quelques actifs industriels en France. Le Privé arabe fait sa prière à la mosquée mais il investit dans le chocolat, les biscuits, la limonade et tout ce qui est facile à l’effet accordéon de la caisse même au détriment de l’emploi, des richesses nationales et des banques internationales qui s’installent pour superviser dans les comptoirs indigène la détérioration des termes de l’échange. Contre le capitalisme, sa prédation et sa loi de l’échange inégal il faut que les Musulmans se mettent à produire, à se libérer du modèle de consommation occidentale et construire des marchés commerciaux régionaux avec un autre système monétaire en rupture avec le dollar et l’euro. Ce n’est pas l’or ou l’argent qui sont important ce qui est important est l’équité du marché, sa transparence, sa monnaie souveraine et protégée même si cette monnaie est une matière première stratégique comme le pétrole (baril), du cacao ou du papier toilette.

Ce qui est important est que les banques deviennent des agents économiques intervenant dans les dépôts et les transactions représentant les flux réels de l’activité économique de production et d’échange de biens et services ou d’épargne et d’investissements que les agents économiques mettent au service de la communauté pour produire d’autre biens et d’autre services réels dans un respect de la règle d’or des rendements : la productivité du travail doit augmenter, les salaires doivent augmenter et le nombre de travailleurs doit augmenter. La productivité du travail et la rentabilité des facteurs de production doivent augmenter plus vite et plus haut que les salaires pour dégager un surplus économique, le salaire moyen annuel doit augmenter plus vite et plus haut que le recrutement de la main d’œuvre pour garantir une élévation du niveau de vie, une redistribution des revenus, une tendance à aller vers le plein emploi. Tous les bras doivent travailler et toutes les bouches nourries est le système de solidarité qui permet de redistribuer par l’emploi et l’aide publique dans un système d’efficacité sociale et non de rentabilité financière. Ceux qui pensent la banque est incompatible avec l’Islam doivent savoir que le terme Sakk qui a donné lettre de crédit, lettre de change puis chèque est une invention arabe quand l’État Musulman était le garant de la vitesse de circulation des capitaux et de leur sécurité pour une économie prospère et ouverte à l’Orient et à l’Occident non comme un comptoir commercial mais comme un exportateur de savoir faire, de sciences, de savoir vivre, d’idées modernes…

Il faut avouer que le Prophète (saws) n’a pas instauré une nouvelle monnaie. La monnaie islamique est apparue du temps des Ommeyades. Mohamed (saws) a fait plus : il a par la Charia et ses qualités managériales enlever le monopole des Juifs sur la finance, sur le marché, sur la production de l’armement et l’outillage et sur le foncier tout en régulant le marché et en developpant la fraternité entre les Musulmans. Quand nous lisons le Coran ce n’est pas l’or et l’argent qui sont visés en eux mêmes mais le processus du Riba et de thésaurisation. Contre le Riba et la thésaurisation le Coran a institué l’investissement fi sabil Allah, la zakat, les sadaqates. Il nous a donné en parabole David et Salomon comme technologues animés par la Justice et la bonne gouvernance. Il nous a donné Qaroun arrogant et méprisant qui croyait que ses trésors lui revenaient par leur possession apparente traitant son peuple mis en esclavage de fainéants qui n’ont aucun droit sur sa fortune. Face à Qaroun (Coré) Allah nous a montré les deux voies possibles. La voie des mimétistes qui entre dans la surenchère du désir mimétique « je veux ce que tu veux » qui est à l’origine de l’avarice, de la cupidité, de l’avidité et des troubles psychiques, moraux et sociaux. Face à cette voie des possédants et des insensés qui les imitent Allah a montré une autre voie celle de la science et du retour à Allah le Riche, le Généreux. Le problème n’est pas que l’argent ou l’or soit monnaie intrinsèque le problème est dans l’homme et la philosophie de la société manipulant l’argent et se comportant envers la richesse.

Aujourd’hui on constate que les agressions impérialistes ont les moyens de spolier non seulement les réserves souveraines en or mais de confisquer un pays et d’assassiner ses dirigeants. Dans cette culture mondiale de la prédation il faut être sérieux : ce n’est ni l’or ni la monnaie en cacahuète qui est le garant mais un front mondial de résistance en attendant que les Musulmans se réveillent et construisent les moyens de leur cohésion, de leur force et de leur résistance : un marché commun, l’absence de passeports, une industrie militaire commune et un pacte de défense. Ce n’est pas l’or qui pose problème ou apporte solution c’est le Coran : Mahjour (délaissé) ou étudié et appliqué.

Je dis et je répète ce que la biographie scientifique du Prophète dit et ce que la science économique dit : Il n’a pas mis en place le Dinar or et le dirham argent. L’or et l’argent sont des monnaies qui existent depuis l’empire romain. Ni l’or ni l’argent ne sont la solution mais les mécanismes financiers et économiques fondés sur l’éthique et hors du Riba.

Quand on étudie, sans être spécialiste, les questions économiques sous l’angle du Coran et de la Sunna du Prophète on constate que l’accent est davantage mis sur le caractère licite ou frauduleux des transactions car le marché est déterminant dans la répartition de la richesse et dans l’incitation à l’investissement. On constate que le monopole est considéré comme injustice grave au rang de péché majeur. On constate que la circulation des richesses ne doit pas se faire exclusivement entre les riches pour ne pas constituer une oligarchie. Enfin on constate que le pire des crimes est le Riba au point qu’Allah a déclaré la guerre aux pratiquants de l’intérêt et que le Prophète l’a considéré comme le péché le plus horrible puisqu’il a comparé la pratique du crédit avec intérêt comme l’inceste commis 60 fois au sein de la Kaaba le jour sacré du Hadj. Ces trois constats sont les fondements du capitalisme qui ont amené le monde à abandonner l’étalon or. Revenir à l’étalon or dans une économie mondiale dominé par les tares capitalistes ne riment à rien. La monnaie n’a de signification économique et morale que lorsque les pays musulmans créent un marché commun, un système de crédit sans intérêt, une justice sociale et une concurrence loyale et transparente. Dans ces nouvelles conditions n’importe quel monnaie d’usage conventionnel deviendrait de droit et de fait une monnaie d’échange et peu importe qu’elle soit en or ou en platine ou en cacahuète ou en papier. La question est la valeur symbolique de cette monnaie et les pratiques économiques et financières qu’elle accomplit.

Il ne peut y avoir économie réelle tant que l’impérialisme et ses vassaux pratiquent l’échange inégal et la confiscation des ressources. Dans le monde, la véritable monnaie est pour l’instant le pétro dollar. Il faut nationaliser les hydrocarbures et donner aux peuples musulmans l’exercice libre et souverain de la politique et de l’économique.

Les civilisations incas et aztèques avaient de l’or mais leur monnaie n’était pas l’or car ils avaient très peu besoin de monnaie du fait de l’économie solidaire. Cet or fut pourtant la cause de leur anéantissement par les Conquistadors espagnols et portugais.

Allez étudier le comportement économique de Mohamed (saws) et ses expéditions et vous comprendrez que toute autre lecture du monde n’est que gesticulation et bavardage qui nous font sortir du champ de bataille.

Celui qui peut conquérir ton territoire et porter atteinte à ta vie peut prendre ton or et ton argent. La monnaie réelle est la valeur travail car elle est la base de la création de la richesse. C’est ce travail qui doit être libéré du capitalisme et de l’impérialisme.

En ce qui concerne la monnaie électronique il ne faut pas voir le Dejel partout. On pourrait  voir le problème sous l’angle de la post modernité qui a permis grâce aux nouvelles technologies une circulation rapide des idées, des marchandises, des hommes et des richesses à travers le monde. La technologie n’a de limite aujourd’hui que notre imagination. L’imaginaire, ce stock d’images mentales, qui alimente notre imagination est peuplé de notre culture, de notre religion, de notre mode de vie. S’il est rempli de monstres et de démons la monnaie électronique continuera à servir le sexe, la drogue, le spectacle, le trafic d’armes et à asservir les peuples comme cela fut le cas avec l’or et avec la monnaie fiduciaire. Si notre imaginaire est construit sur le beau, le juste, le vrai, l’équitable et le vertueux la monnaie électronique sera au service de l’homme pour faciliter et sécuriser ses échanges ainsi que ses biens. Croire que la monnaie électronique est l’argument diabolique trouvé pour piller le monde c’est d’une part oublier le travail des ingénieurs et des créatifs et d’autre part oublier que la nature du capitalisme est le Riba c’est à dire échanger de l’argent contre l’argent en gagnant de l’argent. Le Riba est devenu catastrophique car il n’y plus d’échange de l’argent mais vente et achat des dettes ce qui est selon le Prophète la forme la plus sévère du Riba. Ce n’est pas la monnaie papier qui doit changée c’est d’abord l’esprit humain qui doit être purifié et ensuite le capitalisme qui doit être rayé de la carte du monde.

Par contre je comprends et je partage la crainte de Cheikh Imran lorsqu’il s’agit de la puce électronique qui sera greffé dans le corps humain pour prélever directement ses paiements, gérer son budget, définir son crédit, et surveiller ses achats, ses déplacements ainsi que  sa vie privée ou publique.  Nous entrons dans un domaine où l’humanité va vers une nouvelle d’asservissement jamais connue dans l’humanité : les moyens gigantesques des nouvelles technologies au service de l’exploration de l’homme, de son aliénation et de la domination de l’oligarchie financière et du renseignement au service du nouvel ordre mondial qui consacre la domination de 1% de la population sur les 99% restant

Ce combat nous ne pouvons pas le mener seul en autarcie nous devons travailler avec tous les hommes de cette planète car la mondialisation est telle que la démondialisation est un leurre. La seule alternative est une altermondialisation où l’Islam est dominant. Il faudrait que nous les Musulmans ont redonne un sens à la wassatiya de l’Islam : juste milieu entre deux extrêmes ou centre de gravité, pôle de rayonnement. Le chantier n’est pas ouvert et comme toujours nous passons précipitamment à d’autres chantiers sans résoudre les problèmes conceptuels et méthodologiques en amont.

L’oligarchie mondiale est en train de ramasser tout l’or qu’elle peut accumuler sous les 1.600$, il se dit que ceux qui ramassent vont revendre aux états à 2.000$ à très court terme et à 3.500$ à moyen terme. C’est toujours la suprématie du dollar tant que les États-Unis sont maitre du jeu. En revenant à l’or avant Nixon (1971) on n’a pas changé l’ordre économique mondial. La solution est celle de Mohamed (saws), mettre en place un nouveau marché et briser le monopole.

Quand on sait que les USA et ses principaux alliés qui représentent 20%  de la population mondiale consomment 80% des ressources mondiales? Que peut faire l’introduction de l’or et de l’argent monnaie quand l’or mondial est détenu à 80 % par les réserves étatiques et privés des pays capitalistes dominant? Où est la priorité?

La crise est financière mais son origine est idéologique (le capitalisme) et politique (la domination impérialiste et l’absence de légitimité voire l’absence d’Etat dans le monde musulman abstraction faite de la Malaisie). Je ne peux pas expliquer le complexe par 20 30 ou 300 pages. Voici un des derniers articles où j’évoque une partie de la solution. Je dis bien une partie : L’absence des cinq maitres.

{Ceux qui, si Nous leur Accordons pouvoir sur terre, accomplissent la Salat, s’acquittent de la Zakat, commandent le bon usage et interdisent le répréhensible. Et c’est à Allah qu’appartient l’issue des choses.} Al Hadj 41

Si nous devions étudier le sens et la mise en application de ces versets, nous y passerons notre existence sans épuiser le champ de leur possibilités et leur signification. Je vais juste montrer une application méthodologique et politique en terme de gouvernance moderne à travers le terme coranique de Tamkine (pouvoir sur terre, position territoriale) et ses impacts sur le plan de l’aménagement du territoire, de la planification économique, du développement urbain et industriel, et de l’indépendance nationale.

Quand aux révolutions arabes.

Les peuples ont le droit de réagir dans les limites de l’éthique islamique. Il faut dire les choses clairement et sans détours : les peuples ont le droit de faire bouger les choses à leur avantage légitime. Il serait injuste de condamner une révolte ou une révolution sous le prétexte fallacieux qu’elle servirait les intérêts d’Israël qui mènerait alors une guerre de représailles contre les peuples musulmans et leurs élites islamiques. Nous devons condamner les partisans des fitna qui appellent à la sédition armée et qui manipulent des savants séniles ou convoitant le monde et qui s’empressent d’envoyer les Musulmans tuer d’autres Musulmans pour le compte de l’Empire et de sa prédation vorace :

 » Le perdant est celui qui a troqué son paradis pour la vie ici-bas, mais le pire des perdants est celui qui a perdu son paradis pour la vie des autres ici-bas »

les dérives en Libye et en Syrie car elles avaient pour objectif de nuire à la révolution égyptienne et de stopper les autres mais surtout de mettre en avant des voyous, des agents de la CiA présentés comme islamistes, une horde sanguinaire qu’il faut par la suite réutiliser dans la théorie du « soft powerment » puis combattre plus tard pour arrêter la barbarie comme on a prétendu avoir arrêté les Arabes à Poitiers. Oui l’armée égyptienne dans sa doctrine actuelle et son organisation ne peut pas gagner une guerre contre Israël. Reste les expériences du Hezbollah et du HAMAS qui ont montré leur efficacité.L’ Égypte devrait  se débarrasser de ses maréchaux et de ses généraux et faire pacte avec l’Iran et la Syrie et surtout reprendre l’initiative au Soudan et en Libye si elle veut achever sa révolution et reprendre sa place dans le monde arabe par un rééquilibrage du monde sans attendre le retour du Messie.

Israël n’a pas besoin d’excuse pour déclarer la guerre. Avec ou sans révolution arabe Israël reste agresseur par sa nature sioniste et par ses vestiges de Bani Isräil. L’agression de la Libye montre qu’on peut au nom de n’importe quel principe inventer l’excuse et la forme pour attaquer un pays souverain, assassiner son président et confisquer ses richesses. C’est la nature du capitalisme prédateur. Contre Israël et le mondialisme nous ne pouvons nous passer d’une économie forte. Il ne peut y avoir économie forte sans liberté, sans reconnaissance du travail comme légitimation de la propriété, sans monopole et sans intermédiation commerciale par les banques du Riba international. Toutes ses exigences exigent un état de droit ! Pour l’instant il n’y a pas d’État il y des imposteurs autistes qui monologuent et gaspillent comme les frères de Satan.

Je suis d’accord sur un point : il y a un seul combat qui prend des formes multiples : le parti d’Allah contre le parti de Satan, le mal contre le bien.

Mais dans le monde musulman il n’y a pas le parti d’Allah car les Musulmans se sont atomisés, dispersés et divergés en sectes, en partis partisans, en confréries, en écoles de Fiqh, en confessions, en doctrines, en partisan de tels savants contre tels autres savants, en haine et rancune, en revanche et convoitise du pouvoir. Ni l’or ni la monnaie de singe, ni les révolutions ne vont changer l’ordre des choses. La changement est plus profond et plus complexe :

{Allah ne change point en la situation d’un peuple tant que ses membres ne changent pas ce qui est eux} Ar Ra’âd 13

Il fautdrait changer nos attributs ontologiques : notre volonté, nos motivations, notre savoir, nos capacités d’agir, notre regard sur le devoir, notre façon d’exercer le pouvoir, notre rapport à l’économie et à la politique, nos comportements moraux, notre esthétique, notre spiritualité, notre indolence intellectuelle, notre mimétisme aveugle et stérile, notre infantilisme…. notre état sociopsychologique, notre rapport à la foi et à Dieu…

Sur les Banques islamiques.

Je n’aurais pas la pudeur de Cheikh Imrane Hossein et je dirais donc qu’elles sont un recyclage des pétrodollars, des commissions et rétrocommissions dans l’import export et une arme économique et idéologique pour imposer le modèle de consommation occidentale. J’ai monté des coopératives de jeunes devant créer 30 000 emplois et générer un chiffre d’affaire de 5 milliards de dollars uniquement dans les métiers liées à la mer (la zone côtière) et ni la Banque al Baraka ni une banque mixte koweïtienne n’étaient intéressées par l’investissement productif. Il est scandaleux de voir des prédicateurs saoudiens expliquer qu’il vaut mieux passer par le hallal de la banque islamique même si cela ressemble au riba et coute plus cher qu’une banque classique. Il est encore plus scandaleux de voir des Fatwas autoriser au nom de la nécessité le recours au crédit usuraire. Il faut se méfier de solutions clé en main ou marché en main qui fleurissent en Europe au nom du hallal avec des packagings creux mais fascinants par les mots techniques anglo-saxons qui ne trompent que les non avertis. La solution pour la communauté musulmane est dans la mise sur pied de véritables agences d’investissements islamiques qui mettent en œuvre le principe islamique de mutualisation, de partenariat et de travail coopératif. Le savoir faire, la réglementation et les expériences en France, en Espagne et en Italie sont riches tant au niveau de la droite que de la gauche. Sur le principe mutualiste et coopératif reposant sur le principe de l’usager propriétaire et gestionnaire le système islamique de financement peut être mis en place et se libérer de l’arnaque de la mourabaha pour innover dans ce qui est productif, créateur de valeurs, de force économiques et d’emplois : la moudaraba et la moucharaka. Il est très facile de faire des montages de souscriptions et créer des mutuelles de solidarité sociale comme alternatives licites aux campagnies d’assurances illicites.

AL JAZEERA la chaine qatari

Je rends hommage à Cheikh Imran Hossein d’avoir été le premier à dénoncer le complot d’al Jazeera bien avant qu’il n’émerge en plein jour. L’over dose de la cochonnerie médiatique a fait sombrer un pays dans la guerre civile le poussant à renier son organisation, sa relative prospérité et sécurité et son potentiel d’action à destination de l’Afrique. Elle est devenu le porte voix des savants égarés et des partisans de l’OTAN et des pétrodollars contre le bon sens et l’intérêt suprême du monde musulman. Elle est devenu l’instrument de propagande militaire, de guerre psychologique, de diversion médiatique et de subversion informationnelle contre la Syrie ;

Mohammad Mahatir

Il a fait la promotion de Mohammad Mahatir l’ancien Premier Ministre de la Malaisie. Cela l’honore car ce manager a laissé derrière lui un pays prospère, l’expérience de la couverture en or, en argent, en platine de la monnaie semble bien se dérouler. Les Arabes boudent cet homme d’expérience et lui préfèrent les consultants Anglos saxons. Ils assumeront les catastrophes de leur choix. Mohammad a signifié que pour la Malaisie la comparaison n’est pas l’Arabie mais Singapoore même si nous savons que Singapour est une création impérialiste britannique reprise par l’empire américain pour le contrôle du sud est asiatique et réaliser deux objectifs : contrer la Chine et empêcher l’éveil ou la fédération des pays musulmans dans cette région dont les populations sont méticuleuses, soignées, habiles et intelligentes.

Le Dajjal un scénario probable de guerre nucléaire

Le Huitième point sur lequel je serais d’accord avec Cheikh Imrane Hossein même s’il ne l’explicite pour des raisons liées à sa sécurité ou à son auditoire est de voir à travers le Dejal un scénario probable de guerre nucléaire. La Libye et la Syrie sont la proie des Arabes et des islamistes qui n’ont pas ni vision stratégique ni lecture de la Charia islamique juste une rhétorique entretenu par l’Illusion avec les Arabes, la Turquie et l’Occident à leur côtés pour ariver au pouvoir quitte contre tous les principes de la digité arabe « embrasser le chien sur sa gueule ». La guerre nucléaire redoutée se passera probablement en Asie. Soit en Iran. Les cabinet d’intelligence géostratégiques viennent de signaler que la Russes et les Chinois viennent de reconnaitre que l’Iran possède une dizaine de têtes nucléaires. Les Arabes préoccupés de leur problèmes ne peuvent rien changé à un ordre d’attaque nucléaire contre l’Iran. On parle déja de troupes chinois et russes en état d’alerte.

Il est possible que le le terrain nucléaire ne soit pas l’Iran mais le Pakistan. La guerre contre les Talibans touche a sa fin avec l’évacuation imminente des troupes françaises et américaines défaites avec le risque de laisser l’Afghanistan repris en main par le Pakistan qui a été sa base arrière et qui peut devenir le terrain de son déploiement tactique et stratégique pour qu’il n’y ait plus de retour des Croisés. Nous ne pouvons manquer de citer un texte que j’avais traduit d’un article arabe écrit par Mou’amar al Kadhafi qui dit des vérités incontestables : »le marécage pakistanais » :

« L’occident, en particulier l’Amérique et Israël, n’ont jamais souhaité voir le Pakistan posséder une bombe nucléaire. Mais le 28 mai 1998, ils se sont réveillés mis devant le fait accompli : le Pakistan était devenu une puissance nucléaire. Ils avaient alors blâmé leurs Services de Renseignements dans leur défaillance à prévoir les essais nucléaires et à les empêcher.

Les livres, les articles et les discours innombrables ont nommé la bombe nucléaire du Pakistan « la bombe islamique » la percevant comme menace apocalyptique du monde musulman contre le monde occidental et pouvoir de dissuasion contre leurs intérêts. Dans les écrits contre l’arme nucléaire pakistanaise tout l’imaginaire était mobilisé pour la faire percevoir comme l’annonce du Jugement dernier.

Tous les efforts ont été déployés pour dissuader le Pakistan de posséder la bombe atomique. Le secrétaire d’état américain Henry Kissinger avait franchement menacé le premier ministre pakistanais Zulfikar Ali Bhutto par un langage non diplomatique : « si jamais vous faites la bombe, nous vous châtierons de telle manière que vous serez un exemple à méditer pour le reste du monde ». (Zulfikar Alî Bhutto est le père de Benazir Bhutto, élue premier ministre du Pakistan en 1988 ndt)

M. Zulfikar Ali Bhutto, le fondateur du programme nucléaire du Pakistan, a vu les menaces américaines s’exécuter sur lui : il a fini pendu. Pour les mêmes raisons l’ancien président pakistanais le général Al-Haq Zia, qui a islamisé le Pakistan et consolidé son programme nucléaire, a lui aussi été assassiné. Plus récemment, Benazir Bhutto, fille de M. Bhutto, a été assassinée. D’autres peuvent encore faire face à un destin semblable.

La question, cependant, est : Pourquoi les Américains et les Israéliens refusent-ils que le Pakistan possède la bombe atomique ?

Le Pakistan est un pays musulman. En fait, l’Islam est la base même de la création territoriale et de l’existence politique du Pakistan. Excepté la religion, il n’y a vraiment aucun autre facteur qui unisse les Pakistanais. Ceci explique pourquoi les Pakistanais semblent fanatiques au sujet de la religion. C’est l’essence de leur nationalité

[…] Les Pakistanais se sont dit que leur ennemi est le Hindou, pas le juifs ou les chrétien, et par conséquent il faudrait que leur arsenal nucléaire soit focalisé sur l’Inde et non sur Israël ou les bases américaines. Il a fallu en même temps convaincre les Hindous que leur ennemi réel est bien le Pakistan et non un autre voisin et que celui-ci dispose des capacités de dissuasion dirigées contre les Hindous.

Cette politique vise à préoccuper le Pakistan avec l’Inde et l’Inde avec le Pakistan dans une course à l’armement sans fin et dans l’oubli des autres défis. C’est sans doute la raison pour laquelle on assiste à des regains de tensions entre les communautés musulmanes et les communautés hindouistes et c’est sans doute aussi pourquoi l’Amérique n’a pas été disposée à contribuer à résoudre le problème du Cachemire, tandis que les Israéliens essayeront de le maintenir toujours chaud, inflammable et explosif.

La tension et l’inquiétude continueront donc à planer sur cette région du monde car dans un scénario comme dans l’autre le Pakistan, gouverné par la classe politique traditionnelle ou par les groupes extrémistes nucléaire, restera en permanence un danger et une menace pour les américains et les israéliens. »

Les militaires ont un terme  » la brigade ou la division en offensive dans la foulée » : les forces de la coalition sont en situation d’offensive dans la foulée à partir de l’Irak et des bases arabes où ils ont envahi l’Irak, les troupes en Afghanistan avec des logistiques en Inde et dans les anciennes républiques musulmanes soviétiques, et les troupes en Libye : sur le plan de la logique ils n’ont pas une autre occasion pour tenter de mettre fin à la bombe « islamique » en faisant intervenir Israël, l’Inde et l’Occident. Ce scénario probable n’interdit pas dans la foulée de frapper l’Iran. Ils remettent l’équilibre en leur faveur, ils relancent l’économie par le déficit budgétaire et l’économie de guerre, ils affaiblissent la Chine qui va se trouver avec son ennemi traditionnel l’Inde et le Japon et l’affaiblissement de l’organisation de l’Alliance de Shanghai sino russe où le Pakistan et l’Iran sont membres observateurs appelés à devenir membre à part entière. Avec un Afghanistan réinvesti par la Russie, la Chine, l’Iran et le Pakistan l’alliance de Shanghai met en péril l’économie mondialiste juste par l’insésécurité des approvisionnements et le déplacement du centre mondial vers l’Euro Asie. On entend déjà les bottes de l’armée chinoise et de l’armée russe dès l’agression de la Libye et l’installation du bouclier anti missile en Turquie. Tous les scénarios sont ouverts. Le projet du grand Israël correspond dans le temps et l’espace au projet de survie de l’empire américain et ses vassaux et de la survie des monarchies arabes qui se mobilisent pour servir Israël.

Encore une fois les algériens s’ils avaient une élite héritière de l’ALN et non un pouvoir et une opposition prête à reconnaitre le CNT et servir l’OTAN ils auraient rendu la mission impossible en faisant échouer les plans de l’OTAN en Libye et en fermant la méditerranée en symbiose avec la fermeture du détroit d’Ormuz par l’Iran et couper l’approvisionnement en gaz et en pétrole. La révolution de cactus se transformeraient en révolution de chrysanthèmes pour les amateurs de chromatiques. Il semblent que les Chinois et les chinois avouent que les iraniens possèdent un arsenal de 10 unités balistiques nucléaires. Pourquoi le dire? Enfoncer le monde occidental et récupérer la mise ou menacer le monde occidental et pousser Israel à la faute. Toute faute ou défaite d’Israël est un affaiblissement du bloc anglo saxon et latino germanique en faveur des slaves et des chinois. Le jeu se fait à l’échelle des grands, sur la carte mondiale et en terme de macro régions. Les arabes seront les mammouths disparus dans l’espèce humaine jusqu’à ce que :

Allah fera venir un peuple qu’Il aime et qui l’aiment, miséricordieux entre eux et durs envers les renégats

Ceci dit je respecte son point de vue. Mes remarques doivent être prises dans leurs limites car je ne suis pas anglophone et ses principaux travaux sont en anglais. Je pense avoir répondu à l’essentiel. Pour nos tous l’Islam est un tout indivisible, sa mise en pratique ne peut se passer des règles mohammadienne de la progressivité, de la dynamique et du réalisme. Le réalisme de l’Islam ne veut pas dire se soumettre au fait accompli mais connaitre la réalité pour la changer sachant que le véritable changement commence par soi. Ce changement donne au Musulman le principe du mas’oul (la responsabilité individuelle) qui rend acceptable et désirable le véritable grand chantier du changement global et collectif qu’on appelle le Taklif : le changement social et politique. Dès qu’on donne à une partie plus d’importance qu’à une autre on a fait de l’Islam une caricature, un projet irréaliste, une fuite en avant, des occasions que les experts en lutte idéologique, en manœuvre de diversion et en opérations de subversions ne ratent pas car ils sont en éveil non pas qu’ils soient plis intelligents mais plus conscients des enjeux et des devenirs, les leurs et les nôtres….

La postérité d’Israël et le sens coranique de son second ou dernier retour

وَءَاتَيْنَا مُوسَى ٱلْكِتَـٰبَ وَجَعَلْنَـٰهُ هُدًۭى لِّبَنِىٓ إِسْرَ‌ٰٓءِيلَ أَلَّا تَتَّخِذُوا۟ مِن دُونِى وَكِيلًۭا ﴿2﴾ ذُرِّيَّةَ مَنْ حَمَلْنَا مَعَ نُوحٍ ۚ إِنَّهُۥ كَانَ عَبْدًۭا شَكُورًۭا ﴿3﴾ وَقَضَيْنَآ إِلَىٰ بَنِىٓ إِسْرَ‌ٰٓءِيلَ فِى ٱلْكِتَـٰبِ لَتُفْسِدُنَّ فِى ٱلْأَرْضِ مَرَّتَيْنِ وَلَتَعْلُنَّ عُلُوًّۭا كَبِيرًۭا ﴿4﴾ فَإِذَا جَآءَ وَعْدُ أُولَىٰهُمَا بَعَثْنَا عَلَيْكُمْ عِبَادًۭا لَّنَآ أُو۟لِى بَأْسٍۢ شَدِيدٍۢ فَجَاسُوا۟ خِلَـٰلَ ٱلدِّيَارِ ۚ وَكَانَ وَعْدًۭا مَّفْعُولًۭا ﴿5﴾ ثُمَّ رَدَدْنَا لَكُمُ ٱلْكَرَّةَ عَلَيْهِمْ وَأَمْدَدْنَـٰكُم بِأَمْوَ‌ٰلٍۢ وَبَنِينَ وَجَعَلْنَـٰكُمْ أَكْثَرَ نَفِيرًا ﴿6﴾ إِنْ أَحْسَنتُمْ أَحْسَنتُمْ لِأَنفُسِكُمْ ۖ وَإِنْ أَسَأْتُمْ فَلَهَا ۚ فَإِذَا جَآءَ وَعْدُ ٱلْءَاخِرَةِ لِيَسُۥٓـُٔوا۟ وُجُوهَكُمْ وَلِيَدْخُلُوا۟ ٱلْمَسْجِدَ كَمَا دَخَلُوهُ أَوَّلَ مَرَّةٍۢ وَلِيُتَبِّرُوا۟ مَا عَلَوْا۟ تَتْبِيرًا ﴿7﴾ عَسَىٰ رَبُّكُمْ أَن يَرْحَمَكُمْ ۚ وَإِنْ عُدتُّمْ عُدْنَا ۘ وَجَعَلْنَا جَهَنَّمَ لِلْكَـٰفِرِينَ حَصِيرًا ﴿8﴾

Et Nous avons prédît à la postérité d’Israël, dans le Livre : « Vous corromprez sûrement deux fois de par la terre, et vous opprimerez cruellement les gens. » Et quand le moment de l’accomplissement de la première des deux eut lieu, Nous avons déchaîné contre vous, de Nos créatures, doués d’une forte rigueur, alors ils pénétrèrent tout le pays. Et ce fut une menace accomplie. Ensuite Nous vous avons redonné avantage sur eux, Nous vous avons accru en richesses et en descendances, et Nous vous avons rendu plus nombreux. Si vous faites le meilleur, vous faites le meilleur pour vous-mêmes, et si vous faites le mal c’est à votre détriment. Quand viendra le moment de l’accomplissement de la seconde, ils marqueront sûrement l’horreur sur vos visages et pénétreront sûrement dans le sanctuaire comme ils le pénétrèrent la première fois, et pour démolir totalement ce qu’ils ont dominé. Il se peut que votre Seigneur vous Fasse miséricorde. Et si vous récidivez, Nous Recommencerons. Et Nous avons fait de la Géhenne un emprisonnement pour les mécréants. (Al Isra 1 à 8)

Les savants spécialistes de l’exégèse à travers le temps et les écoles du Tafisr ne sont pas parvenus à se prononcer d’une manière décisive sur le sens de ses versets :

Ces bani Israël sont-ils le peuple de Moise ou tous les Juifs ?
La promesse divine (’accomplissement de la seconde) s’est-elle déjà réalisée pour eux ou est-elle encore à se réaliser ?
Quand a eut lieu la première ?
De quel sanctuaire s’agit-il ? Celui de Salomon, celui de Jérusalem, celui de Babel ?

Mille et une questions ont été soulevées par les Savants et en toutes les époques et parmi ces savants certains sont allés à fixer les événements dans leur époque, les autres dans une époque révolue et d’autres encore dans une époque à venir. Mais les savants contemporains comme les anciens buttent sur la question des Bani Israël qui sont antérieurs aux Juifs. Le Coran aborde la question sous différentes périodes : celle de Jacob, celle de Moise, celle de Jésus, celle de Mohamed avant l’Islam, celle durant l’Islam. Les Bani Israël sont les ancêtres des Juifs et des Chrétiens sur le plan religieux, une minorité d’entre eux ont été des Musulmans qui ont suivi et soutenus les Prophètes Moussa et Aissa. Est-ce que le danger ne vient-il pas des néoconservateurs et des évangélistes sionistes américains?

Entre Zamakhchari, Ràzi, Ibn Kathir, Sayed Qotb, Al Qortobi, At Tabari et des dizaines d’autres j’ai du mal à fixer un choix définitif. Si Cheikh Imrane Hussein vous a apporté la réponse qui manque à votre savoir qu’Allah bénisse sa connaissance et la votre et qu’Il m’apporte la lumière pour distinguer la vérité malgré sa complexité et son caractère de Ghayb n’appartenant qu’à Allah. J’avoue n’avoir aucune connaissance en eschatologie. J’avoue mon modeste savoir : Mohamed (saws) envoyé comme ultime Prophète a agit armé de la Révélation et de la raison. Je n’ai pas connaissance qu’il ait demandé à un de ses compagnons de se référer à l’eschatologie ou au Ghayb pour construire une bonne gouvernance, affronter un ennemi ou aménager un territoire. Par contre en lisant Hassan al Bassri ou Abu Hamad al Ghazali je constate que dans les époques de troubles, de confusion et de foi bigote les musulmans ont recours aux mythologies judéo-chrétiennes et au fatalisme pour ne pas assumer leur responsabilité et se donner explication à leur Wahn. Le sujet est fermé pour moi. Je n’ai plus rien à ajouter sur ce qui dépasse mes compétences.

Gog et Magog

Le Hadith rapporté par Zeinab Ben Jahch où le Prophète se réveille paniqué disant malheur aux arabes et citant la brèche dans la muraille des Gog et Magog est-il une parabole, c’est à dire une passerelle entre l’injustice et la cruauté des envahisseurs et sa cause qui est la perversité des arabes  » kathoura al Khobt ». Gog et Magog sont-ils une vérité eschatologique que décrit le Prophète qui a vu une partie du Ghayb et il nous en informe pour que le jour où le phénomène se passe les Musulmans tenant fermement au Livre et à la Sunna ne faiblissent pas et ne se laissent pas emporter par le mimétisme et la démission nées justement de la perversion des Arabes. le Quand nous échappe : demain, le mois prochain, dans un an ou dans plusieurs siècles?

Gog, Magog et Dajjal relèvent de la métaphysique qui nous prépare à affronter la fin du monde et à nous préparer au Jugement dernier. Mohamed (saws) a fait de l’invocation le dernier recours une fois qu’il a mis en place son dispositif de combat. Il était positif et optimiste. Cheikh Imrane n’est ni positif ni optimiste ni rationnel. Ce n’est ni mon école ni mon idole.

Les talmudistes qui attendent le retour du Messie et l’apcalypse pour nous exterminer le font avec dessein et planification : Ils travaillent, ils produisent de la pensée efficace, ils mettent en oeuvre des systèmes d’armes sophistiqués. Ce ne sont ni des Djinns ni des Gogs ni des Magogs. A moins que la prochaine bataille nucléaire contre l’Iran mettre en première lignes les chinois qui vont déferler sur les terres arabes pour s’emparer des richesses de pétrole et de gaz à cause de la perversité des Arabes. C’est encore une lecture géopolitique et allégorique du hadith.

La vie nous a montré que contre « Gog et Magog » talmudique, le HAMAS et Hezbollah ont résisté et gagné. Les somaliens ont gagné, les Irakiens ont gagné, les Afghans sont entrain de gagner.
La Sourate al Kahf est une sourate de dynamique, de mouvement, d’espoir et de destin : Ne pas se soumettre à la fatalité. On ne peut pas aller contre l’évidence du Coran qui montre Dhul Qarnayn libérateur et civilisateur. On ne peut pas aller contre l’évidence du Hadith qui dit

 » Epuisez tous vos efforts, ne faiblissez point ensuite dites ainsi soit-il « .

Epuiser c’est mette fin aux ressources d’un puits et se retrouver sans ressources, contraints d’aller chercher les ressources au fond de soi qui sont inimaginables en termes d’efforts cachés, d’ingéniosité, de courage et de lutte. Allah ne charge chacun que selon son Wasa’â. Le Wasa’â n’est pas la capacité ou la possibilité mais l’aptitude à devenir expansible. Al Wasa’â est la vasteté ou la vastitude de l’effort du croyant, de sa patience, de son endurance, de sa constance dans l’épreuve. Seul Allah connait notre potentiel que revèle l’expérience de lutte ou de résistance. Seul Allah peut mettre en expansion le cœur (l’intériorité) qu’Il détient entre Ses doigts. Pourquoi aller loin et hors sujet.

Notre modèle : le Prophète (saws)

Nous devons nous libérer de toute explication eschatologique de l’histoire, de tout mythe messianique, et de toute haine qui nous ferait prendre l’ombre pour la proie, sonner midi à quatorze heures et prendre l’anti thèse de l’Islam comme l’allié stratégique des Musulmans. Nous devons conserver la vision positive, libératrice et civilisatrice de Mohamed (saws) qui a trouvé la force, le courage, l’imagination et l’inspiration pour innover et faire face aux contraintes objectives qui rendaient à priori sa mission à Médine impossible :

• Une démographie galopante d’exilés sans argent et sans métiers,
• un foncier aux mains des Juifs,
• la pratique usuraire,
• le capital financier aux mains des Juifs,
• le marché aux mains des Juifs,
• l’industrie (fabrication d’outillages et d’armements) aux mains des juifs,
• insalubrité de Madinah,
• les voies commerciales et les routes d’approvisionnement sous contrôle des tribus païennes arabes hostiles,
• la mobilisation de troupes militaires arabes financées par les riches commerçants arabes, les Juifs et les Chrétiens d’Arabie ou du Yémen, les Perses et les Byzantins,
• la trahison des Juifs et des Hypocrites qui n’ont pas respecté le pacte citoyen de Médine,
• les menaces d’envahissement de l’Arabie par les Perses et les Byzantins,
• Toutes les civilisations en Asie, en Europe, en Afrique étaient antinomiques avec le monothéisme de l’Islam,
• un peuple musulman pas encore totalement libéré de l’héritage païen et chargé d’entrer dans l’histoire comme libérateur et civilisateur…

Mohamed (saws) et ses compagnons ont réussi en s’appuyant sur une foi qui conjuguait « soumission » à Allah et mission pour Allah.

  • Je ne pose pas le problème en terme de juifs. J’ai parlé du monopole sur les finances, l’économie, le marché et l’industrie. A Médine il était entre les mains des Juifs, en 2012 il est entre les mains du nouvel ordre mondial. La situation de Mohamed (saws) était pire que la notre et il a travaillé avec le Coran et son intelligence en agissant sur le territoire, les hommes et les idées.
  • Le verset que je viens de citer plus haut sur le Makane (territoire) et le Tamkine (la territoiralisation) par une communauté de foi passe par la bonne gouvernance c’est à dire le politique qui met en œuvre l’économique, l’éthique et le spirituel. La communauté musulmane sans prendre les armes ni fomenter des troubles peut contraindre le gouvernant à changer en commençant à changer elle même et à prendre possession de son territoire, de son temps, de sa volonté les soumettant à la conformité du Coran et de la Sunna
  • l’Islam est global, dynamique et réaliste. Il ne s’agit pas de trouver la solution dans la salât ou dans un rite mais dans l’intégralité de l’Islam.

Omar Ibn Al Khattab sur les pas du Prophète (saws)

Lorsque Omar (ra) a été investi du Khalifat il s’est consacré au bonheur et à la dignité des Musulmans ainsi qu’à leur sécurité sans jamais tomber dans des explications eschatologiques ni débattre de questions métaphysiques. Il avait eu l’honneur du vivant du Prophète (saws) de souhaiter des lois divines qui ont été exaucées en devenant des révélations de versets coraniques immuables, et il avait eu le don de prémonition et de vision lors des conquêtes puisqu’il « voyait » le champ de bataille et envoyait les renforts et les hommes les plus adéquats pour remporter la bataille compromise. Il a gouverné avec réalisme et efficacité et conduit des armées avec victoire et miséricorde tant pour les Moudjahidines que pour les vaincus. Si les Khalifes bien guidés et à leur tête Omar Ibn Khattab ont agit en conformité avec les exigences du rapport des forces et d’intelligence stratégique et tactique je ne vois pas pourquoi nous devrions affronter nos ennemis avec des slogans et des discours apocalyptiques sans prendre avec notre esprit et avec nos mains les conditions objectives et subjectives de la victoire et de l’émancipation. A titre d’illustration voici quelques grandes réalisations de Omar qui témoignent de son réalisme, de son efficacité, de sa connaissance des desseins du Coran, des exigences de la communauté musulmane :

  • Instauration de la justice, de l’équité et du droit,
  • Promotion du travail, augmentation de la productivité du travail et accroissement de l’efficacité sociale,
  • Mise en place du crédit pour le développement de l’innovation et de la production ainsi que la multiplication des entreprises individuelles ou participatives,
  • Mise en place et organisation des fondations pieuses et du Waqf pour garantir la cohésion sociale et des revenus conséquents pour supporter l’effort de guerre et promouvoir le progrès social et économique,
  • Réalisation de grands chantiers en matière de santé publique, de solidarité sociale et d’éducation
  • Planification et conduite de la réforme agraire (extension de la production, mise en valeur des terres, confiscation des terres non travaillées)
  • Édification de l’État avec une administration scientifique, un budget équilibré, un Trésor public, une comptabilité
  • Garantie de la sécurité des peuples, musulmans et non musulmans, et respect de la sacralité du sang et des biens tant qu’il n’y a pas transgression du droit,
  • Amélioration des revenus et mise en place d’un système socio-économique contributif et redistributif selon des critères transparents fondés sur les trois aspects suivants
    • le mérite,
    • l’effort,
    • le besoin
  • Consolidation et préservation de la religion sans laxisme ni rigorisme
  • Fédération et mise en synergie de toutes les forces vives de la communauté sans exclusion ni exclusive

Ce que dit le Coran est plus important que ce que disent tous les savants réunis

Nous croyons au Ghayb mais nous n’en connaissons pas le terme qui appartient à Allah. Faute d’agir sur une vérité métaphysique nous devons, par respect pour l’humanité qui nous habite et le Coran qui nous guide, agir avec intelligence et détermination sur les conditions objectives et subjectives tout en étant confiant en Allah. Il ne s’agit pas d’agir par improvisation ou par arrangement d’appareils comme l’ont fait les élites musulmanes dans ce « printemps arabe » qui est devenu par leur incapacité un torrent de sang, une transgression de la vie sacrée et un auxiliariat de l’agenda de l’OTAN. Il nous faudrait agir en conformité avec les Sunnanes (lois) d’Allah qui gouvernent d’une manière immuable l’histoire des hommes, l’émergence ou la décadence des nations et des civilisations

سُنَّةَ ٱللَّهِ ٱلَّتِي قَدْ خَلَتْ مِن قَبْلُ وَلَن تَجِدَ لِسُنَّةِ ٱللَّهِ تَبْدِيلاً

{C’est la Loi d’Allah qui a déjà eu lieu auparavant. Et tu ne trouveras point de modification à la Loi d’Allah.} Al Fatah 23

Cette loi d’Allah immuable est explicitée par le Coran et par la biographie du Prophète, et elle est livrée par l’Histoire sans besoin d’aller puiser dans la métaphysique :

وَأَقْسَمُواْ بِٱللَّهِ جَهْدَ أَيْمَانِهِمْ لَئِن جَآءَهُمْ نَذِيرٌ لَّيَكُونُنَّ أَهْدَىٰ مِنْ إِحْدَى ٱلأُمَمِ فَلَمَّا جَآءَهُمْ نَذِيرٌ مَّا زَادَهُمْ إِلاَّ نُفُوراً ٱسْتِكْبَاراً فِي ٱلأَرْضِ وَمَكْرَ ٱلسَّيِّىءِ وَلاَ يَحِيقُ ٱلْمَكْرُ ٱلسَّيِّىءُ إِلاَّ بِأَهْلِهِ فَهَلْ يَنظُرُونَ إِلاَّ سُنَّتَ ٱلأَوَّلِينَ فَلَن تَجِدَ لِسُنَّتِ ٱللَّهِ تَبْدِيلاً وَلَن تَجِدَ لِسُنَّتِ ٱللَّهِ تَحْوِيلاً أَوَلَمْ يَسِيرُواْ فِي ٱلأَرْضِ فَيَنظُرُواْ كَيْفَ كَانَ عَاقِبَةُ ٱلَّذِينَ مِن قَبْلِهِمْ وَكَانُوۤاْ أَشَدَّ مِنْهُمْ قُوَّةً وَمَا كَانَ ٱللَّهُ لِيُعْجِزَهُ مِن شَيْءٍ فِي ٱلسَّمَٰوَٰتِ وَلاَ فِي ٱلأَرْضِ إِنَّهُ كَانَ عَلِيماً قَدِيراً

{Ils ont juré par Allah de tous leurs serments, que s’il leur parvenait un avertisseur, ils seraient sûrement mieux guidés qu’aucune des communautés. Alors, quand un avertisseur est venu à eux, il ne les accrut qu’en répulsion : orgueil de par la terre, et ruse de nuisance. Mais la ruse de la nuisance ne retombe que sur ceux qui la fomentent. Pourquoi ne devraient-ils pas regarder autre chose que la coutume des Anciens. Tu ne trouveras point d’altération à la Loi d’Allah, et tu ne trouveras point de déviation à la Loi d’Allah. N’ont-ils donc pas parcouru la terre puis regardé le sort de ceux qui étaient avant eux, lesquels étaient plus forts qu’eux en puissance. Allah n’A jamais Été Entravé par quoi que ce soit dans les Cieux ni en la terre. Il A toujours Été Omniscient, Omnipuissant.} Fater 42

وَإِن كَادُواْ لَيَفْتِنُونَكَ عَنِ ٱلَّذِي أَوْحَيْنَآ إِلَيْكَ لِتفْتَرِيَ عَلَيْنَا غَيْرَهُ وَإِذاً لاَّتَّخَذُوكَ خَلِيلاً وَلَوْلاَ أَن ثَبَّتْنَاكَ لَقَدْ كِدتَّ تَرْكَنُ إِلَيْهِمْ شَيْئاً قَلِيلاً إِذاً لأذَقْنَاكَ ضِعْفَ ٱلْحَيَاةِ وَضِعْفَ ٱلْمَمَاتِ ثُمَّ لاَ تَجِدُ لَكَ عَلَيْنَا نَصِيراً وَإِن كَادُواْ لَيَسْتَفِزُّونَكَ مِنَ ٱلأَرْضِ لِيُخْرِجوكَ مِنْهَا وَإِذاً لاَّ يَلْبَثُونَ خِلافَكَ إِلاَّ قَلِيلاً

{Peu s’en faut qu’ils ne t’aient dérouté de ce que Nous t’avons inspiré, pour que tu controuves contre Nous autre chose que ceci (le Coran); à ce moment là, ils t’auraient sûrement pris comme un bien-aimé. Et si Nous ne t’avions affermi, tu aurais failli pencher quelque peu vers eux. Dans ce cas, Nous t’aurions fait subir la double durée de l’épreuve de la vie et la double durée de l’épreuve de la mort, ensuite tu ne trouverais point contre Nous de protecteur. Peu s’en faut qu’ils ne t’aient fait fuir de la terre, pour t’en chasser ; dans ce cas, ils ne seraient demeurés que peu de temps après toi. C’est la Loi s’appliquant à Nos Messagers que Nous avons envoyé avant toi. Et tu ne trouveras point de changement à Notre Loi.} Al Isra 76

Il faut se donner le temps de voir comment s’est manifestée cette Sunna dans le rapport de force prouvant une fois de plus que le chemin tracé pour Mohamed (saws) et les Prophètes (as) est le chemin que nous devons suivre sans tomber dans les dérives eschatologiques des talmudiques ou de ceux qui s’en inspirent et qui croyant bien faire cultivent la paresse, le sensationnel, le fatalisme et l’attente messianique au lieu de cultiver l’ingénierie de résolution des problèmes tant politiques et sociaux que géopolitiques et stratégiques. Voici la Loi d’Allah à l’œuvre mettant à l’épreuve les uns et les autres :

قَدْ خَلَتْ مِن قَبْلِكُمْ سُنَنٌ فَسِيرُواْ فِي ٱلأَرْضِ فَٱنْظُرُواْ كَيْفَ كَانَ عَاقِبَةُ ٱلْمُكَذِّبِينَ هَـٰذَا بَيَانٌ لِّلنَّاسِ وَهُدًى وَمَوْعِظَةٌ لِّلْمُتَّقِينَ وَلاَ تَهِنُوا وَلاَ تَحْزَنُوا وَأَنْتُمُ الأَعْلَوْنَ إِنْ كُنْتُمْ مُّؤْمِنِينَ إِن يَمْسَسْكُمْ قَرْحٌ فَقَدْ مَسَّ ٱلْقَوْمَ قَرْحٌ مِّثْلُهُ وَتِلْكَ ٱلأَيَّامُ نُدَاوِلُهَا بَيْنَ ٱلنَّاسِ وَلِيَعْلَمَ ٱللَّهُ ٱلَّذِينَ آمَنُواْ وَيَتَّخِذَ مِنكُمْ شُهَدَآءَ وَٱللَّهُ لاَ يُحِبُّ ٱلظَّالِمِينَ وَلِيُمَحِّصَ ٱللَّهُ ٱلَّذِينَ آمَنُواْ وَيَمْحَقَ ٱلْكَافِرِينَ أَمْ حَسِبْتُمْ أَن تَدْخُلُواْ ٱلْجَنَّةَ وَلَمَّا يَعْلَمِ ٱللَّهُ ٱلَّذِينَ جَاهَدُواْ مِنكُمْ وَيَعْلَمَ ٱلصَّابِرِينَ

{Combien de Lois ont réglé le sort de ceux qui vous ont précédé. Parcourrez donc la terre et regardez quel ne fut le sort des négateurs! Ceci est un Manifeste pour les hommes, une Direction infaillible et une exhortation pour les pieux. Ne perdez donc pas courage, ne vous affligez point alors que vous êtes les supérieurs, si vous êtes croyants. Si une blessure vous atteint, les autres furent aussi atteints d’une blessure pareille. Et ces jours, Nous les alternons parmi les hommes. Allah connait certainement ceux qui sont devenus croyants, et Il élit des Martyrs d’entre vous – Allah n’Aime point les injustes – afin qu’Il purifie ceux qui sont devenus croyants, et qu’Il anéantisse les mécréants. Ou bien pensiez-vous entrer au Paradis sans qu’Allah ne confirme ceux qui ont lutté d’entre vous et ne confirme les persévérants ?} Al ‘Imrane 137

وَمَن يُطِعِ ٱللَّهَ وَرَسُولَهُ وَيَخْشَ ٱللَّهَ وَيَتَّقْهِ فَأُوْلَـٰئِكَ هُمُ ٱلْفَآئِزُون وَأَقْسَمُواْ بِٱللَّهِ جَهْدَ أَيْمَانِهِمْ لَئِنْ أَمَرْتَهُمْ لَيَخْرُجُنَّ قُل لاَّ تُقْسِمُواْ طَاعَةٌ مَّعْرُوفَةٌ إِنَّ ٱللَّهَ خَبِيرٌ بِمَا تَعْمَلُونَ قُلْ أَطِيعُواْ ٱللَّهَ وَأَطِيعُواْ ٱلرَّسُولَ فَإِن تَوَلَّوْاْ فَإِنَّمَا عَلَيْهِ مَا حُمِّلَ وَعَلَيْكُمْ مَّا حُمِّلْتُمْ وَإِن تُطِيعُوهُ تَهْتَدُواْ وَمَا عَلَى ٱلرَّسُولِ إِلاَّ ٱلْبَلاَغُ ٱلْمُبِينُ وَعَدَ ٱللَّهُ ٱلَّذِينَ آمَنُواْ مِنْكُمْ وَعَمِلُواْ ٱلصَّالِحَاتِ لَيَسْتَخْلِفَنَّهُمْ فِي ٱلأَرْضِ كَمَا ٱسْتَخْلَفَ ٱلَّذِينَ مِن قَبْلِهِمْ وَلَيُمَكِّنَنَّ لَهُمْ دِينَهُمُ ٱلَّذِي ٱرْتَضَىٰ لَهُمْ وَلَيُبَدِّلَنَّهُمْ مِّن بَعْدِ خَوْفِهِمْ أَمْناً يَعْبُدُونَنِي لاَ يُشْرِكُونَ بِي شَيْئاً وَمَن كَفَرَ بَعْدَ ذٰلِكَ فَأُوْلَـٰئِكَ هُمُ ٱلْفَاسِقُونَ

{Et quiconque obéit à Allah et à Son Messager, et craint Allah et s’efforce d’être pieux, ceux-ci sont les gagnants. Et ils ont juré par Allah de tous leurs serments que si tu le leur ordonnais, ils partiraient sûrement (pour le combat). Dis : « Ne jurez pas ». C’est une obéissance connue. Certes, Allah Est Omniscient de ce que vous faites. Dis : « Obéissez à Allah et obéissez au Messager ». Si alors ils se détournent, il ne lui incombe que ce dont il fut chargé, et il ne vous incombe que ce dont on vous a chargés. Et si vous lui obéissez vous serez guidés, et il n’incombe au Messager que la transmission évidente. Allah A Promis à ceux qui sont devenus croyants d’entre vous, et ont fait les œuvres méritoires de faire d’eux, certainement, les successeurs sur la terre, comme Il a fait de ceux qui furent avant eux, des successeurs, et d’accorder plein pouvoir à leur religion, qu’Il a agréée pour eux, et qu’après leur inquiétude, Il la leur changera en sécurité. Ils M’adorent et ne M’associent absolument rien. Et quiconque renie après cela, alors ceux-ci sont les pervertis. Alors accomplissez la prière, et acquittez-vous de la Zakat, et obéissez au Messager, ainsi il vous sera fait miséricorde. Et ne pensez surtout pas que ceux qui devinrent mécréants sauraient entraver de par la terre, leur refuge sera le Feu, piètre destin !} Al Nour 52

Ces énoncés montrent qu’il n’y a pas de place à la démagogie ni à la culture de la fascination par l’évocation du surnaturel, mais détermination, endurance, intelligence et effort soutenu et assidu par toute une génération de croyants. Salah Eddine a libéré Al Qods en suivant les Lois divines, en faisant des analyses objectives et subjectives puis en s’appuyant sur Allah une fois sa décision prise avec rationalité éclairée par la foi.

Le terme et le délai appartiennent à Allah, le quand n’appartient ni aux Prophètes ni aux croyants

Cheikh Imran Hosein s’appuie pour son explication eschatologique sur la sourate al Kahf qui pourtant énonce sur le Ghayb du passé sa complexité qui a laissé le Prophète (saws) dire à ses compagnons que si Moïse (as) s’était montré plus patient nous aurions eu plus d’informations sur le Ghayb. Focalisé sur le passé et non sur celui de l’avenir davantage plus complexe et moins intelligible, la sourate Al Kahf aborde la question de la foi à travers les jeunes dormants de la caverne et nous fait acquérir cette règle fondamentale : Allah (swt) a fait découvrir les jeunes gens de la caverne pour manifester Ses signes aux contestataires et aux négateurs.

{De même, Nous avons fait qu’on les découvre afin que les gens sachent que la promesse d’Allah est Vérité, et que l’Heure ne fait aucun doute, lorsqu’ils contestent leur affaire entre eux} Al Kahf 21

En manifestant les signes qui témoignent que Sa Promesse est vraie et que la fin du monde est proche, Allah (swt) met toute sa création dans l’impossibilité de deviner le terme et le délai de la fin du monde en faisant allusion qu’il est impossible de deviner le nombre de personnes ni de prévoir comment demain sera fait :

{Ils diront : « Trois, leur quatrième : leur chien », et ils diront : « Cinq, leur sixième : leur chien » par divination. Et ils diront : « Sept et leur huitième : leur chien ». Dis : « Mon Seigneur Est Plus-Scient de leur nombre, et ne le connaissent que peu nombreux. Ne discute alors sur leur sujet qu’une discussion globale, et ne demande l’avis de personne d’entre eux à leur propos. » Et ne dis surtout pas d’une chose : « Je ferai ceci demain », sauf : « Si Allah Veut ». Evoque le Nom de ton Seigneur, si tu oublies, et dit : « Mon Seigneur me Guidera sûrement vers ce qui est plus proche de cela en droiture ». Et ils demeurèrent dans leur Caverne trois cents ans qui augmentèrent de neuf. Dis : « Allah est Plus-Scient de ce qu’ils restèrent. A lui Appartient le Ghayb des Cieux et de la terre} Al Kahf 22 à 26

Nous sommes invités à nous informer et à nous rappeler la vérité du Ghayb de la fin du monde en des termes globaux et ce dans le but de nous rappeler la promesse d’Allah (swt) et de craindre Son Châtiment. Mais nous ignorons le processus réel, le terme exact (al ajal) et le délai final (al amad) qui n’appartiennent qu’à Allah (swt). Le quand n’est ni du ressort du Prophète ni des Croyants les plus érudits et les plus illuminés. Les compagnons du Prophète (saws) n’ont pas développé une science eschatologique ni consacré leur temps à débattre de la fin du monde, de l’arrivée du Dajjal et du retour du Messie. Je ne suis pas qualifié pour dire que le faire aujourd’hui est une innovation (bid’âa) mais j’affirme à la lumière du Coran que c’est prendre un risque énorme de déviance que de se consacrer à l’art divinatoire à partir des Hadiths et un penchant vers l’astrologie et les sciences occultes. Le risque le plus grand c’est de laisser le Coran derrière soi et de refuser d’affronter le monde en se mettant sur un terrain et un savoir dont nous n’avons aucune certitude ni science car ils relèvent exclusivement d’Allah :

{A chaque terme un Décret. Allah efface et maintient ce qu’Il veut, et Il possède l’essence même du Livre du destin. Soit que Nous te montrions une part de ce que Nous leur promettons, ou que Nous te rappelions, il ne t’incombe que la transmission, et à Nous incombe le jugement.} Ar Raâd 38

Chaque fin, chaque issue, l’échéance de toute chose, de toute vie, de toute civilisation, de tout être, de tout phénomène y compris celui de l’existence des univers est consigné dans le Livre du destin inaccessible car il est écrit par Dieu. Nous savons qu’il y a une fin mais nous ne connaissons pas son terme. Le Prophète (saws) lui-même n’avait pas vocation à poser la question du quand ni à y répondre pour fixer le terme et le délai de ce qu’Allah a annoncé :

{Dis : « Il ne m’est sûrement inspiré que : “Votre Dieu Est, sûrement un Dieu Unique”. Etes-vous donc des musulmans ? » Si alors ils se détournent, dit : « Je vous ai transmis, à tous, ce qui m’a été ordonné. Je ne sais si ce qui vous est promis est proche ou lointain. Il Sait le manifesté de vos paroles et Il Sait ce que vous taisez. Et que sais-je, peut-être est-ce une épreuve pour vous et une jouissance pour un certain temps ? »} Al Anbiya 108

{Dis : « Je ne dispose pour vous ni de mal ni de droiture ». Dis : « Moi, personne ne me préservera contre Allah, et je ne trouverai, à l’exclusion de Lui, aucun abri. Je ne dispose que d’une transmission de la part d’Allah et Ses Messages. » Et quiconque désobéit à Allah et à Son Messager, il aura le Feu de la Géhenne : ils s’y éterniseront à jamais, jusqu’à ce qu’ils voient ce dont on les menace, ils sauront alors qui est le plus faible en soutien et le moindre en nombre ! Dis : « Je ne sais s’il est proche ce dont on vous menace ou si mon Seigneur lui donnera un délai ? » Très-Scient du Ghayb, Il ne révèle Son Ghayb à personne, sauf à celui qu’Il agrée comme Messager, Il l’entoure de toute part d’Anges gardiens, pour voir qu’ils ont transmis les Messages de leur Seigneur, et Il Domine ce qu’ils détiennent, et Il a recensé toute chose avec une parfaite et totale exactitude.} Al Djinn 21 à 28

Conclusion

La différence entre moi et Cheikh Imrane est dans trois points fondamentaux :
a – je n’ai pas recours à l’analyse eschatologique ni messianique ni talmudique pour lire l’histoire ou l’économie
b – l’or et l’argent ne sont pas une panacée pour la monnaie ni pour la justice sociale. Il faut étudier l’histoire des faits et de la pensée économique.
3 – Je suis un praticien de l’économie, je ne suis pas un conférencier théologique. L’Inspection générale des Finances (IGF) de l’Algérie en début 90 m’a donné un quitus : j’ai pris en charge une entreprise avec 12 Milliards de dinars anciens et j’étais renvoyé en la laissant avec 3 Milliards anciens de bénéfice. J’ai conjugué foi, probité, compétence et confiance aux jeunes Algériens qui ont travaillé sous ma direction dans un système pourtant corrompu et inéquitable.

Nous pouvons faire mieux si nous reprenons possession de nos compétences humaines : réfléchir, nous concerter et agir.

En dehors du fait que le Ghayb nous échappe, le Coran nous demande de renvoyer le mutashabih ( compris comme probable dans le sens philosophique et non statitique) au Muhkam (l’évident). Toutes les évidences coraniques donnent la victoire aux croyants s’ils respectent un certain nombre de conditions dont  » préparez leur tout ce que vous pouvez… »

Allah nous a demandé d’aller observer sunnan al Awaline : Les faits historiques et tirer enseignements. Il faut lire Hassan al Basri, Ibn Taymiyya ou Ibn Khaldoun pour voir que les explications eschatologiques et les attentes messianiques sont toujours apparus dans les moments troubles et confus lorsque la crise morale, politique et religieuse dure trop longtemps rendant toute lecture objective confuse. L’être humain, paresseux et avide de sensationnel, s’empresse à trouver une explication qui le dégage de ses responsabilités et qui fait taire sa conscience : la fuite vers le surnaturel ou vers le Ghayb qui pourtant est inaccessible à notre entendement :

قُل لَّا يَعْلَمُ مَن فِي السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ الْغَيْبَ إِلَّا اللَّه

{Dis : « Ceux qui sont dans les Cieux et la terre ne connaissent point le Ghayb, sauf Allah. »} An Naml 64

قُل لاَّ أَمْلِكُ لِنَفْسِي نَفْعًا وَلاَ ضَرًّا إِلاَّ مَا شَاء اللّهُ وَلَوْ كُنتُ أَعْلَمُ الْغَيْبَ لاَسْتَكْثَرْتُ مِنَ الْخَيْرِ وَمَا مَسَّنِيَ السُّوءُ إِنْ أَنَاْ إِلاَّ نَذِيرٌ وَبَشِيرٌ لِّقَوْمٍ يُؤْمِنُونَ

{Dis : « Je ne détiens pour ma personne ni bien ni mal, sauf ce que Veut Allah. Si je connaissais le Ghayb, j’en aurais accru les biens et nulle nuisance ne m’aurait touché. Je ne suis qu’un avertisseur et un annonciateur pour des gens qui croient. »} Al A’âraf 188

وَعِندَهُ مَفَاتِحُ الْغَيْبِ لاَ يَعْلَمُهَا إِلاَّ هُوَ

{Il Possède les clés du Ghayb, nul n’en a la savoir sauf Lui} Al An’âme 59

 

Encore une fois, je ne vise pas Cheikh Imrane Hossein qui a la liberté d’exprimer son opinion, mais j’ai le devoir, par amour de l’Islam, de dire ma vérité : notre bataille n’est pas dans l’ordre de la mythologie ou de la métaphysique, mais de l’ordre idéologique, idée contre idée, et de l’ordre praxique, action contre action :

{Préparez-leur tout ce que vous pouvez}

Nous devons nous inscrire dans le rapport d’intelligence et dans le rapport des forces et non dans le rapport des opinions et des interprétations sur lesqeulles nous n’avons aucune prise.

 

L’Apocalypse est vraie mais chacun le lit selon sa grille idéologique et culturelle :

 


Cours d’économie et d’apocalypse par le Rav Ron… par MinuitMoinsUne

 

 


René Girard – L’apocalypse a-t-elle commencé ? par MinuitMoinsUne

Mars 2012 ou le début de l’apocalypse? – Rav… par MinuitMoinsUne

 

 

Omar Mazri