Ce que le hold-up confrérique ne peut voler aux Palestiniens

Le gain politique et les buts immédiats ne sont pas à inscrire à l’ordre du jour de la résistance palestinienne lorsque nous lisons le contenu de l’accord auquel l’Egypte est parvenu. Nous avons montré le hold-up que les Américains et les Frères Musulmans ont réalisé en mettant en avant le rôle de conciliateur et d’intermédiaire de l’Egypte alors qu’idéologiquement, religieusement et géo-stratégiquement  sa place était à côté de la résistance palestinienne.

Lorsque nous disons à côté de la résistance palestinienne cela ne veut pas dire l’aventurisme d’entrer dans une confrontation militaire classique avec une armée égyptienne privée de doctrine de guerre et ployant sous l’aide logistique, technique et financière américaine. Etre à côté de la résistance c’est fournir la profondeur stratégique à la résistance palestinienne dans sa continuité militaire en lui apportant la logistique militaire et dans sa continuité populaire en lui apportant le soutien populaire. A l’unité peuple-résistance armée du côté palestinien qui avait  fait face à l’agression nous espérions retrouver la même unité peuple et soutien logistique.

Le pragmatisme politique a remporté une victoire médiatique sur le  réalisme  de la cohésion et de l’harmonie peuple-résistance. Le pragmatisme est dangereux car il installe le statut quo qui peut générer de la lassitude, et  donner de la voix à la subversion idéologique et à la diversion politique pour distiller insidieusement  la question cynique sur les apports de la résistance en termes de gains militaires, politiques et sociaux.

N’est-ce pas le retour à l’immobilisme et aux contradictions des points de passage sous le contrôle des autorités sionistes et des autorités égyptiennes ? N’est-ce pas l’Amérique qui dicte ses conditions sur ce qui devrait relève de la souveraineté égyptienne sur son territoire ? N‘est-ce pas que la résistance a marqué  plus de points qu’en 2009 pour n’en obtenir que moindre ?

N’est-ce pas que nous allons voir de nouveau le déchirement entre Gaza et la Cisjordanie facilitant l’idée de la solution du  transfert des populations par une forme nouvelle : le transfert administratif des territoires entre l’Egypte, la Jordanie et l’extension-intensification de la colonisation et de la judaïsation de la Palestine.

Le pragmatisme va tenter de faire de la question palestinienne un dossier parmi tant d’autres de  l’agenda freriste de la Dawla islamiya qui compose avec le capitalisme et l’Empire. Le réalisme américain et le cynisme sionisme vont faire de ce pragmatisme  un mode opératoire pour tiédir et diluer la question palestinienne qui recule dans la conscience humaine pour devenir un feu d’artifice et un holocauste de commémoration sans perspective sur la libération.

Dans les semaines à venir le hold-up qui a remis en scène le Qatar et la Turquie, artisans du démembrement contemporain du monde arabe, l’Amérique  va tenter d’appliquer le même scénario qu’à Ramallah. A Ramallah la résistance est bâillonnée par un semblant de mieux être socio-économique qui vient faire oublier la répression qui s’abat sur les  figures et les idées de la résistance. A Ramallah règne en maitre le général américain Dayton sur le plan sécuritaire et l’ancien premier ministre britannique Tony Blair sur le plan idéologique, économique et politique.  L’idée est d’isoler les deux entités palestiniennes l’une de l’autre et chacune du territoire palestinien historique.

L’Amérique dispose de ce qu’elle n’avait pas en 2009 : l’Egypte et la Turquie. Le Qatar est toujours présent dans le rôle inchangeable d’émissaire américain et d’agent financier. L’Egypte sort de cette guerre avec le statut renforcé qu’elle avait déjà par les Accords de Camp David : le centre de gravité de la normalisation avec Israël. La Turquie consolide sa position mais perd le rôle de locomotive. Elle aura à jouer un rôle face à la Syrie et à l’Iran. Pour Gaza je la vois dans trois rôles : assistant de l’Egypte sur le plan sécuritaire et politique, opérateur économique dans Gaza avec le Qatar et peut être un rôle inédit : elle serait le seul pays à amarrer à Gaza pour donner l’illusion de la fin du blocus.

 Les Arabes politiques, médias et peuples sont, pour l’instant et dans les semaines à venir, dans l’euphorie de la victoire,  le gaspillage de temps  entre réjouissance et festivités pour commémorer leur victoire faisant l’impasse sur le hold-up, et la perte d’intelligence et de vigilance dans leur spéculation sur la défaite politique de Netanyahu.

Poser  la question de l’avenir politique de Netanyahu et débattre des clivages et des oppositions au sein de l’entité sioniste c’est faire de la diversion. Aucun homme sensé n’ignore ces trois constantes : Israël et le monde occidental perdant ou victorieux ont la culture de l’évaluation et de l’auto critique, leur système et leur culture  politique ne leur permettent pas le nombrilisme partisan. Le changement tactique  dans la continuité stratégique est leur essence. Quels que soient la couleur politique du gouvernant et la tonalité de son discours médiatique la politique menée envers la Palestine est invariante. Par ailleurs le Coran nous a appris que « leurs cœurs sont dispersés » : cela fait partie de leur comportement normal.

L’anormal dans l’affaire est notre comportement qui fait de leur normalité une fascination, une dérision, une diversion… Alors que chacun de leurs mots, de leurs idées, de leurs actes envers notre capacité de résistance est une subversion dans nos mentalités et notre unité, une dislocation dans notre tissu, dans notre géographie, dans notre histoire, dans notre devenir…

L’anormal c’est d’aller vers un comportement festif et euphorique qui ne sied pas à celui qui se réclame de Mohamed (saws) qui s’est toujours montré humble et recueilli y compris dans les plus grandes victoires comme celle de Badr ou de Mekkah. L’indécent c’est de se montrer bruyant alors que l’odeur du sang des martyrs, des blessés, des disparus et des ruines fumantes impose le recueillement. Dans ce lieu béni par le Ciel qu’est la Palestine nous ne pouvons manquer de faire le rappel entre le désir de vivre et de triompher des incrédules et des agresseurs avec ces deux qualificatifs par lesquels Allah a qualifié Son Prophète Yahya (le vivant)  dans la sourate Mariam :

{Récit de la Miséricorde de ton Dieu envers Son Dévoué Zacharie. Lorsqu’il a appelé  son Dieu en L’invoquant intimement pour lui dire  : « Mon Dieu, mes os se sont affaiblis, la tête flamboie  de cheveux blancs, et je ne fus jamais malheureux en t’invoquant ; et moi je redoute les proches, après moi, ma femme étant stérile. Accorde-moi donc, venant  de Toi, un successeur, qui hérite de moi et qui hérite de la famille Jacob. Et fais, mon Dieu, qu’il soit agréé ». O Zacharie, Nous t’annonçons la bonne nouvelle d’un garçon qui s’appelle Yahia auquel Nous n’avons pas donné d’homonyme auparavant. Il dit : « Mon Dieu, comment aurai-je un enfant alors que ma femme est stérile et que j’ai atteint l’extrême vieillesse ? » Il dit : « Au sujet de tout cela, ton Dieu a dit : “Pour Moi c’est chose facile, n’est-ce pas que je t’ai  déjà créé auparavant alors que  tu n’étais rien.” » Il dit : « Mon Dieu, désigne-moi un Signe. » Il dit : « Ton signe : tu ne pourras parler aux hommes pendant trois nuits, quoique en bonne santé. » Alors il sortit du mihrâb vers ses gens et leur fit signe : « Exaltez Dieu à l’aube et au soir ». } Mariam 2 à 11

Sans entrer dans tous les détails et le sens des Signes (Ayat) nous allons retenir quelques éléments qui clarifient notre lecture du présent focalisé sur la Palestine. C’est la première fois que le nom Yahya apparait dans l’histoire des nominations. C’est la première fois qu’un verbe « il vivra » est utilisé pour désigner un nom ou un prénom. La nomination devient Signe car le signe a pour vocation d’annoncer un autre signe ou un sens plus subtile et plus important que ce qu’il représente en sonorité ou en image mentale : l’annonce du Messie le fils de Marie, le Verbe d’Allah.

Ces signes et ce récit sont évoqués symboliquement par ce qui se passe actuellement dans le monde arabe : jamais le retour du Messie n’est ressenti aussi proche que maintenant, jamais la lutte entre le Messie fils de Marie et le faux Messie le Dajjal n’est ressentie voire souhaitée devant tant d’injustice, de mensonge, de confusion. Jamais la résistance palestinienne n’a porté autant de vitalité, de potentiel de vie, d’annonce comme ces dernières années. Si nous nous confinons à la seule analyse géo politique nous devenons pessimistes et cyniques. Le Coran est le printemps de notre vie, la guérison de notre esprit, la miséricorde pour notre fragilité, la perspective de l’avenir qui nous est promis lorsque tous les chemins semblent mener à des impasses.

La clé n’est pas dans la démonstration festive ni dans la diversion ni dans l’espoir ou le désespoir que peuvent amener les Frères Musulmans ou d’autres idéologies. La solution est le retour à l’Islam  c’est-à-dire se remettre en totale confiance au Décret d’Allah et attendre de Lui la victoire et l’issue heureuse.  

La clé est la  fidélité aux principes :

{Exaltez Dieu à l’aube et au soir}  Mariam 11

La clé n’est pas dans le pragmatisme et l’attente messianique d’une solution qui viendrait des Frères Musulmans, de l’Egypte, de Turquie ou du Qatar.  Le Hold-up n’est pas une clé c’est un détournement,  une effraction !

La clé est dans la sourate Mariam qui vient compléter l’énoncé qui  annonce la vie, l’immortalité, la remise totale en Allah :

{O Yahia, prends le Livre avec force} Mariam 12

 O Allah notre Dieu et le Dieu de tous les Univers quelle est la signification de cette force ? Elle est dans le Livre d’Allah qui dicte la manière de se comporter face aux agresseurs. Il ne peut y avoir triomphe pour les gens bruyants et dissipés ou arrogants ou calculateurs. La force au sens coranique demande l’engagement total du croyant et l’éthique du Coran que Zacharie a incarné :

{Il a appelé son Dieu en L’invoquant intimement}

Elle dénote l’intimité du cœur qui vit dans la proximité de Dieu, le recueillement de l’être qui s’adresse humblement au Maitre Souverain, le mutisme devant  l’indicible audible par la seule oreille qui a compris le sens de la Grandeur de Dieu et de son Omnipotence, le comportement secret et furtif de l’indigent qui mendie sa subsistance, son devenir auprès du Riche, le  Donateur et le Propriétaire exclusif. S’il y a du bruit c’est que le cœur est absent,  l’esprit est détourné ou les sens perturbés par les apparences trompeuses.

Yahia –  le verbe « vivre » qui témoigne d’Allah le Vivant et qui annonce le Messie que les Juifs,  l’Empire et l’idolâtrie ne peuvent tuer ou crucifier – est l’incarnation de cette force tranquille qui donne victoire au faible et au vieux Zacharie et perpétue son sang, sa foi et les nobles traditions de la famille de Prophètes (saws) :

{Et Nous lui avons octroyé la maitrise de soi alors qu’il n’était encore qu’un enfant, ainsi qu’une tendresse et une épuration par effet de Notre grâce. Il était pieux, affectueusement dévoué envers ses père et mère, et il n’était point un oppresseur rebelle.} Mariam 12 à 14

 La clé pour la Palestine n’est pas dans le positionnement idéologique ou partisan des uns et des autres, mais dans l’affirmation des constantes. Le réalisme consiste à donner de la faisabilité, de la viabilité, de la cohérence, de l’efficacité à ces constantes. Aux constantes traditionnelles qui sont la fin de l’occupation et le retour des réfugiés il y a une nouvelle constante qui vient s’imprimer dans la conscience et le sol : l’unité peuple résistance armée, l’unité de la résistance palestinienne comme facteur décisif dans l’axe de la résistance contre l’Empire et le sionisme.

Ni Zacharie, ni Yahia, ni Marie, ni le Messie fils de Marie n’ont fait des concessions sur les principes ou n’ont été partisan d’une faction ou d’un groupe combien nombreux ils étaient dans la société juive à cette époque. La société juive était partagée entre les hellénisants, les instrumentalisant la religion à des fins mondaines….

Le Coran a montré la rupture qui doit s’opérer :

{Elle (Marie) dit : « Moi, j’ai recours au Miséricordeur contre toi, si tu es pieux ».} Mariam 18

{Il dit : « Je suis le serviteur d’Allah, Il m’A Donné le Livre, et Il m’A Fait Prophète, et Il m’a rendu  béni où que je sois, et Il m’a ordonné la prière et la Zakàt tant que je serai vivant, et d’être affectueusement dévoué envers ma mère. Il ne m’a  point rendu  un oppresseur malheureux. Que  la paix soit avec moi : le jour où je suis né, le jour où je mourrai et le Jour où je serai ressuscité vivant. » Tel est Jésus fils de Marie. Parole de Vérité sur laquelle ils divergent.} Mariam 30 à 34

 De fil en aiguille ces énoncés se sont imposés à moi non comme des ornements décoratifs comme le feraient des citations, mais comme des repères religieux et historiques montrant que le conflit dans lequel nous sommes une partie prenante dépasse la géographie et le temps du présent. Il est enraciné dans la conscience humaine, dans la conscience musulmane, dans la confrontation entre le mensonge et la vérité. La question palestinienne, indépendamment des calculs politiciens des uns et des craintes légitimes des autres, est préservée  par sa présence dans l’intérieur de toute existence passée, présente et à venir.

Si nous ne doutons pas de la vérité et de l’efficacité de ces énoncés coraniques ainsi que de leur portée sur ce qui se passe et va se passer en Palestine, nous ne pouvons aussi douter que dans le camp palestinien il y a des réalistes fidèles aux principes qui ne se laisseront pas bercer par autre chose que la réponse à la force ne peut être que la force comme dans le camp sioniste il y une constance intrinsèquement lié à la nature de l’Etat sioniste : l’arrogance, l’agression et l’impunité qui vont pousser à une autre agression.

La question reste posée pour les Palestiniens, les Egyptiens et le reste du monde : comment reconstituer les stocks d’armes et de munitions pour la prochaine confrontation et comment aider les Palestiniens à ne pas subir les pressions politiques et économiques qui leur feront concéder des concessions inacceptables eu égard à leurs sacrifices.

Cette fois-ci nous attendons de voir une nouvelle génération de missiles sol air qui brise la suprématie aérienne de l’armée sioniste.

 

 

 

 

 

Nouvelle Victoire de la Résistance

{Et lorsque les croyants ont vu les factions, ils dirent : « Cela est ce qu’Allah nous A Promis, ainsi que Son Messager. Allah a été Véridique, ainsi que Son Messager » Et cela n’a fait qu’augmenter leur foi et leur abnégation.  Il est parmi les croyants des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Il est d’entre eux qui (a accompli son vœu et) mourut (en martyr), et il  est d’entre eux qui attendent, et ils n’ont pas changé leur détermination, afin qu’Allah récompense sûrement les véridiques pour leur véracité, et châtie les hypocrites, s’Il veut, ou leur fasse Rémission. Certes, Allah A toujours Été Absoluteur, Miséricordieux.  Et Allah repoussa ceux qui sont devenus  mécréants, avec leur rage, ils n’obtinrent aucun bien.} Al Ahzab  22 à 25

Au moment où les négociations vont bon train aboutissant cette nuit à une trêve ou à la poursuite de l’agression sioniste contre Gaza je tiens à montrer, en dépit des mauvaises consciences arabes et occidentales que la résistance palestinienne a remporté la victoire dans sa nouvelle confrontation avec l’armée sioniste.

Pour prononcer cette annonce il faut mettre ses pas dans ceux des Prophètes (saws) et suivre avec attention les confrontations antérieures pour suivre leur évolution et tout particulièrement la confrontation Al Forqane contre Hanouka en décembre 2009.

Le but de l’opération « Hanouka » en hebreu et « Plomb durci » en français visait la mise au silence de la résistance palestinienne pour réaliser au moins six  objectifs :

–        Reconquérir  la crédibilité  de la dissuasion de la doctrine de guerre sioniste perdue face au Hezbollah.

–        Liquider politiquement et structurellement le HAMAS, et donner primauté au camp des dialoguistes pragmatiques perdus dans leurs contradictions après  l’accord d’Oslo.

–        Donner crédit à l’axe arabe défaitiste pour aller vers une reconnaissance de l’Etat sioniste avec pour préalable la liquidation de la cause palestinienne, sa  transformation en question humanitaire, la liquidation de la revendication du droit au retour des réfugiés palestiniens et démonter la vanité de la résistance armée considérée par une grande partie des officiels arabes comme une illusion voire un préjudice au processus de paix

–        Se débarrasser de Gaza en en faisant une province égyptienne

–        Faire taire les armes et les voix appelant à la résistance armée.

–        Ne plus être préoccupé par le harcèlement de la résistance palestinienne et par le soutien de la population arabe et musulmane à Gaza pour se consacrer au remodelage du Moyen-Orient qui passe par une guerre civile au Liban discréditant le Hezbollah, le démantèlement de la Syrie et l’attaque de l’Iran.

La résistance palestinienne est la charnière dans l’ensemble de ces objectifs. Cette charnière a résisté et continue de résister, elle s’exprime et fait parler d’elle. Elle a donc logiquement, sur le plan tant stratégique que tactique, remporté la victoire. Les jours à venir vont montrer l’acharnement médiatique arabe et occidental à tenter de prouver le contraire.

Nous allons donc montrer sur le court terme et sur le plan opérationnel comment la résistance a remporté la victoire à laquelle ne s’attendait pas l’agresseur sioniste. Pour cela il faut inscrire cette agression dans le même contexte que l’agression de 2009 avec la différence que l’acteur de la trahison n’est plus l’émissaire égyptien, mais l’émissaire arabe des États-Unis et d’Israël : le Qatar.

Quelques jours avant l’agression, les sources arabes  « bien informées » rapportent l’échec de la visite du Bédouin qatari qui a écourté sa visite et réduit le montant de son aide à Gaza car Ismaël Haniya, sous l’impulsion du martyr Al Jaabari, a refusé de prendre de répondre  favorablement à l’Emir du Qatar  sans consulter  la résistance qui détient la clé qu’il n’a pas.  Le message américain et israélien était sans ambiguïté : Aller vers une trêve inconditionnelle et accepter  la reconnaissance d’Israël par des mesures préparatoires en contrepartie de la reconstruction de Gaza et la levée partielle du blocus :

–        Désarmer la résistance.

–        Couper les relations avec l’Iran.

–        Couper les relations avec la Syrie et le Hezbollah.

–        S’engager dans le processus de paix.

Dans le climat de subversion en Syrie et de visite de l’émissaire arabe à Gaza, Israël a agressé par surprise et contre toute attente Gaza en assassinant Al Jaabari  se donnant ainsi prétexte de la riposte de la résistance pour mener l’opération « colonne de fumée » que les Français appellent, par parti pris, « Pilier de défense ».

Les premiers moments il faut reconnaitre que le coup porté à la résistance palestinienne et son onde de choc étaient terribles :

–        Décapitation de l’encadrement de la résistance.

–        Frappe et destruction des stocks de roquettes.

Dans un rapport de force incomparable qu’il ne faut pas comparer,  la résistance palestinienne a réalisé le miracle : riposter avec intelligence,  efficacité et effet de surprise modifiant les données comme cela s’est passé lors de la confrontation d’« Al Forqane » à « Hanouka ».  En ce moment, où les informations varient entre l’annonce d’une trêve imminente et l’annonce d’une confrontation plus intense et plus large nous montrons les premiers éléments de la victoire nonobstant les résultats immédiats ou futurs sur le terrain :

–        En lançant l’offensive le gouvernement sioniste a présenté Tel-Aviv comme ligne rouge qui engagerait les forces terrestres à envahir  Gaza.  La résistance a montré sa capacité à toucher, Tel-Aviv, montrant qu’elle est capable de frapper le cœur de l’entité sioniste. En frappant le cœur du sionisme, la résistance palestinienne vient de confirmer qu’Israël est vulnérable. Toute la doctrine militaire de l’Empire et de l’entité sioniste est mise à mort. Les missiles et les roquettes anti char, même de fabrication artisanale, peuvent changer l’équation et l’issue d’une bataille. Israël cherche une trêve et pousse les États-Unis à dépêcher leurs émissaires arabes, turcs et européens pour solliciter une trêve.

–        Le Liban, la Syrie, la Palestine et Égypte, sans devoir engager une guerre classique ou nucléaire,  peuvent, avec des moyens rudimentaires,  vider la population de l’entité sioniste en faisant changer la peur de camp.

–        Les premières  ripostes palestiniennes et leur impact sur le sol de la Palestine occupée montrent ce qui attend Israël lors d’une confrontation avec le Hezbollah, la Syrie ou l’Iran : un déluge de feu. L’issue ne sera pas dans la capacité à faire mal, mais dans la capacité à résister et à riposter. Le perdant est celui qui perdra ses nerfs et le contrôle de sa population. Les Musulmans, habitués à vivre dans l’âge de pierre n’ont rien à perdre dans la confrontation face à des peuples « civilisés » et consuméristes qui risquent de perdre leur vie, leur fortune, leur confort. Les Musulmans n’ont rien à attendre de ce monde, ils cherchent le Paradis. Les Musulmans et les Arabes ont un excédent démographique, ils peuvent consentir des sacrifices humains. Les palestiniens donnent mille des leurs pour 4 de leur ennemi.

–        L’équation du sacrifice humain est en faveurs des Arabes et des Musulmans. L’équation devient plus cruciale lorsque la résistance palestinienne réalise en 6 jours ce qu’elle n’a pas réalisé en quelques années : moins de perte dans ses rangs et plus de pertes dans les rangs de l’ennemi.

–        Toutes les factions armées et politiques palestiniennes sont aux premières lignes. Les combattants du HAMAS, du Jihad, du FATAH, du front démocratique coordonnent leurs opérations et donnent des martyrs. Les marxistes, les laïcs et les islamistes sont unis face à l’agression.  Les sunnites, les Chiites, les Frères Musulmans, les Salafistes, les sans doctrines sont unis. Le combat et le clivage est entre le camp de la résistance et le camp de l’agression et ses alliés arabes et musulmans abstraction faite de l’idéologie déclarée et de la doctrine pratiquée.

La question stratégique fondamentale se résume sur deux axes :

–        L’exigence de fédération de toutes les forces dans le monde arabe et musulman et son ouverture aux autres forces dans le monde qui refusent l’agression et l’oppression.

–        Le devoir de mobilisation pour faire échec au plan de l’Empire  et du sionisme.

En attendant le cessez-le-feu ou la trêve ou l’intensification et l’élargissement de la confrontation il faut noter les éléments suivants qui auront des répercussions sur les gains réels à court terme et à long terme :

Qui va imposer les conditions de la trêve ou du cessez-le-feu. L’état sioniste vise à parvenir à une trêve avec HAMAS  excluant le Jihad islamique et le Front populaire démocratique. Les Bani Israël sont connus pour leur compétence à ruser, à leurrer et à jouer sur les contradictions. Bibi joue sa carte politique et joue la crédibilité américaine il va donc s’appuyer sur la compétence des laboratoires occidentaux à  connaitre nos contradictions idéologiques et politiques. Ainsi le jeu va se porter sur le rapport des  Frères Musulmans  avec HAMAS et sur le rapport de la Ligue Arabe aux « arabes ».

Il faut donc s’attendre à voir et à entendre des choses horribles car la guerre psychologique et médiatique est aussi cruciale que le combat militaire sur le terrain de la confrontation.

Pour l’instant nous avons quelques marqueurs dans la grille de lecture de ce qui se passe ou de ce qui se trame dans les coulisses :

–        Le MAE qatari a fait avorter la réunion de la ligue arabe qui d’ailleurs n’attendait que l’occasion pour fuir ses responsabilités. Le peuple arabe et musulman ne manquera pas de voir que la ligue arabe avait accordé 48 heures à la Syrie pour répondre à ses injonctions alors qu’’elle fuit ses responsabilités envers Gaza et la Palestine. Le MAE irakien avait le projet de proposer le recours à l’arme du pétrole, mais au dernier moment il s’est rétracté. Le MAE qatari reconnait que nous sommes des « brebis » livrés au « loup » et qu’il faut baisser les bras. Il a dut baisser le pantalon pour satisfaire les désirs de Livni.  Le roi des bédouins saoudiens  appelle au langage de la raison et à calmer le jeu. La presse officielle saoudite dénigre la riposte palestinienne évoquant le proverbe arabe  » il n’est pire aveugle que l’aveugle qui se  frappe la tête avec sa petite canne en voulant frapper son ennemi plus grand que lui » et que la sagesse commande de laisser le temps à l’initiative de paix arabe de réaliser la normalisation avec Israël car toutes les armées arabes ne peuvent affronter Tsahal. La Turquie qui n’a pas défendu ses martyrs de Marmara est présenté comme un modèle de vertu et de sagesse. L’indien marxiste chrétien d’Amérique latine a plus de cœur et de dignité que ses pouilleux qui vivent confisquant  Mekka et Médina, et dénaturant l’arabité et l’islamité léguées par l’ultime Prophète (saws).

–        L’Égypte et la Turquie coordonnent leurs opérations de maquillage politique et médiatique pour faire aboutir un accord de cessez-le-feu qui sauve les apparences puis donne la victoire à Israël comme cela a été fait en 2009.

–        Les Frères Musulmans surfent sur une vague conciliante de la rue arabe en leur faveur qui leur permet de faire jouer leur aura « islamique » pour calmer le jeu avec l’Arabie saoudite en qualité d’intermédiaire, de garant de la paix, de conciliateur. Il est idéologiquement et religieusement parlant difficile d’imaginer un mouvement islamique atteindre ce niveau de pragmatisme alors qu’il est attendu de lui pas forcement  de déclarer la guerre, mais d’apporter l’aide logistique. Lorsqu’on on suit les déclarations des dirigeants islamistes, de leurs idéologues et de leurs propagandistes on remarque le changement de ton qui passe du triomphalisme et de la facilité déconcertante à un pragmatisme et une difficulté plus déconcertante qui prouve qu’il n’y a rien à attendre de ceux qui se sont empressés de prendre le pouvoir sans être préparés à l’exercer ni avoir la volonté de prendre tous les risques d’innover au prix de perdre ce pouvoir.

Le président Égyptien n’arrive pas à réaliser ce que Khomeyni a réalisé : fédération des forces comme un axe de résistance contre le Grand Satan et une force de libération de la Palestine. Khomeyni est venu après l’accord de camp David en 1978. Il est incontournable dans l’hégémonie organisée des Frères Musulmans dans le monde arabe. Même s’il ne fait pas ce qui est attendu de lui, il ne peut nuire aux Palestiniens comme Moubarak et Suleyman.  Il a donc des cartes à jouer dans le monde arabe et musulman, mais sa manière de jouer ses cartes va êtres déterminante à moyen et long terme.

La situation est complexe : Le Hamas était prisonnier des Frères Musulmans, il se trouve celui qui a pris en otage les Frères Musulmans et lui même otage de sa branche armée. Il faut suivre tous ses événements avec précision et prudence car la résistance palestinienne  va refonder tous les rapports dans le Moyen-Orient. Elle va annoncer de nouveaux rapports entre Netanyahu et l’Amérique.
Comme en 2009 je ne fais pas porter à Égypte toute la responsabilité. Ses gouvernants peuvent  invoquer l’état des lieux catastrophiques pour une population égyptienne de plus de 80 millions d’habitants. Les Arabes pouvaient et sont tenus d’apporter à Égypte les fonds que le FMI et l’Amérique lui donnent afin qu’elle puisse jouer son rôle :

  • Islamique : le devoir de secours
  • Géostratégique : Gaza est la profondeur stratégique tout ce qui se passe militairement, politiquement et idéologiquement a des répercussions à moyen et long terme sur la paix et la sécurité égyptienne. Même si l’Islam est « occulté » la raison d’Etat ne peut être occultée.

Égypte et ses Frères Musulmans sont une fois de plus mis devant les « plaisanteries » du destin que leur imposent la religion, la géographie, l’histoire, l’économie  et la mentalité collective. Si les Frères Musulmans avaient pris en considération ces éléments qui sont les facteurs de promotion ou de régression de la civilisation ils auraient rapidement mis une stratégie pour conserver l’initiative et non la subir. Au lieu de chercher à réaliser,  comme l’a fait Moubarak en 2009, un cessez-le-feu qui donne la victoire factice à l’agresseur frustrant  l’opprimé de sa victoire, Morsi aurait compris depuis longtemps qu’il y a trois  constantes qui sont apparues dans le rapport entre les Palestiniens et les sionistes depuis les accords de Camp David:

–        La nature belliqueuse et fallacieuse de l’entité sioniste qui rompt toute trêve et toute solution. Il n’est pas dans l’intérêt de l’Empire d’avoir d’autres fronts ouverts alors qu’il est pris à l’étau en Irak, en Afghanistan et en Syrie.

–        L’Amérique n’est plus la force hégémonique dans le monde. Il faut consulter les forces en émergence et chercher leur alliance. Meê si l’Amérique n’est pas la force dominante, elle reste puissante et nuisible. Il faut connaitre ses limites pour les franchir avec courage et intelligence et non s’y soumettre avant d’avoir commencé la partie de jeu.

–        L’esprit partisan occulte les forces de la résistance en Palestine. HAMAS, à Gaza, est incontournable, mais il n’est pas hégémonique. Sur le terrain de la résistance, il ne peut non seulement prendre l’initiative sans consulter sa branche armée, mais il ne peut tourner le dos aux forces « silencieuses » ou mises en silence par les médias arabes : le Jihad Islamique et le Front démocratique. Il y a d’autres forces qui sont apparues sur la scène en Palestine et ailleurs dans le monde musulman.

Morsi a été contraint de renvoyer l’ambassadeur israélien et prend conscience que la rue arabe et égyptienne n’est plus absente comme par le passé, même si elle lui accorde encore la confiance. Il est appelé à se radicaliser ou à se discréditer. Les événements ne vont pas manquer de le pousser dans un sens ou dans un autre le poussant à sortir du gué et à choisir définitivement son camp. Il y a encore de nouvelles surprises.

En conclusion le mythe de l’invincibilité militaire et  de l’infaillibilité du renseignement de l’Etat sioniste sont  achevés, définitivement achevés. Ils ne peuvent ni imposer les conditions d’un cessez-le-feu ni le refuser à une communauté internationale qui le demande car ce conflit fausse tous les calculs du « printemps » arabe la grande arnaque du siècle.

Pour l’instant, en prémisse du cessez-le-feu, nous assistons à une nouvelle escalade car il s’agit pour l’entité sioniste de ne pas sortir défaite. Comme en 2009 et en 2006 l’entité sioniste veut marquer les esprit en accentuant les frappes  sur Gaza à partir de l’aviation, de l’artillerie et de la marine. Elle espère ainsi se venger, imposer ses conditions de négociations et espérer gagner un peu de temps qui verrait  l’épuisement des stocks de missiles palestiniens. C’est ce que attendent les Arabes pour se donner bonne conscience et criminaliser la résistance. L’observateur averti remarque que les bombardements et le pilonnage des armées sionistes  ne trouvent plus de cibles à détruire. les armées sionistes ne font que que bombarder pour la seconde et troisième fois les mêmes cibles prouvant l’inefficacité de leur stratégie et leur impasse militaire et politique. Il ne faut jamais perdre de vue le but de la guerre : éradiquer l’ennemi ou faire taire la voix de ses armes et la voix de ses revendications politiques et religieuses

La résistance  a remporté la victoire car elle a dévoilé  la fragilité des acteurs et a permis à ce que la magie se retourne contre les magiciens dans  tous les camps. La plus grande victoire est le changement des règles de la confrontation militaire. Cette victoire annonce trois autres victoires :

–        La reconsidération sur les défaites arabes antérieures. Il n’y a pas eu de défaite militaire mais politique. L’équation politique et le problème de la gouvernance vont aller vers un clivage plus aigu.

–        La victoire du génie arabe et iranien qui s’est montré  inventif. L’embargo et le blocus sont une épreuve : «  le marteau brise le verre, mais il forge l’acier »

–        La prochaine confrontation peut venir de n’importe où. La Jordanie peut devenir  un foyer de tension et rendre les terres occupées à visée de tirs de missiles des bédouins arabes. L’Occident en jouant sur les révolutions arabes jouent sur nos contradictions, mais jouent aussi sur ses contradictions.  Il est vrai que nous regrettons cette manière de confisquer les révolutions arabes ou de les instrumentaliser à des fins géostratégiques, mais nous sommes conscients que l’Occident ne maitrise pas les changements qui peuvent amener d’autres acteurs qu’il ne connait pas et qu’il n’a pas prévu. Il faut suivre la Tunisie, Égypte, la Syrie et la Libye dans une quinzaine d’année. Les véritables changements sont à venir. L’Occident et Israël vont se poser d’autres questions : l’origine des armes de fabrication occidentale qui semblent avoir été utilisé par la résistance palestinienne. Quelle est leur provenance : Libye ou Syrie ? Qui est le transitaire ? Le serpent va se mordre la queue et la France va se trouver une fois de plus confrontée à ses impasses et ses fantasmes…

Cette victoire qui vient après l’assassinat de l’ingénieur de la résistance armée, Al Jaabari, apporte une partie de la réponse sur le devenir idéologique du HAMAS après son retrait de l’axe Iran Liban et Syrie suite à la « révolution arabe  » en Syrie. Une partie de la réponse sur l’évolution du  HAMAS est dans la négociation du cessez-le-feu ou de la trêve. Il est fort significatif de voir que celui qui est en train de négocier, d’amender, d’accepter la proposition n’est pas le HAMAS, mais la résistance. La résistance est administrée par l’ensemble des factions palestiniennes ce qui laisse supposer que le HAMAS n’a plus l’hégémonie sur les questions de paix et de guerre et qu’il est contrait de revenir aux constantes de sa fondation. Si l’OLP se refonde sur les principes qui ont présidé à sa création en s’ouvrant à l’ensemble des acteurs politiques et militaires palestiniens, alors le HAMAS sera lui aussi contraint par la loi de l’adaptation à se ranger sur le nouvel ordre intérieur et à se repositionner entre les « agneaux » arabes et les « lions » arabes.

Avec l’hégémonie des Frères Musulmans et apparenté dans les deux grands pays que sont la Turquie et l’Égypte, lesquels optent pour le pragmatisme, le HAMAS a du mal à trouver ses marques. Il est obligé de s’adapter et de retrouver sa boussole car les épreuves sur le terrain imposent leurs lois et non le pragmatisme. Affaire à suivre

Cette victoire repose de nouveau et avec force, dans la conscience universelle, les trois  constantes de la Palestine :

–        La fin du blocus

–        L’éveil islamique

–        La fin de l’occupation

Cette victoire remet à l’ordre du jour la Palestine comme critère de vérité et curseur dans la grille de lecture du monde. Tous les grands mouvements dans l’histoire du monde sont annoncés en Palestine comme les Prophètes (saws) ont révélé la Parole divine.

Celui qui connait tant ou prou le Coran sait qu’au-delà de nos analyses conjoncturelles ou stratégiques il y a une vérité que la résistance palestinienne a pris en considération qui fait que cette vérité a enveloppé, protégé et donné de la force à cette résistance la rendant triomphante sur le mensonge, même si ce mensonge est puissant :

{Et ne considère point, ceux qui sont tués pour la cause d’Allah, comme morts, bien au contraire : ils sont vivants auprès de leur Dieu et reçoivent leur subsistance, réjouis de ce qu’Allah leur Accorda de Sa Munificence, et voient un augure favorable pour ceux qui ne les ont pas rejoints, derrière eux. Il n’y a aucune crainte pour eux et ils ne seront point affligés. Ils voient un augure favorable par une grâce d’Allah et une munificence. Et certainement, Allah ne perd point la rémunération des croyants, ceux qui ont favorablement réagi à l’appel d’Allah et du Messager, bien que la blessure les ait touchés. A ceux d’entre eux, qui firent le meilleur et sont devenus  pieux, une immense rémunération. Ceux à qui les hommes dirent : « Les hommes se coalisèrent contre vous, prenez donc garde ». Mais cela augmenta leur foi et dirent : « Allah nous suffit, c’est le meilleur Procurateur ».  Alors ils revinrent avec une grâce d’Allah et une munificence. Aucun mal ne les effleura, et ils suivirent l’agrément d’Allah. Allah Possède une Munificence immense. Seulement, tel est Satan : il fait peur à ses liges. Ne les redoutez point, et redoutez-Moi, si vous êtes croyants.} Al ‘Imrane 169 à 176

Ces versets sublimes nous remettent au cœur du défi de la communauté musulmane :  faire du monde notre préoccupation ultime au point de vivre humilié sous les exigences de ce monde ou bien faire de la Promesse divine notre unique intention et ainsi vivre avec un monde qu’Allah mettra sous nos pieds pour  faciliter notre existence dans Son adoration. Celui qui parvient à cette vérité a réalisé le grand triomphe qui ne connaitra aucune défaite.

Al Forqane II : Les brigades Al-Qassam et Al-Qods déjouent tous les complots

La résistance palestinienne qui a réalisé l’exploit de mettre en échec l’« Opération plomb durci » a montré la supériorité du faible lorsqu’il est déterminé à se défendre contre l’arrogant. Dans la bataille militaire la symbolique Al Forqane « le critère » a triomphé de « Hanouka » le nom de code de l’agression de décembre 2009.

Trois après, nous sommes entrés dans la phase de Forqane II avec un nouvel embrasement du front. Cette fois-ci, les enjeux symboliques qui s’affrontent sont les mêmes « le critère de vérité » comme « le mythe de Hanouka ». Mais, aujourd’hui si les enjeux sont les mêmes avec plus d’acuité et de perversion, d’autres mythes vont tomber.

En 2009, le mythe de l’invincibilité de l’armée sioniste a été pour la seconde fois mis à terre par les David arabes du Liban et de Palestine.

En 2009, Moubarak et les rois arabes se sont rangés du côté de Goliath.

Allah a voulu que la Palestine soit la respiration historique du monde, le pouls cardiaque du monde arabo-musulman. Elle est le berceau des Prophètes. Tout ce qui arrive de profond en Palestine se répercute nécessairement sur le monde et vice versa. Voir à ce sujet mon livre « les révolutions arabes et la Palestine » réalisé à la suite de la conférence que j’ai donnée au Comité Action Palestine de Bordeaux. Moubarak a été emporté comme un débris en quelques semaines pour sa complicité dans les crimes odieux et impardonnables commis contre la population de Gaza.

Les « révolutions arabes » nées à la suite de la résistance héroïque Al Forqane ont été confisquées par les appareils du mouvement islamiste au profit de l’Amérique qui ont fait de ce « moment mystique de l’histoire » une trahison pour donner caution morale et religieuse à l’OTAN d’intervenir masquée ou dévoilée en Libye et en Syrie laissant l’impression que l’heure du triomphe est arrivée pour les Bédouins Arabes et le « néo Ottoman » Erdogan qui se voyaient conduire le monde musulman et arabe au consumérisme capitaliste, à la liquidation de la cause palestinienne, et au Sykes Picot bis. C’était sans compter sur la résistance palestinienne et ses traditions de lutte.

Tout le monde voyait la fin de la Syrie, la liquidation de la cause palestinienne, le démembrement du monde arabe, la guerre contre l’Iran et l’invasion de l’Algérie sous la bénédiction des Frères Musulmans qui se croyaient les nouveaux maitres des lieux.

Le déplacement de l’émir du Qatar, PDG de la plus grande base américano pétrolière  dans le monde, à Gaza devait sceller la fin de la résistance que le HAMAS sous l’impulsion des Frères égyptiens avait commencé à liquider en se montrant traitre envers la Syrie, en s’ouvrant au Qatar et en proposant une trêve unilatérale sans contrepartie.  L’Empire, aux abois, tenu en échec en Syrie avait besoin de plus de temps et le front en Palestine devait être mis sous anesthésie. Le Qatar et les Frères Musulmans égyptiens croyaient corrompre la résistance palestinienne avec les milliards de dollars et la Dawla islamiya oubliant que les Gazaouis ont oublié la faim et le désir de manger après un long blocus, et la signification de « l’Islam est la solution » après plus d’un an de gouvernance islamique aussi infantile qu’incompétente.

Au moment où les uns désespéraient de voir la fin qu’ils attendaient alors que les autres attendaient avec impatience la levée des obstacles qui les empêchaient d’avancer vers une étape nouvelle, les brigades AlQassam et AlQods déjouent tous les complots et faussent tous les calculs : Al Forqane est de nouveau en vigueur.

Al Forqane, le critère de vérité, la discrimination entre le faux et le vrai, entre le juste et l’injuste va s’imposer à tous. Il y a un Dieu au-dessus de toutes les créatures qui met à néant tous les stratagèmes.  Soumis au Décret divin, l’Empire et le sionisme sont faillibles et se comportent contre leurs propres intérêts par précipitation et par  arrogance. Soumis au Décret divin les Arabes traitres à leur cause sont mis devant leur responsabilité. La question syrienne ne peut plus occulter leur nature perfide. Les Frères Musulmans sont dévoilés devant le monde musulman et sont contraints de prendre une position douloureuse avec des conséquences qu’ils n’ont pas prévues comme ils n’avaient pas prévues de révolution ni de prendre les clés des tyrans et agir comme eux.

Les Frères Musulmans, plus tôt que prévu, sont tenus de choisir leur camp : la cause palestinienne et la résistance avec comme conséquence l’anéantissement des faux espoirs avec les monarchies, les pseudo révolutions et le flirt avec l’Empire et son dauphin. Sinon ils seront exposés à la rue arabe, à leurs opposants arabes nationalistes et laïcs. Plus personne ne peut jouer son avenir politique sur le dos des Palestiniens et de la Palestine sans se faire brûler les ailes et la cervelle.

Dans «  Le dilemme arabe et les dix Commandements US » j’ai montré l’impasse de la confiscation de la « révolution » et l’empressement insensé d’applaudir à la mort de Kadhafi ou à l’appel à la mort de Bachar Al Assad. J’avais considéré que ces comportements sont absurdes et dénotent l’affrontement dans le monde musulman, indépendamment du qualificatif islamiste ou non islamiste, de deux écoles de pensée : l’école du pragmatique et du réalisme cynique qui est prête à composer et à détruire l’axe de la résistance pour des considérations partisanes, et l’école des principes qui refuse de composer car sa culture n’est pas une culture d’appareil, mais une philosophie de résistance, de dignité pour les peuples arabes et musulmans.

Il est vrai que les opportunistes et les cyniques ont pris le train en marche, mais ce train est en train de dérailler car c’est un train qui va à contre-courant de l’histoire. L’histoire annonce la naissance d’un Nouveau Monde multipolaire et la fin de l’hégémonie impériale et sioniste. Une partie des Frères Musulmans ne savent pas lire l’histoire, la grammaire des civilisations et les germes du futur qui sont en train de pousser sous nos yeux.

 

Ce que l’Empire, le sionisme, l’Occident agonisant et les Français en particulier ne savent pas ou ne veulent pas voir c’est que dans l’Islam il y a et il y aura toujours une faction qui restera sur la voie de la vérité, cette faction sera invincible jusqu’à la fin des temps. Elle consentira des sacrifices et donnera des martyrs sans s’impliquer dans les fausses querelles et les faux combats.

Cette faction est diluée dans le monde musulman, mais elle est présente au sein des Frères Musulmans, des Salafistes, des nationalistes et même au sein de certains laïcs ou marxistes arabes qui ne connaissent pas l’Islam, mais qui en portent le potentiel : le désir de changer, le désir de se libérer, le désir de résister, le désir de construire un autre monde où règne la liberté, la justice, la justice sociale…

La Palestine est le signe annonciateur…

Al Forqane II annonce la fin des anciens et des nouveaux mythes. La fin de l’invincibilité des puissants. La fin des rêves des Bédouins arabes et du Khalife ottoman, la fin de l’insenséisme de ceux qui se réclament de la Sunna. C’est le début du cauchemar pour la frange aristocratique et élitiste des Frères Musulmans et des « Thouars » de l’OTAN. Al Jaabari rejoint ses frères de combat  après avoir accompli son devoir sans changer de principes.

Allah a voulu que chacun soit l’épreuve de l’autre :

{Si Allah voulait, Il les réduirait à l’impuissance, mais Il veut vous  éprouver les uns par les autres.} Mohammed 4

L’épreuve est l’instrument du Forqane qui sépare le grain de l’ivraie. L’épreuve va unifier de nouveau le HAMAS qui a intérêt pour sa crédibilité, son efficacité à s’inscrire dans un cadre non partisan. Comme pour l’ensemble de la confrérie, l’issue de l’affrontement violent et sanglant pour la nouvelle invasion de Gaza va déterminer quelle est l’école de pensée qui va conduire le monde musulman dans ses rapports aux autres.

L’épreuve est une conscientisation qui met la lumière sur les rentiers qui ont fait de l’Islam une rente religieuse, politique et sociale permettant à l’Empire et au sionisme de l’instrumentaliser en la mettant au service de l’effusion du sang des musulmans, effusion sacrilège. Jamais Allah ne donnera primat religieux ou idéologique  à ceux qui ont transgressé la vie humaine qu’il a rendu sacrée. Nous les voyons se déjuger, se discréditer en tentant de minimiser la résistance héroïque des Palestiniens. Nous les voyons chercher à réconcilier la résistance avec le projet de pax américaine au Moyen-Orient.

Nous espérons ne pas voir d’autres trahisons, d’autres compromissions. Chaque musulman est comptable de chaque goutte de sang qui tombe  sur cette terre. Elle lui donnera de la gloire et de la dignité ou de l’humiliation et des malheurs selon qu’elle soit versée pour la justice et la vérité ou non.

De la trahison ou de la fidélité des uns et des autres Gaza sera non seulement le cimetière des combattants des uns ou des autres, mais la lueur d’espoir ou de malédiction pour les uns et les autres.

Celui à qui Allah accorde  la victoire, nul ne peut le vaincre.

Celui qui a choisi Hijarat Sijjil comme symbole de résistance voit la victoire devant ses yeux, même si l’ennemi et le défaitiste la voit impossible ou lointaine :

{ أَلَمْ تَرَ كَيْفَ فَعَلَ رَبُّكَ بِأَصْحَابِ ٱلْفِيلِ } * { أَلَمْ يَجْعَلْ كَيْدَهُمْ فِي تَضْلِيلٍ } * { وَأَرْسَلَ عَلَيْهِمْ طَيْراً أَبَابِيلَ } * { تَرْمِيهِم بِحِجَارَةٍ مِّن سِجِّيلٍ } * { فَجَعَلَهُمْ كَعَصْفٍ مَّأْكُولٍ }

{N’as-tu donc pas vu comment ton Dieu A fait des gens de l’éléphant ?

N’a-t-Il pas détourné leur ruse en fourvoiement ?

Et Il envoya contre eux des volatiles par volées,

leur lancer des pierres de marne entassées.

Il les a rendu  comme de la paille rongée.}

Al Fil

La pierre peut faire tomber le F16, le résistant isolé peut faire déjouer tous les complots et ainsi dire aux hommes que jamais la question palestinienne ne sortira de l’équation humaine : elle restera le critère, l’indice, l’annonce, la mesure de l’état du monde. La bataille de la Palestine sera la bataille des volatiles de feu contre les mastotondes de l’occupation si les spoliés en Palestine et ceux qui leur apportent soutien moral et matériel se hissent au niveau requis, sur le plan général à  faire du combat pour la libération de la Palestine un combat pour la liberté et la dignité des peuples, sur le plan islamique  un combat entre le Haqq et le Bàtel, un chemin sur la quête du salut dans la vie future. Allah ne donnera aux croyants  la géographie, le territoire, la dignité, la prospérité, le pouvoir que si et seulement si ils font de la quête de la rencontre de Dieu leur principale préoccupation :

{Certes, la terre sera héritée par Mes Dévoués vertueux.} Al Anbiya 105

{ Et Nous voulons faire don à ceux qui furent opprimés de par la terre, en faire des modèles, faire d’eux les héritiers,   leur donner pouvoir de par la Terre, et montrer à Pharaon, à Hàmàne, et à leurs soldats ce qu’ils appréhendaient de leur part.} Al Qassas 5

Il n’y a pas de place à l’esprit partisan et sectaire pour ceux qui veulent fonder une civilisation à visage monothéiste qui enfante des libérateurs et des civilisateurs car elle ne peut être enfantée que par des libérés et des civilisés en rupture avec tout ce qui est contraire à la vertu, au dévouement, à l’adoration d’Allah et à la fédération des forces, toutes les forces qui refusent l’exclusion et le monopole.

Chaque bataille et chaque épreuve viennent comme des gifles frapper les Arabes et les Musulmans somnolents : il est temps de se réveiller et de mettre fin à l’esprit sectaire et partisan; il est urgent de s’unifier et d’avoir une seule et même boussole pour ne pas rester encore comme des débris de détritus humains emportés comme des proies faciles vers les gueules des prédateurs insatiables.

Pragmatisme des Frères musulmans et du HAMAS

Sobhane Allah comme le monde est devenu petit et le temps raccourci. J’avais dans une de mes analyses sur les « révolutions arabes » vu le danger des prises de position partisane sur la résistance palestinienne et sur l’association des savants musulmans dans leur devenir et leur orientation idéologique.  J’avais montré la carte perdante que les Frères musulmans et le HAMAS allaient jouer au sommet d’Istanbul où il a été question d’envisager plus de pragmatisme politique compris comme rapprochement du Chaytan al Akbar comme l’avais désigné Cheikh Bachir al Ibrahimi. La Turquie, Qaradhawi et les Frères sont le cheval de Troie qui va bouffer ce qui reste de nationaliste dans les pays musulmans et les pousser à l’alignement consumériste et affairiste.

Je ne connais pas et je n’ai pas à connaitre les intentions ni les visées du cœur des acteurs politiques. Il m’intéresse de suivre un processus dans la durée et de marquer les jalons qui permettent de voir la tendance. Pour le HAMAS à qui j’ai consacré un livre   » Gaza : la bataille du Forqane » et ensuite j’ai suivi la suite. Voici quelques  balises de lecture :

  • Refus d’Oslo, mais implication du HAMAS dans le processus « démocratique ». Il forme un gouvernement sous occupation (?) avec, tenez-vous bien, 24 ministres dont un charé du tourisme (?)
  • Arafat en voie de liquidation, mais le HAMAS ne se propose pas de lui apporter un soutien.
  • HAMAS liquide FATAH par le recours aux armes et le chasse  de Gaza…
  • Qaradhawi ne prend pas des positions « wassatiya », mais se montre partisan penchant d’une manière trop flagrante envers le HAMAS, alors que l’intelligence est de ne pas tomber dans les jeux de la discorde et de la scission entre le FATAH et le HAMAS.
  • L’opération plomb durci a liquidé les deux cadres intransigeants sur la résistance armée : le stratège Said Seyam et le prédicateur Nizar Rayan
  • Istanbul 2010 : Mohammed Nezzal se fait apostropher par le Stratège Kowétien Nafissi sur l’insignifiance de la lutte armée
  • Les allées et venues des délégations du HAMAS au Qatar
  • Le congrès du HAMAS met hors du bureau politique Mohammed Nezzal
  • Lors du soulèvement des Thouars en Libye et en Syrie le HAMAS a manifesté son appui aux « révolutionnaires » niant l’aide officielle libyenne et syrienne
  • Le HAMAS annonce une trêve unilatérale avec l’entité sioniste
  • Mahmoud al-Zahar est reçu à Téhéran alors que les cadres du HAMAS sont en Turquie
  • Le front démocratique de Jibril et le Jihad islamique annoncent leur alignement à la Syrie officielle et la mise à sa disposition de leurs moyens militaires.
  • Le guide iranien Khamenei reçoit le Djihad islamique sans la présence du HAMAS
  • Le ministre des affaires étrangères du HAMAS, Mahmoud al-Zahar semble largué dans un processus qui lui échappe et où il ne semble pas jouer un rôle décisif
  • La direction du HAMAS est favorable à ce que la direction du HAMAS revienne à un membre de l’intérieur (intérieur de quoi?)
  • Les Arabes réitèrent la proposition de Mahmoud Abbas de la proclamation d’un état palestinien (sans territoire, sans souveraineté) reconnu par l’ONU lui faisant perdre son statut de mouvement de libération nationale
  • Les fuites du journal londonien « el arab » sur l’installation de Mechaal au qatar pour remplacer Youssef Qaradhawi qui prendrait sa retraite. La bataille se joue entre Ghénouchi le tunisien et al ‘Aouda qui ne sont pas reconnus comme savant par la communauté de savant qui ne fait pas partie de l’Association des Savants Musulmans
  • – Le Hamas ne rouspète pas sur les tunnels détruits par l’armée égyptienne ni sur la fermeture du poste fronytalier de Rafah (?)
  •  Clinton met dehors le maréchal Tantaoui et ses adjoints pour faire de l’Egypte une seconde Turquie
  •  Morsi honore la mémoire de Sadate (?) comme si c’était la priorité des égyptiens (!)

La Palestine est à la fois le point de chute des contradictions ou des cristallisations du monde arabe et l’incubateur qui fait bouger le monde arabe. Tout indique un processus de normalisation qui se prépare avec l’abandon des revendications territoriales, du retour des réfugiés et de la souveraineté palestinienne. Il faut espérer que l’axe de résistance tienne bon et longtemps.

Voici ce que dit la télévision syrienne d’un homme que la Syrie a hébergé et choyé et qui finalement se montre ingrat.  comme étant un changement de stratégie et non un retournement opportuniste et partisan.  Les sionistes ont encore de bons jours à vivre dominants sur nos terres : la maladie est en nous. Les sionistes sont le châtiment qu’Allah nous a envoyé  :

 

Damas a attaqué le chef du bureau politique du mouvement Hamas Khaled Mechaal, le qualifiant de traitre et d’ingrat, et d’avoir « vendu » la résistance pour arriver au pouvoir.

Dans son bulletin du soir, la télévision officielle syrienne a dit : « Mechaal a renoncé à la résistance pour le compte d’Israël et des Etats-Unis. Toutefois, la Syrie ne regrette pas de l’avoir aidé, parce qu’elle ne s’est jamais attendue à des faveurs en échange de ses obligations nationales et patriotiques envers un combattant vagabond auquel elle a fourni tout le soutien pour poursuivre sa lutte ».
« La Syrie est heureuse de voir partir celui qui a échangé la résistance en contrepartie du pouvoir. C’est votre choix de résistance qui vous a donné ce statut chez le peuple palestinien, non pas votre appartenance aux Frères musulmans », a poursuivi la télévision syrienne, condamnant ses propos tenus aux côtés du Premier ministre turc Recep Tayib Erdogan.

Et d’ajouter à l’adresse du chef du bureau politique du Hamas : « Rappelle-toi de ton vagabondage dans le monde avant que Damas ne t’assurât sa protection ».

Lors du congrès annuel du Parti de justice et développement turc, Mechaal a salué la révolution du peuple syrien, en quête de la liberté et de la dignité, considérant que la liberté, la démocratie et les réformes ne s’opposent pas à la résistance contre l’occupation.

« Comment acceptes-tu la poursuite du blocus sur Gaza du côté égyptien alors que tes frères ont accédé au pouvoir ? Comment participes-tu à la destruction des tunnels de la liberté et de la vie comme tu les appelais ?, s’est interrogée la TV syrienne, demandant si les promesses américaines de le nommer président alternatif au pouvoir sont derrière ce changement de position.

La douce mutation du HAMAS par le « printemps arabe »

 

Le HAMAS semble en pleine mutation qu’accélère le « printemps arabe ». Depuis l’agression contre la Libye facilitée  par la Fatwa meurtrière  du Dr Qaradhawi qui a fait prévaloir son positionnement partisan de « Frères musulmans »  sur son devoir de savant Rabbaniy, le HAMAS s’est rangé furtivement derrière le « printemps arabe » et les pétrodollars faisant de moins en moins cas de la résistance, de l’unité nationale, du retour des exilés, de la terre palestinienne dans son intégralité. Au moment où Israël est en difficulté il consent à lui accorder une trêve sans contrepartie évidente. Au moment où l’Autorité palestinienne est discréditée, agonisante et mise au placard sur le plan internationale il lui accorde des concessions allant jusqu’à promettre des élections « démocratiques » menées conjointement.

La présence de la direction du  HAMAS n’est plus concentrée à Damas mais elle est devenue une boutique itinérante entre Istanbul, Tunis et Qatar. Des informations sérieuses provenant de Syrie affirment que près de 500 combattants du HAMAS combattent au côté des « révolutionnaires » internationaux qui cherchent la chute du régime, la guerre civile et la partition de la Syrie  en conformité avec l’agenda sioniste et américain. En 2010 à la conférence d’Istanbul présidée par le Cheikh Qaradhawi le Kowétien An Nafissi expert en géopolitique a dit à haute voix ce que les organisateurs de la conférence pensaient tout bas : il n’y a plus de nécessité à la lutte armée.

Dans le piège de l’administration du Gazastan, le HAMAS a  imposé son organisation, sa vision et son schéma tactique à l’ensemble de la population allant jusqu’à combattre des factions armées ne partageant pas son idéologie et expulsant les militants du FATAH alors que dans la Sharia islamique combattre le musulman ou l’expulser de sa maison ou de son territoire est une transgression grave. Après la liquidation des deux faucons et hommes clé de la résistance armée  Saïd Siam et Nizar Ryan par Tsahal lors de la guerre « opération plomb durci » de décembre 2009, et après la mise à l’écart de Mohamed Nezzal du Bureau poliique, le HAMAS se trouve conduit par Mechâal proche de Qaradhawi et par Haniya un pragmatique assez sympathique qui se contente de son petit khalifat de Gaza.  Nezzar qui fait office de ministre des affaires étrangères, en réalité sans poste et sans prérogatives, est de fait écarté de l’équation stratégique. Il est remarquable de le voir à Téhéran reçu par le guide de la République islamique pour rappeler les fondamentaux du HAMAS au moment où les autres sont en pérégrinations vers les capitales arabes qui sont en train de faire allégeance à l’Empire au nom du pragmatisme et de l’illusion de se débarrasser des tyrans de Libye et de Syrie avant d’affronter Israël.

On remarque que  la Syrie qui a supporté l’effort de guerre des Palestiniens et des Libanais, se trouve, dans ces moments tragiques de subversion qui risque de lui couter son existence sinon sa paix civile, devant un silence ingrat du HAMAS. Ce silence ne peut s’expliquer lorsque le Hezbollah affiche son soutien ferme et indéfectible à la Syrie et  sa disponibilité à être partie prenante dans le conflit qui oppose la Syrie à l’agenda impérialiste et sioniste. Il ne peut s’expliquer lorsque le Front démocratique de la libération de la Palestine commandée par Ahmed Jibril prend position en mettant ses combattants et son armement basés en Syrie au service de l’Etat syrien. Il ne s’expliquer lorsque Ramadan Shallah chef du Jihad Islamique de la Palestine informe l’opinion publique de son refus de quitter la Syrie malgré les propositions d’accueil du Qatar et ses pétrodollars.

Que fait donc le HAMAS? Le HAMAS, devenu pragmatique et gestionnaire se prépare à l’après Bachar al Assad et revient donc au giron des Frères Musulmans égyptiens dont il est l’émanation idéologique. S’inscrivant dans l’illusion d’une hégémonie des Frères Musulmans il se prépare à faire des concessions majeures. Pour l’instant les observateurs arabes, avisés et informés, voient le HAMAS se rapprocher de l’Occident. Ce rapprochement ne vise pas seulement à ce qu’il en soit plus perçu comme une organisation terroriste mais comme une triple voie menant vers :

        La reconnaissance de l’Etat d’Israel

        Un printemps arabe qu’il conduirait en Cisjordanie lui donnant les clés de Ramallah et de l’Autorité palestinienne

        La liquidation définitive de l’OLP.

De la même façon que l’Empire et le sionisme peuvent cohabiter avec des régimes se disant islamiques si ces derniers ne remettent pas en cause l’existence et la paix  d’Israël ainsi que  le nouvel ordre mondial. Ils peuvent construire des mosquées, s’habiller en gandoura et en Niqab et même faire des invocations contre les USA à condition de ne pas s’occuper de géopolitique, de souveraineté du peuple, d’indépendance économique et de participation à un front mondial de résistance contre le sionisme et le capitalisme. Le HAMAS parrainé par le Qatar, la Turquie, la Tunisie et l’Egypte pourrait gouverner l’ensemble des isolats et des ilotismes territoriaux de ce qui reste de la Palestine.  Brejinsky partisan de la collaboration des USA avec les mouvements islamiques affaiblis et infantilisés est partisan de la doctrine du « soft powerment » qui préconise de laisser les Etats-Unis gérer les conflits selon ses intérêts en supervisant les autres dans leur engagement même si les autres sont des groupes, des organisations ou des Etats islamiques. Pour l’instant cela marche bien. La gesticulation des partisans de la « solution islamique »   ou le sensationnel de l’explication eschatologique de l’histoire ne change rien à la validité et à l’efficacité de la doctrine. Il faut espérer qu’Israël fondée sur la violence et habituée à la transgression et à l’agression ne prennent l’initiative de mener une nouvelle guerre et ainsi réveiller les consciences arabes et acculer les Etats-Unis et leurs vassaux à  entrer comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.  

Ceci ne reste qu’une analyse qui s’inscrit dans les conséquences néfastes des révolutions arabes menées sans cadre d’orientation idéologique et récupérées par des arrangements d’appareils qui se sont   trouvés confrontés à un état des lieux les poussant vers la facilité qui consiste à revenir vers le giron du nouvel ordre mondial et conserver le pouvoir à l’aide des pétro dollars et solliciter  l’intermédiation politique et diplomatique des monarques vassaux de l’Empire. Isolé le HAMAS se trouve donc comme une aiguille aimantée dans un champ magnétique contraint de s’aligner sur les lignes de forces les plus fortes en tout pragmatisme. Le HAMAS se trouve aussi vieilli, épuisé par le pouvoir car il n’a pas évalué à sa juste conséquence l’impossible conciliation de la résistance et de la gouvernance ou n’a pas innové en trouvant une organisation inédite qui lui permet de gouverner et de mener la lutte dans un axe de résistance multiforme ouvert à tous les Palestiniens.

Le président égyptien, frère musulman, vient enfin d’autoriser l’ouverture des postes frontalier avec Gaza. C’est bien mais insuffisant, car cela ne pourrait être qu’une devanture. L’essentiel est ailleurs : Gaza doit être considérée comme la profondeur stratégique de l’Egypte et à ce titre sa reconstruction, son approvisionnement et sa défense sont l’affaire de l’Egypte. Faudrait-il que l’Egypte ait les moyens et la liberté de sa politique. Pour cela il faudrait qu’elle soit adossée à l’axe de résistance mondiale contre le sionisme et l’impérialisme qui va lui assurer à son tour la profondeur stratégique pour faire face à l’Empire et à ses alliés.

En dernier ressort la Ligue arabe avec ses trahisons a poussé le monde arabe à perdre ses repères et à cultiver la démission et la défaite, et à préférer le consumérisme capitaliste à la résistance lorsqu’il ne préfère pas l’OTAN à la souveraineté nationale. Le jour où les gouvernants et les élites se réveilleront ils constateront que tous les pays et les organisations qui se sont opposés à Camp David seront décapités par la règle simple, celle de la mémoire cultivée comme une idole et de la revanche comme culte. Les Arabes n’ont ni mémoire, ni culte, ni dignité à moins qu’Allah ne fasse émerger des utérus de nos femmes des hommes, des vrais :

{O vous qui êtes devenus  croyants, quiconque d’entre vous renie sa Religion, Allah fera venir des gens qu’Il Aime et qui L’aiment, humbles à l’égard des croyants, fermes à l’égard des renégats, qui s’efforce dans  la voie d’Allah et ne redoutent point le blâme d’un censeur. Cela est la Munificence d’Allah, Il l’Accorde à qui Il Veut.} Al Maidah 54 

Omar Mazri 

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