Arafa : enseigné en post graduation comme tourisme de dévotion et enjeu néo colonialiste!

A la veille de ‘Arafa nous devons revenir aux fondamentaux de l’Islam car ce jour résume le Hadj et le Hadj nous rappelle notre fin prochaine par le contenu de la Sourate Al Hadj et par le sermon d’adieu du Prophète (saws) qui a signifié son départ pour rejoindre le Compagnon le Très Haut et signifier la fin de sa mission avec le parachèvement de l’Islam qui n’attend que des vocations pour le porter et le servir.

Dans ce cadre je reviens sur un thème ancien que j’ai déjà traité en 2006 et sur lequel je reviens en l’actualisant car la situation a régressé et il est du devoir de chacun de rappeler :

{Certes, Allah A Racheté des croyants leur vie et leurs biens, par le Paradis qui sera à eux.} AT Tawbah 111

Faisant le commentaire de ce verset, dans une thèse de doctorat, sous la direction d’un islamologue non musulman, un doctorant arabe et musulman s’interroge sur la signification de l’échange inégal qui puisse exister entre l’homme et Dieu. « L’humain donne sa vie et tout ce qu’il possède pour un paradis incertain ? » Le même universitaire continue en faisant l’inventaire des fardeaux infligés par Dieu au Musulman :

{Ils combattent pour la Cause d’Allah, ils tuent et ils sont tués. Promesse qu’Il A Faite, en vérité, dans la Torah, l’Évangile et le Coran. Qui donc tient promesse mieux qu’Allah ? Voyez alors un augure favorable dans votre échange, par lequel vous avez fait acte d’allégeance. Cela est sûrement l’immense triomphe. Ceux qui se repentent, adorent, louangent, méditent, s’inclinent, se prosternent, commandent le convenable, interdisent le répréhensible et observent les Ordres d’Allah : annonce la bonne nouvelle aux croyants.} AT Tawbah 112

Et plus loin il s’interroge dans un paradoxe qui montre que lui et son encadreur ont perdu leur latin : « Sacrifices de quelques jours éphémères en échange du Paradis  eternel ?»

Cet universitaire est à la fois un pur produit de ce qu’on appelle l’Islam français et son futur véhicule.  D’une masse coupée de ses sources authentiques on extrait des élites pour la  fragmentation de l’Islam sachant que le monde musulman fasciné par l’Occident, ses produits et ses élites sera peut-être attiré par des théologiens de nuisance théologique, idéologique qui iront plus loin que les partisans du dialogue des religions qui affirment que l’Islam est le troisième  rameau du monothéisme. Des savants Musulmans de renommée mondiale mais pourtant interdit de séjour en France deviennent les chantres de l’intervention étrangère contre un pays musulman sous un prétexte que la Charia réprouve. Nous devons donc veiller à la formation des jeunes théologiens et aux capacités cognitives et morales des jeunes imams puisque les anciens ont une nouvelle fois failli et montré leurs limites.

Ces nouveaux théologiens prêcheront l’unité cherchée par Vatican 2 : l’Islam est une religion asiatique qui doit s’effacer devant le Christ Rédempteur dans toutes ses significations religieuses, idéologiques, géostratégique, ethnologique, politique, militaire et économique. Pour le moment on veille à l’émergence d’un  Islam spiritualiste, intellectualiste, consumériste, aristocratique, clérical, sans praxis social et politique  ni effort ni sacrifice ni obligations à respecter. Ce spécimen n’est pas un atome libre mais le produit d’une lutte idéologique qui consiste à vider l’Islam de sa substance et à remplir les Musulmans de confusions, de spéculations, de scepticisme.

C’est une thèse qui a se rapporte au pèlerinage sécularisé, laïcisé, consumériste et qui part du vécu de la communauté à travers l’étude sociologique, économique et mercatique des pèlerins et des   agences de voyage qui encadrent le pèlerinage en France renvoyant une fois de plus l’origine de nos malheurs, de nos souffrances et de notre Wahn non pas à la supériorité des autres mais à notre propre inconséquence, à notre propre insenséisme, à la loi de Dieu telle qu’Il l’annonce dans la Sourate du pèlerinage:

{C’est ainsi, en raison de ce que tes mains ont commis et, certes, Allah n’Est jamais Injuste envers Ses Créatures.} Al Hadj 10

La plus grande injustice qui amène à l’égarement est non seulement d’apprendre sa religion de non musulman et de s’appuyer sur un Coran mal traduit par les orientalistes et leurs disciples pour en faire un instrument de lutte idéologique qui fausse la compréhension du Coran et sème le doute dans l’esprit du Musulman non arabophone en quête de sa religion pour servir son maitre de conférence ou son directeur de thèse et non  se mettre au service de la Religion d’Allah et de Sa communauté monothéiste. En effet il continue à s’interroger sur le sens du pèlerinage qui devient un chemin de croix  dans la jungle des voyagistes et des guides sans scrupules comme il s’interroge sur ce Dieu qui ne donne aucune garantie au pèlerin malgré tous les sacrifices consentis :

« O vous qui avez cru, inclinez-vous, prosternez-vous, adorez votre Seigneur et faites le bien, peut-être récolterez-vous le succès » Coran 22, 77

Quand on revient au Coran dans sa version originale :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا ارْكَعُوا وَاسْجُدُوا وَاعْبُدُوا رَبَّكُمْ وَافْعَلُوا الْخَيْرَ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ

On voit de suite les biais cognitifs et spirituels d’une traduction fallacieuse :

Les Croyants sont  affublés de ce titre « O vous qui avez cru » signifiant insidieusement et perfidement la fin de l’Islam : le statut de foi  est un passé achevé, accompli, fini, révolu, terminé. La communauté de foi monothéiste est au musée de l’histoire sans présent ni devenir !

Tous les efforts et les croyances du Musulman sont vains et  douteux car le Livre des Musulmans est un Livre qui n’annonce pas l’amour et l’espérance chrétienne mais  « peut-être récolterez-vous ».

Les Musulmans à travers leurs pérégrinations et leur culte ostentatoire ne sont que des hommes mus par la quête mondaine « récolterez-vous le succès » et dans d’autres traductions on trouve « Peut-être réussirez-vous! ». La vision matérialiste du monde ne peut voir l’action humaine, ses motivations et ses ambitions que dans un cadre mondain : le succès dans une compétition mondaine ou la réussite sociale. Le pèlerinage sous ses apparences de dévotion n’est qu’un culte païen pour gens crédules ou pour bigots qui cherchent à réaliser les visées profanes de l’économie de dévotion ou du tourisme religieux. Alors que la traduction non littérale mais celle du sens des versets coraniques changent complètement l’optique de compréhension de l’Islam et de son pilier le Hadj qui n’est pas un der nier pilier accessoire mais un pilier fondamental qui est un apprentissage de l’universalité de l’Islam, de l’humilité et du Jihad dans son sens le plus large y compris son aspect physique, comportemental :

{O vous qui êtes devenus croyants, inclinez-vous, prosternez-vous, adorez votre Seigneur et faites le bien, afin que vous cultiviez.} Al Hadj 77

Tout le travail de sape est de vider les mots arabes de leur sens coranique  pour leur enlever le cachet divin de Révélation, de vérité. L’expérience de l’Occident dans sa lutte contre l’Église est mise à profit : profanation, désacralisation ses valeurs, laïcisation de ses préceptes, nationalisation de sa dimension pour lui enlever l’universel de son message. D’ailleurs je garde souvenir d’un débat que j’ai eu avec un jeune sous la tente à Mina qui tentait d’expliquer que le Hadj est une foire internationale donnant un sens consumériste et marketing aux versets suivants car il s’est attaché à une lecture littéraliste focalisé sur le terme « مَنَافِعَ bienfaits, utilités, avantages » comme si nous étions une civilisation fondée sur l’utilitarisme ou sur le culte du veau d’or et non sur le monothéisme pur et sincère. Les avantages dont il s’agit sont relatif à la consolidation du monothéisme, à l’ancrage historique et civilisationnelle à Abraham (saws) et Mohamed (saws), à la  spiritualité, aux liens sociaux et fraternels entre Musulmans issus de l’humanité plurielle et se fédérant par l’Islam et pour Allah :

وَأَذِّنْ فِي النَّاسِ بِالْحَجِّ يَأْتُوكَ رِجَالًا وَعَلَىٰ كُلِّ ضَامِرٍ يَأْتِينَ مِنْ كُلِّ فَجٍّ عَمِيقٍ لِيَشْهَدُوا مَنَافِعَ لَهُمْ وَيَذْكُرُوا اسْمَ اللَّهِ فِي أَيَّامٍ مَعْلُومَاتٍ عَلَىٰ مَا رَزَقَهُمْ مِنْ بَهِيمَةِ الْأَنْعَامِ فَكُلُوا مِنْهَا وَأَطْعِمُوا الْبَائِسَ الْفَقِيرَ

{Et appelle les Hommes au pèlerinage, ils te viendront à pieds et sur toute monture, ils viendront de tout ravin éloigné. Afin qu’ils participent aux avantages qui leur reviennent, et qu’ils invoquent le nom d’Allah en des journées connues, pour ce qu’Il leur A Octroyé du bétail de bêtes. Alors mangez-en et nourrissez l’infortuné et le miséreux. Ensuite, qu’ils se délient de leurs interdits, qu’ils accomplissent leurs vœux, et qu’ils fassent la circumambulation autour de la Maison antique. » C’est ainsi, car quiconque magnifie les choses sacrées d’Allah, cela est un bien pour lui auprès de son Seigneur. Et le bétail vous est rendu licite, sauf ce qui vous est signalé. Évitez donc l’infamie des idoles, et évitez le faux parler, en purs monothéistes à l’égard d’Allah et non comme polythéistes.} Al Hadj 28

Si nous avions une lecture correcte de l’Islam nous aurions vu, par exemple, que le titre de « Serviteur des Lieux Saints de l’Islam »  est une usurpation hérétique, une imposture idéologique pour détacher la Palestine de la cause islamique. Au lieu de voir le pèlerinage comme marché où s’exhibent les marchandises des chinois, des indiens, des anglo-saxons et où la production arabe et musulmane brille par son absence nous aurons pu voir le pèlerinage comme un congrès universel qui redonne du ciment fraternel, de la cohésion,  de la spiritualité et du Jihad pour défendre la Oumma de la prédation capitaliste et colonialiste. Vu comme Jihad alors les trois millions de pèlerins auraient marché comme un seul homme, Salah Eddine,  sur Jérusalem pour la libérer au nom d’Allah Akbar au lieu de voir aujourd’hui sur les chaines publiques et privées un homme se faire lyncher par des énergumènes dont la bouche est souillée par un esprit inculte et fanatique et qui profanent le Nom d’Allah. Si nous avions la culture monothéiste et le sens des responsabilités jamais nous n’aurions dérogé, en Libye ou ailleurs, aux règles instituées par le Prophète (saws) :

« Votre sang, vos biens et votre honneur sont sacrés comme l’est votre jour-ci, dans votre pays-ci, en votre mois-ci. Certes, toute chose qui existait du temps de l’ignorance, est rejetée sous mes pieds, ainsi que le sang qu’on a fait couler durant cette période »

« La vie d’un Musulman est plus sacrée que la Kaaba »

« Celui qui sort de l’obéissance, quitte le groupe des croyants et meurt, il meurt d’une mort préislamique. Et celui qui meurt sous une bannière égarée par l’orgueil, se fâchant pour un sectarisme ou appelant pour un sectarisme ou cherchant à faire triompher un sectarisme, sa mort est une mort préislamique. Et celui qui combat ma Oumma, frappant ses innocents et ses corrompus sans éviter ses croyants, et qui ne tient pas ses promesses, celui là, il n’est pas de moi et je ne suis pas de lui. »

« Le tué viendra [le jour de la résurrection] accroché au tueur, le sang coulant de ses jugulaires et disant : Ô Seigneur ! Demande à celui-ci pourquoi il m’a tué ! »

« La perte de l’ici-bas a moins de valeur pour Allah que le meurtre d’un musulman. »

 

« J’ai invoqué mon Seigneur en faveur de ma communauté, en Lui demandant de ne pas la faire périr pour cause de sécheresse ou de famine, qu’elle ne soit pas dominé par un ennemi qui leur soit étranger, et qui dévaste leurs territoires. Allah a dit: « O Mohammad! Quand Je lance un décret, il est irrévocable et J’exaucerai ton invocation en faveur de ta communauté, Je ne les ferai pas périr par la sécheresse ou la famine et ils ne seront pas dominé par un ennemi qui leur soit étranger, et qui dévaste leurs territoires, sauf s’il essaye de les encercler de tous côtés, jusqu’à ce que les membres de ta communauté s’entretuent et se capturent les uns les autres. »

 

Nous ne pouvons faire l’impasse d’une lecture idéologique et socio politique de la Sourate Al Hadj. Quand on voit les Frères Musulmans dans le monde organiser des châines caritatives et des oeuvres de bianfaisance on pourrait croire qu’il respectent scrupuleusement les principes de l’Islam et notamment ce verset :

{Alors mangez-en et nourrissez l’infortuné et le miséreux.} Al Hadj 29

Mais lorsque nous entendons Cheikh Al Albani ou Malek Bennabi les traiter de pestiférés à l’exception de certaines figures emblématiques comme Hassan Al Banna on est frappé par la rudesse du ton et ce qui semble l’iniquité des propos. Mias lorsqu’on observe leur comportement d’aristocrate ou de bourgeois qui se rassasient et qui entre dans des arrangements d’appareils tout en affichant avec grande publicité la charité on est amené à se poser des questions. Est-ce la vocation de l’Islam de faire de la charité et de laisser en l’état les conditions socio économiques qui créent la pauvreté? Est-ce la vocation de l’Islam de refaire ce que la charité chrétienne a fait en se mettant du côté des puissants?  L’Islam ordonne de lutter pour changer l’ordre injuste et installer à sa place un ordre de justice, de solidarité sociale, de plein emploi, de redistribution équitable des richesses et des revenus. Maintenant que la lutte du Prophète contre les idolatres de la Mecque est achevé le Jihad contre l’impérialsme, le capitalisme, les inégalités sociales, l’absence de droit sont des priorités. Est ce que composer avec le FMI, la Banque mondiale, le nouvel ordre mondial et l’hégémonie américaine est comptabilbe avec l’esprit et l’énoncé de la sourate al Hadj  :

{Certes, Allah Prend la défense de ceux qui sont devenus croyants. Certes, Allah n’Aime pas celui qui persiste dans la traîtrise, qui persiste dans la mécréance.Il a été permis à ceux qui sont combattus, de se défendre, en raison de l’injustice qu’ils ont subie.} Al Hadj 38

Si nous avions une lecture correcte du Pèlerinage en tant que pilier de l’Islam ou en tant que Sourate du Coran nous aurions vu l’harmonie et la concordance du rite avec les thèmes des versets dont une partie a été révélée à la Mecque pour enraciner la foi et une partie révélée à Madinah pour édifier le Moujahid libérateur et civilisateur. Nous aurions vu les versets révélés de jour comme de nuit, dans l’urbain comme dans le rural, dans le repos et le mouvement. Le pèlerinage comme rite ou comme sourate est l’Islam en mouvement : une communauté de foi agissante et combattante qui a prise sur le monde avec vertu et conscience de l’Au-delà avec crainte et espérance. Ce qui est frappant c’est que la Sourate al Hadj comme Arafat, Mouzdalifa et Mina sont le rappel du Jugement dernier et la subordination de notre existence non à une lecture eschatologique de l’histoire mais à vivre pour rencontrer Allah ayant accompli Ses Commandements, désiré Sa Rencontre et craint Son Châtiment. En tous les cas  si notre imagination était remplie des ces images coraniques ou mecquoises sur le Hadj et l’évocation de la Résurrection nous ferons des thèses, des agences de voyages, des guides, des intellectuels, des gouvernants sur la praxis islamique et non sur des approches modernistes  sur la théo politique, la théo économie, la théo mercatique, l’économie de dévotion,  le tourisme islamique,  la banque islamique,  l’islam apolitique, le tourisme cultuel, le marketing   théo-politique à la Mecque…

Cette réaction est la même devant ce qu’on appelle l’islamologie qui croit que  la rupture épistémologique, la linguistique moderne générale de Saussure jusqu’à la grammaire générative de Chomsky ou l’analyse narrative de Greimas et des néo constructivistes permet de mieux comprendre le Coran pour proposer une nouvelle islamique sans la foi et le cœur des musulmans captivé par l’Ijtihad qui veut non pas réformer l’homme et la cité corrompue mais réformer le Coran et la Sunna non plus Révélation mais production littéraire, création  intellectuelle, œuvre humaine que le génie de la Sorbonne peut comprendre.

Il est vrai que notre comportement festif et irresponsable travestit le culte et le rend aux yeux de l’étranger à l’islam  presque une forme de carnaval païen. Nous fabriquons notre propre échec en fabriquant par notre comportement ridicule l’argumentaire des détracteurs de l’islam. Ces derniers sans probité préfèrent confondre la faille des musulmans avec l’islam et refuse de voir l’islam dans sa globalité lequel ne se reconnait pas dans notre misère morale, sociale, politique et économique. Nous devenons des faussaires, des fabricants de fausses monnaies, et nous l’injectons dans le circuit de la culture mondiale et elle nous revient en pire par effet pygmalion inversé. Le microbe c’est nous-mêmes qui le produisons, les détracteurs ne font que le mettre en incubation puis le propager et l’inoculer à plus grande échelle et à dose plus nocive. Le Coran  énonce cette vérité sans détours :

{Ce qui vous arrive de néfaste provient de vous-mêmes (de vos propres agissements et comportements}

Ce verset expliquer la défaite des Musulmans à Ohod. Nous ne pouvons taire la mort de Hamza à Ohod et ce qui s’est passé en libye à l’approche du mois sacré du pélérinage. On rapporte que Hamza Ibn ‘Abd AI-Muttalib expliquait sa conversion à l’islam par cette méditation : « J’ai erré des nuits durant dans les immensités du désert et j’ai pu me convaincre que Dieu ne peut être confiné dans un temple (La Ka’ba). » Hamza Ibn ‘Abd AI-Muttalib, l’oncle du Prophète, surnommé le seigneur des martyrs après sa mort et  le lion du désert de son vivant a été assassiné par  Al  Wahchi, l’ esclave abyssin,  en échange de sa liberté. Wahshi   l’ a frappé par traitrise par une lance qui lui a transpércé le dos. Alors qu’il était agonisant Hind l’épouse du chef des idolatres Abou Sofiane à ouvert ses entraille et a dévoré son foie par haine pour Mohamed (saws),  par dégout de l’Islam et par esprit de vengeance puiqu’elle avait une haine envers Hamza qui a tué dans la bataille  son père, son frère, son oncle et son fils.  Mohamed (saws) pris de chagrin et révolté par l’horreur du corps mutilé de son oncle il jusra : « Si Dieu me donnait la victoire sur Quraysh n’importe où, je mutilerais trente hommes parmi eux. » Mais Allah lui fixa les limites à ne pas transgresser :

{Par la sagesse et la bonne exhortation, appelle les gens au sentier de Ton seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c’est Ton seigneur qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés. Et si vous punissez, infligez à l’agresseur une punition égale au tort qu’il vous a fait. Et si vous endurez… cela est certes meilleur pour les endurants. Endure, ton endurance ne viendra qu’avec l’aide de Dieu. Ne t’afflige pas pour eux. Et ne sois pas angoissé à cause de leurs complots. Certes, Dieu est avec ceux qui Le craignent et ceux qui sont bienfaisants. » An Nahl 125

Des années plus tard entrant triomphant à la Mecque Mohamed est resté le Prophète de la Miséricorde il n’a donc porté atteinte ni à la vie, ni à la dignité, ni aux biens ni à la vie des assassins des siens : il les laissa libre en échange de leur conversion à l’Islam sans chercher à sonder la sincérité ou la fausseté de leur conversion :  » le Jugement appartient à Allah ». Mohamed reste le Prophète de la Miséricorde et notre modèle et par conséquent jamais les revenchards, les haineux ne pourront se réclamer de lui ni tenter de donner justification religieuse ou légale  à l’assassinat horrible de Kadhafi sans jugement ni aux milliers de morts et de torturés qui ont servi loyalement l’état libyen contre ce qu’ils considéraient une sédition armée, une collaboration avec l’ennemi. Au delà des hommes nous devons rester aux principes de l’Islam. Le cynisme manifesté par certains Frères Musulmans se retournera contre eux comme il s’est retourné contre eux en Algérie. Les Algériens qui, au nom de l’Islamisme, soutiennent ce traitement ignoble à un chef d’état par l’OTAN et ses vassaux ne doivent pas oublier que le peuple algérien n’a pas oublié ses morts ni oublié l’absence de ces monstres qui se réjouissent de la mort d’un homme comme si cet homme, apostat ou musulman va faire oublier les milliers ou dizaine de milliers de morts libyens sous prétexte d’une vidéo amalgamée ou ancienne dans laquelle Kadhafi aurait tourné en dérision le rite du Tawwaf. Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ou d’apostasie.

Notre responsabilité est de continuer à témoigner et à chercher des arguments et des moyens de défense en attendant l’éveil islamique qui s’annonce déferlant sur le monde comme une marée spirituelle salvatrice.   Notre responsabilité nous devons la faire partager en priorité par les jeunes qui ont un potentiel de cognition car ils sont la relève capable de vivre son temps et de prendre en charge ses défis. Ces jeunes, en particulier ceux qui traitent de l’islam et des musulmans doivent se libérer du regard des orientalistes et des islamologues français pour former leur propre regard à la lumière du Coran et de la Sunna tels qu’ils s’offrent à eux sans la falsification du détour par autrui. Le Coran met en relief l’importance du rôle de la jeunesse dans le projet de libération contre la Tyrannie et contre l’idolâtrie : Abraham, Salomon, Joseph, Moise, Jésus, Mohamed, leurs disciples et compagnons sont dans leur majorité des jeunes remplis de foi et de vitalité.  Leur science et leur force sont au service d’une cause juste.

Ceci dit nous allons revenir au thème central de notre analyse : l’influence de la pensée cléricale et laïque dans les thèses sur l’islam (français). Dans notre analyse nous  n’allons pas jouer le jeu de la polémique et  faire le parallèle entre le voyage à Lourdes et le pèlerinage à la Mecque  et comparer les aspects festifs, conviviaux ou les   objets de souvenirs. La raison simple et objective est que les deux processus sont incomparables. Celui qui a fait le pèlerinage  à la Mecque constate qu’il n’ya aucune comparaison à faire entre le pèlerinage au Vatican ou à Lourdes. Chez les civilisés de l’Occident on ne trouve pas la même ferveur, le même émerveillement que manifestent les misérables musulmans, ces  petites gens illettrés qui viennent par exemple des arrières pays de l’Afghanistan et qui n’ont connu ni la civilisation ni  ses gadgets et qui n’éprouvent aucun besoin de porter leur regard autre que sur la Kaaba, la Mosquée sacrée ou la Mosquée du Prophète. Malgré leur rudesse et leurs coutumes, parfois, contraires à l’esprit de l’islam leur foi est sincère, leur vénération pour les lieux saints est sans défaut, leur amour pour Mohamed est sans commune mesure et leur ferveur religieuse est exemplaire. Chez les civilisés de l’Occident on trouve de grands mots théosophie, théophanie, rationalité, liberté vide de contenu, de vertu, de spiritualité.

Nous allons plutôt  nous situer là où ça fait mal et là ou la dérive est  généralisée dans ce que nous avons pu lire sur ce sujet.

La première dérive est  l’influence de la culture française dont le juridisme excessif déforme  la lecture et l’interprétation du texte coranique et de la pratique rituelle du musulman.  Vidant le texte coranique de son essence on lui fait faire une lecture en opérant un transfert sémantique du sens spirituel subtil du Coran  vers  l’aspect formel transactionnel et contractuel du code de commerce de la  République française.  Nous restons étonnés par cette prolifération de lois pour régenter la vie et la conscience des citoyens comme fut le cas du foulard islamique. Notre étonnement n’est pas seulement dans la nature de certaines lois mais dans les sources d’inspiration idéique de cet esprit qui veut tout légiférer au mépris de l’amour supposé des chrétiens pour leurs semblables.

Nos  étudiants d’extraction musulmane sous la direction  d’islamologues et d’orientalistes laïcs  et religieux s’interrogent donc    sur l’échange inégal et inique entre le Dieu des musulmans et l’Homme   au regard des efforts financiers et physiques de ce dernier dans  l’accomplissement  de son  pèlerinage. Nous assistons à des débats byzantins du type «Comment croire en une égalité et en une équité dans une transaction  entre un divin supposé supérieur et absolu et un homme supposé inférieur et relatif ?».

La seconde dérive dans  la quête de l’égalité entre Dieu et l’homme est née du  mythe de l’égalitarisme laïciste qui refuse la loi de la différence qui gouverne le monde et le principe général de la réalité tant de la foi que de la réalité du monde : l’Unicité du Créateur sans rival, sans intermédiaire, sans associé, sans oubli ni fatigue ni somnolence ni accident ni hasard. Tout est en harmonie selon le principe de l’unité gouvernant la diversité et de son corolaire la variété assemblée dans l’unité de sens, de finalité, de causalité.

L’esprit du musulman pris dans le piège de la rhétorique du verbe occidental devient sensible au principe de Saint Thomas «  je ne crois qu’en ce que je vois » et sensible à l’utopie (le non lieu) de l’égalitarisme  qui au nom du droit à l’égalité devient une négation du droit à  la différence et se laisse entraîner dans le plus grand matraquage moral, social et idéologique de la société : l’indifférenciation. C’est l’indifférenciation  qui  crée l’inégalité par l’indifférence, le nivellement démocratique par l’appartenance de classe créant une société à deux collèges : d’un côté les égaux indifférenciés mis dans le même système impersonnel d’éducation, d’évaluation, de compétition, de travail, de promotion, de droit et de devoirs et d’un autre côté une élite  de privilégiés en compétition de passe droits, de bonne grâce, de facilité, de différenciation de traitement et de considération selon la fortune, la renommée et le pouvoir.

Comment un esprit « rationnel » formaté dans l’idéologique égalitariste peut-il voir l’équité et l’égalité (ou l’inégalité)  entre les sacrifices et les risques du Pèlerin d’un coté et les Bienfaits divins de l’autre :

{C’est ainsi, et quiconque honore les rites d’Allah, cela fait alors partie de la piété des cœurs. Vous y avez des avantages jusqu’à un terme fixé, ensuite son lieu de Pardon  est la Maison antique. Et à chaque communauté Nous Prescrivîmes un lieu d’offrande, afin qu’ils mentionnent le nom d’Allah sur ce qu’Il leur A Octroyé de bétail de bêtes, car votre Dieu Est un Dieu Unique, remettez-vous donc à Lui. Et annonce la bonne nouvelle à ceux qui sont déférents, ceux qui, si le nom d’Allah Est mentionné, leurs cœurs frémissent, ceux qui persévèrent face à ce qui les atteint, ceux qui accomplissent la prière et qui dépensent de ce que Nous leur Octroyâmes.} Al Hadj 32

{…mangez-en et nourrissez le pauvre et le mendiant. De même, Nous vous les Avons Assujettis, pour que vous soyez reconnaissants. Ne parviendra point à Allah ni leurs chairs, ni leurs sangs, mais Il lui parvient la piété de votre part. De même, Il vous les A Assujettis afin que vous glorifiiez Allah pour ce qu’Il vous A Guidés. Et annonce la bonne nouvelle à ceux qui font le meilleur.} Al Hadj 36

{Certes, Allah Prend la défense de ceux qui sont devenus  croyants. Certes, Allah n’Aime pas celui qui persiste dans la traîtrise, qui persiste dans la mécréance. Il a été permis à ceux qui sont combattus, de se défendre, en raison de l’injustice qu’ils ont subie. Certes, pour leur donner victoire, Allah Est sûrement Omnipuissant. Ceux qui furent expulsés de leurs demeures sans aucune juste cause, rien que pour avoir dit : « Notre Seigneur Est Allah ». Et si Allah ne Faisait réagir les Hommes les uns par les autres, que de cloîtres, d’églises, de synagogues et de mosquées, dans lesquels le nom d’Allah Est beaucoup Invoqué, ne seraient démolis ! Certes, Allah Donnera sûrement victoire à celui qui fait triompher Sa Cause. Certes, Allah Est sûrement Fort, Invincible.} Al Hadj 38

{Ceux qui, si Nous leur Accordons pouvoir sur terre, accomplissent la prière, s’acquittent de la Zakat, commandent le bon usage et interdisent le répréhensible. Et c’est à Allah qu’appartient l’issue des choses.} Al Hadj 41

Quand les musulmans non seulement tournent le dos au cadre de la Sourate Al Hadj mais font  du zèle en transformant la vocation du pèlerinage « parcours du combattant » pour la défense de la foi, de l’islam, de la communauté musulmane en  supplices, en arnaques, en mensonges, en négligence, en business…ils perdent les bienfaits et la récompense.

Tous à un titre ou à un autre nous sommes redevables du bon accomplissement du Hadj. Dans le passé les véritables serviteurs (servants) des lieux saints étaient les Moutawifs et les Zamzami qui se consacraient au service du pèlerin par amour de Dieu et par respect des traditions abrahamiques et mohammadiennes. Pourtant le Coran, du vivant du Prophète,  ne leur a pas donné un statut égal à ceux qui se consacrent à la cause de la vérité et de la défense des opprimés:

{Comment pouvez-vous assimiler celui qui est chargé de distribuer l’eau aux pèlerins ou d’entretenir la Mosquée sacrée à celui qui croit en Dieu, au Jugement dernier et qui combat pour la Cause de Dieu? Non, ils ne sont pas égaux devant Dieu, et Dieu ne guide point les injustes.} At Tawbah  19.

Aujourd’hui tout est devenu rentabilité, productivité, gain, bénéfices sous  la domination de la culture  capitalise qui favorise l’émergence de courtiers, de rentiers, de traders de voyagistes attirés par le gain facile et la naïveté des pèlerins souvent vieux et ignorants des rites. Sur ce terrain les associations musulmanes, les représentants de l’état, les imams méritent un procès verbal de carence et d’incompétence. Sur le plan de la pensée politique et économique nous sommes en réalité loin des problèmes essentiels que les véreux ne peuvent cacher en l’occurrence les ravages de l’économie mondiale dans les esprits du musulman qui est amené sur l’autel du monothéisme du marché à renier sa foi et ses valeurs par l’adoption d’un modèle consumériste et financier fondé sur le Riba et l’exploitation de l’homme. On ne peut poursuivre un but aussi noble soit-il que celui du Hadj si on se trompe de priorité et de cibles en tentant de redresser l’ombre au lieu de l’arbre tordu.

Les représentations officielles les plus connues en France, portent la responsabilité la plus importante. Nous en portons une partie moindre certes car nous n’avons ni mandat ni représentativité mais en vertu du fard kifaya la défaillance des uns engage la responsabilité des autres. Dans l’islam la communauté en aucun moment de son existence et des ses circonstances ne peut être dégagée de ses responsabilités car sa vitalité, sa considération, sa promotion, son déploiement, sa survie même dépendent de sa vigilance et de sa compétence à assumer ses responsabilités. Par cette contribution nous participons au débat et nous invitons chaque musulman et chaque être libre et conscient d’y souscrire pour la dignité de l’homme, pour la promotion de la vérité, pour donner sens à la parole…

Notre défaillance, nos problèmes hérités de la décadence de la civilisation musulmane et de la colonisation ne peuvent nous faire oublier que la raison éclairée ne peut construire un argumentaire fallacieux sous prétexte qu’une agence de voyage ou un guide mal intentionné a arnaqué de vieux pèlerins. Il est honteux sur le plan intellectuel de confondre intentionnellement le contrat entre le pèlerin et le voyagiste ou le guide et le contrat avec Dieu. Il est honteux pour un intellectuel de profiter de ces défaillances pour étaler notre misère que nul n’ignore et oublier l’essentiel : la défaillance de l’état français qui laisse les musulmans français ou résidents sur son sol vivre comme des citoyens bannis des lieux de la loi et livré aux trafiquants de tout genre dans le marché du hallal et dans l’accomplissement des rites du Hadj et de la Omra.

Il est encore plus inadmissible de voir un jeune soucieux de l’accomplissement du pèlerinage se voir attaquer en justice par un voyagiste véreux et se voir réclamer 100 000 euros de dommages et intérêts pour diffamation ou atteinte à l’image de marque. Où la communauté des justes, de la communauté centrale, de la communité du droit, de la communauté du Jihad pour se mobiliser autour des compétences musulmanes qui les défendent au péril de leur vie, de leurs intérêts. Il est navrant de voir cette même communauté réagir avec fougue devant un mouvement musulman infantile ou de montrer de la servitude de colonisé quand  celui qui se met en avant n’est pas arabe ou n’est pas musulman. Jamais Allah ne vous donnera de la dignité tant que vous ne savez pas choisir vos élites, les promouvoir et les défendre comme harba (avant garde).

Ce sont les conditions sociologiques et l’amalgame entretenu qui font que l’esprit rationnel du mécréant perfide et la foi raisonnée du croyant  sincère se trouvenr face à la même énigme devant l’organisation et le déroulement du pèlerinage chaque année mais avec des mobiles opposés : «  sacrifices de quelques jours éphémères en échange du Paradis  eternel ?»

On veut nous faire croire que notre religion est aussi une utopie spirituelle dont la réalité n’est que magouilles et intérêts sordides. Dans la lutte idéologique contre l’islam rien n’est gratuit. Il s’agit sans doute de faire  perdre aux piliers de l’islam leur crédibilité en s’appuyant un peu sur la  dérive de certains de nos coreligionnaires et beaucoup plus sur la  dérive sémantique et le matraquage idéologique des écrivaillons sur l’islam. Les démagogues de l’islam ont tout fait pour présenter Mohamed comme un miracle impossible à réaliser. Un passé fabuleux, certes, mais un passé dépassé qu’il faut surmonter en s’ancrant dans la modernité et l’Occident. Les musulmans francisés pris dans les limites de la connaissance de leur propre langue et de la langue française qui n’est pas leur langue maternelle tombent dans le piège de la raison et de la traduction qui devient arme idéologique de subversion contre la foi. Ils ne peuvent comprendre le pacte, la transaction, l’Alliance et surtout être sensible du privilège d’avoir été créé, honoré et ennobli par Allah le Créateur qui leur parle et leur accorde des Promesses alors que rien ne l’oblige puisqu’il est le Riche, le Nécessaire et nous sommes les indigents, les nécessiteux :

{Hâtez-vous de mériter l’absolution de votre Seigneur et un Paradis aussi vaste que les Cieux et la Terre, destiné à ceux qui prennent garde à  Dieu} Al-i’Imran – 133.

{Voilà ceux qui, en récompense de leur endurance, occuperont les lieux les plus élevés du Paradis, et y seront accueillis par des vœux de salut et de paix.} Al-Furqan – .75.

Ce devenir promu est occulté par l’amalgame des détracteurs de l’islam mais aussi par les partisans de la lettre qui ont tout fait pour donner au culte et au Fiqh (jurisprudence islamique) plus d’importance que la lutte du musulman pour le savoir, la liberté, la dignité humaine et la foi sincère. En mettant l’accent sur la morale et la loi ils ont oublié l’essentiel de l’islam : la conscience des  responsabilités qui découlent de la foi et l’amour de Dieu qui donnent à la morale une justification, une conduite, un pathos. Dans la décadence des uns et l’expansionnisme raciste des autres  le colonisable rencontre le colonisateur dans la même supercherie et les mêmes dérives qui dénaturent le sens et briment les vocations. Le terme Fiqh – qui signifie compréhension du verbe faqiha comprendre et tafaqaha faire effort de comprendre – est galvaudé dans les traductions qui en font jurisprudence islamique et dans la routine mimétique  du musulman qui en fait une doctrine ou des écoles doctrinaire focalisés sur le rite. Et pourtant le Coran qui est le référent vise autre chose de plus complexe et de plus vital pour la communauté : comprendre pour être guidé vers ce qui est sensé,  pour témoigner de la vérité et s’acquitter de sa mission de libérateur, d’édificateur, de civilisateur monothéiste:

C’est l’invocation de Moise qui résume la trame de la vocation du Musulman répondant aux Injonctions divine :

{Rends-toi chez Pharaon, il a outrepassé les limites. Il dit : « Mon Seigneur, Épanouis mon cœur, facilite ma mission, et délie une défectuosité de ma langue, afin qu’ils comprennent ce que je dis, et Donne-moi un assistant de ma famille, Aaron mon frère, pour me donner courage, et Fais-le participer à ma Mission, afin que nous T’exaltions beaucoup, et que nous T’invoquions beaucoup, Tu As toujours Été Omnivoyant à notre égard. »}Taha 24

C’est le sens du hadith :

« Le meilleur d’entre vous dans la Jahiliya (le paganisme ante islamique) est le meilleur d’entre vous dans l’Islam s’il fait l’effort de comprendre sa religion »

L’évidence simple et concise. C’est la même évidence pour la Chari’a qu’on a déformée en ahkam (lois islamiques, code pénal) alors que les lois ne représentent qu’une infime partie du Coran qui est lui-même dans son intégralité Shari’a dans sa signification arabe de « Minhaj » la Méthode, la Voie ou la Direction à suivre dans son intégralité :

{Ensuite, Nous t’Avons Mis sur une voie claire en ce qui concerne la constitution de la Religion. Suis-la donc et ne suis pas les passions de ceux qui ne savent pas.} Al Jatiya  18

Après les premières fascinations devant le  Hadj et devant l’ampleur du phénomène des jeunes qui effectuent le pèlerinage pour compléter leur religion et non comme des vieux retraités qui vont laver leurs os,   l’Occident a compris ce que nous n’avons toujours pas compris : la force de fédération internationale des musulmans lors de ce congrès annuel des musulmans qui se regroupent transcendant sans les nier ou les indifférencier toutes les différences ethniques, géographiques, linguistiques, sociales, sexuelles, générationnelles pour proclamer la grandeur d’Allah, pour témoigner de l’Unicité de la Oumma islamique, pour accomplir un pilier de l’islam qui est le dernier pilier de l’islam qui couronne l’appartenance à l’islam et non une corvée ou un accessoire de l’islam. L’Occident avait compris ce phénomène lors de la colonisation et il avait mis ses espions, ses orientalistes, ses experts de la guerre psychologique pour encadrer, profaner et détourner les saintes pérégrinations des indigènes qui pourraient devenir porteur d’un projet fédérateur de résistance comme l’ont été ceux qui les ont précédé dans les mouvements insurrectionnels et qui tous portaient le titre de Hadj comme symbole de purification de toute souillure y compris celle de la colonisation. La situation, aujourd’hui,  est plus névralgique car il ne s’agit pas de vieux os mais de jeunes cerveaux qui vont accomplir le pèlerinage comme pilier porteur de l’islam.

Il faut lire la seule Sourate qui porte le nom d’un pilier porteur de l’islam en l’occurrence Al Hadj pour comprendre la portée de ce pilier dans le Jihad an nafs et le Jihad contre l’ennemi : Satan dans ses version de Djinn et d’Ins. Nous les musulmans de notre temps nous ne voyons que la parie visible en l’occurrence le rite. L’esprit occidental cartésien, rationnel et efficace voit la portée du pèlerinage, son influence, sa dynamique sociale et politique. Il a ses officines qui lui traduisent les commentaires de la Sourate al Hadj où il est question de monothéisme et de Jihad, de résurrection et du devoir de témoignage :

{Évitez donc l’infamie des idoles, et évitez le faux parler, en purs monothéistes à l’égard d’Allah et non comme polythéistes. Et quiconque associe à Allah, c’est comme s’il s’affalait du ciel et que les oiseaux le ravissent, ou comme si le vent le faisait choir en un gouffre profond.} Al Hadj 31

{Et Nous n’Avons point Envoyé avant toi de Messager ni de Prophète sans que Satan n’insinue aux gens  d’autres paroles, que lui inspire ses souhaits, pour jeter le doute dans les pensées. Alors Allah Abroge ce qu’insuffle Satan, puis Allah Confirme Ses Versets. Allah Est Omniscient, Sage. Afin qu’Il Fasse de ce qu’insuffle Satan une épreuve pour ceux qui ont une malveillance dans leurs cœurs, et ceux qui ont les cœurs endurcis. Certes, les injustes sont dans un schisme profond. Et afin que ceux qui reçurent la science sachent que cela est la Vérité de ton Seigneur, alors ils y croiront et leurs cœurs en seront déférents. Et Allah Guidera sûrement ceux qui sont devenus  croyants vers un chemin de rectitude.} Al Hadj 52

{Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués de se défendre – parce que vraiment ils sont lésés; et Allah est certes Capable de les secourir} al hadj 39

Décryptant nos signes, nos symboles, nos textes et nos références ils anticipent pour nous livrer à toutes les sauces de leur propre signification pour créer écran entre nous et le principe de sens. La colère qui nous anime ici n’est pas contre le procédé qui est légitime pour eux puisque nous sommes perçus comme un danger potentiel, des infidèles, des insoumis mais contre le liant de la sauce qui la rend attrayante et digeste : notre propre chair (jaldatina). Elle est non seulement  liant mais aussi  ingrédient et servitude aux ordres de son maitre par inconscience, par incompétence ou par concupiscence. Notre Wahn ils le connaissent, ils l’entretiennent et le cultivent en cultivant nos déchirements, notre cupidité, notre hypocrisie, nos désirs mondains, nos divergences doctrinales, nos prétentions arrogantes à la surenchère y compris celle de refuser de nous nomme comme Allah a voulu que nous soyons nommés : Musulmans :

{Et efforcez-vous pour Allah comme il se doit de faire l’effort  pour Lui. Il vous A Élus et ne vous Imposa nulle gêne en religion, la confession de votre père Abraham. C’est Lui [Allah] qui vous A déjà Nommés musulmans, auparavant, et dans ceci [le Coran] : afin que le Messager soit témoin sur vous et que vous soyez témoins sur les Hommes. Accomplissez donc la prière, acquittez-vous de la Zakat, attachez-vous à Allah, Il Est votre Protecteur, le meilleur Protecteur et le meilleur Défenseur.} Al Hadj 78

Le dernier verset de la sourate « le Pèlerinage » montre la Finalité du Hadj, la fratrie de foi, ce que nous transgressons chaque jour par nos postures partisanes, nos schismes doctrinaux, nos infantilismes, nos Fatwas  fondées sur des opinions, notre irresponsabilité qui nous rend agent de Fitna, de discorde, de diversion et de subversion contre nos intérêts moraux, religieux et communautaires pour finir comme des débris, des fragments d’insignifiances emportés par les rigoles du temps et piétinés par le colonialisme et le néo colonialisme.

Nos apprentis intellectuels doivent se réveiller et comprendre que lorsqu’Allah nous gratifie d’un énoncé sublime comme celui-ci :

{Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis.)

L’énonciation qui parle d’achat, de vente et d’échange est de l’ordre de l’allégorique pour rendre l’énoncé accessible et attirant a l’âme et a la conscience. Allah nous a créé avec en nous le désir faisant de nous des êtres désirant attirés par ce qui est désirable. Quel est le plus grand désir que de vivre dans le bonheur sans finitude, sans imperfection. Nous portons la mémoire collective, l’inconscient collectif de l’humanité légué par nos parents Adam et Eve qui ont édifié le premier temple, la première mosquée, le premier sanctuaire destiné à l’adoration exclusive d’Allah et à l’orientation unique de tous les monothéistes en quête de ressourcement spirituel, en quête de donner prise à ce désir inassouvi sur cette terre condamnée  à l’anéantissement des désirs, des existences. Même si la suite des versets donne l’impression qu’il y ait une transaction d’égal a égal il ne peut y avoir entre Dieu et l’homme dans leur essence, leurs attributs, leur offre et leur demande ni égalité ni inégalité ni différences mais incomparabilité totale. L’allégorie est la pour rendre l’incomparable (donc l’inaccessible, l’invisible,  et l’indicible) facilement imaginable et compréhensible mais aussi pour rendre le désir ultime de l’homme une Promesse divine qui va s’accomplir :

{Certes, Allah A Racheté des croyants leur vie et leurs biens, par le Paradis qui sera à eux. Ils combattent pour la Cause d’Allah, ils tuent et ils sont tués. Promesse qu’Il A Faite, en vérité, dans la Torah, l’Évangile et le Coran. Qui donc tient promesse mieux qu’Allah ? Voyez alors un augure favorable dans votre échange, par lequel vous avez fait acte d’allégeance. Cela est sûrement l’immense triomphe. Ceux qui se repentent, adorent, louangent, méditent, s’inclinent, se prosternent, commandent le convenable, interdisent le répréhensible et observent les Ordres d’Allah : annonce la bonne nouvelle aux croyants.} At Tawbah 111

Il y a incomparabilité entre les cocontractants en leurs qualités respectives d’Etre divin et d’être humain. Même si nous prenons au sens littéral l’échange celui-ci demeure inégale et cette l’inégalité est tellement grande qu’elle devient incomparable, non mesurable. Quelle est la valeur de la vraie vie éternelle dans le bonheur ? Inestimable ! Quelle est la valeur de notre dévotion, de nos sacrifices, de nos souffrances éphémères face à l’étendue d’un Paradis eternel aussi vaste que les cieux et la terre avec des délices incomparables en beauté, en goût, en innovation  à ceux connus sur terre ? Quelle est la signification de la transaction quand Celui qui propose la transaction incomparable est le créateur de l’homme partenaire de la transaction, de ses œuvres objet de la transaction et du Paradis  récompense de la transaction ? La miséricorde divine ! Quel est notre part dans cette transaction ? Un infiniment petit de patience dans le malheur et de gratitude dans le bonheur sur cette terre qui ne vaut pas l’aile d’un moustique ou d’un moucheron comparativement à la valeur de la vraie vie. Mathématiquement parlant notre part est équivalent au rapport d’une valeur par rapport à l’infini c’est-à-dire zéro ce qui ne signifie pas rien ou le vide absolu mais l’absence  de valeur.

Dans la question de l’échange égal ou inégal avec Dieu nous ne devons jamais perdre de vue l’humilité et la Taqwah que nous devons avoir dès qu’il s’agit de Dieu. II est incomparable et son incomparabilité même dans les Attributs divins qu’il a fait connaitre dépasse notre entendement car nous proclamons Allah Akbar : Dieu est le plus grand dans toutes nos conceptions, nos imaginations et nos rapports à Sa Beauté, a Sa Perfection, a Sa Puissance, a Sa Science, a Sa miséricorde. Allah est plus grand que tout ce que nous pouvons imaginer, il est au dessus de toute comparaison, il est comme le dit l’imam Ali créateur du lieu et du temps sans être soumis lui-même aux notions de temps et de lieux sur lesquels nous construisons notre jugement et notre système de comparaison et d’évaluation. Dire Allah Akbar sans éprouver de l’humilité, de l’indigence, de la miséricorde c’est se montrer arrogant, inculte, bruyant, vide de sens et vide de spiritualité. Il est dommageable pour l’esprit, le cœur et la conscience du croyant de voir des insensés non seulement profaner le Nom d’Allah mais participer par leur insenséisme à la lutte idéologique et médiatique mené par Satan contre l’Islam et les Musulmans pour les diaboliser à son image et en faire des objets de répulsion, de dérision, de manipulation. Et pourtant notre Prophète (saws) nous a recommandé l’humilité, la miséricorde, la sagesse, la constance, l’intelligence et l’efficacité toutes ces qualités que les pérégrinations du Pélérinage inculquent au Croyant quand il est à la Mecque contemplant la Kaaba, les montagnes encerclant la Mecque et cette masse humaine tournant en communion avec l’univers et attestant qu’elle n’est ni le cntre de l’univers ni le nombril du monde mais un grain atomique qui a besoin de la Miséricorde divine et de la sagesse prophétique :

« Annoncez la bonne nouvelle et ne faites pas fuir les gens »

C’est la Miséricorde d’Allah qui nous fait entrer au Paradis, ce ne sont pas nos œuvres. Nos œuvres ne sont rien en égard aux bienfaits de la vision des formes et des couleurs de ce monde bien avant celles du Paradis, de l’amour, de l’intelligence libérée de toute forme de bridage, des sens nouveaux pour apprécier l’odeur, la vision, le  gout des saveurs et de ce qui est impossible a recenser car il relève encore du Ghayb auquel nous croyons. Voici comment Allah décrit la qualité des Musulmans qui ont ouvert la Mecque sans livrer bataille ni faire couler une goutte de sang :

{Tu les vois inclinés, prosternés, aspirant à une Munificence de la part d’Allah et un agrément.} Al Fatah 29

Ce sont ces qualités qui permettent cet échange incomparable. Le Paradis lui même n’est rien devant  la rencontre de Dieu et la vie en  sa proximité et le contempler sans voile pour bénéficier à chaque contemplation d’un amour plus grand et d’une beauté plus grande sans que les précédents ne soient imparfaits ni les à venir la limite :

{Dis : « Vous annoncerai-je quelque chose de mieux que tout cela ? ». Pour ceux qui ont craint se trouvent, auprès de leur Seigneur, des Paradis sous lesquels coulent les fleuves : ils s’y éterniseront, auront des conjointes purifiées et l’agrément d’Allah.} Al ‘Imrane 15

Parler d’échange égal ou  inégal c’est faire preuve de manquement d’égard a Celui qui nous a créés et ne pas comprendre la vocation et la mission pour laquelle nous avons été existenciés.

{Ils n’ont pas considéré Allah à Sa véritable considération) Az-Zumar 67

Quand la langue s’inspire des fondements mythologiques grecs ou romains qui la sous tendent elle ne peut traduire l’exactitude de la foi comme elle ne peut empêcher à la raison de dériver et au sens de se corrompre. La langue véhicule un imaginaire c’est-à-dire une compétence symbolique à évoquer le passé, à explorer le présent et à anticiper sur l’avenir puis à tisser des liens vers ce qui est plus signifiant, plus sensé. Lorsque cet imaginaire est peuplé de mythes il ne peut logiquement se prévaloir d’une suprématie de rationalité sur la langue d’autrui et son système de pensée. Quand l’imaginaire sur lequel s’appuie l’expression de la foi et de la raison s’investit dans le devenir de l’homme depuis Adam jusqu’à Mohamed (saws) en passant par les chemins empruntés par tous les Prophètes et Messager alors il devient Lumière qui éclaire la compétence de nommer de tous les hommes de foi par laquelle passent et la parole et le savoir :

{Et Il apprit à Adam tous les noms} al Baqara 31

Cette réflexion ayant pris son essor dans la défense d’un pilier de l’Islam, Al Hajj, il est important de souligner que le pèlerinage est valide s’il a rempli les conditions cultuelles et celles de son intention. Seul son acceptation par Dieu  en fait un rite agrée et méritoire. Dieu dans Sa Bonté nous a montré les signes de l’acceptation du Hajj : se cultiver c’est-à-dire agir après l’accomplissement du pèlerinage comme un croyant qui a renouvelé son alliance avec Dieu et qui fait effort de cultiver sa foi, son savoir, sa probité, sa sincérité, son devoir, ses relations humaines, son travail avec la même ferveur que celle qu’il avait manifesté lors de son séjour aux Lieux saints. Une fois de plus ce n’est pas notre interprétation qui fait foi mais le Coran :

{Dépensez pour la cause d’Allah et ne vous jetez pas, de vos propres mains, dans la perdition. Et faites le meilleur, car Allah Aime ceux qui font le meilleur. Accomplissez le Pèlerinage et la Visite Pieuse pour Allah.} Al Baqara 195

{Le Pèlerinage : ce sont des mois connus. Quiconque s’y impose le Pèlerinage, alors pas de jouissance, de perversité ou de controverse durant le Pèlerinage. Ce que vous faites de bien, Allah le Sait. Et approvisionnez-vous. Oui, sans doute, le meilleur approvisionnement, c’est la piété. Et prenez garde à Allah, ô doués d’entendement.} Al Baqara 197

Notre démarche avait un but didactique :  prendre pour prétexte quelques  lacunes et non sens trouvés dans des travaux universitaires pour attirer l’attention sur la vigilance que l’esprit musulman doit avoir pour traiter des problèmes relevant de sa religion et de sa communauté musulmane pour que la lutte idéologique ne le coopte pas et en fasse un clerc au service de la manipulation ou le coupe de sa base populaire qui attend l’émergence d’élites nobles et généreuses portant  en charge les soucis, les désirs et les ambitions d’une communauté qui n’arrive pas à constituer sa conscience de communauté du fait des séquelles de l’émigration, de la colonisation et de l’exclusion. La discrimination positive ne consiste pas à reconnaitre la communauté mais à l’écrémer, en garder ce qui est bon pour le capitalisme et le néo colonialisme puis rejeter le reste dans le ghetto urbain, culturel et social au nom de Liberté, Égalité, Fraternité.

Nous avons le choix, dans l’acquisition et le maniement de la langue et du verbe. En faire une servitude, une manipulation ou un constat qui frise le ridicule et l’inconséquence comme par exemple ce   communiqué de la Fédération Nationale des Musulmans de France : « Cette nuit, les locaux de Charlie Hebdo ont fait l’objet d’un incendie criminel et son site internet a été « piraté ». Comme de nombreux citoyens français, nous avons été choqués par ce drame et je souhaite, au nom de la Fédération Nationale des Musulmans de France, condamner ces actes sans la moindre réserve possible. » Ou bien en faire une suite de revendications, comme font les Gouvernants Arabes et  Musulmans auprès de l’ONU, pour demander à la République de devenir chose (Res) publique (publica) et de traiter les voyagistes et agences de voyages qui gèrent ou administrent le culte musulman de les contraindre à fonctionner avec la même transparence, déontologie et performances en termes de métier que les voyagistes français. Ou bien nous passons à une étape supérieur, celle de la dignité, exercer nos devoirs de Musulmans. C’est la voie la plus difficile mais la plus sincère pour ceux qui veulent un Paradis aussi vaste que les cieux et la terre.

Pour exercer nos devoir, à tous les niveaux des hiérarchies, des registres spirituels et temporels, des domaines d’activité nous devons briser la culture de l’inertie et du Wahn et répondre à la loi de Dieu : en décolonisant notre pensée, notre décision ainsi que celle  de la langue et des mots. Malek Bennabi a montré le changement de paradigme par le changement des mots et son exemple a toute sa signification ici : « Les mots marquent des positions idéologiques déterminées… Si on les modifie, le changement d’un terme ne marquera pas seulement l’abandon d’une position idéologique qu’il désignait, mais il marquera aussi un changement dans le comportement révolutionnaire lui-même. Quand le combattant cesse de se nommer « El Moudjahid » c’est le comportement du « troufion » qui réapparait, comme dans un régime de tirailleurs »… Certaines licences de langage – qui se veulent audaces révolutionnaires – ne sont en fait que des trahisons de la révolution dans son objet essentiel : la transformation de l’homme selon la loi coranique. »

إِنَّ اللَّهَ لَا يُغَيِّرُ مَا بِقَوْمٍ حَتَّىٰ يُغَيِّرُوا مَا بِأَنْفُسِهِمْ وَإِذَا أَرَادَ اللَّهُ بِقَوْمٍ سُوءًا فَلَا مَرَدَّ لَهُ وَمَا لَهُمْ مِنْ دُونِهِ مِنْ وَالٍ

{Allah ne Modifie rien en un peuple jusqu’à ce qu’ils changent ce qui est en eux-mêmes. Et si Allah Veut quelque mal à un peuple, rien ne peut le repousser et ils n’ont, à l’exclusion de Lui, aucun protecteur.} Ar Ra’âd 11

Le Changement est à la fois ontologique pour récupérer et exercer sa responsabilité individuelle (Mas’ouliya) et sociale pour exercer sa responsabilité collective qui est d’exercer la vocation de l’Islam (Taklif).

Les élites musulmanes en France : vrais problèmes et fausses solutions

Ce vendredi, à Marseille, nous avons eu la visite des satellites de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) et du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) dont un des membres a présidé la Salat. Ayant le privilège d’être un homme libre je vais, une fois de plus, jouer le rôle du manchar (scie) qui élague les branches mortes. Je n’ai pas le sentiment de faire de la calomnie, de la diffamation ou de la discorde, mais de faire œuvre utile pour éveiller les crédules et réconforter ceux qui savent et gardent le silence sur l’insoutenable et l’inacceptable de la discorde et de la manipulation des musulmans par les appareils religieux.

Ces appareils n’ont à leur actif aucune œuvre qui réalise le Tamkine des Musulmans de France malgré la confiance que leur ont accordé les Musulmans et qu’ils ont trahis, se mettant en situation de :

ذَٰلِكَ بِأَنَّهُمُ اتَّبَعُوا مَا أَسْخَطَ اللَّهَ وَكَرِهُوا رِضْوَانَهُ فَأَحْبَطَ أَعْمَالَهُمْ أَمْ حَسِبَ الَّذِينَ فِي قُلُوبِهِمْ مَرَضٌ أَنْ لَنْ يُخْرِجَ اللَّهُ أَضْغَانَهُمْ وَلَوْ نَشَاءُ لَأَرَيْنَاكَهُمْ فَلَعَرَفْتَهُمْ بِسِيمَاهُمْ وَلَتَعْرِفَنَّهُمْ فِي لَحْنِ الْقَوْلِ وَاللَّهُ يَعْلَمُ أَعْمَالَكُمْ وَلَنَبْلُوَنَّكُمْ حَتَّىٰ نَعْلَمَ الْمُجَاهِدِينَ مِنْكُمْ وَالصَّابِرِينَ وَنَبْلُوَ أَخْبَارَكُمْ

{Cela, en raison de ce qu’ils ont suivi ce qui suscite la colère d’Allah et ont haï Son agrément, alors Il a rendu vaines leurs œuvres. Ou bien ceux qui ont une malveillance aux cœurs ont pensé qu’Allah ne dévoilerait pas leurs rancunes ! Et si Nous voulions, Nous te les montrerions, alors tu les aurais reconnus à leurs traits ; et tu les reconnaîtras sûrement à la mélodie dans leur parole. Et Allah connait vos actions. Et Nous vous éprouverons certes afin que Nous voyions ceux qui font effort d’entre vous et les persévérants, et Nous éprouverons vos nouvelles.} S – Mohamed, v31

Tout d’abord précisons qu’Allah est Omniscient et Omnivoyant, le Créateur des actes, des agents, des causes et de leurs effets : Il a vu déjà dans la prééternité les œuvres de Ses créatures et a déjà entendu leurs paroles secrètes ou avouées. Le sens réel est double : Sa parole est vérité, elle confirme la vérité antérieure, elle met en évidence en faisant voir et en faisant entendre aux croyants les comportements et les secrets des hypocrites et des ignorants qui se cachent derrière lahn al qawl (propos de miel pour anesthésier la conscience et cacher la vérité).

Quelles sont donc la vérité et les nouvelles de ces pigeons voyageurs qui ont pris leur bâton de pèlerin pour discourir dans les mosquées ? Comment Allah a déjà dévoilé leurs nouvelles ?

Ils nous invitent à délaisser nos caves, faisant office de mosquées, pour venir accomplir la salat de l’Aïd au parc Chanot, l’équivalent marseillais du Bourget parisien. A priori il n’y a pas de mal à réunir le plus grand nombre d’orants dans la salat al Jama’â. Le mal est mis en évidence par les versets précédents projetés sur la réalité des nouvelles annoncées et de la vérité du comportement sur les décades passées. Je vais, sans ménager aucune partie, mettre à plat ce que la communauté pense tout bas de ces appareils politico-religieux :

1 – Pourquoi le silence pour ne pas dire le soutien et la complicité de l’agression de l’OTAN et de la France contre la Libye et la Syrie alors qu’Allah a interdit l’alliance stratégique avec les Mécréants agresseurs et interdit le meurtre délibéré d’un musulman ? Pourquoi ne pas rappeler aux pseudo révolutionnaires et aux autorités françaises que notre bien aimé Prophète condamne le combat sous un étendard de confusion dont personne n’ignore les conséquences et les issues ou la sédition armée qui provoque la mort des musulmans et la terreur des populations ? Au nom de quel principe musulman se permettre de donner caution au démembrement et au chaos d’un pays musulman sous prétexte que son gouvernant est despote ou qu’il est mécréant. Où sont les preuves de la mécréance (Kufr Bawah) de Kadhafi ou de Bachar al Assad ? Si ces derniers méritent un traitement que réprouve l’Islam pourquoi votre silence devant la tragédie algérienne et l’abandon du peuple algérien livré aux égorgeurs, aux violeurs ? Pouvons-nous faire confiance à ceux qui se taisent alors qu’Allah les dévoile et les met à l’épreuve de prendre position juste et équitable car ils ont accepté d’être au devant de la scène et en charge des responsabilités.

2 – Pourquoi cet empressement à réunir les Musulmans sous une seule bannière et faire étalage d’une démonstration de « force » par le nombre alors que tout le monde (dans la communauté musulmane et dans les officines et les médias français) sait que les Musulmans de France sont divisés. Les instances officielles de l’Islam de France sont tellement discréditées et sans vocation de rassembler pour les intérêts bureaucratiques et idéologiques de l’Etat français laïciste que les laboratoires français ont envoyé au casse pipe l’imam de Drancy le « pauvre » Chalghoumi. En réalité c’est une opération de subversion dont un des buts est d’envoyer un message clair aux instances officielles de l’Islam de France : soyez efficaces sinon on vous substituera d’autres valets et d’autres auxiliaires.

3 – Plus que Chalghoumi, c’est Sarkozy lui-même qui a détruit le peu de crédibilité sur lequel vous aurez pu, dans une prise de conscience courageuse et sincère, repartir à la conquête et à la mobilisation des Musulmans pour des échéances politiques et des luttes sociales qui leur donnent plus de droits, plus de respect et plus de chances. Les discours lénifiants ont porté Sarkozy qui étaient tranquilles du côté des Musulmans muselés par leurs coreligionnaires partagés entre les complaisants et les extrémistes fanatiques qui se rejoignent dans le même objectif : maintenir la communauté musulmane en marge de son devenir confié à d’autres. Les Musulmans non concernés par le vote et ne pouvant peser sur le résultat des élections, Sarkozy et l’UMP se sont orientés vers une posture islamophobe pour conquérir l’électorat du front national avec comme conséquence une stigmatisation des Musulmans et en contrepartie la situation paradoxale du mutisme et de la confusion des appareils religieux musulmans qui ont perdu toute crédibilité.

4 – A cette perte de crédibilité sur le plan des appareils politiciens s’ajoute l’absence des instances musulmanes sur trois dossiers sensibles qui concernent le vécu existentiel et spirituel du musulman : la viande halal, le cimetière musulman et la mosquée. Pour continuer d’exister, il ne s’agit pas dans l’esprit des élites religieuses de gagner la confiance des musulmans et d’ouvrir des chantiers de réflexion, des débats d’idées et de l’ingénierie de réponse à leurs problèmes car ceci n’est pas dans la culture de ses élites, de se remettre en cause ou d’être remises en cause par une population sans culture citoyenne ni culture musulmane qui imposent le jugement critique, l’examen de conscience et la demande des comptes aux responsables qui ont failli. La solution simpliste est de manœuvrer pour faire une démonstration de force (par le nombre) pour s’imposer contre les concurrents nouveaux qui sentent un terrain libre et facile à conquérir et pour se remettre en selle auprès des autorités françaises.

5 – Pour étayer mes propos de faits simples mais réels, je pose à titre d’illustration le problème de la grande mosquée de Marseille. Pour des raisons politiciennes et économiques (il est plus facile de donner à des associations des locaux que de démolir ou de restructurer des infrastructures vielles et décentrées), les infrastructures du projet de la grande mosquée sont disponibles, mais ce sont les instances musulmanes qui sabotent le projet pour quatre raisons que tout le monde connait. La première est la lutte de pouvoir et de représentativité auprès des autorités françaises. La seconde est le contrôle de la rente et des réseaux clientélistes que chaque entité veut conserver pour elle-même. La troisième raison est le refus inavoué de gérer la Mosquée car sa gestion, eu égard à sa symbolique et à sa taille, va imposer deux règles que les instances musulmanes ne sont pas prêtes à assumer : la transparence et la responsabilité devant les fidèles qui sont antinomiques avec le système de cooptation qui est fondateur de l’Islam français.

Je ne veux pas faire le procès de gens innocents et compétents, mais je ne peux m’interdire de me poser des questions simples dont l’absence de réponses depuis toutes ces années rend ces gens suspects dans leur intention et dans leur agenda. En effet j’ai déjà montré l’inefficacité religieuse, sociale et idéologique de rassembler 100 000 personnes au Bourget sans conscientisation ni consignes ni projet à faire partager. Un euro versé par chaque visiteur et sur cinq ans aurait permis de doter une fondation pieuse (Waqf) d’un demi million d’euros pour réaliser des cimetières musulmans ou des instituts de formation des Imams. Une délégation représentative aurait arraché à l’Algérie le financement intégral de la Mosquée de Marseille car la communauté musulmane est majoritairement algérienne et les relations franco algériennes sont complexes, mais liées. Il n’est pas normal que la France déploie ses écoles et ses instituts culturels en Algérie sans que l’Algérie ne dispose de la réciprocité sur le plan cultuel. Il ne s’agit pas de répéter l’expérience de la Grande Mosquée de Paris, mais d’innover en faisant jouer à l’Algérie ses devoirs et ses droits sachant que les Mosquées appartiennent à Allah et seul Son Nom doit y être évoqué.

Dans le même ordre d’idées se pose la question de la priorité des instances musulmanes : réunir les Musulmans au parc Chanot de Marseille pour exposer leurs bruits, leurs maqroud et leur gentillesse auprès d’une population française de plus en plus islamophobe ou faire une souscription auprès de la plus grande communauté musulmane de France, celle de la région PACA qui pourrait en en seule levée de fond, à raison de 5 euros par personne, réunir 15 millions d’euros. Il y a de quoi construire une grande mosquée avec une université islamique, un centre culturel et une fondation pieuse de solidarité aux pauvres, aux démunis et aux sans bourses d’études. Il ne faut pas avoir peur de dire ce qui fache chez nous et ce qui fait la joie des autres : nos enfants sont mal élevés, nous ne produisons pas d’idées ni d’union ni de force ni d’actions, nous ne faisons que déambuler, exposant à ceux qui nous connaissent mieux que nous nous connaissons notre misère sociale, morale et notre Wahn. Quel est le bénéfice idéologique, politique, social, économique de nous afficher en symbole d’insenséisme et d’inconséquences alors que la priorité est d’éveiller nos consciences à exercer ses devoirs, à construire sa fierté et à imposer le respect à la face du monde de la manière la plus intelligente, la plus discrète, la plus efficace. C’est ce sens des priorités et de l’efficacité qui nous fait défaut et qui continue de nous conduire à notre perte :

قُلْ هَلْ نُنَبِّئُكُمْ بِالْأَخْسَرِينَ أَعْمَالًا

الَّذِينَ ضَلَّ سَعْيُهُمْ فِي الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَهُمْ يَحْسَبُونَ أَنَّهُمْ يُحْسِنُونَ صُنْعًا

{Dis: «Voulez-vous que Nous vous apprenions lesquels sont les plus grands perdants, en œuvres? Ceux dont l’effort, dans la vie présente, s’est dissipé, alors qu’ils s’imaginent faire le bien.} Al Kahf 103

Je ne peux pas évoquer la construction de la Mosquée sans rappeler que dans l’histoire de la civilisation musulmane la Mosquée a davantage était l’œuvre collective des Musulmans que l’affaire des gouvernants. Un verset coranique que nous lisons avec un cœur dissipé et un esprit distrait nous oblige à trouver la solution par nous-mêmes et à ne pas compter sur un Etat mécréant pour construire et gérer nos lieux de culte :

مَا كَانَ لِلْمُشْرِكِينَ أَنْ يَعْمُرُوا مَسَاجِدَ اللَّهِ شَاهِدِينَ عَلَىٰ أَنْفُسِهِمْ بِالْكُفْرِ أُولَٰئِكَ حَبِطَتْ أَعْمَالُهُمْ وَفِي النَّارِ هُمْ خَالِدُونَ إِنَّمَا يَعْمُرُ مَسَاجِدَ اللَّهِ مَنْ آمَنَ بِاللَّهِ وَالْيَوْمِ الْآخِرِ وَأَقَامَ الصَّلَاةَ وَآتَى الزَّكَاةَ وَلَمْ يَخْشَ إِلَّا اللَّهَ فَعَسَىٰ أُولَٰئِكَ أَنْ يَكُونُوا مِنَ الْمُهْتَدِينَ

Le verbe ya‘mourou Masàdjid Allah (يَعْمُرُوا مَسَاجِدَ اللَّهِ) est souvent traduit par peuplent, fréquentent ou visitent les Mosquées d’Allah oubliant que la langue arabe du Coran et le sens des versets coraniques lui donnent une signification plus large et plus vraie que la restriction de l’interprétation et de la traduction. Il s’agit d’édifier, d’entretenir, de purifier, de restaurer et de fréquenter le lieu de culte uniquement pas par les Croyants. Il n’est ni logique ni conforme à l’esprit du Coran ni à celui de l’esprit laïciste de construire, de restaurer, de fournir ou de fréquenter une mosquée destinée à l’adoration d’Allah (swt) et à l’étude de Sa Parole. Le contraire serait suspect ou peu crédible ou visant un objectif de cooptation pour endiguer la liberté des Musulmans et confiner leurs devoirs. La preuve de ce que je dis n’est pas mon opinion ni celle d’un linguiste ou philologue arabe, mais celle du Coran qui s’auto explique ou s’auto explicite donnant ainsi le sens le plus judicieux aux versets en amont ou en aval :

أَجَعَلْتُمْ سِقَايَةَ الْحَاجِّ وَعِمَارَةَ الْمَسْجِدِ الْحَرَامِ كَمَنْ آمَنَ بِاللَّهِ وَالْيَوْمِ الْآخِرِ وَجَاهَدَ فِي سَبِيلِ اللَّهِ لَا يَسْتَوُونَ عِنْدَ اللَّهِ وَاللَّهُ لَا يَهْدِي الْقَوْمَ الظَّالِمِينَ

{Avez-vous considéré qu’assurer l’eau au pèlerin et entretenir la Mosquée Sacrée, est égal (au mérite) de celui qui croit en Allah et au jour Dernier, et qui s’est efforcé pour la Cause d’Allah ? Ils ne sont point égaux auprès d’Allah. Allah ne Guide point les gens injustes.} At Tawba 19

Imara (عِمَارَةَ) est le substantif du verba ‘amara () et il concerne ici la Mosquée déjà construite dans laquelle les polythéistes veillent au traditions anciennes de son entretien et de la gestion de l’eau Zemzem sans y adorer le Dieu Un et Unique, le Maitre de la Maison sacrée et le Souvcerain des Univers. Comment donc traduire avec fidélité le terme polysémique de ya’mourou et lui trouver l’équivalent en français qui veut dire en même temps édifier, entretenir, restaurer, fréquenter, venir pour y prier, visiter ? Le terme « être astreint » est le plus proche sans contenir l’essentiel qui est l’amour et la dévotion qui se font sans contrainte, sans ostentation. Pour l’instant faute d’avoir trouvé le terme, je préconise une note en bas de page de la traduction

{Il n’appartenait pas aux polythéistes de fréquenter(*) les Mosquées d’Allah, témoignant de mécréance contre eux-mêmes. Ceux-là vaines ont été leurs actions, et ils s’éterniseront dans le Feu. Mais ne fréquente (*) les Mosquées d’Allah que celui qui devint croyant en Allah et au jour Dernier, qui accomplit la prière, qui acquitte la Zakat, et qui ne craint qu’Allah. Ainsi ceux-là seraient du nombre des biens guidés.} At Tawbah 17

(*) Edifier, entretenir, restaurer, purifier, servir, fréquenter, peupler et visiter la Mosquée

6 – Nous savons qu’il faut avoir recours aux sources de la Révélation pour comprendre et traduire le Coran puis le mettre en application selon le Dessein d’Allah et non selon l’opinion des élites religieuses savantes ou ignorantes. Le Prophète a indiqué le cadre de notre réflexion : le Coran, la Sunna et les dires ou décisions des Califes biens guidés ou des compagnons versés dans la science du Coran et de la Sunna. Notre opinion n’a de place que pour « broder » et mettre en liaison les liens qui donnent sens global. Notre tribun du vendredi a justifié la nécessité de délaisser nos caves et nos mosquées de quartier et d’aller tous ensemble prier au parc Chanot de Marseille sans nous donner une référence religieuse authentique qui institue cette pratique. Il s’est contenté de nous raconté son expérience de vie aux Etats-Unis où les Musulmans parcouraient jusqu’à 30 km pour accomplir en groupe les festivités de l’Aïd. Si des prédicateurs se permettent de citer des savants qui deviennent écran voire substitut au Coran et au Prophète, le tribun de ce vendredi va plus loin, il nous prend en exemple une pratique aux Etats-Unis. Nous avons trois questions à lui poser :

La première est celle du Coran qui nous demande de ne pas nous fier aux coutumes des gens, mais de disposer de preuves religieuses incontestables. Chaque nation sera interrogée sur ses mobiles y compris religieux.

Le Croyant ne peut se contenter de dire j’ai eu la foi et de faire comme il veut, il doit montrer les preuves de sa foi et de ses allégations sur le Fiqh et la religion :

وَنَزَعْنَا مِنْ كُلِّ أُمَّةٍ شَهِيدًا فَقُلْنَا هَاتُوا بُرْهَانَكُمْ

{Et Nous avons extrait un témoin de chaque communauté, puis Nous avons dit : « Apportez votre preuve ! »} Al Qasas 75

Quelles sont les preuves qui vont inciter les Musulmans à quitter leur quartier et leur mosquée pour rejoindre une manifestation festive et ostensible dans un climat d’islamophobie ? En cherchant dans les sources, nous trouvons l’avis de savants anciens et modernes qui avancent la recommandation de prier dans une moussalat, le jour de fête, et non dans le Masjid. On attribue cette recommandation au Prophète qui aurait prié des fois dans la mosquée et d’autres fois dans des lieux de prières (moussalat) sans avancer une preuve irréfutable : un hadith authentique ou un avis consensuel des compagnons du Prophète. Il est possible qu’il existe une référence incontestable. Le tribun n’en a pas fait référence et mes connaissances limitées en Hadith ne m’ont pas permis d’infirmer ou de confirmer catégoriquement la prière en un seul lieu pour une même ville, une région ou un grand quartier.

En faisant des recherches, je n’ai trouvé qu’un hadith rapporté par Abou Horeyra qui dit que le Prophète (saws) avait fait une prière de fête dans la mosquée un jour pluvieux. Ce hadith qui sous entend que toutes les prières étaient faites hors de la Mosquée est rapportée par Ibn Màja, Abou Dawoud et Hàkim, mais Al Hafiz a dit que sa chaine comporte un anonyme alors que Dhahabi l’a considéré comme faux (munkar). Si quelqu’un a des références authentiques qu’il nous éclaire, qu’Allah éclaire son visage.

Je vais pousser la logique contradictoire jusqu’à ses extrêmes : en supposant qu’il existe une norme religieuse qui rend obligatoire la prière de l’Aïd en une assemblée dans une ville ou dans un village est-ce que cette norme donne crédit pour se réunir comme des moutons derrière un objectif plus politique que religieux ? Est-ce que l’existence de la preuve religieuse donne caution morale pour aller prier derrière un imam dans un parc ou dans une salle d’exposition où le nom d’Allah est profané chaque jour ? Est-ce que l’existence de la référence irréfutable pour une pratique que les madhahib (écoles doctrinaires) examinent avec divergence sur son obligation alors que l’obligation sur laquelle il n’y a aucune divergence est bafouée : ne pas encourager la sédition armée, ne pas cautionner l’agression d’un pays musulman par un agresseur musulman ou non musulman, ne pas se ranger derrière ceux qui ne font la cause des musulmans leur cause principale comme est le cas de la cause de la Palestine où rien de concret n’est fait pour expliquer, dénoncer et refuser les crimes sionistes ?

La seconde est celle de la comparaison la plus judicieuse en l’absence de références religieuses irréfutables. La majorité de la communauté musulmane en France est d’origine maghrébine et la question se pose : pourquoi aller au Etats-Unis et laisser l’Algérie voisine musulmane à 100% ? Le peuple algérien a un problème avec ses gouvernants despotiques, mais n’a pas de problème avec la pratique de sa religion. Pour des raisons culturelles et sociologiques le Musulman en France est plus sensible à ce qui se passe en Algérie, au Maghreb ou en Arabie saoudite qu’aux Etats-Unis.

La troisième question est sans doute la réponse : La référence aux Etats-Unis n’est qu’une manière détournée de faire référence au monde anglo-saxon. Il s’agit en quelque sorte de mettre en exergue le communautarisme anglo-saxon contre le non communautarisme français. Je suis obligé de pousser cette logique non dite jusqu’à ses limites en posant d’autres questions qui montrent que les instances religieuses musulmanes veulent présider la destinée des Musulmans alors qu’elles ignorent les grands enjeux de société dans le monde occidental et qu’elles ignorent l’histoire de sécularisation de la France considérée comme le pays le moins religieux dans le monde. La première question –  est-ce que vraiment le communautarisme anglo-saxon est profitable aux communautés musulmanes vivant en Angleterre et aux Etats-Unis ou n’est-ce pas plutôt une forme de discrimination très subtile que l’Empire britannique a construit durant sa longue domination du monde qui lui permet hier comme aujourd’hui de faire gérer les communautés par les élites de la communautés qui œuvrent pour la sécurité et la prospérité de l’Empire tout en économisant l’effort de répression directe et brutale que les Français ne savent pas réaliser par différence culturelle avec les Anglais ? Qui nous dit que la France ne pratique pas le communautarisme ? Il faut lire l’histoire de l’Algérie, des migrants en France et de leur parcage dans des ghettos urbains et socio professionnels pour voir qu’au nom de l’intégration après l’assimilation, la France a toujours pratiqué le communautarisme qu’elle occulte en termes de communication pour avoir bonne conscience avec ses symboles et ses déclarations.

Enfin la dernière question, la plus subversive, mais la plus pertinente, si ces élites veulent conduire la communauté musulmane à bon port et œuvrer pour l’Islam authentique : Est-ce que l’intérêt de la communauté musulmane et la promotion de l’Islam comme alternative à l’impasse civilisationnelle est dans le communautarisme et les démonstrations communautaristes stériles et ostensibles ?

Dans ces non-dits survolés sur le communautarisme, nous avons eu droit à ce qui fait mode aujourd’hui dans la communauté musulmane : la création d’écoles musulmanes. On dirait que le même mot d’ordre est lancé : l’école musulmane apporterait une plus value car elle va enseigner l’arabe, la civilisation islamique et le Coran. Il faut avoir le courage de dénoncer cette approche simplificatrice que l’expérience met en exergue les fausses allégations et ses limites. La communauté commorienne plus pauvre et plus stigmatisée que la communauté maghrébine a mis en place depuis sa présence, plus récente que celle des Algériens en France, des écoles coraniques et des écoles de langue arabe qui sont fréquentées avec assiduité. L’école en marge de la société n’est valide que si elle est destinée à un corps diplomatique ou des résidents de passage et qui veulent conserver l’éducation, la culture, la langue et les diplômes de leur pays d’origine. L’expérience a montré que la famille et les associations peuvent apporter le complément culturel, religieux et pédagogique qui manquent aux élèves si la société s’investit dans ces associations d’une manière efficace, soutenue et durable. La problématique de l’école que les Musulmans ne veulent pas voir par précipitation, par activisme ou par intérêt lucratif est dans l’excellence que cette école ou ce collège ou ce lycée doit apporter en terme de pédagogie, de didactique, de docimologie, de plateau technique et de participation des parents dans le suivi de la progression de leur progéniture. Si les Musulmans de France ont le souci de ne pas se confiner dans une posture schizophrénique et s’ils ont conscience que leur devoir est au-delà du communautarisme car ils ont pour vocation de témoigner aux autres, alors toute séparation des autres est une faute.

Les Musulmans peuvent créer des établissements à l’instar des écoles juives ou catholiques, mais ils doivent prendre garde à trois choses. Comment financer ces écoles pour ne pas connaitre une nouvelle fois des expériences avortées. Comment être ouvert sur le corps enseignant pour recruter les meilleurs enseignants. Ce serait mortel de faire le choix en mathématique ou en physique chimie ou autre matière sur des critères religieux alors qu’il s’agit d’aligner des compétences pédagogiques qui amènent l’apprenant vers la compétence à être d’actualité dans les défis scientifiques et technologiques de demain. Ce serait intéressant avant de se lancer de faire l’étude des expériences des établissements des jésuites dans le monde arabe et voir leur capacité de gestionnaires et leur compétence pédagogique de fournir un enseignement de qualité et des promotions de hautes performances sans que les Musulmans ne soient agressés par un culte étranger à leur culture. Dans cet ordre d’idées ce serait commettre une erreur irréparable que de faire de l’école privée musulmane un lieu réservé pour les Musulmans. La valeur ajoutée est dans la performance et non dans le ghetto ou le sectarisme religieux. Enfin, en termes de valeurs ajoutées, il y a lieu comme lors d’une création d’entreprise de faire une étude marché entre l’offre et la demande d’une part et de faire l’étude des besoins et des manques à combler.

Je n’apporte pas de réponse mais je pose la question au vu de la situation catastrophée de l’école française, de son marché du travail et de la sociologie pédagogique de la communauté musulmane, s’il n’est pas plus judicieux d’aller vers la création d’établissements de formation professionnelle qui assurent des débouchés à un marché demandeur et à une population tenue en échec scolaire que vers les formules classiques de reproduction d’un système scolaire qui demande à être rénové. Adjoindre des matières islamiques à un système en détresse ne va pas changer l’équation fondamentale de l’échec ni répondre à la question : quelle école pour quel public ?

7 – Tous ces problèmes relèvent davantage du politique que du religieux et les erreurs peuvent coûter cher en termes politiques sans avoir des répercussions graves sur la religion et la pratique de la religion. Cependant, quand l’assistance qui vient encadrer l’Imam de circonstance a dans son sillage des instituts, des conférences, des appareils et autres représentations de notoriété sociale, intellectuelle et religieuse, j’ai le devoir de m’interroger sur le transfert aux jeunes de l’amour de la vérité, de la justice et de l’exactitude ainsi que de l’inspiration de l’amour pour Allah et Son Noble Prophète lorsque le Coran est mal traduit dans des passages censés être des rituels de chaque jour, de chaque heure. En effet quand on entend la traduction de ce verset :

إِنَّ اللَّهَ وَمَلَائِكَتَهُ يُصَلُّونَ عَلَى النَّبِيِّ يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا صَلُّوا عَلَيْهِ وَسَلِّمُوا تَسْلِيمًا

{Certes, Allah et Ses Anges prient sur le Prophète; ô vous qui croyez priez sur lui et adressez [lui] vos salutations.} Al Ahzab 56

Quand on vient donner des leçons de religion, l’important n’est pas la rhétorique ou l’érudition affichée devant un auditoire qui a appris depuis trop longtemps à ne pas contester le tribun ni à méditer ses paroles, mais la considération et la vénération de la parole d’Allah. Un verset ou un mot du Coran n’est pas la parole d’un poète, d’un journaliste ou la répétition d’un homme pris dans l’engrenage de l’habitude à dire sans ressentir le sens de ce qu’il dit ni sa portée religieuse. Tout manquement à la parole d’Allah par insouciance, habitude, ignorance est condamnable et par ce fait il ne donne pas le droit ni la prétention à conduire la destinée de la communauté.

Comment prétendre conduire la destinée de la communauté alors qu’en manquant de justesse et de vérité sur la Parole d’Allah on tombe sous le coup de ce verset réprobateur :

مَا قَدَرُوا اللَّهَ حَقَّ قَدْرِهِ إِنَّ اللَّهَ لَقَوِيٌّ عَزِيزٌ

{Ils n’ont pas considéré Allah comme Il le mérite ; Allah est certes Fort et invincible.} Al Hadj 74

En effet Allah ne prie pas sur Son Prophète, les Anges ne prient pas sur le Prophète, nous ne prions pas sur le Prophète. Le verbe prier en Arabe (Salla) ne doit pas être traduit littéralement et automatiquement. Tous, y compris le Prophète (saws) nous prions Allah dans le sens où nous lui vouons le culte pur et sincère exclusivement dévoué à lui et dans le sens aussi où nous l’invoquons de nous accorder Sa Miséricorde et tout ce qui entre sous les propriétés de la miséricorde comme l’amour, la clémence, la protection, l’absolution, le salut, le paradis… Nous l’invoquons aussi de nous accorder la bénédiction de nos efforts, de nos biens et de notre famille ainsi que tout ce qui entre sous les propriétés de la bénédiction comme la santé, la réussite, la prospérité, l’abondance, la science, la satisfaction de nos désirs, le comble de nos manques, et la mise à notre disposition des moyens…

Allah ne prie pas sur nous, mais Il répond globalement et par sagesse à tout ce que nous pouvons désirer ou redouter sous forme « générique » de miséricorde et de bénédiction. Il est de même pour les Anges qui ne prient pas sur nous, mais qui invoquent Allah en notre faveur pour qu’Il nous accorde miséricorde et bénédiction.

Allah ne prie pas sur le Prophète, mais Il l’assure de lui accorder Al Maqam Al Mahmoud (la station de la grâce, la posture louable), Al Wassila ( l’intercession pour la communauté et la place la plus honorable du Paradis , al Fadila (l’excellence) et ad Daraja ar rafi’â (rang élévé au Paradis et excellente renommée jusqu’à la fin des temps). Sur un plan « générique » Allah lui accorde sa Miséricorde et Sa bénédiction.

Les Anges et les Croyants ne prient pas sur le Prophète (saws), mais invoquent Allah de lui accorder Miséricorde et Bénédiction dans le sens où le Prophète a explicité ces deux notions pour lui.

Par ailleurs nous envoyons nos salutations au Prophète car il est vivant dans nos cœurs et vivant à travers le Coran qu’il nous a révélé et la Sunna qu’il nous a laissée. Il répond à nos salutations et à nos évocations de sa personne.

La traduction qui correspond au mieux au sens des versets coraniques est la suivante :

Certes, Allah Est Tout-Miséricorde envers le Prophète, et les Anges implorent pour lui le bien. O vous qui êtes devenus croyants, invoquez Allah pour lui et adressez-lui vos salutations.(*)} Al Ahzab 56

(*) Lorsque le nom du Prophète est évoqué, le Coran et la règle prophétique exigent – par considération pour sa noblesse, son sacrifice et son œuvre par lesquels nous sommes devenus par la grâce d’Allah musulmans – que l’on accompagne son nom ou son évocation de la formule :

صلى الله عليه و سلم

« Qu’Allah lui Accorde miséricorde et bénédiction, et qu’Il lui transmette nos salutations ».

Conclusions :

Le Coran nous donne le chemin à suivre si on se donne le temps de le lire avec des yeux de vivants, de lire le monde avec des yeux de responsables et si on accepte enfin de renoncer à la stratégie du serpent qui se mord la queue ou de la montagne qui accouche d’une souris : Mobilisons nous pour un authentique Jihad compris comme s’efforcer de faire le maximum d’effort pour plaire à Allah sans chercher la complaisance et les jeux d’appareils. L’islam et le Jihad doivent primer sur toute autre considération, mais pour celà il faut commencer à renoncer aux faux fuyants et aux faux brillants :

{Avez-vous considéré qu’assurer l’eau au pèlerin et entretenir la Mosquée Sacrée, est égal (au mérite) de celui qui croit en Allah et au jour Dernier, et qui s’est efforcé dans la Cause d’Allah ? Ils ne sont point égaux auprès d’Allah. Allah ne Guide point les gens injustes.} At Tawba 19

Avons-nous tiré leçon des Juifs qui se sont imposés en France pour le compte de l’entité sioniste sans faire des démonstrations festives de masse ? Ils ont construit leur force, alors qu’ils étaient des bouc-émissaires et des populations stigmatisées en s’impliquant dans la mise en place de réseaux efficaces pour que chaque Juif instruit et compétent apporte ce qui manque au Juif moins compétent et moins instruit. Par la culture du réseau et la même idéologie qui rassemble les religieux et les non religieux, ils ont étendu leur réseau progressivement sans bruit sur le commerce, l’économie, les universités, les médias, les partis politiques. Contre tous les préjugés et tous les stéréotypes du Juif riche, radin et puissant mais méprisables, ils ont construit leur grandeur et leur invulnérabilité qui les rend au dessus des Français de « souche ».

Avons-nous appliqué les règles de bienséance et de préséance de l’Islam qui veulent que le maitre des lieux préside la prière même si son invité est plus savant que lui ? S’il y avait stratégie de communication, volonté d’efficacité pour le compte de la communauté et confiance entre « chefs », l’imam de la mosquée de notre quartier a les compétences de tenter de nous convaincre de rejoindre le bain de foule à Chanot pour l’Aid prochain. Les anciens et les jeunes attachés à leur cave faisant office de moussalat n’iront nulle part et tout le monde le sait. Tout le monde sait que ce serait une sortie festive. Les mères de familles iront à Chanot comme elles avaient l’habitude d’aller à Mac Donald ou à Quick.

Est-ce que les organisateurs de ce genre de festivités ne savent pas que les jeunes et moins jeunes instruits et politisés connaissent la vérité ? La vérité est dans le rituel de faire de ce rassemblement une tribune politique pour donner la parole non seulement à des élites en manque de représentativité pour asseoir leur autorité, mais aussi à des politiciens français non musulmans (maires, députés etc…) qui ont l’occasion de travailler le clientélisme électoral et travailler sur le mental réceptif des musulmans en leur faisant  la leçon civique profitant de leur position agenouillée.

Enfin, en salle d’exposition ou dans une cave, l’essentiel qui est le sermon ne suit ni l’actualité ni les soucis ni le reveil des consciences indolentes et personne ne semble encore voir l’ennui des orants qui attendent avec impatience la fin des longs discours creux et redondants.

Omar Mazri