Signification du Dine. Partie 2

A – Cadre méthodologique d’étude du  Dine dans le Coran.

 [N]ous avons vu, dans la première partie, sur le plan lexical, la signification du Dine comme une polysémie qui diffère des autres religions. C’est un lien avec Allah, une dette de vie, une adoration, une sujétion au créateur, une tradition, une prière et une invocation, un devoir envers Dieu et les hommes, une relation spirituelle et sociale, une rétribution par l’enfer ou le paradis, une justice impartiale et équitable.

Nous avons vu également la prétention à se prévaloir d’une religion qui n’est pas un Dine au sens divin du terme. Toute religion inventée ou falsifiée est une dérive démiurge comme celle de Pharaon qui, confronté au Dine vraie, a eu peur de perdre son trône, son pouvoir de fascination sur les gens et d’oppression des peuples ainsi que sa prétention à la déité : « Je ne vous montre que ce que je vois, et je ne vous guide qu’au chemin de la droiture ». Pharaon exprime bien l’intervention humaine pour instrumentaliser la religion  par les castes magico-politiques et les empereurs à des fins politiques et mondaines :

 {Et Pharaon dit : « Laissez-moi tuer Moïse et qu’il invoque alors son Dieu ! Moi, j’ai peur qu’il n’altère votre religion ou qu’il ne fasse paraître la corruption de par la terre ».} Ghafir 26

Pour répondre définitivement à la  question si le terme Dine peut se confiner à celui de religion nous allons approfondir notre quête de sens par le recours au Coran qui est notre référence suprême et notre méthodologie :

 {Et Nous t’avons révélé le Livre : explicitation de toute chose, Direction infaillible, Miséricorde, et bonne nouvelle pour les musulmans.} An Nahl 89

Dans tout travail intellectuel il y a une démarche épistémologique : quelle est la source de la connaissance, quelle est sa validité, quel est son contenu, quelle est la distanciation nécessaire, quelle est son évolution ? Pour le Dine, le musulman a les réponses à ses questions dans le Coran et la Sunna dont nous allons extraire quelques règles fondamentales :

La première règle : Nous sommes croyants et notre foi repose sur le Ghayb qui échappe à l’intelligence  et à la perception. Nous n’avons vu ni Allah ni le Paradis ni les Prophètes, mais nous y croyons, car cette foi répond à un besoin innée de croire et un besoin innée de la nécessité de Dieu. Les signes divins (Ayat) sont des guides, des repères, des symboles, des manifestations évidentes, éclairantes, témoignant  de la présence de Dieu. Voilà pourquoi les premiers versets définissent la foi ainsi que  la source de la configuration de la religion :

 {Ce Livre-là, sans aucun doute, est une Direction infaillible pour les pieux, ceux qui croient au Ghayb, accomplissent la prière et dépensent de ce que Nous leur Avons Octroyé, et ceux qui croient en ce qui t’as été Révélé, en ce qui a été Révélé avant toi, et qui croient  foncièrement en la vie Future. Ceux-là sont sous une Direction infaillible de leur Dieu, et ceux-là sont ceux qui cultivent.} Al Baqarah 1 à 5

La seconde règle : C’est Allah qui a choisi ce Dine et c’est donc Lui qui  en définit pour nous le contenu, les préceptes,  la méthodologie (Chari’a) et les principales lois (Ahkam) sur lesquelles tout débat n’est que polémique stérile qui ne relève pas de ce Dine :

 

{Dis : « Allez-vous apprendre à Allah quelle est votre Dine, alors qu’Allah Sait ce qui est dans les Cieux et ce qui est en la terre ? » Allah Est Tout-Scient de toute chose. Ils pensent te faire une faveur d’avoir adopté l’Islam ! Dis : « Vous ne me faites aucune faveur avec votre adoption de l’Islam. Mais c’est Allah qui vous Fait une faveur en vous Guidant vers la foi, si vous êtes véridiques ».} Al Houjourate 16

La troisième  règle : Ce Dine est voulu par Allah il n’y a pas de place à l’improvisation, à la confusion,  ou à l’anarchie. A ce titre le premier appel des Croyants dans le Coran va leur dire que tout le Dine repose sur un ordre divin : «Ne dites pas ceci, mais dites cela » :

 {O vous qui êtes devenus croyants, ne dites pas : « Rà‘ina (راعنا)», mais dites : « Veille sur nous (انظُرْنَا) », et obtempérez. Et aux mécréants, un douloureux châtiment.} Al Baqarah 104

Les Juifs avaient l’habitude de taquiner le Prophète (saws) en jouant sur les mots. Les bédouins hypocrites avaient egalement comme les Juifs l’habitude de se montrer sous un visage plaisant alors qu’ils voulaient une religion tissée sur mesure pour eux et non un Dine choisi par Allah pour l’humanité. L’hypocrite a tous les aspects extérieurs du musulman, mais son cœur est imbu du veau et de la mécréance :

 {Les bédouins disent : « Nous sommes devenus croyants ». Dis : « Vous n’êtes pas devenus pas croyants, mais dites : “Nous sommes devenus musulmans ”, car la foi n’est pas encore entrée en vos cœurs ». Mais si vous obéissez à Allah et à Son Messager, Il ne vous Diminuera rien de vos œuvres. Certes, Allah Est Absoluteur, Miséricordieux. Les croyants sont seulement ceux qui croient en Allah et en Son Messager, et après cela ils n’ont point douté, et ont combattu avec leurs biens et par leurs personnes, pour la Cause d’Allah. Ceux-là sont les véridiques.} Al Houjourate  14 à 15

La quatrième  règle : obéissance totale à Allah et au Prophète :

 {O vous qui êtes devenus croyants, ne devancez pas Allah et Son Messager dans le  jugement.} Al Houjourate  1

Cette obéissance impose de prendre distance sur sa propre opinion et ses propres intérêts  et ne pas faire de surenchère sur la parole du Prophète. Le Prophète a transmis ce qu’il devait transmettre. Son silence n’est pas oubli ni incapacité pour que certains s’imaginent comprendre mieux que lui l’époque ou le milieu alors qu’Allah lui a fait voir le passé et l’avenir. Qui élève au sens propre et au sens figuré sa voix sur le Prophète a porté atteinte au Dine. Un hadith ne peut être invalidé que s’il a une source invalide ou si ses termes ou son sens est invalidé par le Coran.

 {O vous qui êtes devenus croyants, n’élevez pas vos voix au-dessus de la voix du Prophète} Al Houjourate  2

La cinquième  règle est le parachèvement, la complétude et le parachèvement de ce Dine :

 {Aujourd’hui, les négateurs ont perdu tout espoir de vous détourner de votre religion, ne les craignez donc plus et craignez Moi. Désormais, J’ai parachevé pour vous votre religion, J’ai parfait ma Grâce envers vous, et J’ai agréé pour vous l’Islam comme religion.} Al Maidah 3

{Rien ne peut changer les paroles d’Allah} Al An’âm 34

Le culte, le rite, la méthodologie, l’idéologie, la morale, le licite, l’illicite, l’esthétique, et tout ce qui permet au musulman de vivre en tout lieu et toute époque en conformité avec son Dine sont achevés. Toute tentative, au nom de l’Ijtihad, du pragmatisme, de la modernité ou de la nécessité pour apporter des compléments à ce Dine sont nuls et non avenus car Allah a parachevé ce Dine et a décrété qu’il n’y a pas de changement à sa Parole :

 {Ou bien auraient-ils des fois des associés (de Dieu) qui leur auraient fait à partir de la religion une législation leur prescrivant ce que Dieu n’a jamais autorisé ?} As Choura 21

 {Interroge les descendants d’Israël : combien ne leur avons-Nous pas apporté de Signes évidents! Celui qui altère la grâce d’Allah, à partir du moment où elle lui a été donnée, certes Allah le punira sévèrement.} Al Baqarah 211

 «Certes, le livre d’Allah véhicule le discours le plus vrai. Le meilleur enseignement est celui de Muhammad. Les inventions sont les pires des choses. Toute invention est une innovation. Toute innovation est une aberration, et toute aberration conduit à l’enfer.» Hadith

Le cadre de réflexion étant posé on comprend tout de suite qu’on ne peut expliquer le Dine par le recours au profane et aux auteurs du positivisme. On comprend également que celui qui n’adhère pas à ce cadre par sa foi ne peut continuer à lire la suite, car il s’agit d’une quête pour mieux comprendre et vivre ce Dine selon la Volonté d’Allah et non selon nos opinions ou les coutumes de nos parents. Le Coran nous donne la clé méthodologique de sa compréhension :

 {Ne méditent-ils donc pas sur le Coran, ou bien certains cœurs portent-ils leurs scellements.} Al Jàtiya 24

Allah [swt] désigne, dans l’ensemble du Coran, le Cœur comme le lieu ou la faculté de l’entendement psycho-affectif de la foi, de l’adoration, de l’amour et de la spiritualité. En français le cœur n’a pas de signification, mais en arabe le coeur (Qalb) signifie le moule et la matrice (le qaleb) et le retournement ( taqaloub) qui fait changer tout le destin. C’est le cœur qui se met en émoi (mouvement) pour croire et pour obéir. Le doute qui rejette la foi (Rayb)provient du cœur. L’intellect est le siège et la faculté de la cognition, de la logique et du  doute logique et pragmatique (Chekk) qui cherche les preuves, les signes, l’argumentation pour confirmer ou infirmer la foi et l’observation. Les deux se conjuguent en harmonie dans une personne équilibrée qui a trouvé le sens et la méthode, sinon c’est la confusion et le désarroi. Les deux se conjuguent en harmonie dans une personne équilibrée qui a trouvé le sens et la méthode, sinon c’est la confusion et le désarroi. C’est par ce message que s’ouvre la sourate al Ahzab :

 {O Prophète, crains Allah et n’obéis pas aux mécréants et aux hypocrites. Certes, Allah a toujours été Tout-Scient, Sage. Et suis ce qui t’est inspiré de ton Dieu. Certes, Allah a toujours été Omniscient ce que vous faites. Et fie-toi à Allah, et qu’Allah te suffise Procurateur. Allah n’a point fait à l’homme deux cœurs dans son for intérieur.} Al Ahzab 1-2

Ni le Prophète ni aucun autre homme ne peuvent suivre ou aimer deux objets contradictoires, deux partis opposés tels que le parti d’Allah et le parti de Satan, le parti des Croyants et le parti des renégats et des hypocrites. Il y a un choix à faire, une position à prendre, un parti à suivre. Nous pouvons aimer Allah, le Coran, le Prophète, nos enfants, nos épouses, nos parents, notre travail, notre patrie, nos amis et nos frères sans épuiser le potentiel d’amour que nous avons, car nous sommes en harmonie et non en contradiction. Ces amours sont recommandés s’ils ne sont pas en contradiction les uns aux autres. S’il y  a contradiction ou priorité alors l »amour et l’obéissance reviennent à Allah [swt] et à Son Prophète [saw].

Notre Prophète (saws) est bien l’incarnation du Coran :

« Nul d’entre vous ne verra ses œuvres dans la rectitude si son cœur n’est pas dans la rectitude. Le cœur ne serra dans la rectitude que si la parole est droite » Hadith

Celui qui se donne le temps de méditer la sourate al Ahzab verra que le critère de l’amour et du cœur est la sincérité, la véracité. Il ne peut y avoir cohabitation entre la vertu et la perversion, entre le mensonge et la vérité, entre la foi et la transgression des limites d’Allah. Allah exige un cœur sincère, un être dévoué qui assume le Dine et le défende :

 {Il est parmi les croyants des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Il est d’entre eux qui (a accompli son vœu et) mourut (en martyr), et il  est d’entre eux qui attendent, et ils n’ont pas changé leur détermination, afin qu’Allah Récompense sûrement les véridiques pour leur véracité, et Châtie les hypocrites} Al Ahzab 23

Allah s’est montré  exigeant envers Son Prophète sur la sincérité et l’amour. Celui-ci doit  se montrer exigeant envers sa famille sur le même principe :

 {O Prophète, dis à tes épouses : « Si vous désirez la vie terrestre et son faste, venez alors que je vous donne (les moyens) de vivre et que je vous libère avec générosité ». Mais si vous aspirez à Allah, à Son Messager et à l’autre Demeure, alors Allah a préparé, à celles qui font le meilleur d’entre vous, une immense rémunération.} Al Ahzab 28 à 29

Il n’est pas permis à un savant ni à intellectuel ni à un guide d’imposer ce Dine alors que lui manque de sincérité et n’a pas accompli ses devoirs envers ses proches pour les inciter à l’amour de la vérité. Lorsque ses conditions sont remplies et que le travail de purification ontologique et sociale est convenablement accompli alors la société est en mesure de suivre ces modèles de vertu et vivre le Dine en conformité avec le Dine :

{Quand Allah Décide d’une chose, ainsi que Son Messager, il n’est pas de mise qu’aucun croyant, ni aucune croyante, aient le choix dans leur affaire. Et quiconque désobéi à Allah et à Son Messager, il s’est fourvoyé un vrai évident fourvoiement.} Al Ahzab 36

Lorsque le cœur est rempli de la foi et éduqué pour être sincère alors sa langue et sa mémoire ne font qu’évoquer Allah en tout lieu et tout moment :

 {O vous qui êtes devenus croyants, évoquez beaucoup le Nom d’Allah, et exaltez-le à l’aube et au crépuscule.} Al Ahzab 41

Allah montre l’assistance et le résultat qu’obtient un cœur dévoué :

 {C’est Lui qui Est Tout-Miséricorde envers vous, et Ses Anges L’implorent de vous Absoudre, pour vous faire sortir des Ténèbres à la Lumière. Il A toujours Été Miséricordieux envers les croyants.} Al Ahzab  43

Ce verset est la récompense des adeptes sincères de ce Dine.

La méthodologie du Taddabur du Coran consiste à utiliser le cœur et la raison. Elle consiste  à aller chercher le sens d’un mot ou d’un signe en allant derrière (dobbor)  le sens initial et isolé de ce mot ou de ce signet  pour lui trouver  à la fois la liaison de sens avec d’autres mots et d’autres versets qui sont en amont ou en aval en tenant compte du contexte non seulement du verset mais de l’énoncé global qui entoure le verset ainsi que la finalité de la Sourate. La lecture est dynamique, hypertextuelle, non linéaire trouvant le sens dans la cohérence interne du Coran qui s’explique par lui-même comme l’a dit le Prophète (saws).  Le contexte de ce verset sur le Taddabur qu’on traduit imparfaitement par méditation nous montre la démarche de l’étude du Coran : la conjugaison de l’intellect et de l’affect qui se cultivent par l’étude et la vision intérieure ou la connaissance innée qui est un don qu’Allah dépose dans le cœur du croyant sincère qui cherche à comprendre la Parole divine par amour de la vérité.

C’est ce travail de recours à l’énoncé coranique qui va nous donner une grille de lecture exhaustive pour voir la différence entre le Dine et la religion et pour dire si le Christianisme et le Judaïsme sont du Dine conforme  à la parole d’Allah. Ainsi lorsque les philosophes musulmans, partisans du dialogue des religions, au lieu du dialogue des cultures ou des peuples, nous disent que l’Islam est le troisième rameau du monothéisme ou nous parlent des religions célestes, nous n’allons pas polémiquer sur leurs inepties, mais les renvoyer aux définitions du Dine dans le Coran. Nos opinions personnelles ainsi que les leurs sont sans valeur et sans crédit lorsqu’il faut se prononcer sur  l’Islam et sur les autres religions en toute objectivité et en toute conformité à la parole divine.

 B – La Fatiha  et ses implications spirituelles et actancielles dans la définition du Dine.

 La Fatiha, le prologue, l’essence du Coran, le cœur du Livre, l’Ouverture  est un contenu qui n’existe dans aucune religion sur cette planète sur le plan de l’énoncé, du  contenu ou du sens. La Fatiha annonce que le Dine est le Jugement dernier signifiant l’acquittement de la dette de vie, de la dette des capacités et facultés accordées, de la dette de la terre assujettie à l’homme et des bienfaits divins évidents ou subtiles

 {Au nom d’Allah, le Miséricordeur, le Miséricordieux. Louanges à Allah, Dieu des Univers ; Le Miséricordeur, Le Miséricordieux ; Maître du Jour du Jugement. C’est Toi Seul que nous adorons et c’est à Toi Seul que nous recourons. Guide-nous vers le chemin de rectitude, le chemin de ceux que Tu as gratifiés : ni les réprouvés, ni les fourvoyés.} Al Fatiha

La Fatiha,  Oumm al Kitab ( la matrice, le moule du Coran), signifie implicitement le respect de l’alliance originelle qu’Allah a fait prendre à l’Homme  dans la prééternité lors de la création de  l’humanité comme des occurrences virtuelles  d’Adam et qu’il les a fait témoigner sur la foi. En en Sa Qualité d’Al Haq Al Wajad celui qui est la seule réalité qui donne existence à ce qui était néant ou à ce qui était virtuel, Allah crée et donne existence réelle ou latente à une ou plusieurs occurrence de Son Acte créateur comme des possibilités qui se manifestent selon Son dessein en des réels potentiels, non actuels pour nous,  puis en des réels actualisés dans un lieu et dans un moment  de notre présence dans ce monde  :

 {Et lorsque ton Seigneur Prit des descendants d’Adam, de leurs dos, leur postérité, et les Fit témoigner contre eux-mêmes : « Ne Suis-Je pas votre Seigneur ? » Ils dirent : « Bien sûr, nous témoignons. » Afin que vous ne disiez point le Jour de la Résurrection : « Nous étions inattentifs à cela. »} Al A’âraf 174

La Fatiha est la sourate qui accompagne la Salàt : Toute Salàt sans récitation de la Fatiha est invalide. Elle est le dialogue direct, sans intermédiaire, entre le Croyant et Son Créateur. Elle est la reconnaissance de la souveraineté d’Allah, et la gratitude pour Ses bienfaits. Elle est la crainte et l’espérance qui forme la piété (Taqwah) dans le cœur et sa traduction dans les faits.

Elle est l’engagement permanent de défendre le « nous » qui forme le collectif sans lequel il n’y a pas de Dine au sens coranique. Le sens social et communautaire est dans cette répétition  tout au long de sa vie des  trois « nous » qui modulent et configurent l’existence du musulman dans l’adoration, la quête de protection et  le suivi de la droiture « C’est Toi Seul que nous adorons et c’est à Toi Seul que nous recourons. Guide-nous vers le chemin de rectitude » qui répondent en écho à ce verset sublime qui ne prête à aucune confusion :

 {Certes, celle-ci est votre Communauté, une Communauté unie, et Moi Je Suis votre Dieu, adorez-Moi. Mais ils divergèrent entre eux. Ils seront tous ramenés vers Nous.} Al Anbiya 92-93

La divergence et le désaccord ne sont pas des facteurs de consolidation du Dine, mais des tares qui conduisent à sa démolition ou à sa perversion. Les musulmans en se dispersant en groupes, en factions, en sectes, en doctrines ont semé les graines de leur fragmentation et de leur lutte intestine qui vont s’ajouter au Wahn de ces siècles passés de décadence. Le texte coranique est évident, il blâme la divergence et ce qui y conduit :

 {Les hommes ne formaient qu’une seule communauté, mais ils divergèrent. Et n’était-ce un Décret préalable de ton Dieu, c’en aurait été fait entre eux sur ce dont ils divergeaient.} Younes 19

Comment être ou espérer être le parti d’Allah alors que chacun de nous est  partisan pour une idéologie, une doctrine, une faction, une secte qui se donne des noms et des prétentions d’être les dépositaires absolus de la vérité favorisant ainsi la divergence et l’éloignement de la culture de la foi, de la vertu, de l’intelligence collective, du territoire de vie, de la félicitée dans l’au-delà :

 {Allah a été  satisfait d’eux et eux ont été satisfaits de Lui. Ceux-là forment  le parti d’Allah. Certes oui, le parti d’Allah est celui qui cultive.} Al Mujudalah  22

Allah nous recommande de ne pas prendre les judéo-chrétiens  comme protecteurs dans un sens global. La protection et l’alliance ne veut pas dire uniquement la tutelle politique ou l’alliance militaire, mais l’alignement idéologique et culturel sur leurs doctrines de vie, leurs modes de pensée, leur organisation et tout ce qui nuit à l’esprit et à la lettre de l’Islam. Nous sommes non seulement en train de leur donner l’accès des terres musulmanes  leur prédation économique et à l’implantation de leurs bases militaires, mais nous les prenons comme modèles d’inspiration de l’Etat et de nos partis y compris ceux se réclamant de l’Islam. Analysons le contenu de l’énoncé coranique et tirons toutes les conséquences en termes de compréhension de notre Dine :

 {O vous qui êtes devenus croyants, ne prenez point les Juifs et les Nazaréens comme protecteurs. Ils sont protecteurs les uns des autres. Quiconque d’entre vous les prendrait comme protecteur, il sera des leurs. Certes, Allah ne guide point les gens injustes. Ainsi, tu vois ceux qui ont une malveillance dans leurs cœurs s’empresser vers eux, disant : « Nous craignons qu’un malheur ne nous frappe ». Mais Allah Apportera la Victoire, ou une chose de Sa Part. Alors ils auront du remords pour ce qu’ils ont dissimulé dans leur for intérieur. Et ceux qui sont devenus  croyants disent : « Sont-ce ceux-là, ceux qui ont juré par Allah, de tous leurs serments, qu’ils sont avec vous ? ! » Vaines ont été leurs œuvres, alors ils furent des perdus. O vous qui êtes devenus  croyants, quiconque d’entre vous renie son Dine, Allah fera venir des gens qu’Il aime et qui L’aiment, humbles à l’égard des croyants, fermes à l’égard des renégats, qui s’efforce dans  la voie d’Allah et ne redoutent point le blâme d’un censeur. Cela est la Munificence d’Allah, Il l’Accorde à qui Il Veut. Allah Est Tout-Largesse, Tout-Scient. Toutefois, votre Protecteur est Allah, son Messager et ceux qui sont devenus    croyants : ceux qui accomplissent la prière, qui s’acquittent de la Zakàt, tout en étant modestes. Et quiconque prend comme Protecteur Allah, Son Messager et ceux qui sont devenus  croyants : c’est le Parti d’Allah qui est  les vainqueur.} Al Maidah  52 à 56

Ces mêmes qui s’alignent sur l’Occident dans leur organisation partisane et les autres qui rejettent l’Occident et se croient la faction sauvée en entretenant l’exclusion, l’exclusive et la partition idéologique et religieuse de la communauté musulmane au lieu de sa fédération, de son unification et de sa fraternisation  ont pris leur Dine pour amusement,  une opinion personnelle, et une visée mondaine oubliant le  un « nous », celui du  collectif engagé dans l’obéissance d’Allah, et l’amour les uns envers les autres.  Allah nous demande de transcender nos différences sociales, intellectuelles et économiques  pour  harmoniser et fraterniser la société et la laisser se concentrer sur sa vocation de « meilleur communauté suscitée pour l’humanité » :

 {C’est Nous qui avons distribué leur mode d’existence dans la vie terrestre, et Nous avons élevé les uns d’entre eux au-dessus des autres, de quelques degrés, afin que les uns soient au service des autres. Et la Miséricorde de ton Dieu est meilleure que ce qu’ils amassent.} As Zukhruf 32

Allah a instauré la différence et la divergence comme moyen de singularité individuelle et facteur d’attraction sociale pour que chacun serve les autres dans le cadre du bénévolat, du salariat, de l’entreprenariat ou de la famille. Par cette attraction sociale qui met les gens en partenariat sur une base de solidarité Allah vise la complémentarité des dons, la promotion du mérite, la mise à l’épreuve de la foi et la synergie qui crée l’unité dans la diversité des aptitudes individuelles et dans les compétences territoriales sur le plan des ressources et des spécialisations en termes de métiers et d’activités.  Ce principe est antinomique avec la divergence des partis et des doctrines dans le même Dine car elle sape l’unité, la cohésion par la rivalité politique et la compétition partisane pour le pouvoir. Il ne s’agit pas de ne plus faire de politique ni de ne pas recourir aux références islamiques en matière de militantisme pour le bien et l’intérêt public, pour la gestion juste et équilibrée de la cité, pour un vivre ensemble reconnaissant à chacun ses droits et ses devoirs, ses libertés et son exercice citoyen dans la souveraineté du peuple sur ses ressources, son devenir. Il s’agit de ne pas laisser la religion instrumentalisée par l’esprit partisan  dans la conquête du pouvoir ou le maintien du pouvoir. Il s’agit de ne pas rendre la politique une dérive vers la discorde au nom de la religion ou contre la religion. Faire de la politique est un devoir religieux, mais s’enfermer dans un cadre partisan c’est dévier de la voie sensée des Prophètes.

Le Croyant doit se poser les questions suivantes et y répondre avec franchise : Est-ce qu’Allah a deux ou plusieurs partis ? Est-ce qu’Il deux ou plusieurs religions ? Est-ce qu’il a dans le Coran des versets qui se contredisent ou qui s’abrogent ? Qui est le parti d’Allah ? Comment démarquer le parti d’Allah du parti de Satan lorsque les musulmans activent dans l’arène politique en rangs dispersés, contradictoires, ennemis les uns des autres ?

Lorsque nous méditons le Coran nous voyons que si le Dine a commencé de nouveau  par la Fatiha pour enraciner la spiritualité, il a commencé de nouveau dans l’histoire des hommes et dans leur méthodologie nouvelle par la lecture. La lecture est la quête de sens et la quête de la finalité de l’existence. Sans lecture il n’y ni livre, ni mémoire, ni inscription et conservation de sens, ni apprentissage, ni libération de l’homme du temps et de l’espace et des limites de sa mémoire qui confinent son existence :

 {Lis, au nom de ton Dieu, Celui qui a créé. Il a créé l’homme de ‘alaq. Lis, ton Dieu est le Sublime absolu,  Celui qui a enseigné par le Calame. Il enseigna à l’homme ce qu’il ne savait pas.} Al ‘Alaq 1

Lorsque nous méditons le Coran nous voyons qu’après la lecture c’est-à-dire la science qui part en quête de Dieu, de la connaissance de Ses Noms, de Son dessein pour l’homme, nous sommes tenus par la seconde sourate révélée alors que Mohamed (saws) venait se blottir auprès de son épouse par peur de la lourde charge de la révélation qui lui demande de porter un livre alors qu’il était un oummi qui ne connait ni la lecture ni l’écriture et qui n’a jamais eu accès à l’écoute des livres religieux ou philosophiques  de son temps et notamment l’Evangile et  la Tora. Le sens coranique de oummi n’est pas celui d’illettré ou d’analphabète, mais celui d’intégrité et de virginité sur le plan intellectuel et spirituel le rendant pure et sain de toute influence extérieure autre que le bon sens naturel et l’idée de Dieu qu’il avait par sa Fitra. Allah va lui confier sa mission qui va d’abord consister à une éducation personnelle le rendant apte à la seconde mission, celle de la prédication :

 {O toi, l’emmitouflé,  lève-toi pour prier la grande partie de la nuit : sinon sa moitié, ou un peu moins, ou un peu plus, et récite le Coran avec beaucoup de soins. Nous Allons te Révéler une parole solennelle. Certes, l’adoration nocturne est plus intense et de meilleure consistance. Tu as certes, pendant la journée, amplement de temps. Et évoque le Nom de ton Dieu, et dévoue-toi à Lui totalement. Dieu du levant et du ponant, il n’y a point de Dieu que Lui, prends-Le donc pour Procurateur.} Al Mouzzamil 1 à 9

Si la première sourate fixe la finalité et la méthodologie du Dine, la seconde en définit le contenu. Ce contenu est la prière, l’étude du Coran, l’adoration,  vivre avec la présence et dans la proximité d’Allah, le dévouement et la remise en toute confiance à Allah qui est le Protecteur.  C’est principalement ce contenu que Mohamed va prêcher durant son existence et l’enraciner dans le cœur des croyants pour les libérer du paganisme, de l’obscurantisme et en faire des prédicateurs libérateurs et civilisateurs.   Le Dine est donc davantage un état d’esprit, une éthique, une esthétique de comportement de l’homme créature envers Allah son créateur. La Salat est le cœur de ce Dine car elle est une intimité avec Allah, une éducation morale et spirituelle, mais aussi  une fédération sociale et une incitation au bien comme le spécifient les versets coraniques dont nous citons quelques versets à titre d’illustration :

 {… qui répondent à l’appel de leur Seigneur, accomplissent la Salàt, se consultent entre eux à propos de leurs affaires, dépensent de ce que Nous leur attribuons, et qui, atteints par l’injustice, ripostent.} As Choura 38

{Récite ce qui t’est révélé du Livre et accomplis la Salat. En vérité la Salat préserve de la turpitude et du blâmable. Le rappel d’Allah est certes ce qu’il y a de plus grand.} Al ‘Ankabout 45

{Cultive, certes, celui qui se purifie, et se rappelle le nom de son Seigneur, puis célèbre la Salàt.} Al A’âla 14-15

L’effort de méditation sur le rapport entre le Dine et la Salat dans leur double configuration spirituelle et temporelle nous amène à la plus courte sourate du Coran dont le  nom est  « l’Abondance » :

 {Certes, Nous t’avons donné l’abondance. Prie donc ton Dieu et immole.} Al Kawtar 1

Nous voyons le lien qui s’établit entre le lien ininterrompu entre Allah, Son don à profusion comme récompense et le croyant invité à l’espérance et à la gratitude  dans une sourate qui est la plus courte du Coran (10 mots arabes sur 3 versets). Le sublime du Coran se révèle dans ses métaphores et ses oxymores. Ici nous sommes en présence d’un nombre minimal de mots qui annoncent l’abondance infinie dans un monde infinie et éternel.

L’imam Ibn Ibrahim abou ‘Araf de la Mosquée Al Aqsa dit dans son commentaire sur cette sourate qu’il n’y a de don à profusion que s’il y a persistance de bienfaits de la part d’un Bienfaiteur immuable et détenteur de toute chose, il n’y a de persistance de bienfaits que s’il y a abondance et il n’y a abondance que s’il y a agreement, agrément de Dieu envers Son dévoué pour sa vertu et satisfaction du Croyant envers son créateur pour lui exprimer sa gratitude et lui rendre grâce  : « Louages à Allah Maitre des univers ».

Symboliquement le Coran nous délivre le message suivant : Allah en échange du peu de vos œuvres Il vous donne l’abondance infinie et éternelle. Le critère n’est pas la quantité des œuvres, mais la qualité, la loyauté et la sincérité :

 {Certes, ceux qui récitent avec assiduité et minutie le Livre d’Allah, accomplissent la prière et font aumône  de ce que Nous leur avons octroyé, en secret et en public, aspirent à un négoce dont le gain est intarissable, afin qu’Il leur règle intégralement leurs rémunérations, et les gratifie d’un surplus de Sa Munificence. Il Est Absoluteur, Très-Gratifiant.} Fàtir 29-30

En dix mots très courts Allah montre la profusion de biens qui découle du Dine qui est exprimé, ici, en quatre pivots : l’étude et la mise en application du  Coran comme méthodologie et contenu de la foi, le suivi du modèle prophétique comme modèle de vie, la Salat comme ressourcement spirituel et purification ontologique et sociale, l’aumône comme don de ses biens pour les indigents. Il ne peut y avoir de Dine sans Salat accomplie dans le respect de ses règles cultuelles, ontologiques et sociales. Il ne peut y avoir de Dine sans justice sociale, il ne peut y avoir de Dine sans crainte d’être désavoué par son immoralité ou son injustice, il ne peut y avoir de Dine sans  espérance en la Promesse d’Allah et en l’attente active de cette promesse par la persévérance et la patience.  Il ne peut y avoir de Dine sans implication sociale et tout particulièrement envers les pauvres et les nécessiteux.  Le Dine ce sont l’ensemble des  mœurs sociales fondées sur la foi, la vertu,  convivialité, le partage et la solidarité :

 {La bonne foi ne consiste pas à tourner vos visages vers le levant et le ponant. Mais la bonne foi désigne: celui qui croit en Allah, au Jour Dernier, aux Anges, au Livre et aux Prophètes; et qui donne de son bien _  malgré l’amour qu’il lui porte _ à ceux qui sont proches, aux orphelins, aux miséreux, au passager démuni, aux nécessiteux et pour l’affranchissement des esclaves; qui accomplit la prière, s’acquitte de la Zakàt; et ceux qui tiennent parole s’ils promettent ; et les persévérants lors du malheur et de l’adversité, et au moment du mal de la guerre. Ceux-là sont ceux qui ont été véridiques et ceux-là sont les pieux.} Al Baqarah  177

{… au sujet des criminels: « Qu’est-ce qui vous a acheminés à Saqar? »  Ils diront: « Nous n’étions pas de ceux qui faisaient la Salàt,  et nous ne nourrissions pas le pauvre, nous nous associons à ceux qui tenaient des conversations futiles,  et nous traitions de mensonge le jour de la Rétribution,  jusqu’à ce que nous est venue la vérité évidente (la mort). } Al Moudathir 41-47

 «  Quel est la meilleure pratique de l’Islam O Prophète ?  L’islam est que tu fasses manger ceux qui ont faim et que tu salues (tu accordes la paix) celui que tu connais ainsi que celui que tu ne connais pas » Hadith

« C’est quoi l’Islam  O Prophète ?  L’islam est la bonne parole et l’offre à  manger »

Le Dine peut se résumer en une sorte de contrat entre l’homme et son Créateur.  Chacun est invité à se poser la question en son for intérieur : Si Allah t’a donné et va te donner sans interruption un don  tu ne peux donc que  l’adorer par gratitude, mais tu ne peux l’adorer comme bon te semble, tu dois donc  prier, faire le bien et maintenir le lien attaché à lui d’une manière interrompue et discipliné selon la manière enseigné par Son Prophète.

La sourate Al Kawthar  permet donc de définir le Dine comme l’institution de la prière qui génère les bons comportements et la noblesse du cœur pour que le croyant devienne un agent social qui donne en abondance au lieu d’être un assisté qui ne cherche qu’à prendre ou un corrompu qui spolie autrui. Le Prophète Salomon a reçu l’ordre de distribuer les dons qu’Allah lui a donné à profusion sans compter à ceux qui ont droit et de ne pas les distribuer  à ceux qui n’ont pas droit ou qui ont démérité. Le Dine est la Justice et l’équité  dans la distribution des biens et des ressources sans gaspillage et sans atteintes aux droits légitimes et aux besoins des hommes :

 {Cela est Notre don, distribue-le ou conserve-le sans compter.} Sad 39

Le Dine compris par don espéré en contrepartie des dettes acquittées ne sera valide et authentique que s’il se pratique pour l’amour d’Allah et non par mimétisme social. Il ne peut y avoir Dine ou don à autrui alors que la dignité d’autrui est bafouée. Le Dine est invalide lorsqu’il y a tromperie et leurre dans l’intention ou dans l’acte, même si nous ne pouvons par nous-mêmes dire à un tel que son Dine est valide ou non.  Il y a plusieurs invalidités du Dine nous en citons quelques une :

La première invalidation  est la transgression du devoir d’obéissance à Allah et au Prophète (saws) :

 {O vous qui êtes devenus croyants, obéissez à Allah et obéissez au Messager, et n’annihilez pas vos œuvres.} Mohammed 33

La seconde  invalidation  est l’atteinte à la dignité d’autrui :

 {Ceux qui dépensent leurs biens pour la cause d’Allah, puis ne font pas suivre ce qu’ils dépensèrent de vantardise, ni de nuisance, auront leur rémunération auprès de leur Dieu. Nulle crainte pour eux et ils ne seront point affligés. Un dire convenable et un pardon sont meilleurs qu’une aumône suivie de nuisance. Allah s’en Passe, Il Est Longanime. O vous qui êtes devenus croyants, n’annihilez pas vos aumônes par la vantardise et la nuisance, comme celui qui dépense son bien par ostentation devant les hommes, et qui ne croit ni en Allah ni au Jour Dernier. Son exemple est comme l’exemple d’un rocher couvert de poussière, qu’une averse frappa et laissa tout aride. Ils n’ont aucune prise sur ce qu’ils ont acquis, et Allah ne Guide point les gens mécréants.} Al Baqarah 262 à 264

L’être sensé comprends que si l’ostentation ou le mépris annule une œuvre considérée comme fondamentale dans le Dine alors que dire du meurtre sans justice et sans droit d’un homme, et que dire des appels à prendre les armes contre des tyrans sans avoir épuisé les solutions pacifiques ni avoir pris les précautions pour ne pas mettre leur pays en ruines et ne pas mettre la vie des innocents en danger ou considérer les fonctionnaires de l’armée et de la police comme des mécréants méritant la mort sous prétexte qu’ils défendent le tyran mécréant :

 {Il n’appartient point à un croyant de tuer un croyant sauf par erreur.} An Nissa 92

{Quiconque tue un croyant intentionnellement, sa punition sera la Géhenne où il s’éternisera ; Allah le Frappera de Sa Colère, le Maudira et lui Préparera un immense châtiment.} An Nissa 93

{Si jamais tu tends ta main vers moi pour me tuer, je ne tendrai point ma main vers toi pour te tuer. Je crains Allah, Dieu des Univers} Al Maidah 28

{Quiconque tue une personne sans qu’elle ait tué ou corrompu de par la terre, serait comme s’il avait tué les hommes en totalité, mais quiconque la laisse vivre, serait comme s’il avait laissé vivre les hommes en totalité} Al Maidah 32

« Le Croyant demeure dans la vastitude du Dine tant qu’il n’ pas provoqué l’effusion du sang sacré » Hadith

La troisième invalidation est rompre l’Alliance avec Allah, rompre les liens de parenté et rompre les promesses et les pactes sans justice :

 {Certes, Allah n’est pas embarrassé de fournir en exemple un moustique ou ce qui est davantage plus infime. Quant à ceux qui sont devenus  croyants, ils savent que c’est la Vérité émanant de leur Dieu; et quant à ceux qui sont devenus  mécréants, ils disent : « Qu’a-t-Il voulu, Allah, par cela ? » C’est un exemple avec lequel Il fourvoie énormément et guide énormément; mais Il ne fourvoie que les pervertis, ceux qui violent l’Alliance d’Allah après l’avoir conclu, qui rompent les liens qu’Allah a commandé de maintenir, et qui corrompent de par la terre; ceux-là sont les perdus.} Al Baqarah 26-27

La quatrième  invalidation est le fanatisme et l’extrémisme :

 {O gens du Livre, pourquoi confondez-vous le Vrai avec le faux et taisez-vous la Vérité en le sachant ?} Ali ‘Imrane  71

{Dis : « O gens du Livre, n’exagérez point dans votre religion par la contre-vérité. Ne suivez point les passions de quelques gens qui se sont déjà fourvoyés, qui ont beaucoup fourvoyé, et qui se fourvoyèrent de la rectitude de la voie.} Al Maidah 77

« Faites attention au fanatisme dans la religion. Des nations antérieures ont été anéanties par leur exagération dans la religion »

 « Malheurs aux extrémistes »

La cinquième  invalidation est la subordination idéologique, culturelle  et religieuse aux non musulmans qui place l’ennemi de l’Islam en tuteur sur les esprits et les territoires des musulmans :

 {Et un groupe des gens du Livre dit : « Croyez en ce qui fut Révélé aux croyants, en début de journée, et mécroyez en sa fin, peut-être en reviendraient-il ? Et ne vous fiez qu’à celui qui suit votre religion ».} Ali ‘Imrane  72 à 73

{O vous qui êtes devenus croyants, ne prenez point comme protecteurs ceux qui tournent  votre Dine en dérision et en moquerie, de parmi  ceux à qui le Livre a été révélé avant vous, ni les mécréants. Et craignez Allah, si vous êtes croyants.} Al Maidah 57

L’expérience historique a montré comment les empires et le colonialisme avilissent les élites et pervertissent la langue, la culture, la religion et les mœurs des peuples colonisés livrés à la merci de la paupérisation, de la spoliation et de l’exploitation :

 {Certes, quand les pouvoirs impériaux s’emparent d’une Cité, ils la corrompent et avilissent les nobles de ses habitants. C’est ce qu’ils font toujours.} An Naml 34

Le réquisitoire le plus tranchant contre le colonialisme qui humilie les peuples et corrompt leur religion est celui du Cheikh Mohamed Al Bachir Al Ibrahimi (1889 – 1965):

« Le colonialisme dans sa globalité comme dans ses composants est une souillure provenant de l’œuvre de Satan, ses partisans se rencontrent sur ses propagations perverses celles-là même qui sont poussées par les instincts prédateurs voraces des colonisateurs et animés par les théories du colonialisme expertes dans la construction des instruments impitoyables de prédation et cultivées dans l’art de mettre en servitude les objets de leurs convoitises. Parmi ses moyens les plus redoutables, le colonialisme sape le moral des colonisés et anesthésie leurs sensibilités morales et spirituelles

 La France est venue en Algérie avec son missionnaire évangéliste colonisateur pour corrompre l’islamité des Algériens, les pousser à douter de leur foi et de leurs valeurs, et provoquer la sédition et le désordre au sein des Musulmans. Elle est venue pour effacer de leur mémoire et de leur langue le Nom d’Allah Al Hadi (Celui qui donne la Guidance) par le nom de leur icône déifié « le Rédempteur » en donnant à ce missionnaire l’appui logistique, le soutien militaire après avoir nié Jésus là-bas et décidé de l’imposer ici

 La France est venue avec l’éducation « colonisatrice » et la science « colonialiste » pour corrompre les esprits des fils des Musulmans et semer le trouble dans leurs pensées, pour déposer leur conscience, leur langue et leur littérature au profit de celles de la France, pour falsifier et dénaturer leur histoire et réduire le rôle et l’importance de leurs ancêtres à leurs yeux fascinés par d’autres figures, pour les inciter à renoncer à leur religion. L’enseignement colonial vise à créer une pensée handicapée dont les effets sur la personnalité sont pires que ceux de l’ignorance.

  La France est venue avec le médecin colonialiste dont la vocation première est de préserver la santé de la population européenne et de ce fait il ne s’installe que là ou s’installe la colonie de peuplement européen ou européanisé. Il n’a pas la préoccupation d’être auprès des campagnes, des tribus et des douars peuplés par les millions de Musulmans. Si la médecine colonialiste intervient dans la population musulmane c’est comme si sa vocation n’est pas de soigner mais d’inoculer des maux nouveaux à la place d’un mal ancien, d’éradiquer un microbe en cultivant à sa place d’autres microbes, d’expérimenter ses nouveaux savoirs et ses nouveaux remèdes sur une population musulmane devenue cobaye humain. Tous ces désastres ne suffisent pas, il faut encore que le médecin français s’enrichisse sur le dos des malheurs des autochtones musulmans que le colonialisme a précarisé sur le plan sanitaire par l’instauration de la pauvreté et de l’ignorance.

 « Il est certain que le colonialisme institué sur le soldat, le missionnaire, l’enseignement et le médecin est une structure animale prédatrice marchant sur quatre pattes. C’est par ces quatre moteurs que le colonialisme a mis en panne les talents, les possibilités et le génie de millions de musulmans. Il a ainsi pu saper leur effort, figer leur mental, rendre inerte leur cognition, rendre stériles leurs idées. Il a ainsi privé l’humanité de millions de potentialités en énergie créatrice, en cerveau fécond, en mental imaginatif, en idée généreuse qui sont un prodigieux capital dont l’humanité aurait profité et utilisé pour résoudre ses problèmes mais que le colonialisme a saboté, détruit, détourné du bien pour laisser les collectifs humains sans ressources capables d’ériger des cités, de promouvoir des civilisations et de se mettre au service de l’humanité. Le colonialisme est la forme la plus pessimiste et la plus cynique dans la destruction de l’humain. »

 Des religions à caractère raciste, ethnocentrique  ou anthropomorphique ne peuvent être le Dine d’Allah. Ce type de religion produit le colonialisme et le racisme au nom de la religion.

La culture de la foi, de la vertu,  de l’éthique et de l’esthétique de ce Dine est différente de celle des autres religions et c’est pour cette raison que dès l’ouverture du Coran et à chaque Salat, le Musulman exprime sa rupture  avec le christianisme et le Judaïsme et implore Allah de le préserver de leurs déviations et de leurs prétentions à détenir la vérité alors qu’ils ont trahi et déifié les Prophètes de Dieu :

 {Guide-nous vers le chemin de rectitude, le chemin de ceux que Tu as gratifiés : ni les réprouvés, ni les fourvoyés.} Al Fatiha

Les Juifs et les Chrétiens sont désapprouvés pour leur monolâtrie qui diffère du monothéisme. Chacun d’eux non seulement ne croient pas au Dieu universel, mais à un dieu le leur qu’ils ont confondu avec un des Prophètes de Dieu :

{Et ils disent : « N’entrera au Paradis que ceux qui sont Juifs ou Nazaréens ». Telles sont leurs fabulations ! Dis : « Apportez votre preuve si vous êtes véridiques ».} Al Baqarah 111

{Les Juifs ont dit : « ‘Uzayr est fils d’Allah », et les Nazaréens ont dit : « Le Messie est fils d’Allah ». Ce sont leurs paroles de leurs propres bouches. Ils imitent les dires de ceux qui sont devenus  mécréants auparavant. Qu’Allah les Combatte où qu’ils louvoient !  Ils ont pris leurs savants, leurs moines, et le Messie fils de Marie comme Dieu, à l’exception d’Allah, alors qu’il ne leur a été ordonné que d’adorer un Dieu Unique. Il n’y a d’autre Dieu que Lui, Gloire à Lui, Il Est bien au-dessus de ce qu’ils associent.}  At Tawbah 32

Les Juifs et les Chrétiens sont connus pour leur haine réciproque et leur désaccord religieux :

 {Les Juifs ont dit : « Les Nazaréens ne tiennent sur rien », et les Nazaréens ont dit : « Les Juifs ne tiennent sur rien », et ils récitent le Livre! Ainsi ceux qui ne savent pas disent aussi les mêmes paroles.} Al Baqarah 113

Ils sont entrain de transcender leur clivage religieux et idéologique en s’allieant contre l’Islam sous le masque du sionisme et de l’impérialisme alors que les Musulmans se divisent, se fragmentent et s’entretuent en opposition avec leur Dine :

 {Et qu’il y ait parmi vous une Communauté : qui incitent au bien, commandent le bon usage, et interdisent ce qui est répréhensible. Ceux-là sont ceux qui cultivent.  Mais ne soyez pas comme ceux qui se sont désunis et ont divergé  dès que leur sont venus  les évidences. Ceux-là auront un immense châtiment. }  Ali ‘Imrane 104-105

Notre Dine est celui d’Allah qui nous ordonne l’unité conformément au « Nous » de la Fatiha qui ouvre notre livre et notre Salàt :

{Attachez-vous tous au Câble d’Allah et ne vous désunissez point. Rappelez-vous la Grâce d’Allah envers vous lorsque vous étiez des ennemis, puis Il a uni entre vos cœurs et vous êtes devenus  frères, par Sa Grâce; alors que vous étiez au bord d’un abîme du Feu et qu’Il vous en a sauvé. Ainsi Allah vous démontre Ses Signes, pour que vous soyez guidés!} Ali ‘Imrane 103

Le Câble d’Allah est Son Dine, Sa Parole (le Coran) et Son Messager, l’ultime prophète Mohamed (saws).  Vivre en contradiction ou en opposition avec ce principe d’unité sacrée ce n’est pas seulement invalider le Dine, mais c’est le démolir. Dans ce cas c’est une transgression qu’ hélas nous commettons chaque jour.


 

Signification du Dine. Partie 1

Signification du Dine. Partie 3 – Bientôt

Extraits du livre  » Dine ou Religion » – Omar Mazri -2010 – Édition & Conseil

 

Signification du Dine – Partie 1


Problématique.

 

« Le Prophète (saws) a dit : Le Dine c’est le bon conseil et la loyauté ». Nous lui avons demandé : « Vis-à-vis de qui ? » Il a répondu : « vis-à-vis d’Allah, de Son Livre, de Son Messager, des guides des Musulmans et du commun des gens». Hadith

 

Ce Hadith sublime a répondu sans faille ni détours ni omission sur le Dine et la loyauté à la Parole d’Allah, à la Sunna du Prophète, à l’exercice du pouvoir légitime et au service des fondamentaux de l’Islam, à la société vivante qui vit miséricordieuse, éclairée et responsable à l’ombre de l’Islam et comme partenaire associé à la gouvernance politique et économique. Mais celui qui ne connait pas l’Islam ou le refuse va se trouver face à des interrogations fallacieuses.

Pouvons-nous avoir une explication épistémologique et religieuse du mot « Dine » et pouvons-nous traduire le Dine par « religion » et donner ainsi à ce Hadith sa véritable résonnance morale et spirituelle sans l’entacher par le Wahn, la faiblesse qui nous rend insignifiant, inconséquent, absurde, une grande coquille vide de consistance ? Pouvons-nous expliquer le sacré par le profane ? Pouvons nous expliquer le Dine dans l’Islam sans  le recours aux sociologues, aux ethnologues  et aux anthropologues du positivisme français ou anglo-saxon ?

 

Étymologie

 

1- Quelle est la signification du mot « Religion » dans la langue française?

 Le mot religion dans la langue française est issu  des termes latins « religio » signifiant conscience et recueil, et « religare » signifiant relier, et « relegere » signifiant recueillir mais aussi relire. Elle est définie philosophiquement comme le rapport de l’homme à l’ordre du sacré (divin ou non divin), tendant à se concrétiser sous la forme de systèmes de dogmes ou de croyances, de pratiques rituelles et morales. Le sacré est par définition indiscutable par rapport au profane discutable. Elle est définie aussi comme culte rendant hommage au(x) dieu(x). Dans un cas comme dans l’autre l’animisme, le fétichisme, le bouddhisme, le paganisme, le Judaïsme, le Christianisme, le communisme, le  républicanisme, le socialisme, le scientisme, l’économisme, le laïcisme, la capitalisme, le mondialisme, le matérialisme, le sionisme et le satanisme sont des religions avec leur sacré, leurs idoles, leurs temples, leurs rites, leurs doctrines, leurs livres et leurs adeptes.

Si on considère le terme  religion sur le plan lexical et sa pratique d’oraison  dans le christianisme on pourrait dire la religion correspond à la prière en sa qualité de relation avec Dieu, de relation entre les orants et d’invocation. En effet le Prophète (saws) a définit la quintessence de l’Islam dans la prière et la quintessence de la prière dans l’invocation.

 أس ال

 « L’ordre suprême est l’Islam, son sommet est le Jihad,  sa colonne  est la Salat »

Si la colonne s’écroule tout l’édifice s’écroule et c’est ainsi que le Prophète et ses compagnons ont considéré que celui qui délaisse la prière a démoli sa religion comme ils ont considéré que le dernier pacte d’un musulman avec la communauté musulmane est la prière. La différence fondamentale entre le Dine islamique et les autres religions est la Salat :

 العهد

« Le pacte qui nous lie est la Salat, quiconque a abandonné la Salat a alors renié »

En comparaison avec religion (religare) l’habitude est de voir  la Salat (الصلاة) dans une proximité lexicale avec Silat (lien, attachement, relation) et ainsi conclure que la religion est la Salat alors que le Dine est l’ensemble des piliers et des prescriptions de l’Islam. Cependant le Coran a nettement  distingué la Salât (الصلاة) de l’invocation (الدعاء) et de ce fait nous ne pouvons pas confondre le Dine compris comme prière et invocation avec la religion comprise comme prière et invocation.

 

{Quand vous avez accompli la Salàt, invoquez le nom d’Allah, debout, assis ou couchés sur vos côtés} An Nissa 103

Par ailleurs un des imams de la mosquée Al Qods, Ben Ibrahim abou ‘Arfa a montré sur le plan linguistique qu’il y a une différence lexicale entre le lien (الصلة) dont la racine est WSL  (و ص ل) lier, atteindre, et la Salat (الصلاة) dont la racine est SWL  (ص ل و).

Que signifie donc le verbe SWL  (ص ل و) ? C’est l’ensemble des mouvements de la tête, du dos et du corps accomplissant le rituel de la prosternation dans des rangs successifs derrière un guide. Ce rituel caractéristique de la Salât est le même que l’ensemble des Prophètes et de leurs adeptes et que nous retrouvons encore sous une forme approximative dans certaines factions juives et chrétiennes attachées aux traditions.

En réalité le terme Salat  ne peut être confiné au  sens cultuel ou de posture de la prosternation, il englobe, au regard du réseau de sens qu’il entretient avec d’autres termes signifiants dans l’énoncé coranique,  l’institution du lien spirituel et social comme le stipule, à titre d’illustration les trois énoncés suivants :

 {… qui répondent à l’appel de leur Seigneur, accomplissent la Salât, se consultent entre eux à propos de leurs affaires, dépensent de ce que Nous leur attribuons, et qui, atteints par l’injustice, ripostent.} As Choura 38

{Récite ce qui t’est révélé du Livre et accomplis la Salât. En vérité la Salât préserve de la turpitude et du blâmable. Le rappel d’Allah est certes ce qu’il y a de plus grand.} Al ‘Ankabout 45

{Cultive, certes, celui qui se purifie, et se rappelle le nom de son Seigneur, puis célèbre la Salât.} Al A’âla 14-15

 

2 – Religion et lutte idéologique contre l’Islam.

 

Dans la recherche des définition il est remarquable de voir que lorsqu’on interroge les dictionnaires français sur christianisme,  judaïsme et bouddhisme on voit la référence à la religion alors que le terme  islamisme au lieu de trouver la logique de religion de l’Islam ou religion islamique nous trouvons « Religion de Mahomet » sachant que le terme Mahomet (celui qui n’a jamais louangé) est la signification contraire de Mohamed (Celui qui est excellent en louanges, qui a la vocation de louanger Allah). Le Larousse qui est le dictionnaire de vulgarisation le plus populaire on trouve une définition qui n’est pas surprenante pour l’esprit averti qui y voit le radicalisme idéologique : « Islamisme : Mouvement regroupant les courants les plus radicaux de l’islam, qui veulent faire de celui-ci, non plus essentiellement une religion, mais une véritable idéologie politique par l’application rigoureuse de la charia et la création d’États islamiques intransigeants. »

 J’ai relevé cet extrait de Wikipedia assez significatif : « À l’instar de quelques auteurs et de quelques polémistes, dans son ouvrage Soufi ou mufti ? Quel avenir pour l’islam, l’islamologue française Anne-Marie Delcambre estime, quant à elle, que « islamisme » et « islam » désignent une réalité indistincte, posant que la nouvelle acception du terme « islamisme » – l’acception politique – puiserait sa source dans l’affirmation du juriste égyptien, Muhammad Sa’id al-‘Ashmawi, qui avait déclaré que « Dieu voulait que l’islam fût une religion, mais les hommes ont voulu en faire une politique ». Elle voit ainsi dans l’islam et l’islamisme une forme de continuité, une réalité inchangée, proposant une vision à laquelle s’oppose son préfacier américain, le journaliste Daniel Pipes qui argue, lui, que l’islamisme est une « manifestation spécifique, moderne et extrémiste de l’islam » s’inscrivant dans une réalité évolutive. »

  Pour ceux qui ne le connaissent pas, Daniel Pipes est un sioniste américain qui affiche son intégrisme et sa haine de l’Islam. Il est l’inventeur dans les années 70 du mot « islamophobia » non pour décrire la réalité de la stigmatisation du musulman mais pour donner un outil sociologique et psychologique de lutte idéologique pour créer la méfiance envers le Musulman et la défiance entre les Musulmans. Écrivain et journaliste il écrit chaque semaine un article contre les Musulmans s’appuyant sur sa haine mais aussi sur sa connaissance de la langue arabe qu’il a étudié au Caire et de l’Islam qu’il a étudié comme doctorant sur la législation islamique à Harvard. Anne-Marie Delcambre est la traductrice et la vulgarisatrice des thèses islamophobes et sionistes de  Daniel Pipes.

 

 3 –  Quelle est la signification du mot « Dine » dans la langue arabe?

 

الدينُ : والشأن العادة Le Dine (Al ‘àda wal chàn) serait l’état naturel et la coutume.

Il s’agit d’une définition qui fait référence à Abraham. Le Dine est la coutume dans le sens où c’est la tradition abrahamique d’adorer Allah en sa qualité de Hanif c’est-à-dire d’être naturellement religieux et monothéiste. L’état naturel vise la Fitra humaine, la religion primordiale. Il vise vise la situation monothéiste des peuplades et des nations depuis Adam ainsi que les circonstances morales, économiques, technologiques, scientifiques, sociales et politiques qui construisent la grandeur, la gloire et la prospérité des adeptes de ce Dine :

 {Et ils dirent : « Soyez juifs ou nazaréens, vous serez guidés ». Dis : « Bien au contraire : la confession d’Abraham, pur monothéiste, et qui ne fut point du nombre des polythéistes». Dites : « Nous sommes devenus croyants en Allah, en ce qui nous a été Révélé, et en ce qui a été Révélé à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, et en ce qui a été Révélé à Moïse, à Jésus, et en ce qui a été Révélé aux Prophètes par leur Seigneur. Nous ne faisons de distinction entre aucun d’entre eux et nous nous remettons à Lui ». S’ils croient en cela même que vous croyez, ils se sont effectivement bien guidés, et s’ils s’en détournent, c’est qu’ils sont en schisme. Allah sûrement te Prémunira contre eux, car Il Est L’Omni-audient, L’Omniscient. La Sibgha d’Allah! Qui donc est meilleur qu’Allah pour donner une Sibgha ?} Al Baqara 135

Le Dine est qualifié dans ce verset de Sibghat d’Allah (صِبْغَةَ اللّهِ وَمَنْ أَحْسَنُ مِنَ اللّهِ صِبْغَةً وَنَحْنُ لَهُ عَابِدونَ), la coloration, la  couleur dans le sens de l’empreinte visible et indélébile qu’Allah a déposé dans l’être humain même si ce dernier nie sa foi ainsi que l’habit le plus esthétique  dans le sens d’habitudela plus conforme à la nature humaine.  Cela signifie aussi qu’il n’ya pas de changement à la religion d’Allah qui est une et unique : l’Islam. Les Feuillets d’Abraham, les Psaumes de David, la Tora, l’Evangile et le Coran sont une seule et même parole conférant aux hommes une seule et même  croyance et une seule et même Char’ia. Quiconque soutient l’idée de trois religions monothéistes ou que l’Islam est un rameau du monothéisme à l’instar du judaïsme et du christianisme a proféré des mensonges contre Allah qui dit sans équivoque :

 {Dites : « Nous sommes devenus croyants en Allah, en ce qui nous a été révélé, et en ce qui a été révélé à Abraham, à  Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, et en ce qui a été révélé à Moïse, à Jésus, et en ce qui a été révélé aux Prophètes par leur Dieu. Nous ne faisons de distinction entre aucun d’entre eux et nous nous remettons à Lui ». S’ils croient en cela même que vous croyez, ils se sont effectivement bien guidés, et s’ils s’en détournent, c’est qu’ils sont en schisme. Allah sûrement te Prémunira contre eux, car Il Est L’Omni-Audient, Le Tout-Scient.} Al Baqara 136

{Aucune altération aux Paroles d’Allah. Cela est sûrement l’immense triomphe.} Younes 64

Pour bien montrer l’importance de la coutume, des habitudes et des relations sociales dans la préservation ou dans la démolition du Dine le Prophète (saws) a dit : «L’homme a la même religion que son ami. Que l’un de vous fasse donc bien attention à celui qu’il prend pour ami!»

 Le schisme qui est le contraire de la Sibghat d’Allah est de quitter le monothéisme pour l’idolâtrie, la monolâtrie ou le sectarisme et adopter des postures de fourvoiement ou de déviation de la Vérité qui deviennent des coutumes erronées,  des préjugés et des croyances contraire au monothéisme :

 {Certes, ceux qui ont séparé  leur religion et sont devenus des sectes, tu n’es des leurs en rien} (al Maidah 159).

La Sibgha est la teinture, la coloration, l’habit, l’habitude, la saine nature qui mettent  le croyant dans sa couleur et sa tradition monothéiste vive sans tâche ni confusion. La Sibgha est la Religion naturelle celle de l’harmonie, de l’innéité, de l’amour, de la voie vers Allah, du gout spirituel de la personnalité de base qui a adopté le monothéisme comme couleur dominante. Dans la réalité la couleur est visible

grâce à la lumière qui comporte les ondes électromagnétiques venant du soleil et qui en se  réfléchissant sur un objet dévoile la couleur de cet objet. Le Dine c’est donc la couleur du  monothéisme qui façonne le regard perceptif, mental, éthique, esthétique et spirituel.

دانهَ : واستعبده دينا،ً أي أذلهًّ  ‘Abada Adorer – se soumettre – être humbles et recueillis

 Ce sens est le plus juste et le plus global car il concilie la Sibghat et l’islam par l’adoration dans tous les actes ontologiques et sociaux :

 

صِبْغَةَ اللّهِ وَمَنْ أَحْسَنُ مِنَ اللّهِ صِبْغَةً وَنَحْنُ لَهُ عَابِدونَ

 En traduisant Sibghat par Religion nous aurons le sens suivant :

 {La Religion d’Allah! Qui donc est meilleur qu’Allah pour donner une Religion ? Nous Lui sommes des adorateurs.} Al Baqarah 138

 

Le Dine  c’est  l’adoration d’Allah :

 

{Je n’ai créé les djinns et les êtres humains que pour M’adorer.} Al Dhàriyàte 46

 

Le Dine c’est la sujétion, la soumission et la servitude non comme le veut la traduction des orientalistes qui fait penser à un Dieu esclavagiste et à des Musulmans soumis, esclaves et serviteurs inaptes à la liberté. Il faut aller plus loin dans le sens étymologique de ‘abada pour comprendre qu’il s’agit d’un état de terrassement de soi par l’évocation et l’invocation d’Allah au point de devenir aplani n’opposant aucune résistance ni arrogance ni suffisance pour entendre avec humilité son message, le porter comme un véhicule libéré de l’accessoire des autres charges, et se diriger comme messager vers les autres pour leur transmettre humblement mais véridiquement la parole divine, mais aussi comme un itinérant allant vers Allah qui est le refuge, le secours, le recours et l’Espérance. Nous sommes par le Dine, compris comme sujétion adorative, dans une allusion à l’humilité, à la facilitation de la voie, à la posture de l’homme comme une Créature acceptant son Créateur, un indigent sollicitant Allah le Riche, le Généreux, un faible implorant l’Omnipotent qui entend et qui répond :

 {A Lui appartient ce qui est dans les Cieux et ce qui est dans la terre. Certes, Allah Est sûrement, Lui, le Tout-Riche, le Tout-Louable. N’as-tu donc pas vu qu’Allah vous a mis à votre service  ce qui est dans la terre, et que les navires voguent sur la mer par Son Ordre, et qu’Il Retient le Ciel de tomber sur la terre, rien que par Son Vouloir ? Certes, Allah Est sûrement Compatissant, Miséricordieux. Et c’est Lui qui vous a fait vivre, puis Il vous fait mourir, puis Il vous fera revivre.} Al Hadj 64

On retrouve d’autres racines qui évoquent la soumission pour  indiquer qu’Allah est le Seul Propriétaire :  المَدينةَ – المَدينُ : العبدُ

 {A Allah appartient ce qui est dans les Cieux et la terre. Certes, Allah Est le Tout- Riche, le Tout-Louable. Si ce qu’il y avait sur terre comme arbre était des calames, et que la mer était approvisionnée, après son tarissement, de sept autres mers, les paroles d’Allah ne s’épuiseraient point. Certes, Allah est Invincible, Sage. Votre création et votre résurrection ne sont que comme l’affaire d’une seule personne. Certes, Allah Est Omniaudient, Omnivoyant.} Luqman 26

 

{O Hommes ! C’est vous qui avez besoin d’Allah, et Allah Est Lui le Tout-Riche, le Tout-Louable.} Fatir 15

 

Tout le Coran est description de ce Dine du ‘Abd ( عبد ) comme comportement d’humilité et de déférence envers Allah en contradiction avec l’arrogance, la laideur et le formalisme de ceux qui se prétendent musulman et qui affichent leur ignorance ou  leur bigoterie avec ostentation :

 {Et annonce la bonne nouvelle à ceux qui sont déférents, ceux qui, si le nom d’Allah Est mentionné, leurs cœurs frémissent} Al Hadj 34

{Dis : « Croyez-y ou n’y croyez pas » : ceux qui ont déjà reçu la Science, auparavant, quand on le leur récite, tombent en prosternation jusqu’aux mentons, et disent : « Gloire à notre Seigneur. La promesse de notre Seigneur sera sûrement accomplie », et ils tombent jusqu’aux mentons en pleurant, et il les accroît en humilité.} Al Isra 107

 

الحساب والجزاء – دانهَ دينا أي جازاه Le Dine signifie aussi récompense, rétribution, jugement :

 

{Le Miséricordeur, Le Miséricordieux ; Maître du Jour du Jugement.} Al Fatiha 2

 

الدينُ : الطاعة فهو أمرٌ ينُقاد له : Le Dine c’est l’obéissance totale, le culte exclusivement voué à Allah sans lui associer un rival, un associé, un enfant :

 

{C’est Toi Seul que nous adorons et c’est à Toi Seul que nous recourons.} Al Fatiha 3

 Le Dine est la direction infaillible, l’alliance avec Allah

{Et ne vous fiez qu’à celui qui suit votre religion. Dis : « Certes, la Direction infaillible est la Direction d’Allah ». Que quelqu’un reçoive ce que vous avez reçu ou qu’on vous dispute auprès de votre Seigneur, dis : « La grâce est sûrement entre les mains d’Allah, Il l’Accorde à qui Il Veut ». Allah Est Tout-Largesse, Omniscient. Il privilégie de Sa miséricorde qui Il Veut. Allah Possède la Munificence immense.} Al ‘Imrane 73

 

{Et lorsque Allah Conclut l’Alliance des Prophètes : « Compte tenu de ce que Je vous Ai Révélé d’un Livre et de Sagesse, puis qu’un Messager vous est venu corroborant ce qui est avec vous, vous devez le croire et vous devez l’appuyer ». Il Dit : « Acquiescez-vous et vous engagez-vous à ces conditions à Mon Alliance ? ». Ils dirent : « Nous acquiesçons ». Il Dit : «Témoignez-en et Je Suis avec vous du nombre des témoins ». Quiconque s’en détourne, après cela, ceux-ci alors sont sûrement les pervertis. Aspirent-ils à une autre religion que celle d’Allah, alors qu’à Lui s’est remis tout ce qui est dans les Cieux et en la terre, de gré ou de force, et que c’est à Lui qu’ils seront ramenés?} Al ‘Imrane 81

 

{Il est parmi ceux qui se judaïsèrent qui altèrent les mots de leurs places et disent : « Nous avons écouté et nous nous sommes rebellés ; écoute, puisses-tu ne rien entendre et rà‘inà », en tordant leurs langues, et en attaquant la Religion. S’ils avaient dit : « Nous avons entendu et nous avons obéi ; écoute et veille sur nous », c’eût été meilleur pour eux et plus correct. Mais Allah les Maudit en raison de leur mécréance, car peu nombreux sont ceux qui croient.} An Nissa 46

 L’expression Rà‘inà راعنا veut dire : “Sacristi, écoute !” Jeu de mots dont les Juifs se servaient pour taquiner le Prophète et exprimer leur désobéissance en jouant sur les mots alors que le Dine est une obéissance scrupuleuse qui ne permet pas le badinage avec le sacré de la Révélation ni avec le respect et la révérence envers le Prophète porteur de ce Message à l’humanité :

 {Allah A Promis à ceux qui sont devenus croyants d’entre vous, et ont fait les œuvres méritoires de Faire d’eux, sûrement, les remplaçants sur la terre, comme Il Fit de ceux qui furent avant eux, des remplaçants, et de Donner sûrement plein pouvoir à leur religion, qu’Il a agréée pour eux, et qu’après leur inquiétude, Il la leur changera en sécurité. Ils M’adorent et ne M’associent absolument rien. Et quiconque mécroit après cela, ceux-ci alors sont les pervertis. Accomplissez la prière, et acquittez-vous de la Zakat, et obéissez au Messager, pour qu’Il vous Fasse  miséricorde.} An Nur 55

Si le croyant perd de son humilité, de sa dévotion et de son observance des prescriptions divines il devient alors chose insignifiante qui part au déchet de l’histoire humaine comme un misérable renégat avili :

{O vous qui êtes devenus croyants, quiconque d’entre vous renie sa Religion, Allah fera venir des gens qu’Il aime et qui L’aiment} Al Maidah 54

Le Dine est aussi de la même racine que « Deyne » qui veut dire dette mais aussi réciprocité.

Pour le croyant il n’y a de Dine que si le Croyant s’acquitte de la dette d’existence envers Son créateur, mais aussi s’acquitte d’une dette de devoirs envers le faible et l’opprimé en contrepartie des biens, de la richesse, des capacités et des aptitudes que la naissance et le destin de vie lui ont octroyé. Il n’y a de Dine que si les adeptes de ce Dine sont en solidarité mutuelle et réciproque :

 {Dis-moi donc, celui qui dément le Dine ! Celui-là, celui qui repousse l’orphelin, et qui n’incite point à nourrir le miséreux. Malheur donc à ceux qui prient : ceux qui sont distraits de leur prière, ceux qui simulent avec ostentation, et qui font obstruction à l’aide d’autrui !} Al Mà’oun 1

Le Dine dans l’Islam, compris comme cause d’Allah, c’est aussi l’exigence de  réciprocité envers l’agresseur :

 {Combattez, pour la cause d’Allah, ceux qui vous combattent et n’agressez point, car Allah n’aime point les agresseurs.} Al Baqara 22

{Allah ne vous Interdit pas – envers ceux qui ne vous combattent pour votre Dine, et ne vous chassent pas de vos demeures, – d’être bienfaisants et équitables envers eux. Certes, Allah aime ceux qui sont équitables. Mais Allah vous Interdit de prendre comme protecteurs ceux qui vous combattent pour votre Dine, qui vous chassent de vos demeures, et qui aident à vous expulser. Et quiconque les prend comme protecteurs, ceux là alors sont les injustes.} Al Mumtahinah 8

Les alliances avec l’agresseur et son protectorat  sont donc incompatibles avec le Dine tel que Allah l’a prescrit pour nous comme religion et mode de vie. Si nous tolérons la soumission à l’agresseur et l’alliance avec les ennemis de l’Islam alors le Dine n’est qu’un culte parmi les autres cultes sans coloration islamique qui le distingue des autres religions.

Le Prophète a utilisé le terme Dine dans le sens de réciprocité, de résultat d’exécution et de rétribution dans ce hadith célèbre :

 تُدان تَدين كما   « Comme tu fais il te sera fait »

 

طاعته في حكمه فِي المَلِكِ دِينِ في : Le mot Dine signifie aussi autorité.

 

Nous avons ce verset se rapportant au frère  de Youssef dans la sourate Youssef :

 

كَذَلِكَ كِدْنَا لِيُوسُفَ مَا كَانَ لِيَأْخُذَ أَخَاهُ فِي دِينِ الْمَلِكِ إِلاَّ أَن يَشَاءَ اللّهُ

 

On trouve dans la littérature plusieurs traductions. Si nous  donnons au terme Dine le sens de loi alors la traduction serait : « autrement, il n’était pas de mise qu’il prenne son frère, selon la justice du roi ». Cependant rien ne dit dans le déroulement du récit qu’il y a eu procédure judiciaire condamnant le frère de Youssef. Cette traduction est meilleure : « Autrement, il n’était pas de mise qu’il prenne son frère, selon la loi (la coutume) du roi ». Mais par cette traduction nous donnons crédit à l’idée biblique que les Égyptiens étaient hostiles aux étrangers et qu’ils étaient tout particulièrement anti sémites. Si la coutume ou la loi du roi était que les étrangers ne pouvaient résider en Égypte le Coran nous aurait dévoilé ou explicité l’arrivée incontestée par le Roi, plus tard, de Jacob et de l’ensemble de sa famille. Les deux meilleures qui ne changement pas le sens du récit ni le sens du mot sont les suivantes si, ici, nous donnons au terme Dine le sens de « servitude », de service ou d’autorité alors le verset change de sens et se comprend  comme le frère de Youssef  devenant, grâce à Youssef,  un serviteur du roi ou un protégé du roi qui le soustrait ainsi  de la justice égyptienne  suite à la diffamation de vol par ses autres frères :

 

{Autrement, il n’était pas de mise qu’il attache son frère, au service du roi} Youssef 76

{Autrement, il n’était pas de mise qu’il mette son frère, sous la protection du roi} Youssef 76

 

Youssef et son frère sont sous la protection du roi Égypte, à son service et lui font confiance. C’est l’attente légitime de n’importe quel sujet vis-à-vis de son souverain et c’est la même attente en plus fort et en plus authentique que le croyant a pour son Dieu.  Dans la sourate Youssef  c’est le stratagème inspiré par Allah pour protéger son jeune frère contre ce qu’il a déjà subi et que son frère pourrait subir lors du chemin du retour vers le père et avec la même jalousie qui ronge le cœur des grands fils de Jacob : l’abandon criminel dans un puits pour se débarrasser de lui.

 

Dans cette compréhension le Dine est plus qu’un culte religieux c’est la mise sous protection de Dieu pour assurer son salut dans ce monde et dans l’autre comme le dit le Coran :

 

{Allah Est Le Protecteur de ceux qui sont devenus  croyants : Il les Fait sortir des Ténèbres vers la Lumière}  Al Baqara 257

{Allah Est leur Protecteur. Que les croyants se fient à Allah} Al ‘Imrane 122

{Allah est votre Protecteur et Il est le meilleur des secoureurs.} Al ‘Imrane 150

{Allah Est Plus-Scient de vos ennemis. Qu’Il suffise d’Allah comme Protecteur et qu’il suffise d’Allah comme Partisan.} An Nissa 45

{Certes, Allah prend la défense de ceux qui sont devenus  croyants.} Al Hajj 38

 

Le Dine c’est aussi le Hokm ( الحكم ), le principe de justice car l’islam exige  d’arbitrer  équitablement, de dire la vérité et de rendre justice avec impartialité et miséricorde aussi bien entre les Musulmans qu’entre les autres confessions ou entre un Musulman et un Juif ou un Chrétien. Le sentiment religieux dans l’Islam n’est ni sectaire ni raciste ni égocentriste:

 

{Et quand tu juges, alors juge entre eux avec équité. Certes, Allah aime les équitables.} Al Maidah 42

{Juge donc entre eux d’après ce qu’Allah A révélé. Ne suis pas leurs passions au lieu de ce que tu as reçu de la Vérité.} Al Maidah 49

{O David, Nous Avons Fait de toi un successeur sur terre, juge donc entre les Hommes en toute Vérité et ne suis pas la passion, autrement elle te fourvoiera de la Cause d’Allah.} Sad 26

{Certes, Allah Commande la justice, l’usage du meilleur, l’exercice de la libéralité envers les proches, et Prohibe l’infamie, le répréhensible et la tyrannie. Il vous Exhorte, afin que vous vous souveniez. Et acquittez le pacte envers Allah si vous concluez un pacte, ne violez point vos serments après les avoir prêtés, en prenant Allah Garant contre vous. Certes, Allah Sait ce que vous faites. Et ne soyez pas comme celle qui a défait son filage, à rebours, après l’avoir solidement filé : Ne prenez donc pas vos serments moyens d’intrigues, si vous voyez une communauté plus importante qu’une autre communauté. Allah vous en éprouve seulement, et Il vous Explicitera sûrement le Jour de la Résurrection ce sur quoi vous divergiez.} An Nahl 90

 

Ces quelques versets témoignent une fois de plus que le mot clé de l’Islam est la justice. D’ailleurs si nous parvenions à respecter à la lettre la justice coranique et à donner aux hadiths et aux invocations du Prophète un contenu social, économique, politique et institutionnel nous mettrons fin à notre façon simpliste et simplificatrice du Dine qui fait de nous et de notre religion une caricature hideuse :

« Quand le Prophète sortait de la maison, il disait :

« Au nom d’Allah. Je m’en remets à Allah. Seigneur Allah ! Je me mets sous Ta protection afin de ne point m’égarer ni égarer personne, afin de ne pas glisser dans l’erreur ni d’y être poussé, afin de ne commettre aucune injustice et de ne pas en subir, de ne point me comporter en insensé ni d’être victime des insensés ! »

Il a appris à ces compagnons cette parole transcendante :

« Allah dit : O Mes Dévoués ! Je Me suis interdit à Moi-même l’injustice et Je l’ai interdite entre vous. »

 Il a montré le summum du Jihad :

« Le meilleur Jihad pour la cause d’Allah est une parole de justice et de vérité prononcée auprès d’un tyran »

 Il a montré le summum de la décadence et de l’avilissement :

 « Oh non par Dieu ! Vous commanderez le bien, interdirez le mal, ferez cesser l’injustice de l’injustice, le ramènerez de force au bon droit et l’obligerez à le suivre, sinon Dieu installera sûrement la haine entre vos cœurs puis vous maudira comme Il a maudit ces Juifs ».

 « Les gens, quand ils voient l’injuste commettre son injustice sans l’en empêcher, ne sont plus loin de voir Dieu les frapper tous, sans distinction, d’un châtiment provenant de Lui »

 « Craignez d’être injustes car l’injustice se traduira le jour de la résurrection en ténèbres. Craignez l’avarice car elle a causé la perte de ceux qui étaient avant vous. Elle les a poussés en effet à faire couler leur sang et à se permettre ce qui leur était interdit. »

 « Ne soyez pas envieux les uns des autres. Ne truquez point les enchères. Ne vous détestez pas et ne vous tournez pas le dos les uns aux autres. Ne faites pas de surenchère et soyez – ô Dévoués d’Allah des frères. Le Musulman est le frère du Musulman Il ne le fait pas d’injustice, ne le méprise pas et ne lui refuse pas son secours ; la piété est ici (en désignant sa poitrine trois fois de suite). Il suffit à quelqu’un, pour être mauvais, de mépriser son frère Musulman. Tout Musulman est sacré pour tout autre Musulman : son sang, ses biens et son honneur ».

 « Dieu a dépêché l’un de Ses prophètes vivant dans le royaume d’un tyran en lui disant : ‘Va retrouver ce tyran et dis-lui que Je lui ai donné le pouvoir non pas pour répandre le sang et amasser des fortunes, mais pour empêcher les voix des opprimés de me parvenir. Je ne négligerai pas l’injustice commise à leur encontre même s’ils sont des mécréants’ ».

 

Dans cette définition de Dine comme Hokm, même si nous sortons du registre lexical,  il faut garder à l’esprit que la vérité et la justice sont indissociables et Allah a pour Nom Al Haqq (La Vérité, Le Vrai, le Réel) et Al ‘Adl (La Justice). Si jamais nous devons résumer le Dine et le Coran à un non musulman par un seul mot ce sera : justice. Justice à l’égard d’Allah (swt), justice à l’égard du Prophète (saws), justice envers soi, justice envers les autres.

 

 Le terme Dine est donc polysémique .

 La polysémie coranique et lexicale de l’Arabe n’est pas contradiction ou confusion,  mais richesse et complémentarité qui montre le défi pédagogique et cognitif du Coran qui explique et  explicite, détaille et synthétique dans des situations  diverses le contenu riche et varié mais complémentaire du Dine dans des situations différentes spirituelles, idéologiques, religieuses et sociales. Le Coran n’est pas un « clé en main » ou un « prêt à penser » mais une méthodologie d’imagination, de cognition, d’apprentissages progressifs, variée qui part à la quête du sens dans le corps du texte coranique ou qui fait jaillir le sens du cœur caché dans le croyant. On peut déjà dire que sur le plan étymologique Dine et Religion ne couvre pas exactement la même réalité et qu’il y a un effort d’innovation en matière de traduction. En ce qui me concerne j’hésite entre adapter la traduction du « Dine » à chaque verset ou se contenter du terme « Religion » ou introduire le néologisme arabe « Dine ». Ma recherche n’est pas achevée.

 

Problématique au-delà de l’étymologie

 Quelle est la place du penseur musulman dans ces définitions? Est-ce que cela le singularise sur le plan spirituel, idéologique et comportemental par rapport aux autres religions qui sont en réalités les unes par rapport aux autres très distinctes dans leurs rites, dans leurs croyances? Laissons le soin à Malek Bennabi de répondre avec l’intelligence et la pertinence que nous lui connaissons et avec sa compétence phénoménale à anticiper sur le mouvement du monde, des idées et des religions :

« Si nous nous penchons sur la carte idéologique du monde, que constatons-nous? La carte idéologique du monde dévoile les réalités suivantes: à l’est, c’est la faillite du brahmanisme et la faillite du bouddhisme; à l’ouest, c’est la faillite du christianisme; Ainsi, la lutte, inévitable, opposera deux religions uniquement: l’islam et le communisme matérialisme.

[…] le communisme matérialisme est une religion, c’est une religion terrestre même si ses adeptes récusent toutes les religions! N’est-ce pas une doctrine avec des adeptes qui militent et meurent pour elle ?

Le judaïsme connaît ces réalités; de même qu’il est conscient de l’évolution du prochain combat direct entre l’islam et le communisme matérialisme. Il surveille de près et avec vigilance. C’est pourquoi il a choisi de frapper l’islam et de disloquer ses rangs de l’intérieur en encourageant l’enrôlement dans le communisme matérialisme! Les juifs croient qu’en fin de compte, le dialogue, ou l’affrontement, avec le communisme matérialisme est plus facile à gérer que le dialogue avec l’islam … Le juif peut à titre d’exemple gravir les échelons des centres de commandement dans le communisme matérialisme. Il en a été ainsi dans le passé (Karl Marx et plusieurs autres cas de son rang), alors qu’en islam, il est impensable de voir un jour un émir des croyants d’origine juive arriver au sommet du pouvoir!

Celui qui adopte l’islam ne peut le répudier alors que celui qui embrasse le communisme peut le récuser même après quarante ans, c’est le cas de Roger Garaudy, le leader communiste connu …

Le communisme matérialisme est loin d’offrir à l’homme l’assurance et la quiétude psychologique, il le

livre plutôt aux angoisses et au désarroi, c ‘ est pourquoi il peut se raviser et le renier. Ainsi – dans la logique du Judaïsme – il faut que l’embrigadement soit pour le communisme matérialisme. Combattre

le communisme matérialisme est à la fin plus aisé et ses résultats plus probants […]

Le judaïsme n’est plus une religion au sens classique du concept. C’est une religion raciste qui ne revendique pas de conversions.

Le christianisme a été abrogé par l’histoire. La masse ne suit plus. Mais il joue son rôle d’embrigadement des Musulmans dans le communisme matérialisme.

Le bouddhisme, il a été rayé par Mao Tsé Toung. Le Bouddhisme est actuellement utilisé pour embrigader dans le communisme matérialisme.

Le brahmanisme a lamentablement échoué. Nous en avons pour preuve son échec à résoudre l’un des plus grands problèmes dans la société indienne qu’est le sort de la caste des «intouchables», bien que Gandhi l’ait exposé à la conscience indienne et qu’il ait explicité son abrogation dans la Constitution.

Une troisième force fait son apparition : le sionisme. Sur toute l’étendue où la stabilité psychologique fait défaut, la domination directe du sionisme s’impose. Toutes les possibilités civilisationnelles sont ainsi la proie du sionisme.

 Il faut juste changer communisme par libéralisme et reposer la question du nouvel ordre mondial qui exige la reconfiguration du monde musulman en fomentant des troubles, des séditions et des alignements contre nature pour voir le monde d’aujourd’hui.  Pour assoir les divergences et les troubles il faut saper les fondements du Dine et créer ou favoriser les schismes qui sont la cause de la décadence des Musulmans une fois que l’élan civilisationnel de Mohamed (saws) et des Califes bien guidés a perdu de sa vitalité dans le cœur et la cité des Musulmans :

 « O Allah ne fais pas de la vie mondaine notre souci principal ni la finalité de notre savoir, ne mets pas notre pire catastrophe dans notre Dine, et ne donne pas pouvoir  sur nous à celui qui n’éprouve aucune miséricorde à notre égard et n’a aucune crainte envers toi par ses agissements sur nous »  Hadith

Malek Bennabi n’aborde pas ici le Christianisme comme une religion mais comme une civilisation avec ses produits idéologiques, ses contradictions, ses courants politiques. Au-delà du Christianisme et des autres religions il pose l’équation du religieux en termes idéologiques et civilisationnels. D’ailleurs il perçoit le destin déclinant de l’Occident à travers le déclin du Christianisme et la promotion du matérialisme nihiliste et cynique :

« La civilisation occidentale s’est mue en une civilisation purement matérielle, c’est pourquoi elle évolue vers le déclin […] La foi et l’esprit peuvent créer une science, mais la science ne peut créer la foi … Cette science que vous constatez est le résultat de la civilisation occidentale (né d’un élan religieux), elle n’est pas sa cause. Et dès que l’homme connaît une déchéance de l’intérieur, c’est la fin. Les apparences ne doivent pas vous subjuguer! Les peuples européens vivent actuellement un grand désarroi et une asphyxie au niveau des âmes … et s’irritent de l’inconnu! Et pour cause, la vie n’a plus de sens et sans finalité! Ils ont tout épuisé !

Une triple menace va les promettre à la ruine: la drogue, le suicide et le crime […]

Et alors que le musulman, le musulman pratiquant s’entend, n’a pas de désarroi au niveau psychologique, il souffre des difficultés de la vie. Le musulman croit au Jour dernier et au Jugement, il croit en Dieu, aussi admet-il les épreuves et les endure avec patience, et il attend constamment la Miséricorde de Dieu et espère atteindre l’autre monde dans lequel la vie est éternelle.

Nous vivons les conditions précaires de la vie, eux vivent le désarroi et attendent le soulagement psychologique, ils attendent la foi du musulman : la voix du Ciel leur fait défaut. »

A la question de la différence qu’il fait entre le communisme [libéralisme] qu’il a considéré comme une «religion» et l’islam qui est incontestablement une Religion, Malek Bennabi a apporté ces clarifications :

  « La différence existe, elle est énorme et profonde et je vais vous l’exposer à travers certains de ces aspects: Les relations économiques et sociales sont fondées et instituées sur le principe selon lequel l’individu demande son «droit» alors que dans l’islam, elles sont fondées et instituées sur le principe que chaque individu accomplit son «devoir». Le «droit» dans ce cas est ce que l’individu prend de la société: c’est une démarche négative tandis que le «devoir» est ce qu’il offre à la société: c’est une démarche positive. La mobilisation sociale dans le communisme est l’œuvre de certaines classes (ouvriers et paysans) alors qu’en islam ce rôle revient aux âmes bienfaitrices et aux oulémas. Je parle des oulémas dans leurs diversités, versés dans la vie spirituelle et matérielle. Le hadith du Prophète dit: «La main haute est préférable à la main basse». Ce hadith met en relief deux vérités: la première c’est que le devoir est plus important que le droit, la deuxième c’est que la production est plus digne que la consommation. Le rapport fondé sur le concept de «droit» exige la «revendication». Autrement dit, il faut militer dans le but de «prendre» et d’accéder aux «droits». Il débouche d’abord sur le conflit, la haine ensuite et la déchéance rapide, enfin. Alors que la relation fondée sur le «devoir» requiert l’accomplissement (de quelque chose) c’est-à-dire «l’offre». La relation s’achève ici sur la concorde, l’amour et l’immortalité. »

 Malek Bennabi par pudeur pour son cercle d’amis étrangers ne disait pas que la culture judéo-chrétienne messianique n’est pas une religion de miséricorde et de concorde mais une religion qui a donné à Jésus le pouvoir divin de Rémission et de Rédemption par le chaos. Que ce chaos soit par la crucifixion et le culte du sang versé ou par le retour du Messie pour qui est enclenché le cataclysme mondial qui donnera le triomphe de la malédiction sur le reste du monde soumis, dompté et écrasé.

Malek Bennabi montre les distinctions essentielles des autres religions avec l’Islam. Ce qui pose la question de l’altération et de la pureté de la religion non seulement sur le plan théologique mais aussi sur le plan praxique. Nous avons l’expérience du nationalisme arabe et de la gouvernance laïque dans le monde Musulman qui ont transgressé la loi de Dieu et ont rendu la société musulmane un obstacle à l’islamisation de la société.

 

Ces distinctions soulignées sont tellement importantes et opposées qu’une question légitime se pose sur le plan sémantique : est-ce que le « Dine » peut-il être traduit imparfaitement par « Religion » et est-ce qu’il revêt cette différence que Malek Bennabi constatait sans pouvoir lui donner une traduction plus appropriée car sa problématique n’était pas celle de traduire sur le plan linguistique mais de signifier sur le plan phénoménologique, culturel et psychologique pour armer le Musulman en outils idéologiques et conceptuels ainsi qu’en  instruments d’édification du renouveau de la civilisation musulmane mise en ruines par la conjugaison de la colonisabilité (acceptation de la colonisation), après la décadence des Musulmans plongés dans la maraboutisme et le fatalisme, de la colonisation et ses ravages sur la destruction de la personnalité de l’indigène colonisé, et de la colonialité (mimétisme des vestiges coloniaux de la modernité et de l’administration coloniale) par l’attachement de l’indigène à la servitude intellectuelle envers le Colon et son système de pensée.

Pour comprendre et vivre le Dine tel qu’il est  institué par Allah et mis en pratique par Mohamed (saws) nous devons tout d’abord nous libérer de la culture de l’auxiliaire de la servitude et de la pensée unique et chercher la solution dans nos référents et nos valeurs islamiques originels sans bruits ni diversion ni culte de la personnalité.

 

Le Dine dans le Coran sera l’objet de notre seconde partie inchaallah

 


Signification du Dine. Partie 2

extraits du livre « Dine ou religion ? » Omar Mazri – Edition & Conseils – 2010