Frères Egyptiens ne soyez pas les pieds nickelés qui réitérent le scénario algérien.

omar-mazriLa tragédie algérienne semble non seulement continuer d’inspirer les héritiers de l’interruption du processus électoral remporté par le FIS en Algérie qui ne sont pas pressés de revenir  à la gestion démocratique du pays et à confier au peuple la conduite de ses affaires,  mais elle donne des ailes aux assoiffés de pouvoir des mouvements hétéroclites de gauche et de droite en Égypte qui ne se plient pas au jeu démocratique.

Il ne s’agit pas dans cet article de faire porter encore le chapeau aux Frères Musulmans qui assument une partie de la responsabilité de ce qui arrive.  En ce qui me concerne, j’ai situé le problème des Frères Musulmans sur le plan idéologique c’est-à-dire la mauvaise lecture de l’Islam et de la politique dans l’état des choses. Il était attendu qu’il ne s’empresse pas de s’accaparer le pouvoir  sans impliquer toutes les forces et en particulier les jeunes qui ont mené la « révolution ». Il était attendu de voir les Frères musulmans s’entourer de grosses pointures comme Heykel et tant d’autres pour construire ensemble une feuille de route de transition pour faire face aux crises structurelles et complexes : morales, politiques sociales, institutionnelles, économiques, financières, régionales et ensemble aller vers le redressement de l’Égypte.

J’avais espéré que les élites égyptiennes sortent du piège et du bourbier qui leurs était préparés, mais ils se sont crispés sur des détails ici insignifiants et sur des clivages idéologiques complexes ailleurs. Les Frères Musulmans n’ont pas eu le recul et ma sagesse de voir que ce qui leur a été confiait était empoisonnement et qu’il leur fallait, une fois en leur possession, de neutraliser sa nuisance et s’ouvrir vers le plus grande nombre autour du plus grand dénominateur commun : remettre les institutions en marche, remettre le peuple au travail, remettre les élites en confiance et en débat.

J’ai exprimé mes craintes et j’ai dénoncé les fautes et les erreurs d’empressement aux Frères Musulmans eu égard à leur puissante organisation  et aux craintes réelles ou fabriquées à son égard. Il reste à dire la vérité amère sur l’armée et les forces se prétendant démocrates. Il n’est pas juste de ne pas supporter le mandat du Président alors que son mandat mal ou bien accompli ne va ne pas changer grand-chose eu égard aux catastrophes héritées de l’ancien régime. Les démocrates égyptiens à l’instar des démocrates algériens sont les premiers ennemis de la démocratie  et les pires assoiffés de pouvoir. La haine de l’Islam les pousse à faire des fautes graves. La pire des fautes est de donner un quitus blanc à l’armée qui intervient dans la vie politique et sociale alors que son devoir est d’être à la frontière laissant les civils trouver une solution à leurs différents.

Qui est le coup d’État le plus méprisable : celui des Algériens ou celui des Egyptiens qui rejettent dans un avenir incertain la pratique démocratique et ouvrent la porte à des violences et des haines dont seul Allah connait l’intensité, la portée, les dimensions et les conséquences.

Les Frères Musulmans, appuyés par le peuple et par la légitimité vont-ils se laisser déposséder de leur droit de gouverner.  Une période de transition sous la conduite des pourfendeurs de l’expérience démocratique sera-t-telle menée jusqu’à terme sans violence ? Les perdants lors des élections démocratiques ont-il la légitimité de parler au nom du peuple égyptien ?

Les Frères Musulmans ont commis des erreurs idéologiques, mais leurs adversaires vont commettre des erreurs idéologiques, politiques et morales. La pire des fautes c’est de placer l’armée en arbitre puis en acteur en faveur de la majorité du peuple contre la minorité. On peut rapprocher aux Frères Musulmans  de n’avoir pas coopérer avec la minorité et ce reproche peut être surmonté si un débat serein et responsable s’ouvre où chacun fait des concessions pour sauver l’Égypte et épargner le peuple de la ruine économique et de l’effusion de sang qui se prépare.  Les Égyptiens ne sont pas seuls. L’empire et le sionisme sont les acteurs les plus actifs et les plus dangereux.

Que les Frères Musulmans et leurs sympathisants n’aient pas recours au Jihad pour des affaires mondaines. Qu’il cherche le compromis ou le retrait dans la dignité. Leurs transgresseurs devront rendre compte de la folie qui va conduire l’Egypte à une instabilité.  Les Frères Musulmans doivent  revenir à Allah et faire le Bilan sans passion ni humiliation ni esprit de revanche. C’est maintenant plus que jamais et avant qu’il ne soit trop tard de faire preuve d’humilité, de sens des priorités et d’offrir la compétence de l’Islam à sauvegarder les intérêts suprêmes de la communauté.

Que les perdants apprennent à attendre leur tour et qu’ils se hissent au niveau politique d’opposants : conseiller, dénoncer et participer le cas échéant. Confondre la lutte politique avec la haine contre l’Islam ou le refus de la Charia ne peut trouver écoute auprès des peuples musulsmans. Vous êtes en train de jouer avec les sensibilités religieuses et sur ce terrain souvent les diables sont vivant et bien vivants. Réveillez-vous et faites preuve de probité. Vous avez tout à gagner.

Que les Militaires assument leurs responsabilités : ce sont leurs pratiques despotiques et leur mesure sécuritaire qui ont poussé les gens à vivre dans la clandestine, dans  la haine et dans la confusion politique sur les solutions d’avenir. Il est temps de renforcer le processus démocratique et de veiller à ce qu’il n’y ait pas d’effusion de sang. Il est temps d’engager une réconciliation nationale et de pousser les forces politiques et sociales à collaborer  et à répondre aux attentes des masses plus nombreuses qui n’ont pris position ni pour ni contre les uns et les autres. Elles ne savent toujours pas qui leur apportera le pain, la sécurité et la dignité :

tous les Égyptiens  peuvent et doivent empêcher l’institution d’un coup de force anti constitutionnelle  en acceptant ou en demandant  d’accepter de négocier sans condition ni parti prix  un compromis historique qui leur conserve l’esprit d’initiative pour sauver la paix civile, redynamiser les institutions et proposer une autre feuille de route sur trois volets cruciaux :

La défense et le renforcement de l’État de droit non partisan

Le règlement des problèmes sociaux et économiques

La garantie des libertés individuelles et publiques

Un gouvernement non partisan, d’union nationale et de salut public, sous la présidence du président Morsi devrait  superviser le règlement des affaires courantes (justice, police, sécurité, administration, etc.) et organiser la mise en place des États généraux pour tracer ensemble des programmes ambitieux pour redresser l’Égypte et la conduire dans les délais normaux aux prochaines  élections sans gagnants ni perdants. Ils ont mille et une raisons d’aplanir leurs clivages idéologiques et  de se rassembler sur un minimum démocratique pour sauver tout ce qui peut être sauvé de leur expérience démocratique imparfaite et relancer la machine économique et sociale à régler ce qui peut être réglable afin que l’Égypte ne soit pas mise à feux et à sang au profit du sionisme et de l’Empire.

Vous êtes  à la croisée des chemins : ou bien refondation et nouveau départ ou bien ouverture vers l’inconnu. Vous avez mal démarré votre révolution et si vous ne redressez pas la conduite idéologique, politique, morale  et sociale, vous serez tous du nombre des perdus et des perdants.

Par Allah ne faites pas couler votre sang et n’épuisez pas vos efforts. Le monde arabe est exsangue, sans ressources mentales. Il attend de vous un sursaut de dignité, une prise à corps de vos responsabilités. Ne nous  faites pas honte après que vous nous avez déçus. Restez patients et apprenez à respectez les règles de l’alternance.

 

La fin justifie-t-elle les moyens ?

 

Mylène Sebbah dans « israel-infos » numéro 1251 – 02.07.2013 – 24 Tammuz 5773 – sous le titre « Syrie : il parait que les rebelles n’ont pas de problèmes avec Israël… » dit :

La Brigade des martyrs de Yarmouk, qui opère près de la frontière, fait l’éloge de l’aide médicale apportée par Israël aux réfugiés et… aux combattants.

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Le groupe rebelle syrien opérant dans le Golan, le long de la frontière israélienne dans le Golan le meme groupe responsable de l’enlèvement de casques bleus de l’ONU,assure n’avoir aucun différend avec l’état hébreu.
Son combat l’oppose seulement au président Bachar al-Assad et non à l’Etat juif et qu’il en sera de même, « y compris dans dix ans », selon les propos d’un porte-parole de la milice sunnite, Laeth Horan.

Cela confirme la déclaration qu’avait faite en juin à la radio israélienne un porte-parole anonyme d’un autre groupe rebelle syrien, opérant lui près de la frontière turque, qui affirmait  » espérer la paix et la sécurité avec Israël après la chute du régime Assad  » .,, à condition qu’Israël n’intervienne pas dans leur  » révolution  » .
La Brigade des martyrs de Yarmouk opère dans la région délimitée à l’ouest par la frontière entre Israël et la Syrie, au sud par la frontière jordanie-syrienne, la rivière Yarmouk (d’où il tire son nom) et la ville de Daraa où le soulèvement contre Assad a commencé il y a deux ans.

Laeth Horan, interrogé en arabe par le Times of Israël, va jusqu’à faire l’éloge des efforts accomplis par Israël pour fournir une assistance médicale aux Syriens blessés près de la frontière israélienne dans des affrontements entre les forces rebelles et Assad.
À ce jour, Israël a admis près d’une centaine de Syriens dans ses hôpitaux et l’armée israélienne a mis en place un hôpital de campagne à la frontière pour le traitement des cas relativement mineurs.

Le 6 juin, lors des affrontements entre les rebelles syriens et les forces d’Assad au poste-frontière de Quneitra, Tsahal a soigné vingt combattants rebelles syriens, selon un rapport récemment publié par le Secrétaire général de l’ONU.

Les analystes, cependant, sont divisés quant à savoir si la Brigade des Martyrs de Yarmouk, comme les autres groupes sunnites de l’Armée syrienne libre ont vraiment l’intention d’enterrer la hache de guerre avec Israël.

Le Professeur Moshe Maoz de l’Université hébraïque estime que ces déclarations  » sont sincères  » et que, comme d’autres groupes rebelles, la Brigade des martyrs de Yarmouk pourrait être disposée à un compromis avec Israël après la chute d’Assad.
Il rejette en revanche la menace représentée par les groupes radicaux comme Jabhat al-Nusra notant que  » dans l’ensemble, ce sont des djihadistes étrangers et que leur aspiration à un État pan-islamique incorporant la Syrie n’est  » pas à l’ordre du jour pour la plupart des Syriens « 

L’analyste Aymenn al-Tamimi se montre en revanche plutôt sceptique et met en avant la coopération de la Brigade des martyrs de Yarmouk avec Jabhat al-Nusra, lié lui à Al Qaïda.
Après tout, rappelle-t-il,  » la grande majorité des Syriens arabes en veulent à l’existence même d’Israël donc je ne prendrai pas de tels propos pour argent comptant ; ces déclarations de non-belligérance sont destinées aux occidentaux  » .
Il préfère quant à lui se souvenir que ce groupe a, il y a peu,  » accusé l’ennemi israélien d’actes de provocation et d’agression à partir du Golan occupé contre leur territoire  » .

De son côté, le porte-parole de Tsahal s’est contenté de rappeler de façon laconique que  » la guerre civile syrienne est une question interne, et qu’ Israël n’est pas impliqué dans ce conflit « .

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fin-et-moyens

 

Oumma Wasstà : communauté de rayonnement !

Partie 1 – Wassatiya : communauté de juste milieu ?

Partie 2 – Wasstà : communauté de rayonnement !

 

Le terme coranique Wasstà

Le terme Wasstà est un terme coranique qui pose le clivage entre communautés humaines sur la base de la foi agissante : monothéisme et œuvre de bien d’un côté et culture mécréante et impériale de l’autre. Il ne s’agit pas de la Wassatiya comprise comme juste milieu entre des contradictions ou des confusions.

Nous ne pouvons comprendre le sens véritable de ce mot et tout particulièrement dans son contexte moderne que par le respect de la méthodologie de lecture du Coran en l’occurrence  le Tartil et le Taddabbur. Le Tartil  n’est pas seulement la psalmodie musicale du Coran, mais la lecture attentive et méditative qui prend l’énoncé coranique comme un convoi de sens, un cortège de paraboles, un défilé de récits se suivant les uns les autres et s’auto expliquant. Le Taddabbur c’est de chercher le sens en cherchant à comprendre l’amont de l’énoncé et à découvrir les liaisons de sens permettant de faire sortir le véritable sens qui aurait pu ne pas être apparent si le terme ou l’énoncé était pris comme un isolat lexical ou sémantique . De la même manière qu’on lit une carte en la déployant,  en comparant le relief, en suivant les réseaux, en faisant des agrandissements ou des réductions d’échelles nous lisons l’énoncé coranique comme une topographie permettant de situer le récit et le sens.

Ainsi le terme Wassata :

{Nous avons fait de vous une communauté du « juste milieu »} Al Baqara 143

S’inscrit dans une succession d’énoncés qui font référence à Ibrahim (as) et à sa milla (confession), à la Sibghat Allah (couleur d’Allah) nous permettant ainsi de comprendre que le Wassat signifie l’adoption de l’Islam dans son caractère universel de Dine d’Allah pour l’humanité. Cette succession d’énoncés met en valeur la vocation cardinale du musulman : le témoignage. Cette succession d’énoncés met en exergue le véritable clivage entre monothéisme et polythéisme. Cette succession d’énoncés montre des communautés se réclamant des Prophètes alors qu’elles transgressent la conduite de ces Prophètes. La communauté Wassat est celle qui se conforme à la voix prophétique. Les Prophètes ont appelé à l’adoration d’Allah (swt), à la fédération d’une communauté œuvrant pour la foi et pour le bien. Les Prophètes n’ont pas revendiqué le pouvoir. Les Prophètes et les communautés qui ont bénéficié du pouvoir ne l’ont obtenu que comme un don divin qui vient récompenser les uns devenus héritiers des civilisations anéanties ou qui vient soumettre les autres à l’épreuve de l’existence et de la gouvernance.

Nous pouvons commencer la lecture avant ou à partir de cet énoncé :

{Les Juifs ont dit : « Les Nazaréens ne tiennent sur rien », et les Nazaréens ont dit : « Les Juifs ne tiennent sur rien », et ils récitent le Livre! Ainsi ceux qui ne savent pas disent aussi les mêmes paroles. Mais Allah tranchera alors entre eux, le Jour de la Résurrection, sur ce dont ils divergeaient.} Al Baqarah  113

Puis l’achever après ou juste après  cet énoncé

{Nous vous avons envoyé un Messager de parmi vous, vous réciter Nos Ayats, vous épurer, vous apprendre le Livre et le sens, et vous apprendre ce que vous ne saviez pas, de même, évoquez mon Nom, Je vous garderai; soyez reconnaissants envers Moi et ne mécroyez point. O vous qui êtes devenus croyants , ayez recours à la persévérance et à la prière. Certes, Allah est avec les persévérants.} Al Baqarah  151

Le terme coranique du Wassat appelle donc à l’universel de l’Islam et à la voix immuable des Prophètes alors que le terme qaradhawien de la wassatiya appelle au confinement dans les frontières mentales, sociales et historiques léguées par le colonialisme et par la pensée héritée de la décadence musulmane avec ses déchirements partisans et sectaires. Cet héritage ne parvient toujours pas à se hisser au niveau de l’Islam en se débarrassant de l’esprit d’errance et d’isolement. Cette pensée stérile ne parvient pas à s’inscrire dans un projet de civilisation ou dans une alternative à l’Empire. Et pourtant le Coran fixe le curseur idéologique et les enjeux stratégiques qui nous  permettent de voir les clivages principaux :

{Et ils disent : « Soyez juifs ou nazaréens, vous serez guidés ». Dis : « Bien au contraire : la confession d’Abraham, pur monothéiste, et qui ne fut point du nombre des polythéistes ».

Dites : « Nous sommes devenus croyants en Allah, en ce qui nous a été révélé, et en ce qui a été révélé à Abraham, à  Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, et en ce qui a été révélé à Moïse, à Jésus, et en ce qui a été révélé aux Prophètes par leur Dieu. Nous ne faisons de distinction entre aucun d’entre eux et nous nous remettons à Lui ».

S’ils croient en cela même que vous croyez, ils se sont effectivement bien guidés, et s’ils s’en détournent, c’est qu’ils sont en schisme. Certainement Allah sûrement te Prémunira contre eux, car Il est L’Omniaudient, L’Omniscient.} Al Baqarah 135 à 137

Quelle est notre voie : contre ceux qui ont la même Qibla que nous ou contre ceux qui luttent contre notre foi et qui convoitent nos territoires et nos ressources au détriment de notre existence et de notre dignité ?

{De même, Nous avons fait  de vous une Communauté du centre afin que vous portiez témoignage auprès des hommes, et que le Messager vous soit témoin. Nous n’Avions établi la Qibla vers laquelle tu t’orientais que pour voir qui suit le Messager de celui qui retourne sur ses pas, bien que ce soit une lourde obligation, sauf pour ceux qu’Allah A Guidés. Il n’est pas de mise qu’Il vous Fasse perdre votre Foi : Certes, Allah Est sûrement Compatissant, Miséricordieux, envers les hommes.

Nous te Voyons vraiment chercher du visage dans le ciel. Nous t’Orienterons vers une Qibla qui t’agrée : tourne ton visage vers la Mosquée Sacrée. Et où que vous soyez, tournez vos visages vers sa direction : Certes, ceux à qui le Livre a été Révélé savent bien que c’est la Vérité venue de leur Dieu, et Allah n’Est point Inattentif à ce qu’ils font.

Et même si tu produisais tout miracle, à ceux qui reçurent le Livre, ils ne suivront pas ta Qibla et tu ne suivras pas leur Qibla, ni certains d’entre eux ne suivront la Qibla des autres. Et si jamais tu suis leurs passions, à partir de ce qui t’a été donné de la Science, tu seras sûrement du nombre des injustes.} Al Baqarah 143 à 145

Est-ce-que notre véritable problème ne consiste-t-il  pas à ce que nous soyons devenus des  insensés incapables de savoir que nous sommes atteint d’insenséïsme. Est-il sensé d’être  incapables de discerner nos agresseurs de ceux qui suivent la même Qibla que nous :

{Les insensés d’entre les gens diront : « Qu’est-ce qui les a détournés de leur Qibla vers laquelle  ils s’orientaient ? » Dis : « A Allah appartiennent le levant et le ponant, Il Guide qui Il Veut vers un chemin de rectitude ».} Al Baqara 142

N’est-il pas urgent de chercher le dénominateur commun pour fédérer nos peuples et canaliser nos ressources et nos énergies vers ce qui est le plus efficace et le plus sensé. Allah(swt) accorde le pouvoir à celui qui obéit à Ses ordres et à ceux de son Prophète et qui œuvre pour la cohésion de la communauté et la réforme des mœurs sans viser autre chose que plaire à Allah :

{Leur Prophète leur dit : « Allah vous A Envoyé Saül comme roi ». Ils dirent : « Comment donc peut-il avoir le pouvoir sur nous, alors que nous avons plus de droits que lui au pouvoir, et qu’il n’a même pas l’avantage de la fortune ? Il dit : « Allah l’a élu sur vous et l’a favorisé d’une une étendue de science et de vigueur ». Allah Accorde Son Pouvoir à qui Il Veut.} Al Baqara 247

Le critère islamique n’est pas dans la prétention diabolique à dire je suis mieux que lui donc je mérite sa place, attitude qui ouvre le chemin vers la convoitise et la spoliation des droits d’autrui, mais à agir au mieux en accomplissant son devoir tout en escomptant d’Allah le salut et la récompense. La première chose que le Musulman apprend est la malédiction pour cette  prétention de Satan, créé de feu, à se croire meilleur que Adam (as), créé d’argile puante.

Les textes sont clairs et il appartient aux partisans de la sédition et de la licité  de verser le sang des musulmans pour changer les régimes à n’importe quel prix et puis se trouver dans l’incapacité de gouverner faute d’encadrement et de vision stratégique d’apporter leurs arguments. Je ne suis  ni dans le camp du pouvoir ni dans celui des opposants, je ne fais qu’apporter la détraction à ceux qui parlent au nom de l’Islam et dégager ma responsabilité sur l’effusion de sang qui ne semble pas s’arrêter.

Wastà et l’universel 

Lorsque le musulman lit le Coran et lit le monde, il ne doit pas perdre de vue que les phénomènes physiques, historiques et sociaux à l’instar du texte coranique sont des Signes d’Allah (swt) par lesquels Il manifeste Sa Présence, Sa Justice et Son Ordre. Le long énoncé coranique qui définit, institue et configure le sens et les dimensions de la Oumma wassata est une référence à l’universel dans lequel nous devons nous insérer et nous inspirer si nous voulons que nos pensées et nos actions soient sensées et efficaces :

{Il y a certes dans la création des Cieux et de la terre, dans l’alternance de la nuit et du jour, dans les navires qui voguent sur la mer avec ce qui est profitable aux hommes, dans ce qu’Allah a fait descendre comme eau, du ciel, avec laquelle Il a ranimé la terre après sa mort et y a insufflé de tout être vivant, et dans les effets des vents et les nuages assujettis entre le ciel et la terre, des Signes pour des gens qui raisonnent.} Al Baqara 164

L’universel, la connaissance de ses lois et le devoir de porter l’ultime Message de l’Ultime Prophète à l’humanité plurielle nous obligent à sortir de nos étroitesses de vues et de pensées.

a-  Nous devons garder en vue que jamais Allah ne donnera le pouvoir à celui qui le convoite :

  {Et lorsque Nous avons conclu Alliance avec vous : « Ne répandez pas votre sang, ne vous expulsez pas les uns les autres de vos demeures », vous y avez souscrit en apportant votre témoignage. Puis, voilà que vous vous entre-tuez, vous expulsez un groupe d’entre vous de leurs demeures, vous vous liguez contre eux par la transgression et l’agression; et s’ils vous échoient en captifs, vous les rançonnez, alors qu’il vous est interdit de les expulser. Croirez-vous donc en une partie du Livre et rejetterez-vous en une partie ?} Al Baqara  84 à 86

b-  Je ne peux prétendre connaitre le dessein d’Allah, mais Allah n’accorde le pouvoir, pour qu’il soit exercé à Son Nom, qu’à ceux qui sont préparés à gouverner non en son nom, mais selon ses principes en l’occurrence faire régner l’ordre, la justice, la paix et la cohésion sociale. L’énoncé coranique dans lequel est insérée la communauté Wassat cite des Prophètes qui n’ont ni exercé le pouvoir ni revendiqué le pouvoir. Cet énoncé ne pose pas l’équation humaine ou musulmane en termes de pouvoirs politiques, mais en termes d’universel qui concerne tout le monde et toutes les activités humaines :

 {A chacun une direction vers laquelle il se dirige. Concourez donc en œuvres de bienfaisance} Al Baqara  148

c-  Il ne peut y avoir d’universel, d’humanité ou d’islamité si l’amour mondain est plus fort que l’amour de la vérité  ou si la dévotion à un Cheikh, à un parti ou à une idée est plus intense que l’amour d’Allah :

{Il est parmi les hommes ceux qui adoptent, à l’exclusion d’Allah, des émules qu’ils aiment comme l’amour d’Allah, mais ceux qui croient sont plus ardents dans l’amour d’Allah.} Al Baqara  148

d-  Peut-on raisonnablement croire qu’il suffit de se réclamer de l’Islam et de s’appuyer sur des crédules pour gouverner avec aisance alors que l’époque est celle de la globalisation exigeant une démarche globale et complexe faisant appel à toutes les compétences et à toutes les expériences. L’État confisqué par les maffias arabes s’est entouré de médiocres sur la base du clientélisme et de la cooptation. Les partis dits islamiques, sans expérience de gouvernance,  sans alliés stratégiques  et sans ressources se permettent le luxe insensé de ne pas faire appel aux compétences de la communauté sous prétexte que ces compétences ne partagent pas leur vision ( ?). Nous avons vu que contrairement à la vision aveugle des islamistes, l’énoncé coranique sur la Oumma wassat déroule  l’histoire, sa dynamique et ses conséquences :

{Cette communauté-là a disparu. Elle a ses acquis et vous avez vos acquis; et vous n’aurez pas à répondre de ce qu’ils faisaient.} Al Baqarah 134

{Dites : « Nous sommes devenus croyants en Allah, en ce qui nous a été révélé, et en ce qui a été révélé à Abraham, à  Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, et en ce qui a été révélé à Moïse, à Jésus, et en ce qui a été révélé aux Prophètes par leur Dieu. Nous ne faisons de distinction entre aucun d’entre eux et nous nous remettons à Lui ».} Al Baqarah 136

{Cette Communauté-là a disparu. Elle a ses acquis et vous avez vos acquis, et vous n’aurez pas à répondre de ce qu’ils faisaient.} Al Baqarah 141

e-   Agir et laisser les actes témoigner. Depuis leur arrivée au pouvoir les Frères Musulmans comme les dirigeants du FIS avant leur triomphe électoral ont continué d’escamoter les mesures sociales et économiques leur préférant la rhétorique facile et irresponsable. Le FMI, la dette, l’investissement, le marché, la monnaie, l’économique, les ressources stratégiques, les besoins et les attentes du peuple sont relégués au profit d’un discours partisan. Le Prophète (saws) avait pourtant fait de la subsistance, de l’édification,  du plein emploi, de la scolarité, de l’assainissement urbain et de la libération du marché du monopole financier des Juifs une priorité et un destin qu’il a accompli en peu de temps. L’énoncé coranique sur la Oumma Wassat montre les mesures qui donnent vitalité à cette communauté et à cette « wassatiya » :

{O Hommes ! Mangez de ce qu’il y a sur la terre de licite et de bon, et ne suivez point les pas de Satan : il est pour vous un ennemi évident.} Al Baqarah 168

Au nom d’Allah (swt), de Mohamed (saws) et de l’Islam non seulement les charlatans fuient leurs responsabilités, mais ils continuent de tourner le dos à la réalité amère qu’ils ont fabriquée : les tués sans raison, les orphelins, les invalides, les déscolarisés, les prostitués, les affamés, les sans-logis, les sans-patrie par dizaine de milliers en Syrie. Les Palestiniens en première ligne dans la résistance contre l’Empire et le sionisme sont oubliés et trahis.

Est-ce que c’est ainsi que doit se comporter la Oumma se réclamant du Wassatà

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{Nous avons fait de vous une communauté du « juste milieu »} Al Baqara 143

 

Quel est le sens coranique du Wassat ?

Les énoncés coraniques évidents qui se suivent mettent en exergue le caractère universel de l’Islam dans la succession des Prophètes dans l’humanité,  dans ses valeurs immuables inscrites l’histoire des hommes et dans la confrontation de ses hommes, dans la vocation globale des Musulmans à témoigner de la vérité et de la vertu contre les oppresseurs par amour d’Allah à l’instar d’Ibrahim, de Moïse et du Messie qui ont vécu confrontés à la puissance impériale et à l’idolâtrie.  Mohamed (saws) est l’ultime Prophète, il nous a tracé le chemin : la lutte contre les empires agresseurs. La oumma Wassat est cette continuité historique et civilisationnelle de la vocation de l’Islam qu’Ibrahim a transmis à Mohamed (saws) :

{Et lorsque Abraham élevait les assises de la Maison ainsi qu’Ismaël : « Notre Dieu, Agrée de nous, Tu Es Toi L’Omni-Audient, Le Tout-Scient ; notre Dieu, Fais que nous nous remettions à Toi, et de  notre descendance : un peuple qui Te soit musulman. Montre-nous nos rites, Fais-nous Rémission, Tu Es Toi Le Rémissif, Le Miséricordieux ; notre Dieu, et envoie-leur un Messager d’entre eux, qui leur récite Tes Signes, qui leur apprenne le Livre et le Sens, et qui les épure. Tu es Toi L’Invincible, Le Sage ».} Al Baqarah 127 à 129

Ou bien nous sommes la réponse d’Ibrahim(as), la communauté de réponse à Mohamed (saws), la communauté de continuité des Prophètes, ou bien  nous sommes des insensés. Insensés ou sensés nous ne sommes pas à l’abri de l’épreuve à laquelle est soumise l’humanité pour distinguer le bon du mauvais, le juste de l’injuste, le vertueux du vicieux, l’endurant de l’empressé désespéré :

{Certes, Nous vous éprouvons,  de temps à autre, par la peur, la faim, et la perte dans les biens, les personnes et les récoltes. Mais annonce une bonne nouvelle aux persévérants} Al Baqarah 155

La communauté Wassat est une fratrie de foi vivante. Elle vit et surmonte les épreuves avec une finalité suprême : rencontrer Allah (swt) après avoir accompli son devoir de faire le bien et sa vocation de témoigner. Il s’agit de vivre comme moteur de l’histoire humaine et non comme parasite ou comme marginal ou comme un intrus provoquant corruption, désordre et effusion de sang. Bien entendu l’idée de juste milieu telle que nous la racontent Qaradhawi et les traducteurs du Coran est en deçà du sens coranique.

Suivons les linguistes arabes qui font  la différence entre Wastà et moutawassita

الوسطى #  المتوسطة

Al moustawassita signifie médiane, milieu, moyenne, intermédiaire entre deux entités. Wastà signifie vertueuse, meilleure, excellente au-dessus des autres. Dans le premier cas nous sommes dans un alignement, dans le second cas nous sommes dans une élévation, une aspiration. C’est exactement le sens et le contenu du Coran lorsqu’il qualifie la communauté musulmane de Wasstà. Elle est au-dessus des contingences, des petitesses et des arrangements conjoncturels par sa référence invariable à la Transcendance. Elle est meilleure, elle est élue par la qualité de ses œuvres, la qualité de sa foi, la qualité de son engagement et par sa conformité stricte au sens véhiculé par le terme « Musulman » qui a été porté par tous les Prophètes et tous les Croyants. Toute dérive religieuse, idéologique et culturelle qui met la communauté musulmane dans la même impasse que celle empruntée par les Juifs et les Chrétiens la fait sortir du critère d’évaluation coranique de Wassat ou Wastà :

{Et ils disent : « Soyez juifs ou nazaréens, vous serez guidés ». Dis : « Bien au contraire : la confession d’Abraham, pur monothéiste, et qui ne fut point du nombre des polythéistes ». Dites : « Nous sommes devenus croyants en Allah, en ce qui nous a été révélé, et en ce qui a été révélé à Abraham, à  Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, et en ce qui a été révélé à Moïse, à Jésus, et en ce qui a été révélé aux Prophètes par leur Dieu. Nous ne faisons de distinction entre aucun d’entre eux et nous nous remettons à Lui ». S’ils croient en cela même que vous croyez, ils se sont effectivement bien guidés, et s’ils s’en détournent, c’est qu’ils sont en schisme} Al Baqarah 135 à 137

Sur le plan sémantique et logique on ne peut concevoir que l’énoncé coranique puisse situer la communauté musulmane comme une communauté médiane se situant au milieu d’un schisme religieux, doctrinal ou idéologique à moins qu’elle n’ait perdu ses repères et ses références. Il ne s’agit pas d’un schisme entre Sunnites et Chiites mais d’un schisme sur le credo de la foi, sur la Qibla, sur la vérité ultime du Jugement dernier, sur la vocation des Prophètes.

Sur le plan historique et civilisationnel, on ne peut déboiter l’énoncé et ses références à l’universel de la notion de centre de gravité que doit jouer la communauté de foi dans la guidance de l’humanité, dans la proposition de solutions. En effet le terme Wassat signifie aussi le centre. On dit Wassat al Madina pour désigner le centre-ville même si géographiquement cela n’est pas exact. Il s’agit du centre vital, du centre historique, du centre commercial, du centre urbain, du centre de l’animation, du centre d’attraction, du centre commercial, du centre administratif …

La notion de Wassat est conforme à la nature humaine et à ses quêtes de sens, de liberté, d’amour, de justice, de gloire, d’excellence… En effet, par son choix l’homme peut faire partie d’un mouvement centrifuge qui lui fait chercher son centre de gravité, lui fait trouver ses repères et lui donne cette compétence d’être une force d’attraction qui invite et attire vers lui les bonnes dispositions et les bons comportements ou qui ramène vers lui les conflits et les divergences pour les arbitrer, les aplanir, les régler :

{Il y a cependant, parmi ceux que Nous avons créés, une communauté dont les membres s’attachent à la vérité et jugent avec équité.} Al-A’raf 181

L’islam veut que la communauté de foi soit un pôle de rayonnement spirituel, mais aussi un poids géostratégique qui exerce une influence positive sur le monde et une force de coercition contre le mal et le blâmable :

{Puissiez-vous former une communauté qui prêche le bien, ordonne ce qui est convenable et interdise ce qui est répréhensible. Ce sont ceux qui agissent ainsi qui seront les bienheureux !} Al-’Imrane – 104

{Vous êtes la meilleure communauté qui n’ait jamais été donnée comme exemple aux hommes. En effet, vous recommandez le Bien, vous interdisez le Mal et vous croyez en Allah.} Al-i’Imran – 110.

{Nous avons fait de vous une Communauté du centre afin que vous portiez témoignage auprès des hommes (sur les hommes), et que le Messager vous soit témoin.} Al Baqara 143

Cette communauté n’est pas celle du  « juste milieu », mais celle de ce que la littérature moderne appelle l’avant-garde ou l’élite. Il ne s’agit pas du comportement élitiste ou élitaire du prétentieux et de l’arrogant, mais du don, du sacrifice, de l’offre, du dévouement. Les Prophètes ont ouvert les voies, ils ont surmonté les difficultés, ils ont donné leur vie au service de l’humanité. Bergers, artisans ou gouvernants, ils ont forgé des outils et édifié des communautés. Ils n’ont pas cherché le juste-milieu politicien, le centre tactique. Ils ont été avec ceux qui les ont accompagnés, des forces de répulsion contre le mal et des forces d’attraction du bien. Les mots ne sont pas un gargarisme bavard, mais un canevas d’idées, de comportements et ils doivent être précis et rapportés à leur contexte réel pour ne pas générer de la confusion.

Cette communauté centrale, de rayonnement, de centre de gravité, de foi, de vertu et d’action bienfaitrice ne peut être un électron libre que chacun impulse ou neutralise selon ses intérêts, mais une oumma al wassat, la communauté du centre de gravité qui pèse dans le déroulement de l’histoire. Il ne s’agit pas d’une masse bruyante, mais d’effort consciencieux, assidu et permanent à tous les niveaux et dans toutes les activités.

La notion d’universelle me semble plus pertinente dans une communauté se déployant comme un atome avec son noyau pesant et ses électrons pleins d’énergie gravitant autour sur des couches d’énergies que d’une vision linéaire d’un milieu entre des parties extrêmes. C’est aussi l’image  que nous avons des astres et des galaxies dans le ciel. La balance, elle-même n’est pas obligatoirement une chose linéaire avec un milieu ou une médiane.  Il est évident que la balance est davantage un principe dynamique qu’un instrument chosifié.

La communauté Wasstà ou wassata signifie bien cette force centrifuge qui doit caractériser la communauté musulmane  dans les attractions et les répulsions entre communautés. Elle devrait être le pivot sur lequel s’appuie toute l’humanité pour instaurer la justice et lutter contre l’injustice. Le wassat permet de bien situer la communauté musulmane sur le terrain qu’elle doit investir et sur lequel se fait la démarcation avec les autres communautés et sur lequel se fait la démarcation intellectuelle, politique et sociale en son sein. Ce terrain lorsqu’il est configuré par la foi, l’idée, le comportement, l’histoire et l’acte, il est forcément  celui de la civilisation. Il est particulièrement remarquable de voir la dynamique de l’émergence ou de l’anéantissement des civilisations. La succession des communautés, la succession des Prophètes et le rapport  de ces prophètes avec les civilisations de leur époque invite à voir la question de la communauté wasstà comme un pôle de rayonnement civilisationnel ou comme une alternative à la civilisation en voie de disparition. Il est difficile de voir dans ces références une quelconque crédibilité ou une quelconque validité à ces prétentions confrériques sectaires, du frérisme ou du salafisme,  qui se réclament davantage du maraboutisme politico-religieux et de l’errance socio culturelle que de la démarche. L’expérience vient de confirmer qu’ils ne peuvent pas répondre aux attentes, malgré qu’ils soient dans une posture messianique. Il leur manque non seulement le soutien populaire, mais il leur manque surtout la dimension prophétique qui leur fait voir la vocation de l’Islam et de la communauté centrale.

La symbolique Wasstà dans la Sourate Al Baqarah

Le terme coranique Wasstà se trouve au verset 143 de la sourate Al Baqarah qui comporte 286 versets. Nous ne sommes pas au milieu scriptural de l’énoncé, mais nous sommes au cœur du sens véhiculé par la première sourate du Coran. Cette architecture complexe avec ses signifiants en rhizome exclut la simplification de « juste milieu » qui vide le contenu de la vocation du musulman de toutes ses charges. Nous sommes au cœur du moteur de la foi, nous sommes au cœur du drame humain, nous sommes au cœur des préoccupations du musulman.

La sourate Al Baqara tire son nom de l’immolation d’une génisse dont un des quartiers devient un instrument par lequel Moïse, sur instruction divine, fait  ressusciter un homme assassiné afin qu’il renaisse et dévoile son assassin caché au milieu d’une communauté d’incrédules, de pervers et de transgresseurs. Le sens de la vie et de la mort, la résurrection après la mort, la foi vivifiée par les Prophètes face à la foi pétrifiée par les préjugés, mériter ou démériter l’élection divine selon ce qu’on fait de sa foi et de ce qu’on fait pour sa foi. La sourate al Baqarah construit la foi et l’enracine dans le profond du cœur pour devenir le moteur, le critère, la finalité de l’existence du croyant. La foi est le cœur de l’homme. La vertu est le cœur de la cité humaine. Le savant et les appareils religieux et politiques lorsqu’ils transgressent l’esprit et la lettre de l’enseignement véhiculés par la sourate Al Baqarah, ils deviennent des symboles de discorde et de confusion.

Procédons à une brève analyse lexicale des verbes Baqara et Abqara

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La sourate Al Baqara tire son nom du verbe arabe « BAQARA ». Il  signifie « creuser la terre et y  fouiller profondément et méticuleusement  ». Il signifie aussi immoler un animal et examiner ses entrailles comme le fait un chirurgien vétérinaire. Il s’agit de disséquer un corps et de chercher dans ses entrailles pour faire sortir à l’extérieur tout ce qui est dedans et ensuite l’exposer à la lumière du jour. Les Arabes désignent le savant de « Baqer » car « baqara al ‘Ilm » signifie se consacrer à la science d’une chose par la recherche minutieuse de ses signes, la quête de ses sources et la mise en évidence des faits, des lois et de leurs interactions. Encore une fois il s’agit de références au témoignage avisé et impartial qui ne doit  rien cacher ni rien ménager de l’effort à entreprendre pour puiser au fond des choses, des phénomènes, des problèmes, de l’histoire. Il est attendu de l’homme de foi la vigilance et l’examen attentif, afin d’extirper le mal à sa racine et de mettre en évidence la vérité même si elle est cachée au fond des fonds. Les démarches superficielles et intempestives compliquent l’accès à la vérité par leur capacité réductrice et simpliste des phénomènes ou par l’introduction de biais cognitifs ou de confusion sentimentale ou idéologique.

L’analyse lexicale nous met face à un autre signifiant qui ne contredit pas les sens de la sourate Al Baqara, mais vient les renforcer :

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Baqara signifie aussi s’exiler. La sourate Al Baqarah met en évidence toutes les idées, tous les comportements et tous les faits des Bani Israël présentés comme un spécimen réduit de l’humanité. Il nous invite à prendre pour modèle la vertu des Prophètes, et il nous ordonne de nous détourner des insensés, des pervers et des manipulateurs de la religion qui faisaient légion dans les Gens du Livre et en particulier chez les Descendants d’Israël et chez les Juifs. Il ne s’agit pas de chercher un hypothétique et improbable juste milieu entre des extrêmes et des transgressions, mais de chercher l’alternative quitte à s’exiler. Affronter idéologiquement et militairement le bloc représentant, dans les temps modernes,  le comportement dénoncé par le Coran à travers Bani Israël, exige un travail de reconnaissance, d’identification, d’analyse minutieuse. La rhétorique discursive ne suffit pas.  L’opinion personnelle qui se passe du Coran ou qui lui donne une autre lecture n’apporte que confusion dans le projet de renaissance de la communauté Wasstà.

Dans mes recherches je suis tombé sur une explication qui mérite le respect. Le frère palestinien Salah Eddine Ibn Ibrahim Abou Arafa fait le rapprochement entre Baqara (ou Aqbara) et Qabara (ou Aqbara) qui consiste à enterrer, à mettre sous tombe. Il s’agit donc de déterrer, de redonner vie, de faire resurgir ce qui a été enfouie, de redonner existence à a été occulté. Nous sommes dans le cœur de la Sourate al Baqara : redonner vie à la vérité, ressusciter la foi oubliée,  faire émerger de la torpeur de  l’humanité une communauté de vertu, dynamique et vivifiante.

En examinant toutes ces définitions et en les comparant au sens lexical, sémantique et symbolique, il me semble que le cœur du message coranique se focalise sur le verbe Baqara dans son rapport intrinsèque au témoignage que doit porter la communauté de foi aux autres communautés.  Les Bani Israël ont perdu l’excellence lorsque ils ont perdu le sens du témoignage. Le témoignage est vidé de sa valeur, de son contenu, de son impartialité et de son efficacité lorsque le témoin et le communicant perdent le sens de la vérité au profit de la confusion, de l’amalgame et de l’esprit partisan. Le témoin ne peut être écouté ou entendu s’il vit en marge de l’existence :

{Ne confondez pas le Vrai avec le faux, et ne taisez pas la Vérité alors que vous savez.} Al Baqarah 42

Bien entendu, je n’ai pas épuisé et je ne pourrais pas épuiser toutes les possibilités que permet la langue arabe. Bien entendu ma lecture reste imparfaite et limitée. Je peux me tromper. Je prends le risque de me tromper au lieu de garder le silence, car il y a une vocation que le Prophète (saws) a tracé et que nous semblons ignorer malgré que nous nous gargarisons de versets et de hadiths.

L’évidence de l’énoncé coranique

{ سَيَقُولُ ٱلسُّفَهَآءُ مِنَ ٱلنَّاسِ مَا وَلَّٰهُمْ عَن قِبْلَتِهِمُ ٱلَّتِي كَانُواْ عَلَيْهَا قُل للَّهِ ٱلْمَشْرِقُ وَٱلْمَغْرِبُ يَهْدِي مَن يَشَآءُ إِلَىٰ صِرَاطٍ مُّسْتَقِيمٍ }

{ وَكَذَلِكَ جَعَلْنَاكُمْ أُمَّةً وَسَطاً لِّتَكُونُواْ شُهَدَآءَ عَلَى ٱلنَّاسِ وَيَكُونَ ٱلرَّسُولُ عَلَيْكُمْ شَهِيداً وَمَا جَعَلْنَا ٱلْقِبْلَةَ ٱلَّتِي كُنتَ عَلَيْهَآ إِلاَّ لِنَعْلَمَ مَن يَتَّبِعُ ٱلرَّسُولَ مِمَّن يَنقَلِبُ عَلَىٰ عَقِبَيْهِ وَإِن كَانَتْ لَكَبِيرَةً إِلاَّ عَلَى ٱلَّذِينَ هَدَى ٱللَّهُ وَمَا كَانَ ٱللَّهُ لِيُضِيعَ إِيمَانَكُمْ إِنَّ ٱللَّهَ بِٱلنَّاسِ لَرَءُوفٌ رَّحِيمٌ }

{Les insensés d’entre les hommes disent :  » Qu’est-ce donc qui les a détournés de la Qibla vers laquelle ils se tournaient auparavant ?  » Dis :  » Le Ponant et le Levant appartiennent à Dieu ; Il guide qui Il veut dans une voie droite. Ainsi, Nous avons fait de vous une Communauté du juste milieu pour que vous soyez témoins envers les hommes et pour que le Prophète soit un témoin envers vous. Nous n’avions établi la Qibla vers laquelle tu te tournais que pour distinguer celui qui suit l’Envoyé de celui qui tourne les talons. Cela [le changement de Qibla] a été une épreuve pénible, sauf pour ceux que Dieu a guidés ; car ce n’est pas Dieu qui rendra vaine votre foi ! Dieu, en vérité, est compatissant et clément envers les hommes.« } Al Baqara 142

L’Orient et l’Occident, le Ponant et le Levant, dans une Terre ronde et mobile, ne sont pas des extrémités spatiales dont il faut chercher le centre médian. Ils sont des Ayat qui témoignent de la Présence, de la  Grandeur et de la Puissance d’Allah que les insensés ne voient pas. La communauté wassatà ne se situe pas par rapport à des axes géographiques ou par rapport à des étendues  territoriales ou par rapport à des références temporelles, mais dans son ancrage par la foi et par la raison à ce que les insensés ne comprennent pas : la Qibla. Cette Qibla n’est pas un lieu géographique, mais une histoire permanente depuis l’apparition de l’homme sur terre et qu’Abraham a restauré : la lutte entre le monothéisme et l’idolâtrie dans leurs formes et leurs contenus religieux, sociaux, culturels…  Nul ne peut témoigner aux hommes s’il n’occupe pas une position centrale, une posture dominante, un rôle rayonnant sur le plan spirituel, moral et civilisationnel. Accomplir sa vocation de témoignage et jouer son rôle d’avant garde pour l’humanité  éprouvant, tragiquement éprouvant lorsque les insensés tournent en dérision les sensés.

Conclusion

Le sujet n’est pas épuisé. Louange à Allah qui m’a permis de suivre quelques pistes et de les soumettre pour étude à ma communauté. Bien entendu les erreurs et les fautes dans ce texte sont imputables à moi-même.

Partie 1 – Wassatiya : communauté de juste milieu ?

Partie 2 – Wasstà : communauté de rayonnement !

Wassatiya : communauté du juste milieu ?

Partie 1 – Wassatiya : communauté du juste milieu ?
Partie 2 – Wasstà : communauté de rayonnement !

Dégage Morsi !

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La manifestation  contre le président Morsi, élu démocratiquement, demande son départ. Tous les Arabes sont unanimes pour rejeter leurs gouvernants, mais les élites religieuses n’ont pas la même démarche selon qu’il s’agit de Bachar Al Assad ou de Morsi.

Avant de nous attaquer aux élites religieuses, il nous faut lever un doute sur la capacité de nuisance des forces anti islamiques que les Frères Musulmans n’ont pas évalué à sa juste importance. Ils ont oublié Saïd Saâdi et Khalida Messaoudi promettant à Abassi Madani de ne pas le laisser parvenir au pouvoir. Tous ils font la même faute : sous-estimer leur adversaire et rester confinés dans la démagogie et le clan. Hier, comme aujourd’hui nous sommes face à la même donne. Les islamistes provoquent les césures au lieu de fédérer. Les laïcs et les nationalistes qui accusent les islamistes de ne pas savoir gouverner oubliant qu’ils étaient impliqués, de près ou de loin, dans la gouvernance des despotes et qu’ils ont participé à la paupérisation du peuple et que leurs appels gauchistes ou libéraux ne font que creuser le fossé idéologique. Mohamed Baradai le destructeur de l’Irak et Amr Moussa le destructeur de la ligue arabe ne sont pas qualifiés pour donner des leçons politiques  leurs adversaires. Il ne faut donc se faire aucune illusion sur les enjeux réels ni sur l’issue. Mais il faut de la lucidité et aller au delà de ces épiphénomènes.

Dans mon livre « Les Dix Commandements US et le dilemme arabe », j’ai montré l’impasse de la révolution égyptienne et les contradictions sociales et politiques qui vont conduire l’Égypte à une instabilité structurelle. Je reviendrais, au cours de la semaine, inchaallah,  sur mon analyse et les anticipations de 2011 à qui le temps a donné crédit et validité.

Les Frères Musulmans comme tous les opposants aux régimes despotiques ne sont pas tenus à disposer, à priori, d’une excellence dans la gestion et dans l’administration du fait qu’ils étaient exclus du champ politique. Ils étaient tenus à rester sains et probes sur le plan intellectuel. L’expérience de gouvernance se construit, pour réussir, sur l’analyse objective et impartiale de l’État des lieux et sur la mobilisation de toutes les compétences sans préjugés idéologiques. Les Frères musulmans, comme attendu, se sont isolés dans leur esprit partisan et ont fait le jeu américain en confisquant la révolution égyptienne au lieu de participer à la définition des équations stratégiques et du mode de leur résolution sur le plan national, régional et international. La culture maraboutique de la confrérie et le fonctionnariat de l’université d’Al Azhar n’ont pas favorisé l’émergence d’une élite musulmane qui sait prendre l’initiative historique et élaborer des ingénieries. Il nous manque la démarche scientifique. La démarche scientifique ne part d’aucun présupposé et ne s’enferme dans aucun carcan. Elle définit des hypothèses de travail, un protocole de recherche, évalue, expérimente selon des critères objectifs et selon un traitement des données les plus fiables et les plus efficaces. La Boulitique n’est pas scientifique, elle est maraboutique. Souvent les potions magiques qu’elle concocte sont pires que le remède. L’Islam n’est pas en cause, bien au contraire il est la « victime ».

Pour l’instant, l’armée égyptienne semble tirer leçons du désastre algérien et manœuvre les divergences doctrinales et politiques. Ces manœuvres ont commencé avant la chute de Moubarak. Les temps à venir vont montrer qu’il faut plus qu’un gouvernail et un bon manœuvrier pour tenir longtemps dans la tempête. Il faut une carte, un cap, une boussole et une vigie. Pour l’instant carte, cap, boussole et vigie sont la propriété de l’Empire. De temps en temps il nous livre quelques vieilles fausses cartes, quelques boussoles détraquées et quelques caps chimériques…

Les éradicateurs crient à l’échec de l’Islam politique alors que  l’Islam dans sa vocation sociale, politique, économique ne s’est pas encore exprimée faute de représentants crédibles.

Questions légitimes

Au moment où la gouvernance des Frères Musulmans soulève une tempête générale, je tente d’apporter un éclairage sur la Wassatiya, sur sa gouvernance et ses biais conceptuels sans lesquels jamais leurs opposants laïcs et nationalistes ne se seraient engouffrés. Il est de tradition, depuis des siècles maintenant, de voir les efforts et les espoirs des musulmans dilapidés et détournés par ceux-là mêmes qui veulent parler en leur nom et au nom de leur religion pour des raisons que je vais tenter d’expliciter au-delà de :

  • la fâcheuse habitude de ne pas tirer les leçons du passé,
  • la manie de  ne pas lire les rapports dialectiques et d’agir en conséquence par la prévision, l’anticipation et la coopération,
  • la confusion entre les principes coraniques immuables et les opinions personnelles érigées en règle valide et infaillible.

L’origine de nos problèmes ne peut être confinée au clivage islamiste non islamiste ni au seul refus des laïcs et des nationalistes de jouer le jeu de la démocratie lorsque les résultats ne sont pas en leur faveur.  Nous resterons otage de notre piège tant que nous ne reviendrons à la pratique de la vertu cardinale des compagnons du Messager d’Allah (saws) : l’auto critique,  l’examen de conscience, le sens des responsabilités…

C’est ce que le Coran nous commande de faire dans les moments difficiles :

{Quand un malheur vous frappe, quoique vous ayez infligé le double aux ennemis, vous dites : « Comment cela ? » Dis : « Cela vient de vous-mêmes ».} Al ‘Imrane 165

Souvent les moments difficiles proviennent d’une erreur d’appréciation dans un lointain ou proche passé. C’est le cas de la lecture partisane du Coran comme pour cet énoncé :

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{Nous avons fait de vous une communauté du « juste milieu »} Al Baqara 143

 

Qaradhawi  et la WASATIYA

Qaradhawi  avait depuis longtemps délibérément détourné  l’énoncé coranique pour en faire, à travers son appel à la WASATIYA,  l’apologie du courant des Frères musulmans et pousser les musulmans à  s’en réclamer. Il s’est présenté  comme l’emblème de la Wassatiya qui voulait faire croire qu’elle était le juste milieu entre factions musulmanes. Dans les faits, la Wassatiya était la version frériste  de la Firqa nàjiya, la faction sauvée, des courants salafistes et la culture du Zaïm et du Morchid sunnite face au Waliy Faqih du chiisme. En vérité Qaradhawi a représenté un courant idéologique se réclamant de la Wassatiya comme monopole de la pensée et de l’activisme islamique. Nous n’étions pas dans la seule contradiction et le seul égarement près, mais il était attendu d’un savantissime qui parle au nom des Musulmans ou du moins au nom des « sunnites » de se démarquer de tout esprit partisan, démagogique et paternaliste pour se consacrer à résoudre les problèmes de fond du monde musulman avec sérénité, lucidité et responsabilité.

Au lieu de cela il a eu recours à la  Safsata (la casuistique religieuse et le sophisme bavard) qui consiste à convaincre en recourant soit à des arguments fallacieux soit à des images construites sur des représentations de la réalité sans référence à la vérité. Il a agi comme un vulgaire brocanteur en manipulant les préjugés que les Musulmans ont les uns sur les autres et les uns contre les autres. Il a accepté de se faire porter par les dissensions internes au lieu de les gommer ou de les atténuer.

 

Wilaya du Faqih ou Wilaya du Morchid ?

Autant les « purs sunnites » sont unanimes  pour condamner les chiites et prêts à partir en guerre contre le Hezbollah et l’Iran autant ils sont dans la cécité totale ne voyant pas la gouvernance confrérique du Morchid des Ikhwane. Leur aveuglement ne leur permet pas de voir les progrès réalisés par la République islamique d’Iran en termes de pensée économique, politique et scientifique, en termes de réalisations technologiques et en termes de pratiques démocratiques malgré l’embargo et la menace d’une guerre nucléaire. Leur aveuglement ne leur permet pas de voir les trahisons arabes envers la Palestine.

Le pire c’est qu’ils veulent s’imposer comme une nouvelle Qibla en contradiction avec le dessein coranique :

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{C’est Lui (Allah) qui vous a nommé musulmans afin que le Prophète soit témoin auprès de (sur) vous et que vous soyez témoins auprès des (sur les ) hommes } Al Hajj 78

Notre titre de musulman nous confère une vocation et une mission. Nous remettre totalement et en toute confiance à Allah (swt) et nous consacrer par notre comportement, notre parole et nos actes à témoigner de la vérité du Coran. Il n’est ni logique ni bienséant envers Allah (swt) de faire de la surenchère entre nous et de nous diviser en se faisant appeler salafi, ikhawani, sunni, soufi, chi’i, maliki, hanbali, wassati… Il n’est pas normal d’adopter des postures et des discours qui favorisent la démarcation idéologique et religieuse propice au détournement du devoir de témoigner aux autres.

 

La Jama’â

La communauté musulmane est l’ensemble des citoyens du monde partageant les mêmes croyances, les mêmes valeurs et les mêmes conduites du moins sur le rapport à l’existence et à l’unicité de Dieu, à la circoncision, au halal, à la vérité de Mohamed(saws) et du Jugement dernier. Abstraction faite des degrés de la foi et de la spiritualité de ses membres, le monde musulman partage en commun l’Islam comme référence historique, sociale et civilisationnelle.  Dans les moments difficiles, la sauvegarde de la communauté est un impératif religieux et existentiel. Il ne devrait pas y avoir place aux idées, aux discours et aux démarches qui mettent en péril l’existence sociale, économique ou territoriale de la communauté et qui la disperse ou exalte ses contradictions au lieu de la fédérer autour de valeurs communes, de partage d’intérêts, d’interactions sociales, culturelles et économiques et du vouloir vivre ensemble en paix et dans le respect mutuel. L’idée de la confrérie politico-religieuse ou de la faction sauvée est dangereuse tant pour l’unité du corps social que pour le cap que doivent se fixer les élites pour gouverner, témoigner, éduquer, édifier, fédérer…

L’épreuve du temps a montré que la Wassatiya des Frères Musulmans est en contradiction avec le principe de fédération et d’unité.  Le temps a montré que ses inspirateurs et ses partisans se sont fondés sur des préjugés.   Le plus grand préjugé est de se croire l’élite et de se voir le meilleur puis d’en faire une argumentation voire une référence sans donner des clés ou des instruments d’analyses pour que l’auditoire puisse en toute logique et en toute vérité et en toute responsabilité évaluer et choisir.

Le préjugé entretenu par la manipulation idéologique et religieuse joue sur le pouvoir évocateur des mots sans dérouler les présupposés et les conséquences religieuses, idéologiques et politiques de ses prétentions lorsque celles-ci ont la « chance » d’être entendues, colportées  et suivies par un grand nombre.  Al Qaradhawi et les Frères Musulmans ont cultivé l’esprit partisan et ont développé une rhétorique qui donne aux objectifs de la confrérie suprématie sur la communauté,  aux intérêts du parti préséance sur ceux de l’Etat, et à la doctrine d’une école de pensée et de militantisme prisme déformant les impératifs historiques et géopolitiques. Ce comportement n’est pas spécifique aux Frères Musulmans, c’est le comportement logique de tout mouvement religieux ou non religieux qui vit dans la clandestinité, l’élitisme et le zaïmisme (la dévotion au chef).

La règle coranique à laquelle ont failli les élites musulmanes nationalistes, salafistes ou frériste est évidente pour celui qui refuse l’enfermement idéologique et le confinement partisan :

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{Certes, celle-ci est votre Communauté, une Communauté unie, et Moi Je Suis votre Dieu, adorez-Moi.} Al Anbiya 92

Nous n’avons pas à imposer un point de vue idéologique ou politique qui conduit à la fragmentation de la communauté. Le devoir est de  fédérer la communauté  quitte à supporter les divergences qui sont en son sein et agir avec intelligence et patience sur les conditions objectives et mobiliser les possibilités réelles dans un cadre transparent et ouvert. Le musulman peut et doit faire de la politique comprise comme recherche du bien public et de l’intérêt général, comme devoir de bon conseil et comme mise en application de la commanderie du bien et de l’interdiction du mal si et seulement si son action est épurée de tout esprit sectaire et partisan. Notre militantisme devrait avoir une double visée : chercher l’agrément d’Allah (swt) et la dignité morale, sociale, intellectuelle et économique de l’humain, du citoyen, du croyant sans exclusion ni exclusive. L’esprit partisan et sectaire ne peut se libérer des limites du parti ou de la secte pour se hisser au niveau de l’État impersonnel et impartial.

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{Certes, celle-ci est votre Communauté, une Communauté unie, et Moi Je Suis votre Dieu, prenez-garde à Moi.} Al Mouminoun 52

Demeurer vigilant à l’égard d’Allah (swt) ne peut  tolérer la transgression ni donner légitimité à l’effusion de sang, à la violence, à l’anathème contre les musulmans et à l’approfondissement des clivages confessionnels, idéologiques et politiques. S’inscrire  dans la voie des Anbiyas (les Prophètes) et faire partie de la communauté des Mouminoun (les croyants) consiste à se remettre à Allah(swt) en toute chose, à arbitrer avec  justice et équité, à faire partie de la Jama’â par le bon conseil et la force de proposition du bien.

L’hégémonie de l’Islam à laquelle invite le Coran ne signifie pas l’imposition par la force, mais par le vouloir-vivre ensemble et par les garanties de paix, de sécurité, de prospérité et de liberté qu’apporte l’Islam.  Les fondamentaux de l’harmonie des diversités dans le respect de l’intérêt général sont la justice et la cohésion sociale. La justice est l’arbitrage impartial pour juguler toute transgression et cimenter le corps social :

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{Et Nous t’avons révélé le Livre en toute vérité, corroborant ce qui le précéda comme Livre, et le contrôlant. Juge donc entre eux d’après ce qu’Allah a révélé. Ne suis pas leurs passions au lieu de ce que tu as reçu de la Vérité. A chacun d’entre vous Nous avons fait une Loi et une Méthode. Si Allah le voulait, Il vous aurait fait une seule communauté, mais c’est pour vous éprouver en ce qu’Il vous a donné. Concourez donc en œuvres de bienfaisance. Vers Allah sera votre retour en totalité. Il vous Informera alors sur ce dont vous divergiez.} Al Maidah 48

Ce sont ces rapports sociaux que le Musulman doit construire sur son territoire faisant collaborer toutes les forces, toutes les diversités. Si l’unité religieuse ne peut être obtenue pour réaliser la  fratrie de foi monothéiste, elle peut se contenter de son substitut qui est la communauté du vivre ensemble. Intervenir, au nom de la Wassatiya, pour cultiver la haine, la divergence et l’hégémonie d’un groupe sur un autre n’est ni l’esprit du Coran ni la pratique du Prophète (saws). Le Prophète (saws) a cohabité avec les Juifs et les Chrétiens qui ont refusé de se convertir à l’Islam. Sa mission consistait à transmettre le Message. Son droit consistait à se défendre par la force des armes contre ceux qui l’ont agressé par les armes.

La loi de la dialectique dans l’univers, dans l’histoire et la société exige qu’il y ait des répulsions et des attractions pour que s’accomplisse le mouvement logique des choses et des mondes vers leur devenir. C’est ainsi et pas autrement. Imposer un immobilisme ou une pensée unique, c’est provoquer fatalement un détournement des énergies qui vont se libérer de la manière la plus entropique avant de reprendre le cours normal du mouvement dans lequel chaque corps est inscrit par sa nature et par sa vocation dans un ensemble qui le dépasse. Allah(swt) nous demande de chercher la cohésion, l’harmonie et la fédération pour nous inscrire dans l’universel de Son Ordre. Faire valoir un particularisme ou imposer une hégémonie qui éradique une autre façon d’être n’est pas le « juste milieu ».

 

La machine de guerre contre les musulmans

Est-ce que les brigands qui profanent le nom d’Allah(swt) en commettant leurs crimes sont le modèle de la Wassatiya, l’exemple du changement pacifique et de la voie du juste milieu qui guide vers le modèle prophétique ? Non et mille fois non ! Il n’y a de changement possible que par les moyens légaux et licites qu’Allah (swt) et Son Prophète ont indiqués.  Allah Tayeb (Bon, Beau et Juste) Il n’accepte que le bon, le beau et le juste  dans les actes et les intentions. Toute intention aussi noble soit-elle dans sa  déclaration n’a aucune chance d’être agréé si les moyens qu’elle emprunte sont illicites, laids et hasardeux.

Est-ce que la Wassatiya consiste à devenir une nouvelle religion qui provoque des guerres de religion entre les Musulmans. Est-ce que le dessein d’Allah de créer les hommes différents est absurde ? Est-ce notre vocation de musulman est de contraindre les autres ?

wassatiya2

Le Coran nous dit que la vocation humaine est de se fédérer sur des valeurs, des principes et un partage de la foi et des avantages à vivre ensemble en société

{Les hommes étaient une seule communauté.} Al Baqara 213

Cet énoncé court évoque la sécurité, la paix et la prospérité que procure la vie sociale en fratrie de foi ou en fratrie humaine. Ensuite, le Coran introduit une ellipse pour faire ressortir le drame humain qui se réalise lorsque la société entre en divergences religieuses et idéologiques et la rapidité de la décomposition sociale lorsque la communauté perd les valeurs qui la fédèrent. La fédération exige le recours à une « méta référence », à quelque chose de sacré qui transcende les différences et les opinions :

{Alors Allah envoya les Prophètes annonciateurs et avertisseurs, et révéla avec eux le Livre, en vérité, pour qu’il juge parmi les hommes sur ce dont ils ont divergé.} Al Baqara 213

Les Prophètes et leur Livre ne sont ni opinion ni confrérie ni esprit partisan, mais vérité qui transcende les sectarismes et les intérêts mondains. L’esprit et la démarche prophétique exigent l’effort de fédération. Ils ne peuvent tolérer la culture des dissensions, ni celle de la revanche, ni celle de l’atomisation. Dans la règle générale, les innovateurs et les fabricants d’idoles et de clans ne sont pas les gens du peuple, mais les savants religieux et les intellectuels qui ont le pouvoir des mots et de la fascination sur les masses crédules. La crise sociale et politique prend naissance ou s’aggrave jusqu’à l’éclatement et la disparition de ce qui fait le ciment fédérateur lorsque le religieux et l’idéologique sont instrumentalisés par les opinions, les intérêts mondains, le culte de la personnalité, le sectarisme et l’esprit partisan. Ces tares transgressent l’unicité de référence religieuse et idéologique  et transgressent l’unicité de la communauté :

{Et n’y divergea, par transgression  entre eux, que ceux qui le reçurent, après que leur vinrent les évidences.} Al Baqara 213

Qaradhawi avait le droit de militer pour son parti à condition de le faire sans duplicité, ni fardage, ni incitation au sectarisme, ni provocation de l’effusion de sang. Il avait les compétences religieuses pour lire le Coran et la Sunna et expliquer aux gens du commun ce qui est évident et ce qui fédère. Le moutachabih, l’équivoque, le probable ne peuvent et ne doivent être portés au public. S’il était plus intelligent et plus indépendant, il serait parvenu à la conclusion que l’époque nouvelle est celle du règne inéluctable des Frères Musulmans. Il ne s’agit surtout pas de contrarier le mouvement naturel des choses en s’alliant à l’OTAN ou en s’embarquant dans des guerres civiles.

Tout observateur impartial du monde arabe sait que la faillite du système de gouvernance actuelle du monde arabe dans sa version nationaliste et laïque est consommée et qu’il n’existe aucune alternative crédible qui va s’opposer au courant des Frères Musulmans. Tout observateur impartial sait que l’esprit confrérique dominant chez les Frères Musulmans et les Salafistes va les conduire à l’impasse idéologique, politique, sociale et économique. Ils peuvent faire des alliances tactiques et conjoncturelles,  mais ils ne peuvent cohabiter sur le plan stratégique, car ils ne s’entendent pas sur le contenu de la Wassatiya et ses implications en termes de gouvernance. Le mouvement islamique n’a pas la maturité  idéologique pour construire un curseur idéologique qui fédère non seulement les mouvements islamiques, mais rassemble toutes les forces dans un front d’édification sociale et économique et de résistance contre l’Empire.

Qaradhawi aurait dû avoir l’intelligence  de voir loin et de haut les équations sociales, politiques, idéologiques et poser la Wassatiya comme méthode de règlement des problèmes politiques, de fédération des efforts socio-économiques et d’élan civilisateur pour impulser une alternative au  monde de prédation.  Au lieu de cela il a ouvert la Fitna sur le monde arabe.

Autant les Frères musulmans et les Salafistes monarchistes sont focalisés sur la destruction de l’État syrien au nom d’une certaine idée de l’Islam (idée fausse) autant ils ne voient pas comment un président frériste issu d’un scrutin démocratique est en train à la fois de liquider l’expérience démocratique et de liquider définitivement le rôle géostratégique de l’Égypte. La map de Google nous donne au premier coup d’œil les principaux enjeux de l’Égypte que Morsi et les savants pieds nickelés occultent en se précipitant à rompre les relations diplomatiques avec la Syrie et en ouvrant les portes  du Jihad contre les Syriens.

Ce qui est halal pour les opposants syriens est-il halal pour le peuple égyptien ? Si Bachar Al Assad aurait du partir pour éviter la Fitna pourquoi Morsi ne part pas lui aussi. Les logiques fallacieuses se trouvent prises au piège de leur propre rhétorique. Les savants de la Fitna ne semblent pas vivre sur la même planète que nous ou sur le même espace temps. 

 

La gouvernance  sous le slogan de la Wassatiya.

Le « juste milieu » n’a pas conduit la « révolution égyptienne » mais il en a tiré tous les profits politiciens. La « ligne médiane » qui gouverne l’Égypte au nom de l’Islam et de la démocratie ne voit ni les extrêmes, ni le centre de gravité, ni les paramètres géostratégiques de sa gouvernance. L’empire avait besoin d’une « trêve » avec l’Islam pour liquider la question palestinienne et reconfigurer le monde qui semble échapper de plus en plus au capitalisme occidental et se diriger vers un nouveau centre de gravité politique, économique, technologique, militaire et financier : l’accord de Shanghai  entre Russes et Chinois impliquant deux puissances musulmanes en termes de potentiels économiques, militaires et humains : le Pakistan et l’Iran. La force d’attraction de cet axe est telle que dans vingt à trente ans tout le monde musulman sera partie prenante dans cet axe contre l’axe impérialiste. Malek Bennabi et Garaudy ont développé longuement cette question que les données actuelles confirment. Le juste milieu est de s’intégrer dans cet axe en attendant qu’il y ait suffisamment de forces pour créer une troisième force celle du monde musulman. La bêtise est de ne pas voir l’Empire et le sionisme dans le cours de l’histoire du monde musulman. La catastrophe est de ne pas voir la compétence de l’Empire qui investit sur des mouvements islamiques incompétents sachant qu’ils vont réaliser trois objectifs stratégiques : se déchirer et permettre au sionisme de liquider la cause palestinienne, se déchirer et permettre au monde arabe de se disloquer et se retrouver sans territoires et sans armées face à Israël, se déchirer et dévoiler au monde musulman l’incapacité des élites musulmanes à gouverner.

Cheikh Google va nous montrer la position stratégique de l’Égypte et les jeux de l’Empire :

EGYPTE

L’Égypte est non seulement au cœur du monde arabe, mais elle est la charnière entre l’Afrique et l’Asie, entre le Machreq  et le Maghreb. Se mettre en position de pion avancé contre la Syrie c’est fatalement détruire cette posture de charnière géostratégique.

Se mettre en position de pion avancé contre la Syrie c’est accomplir la césure que l’Empire a déjà accomplie dans nos mentalités, nos économies, nos politiques et nos territoires. L’Égypte et l’Algérie avec l’Iran peuvent remodifier tous les rapports de force et mobiliser toutes les ressources pour constituer de fait un partenariat musulman avec le reste du monde ou une force qui vient se positionner à côté de l’accord de Shangai. La pensée des Frères Musulmans n’est pas dans ce positionnement géostratégique. Elle n’a pas de vision claire sur la Oumma ni sur la vocation de l’Islam. C’est une confrérie remplie de slogans et de bavardage sans plus.

Se mettre en position de pion avancé contre la Syrie c’est de fragiliser davantage sur le plan militaire. L’Égypte des Frères Musulmans comme celle de Moubarak oublie les dangers qui la guettent : face à elle il y a la Turquie de l’OTAN. À côté d’elle il y a la Libye instable. Derrière elle il y a l’Éthiopie et le Nil sous l’emprise d’Israël. Au sud, il y a l’Afrique avec ses guerres larvées entre musulmans et Chrétien, cette Afrique est convoitée pour son pétrole et son uranium. L’allié historique, le Soudan, est partitionné par l’Empire…   La Jordanie est visée pour devenir une confédération palestinienne pour régler définitivement la question palestinienne vidée de son peuple et de son territoire historique. Bien entendu Israël avec sa nature belligérante est toujours en guerre contre l’Égypte. Regardons de nouveau la carte pour voir les bases américaines en Arabie et en Afrique qui encercle l’Égypte. La Wassatiya qui ne fait pas l’effort de voir son environnement historique, économique, géographique, militaire et son devenir n’est que ruines des territoires et des désastres des mentalités.

Se mettre en position de pion avancé contre la Syrie c’est accepter l’idée fallacieuse de l’instauration d’Émirats pseudo islamiques dans une recomposition régionale imposée par l’Empire au lieu d’avoir l’armée arabe syrienne un allié de poids contre l’expansion sioniste et dans une possible confrontation militaire  pour repousser l’agression à venir d’Israël. Nous pouvons continuer à mettre entre parenthèses la libération de la Palestine par les armées arabes.

Se mettre en position de pion avancé contre la Syrie c’est occulter le présent sombre et l’avenir incertain pour une place de strapontin dans la basse-cour des valets de l’impérialisme. Il faut être un insensé ou un  partisan passionné pour ne pas donner la priorité aux règlements des problèmes sociaux, politiques et idéologiques qui sont structurels en Égypte.

Nous posons nos problèmes en termes métaphysiques et nous attendons des solutions métaphysiques. Nos problèmes sont structurelles : l’Etat de droit, l’économie réformée, l’éducation performante, l’investissement socialement efficace. L’Islam est suffisamment riche et réaliste pour apporter les réponses pertinentes et opportunes, mais les islamistes n’ont pas de culture politique, économique, sociale. Ils importent les solutions qui ont fait faillite et qui ont provoqué la décadence du monde musulman. Ils parlent de sources, mais ils ne font pas d’effort de ressourcement de la pensée autre que celle de recopier et de réciter les livres dépassés du Moyen-âge. Sinon ils copient l’Occident sans analyse des fondements idéologiques de la pensée occidentale qui ne peut être importée comme on importe une bicyclette ou un lave-vaisselle.

A force de copier la révolution française et la Renaissance européenne tout en maniant le discours islamique les partisans de la Wassatiya sont en train d’exclure l’Egypte du cœur du monde arabe et de continuer à la marginaliser loin des enjeux de la géographie et de l’histoire.

 

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Partie 1 – Wassatiya : communauté de juste milieu ?|

Partie 2 – Wasstà : communauté de rayonnement !

Résister aux préjugés et au désordre

Une lectrice m’a fait la remarque pertinente sur l’omission d’une partie de la traduction de l’énoncé coranique dans  » Préjugés et ruines de l’esprit  « . J’avais réalisé une ellipse pour laisser  au lecteur le soin de continuer sa propre lecture sur le canevas que j’avais tracé ou sur un autre canevas que mon article aurait inspiré. Je reviens donc sur le sujet en tissant d’autres liens et en dévoilant d’autres sens que j’avais omis ou réduits. Je reviens donc sur l’énoncé coranique et sur ce qu’il m’inspire :

dhan

{Si deux groupes de croyants se combattent, réconciliez-les. Si alors l’un des deux groupes tyrannise l’autre, combattez celui qui tyrannise jusqu’à ce qu’il revienne à l’Ordre d’Allah. S’il revient, réconciliez-les avec justice et soyez équitables. Certes, Allah Aime les équitables.} Al Houjourate 9

Est-ce que les Musulmans peuvent prendre des armes et entrer en guerre les uns contre les autres ?

Une minorité le pense en faisant cas du contexte social et historique de ce verset. La majorité réfutent cette hypothèse et se référant aux Hadiths et à l’histoire du monde musulman.

Les livres du Hadith ne rapportent aucune guerre entre les musulmans du temps du Prophète (saws). Ils expliquent ce verset en rapportant  les incidents sociaux qui ont poussé deux groupes de musulmans à se quereller et à en venir aux mains.

Pour Moslem et  Boukhari il s’agit de quolibets que se sont renvoyés deux musulmans après que  l’un s’est moqué de l’autre en le  voyant marcher derrière un âne puant. Le  bruit et la violence des mots ont fini par  attirer la foule qui s’est divisée en deux. Chacune prenant parti pour un homme puis pour un groupe puis pour un clan. La moquerie entre deux individus avait dégénéré en partis pris sociaux comme du temps de la Jahiliya.  Pour d’autres narrateurs,  il s’agissait d’un problème de couple qui avait dégénéré en querelles de famille pour aboutir finalement  en un complexe de problèmes compliqués entre clans ou entre tribus.

Il est possible que le Coran aborde plusieurs phénomènes sociaux de même nature, mais d’expressions différentes.  Cependant tous les narrateurs d’accordent à dire qu’il n’y a jamais eu de port d’armes ou d’usages d’armes entre les musulmans du temps du Prophète. Le Coran dépeint cette dispute comme un combat guerrier.

Le  Coran dépeint les préjugés et l’esprit de clan – qui n’avaient pas encore été gommés par l’Islam – à l’origine de la dispute entre croyants comme un combat meurtrier pour montrer leur  gravité et leurs conséquences qui peuvent être horribles comme ceux d’une guerre fratricide. Lorsque les préjugés s’installent et deviennent coutume ils provoquent la rupture avec l’esprit de l’Islam et sapent l’unité du monde musulman qui se trouve déchiré par des guerres fratricides. L’unité des musulmans est sacrée. Les préjugés font oublier la sacralité de cette unité et la font voler en éclat. Le déchirement social qui peut être provoqué par une dispute entre gens du commun dans une société qui cultive le chauvinisme et l’esprit tribal devient un volcan de violences et une effusion de sang lorsque ses artisans sont des « savants » écoutés et vénérés ou des chefs de partis politiques démagogues et irresponsables.

C’est pour prévenir cette guerre dont la probabilité dépend du manque de vigilance et du chauvinisme que le musulman doit lutter contre les préjugés hérités de l’obscurantisme et les comportements malsains qui cultivent le moi égocentriste incitateur au mal et dépréciateur des autres. Le Coran fixe un certain nombre de règles dont :

–          Le musulman est le frère du musulman : sa vie, son honneur et ses biens sont sacrés

–          Le musulman doit éviter de recourir à la médisance, à l’insulte et à l’espionnage.

–          Le Coran ne demande pas de réconcilier deux antagonistes qui ne veulent pas se réconcilier, il demande de prendre position en faveur de celui qui tyrannise l’autre dans le sens de celui qui refuse la réconciliation. Celui qui connait l’Islam sait que la réconciliation pour être durable et authentique doit se construire sur la vérité, la justice, la morale et l’adhésion.

Il ne s’agit pas de réciter ces règles, mais d’en faire une culture c’est-à-dire le canevas de nos comportements sociaux, politiques et idéiques. L’insenséïsme c’est de proclamer ces règles en vue d’obtenir dans le fait social le contraire de ces règles. Les insensés semblent être de plus en plus nombreux dans un monde qui a perdu ses références morales, religieuses, sociales et historiques.

Ce verset a été utilisé comme référence par certains empressés et par certains chauvins, dans le passé et aujourd’hui, pour prendre parti et s’engager dans un clan contre l’autre favorisant ainsi l’esprit de clan, la fitna, la lutte fratricide interconfessionnelle, la prise de pouvoir, l’effusion de sang…

Le préjugé partisan et sectaire ainsi que l’ignorance qui fonde le préjugé sont le voile qui donne à ce verset un sens autre que celui donné par son contexte, son objectif et son mode opératoire de fondation et de fédération de la communauté musulmane appelée à jouer un rôle de libération des préjugés et d’édification de civilisation morale. Le verset montre comment cimenter la communauté musulmane et comment elle doit agir, en amont et en aval d’une crise, pour ne pas en devenir l’otage. Les partisans de la Fitna ont voulu et veulent toujours lui donner un autre sens, celui qui sied à leur lecture partisane contraire à la démarche prophétique.

L’esprit partisan se croit détenteur d’une voix plus forte, plus juste et plus compétente que celle du Prophète (saws). Il va jusqu’à s’inventer des artifices pour détourner le sens de la parole coranique et de la parole prophétique. Et pourtant  le Prophète (saws) a interdit de lever une arme contre le musulman. Il a préconisé dans les temps de troubles au marcheur de s’arrêter, à celui qui est debout de s’assoir, à l’assis de de coucher. Il a demandé de rentrer chez soi et de se tenir loin de la Fitna. A la question que faire face à un agresseur il a préconisé de se réfugier chez soi et si l’assaillant nous poursuit de nous réfugier dans notre lieu de prière et s’il nous poursuit sur le lieu de prière de se couvrir la tête. Il s’agit du choix de mourir en martyr et de sauver son âme de l’Enfer que de la perdre en donnant la mort à un musulman même si ce musulman a perdu la tête par sa quête de pouvoir ou par son esprit chauvin qui lui fait comprendre le Coran et la Sunna comme des terreurs contre les musulmans et non comme une miséricorde pour l’humanité.

Nul n’ignore que la majorité des Sahàbas et des Tàbi’ines avaient refusé de rejoindre Ali dans sa confrontation avec Mou’awiya. Ali (ra) était pourtant dans son droit religieux et possédait la légitimité politique. Ceux qui ont refusé de combattre à ses côtés (ou contre lui) ne l’ont pas fait par lâcheté ou par trahison. Pour eux  il ne s’agissait pas dans le contexte social et politique de leur époque  de mettre en application la réconciliation entre musulmans et de lutter contre celui qui tyrannise comme le stipule la sourate Al Houjourate, mais de donner crédit à l’esprit partisan qui allait saper l’Islam, de donner légitimité à la lutte armée pour le pouvoir, et de participer à l’effusion du sang des musulmans. Il ne s’agit pas de réveiller des douleurs historiques ou de soulever un débat politique ou  théologique sur le schisme idéologique dans l’Islam , mais de dire que les grandes figures de l’Islam, proches de l’esprit et du temps du Prophète (saws) refusaient les arguments religieux à visée politique et refusaient de prendre part à l’effusion de sang. Dans le doute ou dans l’embarras ils ont préféré le désistement, le renoncement. C’est un héritage lourd que nous devons porter et surmonter si  nous voulons nous libérer  de nos préjugés. Il y a eu un déficit de communication et d’études historiques sur une partie sombre de l’histoire musulmane. Le Prophète (saws) avait prédit cette fitna et son issue.

A la lumière du Coran et de l’Histoire il serait sans doute intéressant de se prononcer sur le plan religieux, moral et géopolitique sur la nature de la transgression que nous devons désavouer et le cas échéant combattre.  Le régime qui superficiellement se revendique de l’Islam, mais dans les faits épuisent les ressources du monde musulman et les soumet à l’Empire et au sionisme est-il préférable à un régime qui se revendique « laïc », mais dans les faits tentent de se libérer de l’emprise de l’Empire et soutient la résistance palestinienne et libanaise. Je n’ai ni la compétence ni l’autorité  pour le faire. Je me positionne par rapport à ce que je sais du Coran. Mon savoir est limité. Devant les avis divergents j’ai recours ma raison et à mes sentiments comme le stipule le Hadith :

« Le bien est ce qui tranquillise l’esprit et apaise le cœur, le mal est ce qui met la confusion dans l’esprit et tourmente le cœur. Délaisse ce qui apporte la confusion et le doute pour ce qui apporte la certitude et la sérénité. Et celà même si les gens t’apportent d’autres conseils (Fatwas) »

Nous ne pouvons pas tous être des insensés et même si le nombre des sensés est un petit nombre avec des voix faible il y a suffisamment de référence à la vérité ou du moins le vraisemblable. Jamais la communauté musulmane  ne se réunira sur un égarement et il y aura toujours des musulmans qui porteront l’étendard de la vérité très haut et ce jusqu’à la fin du monde. Pour l’instant et dans les circonstances actuelles il faut garder en tête qu’ Ibn Massoud, que le Prophète (saws) a qualifié de savant de l’Islam, a explicitement interprété ce verset comme le devoir des musulmans de porter assistance au pouvoir lorsqu’il lutte pour rendre justice ou lorsqu’il réprime l’injustice. Il n’a jamais été question de lutter armes à la main pour s’emparer du pouvoir considéré comme chose mondaine éphémère. La vie du musulman est plus sacrée que la Kaaba. Le Prophète (saws) a parachevé sa mission lors du sermon d’adieu :

« Ne devenez par renégats après moi, vous tuant les uns les autres »

Et pourtant on enseigne dans nos mosquées  les dix manquements à la foi du Cheikh Mohammed Ibn Abdelwahhab qui n’évoque pas l’attentat à la vie du musulman. Nous pouvons par souci pédagogique expliquer les règles qui invalident la foi (il y a plus de dix) afin de préserver la foi et la communauté, mais je ne pense pas qu’il faille en faire des instruments pour apostasier des Musulmans et les exclure de la communauté ou de porter atteinte à leur vie :

« Qui apostasie un croyant c’est comme s’il l’avait tué »

Les partisans du Cheikh délaissent le Coran et la Sunna. On peut comprendre sa préoccupation : son époque était dominée par la magie et par le fétichisme des Arabes redevenus païens. On ne peut pas comprendre la préoccupation de ses partisans. Comme on ne peut pas comprendre les partisans des Frères musulmans qui mettent leur confrérie au-dessus de ceux de  la communauté musulmane ou qui confondent leur idéologie avec l’Islam. Les uns et les autres font une lecture partielle et partisane du Coran. Ils accusent d’apostasie ceux qui ne suivent pas leur voie, mais ils ne voient pas l’apostasie de celui qui tue un musulman ou qui tue un être humain hors du droit légal et de son appareil de justice. On ne peut pas comprendre que ceux qui se réclament du consensus et qui ne citent que les références qui appuient leurs thèses puissent diviser la communauté musulmane au lieu de chercher la réconciliation entre musulmans et la fédération de toutes les couches et de toutes les énergies du monde musulman.

Lorsque l’on se met à étudier ces versets, juste pour comprendre, les comprendre et comprendre le monde, on est frappé par l’exigence qu’ils réclament : Al Qist (l’équité).

taifa2 ALLAH AIME LES ÉQUITABLES

 

L’équité c’est non seulement rendre justice, mais rendre justice de la manière la plus parfaite, la plus juste et  de la manière qui puisse être exécutée de la manière la plus efficace et la plus judicieuse pour mettre fin aux agissements du malfaiteur et rétablir les droits des ayants droit. L’équité ne permet pas de rendre une justice dans le désordre, ou de commettre d’autres injustices en rendant justice, ou de rendre justice par le recours à la lettre   du texte de référence sans tenir compte de son esprit et des conditions réelles de sa mise en application. L’équité (Al Qist) est également rendre justice sans léser le coupable en lui faisant porter des responsabilités qui ne sont pas de son ressort ou lui faire subir des peines pour des faits non prouvés.

Les savants musulmans étaient soucieux de la justice et de l’équité. Ils n’étaient ni les savants du palais ni les savants de l’opposition. Ils cherchaient la vérité et l’équité. Dans cette recherche ils ne pouvaient tolérer qu’au nom de la vérité, de la justice ou de la religion on puisse provoquer l’effusion de sang ou fracturer la communauté musulmane et la laisser s’atomiser en partis et en sectes. La majorité des exégètes disent qu’il est du devoir des musulmans d’assister le gouvernant à rendre justice avec équité contre un coupable qui touche à l’intégrité du musulman ou à l’intégrité de la communauté musulmane.   L’équité exige un État et un pouvoir par lequel s’exerce l’appareil de justice et de sécurité.

Lorsque le pouvoir politique est défaillent ou lorsque lui-même est coupable, les exégètes préconisent le recours au principe du bon conseil. Il ne s’agit donc pas de tolérer ou de se soumettre à l’injustice du gouvernant, mais de le mettre devant ses responsabilités morales, religieuses et politiques et le cas échéant de refuser de lui obéir lorsque l’obéissance conduit à la transgression de ce qui fait l’Islam : la foi, les principes du Coran et de la Sunna, et la constitution de la communauté. Celui qui tolère la transgression est complice. Celui qui participe à la sédition armée semant le désordre et provoquant l’effusion de sang a perdu le sens de l’équité et devient coupable car il a participé à l’attentat contre la vie humaine, contre l’existence d’une communauté unie et en sécurité, il a transgressé le Coran et la Sunna en semant le désordre sur terre croyant lutter contre l’injustice et l’oppression.

Les termes coraniques « Al Baghyou » et « Bagha » ne signifient pas tyrannie et tyranniser, mais transgression et transgresser. Le consensus des anciens  n’est pas celui que les médias nous présentent comme mobilisation armée et séditieuse  contre un gouvernant  musulman rejeté par une faction. Le consensus sur la transgression est établi contre celui qui refuse de se soumettre à la justice rendue, de se conformer au jugement établi en référence argumentée au Coran et à la Sunna, de se joindre à la communauté des musulmans (Al Jam’âa). La jama’â est l’assemblée des musulmans, l’ensemble des musulmans. Il ne s’agit pas d’une faction ou d’une secte qui s’autoproclame le « Messie sauveur » ou le « Messie rédempteur ».

La réconciliation, la lutte contre la transgression ont pour but de conserver intact les liens religieux, sociaux et économiques qui fédèrent une communauté humaine sur des valeurs partagées, un territoire commun, un vouloir vivre ensemble, un partage mutuel des droits et des devoirs. Celui qui casse ses principes, même s’il le fait au nom de la Jama’â ou au nom de l’Islam ou au nom de la lutte contre l’oppression, a cassé l’unité que le Coran a signifié comme valeur sacrée.

Il est remarquable de constater le futur hypothétique et le conditionnel du « Inn » dans cette sourate :

taifa5

{si un perverti vous apporte une nouvelle} Al Houjourate 6

taifa4

{Et si deux groupes de croyants se combattent}  Al Houjourate 9

Pour le Coran ces deux possibilités dramatiques sont limitées par la foi et le sens communautaire qui ont le pouvoir de les confiner dans le temps et dans l’espace à n’être que des épiphénomènes, des accidents, des pertes de vigilance passagers. Si ces possibilités deviennent des phénomènes c’est-à-dire des faits installés dans le temps et dans l’espace, le savant musulman doit se montrer vigilant, car l’exception gravissime s’installe comme une règle et le problème de fond est posé. Ce problème est au niveau de la foi et de la communauté : quelle est leur sens,  leur vocation et leur devenir. La fuite en avant ou la référence à des situations de catastrophes qui poussent à répondre au désordre par le désordre n’apportent ni réponse ni solution. Elles contribuent à la transgression et au déchirement de la communauté.

Le salafisme, le frérisme, le coup d’État militaire, l’émeute, la démocratie et tout autre artifice ne vont rien apporter de bien si le changement ne se fait pas comme l’a annoncé Allah : un changement global. Le changement dans l’être ontologique et dans l’être social  : dans leur façon de penser, de croire, de vouloir, de faire, de devoir, de savoir…

{Allah ne change point en la situation d’un peuple tant que celui-ci ne change pas ce qui est en lui} Ar Raâd 13

Nous sommes condamnés à réviser notre  foi et à revoir sa dimension sociale et idéologique dans la communauté et dans ce qui lui donne existence : le territoire, la mentalité, l’économie, la représentation du devenir…

Nous sommes condamnés à revoir notre système d’éducation, notre système de représentation du monde et notre lecture du Coran et de la Sunna pour rendre impossible ou plutôt  inopérant ce qui nous pousse à transgresser et à nous déchirer au lieu d’édifier et de fédérer. Le Coran nous a donné trois clés :

La première consiste à disposer des instruments de connaissance, d’observation et de veille pour analyser, juger et choisir libérés de l’illusion, du préjugé et de la manipulation. Il faut agir en amont et ne pas se laisser surprendre par la subversion :

{O vous qui êtes devenus croyants, si un perverti vous apporte une nouvelle, examinez-la pour que vous ne portiez atteinte à des gens par ignorance…} Al Houjourat 6

{O vous qui êtes devenus croyants, évitez beaucoup de conjectures : certaines conjectures sont des péchés.} Al Houjourat 12

La seconde consiste à réparer. La meilleure réparation est la réconciliation juste et équitable :

{Et si deux groupes de croyants se combattent, réconciliez-les} Al Houjourat 9

La troisième est de prendre position et d’agir avec détermination contre le transgresseur qui refuse la réconciliation, la justice et l’unité de la communauté sans que l’action porte atteinte à l’État ou  nuise à la sécurité et à la paix des citoyens :

{Si alors l’un des deux groupes transgresse l’autre, combattez celui qui transgresse jusqu’à ce qu’il revienne à l’Ordre d’Allah. S’il revient, réconciliez-les avec justice et soyez équitables. Certes, Allah Aime les équitables.} Al Houjourat 9

L’ordre d’Allah ce n’est pas seulement la Charia islamique comprise dans son sens étroit de lois, c’est aussi la paix, la justice, la sécurité, la nourriture, le savoir, l’unité fraternelle, la solidarité sociale,  et en priorité la fin de l’effusion de sang et la dispersion des efforts. Impossible de ramener la paix, la sécurité et de faire régner la justice et l’équité qui sont les fondamentaux de l’Islam avec un esprit partisan ou sectaire. Croire au pouvoir politique comme la voie miracle c’est se croire au dessus de la voie prophétique. Le pouvoir n’est qu’un instrument parmi tant d’autres. Ces instruments ne sont efficaces que si leur usage se fait dans les conditions favorables,  s’appliquent sur des possibilités réelles et avec le concours de l’ensemble de la communauté musulmane dans toute sa diversité.

Lorsque la communauté musulmane dispose de ses trois clés alors elle peut jouer le rôle qui lui est impartie : témoigner auprès des hommes et fédérer l’humanité sur des valeurs autres que celles des empires et des démons : la fraternité adamique

{O vous qui êtes devenus croyants : Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus pour que vous fassiez connaissance. Certes, le plus élevé d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux.}  Al Houjourat 13

Cette communauté musulmane prospère par sa foi agissante et par sa solidarité fraternelle avec l’humanité exige l’effacement du Moi arrogant qui se croit dépositaire du savoir divin et exécuteur du dessein divin. C’est ce que nous dit la fin de la sourate :

{Ils pensent te faire une faveur d’avoir adopté l’Islam ! Dis : « Vous ne me faites aucune faveur avec votre adoption de l’Islam. Mais c’est Allah qui vous fait une faveur en vous guidant vers la foi, si vous êtes véridiques ».}  Al Houjourat 17

L’esprit de Taifa, le sectarisme politico religieux, a sapé le monde musulman depuis longtemps le privant ainsi de sa dimension universel. Privé de la dimension universelle, le musulman s’enferme dans des asiles politiques  et des confrériques de discrimination et les plus excités s’imaginent réaliser Hokm Allah en instaurant un Etat islamique par la force des armes contre une population qui ne veut pas de leur pouvoir ou qui ne veut plus de l’Islam car elle a confondu, par le comportement des insensés, l’islam avec l’obscurantisme et le sectarisme.  Ces émirs prolongent la vie des tyrans en donnant à ces tyrans la légitimité de les combattre par les armes et de soumettre le peuple a davantage de répression. Si on autorise un futur émir à recourir à la violence armée il faut être logique et accepter que le gouvernant puisse recourir à la violence armée pour conserver son pouvoir.  Les uns et les autres sont le pile et le face de la même fausse monnaie idéologique et  de la même déliquescence politique. Ils sont les pervers décrits par la sourate Al Houjourat.

Il faut parvenir à garder le cap dans ce monde que le Prophète (saws) a décrit comme une grande Fitna :

taifa3

« Après moi il y aura des gouvernants qui se combattront  pour le pouvoir, les uns tuant les autres. »

Il ne s’agit pas de guerre de religion, mais de luttes pour le pouvoir…  Il ne s’agit pas de défendre l’Islam et le monde musulman, mais d’exprimer  rancœurs,  revanches, frustrations. Dans un camp comme dans l’autre Satan et l’Empire sont aux aguets pour attiser les flammes de la haine et de la convoitise.

La logique veut que ce soit le gouvernant qui régule les rapports sociaux, politiques et économiques pour éviter l’anarchie. Il dispose de la justice et de la police. S’il est défaillent aucun groupe ne peut se prévaloir sur les autres pour s’imposer comme justicier ou comme référence ou autorité en matière de définition de la réconciliation ou de la maesure à prendre contre la transgression car s’il le fait il va saper l’Etat et la communauté poussés à la dispersion et à l’éclatement. Le musulman ne doit pas détruire l’Etat et la société, mais agir pour que l’Etat reprenne ses prérogatives et que la société reprenne ses forces. Il n’y a pas de place à l’esprit partisan ni à l’esprit « révolutionnaire » nihiliste.

Si nous ne revenons pas à la logique de la réhabilitation de l’Etat et si nous ne militons pas en faveur d’un Etat de droit chacun de nous s’imaginerait être la référence à suivre et se positionnerait comme le plus méritant et le plus légitime à disposer du pouvoir, du savoir, de la religion et des ressources économiques. Il deviendrait un tyran? Il suffit qu’il y ait plusieurs groupes avec l’ esprit tyrannique et éradicateur refusant la réconciliation avec les autres et considérant tous les autres comme des transgresseurs pour que la guerre civile s’instaure ou reprend de nouveau pour davantage d’effusion de sang et de dislocation du territoire.

 

Syrie : Chahed wa Mach’houd

Ahmed Manaï, observateur de la Ligue arabe en Syrie

 

Ce témoignage rappelle les invariants de ma position et la justesse de mon analyse sur le « cactus arabe » avant qu’il ne montre son incapacité à gouverner et ses dérives sanglantes.

La Fatwa de Cheikh El Ibrahimi contre le Colonialisme

Le rapport de la Mission d’observation de la Ligue arabe en Syrie

Du rapport sur la Syrie et de sa traduction

Que ceux et celles qui doutent de la justesse de notre position religieuse, morale et politique qu’ils s’interrogent en leur âme et conscience si le Qatar a apporté quelques mesures charitables aux musulmans du Bangladesh et leur épargner la faim? Est-ce que la coalition impériale France Angleterre et Etats-Unis peut être les amis de la Syrie, du peuple syrien ou du monde arabe ? Est-ce que les Bédouins qui donnent leur religion, leur honneur, leur argent, leur territoire pour mériter le statut de vassal sont qualifiés pour débattre de l’avenir d’un pays arabe  alors que leur propre existence et celle de leur Etat sont une création du colonisateur ? Encore une fois et toujours jusqu’au dernier souffle de ma vie et au delà de la vie ici-bas quels sont les arguments religieux, moraux et politiques pour faire couler le sang d’un homme, d’un musulman eyt détruire un pays sous prétexte que son gouvernant est un tyran ? Donnez-moi un seul verset du Coran,  un seul Hadith et une seule explication logique qui me donne la résignation à donner raison aux insensés. Les amis de la Syrie sont en train d’alimenter une guerre impitoyable où ne triomphera que la haine sur laquelle il sera impossible de construire un avenir islamique ou non islamique. L’islamité sans humanité ou sans Etat est une chimère que seuls les insensés ou les passionnés imbus de leur égarement peuvent poursuivre causant plus de dégât dans leur société qu’un loup affamé dans une bergerie selon la vérité énoncée par le Prophète (saws).

Ya rab ! Comment et pourquoi sommes-nous si éloignés de la vérité et de la réalité ? Comment expliquer que les Musulmans ne voient pas le mode opératoire de l’Empire et de l’Islamophobie comme instrument de subversion militaire, idéologique et sociale et ne se mettent pas à faire leur examen de conscience et à se réformer selon la voix prophétique en se libérant de leur Wahn et de leur indigence politique et religieuse. Sobhane Allah ! Comme à l’accoutumé, la culture de l’errance et de la fuite en avant nous domine et nous pousse à fixer des buts impossibles eu égard à notre niveau lamentable. Nous ne sommes pas capable de voter, de changer une loi, de faire émerger une réussite sociale, de produire notre richesse et nos idées en dehors du cercle des auxiliaires de la servitude et de l’insenséisme, mais nous sommes capables d’appeler à la restauration urgente du Khalifat. Un Khalifat que les médiocres n’en connaissent ni le contenu, ni les conditions, ni le mode opératoire, ni les prérequis ni la finalité, ni l’encadrement. Il ne se donne même pas le temps de digérer leur échecs ni de faire leur bilan et les voila partis dans ce qui surpasse leurs possibilités combien étroites et dérisoires.

Nous fuyons la vérité et ses responsabilités croyant ainsi faire de notre religion un jeu, un amusement, une distraction, une tradition pour oisifs en marge de l’histoire des hommes. Jamais Allah ne nous donnera le pouvoir convoité, la prospérité attendue et la dignité depuis longtemps perdue tant que nous  ne nous mobilisons pas pour mettre fin à l’effusion du sang des Musulmans et au gaspillage de leur temps et de leurs ressources. Ce n’est pas l’opinion d’un homme qui desespère de la vie, mais la vérité immuable affirmée par Dieu l’Immuable :

{Et lorsque Nous avons conclu Alliance avec vous : Ne répandez pas votre sang, ne vous expulsez pas les uns les autres de vos demeures , vous y avez souscrit en apportant votre témoignage.
Puis, voila que vous vous entre-tuez, vous expulsez un groupe d’entre vous de leurs demeures, vous vous liguez contre eux par la transgression et l’agression; et s’ils vous échoient en captifs, vous les rançonnez, alors qu’il vous est interdit de les expulser. Croirez-vous donc en une partie du Livre et rejetterez-vous en une partie ? Quelle serait donc la sentence contre celui qui agirait de la sorte d’entre vous, si ce n’est qu’ignominie dans la vie terrestre, mais le pire des châtiments est pour le Jour de la Résurrection? Allah n’est point inattentif à ce que vous faites.
Ceux-là, ceux qui ont acheté la vie terrestre par la vie Future, le châtiment ne leur sera point allégé, et ils ne triompheront point.}

Tout ce qui se rapporte aux Prophètes et aux bani Israël nous concerne en premier chef. Non seulement nous mangeons de ce qu’ils produisent, mais nous nous combattons avec leurs armes. Le pire c’est que nous appelons à l’Etat islamique au nom de Dieu en nous comportant en pire.

 

Les agissements des insensés et des assoiffés de pouvoir apportent plus de dégâts à la communauté et à la renaissance de l’Islam que nos gouvernants actuels qui ont semé la corruption, l’injustice et quelques morts sur leur chemin.

Asbirou (patientez, restez constant, endurez) est la Sunna d’Allah. Le changement attendu vient de lui-même lorsque les conditions objectives et subjectives sont réunis en changeant ce qui est en nous. Le changement en nous est plus complexe, plus long et plus décisif que ces pseudo révolutions dont les résultats macabres sautent au yeux. La question qui se pose et que vous me posez est celle de Jésus. La règle de l’épée attribuée à Jésus et que certains musulmans colportent pour justifier la violence qui s’est enracinée dans nos société ne se trouve pas dans le Coran qui est notre référence et notre unique référence (avec la Sunna bien entendu). Je vous remercie d’avoir cité Jésus (saws) : j’en ai fait une référence avec Moïse dans l’article « La résistance globale » où je me questionnais sur le pourquoi de leur démarche pacifique face aux empires égyptiens et romains les plus cruels.

En terme de cruauté je ne pense pas que les imposteurs de l’Islam soient les moins cruels. Il faut être un monstre ou un aveuglé par la passion pour ne pas éprouver de la pudeur, de la douleur et un questionnement autre que politique devant ces femmes et ces enfants assassinés et devant ces pays dévastés. J’ai du mal à comprendre ou à trouver des excuses à ceux qui n’ont eu aucune pitié aucune miséricorde pour un savant de la trempe d’Al Bouti. Il est satanique de chercher à justifier son assassinat et de ne pas condamner ce genre de dérives.

Par Allah il vaut mieux laisser vivre un mécréant et un assassin lorsqu’il y a doute, confusion ou risque de porter atteinte à la vie des innocents que de verser une goutte de sang. Celui qui s’empresse de verser le sang a désespérer de la Miséricorde d’Allah et du dénouement de l’histoire en faveur de la foi et du bien. Que dire à Allah le jour où le premier jugement sera relatif au sang versé. Pouvons-nous lui dire que ces Ayat n’existent pas et que nous avons suivi Qaradhawi :

{Il n’appartient point à un croyant de tuer un croyant sauf par erreur. Quiconque tue un croyant par erreur, il doit l’affranchissement d’un esclave croyant et la remise de la rançon à sa famille : à moins qu’ils n’en fassent grâce. Mais s’il dépendait d’un groupe qui est votre ennemi, et qu’il soit croyant, alors l’affranchissement d’un esclave croyant. Et s’il dépendait d’un groupe avec qui une alliance vous lie, alors la remise de la rançon à sa famille, et l’affranchissement d’un esclave croyant. Quiconque n’en trouve point, alors : le jeûne de deux mois consécutifs comme Rémission de la part d’Allah. Allah A toujours Été Tout-Scient, Sage.

Quiconque tue un croyant intentionnellement, sa punition sera la Géhenne où il s’éternisera ; Allah le frappera de Sa Colère, le maudira et lui préparera un immense châtiment.

O vous qui êtes devenus croyants , si vous vous lancez pour la cause d’Allah, discernez bien et ne dites pas à qui vous offre la paix : « Tu n’es pas croyant », aspirant aux vanités de la vie terrestre, alors qu’Allah Possède d’innombrables biens. Ainsi étiez-vous auparavant, mais Allah vous A Gratifiés. Discernez bien. Certes, Allah A toujours Été Omniconnaissant ce que vous faites.}

Que dire à Allah lorsque le tué viendra témoigner contre son assassin et demander justice. Estèce que Bachar Al Assad ou Kadhafi seront des excuses ? Si un moineau viendra demander justice pour celui qui l’a tué en vain qu’allons nous dire à Allah pour ces dizaine de milliers de morts en Libye et en Syrie, ces centaines de milliers d’orphelins, de blessés. Ces braves « moudjahidins » qui versent le sang des musulmans ont-ils la certitude de mieux gouverner? Ont-ils la compétence de réaliser le Khalifat ? Peuvent-ils nous expliquer le contenu et le mode opératoire du Califat qui va être édifié sur le sang versé vainement et sur la haine des populations. Ont-ils conscience des stratagèmes de l’Empire et du sionisme ? Sont-ils à l’image des compagnons du Prophète ou ne sont-ils que l’expression des contradictions et des déchirements du monde musulman qui a tout essayé sauf la voie prophétique ?

Le peuple libyen est-il mieux qu’avant ? Mieux par rapport à quoi et par rapport à qui ? Le Coran a posé les critères : la paix, la nourriture et la sécurité. Chercher cette voie dans les révolutions arabes. Cherchez cette voie dans l’aide du Qatar à la Palestine, au Mali et au Bangladesh ?

Avec vos permission je fais un second retour sur cette Aya 93 de la soura An Nissa :

{Quiconque tue un croyant intentionnellement, sa punition sera la Géhenne où il s’éternisera ; Allah le frappera de Sa Colère, le maudira et lui préparera un immense châtiment.}

C’est sans doute l’énoncé le plus terrible car il annonce quatre châtiments qui vont demeurer éternellement. Si on garde à l’esprit cette sentence et si on la reporte au Hadith qui dit que celui qui traite un croyant de mécréant c’est comme s’il l’avait tué alors l’empressement politico révolutionnaire qui pousse à verser le sang ou à convoiter le pouvoir à n’importe quel prix pose problème de conscience, de morale et de foi. Il ne nous appartient ni de devancer le Jugement d’Allah ni d’élever la voix au dessus de celle de Son Prophète. C’était le but de mon article.

Il ne faut pas croire que je soutiens l’injustice. Il ne faut pas croire que je ne suis pas chagriné par ce qui arrive aux jeunes musulmans envoyés combattre en Syrie. J’ai mal pour eux comme j’ai mal pour les anciens moudjahidines trahis en Afghanistan, en Algérie et ailleurs. Les gouvernants insensés portent une part de responsabilité. Les savants égarés portent davantage de responsabilités….

A ce jour l’autre camp qui a assassiné Al Bouti n’a pas donné des arguments convaincants ni des contre arguments. Il n’y a que des opinions sans fondements religieux ni géopolitiques. Ayant épuisé leurs arguments ils nous invitent à une guerre mondiale entre Sunnites et Chiites. et ils disent avec cynisme et méchanceté des choses horribles à l’égard d’un homme qui a consacré sa vie à l’Islam et à la défense de la cause palestinienne.

Sa position est celle  de la constance et de la justesse des positions. Al Bouti a refusé de cautionner la lutte armée en Algérie malgré que le FIS ait remporté les élections et qu’il pouvait faire valoir une légitimité pour se soulever contre ceux qui l’ont dépossédé de sa victoire. Le temps a finalement donné raison à Bouti. Si les insensés avaient patienté, la victoire politique n’aurait pas donné lieu à une défaite militaire et à une anarchie pire que celle du passé. Les islamistes algériens partagent la responsabilité avec les éradicateurs. Les éradicateurs peuvent avoir l’excuse de chercher à conserver le pouvoir et la rente à n’importe quel prix. Celui qui s’attache à l’Islam sait que la fin ne justifie pas tous les moyens et il sait que le jugement final appartient à Allah qui accorde le pouvoir à qui Il veut. Se révolter pour approfondir et élargir l’anarchie ou l’injustice n’est pas un comportement sain. Jeter l’anathème sur un musulman ou sur des groupes de musulmans n’est pas un comportement sain. Il appartient aux élites de faire l’analyse des processus historiques, sociaux, économiques et politiques pour comprendre le problème et y apporter des apporter des solutions ou des propositions. Nous sommes tous imparfaits et notre devoir est le bon conseil, même s’il n’est pas suivi ou accepté. La révolte qui divise le pays ou qui donne l’opportunité aux uns d’instrumentaliser la religion et aux autres de prendre des mesures sécuritaires contre le peuple n’est pas la posture du sensé.

Donc Al Bouti est resté constant dans ses positions tant en Algérie qu’en Syrie. Al Qaradhawi, celui qui mène le monde musulman à l’anarchie, est par contre celui qui agit contre les principes qu’il a défendu dans ses livres et dans ses conférences. Par ailleurs il n’a pas les mêmes positions pour l’Egypte que pour les autres pays sans parler du Qatar cette république démocratique et populaire au service des musulmans et des affamés de la planète. Ce même Qaradhawi qui veut une guerre contre l’Iran et le Hezbollah ne voit pas les leçons de démocratie que l’Iran est en train de donner au monde.

 

Ne tombez pas dans le discours simplificateur et réducteur sur l’Iran. Ne perdez pas de vue que l’Iran vit sous embargo après une guerre que lui ont imposé les bédouins arabes au service de l’Empire et du sionisme. Il parvient à s’imposer dans la région au grand dam d’Israël. Il est naturel et légitime pour chacun d’exercer son influence sur les autres et de subir l’influence des autres. C’est la loi de la dialectique. Le dynamisme de l’Iran ne doit pas être vu hors de son contexte ancien (la civilisation perse et le rôle des iraniens dans la civilisation musulmane) et de son contexte moderne (la révolution islamique et la question palestinienne). Il ne doit pas être vu hors du rapport des forces et d’intelligence dans la région. Il est regrettable d’inverser la problématique et de ne pas poser la question de l’immobilisme des Arabes et de leur vassalisation. C’est la posture du monde musulman qui laisse le champ libre aux iraniens selon la règle « la nature a horreur du vide ». Le vide laissé par les Arabes doit être occupé par Israel ou par l’Iran. Il est dommage que les Musulmans et les Arabes soient offusqués par le dynamisme de l’Iran qu’il leur appartient de contrer par une dynamique politique, économique et intellectuelle plus forte, mais ils se taisent et s’aplatissent devant l’agression de l’entité sioniste.

Sobhane Allah ! L’Egypte à titre d’exemple est en train de perdre son eau à la suite des alliances Israël Ethiopie et le monde arabe veut nous montrer l’Iran comme le danger imminent ou l’ennemi irréductible et traditionnel. La Turquie est en train d’etouffer la Syrie et l’Irak avec ses retenues d’eau alors qu’elle approvisionne l’entité sioniste en eau avec même des projets de pipe line sous la mer et les musulmans partent en guerre contre la Syrie et se préparent à la guerre contre l’Iran. Quel monde de tordus.

Il n’y a que la culture du Wahn décrit par le Prophète (saws) qui rend les Arabes occupés à chercher de faux ennemis et ne voient pas les « amis de la Syrie » les démanteler et les épuiser pour faire taire la voix du Hezbollah et laisser la résistance sans voix et sans armes lors de l’attaque sur l’Iran. N’est-ce pas éloquent que la question palestinienne soit reléguée aux oubliettes ?
Le centre du monde s’est déplacé vers l’Euro Asie (Chine Russie) et l’Iran par son dynamisme s’est inscrit dans ce nouveau monde. Les Arabes vivant en Asie ou en contact avec l’Asie ont encore les yeux rivés sur l’Amérique et l’Europe par leur pensée immobile et rétrograde. L’équation qui se joue en Syrie dépasse la Syrie et l’Iran, elle est mondiale. Il faut se réveiller et se libérer des clichés et des discours séniles des Cheikhs qui ne veulent pas partir en retraite.

Qu’Allah nous éloigne de la Fitna et qu’Il nous montre la vérité, vérité et qu’Il nous aide à pour la suivre, et qu’Il nous montre le mensonge, mensogne et qu’Il nous aide à nous en détourner.

Faites vos révolutions et cultiver le déchirement du monde musulman, je suis en dehors de cette démarche. La démarche prophétique est celle que le Coran a ordonné à Mohamed de la suivre en lui indiquant celle des Prophètes qui l’ont précédé.

1 – Il y a un ordonnancement de l’histoire et une succession des communautés et des civilisations qui échappent à nos préjugés et nos intérêts immédiats ou à nos désirs. L’histoire doit s’accomplir. Le pire ennemi est l’empressement. Là où le mouvement islamique a fait faillite vous allez trouver le préjugé qui se focalise sur le court terme et l’empressement. L’aventurisme n’est pas la Sunna du Prophète

{Si Allah hâtait le mal, à l’égard des hommes, avec autant d’empressement qu’ils se hâtent pour leur bonheur, leur terme leur serait échu. Aussi laissons-Nous ceux qui n’espèrent pas Notre rencontre s’aveugler dans leur tyrannie.} Younes 11

2 – Ni les armes ni la politique ni la ruse ne peuvent changer le destin d’un peuple. Gouvernants et gouvernés sont épreuves les uns pour les autres. Ce n’est pas l’OTAN ou la fuite vers le sectarisme qui va résoudre les problèmes, mais le retour à Allah (swt).

{Et si Allah t’atteint d’un mal, rien ne peut le dissiper que Lui. Et s’Il te veut quelque bien, rien alors ne peut repousser Sa Munificence.} Younes 107

3 – La règle première et dernièrer, celle à ne jamais transgresser est la patience

{Suis ce qui t’est révélé et persévère jusqu’à ce qu’Allah décide, Il est le meilleur des décideurs.} Younes 109

Je vous invite à étudier et à méditer longtemps le comportement du Prophète Moïse et tirer les leçons du Coran qui nous montre les problèmes que lui et son peuple ont rencontré lorsque Moise s’est empressé (dans le bien et dans l’amour d’Allah. Il est venu plus tôt au rendez-vous qu’Allah lui a fixé). Qaradhawi et ses acolytes sont devenus cinglés en se posant la question jusqu’où et combien patienter alors qu’Allah dit « Jusqu’à ce que Aallah décide ». 10 jours ou 1000 ans c’est la même chose pour le croyant qui veut suivre Noé, Youssef et Ibrahim.

4 – la sourate Houd répond tout a fait au début de son énoncé sur ce qui est attendu des croyants :

{Implorez votre Dieu de vous Absoudre, puis repentez-vous à Lui, Il vous fera jouir une bonne jouissance, jusqu’à un terme déterminé, et Il accordera à chacun la position qui lui est due. Et s’ils s’écartent, je crains alors pour vous le châtiment d’un jour inimaginable.} Houd 3

5 – Lorsque l’homme a épuisé tous les recours et toutes ses possibilités alors le secours d’Allah répond à l’invocateur pour le débarasser de Pharaon ou des agresseurs comme Il a répondu à Moïse et à Noé :

{ il invoqua donc son Seigneur : « Moi, je suis vaincu. Fais triompher (Ta cause)}

Si ces versets ne vous interpellent pas alors empressez vous à faire vos révolutions sanguinaires et à semer le désordre sur terre. Ce n’est pas ma voie. Etudier la biographie scientifique du Prophète (saws) écrite par Cheikh Ramadane Al Bouti et vous comprendrez le sens du Jihad.

5 – Arrêtez de parler de sunnites et de chiites car vous faites de la surenchère sur la parole et le décret d’Allah : C’est Allah qui nous a nommé musulman. Tout autre qualificatif est une dérive dans la quelle je ne me retrouve pas :

{O vous qui êtes devenus croyants, inclinez-vous, prosternez-vous, adorez votre Dieu et faites le bien, afin que cultiviez.
Et efforcez-vous pour Allah par l’effort qui doit Lui être dû. Il vous a élus et ne vous a imposé nulle gêne en religion, la confession de votre père Abraham. C’est Lui (Allah) qui vous a nommés musulmans, par le passé et dans ceci (le Coran), afin que le Messager soit témoin auprès de vous et que vous soyez témoins auprès des hommes. Accomplissez donc la Salàt, acquittez-vous de la Zakàt, attachez-vous à Allah, Il Est votre Protecteur. Quel excellent Protecteur et quel excellent Secoureur.}
 Al Hajj 77-78

C’est Lui (Allah) qui vous a nommés musulmans,
C’est Lui (Allah) qui vous a nommés musulmans,
C’est Lui (Allah) qui vous a nommés musulmans…

Lorsque nous comprendrons le sens d’être musulman et la mission que nous confère ce titre de musulman alors les tyrans seront balayés.

Le frère Ahmed Manaï a vu de ses propres yeux et a entendu par ses propres oreilles la situationréelle en Syrie. Il y avait l’espoir de ramener la paix, la réconciliation et relancer les réformes politiques et économiques. Les amis de la Syrie ont choisi la Fitna, la voie que le Prophète (saws) aurait désavoué et condamnée.  Ils veulent déchirer la Syrie pour un Khalifat pour lequel ils vont guerroyer des siècles ou attendre le retour du Mahdi ou du Messie si entre temps ils n’auraient pas rejoint l’armée de l’antechrist.

La fin de partie approche et on souhaite que chacun fasse son bilan et se prononce sur le coût humain de cette aventure. Bachar n’est pas Othman. Il ne va pas céder son pouvoir et dès que le rapport des forces va changer contre la coalition impériale, l’Amérique, la France et l’Angleterre non seulement se débarrasseront des terroristes mais mettront sur la liste des terroristes Qaradhawi et ses sirènes de la Fitna. Ils ne partiront pas sans trophée de guerre et sans débris à jeter à leurs opinions. Le cynisme latin et anglo-saxon va entrer en compétition sur la chasse de la meilleure prise. L’expérience de l’Afghanistan est d’actualité pour ceux qui ont des oreilles mais n’entendent pas et des yeux mais ne voient paset qui  sont comme des bestiaux et pire davantage.

Préjugés et ruines de l’esprit

J’ai cherché une raison ou une argumentation – religieuse, politique ou géopolitique – dans le discours, le comportement et les actions des islamistes (takfiristes, freristes et salafistes wahabbistes) pour justifier la Fitna en Syrie et la confrontation armée entre confessions musulmanes, je n’ai pas trouvé. Je ne trouve que la vague d’insenséisme qui englouti l’ensemble du monde arabe. Les insensés livrent aux peuples incultes et crédules des préjugés et des opinions sans fondements religieux et en contradiction avec les intérêts moraux et stratégiques du monde musulman. Il y a longtemps que j’ai exprimé mon positionnement religieux : je suis musulman comme Allah m’a nommé dans le verset 78 de la sourate Al Hajj.

Formatés par leur inculture politique et imbus de leurs savoirs remplis de préjugés, les savants et les élites sabordent l’Islam et sapent toute perspective de renaissance de la société musulmane. Ils refusent tout débat sur le curseur idéologique dans cette étape cruciale.  Ces imposteurs de l’Islam non seulement ils ont confisqué les tribunes pour propager leur préjugés et en faire une idéologie de combat au service d’un esprit partisan qui sert les intérêts d’Israël et de ses vassaux arabes, mais ils sont devenus Dieu ou ses mandataires ayant droit de vie et de mort sur les pauvres créatures qui ne s’insèrent pas dans leur nouvel ordre mortifère.

Je vous livre quelques citations de notre ami Albert Einstein et sans préjugés religieux et idéologiques essayer d’y retrouver quelques figures charismatiques du désordre qui sévit de plus en plus dans le monde musulman en parallèle à celui du despotisme politique des gouvernants en place (y compris ceux portés par la « révolution arabe ») :

Rares sont les gens capables d’exprimer avec impartialité des opinions qui diffèrent des préjugés qu’on a dans leur milieu social. La plupart des gens sont même incapables de concevoir pareilles opinions.

Il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé.

Ceux qui aiment marcher en rangs sur une musique : ce ne peut être que par erreur qu’ils ont reçu un cerveau, une moelle épinière leur suffirait amplement.

Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.

Bien entendu  je vais être traité  de sioniste par les uns et d’ignorant par les autres sous prétexte qu’Einstein était sioniste et qu’en qualité de musulman je dois me contenter de dire « Allah a dit et le Prophète a dit » sans tenir compte de nos préjugés qui pourtant détournent le sens du Coran et de la Sunna. Au Nom d’Allah (swt),  les fabricants et les rentiers de préjugés nous   poussent à faire de la diversion ou de la subversion selon le schéma tracé  par l’Empire et le sionisme. En tous les cas faire entendre ou faire voir une certaine lecture du Coran ou des Hadiths déboîtés de leur contexte socio-historique et de leur enchaînement logique textuel puis faire valoir une opinion à une époque comme étant le consensus de la Oumma  est la manifestation la plus  stupide et la plus tragique de ce qu’on appelle le préjugé et en même temps l’instrumentalisation la plus éhontée de la religion pour cultiver le préjugé dans une société qui a perdu tout sens critique et tout effort de connaissance.

Voici la définition la plus répandue (sur le net) du préjugé :

 Comme le mot l’indique, un préjugé est un jugement porté d’avance, « avant ». Avant quoi ? L’examen, la vérification ou le constat qui le justifieraient. Préjuger signifie donc : tenir pour acquis quelque chose qui, objectivement, ne l’est pas ; ou tenir pour vraie une affirmation qui, en fait, reste douteuse. C’est pourquoi  le préjugé semble bien être illégitime par définition : il consiste en une précipitation de l’esprit dans le jugement, opérée plus ou moins de bonne foi, et peu importe à cet égard qu’il soit « favorable » ou « défavorable ».

Opinion hâtive et préconçue souvent imposée par le milieu, l’époque, l’éducation, ou due à la généralisation d’une expérience personnelle ou d’un cas particulier

Le Coran a interdit le préjugé (Dhan = Ithm » et a exigé d’apporter preuve (Borhane) et de distinguer le vrai du faux avant de prendre position ou de prendre la parole  (Tabayyanou).

{O vous qui êtes devenus croyants , évitez beaucoup de conjectures : certaines conjectures sont des péchés.} Al Houjourat 12

La pédagogie et le sublime du Coran ne consistent pas à interdire ou à recommander, laissant ainsi la place au littéralisme froid et à l’interprétation erronée des insensés, mais à brosser l’image la plus complète de la situation à laquelle conduit le préjugé, l’opinion ou la conjecture :

dhan

{O vous qui êtes devenus croyants , évitez beaucoup de conjectures : certaines conjectures sont des péchés. N’espionnez pas et ne médisez pas les uns des autres. Est-ce que l’un d’entre vous aimerait manger la chair de son frère  mort ? Cela, vous l’avez haï. Et prenez garde à Allah. Certes, Allah est Rémissif, Miséricordieux. O vous qui êtes devenus croyants  : Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus pour que vous fassiez connaissance. Certes, le plus élevé d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Certes, Allah Est Tout-Scient, Omnisavant.} Al Houjourat 12

Le préjugé et l’opinion conduisent à des catastrophes et rompent l’unité qu’Allah a voulu entre musulmans et entre musulmans et autres communautés. Les versets sont évidents et ils ne demandent pas de tafsir ou de recours à un savantissime clerc de l’Islam.  La pédagogie et le sublime du Coran montrent non seulement définissent le préjugé et étalent ses conséquences mais montrent comment éviter le préjugé par l’esprit de sens et le principe  de justesse qui consistent à analyser, à évaluer et à faire preuve de discernement par la connaissance des faits réels au delà des rumeurs, des opinions. Le Coran nous montre que  lorsque l’esprit de sens disparaît chez les élites et s’installe la confusion dans la société alors domine  la culture de l’insenséisme, de la rumeur,  de la propagande et de la casuistique religieuse qui conduisent à l’anathème, au déchirement et au clivage idéologique partisan ne tenant  compte ni des réalités, ni des priorités, ni de la vérité…

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{O vous qui êtes devenus croyants , si un perverti vous apporte une nouvelle, examinez-la pour que vous ne portiez point atteinte à des gens par ignorance, et que vous ne vous repentiez de ce que vous avez fait.} Al Houjourat 6

Le pervers est , dans les temps contemporains, celui qui déchire la communauté ou qui refuse sa fédération et se laisse tenter par les sirènes  qui appellent à une guerre de religion à l’intérieur de l’Islam pour le bon heur de Satan, du sionisme et de l’Empire. Les mêmes qui ont organisé la lutte fratricide et nuisible entre l’Irak et l’Iran sont les mêmes qui appellent aujourd’hui à une guerre entre sunnites et chiites ou qui veulent donner un caractère confessionnel à l’anarchie qui règne en Syrie lui occultant sa véritable dimension qui est géopolitique.

L’Islam est la culture de la responsabilité. Il ne tolère ni improvisation, ni anarchie, ni recours aux arguments fallacieux pour se justifier. La pédagogie et le sublime du Coran ont montré que le suivi du Coran et de la Sunna sont les garants de l’esprit de sens, du devoir de justice et du principe de justesse que doit posséder le musulman, gouvernant ou gouverné, dans l’aisance ou dans la difficulté, face à ses amis ou en guerre contre ses ennemis. Ainsi le discours coranique sur le préjugé et ses conséquences s’ouvrent par l’énoncé d’une règle que nul ne doit transgresser :

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{O vous qui êtes devenus croyants , ne devancez pas Allah et Son Messager dans le jugement. Craignez Allah. Certes, Allah Est Omni-Audient, Tout-Scient. O vous qui êtes devenus croyants , n’élevez pas vos voix au-dessus de la voix du Prophète, et ne faites pas retentir la voix en lui parlant, comme le retentissement de voix que vous vous faites les uns aux autres, afin que vos œuvres ne soient pas vaines, sans vous en rendre compte. Certes, ceux qui baissent leurs voix auprès du Messager d’Allah, ceux-là sont ceux dont Allah A Éprouvé les cœurs pour la piété. Ils auront une absolution et une immense rétribution. Certes, ceux qui t’appellent par derrière les chambres, la plupart d’entre eux ne raisonnent pas.} Al Houjourat 1

Sur le plan de la métaphore « devancer Allah (swt) » ou « élever la voix au dessus de celle de Son Prophète (saws) » c’est non seulement tourner le dos à l’Islam, mais émettre des opinions contraire à la lettre et à l’esprit de l’Islam. Le pire c’est de saper l’Islam en donnant des contre sens au Coran et aux Hadiths ou de faire valoir l’opinion d’un homme, vivant ou décédé, pour occulter la vérité, servir des intérêts partisans ou conduire la communauté musulmane au sectarisme, au déchirement, à la marginalisation, à l’insenséisme des divergences et des fausses querelles qui  épuisent le monde musulman  incapable de faire face face à ses prédateurs organisés et impitoyables.

Sur le plan du contexte de la Révélation certains exégètes relatent le contentieux qui a opposé Omar Ibn Al Khattab et Abou Bakr qui voulaient faire valoir leurs arguments pour la désignation d’un gouverneur autre que celui que le Prophète avait choisi. Omar et Abou Bakr ne sont pas des gens du commun, ils représentent l’excellence de l’élite musulmane, les authentiques Khalifes du Prophète (saws) qui ont gouverné selon la vertu et la compétence des mahdiyines ( bien guidés et bien sensés). Les gens de l’élite peuvent avoir des opinions différentes, mais jamais ils ne doivent laisser leurs opinions les dominer au point d’oublier les préceptes coraniques et les enseignements prophétiques. Si Omar et Abou Bakr sont tenus à l’humilité devant le Prophète et à l’obéissance stricte , il ne peut être permis de croire que le savoir ou la réputation d’un savant, d’un intellectuel ou d’un homme politique autorisent des innovations ou des libertés qui vont à l’encontre des règles de l’Islam.

Il y a bien longtemps qu’on ne se fait plus d’illusions sur les ignorants et les incultes qui nous gouvernent et nous trahissent, mais nous pouvons leur trouver des excuses : l’ignorance, le despotisme, la vassalisation, la rente. Le cactus arabe a montré toutes ses épines. Les élites religieuses sont celles qui provoquent le plus de dégâts. Les premiers souillent les territoires, les seconds nos esprits et notre devenir.  Nous ne pouvons trouver aucune excuse à nos docteurs en foi. L’Islam et les Musulmans doivent se libérer de toutes les rentes et de tous les totems. Le chemin est long, il exige de la patience et de la constance dans nos efforts et l’espérance dans la Miséricorde divine :

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{Et s’ils avaient patienté jusqu’à ce que tu sortes vers eux, cela aurait été meilleur pour eux. Allah Est Absoluteur, Miséricordieux.} Al Houjourat 5

Ceux qui devancent Allah et précèdent le Prophète perdent patience et ne se résignent pas au Jugement d’Allah. Ils croient qu’il peuvent impunément contourner, détourner, retourner ou faire accelerer  l’histoire à n’importe quel prix. Observez les révolutions arabes confisquées par les insensés et les assoiffés de pouvoir, au nom de l’Islam, et vous verrez  la vérité coranique se manifester sans voile : les imposteurs ne cherchent ni le bien des musulmans ni celui de l’humanité, mais la revanche sur les gouvernants et le triomphe de leur parti sectaire et inculte :

{Dis : « Allez-vous apprendre à Allah quelle est votre religion, alors qu’Allah Sait ce qui est dans les Cieux et ce qui est en la terre ? » Allah Est Tout-Scient de toute chose. Ils pensent te faire une faveur d’avoir adopté l’Islam ! Dis : « Vous ne me faites aucune faveur avec votre adoption de l’Islam. Mais c’est Allah qui vous fait une faveur en vous guidant vers la foi, si vous êtes véridiques ». Certes, Allah Sait l’Occulte des Cieux et de la terre. Et Allah voit tout ce que vous faites.} Al Houjourat 16

C’est ainsi que se termine la sourate Al Houjourat.

 

Résistance globale partie 2/2

Équation fondamentale.

La culture d’empire est presque parvenue à évacuer le colonialisme et la colonisation de la cause palestinienne la confinant de plus en plus à une question de bureau des affaires indigènes à Ramallah et à un dossier humanitaire à Gaza. Les mêmes logiques et les mêmes appareils qui pratiquent le droit d’ingérence, l’humanitaire militaire et les plans d’ajustement structurel sont à l’œuvre pour liquider la cause palestinienne. La culture de l’illusion tente d’évacuer Gaza et de la rattacher à un pseudo khalifa sunnite dont les contours sont les principautés musulmanes agonisantes de l’Andalousie de fin de règne où dominaient les antagonismes de pouvoir, les alliances contre nature  et les divergences religieuses…

Elle tente de donner la priorité aux divisions et aux sectarismes tout en évacuant l’équation palestinienne de son historicité, de son universalité. Elle tente de faire du « printemps » arabe une voie de dérivation qui conduit les Palestiniens à l’impasse, au désespoir et à l’acceptation d’un compromis où il ne s’agira plus de l’échange de la terre contre la paix, ou de la nourriture contre la capitulation, mais de la survie de l’homme contre la déterritorialisation de la Palestine. Le droit de retour des réfugiés et le droit à un Etat sont des perspectives de plus en plus lointaines avec comme  points de fuite : l’illusion de Califat et de confédération démocratique. Le déplacement des territoires veut suivre le déplacement des populations  dans les projets de démembrement du monde arabe et d’épuration ethnique en Palestine.

Par la grâce de Dieu, le choc des violences parvient à secouer  quelques esprits et à reposer la question invariante sur le sens ou l’absurdité de l’effusion de sang et du désordre sur terre. Cette question a le mérite de rompre avec l’oubli et d’appeler à une nouvelle réponse plus responsable, plus conséquente et plus globale sur l’équation fondamentale : la colonisation.

Les Palestiniens ne sont pas confrontés à un indu occupant qui a occupé un bien vacant avec qui il faut partager les biens après négociation ou qu’il faut chasser en comptant sur la justice et l’équité de la communauté internationale qui a livré la Palestine sans défense à un prédateur sans pitié.

Rappeler la responsabilité collective dans la tragédie humaine de l’oppression des Palestiniens c’est rappeler les impératifs de sa  résolution dans une approche globale qui ne sépare pas l’acte d’exister de l’acte de résister.

L’occupation de la Palestine était le couronnèrent du démantèlement du monde arabe et musulman par  un système mondial possédant tous les instruments idéologiques, militaires, économiques, financiers, technologiques, politiques et juridiques de sa domination sur le monde.  Sa domination mondiale n’est ni hasard ni accident, mais processus logique.

Le colonialisme dans sa forme moderne est indissociable de la genèse du capitalisme. Le capitalisme en Occident était  la conjugaison de la résistance contre les aristocraties et la féodalité avec l’émergence de nouvelles formes et de nouvelles forces productives. C’était l’affrontement entre deux appétits, deux prédations. La forme la plus « progressiste » et la plus efficace a imposé sa suprématie.  La logique d’efficacité a continué de se développer et de se conjuguer à la culture de prédation élargie. Le processus impérial menace de plus en plus la vie humaine et les ressources naturelles d’extinction.

L’Orient par contre a suivi une voie contraire, il a reculé devant son propre esprit féodal local et n’a pas libéré ses forces de progrès.

Notre acte de résistance ne peut faire l’impasse sur les évidences et les impératifs de changement et sur la persistance de la reproduction des schémas médiévaux qui nous ont amenés à être colonisés et de la reconduction  des mécanismes par lesquels le colonialisme nous  a administrés. Entre la force illégitime de prendre les droits des autres et la force légitime de reprendre ses droits, il y a des positions et des postures qui échappent au rapport des forces et à l’usage de la violence. La vigilance est de voir et d’entreprendre la reconstruction de ce qui a été déconstruit sur le plan idéologique, social et économique.

Par le caractère implacable de la  dialectique historique et par l’ironie de la sémantique, l’Occident en expansion et l’Orient en régression se sont  rencontrés et continuent de se trouver face à face autour de batailles de positions territoriales, politiques, économiques, idéologiques et militaires. La Reconquista, les Croisades, Sykes-Picot et aujourd’hui portent la même empreinte sur notre destin et la même racine dans ce qui fait le renoncement ou le choix des actes  exister et résister.

L’un va  désister (de-sistere) en renonçant à ses positions et  en se privant de prises de positions.  L’autre va insister (in-sistereen occupant  les positions d’autrui et à les  prendre par la force et par la ruse. L’un va se trouver dehors, l’autre va se trouver dedans par des actes de puissance et d’impuissance, des mouvements d’inversion de sens.

La globalité nous impose de ne pas ignorer les facteurs de puissance ni les mouvements d’inversion de sens. Ils se retrouvent dans l’idéologie et l’économie. La globalité nous impose aussi de ne pas voir  les positions comme exclusivement  des forteresses militaires à reconquérir ou à défendre par le seul  fait de la force. Ce ne sont pas  des titres de propriétés dont le contentieux relève du droit, ou des usages et des jouissances dont le partage se règle par la négociation et la contractualisation.

Les différends  sont un complexe de problématiques  au niveau de la vérité, des mentalités collectives, des territoires, de l’histoire, des  économies, des conditions d’existence, des potentiels de devenir, des devoirs de résistance militaire, culturelle, scientifique…  Lutter contre les symboles et les mécanismes de sa propre impuissance et lutter contre ceux de la puissance de l’autre sont un même acte, une même posture. Il n’y a pas de place à la schizophrénie.

Le jeu de mots sur les postures et les positions exprime le rapport entre le colonisable et le colonisateur au-delà du bien et du mal, du hallal et du haram, du droit et de la justice,  de l’explication eschatologique de l’histoire, de l’apologie de la lutte armée ou de la polémique contre l’impérialisme

Il ne s’agit pas de dédouaner L’Empire et le sionisme  de leurs  crimes et de leur  entrée par effraction violente dans notre histoire et pour notre malheur. Il ne s’agit pas de dire aux Palestiniens ce que les communistes français ont dit aux Algériens « attendez la révolution internationale. En se libérant, le prolétaire va vous libérer et libérer les opprimés du monde ».

Il s’agit de dire et de redire que notre malheur est le produit de deux facteurs. Le premier facteur endogène est notre colonisabilité. Il s’agit de continuer à nous libérer de nous-mêmes. Le second  facteur exogène est le colonialisme. Il s’agit de lutter contre l’occupation directe indirecte et de participer aux luttes des peuples contre l’arrogance et les monopoles des oligarchies.

Le colonialisme et la colonisabilité sont deux facettes complémentaires du même  sabotage de l’histoire. La colonisabilité nous pousse à l’atomicité et au confinement.   Le colonialisme trouve son compte en livrant bataille sur le seul front où le rapport des forces est à son avantage. Il a besoin d’une économie de guerre, d’un ennemi extérieur et d’un champ de ruines pour détourner les peuples des possibilités de coopération contre la domination des monopoles de violences, de marchés, d’initiatives…

Sans jeu de mots, l’ironie du sort semble inspirer le colonisateur et le colonisable à persister (per-sistere)  dans leurs postures et  dans leur rapport aux positions territoriales. L’hyperpuissance des uns et l’hypo puissance des autres permettent  davantage d’intensification, de transversalité et de totalisation dans l’arrogance et la cupidité des uns et le désistement et l’humiliation des autres. Les convoitises des ennemis et les contradictions de l’environnement « ami » continuent de peser sur la Palestine et de compliquer la résolution de ses problèmes.

Le  capital social de plus en plus précaire annonce un effritement global de l’environnement arabe et africain de la Palestine. L’atteinte des   seuils de rupture de plus en plus visible annonce l’irréversibilité de l’effondrement social et territorial de nos territoires.

Contre les logiques persistantes de la colonisabilité et du colonialisme, contre le pessimisme et le cynisme, contre le  cout rédhibitoire de l’existence et de la résistance,  il y a urgence à  se repositionner autour de la dignité dans son expression globale : humaine, sociale, territoriale, économique, spirituelle, intellectuelle, morale, et esthétique.

Les réseaux

La défense des dignités appelle la  mise en réseau des possibilités contre l’emprise des marchés, des monopoles et  des appareils.

La mise en réseau des hommes, de leurs idées, de leurs territoires, de leurs mémoires, de leurs relais de communication, de leurs connaissances, de leurs semences, de leurs cultures, de leurs outils, de leur argent, de leurs solidarités, et de leurs réponses est sans doute la posture la plus ancienne et la plus perfectionnée en termes de flux  d’existence et en termes d’émergences de positions de résistance.

Exister ou résister consiste à donner ou à redonner aux communautés humaines la possibilité de se réapproprier la compétence réseautique en produisant des interconnexions entre les offres et les demandes, les besoins et les attentes, les ressources et les usages, les intelligences et les moyens, les lieux et les moments, les attentes et les possibilités, les problèmes et les propositions de solutions.

La technologie permet des processus et des ingénieries  facilitant la solidarité des communautés, la synergie des intelligences, la mutualisation des moyens, la communication, l’échange et le partage, la circulation des idées et de l’argent, d’expérience…

Les idées de commerce équitable, de développement durable, d’économies solidaires, de coopératives de production et de service, de  crédit coopératif et mutuel sont des perspectives de luttes sociales, de démocratisation, d’initiatives économiques et commerciales à parfaire. Elles sont un processus  d’efficacité sociale à intensifier et à élargir dans la lutte contre les  monopoles, les  rentes et les économies informelles et parasitaires.

L’efficacité sociale est un moyen de moralisation plus efficace et plus durable que le discours moralisateur. Elle apporte davantage que les manifestations festives en faveur de la Palestine ou d’une autre cause juste.   C’est un renouveau managérial qui rompt avec la cooptation, le clientélisme, la bureaucratie et l’inertie. C’est une culture entrepreneuriale qui favorise la concertation et la démocratie participative par la mise en réseau,  développe l’esprit d’initiative par la prise de risques et libère les idées par l’esprit critique.

Poser la question de la résistance globale en termes de réseau c’est donc poser le problème de la production de sens, de la fédération des efforts  et de la communication autour de projets de sens.

La colonisabilité par sa capacité à se laisser  fasciner par les apparences et à s’inscrire dans la spirale de ce qu’on appelle le « désir mimétique » a rapidement tissé ses réseaux pour propager la culture du futile,  du sensationnel, du mortifère et de la rumeur. Les inerties, l’atomisme et la culture bureaucratique ont perverti les associations, les observatoires, les laboratoires, les instruments de veille et les ont transformés en annexes des  appareils de bureaucratie  et en auxiliaires des agents  de la rente et de corruption.

La culture du minus habens qui pratique l’entassement des choses et l’accaparement par le marché noir devant la gabegie des administrations et des cadres nourris à la mamelle de la rente vont favoriser le détournement du réseau. Au lieu d’être un réseau d’échange, de solidarité et de résistance, la société est devenue pour les uns un réseau mouroir  pour sub-sistere, et pour les autres une mafia de prébende. Lorsque la  course à la rente, aux privilèges  aux non droit devient système, alors  la vertu et l’intelligence qui font l’Etat, assure les conditions de résistance contre les prédateurs et mobilise les possibilité d’existence des citoyens se trouvent dans l’obligation d’absistere c’est-à-dire renoncer en  désertant la position ou en changeant de posture et devenir plus accomodant…

L’idéal serait de vaincre les inerties et les blocages par l’offre abondante de projets, la communication sur ces projets, la mise à disposition de ressources, l’émergence d’ingénieries d’intermédiation et de fédération des communautés hors des circuits du dévoiement et de la confiscation.

Poser la question de la résistance en matière de réseau c’est poser aussi la question de la technologie des réseaux, de sa production et de son acquisition. Ce sont les mêmes questions qui se sont posées à nous par le passé lors du transfert technique en équations de cout social, de courbe d’apprentissage, d’intégration nationale, de formation, d’investissement, de division du travail, d’échange inégal…

La  fétichisation de la technique nous fait toujours oublier les prérequis philosophiques, les dimensions culturelles,  et les finalités de l’usage de la technique. L’aliénation à la chose et la confiscation des libertés nous empêchent de poser la technique en capital social, en processus juridique et en dynamique citoyenne  d’exercice de la maitrise d’usage, de la maitrise d’ouvrage, de la  maitrise d’œuvre, de la maitrise d’exécution et de la maitrise de certification et d’expertise.

La fascination pour la chose au détriment des processus masque les inégalités qui se creusent lors de l’acquisition et du transfert des savoirs et des savoir-faire.  Le gap technologique accumulateur et générateur de mouvement des idées, de logique de conquête, de culture des réseaux de la Post Modernité semble n’avoir de limite que sa propre imagination.  Notre imagination doit  lire le progrès dans l’histoire des faits et de la pensée et s’en inspirer comme processus qui se déterminent mutuellement et non comme choses à importer en l’état.

Repenser le rapport à la technique et à la technologie n’est pas un exercice de style, mais rappeler   les synergies  des possibilités de penser, de communiquer, d’agir et de résister à une civilisation totalisante par son idéologie de domination  et sa suprématie technologique.

Le personnage coranique Dhul Qarnayn, dans sa marche libératrice et civilisatrice, s’est détourné d’un peuple végétatif qui n’avait ni la compétence de nommer et celle de s’abriter. Mais il avait assisté un autre peuple qui voulait résister contre un agresseur redoutable.  Le chantier libérateur s’est ouvert  sur un projet édificateur conjuguant  savoir, communication, solidarité et réalisation. Nous avons l’exemple de la mise en réseau du sol, du temps et   des hommes autour de la nécessité de résister comme acte d’existence et du désir d’exister par la réalisation de ses moyens de résistance.

La grammaire.  

La civilisation est la compétence de structurer les réseaux  sur une l’idée de noblesse, de grandeur et de générosité de l’homme qui se veut témoignage pour les autres. Au-delà de l’aspect organisationnel, technique  et utilitariste les réseaux qui forment civilisation s’architecturent en synergie de communautés d’activités, de moyens, d’objectifs,  de destin, de solidarité. L’individuel et le collectif, le temporel et le spirituel, l’idée et la chose, le moyen et la fin, l’existence et la résistance sont fédérés par la mise en commun, le partage et l’unité d’orientation.

Les réseaux de la communauté  – libérée et libératrice,  civilisée et civilisatrice – s’inscrivent dans une grammaire civilisationnelle c’est-à-dire une continuité, une mise en liaison et une harmonie sociale des mentalités collectives, des géographies, des histoires et des économies.

Une société qui perd la compétence à se mettre en réseau d’existence et de résistance, à cultiver ses réseaux comme une grammaire provoque la décadence de sa civilisation et maintient intactes les forces de son inertie et de sa régression.

Par ailleurs, le colonialisme en s’installant dans un territoire ne va pas s’installer comme un rentier temporaire, il va installer sa propre civilisation et ses propres réseaux qui vont agir comme des phagocytes sapant les derniers réseaux d’existence et de résistance. Il va piller le sol et corrompre les hommes jusqu’à épuiser les mentalités collectives, les géographies, les patrimoines historiques et les économies.

Il va en même temps provoquer, amplifier  et cultiver les césures, les ruptures, les incisions et les confusions qui lui ont permis de s’installer. Il va saboter  toute idée de civilisation, toute efficacité des ressources,  et toute grammaire qui redonne sens, liaison et conjugaison aux facteurs de la civilisation. Celui qui a perdu le sens de civilisation va devenir non seulement un vassal ou un esclave, mais un anticorps qui va parachever la destruction de l’être ontologique et du corps social.

La résistance globale ou la  dimension civilisationnelle dans le projet de résistance remet à l’ordre du jour un certain nombre de vérités :

  • Nous subissons depuis trop longtemps le colonialisme pour continuer à l’affronter par des actes isolés du reste du monde ou privés de leur dimension civilisationnelle.
  • Nous devons revoir la définition de la communauté humaine dans sa dimension d’universel de solidarité et de coopération. Il y a exigence et urgence de cohésion et d’unité d’orientation,  de multiplication et d’interaction des efforts, de partage des responsabilités et désir d’être ensemble pendant et après la libération.
  • · Nous avons des gisements de possibilités enfouies dans les mentalités, l’histoire, le sol, l’économie et leurs interactions si nous parvenons à les inscrire dans un rapport à la civilisation.  L’économie, la géographie, l’idéologie, la justice, la technologie et l’histoire  ne sont pas des accessoires de luttes et de résistance, mais des champs analytiques et des instruments praxiques pour rompre avec la posture de colonisé et reprendre des positions au colonisateur.

Celui qui ne voit pas la civilisation, mais ne voit le monde qu’à  travers les symboles et les falsifications  de son oppresseur finit par revenir au culte du veau d’or, à la culture de l’errance et à la discorde. Il ne crée ni les conditions ni les possibilités de la bonne gouvernance qui est la garantie contre l’oppression interne et externe. Celui qui persiste dans l’apologie de soi et de son passé ne fait pas mieux.

A l’issue de cette longue digression j’ai l’intime conviction que nos savants religieux, nos élites politiques et intellectuels, à l’image de nos gouvernants, sont condamnés à vivre dans un voilier au cœur de la tempête sans boussole, ni gouvernail, ni vigie, ni cap.

Sénèque l’Ancien disait qu’il n’y a point de vent favorable pour celui qui ne sait où aller. Le Prophète (saws) a dit qu’un pseudo savant est pire qu’un loup affamé enfermé dans une bergerie.

Résistance globale partie 1/2

Nommer

Comment qualifier ou nommer ce qui vient consacrer une nouvelle fois l’incurie des gouvernants arabes, la médiocrité des savants musulmans et l’anarchie des populations qui se déchirent et déchirent les derniers rêves ratés de l’Islah et de la Nahda que les élites n’ont su ni mesurer ni rendre efficients et irréversibles. Depuis des siècles nous sombrons dans le flot des maux produits par nos mots sans planification ni sens ni ingénierie.

Le Prophète Mohamed (saws) et ses compagnons, confrontés  à l’oppression, l’ont vaincu, car ils avaient le devoir de dire la vérité et d’agir comme ils étaient appelés à écouter les paroles et à en suivre l’excellent. Ils  étaient aussi appelés à ne dire que des paroles sensées et bien visées.  Les  mots sont viseurs  dans les batailles de sens, véhicules de symboles …   Ils disent : «j’existe, je résiste ».

C’est par la posture actancielle du verbe véridique que l’Arabe obscurantiste ante islamique s’est libéré de ses préjugés et de son isolat historique pour se donner vocation à exister comme civilisateur  et moyens de résister contre la marginalisation, les luttes intestines, l’esprit minus habens de l’errant sans projet pour l’homme ni pour l’humanité sauf celui de subsister. L’Islam lui a donné les mots, le désir, le devoir et la quête de rompre à son habitue de vivre en subsistant encerclé par les empires chinois, byzantins et perses. Subsister ou « sub » « sistere »  est étymologiquement un renoncement à l’existence au rang d’homme honoré par Dieu et à la résistance contre les empires qui ravalaient les humains au rang d’esclaves sans humanité,  d’humanité confiné dans la lutte de survie animale en sub-sistere c’est-à-dire en prenant position dans la posture du parfait soumis qui fait halte et qui prolonge sa halte en marge de l’histoire pour demeurer vivant en tenant tête à l’ordre des choses sans chercher à le comprendre ni à vouloir le changer. Khobsister ou Khobtsister, deux formes de subsistance des vaincus et des déserteurs refont surface dans un monde où prime la logique de force et d’intelligence sociale, culturelle, politique, militaire et économique.

En subsistant l’Arabe entretenait ses préjugés, ses limites, ses incohérences et son aveuglement. L’Islam a réintroduit la conscience et le sens des mots qui remettent debout l’humain et lui disent il est l’heure de se réveiller et de marcher debout et d’un pas alerte vers ce où « chacun est facilité pour ce qu’il a été créé » en l’occurrence exister sinon résister contre ce qui porte atteinte aux droits et aux devoir d’exister.

L’homme honoré par Allah et le Musulman élu par Allah ne peut se voir immobile et subissant les événements qui le mettent en infériorité, en domination par rapport aux positions des autres et en dehors de sa vocation d’être parfait ou perfectible pour se conduire et conduire les autres à exister en conformité avec l’humanité et l’islamité qui les invite à se promouvoir en responsable, prenant des positions qui siéent à leur humanitude. Le préfixe latin sub (sous)  et le verbe sistere (prendre position) qui consiste à subsister sous la tyrannie, l’idolâtrie est à rejeter car il place l’homme en situation de dominé, de soumis, de  démissionnaire, d’en dessous de ce que Allah attend de lui.

Les mots expriment un état, un sentiment, une pensée ou une action qui révèlent le rapport à l’autre :fraternité et solidarité ou agression et domination

Ils expriment la compétence d’Adam d’attribuer des noms à des êtres, des choses et des processus. La compétence humaine de tout nommer exprime le pouvoir de se déployer comme un champ de connaissances, un canevas d’idées, une ingénierie de processus et un réseau d’interactions.

Satan est intervenu comme un obstacle, une tentation, un danger, un ennemi, un leurre pour empêcher la compétence distinctive humaine de se déployer dans son aspiration au bien et au beau et lui interdire sinon lui compliquer les quêtes innées qu’elle porte en elle.

Nommer c’est exister et résister en racontant la mémoire du passé, l’attention de l’acte présent,  et l’espérance… Il faut nommer ses désirs, sa foi, ses projets, ses quêtes, ses amis, ses alliés, son projet de résistance et ses perspectives d’existence.

Les Palestiniens, privés de terres, continuent de nommer le retour à la terre comme la colombe de Noé symbolisait la fin du déluge et triomphe des résistants embarqués dans l’arche du salut. La Palestine continue d’offrir à l’humanité les racines spirituelles,  l’humus sociologique et le sédiment littéraire et intellectuel de la compétence de conjuguer  exister et résister.

Les verbes « exister » et  « résister » sont un même acte exprimé par le même verbe  « sistere » (se) positionner, faire face. Ce qui change c’est la commutation de sens  opérée par l’intention qui préside à l’acte et lui donne motivation, visée, symbole et  reconfiguration.

Exister ou « ex-sistere » consiste, à opérer un changement d’état en sortant  de soi, en allant vers l’extérieur, en cherchant de nouvelles issues ou en faisant rupture par rapport à un fait ou à une idée qui s’impose devant soi par un acte de repositionnement de soi et une reconfiguration de son face-à-face.

Résister ou « re-sistere » consiste à répéter des postures, à inverser des situations, à réagir contre des agressions, et à apporter des réponses aux intrusions par la reprise des positions perdues, la rupture avec l’inertie, le refus de s’aligner sur le sens imposé, la révision du face-à-face, l’apport de nouvelles réponses plus pertinentes et plus opportunes. Résister c’est continuer d’exister en redéployant ses actions après un changement de paradigme.

Il ne s’agit pas, ici,  de dicter une conduite à la résistance ou de parler au nom des résistants, mais de rappeler quelques évidences… Parmi ces évidences il y a les impostures qui font obstacle à la résistance dont les professionnels des négociations interminables, les diplomates du défaitisme de la paix arabe, les Pygmalion de « la résistance globale non violente » et les loups solitaires de la violence gratuite et implacable dans le monde arabe important « la résistance totale sans leader »…

Les invariants

Exister c’est affronter sans cesse les épreuves de vie ainsi que les oppositions intérieures et extérieures qui viennent contrarier le déploiement des possibilités de l’être ou rendre ce dernier réfractaire à toute idée de changement et de progrès.  L’être ontologique et social existe tant qu’il conserve son autonomie à se repositionner en permanence comme un sujet  en devenir dans son acte. Lorsqu’il perd son identité de sujet et le sens de ses actes, il cesse d’exister et devient objet soumis à des volontés contraires.

Exister est une manifestation de la globalité ontologique et sociale des croire, vouloir, savoir, devoir, pouvoir, faire et de leurs interactions dans les registres, invariants et singuliers, de la pensée et de l’activité politique, économique, intellectuelle, artistique …

Aussi vrai que l’être  et son acte sont  indissociables dans leur mutuelle détermination, la résistance et l’existence sont indissociables dans leur formulation et leur interaction. Il en est de même du croire (Amana) et de s’efforcer (Jahada).

Entre exister et résister,  la différence  est que dans un cas on prend davantage de position pour soi, et dans l’autre cas on prend davantage position contre le négateur de soi.  La différence actancielle est dans le rythme et le mode de changer de positionnement, de posture, d’actions, de dynamique, de consommation  du temps et  de l’énergie,   d’effusion de sang, de sueur et de larmes.

Confiner l’un ou l’autre dans un contenu, singulier  ou isolé, est en contradiction avec le principe de globalité. Ce principe  refuse les démarches taxonomiques simplificatrices et réductrices qui veulent confiner la résistance dans un cadre sectaire, une démarche partisane, ou dans une activité.  Le colonialisme est un moule axiomatique qui impose ses mots, ses valeurs, ses codes, ses concepts, ses symboles, ses produits, et ses interlocuteurs qu’il a produits, récupérés, recyclés et validés.

En déboitant l’existence de la résistance  et en négligeant leurs mécanismes globaux nous faisons l’impasse sur la lecture de la réalité et de sa dynamique la confinant dans un fait. Certains d’entre nous voudraient poser le problème palestiniens en termes de lobby faisant ainsi du conjoncturel et du singulier écran aux invariants du rapport colonisé-colonisateurs, opprimés-oppresseurs.

Division, dispersion, atomisation, diversion et subversion sont des armes que l’Empire pratique depuis toujours  pour saper les conditions d’exister et les possibilités de résister des peuples. La résistance globale c’est maintenir la dynamique et l’interaction de l’ensemble des idées et des activités qui expriment le  droit d’exister et le devoir de résister dans un projet de fédération, de cohésion et de coopération de toutes les forces sans exclusion ni exclusive.

L’esprit critique et la vision globale déconstruisent le formatage et renforcent  l’initiative crédible, viable et autonome contre l’oppression. Ils évitent de poursuivre un bouc émissaire désigné ou de s’enfermer dans le mimétisme.

Ni le retour aux sources ni le retour à la terre ne sont une réédition identique de ce qui fut sinon résister et exister finissent en  chimère, en utopie dans ce qui serait. La  loi universelle du changement impose de revisiter le Passé dans un devenir au lieu de vouloir l’importer comme une pièce d’archéologie, un fossile antédiluvien, un prêt-à-porter.

Le Prophète (saws) à Médine n’a pas distingué le Jihad contre l’oppresseur de ce qui donne existence globale à la communauté et à l’État : écoles, assainissement, forages, libération des marchés et du foncier des monopoles, interdiction de l’usure, socialisation des moyens de production, recapitalisation du commerce, de l’industrie et de l’agriculture par le travail et l’investissement, développement des réseaux de solidarité sociale, et asile pour les pauvres et les réfugiés.

 

Vérité immuable

Moïse (saws) nous apporte des éclaircissements magistraux sur les invariants de la résistance globale.

Il ne s’inscrit pas dans un rapport de force, mais il se positionne par rapport à la vérité. Il implique ses partisans et ses adversaires à se repositionner par rapport à la vérité. Il ne singularise pas l’acte d’exister de l’acte de résister. Il va poser les problèmes de l’existence et de la résistance de l’opprimé dans une même problématique et dans une seule et  même perspective. Exister et résister ne sont pas la juxtaposition d’actes linéaires successifs, mais le continuum d’un complexe de quêtes et d’actes faisant sens et contre sens avec la vérité, et faisant opposition ou alliance aux mensonges.

Il va dévoiler l’oppression dans ses deux formes de perversion. La première forme est l’abus dans la propre existence  de l’oppresseur du fait de sa cupidité vorace et de sa prétention narcissique à se croire meilleur ayant droit absolu.  La seconde  forme  est la transgression des droits d’autrui par la violence et les justifications.  Ces deux formes indissociables vont s’intérioriser comme mentalité collective ou fatalité.

Moïse va, sans formalisation juridique,  indiquer  les fondements iniques de l’oppression et des empires coloniaux : le droit d’abuser. Nous sommes donc interpellés, dans la pensée et l’acte de résistance globale,  sur les conditions morales, sociales, économiques et juridiques du capital et de la propriété. Il ne s’agit pas de brimer le capital et la propriété privée, mais de reposer les conditions de leur légitimité et de redéfinir les rapports sociaux à l’argent.  En vérité la question de l’oppression et celle de la résistance dépassent le champ matériel et économique. Le religieux, le culturel, l’idéologique, le psychologique, compris comme acte d’existence de l’homme honoré ou comme devoir de résistance pour restaurer ou préserver l’honorificat de l’homme, sont, selon leur emploi social et moral, des  obstructions ou des accélérateurs à l’existence digne et à la résistance efficace.

Moïse va donc amener tous les syllogismes fallacieux du camp dominant  à s’effondrer les uns après les autres. Il va amener toutes les fascinations, dans son propre camp, envers les symboles de l’oppresseur à se déconstruire.

Toutes les formes de despotisme économique, intellectuel, technologique, financier, militaire, territorial et politique s’épuisent par rapport  à la vérité qui s’énonce et qui dévoile le contenu et la logique des mensonges. Dénoncer le colonialisme ou faire l’apologie de la résistance ne suffit pas. Il faut saper l’arrogance et l’abus dans leurs fondements idéologiques tout en opposant  à leurs instruments de domination des alternatives globales de libération : idéologiques, morales, sociales, économiques, politiques et organisationnelles.

La vérité portée par Moïse porte Moïse. Elle est transcendance et immanence. Elle s’énonce comme évidence absolue, immuable, indivisible, inaliénable et irréversible. Elle est intrinsèque, elle se suffit à elle-même. Elle est une, inaliénable, indivisible,  sans dérogation ni condition suspensive ou limitative…

Moïse va conjuguer re-sistere et ex-sistere en aidant son peuple à devenir endurant et patient tout en lui apprenant les postures intellectuelles, morales, sociales et économiques qui lui permettent de se  tenir debout, de poser les assises de la libération, d’établir l’ossature de la communauté pour exister et résister. En écoutant le récit coranique on peut sans peine imaginer Moise et ses compagnons en train de  soutenir, de remettre debout, d’affermir, de fortifier, de consolider, de se mettre en quête de l’unité et de la Qibla annonciatrices de la fin de l’épreuve.

Si élever, construire, ériger, avancer sont des actes de résistances et d’existence qui fédèrent un peuple longtemps humilié et mis en situation de subsister sous les oppresseurs gaspilleurs, détruire, faire du mal se venger déshumanise davantage l’oppresseur et le rende vulnérable face à l’oppressé qui découvre enfin l’impasse totale de son tyran et entrevoit l’aboutissement dialectique de la contradiction entre l’oppresseur qui va épuiser ses moyens de répression et l’opprimé qui va se remplir de Sabr : endurance, constance avec espérance.

La perversion du rapport à la vérité par  la corruption, la tyrannie, l’injustice, l’atteinte des droits des autres, l’arrogance, la dérive démiurge ou la soumission à l’idole introduit des biais, des confusions ou des aveuglements dans le regard individuel et collectif qui ne perçoit que ses illusions et ses justifications mensongères. Le rapport à la vérité est indissociable du  rapport au savoir et aux références incontestables. Le despotisme est l’imposition d’un mensonge déclamé comme étant une « vérité ».

L’opprimé armé de vérité, non seulement ne voit pas le déficit de ses moyens comme un handicap, mais mobilise les moyens les plus judicieux pour sa résistance tout en se libérant  des limites du rapport des forces. Il va se libérer de ses résidus, de ses corps étrangers et de ses parasites pour se voir dans une perspective et une dynamique sans limites. L’oppresseur va faire le changement inverse en devenant plus vicié, plus vulnérable et sans perspective autre que celle de la spirale infernale de sa machine répressive. Pharaon est contraint de solliciter ses magiciens, ses armées, ses bâtisseurs, ses courtisans, ses vassaux. Il perd le monopole de la représentation et de l’initiative de la puissance. Il amplifie les conditions objectives et subjectives de sa contestation y compris au sein de son camp.

Le processus de confrontation à la vérité et au savoir conduit irrévocablement à l’effondrement des mensonges et de leurs appareils.

Les Palestiniens sont sur cette voie, il ne faut pas les en détourner, il faut les accompagner et dénoncer les tentations et les chantages qui veulent les conduire aux renoncements dans cette phase de confusion. La Turquie, le Qatar, l’Egypte et Mousaylima le grand gourou agissent de concert pour corrompre les Palestiniens  et les pousser à se dessaisir de leur devoir de résistance et de leur désir d’existence.

 

Priorité

Le Messie (saws) ne s’est pas focalisé sur l’occupation romaine et  son administration coloniale. La domination militaire et politique des Romains était secondaire  par rapport à la décomposition religieuse, idéologique, morale, économique, politique et sociale des Bani-Israël, ce concentré d’humanité que le Coran nous présente comme parabole sociohistorique.

La communauté des Bani-Israël du temps du Messie (saws) ressemble étrangement à notre communauté dans ses confusions et ses divisions.  Une communauté fragmentée entre intégristes, romanisants, hellénisants, commerçants cupides, doctes corrupteurs, adeptes de  Satan, seigneurs de guerre en quête d’un roi, populations sans repères.  Les véridiques, les justes  et les vertueux étaient en minorité.

Le peuple accablé par l’injustice, l’impôt, et l’usure ainsi que par l’instrumentalisation de la religion à des fins mondaines et politiques ne pouvait ni produire son argent, ni son élite, ni ses moyens d’émancipation.

Dans ces conditions, l’insurrection populaire contre l’Empire et ses vassaux politiques ne va pas libérer la société des causes profondes de l’oppression. Jésus a dénoncé le système qui rendait impossible la restauration de la vérité, la production des idées, la moralisation de la vie économique  et l’émergence des élites sociales préalables à la libération.

Il ne s’agit pas de prôner le désistement et la résignation comme réponse à la violence faite aux Palestiniens, mais de rappeler aux Arabes l’impératif de hiérarchiser les priorités et de refuser l’impertinence, l’inopportunité et l’incohérence des idées et des actes de  l’atomicité sociale et religieuse.

La confusion et la divergence sont des mouroirs. La confusion sur la vérité n’est pas produite par l’ignorance et l’erreur, mais par une volonté délibérée et préméditée de masquer la vérité, de propager l’ignorance  et d’induire le peuple en erreur pour usurper des privilèges et spolier des biens. La division est systématiquement entretenue par la culture du mensonge délibéré afin de garantir l’impunité  de la spoliation  et sauvegarder le pouvoir de l’imposture. La rente religieuse, historique, politique et économique annonce, accompagne et poursuit l’œuvre du colonialisme.

Si l’Empire romain cherchait la domination militaire, politique et économique du territoire, les castes religieuses cherchaient la domination absolue sur les consciences par la falsification des rapports à la vérité et par la corruption des savoirs.

Si Moïse était confronté à l’arrogance de Coré  et au désir mimétique qui viennent compliquer le rapport au despotisme de Pharaon, le Messie était confronté à un système d’aliénation  économique et idéologique produit par l’élite religieuse se réclamant de  Moïse. Les opposants au pouvoir en place se réclament eux aussi de Moïse sans être une alternative crédible et authentique pour porter la vérité, produire le savoir et libérer le peuple.

Le Messie nous montre que décoloniser les esprits est plus complexe que libérer la terre.

Le Messie n’a pas dissocié les causes de l’oppression de ses conséquences. Il s’est consacré, parallèlement à la proclamation de la vérité et au dévoilement des mécanismes intérieurs de l’aliénation à apporter des remédiations et des soulagements aux souffrances du peuple.

Les Romains et leurs alliés juifs empêchaient le Messie de nommer la vipère vipère et faisaient toutes les combines pour le faire tomber, l’obliger à s’arrêter, le contenir, le réprimer afin de circonscrire sa prédication et sa parole de vérité. Circum-sistere est l’art militaire  romain de  s’arrêter autour des villages et  auprès des populations pour les entourer avant de les attaquer et prendre par la force leurs positions. Circum-sistere est l’art de la casuistique religieuse et sociale pour vendre le faux à la place du vrai en montrant souvent le faux comme du vrai et le vrai comme du faux par la force de la persuasion des rhéteurs religieux. Entouré,  assiéger ou dénigré, le Messie avait adopté une autre posture il s’est consacré à assister les pauvres et les malades. Assister ou a-sistere consiste à devenir absent de la position, à marcher dans le sens imprévu de l’ennemi qui croyait comprendre la posture de son ennemi. La beauté de la situation c’est qu’il a été préservé de posture  tissée par l’ennemi interne et externe en prenant une autre posture qui consiste à assister les démunis et les esseulés. As-sistere prend aussi le sens d’être présent sur place, d’être à côtés pour secourir et aider.

Le jeu de mots ne peut montrer l’étendue du destin qui se jouait en ces moments-là, mais il témoigne de la force des mots et de l’ironie de ces mots lorsqu’ils sont rapportés à l’histoire des us et des autres. La plus grande ironie c’est que ces mots continuent de se jouer des uns et des autres car les médiocres qui répètent des mots religieux sans en comprendre le sens ou la portée et ont l’outrecuidance de parler au nom de Dieu et des Prophètes. L’ironie est cruelle car l’effusion du sang musulman au profit des ennemis des musulmans ne semble pas s’arrêter.