Al Forqane II : Les brigades Al-Qassam et Al-Qods déjouent tous les complots

La résistance palestinienne qui a réalisé l’exploit de mettre en échec l’« Opération plomb durci » a montré la supériorité du faible lorsqu’il est déterminé à se défendre contre l’arrogant. Dans la bataille militaire la symbolique Al Forqane « le critère » a triomphé de « Hanouka » le nom de code de l’agression de décembre 2009.

Trois après, nous sommes entrés dans la phase de Forqane II avec un nouvel embrasement du front. Cette fois-ci, les enjeux symboliques qui s’affrontent sont les mêmes « le critère de vérité » comme « le mythe de Hanouka ». Mais, aujourd’hui si les enjeux sont les mêmes avec plus d’acuité et de perversion, d’autres mythes vont tomber.

En 2009, le mythe de l’invincibilité de l’armée sioniste a été pour la seconde fois mis à terre par les David arabes du Liban et de Palestine.

En 2009, Moubarak et les rois arabes se sont rangés du côté de Goliath.

Allah a voulu que la Palestine soit la respiration historique du monde, le pouls cardiaque du monde arabo-musulman. Elle est le berceau des Prophètes. Tout ce qui arrive de profond en Palestine se répercute nécessairement sur le monde et vice versa. Voir à ce sujet mon livre « les révolutions arabes et la Palestine » réalisé à la suite de la conférence que j’ai donnée au Comité Action Palestine de Bordeaux. Moubarak a été emporté comme un débris en quelques semaines pour sa complicité dans les crimes odieux et impardonnables commis contre la population de Gaza.

Les « révolutions arabes » nées à la suite de la résistance héroïque Al Forqane ont été confisquées par les appareils du mouvement islamiste au profit de l’Amérique qui ont fait de ce « moment mystique de l’histoire » une trahison pour donner caution morale et religieuse à l’OTAN d’intervenir masquée ou dévoilée en Libye et en Syrie laissant l’impression que l’heure du triomphe est arrivée pour les Bédouins Arabes et le « néo Ottoman » Erdogan qui se voyaient conduire le monde musulman et arabe au consumérisme capitaliste, à la liquidation de la cause palestinienne, et au Sykes Picot bis. C’était sans compter sur la résistance palestinienne et ses traditions de lutte.

Tout le monde voyait la fin de la Syrie, la liquidation de la cause palestinienne, le démembrement du monde arabe, la guerre contre l’Iran et l’invasion de l’Algérie sous la bénédiction des Frères Musulmans qui se croyaient les nouveaux maitres des lieux.

Le déplacement de l’émir du Qatar, PDG de la plus grande base américano pétrolière  dans le monde, à Gaza devait sceller la fin de la résistance que le HAMAS sous l’impulsion des Frères égyptiens avait commencé à liquider en se montrant traitre envers la Syrie, en s’ouvrant au Qatar et en proposant une trêve unilatérale sans contrepartie.  L’Empire, aux abois, tenu en échec en Syrie avait besoin de plus de temps et le front en Palestine devait être mis sous anesthésie. Le Qatar et les Frères Musulmans égyptiens croyaient corrompre la résistance palestinienne avec les milliards de dollars et la Dawla islamiya oubliant que les Gazaouis ont oublié la faim et le désir de manger après un long blocus, et la signification de « l’Islam est la solution » après plus d’un an de gouvernance islamique aussi infantile qu’incompétente.

Au moment où les uns désespéraient de voir la fin qu’ils attendaient alors que les autres attendaient avec impatience la levée des obstacles qui les empêchaient d’avancer vers une étape nouvelle, les brigades AlQassam et AlQods déjouent tous les complots et faussent tous les calculs : Al Forqane est de nouveau en vigueur.

Al Forqane, le critère de vérité, la discrimination entre le faux et le vrai, entre le juste et l’injuste va s’imposer à tous. Il y a un Dieu au-dessus de toutes les créatures qui met à néant tous les stratagèmes.  Soumis au Décret divin, l’Empire et le sionisme sont faillibles et se comportent contre leurs propres intérêts par précipitation et par  arrogance. Soumis au Décret divin les Arabes traitres à leur cause sont mis devant leur responsabilité. La question syrienne ne peut plus occulter leur nature perfide. Les Frères Musulmans sont dévoilés devant le monde musulman et sont contraints de prendre une position douloureuse avec des conséquences qu’ils n’ont pas prévues comme ils n’avaient pas prévues de révolution ni de prendre les clés des tyrans et agir comme eux.

Les Frères Musulmans, plus tôt que prévu, sont tenus de choisir leur camp : la cause palestinienne et la résistance avec comme conséquence l’anéantissement des faux espoirs avec les monarchies, les pseudo révolutions et le flirt avec l’Empire et son dauphin. Sinon ils seront exposés à la rue arabe, à leurs opposants arabes nationalistes et laïcs. Plus personne ne peut jouer son avenir politique sur le dos des Palestiniens et de la Palestine sans se faire brûler les ailes et la cervelle.

Dans «  Le dilemme arabe et les dix Commandements US » j’ai montré l’impasse de la confiscation de la « révolution » et l’empressement insensé d’applaudir à la mort de Kadhafi ou à l’appel à la mort de Bachar Al Assad. J’avais considéré que ces comportements sont absurdes et dénotent l’affrontement dans le monde musulman, indépendamment du qualificatif islamiste ou non islamiste, de deux écoles de pensée : l’école du pragmatique et du réalisme cynique qui est prête à composer et à détruire l’axe de la résistance pour des considérations partisanes, et l’école des principes qui refuse de composer car sa culture n’est pas une culture d’appareil, mais une philosophie de résistance, de dignité pour les peuples arabes et musulmans.

Il est vrai que les opportunistes et les cyniques ont pris le train en marche, mais ce train est en train de dérailler car c’est un train qui va à contre-courant de l’histoire. L’histoire annonce la naissance d’un Nouveau Monde multipolaire et la fin de l’hégémonie impériale et sioniste. Une partie des Frères Musulmans ne savent pas lire l’histoire, la grammaire des civilisations et les germes du futur qui sont en train de pousser sous nos yeux.

 

Ce que l’Empire, le sionisme, l’Occident agonisant et les Français en particulier ne savent pas ou ne veulent pas voir c’est que dans l’Islam il y a et il y aura toujours une faction qui restera sur la voie de la vérité, cette faction sera invincible jusqu’à la fin des temps. Elle consentira des sacrifices et donnera des martyrs sans s’impliquer dans les fausses querelles et les faux combats.

Cette faction est diluée dans le monde musulman, mais elle est présente au sein des Frères Musulmans, des Salafistes, des nationalistes et même au sein de certains laïcs ou marxistes arabes qui ne connaissent pas l’Islam, mais qui en portent le potentiel : le désir de changer, le désir de se libérer, le désir de résister, le désir de construire un autre monde où règne la liberté, la justice, la justice sociale…

La Palestine est le signe annonciateur…

Al Forqane II annonce la fin des anciens et des nouveaux mythes. La fin de l’invincibilité des puissants. La fin des rêves des Bédouins arabes et du Khalife ottoman, la fin de l’insenséisme de ceux qui se réclament de la Sunna. C’est le début du cauchemar pour la frange aristocratique et élitiste des Frères Musulmans et des « Thouars » de l’OTAN. Al Jaabari rejoint ses frères de combat  après avoir accompli son devoir sans changer de principes.

Allah a voulu que chacun soit l’épreuve de l’autre :

{Si Allah voulait, Il les réduirait à l’impuissance, mais Il veut vous  éprouver les uns par les autres.} Mohammed 4

L’épreuve est l’instrument du Forqane qui sépare le grain de l’ivraie. L’épreuve va unifier de nouveau le HAMAS qui a intérêt pour sa crédibilité, son efficacité à s’inscrire dans un cadre non partisan. Comme pour l’ensemble de la confrérie, l’issue de l’affrontement violent et sanglant pour la nouvelle invasion de Gaza va déterminer quelle est l’école de pensée qui va conduire le monde musulman dans ses rapports aux autres.

L’épreuve est une conscientisation qui met la lumière sur les rentiers qui ont fait de l’Islam une rente religieuse, politique et sociale permettant à l’Empire et au sionisme de l’instrumentaliser en la mettant au service de l’effusion du sang des musulmans, effusion sacrilège. Jamais Allah ne donnera primat religieux ou idéologique  à ceux qui ont transgressé la vie humaine qu’il a rendu sacrée. Nous les voyons se déjuger, se discréditer en tentant de minimiser la résistance héroïque des Palestiniens. Nous les voyons chercher à réconcilier la résistance avec le projet de pax américaine au Moyen-Orient.

Nous espérons ne pas voir d’autres trahisons, d’autres compromissions. Chaque musulman est comptable de chaque goutte de sang qui tombe  sur cette terre. Elle lui donnera de la gloire et de la dignité ou de l’humiliation et des malheurs selon qu’elle soit versée pour la justice et la vérité ou non.

De la trahison ou de la fidélité des uns et des autres Gaza sera non seulement le cimetière des combattants des uns ou des autres, mais la lueur d’espoir ou de malédiction pour les uns et les autres.

Celui à qui Allah accorde  la victoire, nul ne peut le vaincre.

Celui qui a choisi Hijarat Sijjil comme symbole de résistance voit la victoire devant ses yeux, même si l’ennemi et le défaitiste la voit impossible ou lointaine :

{ أَلَمْ تَرَ كَيْفَ فَعَلَ رَبُّكَ بِأَصْحَابِ ٱلْفِيلِ } * { أَلَمْ يَجْعَلْ كَيْدَهُمْ فِي تَضْلِيلٍ } * { وَأَرْسَلَ عَلَيْهِمْ طَيْراً أَبَابِيلَ } * { تَرْمِيهِم بِحِجَارَةٍ مِّن سِجِّيلٍ } * { فَجَعَلَهُمْ كَعَصْفٍ مَّأْكُولٍ }

{N’as-tu donc pas vu comment ton Dieu A fait des gens de l’éléphant ?

N’a-t-Il pas détourné leur ruse en fourvoiement ?

Et Il envoya contre eux des volatiles par volées,

leur lancer des pierres de marne entassées.

Il les a rendu  comme de la paille rongée.}

Al Fil

La pierre peut faire tomber le F16, le résistant isolé peut faire déjouer tous les complots et ainsi dire aux hommes que jamais la question palestinienne ne sortira de l’équation humaine : elle restera le critère, l’indice, l’annonce, la mesure de l’état du monde. La bataille de la Palestine sera la bataille des volatiles de feu contre les mastotondes de l’occupation si les spoliés en Palestine et ceux qui leur apportent soutien moral et matériel se hissent au niveau requis, sur le plan général à  faire du combat pour la libération de la Palestine un combat pour la liberté et la dignité des peuples, sur le plan islamique  un combat entre le Haqq et le Bàtel, un chemin sur la quête du salut dans la vie future. Allah ne donnera aux croyants  la géographie, le territoire, la dignité, la prospérité, le pouvoir que si et seulement si ils font de la quête de la rencontre de Dieu leur principale préoccupation :

{Certes, la terre sera héritée par Mes Dévoués vertueux.} Al Anbiya 105

{ Et Nous voulons faire don à ceux qui furent opprimés de par la terre, en faire des modèles, faire d’eux les héritiers,   leur donner pouvoir de par la Terre, et montrer à Pharaon, à Hàmàne, et à leurs soldats ce qu’ils appréhendaient de leur part.} Al Qassas 5

Il n’y a pas de place à l’esprit partisan et sectaire pour ceux qui veulent fonder une civilisation à visage monothéiste qui enfante des libérateurs et des civilisateurs car elle ne peut être enfantée que par des libérés et des civilisés en rupture avec tout ce qui est contraire à la vertu, au dévouement, à l’adoration d’Allah et à la fédération des forces, toutes les forces qui refusent l’exclusion et le monopole.

Chaque bataille et chaque épreuve viennent comme des gifles frapper les Arabes et les Musulmans somnolents : il est temps de se réveiller et de mettre fin à l’esprit sectaire et partisan; il est urgent de s’unifier et d’avoir une seule et même boussole pour ne pas rester encore comme des débris de détritus humains emportés comme des proies faciles vers les gueules des prédateurs insatiables.

Document  » secret » des dernières minutes de Ben Ali

Les révolutions arabes : épilogue

J’ai couvert sans relâche les « révolutions » tunisiennes, égyptiennes et libyennes prenant position pour la foule puis devenant soupçonneux et enfin anti révolution. J’ai affirmé et je continue d’affirmer que ces « révolutions » sont des formes d’octobre 88 nées de l’injustice et de l’oppression sur lesquelles viennent se greffer des agendas étrangers et des scénarios internes. J’avais soupçonné le ministre de la défense d’être l’instigateur d’un coup d’état blanc sous couvert du mouvement insurrectionnel qui se reproduit dans le monde arabe d’une manière cyclique et se termine dans le sang et dans le chaos faute de vision idéologique et d’encadrement politique.

J’ai maintenu et je continue à maintenir la récupération de l’Occident de  l’impact des cyber dissidents. Il est vrai qu’il existe sur le Net  de la dissidence comme il en existait avant dans les universités et entreprises. Personne n’ignore que tout mouvement dissident coure le risque d’être infiltré par les agents de l’extérieur et par les agents de l’intérieur. Infiltré peu ou prou, ce mouvement n’a aucune chance d’atteindre ses objectifs si la réalité tangible ne lui donne pas occasion de s’exprimer, d’avoir du crédit et s’instaurer comme guide ou inspirateur. Ce serait du mépris aux peuples arabes que de continuer à voir les foules en insurrection, souvent déconnectées de l’internet par l’exclusion sociale et culturelle, obeir à un instigateur inconnu. Ennahda n’a pas participé à l’instigation de cette insurrection, mais emlle en a récolté les profit car il y a une cooptation pour en faire un laboratoire d’essai américain et surtout elle disposait d’un maillage dans le tissus social et territorial très dense par sa seule revendication islamique qui répond à un peuple assoiffé d’islam, de justice sociale et de liberté.

L’occident a trop vite réagi en mettant en scène ces cyber dissidents et ces cyber agents subversifs pour trois  raisons majeurs. La première est de rester le modèle dominant à qui les peuples doivent le changement. La seconde est de faire peur aux autres régimes arabes. La troisième est de faire subversion en focalisant les regards, les menaces ou les espoirs sur ces jeunes cyber révolutionnaires le temps de gérer, dans la confusion, l’après Ben Ali et l’après Moubarak. La meilleure preuve est l’oubli de ces jeunes à qui on a fait miroiter des postes de ministres, de président, de chef d’entreprises et qui comme Marie et le pot au lait se sont réveillés sans vache, ni poules ni lait.

L’Occident et les arabes endormis ont occulté le véritable travail de sape psychologique et de diversion médiatique : Al Jazeera qui donnait non plus de de l’information journalistiques , mais des consignes d’actions subversives et les objectifs attendus.

J’ai maintenu et je continue à maintenir que les États-Unis ne sont pas les auteurs de ces coups d’états, mais qu’ils ont suffisamment d’intelligence pragmatique et de capacité d’anticipation pour occuper le terrain et placer leurs pions à la place qu’il faut au moment qu’il faut. Devant le scénario qu’il n’ont pas vu venir ils ont révéillé leurs taupes et pris les choses en main. Tout le cafouillage était la gestion des contradictions et des imprévus. L’occasion rêvée et attendue de trouver des remplaçants aux dictateurs en place, de mettre sur la sellette les confréries islamiques  pour réaliser la stratégie de Brezinski et de Bernard Lewis. Cette stratégie est en œuvre : occuper les musulmans dans une guerre sectaire et fratricide ou le gagnant serait le perdant et par cette guerre réaliser le projet du nouveau monde musulman démantelé et restructuré. La suite tout le monde la connait : l’effet domino et la confiscation des « révolutions » nommées printemps.

Le déclic final a eu lieu à Deauville G-8 où Christine Lagarde  officialise  « le printemps arabe » qu’elle compare  à la chute du mur de Berlin. Le Vatican, la CIA, les élites occidentalisées,  la guerre d’Afghanistan, et les mouvements sociaux  ont accéléré l’effondrement de l’URSS. Il faut relire l’histoire du monde arabe ces deux dernières décennies pour voir le même scénario. Cette fois-ci il vise l’effondrement de l’éveil islamique.

J’ai perdu le livre , à la suite d’un acte de piratage, qui décrit le lien entre ce qui s’est passé dans le bloc de Varsovie et ce qui se passe dans le monde arabe. Par contre j’ai toujours le livre « le dilemme arabe et les 10 commandements US » où j’ai prédit que le mouvement populaire confisqué va donner lieu à un mouvement de masse plus profond qui va dans quelques années liquider le passif de l’esprit confrérique et partisan des Frères Musulmans qui est un frein à la renaissance du monde musulman.

Par probité religieuse et intellectuelle j’ai refusé de considérer les Frères Musulmans de Traitres comme le prétendent les laïcs. Leur esprit partisan, leur disciple confrérique, leur absence de culture politique, leur surprise devant les émeutes, leur esprit de revanche, leur organisation en appareil, et enfin leur prétention à utiliser les Américains selon l’adage arabe « embrasse le chien sur sa gueule si cela doit te faciliter la tâche » les ont conduits à composer puis à se compromettre et enfin à se trouver embarqués dans un jeu dont ils ne peuvent ni se retirer ni changer les règles : le serpent se mord la queue. Le pragmatisme politique et l’empressement ne sont pas les qualités que le Coran attribue aux Prophètes (saws).

Le pragmatisme se trouve confronté à la réalité et n’a plus de choix qu’à se déjuger et perdre tout crédit d’autant plus que le slogan « l’islam est la solution » ne semble pas bien fonctionner, car les problèmes appelant les solutions ne sont pas connus dans leur genèse et leur interaction. Sinon il fuit en avant vers la Syrie en appelant de nouveau l’OTAN à assassiner un président en exercice contre toutes les lois religieuses et contre le droit international.  La fuite en avant est celle du poisson qui a mordu à l’appât alors qu’il s’imaginait être un fin pêcheur en eaux troubles. Les Américains ont bien ferré et ils ne lâcheront pas prise. Le dénouement n’est pas pour demain et il sera brutal. J’espère me tromper.

Je parviens à garder la tête hors de l’eau, non pas que je sois plus intelligent, plus instruit ou plus malin, mais tout simplement, car je suis indépendant loin de tout esprit partisan d’une part et d’autre part les puissants de ce monde sont tellement arrogants qu’ils ne cachent plus leur jeu à moins que pour eux ce soit aussi la fin, car ils ont perdu leur compétence d’organiser et de distribuer les rôles. Sans aucun doute, nos petits enfants verront la fin de partie pour les arrogants et pour les médiocres.

Si je ne me fais pas d’illusion sur l’Empire et le sionisme, j’attends toujours des Frères Musulmans qu’ils nous donnent, puisqu’ils appellent à l’effusion de sang en notre nom, au nom de notre religion et au Nom de notre Dieu,  les arguments incontestables du Coran et de la Sunna.

Il y a d’autres voies pour combattre la Tyrannie et les despotes. Il ne peut y avoir de sortie honorable lorsque la révolution sanguinaire est conduite par les Frères Musulmans, Al Qaeda et un athée d’origine chrétienne. Elle ne peut conduire à la paix comme elle n’a pas conduit les Afghans à la Paix lorsque l’Arabie saoudite et le Qatar en sont les commanditaires ou du moins les financiers et les soutiens logistiques.

 

 Cheikh Facebook

Sur le net les nouvelles vont vite. Ces nouvelles vont du mensonge à la vérité en passant par la rumeur, l’intox et les sondages. Voici ce que dit Cheikh Facebook  sur un  document « secret » publié le 25 octobre et partagé il y a quelques minutes par la page « Tunisie capitale du monde » , qui compte plus de 39 mille fans ,sous le titre « Exclusif: l’échange téléphonique qui a scellé le destin de la Tunisie ». Le document parle de la dernière conversation téléphonique de l’ex-président Ben Ali alors qu’il était dans l’avion vers l’Arabie Saoudite . A lire avec beaucoup de  réserves et à attendre les suites politiques et sécuritaires en Tunisie qu’il annonce.

 

Jeudi 25 Octobre 2012

Une source policière nous a fait parvenir ce document explosif, avec la bande sonore qui confirme son authenticité. Nous vous livrons en exclusivité la transcription des communications téléphoniques qui ont eu lieu, dans la nuit du 14 au 15 janvier 2011, entre Ben Ali (B.A), son Premier ministre Mohamed Ghannouchi (M.G), son ministre de la Défense Ridha Grira (G.R), Mahmoud Cheikhrouhou (M.C), le commandant de bord de l’avion qui transportait le couple présidentiel en Arabie Saoudite, et Hédi Baccouche (H.B), ancien Premier ministre de Ben Ali. Après la transcription, notre analyse des faits.

 

 « Exclusif: l’échange téléphonique qui a scellé le destin de la Tunisie » :

 

A 3h02 du matin, Ben Ali appelle l’ex-Premier Ministre Tunisien Mohamed Ghannouchi (M.G) :
B.A : « Mohamed ! Je vous ai demandé de repasser à la télé ! Dites au peuple tunisien que vous comptez donner quelques précisions au sujet de votre discours ! Dites aux gens que je rentre demain et que tout rentrera dans l’ordre ! Dites leur que je sais à présent qui a manigancé pour qu’on en arrive là !
M.G : « Monsieur le Président ! Vous êtes toujours Président de la Tunisie ! Cependant je ne pense pas que votre retour sera apprécié par le peuple tunisien ! Il faut que vous passiez encore quelques temps en Arabie Saoudite le temps que ça se calme !

B.A : « Il n’en est pas question ! Je vous ai dit que je rentre demain à la première heure ! Faites ce que je vous dis ! C’est moi le Président ! C’est moi le Président ! Où êtes-vous en ce moment Si Mohamed ?
M.G : « On est tous réunit au Ministère de l’intérieur Monsieur le Président »
B.A : « Si Ridha est-il à vos côtés? »
M.G : « Oui Monsieur le Président »
B.A : « Passez le moi ! »
R.G : « Monsieur le Président ! »
B.A : « Si Ridha ! Dites moi ce qui se passe. Mohamed m’a dit que la situation est très grave ! »
R.G : « Affirmatif Monsieur le Président ! Le pays et à feu et à sang. Des milices tirent sur des innocents. On ne sait pas d’où ils sortent ! Monsieur le Président je sens qu’il y a un complot dangereux qui se trame sur nos sols »
B.A : « Avez-vous pris contact avec Ali Sériati (Directeur de la Garde présidentielle) ? »
R.G : « Monsieur le Président ! J’ai ordonné l’arrestation d’Ali Sériati ! »
B.A : « Pourquoi avez-vous fait ça ? Qu’est ce qu’il a encore fait ?
R.G : « Je ne sais pas encore Monsieur le Président mais les R.M (Renseignements Militaires) sont en possession d’informations très délicates »
B.A : « Quels types d’informations Si Ridha ? »
R.G : « Je ne peux vous dire ça au téléphone Monsieur le Président !»
B.A : « Dites moi Ridha ! Dites moi tout de suite ce vous avez trouvé sur Ali »
RG : « Je ne peux pas Monsieur le Président ! Je n’ai plus confiance en personne. On est tous sur écoute ici ! Vous le savez ça ! »
B.A : « Vous voulez dire quoi ? »
R.G : « Vous m’avez bien compris Monsieur le Président ! »
B.A : « Bon Ridha dites à Mohamed que je rentre demain et que je vais remettre les pendules à l’heure. »
R.G : « Monsieur le Président ! Vous ne pouvez plus rentrer. Le pays risque de brûler. Les gens pensent que vous avez fui le pays. Vous ne pouvez plus faire marche arrière. Attendez encore deux ou trois jours et on vous dira ce qu’il en sera Monsieur le Président !
B.A : « Pas question ! Je rentre! Je rentre ! Je rentre ! »
R.G : « Monsieur le Président ! Si vous rentrez, je serai dans l’obligation d’assurer votre sécurité ! L’armée sera probablement contrainte de tirer sur les gens et je ne veux pas en arriver là ! Je n’ai pas envie de tuer des innocents !
B.A : « On n’en arrivera pas là ! Je vous le promets Ridha »

A ce moment, Ben Ali raccroche le téléphone. Ou la communication se coupe.

A 5h18 du matin, le commandant Mahmoud Cheikhrouhou (M.C) appelle le Premier Ministre Tunisien :
M.C : « Monsieur le Premier Ministre ! Je fais quoi ! Je suis toujours à l’aéroport ! Le Président m’a donné l’ordre de ne pas bouger. Et ici, personne n’est au courant de quoi que ce soit. J’étais avec Si Nabil (Nabil Chéttaoui est l’ancien PDG de la compagnie aérienne Tunisair) au téléphone et c’est lui qui m’a conseillé de vous contacter. »

M.G : « je ne sais pas ! Je ne peux rien vous dire pour le moment ! Attendez ! Je vous passe Si Ridha le Ministre de la Défense. C ’est l’armée et à sa tête Si Ridha qui contrôlent le pays maintenant. Je vous le passe ! »
R.G : « Si Moncef, qu’est ce qui se passe ? Qu’est ce qu’il y a ?
C : « Monsieur le Ministre ! Dites moi ce que je dois faire ! Ça fait à peu près 5 heures que j’attends et on ne m’a toujours pas donné de consignes et ici, personne ne veut ravitailler l’avion! »

A ce moment, le Ministre de la Défense s’adressa aux présents et leurs dits en ayant toujours le commandant au téléphone :

R.G : « Messieurs ! Je vais donner l’ordre au commandant de rentrer sans le Président et j’en assume l’entière responsabilité »
A ce moment là, une longue discussion a eu lieu avant que le Ministre de la Défense ne reprenne la conversation :
RG : « Mahmoud, préparez vous à repartir. Je vais vous donner plus de détails d’ici 10 mn. Faites le plein. Vous allez rentrer directement à Tunis. Et surtout n’en parlez à personne même pas au Président en personne ! Vous m’avez bien compris Si Mahmoud ?
M.C : « Oui Monsieur le Ministre ! »
RG : « Donnez-moi un numéro où je pourrai vous joindre ! »
M.C : « Tout de suite Monsieur le Ministre. Avez-vous de quoi noter Monsieur le Ministre ? »
R.G : « Oui, allez-y ! »
M.C : « C’est le xxxxxxx », rappelez-moi SVP ».
R.G : « Bien entendu ! Laissez le téléphone à vos côtés ! Je vous rappelle de suite pour vous donner les consignes. »

Près de dix minutes plus tard, Ridha Grira rappelle le commandant et lui dit :

R.G : « Si Mahmoud ! Écoutez mois attentivement ! Vous allez rentrer tout de suite. Vous allez rentrer sans le Président. C’est une décision qui a été prise au plus haut niveau de l’Etat et j’en assume l’entière responsabilité. Je vous laisse préparer l’avion ! Je reviens vers vous dans 15 mn. »
A ce moment le Ministre de la Défense raccroche le téléphone et appelle Hédi Baccouche (ancien Ministre du temps de Bourguiba et de Ben Ali , l’un des trois cerveaux de l’opération du 7 Novembre 87)
R.G : « Si Hédi ! C’est Ridha Grira au téléphone »
H.B : « Monsieur le Ministre ! J’ai appris ce qui s’est passé ! Seriez-vous derrière le départ du Président ? »
R.G : « Je vous expliquerais cela plus en détail plus tard Si Hédi ! Si Hédi Je viens de prendre une décision d’une extrême importance suite à une réunion avec Si Mohamed, Si Foued (Foued Mebazaa, ancien Président du parlement), Si Abdallah Kallel (ancien Ministre et Président de la Chambre des Sénateurs du temps de Ben Ali ), le Général Ammar (Rachid Ammar, chef d’état major), les membres du CSA (Conseil Suprême des Armées), Si Ahmed (Ahmed Friaa ancien Ministre de l’Intérieur) et Si Kamel (Kamel Morjane était encore le Ministre des Affaires étrangères) : Si Hédi ! J’ai décidé que Ben Ali ne vas plus rentrer en Tunisie !
H.B : « Etes-vous sûr de vous Si Ridha ? Avez-vous reçu des instructions d’une ambassade bien particulière ?
R.G : « Non Si Hédi ! C’est une décision personnelle ! S’il rentre, on sera obligé de le défendre et des milliers de vies tomberont !
H.B : « Faites le nécessaire Monsieur le Ministre »
R.G : « J’aurais besoin de vous Si Hédi ! J’ai proposé à Si Foued (Mebazaa) de passer à l’article 15 demain matin. Mais il ne veut pas entendre parler de ça. Il dit qu’il est malade. Mais on doit appliquer le texte de loi. Il faut qu’il occupe le poste de Président afin de fermer définitivement la porte devant un retour éventuel du Président Ben Ali. Essayez de le convaincre. Ici, il ne veut plus écouter personne. Appelez Si Hamed (Hamed Karoui est un ancien Premier ministre de Ben Ali ) ; lui, il saura lui parler ».

Analyse de ces échanges téléphoniques par Cheikh Facebook

 

Ce document parfaitement authentifié est d’une importance capitale. Nous savions déjà que Ben Ali ne s’est jamais enfui, qu’il y a été persuadé et contraint par le général Ali Seriati. Nous savons maintenant que Ben Ali voulait absolument revenir au pays. L’on comprend ici que c’est Ridha Grira qui a pris la décision d’empêcher Ben Ali de revenir. Mais a-t-il pris tout seul cette décision qui a fait basculer le destin de la Tunisie ? Nous pensons et nous affirmons que cette décision lui a été dictée par le général Rachid Ammar, même s’il en était le ministre. Mais Rachid Ammar lui-même, a-t-il agi tout seul ou sous instruction ? Nous soutenons et affirmons qu’il n’a fait qu’exécuter le « souhait » du Pentagone, pour ne pas dire l’ordre de Washington.

Si Rida Grira est le « sauveur » du pays, pourquoi donc a-t-il été arrêté, sous le Premier ministère de Béji Caïd Essebsi, en septembre 2011 ? Parce que, dès mars 2011, il n’a pas observé l’omerta. Sans doute par honnêteté intellectuelle et naïveté politique, il a commencé à parler aux médias des événements de janvier 2011, puisqu’il en était au cœur. Il a d’abord démenti la légende selon laquelle Rachid Ammar n’a jamais dit Non à Ben Ali pour réprimer la foule. Selon son propre aveu, c’est le cyber-collabos Yacine Ayari qui a lancé cette désinformation à partir de sa chambre de bonne à Bruxelles. Le démenti de Ridha Grira n’a évidemment pas plu au général Ammar, qui a fini par croire à ce mensonge qui a fait sa popularité auprès des Tunisiens. Grira a par la suite, toujours par médias interposés, accablé le général Ali Seriati dont il aurait donné l’ordre d’arrestation.

Notre thèse est par conséquent la suivante. Dès le 10 janvier 2011, sentant la crise s’aggraver et le pouvoir chanceler, plusieurs protagonistes se sont mis à rêver qu’ils pouvaient succéder à Ben Ali. Ces protagonistes sont principalement le général Ali Seriati et le général Rachid Ammar. Le premier a persuadé Ben Ali de quitter le pays, prétextant qu’il ne pourrait plus assumer sa sécurité. Il espérait ainsi créer un vide dont il aurait profité pour prendre le pouvoir. Le second a donné l’ordre d’empêcher Ben Ali de revenir, pour les mêmes raisons que Seriati. Il y avait donc deux coups-d’Etat en marche. Celui du général Ali Seriati et celui du général Ammar. Le premier de type endogène, et le second de type exogène (américain). Vous connaissez la suite : Ali Seriati a été arrêté le 14 janvier 2011, sous l’ordre de Rachid Ammar, avec l’appui des Etats-Unis, et non pas de Ridha Grira comme il le dit dans ce document.

Ce qui s’est passé le 14 janvier 2011 n’est donc pas une révolution, mais un coup d’Etat militaire, qui n’était pas planifié par les Américains, mais improvisé par les stratèges de la Maison Blanche qui suivaient de très près les événements dès leur déclenchement à Sidi Bouzid. Comment ce fait divers, l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, a-t-il pu prendre une telle ampleur nationale, régionale et même internationale ?

Il s’agit là d’une autre question, géopolitique cette fois-ci, qui implique en l’occurrence une véritable planification américaine qui a commencé dès 2003. Une planification dont les acteurs et les exécutants ne sont plus l’armée nationale ou la Garde républicaine, mais l’armée des cybers-collabos, formatés par les ONG-écran des services de renseignement américain, et qui ont fait la « révolution 2.0 » ! Nous y reviendrons avec détails, documents, preuves et noms à l’appui.

Malek Bennabi et les Frères Musulmans

Titre originale « L’étude des Frères Musulmans par Malek Bennabi » par Youssef Girard paru le 19 mai 2010 sur ISM Palestine

http://www.ism-france.org/analyses/L-etude-des-Freres-Musulmans-par-Malek-Bennabi-article-13833

Les Frères Musulmans : un espoir…

Après la guerre 1939-1945, Malek Bennabi qui fut l’un des premiers intellectuels algériens à étudier les Frères Musulmans, publia ses premières analyses sur ce mouvement dans Le Jeune Musulman, organe francophone de l’association des Ouléma, et dans La République Algérienne, journal de l’Union Démocratique pour le Manifeste Algérien (UDMA) de Ferhat Abbas. Ces articles étaient issus de Vocation de l’Islam qui parut en septembre 1954 aux éditions du Seuil, mais que Bennabi avait rédigé en 1950. Ayant dû attendre quatre ans avant de pouvoir publier son ouvrage, l’intellectuel algérien qui craignait de ne pas pouvoir le rendre public, choisit d’en publier certaines parties sous forme d’articles dans la presse algérienne.

Dans ses mémoires, Malek Bennabi attribue une partie de ses démêlés avec les autorités coloniales françaises à ses articles dans lesquels il faisait connaître le nom d’Hassan al-Banna au peuple algérien colonisé. Alors qu’il se lança dans un projet de fuir l’Algérie pour échapper à l’administration coloniale en mai 1951, Bennabi décrivait le problème qu’il pensait être pour les autorités françaises : « l’homme qui s’était toujours tenu en marge de la mascarade électorale, qui ridiculisait dans ses écrits le « patriotisme » indigène [5] et la « civilisation » chrétienne, qui vulgarisait des noms dangereux, comme celui de Hassan al-Banna, qui humiliait la « supériorité » du « spécialiste des questions musulmanes », qui indiquait dans un chapitre de « Vocation de l’Islam » les « Voies nouvelles », que doit suivre la génération nouvelle, et qui n’avait pas voulu faire de l’anti-communisme malgré tous les « prétextes » [6] les « communistes » eux-mêmes lui fournissaient, cet homme-là, il fallait coûte que coûte en venir à bout par tous les moyens puisque l’argent, les honneurs, la situation n’ont pas de prise sur lui » [7]. La pression que l’administration coloniale faisait peser sur lui, était, selon Bennabi, directement liée à l’intérêt qu’il portait à Hassan al-Banna et aux Frères Musulmans.

Toutefois, cet intérêt pour al-Banna et les Frères Musulmans s’inscrivait dans une perspective propre à Malek Bennabi qu’il s’efforçait de développer dans son action et dans ses écrits : son refus de la « politique politicienne », la « boutilique », et la compromission avec les autorités coloniales. Ce refus de la « boulitique » qui fut l’une des constantes de la pensée et de l’action de Bennabi, détermina largement le regard que l’intellectuel algérien portait sur l’association des Frères Musulmans.

Dans Vocation de l’Islam, l’intellectuel algérien analysa la dynamique impulsée par les Frères Musulmans en Egypte et dans le reste du Machreq bien qu’il reconnaissait manquer de renseignements sur l’action et les idées de l’association fondée par Hassan al-Banna [8]. Insistant particulièrement sur la « fraternité islamique » comprise dans le nom de l’association qui ne devait pas être une simple idée mais un acte concret, Malek Bennabi écrivait : « le mouvement le plus récent qui affirme la nouvelle tendance est incontestablement celui des « Frères Musulmans » en Egypte, qui compte aussi de nombreux adeptes en Syrie. Nous ne possédons malheureusement pas assez de documents sur ce mouvement, dont la caractéristique essentielle est l’acte de fraternisation qu’implique son titre même. La première communauté islamique ne s’était pas fondée sur un simple sentiment, mais sur un acte fondamental de « fraternisation » entre les Ançars et les Muhadjirins. C’est aujourd’hui le même pacte qui unit les « frères musulmans » modernes, dans une sorte de communauté d’idées et de biens. Le chef du mouvement, Haçan El-Banna, n’est ni un philosophe, ni un théologien : il s’est contenté de revivre un Islam dégagé de tous ses revêtements historiques. Sa doctrine n’est rien d’autre que le Coran lui-même, mais un Coran en prise avec la vie » [9].

Mettant en avant l’idée d’une foi qui ne serait pas enfermée dans la sphère des idées ou d’une spiritualité désincarnée mais qui aurait un impact direct sur son environnement social, l’intellectuel algérien poursuivait son analyse de l’action d’Hassan al-Banna : « Avec le mouvement des « frères musulmans », c’est d’abord la valeur coranique elle-même qui se renouvelle, qui devient essentiellement une valeur active, un moyen technique de transformer l’homme. Des lettrés de culture islamique qui ont eu l’occasion d’approcher Haçan El-Banna lui reconnaissent unanimement un pouvoir singulier : par son intermédiaire, le verset coranique devient un impératif vivant qui dicte à l’individu un comportement nouveau et l’entraîne irrésistiblement à l’action. La notion coranique agit comme si elle s’était soudain renouvelée sur les lèvres du chef des « Frères Musulmans » » [10].

Cette analyse, amenait Malek Bennabi à comparer les « islahistes classiques » à l’action des Frères Musulmans. Pour lui, la différence était essentiellement dans la concrétisation pratique des idées portées jusqu’alors au niveau théorique par le mouvement de renouveau islamique : « d’un côté, par exemple, la « solidarité islamique » est fondée sur la notion de fraternité, qui n’est qu’un sentiment, tandis qu’elle devient, chez Haçan El-Banna, la « fraternisation » – acte fondamental par lequel on se fait « Frère Musulman ». Cet acte si simple est en réalité une transformation de l’homme, qui passe du stade post-almohadien au stade de la renaissance, comme il passait jadis par le même acte de la société djahilienne à la communauté islamique. Pour opérer cette transformation de l’individu, le chef des « Frères Musulmans » n’utilise que le verset coranique, mais il l’utilise dans les conditions psychologiques mêmes où l’utilisaient jadis le prophète et ses compagnons. Tout le « mystère » est là : se servir du verset comme d’une notion révélée et non comme d’une notion écrite. […]

Ce n’est pas le Dieu théologal et rationnel qu’il manifeste, mais le Dieu agissant, immanent, celui dont les premiers musulmans sentaient physiquement la présence et le souffle à Bedr et à Honain. La vérité coranique se vérifie ici directement par son effet direct sur la conscience, par son travail sur les hommes et sur les choses. La « notion » plus ou moins abstraite fait place à une « valeur » concrète, actualisée, – synthèse active de la pensée et de l’action, lesquelles se fondent réciproquement dans l’évolution d’une société qui pense son action et agit sa pensée. L’enseignement d’Haçan El-Banna est une expérience personnelle qui ne s’inspire pas d’un document, la lettre du Coran, mais puise à la source même de sa révélation » [11].

Pour Malek Bennabi, malgré le manque de renseignements qu’il possédait sur eux, les Frères Musulmans faisaient partie, de par leur action visant à redonner une efficacité sociale à la foi musulmane, des « Voies nouvelles » dont il avait cherché à tracer quelques grandes lignes dans Vocation de l’Islam. Cependant, la révolution du 23 juillet 1952 menée par les Officiers Libres, et les oppositions politiques qu’elle entraîna en Egypte, devaient remettre en question le regard élogieux que Malek Bennabi portait sur les Frères Musulmans.

… finalement déçu

Favorable à la révolution du 23 juillet, Malek Bennabi fit état, dans ses documents privés, d’une certaine incompréhension quant aux oppositions existants entre les Frères Musulmans et les Officiers Libres. N’ayant pas encore trouvé de clé pouvant les expliquer, Bennabi restait dubitatif face à ces oppositions qu’il ne comprenait pas. Dans ses carnets, une note datée du 15 janvier 1954 expliquait : « j’apprends que le gouvernement égyptien avait dissous la veille l’Association des « Frères Musulmans ». La presse occidentale annonce la chose comme un simple fait divers… Quant à moi, j’en suis atterré tant la chose me paraissait impensable. Je comprends parfaitement que Farouk ait fait assassiner Hassan al-Banna. Je comprends parfaitement que le Shah de Perse ait limogé Mossadegh. C’est dans l’ordre des choses que la pourriture réagisse contre tout ce qui tend à la propreté. Mais quand c’est un honnête homme qui lutte contre un honnête homme, je comprends moins. Or, c’est le cas aujourd’hui de Néguib et de Houdeïbi » [12].

Malek Bennabi voyait derrière cette dissolution la pression que les puissances occidentales faisaient peser sur le monde arabo-musulman. Dans une note du 2 février 1954, il écrivait : « Il y a trois ou quatre jours, la presse annonçait qu’un mouvement de sédition avait pris au Djebel Druz contre le gouvernement de Chichakly. Cette nouvelle, et celle de la dissolution des « Frères Musulmans » il y a une dizaine de jours, prouvent que les Etats arabes les mieux organisés, les plus « forts », subissent en ce moment une forte pression de la part des Occidentaux qui veulent apparemment décapiter les grands mouvements démocratiques musulmans comme ils l’ont fait en Iran en renversant Mossadegh. Et cette politique semble coïncider avec le souci de faire reconnaître l’Etat d’Israël par les pays arabes » [13].

Quelques mois plus tard, Malek Bennabi se rendit au Caire. Arrivé en Egypte à la fin du mois de juin 1954, il assista en juillet au défilé militaire célébrant le deuxième anniversaire de la Révolution égyptienne. A cette occasion, il rencontra le Général Mohammed Néguib et Gamal Abdel-Nasser. Après cette escale au Caire, Bennabi se rendit à la Mecque où, pour la première fois, il effectua son pèlerinage. Cette prise de contact directe avec le Machreq, et plus particulièrement son séjour en Egypte, lui permit de se faire une idée plus précise des oppositions politiques à l’œuvre dans la vallée du Nil. Cela l’amena à remettre en cause une partie des idées qu’il avait développées par le passé.

Malgré la présentation élogieuse qu’il en faisait dans ses écrits datant de 1950, dès 1954, Malek Bennabi prenait ses distances avec les Frères Musulmans. Dans une note de bas de page ajoutée au texte original de Vocation de l’Islam, il écrivait : « les diverses considérations qu’on vient de lire demeurent valables quant à l’expérience personnelle du fondateur Haçan El-Banna. Néanmoins, à la suite d’un tout récent voyage en Orient, l’auteur se croit tenu de modifier son jugement sur le mouvement lui-même, qui semble – sous la direction de ses nouveaux leaders – être devenu plutôt un instrument politique, dépouillé du caractère civilisateur qu’on aurait voulu tout d’abord voir en lui. Dans cette nouvelle phase, le mouvement paraît même n’utiliser la religion que pour parvenir à des fins pratiques immédiates » [14].

En 1956, Malek Bennabi précisa ses critiques vis-à-vis des Frères Musulmans dans L’Afro-asiatisme – ouvrage voulant donner une structuration théorique au congrès de Bandung et qui fut publié au Caire par le gouvernement égyptien. Dans cet ouvrage, Bennabi critiquait le fait que le monde musulman se détourne « des problèmes organiques et des problèmes d’orientations » fondamentaux pour se consacrer à des questions de stratégies politiques immédiates qui ne sont que des symptômes des problèmes fondamentaux. Selon lui, cette fixation sur ces questions de politique immédiates était « une méthode de freinage » utilisée par les puissances impérialistes visant à « créer l’abcès de fixation pour stopper » [15] l’évolution du monde musulman dans la résolution de ses problèmes spécifiques. Le sionisme était, pour Bennabi, un de ces points de fixation créés par l’Occident impérialiste.

Aux yeux de Malek Bennabi, la révolution égyptienne avait réussi à sortir de cette logique dans laquelle l’Occident impérialiste voulait enfermer le monde musulman. « Sur le plan « national », écrivait-il, la révolution égyptienne a marqué un pas décisif dans l’évolution du monde musulman. […] l’évènement a une signification capitale par rapport aux problèmes organiques de la société musulmane où la priorité revient désormais au « devoir » sur le « droit ». C’est une révolution politique, sans doute mais aussi et surtout psychologique qui bouleverse les mœurs de la vie publique » [16]. De même, il saluait la volonté de Gamal Abdel-Nasser de traduire ses idées dans « une forme doctrinale systématique » dans son ouvrage intitulé Philosophie de la révolution, ce qui était « une première tentative, dans le monde musulman moderne », pour un chef d’Etat[17].

En revanche, selon Malek Bennabi, les Frères Musulmans n’avaient pas réussi à sortir de « l’abcès de fixation » créé par l’Occident impérialiste ce qui les empêchait de poser les « problèmes organiques » et les « problèmes d’orientation » du monde musulman pris entre la « colonisabilité » et le colonialisme. Critiquant ce manque d’autonomie vis-à-vis de questions qui lui semblaient être imposées de l’extérieur, Bennabi y voyait un symptôme de la situation dans laquelle était placé le monde musulman : « Mais la conscience musulmane ne semble pas avoir tout à fait secoué sa torpeur et son envoûtement s’il faut en juger par le Congrès des Frères Musulmans qui s’est tenu, il y a 17 mois à la Mecque, exclusivement consacré à la question de la Palestine, comme problème essentiel du monde musulman » [18].

Les critiques de Malek Bennabi à l’égard des Frères Musulmans ne portaient pas uniquement sur des questions d’orientations générales ou de positionnements politiques. Dans L’Afro-asiatisme, Bennabi fit des critiques d’ordre méthodologie sur la manière d’aborder les questions théoriques. L’intellectuel algérien critiquait la posture qu’il nommait « apologétique », dont l’un des plus illustres représentants était, selon lui, Sayyed Qotb [19], théoricien important des Frères Musulmans.

Le problème de la posture apologétique et la controverse avec Sayyed Qotb

Dans L’Afro-asiatisme, Malek Bennabi fit une critique sans concession des inhibitions qui s’emparaient de l’intellectuel musulman lorsqu’il abordait les aspects négatifs de la vie des peuples musulmans. Se sentant acculé par la domination occidentale, l’intellectuel musulman, selon Bennabi, par une sorte de réaction mécanique se plaçait dans une posture apologétique, magnifiant la société musulmane, ce qui l’empêchait de poser les problèmes structurels auxquels sa société était confrontée. Pour Bennabi, il était nécessaire de distinguer le spirituel du social afin de « parler de ces insuffisances sans l’épouvantable « trac » qui s’empare du musulman dès qu’il veut aborder les problèmes du monde musulman sous leur aspect pathologique… Souvent sa raison succombe à ce trac et il se trouve emporté par l’élan apologétique loin de ces problèmes et de leur contenu réel. Il se croit obligé – partageant en cela le défaut de tous les croyants de toutes les confessions – d’idéaliser ce contenu, de l’embellir par des données subjectives, de composer en somme dans son esprit un portrait flatteur de sa religion, comme si l’Islam avait besoin qu’on lui fit une « beauté », comme si les laideurs humaines pouvaient ternir son visage, et rendre nécessaire un maquillage. Dans son essence psychologique, la tendance apologétique, trahit une lâcheté de la foi » [20].

Analysant cette posture apologétique, Bennabi ajoutait : « d’une manière générale c’est le symptôme de la maladie d’un milieu qui n’a plus le moyen et le souci de surmonter ses faiblesses, un milieu où les forces de mouvement et de progrès se sont effondrées. L’apologie c’est la substitution de l’ersatz verbal au fait tangible, la substitution d’une réalité subjective à la réalité objective de ce milieu : c’est la tentative de justification de l’effondrement de ses forces morales et sociales. Et cette justification qui s’opère de deux manières – soit par substitution du subjectif à l’objectif soit par substitution d’un passé prestigieux à un présent déshérité – rend impossible une thérapeutique sociale » [21].

Evoquant ce problème qu’entraînait la posture apologétique incapable de poser les problèmes réels de la société musulmane, sans cité nommément Sayyed Qotb, Malek Bennabi critiquait directement le théoricien des Frères Musulmans : « ce cas est particulièrement préjudiciable quand il s’agit du spécialiste de ces questions dont l’œuvre peut avoir une influence sur l’orientation de son époque. Un de ces penseurs avait voulu tracer le plan d’un travail, dont il avait sans doute à juste raison choisi pour titre : « vers une société musulmane civilisée ». Mais réflexion faite, l’homme rectifia son titre et l’écrivait : « vers une société musulmane ». Dans ce cas, on voit que la liaison intervient sous forme d’inhibition intellectuelle imposant la rectification en question. Je ne crois pas que l’éminent penseur se soit rendu compte que le mot retranché de son titre a précisément dénaturé le problème dans son esprit, l’escamotant ou l’assoupissant en quelque sorte dans sa conscience. L’opération qui se passe sur le plan psychologique a pour conséquence sur le plan intellectuel de tronquer en effet le problème initial de son élément essentiel : la recherche des conditions d’une civilisation » [22].

S’attachant à comprendre cette problématique sous un angle civilisationnel, ce qui est l’une des spécificités de la pensée de Bennabi, l’intellectuel algérien ajoutait : « en voulant croire et nous faire croire qu’une société musulmane est, par définition, « civilisée », l’homme éminent a éludé le problème crucial, du monde musulman. Nous le voyons entraîné malgré lui par un état affectif à une attitude apologétique stérile » [23]. Cette posture, dont Sayyed Qotb n’était qu’un des plus illustres représentants aux yeux de Bennabi, empêchait, selon l’auteur de L’Afro-asiatisme, les intellectuelles musulmans de poser les problèmes fondamentaux qui étaient avant tout internes aux sociétés musulmanes. La posture apologétique devenait une sorte de voile mystifiant et inhibant l’empêchant de voire le problème fondamental pour ces sociétés qui était, selon Bennabi, celui de la civilisation.

Contre la posture apologétique, Malek Bennabi mettait en avant la nécessité de porter un regard « objectif », ou critique, comme moyen salutaire pour trouver des réponses aux problèmes que traversaient les sociétés musulmanes : « Pourtant combien il eût mieux servi l’intérêt supérieur du monde musulman s’il avait adopté une attitude objective jusqu’au bout en considérant qu’il y a « une société musulmane » mais qu’elle se trouve dans un état de « précivilisation », qu’il convient, en conséquence, de poser le problème de sa « civilisation » » [24].

La posture des deux auteurs était résolument différente voire même opposée. Sayyed Qotb répondit aux critiques de Malek Bennabi dans Jalons sur la route de l’islam. Le théoricien des Frères Musulmans considérait que : 1) la « société musulmane » était un idéal à atteindre et non un fait existant car les sociétés du monde musulman n’étaient pas véritablement « musulmanes » car non entièrement régies selon les règles de l’islam ; 2) que la « société musulmane » régit pas les règles de l’islam, telle que la pensait et souhaitait Qotb, était la seule société civilisée car elle reposait sur des fondements divins contrairement aux « sociétés idolâtres » qui reposaient sur des législations humaines. Pour Sayyed Qotb, la position de Malek Bennabi marquait une certaine forme d’aliénation par rapport à des idées étrangères à l’islam qui étaient dominantes [25].

Les deux hommes se plaçaient dans deux perspectives divergentes qui rendaient leur dialogue pratiquement impossible. Sayyed Qotb se situait dans une perspective théologico-politique où il voulait faire prévaloir le concept de « souveraineté exclusive de Dieu », hakimiyya lillah, alors que Malek Bennabi réfléchissait en sociologue aux problèmes de la société musulmane.

Même s’il ne partageait pas les idées de Sayyed Qotb et qu’il ne s’inscrivait pas dans la même démarche intellectuelle, Bennabi gardait un profond respect pour l’intégrité intellectuelle d’un homme défendant ses idées malgré la répression qui s’abattait sur lui. Nonobstant le débat qui les avait opposés, dans ses carnets, Malek Bennabi rendit hommage à Qotb après sa pendaison le 29 août 1966. Dans une note datée du 10 septembre 1966, évoquant l’exécution de Sayyed Qotb et prévoyant que la violence allait se retourner contre ceux qui l’avaient initié, Bennabi écrivait : « cette belle figure du mouvement des « Frères Musulmans » n’est plus. Les bourreaux qui l’ont exécuté ne se doutent pas qu’ils ont libéré ainsi le souffle qui deviendra bientôt une tempête au-dessus de leur tête : la tempête qui les emportera ». Quelques jours plus tard, le 18 septembre, rendant hommage à Sayyed Qotb, Malek Bennabi ajoutait : « dans le monde musulman, les intellectuels fuient la responsabilité. C’est ce qui souligne davantage l’héroïsme de Sayyed Qotb qui ne baisse pas pavillon devant la tempête et préfère mourir en martyr plutôt qu’en traître » [26].

Malgré cet hommage rendu à l’intégrité intellectuelle d’un homme qui refusait de renoncer à ses idées, Malek Bennabi continua d’insister sur les différences méthodologiques existant entre Sayyed Qotb et lui. Rapportant une discussion faisant suite à une conférence organisée par l’« Union des Etudiants Musulmans d’Allemagne » qui se déroula à Francfort, le 27 décembre 1967, Malek Bennabi affirmait n’avoir pas répondu à une proposition d’« unifier le mouvement islamique sur la base des écrits de Sayyed Qotb, Mawdudi [27] » et de lui-même. L’intellectuel algérien notait dans ses carnets : « l’idée parait logique mais je crois qu’elle peut engendrer plus de confusion que d’unité » [28].

Malek Bennabi ne partageait pas les idées de Sayyed Qotb et d’Abu al’Ala al-Mawdudi qui qualifiait les sociétés du monde musulman contemporain de « jahilite », en référence à la société antéislamique de la péninsule arabique qualifiée dans la tradition musulmane d’époque de la jahiliyya (ignorance), car elles ne répondaient pas au critère de « souveraineté exclusive de Dieu » qu’ils avaient forgé. L’intellectuel algérien se situait dans une perspective sociologique et non dans celle d’une élaboration d’une théologie politique comme l’étaient Qotb et al-Mawdudi. Refusant que ses idées soient synthétisées avec celles d’auteurs dont il ne partageait pas les idées, Bennabi finit par exposer publiquement les critiques qu’il voulait formuler contre eux. En 1971, selon Sadek Sellam, Malek Bennabi publia une lettre, dans « le bimestriel de l’AEIF, Le Musulman », dénonçant « l’intégrisme » qui « amenait les deux frères Syed et Mohammed Qotb à « excommunier de la communauté », au nom d’une interprétation erronée de la Djahilia (état d’ignorance des Arabes avant l’islam) appliquée à l’islam contemporain » [29].

Les critiques formulées par Bennabi contre l’utilisation de l’islam comme instrument politique par les Frères Musulmans dans Vocation de l’Islam, celles d’ordre méthodologique contre la posture « apologétique » de Sayyed Qotb, eurent des répercussions directes sur les relations existant entre l’intellectuel algérien et l’association fondée par Hassan al-Banna.

Une critique sans concession

Les Frères Musulmans menèrent une campagne pour faire barrage aux idées de Malek Bennabi à qui ils reprochaient, entre autre, ses relations avec le gouvernement égyptien. Le fait que le gouvernement égyptien ait fait publier L’Afro-asiatisme au moment où il réprimait les Frères Musulmans ou qu’un Officier Libre comme Kamal-Eddin Hussein, qui avait commenté pendant plusieurs semaines l’œuvre de l’intellectuel algérien à la radio égyptienne au début de l’année 1961, se réclame des idées de Bennabi, ne faisait qu’accentuer l’antagonisme existant entre l’auteur de Vocation de l’Islam et l’association fondée par Hassan al-Banna.

Mais cette campagne menée par les Frères Musulmans, amena Bennabi à pousser plus loin sa critique et à voire dans une telle entreprise la main malfaisante de l’impérialisme états-unien. Il est vrai que leurs affrontements avec Gamal Abdel-Nasser, leur hostilité au nationalisme arabe et leur anti-communisme poussèrent les Frères Musulmans à s’allier durablement avec les régimes arabes conservateurs, l’Arabie Saoudite notamment, et avec les Etats-Unis [30]. Radicalement opposé à ce type d’alliances, Bennabi faisait une critique sans concession des Frères Musulmans qu’il percevait comme l’un des rouages d’un système impérialiste visant à dominer le monde musulman. Dans une note datée du 1er septembre 1969, Malek Bennabi écrivait : « la campagne bat son plein en Allemagne occidentale dans le milieu étudiant musulman contre mes idées. Visiblement, tout l’appareil « Frère Musulman » est devenu un puissant levier entre les mains de la CIA et du sionisme dans le domaine de la lutte idéologique… » [31].

Si la campagne menée en Allemagne attira l’attention de l’intellectuel algérien, l’opposition des Frères Musulmans à la diffusion des idées de Malek Bennabi ne se cantonnait pas au pays de Goethe mais avait un caractère international. Cette opposition eut des répercussions en France. Selon Sedek Sellam, après une rencontre entre Malek Bennabi et Bichr Djabiri, cadre d’origine syrienne de l’Association des Etudiants Islamiques en France, en juillet 1970, « l’AEIF manifesta dès lors son intérêt pour les écrits de ce dernier, ce qui montre qu’elle n’était pas sensible aux mises en garde des idéologues des Frères Musulmans qui reprochaient durement à Bennabi sa fréquentation des islamo-nassériens, comme le cheikh Baqouri et Kameleddine Husséin » [32]. Toutefois, l’influence des Frères Musulmans se fit sentir plus nettement quelques années plus tard. Alors que l’AEIF avait pour ambition initiale de rééditer Vocation de l’Islam, en 1974, elle fit finalement rééditer Le phénomène coranique. D’après Sadek Sellam, cet ouvrage fut « préféré pour son apologétique du Coran à Vocation, dont les critiques du verbalisme, du littéralisme, et du pharisaïsme des courants de l’islam contemporain indisposaient tous ceux qui refusaient les remises en cause et concevaient la lecture du Coran comme une évasion permettant d’« oublier » les crises du monde musulman » [33].

Face à la campagne menée contre ses idées par les Frères Musulmans, et en raison des positions qu’ils avaient prises, Malek Bennabi exposa publiquement ses critiques dans la préface qu’il rédigea à la faveur de la réédition de Vocation de l’islam. Dans cette préface, datée de 1970, Malek Bennabi émettait un jugement extrêmement critique à l’égard des Frères Musulmans bien qu’il gardait une opinion favorable d’Hassan al-Banna. Il critiquait l’évolution des Frères Musulmans qui avaient sombrés, selon lui, dans la politique politicienne, la « boulitique », ce qui avait créé un clivage « irrémédiable » au sein de l’organisation entre une base, dévouée à un idéal, et une direction, compromise dans des alliances injustifiables.

Dans sa préface, Malek Bennabi écrivait : « parmi les mouvements qui tentèrent, au cours des dernières décennies de remonter la pente fatale, le plus conséquent fut incontestablement celui de Hassan el-Banna, s’il avait su doctrinalement empêcher ses successeurs d’un enlisement « boulitique ». Aujourd’hui c’est chose faite. Et le résultat apparaît sous forme de clivage social et moral au sein du mouvement. Il y a d’une part une masse porteuse de toutes ses promesses originelles, prête à tous les sacrifices pour réaliser son idéal, et une intelligentsia compradore entretenue dans les somptueux palaces des capitales cosmopolites pour servir d’instrument de viol des consciences, comme en ces sortes de mondanités où l’on parle d’Islam et de « Révolution » sur les bords du Lac Léman [34] » [35].

Analysant l’opposition interne à l’association des Frères Musulmans, Malek Bennabi condamnait les deux tendances émergentes qui, à ses yeux, ne pouvaient que finir par trahir les idéaux qu’ils proclamaient pour se « vautrer » dans la « collaboration » : « aujourd’hui, aux deux bouts de cette décomposition de « l’élite », une aile « progressiste » couvre d’injures l’aile des « conservateurs », et ceux-ci répondent par l’anathème. Et comme, tout excès épuise la conscience, il est clair que tous ces courants risquent un jour ou l’autre d’être captés dans les canaux qui conduisent aux turbines du trotskisme et aux moulins de l’impérialisme » [36].

Cette critique sans concession du « dernier » Bennabi était celle d’un homme qui écrivait depuis plus de vingt ans sur le mouvement de renouveau islamique en général et sur les Frères Musulmans en particulier ; un homme qui avait côtoyé et débattu tant avec les Frères qu’avec leurs opposants. Si la critique de Malek Bennabi était sans concession, elle doit être remise dans le cadre de l’expérience personnelle d’un penseur à l’exigence souvent implacable.

Pluralisme et sens critique

Le regard critique que portait Malek Bennabi sur les Frères Musulmans, est une illustration des débats et des oppositions existants au sein du mouvement de renouveau islamique contemporain qui est loin d’être un bloc monolithique. Mettre en avant ces débats, ces divergences et ces oppositions, participe de la réfutation d’une vision « unitariste » de ce mouvement de renouveau. Cette vision est le résultat d’une convergence « improbable » entre d’un côté certains acteurs musulmans qui cherchent à faire taire les divergences et qui tendent à refuser le débat interne à l’Islam au nom de la nécessaire unité de la communauté musulmane et de l’autre certains annalistes occidentaux qui présentent le mouvement de renouveau islamique comme un bloc monolithique sens comprendre les courants qui le parcourent avec leurs débats et leurs divergences. La pluralité du mouvement de renouveau islamique est une réalité pouvant fournir bien des sources de réflexion.

Au sein du mouvement de renouveau islamique, malgré l’opposition de Malek Bennabi à opérer une synthèse entre sa pensée et celle de Sayyed Qotb et d’Abu al-‘Ala al-Mawdudi, nombre d’intellectuels et de mouvements ont puisé dans les écrits de ces différents auteurs pour construire leur réflexion [37]. Ces dernières années, certains acteurs des Frères Musulmans ou certaines organisations qui leurs sont rattachées, se sont mêmes réclamés de l’intellectuel algérien nonobstant les critiques qu’il avait formulé contre leur mouvement. Toutefois, dans un pays comme l’Algérie l’opposition entre « bennabistes » et Frères Musulmans, au sens organique du terme, reste souvent assez forte bien qu’elle soit aussi déterminée par des prises de positions postérieures à la mort de l’auteur de Vocation de l’Islam.

Enfin, Malek Bennabi n’a pas analysé les Frères Musulmans en tant que chercheur spécialisé dans l’étude de cette organisation, mais comme un intellectuel musulman réfléchissant sur la société musulmane et sur le monde dans lequel il vivait. Il se voulait lui-même un « témoin du siècle » au sens le plus fort et le plus profond que ce terme peut recouvrir dans l’univers musulman [38]. Les analyses de Bennabi sur les Frères Musulmans doivent donc être replacées dans les analyses globales que proposait l’intellectuel algérien. De fait, Malek Bennabi n’a pas étudié en détail la structure de l’organisation, son évolution historique, les différents courants qui la composaient – nonobstant les remarques allant dans ce sens dans la préface à la réédition de Vocation de l’Islam -, les déclinaisons nationales de l’association correspondant à des contextes spécifiques (en Syrie [39], en Jordanie par exemple) ou la base sociale sur laquelle elle s’appuyait [40]. Ces analyses peuvent permettre d’approfondir le regard critique proposé par Bennabi tout en ouvrant d’autres pistes d’analyse.

Youssef Girard

Notes de lecture :

[1] Carré Olivier et Seurat Michel, Les Frères Musulmans (1928-1982), L’Harmattan, Paris, 2001, page 21

[2] L’analyse de cet attentat est encore sujette à discussion et à controverse quant à l’effectivité réelle ou supposée de l’implication des Frères Musulmans et à son utilisation par Gamal Abdel-Nasser pour justifier la dissolution puis la répression contre l’association.

[3] Sur l’histoire des Frères Musulmans, cf. Carré Olivier et Seurat Michel, Les Frères Musulmans (1928-1982), op. cit. – Pour une vision « interne » à l’univers des Frères Musulmans Cf. Ramadan Tariq, Aux sources du renouveau musulman, D’al-Afghani à Hassan al-Banna, un siècle de réformisme islamique, Bayard Editions, Paris, 1998

[4] Abdel-Malek Anouar, Anthologie de la littérature arabe contemporaine, Ed. du Seuil, Paris, 1965, page 196

[5] Par cette formule il ne condamne pas le nationalisme des peuples colonisés puisque lui-même se déclare « nationaliste » dans ses mémoires : « c’était un sentiment nouveau, le sentiment qui n’allait plus me quitter toute ma vie et qui servira d’aiguillon dans mon existence. J’étais nationaliste… ». Cf. Bennabi Malek, Mémoires d’un témoin du siècle, Ed. Samar, Alger, 2006, page 75.

[6] Bennabi fait allusion aux attaques de la presse liée au PCA, le quotidien Alger Républicain et l’hebdomadaire Liberté, contre sa personne au moment de la parution de son ouvrage Les conditions de la renaissance paru aux éditions En-Nahdha en 1949. Liberté avait ajouté en manchette de l’article consacré à l’ouvrage de Bennabi, « Un livre qui plaira à Naegelen » en référence au gouverneur général en poste à Alger.

[7] Bennabi Malek, Mémoires d’un témoin du siècle, op. cit., page 295

[8] Dans un article Malek Bennabi écrivait : « Je ne connais pas la biographie du fondateur des « Frères Musulmans » […]. Je n’ai lu aucun écrit de Hassan El Banna qui n’a peut-être jamais écrit ». in. « A la veille d’une civilisation humaine ? (2) », La République Algérienne, n° 263, 13 avril 1951, in. Bennabi Malek, Mondialisme, Dar el hadhara, Alger, 2004, page 57

[9] Bennabi Malek, Vocation de l’Islam, Ed. du Seuil, Paris, 1954, pages 140-141

[10] Ibid., page 142

[11] Ibid., pages 142-143

[12] Bennabi Malek, Mémoires d’un témoin du siècle, op. cit., page 312 – Bennabi parle d’Hassan al-Houdaybi qui succéda à Hassan al-Banna à la tête de l’association des Frères Musulmans après l’assassinat de ce dernier le 12 février 1949.

[13] Ibid., page 315

[14] Bennabi Malek, Vocation de l’Islam, op. cit., page 144.

[15] Bennabi Malek, L’Afro-asiatisme, SEC, Alger, 1992, page 84

[16] Ibid., page 83

[17] Ibid., page 187

[18] Ibid., page 84 – Cette affirmation de Malek Bennabi, si elle peut être recevable sur le plan théorique (la question des priorités qui devraient être déterminées en fonction de ses problématiques internes déterminées de manière autonome et non imposées de l’extérieur), nous semble devoir être relativisée sur le plan de l’histoire du mouvement des Frères Musulmans. Selon Walid Charara et Frédéric Dumont, « le conflit avec Israël, enjeu central de ces deux peuples [palestinien et libanais], ne figurait pas parmi les priorités de la Confrérie qui privilégiait l’action sociale, culturelle et éducative pour islamiser la société ». Après une participation active à la guerre de 1948, la Confrérie, au début des années cinquante, a révisé ses priorités ce qui incita des hommes comme Yasser Arafat ou Khalil al-Wazir (Abou Jihad) à quitter ses rangs et à fonder le Fatah. De fait, au moment où écrivait Malek Bennabi, loin de se concentrer sur « l’abcès de fixation » que pouvait être la question palestinienne, les Frères Musulmans étaient en train de s’en désengager et d’en faire une question d’ordre secondaire. Cf. Charara Walird, Dumont Frédéric, Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste, Ed. Fayard, 2004, Paris, pages 102-104

[19] Sayyed Qotb (1906-1966) fut l’un des principaux théoriciens des Frères Musulmans. Proche du cercle d’écrivains nationalistes du Wafd, il commença sa carrière comme critique littéraire. Après un séjour pour des raisons professionnelles aux Etats-Unis, il se rapprocha des Frères Musulmans qu’il finit par intégrer en 1953. Après l’attentat d’Alexandrie du 26 octobre 1954, Sayyed Qotb est condamné à 15 ans d’emprisonnement. Il est libéré en mai 1964. Le 30 août 1965, Gamal Abdel-Nasser dénonça un complot fomenté par les Frères Musulmans. A à la suite de cela, Sayyed Qotb est arrêté et condamné à mort. Le 29 août 1966, Sayyed Qotb est pendu. Durant les années de prison, il rédige un commentaire du Coran, Fi Zilal al-Qoran (Sous l’ombre du Coran), et son livre le plus célèbre, qui est encore l’objet de nombreuses polémiques, Ma’alim fi at-Tarîq (Jalons sur la route). Sur Sayyed Qotb Cf. Carré Olivier, Mystique et politique. Le Coran des islamistes Lecture du Coran par Sayyid Qutb, Frère musulman radical (1906-1966), Éditions du Cerf, Paris, 2004.

[20] Bennabi Malek, L’Afro-asiatisme, op. cit., page 177

[21] Ibid., page 178

[22] Bennabi Malek, L’Afro-asiatisme, op. cit., pages 194-195

[23] Ibid., page 195

[24] Ibid.

[25] Critiquant Bennabi, sans le citer nommément, Sayyed Qotb écrivait : « cette modification [le changement de titre de son ouvrage] a attiré l’attention d’un écrivain algérien (il écrit en français) qui prétendit que les mobiles de cette modification proviennent d’une réaction auto-défense de l’Islam. Il regrette que cette réaction – inconsciente – m’empêche d’affronter le problème sous sa forme exacte ! Je ne fais pas de reproches à cet écrivain. Auparavant j’étais comme lui. Je pensais de la même façon qu’il pense aujourd’hui lorsque pour la première fois j’ai eu l’idée d’écrire à ce sujet… Le problème de la qualification de la civilisation. Je ne me suis pas libéré alors de la pression des séquelles culturelles qui étreignaient mon esprit et mon âme. C’étaient des séquelles provenant de sources étrangères qui n’ont aucun lien avec mon tempérament islamique. Et malgré ma tendance islamique bien claire à cette époque, ces séquelles brouillaient ma conception de la civilisation –comme celle de l’esprit européen – brouillait ma propre conception et m’empêchait de voir claire. Ensuite la situation s’est éclaircie et j’ai pu distinguer que la société musulmane est la vraie société civilisée ; alors le mot civilisé s’avéra nul et ne peut rien ajouter de neuf ». Cf. Kotb Said, Jalons sur la route de l’islam, Ed. Ar-Rissala, Bruxelles, pages 160-161

[26] Bennabi Malek, Mémoires d’un témoin du siècle, op. cit., page 442

[27] Abu al’Ala al-Mawdudi (1903-1979) fondateur et théoricien du mouvement islamique indo-pakistanais Jamaat-e Islami. Avant Sayyed Qotb, al-Mawdudi a théorisé le concept de « souveraineté exclusive de Dieu », hakimiyya lillah, et a qualifié la « jahilite » – par référence à la société arabe antéislamique nommée période de la jahiliyya – les sociétés du monde musulman contemporain. Abu al’Ala al-Mawdudi a écrit de nombreux ouvrages dont un commentaire du Coran en ourdou intitulé Tafhim ul-Quran.

[28] Bennabi Malek, Mémoires d’un témoin du siècle, op. cit., page 456

[29] Sellam Sadek, La France et ses musulmans, Un siècle de politique musulmane 1895-2005, Casbah Editions, Alger, 2007, page 119

[30] Walid Charara et Frédéric Dumont notent que cette alliance n’était pas sans lien avec l’interprétation théologique de l’ordre international faite par les Frères Musulmans. Cette interprétation ne reposant pas sur l’analyse des rapports de force et de dominations économiques politiques et militaires, reposait essentiellement sur la volonté de lutter contre « l’athéisme communiste » qui servait de justification à une alliance avec les « gens du Livre » c’est-à-dire les puissances capitalistes occidentales. Cf. Charara Walird, Dumont Frédéric, Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste, op. cit., page 104

[31] Bennabi Malek, Mémoires d’un témoin du siècle, op. cit., page 481

[32] Sellam Sadek, La France et ses musulmans, Un siècle de politique musulmane 1895-2005, op. cit., page 119

[33] Ibid., pages 119-120

[34] Par cette formule elliptique, Malek Bennabi vise Saïd Ramadan, cadre égyptien des Frères Musulmans réfugié en Suisse depuis 1958. Saïd Ramadan avait créé et dirigeait le Centre Islamique de Genève. Saïd Ramadan est l’auteur notamment de La shrari’a, Le droit islamique son envergure et équité, Ed. Al Qalam, Paris, 1997.

[35] Bennabi Malek, Vocation de l’Islam, Ed. Al-Bouraq, Beyrouth, 2006, pages 58-59

[36] Ibid., page 59

[37] Par exemple, l’interview d’Anouar Abu Taha, cadre du Mouvement du Jihad Islamique en Palestine, qui affirme que son organisation se réclame, entre autre, de Malek Bennabi, d’Hassan al-Banna et de Sayyed Qotb. Cf. « Palestine: le Jihad Islamique, entre islamisme et nationalisme – Entretien avec Anouar Abu Taha ».

[38] Le Coran affirme : « Nous avons fait de vous communauté du « juste milieu » pour que vous soyez témoins contre les hommes » (2 : 143). Dans cette perceptive de témoigner, Malek Bennabi intitula son autobiographie Mémoires d’un témoin du siècle.

[39] Sur l’histoire des Frères Musulmans en Syrie Cf. Carré Olivier et Seurat Michel, Les Frères Musulmans (1928-1982), op. cit., pages 125-203

(40) L’Egyptien Hussam Tamam a porté une attention particulière à cette base sociale mobilisée pour expliquer le positionnement politique et social des Frères Musulmans. Cf. Tamam Hussam, « Les Frères Musulmans et la lutte des classes en Egypte », – Tamam Hussam, Heanni Patrick, « Etude: les Frères musulmans égyptiens face à la question sociale », Institut Religioscope. Pour analyse de l’histoire de l’organisation Frères Musulmans en Egypte Cf. Carré Olivier et Seurat Michel, Les Frères Musulmans (1928-1982), op. cit., pages 11-122.

CFCM, Hollande et l’islamophobie ?

Une délégation du Conseil français du culte musulman (CFCM) a sollicité,  lors d’un entretien avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à Matignon, que le Président François Hollande fasse une déclaration solennelle contre l’islamophobie. Les officiels « musulmans » sont froissés que la France officielle fasse de la lutte contre l’antisémitisme une “cause nationale” et qu’elle accueille  « Bibi »  pour rendre hommage aux victimes de l’attentat de l’école juive de Toulouse.

Je ne voudrais pas engager une polémique, car nous sommes déjà suffisamment dispersés et fragmentés, mais la vérité doit être dite même si elle dérange.

Si les Musulmans de France avaient la compréhension claire de l’islamophobie, de ses motivations, de ses objectifs, de son institutionnalisation et de son processus, jamais ils n’iraient demander au Président Hollande ou à un autre une déclaration solennelle pour qu’ils soient « aimés » et respectés. S’ils se mettaient à méditer sérieusement et scientifiquement la trame idéologique, psychologique, politique, religieuse et socio-historique de l’islamophobie ils mettraient fin à ce comportement infantile et irresponsable de réclamer des droits alors qu’ils n’ont pas accompli leur devoir envers Allah, Son Prophète et la communauté de foi.

Cela fait plus de 60 ans que les Arabes et les Musulmans demandent leur droit à l’ONU pour la libération de la Palestine et plus de deux siècles qu’ils demandent à leurs colonisateurs de les respecter en vain. Walou !

Cela fait des siècles que les musulmans vivent à proximité des Juifs et ils se connaissent mutuellement. La sédimentation de la culture judéo-chrétienne hostile à l’Islam   remonte loin dans le passé. Le principe injuste et inéquitable du double collège fait partie de notre mémoire de colonisés, son injustice n’a pas de signification devant plus injuste en l’occurrence le fait colonial, son racisme et sa spoliation. Cela fait partie de la culture politique et intellectuelle de la France de chercher à réparer sa persécution des Juifs tout en stigmatisant la communauté musulmane et africaine.

Cela fait longtemps aussi que nous continuons de répondre comme les marionnettes ou les souris de Pavlov aux stimuli extérieurs oubliant que le mal est en nous. Solliciter une réponse qui satisfasse notre ego ou qui donne justification à notre inconséquence et à notre peu de représentativité et d’efficacité n’est que le signe éloquent que nous donnons aux Juifs et aux officiels français de notre morbidité et de notre Wahn. Jamais dans les moments les plus sombres de leur histoire sous la colonisation française en Algérie ou sous l’occupation allemande  les Juifs n’ont demandé de cette manière inconséquence, stupide et humiliante d’être reconnus. Ils ont imposé leur présence par des moyens que nous ne sommes obligés de suivre, mais de connaitre et de comprendre.

La communauté de vivants ou  la minorité agissante dans un monde bâti sur les rapports de force,  de puissance médiatique et d’argent ne va pas gaspiller son temps à se leurrer et à abuser les jeunes. Les Musulmans comme toute communauté qui se respecte et qui a un avenir ici et ailleurs doit produire son argent, son élite, ses idées et une voix qui pèsent dans l’échiquier social et politique.

 Le jour où les Musulmans prendront conscience qu’ils peuvent faire ou défaire un maire ou un Président par la force et l’unité de leur voix ainsi que par  la qualité de leur expression sociale, politique et intellectuelle tout en restant fidèle à l’Islam alors le Président de gauche, de droite ou du front national viendrait non les protéger ou les reconnaitre, mais quérir avec empressement et déférence  leur soutien et leur reconnaissance pour administrer la commune ou gouverner le pays.

Ce jour-là les musulmans seront par leur nombre et par leurs œuvres ainsi que  par la qualité de leurs représentants une voix qui pèse dans la politique étrangère de la France et dans son rapport à la question palestinienne.

Ce jour n’est possible que si et seulement si les musulmans reprennent leur vocation de représenter l’Islam et de témoigner aux autres la vocation de l’Islam.

Ce jour-là les chancelleries algérienne, marocaine et tunisienne seront à côtés de leurs citoyens de l’autre côté de la Méditerranée comme l’est Bibi.

Ce jour ne semble pas encore arrivé. Depuis Djamel Eddine Al Afghani nous déclamons que la crise engendre la fierté et la gloire, mais elle n’engendre pour les perdants, les improvisateurs et les gesticulateurs sans projet, sans cap, sans boussole, sans carte de navigation que crises après  crise, ténèbres sur ténèbres et fracassement  contre les récifs mis devant nos yeux somnolents par les marionnettistes qui parviennent, le comble de l’ironie, à nous dicter ou nous inspirer nos idées, nos paroles et nos revendications.

Nous sommes encore des axillaires  de la pensée des autres et des réminiscences de la servitude qui nous empêchent de voir  la réalité comme l’endormi qui ne veut pas se réveiller de son cauchemar, car il n’ose pas regarder  l’éclat du jour et les formes du réel qui exigent  du vivant l’effort conscient et responsable.

La langue française par laquelle nous sollicitons les autorités à nous accorder un peu d’importance est elle même la réponse au peu d’importance que nous représentons aux yeux des autres car nous sommes des inertes  dont seul le ventre et la langue témoignent de leur maintien en vie.   Solliciter  signifie  mettre un corps en mouvement, en action, soumettre un corps à des forces et couples extérieurs qui sont d’ordre mécanique. Est-ce que nous avons suffisamment de force, de désir et de visée pour donner une impulsion au corps social ou politique pour les mettre en mouvement et en émotion vers nous. La langue française nous taquine en nous disant qu’émouvoir ou émotion ont pour racine latine  » movere  » mettre en mouvement. Il faut être soi même en mouvement comme un astre dans le ciel pour que la loi de la gravitation s’exerce en attirant ou en repoussant. Nous sommes inertes comme  les débris du Wahn emportés par les rigoles, malgré que nous soyons nombreux…

La même langue de Molière et de Voltaire utilise sans complexe et sans visée péjorative les termes marxisme, bouddhisme, hindouisme, modernisme, judaïsme, christianisme, sionisme. Lorsqu’il s’agit du monde musulman le  terme islamisme devient obscène, dangereux, malsain. Les mots ne sont pas neutres, ils sont le canevas de nos idées et de nos sentiments, ils sont le lapsus révélateur freudien qui dévoile les pulsions des malades du cœur. Dans « Islamophobie : Deus Machina »  j’ai montré comment la scénarisation idéologique et militaire instrumentalise les mots et les comportements pour créer  de la méfiance envers le musulman et comment créer de la défiance entre les musulmans. Le but du jeu est de les présenter comme risibles, stupides, arrogants et belliqueux, des victimes transformées en bourreaux pour lesquels il ne doit y avoir ni estime ni respect ni compassion.  Voilà que les représentants de la communauté musulmane, les seuls à ne pas être désignés démocratiquement, mais cooptés par les appareils, se font dire, sans réagir, par  Jean-Marc Ayrault  que les termes « islamisme » et « islamiste » peuvent « être source d’amalgames et de confusions préjudiciables à la religion musulmane ».

Le reste, que monsieur François  ou madame la France nous méprise ou réponde formellement  à nos doléances, n’est que littérature ou vue de l’esprit  pour que nous-mêmes soyons les artisans pour faire distraction et diversion dans notre monde, celui des insouciants et des mal aimés.

La Syrie et la rhétorique fallacieuse des imposteurs

On rapporte que Farouk Tayfour, vice-président du CNS et responsable de la confrérie des Frères Musulmans, a sommé, à partir de la Turquie où il réside, les brigades internationales « révolutionnaires » de frapper les quartiers habités par les minorités syriennes « nassirites (Nossayriyine – Alawiyines) ». On lui attribue ces propos en ce moment où la violence en Syrie semble ne plus connaitre de fin ni de limites faisant fi de toutes les analyses et de toute rationalité :

« Les jours et les semaines suivants connaitront de bains de sang sans précédent, via des voitures piégées en gros, et des attaques aux obus contre les quartiers résidentiels et les liquidations ».

Je ne connais pas le Ghayb d’Allah, mais je peux me permettre quelques remarques sur l’avenir :

La première : le pari impossible d’éradiquer une minorité même au prix de massacres et de génocides. Les Ottomans ont tenté de mater,  d’éradiquer,  de convertir au sunnisme cette faction musulmane « égarée » ou « innovatrice », mais ils ne sont pas parvenus à leurs fins. Nous avons l’expérience actuelle des Bosniaques musulmans que les Européens auraient aimé ne pas voir en Europe. Ils sont toujours là aussi dynamiques. Comme tous les rescapés des massacres en Afrique et ailleurs ils semblent donner raison à cette sentence de Ali Ibn Abi Taleb (ra) : « Les rescapés des massacres deviennent plus nombreux et plus prospères »

La seconde : depuis quand l’Islam et les Musulmans, au nom d’Allah et de l’Islam, pratiquent-ils le massacre systématique ? De telles déclarations et de telles pratiques non seulement sont contraires à l’Islam, mais elles sont désavouées par le(s) Prophète(s) (saws). N’est-ce pas que les soldats, les policiers et les fonctionnaires de l’État syrien sont des musulmans ou des chrétiens citoyens syriens. N’est-ce pas que le Kofr al Bawàh est tellement évident qu’il ne demande pas d’être explicité. La population syrienne, les forces armées et la communauté de savant ne sont pas d’avis unanime  qu’il y ait une mécréance flagrante de leurs dirigeants. Si tel est le cas allons-nous considérer toute la population, tous les fonctionnaires et tout les religieux de Syrie comme des mécréants sur qui il faut imposer par la force un État islamique ? Quel serait la viabilité et la faisabilité d’un État islamique fondé sur la terreur?  Si les gouvernants et les fonctionnaires syriens sont apostats ou renégats il faudrait alors déclarer la guerre à toute la planète y compris au milliard et demi de musulmans ! Il faut déclarer la guerre aux Frères Musulmans en Algérie qui ont collaboré avec le régime impie et déclarer la guerre à leurs occurences en Egyptye et en Tunisie qui n’appliquent toujours pas la Charia et ne parviennent pas à gouverner d’une manière sensée ni a mettre en application la justice sociale de l’Islam.  Commanderont-nous aux autre la bonne foi sans nous l’imposer à nous mêmes. Un peu de sérieux et de cohérence !

La troisième : Si nous tolérons le massacre des Nassirites syriens au nom du sunnisme nous devons nous préparer à un avenir sanguinaire et diabolique, car nous allons permettre l’assassinat et l’éradication de toute différence confessionnelle et doctrinaire. Qui va empêcher les assoiffés de sang, de pouvoir,  et de purification d’introduire dans l’Islam la pratique médiévale de l’inquisition et, en son nom, « persécuter » les Chiites, les Ismaélites, les Soufies, les Ibadites… Cette logique macabre et insensée ne va-t-elle pas donner des idées plus morbide et plus absurdes dans les têtes d’abrutis que le monde musulman produit par sa misère morale et intellectuelle et qui vont au nom des hanbalites ou des chaffites déclarer les malékites hérétiques et désacraliser leur sang et leur bien. Toute dérive qui commence faisant croire à l’individu qu’il est la vérité absolue et que tous les autres ont tort le conduit à mettre l’existence des autres en péril.

La quatrième : si nous tolérons que les Nassirites syriens soient exposés à la vindicte des groupes terroristes au nom de l’Islam il faudrait que nous acceptions que l’instinct de survie et la solidarité des minorités se mettent de concert pour opposer une résistance non seulement farouche, mais sanguinaire. Le sang appelle le sang et les ruines appellent les ruines. La question n’est pas de mourir, mais pourquoi et pour qui mourir ou donner la mort ? Pour l’indépendance, la liberté, l’Islam, la dignité ? Jamais au grand jamais ces notions ne deviendront une réalité dans une société ou dans un territoire où le sang a coulé et où la haine et l’esprit de vengeance sont devenus culture nationale.

La cinquième : Si la divergence doctrinale et confessionnelle dans l’Islam est une innovation hérétique qui peut trouver explication dans l’histoire houleuse et confuse à un moment historique alors l’effusion de sang du musulman en dehors de ce que Allah a permis, car relevant de la Justice est un blasphème, un sacrilège, une malédiction. La question doit être posée à l’orthodoxie sunnite qui semble ne pas voir ses propres contradictions : combien de Firqa et de sectes le sunnisme comporte-t-il ? Allez-vous faire le jeu de Brezinski et de Bernard Levy en occupant les Musulmans à s’entretuer au profit du sionisme et de l’Empire ? Allez-vous éliminer tout ce que votre cerveau malade et votre religion corrompue  ce qui n’est pas « Frère Musulman » ?

La sixième : l’esprit maraboutique qui pratique le Chirk par le culte de la personnalité rend les Frères musulmans otages du chef sans possibilités d’analyse. L’esprit maraboutique même s’il se réclame de la modernité, de la démocratie et de la science, en réalité est un esprit fossile. Nous avons vu comment un vieux sénile est en train de conduire le monde musulman vers l’implosion et vers l’émergence d’un Vatican musulman sans que personne n’ose lui dire : ça suffit !

La septième : Si nous devons poser la question de la légitimité religieuse et politique des Frères Musulmans et de ceux qui se réclament du Sunnisme et qui aggravent les disparités entre Musulmans au lieu d’unifier et de serrer les rangs dans ces moments difficiles : apportez votre preuve si vous êtes dans le vrai, est-ce que l’Islam demande ou est-ce qu’il tolère les comportements et les idéologies partisanes, sectaires et tout ce qui provoque à terme la fragmentation de la communauté et mène à la haine et à l’effusion de sang.

La huitième : L’esprit partisan et sectaire vous a autorisé, contre le bon sens et la vision stratégique, confisquer des « révolutions ». L’état des lieux aurait dû vous montrer les difficultés qui vous attendent en matière de gouvernance dans un monde où vous n’avez aucun levier entre les mains. La priorité n’est ni la Libye ni la Syrie et en soutenant ou en réalisant la Fitna dans ces pays vous avez déjà perdu toute crédibilité et toute prise sur l’avenir qui vous annonce sa désapprobation et l’impasse dans laquelle vous vous êtes enfermés par votre aveuglement et votre ignorance que l’éloquence de vos discours n’a pas pu cacher. Comme un vernis, vous êtes transparents et craquelés de partout.

La neuvième : comme les neuf plaies d’Égypte, la dernière est mortelle. Qaradhawi et les Frères Musulmans ont donné à l’Empire et au sionisme ce qu’ils n’avaient jamais espéré voir :

–      Les Musulmans s’entretuent évacuant de leur champ de préoccupation la question palestinienne et l’occupation étrangère des pays musulmans.

–      S’inscrire comme facteur de déstabilisation pour justifier l’intervention étrangère qui n’attend que l’appel au secours des Chrétiens d’Orient pour récupérer l’Église d’Orient dans l’Église d’Occident et continuer à dépecer le monde musulman l’empêchant de construire son unité politique, économique, culturelle et géographique hors de l’emprise de l’Empire et du sionisme.

–      Manipuler l’élite musulmane. L’association des vieux séniles irresponsables et les Frères partisans de la Fitna sont inscrits dans la liste du terrorisme international. Les États-Unis et Israël ne manqueront jamais, au moment où l’exigent leurs intérêts stratégiques, de faire de ces « illuminés » ce qu’ils ont fait à Ben Laden et à El Qaeda : déclaration de guerre après les avoir instrumentalisés.

Je ne reviens pas sur la question de l’argumentation religieuse cautionnant l’effusion de sang. Nous sommes nombreux et de plus en plus nombreux à exiger que ceux qui parlent au nom de l’Islam et en notre nom de Musulmans qu’ils apportent leurs références religieuses : Coran et Sunna sur la licitée de l’effusion de sang. Nous avons montré dans d’autres articles le sacrilège de porter atteinte à la vie humaine. La religion, la politique, le bon sens, la géopolitique se conjuguent pour discréditer la pensée et les actes des Frères musulmans qui se sont avérés les véritables imposteurs de l’Islam.

Je me suis toujours posé la question :  pourquoi Malek Bennabi n’avait aucune sympathie pour les Frères Musulmans à l’exception de Hassan al Banna qu’il voyait comme un homme d’exception. L’expérience avec Nasser, l’expérience en Algérie avant et après le processus électoral, et leurs comportements insensés et dangereux sur la scène internationale, ces derniers mois, confirment la clairvoyance de Malek Bennabi et répondent à toutes mes interrogations.

Les salafistes infantiles et monarchistes ont été le leurre pour masquer l’avancée sournoise des dirigeants des Frères Musulmans qui ont exploité l’engagement et les souffrances de leurs militants qui ont confiance en eux. Ils viennent réclamer, aujourd’hui, au nom de leur exil et de leur séjour en prison, que nous leur accordions crédit et confiance aveugle comme si l’exil, la prison, la torture et la mort n’ont pas touché d’autres personnes croyant eux aussi avec conviction en leur cause et se dévouant jusqu’à la mort pour elle.

L’islamophobie est justement cette compétence à créer de la diversion et de la méfiance\défiance  pour engager une action militaire ou une action subversive. Elle est parvenue à discréditer, pour longtemps, les islamistes, en gandoura ou en costume cravate, car si leur rhétorique est plaisante ils restent sur le plan religieux, mental et politique  des  usurpateurs, des imposteurs qui répondent parfaitement à l’image donnée par le Prophète sur ces  » religieux » qui font plus de dégâts dans leur communauté que ne le ferait des loups affamés dans une bergerie.

Projet de coopératives : Business-Plan

Suite à une série d’articles sur les coopératives et l’économie sociale et solidaire dont :

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J’apporte une nouvelle contribution à ce dossier de coopératives qui me semble important pour l’avenir des jeunes en quête de projet d’emploi, d’investissement et de formation par la mise à disposition gratuite d’un guide de conception et d’élaboration d’un Business-Plan (plan d’affaires). Ce guide didactique sera suivi prochainement par un second guide : Synopsis pour l’élaboration d’un business-plan à partir d’un cas d’école. Il sera suivi par d’autres études de cas ainsi que par un guide de procédure de création d’entreprises en Algérie. Pour la procédure de création d’entreprise et les facilitations (ou contraintes) juridiques, logistiques et fiscales, je fais le vœu de voir se manifester un Algérien jaloux qui prendrait en charge ce dossier et gagner ainsi auprès d’Allah sa récompense.

  • Il est temps que l’institutionnel algérien (État central et collectivités locales) se mettent à réfléchir d’une manière rationnelle et efficace à la mise en place d’incubateurs de projet d’emploi et de formation pour les jeunes et se libérer de la formule bureaucratique des crédits anarchiques qui s’est avérée, depuis un quart de siècle, une inconséquence socioéconomique et une autre voie de continuité d’accaparement de la rente.
  • Il est temps que les jeunes s’approprient les mécanismes de leur libération et de leur émancipation en donnant contenu aux traditions de solidarité sociale et économique sans compter sur un État absent et incompétent.

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L’intellectuel et le savant entre le Signe et le Sens

Pour répondre à la question sous-jacente au titre, en l’occurrence les aptitudes et la vocation de l’intelligence institutionnalisée, il faudrait  au préalable avoir une définition consensuelle sur la signification des termes « savant » et « intellectuel ».

Définitions d’usage

Il est très difficile de définir le terme « savant ». L’usage veut que le savant soit celui qui sait beaucoup de choses, qui a un grand savoir, une grande érudition, une grande expérience, une grande  compétence dans un domaine. Le terme compétence est complexe selon les écoles de pensées. La meilleure définition est celle de la capacité d’une personne qui est socialement reconnue. C’est donc la légitimité par la reconnaissance que nait la compétence. Celui qui n’est pas reconnu par ses pairs ou qui ne bénéficie pas d’une grande audience qui lui donne légitimité de parler au nom de cette audience ou parler au sein de sa corporation n’a aucune légitimité et par conséquent aucune compétence.

Il est encore plus difficile de définir le terme « intellectuel » eu égard à ses connotations idéologiques et philosophiques.  Nous allons nous contenter d’une définition générique : L’intellectuel est celui qui exerce une activité mentale, qui met en œuvre son intelligence (esprit), pour dépasser la perception qu’il a d’un phénomène ou l’émotion devant ce phénomène pour parvenir d’une manière objective et logique à une connaissance ou à un savoir sur ce phénomène. Il s’agit de parvenir  par l’intellect, qui n’exclut pas la perception (observation, manipulation, écoute), à la compréhension théorique ou pratique, mais prouvée, des causes, du  déroulement ou des conséquences d’un phénomène tangible ou abstrait. L’intellectuel manie des idées, des concepts, des représentations mentales de la réalité perçue dans le monde tangible ou de la réalité imaginée ou ressentie dans le monde  spirituel.

Mon cadre idéologique d’analyse étant le  Coran. Je vais tenter de définir le savant et l’intellectuel puis de montrer les attendus que le Coran et par conséquent le Musulman attend d’eux.

L’intellect coranique et le Taffakkor

Dans l’usage arabe on parle de mouffakir celui qui fait usage de sa pensée, de son intellect. Partant de cette définition (hypothèse de travail) nous arrivons à plusieurs termes coraniques. Le  « Taffakkor » qui consiste à  faire l’effort de penser, de raisonner, de réfléchir, le « Taddabbor » qui consiste à faire l’effort de méditer, de contempler, d’analyser, de saisir  les aspects cachés, de découvrir le sens qui est derrière l’apparent, le « ‘Akala » qui consiste à faire usage de sa raison pour identifier, connaitre, savoir, le « dhakara » qui consiste à se rappeler, à évoquer, et le « ‘Alima » qui consiste à savoir. La sunna prophétique évoque le terme « Ta’allom » qui est l’effort de partir en quête d’acquisition du savoir sans lequel il n’y pas de constitution de savoir ni de personnalité savante. Bien entendu le Coran évoque d’autres notions complexes qui doivent encore échapper aux neurosciences comme  le « Qalb » l’intelligence du cœur, le « Loub » l’intelligence intérieure,  le « ‘îlma al louddhouni » qui est moins que la révélation et plus que l’intuition….

Nous allons explorer, pour l’instant et pour des raisons méthodologiques,  le terme « Taffakkor » et délaisser les autres notions.

Le lecteur du Coran remarque que le Taffakkor se rapporte  à la création divine, aux phénomènes cosmiques, sociologiques, historiques, comportementaux, ainsi qu’aux révélations. Dans la majorité des cas il se rapporte au Signe (Aya) ou aux Signes (Ayat).

Aya (Ayayt)  et Signe (s)

La langue arabe donne au terme Ayat la signification de marque, d’insigne : آيةً = علامة

La langue arabe donne aussi au terme Aya le sens d’enseignement : آية= عِبْرَة. La ‘Ibra vient de ‘abara (passer) qui donne ‘oubour (passage ou passerelle) signifiant la commutation de sens, du particulier au général ; du caché à l’apparent, de l’allégorique à l’évident, du fait à sa cause…

Le signe a pour vocation de conduire vers un sens. Ainsi quand on lit sur un tableau ou sur un support quelconque le mot chaise ou le dessin de la chaise, le signe « chaise » me renvoie l’idée de la fonction de la chaise qui consiste à s’assoir et elle me renvoie aussi l’idée de l’artisan de la chaise et de ses instruments qui ont façonné cette chaise ainsi que tous les symboles culturels, religieux et sociaux liés à cette signification. Le signe a valeur de symbole, mais aussi de pouvoir évocateur par les images mentales (les signes) que le signe scriptural, sonore ou autre a fait évoquer dans la mémoire ainsi que dans l’attente silencieuse que l’évocation a généré. Il y a donc dans le signe une conjugaison spatiale de plusieurs signes et une conjugaison temporelle d’évocation de ces  signes dans la mémoire (le passé), l’attention (le présent) et le futur (l’attente).

Lorsque le Coran utilise le terme Aya au singulier 84 fois et le terme Ayat au pluriel 148 fois il montre l’étendue de la polysémie du Signe tout en lui donnant à chaque fois une définition propre au contexte de l’énoncé coranique. Il  montre aussi  la compétence singulièrement humaine à potentialiser les signes et à les conjuguer entre eux pour atteindre un « meta » signe c’est-à-dire un sens final, un sens abouti, un sens sublime.

  • Le  Signe désigne l’énoncé divin dans le Coran, l’Evangile, la Thora et autres Livres révélés :

{En fait, Nous t’avons révélé des Signes évidents et nul ne les mécroit que les pervertis.} Al Baqarah 99

Hélas nous avons introduit un biais sémantique dans notre lecture (francophone) du Coran par la confusion  d’Ayat avec verset. Le terme verset est un dérivé latin signifiant petit vers qui a été transposé pour les écritures bibliques. Pour Allah, pour le Prophète et pour nous les Musulmans Aya ou Ayat signifient Signes divins. Ces signes qui manifestent Dieu dans Sa Puissance  et Son Invincibilité prennent le nom de Borhane, de Soltane, de Bayina en fonction du contexte et de l‘importance du signe dans une hiérarchisation coranique précise.

Nous avons introduit un autre biais en croyant qu’il était nécessaire  de débattre sur la foi ou sur le  Coran avec  les prétendus savants Juifs et Chrétiens qui ignorent le Coran et qui veulent l’ignorer. Quelle est la signification d’engager un dialogue entre les religions, 15 siècles après que Mohamed (saws) et le Coran aient  clôt ce débat. Venir nous dire que l’Islam est le troisième rameau des religions monothéistes au même titre que le judaïsme et le christianisme en étant philosophe musulman spécialisé dans l’histoire des religions est non seulement une ineptie, mais une déclaration publique de son ignorance sur ses propres références religieuses.

Il est malheureux de prétendre qu’Allah (swt) ait modifié les Ayat dans le sens de modifier les « versets » coraniques comme si le Coran était d’abord un brouillon ou Allah un écrivain qui fait des ratures puis gomme tout en cherchant de l’inspiration. Sobhane Allah. Le sens de ce verset frappe  pourtant l’esprit :

{Nous n’abrogeons un Signe ou ne le faisons oublier sans en apporter un de meilleur ou de semblable. N’as-tu pas su qu’Allah est Omnipuissant sur  toute chose ?} Al Baqarah 106

Il s’agit de faire succéder les Révélations que le Coran nomme par le terme « Signes ». La signification est que pour Allah ainsi que  pour tous les Musulmans il y a le principe sacré et universel du monothéisme : un seul Dieu, une seule Parole divine, un seul Livre. Les feuillets d’Ibrahim, les Psaumes de David, la Thora de Moïse, l’Evangile du Messie sont issus d’un seul et même livre. En informatique on aurait dit les occurrences d’une seule et même entité, même si ces occurrences se manifestent dans des formes et des conditions différentes.

  • Le  Signe désigne la création divine :

{Il y a certes dans la création des Cieux et de la terre, dans l’alternance de la nuit et du jour, dans les navires qui voguent sur la mer avec ce qui est profitable aux hommes, dans ce qu’Allah a fait descendre comme eau, du ciel, avec laquelle Il a ranimé la terre après sa mort et y a insufflé de tout être vivant, et dans les effets des vents et les nuages assujettis entre le ciel et la terre, des Signes pour des gens qui raisonnent.} Al Baqarah 164

  • Le signe désigne la parabole, l’allégorie, la métaphore

{Certes, l’exemple de la vie ici-bas est comme de l’eau que Nous faisons descendre du ciel qui se mélange aux  plantes de la terre dont se nourrissent  les hommes et le bétail. Jusqu’à ce que la terre ait pris sa parure et s’ornemente, et que ses habitants pensent qu’ils ont plein pouvoir sur elle, alors Notre Décret lui survient de nuit ou de jour. Ainsi  Nous la rendons toute fauchée, comme si elle n’a pas été florissante la veille. Ainsi, Nous détaillons les Signes pour les hommes qui méditent.} Younes 26

  • Le signe désigne les phénomènes existentiels :

{Quelqu’un d’entre vous aimerait-il avoir un jardin de palmiers et de vignes sous lequel coulent les fleuves et qui contienne toutes sortes de fruits, puis, lorsqu’il est atteint de vieillesse en n’ayant que de faibles descendants, alors un ouragan avec du feu frappe et dévaste ce jardin ? Ainsi Allah vous détaille les Signes, afin que vous réfléchissiez.} Al Baqarah 266

{Certes, il est dans la création des Cieux et de la terre, et dans l’alternance de la nuit et du jour, des Signes pour les doués d’entendement.} Ali ‘Imrane 190

  • Les signes désignent les phénomènes existentiels, sociaux et psychologiques :

{Dis : « Dites-moi, si Allah vous supprimait votre ouïe et vos vues, et rendait vos cœurs insensibles à la vérité, quel autre dieu qu’Allah vous les rendrait ? » Vois comment Nous détaillons les Signes, mais eux s’esquivent !} Al An’âm 46

{Et  la bonne contrée, sa végétation pousse grâce au vouloir de son Dieu, alors que dans celle qui fut mauvaise, elle ne pousse que dépérie. Ainsi Nous détaillons les Signes pour des gens reconnaissants.} Al A’âraf 58

  • Les signes sont les catastrophes ou les voies de  salut qui parviennent aux hommes en récompense de leurs œuvres :

{Dis : « Qui vous sauve des ténèbres de la terre et de la mer  »  lorsque vous l’implorer humblement et secrètement : « S’Il nous sauve de celles-ci, nous Lui serons pour toujours du nombre des reconnaissants » ? Dis : « C’est Allah qui vous sauve, ainsi que de toute autre détresse, mais vous voilà devenus polythéistes ! »  Dis : « Il est le Tout-Puissant qui a le pouvoir de vous envoyer un châtiment d’au-dessus de vous, ou d’en dessous vos pieds, ou de vous confondre en sectes et ainsi  faire subir à  certains d’entre vous les brutalités des autres. » Vois comment Nous détaillons les Signes, afin de les amener à  comprendre !}

  • Les signes sont l’annonce ou les preuves tangibles de la manifestation divine contre les sceptiques :

{Et ils ont juré par Allah, de tous leurs serments, que s’il leur venait un Signe, ils y croiraient sûrement. Dis : « Les Signes dépendent d’Allah. » Mais, qui vous fait penser que s’ils leur parvenaient, ils n’allaient pas y croire ? Nous rendons leurs cœurs et leurs vues inconstants, comme ils n’ont pas eu foi la première fois. Nous les délaisserons s’aveugler dans leur tyrannie. Même si Nous faisions descendre les Anges vers eux, et que les morts leur parlaient, et que Nous leur rassemblions toute chose devant eux, ils n’auraient jamais eu foi, sauf si Allah le Voulait. Mais la plupart d’entre eux sont des ignorants.} Al An’âm  109 à 111

  • Les signes sont la manifestation du prélude au châtiment divin  imminent :

{Et Nous avons saisi les gens de Pharaon d’années catastrophiques et d’un manque de fruits, afin qu’ils se rappellent. Mais lorsqu’un bien leur parvient, ils disent : « Ceci est pour nous. »  Et si un mal les frappe ils accusent Moïse et ceux qui sont avec lui de mauvais augure. Cependant, leur mauvais augure dépend d’Allah, mais la plupart d’entre eux ne savent point. Et ils disent : « Quel que soit le Signe que tu nous apportes, pour nous ensorceler avec, nous ne croirons point en toi. » Alors Nous avons déchainé contre eux le déluge, les sauterelles, les poux, les grenouilles et le sang, comme Signes précis, mais ils s’enorgueillirent et furent des gens malfaiteurs. Et quand le supplice s’abattit sur eux ils dirent : « O Moïse ! Invoque pour nous ton Dieu en vertu de l’enseignement que  tu as : si jamais tu nous dissipes le supplice, nous croirons sûrement en toi et nous enverrons sûrement avec toi les fils d’Israël. » Et lorsque Nous avons dissipé  le supplice qui s’abattait d’eux, jusqu’au terme qu’il leur a été échu, et les voilà qui parjurent ! Alors Nous Nous sommes vengés d’eux : Nous les avons engloutis  dans la mer en raison de ce qu’ils ont démenti Nos Signes et y ont été  inattentifs.} Al A’âraf 130 à 136

{Et ceux-là, les ‘Ad, ils ont renié les Signes de leur Dieu, se sont rebellés contre Ses Messagers et ont suivi l’ordre de chaque oppresseur obstiné. Ils furent poursuivis par la malédiction dans ce monde et le jour de la Résurrection.} Houd 59 – 60

  • Les signes sont l’établissement des preuves :

{Et Nous n’avons envoyé de Messager, que dans la langue de son peuple, afin qu’il leur explicite. Allah alors Fourvoie celui qu’Il veut et guide celui qu’Il veut. Il Est l’Invincible, le Sage. Et Nous avons envoyé  Moïse avec Nos Signes : « Fais sans faute sortir ton peuple des Ténèbres vers la Lumière, et rappelle-leur les Journées d’Allah ». Certes, il y a en cela  des Signes pour chaque être constant en persévérance, constant en reconnaissance.} Ibrahim 4 à 5

  • Les Signes sont la manifestation  de la fin du monde et celle du Jugement dernier:

{Qu’attendent-ils ? Que les Anges leur viennent, ou que ton Dieu Lui-même vienne, ou que surviennent quelques Signes de ton Dieu ?  Le jour où viendront quelques Signes de ton Dieu, aucun être ne profitera de sa foi à moins qu’il n’ait eu foi, auparavant, ou qu’il n’ait acquis de bonnes œuvres grâce à sa foi. Dis : « Attendez ; nous    attendons ».} Al An’âm  158

  • Le pouvoir du signe : l’évocation

Dans le Coran là où il y a le(s) Signe(s) (Ayat) il y a la manifestation divine. Le Signe et  les Signes n’ont pas d’autre pouvoir évocateur que celui d’évoquer Allah. En toute logique donc le Coran s’appelle Dikr, mémoire, rappel, évocation.  L’évocation a pour pouvoir l’incitation à l’invocation d’Allah qui est la quintessence de la foi, même si elle est fugace :

{N’as-tu donc pas vu que les navires voguent sur la mer, par la grâce d’Allah, afin qu’Il vous fasse voir de Ses Signes ? Certes, il y a en cela des Signes pour chaque constant en persévérance, constant en reconnaissance. Et si des vagues les couvrent comme des ombres, ils invoquent Allah de tout leur cœur. Puis lorsqu’Il les a sauvés vers le rivage, il en est parmi eux qui s’attiédissent. Et ne renie Nos Versets que chaque persistant dans la perfidie, persistant dans la mécréance.} Luqman 31 à 32

{Et, lorsqu’ils s’embarquent sur le navire, ils invoquent Allah de tout leur cœur, mais quand Il les sauve vers le rivage, voilà qu’ils deviennent polythéistes.} Al ‘Ankabout 64

  • Le signe est à la fois la preuve incontestable et le dernier ultimatum

{L’histoire de Moïse t’est-elle parvenue ? Lorsque son Dieu l’a appelé  dans la vallée sacrée Towà : « Va vers Pharaon, il a outrepassé, et dit : “ Es-tu prêt à te purifier, et que je te guide vers ton Dieu pour que tu Le redoute ?” » Alors il lui montra le grand Signe. Mais il a démenti et s’est rebellé,  ensuite, il tourna le dos pour se préoccuper. Alors il rassembla et appela : il dit : « Je suis votre dieu, le plus-haut » ! Alors Allah lui a infligé le châtiment de la vie future et de la vie terrestre. Certes, il y a en cela sûrement une leçon à méditer pour celui prend garde à Allah.} An Nàzi’ate  15 à 26

Dans cet énoncé ci-dessus on trouve également le pouvoir révélateur du signe. En effet le Signe a une autre signification qui vient s’ajouter à celle de l’annonce du châtiment et à celle de  l’évocation d’Allah : celle du dévoilement. Les Ayats ont pour vocation de dévoiler le sens ultime, la finalité de l’existence : l’épreuve dans la vie et la sanction de cette épreuve dans l’au-delà sous forme de Paradis ou d’Enfer qui sont la récompense ou le châtiment de Dieu.

  • Le signe est la manifestation de l’Omnipotence créatrice de Dieu :

Dans ce rapport au Signe et aux Signes nous sommes mis devant le sublime du Coran  qui parfois déroute certains savants musulmans qui se retrouvent poussés à  spéculer et à formuler des hypothèses farfelues ou même aller à puiser dans le répertoire religieux judéo-chrétien.  Lorsque le Coran évoque le grand Signe ou les grand Signes en plus des neuf signes qu’Allah a adjoints à la prédication de  Moise il y a une sorte de confusion qui fait dérailler la quête de sens pour la placer hors du Coran alors que le Coran est son cadre explicatif. Ainsi sur ces énoncés et leurs explicitations :

{Alors il lui montra le grand Signe} An Nàzi’ate  20

{Et qu’est-ce cela, en ta droite, ô Moïse ? » Il dit : « C’est mon bâton, je m’y appuie, j’abats du feuillage pour mes ovins et je m’en sers pour d’autres usages. » Il dit : « Jette-le, ô Moïse. » Alors il le jeta, et le voici un serpent qui se meut. Il dit : « Prends-le et n’aie pas peur, Nous le rendrons à son état premier. Et rapproche ta main de ton flanc, elle en sortira toute blanche sans défaut : c’est un autre Signe, pour te montrer de Nos grands Signes. Rends-toi chez Pharaon, il a outrepassé les limites. »} Taha 17 à  23

Nos savants, intellectuels et traducteurs  introduisent en arabe et en français la notion de miracle (I’jàz, mou’jiza) pour ce que Allah a nommé Aya ou Ayat al Kobra (les grands signes). Le foi en la science leur a fait perdre le respect du texte coranique comme si Allah ne sait pas faire la distinction entre Signe et Miracle ou prodige ou comme si quelque chose de plus grand que la vie, la notre, ou la création des Cieux et de la Terre pouvait être considéré, dans cette existence comme un miracle, alors que l’ensemble de la création et de la manifestation divine serait une banalité, un fait ordinaire à des « savants » musulmans  désabusés par leur existence ou fascinés par la science et la technologie des mécréants.

Est-ce que la transformation du bâton de Moïse en serpent est plus difficile que la création des univers ex nihilo ? N’est-ce pas qu’Allah dit :

{Êtes-vous plus difficiles à créer ou le Ciel ?} An Nàzi’ate

Le Coran s’auto explique. Il nous donne la réponse :

{Quand alors Nos Signes leur parvinrent visibles, ils dirent : « Cela est de la magie évidente ». Et ils les ont renié, injustement et orgueilleusement, alors qu’en eux-mêmes ils y croyaient fermement. Regarde alors quelle ne fut la fin des corrupteurs !} An Naml  13 à 14

Pharaon et ses courtisans refusent de reconnaitre les grands Signes et  se cachent derrière : « Cela est de la magie évidente ». N’est-ce pas une autre forme de négation des Signes divins que de venir prétendre aujourd’hui que ces Signes sont du miracle même si ces dires ne relèvent pas de la mécréance mais de l’excès d’intelligence et d’interprétation par omission du respect qui est dû à la Parole d’Allah qui n’a rien omis dans le Coran pour qu’un homme ait l’outrecuidance de venir le compléter.

Appeler  les Signes divins de magie est une chose, y croire ou les nier est une autre chose. Lorsqu’on  lit attentivement l’énoncé coranique  on comprend que Pharaon et ses courtisans ont parfaitement compris le sens des Signes et des grand Signes : la fin de Pharaon et de son royaume. Les poux,  le sang, les grenouilles annonçaient les signes précurseurs qui se manifestent d’une manière tangible sans symbolique : le tarissement de l’eau. Seul Allah a le pouvoir de tarir ou de rendre abondant l’eau dans un moment ou dans un lieu de Sa création. L’eau est la vie. L’absence de l’eau signifie la mort par une lente agonie et par l’humiliation des privilégiés qui se retrouvent assoiffés, affamés et pouilleux comme les misérables qu’ils ont mis en esclavage. L’énonce nous donne la clé de la situation : « Et ils les ont renié, injustement et orgueilleusement, alors qu’en eux-mêmes ils y croyaient fermement. ». L’orgueil du pouvoir et l’illusion du savoir et de l’avoir cachent ce qui frappe les yeux non par l’imagination ou par la métaphore, mais par le vécu, par la réalité du Signe qui se manifeste tangiblement.

Bien avant que cela ne se produisent Allah informe Moïse de la fin inéluctable : « Regarde alors quelle ne fut la fin des corrupteurs ».

Quels sont donc les deux grand Signes ? Le frère Salah Eddine Ibn Ibrahim Abou ‘Arafa de la Mosquée Al-Aqsa avance une explication plausible par sa logique sémantique, historique et  linguistique. Le Bâton de Moïse en se transformant en serpent répond au symbole du Cobra sur le haut de la coiffe de Pharaon : la terreur a changé de camp. Ou bien Pharaon se repent et libère les opprimés ou bien il va mourir en perdant sa puissance en l’occurrence son armée et lui-même. Ce qui s’est effectivement passé. Est-ce que le bâton de Moise est un miracle ? Non c’est un grand Signe qui annonce la fin de Pharaon le « grandiose ». La main de Moise répond symboliquement  au bâton  de commandement que  Pharaon tient dans sa main comme signe de son autorité et de sa puissance sur son royaume. La main de Moise en sortant blanche non comme une ampoule ou une main guérie d’une maladie de peau, mais comme une main sans chair, blanche comme une main de squelette, annonçant sans équivoque la fin de Pharaon et de son royaume. Pharaon avait compris et d’ailleurs le récit coranique montre que Pharaon n’a jamais tenté de porter atteinte à la vie de Moïse. Emporté par sa mégalomanie conjuguée à la peur de mourir et de perdre son royaume, il a tenté  en vain de créer de la diversion.

Comme pour Moïse on ne va pas voir les Signes en la possession du Messie comme des témoignages de la manifestation divine, mais on va chercher le miracle. Et pourtant l’énoncé coranique met en évidence le Vouloir divin et les Bayinat (Signes évidents) qui s’exercent à travers le geste prophétique pour faire de ce geste un signe indiquant  Celui qui se manifeste derrière ce Signe :

{Lorsque Allah Dit : « O Jésus fils de Marie, souviens-toi de ma Grâce envers toi et envers ta mère, lorsque Je t’ai soutenu par l’Esprit de Sainteté pour que tu parles aux hommes, au berceau, et dans la force de l’âge. Et lorsque Je t’ai enseigné le Livre, la Maitrise, la Torah et l’Évangile. Et lorsque tu créais de l’argile comme la forme de l’oiseau, par Mon vouloir, et en laquelle tu as insufflé et elle devint oiseau, par Mon vouloir. Et tu guérissais l’aveugle-né et le lépreux, par Mon vouloir. Et lorsque tu faisais ressusciter  les morts, par Mon vouloir. Et lorsque J’ai dissuadé les fils d’Israël loin de toi, quand tu leur es venu avec les évidences, alors ceux qui sont devenus  mécréants d’entre eux dirent : « Cela n’est que magie évidente ».} Al Maidah 110

Comme Abraham, les Apôtres du Messie vont solliciter Allah non pour voir le miracle mais comme Abraham avoir la sérénité du cœur. Les signes accompagnant le Messie  n’ont pas augmenté la foi et la détermination des Apôtres puisqu’elles étaient déjà là avec ou sans « miracle ». De la même façon le doute et la haine des sceptiques et des hypocrites n’ont pas changé qu’il y ait eu ou pas de « miracles ». La logique de la foi échappe à l’entendement humain car elle relève exclusivement du du pouvoir divin. Voici ce qui devrait mettre fin à toute explication excentrique  qui mène à la confusion entre le Signe et le miracle :

{Et lorsque J’ai inspiré aux apôtres : « Croyez en Moi et en Mon Messager », ils dirent : « Nous y croyons, et témoigne que nous sommes vraiment musulmans ». Et lorsque les apôtres ont dit : « O Jésus fils de Marie, ton Dieu peut-Il nous faire descendre une table du Ciel ? » Il dit: « Prenez garde à Allah, si vous êtes croyants ! » Ils dirent : « Nous voulons en manger, pour que nos cœurs soient rassurés, et pour savoir que tu nous as dit la vérité, et pour que nous soyons du nombre des témoins».}  Al Maidah 111 – 112

Allah a voulu que les hommes croient en Dieu sans voir Dieu ni ses anges ni son paradis ni son enfer car ils n’ont pas été crées avec ces facultés de vision dans ce monde. Voir Dieu est la récompense suprême de l’au-delà.  Les Apôtres n’ont pas eu la foi,car ils avaient vu des miracles mais ils ont obtenu la foi, car la foi a été leur récompense : « Et lorsque J’ai inspiré aux apôtres : « Croyez en Moi et en Mon Messager » »

Est-ce que la création de Jésus est plus difficile que celle d’Adam ? Est-ce que le pouvoir de guérison de Jésus est plus difficile que la ressuscitation des oiseaux d’Abraham ? Est-ce que pour Allah il y a une chose relevant de l’ordinaire et une autre relevant de l’extraordinaire ou du miracle ? Est-ce que nous avons le droit de faire de la surenchère lexicale, terminologique et sémantique  sur la Parole d’Allah ? Même si un homme d’un certain niveau peut et a le droit de tenter d’expliquer la Parole d’Allah selon sa propre assise intellectuelle et sa propre culture scientifique, il ne peut se donner pour vocation d’inventer ce qu’Allah n’a pas dit ou de substituer d’autres termes à ceux d’Allah qui  sont à la disposition de l’humanité  dans le Coran. Est-ce que la vocation d’un savant ne consiste-t-elle pas à se conformer le plus scrupuleusement à la Parole divine ? Est-ce qu’Allah a parlé de miracle mathématique ou de miracle scientifique ?

Voici ce qu’Allah dit :

{Certes, l’exemple de Jésus, auprès d’Allah, est tel l’exemple d’Adam, qu’Il créa de poussière, puis Il lui dit : «Sois !» et il est.} Ali ‘Imrane 57

Pour Allah toute création est aisée, Son acte est un verbe : « Soit ! Et il en est ainsi ». Aïssa (saws) n’est pas un miracle, mais le verbe d’Allah. Aïssa n’est ni un miracle ni une divinité, mais un Messager d’Allah :

{Le Messie fils de Marie n’est autre qu’un Messager, tout comme les Messagers qui passèrent avant lui. Sa mère est véridique, et tous deux mangeaient la nourriture. Regarde comment Nous leurs explicitons les Signes, puis regarde comment ils louvoient!} Al Maidah 75

On va jusqu’à dire que les « miracles «  du Messie (saws) sont un défi pour la communauté juive de l’antiquité versée dans les sciences médicales. J’avais personnellement réalisé en ma qualité de concepteur deux produits pédagogiques dans le domaine de l’enseignement médical (anatomie fonctionnelle pour la faculté de médecine de Bordeaux et maladie des yeux pour une association médicale du sud ouest de la France). Au cours de l’étude de conception j’ai été amené à me pencher sur l’histoire de la médecine et rien ne me permet d’affirmer, sans être un spécialiste, que les Juifs étaient versés dans les sciences médicales. La médecine étaient  l’apanage des égyptiens, des grecs, de l’école d’Alexandrie qui a cassé le dogme du Galien et enfin l’école arabo musulmane qui a porté les sciences médicales à leur apogée avant de disparaitre devant l’école occidentale. Les Juifs étaient connus, du temps du Messie, par la magie et la sorcellerie ainsi que par leurs divergences entre serviteurs du temple, intégristes en quête d’un roi, hellénisants et romanisants… Ni Allah ni le Messie ne peuvent être rabaissés au niveau d’êtres « inférieurs » qui défient leurs semblables. Sobhane Allah !

Le Coran nous montre le caractère universel du Signe coranique en exprimant la problématique  de la quête de sens que tout signe doit impulser même si le terme signe est absent parce qu’en réalité tout est signe et tout signe conduit vers Dieu :

{N’ont-ils donc pas observé comment les chameaux, ont été créés ? Comment le ciel, a été élevé ? Comment les montagnes ont été  dressées ? Et comment la terre a été nivelée ? } Al Ghàchiya  17 à 20

Conclusion préliminaire :

A la lumière de la signification des Signes dans le Coran comme passerelle de sens qui amène l’observateur et le méditant vers la manifestation divine qui est en amont de ce signe  je peux conclure, même si cela n’est pas académique sur cette vérité : quiconque  œuvre par la parole, l’esprit et l’action à expliciter les Signes et à les rendre signifiants c’est-à-dire menant vers Allah et Son Dessein est un intellectuel, un savant, même s’il n’a pas fait d’études universitaires et même s’il n’occupe pas de rang honorifique dans les médias ou dans les assemblées scientifiques. Œuvrer par la parole, l’esprit et l’action au service de l’explicitation du signe ne veut pas dire absolument qu’il faut se situer sur le seul terrain du religieux. Tous les signes, cosmiques, phénoménologiques, anatomiques, scientifiques, historiques, sociologiques, ontologiques, sociaux, psychologiques, géologiques, artistiques qui conduisent au sens ultime, à la vérité, à Dieu sont un acte intellectuel un acte de savoir… C’est à ce niveau que se trouvent le savant et l’intellectuel. Le reste n’est que littérature, effet de mode…

Signes et Taffakkor

Il est remarquable de voir qu’au(x) Signe(s) (ٱلأيَٰتِ- آيَةً – خَلَقَ) va correspondre  le Taffakur (تَتَفَكَّرُونَ  –  يَتَفَكَّرُونَ – يَتَفَكَّرُوا – تَتَفَكَّرُوا)

Le Taffakur, le travail intellectuel qui prospecte mentalement les Signes de la création a donc pour vocation de transformer la perception de valeur tangible, esthétique, temporel, matériel en un sens spirituel voire métaphysique. Le Signe (Ayat) est un commutateur de sens, Le Taffakur dans l’homme libéré de l’aliénation de l’idole, du fétiche et du totem est également un commutateur. Ensembles, le Signe et l’interprétation du signe convergent vers une unique quête, celle du sens. Cette quête aboutit à  la découverte de  Dieu. Celui qui ne mène pas cette quête ou la mène dans une direction inversée il abouti fatalement à la perdition dans ce monde et à la perte de soi dans l’autre monde.

Sur des dizaines d’énoncés où les Ayats sont contigües au Taffakur nous avons celui-ci qui résume tout ce que nous venons de dire d’une manière évidente :

{Certes, il est dans la création des Cieux et de la terre, et dans l’alternance de la nuit et du jour, des Signes pour les doués d’entendement. Ceux qui ne cessent d’évoquer  le Nom d’Allah debout, assis ou couchés sur le côté, et de méditer sur la Création des Cieux et de la terre : « Notre Dieu, Tu n’as point créé cela en vain, gloire à Toi. Préserve-nous du châtiment du Feu.} Ali ‘Imrane 190 à 192

Le paysan, le boulanger, l’universitaire, la femme au foyer, le forgeron, l’astronome et tout être humain qui atteint ce niveau de conscience du divin et de  l’universel  dans la contemplation ou la médiation du signe qui le poussent à une quête vers Dieu est coraniquement  un doué d’entendement c’est-à-dire un savant, même s’il n’a ni doctorat en théologie ni en fiqh ni en Hadith.

Celui qui parvient par son âme, son esprit et son cœur à se rapprocher de cette vérité coranique  « Sache ٱعْلَمْ » est un savant. Nous allons l’étayer par plus de détails

{Et lorsqu’Abraham dit : « Dieu, Montre-moi comment Tu Fais Revivre les morts ». Il Dit : « N’es-tu donc pas croyant ? » Il dit : « Assurément, mais pour que mon cœur soit tranquille ». Il Dit : « Prends quatre volailles et dépèce-les, pour toi-même, puis mets-en un morceau sur chaque montagne, ensuite appelle-les : elles s’empresseront vers toi. Et sache qu’Allah est, certes, Invincible, Détenteur de la Maitrise ».} Al Baqara   260

{Et que tu juges entre eux d’après ce qu’Allah a révélé, ne suis pas leurs passions, et méfie-toi qu’ils ne te séduisent dans une partie de ce qu’Allah t’a révéla. S’ils s’en écartent, sache donc qu’Allah veut les frapper en raison de certains de leurs péchés. Certes, beaucoup d’hommes sont des pervertis.} Al Maidah 49

{Sache donc qu’il n’y a point de Dieu sauf Allah} Mohamed 19

En résumé le savoir impératif et sans faute qui pourrait donner le titre de savant et d’héritier du Prophète est articulé sur :

  • Le monothéisme pur qui consiste à savoir qu’Allah est le seul créateur et le seul maitre de la création,
  • Les Noms d’Allah et tout particulièrement sur les Noms Al Aziz (l’Invincible) et Al Hakim (Celui qui maitrise) qui montrent la Puissance et la gouvernance d’Allah dont rien de crée ou de décidé ne sa fait sans sa connaissance, sans sa volonté et sans lui en rendre compte.
  • La justice : il s’agit de rendre justice selon la loi d’Allah et cette mission incombe à ceux qui sont dans la position du Prophète en l’occurrence les juges et les gouvernants qui nomment les jugent et les savants dont la mission est de rappeler la loi de Dieu et le devoir de justice. La foi et la connaissance de la  Justice divine interdit au Musulman et tout particulièrement au savant  de recourir à la violence gratuite, à la vengeance et au désespoir qui souvent pousse à commettre des actes précipités causant plus de maux que  ceux qu’ils pensaient régler.

Ces trois savoirs relèvent  d’une foi en Dieu et d’un savoir  sur Dieu. Cette foi et ce savoir ne s’acquièrent pas seulement par l’étude, les titres universitaires, les publications, mais ils sont un don de Dieu qu’Il accorde à ceux dont les cœurs sont remplis de Taqwah. La Taqwah n’est pas la piété au sens chrétien ni la crainte révérencielle ou révérencieuse de Dieu des traducteurs du Coran elle est ce que le Coran a voulu qu’elle soit : crainte espérant la rémission et espérance craignant l’insuffisance et l’arrogance. Cette crainte et cette espérance qui se conjugue engendrent le scrupule et l’observance des prescriptions divines. Le savoir n’est  par conséquent ni livresque, ni académique, ni pragmatique,  ni théorique ni pratique, mais un ensemble de savoir être, de savoir faire, de savoir penser qui met l’individu dans cette situation de savant qui connait les limites de ce monde et la justice qu’il faut y rendre, le monothéisme et les Noms d’Allah qu’il faut exalter et transmettre avec le cœur rempli de Taqwah.  Ainsi le savant correspond à cette description coranique sublime :

{Mais ne craignent Allah, parmi Ses Dévoués, que les savants. Certes, Allah Est Invincible, Absoluteur.} Fater 28

Parfois il ne s’agit pas de Signes au sens cosmique, historique ou sociologique, mais de référence à la Révélation divine qui est un signe car elle indique que le Prophète ne peut avoir la compétence, le temps et le lieu pour la rédiger puis la transmettre mémorisée dans son cœur et son esprit :

{Et Nous n’avons envoyé, avant toi, que des hommes que Nous avons inspirés avec les évidences et les textes sacrés.  Interrogez donc les gens de la science si vous ne savez pas.  Et Nous ne t’avons révélé le Coran que pour que tu explicites aux hommes ce qui leur a été révélé, afin qu’ils réfléchissent.} An Nahl 43 à 44

Il est important de souligner la subtilité sémantique de « Ahl ad Dikr » que les savants et musulmans contemporains confisquent à leur profit pour se donner une position de rente religieuse et de référence politico religieuse. Allah a qualifié les Rabbins et les docteurs de la foi comme Ahl ad Dikr car la Thora et l’Evangile authentiques sont appelés Dikr dans le Coran comme le Coran lui-même est appelé Dikr.

Cet énoncé détruit la fausse idée que nous nous faisons du religieux, de l’intellectuel et du savant dans la communauté musulmane.  Il ne s’agit pas de croire stupidement par mimétisme social et conformisme culturel, et pour cela il faut  soumettre  le texte religieux à la méditation pour le comprendre et en tirer l’usage le plus efficace sur le plan intellectuel, spirituel, idéologique et  religieux.  Le Coran n’est pas un simple livre religieux ou un traité philosophique : c’est la Parole divine qui s’adresse à l’esprit créé par la Puissance divine pour que cet esprit comprenne et forme son intelligence ainsi que sa lucidité sur les réalités des mondes.

Cet énoncé démystifie le savant religieux. La phrase « Interrogez donc les gens de la science si vous ne savez pas » n’est pas un ordre donné aux musulmans pour aller consulter les savants comme s’ils étaient des rabbins de synagogues,  des  prêtres d’églises ou des membres d’un clergé ou d’un temple d’une secte ou d’une religion inventée par les hommes. Cette phrase demandait aux Arabes (païens, juifs ou chrétiens) contemporains de Mohamed (saws) de confronter ce que Mohamed dit aux dires des savants et des docteurs des Gens du Livre qui ont caché à ces Arabes leur savoir pour en garder le monopole et la rente sociale et religieuse d’une part et pour cacher leurs falsification d’autre part.  Il est évident que nous devons consulter plus instruit, plus probe et plus scrupuleux que soi, mais sans que cela ne fasse de ceux qu’Allah a privilégie de savoir, de piété et d’érudition devienne une institution cléricale dans l’Islam. L’Islam par la parole de son Dieu et par la voix de son Prophète (saws) exige du musulman d’être un homme savant qui partage son savoir ou un homme en quête de savoir qui part à la quête de plus savant que lui comme Moussa (saws) est parti à la recherche de Khadr (saws)

En effet il y va de notre salut en procédant à la démystification du Savant et de l’intellectuel dont les titres relèvent d’études académiques  ou d’aura médiatique qui se rapprochent davantage de l’esprit scolastique judéo-chrétien que de l’esprit islamique originel. Il est navrant de voir des « savants » ou des « intellectuels » contemporains adorés comme des idoles, des fétiches, des marabouts allant jusqu’à mourir pour eux ou du moins prendre leur parole comme parole sacrée, incontestable, au dessus de celle de Dieu (swt) et de celle du Prophète (saws). Allah a opposé les savants judéo-chrétiens aux analphabètes qui ont suivi le Prophète analphabète. Il ne s’agit pas d’analphabétisme ou d’illettrisme au sens  scolaire comme on l’entend aujourd’hui, mais d’ignorance des textes des Juifs et des Chrétiens ainsi que des philosophies byzantines et perses qui entouraient l’Arabie.  Il s’agit aussi d’ignorance complète de la foi et des préceptes moraux de  la Hanifiya, réminiscence de la religion islamique d’Abraham. Voici comment Allah a distingué cette génération d’élus :

{C’est Lui qui a envoyé, parmi les analphabètes, un Messager d’entre eux, qui leur récite Ses Signes, qui les épure, qui leur apprend le Livre et la Maitrise, bien qu’ils fussent sûrement, auparavant, dans un fourvoiement évident. Ainsi que d’autres, parmi eux, qui ne les ont pas encore suivis. }  Al Jumou’â 2

Au sens coranique le « si vous ne savez pas » est évident. Le recours au savoir d’un autre n’est pas la règle. La règle pour le musulman est de constituer son savoir pour vivre en autonomie de pensée et en être responsable qui assume ses responsabilités sans confier son destin à un homme qui est le produit d’une gestation de neuf mois comme lui. Plus une communauté acquiert, produit du savoir et échange le savoir, mieux se porte cette communauté dans sa vitalité, dans sa compréhension de sa religion et de son existence, ainsi que de sa vocation de témoignage aux autres. Il ne s’agit pas de faire gouverner le monde musulman par des ignorants, mais de renouer avec l’esprit sain des Compagnons qui étaient producteurs de savoir sinon consommateurs de savoir mais jamais des assistés qui avaient besoin d’une tutelle religieuse qui leur dicte leur conscience et leur Fatwa sur mesure. Le « « si vous ne savez pas » n’est pas la règle mais l’exception. Cette exception ne signifie pas l’existence d’un savant clérical ou d’un institution qui monopolise le savoir au nom d’un académisme qui ressemble davantage à une rente qu’à un devoir. Le Prophète (saws) a répondu de la manière la plus magistrale aux ignorants qui se complaisent dans leur ignorance et leur insouciance ainsi qu’aux détenteurs de savoirs qui font de la rétention de connaissance ou qui se place au dessus des autres comme s’ils étaient la science infuse :

« Les meilleur d’entre vous dans l’obscurantisme ante islamique  sont les meilleurs d’entre vous dans l’Islam s’ils font l’effort de connaitre leur religion (taffakkoh fil Dine) »

Parfois il ne s’agit pas de Signes au sens cosmique, historique ou sociologique, mais de paraboles ( ٱلأَمْثَالُ ) au sens intellectuel, car l’homme créé  être doué d’intelligence et d’esprit de quête de sens est sensé se mettre à l’abri de tout comportement insensé et de toute dérive contre la raison objective provoquée par la passion, la haine ou l’idéologie. En effet il faut être un sot, un insensé ou un psychopathe pour porter atteinte à l’image et à la réputation de  Mohamed (saws)   alors qu’il est connu par tous et depuis toujours par sa bonne moralité, sa probité, son intelligence, sa bravoure, sa générosité et sa magnanimité envers les humains :

{Dis : « Je ne vous dis pas que je possède les Trésors d’Allah, et je ne connais pas le Ghayb. Je ne vous dis pas que je suis un Ange. Je ne fais que suivre ce qui m’est Révélé ». Dis : « L’aveugle serait-il égal au voyant ? »  Ne méditez-vous donc pas ?} Al An’âme 50

Si on peut douter d’un homme car on est jaloux de lui ou haineux envers lui car il met en péril notre rente illégitime sociale, économique  ou religieuse, on ne peut faire le parallèle entre ce que dit cet homme sur son Dieu et ce que montre son Dieu qui se manifeste à travers ce qu’Il montre dans la création :

{N’ont-ils donc pas médité ? Leur Compagnon n’a aucune folie : il n’est qu’un avertisseur évident.  N’ont-ils donc pas contemplé le Royaume des Cieux et de la terre, et toutes les choses qu’Allah A Créées, et que peut-être leur terme s’est rapproché ? En quel discours après cela croiront-ils ?} Al Aâraf 184 à 185

Au sens coranique pourrait-on qualifier d’intellectuel celui qui cherche la complaisance des mécréants pour avoir une belle image ? Pourrait-on qualifier d’intellectuel un dévergondé alors que notre Prophète a interdit de qualifier de « monsieur » un voyou, un dévergondé ? Pourrait-on qualifier d’intellectuel celui qu’Allah a désigné de chien, d’âne et de bétail parce qu’il a gommé la quête de sens que lui impose son intelligence ? Pourrait-on faire le beau, le gentil et  le savant devant des ignorants qui poussent l’outrecuidance non seulement à nous utiliser comme des faire valoir médiatiques, mais à mépriser l’Islam et les Musulmans ? Le Coran nous invite à réfléchir en nous décrivant  celui qui ne voit pas les Signes divins aveuglé par ses théories, ses croyances et ses idéologies ? Allah en nous montrant l’usage convenable de la raison qui ne peut être confinée dans l’obtention de titres universitaires ou de fonctions honorifiques nous montre le caractère odieux de celui qui se prétend détenteur de savoir et  d’intelligence alors qu’il  ignore d’où il est venu, quelle est sa vocation dans cette existence et vers où il se dirige inéluctablement.

{Et lorsque ton Dieu Prit des fils d’Adam, de leurs dos, leur descendance, et les a fait  témoigner contre eux-mêmes : « Ne suis-Je pas votre Dieu ? » Ils ont dit : « Bien sûr, nous témoignons. »  Afin que vous ne disiez point  le Jour de la Résurrection : « Nous étions inattentifs à cela. » Ou que vous ne disiez : « Mais nos ancêtres ont déjà été polythéistes et nous étions une progéniture après eux. Nous Ferais-Tu donc périr en raison de ce qu’ont fait les    détracteurs ? » Ainsi  Nous détaillons les Signes, afin qu’ils reviennent. Et raconte-leur l’histoire de celui auquel Nous avons fait parvenir Nos Signes et qui s’en départit. Alors Satan l’a  poursuivi et il fut du nombre des égarés. Et si Nous l’avions Voulu, Nous l’aurions élevé grâce à eux, mais il eut un penchant pour la terre et a suivi sa propre passion. Son exemple est comme l’exemple du chien : si tu l’attaques, il halète, ou si tu le laisses, il halète. Cela est comme l’exemple des gens qui ont démenti Nos Signes.  Raconte donc le récit, afin qu’ils puissent réfléchir. Vil exemple que les gens qui ont démenti Nos Signes, et c’est envers eux-mêmes qu’ils étaient injustes.}  Al Aâraf 172 à 177

{Et Nous faisons croître pour la Géhenne beaucoup de djinns et  d’humains : ils ont des cœurs avec lesquels ils ne comprennent pas, ils ont des yeux avec lesquels ils ne voient pas, et ils ont des oreilles avec lesquelles ils n’entendent pas. Ceux-là sont comme le bétail, ils sont même plus fourvoyés. Ceux-là sont les inattentifs.}  Al Aâraf 179

Est-ce celui qui ressemble à un chien haletant qui cherche à être complaisant et servile, un baudet transportant une charge dont il ignore la valeur et le contenu, ou à du bétail, vache, mouton ou chèvre, paissant et ruminant en toute insouciance peut-il être un porteur de savoir, un défenseur de vérité, une lumière éclairante ?

Dans le Coran,  Allah nous fait connaitre d’autres états de la connaissance et du savoir qui rendent  le statut du connaissant, du savant  ou de l’intellectuel plus rare, mais aussi moins confiné dans la sphère scolastique et académique : Un savoir et une miséricorde en provenance de Lui comme un don divin sur qui Il veut et comme Il veut :

{Ils trouvèrent un Dévoué d’entre Nos Dévoués, à qui Nous avons donné de Notre part une Miséricorde,  et Nous lui avons enseigné de chez Nous une Science. Moïse lui dit : « Puis-je te suivre à la condition que tu m’apprennes de ce qui t’a été enseigné de sensé ? »} Al Kahf

Certains de nos « savants » contemporains veulent conserver le monopole du savoir et le privilège de leur titre comme une rente qui leur est due allant jusqu’à distinguer le Dà’îy (prédicateur) du penseur (moufakkar), du Khatib (imam à la mosquée), du Savant. Pratiquant l’exclusion et la distinction ils tombent dans la  faute envers le Coran qui a qualifié  le Prophète de prédicateur :

{O Prophète, Nous t’avons Envoyé comme témoin, annonciateur, avertisseur,  prédicateur appelant vers Allah, par Son Vouloir, et une lumière éclairante.} Al Ahzab  45-46

Le Prophète Mohamed (saws)  est  notre modèle parfait : il appelle à Dieu, il n’appelle pas à un parti, à une doctrine, à une école ou à un clan. Je ne pense pas sincèrement que celui qui appelle à autre qu’Allah puisse mériter le titre de savant même son érudition est phénoménale et son prestige fascinant.

Il reste à la lumière du Coran de dire ce qu’il est attendu de l’intellectuel et du savant dans ses moments de troubles et de doute.

Ils doivent longuement étudier et réfléchir aux injonctions divines au Prophète Mohamed (saws) : « Dis ». Nous avons un travail énorme d’explication du Coran dans la mise en évidence du sens des dires du prophète.

La vocation de l’intellectuel et du savant est donc de dire ce qu’Allah a ordonné à Son Prophète de dire.  Leur vocation est aussi de réfléchir et de faire réfléchir. Dans les versets appelant  au Taffakor (réflexion, pensée, méditation) nous avons la réponse :

{Dis : « Je ne vous exhorte qu’à une chose : d’agir pour Allah, par deux, ou individuellement, ensuite de réfléchir : Votre compagnon n’est point atteint de folie. Il n’est qu’un avertisseur pour vous, face à un sévère châtiment ». Dis : « Ce que je vous ai demandé comme profit, gardez-le pour vous ! Certes, Ma rémunération n’incombe qu’à Allah, et Il est Témoin sur toute chose ». Dis : « Certes, mon Dieu Lance la Vérité, l’Omniscient des Occultes ».}  Saba 46 à 49

Il faut libérer les gens de leur torpeur, de leur insouciance et de leur aliénation. Pour cela il faut les déconstruire et les libérer du système qui les empêche de réfléchir et de s’éveiller à la vérité. Cela passe par le contenu de l’énoncé coranique : libérer l’homme de la foule et des habitudes de groupe et de clan pour l’amener à s’interroger seul ou a débattre avec un autre loin du sensationnel des médias, des foires, des marchés et des fabriques de l’illusion. De la même façon qu’il n’y a pas d’éveil pédagogique dans une classe surchargé, bouillante et dissipée, il n’y a pas de procès de conscientisation dans le cadre du mimétisme ambiant et du cirque forain.  Le prédicateur pour être crédible et percutant dans l’éveil des consciences il ne peut être lui-même embrigadé dans un système partisan ou mercantile ou dans un cadre de propagande ou de médiatisation où la forme et le rendu de la scène importe plus que le contenu du message et la qualité de la communication. Le message pour qu’il parvienne, il doit être vrai. Il ne peut être vrai que s’il parle de la vérité avec sincérité sans louvoiement. Il ne s’agit pas d’acheter les consciences des gens ni de mobiliser pour une armée de révolutionnaires ni pour remplir une salle de conférence pour un chef de parti politique, ni de plaire aux téléspectateurs.  Il s’agit d’être un projectile de vérité entre les mains de la vérité lancée contre le mensonge avec bien entendu bonne éducation, intelligence, respect de la dignité humaine, et savoir que Celui qui guide est Allah, car les cœur sont entre ses mains.

Allah (swt) nous montre plusieurs cas de cœurs fermés à la raison, à la logique, à la foi… Il est remarquable de noter que parmi ces cas celui qui est contigüe à la pensée est inscrit dans le rejet du Signe (ici le Coran) et hors du Taffakor. Il exerce une pensée sans faire l’effort de penser, de produire de la pensée. Le Taffakor est un effort, c’est une quête, une partance vers le sens, la vérité, l’idéal. Le Fikr est un remue méninge à vide ou une pensée autarcique qui ne pense qu’à soi, qu’à l’instant présent, qu’à ce monde ci, qu’aux avantages matériels et sociaux. Prisonnier du ici, du maintenant et de la matérialité de ce monde et de ses formes il ne peut faire l’effort de réfléchir. Il peut vomir ce qu’il a appris à l’école ou ce qu’il a entendu auprès d’un intellectuel ou d’un savant car son but n’est pas d’accéder à la vérité, mais de vivre par des pseudos vérités, des illusions idéiques :

{Laisse-Moi avec celui que J’ai créé tout seul. Et à qui J’ai donné des biens sans fin, et des enfants sous les yeux, et Je lui ai tout facilité. Ensuite, il est avide que Je lui augmente ! Jamais ! Il était hostile à Nos Signes. Je le tourmenterai en lui accroissant. Il a réfléchi, et il a résolu. Maudit soit-il, en ce qu’il a résolu ! Ensuite, maudit soit-il, en ce qu’il a résolu ! Puis, il a pensé. Ensuite, il fronça les sourcils et s’assombrit. Ensuite, il tourna le dos et s’enorgueillit, alors il dit : « Cela n’est que de la magie transmise, ce ne sont que les paroles des êtres humains ! » Je l’ enfoncerai dans Saqar} Al Moudattir 11 à 26

Nous avons en la personne de Walid Ibn Al Moughira le spécimen humain des réfractaires à tout éveil de conscience, à toute réflexion qui incite à la quête de vérité. Nous avons un tableau psychologique d’une rigueur telle que nous sommes capables d’imaginer la scène et de reconnaitre par ce personnage tous les comportements et postures des sceptiques. Le personnage ici a réfléchi longuement en pesant le pour et le contre puis a pris sa décision sur un aspect matérialiste et dans un cadre mimétique par rapport à ses traditions et à son rang social dans la tribu  { إِنَّهُ فَكَّرَ وَقَدَّرَ }

Conclusion :

A la lumière de cette lecture sommaire sur le Fiqr que dire sur l’aptitude mentale et cognitive ainsi que sur la vocation du  savant et de l’intellectuel ? Nous allons dire ce qui est conforme à l’esprit coranique et à son Dessein : le salut dans ce monde et dans l’au-delà. Ce salut se concrétise non dans une foi tiède et passive, mais dans le Jihad compris comme l’effort moral, intellectuel et actanciel, ontologique et social,  de résistance contre sa décadence, son insouciance et l’oppression politique, économique, idéologique, culturel et militaire des ennemis de l’Islam :

{O vous qui êtes devenus croyants, prenez garde à  Allah et soyez avec les véridiques. Il  n’appartenait pas aux habitants d’al-Madinah, ni aux bédouins qui sont autour d’eux, de rester à l’arrière du Messager d’Allah, ni de préférer leurs personnes à sa personne. Cela, parce qu’ils ne seront saisis ni de soif, ni de fatigue, ni de faim, pour la Cause d’Allah ; ni ils ne fouleront aucun sol qui fasse enrager les mécréants, ni ils n’obtiendront nul avantage sur l’ennemi, sans que cela ne leur soit inscrit comme œuvre méritoire. Certes, Allah ne Perd point la rémunération de ceux qui font le meilleur. Et ils ne dépenseront nulle dépense, petite ou grande, ni ne franchiront nulle vallée sans que cela ne soit inscrit en leur faveur, afin qu’Allah les Récompense par le meilleur de ce qu’ils faisaient. Et il n’appartient pas aux croyants de partir tous en expédition. Que reste de chaque troupe d’entre eux, un groupe pour qu’ils fassent l’effort de connaitre la Religion, pour en faire bénéficier  leurs gens après leur retour à eux  afin qu’ils prennent garde.} At Tawbah 119 à 122

C’est cet ensemble de règles qui a permis l’émergence d’une élite dans tous les domaines de l’existence en temps de paix et en temps de guerre. Cette élite est impliquée dans l’existence sociale comme une dynamique qui se renouvelle et s’alterne sans jamais s’enfermer dans des microcosmes en marge de la réalité sociale. Cette élite s’est consacré à servir sa communauté, mais non à chercher la posture de star du système qui combat l’Islam. Cette élite à livré bataille contre les ennemis de l’Islam, contre la faim et le sous développement, mais n’a pas provoqué des troubles entre les Musulmans ni n’a donné caution à l’effusion de sang des Musulmans ou des Juifs et des Chrétiens vivant citoyens parmi les Musulmans…

Inchaallah nous reviendrons sur d’autres aspects de la question dans le prochains article

La verve partisane et sectaire de Qaradhawi

 Verve partisane et esprit sectaire

Al Qaradhawi emporté par sa verve partisane et sa position sectaire continue de perdre toute retenue et toute réserve que lui imposent son rang de président de l’Association Internationale des Savants Musulmans et son titre de Savantissime (‘alama) de l’Islam. Au moment où Qatar, anglo-saxon de culture, adhère à la francophonie, Qaradhawi  demande, sur son site, aux pèlerins du Hadj 2012 de manifester à la Mecque contre les Iraniens et contre le Hezbollah pour leur soutien au régime syrien comme il demande aux musulmans de boycotter la Russie et la Chine et d’invoquer Allah contre eux pour les mêmes raisons.

Il oublie qu’il va perdre de nouveau la face comme lorsqu’il avait promis au mois de Ramadhan de venir prier le jour de l’Aïd à la grande mosquée de Damas faisant fi de l’existence et de l’importance des savants Syriens, se croyant sans doute l’incarnation du retour du Messie Ibn Mariam.  Les musulmans ont d’autres chats à fouetter que manifester contre le régime syrien ou boycotter les produits russes et chinois.

Il ne se rend pas compte que les Bédouins, parmi lesquels il réside, n’ont pas boycotté les produits israéliens et américains après l’opération plomb durci contre Gaza.  Si les hommes libres et dignes de ce monde devraient boycotter quelque chose ou quelque état ils boycotteraient les Bédouins qui ne viennent pas en aide aux Palestiniens et qui ne brisent pas le blocus sur Gaza.

Si les Musulmans devaient se mettre en guerre, ils doivent faire la guerre au monde entier, à commencer par leur indolence,  par les savants de la Fitna et par les gouvernants despotes et incultes qui les gouvernent de l’Est à l’Ouest et du Sud au Nord des terres d’Islam. S’il y avait une priorité, ce serait d’aller libérer l’Afghanistan et la Palestine. Pourquoi les Musulmans iraient-ils se mettre à dos les Russes et les Chinois alors que l’Empire et le sionisme les écrasent suffisamment pour ne pas chercher à ouvrir d’autres fronts .

Qui a intérêt à rendre service à l’OTAN et à conserver l’hégémonie impériale américaine sur le monde ? N’est-il pas dans l’intérêt des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud de voir la fin du monde unipolaire de Pharaon, de ses bases, de ses armées et de sa suprématie économique et financière.

Pourquoi un nouveau reniement et d’autres concessions stratégiques ? N’est-ce pas Qaradhawi qui avait dit aux Tchétchènes, il y a quelques mois de cela, qu’il est inutile de continuer à combattre les Russes et qu’il vaut mieux vivre en paix avec eux ? Étrange est le comportement de ce savant qui dit une chose et son contraire. Il avait bien interdit le recours à la violence armée et considéré ses partisans comme des ignorants et des kharidjites ! Est-ce que la nation musulmane va pouvoir supporter longtemps ces confusions, ces contradictions émanant non seulement d’un savant, mais de la communauté de savant qui est derrière lui et qui ne met pas fin à ses errements.

Est-ce que musulmans avaient besoin d’une fatwa pour assassiner Kadhafi ou Assad. Ils vivent suffisamment dans les ténèbres de la haine, de la confusion et de l’ignorance pour partir en guerre contre tout et n’importe quoi. Le rôle du savant héritier est de leur apprendre la patience, la réforme ontologique et sociale pour que la Promesse d’Allah se réalise lorsque le changement s’impose puis se réalise dans la société.

Est-ce que le savoir érudit des savantissimes va nous mettre à douter de notre modeste connaissance de notre religion et de notre Coran au point de fermer nos yeux, nos oreilles, nos cœurs et nos esprits à la logique de l’Islam ?

Est-ce que le Hadj est une révolution à la sauce des Frères Musulmans dont leur idole le président égyptien vient de rendre hommage à l’autre le Lénine musulman en faisant une lecture sacrilège du Coran :

 » Mais Allah ne craint, parmi Ses Dévoués, que les savants « 

إنَّمَا يَخْشَى اللَّهَ مِنْ عِبَادِهِ الْعُلَمَاءُ إِنَّ اللَّهَ عَزِيزٌ غَفُورٌ

Toutes les lectures et toutes les traductions, y compris celles des orientalistes, ne se permettent pas de dire qu’Allah craint ses créatures ou qu’il les craint par admiration ou par respect ou par l’honneur qu’Il leur accorde.

{Mais ne craignent Allah, parmi Ses Dévoués, que les savants. Certes, Allah Est Invincible, Absoluteur.}  Fater 28

L’esprit partisan enflammé,  même s’il maitrise parfaitement l’Arabe et le Coran,  non seulement confond le complément d’objet avancé avec le sujet reculé, mais arrive fatalement à confondre le sens malgré sa science et son érudition :

Ainsi, il introduit un esprit politique et partisan là où la spiritualité est de rigueur, mais il occulte l’aspect géostratégique et occulte les véritables ennemis de la     Nation là où la vigilance est de rigueur. Il introduit de la confusion sachant que la confusion crée de la discorde et de la violence au sein de la communauté.

Le prêche de Qaradhawi face à  la lettre et à  l’esprit du Coran

Voilà ce que dit Allah sur le Hadj :

{Le Pèlerinage : ce sont des mois connus. Quiconque s’y impose le Pèlerinage, alors pas de jouissance, de perversité ou de controverse durant le Pèlerinage. Ce que vous faites de bien, Allah le Sait. Et approvisionnez-vous. Oui, sans doute, le meilleur approvisionnement, c’est la piété. Et prenez garde à Allah, ô doués d’entendement.

Vous n’encourez aucun blâme en aspirant à une Munificence de votre Dieu. Mais quand vous déferlez du Mont ‘Arafàt, psalmodiez le nom d’Allah au al-Mash‘ar al-harām (Muzdalifah). Invoquez-Le comme Il vous A Guidés, quoique vous étiez auparavant du nombre des fourvoyés.

Puis, déferlez par là où les hommes ont déferlé, et implorez Allah de vous Absoudre, car Allah est Absoluteur, Miséricordieux.

Et lorsque vous aurez terminé vos rites, psalmodiez le nom d’Allah comme vous pensez à vos ancêtres, ou d’une pensée plus ardente. Il est parmi les hommes qui disent : « O notre Dieu, Accorde-nous dans le monde », et ils n’auront aucune part dans la vie Future.

Et il en est parmi eux qui disent : « O notre Dieu, Accorde-nous du bien dans le monde, du bien dans la vie Future, et Préserve-nous du châtiment du Feu ».

Ceux-là auront une part de ce qu’ils ont acquis. Allah Est Prompt à demander compte.

Et psalmodiez le nom d’Allah en des jours déterminés. Mais celui qui s’empresse en deux jours ne commet pas de péché; et celui qui s’attarde ne commet pas de péché. Ceci concerne ceux qui sont peiux. Prenez garde à Allah et sachez que vous serez tous conduits vers Lui.

Il est parmi les hommes celui dont les paroles dans la vie terrestre te plaisent, qui prend Allah en témoin sur ses bonnes intentions, alors qu’il est le pire des ennemis ;

et lorsqu’il se détourne de vous, il s’évertue à corrompre sur terre, à détruire la récolte et le bétail, mais Allah n’Aime pas la corruption.

Et si on lui dit : « Prends garde à Allah », il est pris d’orgueil par sa coulpe. Que la Géhenne lui suffise donc, et quelles piètres couches !

Et il est parmi les hommes : celui qui se sacrifie pour l’agrément d’Allah. Allah Est Compatissant pour Ses créatures.

O vous qui êtes devenus croyants, entrez dans la paix en totalité et ne suivez point les pas de Satan. Il est pour vous un ennemi évident.} Al Baqarah 197 à 206

{O vous qui êtes devenus croyants, ne profanez point les rites sacrés d’Allah, ni le mois sacré, ni les offrandes à immoler, ni les marques des bêtes à immoler, ni ceux qui se dirigent vers la Maison Sacrée, aspirant à une munificence de leur Dieu et à un agrément. Et lorsque vous vous déliez de l’Ihràm, vous pourrez chasser. Que la haine contre les gens qui vous rebutaient de la Mosquée Sacrée, ne vous pousse point à agresser. Entraidez-vous à la justice et à la piété. Ne vous entraidez point au péché et à l’agression. Prenez garde à Allah. Certes, Allah Punit sévèrement.} Al Maidah 2

Je n’ai pas de grandes connaissances puisque je ne suis pas savant!  Ce reproche qu’on me fait  est un syllogisme fallacieux qu’entretiennent l’esprit partisan et la démarche vaticaniste au sein de l’Islam pour empêcher tout esprit de réfléchir et de contester. Nous n’avons le droit que de contester les gouvernants que les savants égarés et partisans jettent à la vindicte populaire, mais ces savants sont des infaillibles car ils ont des doctorats en théologie.

Moi et chaque musulman adulte et sachant lire avons l’obligation d’être critiques, car nous allons rendre compte à Allah de nos décisions et de nos comportements et tout particulièrement dans les périodes de Fitna. Je préfère rencontrer Allah lui disant j’ai opté pour telle décision, car mon analyse de la situation m’a montré tels éléments et surtout m’a montré les dangers de l’effusion de sang  et de discorde au sein des musulmans que de le rencontrer avec du sang sur les mains ou de l’insouciance, celle du suiveur qui  va dire à Allah j’ai suivi bêtement tel savant, je ne savais pas qu’il m’a égaré.

On me dit souvent, tu sors, du consensus des savants comme si j’étais un hérétique anarchiste. J’ai cherché le consensus je ne l’ai pas trouvé ;  je suis donc obligé sur le plan intellectuel et idéologique de construire mon argumentaire et choisir mon camp ou ma solitude. Par ailleurs, je ne revendique ni le savoir académique, ni le titre de savant, ni celui de Faqih, ni celui de Moujtahid. Je revendique mon droit à la liberté de penser et de dire ma vérité selon mon éducation, ma culture et ma sensibilité. J’impose mon point de vue à personne. Je donne mes arguments pour dégager ma responsabilité dans la Fitra qui gouverne le monde musulman.

La  sourate al Hadj est suffisamment évidente pour ne pas nécessiter des débats théoriques et des controverses sectaires et partisanes :

{Et lorsque Nous avons désigné  à Abraham l’emplacement de la Maison : « Certes, ne M’associe absolument rien, et purifie Ma Maison pour les circumambulants, pour ceux qui prient, qui s’inclinent et se prosternent.

Et appelle les hommes au pèlerinage, ils te viendront à pieds et sur toute monture, ils viendront de tout ravin éloigné.

Afin qu’ils participent aux avantages qui leur reviennent, et qu’ils invoquent le nom d’Allah en des journées connues, pour ce qu’Il leur a octroyé comme bétail de bêtes. Alors mangez-en et nourrissez l’infortuné et le miséreux.

Ensuite, qu’ils se délient de leurs interdits, qu’ils accomplissent leurs vœux, et qu’ils fassent la circumambulation autour de la Maison antique. »

C’est ainsi, car quiconque magnifie les symboles sacrés d’Allah, cela est un bien pour lui auprès de son Dieu. Et le bétail vous est rendu licite, sauf ce qui vous est signalé. Évitez donc l’infamie des idoles, et évitez le faux parler,

en purs monothéistes à l’égard d’Allah et non comme polythéistes. Et quiconque associe à Allah, c’est comme s’il s’affalait du ciel et que les oiseaux le ravissent, ou comme si le vent le faisait choir en un gouffre profond.

C’est ainsi, et quiconque honore les rites sacrés d’Allah, cela fait alors partie de la piété des cœurs.

Vous y avez des avantages jusqu’à un terme fixé, ensuite son lieu d’aboutissement est la Maison antique.} Al Hadj 26 à 33

Magnifier les symboles sacrés d’Allah et honorer comme il se doit les rites sacrés d’Allah peut sembler difficile à comprendre dans leur étendue, leur sens et leur portée. Les avantages sont spirituels, intellectuels ainsi que bénédiction du temps, des efforts et des dépenses consentis lors du Hadj. Faudrait-il dénaturer le sacré et les avantages en leur donnant une coloration partisane et sectaire ?

Que nos savants répondent s’ils ne veulent pas que leurs Fatwas ne soient pas des mauvaises innovations que des insensés vont utiliser pour d’autres raisons plus viles encore. Allah soit témoin je me désolidarise de cette bid’âa.  La seule chose que Ton Prophète (saws) a faite sur le plan politique est d’introduire l’empressement du pas lors de sa ‘Omra  pour montrer la force et la vitalité de sa communauté face aux idolâtres de Qoraïsh.

Est-ce que l’armée syrienne, le peuple syrien qui soutien le gouvernement  Assad, les Iraniens et les chiites peuvent être comparés aux idolâtres de Qoraïsh ? Est-ce que le Prophète (saws) et ses Compagnons (ra) ont fait du pèlerinage une invocation de malédiction sur les autres ?

Est-ce que le Prophète (saws) n’a pas dit lors du sermon d’adieu :

« Ô Musulmans, écoutez moi et soyez raisonnables. Vous savez que les Musulmans sont frères. Un Musulman n’a droit qu’à la part des biens de son frère qu’il lui cède de plein gré. Ne soyez pas injustes envers vous mêmes. Ai-je bien transmis le message ? Vous comparaîtrez un jour devant Dieu, c’est pourquoi vous devrez éviter de vous égarer et de vous entretuer après ma mort. Que ceux qui sont ici présents transmettent ce message aux absents, ils le comprendront peut être mieux que ceux qui l’auront écouté. Vous serez interrogés à mon sujet, que direz-vous alors ?

Et la foule de répondre : »Nous certifions que tu nous as communiqué ton message, que tu as accompli ta mission et que tu nous as prodigué tes conseils ». »

Si le Hadj devait devenir une manifestation politique, la politique dit qu’il y a des priorités dans l’acte politique et dans ses conséquences. La priorité évidente, mais pourtant décisive est devant nos yeux : A la fin du pèlerinage les pèlerins se déverse en millions sur la Palestine avec des invocations pour aller prier dans le troisième lieu saint de l’Islam. La Palestine sera libérée par Allah Akbar. Allah Akbar sera la proclamation de la grandeur d’Allah l’Invincible dans la bouche et le cœur de millions de musulmans  qui conjuguent dignité pour leurs frères palestiniens, spiritualité et unité de la communauté musulmane qu’aucune frontière ne doit empêcher.

Pour l’instant nos savantissimes voient avec satisfaction Allah Akbar profané par des  assoiffés de pouvoir et des barbares qui se donnent en spectacle risible à l’Islamophobie qui avance et se donne les repères et les forces pour nous déclarer d’autres guerres psychologiques, médiatiques, idéologiques, économiques, politiques et militaires. Pendant ce temps nos savantissimes font les guignols et cultivent la confusion et le hors temps géostratégique.

Est-ce que l’Iran et le Hezbollah sont les ennemis du monde musulman ? Est-ce que Qaradhawi, ses savants et leurs commanditaires connaissent la valeur de ces peuples dans le monde musulman et tout particulièrement leurs réalisations en matière de défense ? Est-ce qu’il est de notre intérêt ou de l’intérêt de l’Empire et du sionisme d’entrer dans des luttes fratricides ?

Est-ce que le Hadj n’est pas l’union ou du moins la fédération de tous les Musulmans ? Est-ce que la Sourate Al Hadj ne s’achève pas par un appel à l’émergence de la communauté unique sous le titre unique de Musulman ?

{Il (Allah) vous a élus et ne vous a imposé nulle gêne en religion, la confession de votre père Abraham. C’est Lui (Allah) qui vous a nommés musulmans, par le passé et dans ceci (le Coran),   afin que le Messager soit témoin auprès de vous et que vous soyez témoins auprès des hommes.} Al Hadj 77

Qu’est-ce qui doit primer durant ce mois sacré : la consécration de cette unité coranique, la ,paix et la réconciliation ou l’appel à l’effusion de sang et la discorde partisane et sectaire ? Si l’insensé et l’ignorant peuvent passer outre le contenu et le sens du Coran est-ce qu’un savantissime peut les ignorer, car il est  emporté par sa sénilité, sa mégalomanie et son esprit partisan qui pourtant ne siéent pas au rang du savant rabanniy.

Questions

Pour que le sensé – même s’il n’est pas savant –  se distingue de l’insensé – même si ce dernier est savantissime – il faut nous mettre sur le terrain politique et interroger politiquement nos savants partisans et sectaires qui sont en train de s’imposer comme des monopoles totalitaires de la pensée dans le monde musulman :

Question N° 1 :

Ces pieds nickelés qui ont détruit la Libye et qui veulent détruire la Syrie au nom de la révolution arabe, est-ce qu’ils étaient les inspirateurs et les instigateurs des révolutions en Tunisie et en Égypte ? N’ont-ils pas confisqué les sacrifices de la jeunesse par des arrangements d’appareils ? Ont-il un cap et une feuille de route pour la suite des opérations ?

Question N° 2

Ces mêmes pieds nickelés ont refusé la révolte du peuple algérien lorsqu’il a été dépossédé de sa victoire électorale sous prétexte qu’il ne faut pas se révolter contre les gouvernants et sous prétexte que la Fitna ne travaille pas l’Islam et que les « enragés du FIS » les avaient dépossédés de leur œuvre de longue haleine d’islamisation lente et scientifique de la société algérienne. Si un peuple ou un parti avait le plus de légitimité et de légalité religieuse à prendre les armes c’était bien le peuple algérien, car il y avait trahison évidente et flagrante par le recours à la force militaire pour confisquer la voix du peuple. Cette confiscation arrangeait les Français, les Américains et les Saoudiens, elle devenait halal pour le pouvoir algérien et quiconque se révolte était dans le haram. Ces mêmes pieds nickelés font valoir des arguments opposés pour la Libye et la Syrie faisant semblanbt de ne pas voir les monarchies rétrogrades,  liberticides et caricaturales de l’Islam.  Quelle est cette logique à double vitesse? Est-ce que Mohamed (saws) serait d’accord avec votre hypocrisie et votre jeu à double face ?

En ce qui me concerne j’ai apporté mes critiques à ceux qui ont pris les armes en Algérie sur le plan politique car une victoire politique ne peut être transférée sur le plan militaire où l’armée avait le plus de chance de l’emporter et faire oublier la défaite politique. Sur le plan stratégique était-il interessant de donner un champ d’expression à la lutte antiterroriste qui veut éradiquer la voix et la voie de l’Islam politique et social ? Sur le plan social était-il juste  de faire payer au peuple algérien un nouveau prix du sang alors qu’il n’était pas prêt à payer ce prix et à défendre la voie islamique qui restait davantage un refuge contre le despotisme qu’une adhésion responsable ? Etait-il légitime et légal sur le plan religieux de mener une guerre fratricide ou de répondre à une guerre fratricide ? Qui est le mort, la veuve, l’orphelin dans cette guerre ? Quelle a été le devenir de l’Islam sur le plan social? Pourquoi Mohamed (saws) a refusé de prendre les armes? L’a t-il fait par amour de l’oppression ou par miséricorde pour sa communauté qui allait payer le prix du sang, des larmes et des ruines toute action empressés et improvisée.

Pourquoi nos pieds nickelés ne respectent pas les ordres de notre Prophète ? Sont-ils plus savants que lui ?

Pourquoi ces mêmes pieds nickelés ne tirent pas leçon de ce qui s’est produit en Algérie?

Mille et un pourquoi ne semble pas venir à l »esprit ni émouvoir le cœur de nos savants belliqueux et empressés de faire couler le sang des musulmans. Kadhafi, Assad et tant d’autres peuvent trouver à nos yeux, pour ne pas dire aux yeux d’Allah, excuse du fait de leur ignorance de l’Islam et de leur entêtement à conserver et défendre leur pouvoir à n’importe quel prix, mais quelle excuse ces pieds nickelés vont chercher pour trouver excuse auprès de nous. Je n’ose pas dire auprès d’Allah (swt) et de Son Prophète (saws).

Conclusion

J’ai l’habitude d’entendre les bonnes consciences apaisées par le suivisme et le conformisme me dire : encore des écarts de langage du frère Omar. Il vaut mieux méditer  mes écarts de langage qui ne porte du tort à personne que suivre les écarts d’un savant dont chaque mot, chaque silence et chaque changement de la calotte sue sa tête produise un séisme dans le monde musulman.

Si les chiites suivent à la lettre les recommandations de Khaminei de manifester à la Mecque contre l’Amérique pour sensibiliser les Musulmans contre une guerre qui se prépare contre eux, et si les sunnites suivent Qaradhawi de manifester à la Mecque contre les Iraniens qui soutiennent la Syrie et d’invoquer contre les Russes qui empêchent l’OTAN Dde réitérer son agression contre la Libye, la question ne sera plus qui a tort ou qui a raison, car tous nous aurons contribué à faire de la peine à notre Prophète (saws) en nous battant les uns contre les autres à la Mecque et de faire de notre plus grande catastrophe  une Fitna dans notre  religion.

Celui qui veut prendre la peine de réfléchir à l’incohérence des pieds nickelés qui soutiennent l’idée que  la divergence dans la communauté est une miséricorde, mais s’empresse de déclarer la guerre aux autres communautés lorsqu’elles ne partagent pas sa confession ou sa doctrine je l’invite à lire ce texte :  Hadith – Divergence et diversité : Miséricorde ou malédiction ?

Omar Mazri

La verve partisane et sectaire de Qaradhawi

Contributions sur l’idée de coopérative et de crédit mutuel

Trois contributions, celle de Hussein et celle de Techtonica

Contribution d’Hussein (diaporama) sur les coopératives et le crédit

 

 

Contribution d’Hussein par écrit :

Merci pour ce partage d’expérience …
votre réflexion me rappelle un livre que j’avais lu sur l’intelligence relationnelle écrit par une psycho-sociologue, l’auteure dit dans l’interface que « si on veut que la société prospère et continuer dans la prospérité, alors faudrait s’occuper de son capital humain » ….

j’avais pensé au même mécanisme basé sur la coopération et solidarité (dommage que je ne soit pas riche, sinon j’aurais déjà fait une petite expérience pour tout concrétiser) … en fait, pour démarrer ce mécanisme il faudra disposer des éléments qualifiés (capital humain) et un capital financier; l’État Algérien peut très bien investir dans cette voie car un tel mécanisme met chaque citoyen en face de sa responsabilité (la situation catastrophique actuelle en Algérie n’est pas causée que par le gouvernement mais aussi par les citoyens qui représentent la structure sociale, donc ils ont une part de responsabilité) tout en lui léguant toutes les charges économiques, un peu comme la privatisation mais dans ce cas, elle est au compte du citoyen lui même et non au compte d’une entreprise privée, donc le citoyen devient actionnaire de sa propre entreprise …

je crois que le partage des richesses n’est pas partager les recettes comme certains le croient ou le veulent d’ailleurs ! , le partage des richesses est le partage des responsabilités et charges économiques, plus il y a moins de charge plus il y a moins de risque, plus l’économie prospérera …

En France avec la crise, certains ouvriers/employé de peur de perdre leur travail ont préférer d’acheter leur propre entreprise où chaque ouvrier/employé est devenu DG (directeur général), où chaque ouvrier/employé avant d’en faire partie doit signer un engagement de coopération (j’ai regardé un reportage sur un cas pareil, le journaliste reporter quand il a posé la question à un ouvrier d’une entreprise qu’il a racheté lui et ses collègues pour sauver leur travail, de comment sentez vous maintenant en tant qu’actionnaire de sa propre entreprise (ou en tant que directeur de sa propre personne), l’ouvrier lui a répondu « que maintenant on fait plus attention qu’on faisait pas avant !!), de ce fait, chaque élément prendra part à la responsabilité, et partagera les mêmes risques et bienfaits

pour schématiser tout ça :

capital humain qualifié + capital financier ====> Entreprise où chaque élément devient actionnaire (bon suivi du bilan économique, plus de corruption, plus de fraude) ===> partage de responsabilité ( partage des mêmes risques) ===> remboursement.

Si l’argent est prêté par l’État je crois que la meilleure solution pour la rembourser est sous forme d’impôt, l’État est déjà gagnant à tous les coups parce que déjà l’argent vient des hydrocarbures (donc chaque citoyen devrait avoir une part de ces richesses naturelles mais sous forme de capitaux pour la création de l’emploi), donc je vois mal que l’état prendrait part de responsabilité s’il réclame des intérêts, au final l’état n’aura qu’un seul rôle : la gestion des capitaux et la supervision des projets ===> on aurait mis le citoyen en contact direct avec l’économie

Hussein

 

Omar Mazri vous encourage à développer davantage votre raisonnement et à continuer à nous apporter votre contribution. Vous serez avec la bénédiction de Dieu un des promoteurs de ce genre d’initiative en Algérie. Il vous répond rapidement sur deux points :

« dommage que je ne soit pas riche, sinon j’aurais déjà fait une petite expérience pour tout concrétiser »

Le but de la coopérative ou de l’économie solidaire ou de l’entreprise privé à intérêt collectif est d’entreprendre sans être riche par la mise en commun de ce que l’économie islamique appelle al Moucharaka et al Moudharaba en associant les moyens communs et le capital d’un investisseur qui prend le risque de perdre ou de gagner 15 à 20 % de bénéfice dans le halal alors qu’il ne va gagner avec le riba que 2 à 3 % dans le haram.

« Le citoyen devient actionnaire de sa propre entreprise »

La démarche coopérative, solidaire ou l’entreprise privée d’intérêt commun ou collectif est justement la promotion du citoyen  par la démocratie dans l’activité économique (le droit d’entreprendre pour assurer son autonomie, sa dignité sociale et économique, ainsi que contribuer au bien être social). C’est une démarche non capitaliste : L’adhérent n’est pas actionnaire mais sociétaire. Son capital est rémunéré au prorata de son apport sachant qu’une partie est obligatoirement reversée dans l’investissement  de développement de la coopérative ou dans l’apport au capital du crédit mutuel (ou coopératif). L’adhérent par contre a une voix qui a la même valeur de celles des autres adhérents indépendamment de leur montant en capital. L’adhérent est en même temps usager et de ce fait il bénéficie d’accès privilégié à la production et aux services de la coopérative. Si l’adhérent est employé par la coopérative il est rémunéré en contrepartie de son travail.

« Si l’argent est prêté par l’État je crois que la meilleure solution pour la rembourser est sous forme d’impôt, l’État est déjà gagnant à tous les coups… »

L’Etat, la société et le citoyen seront tous gagnants par cette formule : solidarité, responsabilité, esprit citoyen, amélioration du cadre de vie, sécurité, investissement, revenus, consommation… Sur l’impôt je pense que la coopérative devrait  être exonérée de l’impôt ou du moins bénéficier d’allégement car elle crée de l’emploi et de la valeur. Le remboursement  devra se faire sans intérêt et à long terme en ce qui concerne l’apport de l’état. Pour le crédit mutuel et l’apport des investissements il faut encore travailler sur une solution adaptée à l’Algérie. Il ne faut surtout pas retomber dans le gaspillage et les détournements des emplois jeunes et des importations tout azimut.

 

Contribution de Techtonica sur les coopératives et les villages

C’est très stimulant toutes ses idées.

Si je ne me trompe pas, les villages d’il y a quelques années ont fonctionné plus au moins sur un modele coopératif en simplifiant bien sûr.

Imaginez la conception d’un micro quartier qui fonctionne sur ce mode, qui a pour but d’avoir une vie de partage, d’entraide, mais surtout de créer une ambiance qui dynamise le travail et l’innovation. Les voisins, familles, résidant partage les mêmes idées de développement durable dans le sens large de thème de progrès et de responsabilité.

L’importance est le lancement d’une dynamique positive afin de tirer le meilleur de chaque individu qui partage ce territoire balisé par les règles de la coopérative (micro-société durable).

Imaginez une coopératif d’accès à l’habitation durable, celle si servira a créer un mini quartier qui rassemble un groupe de personnes qui partage les même valeurs.

Architecturalement ça pourrait  ressembler au Compound « gated cummunity » ville fermée, mais pas dans l’esprit. Cela peut créer une dynamique au niveau de la vie quotidienne qui favorisera et stimulera le travail, le progrès et l’innovation à l’image de la Silicon Valley même mieux car l’argent ne devras pas être le moteur du projet. Autrement dit concevoir un espace de vie ou l’état d’esprit est favorable au développent. Un espace architectural où le paysage est  de qualité, où le voisinage, la sécurité et les services sont garantis par des règles de la coopération et la responsabilisation de chaque résidant.

Ce Projet peut être réalisé partout dans le monde,…

Je prend l’exemple de l’Algérie: Aujourd’hui avec les projets LSP où les terrains sont donnés par l’état au promoteur a 20% de leur valeur, avec des aides financières aux acquéreur. Un groupe d’individus peu acquérir un terrain et construire leur propre quartier au lieu de le donner à un prompteur ignorant et peu scrupuleux qui construit des ghettos où les populations sont entassées avec tous les problèmes socio-urbains que cela engendre.

Prenons l’exemple de la gestion des déchets ménagère dans un quartier par exemple: Aujourd’hui la ville assure très mal ce service pour plusieurs raisons. Dans cette micro-société- on définit une stratégie simple, claire qui consiste à responsabiliser les résidents avec des solutions techniques connues (trie des déchets, asséché les déchets, planification…), on peut donner d’autre exemples dans la sécurité, énergie et les services (approvisionnement ou autre),….

Le but final de cette coopérative d’habitat c’est d’avoir une vie agréable de qualité, de partage et surtout de créer cette dynamique de travail et d’innovation, car on ne peut innover en vivant et  travaillant dans des milieux médiocres.

Voici quelques points que ce model de cohabitation peux nous offrir:

  • Construction un projet architectural, paysage urbain de qualité ;
  • Choix d’un voisinage averti avec un état d’esprit cohérent et ouvert au progrès ;
  • Sécurité et services assuré par coalisions des résidents ;
  • Un sens de responsabilité individuelle et du groupe plus développer,….

Je suis ouvert a toute critique et proposition d’amélioration.

 Techtonica

 

Omar Mazri : Excellente contribution. Continuez à imaginer et faites des propositions en parlant autour de vous. La seule limite est notre imagination. Vous serez avec la bénédiction de Dieu un des promoteurs de ce type de projet.

La formule Ksar qui conjugue tradition et modernité, solidarité sociale et participation de l’État, effort collectif et apports individuel correspond à votre vision. Oui il faut aller vers la formule village autour des grandes villes et ne plus toucher à l’urbain saturé ni aux terres agricoles.  La majorité  des villes algériennes sont entourées de sorte de piémont où les Algériens peuvent construire des villages reliés entre eux comme un réseau informatique avec des pénétrantes en chemin de fer vers la métropole. Le piémont permet de réaliser de jolies habitations avec une agriculture coopérative de montagne et un réseau coopératif de transport semi public avec maintenance. Il y a à creuser davantage la question. En tous les cas il y a du travail pour nos urbanistes, nos architectes, nos experts en aménagement du territoire, nos agronomes, nos économistes et nos concitoyens.

On ne peut créer par une démarche volontariste des métropoles pour désengorger les villes ou créer des pôles urbains spécialisés. La démarche qui tient la route est celle que l’histoire a retenue : laisser aux citoyens la liberté d’entreprendre à leur taille humaine et c’est la capacité d’entreprendre qui va créer des réseaux de plus en plus grands, diversifiés, enchevêtrés et complexes. Il y a une sorte de déterminisme urbain, social et économique qu’on appelle la loi de Metcalfe. C’est une loi en vigueur dans les réseaux informatiques et sociaux transposables dans les transports et activités économiques et commerciales : chaque  nœud (carrefour,  connexion) dans un réseau multiplie par 10 la valeur du réseau. Théoriquement  pour n réseaux il y n (n-1) / 2 potentiels. Plus n tend à être un grand nombre et plus le potentiel  tend à s’élever au carré.

 

Article de référence :

COOPÉRATIVES ET CRÉDIT MUTUALISTE

Les « antisionistes » de gauche alliés d’ Israël contre la Syrie

Auteur : Kimyongur Bahar

A tous les « pro-palestiniens » qui reprennent en chœur le bobard selon lequel Assad le président de Syrie serait un allié d’Israël « parce que la frontière du Golan est solidement sécurisée » et « parce que la Syrie n’a plus tiré une balle vers Israël depuis 1973 ».

Théorie aussi ridicule que d’accuser Cuba d’être alliée des USA parce que l’armée cubaine n’a toujours pas envahie les côtes de Floride ni attaqué la base US de Guantanamo.

Une analyse intelligente de la journaliste Lizzie Phelan, elle aussi victime du maccarthysme bobo ambiant…

Comment les « antisionistes » de gauche se sont alliés avec Israël contre la Syrie

Le mythe :

Il y a un concept ridicule, parmi un grand nombre de groupes de gauche ainsi que parmi les opposants au gouvernement syrien, voulant que le régime israélien ne veuille pas voir tomber Assad. Comme les « antisionistes » autoproclamés, beaucoup de ces groupes se contentent de se bercer d’illusions en croyant que leurs deux ennemis sont du même côté. Dans le cas de plusieurs groupes socialistes, ils pensent que ce forcing de la crise syrienne dans leur récit « antiautoritaire » global (quel que soit l’état dans lequel ils appliquent ce récit) leur permet de maintenir une façade d’anti-impérialisme.
Le “socialist newspaper”, journal socialiste basé à Londres, écrit : « Israël, bien que hostile à la Syrie, pourrait dépendre du régime baasiste pour garder la frontière au calme. Par conséquent, la critique de Bachar est plus discrète à Tel-Aviv. »
Et Simon Assaf du « SocialistWorker » écrit :
« L’idée que les Syriens ordinaires qui luttent pour changer leur pays sont les pions d’un complot occidental est absurde … En fait, la Ligue arabe tente de lancer au régime une opportunité. »
Ce point de vue est également largement répandu parmi l’opposition islamique au gouvernement syrien. Rafiq A. Tschannen du « Muslim Times » écrit : « Israël croit qu’il sera plus en sécurité sous le régime d’Assad que sous un nouveau gouvernement dont les pouvoirs sont inconnus ou sous le nouveau régime extrémiste islamique qui ouvrirait un nouveau front de guerre avec l’État juif. »
Les médias d’État israélien ont activement alimenté cette manipulation, puisque cela était bénéfique pour l’État d’Israël, pour discréditer le gouvernement syrien à la fois aux yeux des Syriens et des Arabes parmi lesquels la coopération avec Israël a toujours été la ligne à ne pas franchir. Par conséquent, le but de ces reportages était de créer une fausse perception qu’Israël ne serait pas impliqué dans l’insurrection contre le gouvernement syrien. De la même manière que les puissances de l’OTAN ont tenu à présenter l’insurrection libyenne comme étant « une révolution interne ».
Au début de l’année 2011, dans un article du Haaretz intitulé « le dictateur favori d’Israël », de grands efforts sont faits pour dépeindre le président syrien comme un faible larbin de l’Etat d’Israël. L’article régurgite des critiques syriennes courantes ainsi que des sources de frustration de l’échec du gouvernement syrien à reprendre le plateau du Golan.
L’article va même jusqu’à reprocher à Assad de ne pas attaquer Israël. L’ironie qu’un journal israélien soit critique envers l’échec d’un président à attaquer Israël n’est apparemment pas perçu par tout le monde. Le plus incroyable étant que ces groupes antisionistes aient choisi de croire les spins doctors des médias de l’État israéliens.
L’opposition syrienne basée en Turquie, le Conseil national syrien (CNS), a également suivit le mouvement. Le leader maintenant déchu du CNS, Burghan Ghallion, a déclaré au journal israélien le Ynetnews : « Nous sommes convaincus que principal allié du régime syrien est Israël ».

Démystifier le mythe :

Toutefois, les faits suivants exposent tout ce qui précède comme étant seulement une partie de la machine de guerre psychologique dirigée par le Qatar, l’Arabie Saoudite, Israël et les pays de l’OTAN, qui est une partie essentielle de l’agression générale mené contre la Syrie, et que ces gauchistes ont rejoint de leur propre gré : l’allié le plus important d’Israël, les Etats-Unis, a appelé à plusieurs reprises, parmi ses autres alliés, à un changement de régime en Syrie.
Le plus grand allié d’Israël, les États-Unis, a fait pression pour un changement de régime en Syrie bien avant que les premiers signes d’insurrections aient commencé. Le plus célèbre, en 2007, étant le général Wesley Clarke, qui servait en tant que commandant suprême des forces alliées entre 1997 et 2000, et qui avait déclaré avoir reçu une note du bureau du Secrétaire américain de la Défense, indiquant que le gouvernement syrien serait l’un des sept gouvernements que les États-Unis détruiraient dans les cinq années à venir.
Une récente Une du Guardian titrant : « L’Arabie saoudite envisage de financer l’armée rebelle Syrienne », est dans le style typique des médias libéraux basés dans les pays de l’OTAN, une manipulation malveillante. Le texte de cet article traite précisément du plans des États-Unis et, par extension, des plus importants alliés régionaux d’Israël, le Qatar et l’Arabie saoudite, de payer les salaires des insurgés. Mais un peu plus bas dans ce même article, il est également signalé que ce soutien avait débuté plusieurs mois auparavant. Un titre moins trompeur serait de remplacer « envisage de financer » par « augmente son soutien à … », Toutefois, un titre fidèle à la réalité suggèrerait qu’un contrôle extérieur de l’insurrection Syrienne existait déjà depuis le commencement.
En effet, le Qatar et l’Arabie saoudite ont une longue histoire d’hostilité envers le parti Baas syrien et la politique étrangère syrienne, un fait qui se reflète dans leurs deux principaux médias (respectivement Al Jazeera et Al Arabiya) qui déforment sévèrement la couverture des événements en Syrie depuis le début.
Mais, mettre en évidence ce contexte donnerait trop d’importance à l’analyse cohérente du gouvernement syrien, que la crise au sein de ses frontières est créé de l’extérieur. Un fait que même les groupes de gauche s’empressent d’essayer d’en minimiser ou d’en rejeter l’importance, et qui résulte à l’encouragement du récit adverse que l’impérialisme a rendu dominant à travers sa machinerie médiatique.
Pourquoi est ce que ce même article du Guardian, ainsi que les gauchistes occidentaux qui prétendent que Assad est bon pour Israël omettent de mentionner que, par exemple, au début du mois d’avril, les Etats-Unis se sont ouvertement engagé à doubler leurs aides aux insurgés, à hauteur d’un montant supplémentaire de 12 millions d’euros, sous couvert « d’aide humanitaire » ? Ou l’aveu récent de ces derniers laissant savoir qu’ils arment activement les insurgés en utilisant le Qatar comme intermédiaire ? Ou qu’en Février, William Hague, secrétaire d’État des Affaires étrangères britanniques et solide allié israélien, a promis plus de matériels aux insurgés, insistant sur le fait qu’il n’y avait « pas de limite sur les ressources » que la Grande-Bretagne fournirait ?
Il ne devrait pas être nécessaire d’expliquer aux antisionistes que la politique étrangère américaine et israélienne ne font qu’une.

L’Axe de la Résistance :

La Syrie est un membre de l’Axe de la Résistance, qui est la seule résistance militaire efficace qu’il reste contre Israël. Il est composé de la Syrie, de l’Iran ainsi que de la résistance à l’intérieur du Liban avec le Hezbollah à sa tête. Loin d’être une option « sûr » pour Israël, comme l’expose l’écrivain du « Al Akhbar », Amal Saad-Ghorayeb, dans sa critique de la troisième voie qui a saisi une grande partie de la gauche occidentale, la Syrie s’est toujours placée sur la ligne de front, risquant sa propre survie, et a été impliqué dans tous les conflits israélo-arabes depuis sa prise de pouvoir.
La Syrie a été le plus fervent partisan des mouvements de résistances libanais contre l’occupation israélienne ; Le Hezbollah a explicitement attribué à maintes reprises sa capacité à gagner la guerre contre l’invasion israélienne du Liban, en 2006, au soutien de la Syrie et de l’Iran. Un an après le début de l’insurrection en Syrie, l’idée ridicule qu’Israël ne poursuit pas un changement de régime en Syrie commence à s’effriter. Le ministre du Renseignement israélien, Dan Meridor, a indiqué sur une radio israélienne, ce qui était une évidence depuis le début : Le changement de régime en Syrie romprait le pacte de défense mutuel entre l’Iran et la Syrie, isolant ainsi l’Iran et coupant la fourniture d’armes au Hezbollah. La Syrie, le plus grand adversaire d’Israël, serait enfin paralysé.
Cela n’a pas été rapporté par les médias israéliens, qui se sont assurés d’empêcher cette évidence de voir le jour, en sachant clairement que cela rendrait la position des meneurs – antisionistes autoproclamés – des insurgés en occident et dans le monde arabe plus intenables. Pourtant, ces meneurs, qui soutiennent qu’Assad est bon pour Israël, ont été alors incapables de concilier pourquoi Israël bat sans relâche les tambours de guerre contre l’un des alliés les plus importants de la Syrie, à savoir l’Iran.
En plus de vouloir se débarrasser d’Assad pour s’assurer de l’hégémonie militaire de la région, Israël a également un intérêt économique à faire déguerpir les oléoducs de la Syrie, de l’Iran et de l’Irak qui pourraient rivaliser avec l’oléoduc BTC d’Israël et les plans pour le gazoduc européen Nabucco.

L’opposition pro-Israël :

Grâce à l’impulsion croissante, l’apparence pro-Assad, pourtant déjà peu convaincante, des médias israéliens commence à s’effriter et de plus en plus de voix au sein de l’opposition syrienne ont franchit la ligne rouge en paraissant amical envers Israël. MK Yitzhak Herzog, qui a déjà occupé des postes ministériels au parlement israélien, a déclaré que les dirigeants de l’opposition syrienne lui ont dit qu’ils désiraient la paix avec Israël après la chute du président Bachar al Assad. En effet, Bassma Kodmani, membre du CNS a assisté à la conférence du Bilderberg de 2012, où le changement de régime en Syrie était à l’ordre du jour. Kodmani avait déjà appelé à des relations amicales entre la Syrie et Israël dans un talk-show français, allant même jusqu’à déclarer : « Nous avons besoin d’Israël dans la région ».
Un autre membre du CNS, Ammar Abdulhamid, a déclaré son soutien aux relations amicales entre Israël et la Syrie, dans un entretien avec le journal israelien « Ynetnews ».
Plus tôt cette année, une conversation téléphonique entre Radwan Ziyade du CNS et Mouhammad Abdallah a émergé, dans laquelle ils demandaient au ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, plus de soutien.
En dehors du CNS, des enfants d’anciens dirigeants, aujourd’hui dans l’opposition, se sont joints à la foire d’empoigne pro-israélienne. Ribal Al-Assad, le fils de l’oncle de Bachar el-Assad ainsi que l’ancien vice-président en exil, Rifaat al-Assad, voient d’un bon œil la possibilité pour la Syrie de faire la paix avec Israël. Quand au fils de l’ancien Premier ministre syrien Nofal Al-Dawalibi, il a déclaré dans une interview sur une radio israélienne que le peuple syrien voulait la paix avec Israël.
Dawalibi a formé le « Conseil National de Transition », un autre groupe d’opposition externe rivalisant avec le CNS pour la prise de pouvoir après une possible chute du gouvernement syrien. Ces querelles sectaires et ces désunions, qui sont le miroir de la Libye post-Kadhafi, menace maintenant de sévir en Syrie. Plus bas dans la hiérarchie de l’opposition, des voix pro-israéliennes sont encore présentes. Danny Abdul-Dayem, le porte-parole officieux de l’armée syrienne libre, est apparu sur CNN implorant Israël d’attaquer la Syrie.
Dans une interview à la chaîne israélienne Aroutz 2, Sheikh Abdullah Tamimi, un imam de la ville syrienne de Homs en exil, a déclaré que l’opposition syrienne n’avait aucune hostilité envers Israël. Tamimi a entreprit de solliciter un soutien financier et militaire pour les sunnites en Syrie et au Liban.

Les sionistes anti-Assad et les dirigeants israéliens :

Les socialistes ont choisi de fermer les yeux sur le fait que les sionistes de premier plan ont soutenus l’insurrection syrienne, et ce depuis sa création. Les sénateurs américains John McCain et Joe Lieberman, tous deux bien connus pour être des amis proches de l’entité sioniste, ont rencontré le CNS ainsi que des insurgés syriens à la frontière turque, et ont par la suite demandé aux États-Unis de les armer. En réalité, Joe Lieberman appelle à la guerre contre la Syrie depuis 2011.
Un autre sioniste bien connu, Bernard-Henri Lévy, qui a été le fer de lance de la destruction de la Libye par les bombardements aériens de l’OTAN, a également appelé à une attaque contre la Syrie.   Plus récemment, des voix au sein du gouvernement israélien se sont fait plus entendre et ont été plus exigeante dans leur désir de voir le remplacement du gouvernement syrien par un régime fantoche plus amical.
Le président israélien, Shimon Peres, lors de la réception de la « Médaille de la Liberté » des mains du président américain Barack Obama, a déclaré que le monde devait se débarrasser d’Assad. Qu’il reçoive une telle médaille nécessite déjà son propre article consacré à psychanalyser un tel événement, mais qu’il puisse également prétendre, tout en faisant partie d’un système qui est responsable d’abus parmi les plus graves de l’histoire de l’humanité, que d’un point de vue « humain » Assad devrait s’en aller, devrait vraiment faire réfléchir les soi-disant antisionistes. D’autres membres du gouvernement israélien, tel que le vice-Premier ministre, Shaul Mofaz, ont incité les puissances mondiales à instaurer un changement de régime en Syrie du même style qu’en Lybie.
Sans oublier que le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a appelé le « monde à agir » pour supprimer Assad tandis que le vice-ministre israélien, Danny Ayalon, a accusé le « monde » de méfaits pour ne pas agir contre le gouvernement syrien, et a offert une « assistance » israélienne aux réfugiés syriens. Euphémisme pas vraiment convaincant pour armer les insurgés à la frontière.

Conclusion :

En dépit de la volonté affichée du gouvernement américain pour le changement de régime en Syrie, qu’ils ont clarifié à maintes reprises, Israël a manifestement des intérêts économiques et militaires. Israël est à la poursuite d’un changement de régime en Syrie, notamment de l’éclatement de l’Axe de la Résistance ainsi que de la destruction de plans d’oléoducs concurrents. En dépit de nombreuses déclarations publiques faites par les membres de l’opposition syrienne qu’ils sont pro-israélien et la multitude de responsables du gouvernement israélien appelant à la chute du gouvernement syrien ainsi que les lobbyistes et les figures sionistes clés comme Bernard Henri-Lévy soutenant l’insurrection, les prétendus socialistes antisionistes ainsi que les groupes islamiques persistent dans leur affirmation selon laquelle Israël n’aurait aucun intérêt dans le changement de régime en Syrie et que l’insurrection à l’intérieur de la Syrie viendrait de la base. Bien que toutes les informations contraires à cette illusion soient placées bien en vue, il semblerait que les groupes socialiste et islamique soient volontairement aveugles.
Cette position devient de plus en plus intenable. Cependant, plus récemment, à la lumière de l’assassinat du vice-ministre de la Défense, Shawkat Asef, puis de l’assassinat simultané du ministre de la Défense, Dajiha Raoud, et de l’adjoint au vice-président Hassan Turkomani, le gouvernement syrien a rejeté la responsabilité sur Israël, l’Arabie saoudite et le Qatar, alors que de nouvelles informations ont fait surface comme révélé par le rédacteur en chef d’Al Akhbar, Ibrahim al-Amin.
Dans un article publié aujourd’hui, Amin écrit de Shawkat, qu’en dépit de tentatives incessantes des États-Unis et d’Israël pour le diaboliser :
« il a en fait, joué un rôle majeur dans la résistance à l’occupation israélienne à l’intérieur et autour de la Palestine. Jusqu’à la fin, il a pris en charge de répondre aux besoins des forces de la résistance en Palestine et au Liban, ainsi que de leurs membres et de leurs cadres en Syrie. Il a tout supervisé, de leur hébergement au transport, à leurs camps d’entraînement, aux provisions, ainsi qu’a l’organisation de la venue clandestine dans le pays des cadres de la Palestine pour leur formation.
Pour la résistance au Liban, Shawkat était un véritable partenaire, en fournissant toute l’assistance nécessaire sans avoir besoin de commandes ou d’approbation de sa direction. Il a été un acteur central dans la guerre de juin 2006. Il a passé tout son temps dans la salle centrale des opérations qui avait été mise en place, en conformité avec une directive d’Assad, pour fournir à la résistance toutes les armes qu’elle avait besoin, notamment des missiles, provenant des stocks de l’armée syrienne. Shawkat et d’autres hommes de l’armée syrienne – y compris Muhammad Suleiman, qui a été assassiné par le Mossad sur la côte syrienne en 2008 – ont passé des semaines à coordonner l’opération de ravitaillement qui a aidé la résistance à accomplir des succès qui ont conduit à la défaite d’Israël.
Malgré les accusations portées contre Asef Shawkat en ce qui concerne la sécurité, les questions politiques ou autres, pour Imad Mughniyeh, le chef militaire du Hezbollah assassiné, il était juste un autre camarade, un homme modeste qui s’inclinait en serrant la main d’Hassan Nasrallah, et aimait entendre les nouvelles de la Palestine tard dans la nuit. »
Cependant, parmi les antisionistes proclamé, il y en a peu dans ce monde qui peuvent se vanter d’en avoir fait autant pour la résistance palestinienne à l’entité sioniste. Mais après avoir démontré qu’ils ignoraient délibérément l’ensemble des faits et la longue histoire de la résistance syrienne à Israël, c’est une grande tragédie de voir que ces même qui s’accrochent à l’argument traité dans cet article, ne puisse être en mesure de le lâcher seulement si la Syrie chute et que la réalité de l’abandon militaire totale de la Palestine deviendrait trop évident a constater.