Le Général et les garanties qui manquent

Comment caractériser les élections dans une ambiance rose en surface et apocalyptique en profondeur au regard du chaos institutionnel, de la diversion politicienne, de l’exclusion, du retrait des poids lourds politiques, du discrédit incontestable des autorités, des crispations sociales avec des révoltes larvées, climat de fin de règne, contexte international chargé de menaces et d’imprévus politiques et géostratégiques. Nous revenons à la case de décembre 1991 : absence de garanties avec cette fois-ci absence du chef de l’État qui peut donner sa caution dans le sens d’une répression ou dans le sens de l’apaisement et du dialogue. En plus de la vacance au sommet de l’État, il y a un effritement des partis politiques qui ne peuvent se prévaloir du rôle d’interlocuteurs valides ou de relais au pouvoir. Les grandes puissances étrangères par leur silence médiatique semblent montrer un désintérêt manifeste pour l’Algérie la considérant ingérable pour faire d’une manière crédible et durable valoir leurs positions stratégiques sinon elles sont en attente de l’aboutissement du scénario de désintégration bien entamé qui arrange bien leurs affaires et au moment opportun ils viendront imposer une solution ou partitionner la géographie et le pouvoir politique pour continuer ce qu’ils n’ont pas réussi à faire en Syrie. Notre chaos n’est ni inédit, ni isolé, ni fortuit : il accompagne le désordre mondial qui annonce la fin de la modernité et l’émergence de la post modernité. Nos principaux partenaires, la France et les USA sont en décomposition, ils ne peuvent apporter ni secours ni feuille de route sauf le désordre, la voracité et l’incompétence…

One two tree viva l’Algérie ou Chaâb et Djeich tahya al Djazaïr ne seront plus un rempart contre l’efficacité de la subversion extérieure et la prédation des rentiers intérieurs qui sont appelés objectivent à converger puis à se coordonner. On peut tuer le général d’une armée mais non l’ambition dans le cœur des hommes enseignait Confucius. Où est notre ambition, où sont nos hommes ? La loi de l’existence des peuples et des nations est implacable et immuable : effondrement et disparition ou salut et renaissance. Oui le pire comme le meilleur sont des possibilités selon les conditions psycho-morales et les conditions matérielles du lieu et du moment. On ne peut pas dire que nos conditions sont bonnes ou en voie d’amélioration à moins de se mentir ou de croire aux fables. Ni le bouc-émissaire jeté en pâtures aux crédules ne nous donnera l’illusion de catharsis ni d’ailleurs l’homme messianique ou le Mahdi mountadar ne donnera l’illusion salutaire. Nous sommes une virtualité de désintégration, une entropie en puissance, une réalité morbide à qui manque le temps de réalisation pour qu’elle soit un réel actuel, une réalité tangible dans les faits sociaux, politiques, économiques et géostratégiques. Ce temps ou plus exactement le délai et le terme échappent à notre entendement humain, mais son processus est suffisamment avancé et ancré pour que les plus lucides le ressentent dans leur chair et le vivent déjà comme un cauchemar avec les yeux ouverts.

Le Coran nous enseigne que la défaite et les catastrophes ne sont pas un destin, mais l’œuvre des hommes mal pensant ou mal agissant. La catastrophe peut être évitée si les Algériens, tous sans exception, refusent l’écœurement actuel et acceptent le changement même s’il est difficile et confus. Ce qui se trame dépasse Bouteflika, l’armée algérienne et les élites civiles. Nous sommes sur le plan socio-politique dans ce que Antonio Gramsci a décrit comme un interrègne cette phase historique « où l’ancien meurt et où le nouveau ne peut pas naître… Une grande variété de symptômes morbides sont observés ». Dans de telles périodes, pour les tenants de la rente, le nouveau est non seulement insensé et dangereux mais impensable. Pour les partisans du changement, il est difficile de montrer la voie et de faire des promesses à un peuple nourri à la gamelle de la rente et à la fascination du zaïme. Nous sommes dans la phase de l’effondrement de la morale la plus basique qui montre que ce n’est plus Hizb frança qui gouverne, mais Hizb as Chaytane.

Jamais ne nous aurions imaginé, dans une situation « normale » que les seconds couteaux humilient, intimident et menacent publiquement et médiatiquement avec une ardeur de démons et avec l’assurance d’impunité des hommes de grand talent et de grande probité comme Hamrouche et le Général Ali Ghediri. Ceux qui croient encore que l’ANP est détentrice du pouvoir réel qu’ils s’interrogent comment un homme instruit, de bonne éducation, discipliné, laborieux ayant servi quarante ans puisse être traité de cette manière sans que ses pairs ne réagissent ? Combien d’officiers et de civils ont été contraints à l’exil ou à la réclusion à domicile. J’ai toujours pensé qu’on a fait payer à l’ANP le prix de la bravoure impardonnable de l’ALN. Le FLN a payé le prix. Le peuple a payé aussi le prix et ils vont continuer à payer le prix jusqu’à être discrédités pour effacer la mémoire de la résistance populaire et du sacrifice des martyrs. Ceux qui affichent leurs insultes ne sont pas le pouvoir réel, ils sont l’ombre de l’ombre de la revanche.

Que le président Bouteflika soit candidat, que l’armée ait son candidat, que tel parti ait son candidat, il n’y a pas de problème, nul ne doit être exclu tant qu’il est transparent et qu’il cherche la légitimité par les urnes, même si les urnes ne sont pas garant de la légitimité et ne peuvent donner la véritable légitimité lorsque les conditions et les garanties de l’expression sont noyés par la confusion, la suspicion, la haine et la panique pour certains.

Est-ce que les conditions actuelles de programmation des élections hâtives et presque clandestines ne vont-elle pas cristalliser les frustrations, les méfiances et les défiances et les transformer en rancunes, en contestation et en confrontation avec tous les débordements possibles et toutes les déflagrations possibles. La responsabilité morale, civile et politique est que sur le plan politique, sociale et sécuritaire l’élection ne soit pas l’exacerbation des contradictions, affichées ou occultées, mais l’instauration de la confiance pour préparer la fondation d’un nouveau pacte républicain. Entretenir l’illusion d’un nouveau premier novembre est une faute politique car la génération montante ne connait du premier novembre 54 que le récit scolaire tronqué et le triomphalisme chauvin. L’ancienne génération ne connait le premier novembre qu’à travers son prisme idéologique. Pour les uns c’est l’Etat-nation à la lumière du jacobinisme français, pour d’autres c’est l’islamisme de Benbadis, pour d’autres c’est le libéralisme américain. Chacun s’approprie une date comme un clocher de paroisse idéologique ou de secte partisane avec ses arrières pensées. Nous savons tous que l’impérialisme mène une guerre d’usure contre notre existence comme il mène une prédation sans limite contre nos ressources, nous savons aussi l’ampleur et l’intensité de nos clivages culturels et idéologiques et ce n’est pas en jetant des anathèmes que nous allons les surmonter. Le seul dépassement est de participer tous pour l’émergence du citoyen et que celui-ci aient non seulement le droit, mais les moyens de participer à la conduite des affaires publiques…

N’est-ce pas que Hamrouche et Ghediri sont dénoncés comme usurpateurs par des « partisans » du premier novembre alors qu’ils se réclament du premier novembre. Il y a volonté de brouiller toutes les cartes et toutes les représentations mentales sur l’avenir, le présent et le devenir de l’Algérien. Cette date historique et bénie fut paradoxalement à la fois l’élan libérateur contre le colonialisme et le socle fédérateur de tous les clivages idéologiques pour affronter le colonialisme en laissant en suspens l’édification nationale, la citoyenneté. L’Algérie était fracturée avant la révolution de libération nationale par des imaginaires incompatibles. L’incompatibilité est toujours ancrée dans notre imaginaire collectif. Nous pouvons envisager une nouvelle appropriation sociale, idéologique, culturelle et politique du premier novembre si nous prenons le temps de lui donner un nouveau contenu, une nouvelle perspective et surtout un nouveau socle rassembleur et résistant. Les mots, plus que jamais doivent coller à notre réalité actuelle et à nos défis présents : « Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté » disait Confucius. Ce chantier de réappropriation historique et de remise à niveau idéologique n’est pas ouvert, car il n’y a ni débat ni conditions pour débattre. Il n’y a que des passions sur la culture, l’idéologie, le pouvoir et la rente.

La politique consiste à pratiquer l’État et à gérer le bien-être de la cité investie par des citoyens c’est-à-dire des hommes libres, consentant à vivre ensemble malgré leurs diversités, à exercer leurs devoirs de solidarité et à trouver un dénominateur commun qui transcende les clivages idéologiques. A deux mois avant l’élection – de tous les dangers – nous n’avons pas de débat autre que des déclarations d’intentions qui sont trainées dans la boue lorsqu’elle suggèrent la rupture, une nouvelle république. Je ne pense pas que la rupture avec Bouteflika soit l’essentiel de nos préoccupations, l’homme a accompli son temps et celui-ci sera témoin en sa faveur ou contre lui le Jour de la Justice suprême.

Pour l’instant nous n’avons pas d’engagement solennel de respecter le résultat des élections. Nous n’avons pas une vision philosophique, mais réaliste et partagée, sur l’État. Avec qui faire la rupture et contre qui débattre. Il n’y a rien de consistant, de cohérent, de sensé à part le cynisme et la méchanceté de ceux qui se sont imposés tuteurs des Algériens…

Pour le débat il est trop tard, par contre si on veut aller vers une élection sans grand enjeu civilisationnel ou stratégique, mais honnête et respectable en tant que processus « formel », il nous faut des garanties. Il nous faut admettre que le processus électoral n’est pas la démocratie et que la démocratie n’est pas la liberté. Un jour ou l’autre nous devons les débattre sereinement non plus sous la perspective de l’État nation hérité de la modernité française ou américaine qui arrive à son échéance historique et à sa décadence sur le plan civilisationnel. Ni dans celle de l’État islamique qui n’existe que dans le fantasmes de ceux qui pensent que « la solution islamique » peut faire l’économie d’une culture politique et d’une gouvernance scientifique. Dans les conditions actuelles de rente, d’arbitraire et d’inculture politique un tel débat finirait par le ridicule ou par la violence. Pour débattre, on ne vient pas avec l’idée d’éradiquer l’autre, d’imposer des solutions du passé des autres ou de s’accaparer un butin de guerre, mais communiquer, partager, tenter de convaincre avec empathie et responsabilité sur la vision qu’on a de l’avenir. Il y a un minimum procédurier à respecter faute de plateforme démocratique : présenter donc plusieurs garanties pour garantir la sécurité, la stabilité et la viabilité du processus qui semble non seulement improvisé, mais confus voire vicié et vicieux :

  • L’engagement formel par l’ensemble des corps constitués que l’expérience de 1991 ne sera pas reconduite et qu’il faut accepter et collaborer avec le président élu. Le candidat élu n’est pas autorité de droit divin, mais homme faible qui peut être révoqué par le peuple dans certaines conditions à définir juridiquement lorsqu’il met en péril l’existence de l’Algérie, sa souveraineté et sa cohésion sociale.
  • L’engagement formel par l’ensemble des candidats d’accepter le résultat des urnes. Si l’abstention dépasse un seuil intolérable alors le résultat devra être invalidé et les élections refaites dans un délai acceptable.
  • L’engagement formel par l’ensemble des corps constitués de servir l’État dans la forme institutionnelle qu’il a actuellement ou dans celle qu’il aura plus tard et non de servir des hommes, des clans, des rentes…
  • L’engagement formel par l’ensemble des corps constitués de laisser voter leurs personnels en public.
  • La mise en place d’une commission électorale indépendante et souveraine.
  • La liberté de parole, d’écriture et de rassemblement des Algériens libres de débattre, de s’organiser et d’exprimer leur soutien sans crainte pour leur vie et leur sécurité.
  • L’interdiction de la violence sous toutes ses formes. Toute forme d’éradication politique ou idéologique doit être interdite et punissable par la loi.
  • Donner le temps aux candidats de former leurs états- major, de débattre, de lever leur financement dans la transparence. L’État devra rembourser les dépenses de campagne au prorata des résultats. Aucune personnalité morale ne doit financer les candidats. Les dons relèvent des personnes physiques et doivent être plafonnés par la loi et sous le contrôle d’un organisme transparent.
  • Donner le temps aux candidats d’éditer leurs journaux ou de constituer une presse alternative.
  • Mettre fin aux rentes de publicité des médias actuels et mettre en place un comité indépendant d’éthique et de contrôle de l’information pour que chaque candidat ait le temps de parole équitable sans exclusivité ou exclusive.
  • Permettre aux algériens poursuivis pour motifs politique de rentrer en Algérie et de s’engager activement dans la vie politique.
  • Trouver un autre mécanisme de validation des candidatures, car l’administration et la rente omniprésentes vont invalider les candidats ou falsifier les parrainages. L’administration et les réseaux de rentes sont suffisamment établis et structurés pour rendre impossible la collecte des 60 mille voix.
  • Faire endosser aux corps sécuritaires et aux préfets de police la responsabilité du maintien de l’ordre pour éviter les dépassements et les intimidations. Les réseaux de l’argent noir peuvent entrer en contact avec la délinquance de toute nature et engager des épreuves de force contre ce qui reste de l’État ou contre les candidats. L’expérience égyptienne de la Baltajiya et du non-droit ne doit pas être sous-estimée en termes de violences et de nuisance.
  • Toutes les garanties doivent être données sous formes de lois, de décrets et d’arrêtés et relever de la Justice sous l’autorité d’un haut magistrat dont la nomination doit être transparente et à qui on donne les moyens d’exercice et les protections pour sa sécurité.
  • Dans un délai court convenu et sous les mêmes garanties l’élection présidentielle devra être élargie à toutes les représentations populaires en commençant par les échelons locaux. Les nouvelles élections effectuées doivent permettre la révision constitutionnelle qui ne doit pas être une affaire d’experts de droits dont la charge est de donner une forme juridique, mais une affaire de peuple qui donnera le contenu. Sur ce temps de deux ou trois ans les assises républicaines et démocratiques pour relancer l’Algérie devraient être réunies c’est à dire un cadre pour donner un contenu, une forme, des mécanismes et des garanties tant pour la définition de la République que de la Démocratie.

C’est un travail de titans qui exige la responsabilité, la liberté, la solidarité. Dans ce cadre apaisé alors les grandes questions d’identité peuvent être élaborées ainsi que la forme de gouvernance la plus adaptée à notre culture, à notre histoire et à notre vision de l’avenir. C’est ce cadre qui servira l’apaisement, par sa portée pédagogique et par sa dimension démocratique. Nul ne devrait être exclu et c’est le consensus qui doit primer sinon il faut faire des référendums ou recourir à la justice séparée de l’exécutif. Le président nommé devrait alors relancer sa propre candidature en compétition avec d’autres pour couronner le recadrage institutionnel et engager les grandes réformes sociales, éducatives, juridiques, économiques, la séparation des pouvoirs, ainsi que la révision des traités internationaux etc. … Chacun devrait sentir que l’Algérie lui appartient et qu’il a la responsabilité de s’engager à la servir ainsi que la légitimité de s’approprier des biens, des statuts et des compétences. Il faut souligner que la véritable légitimité qui résiste au temps et aux crises est celle de la reconnaissance sociale de la compétence. La compétence ne peut s’exprimer et se faire valoir que dans la transparence et la compétition équitable. Le contraire de la rente c’est le travail et la justice.

  • Les corps intermédiaires ne doivent pas interférer dans la campagne électorale, leur vocation est de défendre les intérêts sociaux et professionnels des corporations et non de désigner le personnel politique. Plus tard les Algériens doivent rompre avec toute forme de monopole pour promouvoir le principe de libre adhésion ou de contrat dont les fondements sont la liberté et la justice. La vocation de L’État et d’apporter les garanties à la liberté et à la justice ainsi que de réprimer toute atteinte à la liberté et à la justice.
  • Interdire et réprimer toute forme d’ingérence étrangère….
  • Sur le plan social et économique, la rente et le monopole sont les poumons du système algérien. La vraie politique c’est de s’engager à mettre fin à la rente, de mettre fin à l’effondrement du dinar et à l’absence de productivité du travail et d’efficacité économique et financière. Pour commencer, il faut déjà arrêter la planche à billet qui sert à financer la rente et octroyer des marchés aux rentiers. Sur ce terrain est ce que le futur président, en supposant qu’il est honnête et militant de la cause nationale, est capable de décider de la fiscalité, de la planche à biller, de nommer les cadres supérieurs, de nommer le directeur général de la douane…

Où sont les garanties de laisser l’élu ou le désigné de finir son mandat. L’expérience de Boudiaf n’est pas loin. Il avait naïvement l’intention de redresser l’Algérie, mais pour le système c’était le dernier personnage que le destin a offert pour cultiver la rente historique du premier novembre. Il a été effacé de notre mémoire. Le général Ali Ghediri est un retraité de l’armée, il est libre de disposer de son temps et de disposer de sa vision pour continuer à servir l’Algérie. Il devrait exiger un minimum de garanties sinon un maximum de solidarité de ses pairs devenus civils ou toujours en activité. Le soutien des militaires actifs ou en retraite pose cependant le problème du risque de division de l’armée et des implications négatives de l’armée dans ce qui n’est ni sa vocation ni son rôle. Le soutien des pairs signifie une protection contre les menées subversives venant de l’intérieur du système.L’idéal serait que l’armée exprime son refus de s’impliquer dans les processus electoraux. Le peuple doit exercer sa souveraineté sans tutelle et dans le cadre du multipartisme. Cela ne veut pas dire que l »ANP n’a aucune mission politique. Sa mission devrait être transparente et constitutionnelle sans être partisane. Construire une doctrine de défense nationale, une  économie de résistance nationale civile et militaire ainsi qu’une stratégie de sécurité nationale est une tâche éminemment politique et exigeant une grande expertise. Il ne nous importe pas de savoir ou de distinguer les statuts des hommes, mais leur programme et leur désir.

Je n’aurais pas l’indélicatesse de donner un conseil, mais il devrait aller au-delà de l’intention et ne pas chercher les appuis des puissants ou des riches pour mener campagne, mais partir en campagne comme un militaire qui livre bataille en allant chercher renfort et soutien auprès des Algériens sans dents et sans grades. C’est le peuple qui doit décider en premier de son devenir.

« Malheur à ceux qui nous portent secours, nous serons leur tentation » aimait dire Malek Bennabi lorsqu’il méditait la tragédie de l’Algérie. En effet il aurait fallu plus d’un an de préparation pour apporter le minimum de garanties sinon nous sommes dans la stratégie du fait accompli c’est à dire du choix entre nous et le chaos. Les diables sont experts en matière de chaos.

Omar MAZRI

 

Livres parus :

  • La République et le voile : Symboles et inversions
  • Aimer : la voie coranique
  • Les dix commandements US et le dilemme Arabe
  • Béni soit-il ?
  • Dine ou religion ?
  • Révolution arabe : mythe ou mystique ?
  • Gaza : La bataille du Forqane
  • Islamophobie : Deus Machina
  • Coûts de production : méthodologie d’analyse
  • L’art pédagogique : Etre et Faire.
  • Scénario de création des coopératives

Analyses et études :

  • Réforme de l’enseignement paramédical
  • Economie de défense : Rétrospectives et prospectives 1982-2002
  • Développement des  industries hauturières
  • Economie et post-Modernité
  • Didacticiel mathématiques : niveau brevet et CAP
  • Didacticiel anatomie dynamique du vivant

Publications numériques :

  • 250 articles sur le site libération des opprimés
  • 160 articles sur le site Justice et Vérité (site fermé)

En cours d’édition :

  • Abel et Caïn :  mobile du crime et psychologie de l’assassin.
  • Territoire de civilisation ou Etat islamique ?

Ombres et lumières

« On voit ceux qui sont dans la lumière et on ne voit pas ceux qui sont dans l’ombre » disait Bertolt Brecht. Il expliquait l’art de la scénographie qui ne peut se résumer ni au présentiel visible ni au discours dicible, mais à l’atmosphère qui dissimule, montre selon les intentions de l’auteur et le déroulement du scénario…

Il semble curieux que j’évoque Bertolt Brecht alors que je ne suis ni marxiste ni socialiste ni homme de théâtre. Je conserve sans doute quelques réminiscences de Kateb Yacine, mais surtout je suis horrifié par la tragédie bouffe des bouffons qui ne voient pas que derrière leur simulacre et leur inconstance il y a le drame des innocents qui n’ont pas demandé à naitre et à qui on offre un avenir sans paix ni gloire et peut être un devenir sans pain.  Je suis né bien avant le déclenchement de la guerre de libération nationale, avec le prix du sang, des larmes et de la sueur que ma famille a versé à flot pour la libération et l’édification de l’Algérie. Je pensais qu’avec une bonne éducation patriotique et un bon parcours scolaire et professionnel j’allais pouvoir servir la patrie de Ben M’hidi, de Benboulaid (pour ne citer que ceux que je vénérais alors que j’étais tout petit) et du peuple algérien qui a soutenu l’ALN et le FLN et leurs héros en donnant des martyrs, des internés, des réfugiés sans compter. Les rentiers, les insensés et les traîtres en ont décidé autrement. C’est comme dans les  lois de la physique et de la chimie, il faut la réunion de plusieurs conditions et la conjugaison de plusieurs facteurs pour qu’un processus se réalise. Il n’y a pas de prévalence entre la rente, l’insenséisme et la félonie. L’un engendre les autres. Mais une fois installés comme système, il faut les éradiquer tous en même temps et rapidement, sinon tout changement, tout effort est mené vers l’entropie par la régénération et la reproduction élargie de ces trois fléaux.

Lorsqu’on vit avec la conviction que Dieu est témoin par connaissance et par présence, il importe peu pour sa petite personne périssable qu’elle soit anonyme ou illustre, en réussite ou en échec, reconnue ou bannie, utile ou gaspillée… C’est la situation de Diogène le cynique lorsqu’il fut appelé pour sauver la Grèce avec sa phrase célèbre « ôtez-vous de mon soleil ». C’est la situation de la génération d’après-guerre qui n’avait pas le profil de l’idiot de service, du rentier, du salopard. Cette situation est vécue par de nombreux algériens civils et militaires, laïcs et islamistes, berbères et arabes, modernes et archaïques… N’étaient épargnés que les insouciants qui avaient des yeux, des oreilles et des cerveaux, mais ils n’avaient ni l’entendement ni le sens des responsabilités et encore moins la morale (religieuse ou révolutionnaire) … Et pourtant le théâtre d’ombres et de lumières pour dissimuler les acteurs du massacre de l’Algérie, livrer en pâture quelques bouc-émissaires (souvent innocents) ou mettre en valeur quelques comparses ou quelques imposteurs…

C’est ainsi que Feu Caïd Ahmed, ancien secrétaire général du FLN, a été désigné à la vindicte estudiantine pour lui faire porter toutes les tares de l’Algérie. On a SALI son nom, sa réputation et son militantisme pour dissimuler le système qui l’utilise à ses dépens. On a ainsi masqué le système qui a détruit l’homme algérien, qui pourtant a résisté glorieusement au colonialisme et qui a pris en charge honorablement l’auto gestion des fermes et des entreprises, biens vacants, pour continuer de produire sans détourner les biens publics et sans importer de l’étranger. Ceux-là mêmes qui ont produit l’assistanat social, la bureaucratie, le capitalisme d’État rentier et corrupteur ont été encensés et couverts de gloire. Ce sont les mêmes qui ont donné un pouvoir aux DAF et mis au ban les Moudjahidines de l’ALN et les militants de la cause nationale. Ce sont les mêmes qui ont confisqué l’histoire, la religion, le patriotisme, la langue, les ressources nationales et les ont transformés en rentes et en privilèges pour enfin dilapider la plus grande ressource de l’Algérie qui n’est pas le sous-sol riche en hydrocarbures, mais l’image de l’Algérie qui a triomphé sur le colonialisme et le pacte de l’OTAN. Ces mêmes saltimbanques veulent livrer l’ALN pour qu’elle soit auxiliaire militaire des colonies françaises et américaines et pour que l’Algérie soit un comptoir colonial.

Ce sont toujours les mêmes stratégies de dissimulation et de diversion qui veulent non seulement montrer que tous les officiers algériens sont des corrompus et que tous les généraux sont coupables de crime de guerre et responsables de la Gabegie nationale.  Pourquoi se focaliser sur l’armée et ses fonctionnaires alors que le pouvoir réel n’appartient pas à l’armée. Pourquoi présenter tous les gradés de l’armée comme des voyous sans morale alors que d’une part des civils en nombre plus important (ministres, préfets, haut-fonctionnaires, juges, entrepreneurs, commerçants, intellectuels) ont main mise sur les rentes, et d’autre part cela n’échappe à personne : des caporaux, des adjudants et de petits fonctionnaires de l’armée, de la police et des douanes – par leurs fonctions et leur immoralité –  ont amassé des biens mal-acquis et ruiné le patrimoine public.

Pourquoi mettre la lumière sur des gens alors que le système qui a produit les corrompus et les corrupteurs et qui n’a ni protégé ni promu les fonctionnaires intègres n’a jamais été dénoncé dans ses mécanismes et ses allégeances mafieuses intérieures et extérieures.

L’incurie politique du FIS et l’ivresse du pouvoir de ses chefs leur a fait présenter Chadli Bendjedid (Allah yarhmou) comme le clou à arracher alors qu’il a été coopté par le système par son grade le plus élevé et le plus ancien. C’est un choix simpliste pour un pays qui a de grandes aspirations, mais Chadli ne peut être le diable et endosser à lui seul les malheurs de l’Algérie. Il reste à mes yeux un homme brave et miséricordieux qui a tenté de servir l’Algérie selon ses moyens modestes sans méchanceté. Manipulé par les experts en subversion, ils ont fait le jeu de ceux qui voulaient anéantir l’Algérie. Aujourd’hui les rescapés du FIS ne tirent pas de leçons pour engager leur responsabilité politique et morale dans la tragédie et donner leur version objective des faits et les acteurs connus de la manipulation. Ils ont négligé les avantages pour l’Algérie d’une négociation avec les forces vives et compétentes comme Mehri du FLN, Aït Ahmed du FFS sans se bloquer sur le processus électorale vicié au départ. Ils continuent de vivre leur syndrome victimaire sans s’adapter sérieusement et aller au-delà de la critique maladive des généraux. Les élites, militaires et civils, qui avaient suffisamment de culture géostratégique portent une responsabilité morale et historique, car elles avaient les moyens intellectuels et la position sociale pour ne pas aller à l’effusion de sang qui arrangeait les partisans de l’éradication idéologique et du démantèlement de l’appareil industriel pour assouvir leurs appétits d’apprentis capitalistes. La pensée collective a fait défaut, l’intérêt national a été absent dans le jeu politicien. Même avec de grands diplômes, de grands postes et de grandes ambitions, on peut voir un pays comme une épicerie ou un souk el fellah. Le commis de l’État n’existe pas encore dans la culture algérienne. Lorsqu’on fait de grandes études, on le fait ni pour servir l’Algérie ni pour faire avancer la science, mais pour la reconnaissance sociale, le pain. Nous avons hérité de la culture bobo du socialisme français ou du gangster américain, mais pas de la culture de nos aïeux algériens qui même vaincus ne se soumettaient pas.

On a glosé sur le président Bouteflika, bien ou pas bien, calife du Prophète ou désintégrateur des généraux ou allié objectif du Makhzen marocain, mais on refuse de voir le système qui s’est servi de lui pour se donner une légitimité historique et internationale alors que ce système est en effondrement sur le plan moral, social, politique, diplomatique et économique même si on peut se vanter des réalisations immobilières et des infrastructures. Puisque on est dans le théâtre j’aime bien Bertolucci qui parle du nationalisme des canailles.

L’Algérie est remplie d’acteurs cyniques et de pièces de théâtre vaudevillesques. Il y a tellement de gâchis qu’on a envie de ricaner « jaunâtrement » jusqu’à attraper une hépatite. La question se pose toujours sur le metteur en scène. Un homme de théâtre a bien résumé ce qu’il faut chercher dans un scénario : « Dans toute idée, il faut chercher à qui elle va et de qui elle vient ; alors seulement on comprend son efficacité. »

En matière de trouvaille d’idées anciennes et de marionnettes qui n’amusent que les enfants et les gens d’esprit comme le dit George Sand, ils ont trouvé depuis la maladie du Président et la vacance du pouvoir incarné dans un Zaïm l’arbre qui cache la forêt, un symbole en l’occurrence de Saïd Bouteflika, le frère du président. Ainsi on dédouane le président de ses responsabilités, on masque le pouvoir occulte, on cristallise la crise sur un homme et ses acolytes (réels ou fictifs) du « pouvoir » économique. On aurait pu se focaliser sur Djéha ou sur Pinocchio, cela n’enlève rien à l’amère réalité et aux jours difficiles à venir.

Oui nous vivons des temps difficiles comme ceux vécus par la génération de Bertold Brecht qui anciens attendant la révolution internationale pour libérer les peuples alors que leurs élites les ont conduites au nazisme et aux guerres mondiales. Ces temps, Brecht les a dépeint ainsi « les temps se sont obscurcis autant qu’éclaircis, clarté et obscurité sont entremêlées au point que l’on ne peut les distinguer. » Il voyait avec lucidité l’ombre et ne s’aveuglait par la lumière des projecteurs, c’est un homme de théâtre, un artiste, un visionnaire. Les Frères musulmans algériens n’ont ni la compétence de vision ni la vocation d’éclairer. Ils sont dans ce que Malek Bennabi appelle l’idole de foire qui a pour mission d’humilier l’idée. Ils n’ont rien à voir avec la miséricorde du Prophète, ni avec sa lucidité ni avec l’enseignement du Coran. Ils sont à fond dans les affaires, les arrangements d’appareils et les acrobaties politiciennes. Comme tous les aveugles politiques, non seulement ils accréditent la thèse fallacieuse de Saïd Bouteflika, mais ils lui donnent une consistance politique jouant une fois de plus le rôle qui leur est dévolu, celui d’idiot de service ou d’interlocuteur valide. Ils n’ont tiré aucune leçon des drames récents et refusent de voir les drames à venir.  Les arrangements avec le général Tewfik leur a permis de protéger leurs cadres de l’éradication, mais qu’est-ce qu’ils ont fait de leur potentiel pour servir l’Algérie ? Qu’est-ce qu’ils ont fait de leurs postures dans les institutions algériennes pour promouvoir une dynamique de changement ou au moins inviter à un débat d’idées ?

L’ancien directeur général de l’Institut de stratégie globale, Si M’hamed Yazid ancien ministre de l’information du FLN, malgré la différence d’âge et de statut, qui nous sépare m’avait convié à un entretien individuel et confidentiel faisant confiance à mon jugement et à ma proximité des événements sans être partisan pour lui donner mon opinion sur l’issue des élections législatives de décembre 1991. Ses services lui ont donné le parti HAMAS vainqueur à 10%. Cette estimation reposait à mes yeux sur trois estimations que je considérais comme fausses. La première était la prise en considération du charisme de Mahfoud Nahnah et la culture algérienne du zaïmisme qui allait faire préférer le modéré Nahnah au fougueux Ali Benhadj. La réalité du mécontentement social et de l’envie de changer radicalement le système n’était même pas prise comme une hypothèse de travail et cette erreur est monumentale. La seconde c’était la culture du zèle des élites vassalisées qui ne disent pas la réalité, mais celle que leurs chefs veulent voir. La troisième était sans doute le choix étranger qui tolérait une représentation islamique du type frériste si elle demeure contenue dans son expression et son action politique, économique, sociale et idéologique, car on ne touche pas au mondialisme. On a faussé le curseur idéologique pour masquer les enjeux véritables. Le problème n’est pas entre croyants ou athées, progressistes ou religieux, il est de la même nature qu’avant le déclenchement de la révolution algérienne : Pour l’indépendance ou pour l’assimilation. Chaque camp a ses éradicateurs, ses insensés, mais aussi ses militants de la cause nationale, même si chacun s’approprie le premier novembre selon ses œillères idéologiques.

Ce sont les mêmes insenséismes des incompétents et les mêmes appétits occultes des fourbes qui ont conduit la commission nationale de restructuration industrielle en 1983, composée de militaires et de civils, à stopper l’investissent industriel et à mettre en place les IVPE (investissements de valorisation du patrimoine existant) qui devenaient inefficaces par la restructuration administrative des entreprises nationales. Ces entreprises publiques avaient besoin de retrouver leur vocation, celle d’entreprendre et de manager selon des stratégies métiers et selon la loi du marché. On se devait de maintenir l’effort industriel, d’investir selon les besoins, de créer de l’ingénierie nationale, de compter sur les bureaux d’études nationaux, de créer la concurrence en mettant fin aux monopoles, de trouver une solution radicale aux pénuries et à l’administration bureaucratique des entreprises. Les années 80 ont préparé la décennie noire puis celle des années 2000 à ce jour mettant l’Algérie en situation de dépendance alimentaire sans infrastructure de know-how produit ou de know-how production, faisant d’elle un satellite de consommation et un îlot de gaspillage, un isolat de désertification morale et économique : un parfait comme le néant. Chadli n’a pas les compétences pour voir le désastre en préparation, les islamistes étaient préoccupés par la sahwa religieuse et l’usage de la liberté vestimentaire… Les cadres qui avaient la « compétence » de dire et de faire et qui avaient en charge l’appareil industriel, financier, économique et institutionnel n’ont tiré aucune sonnette d’alarme. Ils ont vanté le libéralisme économique et chacun se voyait conduire une holding comme Marie et son pot au lait…

A propos de lait, il me vient à l’esprit la traite illégale des  vaches à lait. Il me vient à l’esprit le détournement de la vocation des offices algériens tels que l’ONAB, l’ONALAIT, l’OFLA, l’OAIC, l’ONSP… Ces offices avait pour mission le développement de la production nationale, l’organisation des secteurs et des branches, la recherche développement,  la promotion de l’effort national et l’accroissement des rendements et de l’efficacité du travail. Les budgets alloués et les hommes affectés ont été orientés d’abord, par la pratique bureaucratique, vers la facilité des importations tout azimut ensuite par la nuisance systématique vers la gestion de la pénurie et des rentes qui ont permis l’émergence de l’économie informelle et des grandes fortunes parasitaires. Depuis la décennie noire à ce jour le système bancaire et le crédit, après le démantèlement du secteur public, n’ont fait que financer les privilégiés et les détourneurs de la vocation des offices pour leurs profits personnels. Il est permis de faire un parallèle de situation et de proximité temporelle avec le démantèlement de l’appareil productif français depuis l’émergence de Laurent Fabius comme ministre de l’Economie puis Premier ministre avec en arrière-plan les Attali et consorts. Il y a une ligne de convergence idéologique et d’intérêts économiques à suivre… Les militaires algériens ne peuvent être tenus pour responsables directs de ce détournement même s’il profite à quelques militaires véreux. Les agents des douanes, du Fisc, du commerce, de l’Assemblée nationale, des Finances et des banques étaient occupés à quoi et étaient au service de qui?   On peut poser la question aux organes de sécurité et aux brigades économiques de la Police : pourquoi s’occuper des étudiants, des imams des mosquées, des journalistes et des bavards algériens et ne pas fouiner dans la gestion des biens publics. Incompétence, corruption, détournement de la mission, zèle des fonctionnaires, trahison ? Il appartient aux historiens, aux juges, aux journalistes, aux hommes politiques d’apporter les réponses lorsque l’Etat de droit sera instauré et la souveraineté de l’Algérie restaurée….

Pour l’instant, nous sommes dans des intentions de rupture. Je ne me prononcerais sur la faisabilité et la viabilité de rupture  lorsque le candidat bien intentionné annoncerait comment il compte mettre fin à l’opacité de la nomination des hauts cadres, comment mettre en compétition les compétences désireuses de servir L’État pour ne prendre que les meilleurs, quels mécanismes pour les identifier, les recruter et leur donner la garantie de travailler dans de bonnes conditions sans passer par le système de cooptation et de clientélisme. Le diable est dans les détails…

Pour rester dans le langage théâtral et « comique », leur solution islamique est comme les boniments des forains et des ensorceleurs du verbe comme le dit si bien Devos « Parce qu’il y a des magiciens qui vous promettent la lune… Moi, je vous promets le soleil ! »

Pour achever le tableau si peu reluisant des promesses électorales, des lièvres, des falsifications, je vous invite à lire mon texte sur le roi de Midas que j’ai arrangé pour le faire coller à la réalité algérienne. Si vous n’avez pas le temps de lires les âneries de la mythologie revisitée par la modernité algérienne alors « Fermer les yeux afin de pouvoir voir ». Berthold Brecht a fait l’expérience avant nous et à travers ses yeux, même s’il est athée, nous pouvons voir : « C’est la continuité qui engendre la destruction. Les caves ne sont pas encore vidées, et au-dessus d’elles on construit déjà des maisons ».

Peut-être que l’idée d’effondrement ultime nous donnera, faute de conscience politique, le désir de procéder à une véritable psychanalyse sociale et idéologique et deviner les raisons inconscientes de notre arrogance, de notre suffisance et de notre impossibilité à construire un État. Le désir est le mouvement volontaire vers ce qu’on aime ou ce qu’on imagine c’est-à-dire ce qui qui est construit par nos souvenirs et qui part à l’extérieur de soi pour partager, communiquer….

[bctt tweet= »Algérie : Ombres et lumières » username= »omar_mazri »]

Omar Mazri

Livres parus :

  • La République et le voile : Symboles et inversions
  • Aimer : la voie coranique
  • Les dix commandements US et le dilemme Arabe
  • Béni soit-il ?
  • Dine ou religion ?
  • Révolution arabe : mythe ou mystique ?
  • Gaza : La bataille du Forqane
  • Islamophobie : Deus Machina
  • Coûts de production : méthodologie d’analyse
  • L’art pédagogique : Etre et Faire.
  • Scénario de création des coopératives

Analyses et études :

  • Réforme de l’enseignement paramédical
  • Economie de défense : Rétrospectives et prospectives 1982-2002
  • Développement des  industries hauturières
  • Economie et post-Modernité
  • Didacticiel mathématiques : niveau brevet et CAP
  • Didacticiel anatomie dynamique du vivant

Publications numériques :

  • 250 articles sur le site libération des opprimés
  • 160 articles sur le site Justice et Vérité (site fermé)

En cours d’édition :

  • Abel et Caïn :  mobile du crime et psychologie de l’assassin.
  • Territoire de civilisation ou Etat islamique ?

 

Le roi Midas

L’actualité en Algérie et en Arabie saoudite est tellement compliquée, sordide et allant crescendo vers une fin tragique que j’ai choisi d’en parler en faisant des retouches de style à une mythologie grecque : Le roi Midas de Phyrigie

Le roi Midas de Phrygie jeune, bien que puissant et aisé, était relativement cupide et stupide.
Un jour ses hommes de main trouvèrent un homme totalement ivre qu’ils livrent au roi Midas. Le roi reconnu, en l’ivrogne, Silène, un des plus proche amis de Dionysos, le dieu du vin et de la fête. Midas accueilli Silène les bras ouvert, grande hospitalité et festin festif et orgiasmique. Plus tard, Dionysos qui cherchait son compagnon égaré, arrive en Phrygie où il retrouva Silène. Reconnaissant, il remercia Midas et décida de le récompenser en lui accordant un vœu. Le roi Midas, passionné par le pouvoir et la richesse, demanda le privilège de transformer tout ce qu’il touche en or (pétrodollar). Dionysos, le Dieu de la fête et des jouissances, accorda ce don à Midas.
Comblé et insouciant, le roi Midas se mit tout de suite à vérifier et à exécuter ses nouveaux dons : tout ce qu’il touche se transforme en or (rentes). Il finit par transformer l’ensemble de son palais, puis l’ensemble de son royaume en or (rente). Épuisé par cet effort de métamorphose des choses, Midas est affamé et doit donc manger : il se mit à table. Mais tout ce qu’il touche, raisin, vin, viande ou pain se transforme instantanément en pépites d’or (rentes)se métamorphosa en billes d’or. Non seulement il a faim, mais il risque de se casser les dents. Affamé, dégoutté, esseulé et terrorisé il finit par comprendre que son pouvoir sans limite, mais absurde,  allait le conduire à l’isolement et à la mort.
Il implora donc Dionysos d’annuler ce vœu en échange de sa servitude. Dionysos lui ordonna d’aller se baigner dans le fleuve Pactole (Sahara) et remonter jusqu’à sa source pour y boire ce qui le rendra normal. La source du fleuve transformé en or ira inonder d’autres peuples et d’autres gouvernants en quête d’or et de rentes.

Le roi Midas de Phrygie moins jeune, moins puissant mais toujours  stupide.
Devenant compétent en musique et en art du mystère auprès du maître Orphée, le roi Midas est appelé à juger le concours entre Pan (dieu des bergers et des troupeaux, ainsi qu’inventeur du pipeau ou flûte de Pan) et Apollon (dieu des arts et de la beauté). La lyre d’apollon a envoûté le Jury de mélomanes malgré que le pipeau de Pan fut aussi mélodieuse. Mais Midas ne se rangea pas de l’avis de la majorité, par jalousie ou par compétence, et préféra le pipeau de Pan. Furieux, Apollon jeta un sort au roi insolent : puisque ses oreilles ne sont pas capables d’apprécier les mélodies, alors Midas aura les oreilles qu’il mérite, des oreilles d’ânes.
Affublé de deux grandes oreilles d’âne de la honte et de l’incompétence, Midas cacha, avec un bonnet, si bien que mal, ses affreuses oreilles pour éviter la risée des sujets. Ses cheveux ayant trop poussé et lui cachant la vue, il fut contraint de recourir aux offices d’un coiffeur réputé pour ses talents et sa discrétion. Voyant les oreilles de Midas, le serviteur coiffeur ne put s’empêcher de rire. Alors Midas le menace de mort s’il se risquait à révéler ce secret. Mais il est plus facile de porter un lourd péché qu’un tel secret; alors n’en pouvant plus le coiffeur se rend au milieu d’un champ où il y creuse un trou et crie à l’intérieur le secret du roi Midas, puis rebouche ce trou.
Des mois plus tard, des roseaux ont poussé et se sont abreuvés d’eau emprisonnée dans le trou creusé par le coiffeur. Comme le roseau à compétence à chanter l’air du temps, il se mit à fredonner  » le roi Midas a des oreilles d’ânes ». Les roseaux répètent à tout vent le douloureux et ridicule secret. Par mots et par veaux, les hommes et les animaux seront abondamment alimantés par la rumeur circulant de de bouche à oreille et par monts et par vaux jusqu’à parvenir aux oreilles d’âne du pauvre roi.
Attristé et honteux, le roi Midas se réfugie dans une forêt afin de se cacher et finira par se suicider ne pouvant plus écouter les bruissements des feuilles et des rus qui le persécutaient innocemment, mais inlassablement.

Louisa Hanoune et le mandarinat politique en Algérie

La Camarade Louisa Hanoune après avoir servi le régime algérien se met, aujourd’hui, à le dénigrer et à réclamer  son départ. Comme tous les gauchistes infantiles, elle occulte les processus politiques, sociaux et économiques et se contente d’énumérer quelques « bonnes intentions » aussi inefficaces que stériles. Si on expurge de son discours les attaques affectives contre quelques ministres « techniques » il ne reste que deux choses :

1 – Le changement en Algérie avant l’ultime catastrophe.

N’est-ce pas que charité bien ordonnée commence par soi-même. Avant de demander le changement il faudrait sans doute commencer par l’appliquer au sein de son Parti. A l’instar des autres appareils partisans et idéologiques le parti trotskiste a contribué à éradiquer le syndicalisme algérien et les luttes de classes. L’urgence est justement de rétablir la lutte des classes, via les syndicats, comme moteur puis comme garant de la pratique démocratique en rendant transparents les conflits sociaux, politiques et économiques par lesquels une société vivante régule les intérêts et trouve le compromis « dialectique » le plus adéquat au lieu et au moment. Sans ces luttes il ne peut y avoir qu’une alternative : la violence.  La  violence armée de l’Etat ou celle de ses opposants islamistes, laïcistes ou berbéristes est non seulement le constat d’échec politique, mais l’aventurisme sur lequel se construisent d’autres rentes, d’autres maffias et d’autres pouvoirs illégitimes sur le plan du droit et du sens républicain qui ne peut provenir que du consensus politique et juridique (Constitution) des habitants à vivre ensemble, pour un intérêt majeur commun et en liberté sous un gouvernement élu et révocable selon des modalités convenues faisant force de loi suprême pour tous sans exception.

N’est-ce pas qu’il absurde voire impossible de concevoir la liberté et son corollaire, la Constitution qui donne existence à la citoyenneté et à l’alternance démocratique, lorsque ceux qui la revendiquent exercent au niveau de leur parti l’autocratie et la présidence à vie.  Le mandarinat politique est antinomique avec la République et la Démocratie. Même du temps de la Chine archaïque et impériale les mandarins qui forment l’élite politique sont des gens qui parviennent à leur niveau social et politique par des concours et des compétitions. Leur statut est toujours remis en cause par les nouveaux prétendants. Le mandarinat impérial était une méritocratie. L’Algérie a produit des médiocraties à vie avec en sus l’arrogance et le bavardage. Dans le jargon marxiste-léniniste le mandarinat est synonyme de caporalisme. Le caporalisme signifie l’autorité politique exercée sous la tutelle des règlements militaires.  Le caporalisme signifie aussi la mise sous tutelle du peuple par la démagogie populiste et politicienne. Le caporalisme ne signifie pas toujours la présence des militaires, mais surtout celle de la bureaucratie.

Les partis politiques algériens, au pouvoir ou dans l’opposition, sont de véritables appareils bureaucratiques dont le rôle est de parler au nom du peuple pour le caporaliser et le domestiquer comme un troupeau servile à qui on donne un mangeoire qu’on remplit par l’alternance de l’offre de  de la rente et celle des coups de bâtons afin que ce peuple obéisse d’une manière ponctuelle et sans réfléchir aux injonctions des appareils.

La caporalisation est effectivement un processus de réification qui transforme une multitude diverse mue par des intérêts divergents et trouvant le compromis de vivre ensemble d’une manière dynamique voire dialectique en une foule abstraite, indifférenciée, sans lutte ni perspective que de se mouler dans une forme insignifiante et inerte.

2 – Revenir au monopole de l’Etat sur le commerce extérieur.

Louisa Hanoune ne porte pas une critique contre le régime en place et ne propose pas de solution : elle exprime la nostalgie d’un pouvoir autoritaire à l’image du bolchévisme stalinien  rendu plus sectaire par Trotski « le révolutionnaire professionnel », mais plus fragile aux infiltrations et aux manipulations des officines de l’armée et de la CIA .  A ce sujet je conseille la lecture de Denis Boneau :  « Quand la CIA finançait les intellectuels européens », étude détaillée sur la mise en place d’un réseau d’intellectuels pro américains des années 50 à nos jours dont ceux qui se réclamaient du trotskisme.  Le Trotskisme, à l’instar de son fondateur idéologique, est expert dans la liquidation de toutes les oppositions (libertaires ou révolutionnaires) par le principe même du monopole idéologique et de la caporalisation des mouvements ouvriers. Il partage avec les Frères musulmans le même principe d’entrisme politique et de collaboration de classes. Là où le frérisme et le trotskisme sont présents et alliés il n’y a plus de luttes sociales, mais collaboration avec le régime en place contre l’opposition. Encore une fois ils ne sont pas alliés des travailleurs et des salariés (ex prolétariat) mais ils sont à l’assaut des appareils pour les infiltrer et prendre le pouvoir le moment voulu en récupérant les émeutes, les révoltes, les insurrections et les révolutions populaires, mais si le vent change ils se détachent et apportent leur collaborations sous le fameux slogan opportuniste «  le soutien critique ». Donc en crise les solutions proposées sont d’ordre idéologique et traditionnel. Ni en Algérie ni en France ni ailleurs le troskisme n’a été porteur d’un véritable projet de réforme et de changement : la critique pour la critique sur le plan du discours et la collaboration conscience ou inconsciente à la stratégie géopolitique du capitalisme.

Les Algériens ne veulent pas revenir à la pénurie. Les moins jeunes savent que c’est le système ancien fondée sur la pénurie et le monopole du commerce extérieur qui sont la cause principale, à côté du déni de liberté et de justice, de l’économie informelle, du démantèlement de l’appareil industriel, et de l’émergence d’une mafia financière et économique allié du pouvoir politique. Personne n’ignore que la bataille actuelle qui se joue en cette fin de règne est celle que se livre les clans pour maintenir leur domination politique et économique et rendre impossible le changement sinon rédhibitoire en termes de vie humaine et de répression.

Louisa Hanoune a servi ce régime et s’il doit couler, elle coulera avec.

Si elle veut aider véritablement les Algériens et les élites nobles et compétentes qui sont encore en service dans l’armée, la police, la douane, l’économie, les finances, les syndicats et les entreprises elle doit s’opposer au retour en arrière et lutter pour aller de l’avant plus vite, plus sincèrement et plus efficacement.

Abstraction faite du changement radical qui se fera un jour ou l’autre, avec nous ou contre nous, dans la paix ou dans la violence, plutôt dans la paix inchaallah au lieu d’aller vers le passé il faut opérer d’urgence les réajustements suivants :

A – Interdire tout monopole et mettre tous les Algériens en situation de droit et de moyens pour exercer une concurrence selon les règles de l’art européennes.

B – Dans toute activité commercial seul le droit est arbitre tant pour délivrer un registre de commerce que pour contrôler les fraudes, la corruption et les collusions d’intérêts privés et publics.

C – Réformer le système bancaire pour que ne soient en usage et en vigueur le chèque et la carte de crédit adossés à une facture vérifiables et traçable par l’inspection des finances.

D –  Laisser les mécanismes de l’offre et de la demande faire leur œuvre dans la transparence. Nul ne doit bénéficier d’une exception, d’une dérogation ou d’un passe-droit.

E – Laisser la banque gérer les crédits et assumer les risques qui en découlent

F – Donner la garantie aux journalistes et aux enquêteurs de faire leur travail sans entraves ni pression.

G – Chaque algérien devrait s’acquitter de ses devoirs de solidarité en payant l’impôt sur le revenu, sur la fortune et sur le bénéfice. Mettre fin aux subventions et au soutien des prix. Les aides sociales sont un devoir public et citoyen ainsi qu’un droit pour les faibles et les démunis par une allocation conséquente, juste, traçable et personnalisée.

H – L’égalité des citoyens en matière d’entreprenariat et de commerce qui accorderait un financement en devises à tout demandeur, en l’état actuel des choses, est une utopie qui ruinerait l’Algérie par l’hémorragie des devises et l’absence d’une véritable culture citoyenne. Il y a deux solutions plus simples et plus efficaces sur le plan du principe, mais qui demandent une grande compétence technique et un grand engagement politique :

  • H1 – Mettre fin à la convertibilité du dinar sur le marché noir par trois mesures :
    • H11 – Ajustement du taux de change et bureaux de change accrédités et assermentés fonctionnant sous l’autorité et le contrôle de la Banque centrale
    • Le seul change « autorisé » sous forme de crédit documentaire ou autre procédure de paiement international est celui en rapport avec l’investissement ou le fonds de roulement des investisseurs dans l’industrie, l’agriculture et les nouvelles technologies
  • H2 Repenser le concessionnariat en interdisant aux Algériens d’êtres concessionnaires ou distributeurs de produits et services produits hors Algérie. En Algérie les centrales d’achat de produits étrangers doivent être similaires à celles en vigueurs dans les pays étrangers d’origine avec le respect d’au moins cinq (5) principes :
    • Les mêmes avantages, les mêmes garanties en termes de modalités de paiement, de qualité et de service doivent être assurées aux Algériens. Qu’apportent les pseudo concessionnaires Peugeot, Mercedes et Cie en termes de transfert de ce qu’on appelle « l’industrialisation des services ou la quaternisation de l’économie ». Rien ! Qu’apportent-ils en termes de qualité ? Quel est le changement par rapport à l’ex SONACOME, Rien. Par contre les incidences négatives en termes de consommation effrénée, de crédit, de nuisance écologique et d’embouteillage sont énormes… La destruction de l’industrie mécanique en Algérie est irrécupérable.
    • Les mêmes risques d’entreprises et les mêmes critères de concurrence doivent être prises par les centrales d’achat installées en Algérie. Il appartient aux Algériens de sanctionner par la loi du marché l’efficacité économique des zones commerciales « franches » installées.
    • L’Algérien, n’importe lequel, titulaire d’un registre commercial et d’une couverture bancaire ou d’un prêt bancaire, peut exercer l’activité de grossiste. Aucun grossiste ne devrait avoir le monopole sur un produit ou une activité. Aucun commerçant ne devrait échapper à la fiscalité et au contrôle des fraudes. Aucun commerçant ne devrait être autorisé, par le code du commerce et par le règlement bancaire, à accomplir une activité s’il n’en a pas les compétences techniques ou l’expérience professionnelle. Cela suppose la mise en place d’un plateau technique de formation appropriée et conséquent.
    • Faciliter la création d’entreprises et le partenariat mixte en amont et en aval des centrales d’achat étrangères et nationales aussi pour accroître l’intégration technologique, développer les services, réduire les couts en devises, se mettre à exporter et créer des emplois et de la valeur ajoutée. La fiscalité et le système bancaire, ici et ailleurs sont le principal levier.
    • Rendre les prix et les pratiques commerciales transparentes et vraies. A titre d’illustration de la fausseté : La visite de la foire internationale d’Alger suffit pour dévoiler l’absence de la participation étrangère. On ne voit que les importateurs et les distributeurs algériens sous le nom des marques étrangères et on voit la multiplication des mêmes marques et des mêmes produits dans plusieurs stands différents. Ceci dénote le niveau du respect de l’authenticité de la marque et de la propriété industrielle et intellectuelle par les opérateurs algériens.

I – Eponger et assainir le marché national en changeant de monnaie. Il faut créer un nouveau dinar et rapatrier les liquidités colossales (des milliers de milliards de dinars cachés) vers les banques et institutions financières.

J – L’Algérie devrait apprendre à travailler « normalement » c’est-à-dire sans esprit rentier. Dans chaque lieu de production de biens et de services, la productivité du travail devrait être évaluée, améliorer et payer à sa valeur. Cette valeur devrait être liée aux conditions du marché selon une péréquation simple et vérifiable à trouver et à appliquer entre la productivité du travail, le salaire moyen, le prix moyen et le revenu national pour dégager du surplus, garantir le pouvoir d’achat et accroire les performances du travail.

Observation sur la gravité de la situation

Le ministère de l’économie et des finances, les services de police, la justice et les journalistes doivent enquêter et éclairer l’opinion public sur les sources, les circuits et l’usage du change au noir. Lorsque l’argent provient de l’émigration et utilisé pour financer l’économie de la valise, l’artisanat et la petite entreprise, combler la pénurie alors des solutions transparentes et favorisant les principaux acteurs peuvent être trouvées et mise en oeuvre. Les universitaires turcs et les services spécialisés turcs sont parvenus à réglementer et à contrôler le commerce par la valise et à en faire un dispositif légal et utile sur le plan social et économique tant dans le commerce intérieur que dans le commerce extérieur avec l’Afrique du Nord, la Russie, la Pologne, la Bulgarie… Lorsque l’argent provient du blanchiment d’argent, de la corruption, des ristournes sur contrat d’importation la seule chose est le renforcement des appareils de justice et des organes de répression contre le banditisme et la fraude. Cela va au-delà de la corruption.

Il s’agit d’un véritable crime économique qui assassine le producteur, le consommateur et le percepteur des impôts. Dans la réalité des faits c’est pire qu’un crime économique car les réseaux sont tellement bien organisés et bien nantis financièrement (plusieurs milliers de milliards hors de contrôle) qu’ils sont capables non seulement de peser sur les décisions politiques et l’opinion publique, mais de lever une armée de mercenaires qu’ils peuvent puiser dans la délinquence et dans la quête de gain facile dans un pays de plus en plus réfractaire à la loi, à la vertu et à la foi. Le potentiel de mercenariat existe bel et bien et il peut être utilisé par les officines nationales ou étrangères pour des opérations de subversion, de sape, de guerilla ou de baltajia (comme en Egypte) ou de guerre civile sinon pour des mesures de pression politique et sociale pour obtenir des concessions stratégiques en termes économiques ou géopolitiques. Personne ne semble tirer les leçons sur la décennie noire et rouge… Même si le scénario pessimiste ne se réalise pas et ce que nous souhaitons, un autre scénario est déja réalisé : l’émergence d’une bourgeoisie parasitaire qui a rendu légitime l’appropriation illégitime du capital foncier, industriel, immobilier et marchand. Cette bourgeoisie n’est pas révolutionnaire comme la bourgeoisie européenne qui avait libéré les forces de production de la féodalité stérile, c’est une bourgeoisie sans culture, sans projet pour l’Algérie, c’est une classe de prédation vorace, nihiliste et cynique. Dans le cas fort probable que le président Bouteflika décède ou qu’il ne se représente plus comme candidat aux présidentielles alors un scénario est fort possible : l’argent informel peut construire des partis et financer la campagne électorale pour faire élire son homme. Il peut faire plus : payer l’électorat pour faire élire son homme et « matraquer » au sens littéral les électeurs qui s’opposent à cet homme. La suite découle de cette logique suicidaire : le gouvernement, l’APN et les APC seront phagocytés par l’argent sale. Les Gog et Magog seront les prédateurs triomphants. Toute opposition populaire, militaire ou clanique (autres forces de l’argent) ne fera que précipiter la guerre civile, car chacun n’a pas de légitimité morale et politique pour arbitrer et tous ont des prétentions d’hériter du système délabré : les uns évoquant leur puissance financière, les autres leurs relais à l’étranger, d’autres encore leur victoire sur le terrorisme islamiste. Louisa Hanoune est dans la périphérie proche du pouvoir  et elle commence à sentir la détresse qui s’empare du bateau en naufrage sans cap ni boussole ni vigie ni gouvernail ni carte…

Si les pseudo partis de gauche, convertis plus tard à l’économie de marché et à la rente politique et culturelle, avaient soutenu les travailleurs algériens, jamais les syndicats algériens n’auraient laissé l’appareil productif se faire démanteler, se faire privatiser, se mettre en ruine… Lorsque au début des années 80 l’Algérie a décidé, contre le bon sens et contre les sacrifices consentis par le peuple, à restructurer les entreprises algériennes, la gauche algérienne,  la seule présente dans les rouages économiques,  les appareils bureaucratiques  et les secteurs  industriels n’avait ni protesté ni « lutté ». L’intelligence la plus élémentaire disait pourtant que le clé en main ou le produit en main ne pouvait que nous mener vers l’impasse et qu’il fallait reconsidérer l’industrialisation en donnant plus d’importance à la fonction managériale de l’entreprise, à la concurrence, à l’algérianisation des études de conception et surtout à inverser la méthodologie de production : on ne devait plus produire pour produire, mais produire pour un marché qu’il fallait analyser, réglementer. Le potentiel de cadres et de technicien disponibles était tel que nous pouvions dès les années 80 engager le développement sur le software, les télécommunications et l’informatique tout en relançant le secteur agricole pour lequel l’industrie mécanique a été édifiée. A quoi sert de noyauter les institutions, les appareils  et les organes du pouvoir et de la communication si à la fin vous  sacrifiez les intérêts de l’Algérie pour une minable rente. A quoi ça sert d’emmener un peuple vers une guerre civile si à la fin vous livrez ses enfants et ses petits enfants à des prédateurs nationaux et internationaux.

Le seul rempart est la démocratie protégée par les syndicats revendicatifs et les partis politiques nationalistes…

Si les Algériens ne se réveillent pas maintenant, ils seront réveillés demain par le démantèlement de leur territoire.

Il ne s’agit pas de noyer le poisson dans l’eau, mais de faire des propositions de modernisation de l’économie. Avant de faire ces propositions, de les détailler et  de les revendiquer comme une solution de modernisation  ou comme une plateforme de changement salutaire il faudrait d’abord commencer par appliquer le principe de liberté et d’alternance démocratique au sein des appareils de l’opposition si elle veut être audible et crédible.

Le véritable programme de changement est bien entendu l’instauration de la liberté – liberté d’expression, de pensée, de croyances, d’entreprise – qui exclut la culture d’éradication de la différence. Une fois la liberté exercée alors les divergences et les conflits se règlent par le compromis social et politique où chacun non seulement concède à l’autre, mais apprend et prend de l’autre sans exclusive ni exclusion. C’est cet esprit libertarien qui va mettre chacun au service de tous sans dictature d’un seul contre tous ou de la dictature du tout sur une partie ou un élément. Cette culture élémentaire fait défaut dans les partis et les groupes qui revendiquent le changement et la démocratie ou l’Islam et la cité de Médine.

Louisa Hanoune à l’instar des autres  appareils idéologiques en Algérie n’est pas partisane du changement, mais du statut quo dans sa forme ancienne ou dans sa forme actuelle. L’Algérie est vraiment malade de ses élites. Pour le comprendre davantage il faut juste entendre Monsieur Chakib Khélil le prétendant « informel et presque désigné » au remplacement du Président Bouteflika : « La langue anglaise est la langue du progrès… tous les pays qui ont conservé le français sont des pays attardés ». Ce monsieur n’a toujours pas compris que la langue qui véhicule le progrès ou la décadence est celle d’un peuple  libre ou opprimé, d’une élite noble et généreuse ou d’une élite servile et imbécile. La langue ne fait que véhiculer des cultures, des idées et des valeurs, un peuple vivant fabrique ses mots et ses concepts, un peuple mort et inerte n’est même plus capable de parler sa propre langue. Ne possède t-il pas une ouïe et des yeux pour voir ce que font les Russes, les Chinois et les Allemands. Ne comprend-il pas que les pays anglophones ou francophones d’Afrique sont confrontés aux mêmes problèmes de développement socio économique et aux mêmes sequelles du colonialisme?  N’a-t-il pas médité l’histoire  pour comprendre que l’empire colonialiste français et britannique  s’inspirent de la même idéologie : le colonialisme raciste et éradicateur. La seule différence est que le français est brutal poussant à la révolte alors que l’anglais est subtil poussant à une assimilation de l’indigène.

Il ne sait toujours pas que la langue d’avenir est l’espagnol lorsque l’effondrement des USA deviendra réalité dans quelques années. Il ne sait pas que la langue arabe est celle qui porte intrinsèquement toutes les possibilités pour demeurer langue vivante alors que l’anglais a déjà épuisé son lexique et qu’il ne produit plus de vocabulaire nouveau en dehors des néologismes technologiques. Il ne sait pas encore que le débat culturel en Algérie n’est pas encore clos entre l’arabe, le français et le berbère et qu’il lui faut un temps de liberté pour exprimer tous ses rancœurs et tous ses désirs et s’apaiser pour un choix rationnel qui ne sacrifie aucun intérêt. L’école algérienne est déjà catastrophée, quelle catastrophe vient-il nous annoncer avec de nouveaux clivages linguistiques.

Ces gens là, de gauche ou de droite,  ne connaissent rien aux fondements de l’idéologie qu’ils suivent aveuglement. Ils  ne connaissent rien à l’Algérie, à ses souffrances, aux désirs de ses enfants et encore moins à l’économie et à la politique. L’esprit bien vacant laissé par la France et la culture indu occupants des indigènes de 1962 sont ancrés dans la tête minuscule de ces calamités. Lorsque ces calamités s’expriment ils donnent aux étrangers qui nous pilotent et à nous les Algériens qui endurons ce viol que l’Algérie est effectivement une « foule d’incohérences » que rien ne peut organiser ni cimenter.

 

Islamophobia et Turquie : Deus machina bis

Aujourd’hui on entend Bernard Henry Lévy appeler à une levée de boucliers pour ne pas dire une levée d’armées contre la Turquie. Cet appel n’est ni anodin ni fortuit lorsqu’on suit l’actualité de la région avec ses guerres et ses remodelages géopolitiques, lorsqu’on étudie la mise en œuvre implacable et sans relâche de la stratégie islamophobe.

BHL, surnommé  le  « VRP DE LA GUERRE », chantre de la philosophie du sinistre et du cynique, intervient toujours pour annoncer et accompagner la communication de guerre ou l’information de subversion militaro-idéologique dans le monde musulman.

Le rôle célèbre qui reste en mémoire est celui d’agent communicant dans le démantèlement de la Libye et l’assassinat de Kadhafi. Cette célébrité fut possible car les élites musulmanes indigentes sur le plan politique et cynique sur le plan moral avaient non seulement soutenu lâchement l’agression d’un pays arabe et musulman par l’OTAN, mais l’avait réclamé pour se débarrasser d’un dictateur et le remplacer par une confrérie musulmane qui servait de cobaye à l’expérimentation politico-sociale et géopolitique dans la nouvelle gestion du monde arabo-musulman. Youssef Qaradhaoui et Tarik Ramadan ont joué le rôle de pygmalion narcissique et d’interlocuteur valide sur le plan idéologique pour diaboliser l’image de Kadhafi et de Bachar Al-Assad.

BHL le « VRP DE LA GUERRE » a eu d’autres rôles de subversion militaire dans le monde musulman. Le premier et grand rôle fut celui de fabriquer médiatiquement le commandant Messaoud et lui donner la réputation mondiale de héros de la lutte contre l’empire soviétique.  Non seulement Qalb Edine Hikmathyar le véritable chef du « Jihad » fut dépossédé de son titre et de son influence dans la gestion politique et diplomatique de l’Afghanistan, mais les Pachtouns majoritaires furent exclus de la gestion de la paix et la gouvernance du pays. BHL avait réussi à mettre en place la communication subversive pour faire entrer l’Afghanistan dans une guerre civile, la montée en puissance des Talibans et l’invasion américaine. L’Afghanistan et sa région ne peuvent être gérés par la France alors se pose la question du rôle subalterne de BHL qui a agi donc pour le compte des Américains. Aujourd’hui encore on se pose la question sur l’intérêt de la France en Syrie et en Libye et les conséquences des flux migratoires qui déferlent sur l’Europe. On peut dire que la tête pensante est britannique, le corps est américain, le saltimbanque est français.

L’autre rôle maléfique sur le plan de la subversion est celui que le philosophe de la haine a joué en ex-Yougoslavie. La Yougoslavie était une mosaïque d’ethnies, de langues, de religions et de cultures adossée à l’Europe et proche de la Russie par sa composante slave et proche de la Turquie par sa composante musulmane. La Yougoslavie de Tito était presque un compromis de coexistence des grands empires européens avec l’empire ottoman. Cet ilot de pluralisme au sud-est de l’Europe ouvert à la Russie, à l’Italie et à la Turquie n’avait pas de chance de survie dans un monde dominé par la culture américaine monopoliste et hégémonique. Le démantèlement de la Yougoslavie et son atomisation puis l’intégration et la fusion de ses fragments dans l’Europe bureaucratique sous contrôle américain était donc programmé et son chemin passe par l’éclatement provoqué par une guerre civile, des nationalismes exacerbés et l’intervention de l’OTAN contre les Serbes. BHL s’est trouvé présent du côté musulman en Bosnie-Herzégovine. Il a donné une audience médiatique à Ali Izzat Begovic. On le voyait un peu partout dans les capitales européennes et on lui donnait la stature d’intellectuel puis celle d’homme politique et enfin celle de président intéressant.

Ce musulman mystique, pacifiste, philosophe, cultivé, artiste et multiculturel aimant l’Islam sans travers apologétique, respectueux du christianisme et de l’Europe, auteurs de plusieurs écrits dont notamment « L’Islam entre l’Orient et l’Occident » s’est transformé sous la houlette du philosophe agent de subversion idéologique en un partisan de la radicalisation musulmane et de l’autonomie que le wahhabisme saoudien revendiquait au Caucase (Tchétchénie) et dans d’autres parties du monde. Bien entendu les anciens conflits politiques des partisans de Izzat Begovic avec Belgrade ainsi que ses écrits de jeunesse sur l’État islamique à la lumière de l’expérience du Pakistan ont été instrumentalisés en vue de l’exacerbation du sentiment religieux et du nationalisme qui ont accompagné la volonté politique occidentale d’armer les Bosniaques puis de les présenter en victimes protégées de l’holocauste serbe sans véritable étatisation politique réelle.  BHL ainsi qu’Alain Finkielkraut qui avait pris position pour les nationalistes Croates appelleront à une levée de l’embargo sur les armes en direction des mouvements séparatistes de l’ex-Yougoslavie.

BHL a joué un rôle de subalterne médiatique, mais le chef d’orchestre était Warren Zimmermann, l’ambassadeur des États-Unis en Yougoslavie. Il avait poussé Izzet Begovic à appeler à un référendum populaire sur l’indépendance et à la reconnaissance de la Bosnie-Herzégovine en tant qu’État indépendant. Les États-Unis et l’Europe avaient reconnu l’État bosniaque née du référendum. Malgré les appels de Begovic à un État multiethnique et multiconfessionnel, la guerre avec Belgrade était inévitable. Le monde musulman avait ensuite fourni l’argent, les armes et les combattants sous le contrôle de la CIA. C’est toujours le même scénario : Les intellectuels musulmans, à l’exception de Malek Bennabi, n’ont jamais pu voir et comprendre l’absurdité et la dangerosité de la revendication d’un État islamique et tout particulièrement de celui véhiculé par le Pakistan (l’État des purs). L’incapacité à lire la géopolitique provient de l’indigence culturelle et politique qu’exploitent les Britanniques, les Français et les États-Unis. Lorsque cette incapacité se combine avec l’incompétence de comprendre l’Islam libéré des mythes et des visées politiques alors l’intellectuel musulman, le gouvernant, le peuple se trouve en danger de mort. Malek Bennabi dans la lutte idéologique a montré comment les idéologues de la colonisation cherchent et construisent l’interlocuteur valide colonisé qui va être manipulé pour servir les desseins stratégiques du colonialisme.  Izzat Begovic a été mis dans l’ambiance idéologique de l’audience médiatique qui formate les esprits et rend le formaté docile, indolent, incompétent à voir au-delà du spectacle qui cultive l’égo et nourrit les fantasmes. Il était devenu par les conditions géopolitiques et sociopolitiques un « interlocuteur valide » auprès duquel le philosophe de la mort distillait les conseils sages, avisés et bienveillants…

Après la fin de la guerre de Bosnie par l’accord de Dayton en novembre 1995, Izet Begovic est devenu membre de la présidence de la Bosnie-Herzégovine laquelle était subordonnée à un Haut représentant chargé de superviser les affaires de l’État nommé par la communauté internationale alors que la Serbie, la Slovénie, la Croatie et le Monténégro étaient devenus réellement indépendants avec une véritable présidence. Ce sont des centaines de milliers de morts et parfois des dizaines de milliers de morts issues des communautés musulmanes qui paient les déboires de leurs élites et réalisent l’ambition des communicants et des décideurs occidentaux. Izet Begovic a fini par démissionner écœuré de la supercherie.

Bien entendu on ne peut citer BHL sans citer le soutien inconditionnel qu’il avait apporté à la préparation de la guerre et à l’invasion de l’Irak par l’Amérique. Devant tant de zèle et de « réussites » de BHL on est en droit de s’interroger sur les pouvoirs de communication qu’il possède en France et sur les liens de renseignements et d’infiltration (avec les liens de logistique) qu’il possède dans les communautés musulmanes à travers le monde. Personne ne l’interpelle sur son silence au sujet du génocide des Rohingyas, des Yéménites,  et des Gazaouis. Personne ne lui demande des comptes sur le terrorisme surnommé islamique que son intervention a fait générer à grande échelle dans le monde musulman et à petite échelle en Europe.

Bernard Henri Lévy avait également défendu la « révolution » orange en Ukraine et pris position contre la Russie. Il s’est aligné sur les directives atlantistes.

Anti arabes et anti musulmans notoires en France, BHL n’existe « philosophiquement » que par son  apparition médiatique où il ne fait que valider les orientations et les politiques du sionisme et de l’impérialisme atlantistes. Si la proximité idéologique et financière de BHL avec les patrons médiatiques n’est plus à démontrer, reste alors posée la question du réseau qu’il réveille facilement et efficacement dans les pays subissant la subversion psychologique et la subversion militaire atlantiste.

Quel est le rôle assigné à Bernard Henry Levy pour saper le nationalisme et l’islamisme portés par la Turquie d’Erdogan ? La réponse est donnée par un article de BHL sur Wall Street Journal (proche de la droite ultra conservatrice américaine) du 13 août 2018 sous le titre de « NATO Should Give Turkey the Boot (L’OTAN devrait donner le coup d’envoi à la Turquie) – Ankara, helped by China and Russia, is vandalizing Western interests (Ankara, aidé par la Chine et la Russie, vandalisera les intérêts occidentaux).

Bernard Henry Lévy reprenait à son compte, avec un décalage de 10 jours, les thèses de l’américain Daniel Pipes.

Bernard Henry Lévy et Daniel Pipes à l’instar des diplomaties britanniques, américaines, françaises et israéliennes soutenaient sans retenue ni réserve Ankara participant à la guerre mondiale menée contre Damas. Ils soutenaient Erdogan présenté comme un démocrate musulman pouvant conduire la Turquie vers une intégration à la civilisation occidentale (économie du marché et de la globalisation). Il ne s’agissait pas en réalité d’un soutien, mais d’une stratégie de communication qui dévoilait son contenu et ses cibles selon les impératifs de pertinence géographique, d’opportunité temporelle et de cohérence géopolitique fixés par la gouvernance mondiale atlantisme.

Aujourd’hui et après les attaques de Trump, BHL décrit la Turquie comme pourvoyeur d’armes des groupes armées islamiques liés à Al Quaïda et DAECH, péril génocidaire contre les Kurdes… Elle ne devrait plus avoir sa place au sein de l’OTAN. Nous sommes en présence d’une communication orchestrée depuis les États-Unis. Le chef d’orchestre est Daniel Pipes.

J’ai écrit le livre « Islamophobia : Deus machina » et montré Daniel Pipes comme l’instigateur de l’Islamophobie véritable machine de guerre psychologique et militaire contre le monde musulman. J’ai notamment mis en exergue les points suivants de l’islamophobie :

  • Une haine ancienne et entretenue de l’Islam ;
  • Une mise en guerre des musulmans les uns contre les autres et les uns après les autres
  • Une connaissance de la mentalité des musulmans atomisés en fragments d’humanité errants sans orientation civilisationnelle vers l’avenir, sans culture géopolitique du présent, sans lecture lucide de leur passé
  • Une infiltration des mouvements islamiques qui demeurent infantiles et facilement manipulables du fait de la culture confrérique, du culte du chef, de l’absence de pratiques démocratiques transparentes, et de l’entêtement à refuser de tirer enseignement de leurs échecs politiques et de leurs limites intellectuelles
  • Une volonté de montrer le monde musulman et ses acteurs mis sous les feux de la rampe médiatique comme répulsifs afin de générer de la méfiance des non musulmans envers les musulmans et de la défiance des musulmans entre eux. C’est ce tableau psychologique qui permet aux armées occidentales d’ouvrir des fronts de combat contre un adversaire isolé, c’est ce même tableau qui permet de mener des combats terrifiants contre des populations civiles pour qui l’opinion occidentale ne va éprouver ni pitié ni respect ni ressentir une quelconque émotion.
  • Faire accepter l’idée du clash des civilisations entre l’Occident et l’Orient
  • Une audace de faire payer la facture de guerre et de subversion par les gouvernants musulmans eux-mêmes pour ne pas subir la « justice implacable » et conserver leur pouvoir oppressif sur les populations musulmanes.
  • Empêcher la jonction politique, économique et géostratégique entre la Russie, la Chine et le monde musulman pour que le monde demeure tel qu’il est : monopolaire sous l’hégémonie de l’oligarchie financière.
  • Réaliser les buts stratégiques : interdire toute idée d’indépendance, tuer dans l’œuf toute tentative de renaissance civilisationnelle, piller les ressources, détruire les mentalités collectives, disloquer les géographies, saper les embryons d’économie, intégrer les flux migratoires à la fois comme un procédé de guerre en vidant les pays de leur jeunesse laissant le pays sans bras armé pour la résistance (le cas syrien est le plus éloquent) et comme émergence d’un sous prolétariat en concurrence avec les prolétariats européens facilitant l’accumulation capitaliste des profits par la réduction du cout du travail.

L’accueil méprisant réservé à mon livre, l’acharnement et l’empressement des « indigènes » musulmans de France à vouloir montrer l’islamophobie soit comme une xénophobie envers les banlieues françaises soit comme une séquelle de la colonisation de l’Algérie m’a réconforté dans l’idée de l’indigence politique des musulmans, de leur quête de statut social d’intellectuel, de leur alignement idéologique qui leur permet de bénéficier d’une rente d’existence en devenant l’interlocuteur valide qui se focalise sur l’accessoire et qui évite le fondamental et les priorités.

Ceux qui veulent encadrer les populations musulmanes en Europe et aux USA ont certes des diplômes universitaires, mais il leur manque la culture politique et la vue lucide sans esprit partisan, sans démarche sectaire, et sans aliénation à la réussite mondaine. Ceux qui communiquent contre les musulmans disposent d’une culture islamophobe, d’un réseau d’informateurs et d’un savoir efficace sur le musulman africain, asiatique ou occidental. Ces communicants s’adressent aux populations occidentales non musulmanes pour les faire adhérer sinon les neutraliser dans leur combat idéologique et militaire contre les musulmans (islamistes, athées, laïques, arabes, berbères, persan, turcs et chrétiens ou juifs d’orient). La religion n’est pas le moteur, mais la civilisation qu’elle a portée ou qu’elle risque de porter. Le musulman qui entre dans le moule idéologique et qui se confine à prier, à faire le pèlerinage et à porter barbe et gandoura n’intéresse pas les laboratoires de la psychologie sociale et de la guerre subversive. Celui qui rêve ou qui porte un projet de réforme, d’éveil et de mise en travail des peuples est ciblé pour être mis en silence, mis à l’oubli ou mis à mort.

Daniel Pipes n’est pas un abruti, c’est un intellectuel hautement qualifié et très compétent qui apporte une efficacité sur le plan de la communication et des études orientalistes au service du sionisme et de l’Empire. Il est titulaire d’un doctorat en littérature à Harvard et d’une post graduation sur l’histoire médiévale de l’islam, il est également titulaire d’un doctorat en Charia islamique à l’université d’Al Azhar au Caire. Il parle anglais, français et arabe. Il enseigne dans plusieurs universités. Il collabore avec les Affaires étrangères et la défense des USA ; Il travaille avec les doctrinaires américains de la géopolitique tels que Robert Strausz-Hupé. A titre de comparaison, quelles sont les lettres de créances des conseillers des savantissimes religieux de l’Islam ? Quelles sont celles des musulmans militant en France ? Soient-ils ne parlent pas bien le français soient ils sont dans l’ignorance totale de l’histoire, de la culture, de la géographie, des mœurs, de la religion et de la sociologie de la société française.  Pour la majorité d’entre eux la France est un terrain vague sur lequel ils pensent pouvoir faire paître tranquillement le troupeau qui les suit.

Daniel Pipes mobilise, préside et anime des cercles d’intellectuels, de journalistes et d’artistes au service du sionisme et de l’Empire américain. Il intervient quotidiennement sur les plus grands titres de la presse écrite, de la radio et de la télévision. Il est parrainé par les ultra conservateurs américains et israéliens à Washington et à Tel-Aviv. Comme Bernard Henry Lévy il est juif et tous les deux affichent leur judaïté, leur haine de l’Islam et leur mépris pour les Palestiniens et en particulier pour les mouvements indépendantistes palestiniens. Être Juif n’est ni une tare ni un châtiment divin, mais une garantie supplémentaire pour se protéger au nom de l’antisémitisme. On accuse facilement les Juifs de tous les maux de la planète, cela fait diversion et surtout cela cache l’oligarchie financière qui prend les décisions sérieuses. Les Chrétiens d’Orient et de Russie savent mieux que quiconque la puissance maléfique du Temple satanique et des évangélistes éradicateurs qui attendent l’Apocalypse et le retour de Jésus. Plus que le pouvoir de l’argent, il y a le pouvoir spirituel sur l’humanité avec à sa base l’usurpation et l’imposture du mythe rédempteur de Jésus Christ. Le général Greig, canadien, a écrit un livre, je crois qu’il s’appelle “l’échiquier” où il décrit la puissance et le maléfice de l’Église (ou de la Synagogue) satanique aux USA. L’idéologie satanique est la lutte contre l’humain dans ce qu’il a de plus noble et la promotion de ses vices les plus abjects. L’idéologie apocalyptique, d’inspiration biblique, vise à  gommer toutes les différences et à domestiquer une humanité pour qu’elle soit assujettie aux ordres et au service d’une élite « supérieure » (les élus). C’est revisiter le fascisme qui se libère du credo nationaliste pour celui de l’universel et de la mondialisation. Vatican II allait dans ce sens aussi avec des objectifs moins radicaux : évangéliser toute la planète et tolérer l’Islam comme religion païenne asiatique dans le cadre du dialogue des civilisations. DAECH est de la même idéologie donc de même inspiration…

Une parenthèse mérite d’être ouverte sur l’islamophobie de Daniel Pipes, ce n’est pas une islamophobie primaire, c’est une islamophobie élaborée et efficace comme il dit lui-même :

« … l’islam radical est le problème et l’islam modéré, la solution. Mon point de vue présente, entre autres avantages, d’envisager une coopération avec les musulmans anti-islamistes ».

C’est le schéma directeur de la lutte antiterrorisme islamique : rendre les musulmans des collaborateurs et des délateurs. C’est ce canevas qui a laissé les Frères musulmans parvenir au pouvoir en Égypte et en Turquie ou jouer un rôle majeur en Syrie et au Yémen. C’est ainsi que Daniel Pipes publiait des articles prônant le soutien à l’Irak contre l’Iran. Ce n’est pas l’Iran et le chiisme qui posent problème, mais la révolution islamique et l’éviction du Shah d’Iran.  C’est l’Amérique et ses idéologues qui décident qui est le bon et le mauvais musulman, qui est le modéré et l’extrémiste. Le musulman n’est pas autonome dans ses décisions ni libre dans son projet d’émancipation. Même l’athée et le laïciste du monde musulman ne doit voir que sous l’œil observateur et sous l’esprit inquisiteur de l’Amérique. C’est ce mode de pensée qui permet à l’intelligence américaine de trier entre la bonne gauche et la mauvaise, la bonne droite et la mauvaise. Tout est analysé du point de vue utilitaire et provisoire. C’est l’idolâtrie des temps post modernes… Cette idolâtrie est le creuset idéologique et spirituel de Daniel Pipes :

« L’ordre mondial qui se profile sera-t-il celui de l’empire universel américain ? … La mission du peuple américain consiste à enterrer les États-nations »

Toute la rhétorique de Bernard Henry Lévy est déjà conceptualisée et communiquée au préalable par Daniel Pipes qui a un réseau efficace en France pour mobiliser et communiquer sur tout projet de guerre impériale dans le monde musulman. C’est ce réseau qui a pris en charge Sarkozy pour la Libye, Hollande et Macron pour la Syrie et qui est en train de prendre la direction de la communication pour la Turquie. Ce n’est pas les propos de BHL qu’il faut suivre et analyser, mais bien ceux de Daniel Pipes. Le mieux serait de suivre et d’analyser les illuminés d’Amérique.  Ils sont les concepteurs et les communicants des mots d’ordre ravageurs et des feuilles de routes opérationnelles sous-jacentes à leurs concepts : « islamophobie », « Nouvel antisémitisme », « Militants de l’islam », « la théorie moyen-orientale du complot ». Avant que la France ait eu l’idée de créer le CFCM et le concept d’Islam de France, Daniel Pipes avait déjà lancé l’idée de création d’un « Institut américain de l’Islam Progressiste » début des années 2000 . Daniel Pipes a construit un réseau dense et efficace de musulmans zélés, arabes et non arabes, par le forum du moyen Orient qui permet de fédérer les opposants à l’Islam et les sympathisants idéologiques de l’Amérique. Il est aussi très influent dans la sphère intellectuelle et médiatique en Allemagne, en France et en Angleterre.

Contentons-nous ici et maintenant de rapporter quelques analyses et quelques recommandations de Daniel Pipes pour rendre la Turquie obéissante et servile, et probablement faire partir Erdogan et changer de régime en redonnant à l’armée le pouvoir qu’elle a perdu sur injonction américaine qui avait besoin d’un allié conjoncturel sunnite pour mener sa guerre contre l’Iran,  pour partitionner la Syrie en quatre ou 5 émirats et régler définitivement la question palestinienne. Voici ce que dit Daniel Pipes en substance après avoir posé la question essentielle : « L’affirmation selon laquelle la Turquie s’éloigne de l’Occident appelle plusieurs questions : au-delà des beaux discours, quelle est la réalité de l’alliance atlantique en 2018 ? La Turquie devrait-elle rester membre de l’OTAN ? L’OTAN a-t-elle encore une mission à l’ère post-soviétique ? Et si oui, laquelle ? » : Son diagnostic est le suivant

  • Les réponses les plus pertinentes consistaient à dire que l’OTAN devait certes, continuer à exister et à mobiliser ses moyens de défense contre la nouvelle grande menace totalitaire qu’était l’islamisme. Les fascistes, les communistes et les islamistes diffèrent sur bien des points mais ils ont en commun ce rêve d’une utopie radicale fabriquant un être humain supérieur dont l’existence a pour but de servir son gouvernement. Le nouvel ennemi islamiste a acquis une importance planétaire au moment même où l’ennemi initial (URSS) était vaincu…
  • La menace islamiste : Cette menace était alors surtout le fait de deux pays, l’Afghanistan et la Turquie, qui représentaient pour l’OTAN deux défis sans précédent, le premier externe et le second interne… Le programme nucléaire iranien, qui est désormais en marche pour la fabrication de bombes dans les dix prochaines années, constitue le problème le plus funeste particulièrement quand on prend en compte la présence à Téhéran d’un régime apocalyptique et la possibilité d’une attaque à impulsion électromagnétique… Le gouvernement turc menace de faire déferler sur l’Europe des vagues de réfugiés syriens. Il entrave les relations de l’OTAN avec des alliés proches comme l’Autriche, Chypre et Israël. Il a soutenu le retournement de l’opinion publique turque contre l’Occident, particulièrement contre les États-Unis et l’Allemagne. À titre personnel, il m’est devenu impossible (à l’instar d’autres analystes observateurs de la Turquie) de ne serait-ce que changer d’avion à Istanbul par crainte d’être arrêté et jeté en prison pour servir d’otage et de monnaie d’échange avec un criminel turc réel ou imaginaire se trouvant aux États-Unis. Rendez-vous compte : la Turquie, un soi-disant allié, est le seul pays au monde où je crains d’être arrêté à mon arrivée…
  • Erdoğan a pratiquement rejoint l’Organisation de Shanghai qui fait office de pendant russo-chinois de l’OTAN. Les troupes turques ont participé à des exercices communs avec les armées russe et chinoise. Plus significatif, les forces armées turques sont en train de déployer le système de missiles antiaériens russe S-400
  • La Turquie anti-OTAN, anti-occidentale et dictatoriale : Le pouvoir d’Erdoğan s’est construit sur la nature despotique de l’islamisme : trucage d’élections, arrestations de journalistes dissidents sur présomption de terrorisme, création d’une armée privée, SADAT, usage de la torture par la police et organisation d’un coup d’État.
  • Le gouvernement turc soutient Téhéran de plusieurs manières : aide au développement du programme nucléaire iranien, soutien à l’exploitation des champs de pétrole iraniens, aide au transfert d’armes iraniennes vers le Hezbollah et soutien conjoint au Hamas.
  • La Turquie dénature l’OTAN : Outre son hostilité, la présence turque à l’OTAN dénature l’Alliance. L’OTAN devrait lutter contre l’islamisme. Or, avec des islamistes présents dans la place, comment l’Alliance atlantique pourrait-elle agir de la sorte ?

Les préconisations de Daniel Pipes : L’OTAN se retrouve face à un dilemme qu’il faut trancher : soit exclure la Turquie, option que je préconise, soit la garder, option que l’OTAN privilégie instinctivement.

  • Exclure la Turquie : Mon argumentation repose sur le fait qu’Ankara pose des actes hostiles à l’OTAN, qu’elle n’est pas un allié et qu’elle empêche le nécessaire recentrage de l’action atlantique sur l’islamisme. En somme, la Turquie est le premier État membre à passer dans le camp ennemi où il se peut qu’elle demeure longtemps… il faut se demander pendant combien de temps la Turquie restera islamiste et dictatoriale, et s’apparentera à un État voyou. Au vu du sentiment anti-occidental qui règne largement en Turquie, je pense qu’il faut que l’OTAN soit libre d’être ce qu’elle doit être.
  • Sinon… il existe plusieurs mesures propres à diminuer les relations avec Ankara et à réduire le rôle de la Turquie dans l’OTAN.
    • Abandonner la base aérienne d’Incirlik… Il existe une foule d’autres sites, par exemple, en Roumanie et en Jordanie. Selon certaines sources, ce processus est déjà enclenché…
    • Retirer l’arsenal nucléaire américain… Retirer l’arsenal nucléaire américain… stopper les ventes d’armes.
    • Ignorer l’article 5 et les autres demandes d’aide.
    • Garder l’OTAN à distance de l’armée turque.
    • Aider les opposants à la Turquie. Il faut soutenir les Kurdes de Syrie ainsi que le projet de plus en plus clair d’alliance entre la Grèce, Chypre et Israël. Il faut par ailleurs coopérer avec l’Autriche.

C’est un programme de guerre punitive contre la Turquie. BHL et les réseaux médiatiques français vont mâcher et recracher ce programme sans le digérer. Ils n’agissent pas pour les intérêts  de l’État français, mais pour le compte de l’Empire. Ils ne connaissent pas la feuille de route à long terme, ils communiquent à court terme et font office de vassalité envers leur donneur d’ordre avec qui ils partagent la même haine, celle de l’Islam, et le même amour, celui d’Israël. Daniel Pipes ne communique pas du fait de la complaisance ou de la proximité des médias américains, il analyse et conseille l’établissement politique et militaire américain ainsi que l’état profond américain ultra conservateur et messianique. Son organisation se réunit avec l’administration de l’OTAN. Les extraits que nous venons de citer sont l’analyse qu’il a développé pour le compte de l’OTAN et de la Maison Blanche.

Erdogan prisonnier de son narcissisme et de l’entrisme opportuniste des Frères musulmans n’avait pas compris que les États-Unis n’ont pas d’alliés, mais des vassaux. Ces vassaux ne sont pas égaux sur le plan de la servitude, ils doivent être regroupés par zone et mis sous le commandement d’un chef de zone. Pour le Moyen-Orient il y a un adjudant-chef c’est Israël, le second exécutant est le sergent-chef alias Arabie saoudite. La Turquie devrait se contenter de la troisième place de caporal-chef. Il n’y a pas de place à l’ambition néo-ottomane. Il est extraordinaire de voir comment la gauche dans les pays musulmans, via le trotskisme et autres organisations pseudo progressistes s’est mobilisé pour dénoncer l’empire ottoman et mettre en exergue le despotisme ottoman sans jamais remettre en cause les errements d’Erdogan en Syrie ni faire une analyse objective de la Turquie sur la dernière décade (économie, monnaie, société) et encore moins admettre le rayonnement civilisationnel de la Turquie ottomane sur le reste du monde. Atatürk est l’idole des progressistes arabes qui n’ont jamais mis les pieds en Turquie et qui ne connaissent pas l’humiliation du peuple musulman turc obligé de vivre son islamité en clandestinité et de porter contre son gré les vêtements européens et d’écrire sa langue natale avec des caractères latins. Les Frères musulmans n’avaient pas compris et ne comprennent toujours pas comment ils sont utilisés comme pion sur l’échiquier mondial dans ce que les Américains appelle le chaos fécondateur ou la régression féconde pour remodeler les nations et les régions par les contradictions et les violences.

L’ambition d’Erdogan ne repose pas principalement sur l’islamisme, mais sur le nationalisme turc. Le nationalisme turc est chauvin, mais efficace car il repose sur une population laborieuse, fière de son passé et désireuse de s’imposer dans la région en tant que nation prospère et civilisée. Dans cette crise avec l’Amérique c’est le nationalisme et l’anti américanisme très vivace dans la Région qui sont les moteurs du gouvernement turc pour juguler la crise monétaire et la guerre économique. Erdogan est un animal politique suffisamment cultivé et fortement ambitieux capable donc de transformer son pays en bloc de résistance et de former des alliances stratégiques préservant les intérêts de la Turquie et la survie de son régime. Il faudrait d’abord qu’il prenne conscience des véritables enjeux économiques et de la nature de la crise de sa monnaie qui est d’ordre structurel par son alignement à l’économie mondiale avec ses spéculations boursières et l’usage exclusif du dollar. Il devrait le plus rapidement possible trouver des solutions sérieuses et durables avec la Syrie et avec les Kurdes et s’ouvrir comme partenaire fiable à la Russie, à l’Iran, au Pakistan, à la Chine, à l’Inde. C’est au Européens de prendre leur avenir en mains : se maintenir bienveillant en Turquie avec un marché de 100 millions d’habitants et s’ouvrir avec courage et détermination à l’Iran avec un marché de 80 millions d’habitants ou bien suivre aveuglement l’administration américaine et les relais médiatiques européens des think tanks apocalyptiques.

Notre lecture de l’actualité à travers le regard de Daniel Pipes nous invite à aborder deux aspects du problème posé à la Turquie. Le premier problème est celui de Donald Trump. Lorsqu’on l’examine sérieusement et avec beaucoup de recul, il ne s’agit pas d’un problème, mais d’une providence, d’une aubaine, d’une chance : l’Amérique se dévoile tel qu’elle est sans les lissages diplomatiques et avec la brutalité de Trump. Cette brutalité devrait inciter les gouvernants sensés et les peuples éveillés à chercher des alliances régionales, à donner plus de liberté et de confiance à leurs peuples et à créer toutes les conditions pour l’émergence d’un monde bipolaire ou multipolaire s’ils veulent garantir la paix et la sécurité. Le second problème est celui posé par Daniel Pipes : l’OTAN est l’arme de la civilisation occidentale dans sa forme capitaliste et post moderne. Le maintien de la Turquie pose un problème de conscience morale et civilisationnelle : comment admettre que la Turquie l’un des plus grands pays musulmans et de surcroît émergent en termes de développement social et économique puisse être la seconde armée la plus puissante de l’OTAN alors qu’elle devrait être, par les principes islamistes, au service des opprimés ou du moins un renfort ou une alliance  pour les pays émergents de la Région. Il faut dire merci à Daniel Pipes de poser les problèmes d’une manière logique et merci à l’Europe de refuser l’intégration de la Turquie pour les mêmes motifs civilisationnels et idéologiques (religieux). Erdogan et les Frères musulmans dans tous les pays où ils sont fortement implantés ne veulent pas changer le monde, mais s’intégrer dans le monde du plus fort et servir la bourgeoisie d’affaires qui gravitent dans leur sillage confrérique et partisan. L’exemple le plus flagrant est celui des Frères musulmans en Algérie : un appétit mondain et un gout pour le pouvoir. Les États-Unis connaissent cet appétit et ce gout et  sont disposés à jouer la carte de l’islamisme « modéré » qui  facilite le jeu américain. Le jeu américain n’est pas subtile, il consiste à mettre en compétition le pouvoir en place et les Frères musulmans pour obtenir le maximum de concessions économique, politique et géostratégiques.

Ce qui se dit comme ce qui se passe est instructif et nous donne les repères pour voir l’évolution du monde musulman : libération ou aliénation.

Le jeu américain ne se limite pas aux Frères musulmans, il est ouvert aux libéraux et aux progressistes dont il connait le poids politique et l’influence sociale très limitée et à ce titre Daniel Pipes et les décideurs américains et leurs alliés européens ne leur suggèrent que des projets de socialité pour détruire la mentalité collective conservatrice : liberté sexuelle, homosexualité, théorie du genre, égalité des sexes, abolition du code de la famille. En direction de la  gauche anglaise ils suggèrent le Brexit, la fermeture des frontières aux réfugiés et la tolérance zéro vis à vis des communautés musulmanes.

Il n’ y a pas de complotisme, mais une politique d’actions et d’influences sur l’environnement pour l’adapter à ses impératifs politiques, économiques, culturels, financiers, juridiques, diplomatiques et géopolitiques. Est-ce que les gouvernants et les opposants sont prêts à faire une lecture des enjeux et de réfléchir aux réponses les plus adaptés pour se protéger et résister?

Omar MAZRI – liberation-opprimes.net

Pour une question de sous les USA se seraient retirés de l’accord sur le nucléaire iranien

Par Dmitry Orlov – Le 11 mai 2018 –
Source Club Orlov traduit par le Sacer francophone

Voici une perspective autour de la décision de Trump de se retirer de l’accord JCPOA, c’est-à-dire l’accord sur le nucléaire iranien, qui n’a certainement pas assez de temps d’antenne. Tout n’est qu’une question d’argent. Après la révolution iranienne de 1978-1979, Jimmy Carter a gelé les actifs de l’Iran aux États-Unis. Depuis lors, les États-Unis conservent entre 100 et 120 milliards de dollars d’actifs iraniens, qui ont généré des loyers et des intérêts. Après la signature de l’accord JCPOA, qui stipulait la levée des sanctions contre l’Iran, Washington a fait de son mieux pour se débarrasser de ces actifs, mais ils auraient dû être rendus aux Iraniens tôt ou tard… à moins que les États-Unis ne se retirent de cet accord, ce qui vient d’être fait.

Il est très important de noter que ces actifs iraniens gelés sont libellés en dollars américains. Et quelle serait la première chose que les Iraniens feraient en reprenant le contrôle du magot ? Mais c’est bien sûr, ils le convertiraient hors de la devise américaine. C’est une exigence inscrite dans la loi iranienne : aucun dollar américain n’est autorisé à être détenu, et personne en Iran n’a le pouvoir de changer cela même s’il le voulait. Selon les Iraniens, les responsables américains ont plaidé auprès des Iraniens pour qu’ils ne liquident pas leurs avoirs libellés en dollars, mais que les Iraniens leur ont dit que personne n’avait l’autorité pour changer cette loi.

Une liquidation soudaine de cette ampleur aurait creusé un trou irréparable dans le système dollar, qui dépend de sa capacité à vendre d’énormes quantités de bons du trésor américain sur le marché international. La liquidation iranienne des actifs en dollars serait arrivée à un moment où les États-Unis ont un besoin urgent d’acheteurs étrangers de leur dette, la demande est faible et la liquidité chez les gros acheteurs de la dette américaine est à son plus bas historique. Cela aurait suffi à déclencher une ruée sur le dollar américain, tout le monde vendant ses bons du trésor. Cela pourrait mener à l’effondrement de tout le système qui permet aux États-Unis de faire les poches du reste du monde en l’obligeant à racheter continuellement sa dette.

Ainsi, la décision de Trump de se retirer de l’accord JCPOA est une tentative de retarder l’inévitable. Les États-Unis s’achètent un peu plus de temps. C’est un mouvement qui sent la peur et le désespoir. En prenant cette mesure, Washington devient le grand perdant : personne ne voudra plus négocier d’accord avec les Américains maintenant qu’ils se sont montrés incapables de les respecter. D’un autre côté, il semblerait que l’Iran ne sera pas beaucoup frappé par ce développement ; ce pays vit déjà sous un régime de sanctions sous une forme ou sous une autre depuis 40 ans et s’en porte plutôt bien malgré lui.

Et puis il y a des gagnants. Avec toute l’incertitude géopolitique que cela entraîne, les prix du pétrole remontent. Grâce à la hausse des prix du pétrole, l’industrie de la fracturation hydraulique aux États-Unis aura enfin la possibilité de commencer à rembourser sa dette massive (ils ont à peine réalisé un centime de bénéfice réel jusqu’à présent). Et, bien sûr, c’est une excellente nouvelle pour Poutine & Co pour la gestion de leur banque centrale [et augmenter les réserves d’or, NdT]. Avec le pétrole fournissant une fois de plus un flux massif de recettes fiscales, le plan ambitieux de Poutine sur six ans visant à améliorer considérablement le niveau de vie de tous les Russes sera facile à financer.

Les détenteurs de la dette américaine dans le monde auront une chance de se dé-dollariser graduellement au lieu de le faire soudainement et de manière catastrophique. De nombreux pays, la Chine en particulier, ont été très actifs dans la négociation de swaps de devises entre eux pour éviter d’utiliser le dollar américain dans le commerce. Ces arrangements les protégeront des malheurs liés au dollar lorsque le système pyramidal de la dette américaine s’effondrera finalement. Les États-Unis eux-mêmes ne seront pas aussi chanceux : lorsque les bons du Trésor des États-Unis vont plonger, la capacité de dépense du gouvernement américain s’évapora.

Et puis les 1,3 trillions de dollars en circulation dans le monde entier (la plupart sous forme de billets de 100 dollars que les Américains voient rarement) reviendront. Les acheteurs étrangers, armés de boisseaux de billets de 100 dollars, fondront sur les États-Unis comme des sauterelles, achèteront tout ce qui n’est pas coulé dans le béton, et tous les actifs négociables. Une fois cette frénésie finale terminée, personne ne saura ou ne se souciera beaucoup de ce qui se passe aux États-Unis, tout comme personne ne savait ou ne se souciait beaucoup de ce qui se passait dans l’ex-URSS dans les années 1990 : « Plus personne n’y va, c’est trop dangereux. »

Vous devriez certainement vous sentir libre de croire Donald Trump quand il dit que sa décision de violer l’accord JCPOA est basée sur le fait que l’Iran essaye de construire une bombe nucléaire. (Un fait ? … Désolé, les faits exigent des preuves, et il n’y en a pas en dépit du régime d’inspection le plus invasif de l’histoire.) Mais les preuves qui existent vont dans une direction différente. Les États-Unis avaient l’habitude de bombarder des pays (Irak, Libye) qui tentaient de quitter le système du dollar. Maintenant, ce pays refuse simplement de leur rendre leur argent et ment sur les raisons. Cela peut fonctionner une ou deux fois, mais finalement le monde dira : « Tu peux garder ton argent pourri ; ferme-la et va-t’en ».

Dmitry Orlov

Dmitry Orlov est l’auteur de l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

Traduit par Hervé, relu par Cat pour le Saker Francophone

False flag contre Israël, true flag contre l’Iran.

L’entité sioniste viole l’espace aérien syrien et mène des attaques de faible intensité contre des cibles syriennes et contre des forces présumées alliées de l’Iran et du Hezbollah. Elle espère créer les conditions médiatiques et diplomatiques pour une confrontation américaine globale contre l’Iran, le Hezbollah et la Syrie avec l’intervention directe des  Européens et de l’OTAN arabe. Nous devons suivre les événements sur deux axes.

A- L’axe civilisationnel

Il s’agit d’un processus structuré et planifié depuis longtemps. Il s’agit pour l’Empire et le sionisme de manifester deux haines. Une haine contre la Russie avec ce qu’elle représente comme civilisation ancienne, culture, slavité et Église orthodoxe et ce qu’elle porte comme projet de réactualisation de la route de la soie (Eurasie) qui risque de mettre fin à l’hégémonie occidentale. Une haine contre l’Iran avec ce qu’elle représente comme civilisation perse, culture, islamité et chiisme d’une minorité préparée au martyr et détenant la conscience politique et géopolitique la plus aigüe du monde musulman.

Il s’agit de réaliser deux objectifs. Contenir la Russie dans ses frontières et l’aligner au rang de vassal ou au pire la laisser se débattre dans les problèmes socio-économiques générés par l’effondrement de l’URSS. Faire revenir l’Iran à la vassalité du Shah d’Iran ou la renvoyer à l’âge de pierre. Le narcissisme occidental ne peut concevoir que les sous-développés, les musulmans et tous ceux qui ont réalisé une révolution pour s’émanciper de la féodalité ou du colonialisme puisent disposer de leurs ressources, acquérir les technologies et les techniques avancées, décider de leur devenir et jouer un rôle libérateur ou apporter un soutien aux mouvements de résistance.

La haine contre les civilisés et la poursuite d’objectifs destructeurs s’inscrit dans la démarche logique de survie du système impérial qui vit dans la hantise de perdre son hégémonie.

Contre le communisme chinois, l’empire colonial a édifié les cinq dragons du Sud-est asiatique dont la grande réussite est Singapour avec ses places financières et son régime dictatorial et il a introduit la drogue en Chine. Aujourd’hui il tente de mener une guerre commerciale contre les Chinois qu’il n’est pas prêt de remporter, car la loi du profit capitaliste et du marché est en faveur de la Chine dont les standards de prix, de compétitivité commerciale et de normes techniques et technologiques surpassent ceux du capitalisme.

Contre la renaissance russe, il joue sur le Vatican, le marché, et les guerres là où la Russie est présente ou influente comme en Géorgie, Crimée et Ukraine. Mieux préparés que les Américains au « soft powerment » de Brezinski et à la guerre de 4ème génération du Pentagone, les Russes parviennent à contenir les Américains et à marquer des points.

Contre l’Iran qui parvient à résister économiquement et à développer de la technologie militaire et nucléaire malgré l’embargo américain et européen, les Occidentaux ont usé et abusé de la guerre subversive et des sanctions commerciales et financières. Dans l’environnement iranien ils ont créé artificiellement des places financières, des économies de loisirs, des asiles de blanchiment d’argent, des marchés immobiliers factices. Ils ont armé le wahhabisme sectaire et stupide et l’ont dirigé vers un affrontement idéologique et militaire contre l’Iran en Syrie et au Yémen comme ils l’avaient fait contre l’URSS en Afghanistan.

La culture narcissique et agressive, structurelle, ne pouvait ni honorer les engagements de l’accord sur le nucléaire iranien en levant les sanctions ni respecter cet accord sans le transgresser ouvertement et unilatéralement comme l’a fait l’establishment américain à qui Trump obéît sans réserves ni scrupules. Les Européens, sur la forme et pour leurs intérêts corporatistes, regrettent le retrait des USA de cet accord qui permettait à leurs entreprises de réaliser des profits et à leur diplomatie de tenter d’amadouer les Iraniens. Sur le principe, les forces qui contrôlent les médias, les think tanks, les principaux appareils politiques sont favorables à l’Amérique et à l’entité sioniste. Ils vont profiter des « false flags » israéliens ou « islamistes » pour mener une campagne de guerre idéologique et militaire contre la Syrie, l’Iran et le Hezbollah. Ils vont bénéficier des largesses des Saoudiens convertis à la prostitution au service des experts en extorsion de fond, en proxénétisme politique et en mercenariat militaire.

B – La dénonciation de l’accord avec l’Iran

La dénonciation de l’accord avec l’Iran s’inscrit en prolongement du premier axe civilisationnel. Sur le plan actuel, elle s’inscrit dans la défaite de la guerre en Syrie. Les USA, Israël, l’Europe et les Arabes ont perdu la guerre sans réaliser le moindre de leurs objectifs contre la Syrie et le Hezbollah. Ils achèvent la guerre sans possibilité de participer aux projets de reconstruction qui vont demander 200 milliards de dollars et 20 ans de réalisation. En plus des gains perdus face aux milliards de pertes, il y a aussi la perte d’influence dans la région et l’impossibilité de créer des lobbys d’affaires pour garantir la présence culturelle, idéologique et économique de l’Occident en Syrie.

Sur le plan pratique les États-Unis, les Français, les Anglais et les Allemands sont donc d’accord sur l’essentiel de la dénonciation ou de la révision de l’accord. Ils ne sont pas d’accord sur la forme brutale de Trump.

Dans leur entente il s’agit de :

1 – Interdire à l’Iran la poursuite de ses recherches en matière non seulement de nucléaire, mais de sciences et de techniques avancées (nanosciences). Nul ne peut développer aujourd’hui les technologies électroniques, médicales, biologiques, agronomiques, militaires s’il n’a pas accès aux nanosciences. A titre d’exemple, aucun pays ne peut fabriquer des appareils de vision nocturne, civile ou militaire, s’ils ne disposent pas des sciences, des composants et des techniques du laser. Assurer l’indépendance de son pays c’est non seulement produire sa nourriture et ses armements, mais c’est surtout maitriser les nanosciences et les nanotechnologies, c’est-à-dire les possibilités et les savoir-faire de modifier la matière dans sa structure la plus petite et l’utiliser dans tous les domaines y compris dans la physique, la chimie, la biologie, la génétique. L’importation des choses ne garantit aucune indépendance et aucun progrès. La garantie est de produire les outils de la connaissance et de maitriser le know how produit et le know how production. Les produits achetés par les Arabes sont assemblés de telle manière que la suprématie de l’entité sioniste reste incontestable et que les Arabes puissent s’entretuer sans qu’il n’y ait de vainqueur ou de vaincu. Le vainqueur pouvant exiger plus de sa victoire et le vaincu pouvant se mettre à réfléchir sur les causes de sa défaite.

2 – Interdire à l’Iran la production des missiles de longue portée. Tout arme balistique pouvant atteindre les armées et les centres stratégiques de l’Arabie, de l’entité sioniste et des bases américaines dans le Moyen-Orient est interdite. L’Iran doit démanteler son arsenal balistique et surtout son industrie militaire et ses centres de recherche.

3 – Obtenir l’engagement de l’Iran à n’apporter aucun soutien tactique ou stratégique aux Syriens, au Hezbollah, aux Houtistes du Yémen, au Jihad islamique et au HAMAS de Palestine.

4 – Obtenir l’engagement de l’Iran à se désolidariser des mouvements de résistance au Liban, en Afghanistan, au Yémen et en Palestine. Il s’agit tout simplement de demander à l’Iran de renier sa doctrine idéologique et sa révolution sachant que ce reniement fera tomber le régime ou fera naitre une guerre civile en Iran.

5 – Obtenir l’engagement de l’Iran à ne plus demander la fin de l’État sioniste et d’intégrer le camp des Arabes « modérés » qui vont constituer le club des « amis d’Israël » et la force financière et militaire de l’OTAN arabe qui agira à la place de l’OTAN et des casques bleus dans les pays musulmans et africains.

6 – Obtenir l’engagement de l’Iran à ne pas mettre en péril les voies maritimes par où transitent les hydrocarbures des Arabes et les armées de l’Empire. L’Iran doit tout simplement revenir à son rôle de gendarme et de comptoir commercial colonial comme il l’était au temps du Shah.

7 – Obtenir l’engagement de l’Iran à laisser le Yémen se transformer en colonies pour les monarchies arabes et en pipelines pour le capitalisme.

8 – Obtenir l’engagement de l’Iran à cesser leurs attaques médiatiques contre le « grand Satan » et à ne plus pratiquer ou développer les mesures de guerre électronique contre l’Occident qui peut pénétrer et accéder aux centres névralgiques militaires, sécuritaires et aux réseaux sociaux sans résistance.

Ces demandes à l’Iran sont celles des Américains et des Européens. J’ai du mal à imaginer l’Iran en accepter une seule à moins de signer sa propre fin ou de faire une « révolution » contre le Guide suprême de la révolution islamique et les Gardiens de la Révolution.

Les Chiites et les Sunnites, les Arabes, les Turcs et les Perses, ont pourtant l’immensité du territoire et des ressources pour faire émerger non pas d’autres Singapour mais d’autres Ispahan, d’autres Istanbul. Avec la Russie et la Chine ils peuvent innover d’autres voies de développement et d’autres modèles de civilisation. Il faudrait que dans la région, le même projet de libération les anime et les rassemble. Les insensés arabes vont une fois de plus participer à la haine et à la réalisation des objectifs des Occidentaux en mobilisant leurs fortunes, leurs médias et leurs religieux. Les Arabes en particulier et les sous-développés en général ne souffrent pas d’un déficit de moyens et de ressources, mais de l’esprit de sens et du sens de la liberté et de la dignité. La rente pratiquée durant des siècles par des gens ignorant leurs devoirs finit par produire des classes sociales parasitaires et gabegiques et faire promouvoir des élites qui enfoncent leur pays dans l’arriération et la vassalité.

Dans cette période de domination des psychopathes on peut citer le psychanalyste Jung :

« Pour ne pas décevoir la vie, deviens ce que tu dois devenir ».

Chacun va aller vers son destin. Les Russes doivent accepter la confrontation, les Chinois aussi, les Iraniens ne vont pas reculer. Les Européens vont s’aligner sur l’Amérique. L’effondrement du système mondial est inévitable, il laissera de grandes destructions et de grands ravages. L’humanité a survécu à la seconde guerre mondiale, elle survivra à la troisième, l’empire n’y survivra pas, c’est une question de nécessité historique.

Quels choix iraniens face au cowboy justicier ?

La riposte iranienne à la déclaration de guerre américaine sera de quelle manière ? Telle est l’énigme de ce printemps 2018. Les iraniens ne sont pas pris à l’improviste, car ils savent, par leur culture et leur idéologie, que leur adversaire américain est foncièrement déloyal, sans respect de ses engagements internationaux, belliqueux et hyperpuissant. Ils ont sans doute étudié les possibilités de riposter. Elles ne sont pas nombreuses, mais elles existent. Les signes de la confrontation viennent des monarchies arabes et de l’entité sioniste que les Iraniens et le Hezbollah ont déjà décryptés. Celui qui a écouté les derniers discours de Nasrallah a compris l’imminence d’une guerre et l’acceptation d’y faire face et de la remporter par la détermination et la préparation. Les Palestiniens savent aussi que cette guerre est décisive quant à leur devenir et ils s’y lanceront corps et âme.

1 – Déclarer leur retrait du traité et signifier leur disponibilité à la confrontation avec les USA et ses vassaux sionistes et arabes. La guerre du siècle contre l’Iran se dessine. Mais d’un côté l’hyperpuissance est malade de sa puissance et entre en crise interne et de l’autre côté les Iraniens doivent agir pour leur survie. Les missiles balistiques et les avions américains peuvent causer beaucoup de dégâts, mais le terrain d’opération et les cibles des iraniens sont étendues en Palestine, au Liban, au Yémen, au Pakistan, en Irak, en Arabie saoudite, en Syrie, en Afghanistan, au golfe arabo-persique. Ils ont la doctrine du martyr et la préparation au combat. Ils ont une industrie militaire qui produit des missiles et des mesures de guerre électronique et de contre mesure électronique. On parle déjà de l’arrivée de combattants chiites du Pakistan en Syrie pour assurer la relève du Hezbollah qui par son retrait va se consacrer à la confrontation du sud Liban avec l’entité sioniste. Cette fois-ci, ce ne sera pas une confrontation de quelques jours ou de quelques semaines, mais un embrasement général qui va changer totalement le Moyen-Orient. Dans cette guerre de survie, il est possible que l’entité sioniste et l’entité bédouine s’effacent totalement. La guerre n’est pas seulement une affaire de puissance, mais de volonté et de doctrine. Celui qui sera capable de mordre plus fort et plus longtemps le doigt de son adversaire sera le gagnant.

2 – Ignorer la danse du ventre de Trump et laisser les Européens gérer les conséquences du retrait. En effet le traité que transgresse aujourd’hui les États-Unis était l’opportunité d’affaires du siècle pour l’Europe : des milliards d’euros de projets tout azimut leur apportant emploi, prospérité et sécurité pour leurs entreprises et leur population. La décision unilatérale des USA, non seulement sape ces opportunités, mais elle annonce l’isolationnisme américain et la guerre commerciale qu’ils vont livrer à l’Europe et au reste du monde.

3 – Ouvrir son territoire aux bases militaires et stratégiques russes et renforcer la coopération avec la Chine et la Russie non seulement sur le plan économique, mais sur le plan financier. Les Russes subissent eux aussi des sanctions économiques et financières. Il est de leur intérêt de renforcer la coopération avec l’Iran et de promouvoir le projet euro-asiatique. L’Afghanistan occupe une place de choix dans ce projet. Il est peut être temps pour les partisans de ce projet de chasser les Américains et de pacifier le pays remis sur les rails de la paix et du développement. La Turquie et Erdogan, blessés dans leur amour propre par l’Europe et les USA, peuvent, si le Calife néo ottoman met de côté son narcissique et double langage, compenser une part non négligeable de l’embargo américain. Les Français ont perdu la boussole depuis la disparition du général Gaulle qui de sa hauteur et de sa profondeur de vue a dit justement que l’Europe n’était viable que de l’Atlantique à l’Oural, et que c’était la seule façon de se démarquer de l’hégémonie américaine…

4 – Se taire et réactiver son programme nucléaire s’il y a possibilité de produire et de lancer des engins nucléaires à court et moyen terme. Contre la menace des puissants, il ne reste que de disposer de moyens de dissuasion si on veut continuer d’exister et pacifier les intentions guerrières. Même si les USA et l’Europe dans son sillage appliquent les sanctions économiques et financières contre l’Iran, les Iraniens disposent d’un délai de grâce qui joue en leur faveur : le temps de dé-contractualiser l’ONU du traité. Les Russes opposeront leur véto.

5 – Se taire médiatiquement et diplomatiquement et travailler avec les Européens pour un nouvel accord. Les négociations seront longues et complexes le temps de l’affaiblissent de l’Amérique ou de l’aggravation de sa crise interne pour ne pas dire le temps de mettre en place les autres scénarios. Les Iraniens ne sont pas acculés, même s’il est injuste de faire payer au peuple les caprices et les transgressions des puissants de ce monde qui n’ont toujours pas digéré une révolution islamique qui a changé la morphologie géopolitique de la région.

6 – Changer de régime. Les Occidentaux ne connaissent pas et ne veulent pas connaitre la mentalité des peuples. Ils avaient tablé sur Rohani croyant y trouver un pro-occidental alors que sa culture philosophique, religieuse et scientifique l’avaient placé depuis longtemps au cœur du dispositif décisionnel du nucléaire iranien. Aujourd’hui, ils tablent sans doute sur une révolution sociale que l’embargo va exacerber et sur l’argent saoudien qui va financer les émeutes et les rebellions. Ils oublient l’équation politico-religieuse iranienne. Le régime, en laissant Ahmadi Nadjad devenir président avait signifié sa disposition à la confrontation, mais en promouvant Rohani, il avait signifié sa disponibilité aux négociations. Les Occidentaux oublient que les « faucons » iraniens n’ont jamais été d’accord avec les négociations et que la « traitrise » de l’Amérique va leur donner raison et qu’il y a beaucoup de chance que Rohani durcisse ses positions ou qu’il cède sa place à l’homme de la situation, c’est-à-dire à celui qui va gérer la confrontation sur le plan politique sachant que les Gardiens de la Révolution et l’armée iranienne ont pour doctrine la résistance armée contre l’Empire et le sionisme.

Nous n’aurons pas beaucoup à attendre. La crise est mondiale et elle ne fait que s’accélérer, s’intensifier et se compliquer. L’hyperpuissance monte graduellement en hypopuissance provoquant son propre effondrement. Il va faire du bruit, il y aura beaucoup de casse, mais le ridicule annonce la fin…

Par ses positions respectables vis-à-vis de la Syrie, de la Libye, du Yémen, de la Palestine et de l’Iran, même si nous attendions davantage, l’Algérie est sous les feux de la rampe. Les ennemis sont sans foi ni scrupules, rancuniers et sans limites. Il est toujours temps de mettre fin au système de rentes et de mobiliser tous les Algériens autour du projet de résistance nationale. Les querelles idéologiques, culturelles et politiques doivent passer au second plan. L’ANP, la seule institution crédible pourrait se porter garante d’un changement et d’un renouveau de la classe politique. Le peuple algérien devrait retrouver goût à la politique et à l’exercice des responsabilités sans tutelle bureaucratique et sans emprise des cartels constitués autour de la rente. L’armée algérienne, puissante par ses équipements, sa technicité et sa compétence, serait vulnérable si elle venait à manquer de la mobilisation politique patriotique et non partisane ou opportuniste et à souffrir de la faiblesse de l’effort socio-économique (économie de guerre). Il ne s’agit pas de pessimisme, mais de réalisme lucide et responsable. L’Algérie et l’ANP, pour des raisons historiques et géopolitiques sont visées, nous ne devons pas l’oublier.

L’annonce et les conséquences périlleuses du retrait unilatéral américain de l’accord avec l’Iran vont laisser dans la mémoire une vérité ineffaçable avec ses conséquences diplomatiques, militaires, économiques et financières dans l’esprit des nouvelles générations et des nouveaux dirigeants que le temps fera venir inéluctablement :

{Chaque fois qu’ils concluent un pacte, une fraction d’entre eux le rejettent} – Al Baqara, v-100

 

{Nous n’avons trouvé chez la plupart d’entre eux aucune fidélité aux engagements, mais Nous les avons trouvés en majorité pervers.} – Al Aâraf, v-102

 

[Mise à jour du 09/05/2018]

Les scénarios ci-dessus sont ce que je prévoyais comme riposte iranienne. Après la publication de l’article, le président iranien exprime le maintien de l’adhésion de l’Iran au traité et propose aux Européens l’ouverture de négociation pour actualiser ce traité tout en montrant la perspective de reprise des essais nucléaires iraniens en cas d’échec de ces négociations. Le président turc vient de blâmer les USA pour leur non respect du traité qu’ils avaient signé. Les choses prennent la tournure la plus logique avec la combinaison de plusieurs scénarios. L’émergence de nouveaux blocs et l’effondrement des anciens est toujours à l’ordre du jour. Le monde unipolaire sous l’hégémonie américaine est fini sur le plan virtuel, la réalisation et l’actualisation de cette fin d’empire sont affaire de temps, le temps que mûrissent et s’agrègent de nouvelles alliances. Les peuples et les gouvernements appelés à résister à l’ordre impérial et au sionisme vont fatalement prendre conscience que l’Empire agonisant est incapable de réaliser ses objectifs et de concrétiser ses menaces sauf peut-être à bombarder des civils et à détruire des infrastructures sans gain militaire, politique et économique. Maintenant l’Amérique rentre dans la phase des pertes qu’elle tente de compenser par l’extorsion de fonds aux monarchies arabes. Les Américains eux-mêmes reconnaissent les pertes de milliers de milliards de dollars dans leurs guerres perdues en Irak, en Afghanistan et en Syrie. Seul le narcissisme les pousse à continuer les mêmes processus de défaite militaires et de pertes d’argent, et c’est ce narcissisme qui va les conduire à l’effondrement par suicide collectif interne ou par isolement du reste du monde. Cet effondrement a commencé lors de la défaite américaine face aux vietnamiens. Il ne fait que se continuer progressivement. L’effondrement brutal et définitif reste du domaine historique et peut être provoqué par un grain de sable, mais l’Amérique est dans une tempête du désert. Le ridicule du non respect des traités et l’absurdité des guerres insensées sont des grains de sable. La tempête est au cœur du modèle américain qui accumule davantage de fautes, installant une dialectique de crise en son sein dont la seule issue est l’effondrement du système pour mettre fin aux générateurs du chaos mondial. La fin du chaos passe par des séismes politiques, économiques et financiers de grande ampleur, les Africains et les Asiatiques les moins dépendants du mondialisme peuvent sortir indemnes de cet effondrement et relancer un nouvel ordre mondial s’il s’y préparent dès maintenant. La Russie et la Chine devraient se dégager de l’idée de collaborer avec les États-Unis et de les amener aux compromis. Elles devraient plutôt favoriser l’exacerbation de la crise et se préparer à l’après effondrement de l’Empire. Les Arabes devraient se préparer à vivre après la fin de l’entité sioniste et des monarchies bédouines qui ne peuvent exister autonomes sans le soutien de l’Empire qui leur a donné existence et soutien pour continuer d’exister.

L’existence humaine n’est pas faite pour s’accomplir indéfiniment et impunément sous le joug inique d’un monopole sectaire religieux, politique, culturel ou économique.

Manifeste judéophile et islamophobe ou pure diversion ?

Le caractère manifestement islamophobe et judéophile des termes, des intentions et des figures des personnalités politico-médiatiques dénonçant «une épuration ethnique à bas bruit» pratiquée par les « islamistes radicaux » contre les bons citoyens juifs soulèvent quelques questions.

Les questions que nous soulevons ne cachent pas le caractère odieux de l’assassinat ou de la torture de onze juifs français par quelques musulmans français ou résidents en France. Elles ne se dressent pas contre la liberté, la légalité voire la légitimité de manifester ses opinions vraies ou fausses, de déclarer ses sentiments ou ses préjugés, d’afficher ses appartenances idéologiques ou religieuses. Les questions que nous soulevons manifestent notre liberté de pensée et notre devoir de clarification pour que ce qui ressemble à une vaste opération de communication ne soit pas vécue par la communauté la plus fragile de France comme une énième stigmatisation, une énième provocation, un énième amalgame, une sempiternelle diversion…

Les questions et les réponses à un problème factuel ou narratif ne doivent pas être prisonnier d’une imagination délirante et narcissique mise en scène et livrée à la consommation de masse pour fasciner, hypnotiser, leurrer, détourner, séduire, masquer.

Le problème, ses questions et ses réponses doivent répondre à :

  • La réalité (situation objective),
  • La vérité (se référer aux positions principielles les plus universelles ou aux affirmations catégoriques et explicites d’un texte sacré religieux ou profane fondateur d’une pensée ou d’une civilisation et non à des valeurs c’est-à-dire à des jugements, des interprétations et des opinions à portée limitée en termes de durée de temps, d’étendue d’espace)
  • Le contexte dans lequel se manifestent la réalité et la vérité pour s’imprimer dans la conscience humaine ou pour s’exprimer aux autres consciences.

Le contexte international :

L’échec en Syrie et la mise en évidence de plus en plus visible et de plus en plus crédible de l’implication occidentale dans la formation, le soutien et la manipulation des groupes terroristes nommés pour la « bonne cause » « islamistes » ou « djihadistes » impose de faire diversion.

L’impossibilité de cacher les manifestations des Palestiniens revendiquant toujours leur droit au retour avec détermination et conviction et la riposte sanglante et démesurée des forces d’occupation sioniste de la Palestine. A chaque agression sioniste et à chaque effort de résistance palestinienne le monde politico-médiatique vient apporter son soutien à l’entité sioniste et il n’échappe à personne la bataille qui veut confondre l’anti sionisme et le soutien à la résistance avec l’anti sémitisme. Le ridicule de qualifier un arabe d’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient pourtant sémite que le juif d’Amérique, de France ou de Russie ne tue plus personne. Cette dérive « sémantique » porte préjudice aux Juifs eux-mêmes, mais eux aussi ils sont victimes des médias et du sionisme.

La réalité :

J’ai froid au dos et j’ai les limbes qui se transforment en morve lorsque je lis ce que les notables politico médiatiques français énoncent comme vérité sacrée :

«Les Français juifs ont 25 fois plus de risques d’être agressés que leurs concitoyens musulmans»,

«Dix pour cent des citoyens juifs d’Ile de France – c’est-à-dire environ 50 000 personnes – ont récemment été contraints de déménager parce qu’ils n’étaient plus en sécurité dans certaines cités et parce que leurs enfants ne pouvaient plus fréquenter l’école de la République»,

«Il s’agit d’une épuration ethnique à bas bruit au pays d’Émile Zola et de Clemenceau.»

Le crime et le criminel comme objet de préoccupation intellectuelle n’est pas un fait nouveau, ce qui est nouveau et absurde c’est de l’imputer médiatiquement à une race, à une religion, à une communauté sans apporter de preuves scientifiques et de témoignages vérifiables et incontestables. Le crime et le criminel sont des choses graves et sérieuses, ils relèvent de la compétence des criminologistes, des juristes, des psychologues, des psychiatres. Dans le passé il y a eu des dérives racistes ou des incompétences intellectuelles pour imputer le crime à une race. Aujourd’hui la théorie dominante veut que le crime relève de déviance de la personnalité individuelle ou de troubles pathologiques que les conditions sociales, politiques, économiques et psychologiques aiguisent ou atténuent. On a montré également que l’ignorance des lois et l’irresponsabilité sociale favorisent la délinquance et le crime.

Il est du droit des personnalités ayant signé le manifeste d’exprimer leur peur ou de manifester leur sympathie pour les Juifs et leur antipathie pour les musulmans, mais il est de leur responsabilité morale et citoyenne de ne pas s’embarquer sur un terrain aussi complexe que la sociologie et la psychologie du crime. En France il y a un homme extrêmement compétent en matière de criminologie, en l’occurrence Alain Bauer, professeur de criminologie appliquée au Conservatoire national des arts et métiers, consultant national et international en sécurité, auteur d’une cinquantaine d’ouvrages sur la criminalité et le terrorisme, descendant de parents juifs. Il serait intéressant, même s’il ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique, d’écouter son avis sur les assertions infondées et floues du dit manifeste. Il serait intéressant, même si certains lui reprochent sa « proximité avec l’extrême droite » ou  sa « haine des musulmans » de voir comment il explique les connexions du crime organisé et les solutions à apporter à la criminalité au lieu de juger et de punir des communautés sans argument scientifiques, sans volonté d’apaiser et de « civiliser ». Il pourrait nous expliquer pourquoi les « islamistes radicaux » ont droit d’expression sur l’Internet pourtant surveillée, pourquoi ils parviennent à passer à l’acte alors qu’ils sont fichés et surveillés et surtout pourquoi la majorité des ces « radicaux islamisés » proviennent de la délinquance ou du crime organisé ?

La réalité que les forces de l’ordre connaissent est bien celle du nombre d’arabes, d’africains et d’étrangers assassinés en France. Objectivement aller sur ce terrain et établir des ratios est dangereux, car la plupart des crimes et des agressions ne peuvent être attribués au racisme ou à l’islamophobie. Par ailleurs les ratios ne peuvent rien signifier lorsque l’on sait que les effectifs des communautés sont incomparables, les conditions sociales des communautés sont incomparables.

A titre d’illustration de la lutte idéologique et médiatique du manifeste et de ses affirmations fallacieuses comme celle-ci :  «Dix pour cent des citoyens juifs d’Ile de France – c’est-à-dire environ 50 000 personnes – ont récemment été contraints de déménager parce qu’ils n’étaient plus en sécurité dans certaines cités et parce que leurs enfants ne pouvaient plus fréquenter l’école de la République». Tous les gens sensés des HLM, de la sociologie, de l’administration régionale et communale, de la démographie, de la géographie savent qu’il y a un processus d’infiltration et d’exfiltration communautaire dans les cités, les écoles, les lieux de travail par l’écrémage et la ségrégation du fait des conditions sociales, du communautarisme passif (celui mené par les politiques sociales et économiques en échec d’intégration et en confusion  sur le droit à la différence qui créé de la diversité et l’obligation d’indifférenciation qui multiplie les variétés dans les mêmes moules sociaux, politiques et médiatiques cultivant le même unanimisme et le même immobilisme). Il n’y a pas que les seuls Juifs qui ont déserté les « quartiers et les écoles de quartiers », mais tous les « européens » qui ont les moyens de partir et une minorité d’arabes et d’africains qui sont parvenus à une « intégration sociale » par le revenu.

L’autre réalité qui n’échappe à personne est le nombre de musulmans et d’arabes tués par le terrorisme « islamique ». Il ne s’agit pas de « onze » personnes, mais de millions de personnes en Irak, en Syrie, en Afghanistan depuis peu. Si nous devons comptabiliser les tués par la cupidité et la voracité des prédateurs occidentaux dans le monde il s’agit de centaines de millions. On s’interroge donc sur les mobiles des signataires du Manifeste contre l’antisémitisme lorsque l’un des signataires les plus influents et les plus prestigieux a mis à feu et à sang la Libye pour spolier ses richesses, punir les peuples qui résistent à l’ordre impérial et sioniste.

L’horreur de la réalité du Manifeste est exprimée par le journaliste Claude Askolovitch, qui dans les colonnes du site Slate, dit qu’il s’agit d’ «Une mise en accusation des musulmans de ce pays, réputés étrangers à une véritable identité française, sauf à renoncer à leur dignité». Il conteste la quintessence du message qui : «fait de la lutte pour les juifs une composante du combat identitaire français, et cette identité exclut.» Il en déduit que ce texte induit que «la défense du juif implique le refus de l’islam ».

Le politico-médiatique français n’a toujours pas compris que l’échec de l’esprit français en Algérie et son idéologie colonisatrice est dû principalement à sa stupide stratégie de monter le Juif contre le Musulman, le Berbère contre l’Arabe, l’assimilé contre l’indigène…

L’autre réalité est celle de la fiction d’un Islam français à opposer à l’Islam pour civiliser le monde. Les Américains veulent une OTAN arabe qui combat les arabes, les africains et les asiatiques pour le compte de l’empire au nom d’une certaine idée (fausse) de l’Islam. Ils fondent leur fiction sur la vassalité, la terreur ou la corruption des gouvernants arabes.  Les Français, forts de leur culture et de leur intelligence, veulent mieux faire : fabriquer un Islam français puis l’exporter comme on exporte une voiture ou des pommes de terre. Les uns et les autres se croient les dépositaires légaux de l’humanité et de l’universel.

«… que les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés de caducité par les autorités théologiques, comme le furent les incohérences de la Bible et l’antisémitisme catholique aboli par [le concile] Vatican II, afin qu’aucun croyant ne puisse s’appuyer sur un texte sacré pour commettre un crime».

«Nous attendons de l’islam de France qu’il ouvre la voie»

L’Islam au service des appétits impérialistes et de l’hégémonie culturelle de l’Occident athée et matérialiste nous l’avons vu en œuvre en terres d’Islam et nous avons vu ses bouffons en France. Il faut d’abord tenter de judaïser les Juifs et de christianiser les Chrétiens que vous connaissez mieux que les musulmans que vous voulez islamiser à la mode de Vatican II. Le manifeste pro sioniste et pro Netanyhou dans son contexte est dans sa réalité intrinsèque une référence à Vatican II pour une raison stratégique : la lutte idéologique.

Le Concile Vatican II (1962-1965) est une référence majeure sur le plan géopolitique : il déclare la guerre contre l’Islam jugé unique et solide rempart culturel, moral et spirituel à l’évangélisation de la planète. Pour s’attaquer à ce rempart Vatican II va réhabiliter les Juifs du meurtre de Jésus, ouvrir les passerelles vers l’Église orthodoxe d’Orient et de Russie, unifier les slaves contre l’union soviétique, considérer les musulmans comme sans Dieu, sans Livre et sans Prophète, considérer l’Islam comme une religion asiatique à l’image du bouddhisme, une spiritualité en retrait du monde… Contre la dialectique de l’existence qui refuse le monopole et le pouvoir unique Vatican II est en harmonie avec l’hégémonie impériale qui ne reconnait pas la diversité et la multipolarité. Le Vatican II est en harmonie avec le matérialisme impérialiste : l’Évangile, parole de Jésus d’inspiration divine est reconnu comme écriture humaine. Le Vatican II correspond à l’esprit de la post modernité : ni Dieu, ni centre, mais pouvoir temporel absolu et sans partage aux mains des communicants ( du nouvel ordre mondial). Le Vatican II est l’instrument de lutte idéologique le plus redoutable : il enlève à l’Islam son caractère divin et ferme la porte à un des messages les plus forts du Coran : les falsifications des écritures saintes et les crimes contre l’homme par les élites intellectuelles et politiques des Juifs et des Chrétiens qui instrumentalisaient la religion à des fins mondaines. Il évangélise les Chrétiens dans le sens où il les fait entrer massivement dans le giron de l’Église et enfin il leur demande de se désolidariser de la Palestine léguée aux Juifs qui ont le droit de la vider de ses occupants arabes et musulmans. Les Églises orthodoxes de Palestine, de Syrie, d’Irak et du Liban ont refusé cette reconnaissance. J’ai traduit et publié des textes sur l’arabité des chrétiens et leur attachement à la cause palestinienne. J’ai écrit sur le pape Benoit XVI, sur la visite d’Obama au Caire, sur les croisades : on trouve la même stratégie et la même communication : enlever aux indigènes leur droit à la patrie et former une élite musulmane médiocre et méprisable au service de l’envahisseur. La colonisation, l’évangélisation et l’Empire ne sont pas encore liquidés. Il y aura toujours des voix et des voies pour leur expression et leur désir de conquête et de vassalisation.

Le contexte national : La crise sociale, la crise civilisationnelle, la crise économique, les retombées de l’agression contre la Libye mettent à mal la cohésion politique et médiatique ainsi que sa crédibilité. La diversion et le spectacle sont des armes de manipulation de l’opinion et de désinformation.

Dans ce contexte international et national d’exaspération et de crise tout crime relevant du droit commun et inacceptable sur le plan de l’éthique et de la morale est instrumentalisé à des fins idéologiques et politico militaires. On confisque à la Justice, à la Police et à la conscience humaine leur devoir de questeur de vérité et de réalité. Lorsque le Manifeste dit «Nous demandons que la lutte contre cette faillite démocratique qu’est l’antisémitisme devienne cause nationale avant qu’il ne soit trop tard, avant que la France ne soit plus la France» nous disons que ce n’est pas ainsi que l’idéal républicain et démocratique sera restauré ou promu. On ne peut ni promouvoir ni partager ce qui est confisqué ou pris en otage.

« Une civilisation démocratique ne pourra se sauver que si elle fait du langage de l’image un stimulant pour la réflexion critique, pas une invitation à l’hypnose ». Umberto Eco

J’ai largement abordé ce thème dans l’article : Je suis une image ( https://liberation-opprimes.net/je-suis-une-image/ ). Je suis heureux de constater que malgré la désinformation il y a toujours des honnêtes gens qui osent dire “ne parlez pas en notre nom” et ne travestissez pas la vérité. Voir l’article «Mise en accusation des musulmans» ? Des voix dénoncent la tribune contre le «nouvel antisémitisme» ( https://francais.rt.com/france/50093-voix-denoncent-tribune-contre-nouvel-antisemitisme )

La vérité : La négation de l’Islam et la stigmatisation des musulmans s’imaginent occulter la vérité en déclarant :

« que les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés de caducité par les autorités théologiques »

Il ne s’agit pas de vérité mais de syllogisme fallacieux :

1 – Sur un plan procédurier il n’appartient pas à l’accusé d’un délit ou d’un crime de défendre mon innocence, mais il appartient à ses accusateurs d’apporter leurs preuves et leurs arguments sur sa criminalité et les incitations aux crimes de sa religion, de son idéologie.

2 – Pour l’instant ils ne produisent qu’une doxa politico médiatique qui se veut casuistique docte. La casuistique se fonde sur le principe général pour juger du particulier alors qu’ici on émet une opinion infondée et ignare pour donner l’illusion de juger le principe général (le Coran) à partir du singulier (le musulman déviant et agressif). On ne peut raisonnablement imputer au Coran et aux musulmans qui peuplent la planète les malheurs qui s’abattent sur les Juifs et les Chrétiens et se taire sur les agissements d’une secte ou d’une monarchie incitant à la haine et au crime. Il est facile de se taire sur les agissements du corrupteur et de pourfendre le faible et le sans voix.

3 – Sur le plan logique, abstraction de la réalité et de la véracité, on ne peut demander à une autorité religieuse de frapper de caducité une partie ou l’ensemble de sa référence religieuse ou doctrinale à moins qu’elle ne soit déjà dans un processus de remise en cause de ses fondamentaux ou qu’elle ne soit dans une position de vassalisation telle que le reniement identitaire et religieux ne peut être évité. Les seules autorités religieuses qui sont capables de ce reniement sont celles de l’Arabie saoudite, car elles sont inféodées à la rente et au pouvoir du sultan. Les seules autorités religieuses qui sont capables de ce reniement sont celles sur qui pèsent l’accusation de terrorisme ou d’incitation au terrorisme et qui ont contribué à l’effort de guerre occidental contre la Libye et la Syrie par leurs moratoires criminels. Les renversements idéologiques et culturels en Arabie saoudite annoncent le néo wahhabisme ouvertement sionisant ou une guerre civile entre les libéraux et les archaïques.

4 – Les Occidentaux les plus éclairés et les plus honnêtes se laissent piéger par la doxa des savants et prédicateurs musulmans ou par celle des orientalistes. Les trois grands empires musulmans, les Omeyades, les Abbassides et les Ottomans ont légué aux musulmans et aux occidentaux une culture d’empire avec ses moratoires religieux pour justifier les colonisations ou pour contrer les envahisseurs étrangers dans une époque de confrontation politique et militaire. Le religieux a été instrumentalisé à des fins politiques et historiques. On peut leur trouver une justification ou une explication comme on peut les réfuter et les critiquer cela fait partie de la pensée humaine sur la politique, les relations internationales, l’histoire, l’économique, la géographie et la sociologie. L’immobilisme et la décadence musulmane ont érigé, à tort, le patrimoine historique et le fait coutumier d’une époque singulière ou d’une géographie  particulière en dogmes religieux inviolables. La conjugaison de la tyrannie politique dans le monde musulman, de sa paresse intellectuelle et du son mimétisme religieux des Juifs et des Chrétiens a gommé le sens coranique et son caractère universel. La colonisation a accentué ce gommage en aiguisant le refus du colonisateur non seulement en sa qualité idéologique et militaire mais en sa qualité humaine et dans ses valeurs morales et sociales.

Aussi les musulmans conscients et responsables doivent prendre leurs legs religieux avec esprit critique en puisant directement dans la source du Coran et dans le comportement du Prophète (saws) pour témoigner de la vérité et vivre dans leur réalité. Ils ne doivent pas continuer à vivre en marge du monde comme des reclus ou des bannis ou des accusés qui réagissent sans peser sur leur destin et celui des autres humains. Ils doivent mettre fin au mythe du musulman parfait car l’Islam est parfait qui les rend incapables de se prendre en charge dans un monde en mouvement et dont le mouvement est alimenté par la dialectique des crises. Pour ne plus être objet de manipulation nous devons agir comme acteur avec nos moyens et nos ressources pour nous libérer de l’oppression et de l’humiliation dans ce monde et dans l’autre.

Plusieurs voies s’offrent à nous, pour ma part j’en voie quatre  :

  1. Régler le sens de l’allégeance et de l’appartenance. Pour l’homme cultivé et intelligent, conscient et responsable de sa vie sur terre, les sphères, registres et niveaux d’allégeance et d’appartenance sont relatifs, non exclusifs. Nous pouvons les concevoir et les vivre sans contradiction, sans schizophrénie et sans anarchie si nous parvenons à les définir, à les délimiter et à les agencer dans des priorités. Sur ce terrain les Juifs ont réglé leurs problèmes. Athées ou croyants, communs ou élite, ils parviennent à vivre en harmonie et à faire front en bloc à l’adversité sans bruits et avec efficacité. Toutes les communautés humaines en minorité, par la loi de l’adaptation et du changement parviennent à trouver leurs marques et à vivre au sein des autres respectés et respectueux.
  2. Comprendre le rapport des forces. Nous vivons dans un pays où la charité répond à des impératifs politiques et idéologiques, mais où aussi le respect accordé et la voix permise sont fonction du poids électoral, social, politique, médiatique, culturel et économique. Pour des raisons historiques nous sommes absents sur ces terrains et nous ne pesons rien dans le rapport des forces. Le minimum requis, même si la démocratie est dévoyée par les médias, est de participer efficacement et massivement. Il ne s’agit pas d’un vote communautariste, mais d’un vote citoyen donc utile pour la vie sociale et économique du citoyen, utile pour les libertés fondamentales, utile pour la justice, utile pour la paix. Le Halal et le Haram ont été définis d’une manière explicite par le Coran, il serait vain d’en faire des masques pour cacher notre indigence et notre paresse. On peut décider de s’abstenir de voter par acte politique et c’est un choix respectable. Le faire par motif religieux est une ignorance de la religion et une inféodation à une secte ou une allégeance à un pays étranger.
  3. S’approprier le savoir et la connaissance. En qualité de musulman je me dois de connaitre un minimum du Coran pour vivre apaisé, libre et responsable. En qualité de citoyen ou de résident je me dois de connaitre un minimum de la culture, de la géographie et de l’histoire du peuple ou de la communauté avec qui je partage le temps et le lieu de vie.
  4. Réclamer pour nous et pour les autres la liberté et le droit à la différence. Il ne s’agit pas dans nos rapports avec les autres, musulmans ou non musulmans, de nous focaliser sur les questions d’exégèse ou de rite, mais de liberté, de responsabilité, de savoir, de dignité humaine. Nous ne pouvons inviter à la foi que par notre pratique quotidienne de la vertu. Nous devons penser, dire et agir en termes de liberté et de responsabilité. Tous les énoncés coraniques où il est question de châtiment divin ou de Jihad (lutte ou plus précisément effort sur soi) ont pour vocation la défense de la liberté et de l’expression plurielle. Seul Dieu est Un, Immuable, Absolu et Parfait avec pour corollaire tout ce qui n’est pas Dieu est divers et varié, changeant, relatif et imparfait. Nos réponses et nos positions en matière de liberté et de droit à la différence ne peuvent être tactiques, conjoncturelles ou superficielles : elles découlent du credo de notre foi monothéiste.
    Tous les Prophètes autorisés à prendre les armes et tous les châtiments venant du ciel répondent au seul impératif de défendre la liberté et de refuser le monopole y compris en matière de conscience et de pensée. L’ordre coranique de tuer les Juifs n’est pas un ordre arbitraire, inique et raciste que donnerait un tyran judéophobe contre tous les juifs pour leur race ou leur religion, mais la suite logique et historique qui a été réservée à une tribu juive qui a trahi le pacte de non-agression établi avec le Messager Mohamed (saws), qui a comploté avec les Arabes oppresseurs et qui a tué les émissaires de paix envoyé vers eux par le Prophète. Contre les traitres et les transgresseurs ce ne fut pas la loi coranique qui a été appliquée, mais la loi mosaïque dure et impitoyable. Le peuple de Sodome et Gomorrhe (peuple de Loth) n’a pas été exterminé, comme le disent la Bible et certains imitateurs musulmans pour ses méfaits moraux (homosexualité), mais pour son refus de la différence de Loth qui ne pratiquait pas l’homosexualité et qui risquait l’expulsion de la cité. Il en fut de même pour le peuple de Salah dont les élites ont confisqué les terres et l’eau pour le profit exclusif des nantis. Il en fut de même pour le peuple de Choaib dont le peuple a été exterminé pour le monopole du commerce et l’usage frauduleux des instruments de pesage et de mesure. David a combattu les envahisseurs tyranniques (jabbarines). Résister à un ordre inique et lutter pour sa liberté et celle des autres y compris pour la préservation de leurs lieux de culte et de leurs temples est un principe coranique universel que pratiquent tous les hommes épris de liberté et de justice. C’est ce que nous voyons en Palestine et ailleurs dans le monde. Le châtiment divin frappe aussi tous les hommes et tous les pouvoirs qui ont une dérive démiurge comme Pharaon.

Au lieu de verser dans des formulations infondées et tendancieuses, les signataires du Manifeste auraient trouvé plus d’écho et meilleur écoute s’il n’avait pas reproduit une fois de plus le monopole de la souffrance du peuple juif comme si les autres peuples n’ont pas de souffrance, comme si les Juifs de France ne sont pas confrontés aux mêmes problèmes que les autres français. Le moment et les propos du manifeste du nouvel antisémitisme mettent l’accent sur les clivages et les haines et à ce titre ils ne servent ni les intérêts de la République ni ceux de la Démocratie ni ceux de la Liberté ni ceux de l’impartialité et de la neutralité de la Justice.

Les défenseurs laïcistes de la République et les pourfendeurs islamistes de la République tombent dans le même travers psittaciste qui consiste à répéter inlassablement, comme des perroquets savants, le même discours alors que la réalité, la vérité et le contexte les contredisent. Selon l’expression de Malek Benabi le côté pile et le côté face de la même fausse monnaie intellectuelle peuvent représenter deux figures différentes, mais représenter le même symbole de l’échange ou de l’accord. Ces termes de l’échange ou de l’accord nous les avons vu et nous les continuons de les voir dans les agissements des terroristes pseudo islamistes qui terrorisent les populations musulmanes, mais qui ne mènent aucune attaque verbale ou physique contre l’occupant sioniste. Les uns et les autres pratiquent l’art de la diversion dans leur propre camp et avec leurs propres rhétoriques. En France les élites musulmanes participent au même psittacisme : bavarder et se disputer des rentes de positions sociales ou intellectuelles alors qu’aucune action sérieuse de pédagogie ou d’édification civilisationnelle (fondations caritatives, institut de formation, magazine, édition …) n’a été entreprise.

Conclusion :

La loi coranique suprême stipule que

« Quiconque attente, sans droit, à la vie d’un homme c’est comme s’il avait attenté sur l’humanité entière« .

Cette loi est universelle. L’unique dérogation est le droit de défendre la vie ou la liberté lorsqu’elles sont menacées ou bafouées. Le seul droit est celui de la légitime défense, celui de la résistance contre n envahisseur, celui de la lutte contre un oppresseur usant de violence ou celui d’un acte de justice rendu par un tribunal légal et constitué qui accorde au justiciable toutes les garanties pour se défendre ou d’être défendu. En matière de justice, le Coran autorise la peine de mort comme hadd c’est à dire limite supérieure qu’il ne faut pas transgresser et il recommande le pardon et la remise de peine s’il y a repentir. Le fanatique qui tue au nom de Dieu ou de la religion est un criminel qui doit répondre de ses actes devant un tribunal et nul autre que lui ne doit porter le fardeau de son crime. Le fanatique qui impute à quelqu’un la responsabilité du crime commis par un autre est criminel lui aussi car son faux témoignage peut conduire au meurtre et à l’iniquité envers un homme ou une communauté d’hommes. Celui qui parvient à me prouver que le Coran dit le contraire je m’engage à échanger ma foi contre la sienne et à faire du sionisme l’amour de ma vie.

L’attaque prévue a bien eu lieu et après !

 

L’attaque prévue a bien eu lieu ce samedi 14 avril 2018.

Elle confirme ce que nous savons déjà :

– Les armées occidentales ne combattent plus pour les causes classiques occidentales impérialistes de conquête de territoires et de gains commerciaux ou pour l’idéal des droits de l’homme et du triomphe de la liberté et de la démocratie, mais agressent les peuples que les médias désignent pour cible et agissent comme des mercenaires. Il n’échappe à personne que les pays qui ont participé à l’agression contre la Syrie ont été largement arrosés par le prince Mohamed Salman agissant comme un insensé arrogant et gaspilleur.

– L’armée arabe syrienne, le pouvoir politique syrien et les populations syriennes ne baissent pas les bras et affichent leur détermination à résister et à remporter d’autres victoires contre les terroristes que les saoudiens, les qataris, les turcs, les américains, les français et les anglais ont recrutés, mobilisés et équipés.

– Les russes ne sont pas intervenus, nonobstant les cris de victoire des médias occidentaux, car l’évaluation de la situation a été correcte de leur part : l’attaque a valeur symbolique et il appartient aux seuls syriens d’y répondre pour montrer leur compétence intrinsèque de combativité et leur maitrise technologique.

– L’armée syrienne a réalisé un excellent score en abattant 71 Cruise missiles sur les 103 lancés. C’est un taux de réussite de 70%. Résultat prodigieux que les médias vont mépriser, mais que les “alliés” et l’entité sioniste vont analyser avec effroi. La Syrie l’a réalisé seule sans le concours des russes. Cela montre l’intelligence stratégique des Russes. Cela laisse penser que les Russes avaient déjà livré et installé les systèmes de défense et que les Syriens les ont déjà intégré. Personne ne sait comment vont évoluer l’intensité des frappes et la durée de l’agression, mais nous pouvons dire sans risque de nous tromper que si l’agression est symbolique, elle ne change rien à l’équation du terrain : la Syrie a remporté une victoire qui va changer la donne internationale et régionale et réaliser la fin de l’hégémonie américaine devenue une hyperpuissance super impuissante. Si l’agression continue, la Russie et les forces de résistance en Syrie et ailleurs vont entrer dans le conflit et contraindre les américains et leurs vassaux français et anglais à négocier en position d’humiliation et de défaite. L’avenir de Trump est plus incertain que celui de Bachar al Assad.

– Si le conflit venait à s’étendre et à s’intensifier, même si le rapport des forces est en faveur de la coalition des mercenaires, la Syrie est capable de résister. La Serbie, isolée, a résisté vaillamment avant de capituler. La Syrie n’est pas seule et elle n’a pas encore épuisé son potentiel de défense.

– Enfin bombarder de loin et détruire des infrastructures militaires et civiles avec les moyens les plus destructeurs ne suffit pas pour gagner une guerre. Pour gagner la guerre il faut réaliser deux objectifs : occuper le sol, faire taire la voix de son ennemi. Pour l’instant les images montrées révèlent des lieux désaffectés : les images de l’enfer de Bagdad et de Belgrade ne sont pas là. On ne peut faire confiance aux mercenaires, mais tout indique que les frappes ont visé l’opinion publique et ont cherché à sortir de l’impasse diplomatique et de l’escalade militaire sans trop d’humiliation.

– La confusion et le chaos de l’administration américaine vont apparaitre plus évidents et plus dramatiques montrant la défaite psychologique, politique, militaire, économique, social et culturel du modèle atlantiste.

– Les médias de l’entité sioniste sont déçus de l’attaque signifiant la déception du renseignement sioniste sur l’efficacité des frappes contre la Syrie. Ils sont habitués à voir des corps déchiquetés et brulés et là ils ne voient que de vieux bâtiments ébréchés dont certains ont déjà été évacués et d’autres ne sont probablement que des leurres rendant l’efficacité des frappes inférieure à 10%. Ils craignent que les frappes ne soient que symboliques et la panique de gérer un avenir à portée des missiles syriens et iraniens et des infiltrations du Hezbollah frappant leurs arrières. L’avenir est sombre pour l’entité sioniste.

– La France a perdu l’ultime chance de jouer un rôle positif dans le monde arabe. Les peuples n’oublieront jamais.

– Les agresseurs ne pourront jamais apporter de preuve sur l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien à Douma. Une fois les passions apaisées et les fascinations oubliées, la question majeure se posera de nouveau : pourquoi “punir” sans preuve, pourquoi tant de guerres. Les Occidentaux finiront par avoir la nausée devant le cynisme et la nuisance maléfique de leurs dirigeants et de leurs médias. Leur nausée sera plus grande lorsqu’ils comprendront que les grands politiques de ce monde avec leurs grandes armées, leurs grands services de renseignements et leurs grandes ressources scientifiques et technologiques se sont fait leurrés par de petits informateurs et de minables terroristes. Le général Mattis, secrétaire à la Défense, à quelques heures de l’attaque contre Damas déclarait aux législateurs américains jeudi que le Pentagone n’avait aucune preuve que le chlore ou le sarin avait été utilisé à Douma et que la majorité des revendications provenaient des médias et des médias sociaux. Alors que Emmanuel Macron depuis un petit bourg de France, dans une petite école maternelle et face à un petit journaliste affirmait qu’il avait la preuve que des armes chimiques ont été utilisées par le régime de Bachar Al-Assad. Ce sont ces contradictions risibles qui nous permettent d’affirmer que c’est la fin des rigolos qui hélas vont se permettre d’occire des millions de vies humaines par leur folie et leur insouciance.

– La folie et l’insouciance ne vont pas s’arrêter à la Syrie si l’escalade ne venait pas à être stoppée tout de suite mais s’étendre à l’Iran, la Russie puis la Chine. L’équation à ce niveau est simple ou c’est le triomphe des forces maléfiques et de Satan ou l’effondrement de l’Empire atlantiste et émergence d’un nouvel ordre mondial sur les décombres de l’ancien. Il ne s’agit pas de vœux, mais de lois dialectiques objectives qui gouvernent l’Histoire et l’alternance des civilisations humaines. Jamais Dieu ne permettra le triomphe de Satan sur l’Homme, il ne reste donc que l’effondrement de l’Empire qui va de plus en plus vite et de plus en plus chaotique vers sa fin. Ils sont amenés  graduellement et progressivement vers leur perte sans s’apercevoir et sans le ressentir de telle façon qu’ils n’ont aucune possibilité de trouver parade ou de trouver amendement : c’est la Sunna d’al Istidraj

وَالَّذِينَ كَذَّبُوا بِآيَاتِنَا سَنَسْتَدْرِجُهُمْ مِنْ حَيْثُ لَا يَعْلَمُونَ * وَأُمْلِي لَهُمْ إِنَّ كَيْدِي مَتِينٌ

– Quel est l’après-frappe ? Si le quatuor USA, France, Angleterre et entité sioniste n’a effectivement réalisé aucun de ses objectifs, le quatuor Syrie, Russie, Iran et Hezbollah vont achever leur maîtrise totale sur la Syrie en ouvrant trois nouveaux fronts et liquider les trois bastions de subversion : Idlib près de la frontière turque, Derâa près de la frontière jordanienne et les bases de déploiement américain en Syrie. En dehors de la Syrie nous verrons des opérations militaires qualitatives au Yémen et en Afghanistan. Nous verrons également une collaboration économique et financière sino-russe fragilisant l’ancien ordre mondial atlantiste. Pour l’instant le président Bachar al Assad sort renforcé dans sa légitimité et sa crédibilité par un soutien populaire arabe et syrien et sans doute une grande considération auprès des couches populaires mondiales. Après le tapage triomphaliste et dés-informateur des médias occidentaux et des bédouins nous verrons le retrait total des soldats américains de la Syrie et de l’Irak et l’isolement du Qatar et de l’Arabie saoudite.

Agression de la Syrie : diversion ou dérision ?