La prochaine armée « islamique » sous commandement de l’OTAN.

Dans cette première manche de la confrontation géopolitique entre la Syrie et l’Empire américain, le régime syrien, malgré quelques défections, des assassinats de hautes personnalités, des désertions dans le rang des soldats de l’armée, une situation humanitaire déplorable et une économie semi-asphyxiée, semble marquer des points. En effet, l’objectif de créer des zones autonomes « libérées » et de faire pencher la population en faveur des « insurgés » pour lancer une offensive militaire et diplomatique de grande envergure a été déjoué par l’armée syrienne qui a montré une capacité de défense inattendue. La seconde guerre de Qaradhawi qui a promis de prier à Damas la mi Ramadhan semble ne pas se dérouler selon les voeux du Pape des Frères Musulmans.

La guerre avec la Syrie n’est pas finie pour l’Empire américain qui joue à découvert derrière ses alliés européens, ses vassaux arabes et turcs, et ses instruments « jihadistes » montés selon les options stratégiques et tactiques de Brezinski et de l’orientaliste anglo-israélo-américain Bernard Lewis.

Bernard Lewis est un orientaliste idéologue proche des néo-conservateurs, il est engagé pour la guerre dans le monde musulman et la défense inconditionnelle d’Israël.  Il fut conseiller des services secrets britanniques (Seconde Guerre mondiale), consultant du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, conseiller de Benyamin Netanyahou alors ambassadeur d’Israël à l’ONU (1984-88). Considéré comme « fin spécialiste » du monde musulman et de la Turquie, il soutient Brezinski dans le projet d’une guerre fratricide entre musulmans. Il est partisan pour une guerre entre Sunnites et Chiites après l’échec de sa doctrine d’une guerre entre Arabes et Perses. Comme Daniel Pipes le fer de lance de l’Islamophobie mondial, Bernard Lewis est un spécialiste de la civilisation islamique, du monde arabe, de la Turquie, et il connait bien la langue arabe qu’il a apprise au Caire. Quand on voit l’unité idéologique et la convergence d’actions contre le monde arabe et musulman des sommités américaines telles que Francis Fukuyama ( la fin de l’histoire) , Samuel  Huntington (le clash des civilisations), Bernard Lewis, Brezinski et Henry Kissinger, on ne peut que rire devant BHL le farfelu et surtout pleurer devant l’indigence de nos intellectuels, de nos savants et de nos hommes politiques gouvernants ou opposants. Tous s’accordent à détruire le monde musulman de l’intérieur en accentuant les clivages entre les doctrines, les poussant jusqu’à devenir luttes intestines armées. Tous s’accordent à demander une ingérence de l’OTAN pour régler les contentieux entre les gouvernants qui résistent à l’Occident et une minorité qui veut leur arracher le pouvoir par la force et une prétendue légitimité religieuse. Tous réitèrent le scénario de Laurence d’Arabie dans une sorte de flux et de reflux de notre Wahn que l’histoire charrie.

Dans son livre « Le Grand échiquier, L’Amérique et le reste du monde », Zbigniew Brezinski qualifie la Turquie de « pivot géopolitique de premier ordre » et « d’important acteur géostratégique dans la région des Balkans eurasiens ». Et tout naturellement donc que dans la géopolitique d’Obama, la Turquie d’Erdogan se « libère » de ses militaires laïcs, manœuvre sur le dos des Palestiniens et se trouve dans une alliance avec l’Arabie saoudite et le Qatar dans l’intervention en Libye. Nous voyons se dessiner le même profil et le même mode opératoire en Egypte avec l’éviction du maréchal Tantaoui et de quelques généraux après la dernière visite d’Hilary Clinton en Israël et en Egypte post Moubarak. Il faut donner de la crédibilité à ces Frères Musulmans qu’hier on considérait comme des terroristes car il faut les intégrer dans le jeu d’échec où ne savent jouer et gagner que ceux qui connaissent les règles, la stratégie et qui sont rodés par une longue pratique de coups successifs et d’anticipations sur des parties qui ont la carte mondiale et le temps historique comme champ de jeu.

Bernard Lewis, sioniste notoire, est celui qui a donné naissance à l’expression « choc des civilisations » qui plait tellement aux Américains et aux sionistes européens. Il est comme Brezinski partisan de la formule qu’il a inventée depuis déjà longtemps sur la Palestine : « la création d’un État arabe palestinien sur les parties de la Palestine mandataire auxquelles Israël renoncerait ». Selon lui, l’Islam reste toutefois « l’opposition contre le processus de paix la plus puissante et la plus ancrée dans les principes, développée […] par le gouvernement iranien et ses agences ainsi que par les autres partis et organisations islamiques » qui développent une propagande antisémite plus puissante que celle basée sur le nationalisme et les races et qui puise « aux riches ressources […] de l’antisémitisme européen ».

Il connait parfaitement le potentiel de l’Islam et il est dommage que les Musulmans malades d’apologies ne voient qu’une reconnaissance de leur civilisation là où il y a une menace, une visée, un plan de destruction de l’embryon qui pourrait faire renaitre la civilisation musulmane : « Lorsque la puissance musulmane était à son apogée, seule une autre civilisation, la Chine, pouvait se comparer à elle par l’ampleur, la qualité et la diversité de ses réalisations. Toutefois, la civilisation chinoise restait essentiellement limitée à une aire géographique, l’Extrême-Orient, et à une famille de peuples. L’Islam, en revanche, avait créé une civilisation mondiale, pluriethnique, multiraciale, internationale, et l’on pourrait même dire transcontinentale. » . Bernard Lewis propose une solution aux musulmans : « Ce n’est qu’en renonçant à leurs griefs et à leur victimisation, en surmontant leurs querelles, en unissant leurs talents, leur énergie et leurs ressources dans un même élan créatif, que ces peuples pourront de nouveau faire du Moyen-Orient ce qu’il était dans l’Antiquité et au Moyen Âge, un haut lieu de civilisation. Le choix leur appartient. ” C’est toujours le même discours lénifiant et apologétique qui ne dit pas la réalité pensée et l’action mise en œuvre pour le monde arabe et musulman : la civilisation passe par la reconnaissance d’Israël et l’alignement sur l’Occident sinon par une guerre fratricide entre les musulmans dont un clan serait appuyé par l’Occident contre l’autre partie afin de domestiquer les « islamistes» et d’en faire des vassaux comme durant la guerre en Afghanistan contre l’Union soviétique ou des alliés contre la Chine ou contre un pays musulman qui monterait en puissance par sa technologie et son armée.

 Pour l’instant Qaradhawi, l’Association internationale des savants musulmans, les « Jihadistes », les gouvernants arabes et leurs opposants spécialisés dans l’oppositionnel stérile et vindicatif sont livrés pour le compte « pertes et profits » sur l’autel de la « démocratie » et du « Khalifat islamique » afin d’affaiblir le régime syrien, créer de la diversion médiatique, et  maintenir la tension psychologique sur les troupes loyalistes juste le temps de mettre en place cinq séquences diaboliques :

Séquence 1 : Donner le temps à la Turquie et à l’Arabie saoudite de monter une armée des pays  « islamiques » légale et légitimée par l’O.C.I qui irait renverser le régime laïc et mécréant de Bachar Al Assad. Cette armée constituée de troupes au sol serait appuyée par l’aviation de l’OTAN et l’US Navy.  Pour l’instant deux problèmes freinent ce pas fatidiques : le sommet des non-alignés à Téhéran et la position indécise et contradictoire du président égyptien Morsi qui voudrait le départ de Bachar al Assad et l’installation des Frères Musulmans, mais refuse une intervention étrangère. Sans l’Égypte, cette armée « islamique »  perdrait de sa crédibilité et de son efficacité. Bernard Lewis et  Zbigniew Brezinski se rejoignent parfaitement sur le rôle de la Turquie sunnite pilotant avec le Serviteur des Lieux saints de l’Islam une armée sunnite contre une armée chiite. Il faut espérer que l’échec du complot initial opposant Arabes et Perses se reproduise une fois de plus. Ce n’est ni Qaradhawi ni l’assemblée internationale des savants musulmans ni les Djihadistes financés par le Qatar et l’Arabie saoudite qui vont contrer ce complot.

Séquence 2 : Monter une coalition internationale contre l’Iran et le Hezbollah dont la force arabe ou sunnite serait  envoyée aux premières lignes. Les débordements de la guerre civile en Syrie touchent déjà le Liban où le pire est à craindre. Il faut reconnaitre que pour l’instant la majorité des confessions parviennent à contenir le feu qui risque de s’embraser et enflammer le Liban pour une autre guerre civile. Plus la pression monte sur la Syrie, le Liban  et l’Iran et plus les risques de contagion dans la région deviennent plus sérieux et plus graves touchant des pays comme la Turquie, l’Arabie saoudite. Il est de la tradition de l’Empire et du sionisme de gagner sinon de laisser derrière eux des ruines. S’ils échouent à mener des guerres victorieuses, ils parviennent à laisser des pays dévastés, des sociétés fracturées et des pays voisins en disharmonie sur de longues périodes freinant ainsi leur développement et leur capacité de faire front au nouvel ordre mondial.

Il faut être naïfs et incultes pour croire que Bachar Al Assad gêne l’Occident par sa propre personne. Je suis persuadé que s’il y avait un sunnite Frère musulman ou laïc et non un alaouite ou un nossayri au pouvoir, le scénario serait le même, car il s’agit de livrer les clés du gaz syrien, le corridor d’attaque de l’Iran, et les clés d’entrée au moyen Orient qui sont le Liban et la Syrie par l’histoire et la géographie.

Séquence 3 : Passer au Pakistan et obtenir son désarmement nucléaire et son démantèlement en régions ethniques dans un Sykes Picot 3 dans ces régions d’Asie musulmane après le Sykes Picot 2 dans le monde arabe. Quand on voit les attaques de drones sur le Pakistan, on est frappé par le silence de l’armée pakistanaise, mais lorsqu’on voit la riposte en Afghanistan contre les troupes américaines on se dit qu’il doit y avoir déjà une guerre ou une provocation de guerre de la part des États-Unis contre le Pakistan qui ne dit pas encore son nom, mais qui est bien réelle. Les attentats sanglants et sans cesse contre les communautés chiites au Pakistan et en Irak montrent que cette déclaration de guerre est suivie par la mise en place d’une guerre civile pour laisser l’État et l’armée divisés sur plusieurs fronts qui les poussent à une hémorragie. Pendant ce temps, l’Inde renforce son axe avec le sionisme et multiplie sa capacité de frappe balistique alors que les associations musulmanes nombreuses au Pakistan semblent impuissantes à peser sur le cours des événements… C’est le même Wahn qui continue de sévir dans le monde musulman…

Séquence 4 : Appliquer la formule de deux micros états en Palestine à proximité d’Israël dont l’un, celui du Fatah, sera reconnu comme le modèle du Vatican et l’autre, celui du HAMAS, confié à l’Égypte.  Ces deux avortons vivront de l’aumône internationale, des bienfaits d’Israël et surtout reconnaitront l’Etat sioniste et se désisteront du droit au retour des réfugiés. Pour l’instant le HAMAS, en se désolidarisant de la Syrie et en optant pour une démarche pragmatique qui va sans doute lui donner une reconnaissance par les Etats-Unis et Israël, est sur la voie de la normalisation et d’un nouveau camp David à moins que les voix radicales des faucons du HAMAS imposent la charte initiale du HAMAS ou que l’Arabie saoudite, le Qatar et les Etats-Unis ne fortifient les cellules dormantes d’al Qaeda pour une guerre fratricide entre Palestiniens à Gaza faisant ainsi perdre le dernier crédit qui reste aux palestiniens sans cap ni boussole depuis déja longtemps ou du moins depuis Oslo. Pour l’instant nous assistons à une ingratitude des Palestiniens envers les Pays qui les ont soutenus qui est aussi grotesque que leur exercice de pouvoir et d’administration et d’éléction fantôche sous occupation…

Séquence 5 : Faire passer l’Algérie de comptoir colonial français à base coloniale américaine en disposant de ses ressources et de son armée et tout particulièrement de son aviation et de sa marine pour faire le gendarme pour le compte de l’OTAN au Sahel. Certains Algériens se réjouissent de voir le général Khaled Nezzar poursuivi par la Suisse pour « crimes contre l’humanité ». Je n’ai pas de sympathie pour lui mais j’ai de la dignité et de la considération pour moi-même et pour mon pays. Je ne pourrais pas comprendre qu’un Algérien conscient des enjeux et des menaces ne voit pas que la poursuite de Nezzar n’est pas un acte de justice ni d’amour pour l’Algérie, mais une manœuvre d’intimidation contre les chefs de l’ANP pour les amener à collaborer et pour préparer l’opposition algérienne à s’intégrer dans le « cactus arabe » visant à démanteler l’Algérie ou à l’engager dans une nouvelle guerre civile si l’ANP refuse de coopérer au-delà des limites rouges.

La vérité doit être dite sans passion ni colère ni ressentiment. Nous sommes musulmans et si jamais un général doit être jugé pour des fautes graves, il le sera par une justice algérienne. S’il échappe à la Justice, car celle-ci est sous son contrôle, il ne pourra pas échapper à celle du Tout Puissant. Vouloir la justice au dépens de ce qui reste comme souveraineté nationale est inadmissible. Ceci est inadmissible, car aucun pays n’a compétence juridique ni morale pour juger l’un de nous pour des problèmes entre nous. Si nous le tolérons aujourd’hui, demain nos enfants et nos petits-enfants seront de nouveau déportés et jugés selon la loi du plus fort et non selon notre droit et nos coutumes.

A la lumière de ce qu’on a vu en Palestine, au Liban, en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie, il semble de plus en plus probable que les véritables bourreaux ne soient pas algériens, mais des agents étrangers qui n’ont non seulement aucune pitié pour nous, mais nous haïssent au point de violenter nos enfants, nos mères et nos épouses dans des conditions atroces. Enfin, il est impossible de croire que ceux qui ont mené l’Algérie à un processus « démocratique » pipé dès le début puis ont demandé son annulation et ont poussé les uns et les autres à s’entretuer puissent 20 ans après avoir de la compassion pour nous ou avoir de la considération pour les islamistes ou les nationalistes. Méfiance et vigilance. Personne ne veut faire son bilan de conscience ni l’analyse critique de son action politique ni s’engager pour un véritable changement concerté qui engage tous les Algériens sans exclusive ni exclusion alors que la situation est urgente.

Pour l’instant nous voyons les prémisses qui annoncent le démembrement du pays et la mise sous tutelle de son armée : la persistance chez les militaires de l’idée d’un peuple immature et inapte, la dissolution des moeurs sociales, politiques et économiques, l’absence de règles déontologiques, l’individualisme, l’absence d’unité d’orientation idéologique, les ressources nationales aux mains des multinationales, l’économie nationale livrée aux parasites privés qui sont nés dans le sillage du secteur public et de la corruption et le marché livré au marché noir et à la corruption, un fossé de plus en plus grand entre gouvernants et gouvernés, le sentiment d’impunité chez une minorité et le sentiment d’injustice chez la majorité, absence de langue nationale, absence de projet d’avenir, environnement arabe et africain en turbulence, situation intérieure explosive, visées coloniales de plus en plus affichées, intimidantes et menaçantes…

Conclusion

Ces séquences annoncent une fin de scénario pessimiste qui s’avance inexorablement et à grande vitesse à moins que la Providence divine ait un autre dessein qui nous échappe. Dans ces moments de confusion et de bouleversements imposés par les autres, car nous n’avons pas su concevoir et réaliser à temps nos changements par nous-mêmes et à notre profit, il ne s’agit pas de baisser les bras ou d’avoir une quelconque émotion, mais de tout faire et tout dire pour tenter de sauver les meubles et ne pas donner à l’Empire agonisant et à l’entité sioniste dans l’impasse une possibilité de se régénérer.

La gauche française à l’instar des progressistes occidentaux ont comme d’habitude failli et ne sont plus concernés par le devenir des peuples ni par la lutte anti impérialiste. Les événements en Libye et en Syrie prouvent une de fois de plus les limites idéologiques de la gauche quand il s’agit du monde musulman.

Il ne reste à ceux qui portent la civilisation musulmane et arabe dans leurs tripes que de réagir avec patience et constance en dévoilant les complots et les enjeux.

Enfin ce n’est qu’une analyse qui montre le probable sans prétendre détenir la vérité :

{Il n’est pas de mise qu’Il vous Informe sur le Ghayb} Al Baqara 179

La vérité sur laquelle nul ne peut faire de concessions ni l’ignorer surtout s’il se réclame de l’Islam est incontestablement celle-ci et que Qaradhawi semble oublier prouvant une fois de plus que le savoir n’est pas la garantie de la probité intellectuelle ni de la guidance religieuse :

{Il n’appartient point à un croyant de tuer un croyant sauf par erreur.} An Nissa 92

{Quiconque tue un croyant intentionnellement, sa punition sera la Géhenne où il s’éternisera ; Allah le Frappera de Sa Colère, le Maudira et lui Préparera un immense châtiment.} An Nissa 93

En Libye, Qadhafi a tué en 40 ans près de 4000 Libyens, les Jihadistes avec l’aide de l’Otan ont tué en 4 mois plus de 40 000 libyens. Combien de musulmans seront décimés en Syrie? Combien de musulmans seront occirés par la future « armée islamique internationale » si jamais elle verrait le jour ? Pour l’instant nous savons que depuis le 11/09, dix millions de musulmans ont péri entre l’Irak, l’Afghanistan, le Nigéria, la Somalie, le Soudan… Nous savons aussi par le hadith authentique que celui qui combat sous un étendard de confusion (false flag ou fausse bannière) et s’il meurt, sa mort est celle de la Jahiliya (il meurt comme un mécréant). Nous savons par la Fatwa de Cheikh Al Ibrahimi le prédicateur de la révolution algérienne que le colonialisme et l’Islam sont antagonistes et que toute alliance avec l’impérialisme est l’oeuvre de Satan :

« les Musulmans doivent comprendre tout ces enjeux et savoir que la vigilance la plus élémentaire leur recommande d’éprouver, par esprit d’équité et de réciprocité, pour le moins, les mêmes sentiments d’hostilité que leur ennemi éprouve envers eux. Leur allégeance loyale et leur alliance sous n’importe quelle forme envers le colonialisme, leur ennemi, est une transgression des principes sacrés de l’Islam. Celui qui accepte ou tolère la tutelle colonialiste signifie ici, qu’il a accepté de se détourner de sa religion et de faire triompher l’ennemi de sa religion sur sa propre personne, sa génération, son peuple et sa patrie. »

Dans le prolongement de mes analyses sur les révolutions en Tunisie et en Egypte j’ai écris deux livres  » Le dilemme arabe et les 10 commandements US » et « Islamophobie : Deus Machina » pour montrer, selon ma propre évaluation de la situation du monde musulman et ma propre grille de lecture des révoltes arabes, que nous allons assister à des arrangements d’appareils bureaucratiques avec l’impérialisme pour d’une part confisquer les révolutions populaires en Tunisie et en Egypte et d’autrre part semer le chaos en Syrie et en Libye. L’ingénierie et la prospective américaine allaient disloquer les mentalités collectives, les géographies, les économies et l’histoire commune du monde musulman pour empêcher toute évolution dans le monde musulman et en particulier tout rapprochement avec l’Iran et toute consolidation et élargissement de l’axe de résistance. Par ailleurs le complexe de renseignement et de psychologie sociale de la CIA et des experts de la géopolitique allaient donner un contenu militaire à l’Islamophobie pour faire de la méfiance des occidentaux envers les Musulmans et de la défiance des musulmans entre eux un champ explosif faisant sauter l’islam politique avant qu’il ne parvienne à maturité civilisationnelle. Avec la mise en scène des Jihadistes, d’al Jazira et de Qaradawi, ils ont réussi à dévoyer le projet islamique et à stopper la dynamique de changement.

Maintenant ils passent à la récolte des fruits : créer une armée « islamique » agissant pour le compte de l’OTAN… Entre la coupe et les lèvres il y a la Syrie et Damas. L’autre récolte est celle que j’avais évoqué dans ces deux livres : Profiter des erreurs stratégiques de Qaradhawi prisonnier de sa mégalomine , de sa sénilité et sans doute  la taupe qui s’est infiltrée  dans son entourage et l’a manipulé pour détruire l’association internationale des savants musulmans dont son président était antisioniste et militant acharné de la résistance palestinienne. Nous voyons déja les dégats : des sites alimentés de syrie le traitent déja d’agent du Mossad, ce qui est une éxagération et un mensonge sans preuve. Plus tard les Islamophobes comme Daniel Pipes vont exploiter sa Fatwa autorisant l’assassinat de Kadhafi pour salir les savants musulmans qui n’ont pas eu le courage et l’intelligence de mettre fin à la dérive guerrière de Qaradhawi et à son ecart flagrant de la Sunna du Prophète (saws). Laurence d’Arabie, Bressinski, Lewis, BHL, Daniel Pipes et consort surfent sur notre insenséisme et notre vanité.

Mohammad Haykal : al Jazira et les révoltes clé en main !

Haykal : « ce n’est pas un Printemps arabe mais des révoltes clé en main » !

Suite à ses déclarations publiées par le quotidien égyptien Al-Ahram , l’ex-conseiller du président défunt Gamal Abdel Nasser, l’éminent journaliste Mohammad Hassaneyn Haykal s’est vu arrêté sa coopération avec la chaîne satellitaire qatarie alJazira.

Haykal avait affirmé dans son interview que « ce qui se passe dans le monde arabe n’est pas le printemps arabe, mais des révolutions clé en main » dans une référence indirecte à l’implication du Qatar dans le financement des rébellions qui ont lieu dans le monde arabe. L’éminent journaliste égyptien a indiqué que « la reconnaissance par les Etats-Unis aux Frères musulmans ne s’est pas effectuée par admiration pour eux ou par sagesse; mais plutôt suite aux conseils d’un certain nombre d’orientalistes qui ont estimer qu’il était bon d’exploiter l’accession au pouvoir des Frères musulmans pour alimenter les conflits inter-musulmans selon leurs intérêts ». ET d’ajouter que  » les Frères musulmans, trop épris par la joie d’être reconnu par les Occidentaux, omettront d’étudier les véritables raisons cette reconnaissance américaine! »

Mohammad Hassaneyn Haykal a estimé que  » le monde arabe connaît aujourd’hui une nouvelle forme des Accords de Sykes-Picot à travers laquelle le monde arabe est censé être divisé à nouveau pour établir un nouveau partage de ses ressources et un repositionnement de ses forces ». Il a souligné que « nous assistons aujourd’hui à un changement régional, international et politique qui évolue à une vitesse impressionnante, s’étendant sur une large dimension et ayant des conséquences profondes et dangereuses. Il s’agit d’un projet de fissuration du tissu national … » Haykal : « ce n’est pas un Printemps arabe mais des révoltes clé en main » !

Suite à ses déclarations publiées par le quotidien égyptien Al-Ahram , l’ex-conseiller du président défunt Gamal Abdel Nasser, l’éminent journaliste Mohammad Hassaneyn Haykal s’est vu arrêté sa coopération avec la chaîne satellitaire qatarie alJazira. Haykal avait affirmé dans son interview que « ce qui se passe dans le monde arabe n’est pas le printemps arabe, mais des révolutions clé en main » dans une référence indirecte à l’implication du Qatar dans le financement des rébellions qui ont lieu dans le monde arabe. L’éminent journaliste égyptien a indiqué que « la reconnaissance par les Etats-Unis aux Frères musulmans ne s’est pas effectuée par admiration pour eux ou par sagesse; mais plutôt suite aux conseils d’un certain nombre d’orientalistes qui ont estimer qu’il était bon d’exploiter l’accession au pouvoir des Frères musulmans pour alimenter les conflits inter-musulmans selon leurs intérêts ». ET d’ajouter que  » les Frères musulmans, trop épris par la joie d’être reconnu par les Occidentaux, omettront d’étudier les véritables raisons cette reconnaissance américaine! »

Mohammad Hassaneyn Haykal a estimé que  » le monde arabe connaît aujourd’hui une nouvelle forme des Accords de Sykes-Picot à travers laquelle le monde arabe est censé être divisé à nouveau pour établir un nouveau partage de ses ressources et un repositionnement de ses forces ». Il a souligné que « nous assistons aujourd’hui à un changement régional, international et politique qui évolue à une vitesse impressionnante, s’étendant sur une large dimension et ayant des conséquences profondes et dangereuses. Il s’agit d’un projet de fissuration du tissu national … » Enfin, l’ex-conseiller du président Abdel Nasser a résumé la situation au Moyen-Orient en deux points: le premier est une fissure invisible mais fracassante qui consiste à plonger la région dans un conflit inter musulmans, en particulier entre sunnites et chiites. Ce projet de division a commencé il y a des années quand le régime du Shah en Iran est tombé avec l’avènement de la révolution islamique d’Iran. Et le deuxième est une division parallèle à la première, où la région sera soumise à un nouveau Sykes-Picot avec des variables ajustables selon les circonstances requises ». Un dernier mot sur la Syrie, où Haykal a considéré qu' »une intervention militaire étrangère en Syrie en ce moment est effrayante, et que  » les conséquences d’une conquête étrangère de la Syrie sont très difficile à évoluer surtout après ce qui s’est passé en Irak, au Yémen, au Soudan et enfin en Libye, ajoutant:  » ni la région de Bagdad à Benghazi, ni la région d’Alep à Aden ne peuvent supporter ce qui se prépare dans la région à travers l’intervention des armées et des flottilles étrangères ».

Enfin, l’ex-conseiller du président Abdel Nasser a résumé la situation au Moyen-Orient en deux points: le premier est une fissure invisible mais fracassante qui consiste à plonger la région dans un conflit inter musulmans, en particulier entre sunnites et chiites. Ce projet de division a commencé il y a des années quand le régime du Shah en Iran est tombé avec l’avènement de la révolution islamique d’Iran. Et le deuxième est une division parallèle à la première, où la région sera soumise à un nouveau Sykes-Picot avec des variables ajustables selon les circonstances requises ». Un dernier mot sur la Syrie, où Haykal a considéré qu' »une intervention militaire étrangère en Syrie en ce moment est effrayante, et que  » les conséquences d’une conquête étrangère de la Syrie sont très difficile à évoluer surtout après ce qui s’est passé en Irak, au Yémen, au Soudan et enfin en Libye, ajoutant:  » ni la région de Bagdad à Benghazi, ni la région d’Alep à Aden ne peuvent supporter ce qui se prépare dans la région à travers l’intervention des armées et des flottilles étrangères ».

Source : Al Manar

L’émissaire de la haine et de la mort

Nous sommes dans une ambiance précoloniale où la Syrie est visée en second lieu après la Libye avant de viser l’Algérie qui sera complètement isolée sur le plan international et divisée sur le plan national par la faute de ses gouvernants incompétents et de son opposition infantile. Voici un aperçu de BHL sur l’Algérie qu’il faut d’abord voir dans sa carrière d’agent spécial dans le monde musulman pour comprendre ses déclarations

BHL et sa tournée mondiale (sources : télévision Tel Aviv)

 BHL et le printemps arabe en Algérie


Pour BHL, l’Algérie connaitra son printemps arabe par jackyshow38

La Syrie et les Etalons (Fhoula) musulmans à la Mecque

Les étalons, énuques, et les principes, fallacieux, ont prononcé,  au sommet islamique de la Mecque, la suspension de la Syrie de l’Organisation de coopération islamique (OCI). Comme prévisible l’Iran se retrouve seul face à 56 pays dits musulmans.  On aurait pu dire que la souris accouche d’une souris,  que le serpent se mord la queue ou que le mulet ne peut être géniteur si la majorité de ces pays étaient  islamiques dans le sens où ils appliquent la Chariâ islamique à la lettre. Ils sont dans la situation de l’âne qui ignore le poids des responsabilités et la valeur des mots  qu’il transporte :

{L’exemple de ceux à qui on a fait porter la Torah, et qui ensuite ils ne l’ont pas portée, est comme l’exemple de l’âne qui porte des livres. Piètre exemple des gens qui ont démenti les Signes d’Allah ! Et Allah ne Guide pas les gens injustes.} Al Jumu’â  5

« Que celui qui n’a pas péché  jette la première pierre » est la réponse que Jésus a donnée aux pharisiens et aux hypocrites qui voulaient lapider une femme soupçonnée d’adultère. C’est la mauvaise réponse que les bédouins vassaux de l’impérialisme et illégitimes vis-à-vis de leurs peuples viennent de donner à  la Syrie pour la livrer aux visées américano sionistes comme si la tragédie de la Libye, de l’Irak et de l’Afghanistan et de la Palestine ne sont pas des plaies encore béantes attendant réponse.

La ligne droite, comme le Sirat al Moustaqim, aurait du s’établir directement entre la Mecque et Damas. Elle n’aurait pas du passer par le méridien de la Mecque via Qaradhawi, la Cia et le Pentagone pour compliquer la situation, mais aurait du passer par une invitation des dirigeants de la Syrie à venir exposer leurs points de vue car il n’est pas dans les traditions archaïques ni modernes d’écouter un clan séditieux contre le détenteur du pouvoir sans auparavant  mettre à l’épreuve le détenteur du pouvoir et le clan séditieux. La loi d’Allah pour les Serviteurs des lieux saints amputé du troisième lieu saint leur commande d’inviter les parties en conflit à effectuer une ‘Omra puis à s’assoir autour d’une table et trouver solution urgente pour mettre fin à l’effusion de sang puis se mettre d’accord sur un programme de sortie de crise :

{Et si deux groupes de croyants se combattent, réconciliez-les. Si alors l’un des deux groupes tyrannise l’autre, combattez celui qui tyrannise jusqu’à ce qu’il revienne à l’Ordre d’Allah. S’il revient, réconciliez-les avec justice et soyez équitables. Certes, Allah Aime les équitables. Les croyants ne sont que des frères, établissez la concorde entre vos frères. Et prenez garde à  Allah : ainsi il  vous sera fait miséricorde.} Al Hujurate 9

Sinon il fallait  ou bien établir la preuve par l’image et le son sur celui qui persiste dans la mécréance et l’injustice, ou bien remettre l’affaire entre Allah en s’inspirant de la moubahala : la malédiction sur le menteur (المباهلة) :

{ فَمَنْ حَآجَّكَ فِيهِ مِن بَعْدِ مَا جَآءَكَ مِنَ ٱلْعِلْمِ فَقُلْ تَعَالَوْاْ نَدْعُ أَبْنَآءَنَا وَأَبْنَآءَكُمْ وَنِسَآءَنَا وَنِسَآءَكُمْ وَأَنْفُسَنَا وأَنْفُسَكُمْ ثُمَّ نَبْتَهِلْ فَنَجْعَل لَّعْنَتَ ٱللَّهِ عَلَى ٱلْكَاذِبِينَ } [عمران آل: 61 ]

 {La Vérité émane de ton Dieu, ne sois donc pas du nombre des sceptiques. Quiconque te dispute à son sujet, à partir de ce qui t’a été donné de la Science, alors dis : « Venez : convoquons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes, nos personnes et vos personnes, ensuite invoquons pour appeler la malédiction d’Allah sur les menteurs ».} Al Imrane 61

Ces gouvernants, ces savants musulmans et ces partis islamiques hystériques et insensés auraient ainsi prouvé au monde musulman que le régime syrien et à sa tête le Président Bachar Al Assad pratiquent le Kufr (bawàh) flagrant, évident, incontestable. Pour l’instant nous assistons à l’impensable.

La géopolitique et l’instinct de survie auraient du leur commander de ne pas livrer un régime en place à une opposition qui se prétend islamiste alors qu’elle affiche ouvertement  le soutien politique, militaire, médiatique et diplomatique qu’elle reçoit de ceux qui ont colonisé le monde musulman et qui veulent le démanteler  dans un Sykes Picot bis pour détruire ce qui pourrait encore faire le trait d’union d’une civilisation  qui attend son éveil en l’occurrence le ciment des mentalités collectives des peuples musulmans, de  l’histoire commune, la contigüité de  la géographie et l’impératif de constituer un front politique, économique et militaire contre l’hégémonie américano sioniste.

Comme toujours les Bédouins incultes  et insensés ratent l’occasion de se réconcilier avec l’histoire et la vérité et font prévaloir leurs opinions erronées et les instructions de leurs maitres.  Il ne leur suffit pas de porter l’injustice commise contre leur propre peuple, il faudrait qu’ils portent l’injustice  des autres.  Au nom de quel droit, de quelle légitimité et de quelle représentativité de l’Islam,  trahi et ignoré, ces vauriens prennent des décisions en notre nom au mois de Ramadhan et à la Mecque sacrée. Ces petits Dejjals (faux Messies) ne savent pas qu’entre le Halal (licite) évident  et le Haram (illicite)  évident il y a un espace de confusion et de doute qu’il faut éviter par l’abstention. Entre d’une part  le régime syrien,  une majorité du peuple et l’essentiel de l’armée qui le soutiennent, et d’autre part  les forces sionistes qui veulent la guerre civile et l’anéantissement du dernier axe  de la résistance, il ne peut y avoir confusion et s’il y a confusion il faut alors s’abstenir de prendre parti pour un camp ou pour l’autre.  La logique musulmane exige pourtant de ne pas soutenir les séditions armées  et encore moins les coalitions colonialistes qui veulent morceler le monde musulman et spolier ses richesses :

{O vous qui êtes devenus croyants, ne prenez pas Mon ennemi et votre ennemi comme protecteurs, quand vous sortez lutter pour Ma Cause et que vous recherchez Mon Agrément, en leur faisant preuve d’affection, alors qu’ils ont mécru en la Vérité qui vous a été révélée.} Al Mumtahana 1

Si en Egypte et en Tunisie nous voyons le scénario turc se mettre en place dans sa version islamiste comme il été déjà mis en place dans sa version laïque et nationaliste  alors  nous pouvons comprendre, sans pour autant la justifier ni l’approuver, la démarche opportuniste des Frères musulmans. Mais nous avons du mal à imaginer l’Algérie se ranger derrière les bédouins. Elle trahit sa révolution et ses martyrs, elle ne se réconcilie pas avec la tragédie de l’interruption du processus électoral, elle ne restaure pas les droits bafoués, et elle ne se libère pas de la voie qui la mène doucement mais surement de comptoir commercial français à base coloniale américaine.  Les gouvernants algériens et ses opposants, non islamistes et  islamistes,  sont, abstraction faite des multiples paradoxes qui les minent, en contradiction flagrante avec les grandes figures de la révolution algérienne telles que  Cheikh Al Ibrahimi qui a considéré le colonialisme comme un Satan à combattre :

« Le colonialisme dans sa globalité comme dans ses composants est une souillure provenant de l’œuvre de Satan, ses partisans se rencontrent sur ses propagations perverses celles-là même qui sont poussées par les instincts prédateurs voraces des colonisateurs et animés par les théories du colonialisme expertes dans la construction des instruments impitoyables de prédation et cultivées dans l’art de mettre en servitude les objets de leurs convoitises. Parmi ses moyens les plus redoutables, le colonialisme sape le moral des colonisés et anesthésie leurs sensibilités morales et spirituelles »

(…) L’Islam et le colonialisme sont deux antagonismes qui ne peuvent jamais se rencontrer. L’Islam est la religion de la liberté et de l’émancipation alors que le colonialisme est la religion de la servitude et de l’asservissement. L’Islam a instauré la miséricorde et la bienveillance et il ordonne la pratique du bien et de la justice alors que le colonialisme repose sur la dureté, la tyrannie et la transgression. L’Islam appelle à la paix et à la stabilité, pendant que le colonialisme appelle à la guerre, au meurtre, à la destruction et aux crises.

(…) le colonialisme est le pire ennemi de l’Islam et des Musulmans et par voie de conséquence il est de l’obligation de tous les gens de confession musulmane de considérer le colonialisme comme l’un de ses plus grands ennemis et par conséquent il ne peut y avoir acceptation de sa tutelle, de son alliance ou d’une allégeance à son égard.

(…) les Musulmans doivent comprendre tout ces enjeux et savoir que la vigilance la plus élémentaire leur recommande d’éprouver, par esprit d’équité et de réciprocité, pour le moins, les mêmes sentiments d’hostilité que leur ennemi éprouve envers eux. Leur allégeance loyale et leur alliance sous n’importe quelle forme envers le colonialisme, leur ennemi, est une transgression des principes sacrés de l’Islam. Celui qui accepte ou tolère la tutelle colonialiste signifie ici, qu’il a accepté de se détourner de sa religion et de faire triompher l’ennemi de sa religion sur sa propre personne, sa génération, son peuple et sa patrie.

(…)  Une des pires et infâmes alliances avec le colonialisme, c’est celle qui est faite au moment où il faudrait s’opposer à lui et de lui tendre la main au moment où il faudrait le combattre. Ce qui dépasse le comble de l’infamie c’est de pactiser avec ton colonisateur lorsqu’il livre bataille.

(…) Il ne peut y avoir exemple plus éloquent en matière de stupidité et de lâcheté que de voir l’opprimé faire alliance avec son oppresseur à moins que la réalité du monde et la logique de la raison nous prouvent l’alliance de la colombe avec l’aigle et celle de l’entente l’agneau avec le loup. »

Pourquoi faire allégeance aux puissants alors que les expériences prouvent qu’ils ne s’allient à nous que pour prendre nos enfants comme chair à canon, nos géographies comme zone de conflits et d’affrontements à leurs guerres coloniales, nos terres comme ressources pour asseoir leur puissance et leur domination. Puis lorsque la guerre s’achève, le plus grand perdant et le plus grand vaincu c’est toujours nous et ce quelque soient les mobiles ou les circonstances des guerres coloniales. Combien d’avertisseurs sont venus nous réveiller est-ce que parmi nous il y en a qui se souviennent ?

O musulmans ! O organisations musulmanes ! O gouvernements islamiques, ne manifestez aucun sentiment d’attachement pour le colonialisme, car ce serait commettre une rébellion contre Allah, une agression contre le genre humain et vous seriez des hérétiques séditieux envers l’Islam.  Ne soyez pas alliés à ses côtés, ni en temps de paix, ni en temps de guerre, car en temps de paix, il fait passer son intérêt avant les vôtres, et en cas de guerre ce sont vos patries qui seront son butin. Ne contractez aucune alliance avec lui car il ne respecte pas ses engagements ; n’attachez aucune foi en ce qu’il dit, car certainement sans foi ni loi il n’est garant d’aucune sécurité ou protection pour vous.

Le colonialisme laisse échapper ses derniers soupirs. Que l’histoire ne soit pas un témoignage contre vous en lui donnant par votre allégeance un jour supplémentaire d’existence sur terre. Ne vous alliez pas à lui, car sa nature bestiale le pousse à dévorer son allié avant de dévorer son ennemi.

Ces extraits de la Fatwa remontant à la guerre de libération sont toujours d’actualité :

  • Ils sont conformes à la situation du colonialisme qui agonise, mais qui reste en vie donnant des coups de cornes mortels à nos crétins qui lui donnent des perfusions de leur sang, de leur vitalité  au détriment de leur honneur et de leur vie
  • Ils témoignent contre nous et  prouvent que nous sommes toujours des insensés, des bavards impénitents, des insouciants, des traîtres qui vont une nouvelle fois subir l’humiliation  et  le châtiment par une nouvelle Fitna (le comportement hors de la droiture et les agissements en contradiction avec le Coran et la Sunna) :

{ وَٱتَّقُواْ فِتْنَةً لاَّ تُصِيبَنَّ ٱلَّذِينَ ظَلَمُواْ مِنكُمْ خَآصَّةً وَٱعْلَمُوۤاْ أَنَّ ٱللَّهَ شَدِيدُ ٱلْعِقَابِ }

{Et craignez une sédition qui n’atteindrait pas particulièrement ceux qui ont été injustes d’entre vous. Sachez qu’Allah punit sévèrement.} Al Anfal 25

Je n’apprendrais à personne que le courage véritable de nos valeureux  gouvernants  et de nos élites « islamistes » s’est honorablement manifesté pour libérer l’Irak, l’Afghanistan, Gaza et la Palestine.  Nous leur souhaitons bonne fête de l’Aïd qui va se dérouler comme toujours, dans l’effusion de sang, l’effritement du monde musulman et l’impunité des sionistes et des colonisateurs.

Les Arabes et à leurs suite les Musulmans ont, à la veille de l’Aid, décrété, sur ordre du grand satan, un embargo sur la Syrie privant ses enfants, ses femmes et ses vieux de nourritures, de médicaments et de soutien, mais nous espérons d’Allah ce que n’espèrent pas les  faux étalons :

{certes, les manœuvres de Satan sont fragiles.} An Nissa 76

Ahmadinejad à la Mecque : « Nous sommes tombés dans le piège de nos ennemis »

Au cours d’une allocution, à la Conférence de l’OCI, à la Mecque, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a brossé un tableau pessimiste sur la situation régionale, allant jusqu’à vilipender certains rois arabes qui jouent le jeu des ennemis en Syrie alors que leur peuple les refuse! « J’ai un amer constat à faire : malheureusement, nous, les Musulmans, nous sommes tombés dans le piège que nos ennemis nous ont tendus! Nous entrons de plein pied dans une guerre totale, dévastatrice et vaine, une guerre à caractère fratricide, ethnique et tribale, qui pourrait durer des dizaines d’années. Malheureusement, certains pays jouent le jeu des ennemis a déclaré le président iranien » ! …

Et de poursuivre: « Ceux qui étaient arrivés au pouvoir, pour changer la politique hégémonique des Etats Unis envers notre région, ont tourné leur veste et ils veulent changer notre région, ils nous menacent de guerre…je vous renvoie à l’Afghanistan, à l’Irak, la Libye, la Syrie, à Bahrein, au Yémen ….dans ces pays qui tire sur qui ? « ….

« Si nous acceptons que la justice et l’égalité sont le droit de tout un chacun, alors, nous allons accepter que nous sommes tous dans le même bateau, nos destins sont liés. Nous devons nous serrer les coudes, nous entre-aider, pour faire face à l’ennemi commun; nous devons faire front commun face à nos ennemis », a encore affirmé Ahmadinejad.

« L’OTAN rêve de s’emparer de notre région et nous, au lieu d’affronter ce danger, sur la foi de faux arguments, inventés ou imaginaires, ethniques ou tribaux nous sommes devenus ennemis, sans savoir que ces hostilités gratuites offrent la meilleure occasion à nos vrais ennemis, pour nous envahir a regretté le président iranien. »

la voie de libération de Jérusalem (suite 2/2)

Jérusalem est un symbole

La marche épique de Salah Eddine vers la libération de Jérusalem, a commencé par des événements sanglants à l’issue desquels Jérusalem est tombé injustement aux mains de la horde des croisades au cours de la dernière année du dixième siècle de notre ère.

Jérusalem est un symbole pour les Croisades : le royaume de Jérusalem ou le royaume latin d’Orient.

Salah Eddine est un symbole de la résistance contre les croisades et du Djihad islamique contre l’agression. Il a consacré sa vie à la libération de Jérusalem, comme nous le verrons dans la Partie II de la présente étude qui va tenter d’approfondir le récit sur d’édification de la stratégie de bataille contre les croisés jusqu’à la récupération de Jérusalem et des territoires arabes occupés.

Le début des manœuvres militaires des deux côtés, se déroula comme un jeu d’échecs où chacune des parties essaye de deviner la stratégie de l’adversaire tout en déployant la sienne par l’occupation tactique du terrain et par l’utilisation des ressources disponibles de la meilleure façon possible, avec audace et intelligence.

Dans le camp des Croisés les choses semblent un peu plus compliqués car il était difficile de trouver un compromis entre la prudence du comte de Tripoli, Raymond III, et la fougue belliqueuse des Templiers .

Dans le camp des musulmans, le génie militaire de Salah Eddine va se manifester comme prolongement des manœuvres militaires et des méthodes de guerre utilisés dans la bataille de Hattin et les batailles connexes qui ont suivi cette bataille et qui toutes ont été menées dans une seule visée : récupérer Jérusalem et la libération de la mosquée Al-Aqsa.

Dans la période antérieure à la bataille de Hattin, Salah Eddine a consacré environ treize mois dans la lutte contre les croisés par des combats intermittents, alors qu’il a passé trente-trois mois, depuis l’automne de l’an 570 AH / 1174, dans des combats sporadiques contre les arabes, afin de construire un front uni arabe. Ce n’est qu’en 581 AH / 1186, qu’il parvint à un traité avec l’émir de Mossoul qui parachève la souveraineté totale de Salah Eddine sur le monde arabe et lui donne les forces militaires manquantes pour envisager sérieusement une bataille décisive contre les Croisés (36).

On peut d’ores et déjà sortir avec la conclusion que le Sultan était pleinement conscient que la construction d’un Front uni est très importante dans son dispositif de combat contre les Croisés. Dès qu’il a réalisé l’unité de front arabe il s’est aussitôt déployé sur la seconde phase de sa stratégie à long terme murement réfléchie, patiemment et intelligemment mise en place pour la libération de Jérusalem.

David Jackson a écrit : … Je crois que l’analyse des motivations religieuses et de sa dévotion mérite d’être évaluée avec soin pour voir qu’en dépit de tout, son attachement à son idéal religieux a été irréversible, en dépit de l’existence des différents points de vue des autres. Je reste persuadé que la motivation première qui a guidé toute la vie et toute l’ouvre de Salah Eddine était le Jihad jusqu’à la libération totale de Jérusalem qui passe aux yeux de Salah Eddine nécessairement par la destruction de la puissance militaire du Royaume des croisades. Le Jihad était pour lui la condition nécessaire pour atteindre l’objectif de libérer Jérusalem.

On a essayé de montrer la lutte de Salah Eddine contre les princes rivaux comme une lutte d’intérêts et de pouvoir pour son clan et sa famille mais cela ne tient pas à l’analyse de ses biographies. J’ai l’intime conviction que sa vie a été consacrée à l’objectif qu’il avait choisi, la libération de Jérusalem, et toutes ses luttes internes se focalisaient sur la réalisation de cet objectif (37).

Face à Salah Eddine on peut dire que la stratégie des Croisés a constaté essentiellement à éviter l’affrontement avec les musulmans autant que possible en se focalisant sur une planification de guerre purement défensive (38). Depuis la création du royaume des Croisés, les Franques ont toujours consacré leurs efforts à la fragmentation des arabes et à l’évitement d’une confrontation qui pouvait donner une rapide victoire aux armées musulmanes.

Raymond III était persuadé que si l’armée des Croisés livrait bataille dans la chaleur de l’été elle n’aurait pas la haute main dans la lutte, et a tenté de persuader le roi croisé, Guy de Lusignan, de ne pas prendre l’initiative de livrer bataille et de sa cantonner à la défensive. Mais le chef des chevaliers Renaud de Châtillon accuse Raymond de lâcheté et convainc les Croisés de lancer assaut contre les musulmans et battre l’armée de Saladin.

Comme le Roi des Croisés n’avait pas l’envergure d’un chef il a finit par se ranger à l’avis de Renaud de Châtillon. Dans leur sortie à la rencontre des musulmans les Croisés ont campé dans la région de Sophoria verdoyante avec arbres et cours d’eau et Raymond insistât pour y rester sans aller plus loin dans la rencontre des musulmans préconisant une fois de plus qu’il n’était pas sage de chercher à livrer combat contre les musulmans.

 

À propos de Galilée

Salah Eddine n’a pas hésité à recourir à une diversion militaire pour forcer les Croisés à sortir de leur campement de Sophoria qui leur assurait la sécurité et les ressources. Au début du printemps de l’année 583 AH / 1187, il a lancé une forte attaque sur la forteresse de la Galilée où résidait la femme du comte Raymond III. Soumettant le château a des assauts qui allaient le faire tomber, Salah Eddine parvient à pousser la femme du comte, retranchée dans le château assiégé, à solliciter l’aide du roi des Croisés pour mettre fin au siège de Salah Eddine (39). La manœuvre militaire de Salah Eddine réussit : contre l’avis de RAYMOND III qui était conscient des risques de l’affrontement meurtrier avec l’armée des musulmans d’une part, et qui pensait qu’il valait mieux laisser tomber le château et payer la rançon pour libérer sa femme d’autre part, le chef de l’Ordre des Chevaliers, s’introduisit auprès du roi des Croisés et le convaincu d’aller à la rencontre de Salah Eddine pour l’empêcher de s’emparer de la Galilée.

Vendredi, 24 rabiâ 583 Hijri / 3 Juillet 1187, en pleine chaleur, l’armée des croisades quitta les jardins couverts de Sophoria pour prendre le chemin des collines nues à destination de Tibériade (40). Comme à l’habitué les forces de renseignement et de reconnaissance de l’armée de Saladin démontrèrent leur intelligence et leur compétence dans le suivi et les prévisions des manœuvres des armées des croisés. Salah Eddine était mis au courant du déplacement des armées ennemies et de l’état de leurs forces.

Et Salah Eddine redéploya son armée en lui faisant faire marche du camp de « Kfar Sabbat » au village de Hattin, qui était été riche en pâturages et en eau abondante. A hattin son armée fit jonction avec les troupes musulmanes qui revenaient de Galilée mettant fin à leur siège. La situation logistique a changé : c’est maintenant les troupes musulmanes qui sont à l’aise et au repos tandis que les troupes croisées sont en marche exposées à la chaleur et au soleil de plomb.

Dans cette situation de combat les troupes musulmanes harcelaient les flancs et les arrières des armées par des coups de main et des embuscades en s’appuyant sur la cavalerie légère. On assiste à de nouvelles techniques de combat auxquelles les armées des croisées n’étaient pas préparées : harcèlement et attaques surprises éclair.

Il était difficile voire impossible pour les armées croisées de modifier leur dispositif de combat et de déplacement pour s’adapter aux nouvelles techniques de guerre éclair utilisée par les musulmans. Maintenant leur dispositif traditionnel de blocs compacts et de rangs serrés les croisés ont péniblement souffert du harcèlement type guérilla. Devant les pertes subies et la désorganisation de leurs dispositifs, les Croisés ont été contraint d’arrêter leur déplacement et d’organiser un camp de stationnement pour tenter de repousser les attaques poursuivies tout au long d’une longue et pénible journée qui a vu des attaques violentes perpétrées par des musulmans sur les flancs et le dos de leur armée et entamant la résistance morale et physique des troupes(41).

Les Croisés ont installé leur campement sur une colline surplombant le lac de Galilée. Mais ils ne sont pas en mesure d’atteindre l’eau car des détachements musulmans leur font obstruction en s’interposant entre eux et les berges du lac.

Et pour le malheur des croisées, la soif du jour se conjugua à la fumée émise par les feux que les soldats de Salah Eddine, infiltrés dans les avants postes, allumaient dans les broussailles sèches autour du campement. Les croisés étaient en plus démoralisés par les prières et les Allah Akbar prononcés par les musulmans. Le matin, à l’aube dès l’appel à la prière des musulmans, les croisés avec un moral fortement perturbé, firent le constat qu’ils étaient encerclés de tous les côtés. Il ne leur restait que la tentative d’ouvrir une brèche par l’infanterie à destination des points d’eau mais ce fut pour eux la plus grande débâcle de l’histoire des croisades. Après d’âpres combats une partie des troupes croisées fut dispersée et une autre partie fut tuée ou capturée.

Le samedi, rabiâ 25 583 Hijri / Juillet 4, 1187, l’Armée islamique réalisa la plus grande victoire contre l’existence du royaume des croisades. Toute l’armée conduite par les Chevaliers fut décimée. Ne survécut à cette défaite que Raymond III, le comte de Tripoli, qui avaient fui pendant la bataille, avec un certain nombre d’amis. Salah Eddine a réussi à décimer une partie de l’élite des Croisés (42). Jérusalem devenait de plus en plus un objectif proche et réalisable dans la stratégie patiente et savante de Salah Eddine.

A la suite de ce combat qui fut une destruction catastrophique des forces principales des Croisés qui ont perdu des hommes et du matériel ne restaient comme résistance principale sur la route vers Jérusalem que de petites garnisons retranchées dans les forteresses, les châteaux et les villes occupées qui tombèrent les unes après les autres au main des musulmans peu de temps après la bataille de Hattin.

 

Plus qu’une défaite, une série de défaites

Certes, il est vrai qu’avant la bataille de Hattin les Croisés ont connu des catastrophes militaires, il est vrai aussi qu’un certain nombre de leurs dirigeants ont été tués ou faits prisonnier par les combattants musulmans, mais la bataille de Hattin est plus qu’une défaite ou une catastrophe militaire c’est l’effondrement du système idéologique, militaire, politique et psychologique des croisades.

Le plus important dans cette bataille décisive est que Salah Eddine est réconforté dans sa vision de libération de Jérusalem qui dictait de rendre les croisés vulnérables détruisant le mythe de leur invincibilité militaire et de la puissance de leur royaume. Il a été en mesure, à la tête de son armée, de détruire la plus grande armée des Croisés, et il est maintenant convaincu plus que jamais que la défaite totale des Croisés est faisable et que c’est leur défaite militaire qui mettra fin au royaume latin en Orient et réalisera la libération définitive des territoires arabes de la domination étrangère.

Il est vrai que la bataille de Hattin n’a pas mis de fait fin aux Croisades et s’il y a eu une durée plus grande à l’existence des Croisades et plus tard à la présence coloniale cela est imputable à la faiblesse politique des successeurs de Salah Eddine qui ont laissé ressurgir les anciennes rivalités politiques et s’installer de nouveau l’esprit tribal avec ses convoitises et sa vision étroite et à court terme.

Il faut souligner aussi que les Croisés ont perdu par la suite de leur vitalité et n’ont tien réalisé de grand ou de spectaculaire se contentant de gérer leur royaume que Salah Eddine a laminé et fortement réduit.

Le plus grand fait, du côté musulman, de la bataille de Hattin, est la participation, pour la première fois depuis des siècles, au combat ensemble, sur un même front et contre un seul et même ennemi, l’ensemble des forces officielles arabes venant de Syrie, d’Irak, d’Egypte et même des bénévoles venant du Maghreb. Elle donne à l’histoire le repère véritable et la stratégie authentique de libération des terres occupées : un front uni dans l’action politique et militaire. Ce front n’était pas le résultat d’une improvisation ou d’un accident de l’histoire mais l’effort inlassable, permanent et continu d’Imad Eddin Zinced, de Noor Eddin Mahmud et puis de Salah Eddine Ayouby. La victoire de Hattin contre le colonialisme des Croisades est le point culminant et logique des efforts de la construction du Front uni de résistance politique et militaire.

De ces considérations découle l’importance historique de la bataille de Hattin. Elle reste une épine au gout amer et cruel dans toute l’histoire des Croisades et de l’Europe catholique …

Lorsque le temps d’apaisa et la poussière de la bataille se dispersa, le roi des croisés Guy de Lusignan accompagné de Renaud de Chatillon et de hauts dirigeants furent amenés captifs dans la tente où les attendaient Salah Eddine. Le chroniqueur musulman Îmad al-Esfahani raconte comment le Sultan Salah gronda Renaud de Chatillon et lui reprocha ses actions belliqueuses et son odieux manque de respect pour les pactes et les conventions. Jusqu’à la fin Renaud de Chatillon se montra arrogant, menteur et perfide allant jusqu’à affirmer que la faute incombait aux rois des Croisés. Salah Eddine a tué le prince transgresseur comme accomplissement d’un vœu qu’il avait fait à lui-même lorsqu’il a pris conscience des horreurs commises contre les musulmans à cause des agissements et des intrigues de Renaud de Chatillon.

A la vue de la décapitation du prince Renaud de Chatillon le Roi des Croisés fut pris d’une crise d’épilepsie qui ne s’arrêta que lorsque Salah Eddine le réconforta et lui donna le serment qu’il était sous sa protection. Il donna l’ordre de décapiter tous les Templiers considérés comme responsables des massacres commises contre les populations musulmanes, à l’exception de leur commandant en chef à qui il accorda la vie (43).

Après la victoire de la bataille de Hattin les forces de Saladin avancent en douceur sans précipitation faisant tomber les uns après les autres cinquante-deux villes, châteaux et forteresses des Croisés.

Les places fortes des croisés tombaient facilement car d’une part elles étaient dans un rapport de force défavorable et d’autre part ses occupants avaient la garantie de la vie sauve et de la sécurité s’ils se rendaient sans opposer résistance. Salah Eddine avaient la réputation de ne jamais manquer à ses promesses ni à ses engagements.

Les armées de Saladin sont parvenus jusqu’à Acre (Akka en Palestine), qui était le plus important port des Croisés sur la Méditerranée. C’est un port militaire bien protégé avec des forteresse presque invulnérables et qui s’est préparé à l’arrivée des armés musulmanes qui l’ont attaqué le premier jeudi du mois de Joumada I AH 583 / 1187. La population croisée d’Acre, en quête de sécurité, a demandé de négocier avec Salah Eddine qui leur a donné le choix de rester ou de partir loin de la zone de combat. Ayant fait le choix de partir il s’engagea à leur laisser la vie sauve et à leur laisser leurs richesses qu’ils pouvaient transporter avec eux comme serment de Salah Eddine inviolable et sacré.

Comme ils s’imaginaient qu’après la prise de la ville ils allaient tous être tués ainsi que leurs femmes et leurs enfants il décidèrent pour la plupart d’abandonner la ville à son sort…( 45). L’attaque contre la ville permis la libération des prisonniers musulmans à Acre (Akka) dont le nombre dépassait quatre mille(46). Acre remis les clés de la ville à Salah Eddine au cours du mois de Joumada I 583 AH / 10 Juillet 1187. A partir d’Acre Salah Eddine récupéra en quelques mois Jaffa, Nazareth, Sforep, kissaria, Naplouse, et Tibnine, Sidon, Beyrouth, Byblos, Ashkelon, Gaza, Toron, Aldarom (à proximité du territoire égyptien). Le but était d’empêcher le débarquement de renforts venus d’Europe. Il pouvait maintenant se mettre en marche sur Jérusalem à la fin de Joumada II 583 AH / Septembre 1187 (47).

 

Récupération d’Ashkelon

Ashkelon est la plus importante des forteresses que Salah Eddine a fixé comme objectif à reconquérir avant de se diriger sur Jérusalem. Ashkelon a été un grand enjeu militaire et stratégique tant pour les croisés que pour les musulmans : c’est une base à la fois navale et terrestre dont la maîtrise permettait de lancer des expéditions redoutables tant navales que terrestres le sol peuvent être avancées pour ceux qui possédaient eux pour lancer des attaques efficaces contre l’ennemi au sol ou sur mer. Cette base est resté 35 ans sous la domination des croisés avant d’être libérée par Salah Eddine qui a ordonné la destruction de ses murailles et de ses forteresses pour qu’elle ne puisse plus servir de base ennemi dans le cas où elle serait reprise par l’ennemi dans le futur.

Le Sultan met son armée, victorieuse, en marche sur Jérusalem pour la faire tomber par l’épée (48). Sans doute il eut l’idée et le désir de venger le sang des musulmans massacrés par les croisés lors de la Première Croisade en Juillet 1099.

A ce moment là, dans la marche sur Jérusalem, Al-Nasser Salah Eddine Yusuf Ayouby, avait sous son commandement toutes les armées arabes qui avaient combattu sur tous les fronts et toutes les villes et forteresses le long de la côte syrienne et palestinienne où se trouvait la forte présence des coalisés. Il imposa l’embargo totale contre la ville sainte, le dimanche, le 15 Rajab, 583 AH / Septembre 1187 ….

Le dernier et court chapitre de l’histoire de la libération de Jérusalem, doit toujours être vu comme l’aboutissement d’un long processus historique et le résultat d’une complexe maturation politique et militaire et non un simple fait d’armes épique. Le siège de la sainte ville a duré seulement vingt jours, mais le conflit a été l’histoire de longs et pénibles chapitres qui s’est étalée sur quatre-vingt-huit ans de luttes sur plusieurs générations depuis que la ville tomba aux mains des Franques Croisés la dernière année du dixième siècle jusqu’à sa libération par les musulmans le 27 du mois de Rajab de l’année 583 AH / II d’Octobre 1187.

La scène finale a été, comme une ironie du sort, plein de contrastes, plein de panoramas impressionnants. Elle demeure comme contradiction générale avec la scène brutale et cruelle qui a eu lieu quatre-vingt-huit ans auparavant. Elle demeure un rapport de confrontation entre le fanatisme agresseur et la culture d’une civilisation qui défend son existence et ses valeurs, entre l’arrogance impitoyable du colonisateur et l’éthique de la résistance et entre la barbarie du dominateur et la fierté et la noblesse du triomphe de la libération.

Enfin l’assaut final contre la sainte ville fut donné et les catapultes des armées musulmanes ciblèrent les murailles et les tours fortes par un pilonnage intensif de lourdes pierres et de boulets de feu. Bien protégés derrière les murailles les croisés opposèrent une résistance farouche et obstinée sous le commandement du Prince croisé Balian de Laplaine. La résistance de la ville conjugué à la chaleur du jour contraint le Sultan Salah Eddine à déplacer son camp et à changer de site de bataille. Il se dirigea alors le 25 Rajab vers la partie nord de la ville.

Les croisés pensaient que l’Armée islamique a dû lever le siège de la ville, mais ils ont déchanté de leur optimisme lorsqu’ils vu apparaitre les forces de l’Islam sur le Mont des Oliviers, qui surplombe Jérusalem du côté de la Vallée de l’Enfer (49).

 

Etranges rituels

À l’intérieur de la ville, la reine Isabella Sybila prend la défense de la ville avec le concours du patriarche catholique Héraclius et du Prince Balian. Les femmes de l’aristocratie des Croisés, sous la direction d’Isabella, eurent recours à une étrange procession, un rituel inédit, dans l’espoir que le sort soit plus clément en faveurs des Croisés qui ne se faisaient plus d’illusion sur l’issue de la bataille. Les dames de l’aristocratie se sont mises à tondre les cheveux de leurs filles, puis à les déshabiller les laissant nues prendre un bain en public et en plein air sur une colline de Jérusalem (50).

Mais la ville assiégée n’est pas dans le besoin de ces rituels frivoles, mais dans des combattants, des armes et une volonté de combattre qui font défaut… Et le prince Balian proposa de remettre les clés de la ville en échange d’un pacte de paix qui garantit leur vie et leur sécurité. Mais le sultan Salah Eddine, refusa l’offre car il voulait une victoire totale par les armes pour achever définitivement la présence étrangère sur les territoires arabes et clore un chapitre de l’histoire du monde arabe : la ville devrait être libérée de la même façon qu’elle a été prise.

Sur ce sujet le chroniqueur musulman Imad al-Din al-Asfahani raconte : » Le Prince des croisés a dit que si le Sultan n’acceptait pas l’offre d’échanger la ville contre leur sécurité, il allait donner l’ordre aux croisés de détruire la ville, y compris la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher, et abattre toutes les femmes et les enfants vivant dans la ville « … Votre intérêt n’est pas dans notre défaite mais dans un traité de paix, vous perdrez tout si vous obtenez totale victoire. La déception vous est venue par la porte de l’espérance, le moins pire pour vous se trouve dans le traité de paix même s’il contrarie votre victoire … ». La décision finale fut prise par un conseil de guerre qui accepta la capitulation des croisés et l’arrêts des combats par les troupes musulmanes (51).

Ils devaient être heureux ce jour là les défenseurs Croisés dirigés par le Prince Balian de Laplaine. Ils étaient heureux parce qu’ils sont à la merci d’un vainqueur qui jouit de hautes qualités morales et des attributs de miséricorde et de compassion. Personne n’ignorait la vertu de la parole et des actes de Nasser Salah Eddine. Sa miséricorde et sa sagesse ainsi que celle de son conseil de guerre ont évité une effusion de sang inutile et ont confirmé une fois de plus l’humilité des musulmans dans la victoire et le primat de la raison sur le désir de vengeance. L’histoire des Croisades ne retient ni contre Salah Eddine ni contre les musulmans les atrocités qui étaient courantes dans le monde à cette époque … »(52).

En effet le Sultan était connu de ses contemporains, par son comportement humain, loyal, fidèle à ses promesses. Quand le prince Balian a proposé ses conditions de reddition Salah Eddine n’a pas hésité longtemps avant d’aller à la solution la plus charitable et la plus économie en vie humaine. Il a vaincu la rage portée dans le cœur quand les yeux voient la sainte ville à la portée de ses armes et que le souvenir est hanté par le massacre des s musulmans lors de la prise de la ville par les croisés et par les longues et cruelles souffrances des peuples arabes plongés sous le joug du colonialisme des croisés qui a duré quatre-vingt-huit ans .

Les musulmans ont accepté que soit versée une rançon pour chaque homme de dix dinars, chaque femme de cinq dinars, et chaque enfant de deux dinars (53).

 

Entrée victorieuse à Jérusalem

Les Musulmans entrent à Jérusalem le vingt-septième jour du mois de Rajab en 583 AH / II de Octobre 1187. Ne sont restés dans la ville que les autochtones, les arabes musulmans et les arabes chrétiens de l’Eglise orientale. Tous les croisés ont quitté sains et saufs la ville, ceux qui pouvaient payer leur rançon et ceux que Salah Eddine a accordé dérogation de ne pas payer leur rançon pour une raison ou une autre.

Le patriarche Héraclès est parti sain, sauf et libre d’emmener avec lui les reliques religieuses, l’argent et tous les objets en or et en argent ainsi que les coffres remplis d’objets précieux qui étaient dans l’église de la Résurrection, sous les yeux et la protection des soldats musulmans, sans être exposé à un vol ou une vexation de la part de la population arabe. Un pacte est sacré, inviolable, quelques soient les blessures et les humiliations subies par le passé.

Le dernier à partir fut le princpe Balian qui avait déployé toute son énergie pour maintenir la ville sous domination des croisés et qui avait fait tout son possible pour négocier la livraison de la ville contre la vie sauve de ses défendeurs croisés chevaliers, soldats et civils. Il est parti libre accompagné de son épouse et des princes et chevaliers qui étaient avec lui à Jérusalem. Ils sont partis empruntant une route sécurisée pour eux et leurs biens conformément aux garanties données par le Sultan Nasser Salah Eddine Youssouf al Ayoubi.

Pour l’époque, la reconquête de Jérusalem, reste, sur le plan humanitaire, une image singulière. La libération de Jérusalem a provoqué un rayonnement de bonheur , de liesse populaire et de ferveur religieuse dans l’ensemble du monde musulman. La nouvelle de la libération de Jérusalem attira des foules innombrables du monde musulman pour la visite de la ville sainte et la mosquée Al Aqsa (54).

L’oraison et le sermon du vendredi ont été restaurés à la mosquée Al-Aqsa, après une longue pause de presque un siècle, le quatrième vendredi du mois de Sha’ban en 583 AH. La chaire du sermon de (al minabar) qui a été réalisée depuis longtemps, depuis Nur al-Din Mahmoud, a pris sa place lors de cette célébration historique de l’oraison du premier vendredi de la libération.

L’historien Ibn Athir raconte : Salah Eddine ordonna la construction de la tribune (minabar) pour l’offrir à la mosquée Al-Aqsa le jour de la libération de Jérusalem à laquelle il se préparait et y croyait. Lorsqu’on lui dit que Nur al-Din Mahmoud avait déjà donné des instructions à des artisans d’Alep de fabriquer le Minbar en mettant toute leur ingéniosité artistique pour qu’il soit la plus belle tribune jamais réalisée dans le monde islamique. Les menuisiers syriens ont mis des années pour réaliser ce chef d’œuvre d’ébénisterie. Salah Eddine ordonna que cette chaire soit ramenée à Jérusalem pour l’inauguration de la prière du vendredi dans Jérusalem qui allait être libérée. C’est donc cette chaire qui pris sa place dans la mosquée al Aqsa.

L’imam qui a présidé à la prière était le juge Mohieddin Ibn Zaky. Il portait la tunique noire emblème de la dynastie des Abbassides et prononça des éloquents sermons et des discours plein de ferveur religieuse à cette occasion historique (56).

 

L’oraison et le sermon du vendredi dans Jérusalem libérée

Il s’agissait ce jour là, dans la prière, dans le sermon, dans la chaire et dans la foule des orants, des images symboliques du processus du jihad qui a duré plusieurs générations, afin de libérer Jérusalem des Croisés (57).

Salah Eddine s’est donné suffisamment de temps pour évacuer la ville de tous les Croisés, pour remettre la ville en état de fonctionner normalement sur le plan administratif, social et économique. Il a autorisé l’entrée de la ville aux populations juives. Les juifs ont été expulsées des abords de la ville par les Croisés et n’étaient pas autorisés à pénétrer dans la ville sainte durant les longues années d’occupation croisée sous le prétexte qu’ils étaient responsables des souffrances de Jésus-Christ. Pour l’histoire il faut souligner que les juifs en Palestine étaient peu nombreux par rapport aux autres villes d’Orient et que la majorité de la minorité juive en Palestine, vivaient traditionnellement en dehors de la ville de Jérusalem comme en témoignent le Benjamin Alttili et d’autres nombreuses sources historiques. Salah Eddine leur a accordé le privilège de résider dans la ville comme tous les autochtones de la région arabe.

Le Sultan ordonna la restauration du Mihrab de Omar devenu vétuste et son revêtement en marbre. Il ordonna le retrait des icônes et des images placées par les Templiers et les Chevaliers dans les maisons qu’ils avaient spoliés et dans les bâtiments et cours de la mosquée Al-Aqsa.

Le Dôme du Rocher est lavé avec de grandes quantités d’eau de rose, puis son air purifié par les meilleurs encens. Il supervisa le recrutement du personnel responsable du service de la mosquée Al-Aqsa. L’église de la Résurrection a été fermée pendant plusieurs jours, puis elle a rouvert ses portes aux fidèles chrétiens. Autorisation fut donnée aux princes des croisés de la visiter et d’y venir faire leurs prières et leur pèlerinage.

Ce bref aperçu sur le rôle historique de Saladin et sur sa stratégie pour la libération de Jérusalem, révèle une biographie d’un homme qui mérite une noble appréciation et une grande vénération à la lumière de sa réussite dans la libération de Jérusalem. Toute sa biographie témoigne qu’il a dirigé son attention tout au long de sa vie pour atteindre cet objectif, et qu’il a estimé, sans faillir un jour ou douter un instant, que le jihad est la seule façon, au niveau politique et militaire, pour parvenir à la libération des territoires occupés.

Il faut retenir que Salah Eddine a construit le projet de libération de Jérusalem sur la base préalable de la reconstruction de l’unité morale, politique et religieuse du monde musulman sous la bannière du djihad contre les Croisés. Sa biographie révèle qu’il a consacré la plus grande partie de sa vie dans ses efforts pour former l’unité politique et mettre fin aux luttes entre les factions dans la région arabe. Les combats contre les Croisés n’ont occupé qu’un tiers du temps consacré à l’action militaire contre les princes Al zenkyines et autres brigands et voyous arabes.

Il faut garder conscience vigilante que la fragmentation confessionnelle et doctrinaire, l’égoïsme des intérêts mesquins, le sectarisme ethnique et la division politique des dirigeants et le silence des populations musulmanes de l’époque, était la raison de la réussite de l’arrivée et de l’implantation des Croisades au cœur du monde arabe. Il ne faut pas perdre de vue que la présence continue et trop longue des croisés sur le sol arabe n’est pas la résultat de leur supériorité mais la conséquence dépend objective de la dégradation continue ,morale et politique, de la personnalité arabe qui est devenu, de ce fait, otage des convoitises et faille vulnérable face aux appétits colonialistes. Le monde arabe otage de la gouvernance insensée des dirigeants arabes et de leurs divergences politiques scandaleuses se transforme inévitablement en proie facile pour les prédateurs colonisateurs comme les croisés.

Salah Eddine ne doit pas être vue dans une vision messianique. Il est à la fois le produit et le continuateur d’un long processus libératoire qui a commencé par imad Eddine zinqi et Noor Mahmoud qui avaient en tête le projet révolutionnaire de libération de Jérusalemen, de la Palestine et du monde arabe. Les prédécesseurs de Salah Eddine engagé sur la voie de la libération l leur manquait les deux conditions de réussite : l’unité des rangs politiques et l’unité de commandement militaires qui permettaient de réaliser cet objectif de grande envergure. Aucune ambition légitime et noble ne peut se concrétiser dans des conditions de déliquescence morale et politique et sans planification qui met en place la stratégie, les moyens et les programmes d’actions.

Salah Eddine avait l’avantage d’avoir la vision lucide et la conscience religieuse et politique de cette situation anormale, politiquement et moralement. Il avait aussi la compétence d’agir avec savoir, intelligence et prudence trouver l’opportunité et la pertinence pour surmonter les obstacles, les affronter ou les contourner sans perdre de vue l’effort stratégique des efforts tactiques, les visées lointaines des visées à court et moyen terme. Il a montré que la planification intelligente conjugué à a la volonté permettent de se renforcer progressivement contre l’occupant et de rendre faisable la libération dont la concrétisation est rendue de plus en plus proche et de plus en plus évidente tant pour lui que pour ses proches et les populations musulmanes.

Salah Eddine en écrivant au Calife abbasside al Moustandi billah :  » Si les affaires de la guerre trouvaient solution dans la pluralité des participations on n’aurait pas manqué sans doute la gloire qui nous fait défaut au vu de l’importance du nombre de prétendants autonomes chacun réclamant pour lui l’autorité. On n’aurait pas été amené à subir des préjudices s’il était naturel que le monde supporte la coexistence de plusieurs autorités contradictoires. Mais la vérité que nous ne pouvons ni occulter ni fuir sans préjudices et dommages et que les affaires de la guerre exigent une longue préparation et une excellente planification qui ne peuvent se passer de l’unité de commandement militaire et de l’unité de décision politique. Si la question du commandement est réglée et la planification politique tranchée il ne reste alors que la mise en place des organes consultatifs sur les questions de mobilisation des moyens pour mener les combats victorieux … »( 58).

Ces quelques mots résument la doctrine de Salah Eddine sur l’Etat moderne et sur la guerre de libération. Ils sont le meilleur témoignage sur la stratégie victorieuse de Nasser Salah Eddine Youssef al Ayoubi dans la reconquête de Jérusalem.

 

Auteur : l’écrivain et historien égyptien Qassem Abdou Qassem

Traduction Omar Mazri

Notes du traducteur :

Celui qui veut faire un travail comparatif qu’il lise par exemple les Croisades sur Wikipédia. Vous aurez plus de détails mais une vision de l’histoire du côté occidental. Ici c’est une lecture non apologétique mais du côté arabe et musulman. Le francophone peut trouver dans cette traduction, malgré ses fautes, une autre source d’information et une autre lecture de la libération de Jérusalem. L’auteur égyptien, Qassem Abdou Qassem, historien et écrivain, est allé à l’essentiel : montrer les causes de la défaite et de la victoire qui sont exactement les mêmes au Xème ou au  XXIsiècle.

J’aimerais ajouter trois  élément d’appréciation qui font partie de la culture islamique et que l’auteur n’a pas soulevé dans son excellent article.

Le premier est l’espérance que doit garder le croyant, même dans les situations les plus tragiques, car l’espérance fait partie intégrante de la foi. Le rapport de force politique et militaire est important dans l’issue d’une bataille mais il n’est pas déterminant. La foi et la vertu du combattant et de son environnement social sont l’autre élément décisif dans la victoire ou la défaite. C’est la loi de Dieu qui s’est appliquée et qui s’appliquera car Il est créateur de l’homme, de ses actes et des conséquences de ses actes et elle s’applique selon la loi de la causalité et du mérite et selon d’autres lois qui échappent à notre entendement :

{Ô vous qui croyez ! Si certains d’entre vous renient leur foi, Dieu fera surgir d’autres hommes qu’Il aimera et qui L’aimeront. Humbles avec les croyants, durs envers les négateurs, ils combattront au service de Dieu, sans la crainte d’aucun reproche.} Al-Maidah 54.

Le second élément est l’aspect épique ou charismatique qu’on attribue au commandant victorieux ou au dirigeant  qui s’est particulièrement illustre dans   une situation politique ou géopolitique oubliant le rôle de tous ses anonymes dont on ignore le sacrifice, les souffrances et le rôle déterminant dans la préparation et l’exécution du destin et de l’histoire. Nous devons nous libérer du culte du chef et de l’attente messianique car le destin c’est vous, moi, nous tous si nous agissons avec sincérité, intelligence et de concert sans chercher la fausse gloire. Mohamed (saws) a fait éloge des exilés. On lui a demandé qui étaient les éxilés (al Ghouraba) il a expliqué que ce sont des gens dont le comportement est si humble et si effacé qu’ils paraissent des étrangers insignifiants parmi les leurs mais dont l’action n’est connue efficace et méritoire n’est connue que de Dieu. Leur récompense auprès de Dieu n’aura d’égale que leur anonymat dans ce monde:  » les exilés sont ces gens quand ils sont parmi vous vous ne faites pas cas de leur présence et quand ils sont loin de vous vous ne remarquez pas leur absence mais dont les oeuvres auprès de Dieu sont considérables »

Le troisième est aux  amateurs de berbérité, d’arabité ou de kurdité, de chiisme et de sunnisme :  il faut juste rappeler que la civilisation musulmane même dans sa décadence a toujours posé le problème de l’arabité en terme de culture et non en terme d’ethnie. Salah Eddine était Kurde par sa naissance mais sa culture était arabe et il a combattu tous ceux qui favorisaient la fragmentation de la nation musulmane au nom de la confession, de la doctrine ou de l’ethnie. Les chrétiens du monde arabe se considèrent comme arabe faisant partie de la vaste culture musulmane. Les chrétiens et les juifs  de l’orient musulman se considèrenent comme partie intégrale et indissociable de la culture musulmane. Tout sectarisme pratiqué par un musulman est condamnable.


(36) ديفيد جاكسون، « معركة حطين » ، ص86 – ص87.

(37) نفسه، ص92- ص93.

(38) سميل، الحروب الصليبية ، ص152- ص153.

(39 ) نفسه، ص176- ص177.

(40) ابن شداد، النوادر السلطانية، ص60 – ص73؛ العماد الأصفهاني، الفتح القسي، ص17- ص45؛ مجهول، البستان الجامع لجمع تواريخ الزمان (نشره كلود كاهن) انظر:

Claude Cahen ،  » Une Chronique Syrienne de VI- XII Siecle: Le  » Bustan Al Jami  » ، en Bulletin d، Etudes Orientales ، toms. VI-VIII، (Annees 1937-1938 ) ، pp. 146-ff.

(41) سميل، الحروب الصليبية، ص179- ص180.

(42) عن معركة حطين، انظر: ابن الأثير، الكامل، ج9 ، ص177- ص179 وقد ذكر ابن الأثير ما نصه « .. وكان من يرى الأسرى لكثرتهم لا يظن أن هناك قتلى، فإذا رأى القتلى حسب أنه لم هناك أسرى… »، انظر أيضا: ابن شداد، النوادر السلطانية، ص60- ص73؛ الأصفهاني ، الفتح القسي ، ص17- ص45؛ ابن واصل ، مفرج الكروب ، ج2، ص187- ص192المقريزيي، السلوك، ج1، ص93؛ ميخائيل زابوروف، الصليبيون في الشرق (دار التقدم، موسكو 1986م ) ، ص191- ص192.

Mayer،op. cit. ، pp. 131-132 ; Runciman ، op. cit. vol. II ، pp. 450 -460.

(43) الأصفهاني، الفتح القسي في الفتح القدسي، ص80- ص81.

(44) المقريزي، السلوك، ج1، ص93.

Mayer، op، cit.، pp. 131- 132.

(45) الأصفهاني، الفتح القسي في الفتح القدسي، ص89 – ص91.

(46) ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة في ملوك مصر والقاهرة (طبعة مصورة عن طبعة دار الكتب المصرية – الهيئة العامة قصور الثقافة 2008م) ،ج6 ، ص35.

(47) الأصفهاني، الفتح القسي، ص92- ص115؛ ابن الأثير، الكامل، ج9 ، ص176 – ص178، ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة، ج 6، ص35 – ص67؛ ابن واصل، مفرج الكروبي، ج2 ، ص209 – ص 211؛ المقريزي، السلوك، ج1، ص95؛ ابن شداد، النوادر السلطانية، ص80 –ص81؛ أبو شامة، ج2 ، ص95.

Runciman ، op. cit. ، vol. II ، pp.461- 462.

(48) ابن واصل، مفرج الكروب، ج2 ، ص209- ص211.

(49) ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة ، ج6، ص36؛..Mayer،op.cit.p.132.

(50 ) Ibid ، pp.131-132.

(51) الأصفهاني، الفتح القسي، ص127.

(52) مونتجومري وات، « الحملات الصليبية: تصورات مختلفة » في كتاب ، 800 عام – حطين والعمل العربي الموحد (دار الشروق 1989م)، ص80.

(53) ابن شداد، النوادر السلطانية، ص 129؛ الأصفهاني، الفتح القسي، ص127- ص137؛ المقريزي، السلوك، ج1، ص97؛ ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة ، ج6، ص36- ص37؛

Runciman ، op. cit. ، vol. II ، pp. 264-266.

(54) المقريزي، السلوك، ج1، ص97.

(55) ابن الأثير، الكامل، ج 9، ص182 وما بعدها.

(56) ابن شداد، النوادر السلطانية، ص235 – ص237؛ الأصفهاني، الفتح القسي، ص138- ص140؛ البستان الجامع، ص146 – ص147؛ المقريزي، السلوك، ج1، ص96- ص99؛ ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة، ج6، ص37؛ انظر أيضا:

Mayer ، op. cit. p132; Runciman ، op. cit. vol. II ،pp.446- 447.

(57) قاسم عبده قاسم، في تاريخ الأيوبيين والمماليك (دار عين للدراسات والبحوث 2007م) ، ص62 – 63.

(58) أبو شامة، الروضتين، ص48؛ ابن واصل، واصل، مفرج الكروب ، ج1، ص15

la voie de libération de Jérusalem 1/2

Scènes de Jérusalem du temps des croisades

Scène I:
Le concile de Clairmont (ou Clermont) — aujourd’hui Clermont-Ferrand — s’est tenu en Auvergne en 1095. Le pape Urbain II l’avait convoqué pour traiter des problèmes de discipline ecclésiastique, à la suite du concile de Plaisance qui s’était tenu six mois plus tôt, mais l’un des faits notables de ce concile est l’appel qu’Urbain II à la noblesse de la chrétienté, lui demandant de lutter contre les Turcs qui selon lui menacent l’empire byzantin et de délivrer les Lieux Saints occupés par les Musulmans. Le pape Urbain II  d’origine française, a été enthousiaste de lancer une « déclaration de guerre » contre les musulmans (1 ).
Après avoir évoqué les malheurs et souffrances des chrétiens d’Orient, le pape adjure les chrétiens d’Occident de cesser leurs guerres fratricides et de s’unir pour combattre les musulmans païens et délivrer leurs frères en Orient qui est une cause plus juste. En même temps les Chrétiens pourront expier leurs péchés une fois arrivés à Jérusalem. Cet appel de Clermont qui est considéré comme une véritable opération médiatique mensongère contre les musulmans est  considéré comme la cause directe de la première croisade.
L’engagement et la réponse enthousiaste de la part du public chauffé à blanc par des manipulateurs de spectateurs dans une  pièce de théâtre dont chacun avait son rôle à jouer pour mobiliser les foules ignorantes. Ainsi il y eut des cantiques, des appels à la guerre et des chœurs répétant les mots « Dieu veut … il veut le Seigneur » (2). … Ainsi a commencé les croisades …

Journée du massacre


Scène II:

Dans un jour de chaleur torride de ce  mois de Juillet 1099 la ville de Jérusalem est tombé entre les mains des Croisés après un siège de cinq semaines. La prise de Jérusalem par les Croisés donna lieu à un terrible massacre de la ville sainte qui fut livrée et ses habitants à  trois jours de pillage, de vol, de viol, de meurtre. Les corps des morts, des brulés et des  mutilés restèrent exposés dans les rues et places publiques plusieurs jours.
Dans cette  atmosphère de tristesse et de désolation, la ville est restée enfermée dans une immense fumée et un épais champs de poussière et d’odeurs de corps carbonisés ou en décomposition. La rencontre de Jérusalem avec les Croisés fut le symbole de l’horreur. Dans l’horreur les Croisés étaient en extase dans l’église de la Résurrection qui recueillaient les  prières et les mots de remerciements adressés au Seigneur. Les   les échos de « Merci Seigneur » qui sortaient de la vielle Église (3) pour s’engouffrer dans dans la ville  donnaient un aspect sinistre et apocalyptique de la présence chrétienne européenne sur les terres arabo-musulmanes.
Scène III:

Un jour de ce mois d’ Octobre 1187 (27 Rajab en 538 AH), Salah eddine libère Jérusalem qui est restée otage des Francs Croisés un peu plus de  quatre-vingts ans.
La reprise de Jérusalem témoigne de l’humanisme des musulmans à l’opposé des  scènes brutales lors de l’ invasion barbare des Francs. Enfin l’oraison du  vendredi était restaurée à Jérusalem libérée après une longue période interdite (4).

Ainsi a commencé la fin de la présence des Croisés sur les terres arabes …

Ces trois scènes  ont marqué l’histoire de Jérusalem à l’époque des croisades; Cependant, la scène finale, celle de  la libération par Saladin est celle à laquelle je me consacre dans cette étude. Nous retenons que l’épopée de la libération, qui était dirigé par Saladin a commencé après  des moments sanglants qui ont vu Jérusaleme tomber sous la domination de la la horde barbare des Croisés au début du 11 ème siècle.  Jérusalem est un symbole perverti en « symbole de croisade », « le royaume de Jérusalem ».  « Saladin » a été et reste un symbole, le  symbole de la résistance contre la domination étrangère, le symbole du  Djihad islamique contre l’agression.Salah Eddine  a consacré  sa vie à la libération de Jérusalem, comme nous le verrons dans cette étude.

Les causes de la victoire et la défaite


Il serait faux de considérer la victoire  des Croisés contre les musulman lors de la première croisade comme l’expression d’une réelle supériorité du rapport de forces militaires  des Croisés. Sur le plan strictement militaire ils étaient numériquement, logistiquement, techniquement et scientifiquement inférieurs aux musulmans mais les combats ont été à leur avantage. Les Croisades ont été rendus possibles par la faiblesse politique du monde musulman et le déchirement intestinal entre les principautés qui favorisaient la  fragmentation politique et territoriale déja avancée de l’empire musulman. Cette fragmentation politique avait des conséquences sociales et culturelles dont l’héritage de l’amertume et de la méfiance des populations arabes envers les dirigeants dans  la région arabe. Ces dirigeants aveuglés par l’égoïsme et le manque de considération politique, anesthésiés par  l’inertie et l’absence de vigueur, privés de la vision stratégique des intérêts de la nation musulmane ne pouvaient exercer le pouvoir ni entraîner leurs peuples à combattre.

Dans la région arabe et du temps des Croisades les principales forces politiques et institutionnelles dans la région (le califat sunnite abbasside de Bagdad et le califat chiite fatimide du Caire)  se contestaient  le pouvoir et l’existence tout en  participant  à la manifestation de la faiblesse politique et sociale et de la vulnérabilité militaire dans le monde arabe. Dans cette bipolarité belliqueuse coexistaient dans la région de l’Orient musulman une mosaïque de principautés naines qui participaient à l’émiettement de l’ensemble et à la dispersion des énergies. Tout était facteur de division : les doctrines confessionnelles, les appartenances ethniques ou tribales, les intérêts matériels…

Du point de vue sociologique et historique c’est la fragmentation politique des musulmans qui est la cause de la victoire des  Croisés pourtant moins nombreux, de plus faible niveau de civilisation et de la tactique militaire que les  Musulmans et les Arabes.

Du point de vue religieux et spirituel cette victoire des Croisés n’était ni le résultat de l’intervention du Seigneur ni des  saints chrétiens ni l’esprit de foi des  Croisés, comme le prétendent les historiens des Croisades, qui eux mêmes sont les idéologues de   l’Église catholique et les admirateurs des Croisades. La victoire sans force réelle militaire ou spirituelle des Croisés a coïncidé avec l’atomisation politique conjuguée à la faiblesse morale et spirituelle des musulmans véritable cause de la défaite et de la perte des arabes et des musulmans devant leur agresseur.
Le succès inattendu des Croisés et leur  création du « Royaume latin de Jérusalem  » et trois Émirats sur les terres arabes en Palestine et en Syrie a provoqué un traumatisme psychologique énorme sur les populations arabes qui se sentaient trahies et humiliées. Les populations arabes avaient d’abord considéré les Croisés, au début des Croisades, comme de vulgaires  mercenaires au service de l’Empire byzantin qui finiraient par partir un jour. Mais la prise de Jérusalem et les opérations colonialistes qui ont eu lieu à partir de 1099 et au-delà  leur ont faite comprendre que les Croisés sont venus à leur pays pour y demeurer toujours comme conquérants. Face à eux une nouvelle réalité politique, économique militaire et religieuse, s’est douloureusement imposée à eux comme fait accompli (5).

Il était dans la logique historique que la réaction des musulmans contre le colonialisme des Croisés se fasse voir assez tôt, dès sa prise de conscience. Ainsi au Nord les  Turcs Seldjoukides, le Nord ont commencé de de mener des attaques violentes sur les Croisés. La résistance turque a permis de capturer le gouverneur d’Antioche, le prince de Boimond , le comte  Baudouin  et Jocelyne tout en infligeant plusieurs lourdes défaites aux armées croisées.

Dans le sud, les Égyptiens ont lancé des attaques à partir de leur base à Ashkelon, en Palestine, et ont infligé de lourdes  défaites dans les années 1101, 1102, 1105, mais ils n’ont pas poursuivi l’effort de résistance après ces dates en raison de problèmes internes, (6), en l’an 548 AH / 1153 les Croisés parviennent à s’emparer de la forteresse d’Ashkelon, dernier bastion de la résistance égyptienne en  forteresses en Palestine contre les Croisades.

La faiblesse de l’Etat fatimide

Les Croisades coïncident avec la décadence de l’état fatimide qui avait atteint un état de vulnérabilité, qui avait déja attiré les principautés musulmanes voisines à convoiter son héritage. Il était déjà perçu comme « l’homme malade » endormi sur   sur les rives du Nil, dont ne restait de sa gloire d’antan que des souvenirs et une ombre que plus personne ne craint ni ne respecte.
Ainsi a commencé la compétition entre Mahmoud Nour al-Din (qui a succédé à son père, Imad Eddin Zinqui qui avait réussi à libérer Alraha en 1144) et Amaury Ier de Jérusalem premier roi croisé de Jérusalem (1163 – 1174) (7), nommé par les sources historiques arabes  « le gagnant » puisqu’il a pu instaurer son protectorat sur le Caire et l’Égypte privant Nour al-Din d’une assistance des arabes du Sud. En effet les états latins d’Orient  confrontés à une Syrie musulmane puissante et unifiée vont sous la direction d’Amaury  trouver soutien auprès de l’Égypte fatimide, tombé dans les derniers degrés de la décadence et en proie à des luttes de pouvoir. Dirgham fut l’homme clé d’Amaury.

La lutte de contrôle de l’Égypte dans l’échiquier des Croisades s’est cristallisé sur le poste et la personnalité du premier ministre (al wazir)  qui détient les véritables leviers de commande réelle du Caire(8). Il y eut en parallèle aux affrontements armées une lutte pour le contrôle du  pouvoir en Égypte entre les Croisés et la Syrie.  Le premier ministre  Shawir installé par Nur al-Din Mahmoud et Dirgham  l’homme clé d’Amaury se livrèrent à une véritable lutte à mort qui connut de spectaculaires et incessants renversements jusqu’à la morts des deux hommes. Après six épisodes de rapports de force changeant d’un camp à l’autre Shirkuh finit par s’imposer et imposer en Égypte l’allégeance à la Syrie.  Amaury attaque et remporte plusieurs succès sur Shirkuk, mais Nur ad-Din envahit à son tour les états latins en guise de diversion pour protéger son lieutenant, prend les places fortes d’Arim et de Paneas et capture Bohémond III d’Antioche à Harrim le 11 août 1164. Seule l’intervention des byzantins empêche les musulmans de prendre Antioche. Shirkuh fut nommé par la population arabe le « Lion », le grand émir des armées mais il mourut quelques semaines après ses succès militaires et politiques  le jour de l’an 22 Joumada II 564 AH / 1169.

A partir de ce moment là le sultan fatimide al Aâded resta fidèle au pacte avec la Syrie  et déterminé dans la lutte contre les Croisés. Il nomma à la place de Shirkuh décédé un jeune nommé  Salah al-Din, comme premier ministre sans tenir compte de l’opposition des princes,  des dignitaires et des courtisans du régime. Salah al-Din était l’étoile brillante dans le ciel arabe et de la politique arabe.

Stratégie de libération

Cette étude n’a pas pour but de présenter la biographie de Saladin, mais de montrer  sa politique et sa stratégie militaire dans la volonté de  libérer Jérusalem des Croisés (Al franj : les Francs). Saladin a commencé la consolidation de son pouvoir politique et de ses prérogatives de premier ministre  en Égypte, les yeux ouverts sur le front de lutte anti Croisés, au Caire, d’une part, et sur l’évolution  de Nur al-Din Mahmoud, à Damas,  dont il reconnaissait  la souveraineté et la  légitimité politique sur le monde arabe dans l’attente de l’apport que chacun pourrait faire envers l’autre pour la grande cause arabe : libérer Jérusalem.

A l’intérieur Saladin était confronté à un problème épinieux : l’armée. L’armée avait deux problèmes majeures qui rendaient l’Egypte instable et vulnérable. D’une part elle pratique depuis trop longtemps la culture du complot et des contre complots dans les luttes intestines du palais. D’autre part elle n’était pas loyale envers le Sultan fatimide, elle pouvait le trahir, le détrôner ou se ranger du côté de ses ennemis par culture du complot ou par absence de conscience nationale.

L’occasion pour la destruction de l’armée fatimide que cherchait  à Salah al-Din s’est présenté d’elle même. Dans le palais du sultan fatimide un eunuque a fait circuler une pétition inspirée par les Croisés dans laquelle il se réclame comme « l’essence et la légitimité du pouvoir sur le palais ». L’enquête menée par Salah Eddine a prouvé la collaboration avec l’ennemi et l’implication de certains chefs militaires dans un complot visant à le renverser. Salah Eddine a fait exécuter les comploteurs pour le motif de conspiration avec les Croisés à envahir l’Égypte et à éliminer Salah Eddine . Dans la foulée les proches de Salah Eddine ont maitrisé le corps de l’infanterie constitué par les  soldats soudanais dans l’armée fatimide armée. Ce fut un  terrible massacre qui a duré  deux journées entièrement dans le nettoyage de l’armée (11).

Cet incident donna à Salah Eddine une légitimité populaire et un plus grand pouvoir politique et militaire au détriment non seulement des dignitaires mais au détriment du sultan lui même. Salah Eddine eut la maîtrise totale sur les affaires intérieures lorsqu’il fut nommé  « Baha’eddin Qracoc Asadi superviseur des affaires de la gouvernance du royaume  »  au lieu de l’ancien titre   » chargé de confiance du Khalife ». Il s’attela à reconstruire les fondations de la nouvelle armée qui remplaça de droit et de fait l’armée fatimide traditionnelle. Sa relation à Nour Eddine en Syrie  est demeurée au point mort entre le doute et la certitude.

L’attention de Salah Eddine était au fait des risques posés par la présence des Croisés dans la région arabe, dans le processus d’alliance militaire conjoint mené par les croisés du roi  « Amuri premier » avec les dirigeants de l’empereur byzantin « Comninos Manuel » (1143 – 1180). Son attention fut aiguisée en l’an 565 AH / 1169  lors du lancement de l’attaque de la marine de la coalition franco byzantine contre  Damiette, qui était  le principal port égyptien sur la mer Méditerranée.

Au mois de Safar de l’année 565 AH / 1169 , la coalition franco byzantine assiégea,  Damiette avec une flotte militaire de  deux cents navires. Le siège fut levé après cinquante jours sans donner des résultats positifs pour les Croisés. La  résistance  de la ville non seulement fut héroïque et violente mais elle a  révélé l’hostilité sous-jacente entre les Byzantins et les Francs. En levant le siège les Francs ont sabordé leurs navires de matériels et ont laissé la flotte byzantine subir de lourdes pertes en hommes et en navires avant qu’ils ne se retirent pour revenir à leur (12).
La débâcle de la coalition franco byzantine a augmenté le prestige et le pouvoir de Salah Eddine. Cette bataille défensive victorieuse  marquait  un bon début pour une série d’actes politiques et militaires prises par  Salah Eddine pour former une stratégie globale et assidue pour la libération de Jérusalem …

L’année suivante, 566 AH / 1170 Salah Eddine lance sa première et véritable offensive contre les Croisés. Il libère et  récupère Gaza. Il attaque et provoque des dégâts dans les rangs ennemis à  Ashkelon. Au début du printemps de la même année il attaqua les Croisé dans la mer Rouge au Port de l’actuelle Aqaba. Il faut savoir qu’il transporta sa flotte en pièces détachées et à dos de chameaux pour les remonter avant la marée haute et ainsi interdire à la flotte des Croisés l’accès  à la mer rouge (13).

Ainsi, Salah Eddine pris le contrôle du commerce maritime des produits précieux en provenance de l’océan Indien et s’assura la sécurité militaire dans la mer Rouge.
La stratégie de Salah Eddine pour libérer Jérusalem commençait à prendre forme dans ses aspects politiques, militaires et économiques. Toutes ses actions étaient concertées, progressives et à visée globale.

L’influence politique de Salah Eddine


Au Caire, Salah Eddine a commencé par renforcer son influence politique puis il a usé de son pouvoir politique pour prendre les mesures nécessaires pour prendre le contrôole de l’armée, de l’épurer et de la moderniser. Toutes ces mesures politiques et militaires l’ont amené à détruire le système économique féodal des castes du régime fatimide en Égypte. Sur le plan géo stratégique il a remplacé dans les postes névralgiques de l’état les seigneurs de  guerre et les féodaux de l’Egypte fatimide par  par les princes qui sont venus avec lui de Syrie.
Toutefois, Salah Eddine  ne s’est pas empressé de mettre fin ou d’annoncer la fin du régime fatimide. Il a attendu patiemment le temps le plus propice. ce moment est arrivé, le premier vendredi du mois de Muharram de l’année 567 AH / 1171, le jour de l’agonie du dernier Khalife fatimide. Il a ordonné que l’oraison et le sermon du vendredi ne mentionnent plus le nom du Calife fâtimide, qui était alors malade et cloué au lit, mais le nom du Calife `abbâside. Cela signifiait en fait la chute de la dynastie fâtimide et l’avènement d’une nouvelle ère.  La prise du pouvoir était symbolique. Le Calife fatimide décéda onze jours plus tard (14).

Ainsi, l’arène nationale est entièrement libre devant Salah Eddine. La relation tendue et le conflit latent avec Nour Eddine  Mahmoud émergent à la surface. Mais sa priorité était la politique des complots et des troubles fomentés par le roi des Croisés, Amaury qu’il lui fallait traiter avec prudence car le monde musulman n’était pas encore suffisamment fort et unifié pour mener une guerre de front contre les Croisés. Amaury avec l’age et la maladie restait attiré   par le mirage de l’Égypte, mais cette fois, il préférait ne pas suivre la voie de la guerre, mais celle de la division des arabes, de la gestion des crises entre musulmans. Maître en intrigues il a comploté avec le « Sultanat du Yémen» et les vestiges des forces fidèles aux Fatimides en Egypte pour  affaiblir Salah Eddine au Caire. Toutes les intrigues des Croisés  n’ont pas réussi a entamé la stratégie patiente et victorieuse de Salah Eddine.

Salah Eddine victorieux contre les comploteurs du Yémen qui furent crucifiés avec leur chef devint une hantise pour Amoury qui resta pétrifié devant les défaites de ses alliés, de ses comploteurs et de la flotte qu’il a financé et équipé  pour soutenir le complot du Yémen et la diversion à Alexandrie contre Saladin (15). La popularité et le pouvoir de Salah Eddine ne faisait que s’accroître.
La mort de Nur al-Din Mahmoud, le 11 Chaoual, l’année 569 AH / 15 Mai 1174 fut la réponse du destin comme  solution au problème de la relation critique entre les deux hommes. Le destin se manifesta encore dans le décès du roi des Croisés Amoury. SSalah Eddine venait d’être débarrassé en même temps  d’un adversaire politique redoutable et d’un ennemi militaire plus inquiétant.
Salah Eddine se trouvait par le choix du destin face à l’héritier « Amoury » un garçon de dix ans d’âge et atteint de la lèpre, Baudouin, et de l’autre côté, face à l’héritier de Nour Eddine Mahmoud un autre enfant, Ismail, incapable de gouverner. Il ne pouvait y avoir une opportunité plus favorables pour  conduire Salah Eddine  sur la voie de la réalisation de son objectif: Jérusalem.
La dégradation des différends politiques au sein de l’entité des Croisades ne pouvait  être ni atténuée ni éliminée par le recours à  une alliance au sein du monde musulman, forte et capable de donner un souffle nouveau aux Croisés contre Salah Eddine. Les facteurs de division sont encore présents mais à ce moment précis des croisades il n’y avait pas un contemporain arabe ou musulman des croisades capables par sa force militaire ou par sa représentativité politique et populaire à être un allié crédible contre Salah Eddine. L’Europe divisée et épuisée ne pouvait plus continuer  d’envoyer l’aide nécessaire aux Croisés francs.

Dans ces conditions il ne restait à Salah Eddine  que  prouver qu’il est l’homme de cette étape, et de tirer profit du  vent favorable pour mener un Jihad de grande envergure contre les Croisés à la fois comme objectif de libération de Jérusalem et comme voie  de reconstruction de l’unité et de la puissance de l’état musulman  disloqué et affaibli.
Alors que les princes qui se sont emparés des pays musulmans sont encore plongés dans dans les litiges autour d’intérêts mesquins et de préoccupations minables tout en luttant entre eux sur qui pourrait gagner la faveur d’être le tuteur du petit Prince Ismail Saleh bin Nur al-Din Mahmoud (16), Salah Eddine  n’est pas rentré dans leur jeu. Il a agit avec une  remarquable intelligence; En l’an 570 AH / 1174, est venu à Hama (qui a été  jointe à son État depuis une courte période) pour accueillir des émissaires du calife abbasside accompagné d’une délégation honorifique portant drapeaux noirs (l’emblème de la dynastie abbasside), lui présentant la lettre signée par le Calife, le nommant  Sultan de l’Égypte, sultan  de la Syrie ainsi que des autres sultanats (17).

De la libération et de la reconstruction

Son habileté politique et son intelligence de manœuvre l’ont placé de fait et de droit comme légitime souverain  alors que les comploteurs se sont trouvés faisant figure de violeurs de la  loi. La libération de Jérusalem passait par l’unité politique et l’unité de commandement militaire et pour cela Salah Eddine  a axé sa stratégie à réaliser la première partie de son projet : l’unification du monde arabe en récupérant sous son commandement politique et militaire Damas, Homs et Hama. Ce projet réalisé il s’est empressé de se rendre à Alep qui demande l’aide de  « Raymond  III, » le gouverneur de Tripoli. Il a barré la route aux troupe des Croisés leur faisant marche retour après les avoir ventilé aux quatre coins de la terre par le Jihad (18). Et l’année suivante 571 AH / 1176, Salah al-Din est retourné pour imposer un embargo sur  Alep, sans résultat.

Dans le camp des Croisés rien ne semble arrêter la détérioration continue des conditions morales et des divergences politiques. Il n’a y avait  aucun espoir que les problèmes internes des   Croisés puisse trouver solution par la tutelle de Raymond III  comte de Tripoli sur le trône occupé par un roi malade. La tutelle du roi malade ou  l’intronisation d’un nouveau roi ne trouvaient ni consensus ni compromis au sein des Croisés. A ces problèmes de règne s’ajoutait le problème des colons croisés en terres arabes qui ne trouvaient plus écho ou préoccupation prioritaire en Europe confrontée à d’autres problèmes internes.

L’aide aux  Coalisées ne pouvait pas venir des byzantins car L’empereur byzantin, Manuel Comninos se trouve lui-même en position de faiblesse devant l’empire « Turcs Seldjoukide. Il est dans l’incapacité de négocier ou de manœuvrer face au sultan seldjoukid  Arslan II, qui lui infligea une  catastrophique défaite à la bataille de Myriocephalon en 1176, après avoir brisé les lignes défensives de l’armée byzantine, cette armée construite par la famille impériale  » Comninos »  sur plusieurs générations (19).

Salah Eddine a construit un service de renseignement efficace et compétent. Il connaissait le niveau de crise morale, politique et militaire des Coalisés. Sur les renseignements de ses agents il a lancé une attaque sur les Croisés dans la région du Sahel dans les territoires palestiniens au moins de Jamadi premier l’an 573 AH / 1177, et fut la seule fois que  Salah Eddine pécha par excès de confiance en soi et par un relâchement de l’armée dont  les troupes ont été autorisés à être moins en deçà des  des règles établies par Salah Eddine. Le résultat ne se fit pas attendre : son armée connut la pire et la plus lourde défaite de son histoire. Mais globalement cette défaite n’est pas déterminante pour changer le rapport des forces militaires et l’équilibre des pouvoirs politiques  dans la région qui devenaient de plus en plus en  sa faveur(20).

Salah Eddine ,  a passé les années suivantes au sein de l’armée qui menaient des  escarmouches mineures dans les  batailles contre les Croisés et  contre les princes Alzenkyines concurrents dans l’orient arabe, à la fois en Syrie et en Irak. Il a ouvert deux fronts de luttes en même temps mais sa stratégie n’a pas changé : il avait deux axes de combat : l’un sur la consolidation du front arabe et l’autre sur la préparation  à la guerre décisive contre les Franques. Ces deux axes sont indissociables, ils concourent ensemble à la libération de Jérusalem.
En l’an 578 AH / 1182, Salah Eddine à la tête de son armée est sortie d’Égypte allant vers la Syrie, l’Égypte ne pouvant plus être  menacée par les Croisés. Les années suivantes ont été cruciales dans la préparation de la lutte contre les Croisés. Salah Eddine a consacré son temps a organiser la résistance contre l’occupant, à mener des batailles contre ses postes et à lutter sur le font intérieur à unifier le rang des musulmans sous une seule bannière loin des convoitises des princes et des opportunistes.

Dans le camp des Croisés, les conditions vont de mal en pire, la peste fait rage, les divergences politiques s’accentuent, l’incapacité de la chrétienté à trouver une solution à l’enlisement au moyen orient et la disparition de l’allié stratégique des croisés le roi byzantin Manuel Comninos mort en Septembre 1180. L’empire byzantin a perdu de sa force et de son influence au moyen-orient (21).

la guerre psychologique

Salah Eddine a su tirer profit des circonstances pour se faire conduire vers son objectif stratégique. Contre les Croisés il a utilisé cet étonnant mélange de diplomatie, de  propagande, de guerre psychologique et de confrontation militaires en transformant en sa faveur le rapport de forces. C’est la même stratégie  qu’il va utiliser  contre Ses rivaux arabes les princes Alzenkyines.
Il conclue avec les Croisés une  trêve en l’an 1180. Mais la faiblesse du roi Baldouin IV à cause de sa maladie et à cause de la convoitise et du bellicisme du prince de Kerak Reynald de  Chatillon qui ne comprenait pas l’avantage réciproque de la trêve allaient pousser les événements à leur paroxysme ultime (22). L’année 578 AH / 1182, fut l’année de l’affrontement décisif dans l’histoire de l’Islam face aux Croisades.

A ce moment précis de l’histoire, l’État de Salah Eddine  comprend presque l’ensemble de la Syrie, de l’ Égypte et de l’ Irak, à l’exception des provinces d’Alep et de Mossoul. Pour Salah Eddine inclure ces deux sultanats dans l’État unifié était une priorité avant de livrer la bataille décisive pour ne pas prêter flanc à des coalitions comme par le passé. Cependant, ses tentatives pour saisir par la force Alep n’ont pas abouti (23).

Dans le même temps, Reynald de chatillon a lancé une attaque contre la ville portuaire Ayila l’automne de cette même année,  ensuite il a brûlé plusieurs navires des opérateurs musulmans dans la mer Rouge, et a envoyé  de nombreuses troupes croisées qui commençaient à s’approcher de la ville sainte  Medina. La flotte militaire égyptienne mit fin à l’expédition des Croisés et libéra les soldats musulmans et leurs familles mis en esclavage par les troupes croisées qui   avait débarqué sur la terre du Hijaz. Le Prince Hassam Eddine loulou (la perle de l’islam) qui commandait la flotte égyptienne, exécuta deux croisés sur le port libéré et le reste des prisonniers fut exécuté à leur retour au Caire (24).

Cette rupture de la trêve par Chatillon et la colère des masses musulmanes devant la tentative d’expédition contre les lieux saints et la victoire remportée par la flotte égyptienne donna à Salah Eddine al Ayoubi davantage de conviction pour unifier les rangs des musulmans et restaurer l’unité territoriale et politique de la nation musulmane. Le double danger des Croisés et de la division des musulmans s’est encore accentuée même s’il  n’a jamais quitté l’esprit de Saladin alors qu’il n’était qu’un simple soldat dans l’infanterie de Shirkuh en Egypte (25 ).
De l’avis du professeur David Jackson, le sultan Salah Eddine  faisait preuve d’une grande intelligence sur le plan de l’analyse et de la pratique politique,  de l’ingéniosité dans la gestion des affaires de l’État, et  dans l’art raffiné de la préparation du terrain politique et des mesures  diplomatiques avant de prendre toute action militaire (26).
En tout état de cause, l’année 579 AH / 1184 les eforts de Salah Eddine furent sanctionnés par l’allégeance de la province d’Alep dans le cadre de la Convention sur la paix. Le renforcement politique du Sultan Salah Eddine est tel que l’historien Stephen Ransiman déclare qu’au cours des deux  siècles précédents, l’histoire de la région n’a jamais  vu un état arabe aussi fort et unifié comme celui de  Saladin (27).

Cette année, il déploya des troupes de Damas vers la forteresse  imprenable de Karak fief de Chatillon le haineux. Il assiège le fort sans pouvoir s’en emparer(28). On pense que Salah Eddine  avait voulu par cette sortie provoquer juste quelques escarmouches pour montrer sa puissance militaire à des fins politiques et de propagande dans le contexte de la guerre psychologique qu’il avait décidé depuis longtemps dans sa campagne de déstabilisation des Croisés dans l’attente de l’opportunité de mener la bataille décisive pour libérer Jérusalem.
Dans la stratégie de Salah Eddine il n’est pas envisageable de mener une  guerre totale contre les Croisés tant que l’émirat de Mossoul continuait de  constituer une menace pour lui. Il avait la conviction  que l’unité des forces politiques et militaires dans la région arabe est nécessaire, elle est la condition essentielle pour garantir la victoire en cas de guerre totale contre les Croisés. Il savait aussi par son longue expérience de combat et de gestion des affaires de la région que les forces des croisés allaient vers l’affaiblissement et qu’il fallait les harceler sans répit pour accélérer leur affaiblissement et donner à ses troupes plus d’expériences militaires avant l’heure H. Son intelligence était de rester lucide et de construire la victoire d’une manière décisive et pour cala il fallait ne pas perdre l’objectif final, la libération de Jérusalem , et les objectifs intermédiaires,  accroître la vulnérabilité des croisés d’une part et parvenir à l’unité arabe politique, militaire d’autre part, avant la confrontation finale.

le siège de Kerak

Salah Eddine  connaissant le caractère belliqueux et irrespectueux des traités et conventions de Chatillon et l’importance  de la forteresse de Kerak dans le dispositif militaire, économique et commercial concentra ses efforts au harcèlement de Kerak. Il assurait ainsi la sécurité des convois routiers entre l’Égypte et la Syrie et fissurait la défense de son ennemi par l’usure.
En l’an 579 AH / 1183, le Sultan Salah Eddine recevant des renforts d’Égypte est passé du siège  à l’assaut de Kerak la soumettant sous un déluge de tirs de catapultes et de flèches. Les armées musulmanes ont  fait battre en retraite à l’intérieur de la forteresse le prince de Chatillon et son armée  sortis à la rencontre des troupes de Salah Eddine.  Chatillon n’a sauvé sa vie que dans la fuite abandonnant une partie de ses troupes à leur sort.

L’assaut final a été retardé à cause de la célébration du mariage de deux princes. La mère de la princesse a demandé à Salah Eddine de ne pas gâcher leurs fêtes et lui a envoyé des mets et des gâteaux. Il agréa la demande la mère et tint promesse de ne pas bombarder la tour où se déroulait la cérémonie montrant une fois de plus son esprit chevaleresque et son humanité. Il a donc maintenu le siège qu’il a été contraint de lever pour aller à la rencontre des renforts des  croisés venant de Palestine. Il mit en déroute les armées croisées à Naplouse et Jénine, libérant déjà une partie des territoires palestiniens (29) … Il est ensuite retourné à Damas. Si nous avons décidé de  parler de cet aspect militaire en dépit de l’absence de victoires significatives, c’est dans le but de clarifier l’intérêt de Salah Eddine  des questions tactiques et stratégiques qui pourraient affecter la réalisation de ses objectifs suprêmes. Dans ces objectifs la  forteresse de Karak est une grave menace qu’il faut contenir et en même temps il faut sécuriser le transport des  convois commerciaux et des forces militaires entre l’Egypte et la Syrie.

La conjugaison du politique, du militaire et de l’économique dans une vision stratégique claire et une prise d’initiative toujours en avance sur l’ennemi apporte ses fruits et donne à Salah Eddine  davantage de force politique : Baldouin IV » le roi croisé de Jérusalem, en 1185,  contraint les Croisés à la signature  d’un traité de paix avec Saladin pour un mandat de quatre ans. Ce temps était suffisant pour Salah Eddine de parachever l’oeuve d’unification des Arabes. Il avait donc le temps et la liberté d’action militaire et de  manœuvre politique contre l’émirat de Mossoul. Le gouverneur de Mossoul  a répondu, sous la  pression sans relâche de Salah Eddine, de signer tenir un traité reconnaissant l’extension du pouvoir du Sultan Salah Eddine sur la province de Mossoul.

L’interprétation de ce traité sur le plan militaire s’est soldé par l’accroissement de la force militaire de Salah Eddine  de  six mille cavaliers de l’émirat de Mossoul. Pour l’époque c’était une  force militaire conséquente (30). Au niveau stratégique le rapport des forces  a résolument changé en faveur des musulmans qui venaient enfin de réaliser la cohésion sociale et l’unité politique et militaire. Salah Eddine venait de réaliser une partie de son rêve et concrétiser un  objectif principal: la réalisation de l’unité politique et militaire.
Ensuite est venu l’an 581 AH / 1185 le point culminant du génie stratégique de Salah Eddine  qui a  utilisé avec art et efficacité la combinaison de la force militaire, de la manoeuvre politique, de la guerre psychologique, et de la bonne planification de tous ses plans et de ses  mouvements contre l’ennemi.

Il n’est pas inutile de souligner quelques faits marquants. Il a été le Sultan qui a reconstruit  la flotte égyptienne faisant d’elle une marine militaire crainte   dans la mer Rouge et la Méditerranée. Il a mené une action diplomatique isolant les Croisés et les empêchant de construire des alliances tant avec les arabes qu’avec les européens. Ainsi il a  persuadé les villes italiennes de tirer profit économique en faisant un transfert direct de leur centres  commerciaux sur le sol égyptien en leur garantissant la  paix et la sécurité. Il a ouvert une passerelle diplomatique avec l’empire byzantin qui a permis la signature d’un accord avec l’empereur byzantin « Ondronicos » le libérant des intentions de l’Europe de l’Ouest  dont la culture des Croisades  jetaient le doute, la méfiance  et la suspicion sur toute relation avec le monde arabe et musulman (31).

Les signes de la guerre

L’année 582 AH / 1186 annonce les  signes de la guerre et les signes de la défaite des croisés: les Croisés se sont divisés divisés en deux groupes après la mort de leur roi  Baudouin IV « , et son successeur», Baudouin V  » un enfant sous tutelle, qui décédera  l’été de la même année.

Intelligente et capable de manœuvre, Izabela la  fille du roi Amauri I est arrivée à surmonter les rivalités au sein des Croisés pour imposer son époux Guy de Lusignan  roi du royaume des Croisés de Jérusalem.  Le premier camp des croisés s’articulait autour de la reine, Isabelle, de son mari, qui était un modèle dans le genre de  combiner  la beauté des traits physique et la laideur du comportement moral et des  faucons pour qui   la guerre et la violence sont les seules méthodes à avoir envers avec les musulmans. Le second camp des croisés représentait  été un certain nombre de princes dont Raymond III  Comte de Tripoli, qui étaient d’avis qu’il vaut mieux chercher l’apaisement avec  les musulmans, tant que les conditions ne permettent pas de combats décisifs en leur faveur(32).

Voila en gros le panorama politique dans la région arabe à l’approche de la libération de Jérusalem et s’inscrivant dans une lutte longue et acharnée entre les deux parties du conflit. C’est dans cette configuration politique et militaire que Renaud de Chatillon entre de nouveau en scène pour remettre en cause le traité de paix entre Salah Eddine et les Croisés dans des conditions défavorables aux coalisés dont une partie des troupes souffraient de maladies, de faim et de nostalgie. Agissant de concert avec les faucons Renaud de Chatillon a quitté la forteresse de Kerak pour attaiquer, en violation des accord signés, des convois commerciaux musulmans, assassinant les uns et faisant captifs les autres. Il a donné l’occasion à Salah Eddine d’ouvrir de nouveau les hostilités militaires contre les Croisés.

De l’avis de l’historien allemand Hans Meyer « Salahaddin »   ne pouvait pas se taire sur les menaces de Chatillon sur la sécurité de  la route commerciale entre l’Égypte et l’Orient et du traffic maritime  de la mer Rouge et de l’Océan Indien (33). A  mon avis, cette attaque était attendue par Salah Eddine et elle lui a donné  prétexte de se délier de son pacte et de lancer une guerre décisive contre les Croisés maintenant qu’il a unifié le monde arabe et achevé la préparation des plans stratégiques de la guerre.

Les Croisés furent  embarrassés  par les nouvelles alarmantes qui leur annoncent les préparatifs militaires des musulmans en vue de les attaquer. Ils étaient dans un désaroi tel qu’ils ont failli aller au dela du clivage politique  à la guerre civilele (34). Finalement le sentiment général du dnger imminent mit fin aux divergences et souda les Coalisés en un bloc uni pour faire face aux musulmans avec vigueur et détermination. Près de la ville de Nazareth en Palestine les Franques parviennent à lever la plus grande armée de l’histoire des Croisades. Ils ont mobilisé sur pied de guerre environ  dix-huit mille soldats d’infanterie et de cavalerie dont mille deux cent équipés d’armement lourds et quatre mille chevaliers, et cette avec son nombre et son équipement est pour l’époque quelque chose de colossale.

La force de l’armée franque ne pouvait cacher l’état psychologique de ses soldats ramassés à travers toutes les colonies sous leur domination : la panique et le manque de préparation.
Les forces du Sultan, Nasser Salah Eddine al Ayoubi étaient constituées de trois corps d’armée, un corps syrien dont il était lui-même le commandant en chef, le corps des forces égyptiennes et le corps des forces  irakiennes. Les corps d’armées égyptiennes et irakiennes étaient réparties en brigades chacune sous le commandement des princes venus d’Égypte et  d’Irak et sous le commandement des propres frères et des propres fils de Salah Eddine.

Nous devons avouer qu’il n’existe aucune statistique pour évaluer le nombre et l’équipement des forces musulmanes. A mon avis le nombre devrait presque le même que celui des Croisés. La différence résidait dans la motivation au combat, la stratégie de combat et dans les armes et les équipements.

Au  mois d’ Octobre 1187 (27 Rajab en 538 AH), Salah Eddine libère Jérusalem.

 

Qassem Abdou Qassem

Traduction : Omar Mazri

A suivre …/… partie 2/2


 

bibliographie :

D.C. Munro ،  » The Speech of Pope Urban II at Clermon »، American Historical Review «  »، XI (1906)،pp. 231-242 ; H. Hagenmayer ، « Chronologie de la Premiere Croisade 1094-1100″،Revue de l،Orient Latin ، Paris 1893- Bruxelles 1962، VI، p.225>                          أنظر أيضا: قاسم عبده قاسم، ماهية الحروب الصليبية: الإيديولوجيا، الدوافع، النتائج، (دار عين للدراسات والبحوث الإنسانية والاجتماعية – القاهرة 2004م) ،ص103 –ص108.

(2) Fulcher de Chartres ، Historia Hierosolymitana- A History of the Expedition to Jerusalem ،1095-1122 (transl. by Francis Rita Rian. Xnoville 1969) ،pp. 62-69. انظر الترجمة العربية لروايات كل من: فوشيه الشارتري والمؤرخ المجهول وروبير الراهب وجيوبرت النوجنتي وبلدريك الدوللي عن خطبة البابا أوربان الثاني في: قاسم عبده قاسم، الحملة الصليبية الأولى – نصوص ووثائق تاريخية (دار عين للدراسات والبحوث الإنسانية والاجتماعية ، 2001م) ،ص73-ص89.

(3) (3)Fulcher de Chaetres،pp.45-128;William of Tyre ،A History of the Deeds done beyond the Sea،(transl. by Emily Atwater Babcock & A.C. Krey،Colombia University Press،1943) vol. I،pp.379- 385.

انظر أيضا: ابن القلانسي، ذيل تاريخ دمشق (نشره أمدروز، بيروت 1908م )، ص136-ص137؛ ابن الأثير، الكامل في التاريخ، (الطبعة الثانية – دار الكتاب العربي، بيروت 1967م ) ج8، ص189- ص190.

(4) ابن شداد، النوادر السلطانية والمحاسن اليوسفية (تحقيق جمال الدين الشيال 1964م) ص235- ص237؛ العماد الأصفهاني، الفتح القسي في الفتح القدسي، (تحقيق محمد محمود صبح، طبعة الهيئة العامة لقصور الثقافة 2003م ) ص116- ص129؛
أبو شامة، كتاب الروضتين في أخبار الدولتين (طبعة دار الجيل – بيروت)، ج.2، ص28- ص47؛ ديفيد جاكسون، « صلاح الدين: حطين والاستيلاء على القدس – وجهة نظر » في: 800 عام –حطين والعمل العربي المشترك (دار الشروق 1989م)، ص86- 87.

Mayer ، H. E.، The Crusades(Oxford University Press 1972)، pp.131-2.

(5) ابن القلانسي، ذيل تاريخ دمشق، ص143- ص163؛ ابن الأثير، الكامل في التاريخ، ج8 ،ص235-ص260؛ انظر أيضا: Mayer،The Crusades ،pp.74-75

حيث نجد بيانا بالحدود التي وصلت إليها المستعمرات الصليبية.

(6) ابن القلانسي، ذيل تاريخ دمشق، ص321- ص322؛ المقريزي، اتعاظ الحنفا بأخبار الأئمة الفاطميين الخلفا (تحقيق محمد حلمي أحمد، وزارة الثقافة المصرية 1999م)،ج2، ص296-ص306؛ ابن الأثير، الكامل في التاريخ ،ج9، ص42؛ William of Tyre ، op. cit.vol. II،pp.220-234

(7) arshal W. BaMldwin ، « The Latin States uder Baldwin III &Amalric I،1143-1174 » in Setton (ed.)، A History of the Crusades،(The University of Wisconsin Press 1969)،vol. I، pp.536-38.

(8) المقريزي، اتعاظ الحنفا، ج3، ص358-ص364؛ ابن الأثير، الكامل، ج9، ص81؛ أبو شامة، الروضتين، ج1،ص329-ص331؛ ابن شداد، النوادر السلطانية ،ص36William of Tyre ،op. cit.vol.II،pp.302-303.

(9) قاسم عبده قاسم، في تاريخ الأيوبيين والمماليك (دار عين للدراسات والبحوث الإنسانية والاجتماعية 2007م )، ص18-ص27.

(10) أبو شامة، الروضتين ج1، ص405؛ المقريزي، اتعاظ الحنفا، ج3 ،304.

(11) أبو شامة، المصدر السبق ،ج1،ص451-452؛ المقريزي، اتعاظ الحنفا ،ج3، ص313.

(12) ابن شداد، النوادر السلطانية ،ص33-ص34؛ أبو شامة، الروضتين، ج1، ص456- ص457 المقريزي، اتعاظ الحنفا، ج3، ص315؛ ابن الأثير، الكامل، ج9، ص105- ص106

William of Tyre، op. cit. ،vol.I، pp.363-368;Baldwin ، op. cit. vol.I،pp.563- 568،565-566; Mayer، op. cit.p.124.

(13) أبو شامة، الروضتين، ج1، ص486؛ المقريزي، اتعاظ الحنفا، ج3، ص320؛

Mayer، op. cit. ، pp.124.

(14) المقريزي، اتعاظ الحنفا، ج3، ص321-ص327؛ وقد ذكر المقريزي أن الخطبة كانت في يوم الجمعة سابع شهر المحرم سنة 567 هجرية، وهو خطأ؛ لأن الجمعة الثانية في الشهر لا يمكن أن تكون في اليوم السابع من الشهر؛ وإنما تكون في اليوم الثامن أو بعده؛ أبو شامة، الروضتين، ج1،ص493- ص518 .

(15) أبو شامة، الروضتين، ج1، ص518- ص567؛ ابن واصل، مفرج الكروب في أخبار بني أيوب (تحقيق حسنين ربيع، دار الكتب المصرية 1972-1977م)، ج1، ص152وما بعدها؛ Mayer، op. cit. pp.124-125

(16) ابن شداد، النوادر السلطانية، ص49.

(17) المقريزي، السلوك لمعرفة دول الملوك، (تحقيق محمد مصطفى زيادة، طبعة دار الكتب المصرية سنة 2007م)، ج1، ص59-ص60.

(18) أبو شامة، الروضتين، ج1 ، ص602-ص603؛ ابن الأثير، الكامل ،ج11، ص165-ص166؛ المقريزي، السلوك، ج1، ص57-58.

(19) يقارن المؤرخون بين هذه الهزيمة الكارثية والهزيمة التي كان الأتراك السلاجقة قد أوقعوها بالبيزنطيين تحت حكم الإمبراطور « رومانوس ديوجينيس » في مانزكرت (ملاذكرد) سنة 1071م. انظر:

Steven Runciman ، A History of the Crusades، (Harper & Torchbooks ، New York 1955 ) vol.، pp.407- II 408

(20) أبو شامة، الروضتين، ج1، ص699-ص703؛ ابن شداد، النوادر السلطانية، ص42-ص43؛ المقريزي، السلوك ،ج1،ص64؛

Runciman ،op. cit.، vol.II، pp. 416-418.

(21) Ibid ، vol.II، pp.426-420.

(22) المقريزي، السلوك ،ج1، ص72.

(23) نفسه ،ج1، ص74-ص75.

(24) ابن واصل، مفرج الكروب ،ج2، ص137؛ المقريزي، السلوك ،ج1، ص78- ص79؛

Mayer ،op. cit. ، pp.131- ff. ; Runciman ،op. cit.، vol.II، pp.436-437.

(25) ديفيد جاكسون، « معركة حطين »، ص67-ص91.

(26) نفسه ،ص91.

(27) Runciman ،op.cit. ، vol.II،p.435.

(28) Hamilton Gibb،  » The Rise of Saladin  » ،in Setton (ed.) ، A History of the Crusades، vol. I، pp.380-381.

انظر أيضا: المقريزي، السلوك، ج1، ص81-ص82.

(29) المقريزي ، السلوك ،ج1، ص83- ص84؛

Runciman ،op. cit. ، vol. II ، pp. 440- 445.

(30) المقريزي، السلوك، ج1، ص89- ص90

Mayer، op. cit. ، p. 126 ; Runciman ، op. cit. ، vol. II ، pp. 444 – 445.

(31) Mayer ، op. cit. pp. 127- 130.

(32) Mayer ، op. cit. ، p. 130 ; Runciman ، vol.II ، pp. 447- 449 ;

جمال الدين الشيال، تاريخ مصر الإسلامية، ج2: العصران الأيوبي والمملوكي، ص63- ص64، وقد أشار المقريزي (السلوك، ج1 ، ص92) إلى هذه الحقيقة بقوله: « … ووقع الخلف بين الفرنج بطرابلس، فالتجأ القومص إلى السلطان، وصار يناصحه….) وهو يقصد بالقمص الكونت ريمون الثالث السانجيلي أمير طرابلس الصليبي.

(33) Mayer، op. cit. p131.

(34) Runciman < op. cit. vol. II ، pp451- 452.

(35) ر. سى. سميل، الحروب الصليبية (ترجمة سامي هاشم، المؤسسة العربية للدراسات والنشر، بيروت 1982م ) ، ص69-83 ،ص95- ص124 حيث يتحدث عن الجيوش العربية والجيوش اللاتينية على التوالي.

 

Traduction : Omar Mazri

Les principaux enjeux en Syrie

Pick up comme en Libye

mise à jour  25/08/2012

Après la Libye c’est le tour de la Syrie, ensuite celui du Liban puis de l’Algérie et enfin celui de l’Iran si le grand satan ne trouve pas sur son chemin destructeur ce qui le bloque.

Je continue de croire que les « révolutions  » en Tunisie et en Egypte ont été récupérés par les Etats-Unis et les monarchies du golfe. Je continue de croire que la Libye est l’opération de contre révolution la plus raffinée contre l’Egypte même si les Egyptiens enivrés par leur nationalisme de pacotille et leurs frères musulmans anesthésiants ne veulent pas l’admettre.

Pour l’instant les Arabes et les Musulmans sont, dans leur majorité écrasante, dans l’insouciance totale de ce qui les attend si la Syrie capitule ou s’effondre. Les Algériens, gouvernants, opposition et gouvernés,  n’ont tiré aucune leçon de la tragédie passée et ils ne méditent pas les raisons qui poussent ceux qui ont arrêté le processus électoral, car il a été remporté par des islamistes, se retrouver aujourd’hui à encourager, former, financer et superviser des guérillas islamiques en Afrique et dans le monde arabe. Je ne donne aucune justification au recours à la violence tant du pouvoir qui a trahi le prtocessus qu’il a mis en place que des islamistes qui pensaient que c’était le seul recours légal et légitime. Toute atteinte à une vie humaine est à refuser quelque soit le motif à moins que ce ne soit par acte de justice.  Les Algériens, de tout bord, s ne tirent toujours pas leçon ni ne cherchent à connaitre la logique de ceux qui ont ordonné et protégé Khaled Nezzar d’arrêter le processus électoral et de conduire un pays avec un fort potentiel de développement vers la guerre civile, et qui se trouvent aujourd’hui entrain de le menacer de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. Les revanchards et ceux qui n’ont pas pansé leur douleur individuelle s’imaginent que l’Occident leur fait des cadeaux car il est épris d’amour pour la justice, la démocratie, le droit, la dignité humaine et les islamistes. L’Algérie est suffisamment fragilisée, sans État, sans politique, sans cadres, sans opposition crédible. Elle peut par la menace, l’intimidation et le chantage basculer de comptoir commercial français à base coloniale agissant comme gendarme en Afrique ou comme force dans l’effort de guerre qui sera employé contre l’Iran.

Ils ne tirent pas leçon de la tragédie libyenne : où est la Dawla islamiya en Libye ? Où sont la liberté, la démocratie et la prospérité économique promises? Comment expliquer qu’un gouvernement comme celui du Soudan qui a participé à la partition de son propre pays puisse participer à l’agression contre la Libye ou inciter à la sédition en Syrie ? Où sont la logique, la vision lointaine, le respect des préceptes de l’islam ?

Tant que les Arabes et les Musulmans ne reviennent pas à un bilan de conscience et à un repentance le sang versé, en Algérie des centaines de milliers, en Libyes des dizaines de milliers et en Syrie plusieurs milliers, sera une malédiction qui nous poursuivra tous car le sang versé d’un innocent, d’ un seul, fait trembler le Trone de notre Dieu, alors que penser de ce sang versé à flots pour des questions de pouvoir?

Quelques occidentaux, et ils sont rares, commencent pourtant à se  se  poser   une question logique : « pourquoi condamner ici, sur le territoire national, un islamisme que nous encourageons, soutenons, entraînons et armons en dehors, contre des États qui justement tiennent en lisière le radicalisme musulman dans son expression la plus fanatique ? Par pure sottise ? Par masochisme ? Par imbécillité congénitale ? »

La réponse est multiple  :

1 – L’Islamophobie : créer de la méfiance envers le musulman et de la défiance entre les musulmans pour éviter l’éveil de l’Islam authentique libérateur et civilisateur. L’Occident sait mieux que nous que l’avenir du monde est dans l’Islam et il sait que l’Islam est incompatible avec le colonialisme et le capitalisme. L’Islamophobie comme machination diabolique à visée idéologique, psychologique, médiatique et militaire consiste à nous rendre ridicules, haïssables et criminels pour se donner justification d’intervenir au nom de l’humanisme, du droit des minorités, de la lutte antiterroriste, de la liberté. Les laboratoires et officines connaissent notre état psychique du demi éveillé qui est dans la confusion entre le jour et la nuit, entre le rêve et le cauchemar, entre l’illusion et la réalité. Lorsque les chrétiens d’Occident laissent les chrétiens d’orient se faire massacrer par des Fatwas des savants des palais saoudiens, il y a questionnement : on prépare des bouc-émissaires dans la stratégie américaine du chaos fécond. Lorsque des Musulmans vont à l’encontre des règles énoncées par le Coran et le Prophète de ne pas attenter à la vie humaine et de ne pas transgresser la sacralité de la vie et des biens du Juif et du Chrétien vivant parmi les musulmans, il y a une orchestration qui vise à briser l’éveil musulman pour le plonger dans l’horreur, dans la profanation du sacré au nom du « printemps arabe ».  Quand des pygmalions  de service à l’instar de Tariq Ramadan se mettent à cautionner l’agression de la Libye et de la Syrie, allant contre l’enseignement du Prophète qui refuse de voir le sang d’un musulman ou d’un citoyen dans un pays musulman couler sans droit, de voir les musulmans se ranger derrière les faux étendards, et de voir les Musulmans entrer en sédition armée contre un gouvernant, même despote, alors qu’il n’a pas déclaré son apostasie ni interdit la prière. Les Libyens et les Syriens étaient-ils interdit de se rendre à la mosquée comme du temps d’Attaturc ?

2 – La catharsis géopolitique : exporter les crises internes et les malédictions du capitalisme ainsi que l’impasse dans laquelle l’entité sioniste se débat sans perspective réelle et salutaire à long terme. Toute la propagande médiatique et tous les tintamarres ne sont là que pour occulter la fin inéluctable de l’entité sioniste même si les Arabes et les Palestiniens cherchent la paix et la servitude. Il y a des signes annonciateurs et il y a un déterminisme historique qui les met en situation de panique.

3 – Détruire l’axe de résistance qui est né contre l’accord de camp David. Cet axe comprend l’Algérie, la Libye, la Syrie et  L’Irak

4 – Anticiper sur les révolutions ou les réformes inévitables dans le monde arabe et les pervertir pour laisser le monde arabe disloqué, sans cap, sans ciment social fédérateur.

5 –  Mettre en oeuvre la stratégie du  » soft powerment  » de Bresinsky en instrumentalisant les pseudos islamistes contre les ennemis de l’Amérique comme agent de subversion et laisser leurs vassaux arabes et européens faire les guerres coloniales à leur place se contentant de fournir l’ordre de combat, le renseignement et la logistique stratégique. Cette stratégie a bien fonctionné en Libye car elle a trouvé une ligue arabe de traitres et une association internationale de savants musulmans séniles et ignorant la géopolitique.

6 – Démanteler les pays arabes dans le prolongement de Sykes picot. A titre d’exemple voici le schéma de découpage de la Syrie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un autre pays musulman en attente de démembrement : le Nigéria

 

7 – Détruire toutes les armées capables de faire face à l’entité sioniste pour les remplacer par des bases coloniales d’où partiront les expéditions contre l’Iran. L’expérience irakienne n’est pas loin. Détruire toutes les armées qui refusent de se plier au joug du nouvel ordre mondial.

L’expérience yougoslave etl’expérience irakienne ne sont pas loin. L’Algérie a une grande armée et une fois le sort de l’armée syrienne réglée ce sera le tour de l’armée algérienne invitée à livrer son aviation et sa marine comme auxilliaire de l’Otan tant pour la future guerre contre l’Iran que pour le rôle de gendarme au Sahel. Les pressions diplomatiques et politiques ne se cachent plus et c’est dans ce jeu de pression qu’il faut voir l’accusation portée par la Suisse de « crimes contre l’humanité » à l’encontre du général Khaled Nezzar.

8 – Empêcher le déplacement du centre du monde géopolitique et économique vers l’Eurasie qui va être la fin de la domination occidentale et un nouveau partenariat avec le monde musulman. Les Russes et les Chinois y oeuvrent depuis la chuite du mur de Berlin d’autant plus que les principales sources  et les principales voies d’acheminement des ressources minières et énergétiques pour les  futures années s’y trouvent.

8 – La spoliation des richesses et le contrôle des voies maritimes et terrestres d’acheminement du gaz et du pétrole. Dans ce contrôle, l’Empire va tenter de couper les ressources du développement et de la résistance, mais aussi les sources et les voies d’approvisionnement de l’énergie à la Chine, puissance émergente.

9 – Laisser la résistance palestinienne et libanaise sans soutien. Le Qatar et l’Arabie saoudite oeuvrent sans se cacher pour liquider la cause arabe et à sa tête la cause palestinienne.

10 – Créer un état de psychose dans les populations et les djounouds du monde arabe de telle façon à générer la démission devant la puissance maléfique de l’Occident et chercher le sauve-qui-peut dans des explications eschatologiques et apocalyptiques loin de toute analyse sérieuse en termes de rapport de forces, de mobilisation dans un axe de résistance et de changement de paradigme idéologique. En ce qui me concerne, je répète depuis des années qu’il est nécessaire de placer le curseur idéologique sur la résistance contre l’impérialisme américano sioniste et ses vassaux arabes et européens et ne pas tomber dans le piège de la division ou de l’éradication en opposant islamistes et non islamistes, militaires et civils, gouvernants et gouvernés. L’histoire a montré que l’Islam se développe mieux et plus vite en situation de paix qu’en situation de troubles comme elle a montré que la prospérité économique et sociale se construit dans la paix et non dans la guerre.

11 – Détruire l’Etat, despotique ou non, pour installer à sa place les commis locaux à la prédation qui s’intègrent dans le nouvel ordre économique qui veut effacer la réglementation, la souveraineté nationale, la justice sociale. Dans ce but, le nouvel ordre mondial installe –  par la force à ceux qui lui résistent et par le pourrissement de ses vassaux qui acceptent la servitude – aussi bien dans les anciennes colonies que dans la vielle Europe une nouvelle race de prédateurs, de corrompus, de sanguinaires, de cyniques, de nihilistes qui peuvent se cacher sous les noms d’islamistes, de groupes armés, de démocrates ou de républicains qui gérent l’Etat comme une boutique underground du marché informel. Il faut juste étudier la Russie après la chute du mur de Berlin et l’Algérie après la  » réconciliation nationale « . Sur ce sujet, j’avais écris un livre que j’ai perdu et qui faisait suite au livre  » le dilemme arabe et les 10 commandements US « . Ce livre abordait la question économique dans l’enjeu post  » révolutionnaire  » et il a été écrit en réaction aux déclarations de Chrisitine Lagarde au G8 de Deauville où elle a fait allusion au printemps arabe et à la chute du mur de Berlin. Pour l’observatoire averti la chute du mur de Berlin a une double signification.

La première c’est l’effondrement de l’URSS et du pacte de Varsovie minés de l’intérieur par les groupes de pression sociale et économique inféodés à la CIA et au Vatican et par l’extérieur par l’effort de guerre en Afghanistan et la course spatiale.

La seconde signification dans la  chute du mur de Berlin en 1995 soulignait aussi  la suprématie du capitalisme impérialisme sur le monde et l’emergence en Russie et dans ses anciens satellites d’une bourgeoisie d’affaires liée au crime, à la maffia et au démantèlement de l’Etat central. Ce sont ces perspectives que le  » printemps  » arabe a permis de réaliser en rendant légal l’état de non droit là où l’Etat est absent en laissant les peuples sans gouvernance et sans puissance publique à la merci des bandes armées et des trafiquants, et en s’attaquant à détruire l’Etat là où il est encore présent.

 

Observation : La probabilité d’une guerre entre la Turquie et la Syrie

La Turquie se prépare à attaquer la syrie :
1 – par procuration pour l’OTAN et Israël et en même temps elle règlerait trois problèmes en suspens :
2 – le problème de l’eau en suspens entre la Syrie et la Turquie puisque la Turquie est en train de construire un grand bartrage qui va priver la Syrie de l’eau et pousser les deux pays à entrer en guerre.
3 – Imposer son armée comme seule force de dissuasion dans la région.
4 – Partitionner la Syrie et donner un territoire aux kurdes pour se débarasser du problème kurde.
5 – Jouer le rôle de fer de lance dans une armée « islamique » qui serait le bras armé de l’OTAN contre la Syrie puis contre le Hezbollah et enfin contre l’Iran.
6 – Espérer gagner en influence régionale, en territoires et en ressources dans le nouveau découpage du monde arabe par Sykes Picot bis, le premier ayant démembré l’empire ottoman. Le néo ottomanisme erdoganien s’appuie davantage sur un antionalisme turc exacerbé que sur un islamisme pur et dur.
Mais elle se trouve confronté à Sept problèmes :
1 – Le dernier sondage montre que 75% de la population est contre la guerre.
2 – L’économie de bazar qui représente le centre de gravité dans les couches moyennes et bourgeoises en Iran, Turquie et Syrie est perdante dans la crise actuelle et réclame le règlement du conflit avant de balancer vers un camp qui lui semblerait défendre le mieux ses intérêts.
3 – L’armée syrienne est prête à une guerre avec Israël et ses forces seront orientées contre la Turquie avec le défi de tout gagner et foutre en l’air tout l’équilibre régional ou tout perdre.
4- Erdogan, comme je l’ai expliqué dans les dix commandements us est la tendance frères musulmans avec l’idée de jouer le rôle central dans le monde arabe comme le représentant légitime du sunnisme pouvant s’opposer au chiisme, mais une guerre contre la Syrie risque de se retourner contre lui, car au lieu de se faire sous l’axe chiite contre sunnites elle sera perçue comme une guerre Turcs contre Arabes avec des conséquences dramatiques pour la Turquie. Lors de l’agression de la Libye, j’avais montré la fausse image d’Erdogan en publiant ce que pensait de lui son maitre politique et spirituel, le défunt Erbakhan, qui l’a catalogué comme agent du sionisme.
5 – les Syriens ont la carte des Kurdes. Il y a une bataille féroce entre la Syrie et le Kurdistan (aidé par Israël) sur l’influence des kurdes de Syrie : les syriens veulent les impliquer dans le conflit à leur avantage et l’OTAN par le biais d’Israël veut les utiliser contre la Syrie. Voilà pourquoi la bataille d’Alep doit se solder rapidement par une victoire écrasante de l’armée régulière.
6 – Les russes vont jouer la carte de la Syrie car il s’agit de la reconfiguration du nouvel ordre mondial. Les grands vont s’affronter comme toujours sur nos terres et avec notre sang pour régler leur contentieux.
7 – Les nationalistes et la gauche turcque opposés à Erdogan vont trouver l’occasion de destabiliser le gouvernement sinon utiliser le mécontentement populaire et les pertes de l’économie de bazar.
8 – Les Arméniens tant en Arménie que dans le reste du monde pourraient basculer en faveur de la minorité orthodoxe arménienne en Syrie (Alep et Damas) et poser des problèmes supplémentaires à la Turquie qui elle aussi est dans l’oeil du cyclone qui va la démanteler à moyen ou long terme si le plan américain et sioniste parviennent à réaliser leurs objectifs en Syrie.
La Turquie « doit » entrer en guerre tout de suite si elle veut ne pas tomber dans la période de vacance du pouvoir US durant la campagne présidentielle américaine à moins que le false flag d’Obama serait d’envoyer la Turquie en guerre et puis lui apporter son aide directe et montrer ce qu’il est réellement, un noir plus blanc que les blancs. Est-ce que les Musulmans et les Arabes se sont réveillés de son discours du Caire dont je fus le premier à dénoncer le mensonge et la perfidie ainsi que ce qu’il annonçait comme politique étrangère US.
La Turquie pourrait diférer son entrée en guerre le temps de voir l’usure morale et l’épuisement logistique  jouerleur oeuvre sur l’armée syrienne et sans doute le temps de voir la mise en oeuvre de l’artifice légale : « l’armée islamique » financée par le Qatar et l’Arabie saoudite et légalisée par l’OCI.
Est ce que la Turquie est prète à entrer en guerre pour des considérations internes et géopolitiques, je ne le sais pas. Les choses vont se déssiner dans les jours ou les semaines à venir.

 

Conclusion

La bataille d’Alep va être déterminante non seulement pour la configuration des pays arabes mais du monde. 

Logiquement le régime syrien et les classes moyennes qui le soutiennent devraient sortir victorieux et infliger une lourde défaite à  l’axe satanique. La défaite ne serait pas dans une confrontation de front car la Syrie n’a pas les moyens militaires et économiques de faire face à l’armée américaine, mais dans l’embrasement de la région par une résistance qui viendrait du ras-le-bol des peuples contre les monarchies et l’Occident. L’axe du mal a même perdu pour l’instant la possibilité d’ouvrir un front de guerre entre la Syrie et la Turquie puisque les turcs sont majoritairement défavorables à la guerre contre la Syrie et les classes d’affaires sont perdantes dans la crise qui dure car leur chiffre d’affaires se réalise au Liban, en Syrie et en Iran. Il ne lui reste que deux scénarios : continuer à déstabiliser la Syrie et l’affaiblir par des actions subversives (sabotages, assassinats et guerre psychologique et médiatique) avec le risque que le régime syrien déjoue les manœuvres et renforce ses capacités de manœuvres le rendant plus fort dans la région et devant l’entité sioniste. Le second scénario est l’intervention directe de l’OTAN et des vassaux arabes. L’Arabie saoudite et le Qatar prônent l’intervention militaire. Devant leur échec à l’ONU, ils convoquent l’organisation des pays islamiques présidée par un turc pour lever une armée contre la Syrie, chose qu’ils n’ont jamais envisagé pour libérer la Palestine, l’Afghanistan ou mettre de l’ordre en Somalie.

On évoque déjà 4 drones et un avion de reconnaissance américain qui auraient été abattus par la défense anti aérienne syrienne, ce dernier aurait été retrouvé au Liban et récupéré par l’armée libanaise avant l’intervention sioniste pour le détruire.

Ce scénario va embraser la région sauf si Israël commet la faute d’engager une action contre le Hezbollah pour retrouver sa dignité et sa réputation d’invincibilité et il serait difficile de justifier à la population arabe et musulmane ainsi qu’ à l’opinion mondiale une agression contre la Syrie en même temps. Israël pourrait fausser la stratégie américaine qui compte disloquer la continuité géographique, idéologique, économique et militaire entre l’Iran, l’Irak, la Syrie, le Liban et certaines factions de la résistance palestinienne. Une seconde agression dans ce début du troisième millénaire contre le Liban ou contre Gaza aura l’effet d’un tsunami sur les régimes fantoches du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

La bataille d’Alep devrait  contraindre le régime syrien à engager des réformes plus profondes s’il ne ne veut pas perdre le soutien d’une population qui a payé un lourd tribu dans une opération type contras qui dure depuis plus d’un an.

La bataille d’Alep aura sans aucun doute des répercussions géostratégiques par la refondation des rapports de forces et des zones d’influence. C’est la fin de l’hégémonie américano sioniste et l’émergence du pôle sino russe et du pôle latino américain. Avant l’assassinant de Kadhafi, j’avais montré le cynisme efficace des Russes et des Chinois qui avaient opté d’abandonner la Libye et de se concentrer sur la Syrie car ils voulaient faire un cas d’école dans l’opinion mondiale et dans le monde arabo musulman et disposer d’un argument diplomatique contre l’OTAN. Chacun a ses stratégies, bonnes ou mauvaises, sauf les Arabes et les Musulmans, qui continuent de subir les changements imposés par les autres.

Il ne faut pas croire que je soutiens le régime de Bachar al Assad mais je soutiens l’idée du droit d’un régime à se défendre contre une sédition armée fomentée par l’impérialisme comme je soutiens l’idée qu’il faut que le monde musulman rompe avec ses traditions de coup d’etat qui empêche la construction d’un état fort,  l’emergence des élites et la cohésion sociale les vrais garants de la prospérité. Rien ne garantit que ceux qui arrivent au pouvoir par un coup d’état ou par le soutien des Croisés ne soient pas balayés demain par un autre coup d’etat et un changement de stratégie des Croisés qui ne veulent pas pour le monde musulman une stabilité. L’Etat syrien ne doit pas considérer l’alliance avec les russes et les chinois comme la garantie de sa perennité. Sa perennité et sa vocation sont dans le retour vers Allah. L’Islam devrait être le moteur de la vie idéologique, sociale, politique et économique. Le retour à l’Islam signifie la garantie de préserver la vie, les biens  et la dignité des Musulmans et de l’ensemble des cityoyens syriens….

L’idéal aurait été l’émergence d’un pôle islamique partenaire de ces deux pôles et partenaires de l’Asie et de l’Afrique, mais les Musulmans, gouvernants et gouvernés, élites et gens du commun, ne sont pas prêts à assumer la gouvernance sensée de leurs territoires et encore exercer des responsabilités géostratégiques.

Le Vatican sent venir les changements et il tente de rééditer un San Egidio à l’algérienne mais les conditions objectives et subjectives en Algérie de 1995 et en Syrie de 2012 ne sont pas les mêmes. Le Vatican en s’alliant depuis longtemps avec la CIA en Afrique et en se soumettant à l’entité sioniste a perdu toute crédibilité pour jouer un quelconque rôle. Il est évident que les Chrétiens d’Orient qui sont arabes et de culture musulmane gardent rancune au Vatican pour la question palestinienne. C’est encore l’occasion pour les Musulmans de ne pas laisser tomber leurs frères en arabité et en citoyenneté et de se comporter avec eux selon les préceptes de Mohamed (saws). Il est utile de rappeler que depuis que Omar Ibn Khattab a libéré la Jordanie, Syrie, la Palestine et l’Egypte de la présence coloniale des romains, les Chrétiens avaient retrouvé leur liberté de culte et multiplié leurs églises. Que les appels à la discorde et à la confrontation inter confessionnelle ne viennent pas s’imiscer dans un tissus social, culturel et historique de 15 siècles de vivre ensemble dans le respect des différences.

Qaradhawi et son équipe veulent créer un Vatican sunnite et un Pape sunnite pour imposer l’idéologie des Frères Musulmans et ils sont prêts à sacrifier tout le monde musulman à leur ambition morbide. Al Hamdoulillah il y a encore des Musulmans conscients qui apportent la détraction avec à son appui le Coran et la Sunna aux savants égarés de l’Arabie saoudite et du Qatar. Pour l’instant ni Qaradhawi ni Tariq Ramadan ni  leurs fans ou leurs émules n’ont apporté une justification religieuse ou idéologique à l’agression ou au soulèvement armée. La seule chose qu’ils ont prouvé est qu’ils fonctionnent en conformité avec l’agenda américain, devenant ses portes voix, ses justications morales et religieuses au sein d’une population ignorante et fascinée par les idoles médiatiques.

 

 

 

Omar Mazri – Liberation-opprimes.net