Derniers rounds de la révolution en Egypte

Je réactualise l’analyse que j’ai faite il y a quelques mois pour conclure sur l’achèvement attendue de la révolution égyptienne :

La révolution égyptienne round 1

Il y a eu lieu un authentique mouvement populaire de changement en Égypte impulsé par des conditions objectives et subjectives. Nous pouvons diverger sur la nature de ce mouvement, révolution, révolte, insurrection, mais nous ne pouvons par respect pour la vérité et pour les sacrifices du peuple égyptien accepter de dire que ce mouvement est fomenté par les États-Unis qui ont envie de remplacer Moubarak et qui ont lancé une opération facebook et tweeter. Les fuites sur les mémoires de Moubarak disent clairement que Clinton lui a donné 72 h pour mater le mouvement populaire en vain.

L’idée farfelue de Cheikh Hussein Imran que la révolution est un piège tendu par Israël ne tient pas la route car il n’est pas dans l’intérêt du sionisme de changer un vassal acquis contre une incertitude et de plus la nature belliqueuse et criminelle de l’entité sioniste n’a pas besoin de prétexte pour déclarer la guerre si dans sa stratégie cette guerre vise à terroriser, à punir ou à s’étendre. Les prédictions bibliques et talmudiques ne font pas partie de ma culture musulmane qui me commande le réalisme, la dialectique et la globalité.

La faiblesse de la « révolution égyptienne » réside dans l’absence de cadre d’orientation idéologique et de l’absence de l’émergence d’une direction politique qui fixe les objectifs, les rythmes et l’imposition de l’initiative historique à un système qui devait être totalement démantelé dans ses appareils, sa culture d’état, son fonctionnement bureaucratique, clientéliste et rentier et sa stratégie répressive contre un peuple paupérisé. Les appareils d’opposition traditionnels noyautés par le système Moubarak deviennent davantage un boulet pour la « révolution » qu’un allié stratégique ou tactique.

La révolution égyptienne round 2

Les Frères Musulmans ont fait capoter la révolution en la confisquant au lieu d’en être partie prenante. Ils ont introduit le biais partisan et ont fait peser l’appareil de la confrérie sur une révolution sans appareil, sans direction, sans organisation, sans programme autre que le départ du président ou la chute du régime personnalisé en des hommes et non en des processus pervertis de gestion des appareils d’État.

L’absence de vision géopolitique, le jeu d’arrangement des appareils, le curseur d’analyse sociopolitique mis sur de faux clivages idéologiques, l’enfermement dans des slogans hors de toute ingénierie de sortie de crise, l’infantilisme et l’inculture politique qui conduisent des tactiques politiciennes inconséquentes, la rupture avec les classes populaires ont non seulement permis de stopper la révolution égyptienne, mais de boucher les horizons de Gaza, livrée à elle-même face à la barbarie sioniste.

Comme longuement expliqué dans la conférence à Bordeau sur les révolutions arabes et la question palestinienne et comme mis en exergue dans le livre « Le dilemme arabe et les 10 Commandements US », les Frères Musulmans ont provoqué l’impasse, mais de façon plus rapide et plus dramatique que prévue. Non seulement l’esprit partisan a pris le dessus mais les arrangements d’appareils et les compromis contre nature avec l’armée ont semé le trouble et divisé les rangs. Occupés à confisquer le pouvoir aux jeunes qui ont conduit la révolution, les Frères Musulmans ont fait preuve non seulement d’amateurisme mais de contre révolution. La logique était dans la continuité, l’approfondissement, l’élargissement et la radicalisation sociale et politique de la révolution populaire sans tomber dans une confrontation armée. Elle était dans la mise en place d’un conseil de la révolution, dans le retrait de l’armée de la vie politique alors qu’elle était mise en déroute par le peuple, dans la rédaction et le vote d’une constituante sans précipitation, dans l’instauration d’une période de transition qui replace dans la conscience sociale l’exercice de la souveraineté du peuple sur la politique, l’économique et l’information, qui revitalise la culture de résistance contre l’impérialisme et le sionisme, et qui renoue le lien stratégique avec les aires de déploiement économique et diplomatique libérées du sionisme et de l’impérialisme dans le monde arabe musulman, eurasiatique et latino américaine. Les Frères Musulmans, contre toute logique et sans doute par inculture politique et géopolitique ont précipité les choses, fragmenté les rangs et redonné un repositionnement stratégique à l’armée qui est sortie défaite de la confrontation avec le peuple. L’esprit partisan doublé de la bureaucratie confrérique et l’empressement de prendre le pouvoir, jouant sur la fibre religieuse d’un peuple certes musulman mais ignorant tout de l’Islam comme système global, a creusé la fosse de la révolution et des Frères Musulmans qui ne parviennent toujours pas à prendre l’initiative historique et à imposer leur agenda sauf à faire des déclarations confuses et contradictoires.

Parmi ces contradictions ubuesques, on présente l’Islam comme la solution alors la priorité islamique est de fédérer le peuple musulman sur des valeurs communes comme la souveraineté du peuple, les libertés individuelles et publiques, la relance de l’économie hors du FMI et de l’aide américaine, la mise en place d’une nouvelle doctrine militaire pour l’armée, la création d’une résistance populaire contre le sionisme et l’impérialisme, la jonction avec les grands axes arabes et musulmans de la résistance : l’Iran, le Liban, Gaza et la Syrie. Bien entendu dans le démantèlement de l’ancien régime, il fallait favoriser l’émergence des corps intermédiaires inexistants pour que le front de lutte soit à la fois idéologique, politique, économique et social. C’est dans ce climat expurgé de l’ancien système et fédéré autour des valeurs universelles que l’Islam authentique peut trouver terrain favorable pour débattre, convaincre, produire des idées, construire des ingénieries où chacun trouve intérêt à l’adopter sinon à cohabiter sans remettre en question l’islamité et l’arabité de l’Egypte. Les islamistes doivent apprendre à réfléchir en terme de citoyenneté, de géopolitique et d’Etat de droit : l’Islam ne s’en portera que mieux.

La révolution égyptienne round 3

Tant dans mon livre que dans mes conférences, j’avais annoncé des rebondissements spectaculaires lors de l’élection présidentielle. Les événements m’ont donné raison même si des esprits politiquement incultes continuent de voir en Morsi un Phd scientifique ou technologique américain qui serait par ce titre universitaire détenteur du sceau de Salomom ou de la pierre philosophale qui va transformer l’inculture politique en génie de gouvernance. La réalité est tout autre.

Les résultats sont dramatiques et annoncent les signes de l’écrasement de la révolution : même si les Frères Musulmans ont appelé le peuple égyptien à défendre la révolution et imposer leur candidat, ils ont fait une démonstration de force impressionnante mais qui ne cache pas deux erreurs stratégiques. La première est de se confondre avec la révolution ou d’en être le monopole fuyant leur responsabilité et leur place en chute libre dans l’échiquier politique. La seconde c’est qu’ils ont rendu visible leur encadrement qui a mobilisé les manifestants venus de toute l’Egypte aux regards invisibles de l’ancien régime qui sont toujours en position de force sécuritaire, militaire et médiatique. Ils sont exposés à une chasse à l’homme comme l’éradication qu’a connu l’Algérie. Pour éviter la confrontation qui ne sera pas à leur avantage, ils seront et sont déjà contraints de faire des concessions jusqu’à devenir des coquilles vide. En effet au premier tour des élections présidentielles, considérées dans les systèmes traditionnellement despotiques comme cruciales, ils n’obtiennent que 25% du suffrage. Ce taux faible est un coup de semonce qui annonçait la fin de jeu. Il annonçait aussi l’urgence de redistribuer les cartes, après une clarification sur le clivage idéologique et les alliances dans un front révolutionnaire regroupant les nationalistes et la gauche égyptienne, mais après accord sur un projet de gouvernance.

Le score honorable du dissident islamiste Moun’âm Abdel Foutouh montre la scission au sein des Frères Musulmans et l’émergence de nouvelles forces qui vont peser dans l’échiquier politique sur lequel les Frères Musulmans non seulement n’ont pas le monopole mais risquent de perdre les « acquis » précipitamment obtenus. Le discours actuel de Morsi sur la justice sociale et l’édification de l’Etat de droit ne peut compenser le déficit de l’axe de résistance qu’aurait donné un front populaire fédérant tous les égyptiens désireux d’opérer une rupture radicale, irrévocable et irréversible avec l’ancien système despotique et le nouvel ordre mondial impérial.

Au lieu d’opérer un renversement stratégique qui prend de vitesse l’armée et l’Empire qui ont perdu l’habitude de voir les élites arabes prendre leur décision en autonomie, avec vitesse et efficacité, les Frères Musulmans ont préféré jouer sur trois registres : faire de la dramatisation communicationnelle envers les monarchies du golfe, jouer à la victime devant l’armée qu’ils ont remis en selle alors qu’elle avait perdu la confrontation avec le peuple à la place Tahrir, faire de Hosni Moubarak un point de focalisation jusqu’à devenir une diversion politique qui interdit de se poser la véritable question : où va l’Egypte ? Dans cette confusion, les Frères Musulmans en rajoutent en apportant leur soutien à leur confrérie syrienne qui dérive vers le terrorisme et le sectarisme les plus odieux tout en tournant leur dos à la résistance palestinienne qui continue de payer le prix de la trahison des Musulmans et des Arabes.

C’est par cette confusion sur le cap, sur la carte de navigation, sur la boussole, sur le gouvernail et sur la vigie du processus dialectique que les Frères Musulmans, qu’il y ait triche ou honnêteté dans le second tour, ont gagné (dans un autre arrangement in extrémis) la présidence. S’ils gagnent la présidence, ils ont perdu le parlement qu’ils ont gagné dans la précipitation ainsi que les prérogatives du président qui reviennent à l’armée. J’avais annoncé que nous allions assister à un scénario dramatique : « qui perd gagne » car la victoire ne s’intégrait dans aucune stratégie à long terme, dans aucune clarification, dans aucun programme. Les militaires ont gagné trois choses inespérées. La première c’est d’être les rédacteurs de la future constitution qui va définir les pouvoirs et l’exercice du pouvoir dans six mois. Tout ce temps gaspillé est de la dissipation d’énergie qui use, poussant la démission du peuple et qui produit très peu d’efficacité politique et sociale et surtout remet en marche arrière les acquis du début d’une révolution. Sur le plan tactique, ce temps est mis à profit par l’armée pour se convertir en force sécuritaire sous la supervision impérialiste pour ne pas faire les mêmes fautes qu’à la place tahrir et donner des coups mortels sans aller à la guerre civile comme en Algérie. Les choses se passeront en douceur et les Etats-Unis chassés d’Egypte reprendront le contrôle et imposeront de manière drastique leurs dix commandements à l’Afrique du Nord quand on relie l’Egypte à l’entropie en Libye, au comportement peu honorable du gouvernement tunisien et au laxisme de l’Etat algérien plongé dans un coma de séniles.

Sur un autre plan, la défaite du Général Chafik d’à peine 4 points, n’a de signification que par trois éléments : l’ancien système est encore présent avec ses appareils bureaucratiques et ses clients rentiers que la polyarchie en place ou le vote ne peuvent gommer, car un bulletin de vote ne suffit pas à changer les mœurs politiques et les alliances construites pendant 60 ans de dictature militaire ; les limitations du pouvoir du président (les Frères Musulmans croyaient naïvement qu’avec un président et une suprématie sur le parlement avec de plus en plus de prérogatives sont les garants contre la tyrannie). Malgré les bons sourires et les discours de circonstances, les Frères Musulmans sont dans la situation du serpent qui se mort la queue. En voulant jouer seul et se croyant les dépositaires exclusifs de l’Islam, ils se retrouvent isolés face à l’armée, remis en cause par les coptes qui sont les véritables détenteurs du pouvoir économique et otages des nationalistes et progressistes qui sont détenteurs de quelques leviers de commandes politiques et administratives dans les appareils de puissance publique alors que les Frères Musulmans ayant connu la répression sont exclus des appareils de l’Etat dont ils ignorent l’état des lieux et les mécanismes du jeu de pouvoir.

C’est dramatique, car l’Egypte a consommé du temps politique sans efficacité, elle a offert des jeunes en sacrifice sans récolte, elle s’est mise par l’incohérence et l’infantilisme de l’esprit confrérique qui croit qu’il suffit de dire l’Islam est la Solution pour que les Anges descendent du ciel et livrent la lutte idéologique, les luttes citoyennes, les luttes politiques, l’affrontement militaire et la bataille d’édification et d’aménagement du Territoire. Il est dramatique de voir la politique de séduction de ‘Amr Khaled envers l’armée présentée par lui comme l’armée du salut. Le romantisme politique n’est pas payant. Le réalisme politique a montré dans l’histoire des révolutions que la victoire se construit par « Un pas en arrière, deux pas en avant » et non le contraire.

La politique n’est pas encore dans le monde arabe et musulman un art qui se rapproche du scientifique mais du théâtre où la place est au ressenti et à l’émotionnel. Est-ce qu’on a donné au peuple le temps, l’information et la culture pour dépasser l’émotionnel ? Non !

Les Frères Musulmans élitistes sont habitués à faire payer à leurs cadres de terrain le prix de la répression du fait que leurs élites se sont toujours montrées incapables de saisir les opportunités dans une stratégie cohérente, ambitieuse. Ils ont eu des occasions de conquête du pouvoir avec Nasser et contre Nasser, Avec Sadate et contre Sadate, mais aucune n’a abouti car la culture confrérique qui donne au chef un pouvoir de gourou quand elle se conjugue à la culture de l’improvisation opportuniste que facilite d’ailleurs la démission des cadres embourgeoisés mais qui restent présent faisant de l’obstruction contre leur propre camp et se limitant à la dénonciation ou à l’indignation ou au silence après négociations sur des contradictions secondaires produisant ainsi inertie sociale et inculture politique devant un régime prédateur aux aguets qui défend son système par l’encassetement des militaires et des élites ou la répression de ses opposants. Pour avoir une image de la culture confrérique assassine de la pensée politique, il faut jeter un coup d’œil sur les Jama’âtes islamiques du Pakistan qui donnent l’image d’isolats folkloriques singuliers fi falakine yasbahoune… Il faut voir la tragédie des Frères Musulmans à la conférence d’Istanbul de 2010 qui ont ouvert la porte à l’idée de détacher le HAMAS de son « obsession » à la lutte armée. Il faut voir les Frères Musulmans en Algérie œuvrant à côté des services de sécurité contre le camp des islamistes qui ont remporté les élections législatives et les voir maintenant entachés de scandale de corruption et les voir poussés vers la porte de sortie politique par le FLN car leur rhétorique verbale n’est plus nécessaire pour acheter la paix sociale obtenue par la force des armes, la gestion maffieuse des pénuries et la distribution parcimonieuse de la rente à un peuple, en sauve qui peut social, sans opposition qui lui apporte la guidance et lui indique les moyens de lutte autre que la dénonciation et l’indignation des concierges.

Le début fracassant de Morsi s’est fait dans la culture de la confusion. Il y a une semaine, l’agence de presse iranienne invoquant une interview exclusive de Morsi annonçait son intention de réexaminer l’accord de paix avec Israël, le renforcement des relations avec l’Iran et la prise en considération urgente de la question palestinienne. Quelques jours plus tard, les autorités égyptiennes et l’agence égyptienne MENA assurent que le nouveau président n’a pas donné d’interview à l’agence de nouvelles iranienne et qu’il envisage de poursuivre l’agence de nouvelles iranienne Fars en justice, qui aurait publié des déclarations qu’il n’a jamais faites.

La révolution égyptienne round 4

Dans les mois du semestre à venir il faudrait suivre la compétence de créativité, de vitesse et de prise de risque des Frères Musulmans et de leur président face à l’armée, à la nouvelle constitution, aux forces politiques égyptiennes, à l’Iran, à la Syrie et à la Palestine. La logique veut qu’il y aura un KO technique à la fin du quatrième round sinon au cinquième à moins qu’il y ait un sursaut révolutionnaire qui remet le curseur idéologique et politique sur la bonne grille de lecture et les bonnes décisions à prendre pour s’engager dans le démantèlement du système et mobiliser un front national de résistance contre l’Empire et le sionisme étendu à d’autres pays de la région. Je ne peux prédire l’avenir mais s’il y a une étincelle qui relancera la révolution elle ne pourra venir que de Palestine.

Égypte doit se réveiller et oublier le mythe de oum dounya et le patriotisme de canaille que lui a légué une génération de militaires incapables de remporter une guerre contre un ennemi qui va commettre la faute de les humilier et de les provoquer car il ne peut vivre en paix tant que l’allégeance à son égard n’est pas prononcée et prouvée d’une manière concrète. A ce niveau de violence en Palestine, palestiniens opprimés ou occupants arrogants, le peuple égyptien sera contraint de se remettre à l’heure du temps et tourner le dos aux chimères.

La révolution égyptienne : round 5

Nous allons sans doute nous diriger vers une polyarchie où le pouvoir réel sera entre les mains des militaires soutenus par les États-Unis et le parti de l’administration, de la rente et de l’économie informelle. Toute confrontation armée et toute violence ne servira que les États-Unis et le sionisme. Les forces vives de l’Égypte qui croient encore au changement et qui ne baissent pas les bras devant la fatalité et les erreurs stratégiques et opportunistes des Frères Musulmans peuvent construire un front national de résistance contre l’Empire et ses valets et une dynamique révolutionnaire pacifique. Ces forces sont sur le terrain dont elles connaissent les contradictions, les conditions, les possibilités d’actions.

Sur le plan de la pensée et ayant suivi de près la situation égyptienne, je vois quelques perspectives de luttes qui peuvent être étudiées et mises en ingénierie d’application sur le terrain :

  • Idéologie : Le peuple doit être impliqué dans le débat idéologique sur les voies de changement et c’est par le débat et le savoir que l’idée de liberté, l’action de libération et l’usage anticipé de la libération comme projet d’édification nationale et de résistance contre l’empire et le sionisme peuvent se cristalliser et s’étendre dans le temps, l’espace et les consciences.
  • Politique : c’est le moment où il faut dépasser les clivages partisans et les appareils et poser l’exercice souverain du peuple dans un schéma qui met fin à la reproduction capitaliste de la démocratie occidentale. Contre la force et la violence des appareils et des bureaucrates de l’Etat sans culture de Commis de l’Etats et de service public du fait des traditions de cooptation, il y a lieu d’explorer le potentiel de la Choura à instaurer sous forme de Jamahiriya sur le modèle libyen sans la culture messianique du guide. L’avenir est au peuple qui doit prendre l’initiative en s’organisant d’une manière non partisane dans des assemblées citoyennes ascendantes et s’imposer comme nouvelle culture politique.
  • Sociale : Les forces vives doivent contribuer à l’emergence de syndicats autonomes non partisans dont le but suprême est la défense des intérêts du travailleur contre le capital. Les progressistes et les islamistes peuvent trouver le dénominateur commun autour de la dignité de l’homme et du travail comme producteur de richesses et source d’appropriation
  • Economique : Pour ne pas se cantonner dans la dénonciation stérile et l’indignation puérile ou dans  les manifestations qui arrivent à une impasse qu’il faut dépasser soit par un renoncement soit par le recours à la violence, l’économique est un terrain déterminant en termes de libération ou en termes de souveraineté populaire. L’expérience acquise par les Frères musulmans en matière d’ihsane (bienfaisance et résaux sociaux caritatifs) ne doit plus être un allègement des obligations de l’Etat envers les pauvres et les nécessiteux mais devenir une force d’émancipation de la société de l’Etat et du capital étranger capitaliste.  La société doit trouver tous les espaces de libertés, les niches juridiques et les opportunités d’affaires pour construire une résistance économique et une émancipation socio économique contre le capitalisme et ses vassaux. Tous les gisements de mutualisation du capital national, de capitalisation de l’épargne populaire, de montage d’économie coopérative et solidaire,  de dépasser l’infantilisme des banques islamiques focalisées sur la Mourabaha dans la consommation et le court terme pour s’ouvrir vers la Moudharaba et la Moucharaka orientées vers l’investissement productif.

 La révolution égyptienne round 6

La Turquie est un modèle que l’Empire a voulu vendre et continue de vendre au monde arabe. Il l’a vendue dans son modèle laïciste et franc maçonnique d’Atatürk aux démocrates et modernistes arabes ainsi qu’aux partisans français du régime militaire pour les pays arabes comme Chevènement. Ce modèle est vendu sous l’apparence de l’Islam modéré, laïc et consumériste d’Erdogan aux Frères Musulmans et aux élites qui cherchent la collaboration avec l’OTAN si elles y trouvent des intérêts géostratégiques et une préservation de leur rente économique et religieuse. Ce modèle a commencé à Istanbul par l’invitation de Qaradhawi et des factions palestiniennes et des penseurs attitrés de l’Islam qui ont préconisé la vanité de la résistance armée en Palestine comme le stratège koweïtien An Nafissi. La question palestinienne et l’encadrement des « révolutions arabes » par la branche musulmane de l’OTAN s’est appuyé sur un ravalement de façade : la mise en arrière des généraux turcs et la mise en avant du parti « islamique d’Erdogan » le pragmatique.

Cette expérience est reconduite en Tunisie et en Egypte où les forces de sécurité et l’armée sont en train de s’effacer au profit  des civils « islamistes » coopératifs, collaboratifs qui réalisent quatre objectifs :

  • Donner l’illusion du changement pour calmer la rue.
  • Reprendre en main les cartes redistribuées dans la précipitation pour contrer la révolution populaire.
  • Empêcher la cristallisation de ce qui pourrait refaire  l’embryon de la renaissance de la civilisation islamique et qui se réalise par la mise en commun des mentalités collectives forgées par la langue arabe et la religion, des espaces géographiques contigües, des complémentarités économiques, des expériences historiques réalisées par  l’Islam et par  les luttes d’indépendance contre le colonialisme.  Il faut donner l’illusion de force et de cohérence aux pragmatismes post révolutionnaires  afin d’opérer leur intégration dans le nouvel ordre économique sans heurt ni remise en cause.
  • Disloquer le monde arabe en  faisant des nouvelles élites dirigeantes des alliés objectifs par les liens financiers et idéologiques à l’Arabie saoudite et au Qatar. Cette dislocation qui est un véritable Sykes-Picot bis  vise d’abord à démanteler la Syrie et a briser les maillons de la chaine idéologique, politique et logistique de la résistance constitué par l’axe Hezbollah, Palestine, Syrie, Irak, Iran. Cet axe est présenté à tort par les Frères musulmans comme étant le croisant chiite. Les Frères Musulmans préfèrent ne pas voir les dérives meurtrières de leur imam cheikh Youssef al Qaradhawi ni ne voir qu’ils sont devenus à l’instar d’al Qaeda des instruments de discorde et des agents de subversion idéologique et militaire  contre la Syrie après avoir fait tomber le régime de Kadhafi. Cette stratégie, celle « du Soft powerment » est celle de Brezinski et de Levis qui sont les artisans de la nouvelle doctrine américaine au niveau diplomatique et militaire qui consiste à alterner la stratégie du « choc et de la stupeur » par le bombardement massif et disproportionné avec la stratégie du choc entre musulmans sunnites chiites et sunnites entre eux. La Syrie est un cas d’école.

Lorsque les objectifs deviennent trop visibles ou lorsqu’ils sont contrariés, l’Empire a recours à ce qu’il maitrise bien et à ce qui nous manœuvre le mieux et le plus : la diversion. Les Caricatures comme instrument pour faire diversion, pour tester la capacité des nouveaux gouvernants à contrôler la rue en cas d’agression contre le Liban, la Syrie ou l’Iran.

 Conclusion :

Nous sommes en Égypte et nous avons le récit coranique sur Moise. Moise n’était pas Spartacus en révolte contre Rome qui finit par le mater dans un bain de sang. Moise avait à conduire un peuple asservi vers la liberté et face à lui il avait non seulement Pharaon comme divinité mais un système construit sur plus de 500 divinités pour régenter les esprits et des corps spécialisés de clercs, de prêtres, de notables, de technologues, de magiciens, d’armées et de castes pour aspirer le profit et maintenir le système de domination. Moise à cassé le système en mobilisant les jeunes esclaves fils d’esclaves à ne plus prendre Pharaon et son système comme norme, comme référence, comme objet de fascination et d’aliénation :

{Et Nous avons inspiré  à Moise et à son frère: « Prenez, vous deux, pour vos gens, des demeures à l’avant en Egypte. Et faites de vos demeures une Qibla, accomplissez la prière, et annonce la Bonne Nouvelle aux croyants ».

Et Moïse dit : « Notre Seigneur, Tu As Accordé à Pharaon et son élite aisance et biens dans la vie terrestre, notre Seigneur, afin qu’ils se fourvoient de Ta voie ! Notre Seigneur, Supprime leurs biens et Endurcis leurs cœurs, de sorte qu’ils ne deviennent pas croyants jusqu’à ce qu’ils voient le châtiment douloureux ».

Il Dit : « Votre invocation, à vous deux, est exaucée. Suivez alors, tous deux, la rectitude et ne suivez surtout pas la voie de ceux qui ne savent point. »} Younès  86

Il y a une différence fondamentale entre chercher le pouvoir et construire un projet de libération des opprimés. Dans le dernier cas, face à un système corrompu, perfide, oppresseur produisant de la confusion et de l’inertie, il faut lui opposer idéologiquement, socialement et politiquement de l’intelligence, de la vertu, de la créativité, de l’unité, de la vitesse et de l’initiative. Tout le combat de Mohamed (saws)  contre le système du Taghut de la Jahiliya est un combat d’idées, d’initiatives et d’innovation. Tout le récit coranique sur les Prophètes est une quête de salut menée à grande vitesse et à grands déplacements. Il n’y a pas de place à l’immobilisme stérile ni au statut quo mortel et mortifère.

 

Omar Mazri – liberation-opprimes.net

 

De la nécessité de créer des instances de cotation des actions bancaires en Algérie.

[L]e journal à sensation As Chourouk rapporte au sujet du  congrès des Savants musulmans à  Oran : « Les experts et érudits, présents à Oran, ont estimé que la création des instances de cotation bancaires constitue « un véritable challenge que doivent relever les pays musulmans pour se conformer aux exigences du marché financier mondial ».

Tout est dit sans pudeur ni honte ni crainte d’Allah par nos « honorables» savants qui depuis longtemps ont fait de leurs opinions une nouvelle religion au-dessus de celle révélée par Allah. Au nom de l’Ijtihad,  des intérêts mondains et du pragmatisme nos Savants ont fait de l’esprit partisan des Frères Musulmans et de leurs aristocraties une nouvelle religion qui ne juge plus selon ce que Allah a révélé, mais selon le «  Fiqh du réalisme» et « nécessité fait loi » allant à rendre licite l’illicite qu’Allah a autorisé en cas de force majeur et pour assurer la survie de l’homme, car la vie humaine est sacrée et le peuplement de la terre par des vivants bien portant est le dessein d’Allah. Allah dit sans équivoque sur la contrainte vitale qui autorise le recours à ses interdits :

إِنَّمَا حَرَّمَ عَلَيْكُمُ ٱلْمَيْتَةَ وَٱلدَّمَ وَلَحْمَ ٱلْخِنزِيرِ وَمَآ أُهِلَّ بِهِ لِغَيْرِ ٱللَّهِ فَمَنِ ٱضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلاَ عَادٍ فَلاۤ إِثْمَ عَلَيْهِ إِنَّ ٱللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ

{Il vous a seulement prohibé la bête morte, le sang, la viande de porc, et ce qui a été immolé à d’autres qu’Allah. Quiconque y a été contraint, sans être outrageant ni transgressant, ne commet pas de péché. Certes, Allah est Absoluteur, Miséricordieux.} Al Baqarah 173

 

Il s’agit de sauver sa vie en matière de nourriture et de boisson. Allah [swt] sait qu’il y aura des « intelligents qui vont faire de l’Ijtihad et tourner le dos à son Livre pour faire prévaloir leurs opinions sur le Livre d’Allah et la Sunna du Prophète et c’est pourquoi Il lance un avertissement juste après ce verset évident :

{Certes, ceux qui taisent ce que contient Livre qu’Allah a révélé puis le troquent à vil prix, ceux-là ne mangent dans leurs ventres que le Feu; Allah ne leur parlera point le Jour de la Résurrection, ne les épurera point, et ils auront un douloureux châtiment. Ceux-là sont ceux qui ont troqué le fourvoiement contre la Direction infaillible, et le châtiment contre l’absolution. Qu’ils endurent le Feu,  car qu’Allah a révélé le Livre, en Vérité, alors que ceux qui divergent à propos du Livre sont certainement dans un schisme profond.}

Le texte coranique est clair, évident. Il ne demande pas d’être un docteur en théologie, un expert en linguistique pour le comprendre ou un spécialiste de l’abrogeant et de l’abrogé. Il ne s’agit pas de la contrainte en matière de transactions commerciales ni en matière de logement, ni en matière de prêts bancaires, ni en matière de viande animale. Si cela était le cas, Allah et Son Prophète auraient ouvert le champ de la permissivité. Nous constatons, avec notre modeste savoir, que ce champ est restreint au vital. Toute transgression pour élargir ce champ à d’autres domaines est une incompétence à trouver des réponses adéquates par paresse intellectuelle.

Par exemple en matière de crédit immobilier la paresse consiste à promulguer une Fatwa autorisant l’accès à la propriété privée incitant les musulmans à recourir au crédit et aux intérêts alors que la logique socio-économique qu’aurait suivi Omar Ibn Al Khattab est d’inciter les musulmans à s’organiser pour mobiliser leurs idées, leurs compétences, leur argent et leurs bras pour construire des logements accessibles, mettre en place des banques du pauvre, innover des solutions inédites en matière d’organisation, d’ingénierie et de management pour résoudre leur crise en restant dans le cadre du halal sans risque d’outrager Allah et de transgresser ses lois.  Le pire de ce genre de Fatwas faites pour le motif « louable » de faciliter la vie des musulmans c’est qu’elle les laisse prisonnier du système en place alors que l’Islam exige la prise d’initiative dans un champ de halal dont les possibilités ne sont pas encore épuisées. Par ailleurs, le recours à ce genre de Fatwas farfelues ne fait que répondre qu’à une minorité qui peut accéder au crédit.  La majorité ne bénéficie pas de cette solution boiteuse, car elle ne remplit pas les conditions du crédit.

Au-delà de la facilitation, j’ai du mal à comprendre la logique d’un savant qui se permet non seulement d’approcher les limites d’Allah, mais de les transgresser alors qu’il sait mieux que nous les « stupides » qui ne pratiquons pas l’Ijtihad la gravité de la situation pour qui nous avons une déclaration de guerre émanant d’Allah :

{Ceux qui consomment des produits de l’usure ne se lèvent que comme se lève, en se débattant, celui que Satan a possédé. Et cela parce qu’ils ont dit : « La vente n’est que semblable à l’intérêt », alors qu’Allah a rendu licite la vente et a interdit l’intérêt. Celui qui a reçu une exhortation de son Dieu et qui s’abstient, gardera ses gains antérieurs et son cas relèvera d’Allah. Quiconque récidive : Il sera alors de ceux-là, les condamnés au Feu, où ils s’y éterniseront. Allah annihile l’intérêt et fait accroître les aumônes. Allah n’aime point tout mécréant-tenace grand-pécheur.}  Al Baqarah 275 à 276

{O vous qui êtes devenus croyants, craignez Allah et laissez ce qui reste de l’intérêt, si jamais vous êtes croyants. Si vous ne le faites pas, attendez-vous alors à une guerre de la part d’Allah et de Son Messager. Si vous vous repentez, vous garderez alors vos capitaux. Ne soyez point injustes et on ne vous fera subir aucune injustice.} Al Baqarah 278 à 279

« Qui consomme le Riba c’est comme s’il a forniqué avec sa mère dans l’enceinte de la Kaaba le jour de ‘Arafa »

J’ai du mal à comprendre comment on peut faire de la surenchère sur la parole d’Allah et de Son Prophète et oser, sans crainte de la gravité de leurs menaces, autoriser leur esprit à imaginer des scénarios que le Prophète n’a pas imaginés comme s’il était un inapte sur le plan intellectuel ou comme si la religion lui a échappé alors que le Coran lui a été révélé et qu’il en est l’incarnation parfaite :

وَنَزَّلْنَا عَلَيْكَ ٱلْكِتَابَ تِبْيَاناً لِّكُلِّ شَيْءٍ وَهُدًى وَرَحْمَةً وَبُشْرَىٰ لِلْمُسْلِمِينَ

{Et Nous t’avons révélé le Livre explicitation de toute chose, Direction infaillible, Miséricorde, et bonne nouvelle pour les musulmans.} An Nahl 89

On trouve dans le monde musulman, depuis longtemps déjà, des prétentieux pris par leur chauvinisme à défendre leur opinion et leur Madhab (école, doctrine) pour dire que grâce à tel savant on a enfin résolu le problème que Mohamed [saw] avait occulté. Honte à eux. L’ego démesuré les rend fermés à l’humilité et à la déférence envers le Prophète dont la vie a pris fin une fois que sa mission a été accomplie :

{Aujourd’hui, les négateurs ont perdu tout espoir de vous détourner de votre religion, ne les craignez donc plus et craignez Moi. Désormais, J’ai parachevé pour vous votre religion, J’ai parfait ma Grâce envers vous, et J’ai agréé pour vous l’Islam comme religion.} Al Maidah 3

Ce parachèvement, cette complétude, cette perfection de l’Islam et du Coran sont immédiatement suivis dans le Livre d’Allah par un verset qui vient confirmer que la seule permission d’outrepasser les limites d’Allah est la famine qui met en danger votre vie vie et celle de vos enfants :

{Mais quiconque sera contraint, lors d’une famine, sans se laisser aberrer par péché, Allah alors est sûrement Absoluteur, Miséricordieux.} Al Maidah 3

Le Coran est inimitable, incomparable et d’une perfection que seul un ignorant ne peut pas suivre ? Regardez, mes frères et mes sœurs,  comment il enchaine après le parachèvement de la religion parfaite et la famine :

{Ils t’interrogent sur ce qui leur est licite. Dis : « Vous sont licites les bonnes choses} Al Maida 4

Nous interrogeons nos savants et nos intellectuels comme ont interrogé les compagnons le Prophète [saw] :

Expliquez-nous comment le Riba peut devenir licite et bonne chose? Avez-vous les ravages du Riba et de l’économie capitaliste dans le monde ? Expliquez-nous comment les cotations bancaires et l’immersion dans le système financier capitaliste et ribawi sont des choses licites et halal?

Expliquez-nous ce que nous avons du mal à comprendre : la logique qui pousse un savant musulman à utiliser les ruses et les syllogismes fallacieux que lui dictent son imagination et sa mauvaise connaissance de la réalité sociale, politique et économique. Nous avons du mal à imaginer un savant musulman tomber dans les mêmes travers que les Bani Israël qui trichent avec la parole des Prophètes et qui écrivent des livres contraires à la loi de Dieu et qu’Allah décrit comme si nous étions leurs contemporains :

Nous vous interrogeons comme le Coran a interrogé les maitres à penser de l’égarement qui étaient contemporains de Mohamed [saw] :

{Dis : « Avez-vous compris ce qu’Allah a fait descendre pour vous comme  subsistances, et dont vous déclaré une part illicite et une autre licite ? » Dis : « Est-ce Allah qui vous l’a permis ou bien controuvez-vous contre Allah ? » Qu’en sera-t-il de la conjecture de ceux qui controuvent le mensonge contre Allah, le jour de la Résurrection ?}  Younes 59

{Ne dites pas, de ce que vos langues décrivent mensongèrement : « Ceci est licite et ceci est illicite », pour inventer le mensonge contre Allah. Certes, ceux qui controuvent le mensonge contre Allah ne cultiveront point.} An Nahl  116

N’est-ce pas que le Prophète [saw] a fermé la porte aux spécialistes ex cathedra qui pratiquent l’innovation pour plaire aux dirigeants ou à leurs partisans dans les partis politiques ou dans les foules surexcitées. Il a montré la voie sur la conduite à tenir devant des mots, des phénomènes, des comportements et des pratiques nouvelles sur lesquels, en apparence, la religion s’est tue :

« Allah s’est tue sur certaines choses, non par oubli, mais par miséricorde pour vous »

« Le licite est évident, l’illicite est évident, entre les deux il y a le doute (la confusion). Délaissez  le douteux (le confus) »

Il a signifié qu’en matière de Halam et de Haram dont la définition est la prérogative exclusive de   Dieu et que se chargent de transmettre et d’expliciter les Prophètes il n’y a pas de place à l’Ijtihad innovateur qui touche à la Parole divine :

{Rien ne peut changer Ses paroles} Al An’âm 117

Nous venons de citer deux versets argumentaires dans les sourates « les bestiaux » et « les abeilles » contre l’illusion de l’Ijtihad qui s’illusionne de changer impunément la Parole d’Allah. Ces deux versets qui abordent, entre autres, les bienfaits d’Allah et le devoir de se conformer à sa Chari’a qui est juste et valide car elle vise le bonheur des hommes posent le problème de la nécessité vitale (Dharoura)  et de la permission à transgresser les lois uniquement en cas de lutte pour la survie :

قُل لاَّ أَجِدُ فِي مَا أُوْحِيَ إِلَيَّ مُحَرَّماً عَلَى طَاعِمٍ يَطْعَمُهُ إِلاَّ أَن يَكُونَ مَيْتَةً أَوْ دَماً مَّسْفُوحاً أَوْ لَحْمَ خِنزِيرٍ فَإِنَّهُ رِجْسٌ أَوْ فِسْقاً أُهِلَّ لِغَيْرِ اللّهِ بِهِ فَمَنِ اضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلاَ عَادٍ فَإِنَّ رَبَّكَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ

{Dis : « Je ne trouve dans ce qui m’a été révélé comme  interdit frappant la nourriture mangée par un homme qu’une  bête morte, du sang qu’on a fait couler ou de la viande de porc. Ce sont des choses souillées, impies, ou immolées à d’autres divinités et non à Allah. Quiconque y a été contraint, sans être outrageant ni transgressant, ton Dieu alors Est Absoluteur, Miséricordieux. »} Al An’âm 145

فَكُلُواْ مِمَّا رَزَقَكُمُ ٱللَّهُ حَلَـٰلاً طَيِّباً وَٱشْكُرُواْ نِعْمَتَ ٱللَّهِ إِن كُنْتُمْ إِيَّاهُ تَعْبُدُونَ  إِنَّمَا حَرَّمَ عَلَيْكُمُ ٱلْمَيْتَةَ وَٱلْدَّمَ وَلَحْمَ ٱلْخَنْزِيرِ وَمَآ أُهِلَّ لِغَيْرِ ٱللَّهِ بِهِ فَمَنِ ٱضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلاَ عَادٍ فَإِنَّ ٱللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ  وَلاَ تَقُولُواْ لِمَا تَصِفُ أَلْسِنَتُكُمُ ٱلْكَذِبَ هَـٰذَا حَلاَلٌ وَهَـٰذَا حَرَامٌ لِّتَفْتَرُواْ عَلَىٰ ٱللَّهِ ٱلْكَذِبَ

{Mangez de ce qu’Allah vous a octroyé de licite, de bon, et soyez reconnaissants envers la Grâce d’Allah, si vraiment vous L’adorez. Il vous a seulement interdit la bête morte, le sang, la viande de porc, et ce qui a été immolé à d’autres qu’Allah. Quiconque a été contraint sans être outrageant ni transgressant, Allah alors Est sûrement Absoluteur, Miséricordieux. Ne dites pas, de ce que vos langues décrivent mensongèrement : « Ceci est licite et ceci est illicite », pour inventer le mensonge contre Allah.} An Nahl 114 à 116

Ces énoncés sur le licite et la contrainte mettent en évidence deux vérités. La première c’est qu’il ne s’agit que du vital et que ce vital se rapporte à la nourriture dans des conditions extrêmes et pour une durée limitée le temps de sauver sa vie. La seconde-vérité est que s’il doit y avoir un fiqh en matière de survie il ne doit pas s’appeler « fiqh ad dharoura », mais « fiqh al Idhtirar » pour rester en conformité avec l’énoncé coranique. Il y a une distinction majeure entre la nécessité ou le besoin ou la contrainte qui met en cause l’existence et met en danger la vie comme l’énonce le Coran :

أَمَّن يُجِيبُ ٱلْمُضْطَرَّ إِذَا دَعَاهُ وَيَكْشِفُ ٱلسُّوۤءَ

{Celui qui répond à l’appel de l’indigent, quand il L’invoque, et écarte le mal} An Naml 62

Nous sommes dans les mêmes deux logiques : celle de l’indigence et de la survie, et celle que c’est Allah qui répond en exauçant l’invocation ou en donnant dans le Coran ce qui préserve la vie. Toute intermédiation dans ce domaine relève de la conjecture blâmée par le Coran ou relève d’un mal encore plus sournois et plus profond qui se résume en trois tares qui se conjuguent :

La première tare est celle du plan depuis Vatican II approuvée par la CIA et le sionisme de créer une sorte de Vatican islamique. Cette formule plait à certains savants imbus de leur suffisance et de leur mégalomanie qui les poussent à régenter le monde musulman et à décréter qui a le droit de vivre ou de mourir. Ceux-là au lieu de fédérer la communauté musulmane sur un projet de renaissance civilisationnelle et mettre fin à leur schisme sont en train de défendre leur posture partisane et lui donner un habit sur mesure qui veut s’imposer comme madhab (doctrine et école) hégémonique, celui de la Wassatiya. Ils font dire au terme coranique de Wassat ce qui plait à leur projet. Nous y reviendrons un jour si Allah nous prête longue vie et inspiration.

La seconde est celle de la quête de légitimité d’un pouvoir qui continue d’instrumentaliser la religion à des fins politiciennes jouant de nouveau avec le feu et la vie des gens. Il ne tire aucune leçon de la tragédie nationale et continue de manipuler les Frères Musulmans après avoir manipulé les confréries soufies de Ghozali à Bouteflika reprenant le schéma colonialiste à leur compte.

La troisième est celle des oligarchies qui utilisent l’islam comme « survêtement » pour donner légitimité à leur savoir médiocre et à leur fortune amassée dans le marché noir et dans les produits financiers. Ces derniers sont les alliés naturels du capitalisme et des monarchies. La religion n’est pas une vocation de libération de la tyrannie et d’édification nationale, elle est le moyen judicieux pour s’insérer dans le Nouvel Ordre Mondial avec son économie de marché et son Riba.

Les trois tares se conjuguent, car leurs intérêts de manipuler la religion et de mettre le peuple à l’écart de la gestion des ressources nationales se croisent. Tous comme les pétrodollars des monarchies décadentes ont besoin d’un cadre légal juridique et religieux en Algérie pour se donner légitimité et faire de la République une monarchie où le pouvoir s’alterne entre les oligarchies et les rentiers faisant fi de la loi divine qui interdit la circulation de la richesse et l’alternance du pouvoir entre les riches :

مَّآ أَفَآءَ ٱللَّهُ عَلَىٰ رَسُولِهِ مِنْ أَهْلِ ٱلْقُرَىٰ فَلِلَّهِ وَلِلرَّسُولِ وَلِذِي ٱلْقُرْبَىٰ وَٱلْيَتَامَىٰ وَٱلْمَسَاكِينِ وَٱبْنِ ٱلسَّبِيلِ كَيْ لاَ يَكُونَ دُولَةً بَيْنَ ٱلأَغْنِيَآءِ مِنكُمْ وَمَآ آتَاكُمُ ٱلرَّسُولُ فَخُذُوهُ وَمَا نَهَاكُمْ عَنْهُ فَٱنتَهُواْ وَٱتَّقُواْ ٱللَّهَ إِنَّ ٱللَّهَ شَدِيدُ ٱلْعِقَابِ

{L’aubaine qu’Allah a accordée à  Son Messager aux détriment des gens de la Mecque, revient à la Cause d’Allah, au Messager, aux proches, aux orphelins, aux miséreux, au passager démuni,  afin que cela ne circule (ne s’alterne pas)  pas exclusivement parmi les riches d’entre vous –  Et ce que le Messager vous a donné, prenez-le, et ce qu’il vous a interdit, abstenez-vous-en, et prenez garde à Allah, car Allah Punit sévèrement –  Et elle revient aux Mouhajirines pauvres, qui ont été  chassés de leurs demeures et de leurs biens, recherchant une Munificence d’Allah et Son agrément, et font triompher la Cause d’Allah et Son Messager. Ceux-là sont les véridiques. Et elle revient également à ceux qui s’installèrent, avant eux, à Médine et dans la foi, ils aiment ceux qui ont émigré auprès d’eux, et ne trouvent, en leurs cœurs, nulle envie pour ce que les autres  ont reçu, les préférant à eux-mêmes, alors qu’ils souffrent de pauvreté. Et quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là alors sont ceux qui cultivent. Et elle revient aussi   à ceux qui viennent après eux, qui disent : « Notre Dieu, Absous-nous ainsi que nos frères qui nous ont devancé dans la foi, et ne laisse pas de rancune dans nos cœurs contre ceux qui sont devenus  croyants, notre Dieu, Tu es Compatissant, Miséricordieux ».} Al Hachr 7 à 10

Combien est grande la Miséricorde de notre Dieu. Comme ses lois sont justes, équitables et bénéfiques aux musulmans. Comme est honteux et vilain le comportement de ces voyous qui se prétendent intellectuels et savants qui veulent détourner à leur profit exclusif l’aubaine de l’indépendance, du pétrole, du gaz, de l’étendue du territoire, du sacrifice des martyrs, de la position géostratégique.

Ils veulent nous refaire le coup des banques pseudo islamiques qui pratiquent la Mourabaha et la cotation bancaire laissant de côté les investissements productifs et le développement économique et social. Ils ne sont pas intéressés par le partenariat islamique qui crée une société de partage, de solidarité et de conjugaison des compétences manuelles, techniques, intellectuelles et financières que permettent la Moucharakah et la Moudarabah.

La mourabaha est licite même si pour l’instant elle se pratique principalement en tant que bay’â bil qist ou bil ajal – vente à terme et à échéance – Il s’agit en termes modernes du leasing bail avec transfert progressif de la propriété. Ce système en pratique dans le monde capitaliste et connu dans le monde musulman n’est pas à la portée de nos « agents financiers » et de nos agents qui n’ont pas de culture économique ni social, mais une culture de bandits, de spoliateur, de rentiers. Il leur manque l’esprit entrepreneurial et la culture du partenariat qui leur donnent du poids social et économique pour élever le peuple vers le haut et hisser le pays au rang qui lui est du. Ils sont trop petits pour être à l’image du Prophète qu’ils renient par leur comportement.

Ils veulent nous leurrer en faisant oublier que la  logique économique de l’islam dans la moudaraba et la moucharaka n’est pas  dans  la banque, mais dans l’opérateur économique ou l’agent investisseur. Si on place la banque en amont et si on focalise notre souci sur les banques privées alors nous aurons trahi les versets coraniques et nous aurons désobéi au Prophète : la richesse ne doit pas rester pas en circulation entre les riches afin que le pouvoir et les richesses ne soient pas entre les mains  des oligarchies et que le peuple se trouve en situation de révolte, poussé à verser son sang ou à verser le sang d’autrui poussé par les affamés de pouvoir et de richesse. L’esprit du Coran et de l’économie est d’empêcher à la fois la thésaurisation de la monnaie et la constitution d’oligarchie qui exclut le peuple des ressources nationales. La  banque doit rester un intermédiaire public qui garantit l’échange, le dépôt, l’encaissement, le  paiement et la défense de la monnaie nationale contre la dévaluation ainsi que la protection de l’économie contre l’inflation. Ce serait encore une fausse piste après celle du socialisme, du libéralisme que de faire croire que la solution miracle est de faire de la banque un agent financier avec l’arrière pensée de financiariser l’économie en l’inondant de produits financiers avec un label halal alors que c’est illicite, anti économique, anti social et anti religieux. La banque n’a pas vocation à être un agent économique, mais un facilitateur de l’activité économique et commerciale. Il faut dynamiser l’économie, l’industrie, l’agriculture et le commerce, dans un esprit de concurrence saine et d’efficacité socioéconomique, et la logistique ainsi que les banques se mettent à suivre par la logique de la dynamique selon la loi de « la fonction crée l’organe ».

Faire un congrès sur la finance islamique pour donner crédit aux docteurs en finances et aux docteurs en « tmarbite » et « takloubite » c’est pire que mettre la charrue devant les bœufs. Dans le cas, d’ailleurs invraisemblable, d’une finance islamique, parler aujourd’hui de finances et de banque islamique alors qu’il n’y a ni économie, ni agent économique ni Etat de droit est une plaisanterie de mauvais gout, une préoccupation pour riches oisifs, un plan d’intégration dans le nouvel ordre mondial qui a besoin d’un islam consumériste qui pratique le crédit et les intérêts ainsi que les jeux, le sexe, la drogue et la télé reality.

Ces gouvernants despotes et incultes au lieu de partir de la philosophie de l’islam et de la coopération avec le peuple et les agents économiques nationaux pour créer des coopératives de production et de services ainsi que des mutuelles de crédit sans intérêt et des agences d’investissements publics ils continuent de recourir à l’étranger pour importer le capitalisme dans sa forme perverse de « produits en main » et de « clé en main » naturelle ou dans sa forme « islamisée  » de banques islamiques avec des capitaux saoudiens et qataris pour éviter l’intimidation et le risque de se voir l’objet d’une saisie par les banques étrangères sous le contrôle de la CIA . Nos banques islamiques vont s’occuper de financer l’immobilier et le tourisme avec la tête et les bras des Chinois, des Français, des Américains et d’autres espèces évolués. Nous autres avec nos têtes nous n’avons que les yeux pour admirer ou pour pleurer, avec nos mains que pour bruler de dépit ou caresser d’envie. Quelle honte .

Pour ne pas me prendre pour un vieux fou aigri et la tête remplie de théories et de chimères, je raconte un fait authentique : Il y a plus de 20 ans quand la Banque al Baraka s’est installée en Algérie je lui ai soumis pour le compte de l’entreprise publique que je dirigeais un projet de coopératives dans le cadre de l’emploi des jeunes. Le projet était ambitieux et je l’ai conduit dans le cadre d’une concertation internationale pour trouver des partenaires financiers et des bureaux d’ingénierie spécialisée dans le montage des coopératives. Allah est témoin et les documents faisant foi sont dans les tiroirs des ministères et des banques algériennes : Les coopérateurs communistes italiens et espagnols ainsi que le numéro un mondial canadien se sont montrés plus qu’intéressés pour y participer sans toucher un mot ou une phrase à mon projet. Allah est témoin : la  Banque islamique Al Baraka n’a pas daigné lire une ligne du projet, car le titre et  l’auteur du projet du projet sont suffisamment révélateurs de son contenu en contradiction avec les intentions de cette banque et de toutes les banques islamiques.

Il ne s’agit pas de prendre tout ce qui brille pour de l’or ni ce qui a le qualificatif d’islamique comme relevant de l’Islam. Si l’Islam était réellement en jeu dans les projets de nos gouvernants, de nos savants et de nos intellectuels, ils n’auraient pas consacré leur temps à débattre de la cotation des banques et du  » véritable challenge que doivent relever les pays musulmans pour se conformer aux exigences du marché financier mondial « . Il ya tellement de priorités occultées :

–        L’effusion du sang des musulmans par d’autres musulmans,

–        L’analphabétisme et la précarité,

–        La prédation impériale et les visées néocoloniales,

–        L’autosuffisance alimentaire absente,

–        Le plein emploi absent,

–        La gouvernance insensée,

–        La Tyrannie et la culture de l’oubli,

–        L’occupation des terres musulmanes par les armées étrangères,

–        Etc.

 

N’est-ce pas que le Prophète [saw] a mis fin au monopole des Juifs sur la monnaie, l’industrie  et  le marché.

N’est-ce pas que Abou Bakr a levé une armée pour imposer de force le droit du pauvre  contre ceux qui ne voulaient plus s’acquiter de leur devoir de zakat envers les pauvres et les nécessiteux.

N’est-ce pas que Omar Ibn al Khattab a développé l’État moderne et  mis en place des opportunités d’investissements dans la petite entreprise au profit des hommes et des femmes en leur prêtant sans intérêt de l’argent en provenance du Trésor public.

Pourquoi alors chercher en dehors du Prophète [saw] et des Khalifes bien guidés les solutions à nos problèmes ?

N’est-il pas plus opportun, plus pertinent et plus rationnel  de faire le bilan sur les cinquante ans d’existences des banques islamiques et de la  décade passée sur les spéculations boursières dans les pays musulmans en termes de développement socioéconomique. Qu’ont apporté  ces pratiques inconséquentes et douteuses aux indigents  et aux investisseurs?

En termes d’investissement la priorité n’est-elle pas de faire des recommandations conformes à l’Islam pour que, conformément à la Zakàt, les investissements productifs et les investissements sociaux ne soient pas imposables. État par la fiscalité peut et doit non seulement favoriser les investissements productifs et prioritaires, réguler le marché, freiner  le luxe et le superflu, mais aussi appliquer la justice sociale et le plein emploi?

Avant de conclure il me vient à l’esprit cette sentence de Malek Bennabi où il rend  Louange à Allah qui a fait de notre décadence notre salut, car ainsi nous sommes parvenus à rester encore indigestes pour l’Occident qui ne parvient pas à nous dissoudre dans son moule. Ceci est vrai. La meilleure preuve est dans cette anecdote toute simple, mais significative. La presse francophone qui a fait l’écho du congrès l’a fait avec des arrières pensées idéologiques. Il s’agit pour les uns animés par la culture éradicatrice laïciste  de présenter le fait islamique et le caractère arabe, alors que pour les autres il s’agit de présenter une ouverture de la pensée rétrograde musulmane vers la modernité et l’économie de marché. La presse arabophone et notamment As Chourouk a montré les désaccords et les attaques virulentes entre les partisans de l’alignement sur l’économie occidentale et les autres qui crient à la trahison des principes de l’Islam accusant les premiers de savants du palais.

Nous sommes dans le dernier carré de résistance qui nous reste et que décrit le Prophète Mohammed [saw] :

«  Jamais ma communauté ne se réunit sur un fourvoiement »

La logique coranique et prophétique exige que ni la communauté ni les savants ne doivent diverger sur des sujets graves. Si jamais il y a divergence ce n’est pas une miséricorde mais une malédiction. Lorsqu’il y a divergence c’est qu’il y une des deux possibilités : un qui a raison et l’autre qui a tort sinon ce sont tous les deux qui ont tort.  L’égarement sera toujours contesté même  si la contestation est timide et minoritaire. Que faire lorsqu’on est gens du commun face à ces divergences qui témoignent que la communauté et ses élites ne se portent pas bien? Le Prophète [saw]  y répond :

« La bonne foi c’est ce qui apporte la tranquillité dans le cœur et l’absence de doute (confusion), la mauvaise foi c’est ce qui cause le trouble dans le cœur et le doute (la confusion). Délaisse ce qui te procure le doute et accroche-toi à ce qui ne te procure pas le doute, et cela même si les gens te donnent des Fatwas.

Ce hadith explique que le musulman doit trancher et se positionner, car le vrai et le faux ne peuvent cohabiter. La responsabilité de notre confusion et de notre situation chaotique est dans deux tares. La première est celle qui fait prévaloir l’opinion du savant et de ses partisans sur les références coraniques et prophétiques que le savant et l’intellectuel doivent transmettre aux gens du commun en leur montrant leur méthodologie d’approche et de raisonnement pour construire leur avis afin que le niveau des gens s’élève leur rendant facile le discernement. Cette démarche aurait permis non seulement de rendre les peuples musulmans responsables de leur destin, mais aurait permis aux savants de se consacrer à des choses plus complexes, car un peuple comprenant sa religion va les soutenir et ne pas les déranger pour des futilités. Par ailleurs cette démarche du savant qui transmet le savoir sans devenir un monopole de la connaissance ou un passage incontournable est la garantie de ne pas devenir comme les Juifs et les Chrétiens avec leur clergé séparé du peuple ou donner crédit au projet de  « créer un Vatican de l’Islam pour modifier l’Islam et le rendre assimilable à l’esprit du commerce.»

Le peuple musulman ne peut rencontrer Allah en lui disant j’ai tué, j’ai mangé du haram, j’ai pratiqué le Riba, j’ai cautionné l’injustice  pour le motif qu’un savant ou qu’un groupe de savants par l’Ijam’â a (le consensus) dit je prends à ma charge les conséquences d’une Fatwa. Chacun de nous est tenu d’apporter ses arguments à Allah sur ses propres actes et ses propres positions. L’Islam est une religion de justice, de responsabilité et de savoir. Il n’y a pas de place à l’insouciance ni à se reposer sur les autres. Chacun ne fait le bien ou le mal qu’à son propre avantage et à son propre désavantage. Même, Satan ne sera pas tenu responsable de ce qu’il nous a inspirés comme pensées et comme actes. Il est déjà maudit depuis Adam. C’est nous qui sommes en cause dans notre lutte contre Satan : vaincu ou vainqueur.

Le seul cas où le Musulman doit se taire et chercher à fuir c’est lorsqu’il est contraint de prendre position pour un camp contre un autre et que chacune de ses position l’amène à ce que un ou plusieurs musulmans dans un camp ou dans l’autre soient tués sans droit ni justice. Allah n’aime pas le désordre.

Sinon que faire ? Nous avons vu que Mohamed [saw] ne nous a pas laissés sans solutions. Le Coran nous a donné en la personne des Prophètes et des gens vertueux un modèle à suivre. Connaissons ces modèles et notre choix n’en sera que plus facile et plus évident. A titre d’illustration, Allah nous décrit Khidr l’homme vertueux qu’Allah a destiné pour être le guide d’apprentissage du Ghyab pour Moïse :

فَوَجَدَا عَبْداً مِّنْ عِبَادِنَآ آتَيْنَاهُ رَحْمَةً مِّنْ عِندِنَا وَعَلَّمْنَاهُ مِن لَّدُنَّا عِلْماً

{Ils trouvèrent un Dévoué d’entre Nos Dévoués, à qui Nous avons donné de Notre part une Miséricorde,  et Nous lui avons enseigné de chez Nous une Science.} Al Kahf 65

Voici un modèle coranique que nous retrouvons chez David, Salomon, Mohamed et les autres Prophètes [saw] : ce modèle conjugue la science et la miséricorde, et tous les deux viennent d’Allah et ne viennent pas de la fabrication médiatique ou de la machination politique. Que le musulman fasse du Coran sa grille de lecture des hommes et des phénomènes. Ce n’est pas un doctorat en théologie ou en linguistique dont nous avons besoin le plus, mais de cette âme, de cet esprit et de ce cœur que Mohamed [saw] a cultivés dans ses compagnons qui n’étaient que de simples cultivateurs, de petits bergers, de petits commerçants illuminés par la foi et la vérité. Allah leur a donné la lumière, le Nour, par lequel ils discernaient. Cherchons cette lumière.  Tout être portant cette lumière et parlant par cette lumière est aux yeux de l’Islam un savant même s’il n’a pas de titre universitaire ni d’insigne honorifique sous forme de  bonnet sur la tête ou de vêtement sur le corps. Allah regarde le corps et Il a décrété que ce qui est utile au gens reste sur terre et que l’écume est condamnée à disparaitre et le Prophète [saw] cherchait la protection d’Allah contre un savoir inutile et un cœur sans recueillement.

Est-ce que nos parents sont tombés martyrs ou en vécus massacrés dans les camps d’internement et nous, leurs enfants, avons sacrifié notre jeunesse à servir ce pays, pour que des oligarques viennent nous dire, alors que nous sommes en crise d’identité, de légitimité, de développement, que « La nécessité est de créer des instances de cotation des actions bancaires en Algérie »

Est-ce  que notre dernier rempart contre le colonialisme et la dépersonnalisation, en l’occurrence l’Islam, va devenir le refuge des renégats qui activent à dépouiller ce qui reste du droit musulman et vassaliser l’Islam et les Musulmans au nouvel ordre mondial inéquitable et injuste ? Allons-nous comme Bani Israël être les adorateurs du veau dès que Moïse a tourné le dos :

{Et quand la colère de Moïse s’est tue, il prit les Tables. Il est dans leur transcription : Direction et Miséricorde pour ceux qui redoutent leur Dieu. Moïse choisit ses gens, soixante-dix hommes, pour Notre temps fixé. Et quand ils furent pris de tremblement, il dit :   « Mon Dieu, si Tu l’avais voulu, Tu les aurais fait périr auparavant, et moi aussi ! Nous ferais-Tu périr en raison de ce que les insensés d’entre nous ont fait ? Ce n’est qu’une épreuve de Ta Part, Tu fourvoies par elle qui Tu veux et Tu guides qui Tu Veux. Tu es notre Protecteur, Absous-nous et fais-nous Miséricorde, car Tu es le Meilleur des Absoluteurs, et prescris-nous un Bien en ce monde et dans la vie Future, nous nous sommes guidés vers Toi. » Il dit : « Mon châtiment, J’en frappe qui Je veux, mais Ma Miséricorde embrasse toute chose.} Al A’âraf 154 à 156

Algériens réveillez-vous. Nous n’avons pas le droit de nous  laisser pas déposséder de notre droit et de notre devoir à l’initiative populaire dans l’économie, la politique et le social par ses insensés qui vont vous faire goûter l’enfer dans un pays qu’Allah a  voulu qu’il soit un Paradis. Il ne s’agit ni de sédition, ni de rébellion ni de violence, ni d’esprit partisan ou sectaire, et encore moins de désir de vengeance,  mais de ne pas nous laisser embobiner et de désirer ardemment le changement. Notre avenir et celui de nos enfants sont en jeu ainsi que notre salut dans l’autre. Faisons preuve de discernement et aspirons à la réforme, celle de chacun de nous,  le reste appartient à Allah [swt] :

{Et Nous avons fait hériter les gens, qui étaient opprimés, les levants de la terre et ses ponants, que Nous avions bénis. Et la Bonne Parole de ton Dieu fut réalisée pour la descendance d’Israël à cause de leur persévérance. Et Nous avons détruit ce que faisaient Pharaon et son peuple, et ce qu’ils ont édifié.} Al Aâraf 57