la voie de libération de Jérusalem (suite 2/2)

Jérusalem est un symbole

La marche épique de Salah Eddine vers la libération de Jérusalem, a commencé par des événements sanglants à l’issue desquels Jérusalem est tombé injustement aux mains de la horde des croisades au cours de la dernière année du dixième siècle de notre ère.

Jérusalem est un symbole pour les Croisades : le royaume de Jérusalem ou le royaume latin d’Orient.

Salah Eddine est un symbole de la résistance contre les croisades et du Djihad islamique contre l’agression. Il a consacré sa vie à la libération de Jérusalem, comme nous le verrons dans la Partie II de la présente étude qui va tenter d’approfondir le récit sur d’édification de la stratégie de bataille contre les croisés jusqu’à la récupération de Jérusalem et des territoires arabes occupés.

Le début des manœuvres militaires des deux côtés, se déroula comme un jeu d’échecs où chacune des parties essaye de deviner la stratégie de l’adversaire tout en déployant la sienne par l’occupation tactique du terrain et par l’utilisation des ressources disponibles de la meilleure façon possible, avec audace et intelligence.

Dans le camp des Croisés les choses semblent un peu plus compliqués car il était difficile de trouver un compromis entre la prudence du comte de Tripoli, Raymond III, et la fougue belliqueuse des Templiers .

Dans le camp des musulmans, le génie militaire de Salah Eddine va se manifester comme prolongement des manœuvres militaires et des méthodes de guerre utilisés dans la bataille de Hattin et les batailles connexes qui ont suivi cette bataille et qui toutes ont été menées dans une seule visée : récupérer Jérusalem et la libération de la mosquée Al-Aqsa.

Dans la période antérieure à la bataille de Hattin, Salah Eddine a consacré environ treize mois dans la lutte contre les croisés par des combats intermittents, alors qu’il a passé trente-trois mois, depuis l’automne de l’an 570 AH / 1174, dans des combats sporadiques contre les arabes, afin de construire un front uni arabe. Ce n’est qu’en 581 AH / 1186, qu’il parvint à un traité avec l’émir de Mossoul qui parachève la souveraineté totale de Salah Eddine sur le monde arabe et lui donne les forces militaires manquantes pour envisager sérieusement une bataille décisive contre les Croisés (36).

On peut d’ores et déjà sortir avec la conclusion que le Sultan était pleinement conscient que la construction d’un Front uni est très importante dans son dispositif de combat contre les Croisés. Dès qu’il a réalisé l’unité de front arabe il s’est aussitôt déployé sur la seconde phase de sa stratégie à long terme murement réfléchie, patiemment et intelligemment mise en place pour la libération de Jérusalem.

David Jackson a écrit : … Je crois que l’analyse des motivations religieuses et de sa dévotion mérite d’être évaluée avec soin pour voir qu’en dépit de tout, son attachement à son idéal religieux a été irréversible, en dépit de l’existence des différents points de vue des autres. Je reste persuadé que la motivation première qui a guidé toute la vie et toute l’ouvre de Salah Eddine était le Jihad jusqu’à la libération totale de Jérusalem qui passe aux yeux de Salah Eddine nécessairement par la destruction de la puissance militaire du Royaume des croisades. Le Jihad était pour lui la condition nécessaire pour atteindre l’objectif de libérer Jérusalem.

On a essayé de montrer la lutte de Salah Eddine contre les princes rivaux comme une lutte d’intérêts et de pouvoir pour son clan et sa famille mais cela ne tient pas à l’analyse de ses biographies. J’ai l’intime conviction que sa vie a été consacrée à l’objectif qu’il avait choisi, la libération de Jérusalem, et toutes ses luttes internes se focalisaient sur la réalisation de cet objectif (37).

Face à Salah Eddine on peut dire que la stratégie des Croisés a constaté essentiellement à éviter l’affrontement avec les musulmans autant que possible en se focalisant sur une planification de guerre purement défensive (38). Depuis la création du royaume des Croisés, les Franques ont toujours consacré leurs efforts à la fragmentation des arabes et à l’évitement d’une confrontation qui pouvait donner une rapide victoire aux armées musulmanes.

Raymond III était persuadé que si l’armée des Croisés livrait bataille dans la chaleur de l’été elle n’aurait pas la haute main dans la lutte, et a tenté de persuader le roi croisé, Guy de Lusignan, de ne pas prendre l’initiative de livrer bataille et de sa cantonner à la défensive. Mais le chef des chevaliers Renaud de Châtillon accuse Raymond de lâcheté et convainc les Croisés de lancer assaut contre les musulmans et battre l’armée de Saladin.

Comme le Roi des Croisés n’avait pas l’envergure d’un chef il a finit par se ranger à l’avis de Renaud de Châtillon. Dans leur sortie à la rencontre des musulmans les Croisés ont campé dans la région de Sophoria verdoyante avec arbres et cours d’eau et Raymond insistât pour y rester sans aller plus loin dans la rencontre des musulmans préconisant une fois de plus qu’il n’était pas sage de chercher à livrer combat contre les musulmans.

 

À propos de Galilée

Salah Eddine n’a pas hésité à recourir à une diversion militaire pour forcer les Croisés à sortir de leur campement de Sophoria qui leur assurait la sécurité et les ressources. Au début du printemps de l’année 583 AH / 1187, il a lancé une forte attaque sur la forteresse de la Galilée où résidait la femme du comte Raymond III. Soumettant le château a des assauts qui allaient le faire tomber, Salah Eddine parvient à pousser la femme du comte, retranchée dans le château assiégé, à solliciter l’aide du roi des Croisés pour mettre fin au siège de Salah Eddine (39). La manœuvre militaire de Salah Eddine réussit : contre l’avis de RAYMOND III qui était conscient des risques de l’affrontement meurtrier avec l’armée des musulmans d’une part, et qui pensait qu’il valait mieux laisser tomber le château et payer la rançon pour libérer sa femme d’autre part, le chef de l’Ordre des Chevaliers, s’introduisit auprès du roi des Croisés et le convaincu d’aller à la rencontre de Salah Eddine pour l’empêcher de s’emparer de la Galilée.

Vendredi, 24 rabiâ 583 Hijri / 3 Juillet 1187, en pleine chaleur, l’armée des croisades quitta les jardins couverts de Sophoria pour prendre le chemin des collines nues à destination de Tibériade (40). Comme à l’habitué les forces de renseignement et de reconnaissance de l’armée de Saladin démontrèrent leur intelligence et leur compétence dans le suivi et les prévisions des manœuvres des armées des croisés. Salah Eddine était mis au courant du déplacement des armées ennemies et de l’état de leurs forces.

Et Salah Eddine redéploya son armée en lui faisant faire marche du camp de « Kfar Sabbat » au village de Hattin, qui était été riche en pâturages et en eau abondante. A hattin son armée fit jonction avec les troupes musulmanes qui revenaient de Galilée mettant fin à leur siège. La situation logistique a changé : c’est maintenant les troupes musulmanes qui sont à l’aise et au repos tandis que les troupes croisées sont en marche exposées à la chaleur et au soleil de plomb.

Dans cette situation de combat les troupes musulmanes harcelaient les flancs et les arrières des armées par des coups de main et des embuscades en s’appuyant sur la cavalerie légère. On assiste à de nouvelles techniques de combat auxquelles les armées des croisées n’étaient pas préparées : harcèlement et attaques surprises éclair.

Il était difficile voire impossible pour les armées croisées de modifier leur dispositif de combat et de déplacement pour s’adapter aux nouvelles techniques de guerre éclair utilisée par les musulmans. Maintenant leur dispositif traditionnel de blocs compacts et de rangs serrés les croisés ont péniblement souffert du harcèlement type guérilla. Devant les pertes subies et la désorganisation de leurs dispositifs, les Croisés ont été contraint d’arrêter leur déplacement et d’organiser un camp de stationnement pour tenter de repousser les attaques poursuivies tout au long d’une longue et pénible journée qui a vu des attaques violentes perpétrées par des musulmans sur les flancs et le dos de leur armée et entamant la résistance morale et physique des troupes(41).

Les Croisés ont installé leur campement sur une colline surplombant le lac de Galilée. Mais ils ne sont pas en mesure d’atteindre l’eau car des détachements musulmans leur font obstruction en s’interposant entre eux et les berges du lac.

Et pour le malheur des croisées, la soif du jour se conjugua à la fumée émise par les feux que les soldats de Salah Eddine, infiltrés dans les avants postes, allumaient dans les broussailles sèches autour du campement. Les croisés étaient en plus démoralisés par les prières et les Allah Akbar prononcés par les musulmans. Le matin, à l’aube dès l’appel à la prière des musulmans, les croisés avec un moral fortement perturbé, firent le constat qu’ils étaient encerclés de tous les côtés. Il ne leur restait que la tentative d’ouvrir une brèche par l’infanterie à destination des points d’eau mais ce fut pour eux la plus grande débâcle de l’histoire des croisades. Après d’âpres combats une partie des troupes croisées fut dispersée et une autre partie fut tuée ou capturée.

Le samedi, rabiâ 25 583 Hijri / Juillet 4, 1187, l’Armée islamique réalisa la plus grande victoire contre l’existence du royaume des croisades. Toute l’armée conduite par les Chevaliers fut décimée. Ne survécut à cette défaite que Raymond III, le comte de Tripoli, qui avaient fui pendant la bataille, avec un certain nombre d’amis. Salah Eddine a réussi à décimer une partie de l’élite des Croisés (42). Jérusalem devenait de plus en plus un objectif proche et réalisable dans la stratégie patiente et savante de Salah Eddine.

A la suite de ce combat qui fut une destruction catastrophique des forces principales des Croisés qui ont perdu des hommes et du matériel ne restaient comme résistance principale sur la route vers Jérusalem que de petites garnisons retranchées dans les forteresses, les châteaux et les villes occupées qui tombèrent les unes après les autres au main des musulmans peu de temps après la bataille de Hattin.

 

Plus qu’une défaite, une série de défaites

Certes, il est vrai qu’avant la bataille de Hattin les Croisés ont connu des catastrophes militaires, il est vrai aussi qu’un certain nombre de leurs dirigeants ont été tués ou faits prisonnier par les combattants musulmans, mais la bataille de Hattin est plus qu’une défaite ou une catastrophe militaire c’est l’effondrement du système idéologique, militaire, politique et psychologique des croisades.

Le plus important dans cette bataille décisive est que Salah Eddine est réconforté dans sa vision de libération de Jérusalem qui dictait de rendre les croisés vulnérables détruisant le mythe de leur invincibilité militaire et de la puissance de leur royaume. Il a été en mesure, à la tête de son armée, de détruire la plus grande armée des Croisés, et il est maintenant convaincu plus que jamais que la défaite totale des Croisés est faisable et que c’est leur défaite militaire qui mettra fin au royaume latin en Orient et réalisera la libération définitive des territoires arabes de la domination étrangère.

Il est vrai que la bataille de Hattin n’a pas mis de fait fin aux Croisades et s’il y a eu une durée plus grande à l’existence des Croisades et plus tard à la présence coloniale cela est imputable à la faiblesse politique des successeurs de Salah Eddine qui ont laissé ressurgir les anciennes rivalités politiques et s’installer de nouveau l’esprit tribal avec ses convoitises et sa vision étroite et à court terme.

Il faut souligner aussi que les Croisés ont perdu par la suite de leur vitalité et n’ont tien réalisé de grand ou de spectaculaire se contentant de gérer leur royaume que Salah Eddine a laminé et fortement réduit.

Le plus grand fait, du côté musulman, de la bataille de Hattin, est la participation, pour la première fois depuis des siècles, au combat ensemble, sur un même front et contre un seul et même ennemi, l’ensemble des forces officielles arabes venant de Syrie, d’Irak, d’Egypte et même des bénévoles venant du Maghreb. Elle donne à l’histoire le repère véritable et la stratégie authentique de libération des terres occupées : un front uni dans l’action politique et militaire. Ce front n’était pas le résultat d’une improvisation ou d’un accident de l’histoire mais l’effort inlassable, permanent et continu d’Imad Eddin Zinced, de Noor Eddin Mahmud et puis de Salah Eddine Ayouby. La victoire de Hattin contre le colonialisme des Croisades est le point culminant et logique des efforts de la construction du Front uni de résistance politique et militaire.

De ces considérations découle l’importance historique de la bataille de Hattin. Elle reste une épine au gout amer et cruel dans toute l’histoire des Croisades et de l’Europe catholique …

Lorsque le temps d’apaisa et la poussière de la bataille se dispersa, le roi des croisés Guy de Lusignan accompagné de Renaud de Chatillon et de hauts dirigeants furent amenés captifs dans la tente où les attendaient Salah Eddine. Le chroniqueur musulman Îmad al-Esfahani raconte comment le Sultan Salah gronda Renaud de Chatillon et lui reprocha ses actions belliqueuses et son odieux manque de respect pour les pactes et les conventions. Jusqu’à la fin Renaud de Chatillon se montra arrogant, menteur et perfide allant jusqu’à affirmer que la faute incombait aux rois des Croisés. Salah Eddine a tué le prince transgresseur comme accomplissement d’un vœu qu’il avait fait à lui-même lorsqu’il a pris conscience des horreurs commises contre les musulmans à cause des agissements et des intrigues de Renaud de Chatillon.

A la vue de la décapitation du prince Renaud de Chatillon le Roi des Croisés fut pris d’une crise d’épilepsie qui ne s’arrêta que lorsque Salah Eddine le réconforta et lui donna le serment qu’il était sous sa protection. Il donna l’ordre de décapiter tous les Templiers considérés comme responsables des massacres commises contre les populations musulmanes, à l’exception de leur commandant en chef à qui il accorda la vie (43).

Après la victoire de la bataille de Hattin les forces de Saladin avancent en douceur sans précipitation faisant tomber les uns après les autres cinquante-deux villes, châteaux et forteresses des Croisés.

Les places fortes des croisés tombaient facilement car d’une part elles étaient dans un rapport de force défavorable et d’autre part ses occupants avaient la garantie de la vie sauve et de la sécurité s’ils se rendaient sans opposer résistance. Salah Eddine avaient la réputation de ne jamais manquer à ses promesses ni à ses engagements.

Les armées de Saladin sont parvenus jusqu’à Acre (Akka en Palestine), qui était le plus important port des Croisés sur la Méditerranée. C’est un port militaire bien protégé avec des forteresse presque invulnérables et qui s’est préparé à l’arrivée des armés musulmanes qui l’ont attaqué le premier jeudi du mois de Joumada I AH 583 / 1187. La population croisée d’Acre, en quête de sécurité, a demandé de négocier avec Salah Eddine qui leur a donné le choix de rester ou de partir loin de la zone de combat. Ayant fait le choix de partir il s’engagea à leur laisser la vie sauve et à leur laisser leurs richesses qu’ils pouvaient transporter avec eux comme serment de Salah Eddine inviolable et sacré.

Comme ils s’imaginaient qu’après la prise de la ville ils allaient tous être tués ainsi que leurs femmes et leurs enfants il décidèrent pour la plupart d’abandonner la ville à son sort…( 45). L’attaque contre la ville permis la libération des prisonniers musulmans à Acre (Akka) dont le nombre dépassait quatre mille(46). Acre remis les clés de la ville à Salah Eddine au cours du mois de Joumada I 583 AH / 10 Juillet 1187. A partir d’Acre Salah Eddine récupéra en quelques mois Jaffa, Nazareth, Sforep, kissaria, Naplouse, et Tibnine, Sidon, Beyrouth, Byblos, Ashkelon, Gaza, Toron, Aldarom (à proximité du territoire égyptien). Le but était d’empêcher le débarquement de renforts venus d’Europe. Il pouvait maintenant se mettre en marche sur Jérusalem à la fin de Joumada II 583 AH / Septembre 1187 (47).

 

Récupération d’Ashkelon

Ashkelon est la plus importante des forteresses que Salah Eddine a fixé comme objectif à reconquérir avant de se diriger sur Jérusalem. Ashkelon a été un grand enjeu militaire et stratégique tant pour les croisés que pour les musulmans : c’est une base à la fois navale et terrestre dont la maîtrise permettait de lancer des expéditions redoutables tant navales que terrestres le sol peuvent être avancées pour ceux qui possédaient eux pour lancer des attaques efficaces contre l’ennemi au sol ou sur mer. Cette base est resté 35 ans sous la domination des croisés avant d’être libérée par Salah Eddine qui a ordonné la destruction de ses murailles et de ses forteresses pour qu’elle ne puisse plus servir de base ennemi dans le cas où elle serait reprise par l’ennemi dans le futur.

Le Sultan met son armée, victorieuse, en marche sur Jérusalem pour la faire tomber par l’épée (48). Sans doute il eut l’idée et le désir de venger le sang des musulmans massacrés par les croisés lors de la Première Croisade en Juillet 1099.

A ce moment là, dans la marche sur Jérusalem, Al-Nasser Salah Eddine Yusuf Ayouby, avait sous son commandement toutes les armées arabes qui avaient combattu sur tous les fronts et toutes les villes et forteresses le long de la côte syrienne et palestinienne où se trouvait la forte présence des coalisés. Il imposa l’embargo totale contre la ville sainte, le dimanche, le 15 Rajab, 583 AH / Septembre 1187 ….

Le dernier et court chapitre de l’histoire de la libération de Jérusalem, doit toujours être vu comme l’aboutissement d’un long processus historique et le résultat d’une complexe maturation politique et militaire et non un simple fait d’armes épique. Le siège de la sainte ville a duré seulement vingt jours, mais le conflit a été l’histoire de longs et pénibles chapitres qui s’est étalée sur quatre-vingt-huit ans de luttes sur plusieurs générations depuis que la ville tomba aux mains des Franques Croisés la dernière année du dixième siècle jusqu’à sa libération par les musulmans le 27 du mois de Rajab de l’année 583 AH / II d’Octobre 1187.

La scène finale a été, comme une ironie du sort, plein de contrastes, plein de panoramas impressionnants. Elle demeure comme contradiction générale avec la scène brutale et cruelle qui a eu lieu quatre-vingt-huit ans auparavant. Elle demeure un rapport de confrontation entre le fanatisme agresseur et la culture d’une civilisation qui défend son existence et ses valeurs, entre l’arrogance impitoyable du colonisateur et l’éthique de la résistance et entre la barbarie du dominateur et la fierté et la noblesse du triomphe de la libération.

Enfin l’assaut final contre la sainte ville fut donné et les catapultes des armées musulmanes ciblèrent les murailles et les tours fortes par un pilonnage intensif de lourdes pierres et de boulets de feu. Bien protégés derrière les murailles les croisés opposèrent une résistance farouche et obstinée sous le commandement du Prince croisé Balian de Laplaine. La résistance de la ville conjugué à la chaleur du jour contraint le Sultan Salah Eddine à déplacer son camp et à changer de site de bataille. Il se dirigea alors le 25 Rajab vers la partie nord de la ville.

Les croisés pensaient que l’Armée islamique a dû lever le siège de la ville, mais ils ont déchanté de leur optimisme lorsqu’ils vu apparaitre les forces de l’Islam sur le Mont des Oliviers, qui surplombe Jérusalem du côté de la Vallée de l’Enfer (49).

 

Etranges rituels

À l’intérieur de la ville, la reine Isabella Sybila prend la défense de la ville avec le concours du patriarche catholique Héraclius et du Prince Balian. Les femmes de l’aristocratie des Croisés, sous la direction d’Isabella, eurent recours à une étrange procession, un rituel inédit, dans l’espoir que le sort soit plus clément en faveurs des Croisés qui ne se faisaient plus d’illusion sur l’issue de la bataille. Les dames de l’aristocratie se sont mises à tondre les cheveux de leurs filles, puis à les déshabiller les laissant nues prendre un bain en public et en plein air sur une colline de Jérusalem (50).

Mais la ville assiégée n’est pas dans le besoin de ces rituels frivoles, mais dans des combattants, des armes et une volonté de combattre qui font défaut… Et le prince Balian proposa de remettre les clés de la ville en échange d’un pacte de paix qui garantit leur vie et leur sécurité. Mais le sultan Salah Eddine, refusa l’offre car il voulait une victoire totale par les armes pour achever définitivement la présence étrangère sur les territoires arabes et clore un chapitre de l’histoire du monde arabe : la ville devrait être libérée de la même façon qu’elle a été prise.

Sur ce sujet le chroniqueur musulman Imad al-Din al-Asfahani raconte : » Le Prince des croisés a dit que si le Sultan n’acceptait pas l’offre d’échanger la ville contre leur sécurité, il allait donner l’ordre aux croisés de détruire la ville, y compris la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher, et abattre toutes les femmes et les enfants vivant dans la ville « … Votre intérêt n’est pas dans notre défaite mais dans un traité de paix, vous perdrez tout si vous obtenez totale victoire. La déception vous est venue par la porte de l’espérance, le moins pire pour vous se trouve dans le traité de paix même s’il contrarie votre victoire … ». La décision finale fut prise par un conseil de guerre qui accepta la capitulation des croisés et l’arrêts des combats par les troupes musulmanes (51).

Ils devaient être heureux ce jour là les défenseurs Croisés dirigés par le Prince Balian de Laplaine. Ils étaient heureux parce qu’ils sont à la merci d’un vainqueur qui jouit de hautes qualités morales et des attributs de miséricorde et de compassion. Personne n’ignorait la vertu de la parole et des actes de Nasser Salah Eddine. Sa miséricorde et sa sagesse ainsi que celle de son conseil de guerre ont évité une effusion de sang inutile et ont confirmé une fois de plus l’humilité des musulmans dans la victoire et le primat de la raison sur le désir de vengeance. L’histoire des Croisades ne retient ni contre Salah Eddine ni contre les musulmans les atrocités qui étaient courantes dans le monde à cette époque … »(52).

En effet le Sultan était connu de ses contemporains, par son comportement humain, loyal, fidèle à ses promesses. Quand le prince Balian a proposé ses conditions de reddition Salah Eddine n’a pas hésité longtemps avant d’aller à la solution la plus charitable et la plus économie en vie humaine. Il a vaincu la rage portée dans le cœur quand les yeux voient la sainte ville à la portée de ses armes et que le souvenir est hanté par le massacre des s musulmans lors de la prise de la ville par les croisés et par les longues et cruelles souffrances des peuples arabes plongés sous le joug du colonialisme des croisés qui a duré quatre-vingt-huit ans .

Les musulmans ont accepté que soit versée une rançon pour chaque homme de dix dinars, chaque femme de cinq dinars, et chaque enfant de deux dinars (53).

 

Entrée victorieuse à Jérusalem

Les Musulmans entrent à Jérusalem le vingt-septième jour du mois de Rajab en 583 AH / II de Octobre 1187. Ne sont restés dans la ville que les autochtones, les arabes musulmans et les arabes chrétiens de l’Eglise orientale. Tous les croisés ont quitté sains et saufs la ville, ceux qui pouvaient payer leur rançon et ceux que Salah Eddine a accordé dérogation de ne pas payer leur rançon pour une raison ou une autre.

Le patriarche Héraclès est parti sain, sauf et libre d’emmener avec lui les reliques religieuses, l’argent et tous les objets en or et en argent ainsi que les coffres remplis d’objets précieux qui étaient dans l’église de la Résurrection, sous les yeux et la protection des soldats musulmans, sans être exposé à un vol ou une vexation de la part de la population arabe. Un pacte est sacré, inviolable, quelques soient les blessures et les humiliations subies par le passé.

Le dernier à partir fut le princpe Balian qui avait déployé toute son énergie pour maintenir la ville sous domination des croisés et qui avait fait tout son possible pour négocier la livraison de la ville contre la vie sauve de ses défendeurs croisés chevaliers, soldats et civils. Il est parti libre accompagné de son épouse et des princes et chevaliers qui étaient avec lui à Jérusalem. Ils sont partis empruntant une route sécurisée pour eux et leurs biens conformément aux garanties données par le Sultan Nasser Salah Eddine Youssouf al Ayoubi.

Pour l’époque, la reconquête de Jérusalem, reste, sur le plan humanitaire, une image singulière. La libération de Jérusalem a provoqué un rayonnement de bonheur , de liesse populaire et de ferveur religieuse dans l’ensemble du monde musulman. La nouvelle de la libération de Jérusalem attira des foules innombrables du monde musulman pour la visite de la ville sainte et la mosquée Al Aqsa (54).

L’oraison et le sermon du vendredi ont été restaurés à la mosquée Al-Aqsa, après une longue pause de presque un siècle, le quatrième vendredi du mois de Sha’ban en 583 AH. La chaire du sermon de (al minabar) qui a été réalisée depuis longtemps, depuis Nur al-Din Mahmoud, a pris sa place lors de cette célébration historique de l’oraison du premier vendredi de la libération.

L’historien Ibn Athir raconte : Salah Eddine ordonna la construction de la tribune (minabar) pour l’offrir à la mosquée Al-Aqsa le jour de la libération de Jérusalem à laquelle il se préparait et y croyait. Lorsqu’on lui dit que Nur al-Din Mahmoud avait déjà donné des instructions à des artisans d’Alep de fabriquer le Minbar en mettant toute leur ingéniosité artistique pour qu’il soit la plus belle tribune jamais réalisée dans le monde islamique. Les menuisiers syriens ont mis des années pour réaliser ce chef d’œuvre d’ébénisterie. Salah Eddine ordonna que cette chaire soit ramenée à Jérusalem pour l’inauguration de la prière du vendredi dans Jérusalem qui allait être libérée. C’est donc cette chaire qui pris sa place dans la mosquée al Aqsa.

L’imam qui a présidé à la prière était le juge Mohieddin Ibn Zaky. Il portait la tunique noire emblème de la dynastie des Abbassides et prononça des éloquents sermons et des discours plein de ferveur religieuse à cette occasion historique (56).

 

L’oraison et le sermon du vendredi dans Jérusalem libérée

Il s’agissait ce jour là, dans la prière, dans le sermon, dans la chaire et dans la foule des orants, des images symboliques du processus du jihad qui a duré plusieurs générations, afin de libérer Jérusalem des Croisés (57).

Salah Eddine s’est donné suffisamment de temps pour évacuer la ville de tous les Croisés, pour remettre la ville en état de fonctionner normalement sur le plan administratif, social et économique. Il a autorisé l’entrée de la ville aux populations juives. Les juifs ont été expulsées des abords de la ville par les Croisés et n’étaient pas autorisés à pénétrer dans la ville sainte durant les longues années d’occupation croisée sous le prétexte qu’ils étaient responsables des souffrances de Jésus-Christ. Pour l’histoire il faut souligner que les juifs en Palestine étaient peu nombreux par rapport aux autres villes d’Orient et que la majorité de la minorité juive en Palestine, vivaient traditionnellement en dehors de la ville de Jérusalem comme en témoignent le Benjamin Alttili et d’autres nombreuses sources historiques. Salah Eddine leur a accordé le privilège de résider dans la ville comme tous les autochtones de la région arabe.

Le Sultan ordonna la restauration du Mihrab de Omar devenu vétuste et son revêtement en marbre. Il ordonna le retrait des icônes et des images placées par les Templiers et les Chevaliers dans les maisons qu’ils avaient spoliés et dans les bâtiments et cours de la mosquée Al-Aqsa.

Le Dôme du Rocher est lavé avec de grandes quantités d’eau de rose, puis son air purifié par les meilleurs encens. Il supervisa le recrutement du personnel responsable du service de la mosquée Al-Aqsa. L’église de la Résurrection a été fermée pendant plusieurs jours, puis elle a rouvert ses portes aux fidèles chrétiens. Autorisation fut donnée aux princes des croisés de la visiter et d’y venir faire leurs prières et leur pèlerinage.

Ce bref aperçu sur le rôle historique de Saladin et sur sa stratégie pour la libération de Jérusalem, révèle une biographie d’un homme qui mérite une noble appréciation et une grande vénération à la lumière de sa réussite dans la libération de Jérusalem. Toute sa biographie témoigne qu’il a dirigé son attention tout au long de sa vie pour atteindre cet objectif, et qu’il a estimé, sans faillir un jour ou douter un instant, que le jihad est la seule façon, au niveau politique et militaire, pour parvenir à la libération des territoires occupés.

Il faut retenir que Salah Eddine a construit le projet de libération de Jérusalem sur la base préalable de la reconstruction de l’unité morale, politique et religieuse du monde musulman sous la bannière du djihad contre les Croisés. Sa biographie révèle qu’il a consacré la plus grande partie de sa vie dans ses efforts pour former l’unité politique et mettre fin aux luttes entre les factions dans la région arabe. Les combats contre les Croisés n’ont occupé qu’un tiers du temps consacré à l’action militaire contre les princes Al zenkyines et autres brigands et voyous arabes.

Il faut garder conscience vigilante que la fragmentation confessionnelle et doctrinaire, l’égoïsme des intérêts mesquins, le sectarisme ethnique et la division politique des dirigeants et le silence des populations musulmanes de l’époque, était la raison de la réussite de l’arrivée et de l’implantation des Croisades au cœur du monde arabe. Il ne faut pas perdre de vue que la présence continue et trop longue des croisés sur le sol arabe n’est pas la résultat de leur supériorité mais la conséquence dépend objective de la dégradation continue ,morale et politique, de la personnalité arabe qui est devenu, de ce fait, otage des convoitises et faille vulnérable face aux appétits colonialistes. Le monde arabe otage de la gouvernance insensée des dirigeants arabes et de leurs divergences politiques scandaleuses se transforme inévitablement en proie facile pour les prédateurs colonisateurs comme les croisés.

Salah Eddine ne doit pas être vue dans une vision messianique. Il est à la fois le produit et le continuateur d’un long processus libératoire qui a commencé par imad Eddine zinqi et Noor Mahmoud qui avaient en tête le projet révolutionnaire de libération de Jérusalemen, de la Palestine et du monde arabe. Les prédécesseurs de Salah Eddine engagé sur la voie de la libération l leur manquait les deux conditions de réussite : l’unité des rangs politiques et l’unité de commandement militaires qui permettaient de réaliser cet objectif de grande envergure. Aucune ambition légitime et noble ne peut se concrétiser dans des conditions de déliquescence morale et politique et sans planification qui met en place la stratégie, les moyens et les programmes d’actions.

Salah Eddine avait l’avantage d’avoir la vision lucide et la conscience religieuse et politique de cette situation anormale, politiquement et moralement. Il avait aussi la compétence d’agir avec savoir, intelligence et prudence trouver l’opportunité et la pertinence pour surmonter les obstacles, les affronter ou les contourner sans perdre de vue l’effort stratégique des efforts tactiques, les visées lointaines des visées à court et moyen terme. Il a montré que la planification intelligente conjugué à a la volonté permettent de se renforcer progressivement contre l’occupant et de rendre faisable la libération dont la concrétisation est rendue de plus en plus proche et de plus en plus évidente tant pour lui que pour ses proches et les populations musulmanes.

Salah Eddine en écrivant au Calife abbasside al Moustandi billah :  » Si les affaires de la guerre trouvaient solution dans la pluralité des participations on n’aurait pas manqué sans doute la gloire qui nous fait défaut au vu de l’importance du nombre de prétendants autonomes chacun réclamant pour lui l’autorité. On n’aurait pas été amené à subir des préjudices s’il était naturel que le monde supporte la coexistence de plusieurs autorités contradictoires. Mais la vérité que nous ne pouvons ni occulter ni fuir sans préjudices et dommages et que les affaires de la guerre exigent une longue préparation et une excellente planification qui ne peuvent se passer de l’unité de commandement militaire et de l’unité de décision politique. Si la question du commandement est réglée et la planification politique tranchée il ne reste alors que la mise en place des organes consultatifs sur les questions de mobilisation des moyens pour mener les combats victorieux … »( 58).

Ces quelques mots résument la doctrine de Salah Eddine sur l’Etat moderne et sur la guerre de libération. Ils sont le meilleur témoignage sur la stratégie victorieuse de Nasser Salah Eddine Youssef al Ayoubi dans la reconquête de Jérusalem.

 

Auteur : l’écrivain et historien égyptien Qassem Abdou Qassem

Traduction Omar Mazri

Notes du traducteur :

Celui qui veut faire un travail comparatif qu’il lise par exemple les Croisades sur Wikipédia. Vous aurez plus de détails mais une vision de l’histoire du côté occidental. Ici c’est une lecture non apologétique mais du côté arabe et musulman. Le francophone peut trouver dans cette traduction, malgré ses fautes, une autre source d’information et une autre lecture de la libération de Jérusalem. L’auteur égyptien, Qassem Abdou Qassem, historien et écrivain, est allé à l’essentiel : montrer les causes de la défaite et de la victoire qui sont exactement les mêmes au Xème ou au  XXIsiècle.

J’aimerais ajouter trois  élément d’appréciation qui font partie de la culture islamique et que l’auteur n’a pas soulevé dans son excellent article.

Le premier est l’espérance que doit garder le croyant, même dans les situations les plus tragiques, car l’espérance fait partie intégrante de la foi. Le rapport de force politique et militaire est important dans l’issue d’une bataille mais il n’est pas déterminant. La foi et la vertu du combattant et de son environnement social sont l’autre élément décisif dans la victoire ou la défaite. C’est la loi de Dieu qui s’est appliquée et qui s’appliquera car Il est créateur de l’homme, de ses actes et des conséquences de ses actes et elle s’applique selon la loi de la causalité et du mérite et selon d’autres lois qui échappent à notre entendement :

{Ô vous qui croyez ! Si certains d’entre vous renient leur foi, Dieu fera surgir d’autres hommes qu’Il aimera et qui L’aimeront. Humbles avec les croyants, durs envers les négateurs, ils combattront au service de Dieu, sans la crainte d’aucun reproche.} Al-Maidah 54.

Le second élément est l’aspect épique ou charismatique qu’on attribue au commandant victorieux ou au dirigeant  qui s’est particulièrement illustre dans   une situation politique ou géopolitique oubliant le rôle de tous ses anonymes dont on ignore le sacrifice, les souffrances et le rôle déterminant dans la préparation et l’exécution du destin et de l’histoire. Nous devons nous libérer du culte du chef et de l’attente messianique car le destin c’est vous, moi, nous tous si nous agissons avec sincérité, intelligence et de concert sans chercher la fausse gloire. Mohamed (saws) a fait éloge des exilés. On lui a demandé qui étaient les éxilés (al Ghouraba) il a expliqué que ce sont des gens dont le comportement est si humble et si effacé qu’ils paraissent des étrangers insignifiants parmi les leurs mais dont l’action n’est connue efficace et méritoire n’est connue que de Dieu. Leur récompense auprès de Dieu n’aura d’égale que leur anonymat dans ce monde:  » les exilés sont ces gens quand ils sont parmi vous vous ne faites pas cas de leur présence et quand ils sont loin de vous vous ne remarquez pas leur absence mais dont les oeuvres auprès de Dieu sont considérables »

Le troisième est aux  amateurs de berbérité, d’arabité ou de kurdité, de chiisme et de sunnisme :  il faut juste rappeler que la civilisation musulmane même dans sa décadence a toujours posé le problème de l’arabité en terme de culture et non en terme d’ethnie. Salah Eddine était Kurde par sa naissance mais sa culture était arabe et il a combattu tous ceux qui favorisaient la fragmentation de la nation musulmane au nom de la confession, de la doctrine ou de l’ethnie. Les chrétiens du monde arabe se considèrent comme arabe faisant partie de la vaste culture musulmane. Les chrétiens et les juifs  de l’orient musulman se considèrenent comme partie intégrale et indissociable de la culture musulmane. Tout sectarisme pratiqué par un musulman est condamnable.


(36) ديفيد جاكسون، « معركة حطين » ، ص86 – ص87.

(37) نفسه، ص92- ص93.

(38) سميل، الحروب الصليبية ، ص152- ص153.

(39 ) نفسه، ص176- ص177.

(40) ابن شداد، النوادر السلطانية، ص60 – ص73؛ العماد الأصفهاني، الفتح القسي، ص17- ص45؛ مجهول، البستان الجامع لجمع تواريخ الزمان (نشره كلود كاهن) انظر:

Claude Cahen ،  » Une Chronique Syrienne de VI- XII Siecle: Le  » Bustan Al Jami  » ، en Bulletin d، Etudes Orientales ، toms. VI-VIII، (Annees 1937-1938 ) ، pp. 146-ff.

(41) سميل، الحروب الصليبية، ص179- ص180.

(42) عن معركة حطين، انظر: ابن الأثير، الكامل، ج9 ، ص177- ص179 وقد ذكر ابن الأثير ما نصه « .. وكان من يرى الأسرى لكثرتهم لا يظن أن هناك قتلى، فإذا رأى القتلى حسب أنه لم هناك أسرى… »، انظر أيضا: ابن شداد، النوادر السلطانية، ص60- ص73؛ الأصفهاني ، الفتح القسي ، ص17- ص45؛ ابن واصل ، مفرج الكروب ، ج2، ص187- ص192المقريزيي، السلوك، ج1، ص93؛ ميخائيل زابوروف، الصليبيون في الشرق (دار التقدم، موسكو 1986م ) ، ص191- ص192.

Mayer،op. cit. ، pp. 131-132 ; Runciman ، op. cit. vol. II ، pp. 450 -460.

(43) الأصفهاني، الفتح القسي في الفتح القدسي، ص80- ص81.

(44) المقريزي، السلوك، ج1، ص93.

Mayer، op، cit.، pp. 131- 132.

(45) الأصفهاني، الفتح القسي في الفتح القدسي، ص89 – ص91.

(46) ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة في ملوك مصر والقاهرة (طبعة مصورة عن طبعة دار الكتب المصرية – الهيئة العامة قصور الثقافة 2008م) ،ج6 ، ص35.

(47) الأصفهاني، الفتح القسي، ص92- ص115؛ ابن الأثير، الكامل، ج9 ، ص176 – ص178، ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة، ج 6، ص35 – ص67؛ ابن واصل، مفرج الكروبي، ج2 ، ص209 – ص 211؛ المقريزي، السلوك، ج1، ص95؛ ابن شداد، النوادر السلطانية، ص80 –ص81؛ أبو شامة، ج2 ، ص95.

Runciman ، op. cit. ، vol. II ، pp.461- 462.

(48) ابن واصل، مفرج الكروب، ج2 ، ص209- ص211.

(49) ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة ، ج6، ص36؛..Mayer،op.cit.p.132.

(50 ) Ibid ، pp.131-132.

(51) الأصفهاني، الفتح القسي، ص127.

(52) مونتجومري وات، « الحملات الصليبية: تصورات مختلفة » في كتاب ، 800 عام – حطين والعمل العربي الموحد (دار الشروق 1989م)، ص80.

(53) ابن شداد، النوادر السلطانية، ص 129؛ الأصفهاني، الفتح القسي، ص127- ص137؛ المقريزي، السلوك، ج1، ص97؛ ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة ، ج6، ص36- ص37؛

Runciman ، op. cit. ، vol. II ، pp. 264-266.

(54) المقريزي، السلوك، ج1، ص97.

(55) ابن الأثير، الكامل، ج 9، ص182 وما بعدها.

(56) ابن شداد، النوادر السلطانية، ص235 – ص237؛ الأصفهاني، الفتح القسي، ص138- ص140؛ البستان الجامع، ص146 – ص147؛ المقريزي، السلوك، ج1، ص96- ص99؛ ابن تغري بردي، النجوم الزاهرة، ج6، ص37؛ انظر أيضا:

Mayer ، op. cit. p132; Runciman ، op. cit. vol. II ،pp.446- 447.

(57) قاسم عبده قاسم، في تاريخ الأيوبيين والمماليك (دار عين للدراسات والبحوث 2007م) ، ص62 – 63.

(58) أبو شامة، الروضتين، ص48؛ ابن واصل، واصل، مفرج الكروب ، ج1، ص15

la voie de libération de Jérusalem 1/2

Scènes de Jérusalem du temps des croisades

Scène I:
Le concile de Clairmont (ou Clermont) — aujourd’hui Clermont-Ferrand — s’est tenu en Auvergne en 1095. Le pape Urbain II l’avait convoqué pour traiter des problèmes de discipline ecclésiastique, à la suite du concile de Plaisance qui s’était tenu six mois plus tôt, mais l’un des faits notables de ce concile est l’appel qu’Urbain II à la noblesse de la chrétienté, lui demandant de lutter contre les Turcs qui selon lui menacent l’empire byzantin et de délivrer les Lieux Saints occupés par les Musulmans. Le pape Urbain II  d’origine française, a été enthousiaste de lancer une « déclaration de guerre » contre les musulmans (1 ).
Après avoir évoqué les malheurs et souffrances des chrétiens d’Orient, le pape adjure les chrétiens d’Occident de cesser leurs guerres fratricides et de s’unir pour combattre les musulmans païens et délivrer leurs frères en Orient qui est une cause plus juste. En même temps les Chrétiens pourront expier leurs péchés une fois arrivés à Jérusalem. Cet appel de Clermont qui est considéré comme une véritable opération médiatique mensongère contre les musulmans est  considéré comme la cause directe de la première croisade.
L’engagement et la réponse enthousiaste de la part du public chauffé à blanc par des manipulateurs de spectateurs dans une  pièce de théâtre dont chacun avait son rôle à jouer pour mobiliser les foules ignorantes. Ainsi il y eut des cantiques, des appels à la guerre et des chœurs répétant les mots « Dieu veut … il veut le Seigneur » (2). … Ainsi a commencé les croisades …

Journée du massacre


Scène II:

Dans un jour de chaleur torride de ce  mois de Juillet 1099 la ville de Jérusalem est tombé entre les mains des Croisés après un siège de cinq semaines. La prise de Jérusalem par les Croisés donna lieu à un terrible massacre de la ville sainte qui fut livrée et ses habitants à  trois jours de pillage, de vol, de viol, de meurtre. Les corps des morts, des brulés et des  mutilés restèrent exposés dans les rues et places publiques plusieurs jours.
Dans cette  atmosphère de tristesse et de désolation, la ville est restée enfermée dans une immense fumée et un épais champs de poussière et d’odeurs de corps carbonisés ou en décomposition. La rencontre de Jérusalem avec les Croisés fut le symbole de l’horreur. Dans l’horreur les Croisés étaient en extase dans l’église de la Résurrection qui recueillaient les  prières et les mots de remerciements adressés au Seigneur. Les   les échos de « Merci Seigneur » qui sortaient de la vielle Église (3) pour s’engouffrer dans dans la ville  donnaient un aspect sinistre et apocalyptique de la présence chrétienne européenne sur les terres arabo-musulmanes.
Scène III:

Un jour de ce mois d’ Octobre 1187 (27 Rajab en 538 AH), Salah eddine libère Jérusalem qui est restée otage des Francs Croisés un peu plus de  quatre-vingts ans.
La reprise de Jérusalem témoigne de l’humanisme des musulmans à l’opposé des  scènes brutales lors de l’ invasion barbare des Francs. Enfin l’oraison du  vendredi était restaurée à Jérusalem libérée après une longue période interdite (4).

Ainsi a commencé la fin de la présence des Croisés sur les terres arabes …

Ces trois scènes  ont marqué l’histoire de Jérusalem à l’époque des croisades; Cependant, la scène finale, celle de  la libération par Saladin est celle à laquelle je me consacre dans cette étude. Nous retenons que l’épopée de la libération, qui était dirigé par Saladin a commencé après  des moments sanglants qui ont vu Jérusaleme tomber sous la domination de la la horde barbare des Croisés au début du 11 ème siècle.  Jérusalem est un symbole perverti en « symbole de croisade », « le royaume de Jérusalem ».  « Saladin » a été et reste un symbole, le  symbole de la résistance contre la domination étrangère, le symbole du  Djihad islamique contre l’agression.Salah Eddine  a consacré  sa vie à la libération de Jérusalem, comme nous le verrons dans cette étude.

Les causes de la victoire et la défaite


Il serait faux de considérer la victoire  des Croisés contre les musulman lors de la première croisade comme l’expression d’une réelle supériorité du rapport de forces militaires  des Croisés. Sur le plan strictement militaire ils étaient numériquement, logistiquement, techniquement et scientifiquement inférieurs aux musulmans mais les combats ont été à leur avantage. Les Croisades ont été rendus possibles par la faiblesse politique du monde musulman et le déchirement intestinal entre les principautés qui favorisaient la  fragmentation politique et territoriale déja avancée de l’empire musulman. Cette fragmentation politique avait des conséquences sociales et culturelles dont l’héritage de l’amertume et de la méfiance des populations arabes envers les dirigeants dans  la région arabe. Ces dirigeants aveuglés par l’égoïsme et le manque de considération politique, anesthésiés par  l’inertie et l’absence de vigueur, privés de la vision stratégique des intérêts de la nation musulmane ne pouvaient exercer le pouvoir ni entraîner leurs peuples à combattre.

Dans la région arabe et du temps des Croisades les principales forces politiques et institutionnelles dans la région (le califat sunnite abbasside de Bagdad et le califat chiite fatimide du Caire)  se contestaient  le pouvoir et l’existence tout en  participant  à la manifestation de la faiblesse politique et sociale et de la vulnérabilité militaire dans le monde arabe. Dans cette bipolarité belliqueuse coexistaient dans la région de l’Orient musulman une mosaïque de principautés naines qui participaient à l’émiettement de l’ensemble et à la dispersion des énergies. Tout était facteur de division : les doctrines confessionnelles, les appartenances ethniques ou tribales, les intérêts matériels…

Du point de vue sociologique et historique c’est la fragmentation politique des musulmans qui est la cause de la victoire des  Croisés pourtant moins nombreux, de plus faible niveau de civilisation et de la tactique militaire que les  Musulmans et les Arabes.

Du point de vue religieux et spirituel cette victoire des Croisés n’était ni le résultat de l’intervention du Seigneur ni des  saints chrétiens ni l’esprit de foi des  Croisés, comme le prétendent les historiens des Croisades, qui eux mêmes sont les idéologues de   l’Église catholique et les admirateurs des Croisades. La victoire sans force réelle militaire ou spirituelle des Croisés a coïncidé avec l’atomisation politique conjuguée à la faiblesse morale et spirituelle des musulmans véritable cause de la défaite et de la perte des arabes et des musulmans devant leur agresseur.
Le succès inattendu des Croisés et leur  création du « Royaume latin de Jérusalem  » et trois Émirats sur les terres arabes en Palestine et en Syrie a provoqué un traumatisme psychologique énorme sur les populations arabes qui se sentaient trahies et humiliées. Les populations arabes avaient d’abord considéré les Croisés, au début des Croisades, comme de vulgaires  mercenaires au service de l’Empire byzantin qui finiraient par partir un jour. Mais la prise de Jérusalem et les opérations colonialistes qui ont eu lieu à partir de 1099 et au-delà  leur ont faite comprendre que les Croisés sont venus à leur pays pour y demeurer toujours comme conquérants. Face à eux une nouvelle réalité politique, économique militaire et religieuse, s’est douloureusement imposée à eux comme fait accompli (5).

Il était dans la logique historique que la réaction des musulmans contre le colonialisme des Croisés se fasse voir assez tôt, dès sa prise de conscience. Ainsi au Nord les  Turcs Seldjoukides, le Nord ont commencé de de mener des attaques violentes sur les Croisés. La résistance turque a permis de capturer le gouverneur d’Antioche, le prince de Boimond , le comte  Baudouin  et Jocelyne tout en infligeant plusieurs lourdes défaites aux armées croisées.

Dans le sud, les Égyptiens ont lancé des attaques à partir de leur base à Ashkelon, en Palestine, et ont infligé de lourdes  défaites dans les années 1101, 1102, 1105, mais ils n’ont pas poursuivi l’effort de résistance après ces dates en raison de problèmes internes, (6), en l’an 548 AH / 1153 les Croisés parviennent à s’emparer de la forteresse d’Ashkelon, dernier bastion de la résistance égyptienne en  forteresses en Palestine contre les Croisades.

La faiblesse de l’Etat fatimide

Les Croisades coïncident avec la décadence de l’état fatimide qui avait atteint un état de vulnérabilité, qui avait déja attiré les principautés musulmanes voisines à convoiter son héritage. Il était déjà perçu comme « l’homme malade » endormi sur   sur les rives du Nil, dont ne restait de sa gloire d’antan que des souvenirs et une ombre que plus personne ne craint ni ne respecte.
Ainsi a commencé la compétition entre Mahmoud Nour al-Din (qui a succédé à son père, Imad Eddin Zinqui qui avait réussi à libérer Alraha en 1144) et Amaury Ier de Jérusalem premier roi croisé de Jérusalem (1163 – 1174) (7), nommé par les sources historiques arabes  « le gagnant » puisqu’il a pu instaurer son protectorat sur le Caire et l’Égypte privant Nour al-Din d’une assistance des arabes du Sud. En effet les états latins d’Orient  confrontés à une Syrie musulmane puissante et unifiée vont sous la direction d’Amaury  trouver soutien auprès de l’Égypte fatimide, tombé dans les derniers degrés de la décadence et en proie à des luttes de pouvoir. Dirgham fut l’homme clé d’Amaury.

La lutte de contrôle de l’Égypte dans l’échiquier des Croisades s’est cristallisé sur le poste et la personnalité du premier ministre (al wazir)  qui détient les véritables leviers de commande réelle du Caire(8). Il y eut en parallèle aux affrontements armées une lutte pour le contrôle du  pouvoir en Égypte entre les Croisés et la Syrie.  Le premier ministre  Shawir installé par Nur al-Din Mahmoud et Dirgham  l’homme clé d’Amaury se livrèrent à une véritable lutte à mort qui connut de spectaculaires et incessants renversements jusqu’à la morts des deux hommes. Après six épisodes de rapports de force changeant d’un camp à l’autre Shirkuh finit par s’imposer et imposer en Égypte l’allégeance à la Syrie.  Amaury attaque et remporte plusieurs succès sur Shirkuk, mais Nur ad-Din envahit à son tour les états latins en guise de diversion pour protéger son lieutenant, prend les places fortes d’Arim et de Paneas et capture Bohémond III d’Antioche à Harrim le 11 août 1164. Seule l’intervention des byzantins empêche les musulmans de prendre Antioche. Shirkuh fut nommé par la population arabe le « Lion », le grand émir des armées mais il mourut quelques semaines après ses succès militaires et politiques  le jour de l’an 22 Joumada II 564 AH / 1169.

A partir de ce moment là le sultan fatimide al Aâded resta fidèle au pacte avec la Syrie  et déterminé dans la lutte contre les Croisés. Il nomma à la place de Shirkuh décédé un jeune nommé  Salah al-Din, comme premier ministre sans tenir compte de l’opposition des princes,  des dignitaires et des courtisans du régime. Salah al-Din était l’étoile brillante dans le ciel arabe et de la politique arabe.

Stratégie de libération

Cette étude n’a pas pour but de présenter la biographie de Saladin, mais de montrer  sa politique et sa stratégie militaire dans la volonté de  libérer Jérusalem des Croisés (Al franj : les Francs). Saladin a commencé la consolidation de son pouvoir politique et de ses prérogatives de premier ministre  en Égypte, les yeux ouverts sur le front de lutte anti Croisés, au Caire, d’une part, et sur l’évolution  de Nur al-Din Mahmoud, à Damas,  dont il reconnaissait  la souveraineté et la  légitimité politique sur le monde arabe dans l’attente de l’apport que chacun pourrait faire envers l’autre pour la grande cause arabe : libérer Jérusalem.

A l’intérieur Saladin était confronté à un problème épinieux : l’armée. L’armée avait deux problèmes majeures qui rendaient l’Egypte instable et vulnérable. D’une part elle pratique depuis trop longtemps la culture du complot et des contre complots dans les luttes intestines du palais. D’autre part elle n’était pas loyale envers le Sultan fatimide, elle pouvait le trahir, le détrôner ou se ranger du côté de ses ennemis par culture du complot ou par absence de conscience nationale.

L’occasion pour la destruction de l’armée fatimide que cherchait  à Salah al-Din s’est présenté d’elle même. Dans le palais du sultan fatimide un eunuque a fait circuler une pétition inspirée par les Croisés dans laquelle il se réclame comme « l’essence et la légitimité du pouvoir sur le palais ». L’enquête menée par Salah Eddine a prouvé la collaboration avec l’ennemi et l’implication de certains chefs militaires dans un complot visant à le renverser. Salah Eddine a fait exécuter les comploteurs pour le motif de conspiration avec les Croisés à envahir l’Égypte et à éliminer Salah Eddine . Dans la foulée les proches de Salah Eddine ont maitrisé le corps de l’infanterie constitué par les  soldats soudanais dans l’armée fatimide armée. Ce fut un  terrible massacre qui a duré  deux journées entièrement dans le nettoyage de l’armée (11).

Cet incident donna à Salah Eddine une légitimité populaire et un plus grand pouvoir politique et militaire au détriment non seulement des dignitaires mais au détriment du sultan lui même. Salah Eddine eut la maîtrise totale sur les affaires intérieures lorsqu’il fut nommé  « Baha’eddin Qracoc Asadi superviseur des affaires de la gouvernance du royaume  »  au lieu de l’ancien titre   » chargé de confiance du Khalife ». Il s’attela à reconstruire les fondations de la nouvelle armée qui remplaça de droit et de fait l’armée fatimide traditionnelle. Sa relation à Nour Eddine en Syrie  est demeurée au point mort entre le doute et la certitude.

L’attention de Salah Eddine était au fait des risques posés par la présence des Croisés dans la région arabe, dans le processus d’alliance militaire conjoint mené par les croisés du roi  « Amuri premier » avec les dirigeants de l’empereur byzantin « Comninos Manuel » (1143 – 1180). Son attention fut aiguisée en l’an 565 AH / 1169  lors du lancement de l’attaque de la marine de la coalition franco byzantine contre  Damiette, qui était  le principal port égyptien sur la mer Méditerranée.

Au mois de Safar de l’année 565 AH / 1169 , la coalition franco byzantine assiégea,  Damiette avec une flotte militaire de  deux cents navires. Le siège fut levé après cinquante jours sans donner des résultats positifs pour les Croisés. La  résistance  de la ville non seulement fut héroïque et violente mais elle a  révélé l’hostilité sous-jacente entre les Byzantins et les Francs. En levant le siège les Francs ont sabordé leurs navires de matériels et ont laissé la flotte byzantine subir de lourdes pertes en hommes et en navires avant qu’ils ne se retirent pour revenir à leur (12).
La débâcle de la coalition franco byzantine a augmenté le prestige et le pouvoir de Salah Eddine. Cette bataille défensive victorieuse  marquait  un bon début pour une série d’actes politiques et militaires prises par  Salah Eddine pour former une stratégie globale et assidue pour la libération de Jérusalem …

L’année suivante, 566 AH / 1170 Salah Eddine lance sa première et véritable offensive contre les Croisés. Il libère et  récupère Gaza. Il attaque et provoque des dégâts dans les rangs ennemis à  Ashkelon. Au début du printemps de la même année il attaqua les Croisé dans la mer Rouge au Port de l’actuelle Aqaba. Il faut savoir qu’il transporta sa flotte en pièces détachées et à dos de chameaux pour les remonter avant la marée haute et ainsi interdire à la flotte des Croisés l’accès  à la mer rouge (13).

Ainsi, Salah Eddine pris le contrôle du commerce maritime des produits précieux en provenance de l’océan Indien et s’assura la sécurité militaire dans la mer Rouge.
La stratégie de Salah Eddine pour libérer Jérusalem commençait à prendre forme dans ses aspects politiques, militaires et économiques. Toutes ses actions étaient concertées, progressives et à visée globale.

L’influence politique de Salah Eddine


Au Caire, Salah Eddine a commencé par renforcer son influence politique puis il a usé de son pouvoir politique pour prendre les mesures nécessaires pour prendre le contrôole de l’armée, de l’épurer et de la moderniser. Toutes ces mesures politiques et militaires l’ont amené à détruire le système économique féodal des castes du régime fatimide en Égypte. Sur le plan géo stratégique il a remplacé dans les postes névralgiques de l’état les seigneurs de  guerre et les féodaux de l’Egypte fatimide par  par les princes qui sont venus avec lui de Syrie.
Toutefois, Salah Eddine  ne s’est pas empressé de mettre fin ou d’annoncer la fin du régime fatimide. Il a attendu patiemment le temps le plus propice. ce moment est arrivé, le premier vendredi du mois de Muharram de l’année 567 AH / 1171, le jour de l’agonie du dernier Khalife fatimide. Il a ordonné que l’oraison et le sermon du vendredi ne mentionnent plus le nom du Calife fâtimide, qui était alors malade et cloué au lit, mais le nom du Calife `abbâside. Cela signifiait en fait la chute de la dynastie fâtimide et l’avènement d’une nouvelle ère.  La prise du pouvoir était symbolique. Le Calife fatimide décéda onze jours plus tard (14).

Ainsi, l’arène nationale est entièrement libre devant Salah Eddine. La relation tendue et le conflit latent avec Nour Eddine  Mahmoud émergent à la surface. Mais sa priorité était la politique des complots et des troubles fomentés par le roi des Croisés, Amaury qu’il lui fallait traiter avec prudence car le monde musulman n’était pas encore suffisamment fort et unifié pour mener une guerre de front contre les Croisés. Amaury avec l’age et la maladie restait attiré   par le mirage de l’Égypte, mais cette fois, il préférait ne pas suivre la voie de la guerre, mais celle de la division des arabes, de la gestion des crises entre musulmans. Maître en intrigues il a comploté avec le « Sultanat du Yémen» et les vestiges des forces fidèles aux Fatimides en Egypte pour  affaiblir Salah Eddine au Caire. Toutes les intrigues des Croisés  n’ont pas réussi a entamé la stratégie patiente et victorieuse de Salah Eddine.

Salah Eddine victorieux contre les comploteurs du Yémen qui furent crucifiés avec leur chef devint une hantise pour Amoury qui resta pétrifié devant les défaites de ses alliés, de ses comploteurs et de la flotte qu’il a financé et équipé  pour soutenir le complot du Yémen et la diversion à Alexandrie contre Saladin (15). La popularité et le pouvoir de Salah Eddine ne faisait que s’accroître.
La mort de Nur al-Din Mahmoud, le 11 Chaoual, l’année 569 AH / 15 Mai 1174 fut la réponse du destin comme  solution au problème de la relation critique entre les deux hommes. Le destin se manifesta encore dans le décès du roi des Croisés Amoury. SSalah Eddine venait d’être débarrassé en même temps  d’un adversaire politique redoutable et d’un ennemi militaire plus inquiétant.
Salah Eddine se trouvait par le choix du destin face à l’héritier « Amoury » un garçon de dix ans d’âge et atteint de la lèpre, Baudouin, et de l’autre côté, face à l’héritier de Nour Eddine Mahmoud un autre enfant, Ismail, incapable de gouverner. Il ne pouvait y avoir une opportunité plus favorables pour  conduire Salah Eddine  sur la voie de la réalisation de son objectif: Jérusalem.
La dégradation des différends politiques au sein de l’entité des Croisades ne pouvait  être ni atténuée ni éliminée par le recours à  une alliance au sein du monde musulman, forte et capable de donner un souffle nouveau aux Croisés contre Salah Eddine. Les facteurs de division sont encore présents mais à ce moment précis des croisades il n’y avait pas un contemporain arabe ou musulman des croisades capables par sa force militaire ou par sa représentativité politique et populaire à être un allié crédible contre Salah Eddine. L’Europe divisée et épuisée ne pouvait plus continuer  d’envoyer l’aide nécessaire aux Croisés francs.

Dans ces conditions il ne restait à Salah Eddine  que  prouver qu’il est l’homme de cette étape, et de tirer profit du  vent favorable pour mener un Jihad de grande envergure contre les Croisés à la fois comme objectif de libération de Jérusalem et comme voie  de reconstruction de l’unité et de la puissance de l’état musulman  disloqué et affaibli.
Alors que les princes qui se sont emparés des pays musulmans sont encore plongés dans dans les litiges autour d’intérêts mesquins et de préoccupations minables tout en luttant entre eux sur qui pourrait gagner la faveur d’être le tuteur du petit Prince Ismail Saleh bin Nur al-Din Mahmoud (16), Salah Eddine  n’est pas rentré dans leur jeu. Il a agit avec une  remarquable intelligence; En l’an 570 AH / 1174, est venu à Hama (qui a été  jointe à son État depuis une courte période) pour accueillir des émissaires du calife abbasside accompagné d’une délégation honorifique portant drapeaux noirs (l’emblème de la dynastie abbasside), lui présentant la lettre signée par le Calife, le nommant  Sultan de l’Égypte, sultan  de la Syrie ainsi que des autres sultanats (17).

De la libération et de la reconstruction

Son habileté politique et son intelligence de manœuvre l’ont placé de fait et de droit comme légitime souverain  alors que les comploteurs se sont trouvés faisant figure de violeurs de la  loi. La libération de Jérusalem passait par l’unité politique et l’unité de commandement militaire et pour cela Salah Eddine  a axé sa stratégie à réaliser la première partie de son projet : l’unification du monde arabe en récupérant sous son commandement politique et militaire Damas, Homs et Hama. Ce projet réalisé il s’est empressé de se rendre à Alep qui demande l’aide de  « Raymond  III, » le gouverneur de Tripoli. Il a barré la route aux troupe des Croisés leur faisant marche retour après les avoir ventilé aux quatre coins de la terre par le Jihad (18). Et l’année suivante 571 AH / 1176, Salah al-Din est retourné pour imposer un embargo sur  Alep, sans résultat.

Dans le camp des Croisés rien ne semble arrêter la détérioration continue des conditions morales et des divergences politiques. Il n’a y avait  aucun espoir que les problèmes internes des   Croisés puisse trouver solution par la tutelle de Raymond III  comte de Tripoli sur le trône occupé par un roi malade. La tutelle du roi malade ou  l’intronisation d’un nouveau roi ne trouvaient ni consensus ni compromis au sein des Croisés. A ces problèmes de règne s’ajoutait le problème des colons croisés en terres arabes qui ne trouvaient plus écho ou préoccupation prioritaire en Europe confrontée à d’autres problèmes internes.

L’aide aux  Coalisées ne pouvait pas venir des byzantins car L’empereur byzantin, Manuel Comninos se trouve lui-même en position de faiblesse devant l’empire « Turcs Seldjoukide. Il est dans l’incapacité de négocier ou de manœuvrer face au sultan seldjoukid  Arslan II, qui lui infligea une  catastrophique défaite à la bataille de Myriocephalon en 1176, après avoir brisé les lignes défensives de l’armée byzantine, cette armée construite par la famille impériale  » Comninos »  sur plusieurs générations (19).

Salah Eddine a construit un service de renseignement efficace et compétent. Il connaissait le niveau de crise morale, politique et militaire des Coalisés. Sur les renseignements de ses agents il a lancé une attaque sur les Croisés dans la région du Sahel dans les territoires palestiniens au moins de Jamadi premier l’an 573 AH / 1177, et fut la seule fois que  Salah Eddine pécha par excès de confiance en soi et par un relâchement de l’armée dont  les troupes ont été autorisés à être moins en deçà des  des règles établies par Salah Eddine. Le résultat ne se fit pas attendre : son armée connut la pire et la plus lourde défaite de son histoire. Mais globalement cette défaite n’est pas déterminante pour changer le rapport des forces militaires et l’équilibre des pouvoirs politiques  dans la région qui devenaient de plus en plus en  sa faveur(20).

Salah Eddine ,  a passé les années suivantes au sein de l’armée qui menaient des  escarmouches mineures dans les  batailles contre les Croisés et  contre les princes Alzenkyines concurrents dans l’orient arabe, à la fois en Syrie et en Irak. Il a ouvert deux fronts de luttes en même temps mais sa stratégie n’a pas changé : il avait deux axes de combat : l’un sur la consolidation du front arabe et l’autre sur la préparation  à la guerre décisive contre les Franques. Ces deux axes sont indissociables, ils concourent ensemble à la libération de Jérusalem.
En l’an 578 AH / 1182, Salah Eddine à la tête de son armée est sortie d’Égypte allant vers la Syrie, l’Égypte ne pouvant plus être  menacée par les Croisés. Les années suivantes ont été cruciales dans la préparation de la lutte contre les Croisés. Salah Eddine a consacré son temps a organiser la résistance contre l’occupant, à mener des batailles contre ses postes et à lutter sur le font intérieur à unifier le rang des musulmans sous une seule bannière loin des convoitises des princes et des opportunistes.

Dans le camp des Croisés, les conditions vont de mal en pire, la peste fait rage, les divergences politiques s’accentuent, l’incapacité de la chrétienté à trouver une solution à l’enlisement au moyen orient et la disparition de l’allié stratégique des croisés le roi byzantin Manuel Comninos mort en Septembre 1180. L’empire byzantin a perdu de sa force et de son influence au moyen-orient (21).

la guerre psychologique

Salah Eddine a su tirer profit des circonstances pour se faire conduire vers son objectif stratégique. Contre les Croisés il a utilisé cet étonnant mélange de diplomatie, de  propagande, de guerre psychologique et de confrontation militaires en transformant en sa faveur le rapport de forces. C’est la même stratégie  qu’il va utiliser  contre Ses rivaux arabes les princes Alzenkyines.
Il conclue avec les Croisés une  trêve en l’an 1180. Mais la faiblesse du roi Baldouin IV à cause de sa maladie et à cause de la convoitise et du bellicisme du prince de Kerak Reynald de  Chatillon qui ne comprenait pas l’avantage réciproque de la trêve allaient pousser les événements à leur paroxysme ultime (22). L’année 578 AH / 1182, fut l’année de l’affrontement décisif dans l’histoire de l’Islam face aux Croisades.

A ce moment précis de l’histoire, l’État de Salah Eddine  comprend presque l’ensemble de la Syrie, de l’ Égypte et de l’ Irak, à l’exception des provinces d’Alep et de Mossoul. Pour Salah Eddine inclure ces deux sultanats dans l’État unifié était une priorité avant de livrer la bataille décisive pour ne pas prêter flanc à des coalitions comme par le passé. Cependant, ses tentatives pour saisir par la force Alep n’ont pas abouti (23).

Dans le même temps, Reynald de chatillon a lancé une attaque contre la ville portuaire Ayila l’automne de cette même année,  ensuite il a brûlé plusieurs navires des opérateurs musulmans dans la mer Rouge, et a envoyé  de nombreuses troupes croisées qui commençaient à s’approcher de la ville sainte  Medina. La flotte militaire égyptienne mit fin à l’expédition des Croisés et libéra les soldats musulmans et leurs familles mis en esclavage par les troupes croisées qui   avait débarqué sur la terre du Hijaz. Le Prince Hassam Eddine loulou (la perle de l’islam) qui commandait la flotte égyptienne, exécuta deux croisés sur le port libéré et le reste des prisonniers fut exécuté à leur retour au Caire (24).

Cette rupture de la trêve par Chatillon et la colère des masses musulmanes devant la tentative d’expédition contre les lieux saints et la victoire remportée par la flotte égyptienne donna à Salah Eddine al Ayoubi davantage de conviction pour unifier les rangs des musulmans et restaurer l’unité territoriale et politique de la nation musulmane. Le double danger des Croisés et de la division des musulmans s’est encore accentuée même s’il  n’a jamais quitté l’esprit de Saladin alors qu’il n’était qu’un simple soldat dans l’infanterie de Shirkuh en Egypte (25 ).
De l’avis du professeur David Jackson, le sultan Salah Eddine  faisait preuve d’une grande intelligence sur le plan de l’analyse et de la pratique politique,  de l’ingéniosité dans la gestion des affaires de l’État, et  dans l’art raffiné de la préparation du terrain politique et des mesures  diplomatiques avant de prendre toute action militaire (26).
En tout état de cause, l’année 579 AH / 1184 les eforts de Salah Eddine furent sanctionnés par l’allégeance de la province d’Alep dans le cadre de la Convention sur la paix. Le renforcement politique du Sultan Salah Eddine est tel que l’historien Stephen Ransiman déclare qu’au cours des deux  siècles précédents, l’histoire de la région n’a jamais  vu un état arabe aussi fort et unifié comme celui de  Saladin (27).

Cette année, il déploya des troupes de Damas vers la forteresse  imprenable de Karak fief de Chatillon le haineux. Il assiège le fort sans pouvoir s’en emparer(28). On pense que Salah Eddine  avait voulu par cette sortie provoquer juste quelques escarmouches pour montrer sa puissance militaire à des fins politiques et de propagande dans le contexte de la guerre psychologique qu’il avait décidé depuis longtemps dans sa campagne de déstabilisation des Croisés dans l’attente de l’opportunité de mener la bataille décisive pour libérer Jérusalem.
Dans la stratégie de Salah Eddine il n’est pas envisageable de mener une  guerre totale contre les Croisés tant que l’émirat de Mossoul continuait de  constituer une menace pour lui. Il avait la conviction  que l’unité des forces politiques et militaires dans la région arabe est nécessaire, elle est la condition essentielle pour garantir la victoire en cas de guerre totale contre les Croisés. Il savait aussi par son longue expérience de combat et de gestion des affaires de la région que les forces des croisés allaient vers l’affaiblissement et qu’il fallait les harceler sans répit pour accélérer leur affaiblissement et donner à ses troupes plus d’expériences militaires avant l’heure H. Son intelligence était de rester lucide et de construire la victoire d’une manière décisive et pour cala il fallait ne pas perdre l’objectif final, la libération de Jérusalem , et les objectifs intermédiaires,  accroître la vulnérabilité des croisés d’une part et parvenir à l’unité arabe politique, militaire d’autre part, avant la confrontation finale.

le siège de Kerak

Salah Eddine  connaissant le caractère belliqueux et irrespectueux des traités et conventions de Chatillon et l’importance  de la forteresse de Kerak dans le dispositif militaire, économique et commercial concentra ses efforts au harcèlement de Kerak. Il assurait ainsi la sécurité des convois routiers entre l’Égypte et la Syrie et fissurait la défense de son ennemi par l’usure.
En l’an 579 AH / 1183, le Sultan Salah Eddine recevant des renforts d’Égypte est passé du siège  à l’assaut de Kerak la soumettant sous un déluge de tirs de catapultes et de flèches. Les armées musulmanes ont  fait battre en retraite à l’intérieur de la forteresse le prince de Chatillon et son armée  sortis à la rencontre des troupes de Salah Eddine.  Chatillon n’a sauvé sa vie que dans la fuite abandonnant une partie de ses troupes à leur sort.

L’assaut final a été retardé à cause de la célébration du mariage de deux princes. La mère de la princesse a demandé à Salah Eddine de ne pas gâcher leurs fêtes et lui a envoyé des mets et des gâteaux. Il agréa la demande la mère et tint promesse de ne pas bombarder la tour où se déroulait la cérémonie montrant une fois de plus son esprit chevaleresque et son humanité. Il a donc maintenu le siège qu’il a été contraint de lever pour aller à la rencontre des renforts des  croisés venant de Palestine. Il mit en déroute les armées croisées à Naplouse et Jénine, libérant déjà une partie des territoires palestiniens (29) … Il est ensuite retourné à Damas. Si nous avons décidé de  parler de cet aspect militaire en dépit de l’absence de victoires significatives, c’est dans le but de clarifier l’intérêt de Salah Eddine  des questions tactiques et stratégiques qui pourraient affecter la réalisation de ses objectifs suprêmes. Dans ces objectifs la  forteresse de Karak est une grave menace qu’il faut contenir et en même temps il faut sécuriser le transport des  convois commerciaux et des forces militaires entre l’Egypte et la Syrie.

La conjugaison du politique, du militaire et de l’économique dans une vision stratégique claire et une prise d’initiative toujours en avance sur l’ennemi apporte ses fruits et donne à Salah Eddine  davantage de force politique : Baldouin IV » le roi croisé de Jérusalem, en 1185,  contraint les Croisés à la signature  d’un traité de paix avec Saladin pour un mandat de quatre ans. Ce temps était suffisant pour Salah Eddine de parachever l’oeuve d’unification des Arabes. Il avait donc le temps et la liberté d’action militaire et de  manœuvre politique contre l’émirat de Mossoul. Le gouverneur de Mossoul  a répondu, sous la  pression sans relâche de Salah Eddine, de signer tenir un traité reconnaissant l’extension du pouvoir du Sultan Salah Eddine sur la province de Mossoul.

L’interprétation de ce traité sur le plan militaire s’est soldé par l’accroissement de la force militaire de Salah Eddine  de  six mille cavaliers de l’émirat de Mossoul. Pour l’époque c’était une  force militaire conséquente (30). Au niveau stratégique le rapport des forces  a résolument changé en faveur des musulmans qui venaient enfin de réaliser la cohésion sociale et l’unité politique et militaire. Salah Eddine venait de réaliser une partie de son rêve et concrétiser un  objectif principal: la réalisation de l’unité politique et militaire.
Ensuite est venu l’an 581 AH / 1185 le point culminant du génie stratégique de Salah Eddine  qui a  utilisé avec art et efficacité la combinaison de la force militaire, de la manoeuvre politique, de la guerre psychologique, et de la bonne planification de tous ses plans et de ses  mouvements contre l’ennemi.

Il n’est pas inutile de souligner quelques faits marquants. Il a été le Sultan qui a reconstruit  la flotte égyptienne faisant d’elle une marine militaire crainte   dans la mer Rouge et la Méditerranée. Il a mené une action diplomatique isolant les Croisés et les empêchant de construire des alliances tant avec les arabes qu’avec les européens. Ainsi il a  persuadé les villes italiennes de tirer profit économique en faisant un transfert direct de leur centres  commerciaux sur le sol égyptien en leur garantissant la  paix et la sécurité. Il a ouvert une passerelle diplomatique avec l’empire byzantin qui a permis la signature d’un accord avec l’empereur byzantin « Ondronicos » le libérant des intentions de l’Europe de l’Ouest  dont la culture des Croisades  jetaient le doute, la méfiance  et la suspicion sur toute relation avec le monde arabe et musulman (31).

Les signes de la guerre

L’année 582 AH / 1186 annonce les  signes de la guerre et les signes de la défaite des croisés: les Croisés se sont divisés divisés en deux groupes après la mort de leur roi  Baudouin IV « , et son successeur», Baudouin V  » un enfant sous tutelle, qui décédera  l’été de la même année.

Intelligente et capable de manœuvre, Izabela la  fille du roi Amauri I est arrivée à surmonter les rivalités au sein des Croisés pour imposer son époux Guy de Lusignan  roi du royaume des Croisés de Jérusalem.  Le premier camp des croisés s’articulait autour de la reine, Isabelle, de son mari, qui était un modèle dans le genre de  combiner  la beauté des traits physique et la laideur du comportement moral et des  faucons pour qui   la guerre et la violence sont les seules méthodes à avoir envers avec les musulmans. Le second camp des croisés représentait  été un certain nombre de princes dont Raymond III  Comte de Tripoli, qui étaient d’avis qu’il vaut mieux chercher l’apaisement avec  les musulmans, tant que les conditions ne permettent pas de combats décisifs en leur faveur(32).

Voila en gros le panorama politique dans la région arabe à l’approche de la libération de Jérusalem et s’inscrivant dans une lutte longue et acharnée entre les deux parties du conflit. C’est dans cette configuration politique et militaire que Renaud de Chatillon entre de nouveau en scène pour remettre en cause le traité de paix entre Salah Eddine et les Croisés dans des conditions défavorables aux coalisés dont une partie des troupes souffraient de maladies, de faim et de nostalgie. Agissant de concert avec les faucons Renaud de Chatillon a quitté la forteresse de Kerak pour attaiquer, en violation des accord signés, des convois commerciaux musulmans, assassinant les uns et faisant captifs les autres. Il a donné l’occasion à Salah Eddine d’ouvrir de nouveau les hostilités militaires contre les Croisés.

De l’avis de l’historien allemand Hans Meyer « Salahaddin »   ne pouvait pas se taire sur les menaces de Chatillon sur la sécurité de  la route commerciale entre l’Égypte et l’Orient et du traffic maritime  de la mer Rouge et de l’Océan Indien (33). A  mon avis, cette attaque était attendue par Salah Eddine et elle lui a donné  prétexte de se délier de son pacte et de lancer une guerre décisive contre les Croisés maintenant qu’il a unifié le monde arabe et achevé la préparation des plans stratégiques de la guerre.

Les Croisés furent  embarrassés  par les nouvelles alarmantes qui leur annoncent les préparatifs militaires des musulmans en vue de les attaquer. Ils étaient dans un désaroi tel qu’ils ont failli aller au dela du clivage politique  à la guerre civilele (34). Finalement le sentiment général du dnger imminent mit fin aux divergences et souda les Coalisés en un bloc uni pour faire face aux musulmans avec vigueur et détermination. Près de la ville de Nazareth en Palestine les Franques parviennent à lever la plus grande armée de l’histoire des Croisades. Ils ont mobilisé sur pied de guerre environ  dix-huit mille soldats d’infanterie et de cavalerie dont mille deux cent équipés d’armement lourds et quatre mille chevaliers, et cette avec son nombre et son équipement est pour l’époque quelque chose de colossale.

La force de l’armée franque ne pouvait cacher l’état psychologique de ses soldats ramassés à travers toutes les colonies sous leur domination : la panique et le manque de préparation.
Les forces du Sultan, Nasser Salah Eddine al Ayoubi étaient constituées de trois corps d’armée, un corps syrien dont il était lui-même le commandant en chef, le corps des forces égyptiennes et le corps des forces  irakiennes. Les corps d’armées égyptiennes et irakiennes étaient réparties en brigades chacune sous le commandement des princes venus d’Égypte et  d’Irak et sous le commandement des propres frères et des propres fils de Salah Eddine.

Nous devons avouer qu’il n’existe aucune statistique pour évaluer le nombre et l’équipement des forces musulmanes. A mon avis le nombre devrait presque le même que celui des Croisés. La différence résidait dans la motivation au combat, la stratégie de combat et dans les armes et les équipements.

Au  mois d’ Octobre 1187 (27 Rajab en 538 AH), Salah Eddine libère Jérusalem.

 

Qassem Abdou Qassem

Traduction : Omar Mazri

A suivre …/… partie 2/2


 

bibliographie :

D.C. Munro ،  » The Speech of Pope Urban II at Clermon »، American Historical Review «  »، XI (1906)،pp. 231-242 ; H. Hagenmayer ، « Chronologie de la Premiere Croisade 1094-1100″،Revue de l،Orient Latin ، Paris 1893- Bruxelles 1962، VI، p.225>                          أنظر أيضا: قاسم عبده قاسم، ماهية الحروب الصليبية: الإيديولوجيا، الدوافع، النتائج، (دار عين للدراسات والبحوث الإنسانية والاجتماعية – القاهرة 2004م) ،ص103 –ص108.

(2) Fulcher de Chartres ، Historia Hierosolymitana- A History of the Expedition to Jerusalem ،1095-1122 (transl. by Francis Rita Rian. Xnoville 1969) ،pp. 62-69. انظر الترجمة العربية لروايات كل من: فوشيه الشارتري والمؤرخ المجهول وروبير الراهب وجيوبرت النوجنتي وبلدريك الدوللي عن خطبة البابا أوربان الثاني في: قاسم عبده قاسم، الحملة الصليبية الأولى – نصوص ووثائق تاريخية (دار عين للدراسات والبحوث الإنسانية والاجتماعية ، 2001م) ،ص73-ص89.

(3) (3)Fulcher de Chaetres،pp.45-128;William of Tyre ،A History of the Deeds done beyond the Sea،(transl. by Emily Atwater Babcock & A.C. Krey،Colombia University Press،1943) vol. I،pp.379- 385.

انظر أيضا: ابن القلانسي، ذيل تاريخ دمشق (نشره أمدروز، بيروت 1908م )، ص136-ص137؛ ابن الأثير، الكامل في التاريخ، (الطبعة الثانية – دار الكتاب العربي، بيروت 1967م ) ج8، ص189- ص190.

(4) ابن شداد، النوادر السلطانية والمحاسن اليوسفية (تحقيق جمال الدين الشيال 1964م) ص235- ص237؛ العماد الأصفهاني، الفتح القسي في الفتح القدسي، (تحقيق محمد محمود صبح، طبعة الهيئة العامة لقصور الثقافة 2003م ) ص116- ص129؛
أبو شامة، كتاب الروضتين في أخبار الدولتين (طبعة دار الجيل – بيروت)، ج.2، ص28- ص47؛ ديفيد جاكسون، « صلاح الدين: حطين والاستيلاء على القدس – وجهة نظر » في: 800 عام –حطين والعمل العربي المشترك (دار الشروق 1989م)، ص86- 87.

Mayer ، H. E.، The Crusades(Oxford University Press 1972)، pp.131-2.

(5) ابن القلانسي، ذيل تاريخ دمشق، ص143- ص163؛ ابن الأثير، الكامل في التاريخ، ج8 ،ص235-ص260؛ انظر أيضا: Mayer،The Crusades ،pp.74-75

حيث نجد بيانا بالحدود التي وصلت إليها المستعمرات الصليبية.

(6) ابن القلانسي، ذيل تاريخ دمشق، ص321- ص322؛ المقريزي، اتعاظ الحنفا بأخبار الأئمة الفاطميين الخلفا (تحقيق محمد حلمي أحمد، وزارة الثقافة المصرية 1999م)،ج2، ص296-ص306؛ ابن الأثير، الكامل في التاريخ ،ج9، ص42؛ William of Tyre ، op. cit.vol. II،pp.220-234

(7) arshal W. BaMldwin ، « The Latin States uder Baldwin III &Amalric I،1143-1174 » in Setton (ed.)، A History of the Crusades،(The University of Wisconsin Press 1969)،vol. I، pp.536-38.

(8) المقريزي، اتعاظ الحنفا، ج3، ص358-ص364؛ ابن الأثير، الكامل، ج9، ص81؛ أبو شامة، الروضتين، ج1،ص329-ص331؛ ابن شداد، النوادر السلطانية ،ص36William of Tyre ،op. cit.vol.II،pp.302-303.

(9) قاسم عبده قاسم، في تاريخ الأيوبيين والمماليك (دار عين للدراسات والبحوث الإنسانية والاجتماعية 2007م )، ص18-ص27.

(10) أبو شامة، الروضتين ج1، ص405؛ المقريزي، اتعاظ الحنفا، ج3 ،304.

(11) أبو شامة، المصدر السبق ،ج1،ص451-452؛ المقريزي، اتعاظ الحنفا ،ج3، ص313.

(12) ابن شداد، النوادر السلطانية ،ص33-ص34؛ أبو شامة، الروضتين، ج1، ص456- ص457 المقريزي، اتعاظ الحنفا، ج3، ص315؛ ابن الأثير، الكامل، ج9، ص105- ص106

William of Tyre، op. cit. ،vol.I، pp.363-368;Baldwin ، op. cit. vol.I،pp.563- 568،565-566; Mayer، op. cit.p.124.

(13) أبو شامة، الروضتين، ج1، ص486؛ المقريزي، اتعاظ الحنفا، ج3، ص320؛

Mayer، op. cit. ، pp.124.

(14) المقريزي، اتعاظ الحنفا، ج3، ص321-ص327؛ وقد ذكر المقريزي أن الخطبة كانت في يوم الجمعة سابع شهر المحرم سنة 567 هجرية، وهو خطأ؛ لأن الجمعة الثانية في الشهر لا يمكن أن تكون في اليوم السابع من الشهر؛ وإنما تكون في اليوم الثامن أو بعده؛ أبو شامة، الروضتين، ج1،ص493- ص518 .

(15) أبو شامة، الروضتين، ج1، ص518- ص567؛ ابن واصل، مفرج الكروب في أخبار بني أيوب (تحقيق حسنين ربيع، دار الكتب المصرية 1972-1977م)، ج1، ص152وما بعدها؛ Mayer، op. cit. pp.124-125

(16) ابن شداد، النوادر السلطانية، ص49.

(17) المقريزي، السلوك لمعرفة دول الملوك، (تحقيق محمد مصطفى زيادة، طبعة دار الكتب المصرية سنة 2007م)، ج1، ص59-ص60.

(18) أبو شامة، الروضتين، ج1 ، ص602-ص603؛ ابن الأثير، الكامل ،ج11، ص165-ص166؛ المقريزي، السلوك، ج1، ص57-58.

(19) يقارن المؤرخون بين هذه الهزيمة الكارثية والهزيمة التي كان الأتراك السلاجقة قد أوقعوها بالبيزنطيين تحت حكم الإمبراطور « رومانوس ديوجينيس » في مانزكرت (ملاذكرد) سنة 1071م. انظر:

Steven Runciman ، A History of the Crusades، (Harper & Torchbooks ، New York 1955 ) vol.، pp.407- II 408

(20) أبو شامة، الروضتين، ج1، ص699-ص703؛ ابن شداد، النوادر السلطانية، ص42-ص43؛ المقريزي، السلوك ،ج1،ص64؛

Runciman ،op. cit.، vol.II، pp. 416-418.

(21) Ibid ، vol.II، pp.426-420.

(22) المقريزي، السلوك ،ج1، ص72.

(23) نفسه ،ج1، ص74-ص75.

(24) ابن واصل، مفرج الكروب ،ج2، ص137؛ المقريزي، السلوك ،ج1، ص78- ص79؛

Mayer ،op. cit. ، pp.131- ff. ; Runciman ،op. cit.، vol.II، pp.436-437.

(25) ديفيد جاكسون، « معركة حطين »، ص67-ص91.

(26) نفسه ،ص91.

(27) Runciman ،op.cit. ، vol.II،p.435.

(28) Hamilton Gibb،  » The Rise of Saladin  » ،in Setton (ed.) ، A History of the Crusades، vol. I، pp.380-381.

انظر أيضا: المقريزي، السلوك، ج1، ص81-ص82.

(29) المقريزي ، السلوك ،ج1، ص83- ص84؛

Runciman ،op. cit. ، vol. II ، pp. 440- 445.

(30) المقريزي، السلوك، ج1، ص89- ص90

Mayer، op. cit. ، p. 126 ; Runciman ، op. cit. ، vol. II ، pp. 444 – 445.

(31) Mayer ، op. cit. pp. 127- 130.

(32) Mayer ، op. cit. ، p. 130 ; Runciman ، vol.II ، pp. 447- 449 ;

جمال الدين الشيال، تاريخ مصر الإسلامية، ج2: العصران الأيوبي والمملوكي، ص63- ص64، وقد أشار المقريزي (السلوك، ج1 ، ص92) إلى هذه الحقيقة بقوله: « … ووقع الخلف بين الفرنج بطرابلس، فالتجأ القومص إلى السلطان، وصار يناصحه….) وهو يقصد بالقمص الكونت ريمون الثالث السانجيلي أمير طرابلس الصليبي.

(33) Mayer، op. cit. p131.

(34) Runciman < op. cit. vol. II ، pp451- 452.

(35) ر. سى. سميل، الحروب الصليبية (ترجمة سامي هاشم، المؤسسة العربية للدراسات والنشر، بيروت 1982م ) ، ص69-83 ،ص95- ص124 حيث يتحدث عن الجيوش العربية والجيوش اللاتينية على التوالي.

 

Traduction : Omar Mazri

Al-Messiri : Occident, colonisation et sionisme

Etude du comportement humain et du sionisme

Al-Messeiri a eu le mérite d’instaurer un projet intellectuel d’envergure dont les productions se sont diversifiées entre ses célèbres recherches sur le sionisme, en passant par les recherches en sociologie et la critique littéraire pour finir avec les contes pour enfants.

Le projet de Abdel-Wahab Al-Messeiri consistait essentiellement à mettre sur le tapis une panoplie d’idées théoriques et méthodologiques pour interpréter les phénomènes sociaux, surtout celui du sionisme auquel il a porté un grand intérêt. Et c’est à travers cette étude qu’il a réussi à cristalliser ses théories et ses analyses.

Toutes les idées théoriques de Messeiri découlent d’une question traditionnelle dans le domaine des sciences sociales : peut-on comprendre le comportement humain en appliquant les mêmes méthodes utilisées dans la compréhension des phénomènes sociaux ? Mais la réponse de Messeiri est négative et ses arguments sont clairs. L’homme est la seule espèce qui pose des questions sur le pourquoi des choses et qui est toujours en quête de connaître la raison derrière son existence. Bref, c’est une créature qui a une mission à remplir, car elle constitue une partie inhérente à la nature, dans laquelle elle vit et interagit à plusieurs niveaux.

Pour rapprocher cette idée, le lecteur peut par exemple méditer sur l’idée maîtresse du grand linguiste Noam Chomsky sur ce qu’il appelle le miracle de la langue. Selon Chomsky, la langue est une qualité innée chez l’enfant. Le discours ordinaire repose sur la composition de relations logiques entre le lexique et l’accomplissement des opérations de dérivation que l’enfant effectue sans étudier la logique. En d’autres termes, l’esprit de l’enfant (c’est-à-dire ses facultés de compréhension qui ne sont pas concrètes mais qui peuvent effectuer ses opérations compliquées pour former des phrases compréhensibles) est donc plus complexe que son cerveau (du point de vue organique). Et donc, il est difficile de cantonner l’homme à son aspect biologique. Alors pour comprendre le comportement humain assez complexe, il faut trouver un modèle d’interprétation respectant l’indépendance relative de l’homme de sa nature biologique. Un modèle qui prendrait en compte les opérations complexes à travers lesquelles l’esprit humain emmagasine le flot d’informations qu’il reçoit sur son entourage et sur son vécu pour les réarranger par la suite conformément à leurs significations et leur importance. Le stade suivant est celui consistant à effectuer des opérations d’abstraction et de compilation afin d’apporter une certaine justification au phénomène faisant l’objet d’étude. Ces opérations sont appelées par Messeiri la création d’un modèle interprétatif du phénomène.

 

Comment Messeiri a-t-il appliqué cette position théorique sur la cause principale des Arabes qui est le conflit avec le sionisme ?

Il a commencé par réfuter le discours se rapportant aux droits et qui se limitait à se lamenter de l’injustice qui a été infligée aux Arabes ainsi que le discours contestataire qui considère que l’attaque menée contre le sionisme doit être impérativement justifiée. En revanche, Messeiri a présenté une analyse profonde sur le sionisme consistant à critiquer le fait qu’il s’est considéré comme une exception humaine de l’histoire. Le sionisme insiste à considérer les groupes juifs un peuple organique vivant en dehors de l’histoire. Selon la vision sioniste, ces groupes n’ont pas été influencés par les sociétés dans lesquelles ils ont vécu tout au long des siècles. Mais ils se sont enfermés sur eux-mêmes et ont préservé leurs caractéristiques, ont choisi leurs propres lexiques historiques et rêvent du retour à la « terre promise ». Pour Messeiri, la première étape pour comprendre le sionisme est de le situer dans son contexte historique en tant que phénomène colonialiste étranger que l’on ne peut comprendre que dans le contexte historique colonialiste de la fin du XIXe siècle.

Messeiri est resté fidèle à ce procédé rigoureux dans son analyse des différentes dimensions du phénomène sioniste. De même, lorsqu’il a abordé l’un de ces dossiers les plus épineux du XXe siècle, à savoir celui de l’holocauste. Contrairement aux tendances qui le considèrent comme un événement exceptionnel dans l’histoire humaine et qui est dirigé contre les juifs en tant que race, Messeiri a considéré cette problématique autrement en la reléguant à un niveau plus complexe. Sa vision avance que la problématique essentielle est de considérer l’holocauste comme un modèle intensifié d’une tendance d’extermination latente dans l’esprit colonialiste. Celle-ci voit le monde et les individus comme une simple matière destinée à la consommation et de laquelle il faut tirer la meilleure partie et s’en débarrasser le cas échéant. Il a essayé d’attirer l’attention sur les opérations d’extermination antécédentes et leur relation avec la configuration impérialiste occidentale. Et donc aux yeux de Messeiri, le tout est cantonné à une interprétation historique délicate et à un souci humain général qui touche toutes les victimes de la colonisation occidentale.

 

Messeiri était-il un apôtre du boycott ou de l’animosité envers l’Occident ?

La question importante qui s’impose est la suivante : Messeiri était-il un apôtre du boycott ou de l’animosité envers l’Occident ? La réponse peut être négative ou affirmative et cela dépend de ce que l’on entend par le mot « Occident ». Pour Messeiri, il faut distinguer entre deux niveaux en traitant avec le concept Occident. Un niveau figuratif qui le confinait à son image colonialiste hégémonique. L’autre niveau est historique, celui qui traite avec l’Occident en tant que réalité historique et géostratégique et qui considère « l’homme occidental » plus complexe que « le modèle d’hégémonie occidentale ». Messeiri a de tout temps été l’un des fervents opposants et un militant contre ce modèle.

En réalité, il est nécessaire de dissiper l’équivoque existant entre les deux niveaux pour comprendre la position de Messeiri vis-à-vis de l’Occident. Et donc, selon cet ordre d’idées, la dimension centrale est celle de la libération et non du racisme, et l’animosité émane du modèle d’hégémonie impérialiste. La position hostile s’élève essentiellement contre le modèle d’impérialisme occidental et non pas contre l’Occident en tant que tel. D’autant plus que nombreux sont les alliés de l’Occident qui s’érigent devant le modèle impérialiste d’hégémonie.

Le legs de Messeiri est un patrimoine scientifique précieux et créatif et une étude exhaustive du phénomène du sionisme ainsi que d’autres phénomènes scientifiques. C’est également une prise de position et une pensée libéraliste qui, tout en ayant critiqué le colonialisme occidental, s’est ouverte aux produits de la pensée humaine occidentale fut-elle ou orientale. Il nous a laissé également, en fin de compte, l’expérience humaine fertile d’un penseur soucieux de former et d’encourager un nombre énorme de disciples dans les diverses spécialisations de sa pensée encyclopédique. C’est à eux de sauvegarder son patrimoine et de le développer.

Yasser Elwi

http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2008/7/16/opin4.htm

Témoin, mémoire, culte et Jihad 1/2

{وَالسَّمَاءِ ذَاتِ الْبُرُوجِ وَالْيَوْمِ الْمَوْعُودِ وَشَاهِدٍ وَمَشْهُودٍ}

Le Chahed et Mashhoud (وَشَاهِدٍ وَمَشْهُودٍ ) évoquent le serment solennel de la sourate « Les Constellations (Al Bouroudj سورة البروج) qui vient dans une série de serments qu’Allah fait sur Ses Créations qui témoignent de Sa Présence, de Sa Grandeur, de Sa Sagesse, de Sa Science, de Sa compétence à créer, à existentialiser et à innover selon le Dessein qu’Il s’est fixé dans les Univers.

Nous avons les traductions suivantes parmi les plus « respectables » :

« Par le ciel aux constellations, et par le Jour promis, et par un témoin et ce dont on témoigne »
« Par le ciel orné de douze signes du zodiaque, par le Jour promis, par un témoin et par le témoignage »

Après celle de Jacque Berques dont le titre est titre : les chateaux :
« par le ciel et ses châteaux ; par le jour et la promesse ; par témoignant et témoigné »
Sur le plan littéral le Chahed est le témoignant celui qui témoigne alors que le Mashhoud est le témoigné celui contre qui qui on apporte le témoignage.

Pour l’instant laissons la complexité de la traduction, de sa sémantique et de son style et consacrons nous à décoder le sens de ce verset.
La mémoire, la mienne, revient et je me rappelle avoir lu et entendu des sermons, des prêches, des analyses sur la Sourate Al Bouroudj et sur ses Chahed et Mashhoud (وَشَاهِدٍ وَمَشْهُودٍ ). Faisant du Tadabbur, la recherche du sens caché dans le Coran et par le Coran, non plus une conjugaison de sens mais une liaison de termes lexicaux les analyses parviennent à donner plusieurs explications.

La première catégorie d’explication repose sur le sens d’être présent que la langue arabe donne au verbe Chahada. Par le présentiel l’homme marque son consentement à un rite, à une pratique, à un comportement et il devra en rendre compte. Ainsi l’Islam a marqué de son sceau plusieurs présentiels dans la vie du croyant :

  • Le Chahed َشَاهِد est l’ensemble des créatures qui viennent témoigner après la Résurrection alors que le Mashhoud مَشْهُود est le jour du Jugement dernier.
  • Le Chahed َشَاهِد est l’ensemble des créatures dans leur rapport de lecture et de compréhension du Coran alors que le Mashhoud مَشْهُود est le Coran lu ou délaissé.
  • Le Chahed َشَاهِد est l’ensemble des Musulmans qui ont adopté l’Islam comme religion alors que le Mashhoud مَشْهُود est le Prophète Mohamed (saws) suivi ou délaissé en sa qualité de modèle par excellence
  • Le Chahed َشَاهِد est l’ensemble des Orants priant en assemblée collective (Djama’a) alors que le Mashhoud مَشْهُود est la fratrie de foi qui lie et fédère les Croyants à travers l’acte de prière qui est une Iqama c’est-à-dire une édification mystico temporelle, une institution socio spirituelle, une résidence permanente dans une socialité colorée par l’islamité, la Sibghate Allah ou esthétique d’Allah qui colore l’existence du Musulman et tous ses registres ontologiques et sociaux. Le Mashhoud مَشْهُود est tout particulièrement le Vendredi au moment où l’imam prend place sur la tribune instituée par le Prophète (saws)
  • Le Chahed َشَاهِد est l’ensemble des Musulmans accomplissant en communauté de foi la prière de l’Aïd pour célébrer un rite musulman celui du sacrifice du mouton et de l’évocation d’Abraham et d’Ismaël alors que le Mashhoud مَشْهُود est l’oraison de l’Aïd ainsi que les premières gouttes de sang versé par la bête immolé au Nom d’Allah.
  • Le Chahed َشَاهِد est cette communauté internationale de Musulmans de Pèlerins qui accomplissent le cinquième pilier de l’Islam, le Mashhoud مَشْهُود est le pèlerinage lui-même, la Kaaba, Arafa, les différents rites du Hadj, les dix premiers jours du mois sacré de Dhu-al-Hijja ou le mois sacré dans lequel faire couler le sang ou livrer bataille est interdit. Si nous prenons l’énoncé coranique dans son intégralité nous trouvons un serment divin qui fait allusion directe aux dix premiers jours de Dhu-al-Hijja, dont le moment culminant est pèlerinage, et s’achevant quasiment par la fête qui suit le sacrifice d’une bête :

 {Par l’aube, et par dix nuits, et par le pair et l’impair, et par la nuit quand elle passe, y a-t-il en cela un serment pour tout Homme doué de bon sens ?} Al Fajr 1

D’autres savants ne se focalise pas sur le présentiel physique de la Chahada. Il lui donne le sens d’une vision ou d’une audition qui permet d’établir le témoignage en faveur d’une victime, contre un coupable, apporter une assistance favorable ou défavorable à un accusateur ou à un accusé. Il s’agit de prendre position et d’apporter un témoignage vrai et authentique :

{Et n’usurpez pas vos richesses entre vous, illicitement, et ne vous en servez pas pour soudoyer les juges, afin d’usurper une partie des richesses des Hommes, par iniquité, alors que vous savez.} Al Baqara 188

{O vous qui êtes devenus croyants, si vous contractez une dette à terme déterminé, écrivez-la : qu’un scribe l’écrive parmi vous en toute équité. Qu’aucun scribe ne se refuse à l’écrire comme Allah le lui A Enseigné. Qu’il écrive, et que le débiteur dicte, qu’il prenne garde à Allah son Seigneur et qu’il n’en diminue rien. Si alors le débiteur est insensé ou ignorant, ou qu’il ne puisse pas dicter personnellement, que son tuteur dicte en toute équité. Et faites témoigner deux témoins de vos hommes; et à défaut de deux hommes, alors un homme et deux femmes parmi ceux que vous agréez comme témoins, de sorte que si l’une d’entre elles travestit les faits, l’autre les lui rappelle. Et que les témoins ne se refusent point s’ils sont convoqués. Ne vous lassez pas de l’écrire, petite ou grande, jusqu’à son terme. Cela est plus équitable auprès d’Allah, plus efficace pour le témoignage, et plus susceptible d’épargner le doute. A moins que ce ne soit un commerce présent que vous négociez entre vous. Là alors nulle faute ne vous incombe de ne pas l’écrire. Et si vous faites une transaction, prenez des témoins. Que nul scribe ou témoin ne subisse une nuisance. Et si vous le faites, ce sera alors de la perversité en vous. Prenez garde à Allah, afin qu’Allah vous Enseigne. Allah Est Omniscient de toute chose.} Al Baqara 282

{Et si vous vous faites confiance, que celui à qui on a fait confiance restitue ce qu’on lui a confié et qu’il prenne garde à Allah son Seigneur. Ne taisez pas le témoignage, car celui qui le tait a sûrement un cœur pécheur. Allah Est Omniscient de ce que vous faites.} Al Baqara 283
{Accomplissez le témoignage envers Allah. C’est à cela qu’est exhorté quiconque croit en Allah et au Jour Dernier. Et quiconque prend garde à Allah, Il lui Procurera une issue, et le Pourvoira par où il ne comptait pas. Et quiconque se fie à Allah : Il Est sa suffisance. Certes, Allah Réalisera Sa Parole. Allah A Établi une mesure pour toute chose.} At Talaq 2

Il ne peut y avoir commerce équitable, relation durable, contrat respecté, progrès social ni civilisation durable sans justice ni équité ni confiance ni le témoignage qui apporte les preuves et les arguments pour la justice, l’équité, le bon conseil et l’expertise. Quand une société cultive le faux témoignage ou le refus de témoigner donc de prendre position non par intérêt mais par esprit de justice, par souci de vérité, par conscience sociale et morale alors s’installe la corruption, la perversité et la haine dans les cœurs. Quand une communauté refuse d’exprimer sa voie pour refuser l’oppression et la régression et soutenir le libérateur ou le civilisateur alors Allah lui fera subir les affres de la tyrannie, des fléaux sociaux et des catastrophes sanitaires et écologiques. En effet des cœurs devenus pêcheurs, dans le sens où ils deviennent laxistes, insouciants, perfides, fourbes, déloyaux, corrompus, lâches et veules, produisent une société qui vit dans la défiance et la méfiance. Sans confiance c’est la fin de la sécurité et de la solidarité mais c’est le règne de l’individualisme le plus bestial, de la peur et de la mise en autarcie de la société qui se ferme sur elle-même puis se divise en groupuscules sectaires, en fragments de Wahn que l’ennemi vorace dévore les uns après les autres :

{Nous ne tairons point le témoignage d’Allah, sinon nous serions du nombre des pécheurs} Al Maidah 107

{Qu’ils jurent par Allah : « Notre témoignage est plus vrai que leur témoignage, et nous n’avons point transgressé, sinon nous serions des injustes ».} Al Maidah 107

Dans ce cadre les savants partisans du témoignage ne se placent plus sur l’aspect cultuel mais sur l’aspect fondateur de la société : la Justice et le témoignage avec ce qu’il sous-entend comme culture intellectuelle, sociale et politique qui ne peut coexister avec l’ignorance ni avec l’insouciance ni avec l’insenséisme ni avec le cynisme ou le nihilisme.

  • Le Chahed َشَاهِد est le voyant ou l’audient par lequel se réalise le témoignage c’est à dire l’attestation de vérité sur le vrai ou l’attestation de mensonge contre le faux. C’est le Chahed qui va confirmer ou infirmer un accusateur ou un accusé, un persécuteur ou un persécuté, un coupable ou une victime, un mensonge ou une vérité. Dans ces conditions le Mashhoud مَشْهُود est ce qui donne foi au témoignage, ce qui reste en mémoire pour faciliter et donner crédit au témoin même si le témoignage est différé dans le lieu, le temps et les circonstances. Le Mashhoud مَشْهُود est ce qui va valider, donner crédit par sa mémoire, sa respectabilité, son historicité, sa fiabilité, sa tangibilité irréfutable.

Dans ces conditions le Chahed َشَاهِد est compris, dans la Sourate Al Bouroudj, comme étant Allah alors que le Mashhoud مَشْهُود est ce qui donne attestation de foi en l’occurrence le Tawhid, le monothéisme pur et parfait. Les savants parviennent à cette déduction par le lien lexical :

قُلْ أَيُّ شَيْءٍ أَكْبَرُ شَهَادَةً قُلِ اللَّهُ شَهِيدٌ بَيْنِي وَبَيْنَكُمْ

{Dis : « Quel est le plus grand en témoignage ? » Dis : « Allah. Il Est Témoin entre vous et moi. Il m’A Inspiré ce Coran pour vous en avertir, vous et ceux à qui il parviendra. Allez-vous donc témoigner qu’il y a d’autres dieux avec Allah ? » Dis : « Je ne témoignerai point ». Dis : « Il n’Est qu’un Dieu Unique et je suis innocent de ce que vous Lui associez ». Ceux à qui Nous Avons Révélé le Livre connaissent le Prophète Muammad comme ils connaissent leurs propres enfants. Ceux qui ont perdu leurs âmes, eux, ils n’ont pas foi.} Al An’âme 19

Allah témoin de la lutte entre les partisans de la foi et les renégats met Ses Signes (le Coran et la Création) comme médiateurs manifestant l’authenticité du monothéisme sinon on serait présence d’un faux témoignage que le cœur, la raison, la science et la foi intime vont contredire. Tout indique dans ce Livre et dans cet Univers l’esprit de justesse, d’équité, d’harmonie, d’Unicité le monothéisme comme « ce dont on témoigne » et qui n’est en réalité que le Signe divin qui se manifeste sous forme de Dikr (mémoire, souvenir, rappel, évocation de l’existence et de la présence d’un Dieu Unique, Créateur et le Seul à être Adoré comme le Seul a énoncer ce Coran et à la préserver). Ce même signe divin se manifeste non seulement dans la diversité des lettres, des mots et des énoncés mais il se manifeste à travers les signes cosmiques mémorables et les panoramas inoubliables de l’inerte et du vivant mis sous nos yeux pour être vus et devenir prétexte à témoigner de la Perfection, de l’immuabilité, de la Grandeur, de l’Omnipotence, de la Sagesse, de la Justice, de l’Équité et de la Miséricorde d’Allah.

Effectivement ce qui est frappant c’est que ces Serments interviennent à la fin du Coran et au sein d’une série de sourates qui se suivent pour exprimer à la fois des Serments divins et des panoramas inoubliables tant dans l’impact de notre imagination que lors de la réalisation du cataclysme final et ce qui le suit. Il s’agit donc de signifier l’importance, la gravité et le caractère solennel et véridique de ce Coran qui est entre nos mains mais aussi de l’énoncé qui suit ces serments et ce panorama mémorable de l’Apocalypse en l’occurrence la Résurrection et le Jour du Jugement dernier auquel fait allusion la contemplation des cycles incessant de la vie et de la mort dans la création assujettie à notre vision et à notre entendement :

{Quand le soleil sera ployé, et quand les étoiles s’effondreront, et quand les montagnes seront mises en mouvement, et quand les chamelles deviendront stériles, et quand les fauves seront rassemblés, et quand les mers seront enflammées, et quand les âmes seront unies aux corps, et quand l’enterrée vivante sera questionnée : « Pour quelle faute a-t-elle été tuée ? » Et quand les registres seront ouverts, et quand le ciel sera ôté, et quand la Géhenne sera embrasée, et quand le Paradis sera rapproché, chaque personne saura ce qu’elle a fait ! Je Jure formellement par les planètes qui s’éclipsent, qui courent, qui disparaissent ; et par la nuit quand elle envahit ; et par le matin quand il éclot ; c’est la parole d’un noble Messager} At Takwir 1

{Par les Anges qui arrachent avec violence, et par ceux qui enlèvent avec douceur, et par ceux qui se meuvent dans le ciel en voguant, puis, par ceux qui devancent à toute vitesse, puis, par ceux qui exécutent par derrière les ordres ultimes : Le Jour où tremblera la terre} An Nazi’ates 1

{Quand le ciel se fendra, et quand les planètes se répandront, et quand les mers seront explosées, et quand les tombes seront dispersées, toute personne saura ce qu’elle a fait et ce qu’elle a délaissé.} Al Infitar 1

{Quand le ciel sera fissuré, répondant aux ordres de son Seigneur avec obéissance consentante, et quand la terre sera aplanie, et qu’elle rejettera ce qu’elle renferme et en sera vidée répondant ainsi aux ordres de son Seigneur avec obéissance consentante. O Homme ! Toi qui t’efforces avec ardeur de rencontrer ton Seigneur, tu vas alors Le rencontrer.} Al Inshiqaq 1

{Je Jure formellement par le Crépuscule, et par la nuit et ce qu’elle englobe, et par la lune quand elle s’accomplit, vous passerez sûrement d’état en état. Qu’ont-ils donc à ne pas croire ?} Al Inshiqaq 16

{Par le Ciel et par la Pulsatrice ! Et que sais-tu de la Pulsatrice ? C’est l’étoile perforante. Certes, chaque personne a certainement un gardien. Que l’Homme regarde de quoi il a été créé ! Il a été créé d’une eau éjaculée, qui sort d’entre le dos (de l’Homme) et les côtes (de la femme). Quant à le ressusciter, Il en Est sûrement Tout-Puissant.} At Tariq 1

{Le récit du Cataclysme t’est-il parvenu ? Des visages, ce Jour-là, humiliés, bâtés et épuisés, seront enfoncés en un Feu brûlant. On leur donnera à boire d’une source bouillante. Ils n’auront de nourriture que des épines, qui n’engraissent ni n’apaisent la faim. Des visages, ce Jour-là, resplendissant de joie, satisfaits de leurs efforts, seront dans un Paradis élevé} Al Ghachiya 1

Avant de continuer à citer ses versets qui vont donner le sens profond du Chahed َشَاهِد et du Mashhoud مَشْهُود ainsi que ses conséquences spirituelles et idéologiques poursuivons l’analyse faite par les savants dans les livres d’exégèse coranique :

  • Mohamed (saws) est « l’auxiliaire » d’Allah pour le témoignage monothéiste. Nous lui devons le même amour et la même obéissance qu’Allah en sa qualité de médiateur, de transmetteur de la Révélation sans jamais lui attribuer un caractère divin. Dans ces conditions le Chahed شَاهِد est compris, dans la Sourate Al Bouroudj, comme étant Mohamed (saws) alors que le Mashhoud مَشْهُود est l’humanité appelée communauté d’appel à l’Islam. D’ailleurs le Coran et le Hadith le spécifient explicitement cette vocation islamique :

فَكَيْفَ إِذَا جِئْنَا مِنْ كُلِّ أُمَّةٍ بِشَهِيدٍ وَجِئْنَا بِكَ عَلَى هَؤُلاءِ شَهِيدًا
{Qu’en sera-t-il alors lorsque Nous Apporterons de chaque Communauté un témoin, et que Nous t’Apporterons comme témoin contre ceux-là?} An Nissa 41

أنتم شهداء الله في الأرض
« Vous êtes les témoins d’Allah sur terre »

La communauté qui répond devient une communauté de réponse et donc une communauté qui a la charge de témoigner aux autres le monothéisme en « auxiliaires » du Prophète (saws). La communauté qui refuse de réponde devient mécréante et elle devient la communauté contre laquelle Mohamed (saws) et la fratrie de foi communicante prendront communauté contre laquelle ils témoigneront devant Allah le Juge Expert, Impartial, Juste et Équitable. Ce qui est confirmé par les versets suivants :

هُوَ سَمَّاكُمُ الْمُسْلِمِينَ مِنْ قَبْلُ وَفِي هَٰذَا لِيَكُونَ الرَّسُولُ شَهِيدًا عَلَيْكُمْ وَتَكُونُوا شُهَدَاءَ عَلَى النَّاسِ

On trouve dans les traductions de ce verset cette expression qui est un parti pris contre les gens, un préjugé qui sape la valeur pédagogique, idéologique et morale du Coran : « afin que le Messager soit témoin contre vous, et que vous soyez vous-mêmes témoins contre les gens ». Nous ne pouvons être témoin contre les gens à priori ni nous ne pouvons certifier ce qui relève de la foi car il relève du cœur et le cœur relève d’Allah. Nous témoignons sur une chose ou sur quelqu’un dans le sens ou à la fois nous lui transmettons la vérité, les informations et les faits qui sont en notre possession et plus tard nous déposons comme des témoins justes pour révéler ce que nous savons en toute objectivité et vérité. Dans l’immédiat nous ne pouvons savoir si notre témoignage sera en faveur ou sera contre quelqu’un mais par contre nous devons savoir que notre devoir est de témoigner sur notre religion aux autres et de témoigner sur nos forces et faiblesses entre nous pour ne pas être otage des prédateurs ni proie de nos égos et de nos intérêts égoïstes. Notre vocation s’inscrit dans le prolongement fidèle de celle de Mohamed (saws) :

C’est Lui [Allah] qui vous A déjà Nommés musulmans, auparavant, et dans ceci [le Coran] : afin que le Messager soit témoin sur vous et que vous soyez témoins sur les Hommes.} Al Hadj 78

Cette vocation de témoignage du monothéisme à l’humanité est partie intégrale et indissociable de l’Islam. Nous ne pouvons accomplir cette vocation de témoignage que si nous accomplissons l’Islam dans sa globalité ou du moins si nous visons, malgré les difficultés du temps et les iniquités des dominants, à demeurer sur le plan de l’intention, de la réflexion, de l’organisation, du comportement et de l’action le maximum de cohérence avec le cadre religieux, spirituel et idéologique de notre vocation :

{O vous qui êtes devenus croyants, inclinez-vous, prosternez-vous, adorez votre Seigneur et faites le bien, afin que vous cultiviez. Et luttez pour Allah comme il se doit de lutter pour Lui. Il vous A Élus et ne vous Imposa nulle gêne en religion, la confession de votre père Abraham. C’est Lui [Allah] qui vous A déjà Nommés musulmans, auparavant, et dans ceci [le Coran] : afin que le Messager soit témoin sur vous et que vous soyez témoins sur les Hommes. Accomplissez donc la prière, acquittez-vous de la Zakat, attachez-vous à Allah, Il Est votre Protecteur, le meilleur Protecteur et le meilleur Défenseur.} Al Hadj 77

Ceci dit nous devons conserver deux mots que nous avons utilisé dans notre argumentaire : mémoire et révéler sur lesquels nous allons consacrer quelques lignes. Tout d’abord il faut rappeler le cadre général de la sourate al Bouroudj : Allah fait le serment sur des créatures objets ou phénomènes grandioses par leur grandeur, leur conséquence, leur complexité réelle et leur impression dans notre imagination, notre pensée, notre intelligence et notre conscience. Tous les versets que nous avons cités évoquent des panoramas cosmiques, des cataclysmes qui ont la particularité de s’inscrire dans notre être à la fois comme mémorable et comme révélateur d’une vérité ignorée, oubliée ou considérée comme sans importance par manque de vigilance, par manque de certitude dans la foi. Dans ces conditions et avec tout ce qu’on a dit sur le témoignage des Signes du Coran et du Cosmos sur l’ultime vérité celle de la fin du monde et sa révélation sur notre mémoire qui va nous revenir pour témoigner sur nous et sur les autres le Jour du Jugement dernier je peux apporter, par la Grâce d’Allah, une nouvelle pierre à l’édifice de traduction du sens des versets du Coran. Si nous devons accepter toutes les pistes offertes par l’exégèse coranique de la Sourate Al Bouroudj, il nous faut aller à un terme générique sur le Chahed َشَاهِد compris alors comme le témoin, et sur le Mashhoud مَشْهُود compris alors comme mémorable ou révélateur.

Le verset suivant
بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَٰنِ الرَّحِيمِ والسماء ذات البروج واليوم الموعود وشاهد ومشهود
Devrait par conséquent se lire sous l’une des deux formes :

{Par le ciel aux constellations, et par le Jour promis, et par un témoin et un mémorable} Al Bouroudj 1
{Par le ciel aux constellations, et par le Jour promis, et par un témoin et un révélateur} Al Bouroudj 1

La déduction logique, l’analyse exégétique ainsi que les versets coraniques qui tissent avec la sourate Al Bouroudj un réseau de significations sur la gravité et la dimension des Serments divins qui s’enchaînent militent pour que le Mashhoud مَشْهُود soit le mémorable ou le révélateur ou les deux en même temps. Si nous prenons le plaisir spirituel et intellectuel de continuer notre lecture sur ces Serments divins énoncés à la fin du Coran nous trouvons des clés de compréhension confirmant que le Coran s’explique par le Coran mais qu’il reste hermétique aux mécréants même s’ils maitrisent la langue source et la langue cible dans la traduction du Coran. En effet les versets suivants mentionnent les notions de mémorabilité et de révélateur tout en confirmant la notion de témoignage le Jour du Jugement dernier :

{Par l’aube, et par dix nuits, et par le pair et l’impair, et par la nuit quand elle passe, y a-t-il en cela un serment pour tout Homme doué de bon sens ? N’as-tu donc pas vu ce que ton Seigneur A Fait des ‘Ad ? […] l’Homme se souviendra} Al Fajr 1 et 23

{Je Jure formellement par cette Cité ! Et toi tu es présent en cette Cité. Et par un père, et par ce qu’il a engendré ! En vérité, Nous Avons Créé l’Homme capable d’endurer peine et efforts. Pense-t-il que personne n’aura de prise sur lui ? Il dit : « J’ai anéanti des biens immenses ». Pense-t-il que personne ne l’a vu ?} Al Balad 1

{Par les destriers en sueur, puis, par ceux qui font jaillir des étincelles, puis, par ceux qui foncent au matin, en y soulevant une poussière, et en pénétrant avec au milieu des troupes : l’être humain est sûrement ingrat envers son Seigneur ! Et il est sûrement témoin de cela. Et de l’amour des richesses, il est sûrement avide ! Ne sait-il donc pas que lorsque ce qui est dans les tombes sera bouleversé, et que ce qui est dans les cœurs sera dévoilé, que leur Seigneur, ce Jour-là, Est certes parfaitement Renseigné?} Al ‘Adiyat 1

{Par le Ciel et son remaniement, et par la terre et ses fissures, c’est une parole décrétée, et ce n’est point une plaisanterie. Eux, sans doute, ils projettent de perfides ruses, mais Je Planifie d’invincibles stratagèmes. Accorde donc un délai aux renégats, accorde-leur un long sursis.} At Tariq 11

En méditant le lynchage et la sodomisation de feu Mouammar Al Kadhafi que des savants, prédicateurs et foules fanatisés par l’instrumentalisation de l’Islam par la CIA et l’Otan considèrent comme Youm Mashhoud مَشْهُود je me suis encore posé la question qui me traverse l’esprit depuis des années déjà : Est-ce que nous vivons dans une époque mémorable par une Sahwa chantée comme fut chanté la Nahda et l’Islah qui ont comme la montagne stérile accouché de poussières et de tempêtes de sables ? Est-ce que nous vivons des moments révélateurs de notre déshumanisation qui font que malgré l’habillage islamique de nos discours, de nos apparats vestimentaires, de nos temples nous sommes loin voire à l’opposé de ce qu’Allah a gratifié l’humain dans son Honorificat originel, dans son Khalifat sur terre et dans son adoration monothéiste. Mohamed (saws) a montré que l’Islamité se rajoute à l’humanité pour produire l’excellence: « Le meilleur d’entre vous dans l’obscurantisme pré islamique est le meilleur d’entre vous dans l’Islam s’il fait l’effort de comprendre son Dine ! »
Est-ce que ce ne sont pas les pires d’entre nous qui ont pris en otage la religion pour l’instrumentaliser à des fins partisanes, mondaines sans faire l’effort d’en comprendre et d’en appliquer ses fondamentaux en terme d’humanisme, de respect de la vie humaine, d’humilité ? Est-ce que l’arrogant, le triomphaliste, l’allié des ennemis d’Allah peut devenir un libérateur puis un civilisateur ? Est-ce que le voyeurisme mis en scène médiatiquement, militairement, idéologiquement et religieusement relève de l’éthique et de l’esthétique musulmane du  » Chahed et Mashhoud »? Quel est le sens et la validité d’un témoignage, d’une accusation qui détruit un pays et tue des milliers de personnes par les forces de l’OTAN appuyé par des troupes « musulmanes » pour le libérer de la dictature d’un seul homme?

J’ai apporté, par la Grâce d’Allah, quelques réponses opportunes, pertinentes et cohérentes mêmes si elles sont incomplètes et imparfaites dans mon dernier livre « Les Révolutions arabes : Mystique ou mystification ? ». Je ne suis ni optimiste ni pessimiste, je suis un réaliste qui pose les problèmes dans leur globalité, leur dynamique et leurs interactions comme l’exige la culture islamique. Je ne revendique ni le statut de savant, ni de penseur, ni de guide, ni de représentant du peuple ni d’élu dans l’opposition. Je fais parti des Ghorabas, les gens étrangers à leur époque, à leur communauté, les sans patrie, sans parti et hors système mais en quête de la vérité ne la sollicitant qu’auprès d’Allah.

Cette parenthèse m’amène à aborder l’autre élément flagrant dans la sourate al Bouroudj que les prédicateurs et savants anciens et nouveaux occultent est qui se rapporte au récit mémorable et révélateur à la fois de la cruauté des païens envers les croyants et de la patience courageuse des croyants persécutés et massacrés. Pour cela il faut faire une lecture globale de la sourate sans perdre de vue les liens de sens avec les Serments coraniques des autres sourates :

وَٱلسَّمَآءِ ذَاتِ ٱلْبُرُوجِ ﴿1﴾ وَٱلْيَوْمِ ٱلْمَوْعُودِ ﴿2﴾ وَشَاهِدٍۢ وَمَشْهُودٍۢ ﴿3﴾ قُتِلَ أَصْحَـٰبُ ٱلْأُخْدُودِ ﴿4﴾ ٱلنَّارِ ذَاتِ ٱلْوَقُودِ ﴿5﴾ إِذْ هُمْ عَلَيْهَا قُعُودٌۭ ﴿6﴾ وَهُمْ عَلَىٰ مَا يَفْعَلُونَ بِٱلْمُؤْمِنِينَ شُهُودٌۭ ﴿7﴾ وَمَا نَقَمُوا۟ مِنْهُمْ إِلَّآ أَن يُؤْمِنُوا۟ بِٱللَّهِ ٱلْعَزِيزِ ٱلْحَمِيدِ ﴿8﴾ ٱلَّذِى لَهُۥ مُلْكُ ٱلسَّمَـٰوَ‌ٰتِ وَٱلْأَرْضِ ۚ وَٱللَّهُ عَلَىٰ كُلِّ شَىْءٍۢ شَهِيدٌ ﴿9﴾ إِنَّ ٱلَّذِينَ فَتَنُوا۟ ٱلْمُؤْمِنِينَ وَٱلْمُؤْمِنَـٰتِ ثُمَّ لَمْ يَتُوبُوا۟ فَلَهُمْ عَذَابُ جَهَنَّمَ وَلَهُمْ عَذَابُ ٱلْحَرِيقِ ﴿10﴾ إِنَّ ٱلَّذِينَ ءَامَنُوا۟ وَعَمِلُوا۟ ٱلصَّـٰلِحَـٰتِ لَهُمْ جَنَّـٰتٌۭ تَجْرِى مِن تَحْتِهَا ٱلْأَنْهَـٰرُ ۚ ذَ‌ٰلِكَ ٱلْفَوْزُ ٱلْكَبِيرُ ﴿11﴾ إِنَّ بَطْشَ رَبِّكَ لَشَدِيدٌ ﴿12﴾ إِنَّهُۥ هُوَ يُبْدِئُ وَيُعِيدُ ﴿13﴾ وَهُوَ ٱلْغَفُورُ ٱلْوَدُودُ ﴿14﴾ ذُو ٱلْعَرْشِ ٱلْمَجِيدُ ﴿15﴾ فَعَّالٌۭ لِّمَا يُرِيدُ ﴿16﴾ هَلْ أَتَىٰكَ حَدِيثُ ٱلْجُنُودِ ﴿17﴾ فِرْعَوْنَ وَثَمُودَ ﴿18﴾ بَلِ ٱلَّذِينَ كَفَرُوا۟ فِى تَكْذِيبٍۢ ﴿19﴾ وَٱللَّهُ مِن وَرَآئِهِم مُّحِيطٌۢ ﴿20﴾ بَلْ هُوَ قُرْءَانٌۭ مَّجِيدٌۭ ﴿21﴾ فِى لَوْحٍۢ مَّحْفُوظٍۭ ﴿22﴾

 

  • اليوم الموعود : يومِ القيامة

Le Jour promis : le Jour du Jugement dernier

  • شاهد : من يَشهدُ على غيرِه فيه

Chahed : Celui qui témoigne contre autrui lors du Jugement dernier et prend le statut d’accusateur qui demande justice, qui incrimine, qui révèle

  • مشهودٍ : من يَشهدُ عليه غيرُه فيه

Mashoud : Celui est qui est l’objet de témoignage, l’objet d’une plainte, l’objet d’une accusation. Celui dont on exige que justice soit faite contre lui. Il est l’accusé des crimes, des torts, des dommages et des préjudices qu’il a commis dans cette vie.

 

Cette lecture juste met en liaison dans un procès juste et équitable l’accusé face à son accusateur et traduit la justesse du témoignage qui met en scène la confrontation de deux parties l’accusation et la défense sauf que le Jugement dernier Allah est le Procureur, le Témoin et la Défense et tous les participants au procès qu’ils soient coupables ou victimes ne diront que la stricte vérité face à Allah qui s’est défini par ses Versets :

{N’as-tu pas su qu’Allah est Omnipuissant sur toute chose ? N’as-tu pas su qu’à Allah appartient le Règne des Cieux et de la terre, et que vous n’avez à l’exclusion d’Allah ni protecteur ni Défenseur ?} Al Baqara 107

{Les injustes n’ont point de Défenseurs.} Al Baqara 270

{Certes, ceux qui mécroient en les Signes d’Allah, qui tuent les Prophètes sans aucune juste cause et tuent ceux parmi les Hommes qui commandent l’équité, annonce-leur alors un douloureux châtiment. Ceux-là, vaines ont été leurs actions dans le monde, et dans la vie Future, ils n’auront point de Défenseurs.} Al ‘Imrane 21

{Sans aucun doute, Allah Est votre Protecteur et Il Est le meilleur des Défenseurs.} Al ‘Imrane 150

{Ceux-là sont ceux qu’Allah A Maudits, et celui qu’Allah Maudit, tu ne lui trouveras point de Défenseur.} Al Maidah 52

{Quiconque commet un mal en sera puni et ne trouvera, à l’exclusion d’Allah, ni protecteur ni Défenseur. Et quiconque fait des œuvres méritoires, que ce soit un homme ou une femme, tout en étant croyant, ceux-là entreront au Paradis et ne subiront point un micropyle d’injustice.} Al Maidah 123

Omar Mazri

[information]Lire la partie 2 : Témoin, mémoire, culte et Jihad  2/2[/information]

La douce mutation du HAMAS par le « printemps arabe »

 

Le HAMAS semble en pleine mutation qu’accélère le « printemps arabe ». Depuis l’agression contre la Libye facilitée  par la Fatwa meurtrière  du Dr Qaradhawi qui a fait prévaloir son positionnement partisan de « Frères musulmans »  sur son devoir de savant Rabbaniy, le HAMAS s’est rangé furtivement derrière le « printemps arabe » et les pétrodollars faisant de moins en moins cas de la résistance, de l’unité nationale, du retour des exilés, de la terre palestinienne dans son intégralité. Au moment où Israël est en difficulté il consent à lui accorder une trêve sans contrepartie évidente. Au moment où l’Autorité palestinienne est discréditée, agonisante et mise au placard sur le plan internationale il lui accorde des concessions allant jusqu’à promettre des élections « démocratiques » menées conjointement.

La présence de la direction du  HAMAS n’est plus concentrée à Damas mais elle est devenue une boutique itinérante entre Istanbul, Tunis et Qatar. Des informations sérieuses provenant de Syrie affirment que près de 500 combattants du HAMAS combattent au côté des « révolutionnaires » internationaux qui cherchent la chute du régime, la guerre civile et la partition de la Syrie  en conformité avec l’agenda sioniste et américain. En 2010 à la conférence d’Istanbul présidée par le Cheikh Qaradhawi le Kowétien An Nafissi expert en géopolitique a dit à haute voix ce que les organisateurs de la conférence pensaient tout bas : il n’y a plus de nécessité à la lutte armée.

Dans le piège de l’administration du Gazastan, le HAMAS a  imposé son organisation, sa vision et son schéma tactique à l’ensemble de la population allant jusqu’à combattre des factions armées ne partageant pas son idéologie et expulsant les militants du FATAH alors que dans la Sharia islamique combattre le musulman ou l’expulser de sa maison ou de son territoire est une transgression grave. Après la liquidation des deux faucons et hommes clé de la résistance armée  Saïd Siam et Nizar Ryan par Tsahal lors de la guerre « opération plomb durci » de décembre 2009, et après la mise à l’écart de Mohamed Nezzal du Bureau poliique, le HAMAS se trouve conduit par Mechâal proche de Qaradhawi et par Haniya un pragmatique assez sympathique qui se contente de son petit khalifat de Gaza.  Nezzar qui fait office de ministre des affaires étrangères, en réalité sans poste et sans prérogatives, est de fait écarté de l’équation stratégique. Il est remarquable de le voir à Téhéran reçu par le guide de la République islamique pour rappeler les fondamentaux du HAMAS au moment où les autres sont en pérégrinations vers les capitales arabes qui sont en train de faire allégeance à l’Empire au nom du pragmatisme et de l’illusion de se débarrasser des tyrans de Libye et de Syrie avant d’affronter Israël.

On remarque que  la Syrie qui a supporté l’effort de guerre des Palestiniens et des Libanais, se trouve, dans ces moments tragiques de subversion qui risque de lui couter son existence sinon sa paix civile, devant un silence ingrat du HAMAS. Ce silence ne peut s’expliquer lorsque le Hezbollah affiche son soutien ferme et indéfectible à la Syrie et  sa disponibilité à être partie prenante dans le conflit qui oppose la Syrie à l’agenda impérialiste et sioniste. Il ne peut s’expliquer lorsque le Front démocratique de la libération de la Palestine commandée par Ahmed Jibril prend position en mettant ses combattants et son armement basés en Syrie au service de l’Etat syrien. Il ne s’expliquer lorsque Ramadan Shallah chef du Jihad Islamique de la Palestine informe l’opinion publique de son refus de quitter la Syrie malgré les propositions d’accueil du Qatar et ses pétrodollars.

Que fait donc le HAMAS? Le HAMAS, devenu pragmatique et gestionnaire se prépare à l’après Bachar al Assad et revient donc au giron des Frères Musulmans égyptiens dont il est l’émanation idéologique. S’inscrivant dans l’illusion d’une hégémonie des Frères Musulmans il se prépare à faire des concessions majeures. Pour l’instant les observateurs arabes, avisés et informés, voient le HAMAS se rapprocher de l’Occident. Ce rapprochement ne vise pas seulement à ce qu’il en soit plus perçu comme une organisation terroriste mais comme une triple voie menant vers :

        La reconnaissance de l’Etat d’Israel

        Un printemps arabe qu’il conduirait en Cisjordanie lui donnant les clés de Ramallah et de l’Autorité palestinienne

        La liquidation définitive de l’OLP.

De la même façon que l’Empire et le sionisme peuvent cohabiter avec des régimes se disant islamiques si ces derniers ne remettent pas en cause l’existence et la paix  d’Israël ainsi que  le nouvel ordre mondial. Ils peuvent construire des mosquées, s’habiller en gandoura et en Niqab et même faire des invocations contre les USA à condition de ne pas s’occuper de géopolitique, de souveraineté du peuple, d’indépendance économique et de participation à un front mondial de résistance contre le sionisme et le capitalisme. Le HAMAS parrainé par le Qatar, la Turquie, la Tunisie et l’Egypte pourrait gouverner l’ensemble des isolats et des ilotismes territoriaux de ce qui reste de la Palestine.  Brejinsky partisan de la collaboration des USA avec les mouvements islamiques affaiblis et infantilisés est partisan de la doctrine du « soft powerment » qui préconise de laisser les Etats-Unis gérer les conflits selon ses intérêts en supervisant les autres dans leur engagement même si les autres sont des groupes, des organisations ou des Etats islamiques. Pour l’instant cela marche bien. La gesticulation des partisans de la « solution islamique »   ou le sensationnel de l’explication eschatologique de l’histoire ne change rien à la validité et à l’efficacité de la doctrine. Il faut espérer qu’Israël fondée sur la violence et habituée à la transgression et à l’agression ne prennent l’initiative de mener une nouvelle guerre et ainsi réveiller les consciences arabes et acculer les Etats-Unis et leurs vassaux à  entrer comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.  

Ceci ne reste qu’une analyse qui s’inscrit dans les conséquences néfastes des révolutions arabes menées sans cadre d’orientation idéologique et récupérées par des arrangements d’appareils qui se sont   trouvés confrontés à un état des lieux les poussant vers la facilité qui consiste à revenir vers le giron du nouvel ordre mondial et conserver le pouvoir à l’aide des pétro dollars et solliciter  l’intermédiation politique et diplomatique des monarques vassaux de l’Empire. Isolé le HAMAS se trouve donc comme une aiguille aimantée dans un champ magnétique contraint de s’aligner sur les lignes de forces les plus fortes en tout pragmatisme. Le HAMAS se trouve aussi vieilli, épuisé par le pouvoir car il n’a pas évalué à sa juste conséquence l’impossible conciliation de la résistance et de la gouvernance ou n’a pas innové en trouvant une organisation inédite qui lui permet de gouverner et de mener la lutte dans un axe de résistance multiforme ouvert à tous les Palestiniens.

Le président égyptien, frère musulman, vient enfin d’autoriser l’ouverture des postes frontalier avec Gaza. C’est bien mais insuffisant, car cela ne pourrait être qu’une devanture. L’essentiel est ailleurs : Gaza doit être considérée comme la profondeur stratégique de l’Egypte et à ce titre sa reconstruction, son approvisionnement et sa défense sont l’affaire de l’Egypte. Faudrait-il que l’Egypte ait les moyens et la liberté de sa politique. Pour cela il faudrait qu’elle soit adossée à l’axe de résistance mondiale contre le sionisme et l’impérialisme qui va lui assurer à son tour la profondeur stratégique pour faire face à l’Empire et à ses alliés.

En dernier ressort la Ligue arabe avec ses trahisons a poussé le monde arabe à perdre ses repères et à cultiver la démission et la défaite, et à préférer le consumérisme capitaliste à la résistance lorsqu’il ne préfère pas l’OTAN à la souveraineté nationale. Le jour où les gouvernants et les élites se réveilleront ils constateront que tous les pays et les organisations qui se sont opposés à Camp David seront décapités par la règle simple, celle de la mémoire cultivée comme une idole et de la revanche comme culte. Les Arabes n’ont ni mémoire, ni culte, ni dignité à moins qu’Allah ne fasse émerger des utérus de nos femmes des hommes, des vrais :

{O vous qui êtes devenus  croyants, quiconque d’entre vous renie sa Religion, Allah fera venir des gens qu’Il Aime et qui L’aiment, humbles à l’égard des croyants, fermes à l’égard des renégats, qui s’efforce dans  la voie d’Allah et ne redoutent point le blâme d’un censeur. Cela est la Munificence d’Allah, Il l’Accorde à qui Il Veut.} Al Maidah 54 

Omar Mazri 

liberation-opprimes.net

S. Nasrallah : ce sont les missiles syriens qui ont bombardé Haïfa et…

Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a exprimé ses condoléances, à la direction syrienne et au peuple syrien pour « les martyrs- commandants » de l’armée syrienne, tués ce mercredi dans l’attentat perpétré contre le siège de la Sécurité nationale à Damas.

« Durant la guerre de juillet, les missiles qui se sont abattus sur Haïfa,  et qui étaient prêts à bombarder Tel Aviv sont des missiles qui ont été fabriqués par l’industrie militaire syrienne » a révélé Sayed Nasrallah pour la première fois, dans un discours prononcé dans une cérémonie organisée dans la banlieue sud, à l’occasion du sixième anniversaire de la victoire du Liban contre l’ennemi israélien. Selon lui, la Syrie était plus qu’un pont entre l’Iran et les résistances libanais et palestinienne.

« La Syrie de Bachar Al-Assad est un soutien, un bras droit, un apport pour la résistance… la Syrie est le seul pays dans le monde arabe qui a développé une stratégie militaire qui l’a transformée en une puissance capable de contrer l’ennemi sioniste. Et c’est pour cela qu’il a fallu l’éradiquer », a-t-il expliqué. Selon lui, les commandants de l’armée syrienne sont des compagnons d’armes, des compagnons de route de la résistance libanaise et palestinienne et méritent tous les égards ».

Sayed Nasrallah qui a aussi révélé des vérités inédites sur la guerre de juillet 2006, dont entre autre les aveux des commandants et dirigeants militaires, sécuritaires et politiques israéliens selon lesquels tout a été fait dans cette guerre, sans pour autant briser la résistance, a mis en garde contre les velléités du projet américano-israéliens de semer la zizanie entre les communautés et les ethnies de la région, « seul moyen pour affronter la résistance ».

Pour éviter les dérives des uns et des autres, il a proposé un traité d’honneur qui stipule que les responsables de chaque communauté ou ethnie s’engagent à maitriser les éléments de leur groupe qui porte atteinte aux sacro-saints des autres communautés.

Voici ci-dessous les principales idées du discours

Je voulais parler de plusieurs choses mais les récentes évolutions surtout en Syrie nous incombe de consacrer une partie de cette occasion à la situation régionale. Le plan de mon allocution est le suivant : en premier je voudrais révéler des faits inédits de la guerre de juillet, et qui dévoilent la défaite israélienne et de l’autre côté un exploit réalisé par la résistance et qui n’a jamais été évoqué précédemment. Deuxièmement, j’évoquerai la situation qui a suivi la guerre, surtout sur le plan régional. Et en troisième, j’aborderai la situation sur la scène locale.

Une révélation inédite

En cette sixième commémoration, tout Israël, (dirigeants politiques, généraux militaires et sécuritaires, medias,..) est encore sous le choc de ce qui s’est passé en 2006. Nous ns ne sommes pas concernés parce que disent les gens ici, qui refusent de reconnaitre qu’une défaite a eu lieu, mais parce que les Israéliens disent, car ce sont eux nos ennemis.

Les Israéliens ne cessent d’organiser des conférences, des études, des débats auxquels participent leurs grands dirigeants et tous parlent de défaite.

En ce qui me concerne, il me suffit que le chef du Mossad, durant la guerre, le plus important, Meïr Dagan t dise son premier ministre qui était alors Olmert que la guerre a été une catastrophe nationale et qu’Israël a reçu un coup très dur ; et que celui qui a actualisé la théorie de la Sécurité nationale israélienne Dan Meridor, lui qui est l’un théoricien de la sécurité de l’entité sioniste vienne dire qu’Israël n’a jamais vu une chose pareille et « que nous sommes au fond du gouffre »…

Lorsque les dirigeants de l’ennemi parlent d’une défaite cuisante et qu’ils sont dans la pire des situations et se mettent à chercher ce qu’ils ont réalisé de cette guerre, en vérité ils ne font que mentir… toute guerre peut avoir réalisé quelques objectifs tactiques, mais elle n’en demeure pas moins avoir été une défaite..

Sur le terrain, le résultat final est que pour le dernier jour seulement de la guerre, quelques 250 missiles se sont abattus sur Israël !

Lorsque ces dirigeants israéliens disent que leur situation est au plus bas, c’est suffisant pour moi !

Entre temps, ils sont à la recherche de réalisations. L’année dernière, j’en ai évoqué deux, j’ai dit qu’elles sont modiques et stupides. Mais ils racontent des mensonges sur l’opération qu’ils ont baptisé « le poids de qualité ». Je vais expliquer de quoi il s’agit.

Lorsque Tsahal tombe dans le piège du Hezbollah

Pour les Israéliens, ils ont bel et bien effectué une opération le 14 juillet 2006. devant le cabinet ministériel restreint réuni, les commandants militaires ont dit : (( nous avons collecté des informations délicates, dangereuses et très importantes et nous avons localisé les emplacements de tous les lance-missiles du Hezbollah, ceux des missiles iraniens Fajr 3 et 5, ainsi que leur data et nous avons effectué des manœuvres aériennes pour les bombarder et l’armée de l’air est prête si vous êtes d’accord à effectuer cette opération qui est capable de briser le dos de la résistance et mettre fin à la guerre)). Ils s’attendaient à ce que cette opération surprenne le Hezbollah et le rende incapable de lancer ses missiles de moyenne et longue portée. Le cabinet ministériel a donné son feu vert et en effet quelques 40 chasseurs bombardiers ont déclenché une attaque au cours de laquelle selon les Israéliens quarante cibles ont été bombardés. Le chef d’Etat-major qui était alors Dan Haloutz a alors téléphoné à Olmert et lui a dit : « ça y est, nous avons triomphé, la guerre est terminée ».

Le lendemain, Shimon Perez est sorti pour dire qu’Israël a gagané et que le secrétaire général du Hezbollah s’est enfui à Damas, alors que j’étais dans la banlieue sud. Cela état l’opération « Poids de qualité ».

Les dirigeants sécuritaires ont par la suite vanté les efforts intensifs le professionnalisme dans la collecte des informations , des manœuvres et le budget énorme ; ils ont même comparé cette guerre à celle de 1967 lorsque l’armée de l’air israélienne a détruit la force aérienne égyptienne et à l’attaque contre les Sam 6 syriens au Liban. Les israéliens ont cru ceci et Halotz leur a dit que 70 à 80% des capacités balistiques du Hezbollah ont été détruits. Mais la vérité historique est toute autre.

« Le poids de qualité » devient « l’illusion de qualité »

La résistance qui reste éveillée et dont le cerveau sécuritaire est en pleine action avait décelé les mouvements de l’ennemi sur les missiles et elle a joué son jeu et l’même aidé à collecter les infos qu’il voulait obtenir

A un certain moment, ce cerveau sécuritaire et créatif qui est celui du commandant martyr Haj Imad Moughniyé et de ses compagnons savait que les israéliens réfléchissent en termes de guerre à la première frappe. (Les Américains ont agi ainsi en Irak, il en a été ainsi dans la Bande de Gaza aussi). Sans le faire sentir, et c’est là que réside l’exploit sécuritaire de la résistance, ce cerveau a su que les Israéliens cherchent à savoir l’emplacement de ces lance-missiles et les a aidés à les localiser. Le deuxième exploit de la résistance a été qu’elle est parvenue à évacuer les missiles de ces lieux sans que les Israéliens ne s’en rendent compte, alors qu’ils pensaient qu’ils y sont toujours.

Lorsqu’ ils ont pris la décision de bombarder ces endroits, ils étaient tous vides sans lance-missiles

Ce qui s’est passé par la suite est que les lance-missiles sont sortis de leurs emplacements et ont poursuivi leurs combats durant 33 jours, contre le nord, contre Haïfa et après Haïfa et étaient prêts à frapper Tel Aviv.

Cette opération « Poids de qualité » tant vantée par l’armée de l’air israélienne s’est avérée être l’opération de « l’illusion de qualité » et celle de « l’échec de qualité ». Les Israéliens sont tombés dans le piège que la résistance leur avait tendue.. La guerre n’est-elle pas un leurre ?

70 à 80% des capacités de la résistance sont restées en action jusqu’au dernier jour et était capable de continuer encore plus. Si nous nous nous sommes contentés d’un certain nombre de missiles ce n’est parce que leur quantité était limitée, mais parce que nous envisagions l’hypothèse que la guerre puisse être plus longue

Le lendemain, lorsqu’ils ont découvert la vérité, Halotz est entré au cabinet ministériel et leur a dit que l’opération sera longue. Ce jour-là, Shimon Perez a avalé sa langue

Je dis à l’ennemi sioniste que nous savons qu’elle sera sa première frappe

Alors que les gens ici sont préoccupés par les soucis internes, économiques, vitaux et autre (et c’est de leur droit), et dans tout ce bruitage, il y a une résistance dont les commandants et les combattants travaillent nuit et jour sur ce dossier de conflit avec l’ennemi et rien d’autre ne les préoccupe.

Cet ennemi travaille pour collecter des infos sur les installations, sur les emplacements des lance-missiles et prépare la première frappe, je l’appelle à tirer des leçons des erreurs et des échecs qu’il a subis et lui dis que son « Poids qualité » n’a été qu’un fiasco.. Et je lui dis aussi que nous savons déjà très bien quelle sera sa première frappe et savons comment lui riposter. Nous promettons aux Israéliens une grande surprise..

Je demande au peuple libanais et aux autres peuples de la région d’avoir confiance en la résistance et en ses capacités et son intelligence. Sachez que nous possédons dans cette région, dans le monde arabe et islamique des cerveaux, des cœurs, des volontés, et des capacités pour planifier, gérer, combattre et vaincre en fin de compte.

Non notre destin n’est pas celui que la plupart des gouverneurs arabes, des régimes, des auteurs et des medias arabes tentent de nous inculquer que notre destinée est la défaite , que nous sommes impuissants et que ceci fait partie de nos gènes . Dans la guerre de juillet, puis dans celle Gaza le meilleur message a été que notre destinée est de triompher et non d’échouer. Comme nous avons réalisé les victoires en 2006 puis en 2008, nous serons capables de la faire dans les autres guerres.

C’est le message que nous devons réaffirmer en cette occasion aussi.

Les limites de la guerre: constat américano-israélien

Deuxièmement : lorsque la guerre est terminée et les israéliens se sont mis avec les Américains, et non pas tous seuls à l’évaluer et nous sommes depuis rentrés dans une nouvelle phase
Il était prévu que la guerre contre la résistance pour l’écraser soit une phase primordiale pour détruire l’axe de la résistance contre Israël, le seul qui reste dans ce monde arabe attaché à la cause palestinienne, au peuple palestinien et à la terre arabe, celui-là qui s’étend depuis l’Iran, en passant par la Syrie et par les résistances libanaises et palestinienne. Alors que tous les autres régimes de trouvaient de l’autre côté et jouaient le facteur du temps pour que les Palestiniens oublient leur cause et fléchissent.

Il fallait à tout prix détruire cet axe : le premier maillon était le Liban, ou la résistance devait être écrasée. Après, devait venir le tour de la Syrie pour la raison qu’elle a aidé la résistance et lui a donné des missiles. Il fallait renverser le président syrien et soumettre la Syrie au projet américano-sioniste. Les américains n’en ont de la démocratie en Syrie ni des droits de l’homme..

Les autres alternatives

Mais la victoire la résistance a avorté ce plan car les dernier jours de la guerre des 33 jours, Israël quémandait le règlement. Demandez à la délégation arabe qui négociait dans les instances internationales dans quelle situation ils se trouvaient
Ils avaient renoncé à tous leurs conditions. Devant la commission Vinograd, Perez a déclaré que c’était désormais le seul choix disponible. Si au Liban il y avait une réelle solidarité politique entre ses différentes composantes, et que certains poignards n’étaient pas placés sur nos dos, nous aurions pu réaliser des exploits nationaux, mais certains à l’intérieur aidaient Israël politiquement pour qu’il sorte de cette impasse.

Les Israéliens sont alors partis vers une autre phase, celle de la Bande de Gaza. Mais elle parvint à faire avorter le plan. Mais les plans américanos-sionistes n’en sont pas à leur fin. Ils ne cessent de chercher des alternatives, ils sont pragmatiques, j’ai dit une fois que les US n’en ont cure de celui qui gouvernent, que ce soient les islamistes, les Frères musulmans, les talibans avec lesquels ils cherchent à négocier en Afghanistan ou autres, l’important pour eux, c’est la politique à suivre.

F16 et mirkava en déroute face aux jeunes de 16 ans

Sur la question libanaise, ils avaient un problème, celui du Hezbollah. A la lumière de la guerre juillet, des convictions s’étaient forgées : Premièrement, les bombardements aériens ne décident pas du sort d’une bataille. Deuxièmement, l’opération terrestre est une grande aventure très dangereuse. il y a quelques jours, Olmert qui délie un peu sa langue a dit que l’opération terrestre de plus de 3Km est une bêtise et Halotz aussi a acquiescé. Perez a dit dans les investigations de Vinograd : (cette guerre contre le terrorisme, c’est a dire contre les missiles de la résistance se fait à distance, il est impossible à travers un avion F16 de traquer chaque jeune de 16 ans, c’est ce qui se passait durant la guerre, combien de F16 faut-il pour traquer des jeunes de 16 et qui en fin de compte vont posséder des missiles anti-aériens et ils nous est difficile aussi d’envoyer un char Mirkava dans chaque tranchée) …

Ces jeunes que ni les 16 ni les Mirkava ne peuvent vaincre et qui reste au sud-Liban inébranlable, sont ceux-là la bonne stratégie défensive
Perez a dit aussi sur la 1701, qu’Israël n’avait d’autre choix, que c’est le maximum qu’il pouvait obtenir.

Seul recours d’Israël: le désarmement interne de la résistance

Je termine ce témoignage sur les propos de l’ancien chef d’Etat-major, Moshé Yaalone , et qui est actuellement ministre dans le gouvernement de Netanyahou, et dont les propos concerne l’intérieur libanais : il a dit : (il est clair chez moi que le Hezbollah est un phénomène enraciné qui ne peut être écrasé à travers une opération militaire et qu’il n’y a pas de solution pour éradiquer son dispositif balistique, c’est pour cela j’encourage l’action politique qui permet de le désarmer dans le cadre d’un processus politique interne) .

C’est-à-dire que le désarmement du Hezbollah doit devenir une revendication interne
Certains Libanais réalisent ce que les Israéliens veulent, en toute connaissance de cause, et en toute ignorance.
Yaalone poursuit : (pas de moyen d’arracher le Hezbollah du cœur des Chiites et pas de moyen de mettre fin à ses Katiouchas, c’est pour cela je propose d’organiser une action politique pour confiner le Hezbollah et pour que son armement soit perçu illégitime au Liban). Il en conclut que (c’est la seule solution d’Israël).
Ainsi en Israël, ils misent sur des données libanaises internes et les Libanais devraient s’éveiller. Une guerre à l’instar de celle de juillet n’a pu altérer cette résistance basée sur la lutte, le jihad, le sacrifice et l’abnégation… les insulteurs n’y pourront rien.

Le problème de la Syrie aussi: la Syrie d’el-Assad pas de Khaddam

Et lorsque les Israéliens et les Américains ont poursuivi leur lecture et leur évaluation, ils ont conclu qu’ils étaient aussi à un autre problème : la Syrie, et pas n’importe lesquelles, les inquiète. Bien entendu, ce n’est pas la Syrie des Khaddam qui les inquiète, mais celle de Bachar el-Assad
Des évolutions importantes ont eu lieu durant les dernières années en Syrie qui a pu mettre au point une stratégie militaire basée sur une vision claire qui a transformé la Syrie en une puissance militaire capable d’être une menace stratégique pour Israël et je sais de quoi je parle.

Lorsque le cerveau syrien s’est mis à étudier et à renouveler ses structures militaires, il a mis une nouvelle stratégie militaire basée sur la force de frappe balistique syrienne qui est de nos jours décisive. Pour Israël, ceci a nécessité une solution. Deuxièmement, la Syrie est le passage de la résistance, elle est le lien entre l’Iran et la résistance ; ceci est certes vrai mais elle est bien plus que ceci, elle est un soutien réel de la résistance au niveau militaire surtout : j’en donne deux indices : le premier n’est pas un secret car les Israéliens l’ont révélé : les plus importants projectiles qui se sont abattus sur Haïfa sont des missiles construits par l’industrie militaire syrienne. La Syrie n’est pas seulement un port ou un aéroport, mais un soutien réel. Elle a donné les armements les plus importants avec lesquels nous avons combattu au Liban et dans la bande de Gaza aussi.

C’est la Syrie et non l’Arabie et non l’Egypte qui a aidé la résistance à gaza

L’armement qui parvenait à la bande de Gaza et qui fait aujourd’hui peur à Israël et qui pour la première a permis aux Palestiniens de faire descendre dans les abris plus d’un million d’Israéliens, ce n’est pas le régime saoudien, ni le régime égyptien, ni les régimes arabes, qui l’ont acheminés, mais la Syrie et à travers la Syrie..
Cette direction syrienne est celle qui a pris des risques, au détriment de ses intérêts et de son existence même pour que la résistance au Liban et en Palestine soit forte
Quel régime arabe pourrait faire ceci ??
Que veut dire pour les Américains que la Syrie donne des armes pour le Hezbollah, le Hamas et le jihad islamique ?
lorsque ces régimes (arabes) interdisaient le pain et l’argent pour Gaza comme l’a fait l’Arabie saoudite, seule la Syrie a pris des risques pour le faire et pour envoyer des armes.. C’est la Syrie de Bashar el Assad, la Syrie des martyrs Assef Chawkatt, de Daoud Rajha, de Hassan Turkmani qui l’a fait !

L’Armée interdite

En ce jour, nous devons dire la vérité, qu’elle plaise ou déplaise, et que les insulteurs insultent !
En principe, il y a un projet américano-israélien qui interdit l’existence d’armées puissantes dans la région. Le tout pour l’intérêt d’Israël. Le maximum qui leur est permis est les forces de sécurité et non des armées. Et au cas où une armée est, elle devrait être équipée de a à z chez les Américains pour qu’ils soient rassurés que jamais elle ne combattra Israël. Regardez donc les armées arabes !
Pourquoi en Irak les Américains ont-ils en premier lieu dissout l’armée ? Sachant que c’est cette armée qui avait livré un combat dur aux Iraniens, qui a par la suite envahi le Koweït, qui a même tué les chiites et les kurdes… Pour la seule raison qu’elle était devenue puissante et indépendante et qu’elle se fournissait auprès des Russes. Aujourd’hui, l’Irak n’a plus d’armée et n’a qu’une police !
Seuls des services de police sont permis dans la région

Quelle armée dans cette région n’est pas soumise Américains : seule l’armée syrienne. Ça c’est la vérité
Après la guerre de juillet, il fallait la détruire …
Ce qui se passe ici est que les Américains et les Occidentaux exploitent des revendications justes de réformes et de démocratie, le tout pour faire entrer la Syrie dans une guerre. Il est interdit à l’opposition, même la plus nationale de dialoguer, car il faut à tout prix détruire la Syrie et son armée, et déchirer son peuple,.., comme ce qui s’est passé en Irak si la résistance n’avait persisté..

les commandant-martyrs: des compagons d’armes, des compagnons de route

Les Israéliens ont eu raison aujourd’hui de se réjouir, parce que les piliers de l’armée syrienne ont été tués.. C’est leur ambition qu’il ne reste pas d’armée en Syrie
Nous renouvelons l’appel pour préserver la Syrie, son peuple et son armée, à travers le dialogue

Aujourd’hui, les commandants-martyrs ont joué un grand rôle pour aider la résistance au Liban et en Palestine. Nous présentons nos condoléances à la direction et à l’armée syrienne, au peuple, à leurs familles, nous sommes tristes pour leur mort, mais saluons leur martyre.

Ces hommes étaient nos compagnons d’armes, nos compagnons de route, dans notre lutte contre l’ennemi sioniste. Nous sommes confiants que l’armée syrienne qui supporte l’insupportable parviendra à surmonter cette épreuve, et à poursuivre son devoir et a vaincre grâce aussi à ses dirigeants nationaux…

Israël poursuit son plan en Syrie, c’est ce qui s’y passe, mais lorsque la zizanie frappe, on ne peut plus distinguer le vrai du faux. Nous devons sortir de notre colère pour réfléchir un peu : pour savoir qui profite de ce qui se passe en Syrie.
Aujourd’hui, Clinton est venue dans la région. A-t-elle cherché à s’enquérir sur le peuple palestinien. Nullement ! Elle est venue rassurer les Israéliens sur les positions égyptiennes.

Les Américains sont en train de trinquer sur le sang du peuple syrien !!

Tout pour séparer l’Iran d’AlQuds

Sur la question iranienne, les Américains et les Israéliens savent très bien la centralité de l’Iran dans cette conjoncture : des études israéliennes prescrivent que pour se débarrasser de la résistance au Liban, en Palestine et ailleurs, il faut se débarrasser de l’Iran ; c’est leur seul préoccupation. Ils essaient tout : l’embargo, les sanctions, les liquidations, les attentats, des dizaines de chaines satellitaires en persan sont braquées sur ce pays pour inciter le peuple iranien contre le pouvoir. Ils ont tout fait pour que des Iraniens manifestent dans les rues de Téhéran le jour d’AlQuds et pour dire, (Ni Gaza, ni le Liban, l’Iran d’abord)

Ils ont tous essayé contre l’Iran mais aujourd’hui, et comme l’a dit le guide suprême, l’Iran est cent fois plus fort qu’il y a trente ans : c’est un grand pays, de par son peuple, son territoire et ses capacités matérielles.

Ils dramatisent en parlant de guerre. Mais notre destinée est de vivre dans une terre de guerres, d’être des hommes, des femmes des enfants de guerre.

Si La cause palestinienne revient aux régimes arabes, la Palestine est perdue à jamais

Gaza devrait se préoccuper pour son sort. Je m’adresse au peuple palestinien, et voudrais lui adresser un mot sincère : il sait que nous l’aimons, que nous lui sommes solidaires, que nous le soutenons et portons une partie du fardeau : Si la cause palestinienne revenait aux mains des régimes arabes, la Palestine sera perdue à jamais.. il y a un axe qui a payé le prix de son soutien aux cotés des Palestiniens qui est victime d’une attaque féroce et fait l’objet d’une des pire campagnes confessionnelles. C’est le sort du peuple palestinien qui est le premier visé !

Le dossier libanais:

Le renforcement de l’armée et la peur des Américains

S’agissant du renforcement de l’armée libanaise, tous les Libanais se disent unanimes sur cette question. Mais je doute ( …) les accusations lancées ces derniers jours à l’encontre de cette institution qui mettent en question le patriotisme et la neutralité de l’armée constituent la plus grande menace qui pèse sur lui.

Pour que nous ayons une armée forte il faut que nous ayons le courage de prendre des décisions fermes. C’est-à-dire ne pas avoir peur de l’ambassadrice américaine ou du général américain.

Les Américains (mentent) ils ne veulent pas donner des armes à l’armée qui puissent être utilisés contre « Israël ». Mais, ils avancent comme prétexte le fait d’avoir peur que ces armes tombent dans les mains du Hezbollah.

Nous leur disons : Donner les armes à l’armée, nous n’avons pas besoin de ses armes.

Pourtant l’Iran avait dit qu’il est prêt à octroyer ou à vendre à bas prix des armes à l’armée libanaise. Mais quel responsable a le courage au Liban de prendre une décision d’accepter le don de l’Iran?

Relation stratégique avec le CPL

Avec tout ce qui se passe aujourd’hui, je veux confirmer notre relation stratégique, cordiale, amicale et sincère avec tous nos alliés et nommément avec le Courant Patriotique Libre. Au cours des deux dernières semaines, des choses ont été dites sur cette relation.

Nous, au sein du Hezbollah, nous réaffirmons notre respect, notre appréciation et notre relation stratégique avec la personne du général Michel Aoun et avec les camarades au sein du CPL, ses cadres, ses membres et son public.

Je certifie que cette alliance est stratégique et que ce que nous avons accompli ensemble pendant six ans, notamment dans les jours difficiles, ne saurait être brisé par un désaccord ou l’hypothèse d’un désaccord sur une question sociale ou politique .

 La question sunnite-chiite

J’appelle tous les Libanais et surtout les partisans de la résistance à la patience et à la discipline et à ne surtout pas répondre aux provocations. Certains paient de l’argent pour pousser le Liban vers le chaos et la division confessionnelle.

Dans ce contexte, je voudrais aborder le sujet du pistolet en jouet, puisque des députés et des prédicateurs en Egypte, au Soudan et dans les pays du Golfe ont en parlé.

Ils ont montré à des fidèles rassemblés dans les mosquées un pistolet en jouet prétendant qu’il a été fabriqué par les chiites et qui ressort le son suivant : Tuez sayeda Aicha (la femme du prophète Mohammad (S)) .

Pourtant en réalité, la phrase en anglais émise par ce jouet ne dit rien de cela.

Qui empêche les entreprises occidentales et israéliennes de fabriquer un jouet qui appelle à tuer sayeda Aicha ou bien le Khalifa Abou Bakr ou Ali.

Et nous, les musulmans nous les croyons et nous nous entretuons. Nous sommes appelés à la vigilance.

D’où la nécessité d’un pacte d’honneur entre les diverses composantes confessionnelles aux termes duquel tout individu, de n’importe quelle communauté, qui se permettrait de s’en prendre à d’autres groupes devrait être désavoué par sa propre communauté.