Islamophobia et Turquie : Deus machina bis

Aujourd’hui on entend Bernard Henry Lévy appeler à une levée de boucliers pour ne pas dire une levée d’armées contre la Turquie. Cet appel n’est ni anodin ni fortuit lorsqu’on suit l’actualité de la région avec ses guerres et ses remodelages géopolitiques, lorsqu’on étudie la mise en œuvre implacable et sans relâche de la stratégie islamophobe.

BHL, surnommé  le  « VRP DE LA GUERRE », chantre de la philosophie du sinistre et du cynique, intervient toujours pour annoncer et accompagner la communication de guerre ou l’information de subversion militaro-idéologique dans le monde musulman.

Le rôle célèbre qui reste en mémoire est celui d’agent communicant dans le démantèlement de la Libye et l’assassinat de Kadhafi. Cette célébrité fut possible car les élites musulmanes indigentes sur le plan politique et cynique sur le plan moral avaient non seulement soutenu lâchement l’agression d’un pays arabe et musulman par l’OTAN, mais l’avait réclamé pour se débarrasser d’un dictateur et le remplacer par une confrérie musulmane qui servait de cobaye à l’expérimentation politico-sociale et géopolitique dans la nouvelle gestion du monde arabo-musulman. Youssef Qaradhaoui et Tarik Ramadan ont joué le rôle de pygmalion narcissique et d’interlocuteur valide sur le plan idéologique pour diaboliser l’image de Kadhafi et de Bachar Al-Assad.

BHL le « VRP DE LA GUERRE » a eu d’autres rôles de subversion militaire dans le monde musulman. Le premier et grand rôle fut celui de fabriquer médiatiquement le commandant Messaoud et lui donner la réputation mondiale de héros de la lutte contre l’empire soviétique.  Non seulement Qalb Edine Hikmathyar le véritable chef du « Jihad » fut dépossédé de son titre et de son influence dans la gestion politique et diplomatique de l’Afghanistan, mais les Pachtouns majoritaires furent exclus de la gestion de la paix et la gouvernance du pays. BHL avait réussi à mettre en place la communication subversive pour faire entrer l’Afghanistan dans une guerre civile, la montée en puissance des Talibans et l’invasion américaine. L’Afghanistan et sa région ne peuvent être gérés par la France alors se pose la question du rôle subalterne de BHL qui a agi donc pour le compte des Américains. Aujourd’hui encore on se pose la question sur l’intérêt de la France en Syrie et en Libye et les conséquences des flux migratoires qui déferlent sur l’Europe. On peut dire que la tête pensante est britannique, le corps est américain, le saltimbanque est français.

L’autre rôle maléfique sur le plan de la subversion est celui que le philosophe de la haine a joué en ex-Yougoslavie. La Yougoslavie était une mosaïque d’ethnies, de langues, de religions et de cultures adossée à l’Europe et proche de la Russie par sa composante slave et proche de la Turquie par sa composante musulmane. La Yougoslavie de Tito était presque un compromis de coexistence des grands empires européens avec l’empire ottoman. Cet ilot de pluralisme au sud-est de l’Europe ouvert à la Russie, à l’Italie et à la Turquie n’avait pas de chance de survie dans un monde dominé par la culture américaine monopoliste et hégémonique. Le démantèlement de la Yougoslavie et son atomisation puis l’intégration et la fusion de ses fragments dans l’Europe bureaucratique sous contrôle américain était donc programmé et son chemin passe par l’éclatement provoqué par une guerre civile, des nationalismes exacerbés et l’intervention de l’OTAN contre les Serbes. BHL s’est trouvé présent du côté musulman en Bosnie-Herzégovine. Il a donné une audience médiatique à Ali Izzat Begovic. On le voyait un peu partout dans les capitales européennes et on lui donnait la stature d’intellectuel puis celle d’homme politique et enfin celle de président intéressant.

Ce musulman mystique, pacifiste, philosophe, cultivé, artiste et multiculturel aimant l’Islam sans travers apologétique, respectueux du christianisme et de l’Europe, auteurs de plusieurs écrits dont notamment « L’Islam entre l’Orient et l’Occident » s’est transformé sous la houlette du philosophe agent de subversion idéologique en un partisan de la radicalisation musulmane et de l’autonomie que le wahhabisme saoudien revendiquait au Caucase (Tchétchénie) et dans d’autres parties du monde. Bien entendu les anciens conflits politiques des partisans de Izzat Begovic avec Belgrade ainsi que ses écrits de jeunesse sur l’État islamique à la lumière de l’expérience du Pakistan ont été instrumentalisés en vue de l’exacerbation du sentiment religieux et du nationalisme qui ont accompagné la volonté politique occidentale d’armer les Bosniaques puis de les présenter en victimes protégées de l’holocauste serbe sans véritable étatisation politique réelle.  BHL ainsi qu’Alain Finkielkraut qui avait pris position pour les nationalistes Croates appelleront à une levée de l’embargo sur les armes en direction des mouvements séparatistes de l’ex-Yougoslavie.

BHL a joué un rôle de subalterne médiatique, mais le chef d’orchestre était Warren Zimmermann, l’ambassadeur des États-Unis en Yougoslavie. Il avait poussé Izzet Begovic à appeler à un référendum populaire sur l’indépendance et à la reconnaissance de la Bosnie-Herzégovine en tant qu’État indépendant. Les États-Unis et l’Europe avaient reconnu l’État bosniaque née du référendum. Malgré les appels de Begovic à un État multiethnique et multiconfessionnel, la guerre avec Belgrade était inévitable. Le monde musulman avait ensuite fourni l’argent, les armes et les combattants sous le contrôle de la CIA. C’est toujours le même scénario : Les intellectuels musulmans, à l’exception de Malek Bennabi, n’ont jamais pu voir et comprendre l’absurdité et la dangerosité de la revendication d’un État islamique et tout particulièrement de celui véhiculé par le Pakistan (l’État des purs). L’incapacité à lire la géopolitique provient de l’indigence culturelle et politique qu’exploitent les Britanniques, les Français et les États-Unis. Lorsque cette incapacité se combine avec l’incompétence de comprendre l’Islam libéré des mythes et des visées politiques alors l’intellectuel musulman, le gouvernant, le peuple se trouve en danger de mort. Malek Bennabi dans la lutte idéologique a montré comment les idéologues de la colonisation cherchent et construisent l’interlocuteur valide colonisé qui va être manipulé pour servir les desseins stratégiques du colonialisme.  Izzat Begovic a été mis dans l’ambiance idéologique de l’audience médiatique qui formate les esprits et rend le formaté docile, indolent, incompétent à voir au-delà du spectacle qui cultive l’égo et nourrit les fantasmes. Il était devenu par les conditions géopolitiques et sociopolitiques un « interlocuteur valide » auprès duquel le philosophe de la mort distillait les conseils sages, avisés et bienveillants…

Après la fin de la guerre de Bosnie par l’accord de Dayton en novembre 1995, Izet Begovic est devenu membre de la présidence de la Bosnie-Herzégovine laquelle était subordonnée à un Haut représentant chargé de superviser les affaires de l’État nommé par la communauté internationale alors que la Serbie, la Slovénie, la Croatie et le Monténégro étaient devenus réellement indépendants avec une véritable présidence. Ce sont des centaines de milliers de morts et parfois des dizaines de milliers de morts issues des communautés musulmanes qui paient les déboires de leurs élites et réalisent l’ambition des communicants et des décideurs occidentaux. Izet Begovic a fini par démissionner écœuré de la supercherie.

Bien entendu on ne peut citer BHL sans citer le soutien inconditionnel qu’il avait apporté à la préparation de la guerre et à l’invasion de l’Irak par l’Amérique. Devant tant de zèle et de « réussites » de BHL on est en droit de s’interroger sur les pouvoirs de communication qu’il possède en France et sur les liens de renseignements et d’infiltration (avec les liens de logistique) qu’il possède dans les communautés musulmanes à travers le monde. Personne ne l’interpelle sur son silence au sujet du génocide des Rohingyas, des Yéménites,  et des Gazaouis. Personne ne lui demande des comptes sur le terrorisme surnommé islamique que son intervention a fait générer à grande échelle dans le monde musulman et à petite échelle en Europe.

Bernard Henri Lévy avait également défendu la « révolution » orange en Ukraine et pris position contre la Russie. Il s’est aligné sur les directives atlantistes.

Anti arabes et anti musulmans notoires en France, BHL n’existe « philosophiquement » que par son  apparition médiatique où il ne fait que valider les orientations et les politiques du sionisme et de l’impérialisme atlantistes. Si la proximité idéologique et financière de BHL avec les patrons médiatiques n’est plus à démontrer, reste alors posée la question du réseau qu’il réveille facilement et efficacement dans les pays subissant la subversion psychologique et la subversion militaire atlantiste.

Quel est le rôle assigné à Bernard Henry Levy pour saper le nationalisme et l’islamisme portés par la Turquie d’Erdogan ? La réponse est donnée par un article de BHL sur Wall Street Journal (proche de la droite ultra conservatrice américaine) du 13 août 2018 sous le titre de « NATO Should Give Turkey the Boot (L’OTAN devrait donner le coup d’envoi à la Turquie) – Ankara, helped by China and Russia, is vandalizing Western interests (Ankara, aidé par la Chine et la Russie, vandalisera les intérêts occidentaux).

Bernard Henry Lévy reprenait à son compte, avec un décalage de 10 jours, les thèses de l’américain Daniel Pipes.

Bernard Henry Lévy et Daniel Pipes à l’instar des diplomaties britanniques, américaines, françaises et israéliennes soutenaient sans retenue ni réserve Ankara participant à la guerre mondiale menée contre Damas. Ils soutenaient Erdogan présenté comme un démocrate musulman pouvant conduire la Turquie vers une intégration à la civilisation occidentale (économie du marché et de la globalisation). Il ne s’agissait pas en réalité d’un soutien, mais d’une stratégie de communication qui dévoilait son contenu et ses cibles selon les impératifs de pertinence géographique, d’opportunité temporelle et de cohérence géopolitique fixés par la gouvernance mondiale atlantisme.

Aujourd’hui et après les attaques de Trump, BHL décrit la Turquie comme pourvoyeur d’armes des groupes armées islamiques liés à Al Quaïda et DAECH, péril génocidaire contre les Kurdes… Elle ne devrait plus avoir sa place au sein de l’OTAN. Nous sommes en présence d’une communication orchestrée depuis les États-Unis. Le chef d’orchestre est Daniel Pipes.

J’ai écrit le livre « Islamophobia : Deus machina » et montré Daniel Pipes comme l’instigateur de l’Islamophobie véritable machine de guerre psychologique et militaire contre le monde musulman. J’ai notamment mis en exergue les points suivants de l’islamophobie :

  • Une haine ancienne et entretenue de l’Islam ;
  • Une mise en guerre des musulmans les uns contre les autres et les uns après les autres
  • Une connaissance de la mentalité des musulmans atomisés en fragments d’humanité errants sans orientation civilisationnelle vers l’avenir, sans culture géopolitique du présent, sans lecture lucide de leur passé
  • Une infiltration des mouvements islamiques qui demeurent infantiles et facilement manipulables du fait de la culture confrérique, du culte du chef, de l’absence de pratiques démocratiques transparentes, et de l’entêtement à refuser de tirer enseignement de leurs échecs politiques et de leurs limites intellectuelles
  • Une volonté de montrer le monde musulman et ses acteurs mis sous les feux de la rampe médiatique comme répulsifs afin de générer de la méfiance des non musulmans envers les musulmans et de la défiance des musulmans entre eux. C’est ce tableau psychologique qui permet aux armées occidentales d’ouvrir des fronts de combat contre un adversaire isolé, c’est ce même tableau qui permet de mener des combats terrifiants contre des populations civiles pour qui l’opinion occidentale ne va éprouver ni pitié ni respect ni ressentir une quelconque émotion.
  • Faire accepter l’idée du clash des civilisations entre l’Occident et l’Orient
  • Une audace de faire payer la facture de guerre et de subversion par les gouvernants musulmans eux-mêmes pour ne pas subir la « justice implacable » et conserver leur pouvoir oppressif sur les populations musulmanes.
  • Empêcher la jonction politique, économique et géostratégique entre la Russie, la Chine et le monde musulman pour que le monde demeure tel qu’il est : monopolaire sous l’hégémonie de l’oligarchie financière.
  • Réaliser les buts stratégiques : interdire toute idée d’indépendance, tuer dans l’œuf toute tentative de renaissance civilisationnelle, piller les ressources, détruire les mentalités collectives, disloquer les géographies, saper les embryons d’économie, intégrer les flux migratoires à la fois comme un procédé de guerre en vidant les pays de leur jeunesse laissant le pays sans bras armé pour la résistance (le cas syrien est le plus éloquent) et comme émergence d’un sous prolétariat en concurrence avec les prolétariats européens facilitant l’accumulation capitaliste des profits par la réduction du cout du travail.

L’accueil méprisant réservé à mon livre, l’acharnement et l’empressement des « indigènes » musulmans de France à vouloir montrer l’islamophobie soit comme une xénophobie envers les banlieues françaises soit comme une séquelle de la colonisation de l’Algérie m’a réconforté dans l’idée de l’indigence politique des musulmans, de leur quête de statut social d’intellectuel, de leur alignement idéologique qui leur permet de bénéficier d’une rente d’existence en devenant l’interlocuteur valide qui se focalise sur l’accessoire et qui évite le fondamental et les priorités.

Ceux qui veulent encadrer les populations musulmanes en Europe et aux USA ont certes des diplômes universitaires, mais il leur manque la culture politique et la vue lucide sans esprit partisan, sans démarche sectaire, et sans aliénation à la réussite mondaine. Ceux qui communiquent contre les musulmans disposent d’une culture islamophobe, d’un réseau d’informateurs et d’un savoir efficace sur le musulman africain, asiatique ou occidental. Ces communicants s’adressent aux populations occidentales non musulmanes pour les faire adhérer sinon les neutraliser dans leur combat idéologique et militaire contre les musulmans (islamistes, athées, laïques, arabes, berbères, persan, turcs et chrétiens ou juifs d’orient). La religion n’est pas le moteur, mais la civilisation qu’elle a portée ou qu’elle risque de porter. Le musulman qui entre dans le moule idéologique et qui se confine à prier, à faire le pèlerinage et à porter barbe et gandoura n’intéresse pas les laboratoires de la psychologie sociale et de la guerre subversive. Celui qui rêve ou qui porte un projet de réforme, d’éveil et de mise en travail des peuples est ciblé pour être mis en silence, mis à l’oubli ou mis à mort.

Daniel Pipes n’est pas un abruti, c’est un intellectuel hautement qualifié et très compétent qui apporte une efficacité sur le plan de la communication et des études orientalistes au service du sionisme et de l’Empire. Il est titulaire d’un doctorat en littérature à Harvard et d’une post graduation sur l’histoire médiévale de l’islam, il est également titulaire d’un doctorat en Charia islamique à l’université d’Al Azhar au Caire. Il parle anglais, français et arabe. Il enseigne dans plusieurs universités. Il collabore avec les Affaires étrangères et la défense des USA ; Il travaille avec les doctrinaires américains de la géopolitique tels que Robert Strausz-Hupé. A titre de comparaison, quelles sont les lettres de créances des conseillers des savantissimes religieux de l’Islam ? Quelles sont celles des musulmans militant en France ? Soient-ils ne parlent pas bien le français soient ils sont dans l’ignorance totale de l’histoire, de la culture, de la géographie, des mœurs, de la religion et de la sociologie de la société française.  Pour la majorité d’entre eux la France est un terrain vague sur lequel ils pensent pouvoir faire paître tranquillement le troupeau qui les suit.

Daniel Pipes mobilise, préside et anime des cercles d’intellectuels, de journalistes et d’artistes au service du sionisme et de l’Empire américain. Il intervient quotidiennement sur les plus grands titres de la presse écrite, de la radio et de la télévision. Il est parrainé par les ultra conservateurs américains et israéliens à Washington et à Tel-Aviv. Comme Bernard Henry Lévy il est juif et tous les deux affichent leur judaïté, leur haine de l’Islam et leur mépris pour les Palestiniens et en particulier pour les mouvements indépendantistes palestiniens. Être Juif n’est ni une tare ni un châtiment divin, mais une garantie supplémentaire pour se protéger au nom de l’antisémitisme. On accuse facilement les Juifs de tous les maux de la planète, cela fait diversion et surtout cela cache l’oligarchie financière qui prend les décisions sérieuses. Les Chrétiens d’Orient et de Russie savent mieux que quiconque la puissance maléfique du Temple satanique et des évangélistes éradicateurs qui attendent l’Apocalypse et le retour de Jésus. Plus que le pouvoir de l’argent, il y a le pouvoir spirituel sur l’humanité avec à sa base l’usurpation et l’imposture du mythe rédempteur de Jésus Christ. Le général Greig, canadien, a écrit un livre, je crois qu’il s’appelle “l’échiquier” où il décrit la puissance et le maléfice de l’Église (ou de la Synagogue) satanique aux USA. L’idéologie satanique est la lutte contre l’humain dans ce qu’il a de plus noble et la promotion de ses vices les plus abjects. L’idéologie apocalyptique, d’inspiration biblique, vise à  gommer toutes les différences et à domestiquer une humanité pour qu’elle soit assujettie aux ordres et au service d’une élite « supérieure » (les élus). C’est revisiter le fascisme qui se libère du credo nationaliste pour celui de l’universel et de la mondialisation. Vatican II allait dans ce sens aussi avec des objectifs moins radicaux : évangéliser toute la planète et tolérer l’Islam comme religion païenne asiatique dans le cadre du dialogue des civilisations. DAECH est de la même idéologie donc de même inspiration…

Une parenthèse mérite d’être ouverte sur l’islamophobie de Daniel Pipes, ce n’est pas une islamophobie primaire, c’est une islamophobie élaborée et efficace comme il dit lui-même :

« … l’islam radical est le problème et l’islam modéré, la solution. Mon point de vue présente, entre autres avantages, d’envisager une coopération avec les musulmans anti-islamistes ».

C’est le schéma directeur de la lutte antiterrorisme islamique : rendre les musulmans des collaborateurs et des délateurs. C’est ce canevas qui a laissé les Frères musulmans parvenir au pouvoir en Égypte et en Turquie ou jouer un rôle majeur en Syrie et au Yémen. C’est ainsi que Daniel Pipes publiait des articles prônant le soutien à l’Irak contre l’Iran. Ce n’est pas l’Iran et le chiisme qui posent problème, mais la révolution islamique et l’éviction du Shah d’Iran.  C’est l’Amérique et ses idéologues qui décident qui est le bon et le mauvais musulman, qui est le modéré et l’extrémiste. Le musulman n’est pas autonome dans ses décisions ni libre dans son projet d’émancipation. Même l’athée et le laïciste du monde musulman ne doit voir que sous l’œil observateur et sous l’esprit inquisiteur de l’Amérique. C’est ce mode de pensée qui permet à l’intelligence américaine de trier entre la bonne gauche et la mauvaise, la bonne droite et la mauvaise. Tout est analysé du point de vue utilitaire et provisoire. C’est l’idolâtrie des temps post modernes… Cette idolâtrie est le creuset idéologique et spirituel de Daniel Pipes :

« L’ordre mondial qui se profile sera-t-il celui de l’empire universel américain ? … La mission du peuple américain consiste à enterrer les États-nations »

Toute la rhétorique de Bernard Henry Lévy est déjà conceptualisée et communiquée au préalable par Daniel Pipes qui a un réseau efficace en France pour mobiliser et communiquer sur tout projet de guerre impériale dans le monde musulman. C’est ce réseau qui a pris en charge Sarkozy pour la Libye, Hollande et Macron pour la Syrie et qui est en train de prendre la direction de la communication pour la Turquie. Ce n’est pas les propos de BHL qu’il faut suivre et analyser, mais bien ceux de Daniel Pipes. Le mieux serait de suivre et d’analyser les illuminés d’Amérique.  Ils sont les concepteurs et les communicants des mots d’ordre ravageurs et des feuilles de routes opérationnelles sous-jacentes à leurs concepts : « islamophobie », « Nouvel antisémitisme », « Militants de l’islam », « la théorie moyen-orientale du complot ». Avant que la France ait eu l’idée de créer le CFCM et le concept d’Islam de France, Daniel Pipes avait déjà lancé l’idée de création d’un « Institut américain de l’Islam Progressiste » début des années 2000 . Daniel Pipes a construit un réseau dense et efficace de musulmans zélés, arabes et non arabes, par le forum du moyen Orient qui permet de fédérer les opposants à l’Islam et les sympathisants idéologiques de l’Amérique. Il est aussi très influent dans la sphère intellectuelle et médiatique en Allemagne, en France et en Angleterre.

Contentons-nous ici et maintenant de rapporter quelques analyses et quelques recommandations de Daniel Pipes pour rendre la Turquie obéissante et servile, et probablement faire partir Erdogan et changer de régime en redonnant à l’armée le pouvoir qu’elle a perdu sur injonction américaine qui avait besoin d’un allié conjoncturel sunnite pour mener sa guerre contre l’Iran,  pour partitionner la Syrie en quatre ou 5 émirats et régler définitivement la question palestinienne. Voici ce que dit Daniel Pipes en substance après avoir posé la question essentielle : « L’affirmation selon laquelle la Turquie s’éloigne de l’Occident appelle plusieurs questions : au-delà des beaux discours, quelle est la réalité de l’alliance atlantique en 2018 ? La Turquie devrait-elle rester membre de l’OTAN ? L’OTAN a-t-elle encore une mission à l’ère post-soviétique ? Et si oui, laquelle ? » : Son diagnostic est le suivant

  • Les réponses les plus pertinentes consistaient à dire que l’OTAN devait certes, continuer à exister et à mobiliser ses moyens de défense contre la nouvelle grande menace totalitaire qu’était l’islamisme. Les fascistes, les communistes et les islamistes diffèrent sur bien des points mais ils ont en commun ce rêve d’une utopie radicale fabriquant un être humain supérieur dont l’existence a pour but de servir son gouvernement. Le nouvel ennemi islamiste a acquis une importance planétaire au moment même où l’ennemi initial (URSS) était vaincu…
  • La menace islamiste : Cette menace était alors surtout le fait de deux pays, l’Afghanistan et la Turquie, qui représentaient pour l’OTAN deux défis sans précédent, le premier externe et le second interne… Le programme nucléaire iranien, qui est désormais en marche pour la fabrication de bombes dans les dix prochaines années, constitue le problème le plus funeste particulièrement quand on prend en compte la présence à Téhéran d’un régime apocalyptique et la possibilité d’une attaque à impulsion électromagnétique… Le gouvernement turc menace de faire déferler sur l’Europe des vagues de réfugiés syriens. Il entrave les relations de l’OTAN avec des alliés proches comme l’Autriche, Chypre et Israël. Il a soutenu le retournement de l’opinion publique turque contre l’Occident, particulièrement contre les États-Unis et l’Allemagne. À titre personnel, il m’est devenu impossible (à l’instar d’autres analystes observateurs de la Turquie) de ne serait-ce que changer d’avion à Istanbul par crainte d’être arrêté et jeté en prison pour servir d’otage et de monnaie d’échange avec un criminel turc réel ou imaginaire se trouvant aux États-Unis. Rendez-vous compte : la Turquie, un soi-disant allié, est le seul pays au monde où je crains d’être arrêté à mon arrivée…
  • Erdoğan a pratiquement rejoint l’Organisation de Shanghai qui fait office de pendant russo-chinois de l’OTAN. Les troupes turques ont participé à des exercices communs avec les armées russe et chinoise. Plus significatif, les forces armées turques sont en train de déployer le système de missiles antiaériens russe S-400
  • La Turquie anti-OTAN, anti-occidentale et dictatoriale : Le pouvoir d’Erdoğan s’est construit sur la nature despotique de l’islamisme : trucage d’élections, arrestations de journalistes dissidents sur présomption de terrorisme, création d’une armée privée, SADAT, usage de la torture par la police et organisation d’un coup d’État.
  • Le gouvernement turc soutient Téhéran de plusieurs manières : aide au développement du programme nucléaire iranien, soutien à l’exploitation des champs de pétrole iraniens, aide au transfert d’armes iraniennes vers le Hezbollah et soutien conjoint au Hamas.
  • La Turquie dénature l’OTAN : Outre son hostilité, la présence turque à l’OTAN dénature l’Alliance. L’OTAN devrait lutter contre l’islamisme. Or, avec des islamistes présents dans la place, comment l’Alliance atlantique pourrait-elle agir de la sorte ?

Les préconisations de Daniel Pipes : L’OTAN se retrouve face à un dilemme qu’il faut trancher : soit exclure la Turquie, option que je préconise, soit la garder, option que l’OTAN privilégie instinctivement.

  • Exclure la Turquie : Mon argumentation repose sur le fait qu’Ankara pose des actes hostiles à l’OTAN, qu’elle n’est pas un allié et qu’elle empêche le nécessaire recentrage de l’action atlantique sur l’islamisme. En somme, la Turquie est le premier État membre à passer dans le camp ennemi où il se peut qu’elle demeure longtemps… il faut se demander pendant combien de temps la Turquie restera islamiste et dictatoriale, et s’apparentera à un État voyou. Au vu du sentiment anti-occidental qui règne largement en Turquie, je pense qu’il faut que l’OTAN soit libre d’être ce qu’elle doit être.
  • Sinon… il existe plusieurs mesures propres à diminuer les relations avec Ankara et à réduire le rôle de la Turquie dans l’OTAN.
    • Abandonner la base aérienne d’Incirlik… Il existe une foule d’autres sites, par exemple, en Roumanie et en Jordanie. Selon certaines sources, ce processus est déjà enclenché…
    • Retirer l’arsenal nucléaire américain… Retirer l’arsenal nucléaire américain… stopper les ventes d’armes.
    • Ignorer l’article 5 et les autres demandes d’aide.
    • Garder l’OTAN à distance de l’armée turque.
    • Aider les opposants à la Turquie. Il faut soutenir les Kurdes de Syrie ainsi que le projet de plus en plus clair d’alliance entre la Grèce, Chypre et Israël. Il faut par ailleurs coopérer avec l’Autriche.

C’est un programme de guerre punitive contre la Turquie. BHL et les réseaux médiatiques français vont mâcher et recracher ce programme sans le digérer. Ils n’agissent pas pour les intérêts  de l’État français, mais pour le compte de l’Empire. Ils ne connaissent pas la feuille de route à long terme, ils communiquent à court terme et font office de vassalité envers leur donneur d’ordre avec qui ils partagent la même haine, celle de l’Islam, et le même amour, celui d’Israël. Daniel Pipes ne communique pas du fait de la complaisance ou de la proximité des médias américains, il analyse et conseille l’établissement politique et militaire américain ainsi que l’état profond américain ultra conservateur et messianique. Son organisation se réunit avec l’administration de l’OTAN. Les extraits que nous venons de citer sont l’analyse qu’il a développé pour le compte de l’OTAN et de la Maison Blanche.

Erdogan prisonnier de son narcissisme et de l’entrisme opportuniste des Frères musulmans n’avait pas compris que les États-Unis n’ont pas d’alliés, mais des vassaux. Ces vassaux ne sont pas égaux sur le plan de la servitude, ils doivent être regroupés par zone et mis sous le commandement d’un chef de zone. Pour le Moyen-Orient il y a un adjudant-chef c’est Israël, le second exécutant est le sergent-chef alias Arabie saoudite. La Turquie devrait se contenter de la troisième place de caporal-chef. Il n’y a pas de place à l’ambition néo-ottomane. Il est extraordinaire de voir comment la gauche dans les pays musulmans, via le trotskisme et autres organisations pseudo progressistes s’est mobilisé pour dénoncer l’empire ottoman et mettre en exergue le despotisme ottoman sans jamais remettre en cause les errements d’Erdogan en Syrie ni faire une analyse objective de la Turquie sur la dernière décade (économie, monnaie, société) et encore moins admettre le rayonnement civilisationnel de la Turquie ottomane sur le reste du monde. Atatürk est l’idole des progressistes arabes qui n’ont jamais mis les pieds en Turquie et qui ne connaissent pas l’humiliation du peuple musulman turc obligé de vivre son islamité en clandestinité et de porter contre son gré les vêtements européens et d’écrire sa langue natale avec des caractères latins. Les Frères musulmans n’avaient pas compris et ne comprennent toujours pas comment ils sont utilisés comme pion sur l’échiquier mondial dans ce que les Américains appelle le chaos fécondateur ou la régression féconde pour remodeler les nations et les régions par les contradictions et les violences.

L’ambition d’Erdogan ne repose pas principalement sur l’islamisme, mais sur le nationalisme turc. Le nationalisme turc est chauvin, mais efficace car il repose sur une population laborieuse, fière de son passé et désireuse de s’imposer dans la région en tant que nation prospère et civilisée. Dans cette crise avec l’Amérique c’est le nationalisme et l’anti américanisme très vivace dans la Région qui sont les moteurs du gouvernement turc pour juguler la crise monétaire et la guerre économique. Erdogan est un animal politique suffisamment cultivé et fortement ambitieux capable donc de transformer son pays en bloc de résistance et de former des alliances stratégiques préservant les intérêts de la Turquie et la survie de son régime. Il faudrait d’abord qu’il prenne conscience des véritables enjeux économiques et de la nature de la crise de sa monnaie qui est d’ordre structurel par son alignement à l’économie mondiale avec ses spéculations boursières et l’usage exclusif du dollar. Il devrait le plus rapidement possible trouver des solutions sérieuses et durables avec la Syrie et avec les Kurdes et s’ouvrir comme partenaire fiable à la Russie, à l’Iran, au Pakistan, à la Chine, à l’Inde. C’est au Européens de prendre leur avenir en mains : se maintenir bienveillant en Turquie avec un marché de 100 millions d’habitants et s’ouvrir avec courage et détermination à l’Iran avec un marché de 80 millions d’habitants ou bien suivre aveuglement l’administration américaine et les relais médiatiques européens des think tanks apocalyptiques.

Notre lecture de l’actualité à travers le regard de Daniel Pipes nous invite à aborder deux aspects du problème posé à la Turquie. Le premier problème est celui de Donald Trump. Lorsqu’on l’examine sérieusement et avec beaucoup de recul, il ne s’agit pas d’un problème, mais d’une providence, d’une aubaine, d’une chance : l’Amérique se dévoile tel qu’elle est sans les lissages diplomatiques et avec la brutalité de Trump. Cette brutalité devrait inciter les gouvernants sensés et les peuples éveillés à chercher des alliances régionales, à donner plus de liberté et de confiance à leurs peuples et à créer toutes les conditions pour l’émergence d’un monde bipolaire ou multipolaire s’ils veulent garantir la paix et la sécurité. Le second problème est celui posé par Daniel Pipes : l’OTAN est l’arme de la civilisation occidentale dans sa forme capitaliste et post moderne. Le maintien de la Turquie pose un problème de conscience morale et civilisationnelle : comment admettre que la Turquie l’un des plus grands pays musulmans et de surcroît émergent en termes de développement social et économique puisse être la seconde armée la plus puissante de l’OTAN alors qu’elle devrait être, par les principes islamistes, au service des opprimés ou du moins un renfort ou une alliance  pour les pays émergents de la Région. Il faut dire merci à Daniel Pipes de poser les problèmes d’une manière logique et merci à l’Europe de refuser l’intégration de la Turquie pour les mêmes motifs civilisationnels et idéologiques (religieux). Erdogan et les Frères musulmans dans tous les pays où ils sont fortement implantés ne veulent pas changer le monde, mais s’intégrer dans le monde du plus fort et servir la bourgeoisie d’affaires qui gravitent dans leur sillage confrérique et partisan. L’exemple le plus flagrant est celui des Frères musulmans en Algérie : un appétit mondain et un gout pour le pouvoir. Les États-Unis connaissent cet appétit et ce gout et  sont disposés à jouer la carte de l’islamisme « modéré » qui  facilite le jeu américain. Le jeu américain n’est pas subtile, il consiste à mettre en compétition le pouvoir en place et les Frères musulmans pour obtenir le maximum de concessions économique, politique et géostratégiques.

Ce qui se dit comme ce qui se passe est instructif et nous donne les repères pour voir l’évolution du monde musulman : libération ou aliénation.

Le jeu américain ne se limite pas aux Frères musulmans, il est ouvert aux libéraux et aux progressistes dont il connait le poids politique et l’influence sociale très limitée et à ce titre Daniel Pipes et les décideurs américains et leurs alliés européens ne leur suggèrent que des projets de socialité pour détruire la mentalité collective conservatrice : liberté sexuelle, homosexualité, théorie du genre, égalité des sexes, abolition du code de la famille. En direction de la  gauche anglaise ils suggèrent le Brexit, la fermeture des frontières aux réfugiés et la tolérance zéro vis à vis des communautés musulmanes.

Il n’ y a pas de complotisme, mais une politique d’actions et d’influences sur l’environnement pour l’adapter à ses impératifs politiques, économiques, culturels, financiers, juridiques, diplomatiques et géopolitiques. Est-ce que les gouvernants et les opposants sont prêts à faire une lecture des enjeux et de réfléchir aux réponses les plus adaptés pour se protéger et résister?

Omar MAZRI – liberation-opprimes.net

Syllogismes fallacieux saoudiens et guerre en Syrie.

Si le déni de réalité fausse les énoncés de vérité,  l’absence de vérité ne permet ni  de construire une réalité objective autre que perception ou  représentation mentale ni de trouver un consensus sur la réalité pour qu’elle devienne vivable dans le sens où se construit un sens commun, des valeurs communes, des intérêts partagés et un vouloir-vivre ensemble. Sur le plan ontologique, social, politique, idéologique, historique ou religieux, le pervers narcissique est le cas pathologique le plus tragique. Il est symbolisé par le drame de Caïn tuant Abel, le drame de toute pathologie qui se croit détentrice de la vérité et possédante de la réalité telles qu’elle se les représente dans le mental, l’affectif et  le comportement provoquant des dérives criminogènes sur sa victime.

Le pervers narcissique établit ses rapports sur la domination par la force, la séduction, la fascination et l’exclusion voire l’élimination tant de ce qui lui résiste que de ce qui se soumet à lui. Vivant dans un déni de réalité et de vérité il construit un système de représentations et de valeurs qui le sublime et qui dévalorise tout ce qui n’est pas lui au point de nier à autrui les droits fondamentaux de la différence voire même de l’existence. Sur le plan de la religion et de la patrie, le pervers narcissique parvient à confondre les nobles principes avec les valeurs qu’il se représente de ses principes. Un principe coranique, politique, moral, intellectuel objectif par son caractère universel est transféré dans le domaine de la valeur subjective construite par une coutume, un intérêt, un désir, une idéologie, un vécu, une erreur d’interprétation, une dérive pathologique…

C’est exactement ce que l’Arabie saoudite, Daesh et consorts ont réalisé et c’est ainsi qu’ils ont construit leur existence et leur durée. Ils ont détourné la vérité du Coran et ils ont défiguré la réalité de l’Islam :

La perversion est définie par « l’action de détourner quelque chose de sa vraie nature ».

Le narcissisme est défini comme l’installation durable de « l’ intérêt excessif pour (l’image de) soi provoquant une survalorisation de soi et une dévalorisation d’autrui ».

C’est par ces deux déviations que le pervers narcissique désacralise la vie humaine et rend, « légitime et légaux », les crimes les plus odieux, l’effusion de sang à grande échelle sans droit ni justice, la tyrannie et la guerre contre les musulmans :

{وَمِنَ ٱلنَّاسِ مَن يُعْجِبُكَ قَوْلُهُۥ فِى ٱلْحَيَوٰةِ ٱلدُّنْيَا وَيُشْهِدُ ٱللَّـهَ عَلَىٰ مَا فِى قَلْبِهِۦ وَهُوَ أَلَدُّ ٱلْخِصَامِ}

{وَإِذَا تَوَلَّىٰ سَعَىٰ فِى ٱلْأَرْضِ لِيُفْسِدَ فِيهَا وَيُهْلِكَ ٱلْحَرْثَ وَٱلنَّسْلَ ۗ وَٱللَّـهُ لَا يُحِبُّ ٱلْفَسَادَ }

{وَإِذَا قِيلَ لَهُ ٱتَّقِ ٱللَّـهَ أَخَذَتْهُ ٱلْعِزَّةُ بِٱلْإِثْمِ ۚ فَحَسْبُهُۥ جَهَنَّمُ ۚ وَلَبِئْسَ ٱلْمِهَادُ}

{Parmi les hommes, il y a celui dont le discours te plait lorsqu’il parle de la vie de ce monde. Il prend Allah à témoin de ce que contient son cœur ; mais c’est le plus acharné des querelleurs. Dès qu’il tourne le dos, il s’en va par la terre pour y semer la corruption et détruire les récoltes et le bétail ; alors que Allah n’aime pas le désordre. Lorsqu’on lui dit :  » Prends-garde à Allah ! « , la superbe s’empare de lui et le pousse au péché. Son partage sera la Géhenne : quel détestable lit de repos !} Al Baqarah 204 -206

Mes propos ne sont ni exagérés ni mal orientés. Pour preuve : l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, le Yémen et la Syrie. L’argent, les territoires, le temps et les hommes sacrifiés pour entretenir la mégalomanie et l’incompétence des gouvernants arabes ne sont plus à citer ou à démontrer. Toutes ces destructions ne semblent pas réveiller les esprits indolents, toutes ces dislocations ne semblent pas heurter les consciences. Les Saoudiens et leurs vassaux poussent le monde arabe et musulman à se payer le luxe d’une guerre longue et meurtrière en Syrie alors que les solutions préconisées et appliquées en Libye et en Syrie ne sont pas une faillite, mais une catastrophe sauf pour l’Empire, le sionisme et les marchands de canons.

La nouvelle guerre (terrestre), après cinq ans de subversion, en Syrie n’est pas seulement une fuite en avant devant les échecs des Américains et des Saoudiens à faire tomber le régime syrien et à rendre rédhibitoire l’assistance des Russes, des Iraniens et du Hezbollah. Elle n’est pas aussi une panique lorsqu’on voit la défaite stratégique des Saoudiens au Yémen et que la logique militaire et politique commande d’arrêter ou du moins de ne pas livrer bataille sur plusieurs fronts. Elle est, sur le plan dialectique, un processus implacable qui va faire changer les données du monde radicalement lorsque l’on sait que :

a- L’Arabie saoudite est en train de mettre en jeu sa propre existence : ou bien la guerre en Syrie s’arrête au profit du régime syrien qui est en train de renverser l’équilibre des forces militaires en sa faveur alors qu’elle va perdre milliards, alliés et investissements politiques et idéologiques ; ou bien c’est une guerre totale sur plusieurs fronts et contre plusieurs adversaires que l’Arabie saoudite ne peut remporter ni par son armée ni par ses mercenaires.

b – L’autre pervers narcissique, le sultan néo ottoman, est en train de pousser sa logique jusqu’à son épuisement, car il va se trouver devant des équations impossibles à gérer sur le plan national et international.

c – L’Empire est en train de s’effondrer : beaucoup de discours narratifs et de communication, mais peu d’action. Il est en train de subir les contrecoups du pervers narcissique : se détruire faute de détruire les autres ou l’essoufflement et l’isolement faute de pouvoir détruire les autres. Pour l’instant les autres sont les Russes qui font preuve de sang-froid, de planification et d’efficacité mettant en impuissance les Américains et l’OTAN.

Les cartes semblent compliquées et la fin du monde proche, mais si on fait abstraction des détails, des tons et des nuances on finit par ne voir que le clan des pervers-narcissiques avec leurs victimes et le reste ceux qui leur résistent. On finit par voir le pessimisme, l’infantilisme et l’inefficacité des pervers-narcissiques en devenir plus flagrant, plus fragile et enfin plus décisif pour leur fin de règne dans l’histoire. On commence à voir l’optimisme, la force, la détermination et la fédération des résistants aux syllogismes fallacieux des pervers-narcissiques.

En ce qui concerne le régime saoudien, ses vassaux et ses chantres, les mythes qui font office de syllogisme fallacieux sont au nombre de six :

  1. Le wahhabisme est la doctrine vraie, authentique et pure, la seule à représenter l’Islam. Il faut donc éradiquer les différences.
  2. L’Arabie saoudite est l’arabité vraie, authentique et pure, car elle est la terre natale du Prophète (saws). Il faut donc mettre le monde arabe sous tutelle saoudienne.
  3. Le pétrole est une manne céleste octroyée aux rois et princes bédouins comme l’a été le territoire. Ils appartiennent à Dieu qui a donné mandat à la monarchie seule souveraine en termes de propriété, d’usage et d’abus, de gouvernance. L’absolutisme monarchique français serait progressiste et moderne comparé aux monarchies du Golfe.
  4. Les « religieux » officiels saoudiens sont l’élite intellectuelle, morale et spirituelle du monde musulman : ils ne sont pas seulement le clergé « pseudo-institué » par le Prophète en leur qualité de légataire de la science, de la mémoire et du territoire, ils sont la Parole d’Allah infaillible et irréfragable.
  5. La dynastie saoudienne est « le Serviteur des deux lieux saints de l’Islam »
  6. L’Amérique est l’allié fidèle et indéfectible des Arabes et des musulmans.

Comme le chiffre 6, l’Arabie saoudite et ceux qui partagent et véhiculent son idéologie sont le symbole de la perfection et de l’ordre. À ce titre ils ont la certitude d’être dans le vrai et d’avoir la victoire contre les Syriens, les Iraniens et les Russes comme ils ont la certitude d’avoir écrasé la résistance yéménite. Les rentes religieuses, financières, idéologiques et le soutien des Américains et des Européens leur facilitent le montage des « rebelles », des mercenaires et des dévoués pour mener les guerres que leur armée ne peut pas mener faute de doctrine, de technicité et de bravoure.

C’est avec ces six fables que le monde arabo-musulman et ses élites politico-religieuses ont  construit leur pensée moderne. C’est ainsi que le monde arabe et musulman va entrer dans une nouvelle guerre (guerre terrestre) où cette fois les illusions seront balayées faute d’illusionnés pour les porter. Peut-être que les insensés survivants reviendront à la raison qui leur dira que la Palestine occupée est sunnite arabe.

Aucun syllogisme et aucun discours ne peuvent tenir devant le hadith qui dit que le croyant n’est véritablement croyant que si les gens sont à l’abri de sa main (qui frappe, qui tue, qui vole) et de sa langue (qui insulte, qui humilie, qui ordonne le mal).

La vérité et la réalité nous imposent de dire que si les Arabes et les Musulmans ont donné la caution morale et religieuse à l’OTAN pour détruire la Libye et assassiner son président en exercice, l’histoire ne va pas se répéter : Bachar Al Assad et la Syrie vont imposer une nouvelle réalité et faire émerger la vérité sur l’imposture et la trahison de ceux qui parlent au nom de l’Islam. Encore une fois, il ne s’agit pas d’espoirs ou de désirs, mais de réalité objective c’est-à-dire de rapport de forces, dans ce cas les rapports sont mondiaux, ils concernent les Russes, les Chinois et les Américains. Les Arabes ne jouent que le rôle de figurants.

Lorsque Poutine et Medvedev disent à l’OTAN que toute présence étrangère sur le sol syrien est une déclaration de guerre  à la Russie et que celle-ci peut conduire à une troisième guerre mondiale, il ne s’agit pas de l’infantilisme des princes ou de la sénilité des rois du monde arabe. Les Arabes piètres et serviles ont répondu fidèlement à l’appel américain de former une armée arabe otanesque, mais les Américains ne sont pas insensés pour s’engager dans une confrontation planétaire dont ils ne maitrisent pas tous les tenants et aboutissants à moins que leur stratégie soit de se débarrasser de la Turquie et de l’Arabie pour faire des affaires avec les Iraniens et se partager le monde avec les Russes. Les semaines à venir vont montrer la tendance.

Pour les Arabes pervers-narcissiques il ne peut y avoir de changement politique, stratégique ou tactique ou opérationnel, ils sont dans leur délire. Ce délire a pris des proportions infernales lorsque le Yémen a résisté, la Syrie a reconquis des territoires et l’Iran a repris sa place dans le concert des nations. Ce délire pervers et narcissique n’émerge pas du néant il est construit par la conjugaison des facteurs suivants :

  • une décadence civilisationnelle qu’on croyait surmontée par le puritanisme religieux et le discours moralisateur,
  • une instrumentalisation de la religion à des fins politiciennes et idéologiques pour asseoir une dynastie instaurée par la force des armes et l’effusion de sang des musulmans,
  • une doxa intellectuelle entretenue par la rente religieuse,
  • une rente religieuse construite sur l’immobilisme et la compilation des anciens savoirs,
  •  une manipulation de l’histoire par l’impérialisme anglo-saxon qui a placé ses liges pour saper tout effort d’ indépendance et pour faire diversion sur tout projet de renaissance de l’Islam libérateur et civilisateur,
  • l’islamophobie comme machine de guerre médiatique, psychologique et militaire pour donner aux musulmans une image hideuse qui ne mérite ni respect ni pitié, et pour entrainer les musulmans dans des guerres fratricides sectaires, ethniques…

Tous ces facteurs ont cultivé la déraison dans la pensée musulmane et ont introduit la démesure dans les politiques suivies y compris dans celles de mener la guerre contre les peuples  et de livrer leurs territoires à la prédation et à la destruction. C’est cette démesure qui produit la pensée mortifère et morbide qui croit que le salut est dans l’Apocalypse ou dans la venue du Sauveur, et qui exige que les peuples arabes et musulmans  se soumettent avec fatalité à la folie destructrice des pervers-narcissiques, ceux-là mêmes qui la gouvernent et ceux-là même qui produisent sa mentalité religieuse et nationale.

Nous sommes dans un monde où il n’y a pas de place à l’insensé et  à l’impuissant. L’insensé et l’impuissant ne sont là que parce que les intérêts en jeu exigent leur présence dans un rôle à jouer. Les intérêts ne peuvent occulter indéfiniment la vérité et la réalité de l’Islam et des musulmans : Le Coran est la Parole d’Allah et l’Islam Sa Religion signifiant par là que les géo-codes et les socio-codes peuvent donner une interprétation temporelle et spatiale à l’Islam, à sa culture, à sa philosophie et à sa sociologie, mais ils ne peuvent s’imposer comme la norme et encore moins lorsqu’ils sont mal représentés ou proposés comme caricature et repoussoir à un monde inondé d’informations et de « vérités ».

Omar MAZRI

Source : Syllogismes fallacieux saoudiens et guerre en Syrie.

Les principaux enjeux en Syrie

Pick up comme en Libye

mise à jour  25/08/2012

Après la Libye c’est le tour de la Syrie, ensuite celui du Liban puis de l’Algérie et enfin celui de l’Iran si le grand satan ne trouve pas sur son chemin destructeur ce qui le bloque.

Je continue de croire que les « révolutions  » en Tunisie et en Egypte ont été récupérés par les Etats-Unis et les monarchies du golfe. Je continue de croire que la Libye est l’opération de contre révolution la plus raffinée contre l’Egypte même si les Egyptiens enivrés par leur nationalisme de pacotille et leurs frères musulmans anesthésiants ne veulent pas l’admettre.

Pour l’instant les Arabes et les Musulmans sont, dans leur majorité écrasante, dans l’insouciance totale de ce qui les attend si la Syrie capitule ou s’effondre. Les Algériens, gouvernants, opposition et gouvernés,  n’ont tiré aucune leçon de la tragédie passée et ils ne méditent pas les raisons qui poussent ceux qui ont arrêté le processus électoral, car il a été remporté par des islamistes, se retrouver aujourd’hui à encourager, former, financer et superviser des guérillas islamiques en Afrique et dans le monde arabe. Je ne donne aucune justification au recours à la violence tant du pouvoir qui a trahi le prtocessus qu’il a mis en place que des islamistes qui pensaient que c’était le seul recours légal et légitime. Toute atteinte à une vie humaine est à refuser quelque soit le motif à moins que ce ne soit par acte de justice.  Les Algériens, de tout bord, s ne tirent toujours pas leçon ni ne cherchent à connaitre la logique de ceux qui ont ordonné et protégé Khaled Nezzar d’arrêter le processus électoral et de conduire un pays avec un fort potentiel de développement vers la guerre civile, et qui se trouvent aujourd’hui entrain de le menacer de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. Les revanchards et ceux qui n’ont pas pansé leur douleur individuelle s’imaginent que l’Occident leur fait des cadeaux car il est épris d’amour pour la justice, la démocratie, le droit, la dignité humaine et les islamistes. L’Algérie est suffisamment fragilisée, sans État, sans politique, sans cadres, sans opposition crédible. Elle peut par la menace, l’intimidation et le chantage basculer de comptoir commercial français à base coloniale agissant comme gendarme en Afrique ou comme force dans l’effort de guerre qui sera employé contre l’Iran.

Ils ne tirent pas leçon de la tragédie libyenne : où est la Dawla islamiya en Libye ? Où sont la liberté, la démocratie et la prospérité économique promises? Comment expliquer qu’un gouvernement comme celui du Soudan qui a participé à la partition de son propre pays puisse participer à l’agression contre la Libye ou inciter à la sédition en Syrie ? Où sont la logique, la vision lointaine, le respect des préceptes de l’islam ?

Tant que les Arabes et les Musulmans ne reviennent pas à un bilan de conscience et à un repentance le sang versé, en Algérie des centaines de milliers, en Libyes des dizaines de milliers et en Syrie plusieurs milliers, sera une malédiction qui nous poursuivra tous car le sang versé d’un innocent, d’ un seul, fait trembler le Trone de notre Dieu, alors que penser de ce sang versé à flots pour des questions de pouvoir?

Quelques occidentaux, et ils sont rares, commencent pourtant à se  se  poser   une question logique : « pourquoi condamner ici, sur le territoire national, un islamisme que nous encourageons, soutenons, entraînons et armons en dehors, contre des États qui justement tiennent en lisière le radicalisme musulman dans son expression la plus fanatique ? Par pure sottise ? Par masochisme ? Par imbécillité congénitale ? »

La réponse est multiple  :

1 – L’Islamophobie : créer de la méfiance envers le musulman et de la défiance entre les musulmans pour éviter l’éveil de l’Islam authentique libérateur et civilisateur. L’Occident sait mieux que nous que l’avenir du monde est dans l’Islam et il sait que l’Islam est incompatible avec le colonialisme et le capitalisme. L’Islamophobie comme machination diabolique à visée idéologique, psychologique, médiatique et militaire consiste à nous rendre ridicules, haïssables et criminels pour se donner justification d’intervenir au nom de l’humanisme, du droit des minorités, de la lutte antiterroriste, de la liberté. Les laboratoires et officines connaissent notre état psychique du demi éveillé qui est dans la confusion entre le jour et la nuit, entre le rêve et le cauchemar, entre l’illusion et la réalité. Lorsque les chrétiens d’Occident laissent les chrétiens d’orient se faire massacrer par des Fatwas des savants des palais saoudiens, il y a questionnement : on prépare des bouc-émissaires dans la stratégie américaine du chaos fécond. Lorsque des Musulmans vont à l’encontre des règles énoncées par le Coran et le Prophète de ne pas attenter à la vie humaine et de ne pas transgresser la sacralité de la vie et des biens du Juif et du Chrétien vivant parmi les musulmans, il y a une orchestration qui vise à briser l’éveil musulman pour le plonger dans l’horreur, dans la profanation du sacré au nom du « printemps arabe ».  Quand des pygmalions  de service à l’instar de Tariq Ramadan se mettent à cautionner l’agression de la Libye et de la Syrie, allant contre l’enseignement du Prophète qui refuse de voir le sang d’un musulman ou d’un citoyen dans un pays musulman couler sans droit, de voir les musulmans se ranger derrière les faux étendards, et de voir les Musulmans entrer en sédition armée contre un gouvernant, même despote, alors qu’il n’a pas déclaré son apostasie ni interdit la prière. Les Libyens et les Syriens étaient-ils interdit de se rendre à la mosquée comme du temps d’Attaturc ?

2 – La catharsis géopolitique : exporter les crises internes et les malédictions du capitalisme ainsi que l’impasse dans laquelle l’entité sioniste se débat sans perspective réelle et salutaire à long terme. Toute la propagande médiatique et tous les tintamarres ne sont là que pour occulter la fin inéluctable de l’entité sioniste même si les Arabes et les Palestiniens cherchent la paix et la servitude. Il y a des signes annonciateurs et il y a un déterminisme historique qui les met en situation de panique.

3 – Détruire l’axe de résistance qui est né contre l’accord de camp David. Cet axe comprend l’Algérie, la Libye, la Syrie et  L’Irak

4 – Anticiper sur les révolutions ou les réformes inévitables dans le monde arabe et les pervertir pour laisser le monde arabe disloqué, sans cap, sans ciment social fédérateur.

5 –  Mettre en oeuvre la stratégie du  » soft powerment  » de Bresinsky en instrumentalisant les pseudos islamistes contre les ennemis de l’Amérique comme agent de subversion et laisser leurs vassaux arabes et européens faire les guerres coloniales à leur place se contentant de fournir l’ordre de combat, le renseignement et la logistique stratégique. Cette stratégie a bien fonctionné en Libye car elle a trouvé une ligue arabe de traitres et une association internationale de savants musulmans séniles et ignorant la géopolitique.

6 – Démanteler les pays arabes dans le prolongement de Sykes picot. A titre d’exemple voici le schéma de découpage de la Syrie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un autre pays musulman en attente de démembrement : le Nigéria

 

7 – Détruire toutes les armées capables de faire face à l’entité sioniste pour les remplacer par des bases coloniales d’où partiront les expéditions contre l’Iran. L’expérience irakienne n’est pas loin. Détruire toutes les armées qui refusent de se plier au joug du nouvel ordre mondial.

L’expérience yougoslave etl’expérience irakienne ne sont pas loin. L’Algérie a une grande armée et une fois le sort de l’armée syrienne réglée ce sera le tour de l’armée algérienne invitée à livrer son aviation et sa marine comme auxilliaire de l’Otan tant pour la future guerre contre l’Iran que pour le rôle de gendarme au Sahel. Les pressions diplomatiques et politiques ne se cachent plus et c’est dans ce jeu de pression qu’il faut voir l’accusation portée par la Suisse de « crimes contre l’humanité » à l’encontre du général Khaled Nezzar.

8 – Empêcher le déplacement du centre du monde géopolitique et économique vers l’Eurasie qui va être la fin de la domination occidentale et un nouveau partenariat avec le monde musulman. Les Russes et les Chinois y oeuvrent depuis la chuite du mur de Berlin d’autant plus que les principales sources  et les principales voies d’acheminement des ressources minières et énergétiques pour les  futures années s’y trouvent.

8 – La spoliation des richesses et le contrôle des voies maritimes et terrestres d’acheminement du gaz et du pétrole. Dans ce contrôle, l’Empire va tenter de couper les ressources du développement et de la résistance, mais aussi les sources et les voies d’approvisionnement de l’énergie à la Chine, puissance émergente.

9 – Laisser la résistance palestinienne et libanaise sans soutien. Le Qatar et l’Arabie saoudite oeuvrent sans se cacher pour liquider la cause arabe et à sa tête la cause palestinienne.

10 – Créer un état de psychose dans les populations et les djounouds du monde arabe de telle façon à générer la démission devant la puissance maléfique de l’Occident et chercher le sauve-qui-peut dans des explications eschatologiques et apocalyptiques loin de toute analyse sérieuse en termes de rapport de forces, de mobilisation dans un axe de résistance et de changement de paradigme idéologique. En ce qui me concerne, je répète depuis des années qu’il est nécessaire de placer le curseur idéologique sur la résistance contre l’impérialisme américano sioniste et ses vassaux arabes et européens et ne pas tomber dans le piège de la division ou de l’éradication en opposant islamistes et non islamistes, militaires et civils, gouvernants et gouvernés. L’histoire a montré que l’Islam se développe mieux et plus vite en situation de paix qu’en situation de troubles comme elle a montré que la prospérité économique et sociale se construit dans la paix et non dans la guerre.

11 – Détruire l’Etat, despotique ou non, pour installer à sa place les commis locaux à la prédation qui s’intègrent dans le nouvel ordre économique qui veut effacer la réglementation, la souveraineté nationale, la justice sociale. Dans ce but, le nouvel ordre mondial installe –  par la force à ceux qui lui résistent et par le pourrissement de ses vassaux qui acceptent la servitude – aussi bien dans les anciennes colonies que dans la vielle Europe une nouvelle race de prédateurs, de corrompus, de sanguinaires, de cyniques, de nihilistes qui peuvent se cacher sous les noms d’islamistes, de groupes armés, de démocrates ou de républicains qui gérent l’Etat comme une boutique underground du marché informel. Il faut juste étudier la Russie après la chute du mur de Berlin et l’Algérie après la  » réconciliation nationale « . Sur ce sujet, j’avais écris un livre que j’ai perdu et qui faisait suite au livre  » le dilemme arabe et les 10 commandements US « . Ce livre abordait la question économique dans l’enjeu post  » révolutionnaire  » et il a été écrit en réaction aux déclarations de Chrisitine Lagarde au G8 de Deauville où elle a fait allusion au printemps arabe et à la chute du mur de Berlin. Pour l’observatoire averti la chute du mur de Berlin a une double signification.

La première c’est l’effondrement de l’URSS et du pacte de Varsovie minés de l’intérieur par les groupes de pression sociale et économique inféodés à la CIA et au Vatican et par l’extérieur par l’effort de guerre en Afghanistan et la course spatiale.

La seconde signification dans la  chute du mur de Berlin en 1995 soulignait aussi  la suprématie du capitalisme impérialisme sur le monde et l’emergence en Russie et dans ses anciens satellites d’une bourgeoisie d’affaires liée au crime, à la maffia et au démantèlement de l’Etat central. Ce sont ces perspectives que le  » printemps  » arabe a permis de réaliser en rendant légal l’état de non droit là où l’Etat est absent en laissant les peuples sans gouvernance et sans puissance publique à la merci des bandes armées et des trafiquants, et en s’attaquant à détruire l’Etat là où il est encore présent.

 

Observation : La probabilité d’une guerre entre la Turquie et la Syrie

La Turquie se prépare à attaquer la syrie :
1 – par procuration pour l’OTAN et Israël et en même temps elle règlerait trois problèmes en suspens :
2 – le problème de l’eau en suspens entre la Syrie et la Turquie puisque la Turquie est en train de construire un grand bartrage qui va priver la Syrie de l’eau et pousser les deux pays à entrer en guerre.
3 – Imposer son armée comme seule force de dissuasion dans la région.
4 – Partitionner la Syrie et donner un territoire aux kurdes pour se débarasser du problème kurde.
5 – Jouer le rôle de fer de lance dans une armée « islamique » qui serait le bras armé de l’OTAN contre la Syrie puis contre le Hezbollah et enfin contre l’Iran.
6 – Espérer gagner en influence régionale, en territoires et en ressources dans le nouveau découpage du monde arabe par Sykes Picot bis, le premier ayant démembré l’empire ottoman. Le néo ottomanisme erdoganien s’appuie davantage sur un antionalisme turc exacerbé que sur un islamisme pur et dur.
Mais elle se trouve confronté à Sept problèmes :
1 – Le dernier sondage montre que 75% de la population est contre la guerre.
2 – L’économie de bazar qui représente le centre de gravité dans les couches moyennes et bourgeoises en Iran, Turquie et Syrie est perdante dans la crise actuelle et réclame le règlement du conflit avant de balancer vers un camp qui lui semblerait défendre le mieux ses intérêts.
3 – L’armée syrienne est prête à une guerre avec Israël et ses forces seront orientées contre la Turquie avec le défi de tout gagner et foutre en l’air tout l’équilibre régional ou tout perdre.
4- Erdogan, comme je l’ai expliqué dans les dix commandements us est la tendance frères musulmans avec l’idée de jouer le rôle central dans le monde arabe comme le représentant légitime du sunnisme pouvant s’opposer au chiisme, mais une guerre contre la Syrie risque de se retourner contre lui, car au lieu de se faire sous l’axe chiite contre sunnites elle sera perçue comme une guerre Turcs contre Arabes avec des conséquences dramatiques pour la Turquie. Lors de l’agression de la Libye, j’avais montré la fausse image d’Erdogan en publiant ce que pensait de lui son maitre politique et spirituel, le défunt Erbakhan, qui l’a catalogué comme agent du sionisme.
5 – les Syriens ont la carte des Kurdes. Il y a une bataille féroce entre la Syrie et le Kurdistan (aidé par Israël) sur l’influence des kurdes de Syrie : les syriens veulent les impliquer dans le conflit à leur avantage et l’OTAN par le biais d’Israël veut les utiliser contre la Syrie. Voilà pourquoi la bataille d’Alep doit se solder rapidement par une victoire écrasante de l’armée régulière.
6 – Les russes vont jouer la carte de la Syrie car il s’agit de la reconfiguration du nouvel ordre mondial. Les grands vont s’affronter comme toujours sur nos terres et avec notre sang pour régler leur contentieux.
7 – Les nationalistes et la gauche turcque opposés à Erdogan vont trouver l’occasion de destabiliser le gouvernement sinon utiliser le mécontentement populaire et les pertes de l’économie de bazar.
8 – Les Arméniens tant en Arménie que dans le reste du monde pourraient basculer en faveur de la minorité orthodoxe arménienne en Syrie (Alep et Damas) et poser des problèmes supplémentaires à la Turquie qui elle aussi est dans l’oeil du cyclone qui va la démanteler à moyen ou long terme si le plan américain et sioniste parviennent à réaliser leurs objectifs en Syrie.
La Turquie « doit » entrer en guerre tout de suite si elle veut ne pas tomber dans la période de vacance du pouvoir US durant la campagne présidentielle américaine à moins que le false flag d’Obama serait d’envoyer la Turquie en guerre et puis lui apporter son aide directe et montrer ce qu’il est réellement, un noir plus blanc que les blancs. Est-ce que les Musulmans et les Arabes se sont réveillés de son discours du Caire dont je fus le premier à dénoncer le mensonge et la perfidie ainsi que ce qu’il annonçait comme politique étrangère US.
La Turquie pourrait diférer son entrée en guerre le temps de voir l’usure morale et l’épuisement logistique  jouerleur oeuvre sur l’armée syrienne et sans doute le temps de voir la mise en oeuvre de l’artifice légale : « l’armée islamique » financée par le Qatar et l’Arabie saoudite et légalisée par l’OCI.
Est ce que la Turquie est prète à entrer en guerre pour des considérations internes et géopolitiques, je ne le sais pas. Les choses vont se déssiner dans les jours ou les semaines à venir.

 

Conclusion

La bataille d’Alep va être déterminante non seulement pour la configuration des pays arabes mais du monde. 

Logiquement le régime syrien et les classes moyennes qui le soutiennent devraient sortir victorieux et infliger une lourde défaite à  l’axe satanique. La défaite ne serait pas dans une confrontation de front car la Syrie n’a pas les moyens militaires et économiques de faire face à l’armée américaine, mais dans l’embrasement de la région par une résistance qui viendrait du ras-le-bol des peuples contre les monarchies et l’Occident. L’axe du mal a même perdu pour l’instant la possibilité d’ouvrir un front de guerre entre la Syrie et la Turquie puisque les turcs sont majoritairement défavorables à la guerre contre la Syrie et les classes d’affaires sont perdantes dans la crise qui dure car leur chiffre d’affaires se réalise au Liban, en Syrie et en Iran. Il ne lui reste que deux scénarios : continuer à déstabiliser la Syrie et l’affaiblir par des actions subversives (sabotages, assassinats et guerre psychologique et médiatique) avec le risque que le régime syrien déjoue les manœuvres et renforce ses capacités de manœuvres le rendant plus fort dans la région et devant l’entité sioniste. Le second scénario est l’intervention directe de l’OTAN et des vassaux arabes. L’Arabie saoudite et le Qatar prônent l’intervention militaire. Devant leur échec à l’ONU, ils convoquent l’organisation des pays islamiques présidée par un turc pour lever une armée contre la Syrie, chose qu’ils n’ont jamais envisagé pour libérer la Palestine, l’Afghanistan ou mettre de l’ordre en Somalie.

On évoque déjà 4 drones et un avion de reconnaissance américain qui auraient été abattus par la défense anti aérienne syrienne, ce dernier aurait été retrouvé au Liban et récupéré par l’armée libanaise avant l’intervention sioniste pour le détruire.

Ce scénario va embraser la région sauf si Israël commet la faute d’engager une action contre le Hezbollah pour retrouver sa dignité et sa réputation d’invincibilité et il serait difficile de justifier à la population arabe et musulmane ainsi qu’ à l’opinion mondiale une agression contre la Syrie en même temps. Israël pourrait fausser la stratégie américaine qui compte disloquer la continuité géographique, idéologique, économique et militaire entre l’Iran, l’Irak, la Syrie, le Liban et certaines factions de la résistance palestinienne. Une seconde agression dans ce début du troisième millénaire contre le Liban ou contre Gaza aura l’effet d’un tsunami sur les régimes fantoches du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

La bataille d’Alep devrait  contraindre le régime syrien à engager des réformes plus profondes s’il ne ne veut pas perdre le soutien d’une population qui a payé un lourd tribu dans une opération type contras qui dure depuis plus d’un an.

La bataille d’Alep aura sans aucun doute des répercussions géostratégiques par la refondation des rapports de forces et des zones d’influence. C’est la fin de l’hégémonie américano sioniste et l’émergence du pôle sino russe et du pôle latino américain. Avant l’assassinant de Kadhafi, j’avais montré le cynisme efficace des Russes et des Chinois qui avaient opté d’abandonner la Libye et de se concentrer sur la Syrie car ils voulaient faire un cas d’école dans l’opinion mondiale et dans le monde arabo musulman et disposer d’un argument diplomatique contre l’OTAN. Chacun a ses stratégies, bonnes ou mauvaises, sauf les Arabes et les Musulmans, qui continuent de subir les changements imposés par les autres.

Il ne faut pas croire que je soutiens le régime de Bachar al Assad mais je soutiens l’idée du droit d’un régime à se défendre contre une sédition armée fomentée par l’impérialisme comme je soutiens l’idée qu’il faut que le monde musulman rompe avec ses traditions de coup d’etat qui empêche la construction d’un état fort,  l’emergence des élites et la cohésion sociale les vrais garants de la prospérité. Rien ne garantit que ceux qui arrivent au pouvoir par un coup d’état ou par le soutien des Croisés ne soient pas balayés demain par un autre coup d’etat et un changement de stratégie des Croisés qui ne veulent pas pour le monde musulman une stabilité. L’Etat syrien ne doit pas considérer l’alliance avec les russes et les chinois comme la garantie de sa perennité. Sa perennité et sa vocation sont dans le retour vers Allah. L’Islam devrait être le moteur de la vie idéologique, sociale, politique et économique. Le retour à l’Islam signifie la garantie de préserver la vie, les biens  et la dignité des Musulmans et de l’ensemble des cityoyens syriens….

L’idéal aurait été l’émergence d’un pôle islamique partenaire de ces deux pôles et partenaires de l’Asie et de l’Afrique, mais les Musulmans, gouvernants et gouvernés, élites et gens du commun, ne sont pas prêts à assumer la gouvernance sensée de leurs territoires et encore exercer des responsabilités géostratégiques.

Le Vatican sent venir les changements et il tente de rééditer un San Egidio à l’algérienne mais les conditions objectives et subjectives en Algérie de 1995 et en Syrie de 2012 ne sont pas les mêmes. Le Vatican en s’alliant depuis longtemps avec la CIA en Afrique et en se soumettant à l’entité sioniste a perdu toute crédibilité pour jouer un quelconque rôle. Il est évident que les Chrétiens d’Orient qui sont arabes et de culture musulmane gardent rancune au Vatican pour la question palestinienne. C’est encore l’occasion pour les Musulmans de ne pas laisser tomber leurs frères en arabité et en citoyenneté et de se comporter avec eux selon les préceptes de Mohamed (saws). Il est utile de rappeler que depuis que Omar Ibn Khattab a libéré la Jordanie, Syrie, la Palestine et l’Egypte de la présence coloniale des romains, les Chrétiens avaient retrouvé leur liberté de culte et multiplié leurs églises. Que les appels à la discorde et à la confrontation inter confessionnelle ne viennent pas s’imiscer dans un tissus social, culturel et historique de 15 siècles de vivre ensemble dans le respect des différences.

Qaradhawi et son équipe veulent créer un Vatican sunnite et un Pape sunnite pour imposer l’idéologie des Frères Musulmans et ils sont prêts à sacrifier tout le monde musulman à leur ambition morbide. Al Hamdoulillah il y a encore des Musulmans conscients qui apportent la détraction avec à son appui le Coran et la Sunna aux savants égarés de l’Arabie saoudite et du Qatar. Pour l’instant ni Qaradhawi ni Tariq Ramadan ni  leurs fans ou leurs émules n’ont apporté une justification religieuse ou idéologique à l’agression ou au soulèvement armée. La seule chose qu’ils ont prouvé est qu’ils fonctionnent en conformité avec l’agenda américain, devenant ses portes voix, ses justications morales et religieuses au sein d’une population ignorante et fascinée par les idoles médiatiques.

 

 

 

Omar Mazri – Liberation-opprimes.net