La lutte idéologique

Extraits de  » la lutte idéologique » de Malek Bennabi :

Avant propos : L’auteur autochtone et l’auteur progressiste dans la lutte idéologique contre le colonialisme

Il est des thèmes qu’il n’est vraiment pas utile d’aborder si les arguments présentés ne découlent pas d’une expérience personnelle. Une expérience qui permet de les éclairer de l’intérieur.

La lutte idéologique dans les pays colonisés compte parmi ces questions.

[…]

Dans les pays colonisés où, trop souvent, on ignore ce combat bien qu’il se déroule à l’intérieur de nos frontières et qu’ensuite ils en constituent, eux-mêmes l’enjeu

Il y a d’une part cet aspect. De l’autre, nous relevons comment, à l’extérieur, l’auteur progressiste ignore de son côté cette lutte : nous constatons, à titre d’exemple, comment en participant au combat contre le colonialisme aux côtés des colonisés, son action se limite exclusivement au seul domaine politique.

Il se retire et s’en lave les mains dès que ce combat prend l’allure d’une lutte idéologique, comme s’il n’en avait cure, ennuyé par sa nouvelle formule. Il pense, en d’autres termes, que l’homme colonisé a le droit de se défendre tant que cette défense se limite strictement au champ politique, mais, une fois transposée au domaine des idées, il estime que cet homme a mis son nez dans un champ auquel il n’a pas droit.

II est possible d’expliquer une telle situation par la lourde chape d’opacité qui couvre la lutte idéologique dans les pays colonises ; ce qui place les autochtones a l’intérieur et les auteurs progressistes a l’extérieur dans l’incapacité de saisir ses contours. Néanmoins, l’expérience montre que parfois, cette ignorance peut être, d’une façon ou d’une autre, une simple parodie, le fruit d’une simulation. Par ailleurs, les dirigeants politiques nationalistes dans les pays colonises adoptent dans la bataille des idées – pour des raisons déterminées – une attitude neutre ou négative, voire hostile.

En dehors des pays colonises, l’écrivain progressiste adopte, pour sa part une position similaire alors que, engageant le combat contre le colonialisme il se range aux cotes de ce même colonialisme des que cette bataille revêt un aspect idéologique.

En analysant cette attitude étrange, l’on arrive a déduire que l’auteur progressiste est contraint, dans une telle bataille, a répondre a des considérations qui lui sont inculquées ou que son comportement découle dans ce domaine de complexes hérités. Dans les deux cas, son attitude a l’égard de la lutte idéologique dans les pays colonises est une attitude au pire hostile, neutre au mieux.

[…]

A la lumière de ce qui précède, il n’est pas dans mon intention, néanmoins, d’émettre un jugement généralisé au sujet de la littérature progressiste et des auteurs progressistes. Nous relevons dans l’expression de leurs positions en Europe la probité des idées, l’intégrité morale, le courage et la grandeur d’âme. Des qualités qui forcent le respect de tout être respectable.


La lutte idéologique : généralités

Il faut opérer un retour en arrière pour voir comment la lutte idéologique a pris forme dans les pays colonisés.

Une rétrospective qui couvre un demi-siècle au moins du cours de l’histoire franchie par la conscience islamique, autrement dit depuis les débuts de son réveil! Vers 1900 : c’est le moment où le rideau s’est levé sur le premier acte de la scène dont nous essayons de montrer quelques déroulements.

On peut imaginer la pièce dont le rideau se lève dans un moment précis et dans un pays donné, pour mieux saisir les particularités historiques et psychologiques des personnes mises en vedette et appelées à y jouer un rôle.

Il faut tout d’abord garder à l’esprit que ce sont des particularités de portée générale qui touchent au monde musulman dans sa globalité. Les différences entre un cas et un autre se limitent strictement aux noms et aux dates.

En Algérie, par exemple, le rideau se lève sur un peuple somnolent depuis des siècles déjà sous l’effet d’un somnifère : c’est le premier acteur sur scène.

Au même moment cependant, un autre acteur, appelons le « idée exprimée », fait son apparition. Idée incarnée par deux vénérables cheikhs, en l’occurrence lbn Mohanna et Abdelkader El Medjaoui, tous deux présents sur la scène de Algérie en tant que premiers héros de ce combat qui a commence à être livré a l’époque contre le maraboutisme. Comme leur apparition dans l’arène a un grand retentissement dans le pays, un troisième protagoniste fait son entrée juste après eux : le colonialisme.

Le colonialisme intervient sur scène en fait pour rétablir la quiétude laquelle constitue une question qui le préoccupe beaucoup. Son souci majeur est d’assurer de beaux rêves pour de paisibles dormeurs.
C’est le premier acte de la lutte idéologique en Algérie.

Le colonialisme n’a recours toutefois dans cet acte inaugural qu’au: moyens de la force conscient en effet qu’il est en face d’une « idée exprimée » une idée qu’il peut bannir et neutraliser hors de la scène en éloignant les deux: cheikhs. C’est exactement son procédé (1).

Il ne tarde cependant pas à se rendre compte que l’idée qu’il a voulu éliminer demeure toujours vivace sur le front du combat, qu’elle persiste, en fait, sous la forme nouvelle d’une « idée imprimée », logée celle-là dans la conscience du peuple.

Commence alors le second acte de la lutte idéologique. L’occasion est offerte entre temps au colonialisme pour tirer les conclusions du premier acte. Des conclusions qu’il exploitera a posteriori a bon escient pour l’élaboration de sa conception de la lutte idéologique. II en a conclu après coup que si l’emploi de la force a montré quelque peu ses limites – nous l’avons vu lors du premier acte face a l’idée exprimée- elle échouera inévitablement et plus forte raison dans la lutte engagée contre l’idée imprimée. Il lui faut donc, appliquer d’autres plans mieux conçus encore.

A partir de cet instant, la butte idéologique entre véritablement dans sa phase réelle puisque le colonialisme se mettra ardemment à l’œuvre dans ce nouvel acte pour annihiler les forces éveillées dans les pays colonisés, en usant de tous les moyens possibles. Son objectif est de les empêcher de s’en tenir a une idée imprimée. Il tentera en premier lieu de les mobiliser autour d’une idée exprimée. Une idée qui devient alors a portée de main, puisqu’il sera en mesure de la combattre par le recours a la politique de la carotte et du bâton.

Le colonialisme ne suit cependant pas uniquement cette voie. Il mènera en fait sa lutte contre l’idée imprimée grâce a des moyens adaptés et plus souples ; il se sert d’une carte psychologique du monde musulman. Une carte qui subit quotidiennement des mises a jour appropriées et des changements nécessaires opérés par des spécialistes charges de la surveillance et du contrôle des idées. Le colonialisme conçoit ses plans militaires et retransmet des instructions a la lumière d’une connaissance approfondie de la psychologie des pays colonises. Ce qui lui permet de définir l’action idoine qu’il applique pour violer les consciences dans ces pays, au gré des niveaux et des classes. Il utilise ainsi le langage de l’idée exprimée, facilement corruptible au sein de la classe intellectuelle. D’autre part, il présente aux intellectuels des slogans politiques qui brouillent leurs facultés d’assimilation face à l’idée imprimée.

Sur un autre registre, il favorise le langage de la religion lorsqu’elle obstrue complètement les voies d’assimilation. Ce qui empêche l’idée de jouer un quelconque rôle d’éveilleuse de conscience…

A un autre niveau, quoique a une degré moindre, on le découvre a l’œuvre lorsqu’il exploite]’ignorance des masses et crée une zone vide et de silence autour de l’idée pour l’isoler de la société. Il persiste dans cette voie dans les pays colonises jusqu’à ce qu’il atteigne le plus vil niveau par le recours à l’arme de l’argent. Il forge à travers ce moyen des amitiés, ou des alliances, suivant le jargon de la guerre. Ce qui lui permet de mener, dans certains secteurs, des offensives en temps requis sur le front intellectuel.

Affinant davantage son plan, il baisse le rideau pour obscurcir totalement ce front et l’abstraire ainsi de la conscience du peuple colonisateur lui-même et de la conscience mondiale en général.

Ainsi se dresse l’ordre voulu des choses. Un ordre qui donne l’impression que nous sommes dans une pièce très éclairée alors que la scène elle-même, sombre dans le noir.

C’est là une miser en scène du colonialisme. Le metteur en scène ne veut paradoxalement pas que les spectateurs regardent ce qui se passe effectivement sur la scène. C’est là une méthode particulière inhérente a la lutte idéologique dans les pays colonises, sur laquelle nous souhaitons donner un bref aperçu a travers ces pages.

Le dieu de la guerre n’a jamais cessé de rêver de 1’arme absolue qui transcende les distances et franchisse les frontières des pays. Une arme qu’aucun moyen ne peut contrecarrer.

Ce vieux rêve s’est réalisé grâce a la maitrise de I’ énergie nucléaire et la mise au point du missile intercontinental.

Néanmoins, cette arme absolue a vite fait de bouleverser la stratégie mondiale de fond en comble : on disait à l’époque des guerres classiques que c’est le dernier quart d’heure qui décide du résultat de la guerre. Aujourd’hui, il est plutôt plus juste de dire que c’est le premier quart d’heure qui en fixe I’ issue.

Les choses ont pris ainsi une nouvelle signification dans la logique de la guerre, qui occupe désormais les dirigeants de la politique internationale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Si bien que si M. Foster Dulles avait été sincère et dévoilé son arrière-pensée au grand jour quand il évoquait l’installation d’une base militaire américaine en Asie, il aurait certainement déclaré qu’au fond et qu’en réalité, il cherchait a construire des installations qui attireraient la foudre du premier quart d’heure d’un conflit atomique, loin des implantations, des habitants et des centres de production en Amérique.

Si les dirigeants politiques occidentaux avaient été sincères a notre égard, nous aurions appréhendé a sa juste valeur la signification des dons en dollars que les Etats-Unis allouaient a certains gouvernements africains et asiatiques en contrepartie de la construction de « paratonnerres » sur leurs territoires, prépares ainsi a devenir des objectifs en ligne de mire de l’arme atomique, au cas ou le conflit se déclencherait.

C’est l’idée que dissimule M. Dulles en son for intérieur a travers la politique des alliances militaires qui, a l’exemple de l’Alliance atlantique, sont créées en Asie et en Afrique. Ces mêmes alliances sont devenues cependant vaines dans la mesure où la planète elle-même s’en est trouvée réduite en dimension sous le poids des conséquences et des résultats prévisibles des destructions et des ruines, qu’aucune précaution du genre de celui qui effleurait l’esprit de Dulles n’est en mesure de stopper.

Une troisième guerre mondiale qui tenait les peuples en haleine parait ainsi une lointaine éventualité.
La politique est en outre engagée dans la voie de l’examen des moyens de gagner le pari de la paix plutôt que celui de la guerre.

Cela ne veut pas dire cependant qu’en fonction de cette nouvelle tendance les problèmes entre les forces antagonistes aient disparu : leurs raisons d’être et, partant, l’existence d’adversaires demeurent pleinement posées. Elles sont liées, d’autre part, a certains résidus psychologiques dont j’ai essayé de montrer la nature dans une précédente étude en évoquant la question de l’obsession de puissance et de domination ».

Si, pour ces considérations, la guerre n’éclate pas, il n’en demeure pas moins que la lutte continuera… par le moyen d’une autre arme et dans des arènes nouvelles. Les victoires se décideront alors sur le front de la bataille idéologique.

Il ne doit pas subsister l’ombre d’un doute, par ailleurs, sur la rivalité qui oppose les adversaires situés sur l’axe Washington-Moscou qui, pour s’attribuer les éléments de la puissance, recourent a l’arme des idées. A l’avenir, leurs bombes atomiques ne seront plus en mesure de régler leurs problèmes demeurés en suspens.
Une pareille déduction est d’ailleurs parfaitement conforme aux prévisions et aux prophéties de sommités de la science et de la pensée, a l’image de Bertrand Russel. Dans un article consacré a ce thème, Russel en arrive à conclure que : « tous ceux qui pensent qu’une victoire du communisme est devenue impossible doivent se ressaisir et revoir leurs idées, ils doivent désormais admettre qu’il peut se propager grâce non pas a la force mais a la conviction ».

Si l’on se contente d’aborder – dans cette nouvelle étape de l’histoire de l’humanité – tout ce qui concerne l’axes Tanger-Djakarta, le problème s’imposera a nous, ils revêtira une double aspect.

D’abord, ii faut penser a donner a nos idées un maximum d’efficacité ensuite, il est nécessaire de connaitre les moyens déployés par le colonialisme pour atténuer au minimum l’efficacité de ces idées.

On se heurte en fait à deux problèmes. Il s’agit d’une part d’envisager comment produire des idées efficaces au sein de nos sociétés et de voir ensuite comment comprendre la méthode du colonialisme dans la lutte idéologique pour qu’il n’ait pas d’emprise sur nos idées, d’autre part.

Je m’intéresserai dans les pages qui vont suivre à la seconde question : quelle est la voie nuisible employée par le colonialisme contre nos idées ?

C’est la question a laquelle je tenterai de répondre en me basant sur une expérience personnelle que j’estime utile pour deux raisons :

La première est qu’elle couvre un quart de siècle de ma vie ;

La seconde est qu’elle s’est déroulée dans un pays colonise ou le colonialisme pouvait utiliser à souhait tous ses moyens.

Il est possible de présenter cette expérience comme une simple histoire a narrer au lecteur ou comme les mémoires d’un combattant sur le front intellectuel.

J’éviterai cependant la première option. Elle pourrait inspirer au lecteur l’idée qu’il est en train de parcourir une histoire fictive. Je m’abstiendrai également d’aller au second choix, dissuadé cette fois par l’idée d’évoquer forcément beaucoup de détails personnels dont j’estime qu’il n’est pas opportun de parler ici. Je souhaite néanmoins qu’en filigrane le lecteur lise entre les lignes parce qu’elles révèlent la rigueur et la précision des plans conçus par le colonialisme dans la lutte idéologique.

Nous avons déjà dit que le colonialisme est un metteur en scène qui, a partir des coulisses, ne souhaite pas que la lumière éclaircisse la scène au moment où il se joue un acte de la lutte idéologique. Il lui serait profitable, de cette manière, de jeter en temps voulu un peu de lumière sur celui qui joue un rôle dans cette scène, même si cette lumière est émise a partir d’un lampion a dessein de bien mettre au grand jour la lutte idéologique ; autrement dit, lorsque le monde se trouvera contraint de mener le combat des idées.
Cette contribution nous offrira peut-être l’occasion de décrire la particularité qui singularise ce combat dans les pays colonises où – nous lavons déjà signalé – il est isolé de la conscience, a l’ intérieure comme a l’extérieur.

Par conscience de l’extérieur, ce ne sont pas le journaliste ou l’ecrivain progressiste uniquement qui en sont concernés. J’ai montré auparavant les motivations qui conduisent a leur réclusion psychologique face a la lutte idéologique dans les pays colonises. Le propos s’adresse ici à l’intellectuel arabe lui-même, l’intellectuel qui mène le combat contre le colonialisme au rein d’un « front nationaliste ». Il n’a pas, en dépit ou plutôt en raison de ce fait, acquis une expérience personnelle dans des conditions inhérentes a celles d’un combattant solitaire : seul, isolé sur le front de la lutte idéologique dans son pays.

Pour ceux qui veulent connaitre les moyens déployés par le colonialisme dans ce domaine précis, il est nécessaire d’être en contact direct avec lui, alors qu’un tel contact n’est cependant guère possible pour celui qui milite au sein d’un « front nationaliste ». Un front qui lui assure financement et protection, 1’entoure de considérations et lui offre généralement un poste enviable.

A l’opposé, le journaliste ou l’écrivain progressiste qui luttent dans leur pays (colonisateur) contre le colonialisme au moyen de la plume ou de la parole sont protégés par les lois de leur pays contre toutes les formes d’injustice. Ces mêmes lois protègent également leurs familles. Bien plus, il arrive que leurs idées soient tenues en haute estime, a l’image de celles défendues par les Anglais libres qui ont accompagné le Mahatma Gandhi sur le chemin du Satyagraha, le chemin qui a débouché sur indépendance de l’Inde.

On en déduit que pour celui qui se trouve implique dans un pays colonise comme l’Algérie, c’est-a-dire un pays qui ignore qu’un combat d’idées se déroule a l’intérieure de ses propres frontières, la lutte idéologique a ses propres conditions. Le colonialisme se permet ainsi l’avantage d’isoler celui qui s’est engage dans la bataille en état de fidai qui livre le combat a son compte et a ses risques et périls, sans base arrière pour le financer ni armer son combat.

Les conditions des pays colonises ne laissent guère le choix a celui qui s’engage dans la lutte idéologique. Si l’on admet qu’il a choisi ce type de combat de son propre chef, notre hypothèse sera entachée de quelque chose d’arbitraire puisqu’on l’accusera d’un haut degré de stupidité ou d’un excès d’héroïsme dont il ne peut s’arroger le mérite.

Néanmoins, les événements tournent d’une façon mécanique, suivant des règles strictes imposées par la nature du combat dans les pays colonisés, par le jeu de comparaison des situations et des conditions qui lui sont propres. Ce sont ces phénomènes qui décident du type de bataille à livrer et ce sont eux aussi qui cantonnent celui qui s’y aventure dans la condition ingrate de combattant solitaire.

Pour que de tels faits soient plus clairs dans les esprits, un exemple puisé dans notre propre réalité pour les étayer : la Révolution de juillet 1952 en Égypte a été l’un des événements les plus marquants dans la bataille idéologique. En mettant un terme au règne de Farouk, elle a annoncé une ère nouvelle. Le phénomène avait produit sur les consciences une étincelle électrique a l’effet secouant, aussi bien dans les pays arabes que dans le monde musulman.

Une certaine idée représentant un rôle nouveau fait son entrée sur la scène de la lutte idéologique.

Devant cette réalité, il faut imaginer le haut degré de l’intérêt que porterons les différents centres spécialisés a cette nouvelle idée émergente immédiatement repérée, elle provoque l’alerte aussitôt apparue.

Il s’ensuit l’entrée sur scène d’un deuxième acteur : le colonialisme.

La bataille commence réellement a gagner en intensité grâce a l’adhésion de l’opinion publique dans les pays colonises et a leurs réactions devant les événements du Caire. La conscience algérienne a fait preuve, par exemple d’une attention particulière aux questions de la réforme agraire et de la propriété terrienne, que la révolution égyptienne a proclamées parmi ses objectifs fondamentaux. Le peuple algérien a voué une admiration particulière pour une telle question parce qu’elle incarnait en fait sa propre cause des lors que le colonialisme, en traçant sa politique algérienne, avait fixe dans ses visées l’appropriation de ses terres et le démembrement de la classe des fellahs.

Le colonialisme s’aperçoit ici qu’il fait face à une situation dangereuse. Aux prises avec une « idée nouvelle », il est tout a fait naturel qu’il se prépare a la charge par une campagne, au besoin violente, contre cette idée.

C’est la sommairement une image des conditions qui constituent subitement un chapitre nouveau de la lutte idéologique dans les pays colonisés.

Ce qu’il faut noter au même moment, c’est que la presse « nationaliste » autrement dit la presse des partis qui dans le pays endossent la mission et portent la marque de la lutte contre le colonialisme, a adopté, a regard de ces événements, une attitude a la limite de la neutralité. Sur ces événements, elle ne reprend que les informations publiées par des agences de presse dont les liens avec le colonialisme ne sont pas un secret. Le cas est tel qu’il est facile pour les dirigeants colonialistes d’élaborer leur campagne contre l’idée nouvelle dans des conditions propices.

C’est dans ce contexte que le colonialisme a mené précisément des attaques contre l’idée de la réforme agraire et de la propriété des terres agricoles. Rien d’étonnant jusqu’ici. Ce qui est en outre plus intéressant, c’est qu’il s’est permis de publier sa première attaque dans les colonnes d’un journal prétendument nationaliste, qui de surcroit se réclame de la lutte contre le colonialisme.

Au lecteur de s’étonner. Il n’empêche cependant que c’est la réalité de la lutte idéologique dans les pays colonises…

Imaginons ensuite l’attitude à observer en pareilles conditions. Vous n’aurez de choix que celui de vous taire, faisant le jeu du colonialisme et de son intérêt ou, à l’inverse, réagir pour une cause du peuple.
Dans l’hypothèse où le choix est porté sur le deuxième cas, il faut tirer les enseignements qui s’imposent en pareil contexte. Dans ces conditions, en effet, vous ne pouvez vous engager dans la bataille que parfaitement isolé du « front nationaliste » qui symbolise normalement, rappelons-le, la lutte contre le colonialisme. C’est, en d’autres termes, cette situation qui vous force à entrer dans la bataille en résistant en solitaire, répondant à votre seule conscience, démuni de tout moyen, sans logistique et sans armes supposées fournies par une base arrière.

Ce sont exactement les conditions de la lutte idéologique dans les pays colonises. S’y engager n’offre que le dilemme de continuer dans cette voie et dans ce contexte, ou d’abandonner et se retirer du champ de bataille.

Le lecteur n’ignore sans doute pas que le colonialisme est aux aguets et qu’il vise évidemment a acculer le combattant à la deuxième solution, c’est-à-dire le pousser au forfait.

II mettra à profit, pour atteindre cet objectif, tous les points faibles dans les pays colonisés au chapitre de la vie idéologique, ainsi que tous les résidus négatifs hérités dans leur vie politique.

Il faut clarifier cet aspect de la question en raison de l’importance qu’il revêt dans le déroulement de la lutte idéologique. Si l’on entreprend une étude comparée des cas de figure politiques dans les pays sous-développés ou dans un seul pays à travers les différentes étapes de son évolution, nous aboutirons en général à deux catégories de politique. Chacune découle d’une réalité propre.

La première est une politique qui se traduit dans des idées imprimées. La seconde est une politique qui se manifeste à travers des idées exprimées.

La première peut-être une métamorphose évoluée de la seconde, tandis que la seconde peut être la forme avilie de la première. Chacune des deux catégories possède ses propres considérations qui découlent de ses racines psychologiques profondes et de leurs implications.

La politique qui évolue au rythme des idées imprimées rencontre, par la force des choses, la conscience populaire et se conforme par ailleurs aux principes, aux paramètres et aux règles qui commandent sa conduite. Elle porte en elle le principe de l’autorégulation que lui dicte une sorte de pouvoir d’ajustement propre qui régule, au besoin, son mouvement et ajuste son orientation.

Comme dans toute opération mathématique, chacun de ces mouvements nécessite un commentaire du résultat, double d’un correctif approprié. La politique adoptée entreprend constamment la révision de ces résultats.

Cette révision constitue pour elle une sorte de protection et d’immunité contre une éventuelle intrusion d’un élément étranger qui tenterait de détourner le cours de sa trajectoire et de changer son issue. Elle agit en tant qu’appareil régulé qui déclenche le signal de l’alerte rouge du danger chaque fois qu’un événement surgit en cours de route, menaçant de modifier son mouvement ou son orientation.
Un homme politique avait bien résumé toutes ces considérations ou disons qu’elles se sont résumées d’elles-mêmes, dans son esprit lorsqu’il a déclaré il y a deux ans : « Notre politique ne se trompe pas parce que c’est une science. »

Nous croyons qu’il a tout à fait raison dans son jugement dans la mesure où une science ne se trompe pas.
Néanmoins, dans les cas de pays qui n’ont pas encore atteint un degré suffisant de développement, de ceux qui ont subi les aléas et les bouleversements de l’histoire, de ceux qui sont victimes de cataclysme dans leur évolution ou encore de ceux qui ont connu une régression totale, l’instar de l’Allemagne sous Hitler, dans tous ces cas, l’ idée imprimée est incarnée par un individu pour instituer une forme politique particulière. Cette idée, échappant aux critères de la raison, s’accomplit dans un individu.

Elle se développe, évolue et s’organise au gré de ses intérêts propres. Ces mêmes intérêts finiront viscéralement par devenir les justificatifs, les motivations et les critères d’une politique émotionnelle.
Il arrive que l’individu en question s’éclipse ou plutôt qu’il soit éclipsé. II sera remplacé par une entité complexe ou plus précisément par un « compose individu » unis par un contact organique, à l’image de ce que la médecine appelle les frères siamois.

Il arrive aussi que le contact s’établisse au moyen d’un appareil digestif commun. L’entité complexe reposera alors sur une solidarité digestive. Tout ce qui transite par la gorge d’un individu, au sein du compose d’individus, entre dans une opération digestive commune.

La « question », comme on dit dans le langage politique, devient une affaire de digestion. En outre, rien ne s’oppose à ce qu’il y ait dans les têtes reliées a l’appareil digestif des idées distinctes. Pourvu que les divergences ne remettent pas en cause la digestion, sous peine de voir le compose d’individus se débarrasser de la tête qui porte une idée incommodante et de l’exclure de son appareil digestif.
C’est un compose extrêmement précis et le colonialisme en maitrise la formule avec la précision d’un horloger ingénieux. Il met au point un dispositif apte à transformer quelque idée que ce soit qui émerge dans les pays colonises en une idée exprimée, exposée à son vouloir. Il disposera de ce fait du meilleur moyen d’étouffer toute tentative qui fait son apparition dans les pays colonises et qui vise à reformer leurs régimes politiques.

C’est un dispositif qui fonctionne suivant un mécanisme psychologique simple. Il tourne grâce aux penchants sensitifs et il est orienté par les facteurs qui mènent vers une politique émotionnelle, c’est-à-dire des facteurs exprimés, a un certain niveau, par des intérêts particuliers.

Le colonialisme sait tout sur le mécanisme régissant de tels intérêts. Des intérêts qui traduisent, en fin de compte, les réactions d’un appareil digestif.

Il ne faut pas perdre de vue l’idée que la politique ne se fourvoie pas et qu’aucune tentative ne peut la détourner de son chemin tant que ses motivations restent ancrées dans une conscience éclairée, dans un esprit discernant et dans un cœur sensible, c’est-à-dire tant que ses motivations demeurent reliées aux idées.

Si, a l’inverse, ses motivations découlent du mécanisme de l’appareil digestif, le colonialisme peut disposer à son aise désirs de cet appareil et, en d’autres termes, user des instincts du compose d’individus pour que les pays colonises demeurent toujours livrés politiquement et économiquement a sa discrétion.
Dans les pays de la zone afro-asiatique, les exemples sur de telles situations foisonnent. L’Egypte, a titre illustratif, poursuit depuis deux ans son développement économique malgré le poids d’une forte pression exercée de l’extérieur sur son économie, principalement depuis la mise en œuvre du fameux Plan Eisenhower (2). Parallèlement, l’activité économique dans d’autres pays en Afrique et en Asie s’embourbe, en dépit des dollars injectés à doses répétées. La politique suivie dans ces pays n’est pas soumise à une autorité qui procède d’une conscience, d’une raison et d’un cœur, qui émane d’un pouvoir d’idées, mais d’une politique qui obéit aux désirs végétatifs d’un estomac.

L’estomac, sur lequel le colonialisme a place les têtes dirigeantes, contrarie l’activité normale dans le pays.
En abordant cette entité étrange, nous ne parlons pas, en fait, d’un animal préhistorique mais d’un animal contemporain : un être amibien dont les motivations végétatives commandent les politiques primaires.
Dans la composition de cet étrange appareil, il n’est demandé pour toute précision que d’accomplir le but assigné aux instincts pour accomplir une fonction politique dans les pays colonises. Nous avons montré que le colonialisme maitrise cette composition. Le fondement de son succès, dans une telle entreprise, repose sur tout ce que comporte la psychologie des peuples, en général, comme penchant naturel pour la tendance simpliste et les choses

Quand une politique est conçue suivant le principe de la facilité, elle séduit autour de cette propension des fouler de personnel animées de bonnes intentions et qui évaluent les choses selon les facilités du moment et non suivant les difficultés de l’avenir.

Si l’on considère, en outre, qu’un certain attrait vient surcharger ce penchant naturel, nous mesurerons alors l’inévitable dérive qui mène vers ce bourbier de facilités attrayantes. Ce fait existe effectivement : la voie de la facilité débouche implacablement sur une politique végétative qui assouvit les désirs des seuls instincts. Cette vole est largement disponible dans les marches politiques. C’est à ce moment-là que des termes comme colonialisme, impérialisme et nationalisme servent à lubrifier la descente pour que le penchant vers la facilité soit plus libre encore.

L’on a vu lors de la conférence afro-asiatique de Bandung comment certains imposteurs ont effectivement usé abusivement des vocables de « communisme » et de « colonialisme », dans l’objectif bien tramé de dévier la conférence et de la détourner de la voie de l’organisation constructive vers celle des acclamations et du brouhaha.

C’est dans la nature même de l’homme, dans son penchant naturel, alors qu’au contraire, dans les pays développés, des programmes culturels pourraient être élaborés pour combattre ces origines psychologiques nuisibles et parer a toute déviation dans la société.

A l’inverse, le colonialisme exploite de telles prédispositions dans les pays colonises et conjugue leurs origines psychologiques a des programmes pédagogiques savamment élaborés. Il met à profit l’absence, dans leur culture héritée de l’époque de la décadence, de facteurs capables de combattre les causes de la déviation invétérées dans la psychologie de leurs peuples. Si bien qu’il échafaude, a partir de ces mêmes dispositions, les éléments d’une politique « émotive-instinctive », de surcroit en parfaite harmonie avec ses intérêts. Il l’élabore en associant les nobles sentiments du peuple aux bas instincts d’un « compose d’individus » donné.

Sachant qu’à l’évidence tout peuple colonisé voue une vive répulsion au colonialisme, il utilise la passion que suscite le terme « colonialisme » pour imbriquer l’innocence du peuple colonisé dans les instincts d’un « compose d’individus » qui dirige sa politique.

Le mot « colonialisme » constitue l’arme la plus dangereuse employée par le colonialisme lui-même. C’est aussi le plus efficace des appâts qu’il tend pour duper les masses ; et il n’y a pas un seul traitre que le colonialisme a placé au sein du front de la lutte des peuples colonises qui n’ait pas utilise le vocable magique « colonialisme », comme un sésame qui lui ouvre des portes jusque-là fermées pour faire irruption dans les sentiments des masses.

Le colonialisme a réussi a travers des slogans émouvants à marquer la politique des pays colonises d’une estampille primitive, s’assurant ainsi les victoires du présent et du futur a la fois. II est conscient que s’il est toujours aisé de duper un individu ou un « compose d’individus », il est en revanche difficile de tromper ou de corrompre une idée.

On saisit mieux, alors, tout l’effort que le colonialisme va déployer pour isoler les idées et les écarter du domaine politique, au point que les actions de contrôle, de révision ou d’autocritique susceptibles de mettre a nu ses intentions et ses projets, et de les bloquer en conséquence, deviennent une entreprise impossible.

Le colonialisme est un diable. Mais s’il commet, consciemment ou par inadvertance, l’erreur de dire ouvertement toute son admiration pour le compose d’individus et de le remercier pour services rendus, il s’agira alors d’un diable stupide ; aussi stupide que le ministre américain des Affaires étrangères si, par mégarde, il va jusqu’a faire part de ses remerciements publiquement, par radio ou par voie de presse, à un gouvernement africain ou asiatique pour avoir autorisé l’installation de bases militaires dans son pays, des remerciements pour un acte qui aurait pour conséquence d’attirer les foudres nucléaires en direction de ces pays et de les éloigner des Etats-Unis si un troisième conflit mondial venait à se déclencher .

Le diable, le colonialisme autrement dit, deviendrait plus stupide encore au cas où il s’aventurerait à adresser ses remerciements au composé d’individus en tant qu’estomac digérant son repas dans la quiétude totale de façon à ne divulguer ni ses intentions ni ses projets.

Le colonialisme soumet tous ses actes et paroles à un savant calcul pour que le contact entre les intérêts du « compose individu » et les passions du peuple ne se délie pas. Autrement dit, le maintien d’un contact entre les instincts des ventres dominants d’un cote et les conditions émotionnelles, soumises à son emprise, de l’autre.

Préserver ce contact est la condition essentielle dans le plan stratégique du colonialisme, laquelle requiert dans le cas de sa mise en œuvre : premièrement, qu’il frappe toutes les forces qui lui sont hostiles, quelle que soit la bannière sous laquelle elles se présentent ;

Deuxièmement, qu’il les empêche de s’unir sous une bannière plus efficace encore, dans toutes les conditions.

La stratégie du colonialisme dans la lutte idéologique procède de ces deux conditions ; il empêche le contact entre la penser et l’action politique afin de laisser la pensée stérile et rendre la politique aveugle.
C’est dans ce but qu’il recourt a la méthode de la congélation, pratiquée sur le front de la lutte pour geler les forces de 1’ennemi à un point défini.

Pour y arriver, le colonialisme utilise la méthode connue dans les arènes espagnoles, ces lieux ou le torero agite la muleta en face d’un taureau acharné qui redouble de férocité lorsqu’il fonce en direction de l’étoffe rouge brandie, au lieu d’attaquer le torero. II continue ainsi ses vaines attaques jusqu’a épuisement total.
Le colonialisme agite, en diverses occasions, quelque chose pour provoquer le peuple, susciter son ire et l’enfoncer dans une situation proche de celle de l’hypnose, jusqu’au point de perdre conscience. II deviendra ainsi incapable de comprendre son propre comportement, de l’apprécier et de le juger à sa juste valeur. Ainsi, inconsidérément, il assène vainement ses coups, dépense ses potentialités et gaspille son énergie sans atteindre d’une façon nette l’adversaire, qui agite toujours l’étoffe rouge…

Le colonialisme est un torero… dans le domaine politique.

Le peuple, débonnaire et humble, poursuit son chemin dans ce contexte dramatique comme si, paradoxalement, ce sont les lourds sacrifices consentis qui l’ont neutralisé et condamné a s’éterniser dans la même situation.

Nous débouchons ainsi sur un étrange résultat dans la psychologie politique. La politique émotive ne trouve pas ses justifications dans son succès mais dans sa défaite : à mesure que le souffle du taureau s’estompe et que son sang coule dans arènes, son acharnement contre l’étoffe rouge redouble d’intensité et devient plus acerbe encore.

Le colonialisme maitrise parfaitement la mise en marches de cet appareil ; n’est-ce pas lui qui l’a crée et monté, ou du moins en a élaboré quelques procèdes, sachant qu’il s’agit de moteurs qui sont le fruit non pas du génie d’une conscience mais de caractéristiques qui découle d’un estomac… ?

Il continue ainsi à brandir l’étoffe rouge pour distraire le peuple colonise, pour le distraire et l’éloigner de toute occasion de se ressaisir, de méditer son cas et d’aborder ses problèmes à travers une logique d’efficacité, et le soumettre, en d’autres termes, aux règles d’une politique scientifique.

C’est ainsi que le colonialisme neutralise les forces qui militent contre lui. Il les neutralise à un certain point et sous une certaine bannière.

Si l’occasion se présente à une personne avisée au jugement mesuré et ayant une vision juste du cours de l’histoire, celle-ci aura la possibilité de suivre attentivement les épisodes de la lutte idéologique dans un pays colonise donné, depuis l’entrée en scène des forces hostiles au colonialisme. Son attention sera particulièrement attirée par le fait que le colonialisme dirige les feux de la rampe sur un coin choisi de la scène, c’est-d-dire précisément sur le point précis qu’il veut geler, au sein des forces hostiles.

La même personne remarquera ensuite qu’un autre coin de la scène est plongé dans le noir. Si elle l’examine attentivement, elle notera que l’éclairage a été délibérément déplacé de cette partie de la scène. Comme si une volonté occulte veille à ce qu’elle demeure couverte d’obscurité ! C’est dans cet endroit précisément que le colonialisme veut isoler l’idée et, avec elle bien sur; le combattant engagé dans la lutte sous son étendard. Un combattant contraint par les circonstances à s’y enrôler seul. Un combattant solitaire, ciblé et qui subit des tirs croisés fusant de toutes parts.

En méditant ces considérations, la personne découvrira une vérité troublante qui provoque la stupeur : il y a une collusion tacite entre la politique répondant aux seuls instincts et incarnée dans un « tube digestif », et le colonialisme. Quelle que soit la certitude d’une telle connivence, il n’est forcément pas nécessaire que toutes les têtes placées sur le « tube digestif » agissent en connaissance de cause. Cet hébétement découle, nous l’avons déjà montré, de la nature même de la politique émotive, encline par définition au simplisme. Elle émane, en d’autres termes, de la nature de la colonisabilite.

Il n’empêche que cette collusion, cette complicité pourrait être le fruit d’une action concertée. Nous ne pouvons pas imaginer, par exemple, que le « composé d’individus » qui dirige a Karachi ignore son rapport avec le colonialisme ni son rôle dans la politique des alliances colonialistes, alors qu’il s’agit de 1’appareil le plus précis place par le colonialisme. En effet, maitrisant parfaitement cette composition, ce dernier a réussi à placer la tête d’Ali Khan sur le « tube digestif » qui constitue l’appareil du pouvoir dans ce pays soumis à l’arbitraire.

En dépit ou à cause de cette précision et de cette maitrise dans la fabrication de machines digestives dont il tente de faire des appareils de pouvoir dans les pays colonisés, le colonialisme risque de se trouver en face d’un fait accompli lorsqu’un brusque signal de danger résonnera et le prendra au dépourvu. Le signal le surprendra malgré toutes ses précautions et en dépit de ses prévisions et de ses associés, complices dans son entreprise. Complices qui ont succombé à son appât ou dévoilé leur stupidité.

Lorsque le signal d’alarme retentit, c’est un peuple aux nerfs fatigues, aux grandes douleurs et cédant à la colère qu’il a failli réveiller. Comme si la muleta l’avait mis dans un état de déconcentration et de quasi-torpeur hypnotique !

Le signal d’alarme qui retentira soudainement pourrait lui rappeler son droit, ou plutôt son devoir, d’être plus regardant sur la politique adoptée dans son pays, d’imposer son contrôle et de demander des comptes et, au besoin, de la réviser. Voilà le plus grand danger qui guette le colonialisme face à un peuple qui veut prendre en charge lui-même sa vie politique. C’est ce qui s’est passé, ou a failli se passer, lorsque le Congres fondé en Algérie en 1936 a mis les dirigeants des milieux colonialistes en alerte générale.

C’était une véritable montée des périls pour le colonialisme. Des que le signal rouge est apparu, il a senti la menace qui pesait sur le contact soigneusement mis en place pour relier les instincts primaires qui animent le « compose d’ individus » et les impulsions qui excitent les masses d’une part, et l’opération de digestion et la politique qui poursuit la facilité d’autre part.

Comment réagira alors le colonialisme ?

Il faut d’abord remarquer que l’alerte lui a effectivement été communiquée par l’intermédiaire de ses propres observatoires avant qu’elle n’atteignit la conscience du peuple, un peuple démuni d’un tel dispositif d’alerte qui eut pu le prévenir et lui annoncer une telle information (mission dévolue, par exemple, a une classe intellectuelle consciente).

Avec cette même observation, on entre de plain-pied dans le sujet : le signal d’alarme, au moment où il retentit annonçant l’édition d’un livre, la parution d’un article, la publication dune interview, signifie que le premier épisode d’une partie de la lutte idéologique est en train désormais de se jouer.

La lutte idéologique … Ce terme est-il chargé de signification dans les pays colonisés, sachant que ces mêmes pays ignorent en général la valeur de l’idée dans le destin des sociétés ? Des pays qui ignorent en plus la rigueur des plans conçus pour dominer et sceller le sort des peuples arriérés par l’intermédiaire de leurs idées ?

Il faut saisir la différence fondamentale entre deux attitudes. D’abord celle de l’individu qui ne voit l’eau que sous l’angle d’un simple breuvage destine à étancher sa soif et à irriguer ses terres, et ensuite celle de l’individu qui veut en savoir davantage : qu’est-ce que l’eau ? Quels sont les éléments qui la composent ? Dans quelles conditions s’effectue cette composition ?

La différence est claire entre la position de celui qui sait mécaniquement utiliser l’eau et l’attitude de celui qui désire disposer d’une chose mais en dépassant le cadre de ses seuls besoins.

Les pays colonises aussi méconnaissent généralement ce qu’est la lutte idéologique ; mais ils subissent passivement ses effets pervers dans leur quotidien.

Lorsque ils envoient par exemple une mission d’étudiants achever leurs études supérieures, ils ont forcément accompli un acte en rapport avec la lutte idéologique. Ils ignorent cependant avec précision les données de cette lutte, sa méthode, ses moyens et ses objectifs.
De ce fait, leur rôle prend fin une fois que la délégation a quitté le territoire. Ils se contenteront alors de la simple responsabilité des dépenses, responsabilité dévolue à une banque qui alloue à chaque étudiant un montant mensuel.

Mais ces pays ne savent pas que la mission d’étudiants, confiée simplement aux bons soins d’une banque, est désormais impliquée à son insu dans la lutte idéologique. Le colonialisme prend parfaitement en charge cette mission et l’entoure d’une surveillance stricte. II a élaboré pour chacun de ses membres un dossier où il consigne les éléments de sa conduite. Si bien que le colonialisme dispose de renseignements plus détaillés et mieux fournis que ceux en possession du service ou du ministère qui les a envoyés.

Pour la mission, il s’agit ici du premier acte, la prise de contact, suivi du deuxième acte, l’orientation.

Le colonialisme use dans pareil cas de tout son génie diabolique pour que la mission soit dénuée de tout savoir scientifique profitable et pour que l’étudiant rentre bredouille au pays. II agit dans ce sens suivant les renseignements notés dans les dossiers : il alimente les passions et les instincts sans dépenser un sou, les charges étant supportées par le budget même du pays colonisé. La banque concernée alloue mensuellement, les montants indiqués…

Cette orientation négative se poursuit dans la discrétion comme un secret parmi les secrets, jalousement enfermés dans le tréfonds du colonialisme, sur le sujet de la lutte idéologique. Un secret dont nous ne savons rien, nous autres enfants des colonies, jusqu’au moment ou un écho nous parvient dans un quotidien sous forme d’un scandale ou d’un crime commis par un membre de la mission, sans que l’on sente qu’il s’agit en fait d’un écho de la lutte qui se présente sous une forme fragmentée et éphémère.

Nous nous sommes, en effet, accommodés d’un esprit atomistique qui décompose les choses au point de ne plus pouvoir réaliser que les éléments séparés qui évoluent dans notre perception sont des composants qui découlent d’un ensemble uni. C’est une méthode qui échappe encore à nos esprits. En raison, par ailleurs, de notre retard social, nous ne sommes pas en mesure d’appréhender comment le monde dans lequel nous vivons obéit a une stricte organisation, c’est-à-dire un monde où les faits ne sont pas le fruit du hasard mais des résultats d’actions concertées et de plans bien conçus.

Puis nous arrivons au résultat final : des années âpres le départ de la délégation à l’étranger, nous réalisons que certains de ses membres rentrent bredouilles au pays. Les instructions fermes du colonialisme les ont battus en cours de route. Un autre groupe d’étudiants ne veut pas rentrer. En réalité, le colonialisme ayant remarqué sa supériorité intellectuelle, dans les matières scientifique par exemple, n’entend pas le laisser retourner dans son pays d’origine et pour cela, il utilise tous les moyens pour l’ appâter.

Nous n’appréhendons ce genre de problèmes que sous une forme générale et banale, comme de simples informations publiées dans les journaux. Nous ne concevons pas leurs raisons profondes, nous n’avons pas encore saisi que ces scandales quotidiens découlent en fait d’un scandale plus grand que ce que traduit notre approche puérile du sens du monde dans lequel nous évoluons.

En d’autres termes, le pays colonise vit la lutte idéologique et subit ses effets pervers dans son quotidien, dans son budget et dans sa morale, sans qu’il soit au fait de sa réalité. La bataille laisse planer sur l’ensemble de ses activités ses multiples effets alors qu’ii n’est même pas conscient qu’une lutte s’est bien déroulée a l’intérieur de ses frontières.

Le problème – nous l’avons montré ailleurs – est que les choses se déroulent sous nos yeux sans toutefois atteindre notre conscience. En fait, nous avons tendance à les prendre a la légère, sans véritablement aller au fond de leur signification.

Pouvons-nous espérer que le colonialisme donnera de la lumière pour éclairer la scène au moment où l’idée fait son entrée dans l’arène plus précisément dans le lieu même où commence la lutte ?

Nul doute qu’il sera un diable stupide s’il procède de cette manière car au contraire, il essayera d’accentuer la densité de l’obscurité et couvrir l’endroit voulu lorsque l’idée fera son apparition sur scène. II fera tout son possible pour isoler de la lutte toutes les énergies combattantes et pour les éloigner de la conscience du pays.

Lorsque le signal d’alarme est tire après la parution d’un livre ou d’un article, l’auteur concerné se retrouvera seul, dans une situation de militant isolé en dépit de toute sa volonté. II amorcera un combat en solitaire au sens propre, dépourvu de toute aide, sans aucune base arrière pour logistique. Les conditions qui ont fait de lui un combattant sur le front des idées ne lui laissent aucun moyen et ne lui accordent aucun appui aussi infime soit-il…

Le colonialisme s’inspire de ces mêmes conditions pour élaborer son plan face a ce militant, suivant des règles qui procèdent de la logique de la jungle et des bêtes sauvages. Il s’en prend sans discernement a sa famille, femmes et enfants compris. Les atteintes qui leur sont portées influent sur les nerfs et sur le moral du militant plus que les coups qui lui sont assénés.

C’est la méthode de la lutte idéologique dans les pays colonises dans sa dimension humaine. Ces conditions difficiles dictent cette méthode. Le lecteur peut trouver de simples insinuations qui touchent aux aspects de la vie de la personne impliquée et de sa famille. II lui faut lire entre les lignes s’il veut saisir l’idée exacte de la réalité de la lutte idéologique dans les pays colonises. Le colonialisme veut en faire un combat subreptice, muet, sans images ni écho, sans publicité. Il veut un combat nébuleux, chargé d’intrigues et de mystères, une lutte impitoyable qui n’épargne ni vieillards, ni femmes, ni enfants.

C’est l’aspect général de la 1utte idéologique dans les pays colonises qui se présente ainsi.


 

Miroir de renoncements et de frustrations

Les considérations exposées dans le chapitre précédent montrent comment la nébulosité constitue l’élément fondamental qui marque la lutte idéologique dans les pays colonisés et comment le colonialisme fait de son mieux pour embrumer cette lutte […]

Les considérations générales ne dissipent pas l’opacité dont le colonialisme enrobe la lutte idéologique si elles ne puisent pas des arguments dans des faits. Autrement dit des faits qui procèdent au fond d’une expérience vécue réellement dans des conditions données. Cette expérience incite à décrire le plan mis en œuvre par le colonialisme et incite a prendre en compte deux principes cardinaux, celui de l’opacité et celui de l’efficacité.

Le premier principe, l’opacité, commande au colonialisme de ne pas dévoiler son visage ouvertement dans la bataille, sauf si les circonstances l’y obligent et ne lui laissent guère le choix. II utilise toujours, ou trop souvent, le masque de la colonisabilité.

Le deuxième, l’efficacité, découle du premier principe lui-même, dans sa mise en œuvre, puisque le but du colonialisme ne concerne pas fondamentalement une personne en soi mais s’intéresse a ses idées précises qu’il projette d’annihiler ou de neutraliser et de les empêcher, ainsi, de produire leurs effets dans l’orientation des énergies sociales dans les pays colonises.

Cela ne veut aucunement dire que le colonialisme épargne dans ses visées la vie du militant. Il est vrai qu’il ne fait peser la menace sur elle que s’il y est vraiment contraint. Bien plus, il peut arriver qu’il montre sa déception ou qu’il manifeste son émoi devant la disparition du combattant, car sa mort provoque parfois l’éclosion de ses idées. Il a sans aucun doute vécu ce sentiment à la disparition du combattant qu’était Ibn Badis, qui a dirige l’idée « islahiste » en Algérie de longues années. Une idée qui s’identifiait au départ à l’« idée exprimée » mais qui s’est transformée, a la disparition de son promoteur, en « idée imprimée » échappant totalement au colonialisme.

Quoi qu’il en soit, le deuxième principe impose au colonialisme et dans le détail d’isoler le combattant dans l’arène de la lutte idéologique de deux cotes: provoquer l’aversion de ses idées au sein de l’opinion publique de son pays par tous les moyens idoines ; le rebuter lui-même de la cause pour laquelle il milite en créant chez lui un sentiment de peine perdue, qu’il milite pour une cause qui ne rime a rien.

Comment le colonialisme met-il en pratique ces deux principes dans des circonstances précises lorsqu’une idée fait son entrée sur scène… ?

J’ai déjà précisé dans une autre étude comment se comporte le colonialisme dans pareil cas. Il appuie sur un commutateur discret et donne, grâce à ses observatoires, le signal de départ à un flux de réactions opposées à l’idée en phase d’émergence dès qu’elle fait son apparition sur scène.

[…Bennabi va montrer comment le colonialisme va mettre en œuvre la diversion sur l’idée et la négation du détenteur de l’idée par les masses analphabètes et les élites politiques combattant pour la même cause que le détenteur de l’idée. Il faut briser l’idée de l’intérieur en l’isolant de son champ social, culturel et politique pour qu’elle n’ait aucune efficacité …]

Ce plan, qui transforme la nature du combat en faveur du colonialisme, est appliqué avec succès aussi bien dans le domaine de la lutte engageant les masses que dans le cas du combat mené solitairement par l’individu. Lorsque les événements et les conditions permettent une unité de lutte globale contre le colonialisme, ce dernier commencera alors la création d’unîtes de lutte fragmentées et dissociées. Le but évident poursuivi est d’instaurer des oppositions et de semer des rivalités entre les forces qui lui résistent. II en résulte une dérive de la lutte qui opposait auparavant les forces issues du peuple colonisé au colonialisme vers un combat, désormais fratricide, qui oppose les forces populaires elles-mêmes, a l’image de ce qui s’est passé en Corée, en Chine et en Inde après la partition du pays et, dans une certaine mesure, en Indonésie.

Un tel plan permet au colonialisme de réaliser deux objectifs :

Premièrement : l’organisation, au plan spirituel ou idéologique, du champ sur lequel se déroule la lutte contre lui ;

Deuxièmement : la dislocation des forces hostiles en présence et qui sont engagées dans la bataille.

Le premier résultat s’insère dans l’ordre des choses : une bataille qui perd son caractère d’unité globale perd forcement de son moral et de son cachet sacré aux yeux des masses. Ce constat explique ce qui se passe dans certaines batailles qui se déroulent aujourd’hui sous nos yeux.

Les nations qui ont acquis une expérience dans le domaine de la lutte politique savent que leurs moments les plus propices dans l’histoire sont ceux appelés dans le jargon politique l’«union sacrée », a l’instar de l’union instituée lors de la Révolution française pour faire front commun contre l’Alliance Royale.

Les plus grands moments de l’histoire sont toujours ceux ou se constitue l’unité d’une lutte globale livrée aux milieux hostiles, qu’ils soient naturels ou humains.

Lorsqu’un combat se présente sous cette forme, il est placé et élevé au niveau sacré de façon sublime. C’est l’apogée de son niveau idéologique.

Mais des qu’il perd ce caractère global, il décline tout droit vers le précipice.

La bataille amorce son état de décadence et de déclin idéologiques des l’instant ou de petites unités de combat (idéologique) se substituent a une unité globale. Et des que cette déchéance gagne le niveau spirituel, les forces engagées dans la lutte se désagrègent et s’effacent.

C’est là le second résultat.

Au cours de l’histoire de l’Islam, nous trouvons pareille illustration de la déchéance spirituelle qui conduit inexorablement au déclin politique, autrement dit à ce deuxième résultat.

Sur ce point, la bataille de Siffin a porte un coup sévère a l’unité globale bâtie par le Prophète Mohammed selon un précepte divin. Elle a, du coup, dégradé le niveau du combat inaugure depuis la bataille de Badr. Cet affaissement idéologiques n’a pas tardé a produire des effets désastreux dans le domaine politique… conformément au verset :  » Obéissez a Dieu et a Son Messager et ne vous livrez pas a des rivalités qui vous exposeront a la défaite et a la désunion…  »

Le colonialisme applique ces données tacitement dans ses plans conçus pour contrecarrer la lutte des peuples colonises : il veut un combat idéologique au rabais dans un premier temps en essayant de saper l’unité globale, qui confère a cette lutte un caractère sacre et également, une place de haute estime morale, sachant qu’il réalise par une telle entreprise les objectifs politiques qu’il s’est fixés.

[…]

Par des procédés divers, le colonialisme peut détourner la lutte engagée entre lui et les forces de libération vers une lutte fratricide ou, du moins, vers une rivalité entre ces forces elles-mêmes. Nous avons déjà montre comment il dévie un combat qui l’oppose a un individu – qui écrit, par exemple – pour en faire un conflit entre cet individu et ses propres frères…

[…]

Le colonialisme peut, de ce fait, détruire l’unité du front qui lui est hostile dans les pays colonises et paralyser son activité intellectuelle. Quant à l’activité politique, elle fonctionnera au hasard et les idées seront privées de toute efficacité.

[…]

Comment le colonialisme procède-t-il lorsqu’il ne lui est plus possible d’acculer le combattant au silence en le disposant par la terreur ou par la tentation, grâce au concours d’une conscience corrompue, ou par la docilité d’un « nationaliste » …?
II faut tout d’abord voir comment il établit un lien entre la lutte idéologique et la question politique dans les pays colonises une question qui suppose deux thèmes importants d’après leur enchainement naturel ; premièrement : regrouper les forces de la lutte pour l’émancipation politique ; deuxièmement : orienter cette libération qui vise a aboutir a l’indépendance psychologique.
Pour la première étape, nous avons déjà montre comment le colonialisme met tout en œuvre pour empêcher l’union de ces forces sous une bannière solidement assise et comment, dans ce cas, il use différents moyens pour atteindre cet objectif.
II nous faut donc former une idée sur la seconde étape pour mieux saisir l’image d’ensemble de la lutte idéologique durant cette étape.
Le combat de I’ Inde et du Pakistan, A titre d’exemple, s’est déclenché dans les mêmes conditions et sur un même territoire. Au départ, les forces de libération unies sous le même étendard du combat pour l’indépendance politique ont réussi a atteindre cet objectif.
Nous connaissons les vicissitudes vécues par ces mêmes forces une fois l’indépendance acquise. Dans deux sens diamétralement opposes, une partie a choisi l’Inde, l’autre le Pakistan.

Nous avons été témoins, par ailleurs, de l’usage fait de l’indépendance de la Turquie, reconquise sous Atatürk, par ses successeurs a Ankara. Une indépendance orientée et mise au service du colonialisme, si bien que le pays est devenu une base avancée de l’espionnage américain. […]

Si nous gardons à l’’esprit que pour les besoins de cette haute politique il est nécessaire d’imposer un contrôle rigoureux de tout acheminement et sur toute vente d’armes dans les pays colonisés, chose au demeurant largement vérifiée lors du déclenchement de la lutte de libération, nous admettrons alors forcement que cette même politique impose aussi une surveillance stricte sur le mouvement des idées dans ces pays.

L’idée conçue sur ce dernier contrôle reste faible, voire inconcevable, dans ces pays pour les deux raisons déjà évoquées et qui sont : premièrement : l’analphabétisme, qui sévit a grande échelle dans ces pays, ce qui engendre en conséquence l’incapacité de livrer un combat idéologique. Car l’analphabétisme ignore la valeur des idées qui ne sont pas perçues par lui comme un moyen de lutte et de liberté ; ensuite, la politique émotive dans ces pays provoque une méfiance a regard des idées clairement affichée par les dirigeants politiques, qui les perçoivent comme une source de crainte et d’inquiétude. Comme le colonialisme lui-même, du reste.

Les idées, en effet, ne s’accordent généralement pas avec le composé d’individus qui représente ces dirigeants politiques. Ainsi, lorsque le rideau se lève sur un épisode de la lutte idéologique, il met en vedette sur scène cinq acteurs : une idée dont l’existence est révélée par les observatoires spécialisés dans la lutte idéologique ; un peuple qui ignore l’entrée sur scène de cette idée ; un commandement qui la méjuge ; son promoteur qui se démène pour la communiquer et la transmettre ; un colonialisme qui tente de l’étouffer.

[…]

Que fait-il lorsque ses observatoires lui signalent l’apparition d’une idée?

Comment agit-il pour creuser un fosse de démarcation entre la société et l’initiateur de l’idée qui se hasarde à la divulguer ?
C’est notre sujet ici.
II faut imaginer l’ idée comme une cible du colonialisme qui pointe sur elle son artillerie en la considérant comme un objectif dans son point de mire, détachée ou collée a son auteur.

Le but du propos n’est pas de traiter la question dans son vaste domaine de réflexion mais de l’éclairer à la lumière d’une expérience personnelle, qui démontre comment le colonialisme utilise des moyens scientifiques dans la lutte idéologique…

[…]

La méthode en elle-même se caractérise par une simplicité remarquée, si bien qu’elle se présente dans sa forme théorique comme ce que nous pouvons appeler « miroir de renoncement », c’est-à-dire le miroir dans lequel se reflète la situation de frustration ou la situation de répugnance a l’encontre de l’objet répercuté.

[Malek Bennabi va montrer à la lumière de la psychologie sociale, la mise en scène et à partir de sa propre expérience personnelle comment on va insérer l’idée « imprimée » celle qui émerge de la conscience de la libération ou qui veut imprimer la conscience de la libération et l’auteur de cette idée dans un réseau d’auteurs et d’idées qui expriment des idées « exprimées » qui n’ont pour vocation que de discourir ou faire de l’esprit sans visée de changement. Ce réseau va s’établir en plaçant le sujet et son idée non plus comme sujet mais comme objet de reflets de ce qu’il appelle les composé de « Réflexion psychique » dont le rôle volontaire ou involontaire (manipulé) va mettre dans l’ombre, éclipser ou déformer l’idée subversive contre le colonialisme et son auteur. Ce réseau va agir comme un miroir de renoncement du public vis-à-vis de l’auteur et de ses idées et comme miroir de frustration de l’auteur qui ne trouve pas de relais à ses idées ni de moyen de la libérer de l’emprise néfaste des autres et de la promouvoir sans rentrer dans un débat ou une lutte marginale qui détourne du but principal et qui risque d’ajouter dans la confusion qui entoure l’idée et son auteur]

Ainsi, les répercussions (des idées exprimées par les autres) touchent forcement l’idée. Les reflets, reproduits par le « miroir de renoncement » sur le nom, se répercutent sur l’idée elle-même. C’est la règle générale.

[..]

Le lecteur sera envahi par le vague sentiment d’être en face d’une en énigme qui le livre au doute et a l’ambigüité.

Le colonialisme a cependant déjà prévu et pris en compte tous les éléments psychologiques qui constituent cette attitude négative. Il sait que le milieu musulman est atteint d’apathie et d’abattement. Ce qui nous livre a la stupeur face a certaines énigmes que nous refusons d’élucider. En termes plus généraux, nous sommes au milieu du chemin sans tenter de parvenir au bout, ce qui s’exprime au demeurant à travers notre dérobade et notre fuite en avant face aux problèmes quand ils surgissent soudainement et qu’ils nous prennent au dépourvu.

Le problème se répète. Le colonialisme combine ses intrigues en parfaite connaissance de la psychologie musulmane. Il connait également la carence qui empêche nos cerveaux d’établir le rapport requis entre les faits à partir desquels nous tirons une conclusion générale.

[…]

Il faut s’intéresser à chaque élément du cheminement mouvementé d’une idée dès lors qu’elle constitue un épisode de la lutte idéologique.

[Malek Bennabi montre comment des revues, des ouvrages et des figures illustres peuvent être utilisés de leur vivant ou après leur mort pour constituer ce miroir de renoncement et de frustration si l’on utilise sur l’idée et sur la personne du détenteur de l’idée les impressions négatives ( sur le plan objectif) qui vont se répercuter sur son idée par sa proximité, sous un angle donné et un éclairage particulier, dans le contexte de la célébration ou de la promotion des idées et des personnages de ceux représentant non pas la conscience mais au mieux la neutralité et l’inertie du discours sans idée et sans actions et au pire son hostilité. Le colonialisme peut utiliser pour cette action ce qu’aujourd’hui on appelle la contamination d’une image par une autre image : faire de l’amalgame en recourant à des personnes de bonne foi pour donner du crédit moral et à des traitres.]

Force est de reconnaitre la précisions diabolique du colonialisme puisque non seulement il recourt aux services de quelques canailles et de certains misérables, mais il utilise en plus des gens de bonne foi, exploitant leur prestige et leur intégrité morale, ménageant en toute circonstance le principe de la nébulosité. Dans le domaine politique, il utilise plus particulièrement la vertu comme caution morale pour éloigner, grâce a cette qualité, tout soupçon que pourraient susciter certaines relations suspectes entre le « compose d’individus » et le dispositif qui dirige la lutte idéologique dans les pays colonises par des voies scientifiques. L’une des conséquences de ce principe lors de son application est qu’il procède au montage des têtes insoupçonnables sur l’appareil digestif, lequel représente la politique émotive dans ces pays.

[…]

Lorsque la bataille contre une idée commence, le nom de son promoteur ne sera utilise que dans le but de bien ajuster le tir, comme signale précédemment. Il sera de ce fait place au centre du miroir à la jonction des lumières. C’est-à-dire, au centre des insinuations qu’on veut refléter sur lui pour qu’il répercute de son cote les mêmes reflets sur l’idée ciblée.

[En analysant le parcours et les idées de figures manipulés dans la fabrication du miroir du renoncement il va montrer que le reflet frustrant qui se reproduit sur les idées a deux principales origines la première est celle des idées qui n’imprime pas sur la conscience les valeurs et la libération et qui se contente de discourir avec esprit en s’adressant à l’esprit et non à la conscience car l’objectif est de narrer et non de réveiller puis d’inviter au changement ou d’en montrer les voies. La seconde cause du reflet frustrant est la contamination davantage par le comportement personnel de l’homme ou de son passé troublant que par ses idées…]

Face aux idées, le plan du colonialisme couvre deux aspects : un aspect général qui s’occupe des affaires mondiales et un aspect particulier qui s’intéresse aux pays colonisés. Nous avons, par ailleurs, évité de nous engager dans des discussions de nature politique générale, quoique le fondement du sujet soit d’ordre politique.

L’idée n’est combattue que parce qu’elle est un élément efficace dans la vie politique. Néanmoins, nous n’avons pas voulu de nous laisser entrainer dans des réflexions d’ordre politique par souci de n’aborder le thème que sous l’angle strictement intellectuel.

Si l’on place ces considérations aux abords du miroir déjà présenté, nous arriverons a conclure comment un système monté de cette manière émet des reflets frustrants qui sont répercutés sur le nom que ce miroir reproduit.

Le lecteur musulman auquel s’adressent les idées, justement ciblées, répercute sur elles et d’une façon mécanique ce que reproduit sur lui-même le « miroir frustrant » du nom de l’auteur de ces idées. Ce nom constituera le point de rencontre où se croisent les reflets du renoncement et ceux de la frustration qu’il reçoit de ce miroir, des reflets qui répercutent sur ce même nom les insinuations négatives émanant du coefficient personnel des écrivains. Les écrivains qui ont été impliqués dans le montage du système cité.

Le système en question se déclenche d’une façon autonome, d’après des règles psychologiques déterminées que le colonialisme manie parfaitement dans le domaine de la lutte idéologique. Il sait que d’une manière générale, le lecteur musulman ne dispose pas de facultés suffisantes pour appréhender et examiner les choses a leur juste valeur, à cause du retard de son pays, au point qu’il ne fonde pas ses jugements sur les idées directement a partir de leur valeur intrinsèque et selon leur nature mais sur leur forme que reproduit un miroir quelconque. II fonde ses jugements, pour ainsi dire, sur la forme que le colonialisme vent justement bien mettre en apparence dans le miroir. II porte son opinion, dans cet ordre, d’après l’image répercutée sur la vision. II ne la saisit pas intellectuellement. Il l’appréhende suivant la lumière psychique a laquelle elle est soumise de l’extérieur, non selon ses arguments intrinsèques.

[…]

Et c’est là précisément le plus haut degré atteint par le colonialisme dans la lutte idéologique et au cours de laquelle il applique, avec une rare précisions, le principe de l’opacité, d’un cote, et le principe de l’efficacité, de l’autre…


 

Autres montages du colonialisme

Il est inutile de rappeler constamment que le colonialisme est le mal par excellence et qu’il est présent dans le concret. Notre accord sur ce point est établi et ne souffre d’aucune équivoque.

A partir de ce point justement, deux voies défilent dans l’esprit qui veut soumettre le problème pour examen. La première découle d’une question qui nous interpelle a travers un certain degré de clarté lorsque nous nous demandons : Pourquoi ce mal existe-t-il ?

La deuxième prend son point de départ a partir d’une interrogation fondamentalement différente. Sa clarté est différemment perçue lorsque nous demandons : pourquoi, nous autres musulmans, sommes-nous singulièrement soumis en victimes a ce mai ?

Si nous avions accorde au sujet un tant soit peu de méditation, nous serions arrivés a conclure que les deux chemins mènent a des situations et a des résultats diamétralement différents.

La première question nous plonge vraiment dans le monde de la métaphysique, en ce sens que le problème posé ne trouve pas de solution pratique ou, en fait, aucune solution, du moment que tous les éléments du problème sont hors de notre portée et sont soumis a (‘influence de causes et de facteurs qui nous échappent.

Pourquoi le mal existe-t-il ? Pourquoi le diable existe-t-il ? Pourquoi le colonialisme les incarne t-il ?

Ces interrogations expriment en fait une seule et même question qui épouse différentes formes.

[…]

Si nous nous engagions dans La métaphysique il se pourrait que nous arrivions a polémiquer sur le sexe, masculin ou féminin, du colonialisme.

Et quand bien même cela pourrait se produire, je demeure absolument convaincu que le colonialisme nous montrera une première fois que nous sommes face a un male et une autre fois face a une femelle, avant de nous laisser désemparés, plongés dans notre égarement. Pis encore, il se pourrait aussi que deux écoles émergent chez nous, accompagnées de deux doctrines qui s’opposeraient sur la question. Le colonialisme ferait assurément tout son possible pour attiser l’esprit polémiste entre les deux parties pour que toutes les énergies et toutes les potentialités intellectuelles dans le monde musulman soient gaspillées et dispersées dans ce débat stérile…

Lorsque la chicane culmine et aboutit a une querelle exacerbée, le colonialisme intervient pour tenter de faire admettre dans les deux camps l’idée que celui qui s’abstient de participer a ce débat et refuse de s’engager dans la controverse est un traitre. II arrivera à la limite de convaincre que celui qui ne prend pas position dans la question du sexe du colonialisme – masculin ou féminin – est un apostat ou un traitre aux yeux des deux doctrines.

Le colonialisme publiera évidemment lui-même et a son compte, l’accusation et la condamnation. II en affichera le texte sur les murs de la cite…

Laissons là le débat sur le sexe du colonialisme pour voir quels sont les effets de cette attitude sur le cycle de révolution intellectuelle et sociale dans les pays musulmans. En posant le problème à travers une approche métaphysique et en considérant ses conséquences sur le comportement de l’individu par rapport au colonialisme, nous arriverons à déduire qu’il sera forcement dans l’une des situations suivantes :

Une situation de servitude et de soumission ;
Une situation de haine et de révolte.

Nous constatons effectivement que ces deux situations sont vécues dans la société islamique depuis que celle-ci a senti le poids autoritaire du joug du colonialisme et qu’elle s’est efforcée de s’en débarrasser. Nous relevons par ailleurs qu’il y a parmi les musulmans ceux qui perçoivent le colonialisme comme un diable et lui témoignent la rancœur et l’aversion dues a un diable, et d’autres, a l’inverse, qui voient en lui une providence. Il est en conséquence glorifie parce que ses adeptes croient que la richesse est entre ses mains… du moins en ce bas monde.

II y a en fait, dans les deux cas, un résultat de l’illustration métaphysique a travers laquelle la question fondamentale est placée.

Nous ferons montre d’un certain degré d’ineptie et de vanité au cas on nous jugerions que le colonialisme ignore ces situations psychiques. Au surplus, le sérieux nous fera défaut si on considère que le colonialisme est très au fait de ces situations et qu’il ne les exploite pas à dessein dans ses plans.

Il faut savoir également comment, face a ces deux cas, le colonialisme se détermine et arrête sa position. Nous avons évoqué très brièvement son attitude quand nous avons parlé de la muleta qui met progressivement en fureur le taureau jusqu’à son exténuation totale.

Nul doute que dans son cas, le colonialisme fera indéniablement tout pour que ceux qui vouent de la haine au diable redoublent d’aversion et de rejet et que tous ceux qui lui doivent leur succès lui courbent leur échine souple et lui multiplient les témoignages de reconnaissance et de gratitude.

Quoique ces deux attitudes s’opposent du point de vue éthique, il n’en demeure pas moins qu’elles produisent le même effet sur le plan pratique puisqu’elles constituent la clef de voute dans le plan échafaudé par le colonialisme pour hypnotiser la conscience islamique et l’empêcher d’aborder les problèmes en suspens.

Des qu’il s’aperçoit que le problème est en passe d’éveiller les soupçons et de susciter des interrogations de curiosité, le colonialisme se met a agiter la muleta et a augmenter les sommes d’argent destinées à corrompre les consciences de certains dirigeants musulmans, des consciences placées dans une boite destinée a recevoir les subsides. Le problème s’enrobe de nouveau d’une chape d’obscurité.

Les pays musulmans ont acquis au moins une idée sur un tel geste destiné à les distraire et ils savent quelque chose sur cette méthode de changement de sujet, au cours de leur lutte livrée contre le colonialisme ces dernières années.

[…]

Certes, au cours de leur histoire politique moderne, tous les pays musulmans ont vécu un épisode plus au moins similaire. Dans tous les cas, autrement dit, le colonialisme tire profit des mêmes situations psychologiques lorsqu’il attise l’ire aveugle des masses et alimente, avec démesure les ambitions de leurs dirigeants.

II est clair que ce procédé demeurera invisible parce qu’il est logé au fond de nous-mêmes, il s’y insère grâce a nos prédispositions à recevoir passivement les inspirations et les insinuations susceptibles d’orienter nos comportements. Il y a en effet des laboratoires spécialisés dans la chimie politique. Une spécialisation très poussée prépare les formules de ces insinuations et en encombre notre subconscient par des voies idoines. Il suffit qu’un spécialiste effleure une touche discrète pour que notre subconscient libère une forte décharge de colère et de révolte d’une part, ou de flagornerie et de vénération d’autre part. Selon qu’il s’agit d’un sentiment délivré par les masses, un sentiment qui nous met face a une simple décharge d’émotions et de facteurs psychiques, ou de quelques sommes d’argent a mettre pour corrompre la conscience de certains dirigeants !

Nous sommes ici aux prises avec deux problèmes. La question des facteurs sociaux et des insinuations reste cependant l’élément le plus déterminant à notre avis. Les facteurs qui en découlent font bouger des millions de gens, débonnaires et généreux, alors que l’argent ne mobilise que certains individus cupides a la conscience faite de tirelires, a l’instar des consciences qui ont livre le Congres algérien en 1936… au colonialisme.

Le premier problème nous intéresse donc en raison de son rapport avec le comportement des musulmans en général. Il faut, en premier lieu, noter a ce sujet les effets trop voyants dans ce comportement. Nul besoin d’une introspection pour les méditer. Ce qui est intéressant plus particulièrement, par contre, ce sont les facteurs occultes qui sous-tendent ce comportement, ce qui commande d’aborder les choses non pas a travers une optique politique qui touche seulement a leur aspect extérieur et apparent mais de les examiner sous l’angle psychologique profond.

Il arrive trop souvent de détecter dans un problème déterminé des causes multiples. Cette diversité épouse en général les contours et les formes extérieures uniquement car elles donnent l’impression d’être nombreuses vu que leurs impacts sur notre esprit se gravent dans des conditions différentes, suivant le moment et le lien causal. Des que la forme du problème revêt, au gré des circonstances, un aspect extérieur nouveau, nous pensons indûment qu’il s’agit d’une cause nouvelle dans son fondement.

[…]

La défaillance notée dans la position de l’individu, aux prises avec ses propres problèmes, reproduit une somme de lacunes et de carences en politique.

Aussi l’examen d’une question à l’échelle de l’individu engendre-t-il les mêmes effets à l’échelle de la société, si on procède en pratique comme il se doit.

Le problème de l’homme musulman face a la lutte idéologique est que son comportement reste assujetti au reflexe conditionne tel que défini par Pavlov, si bien qu’il ne peut disposer librement de sa réflexion ni de son action a partir d’un choix qui découle du libre arbitre, selon des critères déterminés dans sa logique et suivant le jugement de sa conscience. La manœuvre poursuivie par le colonialisme repose en effet sur des objectifs a atteindre par la voie des règles issues de la théorie de Pavlov.

Chez le musulman, ce reflexe conditionné est tout naturellement entretenu, en raison d’inspirations cultivées avec l’instinct de défense et nées depuis l’offensive coloniale des débuts du XIXe siècle.

Ce reflexe se manifeste également d’une façon mécanique, a coup d’insinuations et d’incitations auxquelles les laboratoires spécialises soumettent ces sentiments de temps a autre pour attiser la tension des énergies de défense et les porter a un degré bien au-dessus du niveau requis. L’individu se trouvera ainsi dans un état de tension anormal.

Sans hésitation, il est possible d’affirmer que ce sont ces mêmes motivations qui se déchainent en état anormal. Ces insinuations négatives ont apparemment fait du musulman l’homme le plus repoussé et le plus rejeté au XXe siècle, un homme qui évolue en marge de la société mondiale contemporaine.
Ce qu’il faut noter lorsque nous observons son comportement sous d’autres cieux, aux confins des régions islamiques, régions en contact avec le monde extérieur, nous constaterons qu’il agit trop souvent, sinon toujours, en tant qu’accusé ou pourfendeur des autres. C’est le comportement d’un individu marginalisé et rebuté au sein de la société mondiale du XXe.

Cette situation pèse autoritairement sur sa destinée au moment où le devenir du monde se décide dans la concertation de l’humanité consensuelle.

II est inutile d’affirmer que le colonialisme connait parfaitement cette situation anormale de notre comportement. Et pour cause : il l’utilise a bon escient pour nous isoler de la société internationale, tout comme il isole le combattant sur le front de la lutte idéologique au sein d’une société déterminée.

[…]

C’est dans de telles conditions que les laboratoires spécialisées peuvent distraire toutes nos facultés intellectuelles et matérielles par des batailles fictives, au cours desquelles nous entendons le crépitement des armes tambour battant de la guerre mais, envoûtes, nous n’y affrontons que fantômes. Nos yeux restent obnubiles par des mains de maitres occultes.

Quand un cri de victoire retentit chez nous, c’est pour annoncer qu’un fantôme a disparu de la scène et pour donner l’impression que nous l’avons victorieusement battu.

L’histoire musulmane contemporaine n’est pas dénuée de telles batailles imaginaires dans lesquelles des spectres sont battus, a l’instar de la bataille livrée par Djamel Eddine El Afghani et Mohamed Abdou contre Ernest Renan et Gabriel Hanotaux.

[…]

Nous l’avons déjà constaté en 1948 lorsque nous avons perdu une bataille imaginaire contre une entité fantoche nommée Israël, qu’un prestidigitateur ingénieux appelé Churchill et son élève doué Truman agitaient devant des yeux hypnotises.

En un mot, nous demeurons disposes encore a gaspiller du temps, dilapider de l’argent et a cogiter inutilement.

Il faut ajouter a cet état de fait que chaque fois que nous nous mettons dan une telle situation, le colonialisme charge le spécialiste du jeu de l’ombre concevoir spécialement pour nous une bataille imaginaire qui éloigne les responsables dans les pays musulmans des vrais problèmes.
C’est notre sentiment a regard de certains projets importants, lorsque ceux qui en assurent la charge tentent de mobiliser les idées, les plumes et les fonds pour défendre l’islam contre les attaques des orientalistes.

Devant de tels projets, le colonialisme exprime sa joie des qu’il en est informé, si toutefois il n’est pas lui-même l’inspirateur indirect de l’idée puisque de tels projets mobilisent des fonds, occupent des plumes et des idées pour des questions futiles.

Nous aurons, a l’inverse, le sentiment qu’il montrera des signes d’inquiétude dans le cas où quelqu’un se soustrairait a son envoûtement pour tenter de dire que le problème n’est point dans la défense de l’islam lequel, au demeurant, puise son immunité dans sa valeur intrinsèque et dans la protection divine, mais la question, toute la question, est de savoir comment apprendre aux musulmans a assurer eux-mêmes leur défense grâce aux moyens que recèle l’islam.

L’ire du colonialisme est provoquée lorsque le problème est considéré dans cette nature. Il perd le contrôle de la situation dans ces conditions au point que les gens n’ergotent plus sur son sexe, s’il est masculin ou féminin. La question quittera le monde de la métaphysique et de l’impénétrable pour entrer dans le monde du sérieux. Elle sera abordée ainsi a la lumière conjuguée de la psychologie et de la sociologie. Les conditions qui font le lit du colonialisme et celles qui favorisent la colonisabilite seront examinées suivant les règles adéquates.

Nous sommes ainsi au cœur du chapitre.

[Malek Bennabi développe le thème de l’adaptation du colonialisme aux nouveaux défis et l’inventions de nouvelles techniques de manipulation et de diversion. Il montre à l’opposé du système colonialiste comment le monde musulman reste sans capacité d’adaption et de luttes appropriées pour se défendre du fait de son incompétence à se libérer de sa politique émotive et de son inertie qui bloque tout effort et toute perspective de changer le rapport des forces , et le rapport d’intelligence et la définition des priorités… Il montre ensuite comment on modifie le miroir de renoncement en créant un autre miroir qui va envoyer des reflets négatifs sur l’idée le cercle personnel et le cercle social de l’auteur de l’idée. Il faut corrompre l’environnement personnel et social pour corrompre l’idée ou la mettre dans un système réfléchissant la frustration et le renoncement…]

L’originalité de ce nouveau montage est dans sa capacité d’attirer l’attention d’un écrivain donné sans qu’il s’aperçoive qu’il est devenu lui-même une source d’emission d’insinuations qu’il répercute à son tour, ceci en plus des réflexes conditionnés dirigés contre ses propres idées.

[…]

Généralement, en effet, les idées sont dotées d’une immunité propre et d’un pouvoir d’autodéfense qui leur confèrent une autorité par laquelle elles imposent une censure sur tout ce qui petit nuire a leur portée significative ou qui menace de leur faire perdre leur unité : l’intrusion est immédiatement repérée et exclue.

C’est le cas des idées coraniques qui ont usé de leur propre force des siècles durant contre toute tentative d’altération ou de déformation et ont imposé leur contrôle sur toute idée étrangère qui s’attaque a leur cercle, excluant du coup toute charge d’insinuations négatives apportées par l’intrus… dans le but, en dernier ressort, de la désarmer de tout effet négatif sur la conscience musulmane.

Toutes les tentatives insidieuses employées pour dénaturer le Coran ont connu le même sort à travers l’histoire. En raison du fait que les idées coraniques tout particulièrement et les idées en tant qu’idées d’une manière générale jouent, dans le cadre de certaines conditions sociales, le rôle de filtre face aux idées indésirables ou suspectes, que des mains invisibles veulent introduire dans leur cercle.

[…]

Pourquoi cette tentative d’infiltration dans le cercle des idées coraniques a-t-elle échouée, éliminant ainsi toute pénétration insidieuse chargée de défiance et de frustration dans la conscience islamique?

La réponse est que cette conscience est elle-même préservée par une immunité spéciale contre la frustration. Elle était d’emblée immunisée par son intégrité morale qui refusait l’accès a tout microbe venant de l’extérieur à dessein de lui nuire. En clair, elle n’était pas disposée a s’avilir.

Elle est par ailleurs immunisée grâce à une qualité intellectuelle qui constitue tout particulièrement la pierre angulaire dans la lutte idéologique. C’est cette qualité qui nous permet de saisir mécaniquement la valeur des idées en tant qu’idées et de réaliser l’importance de la lutte idéologique et son danger. Cette qualité constitue un filtre qui bloque les idées fausses et les empêche de s’introduire dans le cercle des idées authentiques, afin de désagréger leur unité et de déformer leur image.

Nous arriverons à conclure ainsi qu’en réalité, la force qui garantit l’immunité d’un cercle des idées donné est une valeur éthique qui nécessite une intégrité, qu’elle impose en toutes circonstances d’une part, et une valeur intellectuelle qui permet d’établir un net discernement entre l’utile et le nuisible, d’autre part.

Au cas on ces deux conditions fondamentales feraient défaut dans une société, les idées perdraient alors leur immunité au même titre que celui qui s’engage dans la lutte sous leur bannière contre les insinuations malveillantes produites dans les laboratoires de la politique scientifique pour faire face aux besoins de la lutte idéologique dans les pays colonises.

Dans pareille situation, les idées perdent toute leur efficacité dans la société on, au demeurant, elles n’ont plus de pouvoir de contrôle, de filtrage et de rectification. C’est-à-dire là où elles n’ont pas acquis encore de telles qualités.

De ce fait, le cercle de ces idées devient vulnérable et reste exposé a toutes les formes d’insinuations malveillantes dirigées contre elles, sans qu’elles puissent répliquer à ce défi.

[…]

En fait, une société qui vit une double crise éthique et intellectuelle, a l’échelle de ses dirigeants, ne peut garantir en général les conditions d’immunité et d’efficacité aux idées. Pis encore, elles deviennent vulnérables aux pénétrations pernicieuses en raison d’un déficit éthique relevé dans leur milieu ou d’un déficit intellectuel qui les a trahies.

En examinant toutefois cette situation a la lumière des enseignements forgés dans une longue expérience, nous déduirons que c’est l’insuffisance intellectuelle qui constitue le plus déterminant des facteurs qui aident le colonialisme dans ses démarches sur le front de la lutte idéologique.

L’expérience démontre que le drame des idées, chez nous, se joue en réalité sur cet axe.

[…]

Les idées sont particulièrement soumises aux irradiations que répercutent sur elles le cercle personnel de leur auteur et son cercle social, privées de surcroît de toute protection que pourraient assurer un quelconque contrôle, filtre ou ajusteur.

[Malek Bennabi en conjuguant exemples, expérience personnelle et analyse théorique va montrer comment le colonialisme va mettre au point des mécanismes plus élaborés pour que leurs conséquences sur les idées produites par le cercle personnel de l’auteur engagé dans la lutte idéologique et son cercle social soient répercutés sur ses idées comme des miroirs de renoncement et de frustration. Si le cercle personnel de l’auteur peut être relativement maitrisé par l’auteur de l’idée, il n’en est pas de même pour son cercle social qui est difficile à maîtriser tant par son étendue que par sa complexité. Ces deux cercles vont, du fait du niveau culturel et de la conscience politique, agir négativement sur l’auteur et sur ses idées. Quand l’auteur, faute de trouver protection et refuge au sein du même front de combat, il est contraint de prémunir contre son environnement par son retrait de la vie sociale et à arriver l’isolement qui devient une pression psychologique épuisante et dramatique. Le colonialisme et ses agents vont introduire dans le cercle social de l’auteur d’idées engagé dans la lutte idéologique des perturbations artificielles et mensongères pour corrompre l’image de l’auteur ou le pousser à l’isolement pour empêcher le rayonnement, la crédibilité et la diffusion de ses idées. La bataille que se livre le colonialisme et l’auteur de l’idée va donc se jouer également dans ces cercles. Le colonialisme va tenter d’en faire des miroirs de frustrations et de renoncement. L’auteur va tenter se protéger tout seul, dans un combat moral et psychologique titanesque car lui fait défaut la protection d’un front de résistance qui le protège et qui oppose au miroir de renoncement et de frustration un autre miroir celui de la fermeté et de l’épanouissement de l’idée et de l’élargissement du cercle qui adopte et défend cette idée ainsi que son auteur. ]

[…]

Il (le colonialisme) évalue en conséquence, à la lumière de sa connaissance précise du domaine, que la poursuite de la mise en œuvre de sa stratégie une première fois, puis une deuxième laquelle est suivie d’une troisième, etc., débouchera soit sur l’établissement d’une démarcation pratique entre le combattant (de l’idée) et la cause pour laquelle il s’est engagé dans le combat, soit sur sa mise à l’écart de cette même cause, à travers une séparation morale lorsqu’il le persuade de la tentative vaine et insensée de l’atome de démolir la montagne.

C’est là l’ambition et la volonté du colonialisme. Il arrive que son destin lui échappe. Il est entre les mains de la Providence. L’atome et la montagne évoluent suivant cette volonté divine.


 

Autres conséquences de la lutte idéologique

Le problème est tel que la politique émotionnelle, qui est une expression de la pensée atomistique dans la réalité concrète devient une politique impuissante à formuler un jugement juste de cette réalité. Un jugement suppose une base vers laquelle il faut revenir et un critère auquel on se réfère. Il suppose également la formation et la coordination d’un ensemble d’idées. Je veux dire que le jugement suppose un exercice intellectuel qui ne s’accorde pas avec la pensée atomistique.

[…]

Nous avons déjà traité le thème sous un angle uniquement passif ; autrement dit, nous avons exposé des cas qui montrent comment le colonialisme nous trace la voie afin d’annihiler certaines idées ou comment il agit pour leur barrer l’accès vers la conscience des masses.

Dans le présent, il s’agit de l’aspect actif qui met en relief cette fois la manière utilisée par le colonialisme pour créer des idées qui lui sont favorables comment il les colle dans la conscience des masses et comment, enfin, il s’emploie à vanter leurs mérites au marché de la politique émotionnelle.

[…]

… Cette incapacité n’est pas une nature intrinsèque à la pensée islamique, comme le prétend l’orientaliste Gibb, mais une conséquence des évolutions historiques qui l’ont affectée depuis l’époque post-almohadienne, plus particulièrement depuis l’ère du colonialisme et de la colonisabilité. Ces évolutions l’ont privé des qualités d’une logique qui a frayé le chemin de la civilisation islamique et qui a ébauché la voie à la civilisation moderne.

Lorsque l’esprit est dénué de ces qualités et lorsqu’il perd ces critères qui l’éclairent sur la bonne voie, les catastrophes politiques s’annoncent à la porte en conséquence. Le colonialisme s’en trouve conforté dans la faculté d’atteindre ses objectifs contre les pays et les religions sous des bannières sacrées comme « Islam » ou « Patrie ».

[…]

Nous constatons à partir de là l’attention attachée par la colonialisme aux tendances hostiles au régime de l’autocritique et comment il entretient ces tendances parce qu’elles soutiennent les déviations qu’il veut introduire à travers les idées exprimées dans la politique d’un pays qui veut se débarrasser du carcan colonialiste. Il fait tout son possible, par ailleurs, pour détruire les idées imprimées. Il ne faut pas qu’elles accomplissent leur rôle régulateur et ajusteur. Il atteint ce but en suscitant les penchants incarnés par des individus ou par des « composés d’individus » qui, soi-disant, incarnent le combat contre le colonialisme sous une forme, pour soumettre le peuple colonisé aux méfaits de la politique émotionnelle, et l’empêcher ainsi d’atteindre un stade politique fondé sur ce que l’homme politique cité dans le premier chapitre a qualifié de « science qui ne se trompe pas ».

Le colonialisme applique dans ce domaine la méthode du « crever l’abcès ». Il réunit en effet toutes les forces qui lui sont hostiles sous l’emprise de l’émotion afin qu’elles ne se regroupent pas sous l’égide de l’idée imprimée. Tantôt il agite la muleta en un lieu choisi pour focaliser sur lui les forces adverses, tantôt il éclaire ce même lieu pour attirer l’attention des masses et les distraire, afin d’occulter un autre lieu où se déroule la vraie bataille.

[…]

L’examen de l’action du colonialisme dans le domaine intellectuel dans un processus intégral, c’est-à-dire dans une bataille de libération depuis son déclenchement, montre que le système de sécurité évoqué fonctionne en deux temps :

a- durant l’étape pré-révolutionnaire, le colonialisme joue le rôle de la bannière qui place au-dessus de la tête du peuple les slogans envoûtants liberté, indépendance, patrie, etc., a dessein d’occuper les attentions et de les éloigner des idées techniques, dont le but est de chercher justement les voles pratiques susceptibles de réaliser ces slogans ;

b- durant l’étape post-révolutionnaire, a l’ère de l’étape de l’organisation qui suit la libération, il s’emploie à dénaturer ces mêmes slogans afin de semer le doute dans les esprits et le remords dans les cœurs et de cultiver la nostalgie de l’époque coloniale.

C’est ainsi que la politique émotionnelle est utilisée comme un « système de sécurité » dans une première étape pour geler les énergies libératrices dans le lieu où le colonialisme agite l’étoffé rouge, puis dans une deuxième phase pour menacer les idéaux sous lesquels les combats de libération ont été menés.

Dans les deux cas, le colonialisme vise par des moyens appropries éloigner le pays colonise de certaines idées. Si elles émanent de l’intérieur, il lui sera facile d’utiliser les moyens de pression et de terreur pour dissuader ceux qui s’y engagent sous leur étendard. Si elles émanent de l’extérieur, autrement dit si leur initiateur a échappé au colonialisme directement, ce dernier sera contraint de s’adapter aux nouvelles conditions de la lutte idéologique et il usera alors des moyens scientifiques déjà cites, lorsque nous avons décrit les deux types de « miroir de frustration » dans les chapitres précédents.


L’avocat « compromettant »

Avant 1939, l’idée du Wahhâbisme s’est imposée aux yeux du colonialisme comme une lutte chargée de périls, car elle représente le centre de gravité dans la lutte livrée contre le monde arabo-musulman. Le colonialisme songeait sans relâche aux moyens de s’en débarrasser jusqu’à ce que le pétrole ait effectivement exaucé ce vœu.

L’Angleterre a utilisé les moyens de la force pour détruire Abdelaziz Ibn Séoud. Londres a tenté d’allier contre lui les adversaires de son règne, ligués autour d’Ibn Rafada et Eddarwish, afin d’affaiblir ses forces par des révoltes continues.

Londres voulait cependant, en premier lieu et avant tout, détruire l’idée elle-même sur laquelle est fondé ce règne et sur la base de laquelle le jeune état saoudien a été bâti. Elle a appliqué pour ce faire ce qu’on peut appeler plan de « l’avocat compromettant ». L’avocat qui nuit à son client en prétendant assumer sa défense.

Le porte-parole du gouvernement de Londres ne laissait passer aucune occasion pour rappeler vivement l’amitié que témoignait l’Angleterre à Ibn Séoud. L’idée Wahhabite a achevé son rôle d’idée imprimée aux environs de 1925 pour entamer son nouveau rôle d’idée exprimée depuis lors, c’est-à-dire depuis la constitution de l’Etat saoudien dans ses frontières actuelles…

Si la méthode de « l’avocat compromettant » est utilisée en premier chef dans le domaine politique, c’est-à-dire dans le domaine des idées exprimées dans les pays colonisés, elle est employée également dans le cas des idées imprimées.

[Malek Bennabi explique aussi ,comment un homme de grande valeur et très compétent peut devenir négatif, opportuniste, démissionnaire du fait que sa carrière annoncée comme brillante se trouve compromise par le veto du colonialisme et des dirigeants du pays colonisés qui ont accès à l’indépendance… Le colonialisme peut l’utiliser comme « avocat compromettant contre les siens, à son insu ou de son propre gré, moyennant quelques gratifications dans des postes qui flattent son ego et qui permettent de prouver son hors jeu positif dans la lutte idéologique contre le colonialisme et son instrumentalisation par le colonialisme dans la lutte idéologique contre les idées imprimées]

Ce sont là des réalité qui continueront à nous échapper tant que nous manquerons de critères absolus et abstraits qui déterminent directement la valeur des idées, sans qu’elles soient incarnées par une quelconque personne qui les défende soit par conviction, soit à la manière de « l’avocat compromettant »…

… dans les pays colonises, autrement dit, des pays où il faut s’accorder sur un fait : les gens ne soumettent pas les idées a travers des réflexions personnelles directes mais a travers les reflets répercutés sur eux par l’ « avocat compromettant » ou a travers l’image répercutée sur eux par le « miroir de frustration »…

[…]

Une personne qui n’évalue pas les choses a travers une réflexion personnelle directe risque de les soumettre a des jugements qui émanent des insinuations qu’elle reçoit, non selon la réalité concrète, explicite ou implicite, car elle n’essaie pas de réunir tous les éléments d’appréciation et de jugement en une seule opération mentale. Elle agit ainsi sous l’effet de sa propension prononcée pour l’atomisme.

L’ « avocat compromettant », l’« amitié compromettante » et le « miroir de frustration » sont en fait les différentes touches du clavier d’un instrument sur lequel s’exécutent des doigts habiles, doués dans la symphonie particulière de la lutte idéologique.

Nul ne peut cependant se mettre a cet instrument perfectionné s’il n’est pas arme de ce qu’on peut appeler la gymnastique ou l’algèbre des idées ou s’il n’a pas de connaissances sur les idées en tant qu’entités biologiques qui accomplissent leur rôle dans des conditions organiques déterminées. A défaut de ces conditions, ces idées ne jouent aucun rôle. Bien plus, elles meurent lorsqu’elles ne sont pas unies, elles deviennent inertes, sans vie et sans aucune utilité, dans la synchronisation des notes de la musique de la lutte idéologique dans le monde.

[…]

Une entité vivante est ce qu’elle est. En l’encombrant ou en l’amputant d’un membre, nous la métamorphosons et elle ne restera plus l’entité initiale…

Le colonialisme applique évidemment ces méthodes. Tantôt il tente de fragmenter l’idée, comme s’il cherchait à désintégrer son énergie explosive, tantôt il tente le contraire lorsqu’il lui applique une sorte de multiplication pour l’intégrer dans un ensemble d’idées secondaires, qui ajoutent au volume de l’idée originale des éléments inertes et apathiques. L’effet produit est le ramollissement de sa portée dans les idées…

Parfois, ces règles sont appliquées sous la forme de « glissement » tantôt sous la forme de «l’interchangeabilité », tantôt sous la forme de l’ « amputation ».

La méthode de « glissement » est appliquée lorsque l’objectif recherché est d’empêcher que l’étude se concentre sur une idée déterminée. Lors des débats, des idées nouvelles sont ainsi traitées successivement de façon que les discussions ne débouchent, en fin de compte, sur aucune solution pratique…

La méthode de I’ interchangeabilité est pratiquée lorsque le colonialisme estime qu’il est son intérêt, alors que les débats sont vifs autour d’une idée, de lancer dans l’arène du combat une idée nouvelle qui soit moins préjudiciable pour son intérêt.

Quant à la méthode de l’amputation, elle s’applique lorsqu’un débat sur un thème très important, anime dans un quotidien national par exemple, est en passe de parvenir à un résultat. Les rédacteurs du journal (matériellement, ils sont avec le colonialisme) tournent la page tout bonnement et ignorent le sujet. Le débat suspendu devient ainsi sans objet. L’auteur qui s’y est engage se trouve subitement désarmé comme si une main invisible lui avait retire sa plume au moment même ou la bataille entrait dans sa phase décisive.


 

Conclusion :

Les idées n’évoluent pas en vase clos, dissociées du monde des personnes comme c’est le cas dans les « idéaux de Platon ». Il n’est pas possible de dissocier l’aventure d’une idée de son initiateur, quel que soit le degré du sondage de l’abstrait ; bien au contraire, son odyssée se déroule entièrement sur terre. En résumant ces considérations, nous dirons : le colonialisme tente en premier lieu de faire d’un individu un traitre agissant contre la société au sein de laquelle il évolue. S’il échoue dans sa tentative, il s’efforcera d’inverser les rôles en poussant cette fois pour que l’individu en question soit lui-même trahi par sa société, par des individus sans scrupules, interposés.

Quoi qu’il en soit, il y a des vérités qui ne peuvent être rapportées qu’à titre posthume, par les morts, ensevelis sous terre, protégés ainsi par le trépas…

… Tout notre souhait, enfin, c’est la constitution dans nos pays d’une ligue d’intellectuels qui se chargerait de mettre à nu, d’éventer les attaques perpétrées par le colonialisme sur le font intellectuel pour que les idées n’y soient pas exposées sans secours ni voie de salut.

Malek Bennabi


Traduit de l’arabe par Nour-Eddine Khendouzi – Edition El Borhane – Algérie

1 Les animateurs de ce début de l’islahisme (réforme) qui a commence a Constantine a la fin du XlX siècle ont été disperses. La bibliothèque de cheikh Mohanna, riche et précieuse, a ete saisie et lui-même a été mute de la medersa de Constantine vers celle d’Alger. Cf. Malek Bennabi : Les Conditions de renaissance.

2. II s’agit probablement de la « doctrine Eisenhower ».

On se rappelle que le président Eisenhower, après l’affaire de Suez, avait essayé en janvier 1957 de rétablir « l’ ordre » au Moyen-Orient en proposant aux divers pays arabes une aide importante, mais (‘opinions arabe, généralement favorable a Nasser, avait poussé les gouvernements à refuser l’aide américaine, d’ou l’échec de cette doctrine. (N.d.T.)

Manipulations et diversion

Sylvain Timsit dans Manipulations nous dit :

1 La stratégie de la diversion

Elément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes.

La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique.

« Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. » (extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »)

2 Créer des problèmes, puis offrir des solutions

Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore: créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.

3 La stratégie du dégradé

Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution si ils avaient été appliqués brutalement.

4 La stratégie du différé

Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.

Exemple récent: le passage à l’Euro et la perte de la souveraineté monétaire et économique ont été acceptés par les pays Européens en 1994-95 pour une application en 2001. Autre exemple: les accords multilatéraux du FTAA que les USA ont imposé en 2001 aux pays du continent américain pourtant réticents, en concédant une application différée à 2005.

5 S’adresser au public comme à des enfants en bas-age

La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Exemple typique: la campagne TV française pour le passage à l’Euro (« les jours euro »). Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi?

« Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans. » (cf. « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »)

6  Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion

Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…

7  Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise

Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage.

« La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être de la plus pauvre sorte, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. » (cf. « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »)

8 Encourager le public à se complaire dans la médiocrité


Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…

9 Remplacer la révolte par la culpabilité

Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…

10 Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes

Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.

Démonstration : la télévision de l’info sans infos

La nouvelle censure

Le principe de base de la censure moderne consiste à noyer les informations essentielles dans un déluge d’informations insignifiantes diffusées par une multitude de médias au contenu semblable. Cela permet à la nouvelle censure d’avoir toutes les apparences de la pluralité et de la démocratie.

Cette stratégie de la diversion s’applique en premier lieu au journal télévisé, principale source d’information du public.

De l’info sans infos…

Depuis le début des années 90, les journaux télévisés ne contiennent quasiment plus d’information. On continue d’appeler « journal télévisé » ce qui devrait en réalité être appelé un « magazine ».

Un J.T. moyen contient au maximum 2 à 3 minutes d’information. Le reste est constitué de reportages anecdotiques, de faits divers, de micro-trottoirs et de reality-shows sur la vie quotidienne.

et une censure sans censeurs

Toute la subtilité de la censure moderne réside dans l’absence de censeurs. Ceux-ci ont été efficacement remplacés par la « loi du marché » et la « loi de l’audience ». Par le simple jeu de conditions économiques habilement crées, les chaines n’ont plus les moyens de financer le travail d’enquête du vrai journalisme, alors que dans le même temps, le reality-show et les micro-trottoirs font plus d’audience avec un coût de production réduit.

Même les évènements importants sont traités sous un angle « magazine », par le petit bout de la lorgnette. Ainsi, un sommet international donnera lieu à une interview du chef-cuistot chargé du repas, à des images de limousines officielles et de salutations devant un batiment, mais aucune information ni analyse à propos des sujets débattus par les chefs d’états. De même, un attentat sera traité par des micro-trottoirs sur les lieux du drame, avec les impressions et témoignages des passants, ou une interview d’un secouriste ou d’un policier.

A ces insignifiances s’ajouteront le sport, les faits-divers, les reportages pitoresques sur les villages de la France profonde, sans oublier les pubs déguisées pour les produits culturels faisant l’objet d’une campagne de promotion (spectacles, films, livres, disques…).

Information déstructurée pour mémorisation minimale

 

Tous les psychologues et spécialistes des neurosciences savent que la mémorisation des informations par le cerveau se fait d’autant mieux que ces informations sont présentées de façon structurée et hiérarchisée.

La structuration et la hiérarchisation de l’information sont aussi des principes de base enseignés à tous les étudiants en journalisme.

Or depuis 10 ans, les journaux télévisés font exactement le contraire, en enchainant dans le désordre des sujets hétéroclites et d’importance inégale (un fait divers, un peu de politique, du sport, un sujet social, un autre fait divers, puis à nouveau de la politique, etc) , comme si le but recherché était d’obtenir la plus mauvaise mémorisation possible des informations par le public. Une population amnésique est en effet beaucoup plus facile à manipuler…

CAS PRATIQUE 1 : J.T. 20h – TF1 – Janvier 1997

37 minutes sur 40 d’insignifiances…

20h00 Le froid, les accidents sur les routes.

20h04 La naissance du petit Joseph, dans le Gers couvert par la neige.

20h05 La récolte des brocholis, chez Albert en Bretagne, est menacée par le gel.

20h06 La récolte des poireaux se fait au marteau. Augmentation inévitable du prix des légumes.

20h08 Compteurs d’eau et canalisations gelées chez les habitants d’une ville de province.

20h09 Début des soldes à Paris.

20h11 Reportage sur la fabrication artisanale du pain.

20h13 Viol d’une petite fille.

20h14 Jugement en Belgique d’un membre présumé islamiste du « Gang de Roubaix ».

20h15 En Israël, présentation devant le juge d’un jeune soldat qui avait tenté de mitrailler des Palestiniens.

20h16 Jugement en Angletterre des époux West, assassins en série de jeunes filles.

20h18 Départ à la retraite de Miguel Indurain. Rappel de sa carrière de champion cycliste.

20h22 Rétablissement d’un malade cardiaque greffé aux Etats-Unis.

20h23 Les hommes consomment de plus en plus de soins et de produits de beauté. Reportage.

20h26 Prison pour Bernard Tapie, suite à l’affaire des comptes de l’OM.

20h28 Reportage sur la « poupée qui mange », conçue pour manger des frites, mais qui « mangeait » aussi les cheveux des enfants, voire la peau du doigt. Il est suggéré que la poupée soit équipée d’un « bouton d’arret d’urgence ».

20h30 Stages-nature en montagne pour les enfants en Savoie.

20h32 Présentation du téléfilm de la soirée, consacré à Dalila, femme du héros biblique Samsom. Reportage sur le tournage du téléfilm.

20h34 Fin du J.T. Générique.

CAS PRATIQUE 2 : J.T. 20h – France 2 – 4 Septembre 2002

37 minutes sur 40 d’insignifiances…

20h01 Orages violents et inondations en Provence.

20h04 Orages violents et inondations en Ardèche. Mort d’un touriste après que sa voiture ait été emportée par les flots.

20h05 Les orages sont-ils de plus en plus violents? Interview rassurante d’un spécialiste de Météo France.

20h08 Progrès dans l’enquête sur les meurtres en série de jeunes filles dans la Somme.

20h10 Procès d’un pédophile à Melun.

20h11 Remise en liberté refusée pour Maurice Papon.

20h12 Condamnation d’un hopital pour avoir transfusé un malade contre son gré et contre ses convictions religieuses.

20h15 Interview de Bernard Kouchner. L’ancien ministre de la santé rappelle que l’éthique médicale interdit au médecin d’imposer un traitement contre la volonté du patient.

20h18 Nomination par le gouvernement d’un nouveau PDG à La Poste.

20h19 Annonce par le gouvernement d’une diminution du nombre de fonctionnaires, et d’une diminution des budgets de la plupart des ministères, à l’exception des budgets de la justice (+7%), de la police (+6,5%) et des Affaires Etrangères (+14%).

Remarque: l’une des rares « vraies » infos de ce JT est traitée en 1 minute, contre 7 minutes pour les orages. Par ailleurs, aucune raison n’est donnée pour justifier la très forte augmentation obtenue par Dominique de Villepin, le ministre des affaires étrangères.

20h20 Reportage sur un stage de conduite spécialisé pour échapper à une éventuelle embuscade. Interview d’un chauffeur de ministre qui participe au stage.

20h22 Revendications des médecins pour l’augmentation de leurs honoraires.

20h23 Reportage sur les vaccinations des bébés dans les maternités.

20h24 George W. Bush s’entretient avec Tony Blair à propos d’une nouvelle intervention militaire contre l’Irak.

Cette autre info importante est elle aussi traitée en une minute.

20h25 A Jerusalem, le Mur du Temple menace de s’écrouler à cause d’un chantier souterrain.

20h26 A Moscou, succès d’un groupe de chanteuses avec une chanson « glamour » sur Vladimir Poutine.

20h28 A Johannesburg, le Sommet de la Terre s’achève sans être parvenu à fixer un calendrier et des engagement précis de la part des états. Les Etats-Unis continuent de refuser tout effort en matière d’environnement et de réduction des gaz responsables des modifications climatiques.

La troisième et dernière info importante est présentée en une minute et en fin de journal, alors que ses implications auraient justifié une place en ouverture du journal.

20h29 Mise en service d’une éolienne géante dans la Marne.

20h31 A Grenoble, des bergers manifestent contre les loups.

20h32 A Paris, le Maire Bertrand Delannoe souhaite réglementer la présence anarchique des émetteurs de téléphonie mobile.

20h34 Dans les Hauts de Seine, les habitants manifestent contre les coupures d’eau chaude causées par l’insécurité d’une centrale thermique.

20h36 Après la rentrée des classes, la rentrée dans les crèches. Reportage.

20h38 Début de la nouvelle tournée mondiale des Rolling Stones.

20h40 Retour de Johny Halliday au cinéma, avec un rôle dans le film de Patrice Leconte, « L’homme du train ».

20h42 Résultats de l’US Open de tennis.

20h43 Fin du J.T. Générique.

source : http://www.syti.net/Manipulations.html

Caricature et islamophobie

Suite à l’article  » Notre devoir envers Mohamed (saws) » sur le film caricature je reviens sur le thème de l’Islamophobie dans cette période post révolutions arabes.  Après avoir confisqué les révolutions populaires en Tunisie et en Égypte par des appareils partisans, puis par une agression militaire contre la Libye conduite par les pseudos islamistes de la « Thawra », l’Empire et le sionisme ouvrent deux fronts. Le premier front en Syrie et le second front sur les médias. Nous entrons dans la phase trois du printemps arabe où il faut que les Musulmans s’entretuent et se déchirent.

Comme si le mot d’ordre est bien compris ou comme si la psychologie sociale de la CIA et du Mossad sont véritablement efficaces voilà que les Musulmans divergent sur les caricatures et le blasphème contre notre Prophète (saws). Ainsi Qaradhawi qui n’a eu aucune pudeur et aucune crainte d’Allah de lancer des Fatwas meurtrières faisant couler le sang des musulmans, le voici du Qatar lancer un appel à la modération et ne pas faire cas des atteintes au Prophète. Alors que d’autres lancent des appels meurtiers et vengeurs contre les auteurs et leurs gouvernements. Les laïcs dans le monde musulman en profitent pour affirmer que le Coran n’interdit pas la présentation du Prophète (?). Les gouvernants interdisent les manifestations et créent une nouvelle fois une situation de fossé rempli d’explosif ou de combustible les séparant de leur peuple.

Sur le sujet de l’Islamophobie je tiens à insister de nouveau sur quelques points fondamentaux que j’ai développés dans  « Islamophobie : Deus machina ». Télécharger la fiche synoptique >>> ici

Ce serait le comble de l’ironie, de l’insouciance et de la médiocrité que de voir dans l’Islamophobie un banal acte de racisme ou de haine. Il est vrai que la haine contre l’Islam remonte aux  négateurs et aux détracteurs des Prophètes et de la Révélation. Elle se manifeste souvent sous forme de moquerie et de dérision, mais parfois elle ne parvient plus à cacher sa haine et sa rancune :

{La haine s’est réellement manifestée de leurs bouches, mais ce que leurs cœurs cachent est plus grand. Nous vous avons démontré les Signes, si jamais vous raisonnez. Voilà que ceux-là, vous les aimez et ils ne vous aiment pas…} Ali ‘Imrane  118_119

{Si un bien vous effleure, cela leur nuit, et si un malheur vous frappe, ils s’en réjouissent. Mais si vous persévérez et êtes pieux, leurs manœuvres ne vous nuiront point. Certes, Allah domine ce qu’ils font.} Ali ‘Imrane  120

Cette haine et cette rancune, sont aujourd’hui instrumentalisées à des fins religieuses, et civilisationnelles,  dans une guerre psychologique, une propagande médiatique, une lutte idéologique,  et une guerre militaire sous forme d’action de subversion ou d’actes guerriers au nom de la démocratie, de la liberté, de l’humanitaire et du droit de l’ingérence. Ce n’est pas un banal acte de racisme ou de haine religieuse c’est véritablement une machination diabolique que mènent conjointement l’Empire, le sionisme et le Vatican accompagnés de leurs vassaux et de leurs intellectuels « musulmans embarqués ».

Il s’agit de l’intervention cynique et perverse du sionisme dans l’histoire de l’humanité qui parvient à agir sous les masques du christianisme, des idéologies, pour déclarer la guerre à l’Islam et à l’humanité qui conserve encore un réservoir de décence et de moralité.

Il s’agit également d’une diversion pour préparer l’après Kadhafi en Libye, tester la soumission des nouveaux gouvernements en Tunisie et en Égypte, et faire oublier l’échec patent en Syrie le temps de réajuster l’agenda et les moyens. On va me dire c’est trop de visées. Celui qui a connaissance du colonialisme sait qu’il met plusieurs fers au feu et qu’il a à sa solde les intelligences les plus cyniques et les mieux organisées pour lui produire une matrice de scénarios dans sa gestion du monde.

Il s’agit aussi d’un scénario qui repose sur la connaissance minutieuse de nos comportements, de nos contradictions et de nos clivages qui nous amènent dans les quatre postures qui s’enchainent les unes aux autres par une coordination mondiale satanique :

–        Produire des boucs émissaires pour se donner bonne conscience et pour mobiliser les bonnes consciences dans les guerres menées contre le monde musulman qui devient un défi majeur. Ce défi est pressenti par quelques signes annonciateurs d’un probable réveil de l’Islam. Ce défi masque la faillite de l’Occident qui a besoin à la fois de faire diversion et de se créer un ennemi pour relancer sa machine économique et justifier sa prédation des ressources qui sont en majeure partie dans le monde musulman. L’Irak, l’Afghanistan, le Soudan, la Libye et la Syrie sont les premiers de la liste.  L’Algérie et l’Iran sont les prochaines étapes à moins que la Syrie ne parvienne à leur damner le pion.

–        Produire et médiatiser le ridicule qui discrédite le musulman et le rend complexé, névrosé, psychopathe incapable de réfléchir sainement et objectivement. Le mettre dans une sorte de Caïn ou de Pygmalion inversés qui ne sont plus prisonniers de leur regard, mais prisonniers du regard des autres. Un regard qui nous méprise, qui nous ridiculise. Nous avons affaire à des laboratoires qui ont fait tomber l’Union soviétique après avoir disloqué le monde musulman et partagé ses dépouilles.

–        Produire de la méfiance envers les Musulmans tant  pour en faire un abcès de fixation et de crispation des crises sociales, financières économiques et politiques que pour réaliser trois autres objectifs majeurs :

  • Enlever toute sympathie  envers le monde musulman et les musulmans afin de ne pas produire de la compassion, de la pitié ou de la considération sur ces populations musulmanes appelées à payer le prix fort du nouvel ordre mondial qui pour l’instant ne veut pas faire payer l’ardoise à ses populations occidentales. Colonisés depuis trop longtemps,  habitués au fatalisme et aux « Lawrence d’Arabie » nous sommes supposés pouvoir endurer d’autres oppressions, d’autres guerres sans savoir nous défendre. Pour nous faire perdre toute idée sensée de défense et de résistance non seulement on ne bénéficie pas de la compassion et de l’attention des civilisés, mais on se fait occire en direct par des barbus vociférant des Allah Akbar comme si c’étaient les troupes déferlantes d’Attila.
  • Faire dégager les populations musulmanes d’Occident pour laisser que les agents du sionisme en terrain conquis à qui seront livrées les populations occidentales aliénées par le crédit, la consommation, le jeu, le sexe, la précarité, l’indigence intellectuelle et l’oisiveté.  Chaque occasion est instrumentalisée pour interdire de parole les Musulmans et restreindre leur liberté de culte et de conscience ainsi que leur devoir à dire non à l’injustice et à l’immoral. Ceci a commencé d’une manière aigue avec la loi sur le voile qui avait pour but caché de mettre la communauté musulmane dans un repli communautariste, de la stigmatiser, de lui interdire les manifestations en faveur de la Palestine et enfin de créer un sas de sécurité entre la fille musulmane cultivée et engagée dans sa religion et la fille européenne en quête de vérité et de sens dans un monde de plus en plus insensé.
  • Faire monter la pression sur les populations chrétiennes de l’Orient qui traditionnellement ne se reconnaissent ni dans l’Église de Rome ni dans la civilisation occidentale. Si les Sunnites et les Chiites, les Arabes et les perses, les Algériens kabyles, mozabites et arabo-berbères ne parviennent pas à s’entretuer suffisamment, les Chrétiens d’Orient affolés peuvent ou fuir ou prendre les armes et dans un cas comme dans l’autre ils se trouvent  de fait dans le bloc occidental soit comme agent agissant pour son compte soit comme victime à défendre contre la barbarie des Musulmans. Dans cet ordre d’idées, l’idée de faire prendre les armes aux Chrétiens d’Alep ou de les laisser prendre les armes pour se défendre est une faute grave du régime syrien dont les conséquences risquent d’être tragiques, car elles entrainent une spirale de violence qui va faire intervenir le facteur religieux avec plus de fanatisme et donner davantage d’arguments aussi bien aux Occidentaux qu’aux Arabes  pour intervenir en Syrie.

–        Aiguiser la défiance entre les Musulmans qui ne doivent pas trouver terrain d’entente entre « modérés », « modernistes », « fondamentalistes », « Takfiristes », « Frères musulmans », « Salafistes ». Dans chaque secte ou faction, ils aiguisent les contradictions et les clivages entre telle et telle doctrine, entre tel savant et tel autre car les uns soutiennent  la violence alors que les autres la rejettent, les uns acceptent la démocratie alors que les autres la rejettent, les uns acceptent l’Occident alors que les autres  lui déclarent la guerre, les uns appellent l’OTAN au secours alors que les autres refusent. Etc. On revoit le remake des interviews et des reportages qui renvoie dos-à-dos les Musulmans les uns contre les autres et notamment les « appels au calme » et les « appels à la violence ». Il est temps d’apprendre à boycotter ces médias et de suivre les pas des Prophètes qui se concentraient sur la communication avec celles et ceux qui sont susceptibles de comprendre, de les suivre, délaissant les haineux et les vicieux qui savent faire de nos « idiots utiles » des faire valoir, des alibis, des impostures.

Il faut juste voir les positions extrêmes et contradictoires sur le film blasphématoire dans l’opinion musulmane et les élites dans la société civile, dans l’opposition ou dans les gouvernements. Au-delà de la provocation et de la brèche de l’Islamophobie  « classique » dans laquelle beaucoup de monde s’est engouffré, on remarque que l’objectif principal semble atteint : créer encore un fossé entre les Musulmans. À titre d’exemple la Tunisie et l’Égypte qui viennent de « sortir » d’une révolution confisquée par des arrangements d’appareils internes et l’encerclement par l’Empire, sont confrontés à des divisions nouvelles qui s’ajoutent aux divisions traditionnelles.  En France on voit les positions opposées se manifester de plus en plus entre des manifestations qui deviennent des salles de prière ambulantes faisant le jeu de l’Islamophobie officielle et officieuse, et les opposant à ces manifestants qui se désavouent et s’isolent de plus en plus faisant aussi le jeu des appareils et de la même islamophobie.

Si nous limitons, comme tentent de le faire certains insouciants et certains experts dans la lutte idéologique, l’Islamophobie à la xénophobie ou à la haine de l’Islam cela signifie que nous n’avons rien à faire contre la haine qu’être gentils, compréhensifs. Il s’agit d’une véritable déclaration de guerre qu’il faudrait prendre au sérieux pour y faire face et s’en prémunir avec intelligence et efficacité. La défense ne se limite pas aux manifestations éphémères ni à demander aux instances internationales de décréter des lois anti blasphèmes. C’est complètement débile de demander au bourreau la protection et la défense des droits de sa victime.

La compétence de l’Islam à faire corps avec l’âme humaine relève du pouvoir divin qui  remue les cœurs détenus entre les Mains d’Allah. Notre compétence à nous, les Croyants, est de transmettre les messages de l’Islam pour les faire parvenir au cœur humain. Le Coran et l’histoire montrent que les cœurs sont ouverts à l’Islam lorsque trois conditions sont réunies :

–        la paix dans la cité,

–        l’anagogie des Prédicateurs musulmans qui vivent et communiquent l’élan spirituel,

–         l’empathie ou la sympathie universelle qui consiste à aimer les gens et à vouloir pour eux la guidance et le bien.

L’Islamophobie qui connait le pouvoir socio-spirituel et psychoaffectif de l’Islam va saper cette compétence en introduisant le chaos.

La compétence de l’Islam est également dans sa dimension  universelle qui fédère les communautés transcendant les différences ethniques, linguistiques et culturelles et les mobilisant autour d’un Dieu unique, de valeurs universelles communes, d’intérêts réciproques reconnus, d’interaction positive sur la base de l’éthique et du bien. Il va donc, lorsque sont rassemblées les conditions de paix et d’échange fondé sur la justice et la reconnaissance mutuelle, conjuguer :

–        les mentalités collectives,

–        les géographies contigües,

–        les histoires communes,

–        et les économies interconnectées

Cette conjugaison va permettre  l’émergence de creuset civilisationnel ouvert vers la restauration du Khalifat islamique ou de confédération des peuples  en compétition avec la civilisation occidentale matérialiste et ethnocentrique.

L’Islamophobie qui connait le pouvoir de conjugaison des potentiels  civilisationnels de l’Islam va introduire des biais, des entropies et des césures dans les espaces, les mentalités, les économies et l’histoire.

Elle va par la lutte idéologique, la guerre psychologique, la guerre et la diversion médiatique  nous empêcher de nous concentrer sur l’essentiel de notre vocation de musulmans : témoigner du monothéisme.

C’est aux Musulmans de prendre conscience de leur potentiel de bien ainsi que  du potentiel de nuisance de l’islamophobie, et s’engager de nouveau sur la voie de l’Islam en prenant comme modèle le Prophète Mohamed (saws) et ne pas céder à l’émotionnel et à la subversion. Une fois la voie de Mohamed (saws)  restaurée alors nous aurons les moyens de nous libérer du Wahn puis la force et l’efficacité de dire comme un seul être :

{Crevez de rage !}

Pour l’instant ce sont les Musulmans qui sont entrain de crever à cause de leur Wahn qui les pousse à s’entretuer. Pour Mohamed (saws) la plus grande nuisance n’est pas dans les caricatures, mais dans l’état délabré de cette communauté qui a rendu licite le sang du musulman :

« Celui à qui on a chargé de commander les affaires des musulmans puis abuse d’eux par la tromperie, est en enfer. » Rapporté par Tabarâny et authenfié par Albâny.

« Que n’importe quelle personne qui promet la protection à une autre personne puis la tue, sache que je la désavoue, même si la victime est mécréant. » Rapporté par Ibn Mâjah et Ibn Hibbân et authentifié par Albâny.

« Celui qui tue une personne qui a conclu un pacte avec les musulmans (Mou’âhad) ne sentira pas l’odeur du paradis, alors que son odeur est sentie d’une distance équivalente à quarante années. » Rapporté par Boukhâry.

Que dire alors de celui qui a tué un musulman ?

Que dire à celui qui va s’efforcer de me porter atteinte en dénigrant ce que j’écris : Caricatures et lutte idéologique

Si vous avez raté l’article initiale. Veuillez le consulter ici : Notre devoir envers Mohamed (saws)

Cas d’école du débat politique en Algérie en 2012.

[V]oici, ci-dessous une vidéo  qui montre un débat sur Ennahar.tv entre  deux partis politiques : Jil Jadid et TAJ.  C’est un cas d’école sur la communication politique dans un pays où le peuple est très politisé, mais où la politique reste encore  la grande absente.

Nous voyons  trois postures qui illustrent parfaitement  les contradictions politiques en Algérie.

La première posture est celle de l’animateur qui représente symboliquement « l’ouverture démocratique » du système fermé et sclérosé. Nous le voyons  bafouiller,  ne pas maitriser le thème du débat, ne pas respecter le temps de parole, et chose plus grave il veut  embarquer les débatteurs et le public sur l’immédiat et sur le positionnement à adopter sur le premier ministre  Sellal comme si ce monsieur était la référence unique pour l’Algérie, et comme si la liberté démocratique est la dénonciation ou l’adhésion, la polémique ou l’alignement. Je ne porte pas atteinte à l’image de marque du premier ministre algérien à qui je souhaite succès dans sa tache titanesque dans le cas où il aurait la volonté d’œuvrer pour le bien de l’Algérie, ce que je souhaite bien entendu. Le débat sur l’Algérie doit s’inscrire dans le long terme, sur l’institutionnel et en dehors de nos sentiments favorables ou défavorables sur les personnes. Notre opinion serait subjective dans un cas comme dans l’autre. Il nous faut demeurer objectif et servir notre pays en restant dans l’analyse des processus.

La seconde posture est celle du parti TAJ qui ne veut pas débattre des idées et se complait dans l’alignement de circonstances au nom du refus de ne pas s’aligner. Il représente un peu l’opposition oppositionelle consentante qui veut encore croire qu’on peut faire du neuf avec de l’usé, que le système est récupérable, et que le problème est un problème d’homme et non un problème de structure et de politique. L’attente messianique de l’homme providence mélangée à du pragmatisme « bon enfant » caractérise l’ère FLN post indépendance qui a marqué de son empreinte de « pensée unique » ou de « changement dans la continuité » la classe politique algérienne.

La  troisième  posture est celle de  Jil Jadid. Il y a un véritable effort de construction sur le moyen et long terme ce qui dénote une bonne compréhension de la tragédie algérienne et de la complexité de la réponse qui exige du travail, de l’investissement en termes générationnel. L’approche est politique sans être partisane. Elle se veut  rupture pacifique avec le passé,  définition d’une perspective et objectivité sur les contraintes réelles incontournables.

Abstraction faite du désir des uns de se mettre sur le terrain partisan et du désir des autres de dénigrer l’objectivité sous le terme de pessimisme il y a un énorme problème de débat d’idées en Algérie. Sans le débat d’idées il n’y aura jamais d’alternative crédible qui émerge du lot de la médiocrité et du consensus politicien. En effet pour qu’il y ait débat fructueux pour présenter à l’auditeur algérien un choix de perspectives de sortie de crise il y a deux attitudes contradictoires dans ce débat malgré la bonne prestation et la probité de Jil Jadid.

Cela est lié à la nature de la crise et de l’impasse politique, économique, culturelle et sociale en Algérie. Les deux intervenants n’ont apparemment ni la même grille de lecture ni le même vécu de l’expérience algérienne. Pour qu’il y ait débat fructueux et différencié sur l’avenir il faudrait d’abord qu’il y ait débat entre des visions similaires sur l’origine de la crise et sur l’impasse du présent. Ce n’est pas le cas. Il faudrait être sur la même autoroute pour tester les performances de deux véhicules différents comme il faudrait utiliser la même carte pour débattre du schéma ou du chemin le plus judicieux pour se rendre plus vite, plus efficacement et mieux en sécurité du point de départ au point d’arrivée.

Lorsque les hypothèses de départ sont différentes il devient difficile voire impossible de comparer les conséquences des solutions et des théorèmes utilisés. Jil Jadid s’inscrit dans une lecture globale et cohérente qui doit s’affiner et s’affirmer davantage face à des débatteurs dans des débats qui portent d’abord sur l’explication du passé ou dans des débats qui portent sur l’avenir avec des partenaires qui partagent la même lecture du passé.

La question de fond reste posée : est ce qu’un nouveau gouvernement avec ou sans les figures anciennes constituent en soi un événement politique ou est-ce l’événement politique qui produit un débat, une implication du public ?

Le parti TAJ nous rappelle les débats de 1989 et la pléthore de partis qu’il dénonce comme si les moyens qu’il revendique sont les garants de la démocratie et non l’enracinement de la « biarchie » en vigueur en Occident. Il serait temps que les nouvelles générations se mettent à réfléchir à de nouvelles formes d’organisations politiques et sociales qui font une rupture avec les schémas qui sont en train de montrer leur faillite ailleurs. Notre malheur c’est d’importer  « clé en main » ce qui est déjà obsolète en Occident. Jil Jadid est un potentiel qui doit se libérer du Qadim s’il veut  marquer de son empreinte l’histoire nouvelle de l’Algérie en attente de  renouvellement. Le nouveau à entreprendre est difficile dans les conditions actuelles, mais c’est la voie réelle du changement : la mobilisation non partisane dans des Assemblées citoyennes autour de cinq objectifs fondamentaux :

  • La préservation et l’activation de nos valeurs dans le champ politique, social et économique.
  • Transcender les clivages idéologiques secondaires et mettre l’Algérie au dessus de toute considération partisane. Cela exige de l’ANP une affirmation de défendre la souveraineté nationale, la souveraineté du peuple sur les ressources nationales, la défense de la Constitution…
  • La défense de la souveraineté nationale face à la prédation néo-coloniale.
  • La réconciliation nationale par la justice, la solidarité nationale, la prise de conscience du devoir de vérité  et le sentiment patriotique qui dit « plus jamais les tragédies du passé »
  • L’édification nationale et la promotion de l’Algérie dans son position géostratégique.

Il y a encore une envie de faire de la politique au sens d’effort public en faveur du peuple et d’activité pacifiée pacifique. Cette envie est encore minoritaire dans un paysage politique qui cherche la facilité, et qui se contente de déclarations d’intentions sans donner une grille de lecture ni proposer une alternative crédible et dynamique.

A vous de jouer ! J’attends vos analyses, vos préconisations pour relancer le débat politique et de dire conformément à notre morale islamique, bien à celui a bien agit, et mal à celui qui a mal agi.

Notre devoir envers Mohamed (saws)

 Les manifestants et l’authenticité de l’Islam

 

[L]es manifestations, malgré leur caractère « non pacifique », viennent de confirmer une fois de plus l’authenticité du Coran et du Hadith en dépit de la haine des pervers.

Mohamed (saws) n’est pas avec nous ou parmi nous, mais en nous. Selon l’expression coranique arabe fikoum qui interdit la rupture spatiale, temporelle, morale, sociale ou mnésique. Mohamed (saws) fait partie de notre imaginaire, de notre éducation, de notre intelligence, de notre culture, de notre mémoire, de notre foi et de notre amour,  car il a cette propriété unique de comprendre et de répondre par sa Sunna à la quintessence de l’humain dans toutes les situations de l’existence et dans tous les états psychiques, sociaux et politiques. Voici ce qu’en dit Allah

{Nous avons envoyé en vous [fikoum] un messager de chez vous qui vous récite Nos versets, vous purifie, vous enseigne le Livre et la Maitrise et vous enseigne ce que vous ne saviez pas.} al baqara 151

On a l’habitude de traduire « Hikma » par sagesse, mais l’étymologie et le contexte coranique militent pour une maitrise de soi, une architecture savamment établie, des liens solidement ancrés comme un Signe muhkam, indivisible et inaltérable ou comme un tissu dont la trame est solide et la filature bien agencée. Plus que jamais nous avons besoin de la Hikam du Prophète (saws). Ce Prophète confirme l’amour indéfectible que lui vouent les Musulmans :

 « Parmi ceux qui m’aiment le plus dans ma communauté, annonce le Prophète, il y a des gens qui viendront après moi. Pour me voir, ils seront prêts à abandonner leurs familles et leurs biens. »  Hadith

Le terme Jihad doit être compris dans son sens étymologique de  déployer tout l’effort pour atteindre un résultat licite. Le combat militaire (Qital) fait partie du Jihad  s’il rempli les obligations légales, mais n’est pas l’exclusivité du  Jihad qui prend des formes multiples et souvent pacifiques. Le plus grand Jihad est l’effort sur soi.

Le hadith qui blâme la plaisanterie  et ses conséquences néfastes sur la morale et la retenue confirme la justesse de la vue de Mohammed sur ce monde immoral qui produit de la haine :

 « La plaisanterie provoque la haine et l’hostilité. »

Que dire des caricatures ? Que dire des Musulmans ? Comme d’habitude, il  y a dans la population musulmane les insouciants, les partisans des manifestations et les opposants aux manifestations contre les nouvelles et horribles caricatures blasphématoires.

 

 Quelle devrait-être notre position de principe ?

 

D’abord dire la vérité :

{Dis : « Crevez de votre rage ».} Ali ‘Imrane 119

{Dis : « O gens du Livre, nous gardez-vous rancune parce que nous croyons en Allah, en ce qui  nous a été révélé, en ce qui a été révélé auparavant, et parce que la plupart d’entre vous sont des pervertis ! »} Al Maidah 59

Il ne faut ni se taire ni se soumettre devant l’injustice et la perversion :

 «  Si vous vous contentez du labour de vos champs, du suivi des queues de vos vaches, de la réalisation de vos transactions par la ‘ayinat (une forme de riba qui produit des liquidités sans contrepartie économique), et le délaissement du Jihad, alors Allah vous imposera une humiliation qui ne sera levée que si vous revenez à l’Islam » Hadith

Qui a compétence de dire ? Comment dire à ces névrosés « crevez de rage » ? Prier devant l’ambassade américaine ? Assassiner un ambassadeur et transgresser le pacte et l’usage ?  Céder aux manipulations ? Faire de la publicité à des minables et à leurs productions minables qui tous seraient restés dans l’anonymat s’il n’y avait pas les manifestations et les médias occidentaux qui exploitent notre colère à des fins idéologiques et médiatiques ? Qui va être tenu pour responsable de la mort de la trentaine de manifestants dans le monde musulman : les autorités qui ont interdit les manifestations ou les organisateurs des manifestations qui ont désobéi aux autorités ?

Nous sommes confrontés aux mêmes problèmes et nous réagissons toujours avec les mêmes réactions qui apportent davantage de problèmes que de solutions réelles.

 

 Que faire ?

 

Laissons le Coran leur dire que celui déclare la guerre à Mohammed (saws) a déclaré la guerre à l’univers :

 {Dis : ‹Quiconque est ennemi d’Allah, de Ses anges, de Ses messagers, de Gabriel et de Michaël. Allah sera son ennemi car Allah est l’ennemi des infidèles›.} al baqara 98

Les pervers, les blasphémateurs et les spécialistes des attentats à la pudeur et à la dignité humaine doivent prennent garde ! Le châtiment est plus proche qu’ils ne le pensent. Leur demeure et leurs protecteurs sont plus fragiles que la demeure de l’araignée :

{Et, parmi les hommes, il est [quelqu’un] qui, dénué de science, achète de plaisants discours pour égarer hors du chemin d’Allah et pour le prendre en raillerie. Ceux-là subiront un châtiment avilissant.} loqman 6

{Ceux qui ne croient pas et obstruent le sentier d’Allah, Nous leur ajouterons châtiment sur châtiment, pour la corruption qu’ils semaient (sur terre).} an nahl  88

La liberté authentique n’a de signification que si elle exprime une idée noble et généreuse, une pudeur à défendre, une valeur, un projet de fédération de l’humanité. Mohamed nous rappelle les règles d’éducation que Luqman inculquait à son fils :

{Ô mon enfant, fût-ce le poids d’un grain de moutarde, au fond d’un rocher, ou dans les cieux ou dans la terre, Allah le fera venir.  loqman 13

Où est-ce qu’ils vont  pouvoir se cacher dans un univers dont les Cieux et la Terre ainsi que le passé, le présent et l’avenir appartiennent exclusivement à Allah ?  Nul abri pour eux !

{Ceux qui offensent Allah et Son messager, Allah les maudit ici-bas, comme dans l’au-delà et leur prépare un châtiment avilissant.  Et ceux qui offensent les croyants et les croyantes sans qu’ils l’aient mérité, se chargent d’une calomnie et d’un péché évident.} al ahzab 59

Nous devons garder notre sang-froid et ne pas céder aux provocations, car par la vérité et la patience nous pouvons déjouer tous les complots et nous pouvons vivre, malgré les attaques et les provocations, sans l’angoisse et le chagrin qui conduisent à l’immobilisme et au désespoir. Les criminels qui complotent contre Mohamed (saws) et contre les croyants sont condamnés à l’avilissement. La vilénie et l’incitation à la haine raciale ou au dénigrement ne sont ni l’expression de la liberté ni de la démocratie, mais l’aveu de l’essoufflement d’une civilisation en panne d’idées, de valeurs, de projets, car refusant le reste du monde elle s’enferme dans une autarcie idéique et culturelle qui génère de l’ignorance et du racisme. L’Islam pénètre le cœur de leurs jeunes, de leurs foyers en dépit de leur haine et de leur propagande islamophobe qui les poussent à la vengeance. Ils sont déjà morts et ne voient donc pas la vie et la résurrection s’opérer ailleurs que chez eux :

{Est-ce que celui qui était mort et que Nous avons ramené à la vie et à qui Nous avons assigné une lumière grâce à laquelle il marche parmi les gens, est pareil à celui qui est dans les ténèbres sans pouvoir en sortir? Ainsi on a enjolivé aux mécréants ce qu’ils œuvrent.  Ainsi, Nous avons placé dans chaque cité de grands criminels qui y ourdissent des complots. Mais ils ne complotent que contre eux-mêmes et ils n’en sont pas conscients. } al anâam 122

 

Il est de la nature des choses que les Prophètes et les vertueux soient raillés et harcelés :

 

{Vous serez sûrement éprouvés dans vos biens et dans vos personnes, et vous entendrez sûrement beaucoup de mal, de ceux qui reçurent le Livre avant vous, et de ceux qui sont devenus  polythéistes. Mais si vous êtes persévérants et pieux, cela est vraiment de la Haute détermination.} Al ‘Imrane 186

{Nombre de Messagers, avant toi, ont été tournés en dérision, mais ceux qui se sont moqués d’eux, ont été poursuivis par ce même dont ils se sont moqués.} Al An’am 10

{Nombre de Messagers avant toi ont été tournés en dérision, mais  J’ai accordé du répit à ceux qui sont devenus  mécréants, puis Je les ai saisis. Quelle ne fut alors Ma punition !} Ar Ra’âd 3

Notre mère Khadija avait la prémonition du déchainement des diables, Hommes et Djinns, contre l’apostolat de Mohamed (saws), dès qu’il avait reçu la Révélation et compris l’importance de la charge de son investiture de Prophète. Elle lui a dit pour le consoler :

« Dieu », lui dit-elle, « n’abandonne pas l’homme qui n’a jamais menti, qui assiste l’orphelin et secourt le faible, Dieu ne l’abandonne pas à la dérision des démons ».

Mohamed (saws) va subir les pires humiliations et le plus dur traitement que puisse connaitre un homme de son rang.  Être insulté, traité de fou, de dément, de sorcier, de possédé, être frappé par des pierres, trouver des épines sur son chemin, recevoir des boyaux sur son dos alors qu’il priait, et ce, sous le regard chagriné de sa fille Fatima la bien-aimée. Dans le pire moment, Mohammed le magnanime allait montrer l’étendue de l’amour et de la miséricorde qui habitaient son cœur et son esprit en faisant cette invocation qui reste la plus belle, la plus tragique et la plus émouvante qui soit donnée à un homme de la prononcer et à un autre homme de l’écouter :

 « Je me réfugie en Toi, Mon Dieu, contre ma faiblesse et mon impuissance. Tu es le Dieu des faibles, mon Maitre et mon Dieu. Si je ne suis pas l’objet de ta colère, je ne crains rien. Je me réfugie dans la lumière de ta face qui affermit le monde et l’au-delà du monde. Il n’y a de force et de secours qu’en toi ».

Allah connait ses souffrances ainsi que la méchanceté de ses détracteurs, mais Il agit en mettant les hommes à l’épreuve les uns par les autres. Mohamed (saws) était une épreuve pour les hommes et il le restera, alors que les hommes étaient une épreuve pour lui et nous en assumons la suite à sa place :

{Ceux qui ont une malveillance aux cœurs ont-ils pensé qu’Allah ne dévoilerait pas leurs rancunes ! Et si Nous voulions, Nous te les montrerions, alors tu les aurais reconnus à leurs traits ; et tu les reconnaîtras sûrement à leurs écarts de langage. Et Allah connait vos actions. Certes Nous vous éprouverons afin que Nous fassions voir ceux qui s’efforcent d’entre vous ainsi que les persévérants. Et ainsi Nous éprouverons vos faits. Certes, ceux qui sont devenus  mécréants, rebutent de la Cause d’Allah et s’opposent au Messager, après que la Direction infaillible leur est apparue, ne sauraient nuire en rien à Allah, et Il rendra vaines leurs œuvres.} Mohammed  29-32

 

Nous ne pouvons donc agir à notre guise contre les caricatures, mais agir comme il a agi et ce en conformité avec la Parole d‘Allah :

 

وَٱصْبِرْ وَمَا صَبْرُكَ إِلاَّ بِٱللَّهِ وَلاَ تَحْزَنْ عَلَيْهِمْ وَلاَ تَكُ فِي ضَيْقٍ مِّمَّا يَمْكُرُونَ

{Patiente ! Certes ta persévérance tient d’Allah. Ne t’afflige donc point pour eux, et ne t’angoisse point de ce qu’ils rusent.} An Nahl 127

وَلاَ تَحْزَنْ عَلَيْهِمْ وَلاَ تَكُن فِي ضَيْقٍ مِّمَّا يَمْكُرُونَ

{Ne t’afflige point pour eux, et ne t’angoisse pas de ce qu’ils rusent.} An Naml  70

فَٱصْدَعْ بِمَا تُؤْمَرُ وَأَعْرِضْ عَنِ ٱلْمُشْرِكِينَ إِنَّا كَفَيْنَاكَ ٱلْمُسْتَهْزِئِينَ وَلَقَدْ نَعْلَمُ أَنَّكَ يَضِيقُ صَدْرُكَ بِمَا يَقُولُونَ فَسَبِّحْ بِحَمْدِ رَبِّكَ وَكُنْ مِّنَ ٱلسَّاجِدِينَ وَٱعْبُدْ رَبَّكَ حَتَّىٰ يَأْتِيَكَ ٱلْيَقِينُ

{Déclare donc ce qui t’es ordonné, et détourne-toi des polythéistes. Nous t’avons préservé contre les moqueurs, qui placent un autre dieu à côté d’Allah. Mais ils sauront bientôt. Nous Savons sûrement que ta poitrine se serre à cause de ce qu’ils disent. Exalte donc la gloire de ton Dieu, sois de ceux qui se prosternent, et adore ton Dieu jusqu’à ta mort.}  Al Hijr 95-97

Parmi les leçons que nous devons garder de ces versets traitant la souffrance du prophète face aux railleries et aux insultes il y a :

  • La grandeur d’âme et la constance dans l’adversité que le croyant doit conserver, car il sait que tout ce qui se passe ne se passe qu’avec la connaissance et l’agrément d’Allah qui poursuit un dessein qui échappe aux mécréants.
  • La confiance en Allah qui se charge des moqueurs et des blasphémateurs le moment voulu selon un stratagème qu’il a choisi et qui peut échapper à nous tous, offensés et offenseurs.
  • Le mépris qui exige la compréhension des enjeux pour conserver son calme et sa dignité, et qui exige de se détourner des imbéciles et des provocateurs. La plus grande victoire sur eux est de ne pas tomber dans leur jeu et les laisser se tordre de haine et se pourrir la vie par leur cœur noirci et gonflé jusqu’à exploser sans trouver un semblant de contentement dans notre émotivité. Allah nous donne la conduite à tenir et que nous devons impérativement suivre :

{Il vous A Révélé dans le Livre que : «Si vous entendez que les Signes d’Allah sont pris en mécréance et tournés en dérision, ne restez pas avec eux, jusqu’à ce qu’ils engagent une autre discussion, sinon vous êtes leurs semblables». Certes, Allah Rassemblera les hypocrites et les mécréants en totalité dans la Géhenne.} An Nissa 140

{O vous qui êtes devenus croyants, ne prenez point comme protecteurs ceux qui tournent votre religion en dérision et en moquerie, d’entre ceux à qui le Livre fut Révélé avant vous ainsi que les mécréants. Et Prenez garde à  Allah, si vous êtes croyants. Et quand vous appelez à la prière, ils la tournent en dérision et en moquerie : cela, en raison de ce qu’ils sont des gens qui ne raisonnent point.} Al Maidah 57

Si Allah désigne ces mécréants, blasphémateurs et pervers de gens qui ne raisonnent pas à cause de leur ignorance, malgré leur savoir académique et leur prospérité matérielle, nous devons faire preuve d’intelligence et ne pas nous laisser manipuler par eux et par ceux qui veulent une fois de plus instrumentaliser l’Islam à des fins partisanes et politiciennes tant du côté de ceux qui appellent à la violence que du côté de ceux qui appellent à ne pas manifester.

Nous avons vu qu’Allah ordonne à Mohamed (saws) la patience, le Tasbih (glorification d’Allah),  la Salat, et le mépris comme recours. Tout autre recours reste en deçà de ce qu’Allah nous a demandé, car nous agissons selon notre émotion et notre improvisation et non selon les commandements d’Allah. Notre réaction ne reste que de la convulsion qui repose sur l’émotionnel. Dans le verset 57 de la sourate ‘la Cêne ’ Allah nous demande de prendre garde à Lui. Ici il s’agit de Taqwah.

La Taqwah n’est pas la crainte ni la crainte révérencielle, mais ce mélange d’humilité à l’évocation d’Allah, de crainte de son châtiment, d’espérance de sa récompense, d’obéissance à ses interdits et à ses ordres. C’est à la fois un état psychoaffectif et spirituel qui nait de l’émotion par la crainte et l’espoir, un état rationnel qui nait de la connaissance des conséquences de l’obéissance ou de la transgression, et enfin un état comportemental et actanciel par la pratique de l’Islam avec assiduité, attention et révérence dans tout ce que nous faisons de notre vie. C’est la Taqwah qui est la réponse la plus efficace, car c’est elle qui fait mal aux ennemis et qui renforce les liens d’amour, de solidarité, d’intelligence et d’efficacité entre les Musulmans comme elle a tissé et renforcé ceux des Compagnons avec le Prophète (saws) et entre eux les rendant invincibles,  civilisés et civilisateurs alors qu’ils étaient méprisés par les Byzantins et les Perses.

Nous tous nous sommes éprouvés par les ennemis de l’Islam et nous devenons leur épreuve lorsque nous exprimons notre amour et notre attachement à Allah et à Son Prophète :

لَتُبْلَوُنَّ فِيۤ أَمْوَالِكُمْ وَأَنْفُسِكُمْ وَلَتَسْمَعُنَّ مِنَ ٱلَّذِينَ أُوتُواْ ٱلْكِتَابَ مِن قَبْلِكُمْ وَمِنَ ٱلَّذِينَ أَشْرَكُوۤاْ أَذًى كَثِيراً وَإِن تَصْبِرُواْ وَتَتَّقُواْ فَإِنَّ ذٰلِكَ مِنْ عَزْمِ ٱلأُمُورِ

 {Vous serez sûrement éprouvés dans vos biens et dans vos personnes, et vous entendrez sûrement beaucoup de mal, de ceux qui reçurent le Livre avant vous, et de ceux qui sont devenus  polythéistes. Mais si vous êtes persévérants et pieux, cela est vraiment de la Haute détermination.} Al ‘Imrane 186

Allah nous demande la même détermination et la même patience que celle des Prophètes face à l’adversité. Pour eux comme pour nous, la solution est dans la Taqwah. Le changement salutaire qui apporte la victoire n’est pas dans l’action spontanée qui déverse sa colère puis replonge dans son indolence quotidienne, elle est dans la réforme ontologique et sociale qui fait de l’individu et du corps social la haute détermination à être conforme au modèle prophétique.

Nous devons refuser les atteintes à notre religion et à notre Prophète (saws) mais en gardant toute lucidité pour que nos voix soient entendues et écoutées puis respectées. Pour cela nous ne devons pas agir comme des désespérés, des hystériques et des violents qui travaillent, à leur insu, à la réalisation du complot mené contre eux et que facilitent leur inconscience et l’absence de savants et d’intellectuels qui peuvent les guider et les encadrer en dehors des appareils et des vues étroites. Nous ne pouvons pas avoir une meilleure attitude que le Prophète (saws) qui est diffamé et à qui Allah dicte la conduite à tenir :

 {Nombre de Messagers, avant toi, ont été tournés en dérision, mais ceux qui se moquèrent d’eux, ont été poursuivis par ce même dont ils se sont moqués.  Dis : « Allez de par la terre, puis regardez quel fut le sort des négateurs ».  Dis : « A qui appartient ce qui est dans les Cieux et la Terre? »} Al An’am 10

{Nous Savons bien que ce qu’ils disent t’afflige. Ils ne te démentent pas, à toi, mais ce sont les Versets d’Allah que les injustes renient. Bien des Messagers avant toi ont été démentis et ils persévérèrent face au démenti et au mal qu’ils subirent, jusqu’à ce que leur soit venu  Notre victoire. Rien ne peut changer les paroles d’Allah et il t’est déjà parvenu une part des nouvelles des Messagers.  Si leur détournement t’est intolérable, fraye-toi donc, si tu peux, un tunnel sous terre ou un escalier vers le ciel pour leur apporter un signe ! Si Allah Voulait, Il les Aurait Rassemblés vers la Direction infaillible. Ne sois donc pas du nombre des ignorants ! Toutefois, seuls répondent à l’appel ceux qui comprennent.}  Al An’am 33-36

 

 La sourate Mohammed est notre clé :

 

Le Coran a une sourate qui porte le Nom de Mohammed (saws). Si nous sommes perplexes quant à l’attitude à avoir aujourd’hui et demain envers les ennemis de Mohamed (saws) alors, il faut juste lire et comprendre son contenu :

 {O vous qui êtes devenus croyants : si vous faites triompher la Cause d’Allah, Il vous fera triompher et affermira vos pieds. Mais ceux qui sont devenus  mécréants, qu’ils périssent alors. Et Il a déjà condamné leurs œuvres au fourvoiement. Cela, car ils haïssent ce qu’Allah a révélé, mais Il a rendu  vaines leurs œuvres. N’ont-ils pas été de par la terre afin qu’ils voient quel ne fut le sort de ceux qui ont vécu avant eux ? Allah a tout anéanti  sur eux. Et ainsi il en sera de même pour ceux qui sont devenus  mécréants. Cela, car Allah est le Protecteur de ceux qui sont devenus  croyants, alors  que ceux qui sont devenus  mécréants n’ont nul protecteur.} Mohammed 7-11

La sourate nous dicte  la meilleure conduite pour défendre notre Prophète à cour, moyen et long terme :

 {O vous qui êtes devenus croyants, obéissez à Allah et obéissez au Messager, et n’annihilez pas vos œuvres.} Mohammed 33

{Et si vous vous détournez, Il substituera un autre peuple que vous, ensuite, ils ne seront pas comme vous.} Mohammed  38

C’est en se conformant, stricto sensu, aux ordres d’Allah que Mohamed (saws) a traversé la période difficile de La Mecque avec ses railleries et ses moqueurs pour arriver à Médine laissant derrière lui les complots des conjurés voulant l’assassiner voyant sa détermination inébranlable à suivre la voie tracée par Allah. Allah a immortalisé la Hijra de La Mecque à Médine par cette parole sublime :

{Si vous n’avez pas secouru  le Prophète, Allah l’a secouru ; lorsque les incrédules l’ont expulsé. Lui, le second des deux, le jour où tous deux se sont trouvé  dans la grotte, et qu’il dit à son compagnon : Ne t’affliges pas ; Allah est avec nous ! Alors Allah  lui  a inspiré la confiance et la sérénité… } At Tawbah  40.

Mohamed (saws) arrive à Yathrib qui va désormais porter son nom Madinatou al Nabi et annoncer son triomphe définitif sur les moqueurs par un chant prémonitoire :

 « La lune point sur la colline des adieux.
O Toi qui est envoyé par Dieu,
Tu viens avec un ordre qui sera obéi… »

Après la patience, la constance et la persévérance vient la  période médinoise avec ses victoires puis son triomphe. Comme le dit si bien Malek Bennabi : « L’épopée mohammadienne va déployer maintenant sur l’écran de l’histoire la série de ses épisodes légendaires : comme un film magique, le rêve d’Amina jadis, quand elle berçait encore dans son sein le fruit de ses entrailles, et qu’elle croyait entendre le hennissement des coursiers, le galop des escadrons et le cliquetis des armes, va repasser sur le tableau du présent » :

Badr ! Uhod ! El-Khandak ! Honaïn … la Mecque !

 

 La continuité et l’assiduité dans les principes et la vertu

 

Dans la difficulté ou dans l’aisance, opprimé ou libérateur, seul ou à la tête d’une armée victorieuse, Mohamed (saws) est resté jusqu’à la fin de sa mission et de sa vie l’homme à principes, l’homme vertueux, le réformateur et le dévoué à Allah.

{Lorsque Allah enverra la victoire et le triomphe ; que tu verras les hommes embrasser à l’envie la religion, exalte la louange de ton Dieu  et implore son absolution ; il est Absoluteur} An Nasr 1

Tout revient à Allah ! Le Tasbih est l’annonce de la victoire de celui qui implore Allah comme Moise et Noé : « Allah je suis vaincu, triomphe pour moi ! ». Comme Mohamed (saws) nous sommes appelés à préparer notre victoire et à afficher notre sérénité et notre espoir, et à rompre avec la culture de la défaite, de l’échec, et de nos comportements de désespérés.

Que peuvent contre lui et contre nous les blasphémateurs et les moqueurs lorsque nous avons conscience de vivre portant en nous et par la mémoire du Prophète (saws)  l’agrément d’Allah (swt) :

{Aujourd’hui, je parachève   pour vous votre religion, J’accomplis  Mes grâces sur vous, et  J’agrée l’Islam comme étant votre religion »} Al Maidah  3.

Avant d’arriver à ce triomphe et à ce parachèvement de sa mission d’ultime Prophète quelle a été la ligne de défense du Prophète (saws) ? Nous avons vu le Coran lui dicter sa conduite : la patience et le tasbih. C’est cette attitude qui lui a permis de résister contre tous les assauts de haine et contre tous les complots. Sa nature positive mérite d’être soulignée dans sa bataille psychologique. On rapporte que le Prophète (saws) était surnommé par les Juifs et les Arabes païens par « Mahomet ». Ses compagnons vexés lui exprimaient leur colère et leur désir de vengeance. Mais il se contentait de sourire leur disant ‘laisser-les se moquer de « Mahomed » (celui qui n’a pas loué), il ne s’agit pas de moi, mais de quelqu’un d’autre. Moi je m’appelle Mohammed (celui qui a l’excellence de faire des Louanges à Allah »’

 

 La défense de notre Prophète, de tous les Prophètes (saws)

 

Notre voie ne consiste pas à aller vers la facilité qui consiste à crier et à manifester puis reprendre notre sommeil « séculier ». Elle ne consiste pas à crier contre les islamophobes, mais à comprendre tous les mécanismes de l’Islamophobie et y répondre avec intelligence,  lucidité et efficacité.

Nous ne serons efficaces que si et seulement si nous suivons notre Prophète (saws) c’est-à-dire :

  • revenir vers l’Islam,
  • ne pas tenir le Coran déserté (mahjour),   loin de nos esprits, de nos consciences et de nos actes,
  • nous impliquer dans la fraternisation qui met fin aux schismes ou du moins les rend secondaires dans nos préoccupations,
  • nous impliquer dans le développement de nos mentalités, et la production en autonomie de nos idées, de notre argent,  de nos élites, et de nos devenirs en devenant des réformateurs artisans de la réforme de notre communauté et de nos territoires de vie.
  • Prendre garde et nous prémunir contre l’Islamophobie.

Dans cet océan d’amertume et de confusion, Allah (swt) nous a donné en Mohamed (saws) le modèle à suivre :

{Certes, Nous t’avons octroyé l’Abondance. Prie donc ton Dieu et immole. En effet, celui qui te hait sera, lui, sans postérité.} Al Kawthar

 

 Quel est le sens du Tasbih qu’Allah exige de nous

 

Il ne faut pas croire que le Tasbih, la glorification d’Allah, consiste en une attitude fataliste et individualiste à chercher son propre salut en récitant par la langue « Sobhane Allah » trente fois ou mille fois. Cette démarche est un véhicule pour aller vers la purification de soi et de la société en détruisant sur le plan idéique et idéologique, religieux et culturel, tous les symboles de l’idolâtrie et du culte voué à autre qu’Allah. Faire tomber les idoles, les fétiches et les totems, dévoiler le mensonge en s’attaquant aux assises de l’aliénation, de l’immoralité et en élargissant le nombre et la qualité des glorificateurs d’Allah. Telle était la mission des prophètes. Le Coran nous en donne l’explicitation par la bouche de Moïse :

{Afin que nous te glorifions beaucoup} Taha 89

Ce beaucoup ne peut être compris que si nous prenons en compte le contexte de la civilisation de Pharaon et de la ressemblance de la civilisation post moderne avec celle de l’Égypte antique sur le plan du culte de la personnalité, des élites, des magiciens, des Hamana, des Qaroun, et des 700 idoles adorées dans la vie domestique, professionnelle et religieuse de l’Égypte.  Il ne s’agit ni de réciter ni de faire tomber des monuments comme le font certains confondant le sens et la forme. Il s’agit de saper les fondements de la monalâtrie et de l’idolatrie.  Ce travail de sape exige des monothéistes et non des « cultualistes ». Il ne s’agit pas d’une sape guerrière, mais spirituelle,  idéologique et culturelle. Elle ne peut se faire par des gens qui sont auxiliaires de servitude et de pensée de l’Occident et de ses vassaux.

Est-ce que le Tasbih compris comme le témoignage du monothéisme et son élargissement qualitatif et quantitatif est facile à mettre en ouvre dans ce monde contemporain obscurantiste et islamophobe ? Non !

C’est aux Musulmans de prendre conscience de leur potentiel de bien ainsi que  du potentiel de nuisance de l’islamophobie, et s’engager de nouveau sur la voie de l’Islam en prenant comme modèle le Prophète Mohamed (saws) et ne pas céder à l’émotionnel et à la subversion. Une fois la voie de Mohamed (saws)  restaurée alors nous aurons les moyens de nous libérer du Wahn puis la force et l’efficacité de dire comme un seul être :

{Crevez de rage !}

 

 Conclusion :

Le christianisme, le Judaïsme et les autres religions fétichistes sont achevées par la logique historique, ethnique  et spirituelle. Il ne reste que le sionisme qui agit sous le masque du christianisme, de la démocratie, de l’humanitaire, du devoir d’ingérence et de la finance internationale. Face à lui il y a encore une résistance morale, civilisationnelle et spirituelle, celle de l’Islam. Sous le terme Islamophobie le sionisme mène son dernier combat avant de se déclarer ou achevé par l’Histoire ou dominant sur l’ensemble de la planète et annonçant l’ère du Dajjal le faux Messie.

Une personne avisée peut me poser la question légitime : je ne vois pas le rapport ou je ne vois comment concilier « Patientez ! » et   » Dis-leur : Crevez de rage » la réponse est dans le Coran et l’Histoire de l’Islam sous sa forme mohammadienne. Entre la patience et  la réponse il y a la construction de la force spirituelle, morale,  institutionnelle, économique, industrielle et organisationnelle que le même Coran nous livre comme le trait d’union et le passage de la situation de l’opprimé qui endure à celle du libéré qui libère et riposte contre l’injustice :

 

{Et préparez-leur tout ce que vous pouvez comme forces et cavalerie afin  que vous soyez redoutés par  l’ennemi d’Allah, votre ennemi, et d’autres qu’eux que vous ne connaissez pas. Allah les connaît. Et quelle que soit la dépense que vous ferez pour la Cause d’Allah, elle vous sera entièrement acquittée, et vous ne subirez aucune injustice. Et s’ils s’inclinent vers la paix, incline-toi aussi et fie-toi à Allah. Il est, Lui, l’Omni-Audient, l’Omniscient.} Al Anfal 60-61

Les traducteurs utilisent le terme terroriser ou épouvanter pour le verbe Rahaba et se mettent sur le terrain de l’émotionnel alors que  ce verbe est utilisé pour Allah et il ne sied pas à Allah d’être un « terroriste ». Il sied à Allah que les Croyants redoutent son châtiment. Si on permute les lettres de Rahaba on obtient le terme de Haraba qui signifie fuir. Le message est de faire fuir l’ennemi par peur des conséquences qu’inspire non l’émotion, mais la raison et les faits tangibles. Il est très difficile de trouver l’équivalent français alors le mieux est de mettre la phrase au passif pour traduire le sens du verset. Mazigh utilise l’expression « imposer le respect » qui est proche du sens, mais elle ne marque pas la crainte que doit inspirer la force déployée.  Des manifestations de rue qui font craindre les conséquences rentrent sous le terme coranique d »‘Irhab » si et seulement si elles ne relèvent pas de l’émotionnel occasionnel, mais d’une lutte militante qui s’inscrit dans le refus de la domination mondiale du sionisme et de l’Empire US.

Une autre personne aussi avisée que la première pourrait sans doute faire le rapprochement entre les préparatifs d’agression contre la Syrie, le Liban, l’Iran et l’Algérie et ces manifestations volontairement provoquées pour tester la capacité des régimes arabes et musulmans, anciens et nouveaux, à contrôler la rue hostile et enflammée qui pourrait se soulever contre ses gouvernants. Oui, Hizb Chaytane est pervers

Je vous invite à lire « Caricature et islamophobie«   pour avoir une compréhension globale et détaillée sur ce sujet :

Notre devoir envers Mohamed (saws)

Les Etats-Unis seraient impliqués dans les massacres de Sabra et Chatila

Le quotidien américain le «New York Times» a publié des documents secrets prouvant l’implication des États-Unis dans les massacres de Sabra et Chatila en 1982!

Dans son article intitulé « Le massacre qui aurait pu être évité», Seth Anziska, chercheur à l’Université de Columbia États-Unis, a réussi à se procurer des documents historiques dévoilant le contenu de converstations aynat eu lieu entre des responsables israéliens américains au cours de cette période.

Il cite un document datant du 17 Septembre 1982, rapportant une réunion qui s’est tenue entre le ministre de la guerre israélien, à l’époque, Ariel Sharon et l’émissaire du président américain au Moyen-Orient Morris Draper.
Selon le document, Sharon aurait assuré qu’Israël évitera d’impliquer les États-Unis dans le massacre, en disant: «Si vous avez peur de vous trouver impliquer dans cette affaire, aucun problème, il suffit que les États-Unis nient toute implication ou leur connaissance dans ce massacre, et nous ferons autant »!

Le document souligne que ce dialogue confirme que les Israéliens étaient parfaitement au courant que leurs alliés libanais avaient pénétré dans le camp, et qu’une opération de liquidation barbare avait commencé, commente l’auteur de l’article.

Un autre document révèle une deuxième réunion qui a eu lieu entre l’émissaire américain Draper et Sharon , à laquelle ont participé l’ambassadeur américain Sam Lewis, le chef état-major israélien Rafael Eitan et le chef des services de renseignement militaire Yehuda Sagi.

A cette réunion, l’émissaire amèricain a réiteré la position de son pays exigeant le retrait des forces de Tsahal de Beyrouth, alors Sharon lui répond: « »Les terroristes sont toujours dans la capitale et nous avons leurs noms; leur nombre varie entre 2000 et 3000″.. Alors Morris Draper demande: « Et qui se chargera de la sécurité des camps palestiniens? » Sharon répond: « l’armée et les forces de sécurité libanaises s’en chargeront ».

Après des négociations, les deux parties sont parvenues à un accord pour le retrait des forces israéliennes du Liban durant les prochaines 48 heures mais après le «nettoyage» des camps.

Sharon n’a pas quitté la réunion avant de s’assurer que l’accord ne contient aucune confusion sur la sélection des camps qualifiés de terroristes qu’il faut liquider et qui sont : Sabra et Chatila, Bourj Barajneh.

Puis Draper a souligné «mais certains affirmeront que l’armée israélienne est restée à Beyrouth afin de permettre aux Libanais de tuer des Palestiniens ».

Sharon lui répond:  » Alors nous les tuerons nous-mêmes, il n’est pas question de garder l’un d’eux en vie; et nous vous permettrons pas de sauver ces terroristes ».

Draper s’en presse de dire: «Nous ne sommes pas intéressés à sauver l’un d’eux ».

Sharon réitère « Si vous ne voulez pas que les Libanais les tuent nous le ferons »!

Du coup, Draper conclut la réunion an affirmant:  » Nous aimerions que vous vous retirez de Beyrouth.. laissez cette mission aux Libanais »!

 

Source :

http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=79461&cid=18&fromval=1&frid=18&seccatid=23&s1=1

Texte de l’appel des imams de Jérusalem à la fin de l’effusion de sang en Syrie.

 

 {Prenez garde à Allah, réconciliez ce qui est entre vous}

De la Mosquée d’Al Qods et de la terre des Prophètes (Jérusalem)
Appel du Cheikh Salah Eddine Ibn Ibrahimabou ‘Arafa  aux habitants de la Syrie.

Je me réfugie auprès d’Allah contre Satan le lapidé Louanges à Allah qui possède les royaumes des Cieux et de la Terre Louanges à Allah qui détient la Décision entre Ses Mains en totalité la Terre en totalité sera sous Son Autorité le Jour de la Résurrection, et les Cieux seront ployés sous Son Pouvoir N’est-ce pas qu’à Lui appartient l’ordre des choses et la création ? Que soit Magnifié le Dieu des Univers

Miséricorde, paix  et salutations pour les Prophètes et les Messagers d’Allah et ceux qui transmettent les Messages d’Allah,  et qui le redoutent sans craindre autre qu’Allah.

Et Allah suffit comme Compensateur

{O vous qui êtes devenus croyants, prenez garde à Allah et dites des paroles sensés ainsi Il améliorera votre situation et absoudra vos péchés Qui obéit à Allah et à Son Prophète aura le triomphe grandiose}

Sans aucun doute les événements passés ces derniers mois et les douleurs vécues sont largement suffisants pour qu’un  sourd recouvre l’ouïe, qu’un aveugle retrouve la vue et qu’un insouciant redevienne préoccupé.

Sans aucun doute ce qui survient dans les pays musulmans au point d’atteindre ce niveau de gravité en Syrie est un phénomène qui a été planifié dans les ténèbres par une ruse diabolique visant une nuisance et dans laquelle nous n’en tirons ni bien ni profit. Ce stratagème  n’est pas conçu par les mains ni par les esprits de nos peuples, mais par notre ennemi commun à tous.

Le perspicace est celui qui observe avec clairvoyance même s’il ne retrouve sa vigilance qu’après un délai.

Nous nous sommes réunis en ce lieu pour prendre la parole que pour assumer notre responsabilité auprès d’Allah et de proclamer la vérité qui doit être dite sans crainte ni pudeur envers quiconque dans notre devoir pour Allah.

Nous nous sommes réunis en ce lieu que pour nous innocenter des dires fallacieux et des incitations perverses  provenant des Fatwas trompeuses,   des positions perfides  et du fourvoiement qui ont rendu le sang coulant à flot comme si c’était du  vin répandu et l’illicite licite.

{Il est parmi les hommes celui dont les paroles dans la vie terrestre te plaisent, qui prend Allah en témoin sur ses bonnes intentions, alors qu’il est le pire des ennemis ; et lorsqu’il se détourne de vous, il s’évertue à corrompre sur terre, à détruire la récolte et le bétail, mais Allah n’Aime pas la corruption.}

Qu’Allah fasse miséricorde à tout opprimé et à toutes innocentes victimes de ce complot qui les a entrainés à la convoitise et au leurre que leur ont tendu les partisans des visées mondaines et des désirs. Son fardeau dans la vie ici-bas et dans la vie future incombe à  ceux qui l’ont opprimé, à ceux qui l’ont manipulé et à ceux qui lui ont donné des Fatwas fallacieuses.

Nous nous sommes réunis en ce lieu pour faire entendre aux gens ce que ceux qui avaient l’obligation de dire ont occulté et mis sous silence en l’occurrence  leurs savants et leurs maitres à penser.

Bien avant ces troubles et cette effusion de sang ils proclamaient à haute voix :

{Nous avons conclu Alliance avec vous : Ne répandez pas votre sang, ne vous expulsez pas les uns les autres de vos demeures. Vous y avez souscrit en apportant votre témoignage. Puis, voila que vous vous entre-tuez, vous expulsez un groupe d’entre vous de leurs demeures, vous vous liguez contre eux par la transgression et l’agression; et s’ils vous échoient en captifs, vous les rançonnez, alors qu’il vous est interdit de les expulser. Croirez-vous donc en une partie du Livre et rejetterez-vous en une partie ? Quelle serait donc la sentence contre celui qui agirait de la sorte d’entre vous, si ce n’est qu’ignominie dans la vie terrestre, mais  le pire  des châtiments est pour  le Jour de la Résurrection? Allah n’est point inattentif à ce que vous faites.}

Ils récitaient :

{Si jamais tu tends ta main vers moi pour me tuer, je ne tendrai point ma main vers toi pour te tuer. Je crains Allah, Dieu des Univers. Je veux que tu supportes mon péché et ton péché, pour que tu sois des condamnés au Feu. Cela est la punition des injustes.}

Ils récitaient les paroles des Prophètes et tout particulièrement celle de l’ultime Prophète (saws) :

 « Ne noircissaient pas mon visage en devenant après moi des renégats qui s’entretuent »

Ils récitaient :

« Qui prend les armes contre nous n’est pas des nôtres »

« Si les musulmans se font face les armes à la main, alors le tué et le meurtrier sont tous les deux en Enfer »

Ils récitaient :

« Si tous les habitants des Cieux et de la Terre s’associaient pour attenter à la vie d’un croyant, Allah ne manquerait pas de les jeter tous en Enfer »

Il y a suffisamment d’arguments prophétiques pour ne pas être surpris par ce qui arrive. Le Prophète (saws) a dit :

« Avant la fin du monde, les Musulmans s’entretueront. Ses compagnons sensés  lui ont dit : est ce que nous ferons ceci alors que nous avons tout notre esprit avec nous »

Écoutez la réponse du Prophète, écoutez tous attentivement et qu’écoutent les artisans de la Fitna et ceux qui ont soufflé sur ses braises pour rendre licite l’effusion de sang qui coule à flot :

« Ses compagnons sensés  lui ont dit : est ce que nous ferons ceci alors que nous avons tout notre esprit avec nous » Le Prophète a dit : «  les gens de cette époque auront perdu leur esprit et seront dominés par les insensés fous furieux que les gens prennent pour des modèles de vertu et de vérité  alors qu’ils ne le sont pas du tout. »

L’authenticité de cette  vérité  sur la  situation insensée que nous observons est le mobile de notre initiative qui veut dire aux gens ce que les Savants et les maitres à penser ont délibérément caché. Nous refusons que les savants qui devraient être les héritiers des Prophètes deviennent les commerçants qui négocient la vie des musulmans comme s’ils étaient des fossoyeurs,  des vendeurs de tombes, et des arroseurs de sang.

Le savant vertueux et utile est comme le père pour ses enfants, un bon conseiller. Il se hâte vers la paix et la réconciliation mais ne s’empresse pas à soutenir ou à provoquer l’effusion de sang. Il doit dire aux gens :

{Patientez et prenez garde à Allah}.

Comme  nous n’avons pas entendu ce message il nous incombe de le faire entendre aux musulmans et aux savants.

Allah ! Allah ! Protège le Cham (Syrie) !

La Fitna a commencé en Tunisie. Le Prophète (saws) a dit :

«  Des troubles comme les cornes des vaches qui se suivent les unes après les autres dans le prolongement de leurs traces de sabots ».

Nous sommes en plein cœur de cette succession de Fina. Nous implorons Allah de nous mettre tous à l’abri et de nous protéger contre ce qui se passe et contre ce qui risque de survenir en plus grave.

Allah ! Allah ! Protège le Cham (Syrie) !

Nous disons aux Syriens, ceux qui se sont rebellés désirant des réformes, ou cherchant à fuir leur situation, ou désireux autres choses que ne lui offre son existence actuelle, nous disons aux plus sensés d’entre eux et aux musulmans d’entre eux que le Prophète (saws) a dit :

«  Allah s’est imposé l’excellence et a décrété la bienfaisance  en toute action ».

Cette prophétie est mieux que tout ce que peuvent dire les meilleurs des hommes réunis.

Cela signifie concrètement dans la situation actuelle que celui qui veut détruire une demeure doit le faire de la meilleure manière possible. Alors que dire en matière de construction d’une demeure ? Peut-on les imaginer reconstruire leur demeure avec les ruines de l’ancienne ? Peut-on les imaginer se fédérer de nouveau alors qu’ils ont sapé leur unité,  provoqué des discordes, et répandu leur sang à profusion ?

Nous leur disons donc, car ils sont nos frères et notre peuple : jamais le bien ne se réalise par le mal ! Il n’y aucune mauvaise voie qui conduit à bon port ! Il n’y a aucune obéissance à Dieu par la voie de la transgression de Ses Commandements ! Il n’y a aucun espoir que le vilain conduise le vertueux vers la réussite !

Nous disons au gouvernant de la Syrie : Ces gens sont ton peuple et sujets de ta responsabilité, leurs petits  sont  tes petits, leurs grands sont tes grands, leurs proches sont tes frères, alors prend garde à Allah à travers eux. Soit bienveillant et doux envers eux. Sache qu’Allah est Bienveillant, Il aime la bienveillance, et Il octroie par le biais de la bienveillance ce qu’Il ne donne pas par d’autres voies.

Sache qu’Allah est au dessus de toi comme toi tu es au dessus de ton peuple. Implore pour toi et pour ton peuple la protection, le bien-être, l’esprit sensé dans les actes  que vous et eux entrepreniez, et la culture dans ce que faites de bien.

Ensuite nous demandons à l’élite, aux savants et aux esprits sensés  ainsi qu’à l’ensemble du peuple de Syrie, au Nom d’Allah et de son Nom Le Sécurisant – La Paix, de mettre fin à l’effusion de sang, de garder leur mains en dehors de la violence et de s’assoir autour d’une table pour concrétiser au plus vite la réconciliation et la fraternisation. C’est ce qui apporte l’agrément d’Allah, et l’humiliation de leur ennemi.

Nous demandons, en dernier lieu, aux musulmans, aux gens sensés et aux Savants qui ont rempli de leur présence et de leur voix la terre toute entière, ceux là même  qui lisent la presse et qui lisent le Coran de se réunir cette fois-ci, avant les événements ne leur échappent totalement, et au nom d’Allah de faire ce qu’ils savent d’Allah, Lequel va les interroger sur ce qu’ils savent et sur ce qu’ils doivent faire.

S’ils ne se réunissent pas maintenant pour proclamer la parole de vérité quand est-ce qu’ils vont le faire ? Il n’était pas convenable qu’ils se soient auparavant réunis pour émettre des Fatwas   et transmettre des messages visant à l’effusion du sang des musulmans et à l’incitation au meurtre des uns des autres.

Ce qui se passe chez nous comme ruines et meurtres, jamais l’Occident ne le tolèrerait sur ses terres ! Mais il est satisfait de ce qui passe chez nous, car il a provoqué et a alimenté l’effusion de sang, le gaspillage de ressources et la violence intestine dont nous sommes les  acteurs. Nous sommes dans la situation décrite par le Prophète (saws) :

« Les Musulmans seront privés de l’esprit de sens  et dominés par les insensés fous furieux. La plupart croyant détenir la vérité alors qu’il n’en est rien ».

Nous savons que la majorité des savants musulmans et à leur tête le président de l’association internationales des savants musulmans se sont envolés pour l’Afghanistan afin d’empêcher la démolition des idoles, alors nous leur demandons au Nom d’ Allah dont ils ont lu le Livre et les versets qu’attendez-vous pour vous envoler vers Damas et empêcher la démolition de la Syrie ? N’attendez pas la chute de Damas pour y venir faire vos prêches, venez maintenant pour la préservez des ruines et de l’effusion de sang !

Mettez fin à la violence entre les Musulmans et dites ce qu’ont dit les Prophètes :

{Patientez et prenez garde à Allah}.

Les Prophètes ne s’empressent pas à faire verser le sang. Les Savants sont les héritiers des Prophètes. Prenez garde à Allah et persévérez !

Je m’adresse ensuite aux hommes en Occident et en Orient. Que celui qui a des oreilles qu’il entende et que celui qui a un esprit qu’il comprenne : La Syrie est  entre deux Messies. Un faux Messie borgne et menteur qui vient vers vous avec l’effusion de sang, la pauvreté et les ruines. Un vrai Messie qui descendra du Ciel vers le Minaret blanc à l’est de  Damas pour instaurer la paix sur terre : alors seront perdus les falsificateurs  et il sera proclamé :

{Louanges à Allah le Dieu des Univers ! Cette demeure future, Nous la réservons à ceux qui ne cherchent ni l’arrogance ni la corruption sur Terre. L’issue finale appartient aux pieux}

J’interroge ensuite tout être sensé en Syrie : si le salut de la Syrie exige que moi ou un certain nombre de savants d’Al Qods (Jérusalem) le sacrifice de notre vie nous le ferons en offrande en offrande aux uns et aux autres pour qu’il n’y ait ni effusion de sang, ni guerre, ni troubles entre eux. Cette offrande est une exigence morale et religieuse. Cependant la solution est plus simple et plus rapide : que chacun prenne garde à Allah,  qu’il soit pieux et qu’il retrouve un esprit sensé.

Par Allah il n’y a aucun bien pour eux dans la situation où ils se trouvent ni vers où ils se dirigent. Par Allah, si Ibrahim, Moussa, le Fils de Marie, et Mohamed (saws) sont ressuscités à cet instant et observent ce qui se passe, jamais ils ne feront l’éloge de ces gens partisans de la violence. Il n’appartient donc pas aux savants de dire ou de soutenir ce que réfutent les Prophètes.

Que la paix soit sur la Syrie ! Allah réforme et améliore la situation et les gens de la Syrie et ce au bénéfice de la Syrie. Que la Paix d’Allah soit sur l’ultime Prophète Mohamed (saws). Que la Paix d’Allah soit sur le Messie le Fils de Marie annoncé pour redescendre à Damas ! Que la Paix d’Allah soit sur ceux qui sont devenus croyants ainsi que sur tout ceux qui ont entendu et compris !

Allah ! Est-ce que j’ai transmis ? Allah soit Témoin ! Salut à vous et Miséricorde d’Allah sur vous !

Question 1 : A qui est destinée votre initiative ?

Réponse : L’initiative est destinée aux gens sensés, aux comprenant, aux réformés, aux réformateurs, et ils sont des milliers. Nous devons nous lever tous comme un seul homme. Quelle est la signification de ces observateurs en Syrie alors que les réformateurs musulmans ont tout leur rôle à jouer et qu’ils doivent obligatoirement jouer ? Que les réformateurs, les savants, les élites jouent leur rôle et descendent sur le terrain. Par Allah si les gens de Syrie, les uns et les autres, voudraient que nous les membres de la Mosquée d’Al Aqsa à Jérusalem soyons une offrande pour réconcilier les uns avec les autres, nous sommes disposés à faire sacrifice de nos vies si nous parvenons dès demain a mettre fin à l’effusion de sang et à la guerre.

Je dis sans concession et en toute transparence à celui a pris les armes par sédition et qui est disposé à tuer son frère ou à être tué par son frère : ça suffit ! Ne t’empresse pas ! Lis attentivement ce qu’ont dit et écris vos savants avant la Fitna : {Si jamais tu tends ta main vers moi pour me tuer, je ne tendrai point ma main vers toi pour te tuer. Je crains Allah, Dieu des Univers.}. Qu’est ce qui s’est passé pour que ces paroles soient du jour au lendemain invalidées par ces mêmes savants ?

Un Cheikh, Adnan ‘Ar’our, a allumé la mèche de la Fitna en Syrie. Ce même Cheikh, quelques mois avant la sédition armée en Syrie, alors que la Fitna  était à son paroxysme en Libye, a dit expressément qu’il s’opposait à la même chose en Libye et qu’il était :

{Un conseiller digne de confiance}.

Qu’est-ce qui a changé pour qu’il change ?

Avant lui et au dessus de lui Qaradhawi a des livres ou il écrit noir sur blanc son opposition et celle de la religion à la rébellion et à la sédition !   Qu’est-ce qui s’est passé expliquant leur reniement ? Comment l’illicite est devenu licite ? Par Allah si moi je me trompe sur le sujet alors dans le pire des cas j’aurais évité l’effusion de sang, alors que si Qaradhawi se trompe, dans le meilleur des cas il a provoqué l’effusion de sang. Où se trouvent  la raison et le salut ?

Q : Pourquoi  votre position intransigeante envers Qaradhawi ?

R : Ma position envers Qaradhawi  est une position de principe, elle est claire sans crainte ni pudeur. L’homme a introduit le mal dans et entre les musulmans, il s’est chargé du fardeau de leur sang versé,  il a porté l’étendard de la guerre menée contre eux, et il a commis contre eux ce que ni l’aviation ni les blindés de l’ennemi n’auraient pu commettre par ses seuls moyens de destruction. Il était tenu de faire preuve de piété et de patience ainsi que mot réconciliant, cela aurait été meilleur pour lui et pour les musulmans.

N’est ce pas qu’il s’est envolé pour défendre les  idoles (bouddhistes) en Afghanistan ainsi que ses compagnons de l’association des savants musulmans ? Par Allah s’il avait pris l’avion pour descendre à Damas et prêcher la même bonne parole que celle du Fils de Marie et de Mohamed (saws) en disant non à la violence alors il aurait trouvé des millions d’auditeurs qui l’agréent. Mais il a fait dans les musulmans ce qu’aucune armée étrangère ne serait parvenue à faire !

En ce qui concerne ma relation avec la Syrie et les Syriens : nous n’avons pas d’autres relations que celles qui nous lient sur le plan de la religion, du sang, de la parenté, du territoire, du voisinage et du devoir de bon conseil que l’Islam exige de nous tous.

Q : Pourquoi ceux qui provoquent et financent la sédition armée dans le monde musulman ne mobilisent pas leur effort pour libérer la Mosquée Al-Aqsa et la Palestine ? Nous ne voyons que la ruine du monde musulman aux dépens de la cause palestinienne, pourquoi ?

R : Tu as absolument raison ! Chaque musulman sensé devrait se poser la question sur la signification de cette mobilisation guerrière qui pousse les musulmans à détruire la Syrie comme jamais cela n’a été fait auparavant. L’extraordinaire est que cette question n’échappe pas aux gens sensé de l’Occident dont Robert Fisk et d’autres qui avouent n’avoir jamais vu autant de mensonges et d’immoralité  que dans la campagne actuelle menée contre la Syrie et qui se dit que si les Musulmans avaient autant mobilisés de moyens guerriers contre la Syrie pour leur propres intérêts ils auraient réalisé un gain de mille ans sur leurs ennemis. La question posée est vraie à 100% et ceux qui ont agi intentionnellement contre la Syrie le savent pertinemment. Le mal provient des visées mondaines, de l’intérêt partisan, de l’esprit sectaire.

Voilà pourquoi je réitère mon appel à tous les musulmans : rejetez ce qui vous divise et qui est étranger à l’Islam : les partis, les factions, les sectes, les groupes. Il n’y a qu’un groupe et une seule communauté comme le dit Allah :

{Certes cette communauté, la votre, est une seule communauté et Je suis votre Dieu : adorez-Moi}.

Rien n’a été aussi destructeur pour la nation musulmane que la discorde, les intérêts  mondains et la passion qui naissent de l’esprit de fragmentation de la communauté.

Les pires agents de la discordes sont les pseudos islamistes qui fragment la communauté musulmane en groupes épars. C’est eux que notre Prophète vise dans son hadith :

 « Il y aura des gens qui inviteront au Livre d’Allah, mais ils ne sont en aucun cas représentatifs de ce Livre. Ils discutent  avec des propos  meilleurs que ceux des meilleurs des gens, mais s’ils perfectionnent la parole ils sont mauvais dans leurs actes. Ce sont les pire des gens existant sous le ciel ».

Tels sont les propos de notre Prophète (saws).

Q : Quelle est votre avis sur  les invocations proférées par l’Imam de la Mosquée Al-Aqsa, ce vendredi ?

R : Excellente question ! Oui il est extraordinaire de voir l’imam oublier la sacralité de  la Mosquée Al-Aqsa qui a la même sacralité que la Mosquée sacrée de la Mecque. C’est vilain et honteux que du minbar de cette mosquée il y ait un appel à l’effusion de sang entre les musulmans. J’ai été désagréablement surpris de voir un des imams de cette Mosquée faire des invocations pour la discorde et l’effusion de sang en Libye et en Syrie alors qu’il faisait des invocations en faveur de la réconciliation inter palestinienne entre Gaza et Ramallah ? Sur quel critère il a fait cette distinction qui prône la discorde entre les uns et la réconciliation entre les autres ? Ne sont-ils pas tous musulmans les uns et les autres ? Ne devrait-il pas, s’agissant des musulmans, faire la même invocation que celle des Prophètes ?

Nous nous sommes interrogés et nous les avons interpellés. Si Ibrahim, Moïse, le Fils de Marie, Mohamed et les autres Prophètes (saws) étaient parmi nous quelle aurait été leur discours : Tuez-les ou réconciliez-vous ? Les Prophètes sont plus aimants que les pères pour leurs enfants. Qui a vu un  père ordonner à ses enfants  de tuer, de voler ou de s’empresser à faire le mal ?

Ces gens là ont menti et leur mensonge est prouvé par la vérité venant des Prophètes.

Ceux parmi les savants qui disent des paroles conformes à celles des Prophètes ont dit la vérité, mais ceux qui disent le contraire des Prophètes ont menti quelque soit leur rang et leur notoriété. Les traces de chacun sont sur son visage : qui dit la vérité est reconnu par sa parole sincère, mais qui dit le faux est reconnu par sa parole fallacieuse et trompeuse.

Par conséquent il est du devoir des musulmans d’être vigilant : Celui donc  qui a écouté une parole de vérité et qu’il a reconnu comme vérité qu’il la suive en paix, mais celui qui est dans le doute ou la confusion qu’il ne s’empresse pas de suivre ou d’agir à l’aveuglette.

Allah est témoin que les hommes et les gens de Syrie dans les jours ou les mois prochains, seront témoins d’un lendemain qui sera celui d’un des Messies, ou le faux Messie le borgne menteur ou le vrai Messie le Fils de Marie. Qu’ils prennent garde à Allah.

Q : Que faire ?

R : Nous agissons et nous communiquons sur la vérité à suivre : mettre fin à l’effusion de sang et à la violence. J’ai dit et à maintes reprises que le savant qui dit ce qu’ont dit les Prophètes est véridique alors que celui qui se contente de dire son opinion contraire à la vérité des Prophètes est un menteur que les anciens Livres décrivent comme l’ivraie qui s’est mélangé au blé. Les opinions ne sont que du foin mélangé à de l’ivraie, sans crédibilité ni validité, car elles sont en opposition avec la parole prophétique. En général la parole qui incite au bien s’apparente à celle d’un Prophète, alors prenez garde à Allah et patientez, telle est la devise des Prophètes.

Attention ! Éviter le mensonge et les rumeurs, évitez les troubles.

Avec la même franchise   et les mêmes évidences sur lesquelles j’ai construit mon argumentaire… Il y a trois pivots  qui constituent le mal par excellence : Des médias mensongers, un savant menteur, et une base militaire propagandiste implantée dans le monde musulman. Le média menteur est  la chaine Al Jazeera. Le savant menteur est connu de tous, il a essaimé ses nids un peu partout avec ses partisans qui donnent crédit à ses mensonges. Celui qui prend garde de ses trois pivots a protégé sa religion et son honneur

Allah mon Dieu, est-ce que j’ai transmis ? Allah mon Dieu, soit Témoin ! Salut à vous et Miséricorde d’Allah sur vous !

Q : Sur le  déchirement entre les partis politiques et les groupes islamiques en Palestine et dans le monde musulman soutenu par le monde arabe qui soutient également  le terrorisme y-a-t-il quelque chose à dire ?

R : Par Allah, ce que nous venons de dire est suffisant pour montrer au petit et au grand ainsi qu’à l’ignorant et au connaissant la vérité qui est  évidente pour peu qu’on s’y intéresse. Les pays des Arabes et des Bédouins qui se sont constitués en fer de lance et de haine contre les Musulmans sont connus. Ce que nous savons vous le savez déjà. Si je vous cite Qatar, vous ne serez pas surpris. Si j’ajoute d’autres noms à Qatar, vous les connaissez déjà.

J’implore Allah d’accorder à l’ensemble des musulmans la sécurité, la paix et l’esprit sensé. Juste avant le début de notre déclaration on m’a interrogé s’il y avait un média qui excelle dans l’art de promouvoir la discorde, la rumeur et le mensonge et si la religion avait joué un rôle dans sa propagande médiatique. Je rappelle que le mensonge, la conjecture et la rumeur sont à la base de l’effusion de sang, de la perdition des gens :

 {La conjecture ne dispense en aucun cas  de la vérité}.

Si je dois me prononcer avec véracité et force je dirais qu’il n’est pas permis à tout musulman sous quelque prétexte que ce soit de se mettre à l’écoute d’une radio ou d’une chaine de télévision qui incite le musulman à l’effusion de sang, au meurtre de son voisin et de son frère.

Eux-mêmes savent que la vocation de ce média d’information n’est pas d’inciter à la Fitna, d’ailleurs il s’appelait « l’opinion et l’opinion contraire », il se présentait comme une culture, une information, une éducation. Comment et pourquoi il s’est transformé en avant-garde de guerre ? Par Allah, ce que ce média a commis dans le monde musulman est pire que ce qu’aurait commis une armée d’agression avec ses avions et ses chars.

Ce savant docteur que vous entendez, s’il n’y avait pas ce média pour lui donner tant de prestige et d’audience il n’aurait jamais commis tant de mal.

La source du mal est donc Al Jazeera. Qui apparait et parle dans cette chaine est perfide.

C’est ce que nous avons constaté de visu et à ce titre nous lui faisons porter la responsabilité l’effusion de notre sang et celui des musulmans jusqu’à ce que descende ‘Issa le Fils de Marie et jusqu’à ce que survienne la fin du monde pour savoir qui de nous était sur la vérité et quels étaient pour chacun de nous ses devoirs envers la vérité. On verra alors celui qui est venu avec la vérité de celui  qui était dans le fourvoiement évident. Est-ce que c’est suffisamment clair ?

Q : Avez-vous un message franc et direct à transmettre ?

R : Au Président syrien… ou plutôt à l’ensemble des Syriens : Celui qui envie un gouvernant pour prendre sa place est un fou à lier. Tous les rois et tous les présidents sont éprouvés par le pouvoir. Chacun de nous est responsable de ses quelques enfants et il devra en rendre compte le jour du Jugement dernier, alors imaginons le fardeau et la responsabilité d’un chef d’Etat qui devra  rendre compte à Allah  de 20 millions, de 50 millions  ou  de 100 millions de gouvernés.

Je dis donc au président syrien prends garde à Allah là où tu es, et sache que le pouvoir appartient à Allah qui n’a laissé vivant avant toi aucun Prophète ni leurs contemporains. Si tu fais du bien tu les fais pour toi-même, mais si tu fais du mal ce sera à ton détriment et au détriment de ceux qui sont avec toi. Si tu te comportes mal et si tu agis avec empressement ce sera toujours à ton détriment.

Allah sait que j’aime le bien et la bonne direction pour tout croyant et il n’y aucun bien en nous si nous maudissons les gouvernants au lieu d’invoquer en leur faveur pour qu’ils soient sensés, bien guidés et bienveillants envers les gouvernés. J’implore donc Allah qu’il guide  quiconque a la charge de gouverner les musulmans ou d’administrer leurs affaires  afin qu’il devienne un instrument pour la réforme et l’amélioration de ce dont il a la charge, car le bien des gens se réalise par la bienveillance et la compétence des gouvernants.

Il n’y a aucun bien à espérer pour les gens lorsque ces  gens invoquent Allah contre leurs gouvernants  et  les maudissent. Ces paroles s’adressent à ceux qui ont entendu, ainsi qu’à ceux qui ont mis le feu dans leurs pays. Lorsque je m’adresse au président syrien il faut comprendre que je m’adresse également au monarque du Qatar et aux autres monarques : prenez garde à Allah.

Dans les mois écoulés Allah a fait trépasser  des rois et des présidents et dans les mois prochains ce sera le tour des autres en sursis. La mort est ce qui attend tous les hommes et chacun, gouvernant ou gouverné doit prendre garde à Allah à qui il rendra compte.

J’insiste avant la fin pour dire que les présidents et les rois ont deux choses sacrées qu’ils ne peuvent transgresser ni s’en approcher : l’injustice et les droits des hommes d’une part, l’inviolabilité des pays musulmans d’autre part qu’ils ne doivent pas livrer à leur ennemi. Ne livrez pas nos pays à nos ennemis. Que le président de la Syrie ainsi que les autres prennent garde sur la première sacralité et qu’il continue de veiller sur la seconde. Il leur est interdit de livrer les pays musulmans à nos ennemis.

Allah mon Dieu soit Témoin !

Salam à vous !


Traduction : Omar Mazri

http://liberation-opprimes.net

Si vous voulez voir la vidéo traduite c’est ici

Cheikh Ibn-Ibrahim de la Mosquée Al Aqsa : initiative de paix contre le plan de la Fitna en Syrie

 

Signification du Dine. Partie 2

A – Cadre méthodologique d’étude du  Dine dans le Coran.

 [N]ous avons vu, dans la première partie, sur le plan lexical, la signification du Dine comme une polysémie qui diffère des autres religions. C’est un lien avec Allah, une dette de vie, une adoration, une sujétion au créateur, une tradition, une prière et une invocation, un devoir envers Dieu et les hommes, une relation spirituelle et sociale, une rétribution par l’enfer ou le paradis, une justice impartiale et équitable.

Nous avons vu également la prétention à se prévaloir d’une religion qui n’est pas un Dine au sens divin du terme. Toute religion inventée ou falsifiée est une dérive démiurge comme celle de Pharaon qui, confronté au Dine vraie, a eu peur de perdre son trône, son pouvoir de fascination sur les gens et d’oppression des peuples ainsi que sa prétention à la déité : « Je ne vous montre que ce que je vois, et je ne vous guide qu’au chemin de la droiture ». Pharaon exprime bien l’intervention humaine pour instrumentaliser la religion  par les castes magico-politiques et les empereurs à des fins politiques et mondaines :

 {Et Pharaon dit : « Laissez-moi tuer Moïse et qu’il invoque alors son Dieu ! Moi, j’ai peur qu’il n’altère votre religion ou qu’il ne fasse paraître la corruption de par la terre ».} Ghafir 26

Pour répondre définitivement à la  question si le terme Dine peut se confiner à celui de religion nous allons approfondir notre quête de sens par le recours au Coran qui est notre référence suprême et notre méthodologie :

 {Et Nous t’avons révélé le Livre : explicitation de toute chose, Direction infaillible, Miséricorde, et bonne nouvelle pour les musulmans.} An Nahl 89

Dans tout travail intellectuel il y a une démarche épistémologique : quelle est la source de la connaissance, quelle est sa validité, quel est son contenu, quelle est la distanciation nécessaire, quelle est son évolution ? Pour le Dine, le musulman a les réponses à ses questions dans le Coran et la Sunna dont nous allons extraire quelques règles fondamentales :

La première règle : Nous sommes croyants et notre foi repose sur le Ghayb qui échappe à l’intelligence  et à la perception. Nous n’avons vu ni Allah ni le Paradis ni les Prophètes, mais nous y croyons, car cette foi répond à un besoin innée de croire et un besoin innée de la nécessité de Dieu. Les signes divins (Ayat) sont des guides, des repères, des symboles, des manifestations évidentes, éclairantes, témoignant  de la présence de Dieu. Voilà pourquoi les premiers versets définissent la foi ainsi que  la source de la configuration de la religion :

 {Ce Livre-là, sans aucun doute, est une Direction infaillible pour les pieux, ceux qui croient au Ghayb, accomplissent la prière et dépensent de ce que Nous leur Avons Octroyé, et ceux qui croient en ce qui t’as été Révélé, en ce qui a été Révélé avant toi, et qui croient  foncièrement en la vie Future. Ceux-là sont sous une Direction infaillible de leur Dieu, et ceux-là sont ceux qui cultivent.} Al Baqarah 1 à 5

La seconde règle : C’est Allah qui a choisi ce Dine et c’est donc Lui qui  en définit pour nous le contenu, les préceptes,  la méthodologie (Chari’a) et les principales lois (Ahkam) sur lesquelles tout débat n’est que polémique stérile qui ne relève pas de ce Dine :

 

{Dis : « Allez-vous apprendre à Allah quelle est votre Dine, alors qu’Allah Sait ce qui est dans les Cieux et ce qui est en la terre ? » Allah Est Tout-Scient de toute chose. Ils pensent te faire une faveur d’avoir adopté l’Islam ! Dis : « Vous ne me faites aucune faveur avec votre adoption de l’Islam. Mais c’est Allah qui vous Fait une faveur en vous Guidant vers la foi, si vous êtes véridiques ».} Al Houjourate 16

La troisième  règle : Ce Dine est voulu par Allah il n’y a pas de place à l’improvisation, à la confusion,  ou à l’anarchie. A ce titre le premier appel des Croyants dans le Coran va leur dire que tout le Dine repose sur un ordre divin : «Ne dites pas ceci, mais dites cela » :

 {O vous qui êtes devenus croyants, ne dites pas : « Rà‘ina (راعنا)», mais dites : « Veille sur nous (انظُرْنَا) », et obtempérez. Et aux mécréants, un douloureux châtiment.} Al Baqarah 104

Les Juifs avaient l’habitude de taquiner le Prophète (saws) en jouant sur les mots. Les bédouins hypocrites avaient egalement comme les Juifs l’habitude de se montrer sous un visage plaisant alors qu’ils voulaient une religion tissée sur mesure pour eux et non un Dine choisi par Allah pour l’humanité. L’hypocrite a tous les aspects extérieurs du musulman, mais son cœur est imbu du veau et de la mécréance :

 {Les bédouins disent : « Nous sommes devenus croyants ». Dis : « Vous n’êtes pas devenus pas croyants, mais dites : “Nous sommes devenus musulmans ”, car la foi n’est pas encore entrée en vos cœurs ». Mais si vous obéissez à Allah et à Son Messager, Il ne vous Diminuera rien de vos œuvres. Certes, Allah Est Absoluteur, Miséricordieux. Les croyants sont seulement ceux qui croient en Allah et en Son Messager, et après cela ils n’ont point douté, et ont combattu avec leurs biens et par leurs personnes, pour la Cause d’Allah. Ceux-là sont les véridiques.} Al Houjourate  14 à 15

La quatrième  règle : obéissance totale à Allah et au Prophète :

 {O vous qui êtes devenus croyants, ne devancez pas Allah et Son Messager dans le  jugement.} Al Houjourate  1

Cette obéissance impose de prendre distance sur sa propre opinion et ses propres intérêts  et ne pas faire de surenchère sur la parole du Prophète. Le Prophète a transmis ce qu’il devait transmettre. Son silence n’est pas oubli ni incapacité pour que certains s’imaginent comprendre mieux que lui l’époque ou le milieu alors qu’Allah lui a fait voir le passé et l’avenir. Qui élève au sens propre et au sens figuré sa voix sur le Prophète a porté atteinte au Dine. Un hadith ne peut être invalidé que s’il a une source invalide ou si ses termes ou son sens est invalidé par le Coran.

 {O vous qui êtes devenus croyants, n’élevez pas vos voix au-dessus de la voix du Prophète} Al Houjourate  2

La cinquième  règle est le parachèvement, la complétude et le parachèvement de ce Dine :

 {Aujourd’hui, les négateurs ont perdu tout espoir de vous détourner de votre religion, ne les craignez donc plus et craignez Moi. Désormais, J’ai parachevé pour vous votre religion, J’ai parfait ma Grâce envers vous, et J’ai agréé pour vous l’Islam comme religion.} Al Maidah 3

{Rien ne peut changer les paroles d’Allah} Al An’âm 34

Le culte, le rite, la méthodologie, l’idéologie, la morale, le licite, l’illicite, l’esthétique, et tout ce qui permet au musulman de vivre en tout lieu et toute époque en conformité avec son Dine sont achevés. Toute tentative, au nom de l’Ijtihad, du pragmatisme, de la modernité ou de la nécessité pour apporter des compléments à ce Dine sont nuls et non avenus car Allah a parachevé ce Dine et a décrété qu’il n’y a pas de changement à sa Parole :

 {Ou bien auraient-ils des fois des associés (de Dieu) qui leur auraient fait à partir de la religion une législation leur prescrivant ce que Dieu n’a jamais autorisé ?} As Choura 21

 {Interroge les descendants d’Israël : combien ne leur avons-Nous pas apporté de Signes évidents! Celui qui altère la grâce d’Allah, à partir du moment où elle lui a été donnée, certes Allah le punira sévèrement.} Al Baqarah 211

 «Certes, le livre d’Allah véhicule le discours le plus vrai. Le meilleur enseignement est celui de Muhammad. Les inventions sont les pires des choses. Toute invention est une innovation. Toute innovation est une aberration, et toute aberration conduit à l’enfer.» Hadith

Le cadre de réflexion étant posé on comprend tout de suite qu’on ne peut expliquer le Dine par le recours au profane et aux auteurs du positivisme. On comprend également que celui qui n’adhère pas à ce cadre par sa foi ne peut continuer à lire la suite, car il s’agit d’une quête pour mieux comprendre et vivre ce Dine selon la Volonté d’Allah et non selon nos opinions ou les coutumes de nos parents. Le Coran nous donne la clé méthodologique de sa compréhension :

 {Ne méditent-ils donc pas sur le Coran, ou bien certains cœurs portent-ils leurs scellements.} Al Jàtiya 24

Allah [swt] désigne, dans l’ensemble du Coran, le Cœur comme le lieu ou la faculté de l’entendement psycho-affectif de la foi, de l’adoration, de l’amour et de la spiritualité. En français le cœur n’a pas de signification, mais en arabe le coeur (Qalb) signifie le moule et la matrice (le qaleb) et le retournement ( taqaloub) qui fait changer tout le destin. C’est le cœur qui se met en émoi (mouvement) pour croire et pour obéir. Le doute qui rejette la foi (Rayb)provient du cœur. L’intellect est le siège et la faculté de la cognition, de la logique et du  doute logique et pragmatique (Chekk) qui cherche les preuves, les signes, l’argumentation pour confirmer ou infirmer la foi et l’observation. Les deux se conjuguent en harmonie dans une personne équilibrée qui a trouvé le sens et la méthode, sinon c’est la confusion et le désarroi. Les deux se conjuguent en harmonie dans une personne équilibrée qui a trouvé le sens et la méthode, sinon c’est la confusion et le désarroi. C’est par ce message que s’ouvre la sourate al Ahzab :

 {O Prophète, crains Allah et n’obéis pas aux mécréants et aux hypocrites. Certes, Allah a toujours été Tout-Scient, Sage. Et suis ce qui t’est inspiré de ton Dieu. Certes, Allah a toujours été Omniscient ce que vous faites. Et fie-toi à Allah, et qu’Allah te suffise Procurateur. Allah n’a point fait à l’homme deux cœurs dans son for intérieur.} Al Ahzab 1-2

Ni le Prophète ni aucun autre homme ne peuvent suivre ou aimer deux objets contradictoires, deux partis opposés tels que le parti d’Allah et le parti de Satan, le parti des Croyants et le parti des renégats et des hypocrites. Il y a un choix à faire, une position à prendre, un parti à suivre. Nous pouvons aimer Allah, le Coran, le Prophète, nos enfants, nos épouses, nos parents, notre travail, notre patrie, nos amis et nos frères sans épuiser le potentiel d’amour que nous avons, car nous sommes en harmonie et non en contradiction. Ces amours sont recommandés s’ils ne sont pas en contradiction les uns aux autres. S’il y  a contradiction ou priorité alors l »amour et l’obéissance reviennent à Allah [swt] et à Son Prophète [saw].

Notre Prophète (saws) est bien l’incarnation du Coran :

« Nul d’entre vous ne verra ses œuvres dans la rectitude si son cœur n’est pas dans la rectitude. Le cœur ne serra dans la rectitude que si la parole est droite » Hadith

Celui qui se donne le temps de méditer la sourate al Ahzab verra que le critère de l’amour et du cœur est la sincérité, la véracité. Il ne peut y avoir cohabitation entre la vertu et la perversion, entre le mensonge et la vérité, entre la foi et la transgression des limites d’Allah. Allah exige un cœur sincère, un être dévoué qui assume le Dine et le défende :

 {Il est parmi les croyants des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Il est d’entre eux qui (a accompli son vœu et) mourut (en martyr), et il  est d’entre eux qui attendent, et ils n’ont pas changé leur détermination, afin qu’Allah Récompense sûrement les véridiques pour leur véracité, et Châtie les hypocrites} Al Ahzab 23

Allah s’est montré  exigeant envers Son Prophète sur la sincérité et l’amour. Celui-ci doit  se montrer exigeant envers sa famille sur le même principe :

 {O Prophète, dis à tes épouses : « Si vous désirez la vie terrestre et son faste, venez alors que je vous donne (les moyens) de vivre et que je vous libère avec générosité ». Mais si vous aspirez à Allah, à Son Messager et à l’autre Demeure, alors Allah a préparé, à celles qui font le meilleur d’entre vous, une immense rémunération.} Al Ahzab 28 à 29

Il n’est pas permis à un savant ni à intellectuel ni à un guide d’imposer ce Dine alors que lui manque de sincérité et n’a pas accompli ses devoirs envers ses proches pour les inciter à l’amour de la vérité. Lorsque ses conditions sont remplies et que le travail de purification ontologique et sociale est convenablement accompli alors la société est en mesure de suivre ces modèles de vertu et vivre le Dine en conformité avec le Dine :

{Quand Allah Décide d’une chose, ainsi que Son Messager, il n’est pas de mise qu’aucun croyant, ni aucune croyante, aient le choix dans leur affaire. Et quiconque désobéi à Allah et à Son Messager, il s’est fourvoyé un vrai évident fourvoiement.} Al Ahzab 36

Lorsque le cœur est rempli de la foi et éduqué pour être sincère alors sa langue et sa mémoire ne font qu’évoquer Allah en tout lieu et tout moment :

 {O vous qui êtes devenus croyants, évoquez beaucoup le Nom d’Allah, et exaltez-le à l’aube et au crépuscule.} Al Ahzab 41

Allah montre l’assistance et le résultat qu’obtient un cœur dévoué :

 {C’est Lui qui Est Tout-Miséricorde envers vous, et Ses Anges L’implorent de vous Absoudre, pour vous faire sortir des Ténèbres à la Lumière. Il A toujours Été Miséricordieux envers les croyants.} Al Ahzab  43

Ce verset est la récompense des adeptes sincères de ce Dine.

La méthodologie du Taddabur du Coran consiste à utiliser le cœur et la raison. Elle consiste  à aller chercher le sens d’un mot ou d’un signe en allant derrière (dobbor)  le sens initial et isolé de ce mot ou de ce signet  pour lui trouver  à la fois la liaison de sens avec d’autres mots et d’autres versets qui sont en amont ou en aval en tenant compte du contexte non seulement du verset mais de l’énoncé global qui entoure le verset ainsi que la finalité de la Sourate. La lecture est dynamique, hypertextuelle, non linéaire trouvant le sens dans la cohérence interne du Coran qui s’explique par lui-même comme l’a dit le Prophète (saws).  Le contexte de ce verset sur le Taddabur qu’on traduit imparfaitement par méditation nous montre la démarche de l’étude du Coran : la conjugaison de l’intellect et de l’affect qui se cultivent par l’étude et la vision intérieure ou la connaissance innée qui est un don qu’Allah dépose dans le cœur du croyant sincère qui cherche à comprendre la Parole divine par amour de la vérité.

C’est ce travail de recours à l’énoncé coranique qui va nous donner une grille de lecture exhaustive pour voir la différence entre le Dine et la religion et pour dire si le Christianisme et le Judaïsme sont du Dine conforme  à la parole d’Allah. Ainsi lorsque les philosophes musulmans, partisans du dialogue des religions, au lieu du dialogue des cultures ou des peuples, nous disent que l’Islam est le troisième rameau du monothéisme ou nous parlent des religions célestes, nous n’allons pas polémiquer sur leurs inepties, mais les renvoyer aux définitions du Dine dans le Coran. Nos opinions personnelles ainsi que les leurs sont sans valeur et sans crédit lorsqu’il faut se prononcer sur  l’Islam et sur les autres religions en toute objectivité et en toute conformité à la parole divine.

 B – La Fatiha  et ses implications spirituelles et actancielles dans la définition du Dine.

 La Fatiha, le prologue, l’essence du Coran, le cœur du Livre, l’Ouverture  est un contenu qui n’existe dans aucune religion sur cette planète sur le plan de l’énoncé, du  contenu ou du sens. La Fatiha annonce que le Dine est le Jugement dernier signifiant l’acquittement de la dette de vie, de la dette des capacités et facultés accordées, de la dette de la terre assujettie à l’homme et des bienfaits divins évidents ou subtiles

 {Au nom d’Allah, le Miséricordeur, le Miséricordieux. Louanges à Allah, Dieu des Univers ; Le Miséricordeur, Le Miséricordieux ; Maître du Jour du Jugement. C’est Toi Seul que nous adorons et c’est à Toi Seul que nous recourons. Guide-nous vers le chemin de rectitude, le chemin de ceux que Tu as gratifiés : ni les réprouvés, ni les fourvoyés.} Al Fatiha

La Fatiha,  Oumm al Kitab ( la matrice, le moule du Coran), signifie implicitement le respect de l’alliance originelle qu’Allah a fait prendre à l’Homme  dans la prééternité lors de la création de  l’humanité comme des occurrences virtuelles  d’Adam et qu’il les a fait témoigner sur la foi. En en Sa Qualité d’Al Haq Al Wajad celui qui est la seule réalité qui donne existence à ce qui était néant ou à ce qui était virtuel, Allah crée et donne existence réelle ou latente à une ou plusieurs occurrence de Son Acte créateur comme des possibilités qui se manifestent selon Son dessein en des réels potentiels, non actuels pour nous,  puis en des réels actualisés dans un lieu et dans un moment  de notre présence dans ce monde  :

 {Et lorsque ton Seigneur Prit des descendants d’Adam, de leurs dos, leur postérité, et les Fit témoigner contre eux-mêmes : « Ne Suis-Je pas votre Seigneur ? » Ils dirent : « Bien sûr, nous témoignons. » Afin que vous ne disiez point le Jour de la Résurrection : « Nous étions inattentifs à cela. »} Al A’âraf 174

La Fatiha est la sourate qui accompagne la Salàt : Toute Salàt sans récitation de la Fatiha est invalide. Elle est le dialogue direct, sans intermédiaire, entre le Croyant et Son Créateur. Elle est la reconnaissance de la souveraineté d’Allah, et la gratitude pour Ses bienfaits. Elle est la crainte et l’espérance qui forme la piété (Taqwah) dans le cœur et sa traduction dans les faits.

Elle est l’engagement permanent de défendre le « nous » qui forme le collectif sans lequel il n’y a pas de Dine au sens coranique. Le sens social et communautaire est dans cette répétition  tout au long de sa vie des  trois « nous » qui modulent et configurent l’existence du musulman dans l’adoration, la quête de protection et  le suivi de la droiture « C’est Toi Seul que nous adorons et c’est à Toi Seul que nous recourons. Guide-nous vers le chemin de rectitude » qui répondent en écho à ce verset sublime qui ne prête à aucune confusion :

 {Certes, celle-ci est votre Communauté, une Communauté unie, et Moi Je Suis votre Dieu, adorez-Moi. Mais ils divergèrent entre eux. Ils seront tous ramenés vers Nous.} Al Anbiya 92-93

La divergence et le désaccord ne sont pas des facteurs de consolidation du Dine, mais des tares qui conduisent à sa démolition ou à sa perversion. Les musulmans en se dispersant en groupes, en factions, en sectes, en doctrines ont semé les graines de leur fragmentation et de leur lutte intestine qui vont s’ajouter au Wahn de ces siècles passés de décadence. Le texte coranique est évident, il blâme la divergence et ce qui y conduit :

 {Les hommes ne formaient qu’une seule communauté, mais ils divergèrent. Et n’était-ce un Décret préalable de ton Dieu, c’en aurait été fait entre eux sur ce dont ils divergeaient.} Younes 19

Comment être ou espérer être le parti d’Allah alors que chacun de nous est  partisan pour une idéologie, une doctrine, une faction, une secte qui se donne des noms et des prétentions d’être les dépositaires absolus de la vérité favorisant ainsi la divergence et l’éloignement de la culture de la foi, de la vertu, de l’intelligence collective, du territoire de vie, de la félicitée dans l’au-delà :

 {Allah a été  satisfait d’eux et eux ont été satisfaits de Lui. Ceux-là forment  le parti d’Allah. Certes oui, le parti d’Allah est celui qui cultive.} Al Mujudalah  22

Allah nous recommande de ne pas prendre les judéo-chrétiens  comme protecteurs dans un sens global. La protection et l’alliance ne veut pas dire uniquement la tutelle politique ou l’alliance militaire, mais l’alignement idéologique et culturel sur leurs doctrines de vie, leurs modes de pensée, leur organisation et tout ce qui nuit à l’esprit et à la lettre de l’Islam. Nous sommes non seulement en train de leur donner l’accès des terres musulmanes  leur prédation économique et à l’implantation de leurs bases militaires, mais nous les prenons comme modèles d’inspiration de l’Etat et de nos partis y compris ceux se réclamant de l’Islam. Analysons le contenu de l’énoncé coranique et tirons toutes les conséquences en termes de compréhension de notre Dine :

 {O vous qui êtes devenus croyants, ne prenez point les Juifs et les Nazaréens comme protecteurs. Ils sont protecteurs les uns des autres. Quiconque d’entre vous les prendrait comme protecteur, il sera des leurs. Certes, Allah ne guide point les gens injustes. Ainsi, tu vois ceux qui ont une malveillance dans leurs cœurs s’empresser vers eux, disant : « Nous craignons qu’un malheur ne nous frappe ». Mais Allah Apportera la Victoire, ou une chose de Sa Part. Alors ils auront du remords pour ce qu’ils ont dissimulé dans leur for intérieur. Et ceux qui sont devenus  croyants disent : « Sont-ce ceux-là, ceux qui ont juré par Allah, de tous leurs serments, qu’ils sont avec vous ? ! » Vaines ont été leurs œuvres, alors ils furent des perdus. O vous qui êtes devenus  croyants, quiconque d’entre vous renie son Dine, Allah fera venir des gens qu’Il aime et qui L’aiment, humbles à l’égard des croyants, fermes à l’égard des renégats, qui s’efforce dans  la voie d’Allah et ne redoutent point le blâme d’un censeur. Cela est la Munificence d’Allah, Il l’Accorde à qui Il Veut. Allah Est Tout-Largesse, Tout-Scient. Toutefois, votre Protecteur est Allah, son Messager et ceux qui sont devenus    croyants : ceux qui accomplissent la prière, qui s’acquittent de la Zakàt, tout en étant modestes. Et quiconque prend comme Protecteur Allah, Son Messager et ceux qui sont devenus  croyants : c’est le Parti d’Allah qui est  les vainqueur.} Al Maidah  52 à 56

Ces mêmes qui s’alignent sur l’Occident dans leur organisation partisane et les autres qui rejettent l’Occident et se croient la faction sauvée en entretenant l’exclusion, l’exclusive et la partition idéologique et religieuse de la communauté musulmane au lieu de sa fédération, de son unification et de sa fraternisation  ont pris leur Dine pour amusement,  une opinion personnelle, et une visée mondaine oubliant le  un « nous », celui du  collectif engagé dans l’obéissance d’Allah, et l’amour les uns envers les autres.  Allah nous demande de transcender nos différences sociales, intellectuelles et économiques  pour  harmoniser et fraterniser la société et la laisser se concentrer sur sa vocation de « meilleur communauté suscitée pour l’humanité » :

 {C’est Nous qui avons distribué leur mode d’existence dans la vie terrestre, et Nous avons élevé les uns d’entre eux au-dessus des autres, de quelques degrés, afin que les uns soient au service des autres. Et la Miséricorde de ton Dieu est meilleure que ce qu’ils amassent.} As Zukhruf 32

Allah a instauré la différence et la divergence comme moyen de singularité individuelle et facteur d’attraction sociale pour que chacun serve les autres dans le cadre du bénévolat, du salariat, de l’entreprenariat ou de la famille. Par cette attraction sociale qui met les gens en partenariat sur une base de solidarité Allah vise la complémentarité des dons, la promotion du mérite, la mise à l’épreuve de la foi et la synergie qui crée l’unité dans la diversité des aptitudes individuelles et dans les compétences territoriales sur le plan des ressources et des spécialisations en termes de métiers et d’activités.  Ce principe est antinomique avec la divergence des partis et des doctrines dans le même Dine car elle sape l’unité, la cohésion par la rivalité politique et la compétition partisane pour le pouvoir. Il ne s’agit pas de ne plus faire de politique ni de ne pas recourir aux références islamiques en matière de militantisme pour le bien et l’intérêt public, pour la gestion juste et équilibrée de la cité, pour un vivre ensemble reconnaissant à chacun ses droits et ses devoirs, ses libertés et son exercice citoyen dans la souveraineté du peuple sur ses ressources, son devenir. Il s’agit de ne pas laisser la religion instrumentalisée par l’esprit partisan  dans la conquête du pouvoir ou le maintien du pouvoir. Il s’agit de ne pas rendre la politique une dérive vers la discorde au nom de la religion ou contre la religion. Faire de la politique est un devoir religieux, mais s’enfermer dans un cadre partisan c’est dévier de la voie sensée des Prophètes.

Le Croyant doit se poser les questions suivantes et y répondre avec franchise : Est-ce qu’Allah a deux ou plusieurs partis ? Est-ce qu’Il deux ou plusieurs religions ? Est-ce qu’il a dans le Coran des versets qui se contredisent ou qui s’abrogent ? Qui est le parti d’Allah ? Comment démarquer le parti d’Allah du parti de Satan lorsque les musulmans activent dans l’arène politique en rangs dispersés, contradictoires, ennemis les uns des autres ?

Lorsque nous méditons le Coran nous voyons que si le Dine a commencé de nouveau  par la Fatiha pour enraciner la spiritualité, il a commencé de nouveau dans l’histoire des hommes et dans leur méthodologie nouvelle par la lecture. La lecture est la quête de sens et la quête de la finalité de l’existence. Sans lecture il n’y ni livre, ni mémoire, ni inscription et conservation de sens, ni apprentissage, ni libération de l’homme du temps et de l’espace et des limites de sa mémoire qui confinent son existence :

 {Lis, au nom de ton Dieu, Celui qui a créé. Il a créé l’homme de ‘alaq. Lis, ton Dieu est le Sublime absolu,  Celui qui a enseigné par le Calame. Il enseigna à l’homme ce qu’il ne savait pas.} Al ‘Alaq 1

Lorsque nous méditons le Coran nous voyons qu’après la lecture c’est-à-dire la science qui part en quête de Dieu, de la connaissance de Ses Noms, de Son dessein pour l’homme, nous sommes tenus par la seconde sourate révélée alors que Mohamed (saws) venait se blottir auprès de son épouse par peur de la lourde charge de la révélation qui lui demande de porter un livre alors qu’il était un oummi qui ne connait ni la lecture ni l’écriture et qui n’a jamais eu accès à l’écoute des livres religieux ou philosophiques  de son temps et notamment l’Evangile et  la Tora. Le sens coranique de oummi n’est pas celui d’illettré ou d’analphabète, mais celui d’intégrité et de virginité sur le plan intellectuel et spirituel le rendant pure et sain de toute influence extérieure autre que le bon sens naturel et l’idée de Dieu qu’il avait par sa Fitra. Allah va lui confier sa mission qui va d’abord consister à une éducation personnelle le rendant apte à la seconde mission, celle de la prédication :

 {O toi, l’emmitouflé,  lève-toi pour prier la grande partie de la nuit : sinon sa moitié, ou un peu moins, ou un peu plus, et récite le Coran avec beaucoup de soins. Nous Allons te Révéler une parole solennelle. Certes, l’adoration nocturne est plus intense et de meilleure consistance. Tu as certes, pendant la journée, amplement de temps. Et évoque le Nom de ton Dieu, et dévoue-toi à Lui totalement. Dieu du levant et du ponant, il n’y a point de Dieu que Lui, prends-Le donc pour Procurateur.} Al Mouzzamil 1 à 9

Si la première sourate fixe la finalité et la méthodologie du Dine, la seconde en définit le contenu. Ce contenu est la prière, l’étude du Coran, l’adoration,  vivre avec la présence et dans la proximité d’Allah, le dévouement et la remise en toute confiance à Allah qui est le Protecteur.  C’est principalement ce contenu que Mohamed va prêcher durant son existence et l’enraciner dans le cœur des croyants pour les libérer du paganisme, de l’obscurantisme et en faire des prédicateurs libérateurs et civilisateurs.   Le Dine est donc davantage un état d’esprit, une éthique, une esthétique de comportement de l’homme créature envers Allah son créateur. La Salat est le cœur de ce Dine car elle est une intimité avec Allah, une éducation morale et spirituelle, mais aussi  une fédération sociale et une incitation au bien comme le spécifient les versets coraniques dont nous citons quelques versets à titre d’illustration :

 {… qui répondent à l’appel de leur Seigneur, accomplissent la Salàt, se consultent entre eux à propos de leurs affaires, dépensent de ce que Nous leur attribuons, et qui, atteints par l’injustice, ripostent.} As Choura 38

{Récite ce qui t’est révélé du Livre et accomplis la Salat. En vérité la Salat préserve de la turpitude et du blâmable. Le rappel d’Allah est certes ce qu’il y a de plus grand.} Al ‘Ankabout 45

{Cultive, certes, celui qui se purifie, et se rappelle le nom de son Seigneur, puis célèbre la Salàt.} Al A’âla 14-15

L’effort de méditation sur le rapport entre le Dine et la Salat dans leur double configuration spirituelle et temporelle nous amène à la plus courte sourate du Coran dont le  nom est  « l’Abondance » :

 {Certes, Nous t’avons donné l’abondance. Prie donc ton Dieu et immole.} Al Kawtar 1

Nous voyons le lien qui s’établit entre le lien ininterrompu entre Allah, Son don à profusion comme récompense et le croyant invité à l’espérance et à la gratitude  dans une sourate qui est la plus courte du Coran (10 mots arabes sur 3 versets). Le sublime du Coran se révèle dans ses métaphores et ses oxymores. Ici nous sommes en présence d’un nombre minimal de mots qui annoncent l’abondance infinie dans un monde infinie et éternel.

L’imam Ibn Ibrahim abou ‘Araf de la Mosquée Al Aqsa dit dans son commentaire sur cette sourate qu’il n’y a de don à profusion que s’il y a persistance de bienfaits de la part d’un Bienfaiteur immuable et détenteur de toute chose, il n’y a de persistance de bienfaits que s’il y a abondance et il n’y a abondance que s’il y a agreement, agrément de Dieu envers Son dévoué pour sa vertu et satisfaction du Croyant envers son créateur pour lui exprimer sa gratitude et lui rendre grâce  : « Louages à Allah Maitre des univers ».

Symboliquement le Coran nous délivre le message suivant : Allah en échange du peu de vos œuvres Il vous donne l’abondance infinie et éternelle. Le critère n’est pas la quantité des œuvres, mais la qualité, la loyauté et la sincérité :

 {Certes, ceux qui récitent avec assiduité et minutie le Livre d’Allah, accomplissent la prière et font aumône  de ce que Nous leur avons octroyé, en secret et en public, aspirent à un négoce dont le gain est intarissable, afin qu’Il leur règle intégralement leurs rémunérations, et les gratifie d’un surplus de Sa Munificence. Il Est Absoluteur, Très-Gratifiant.} Fàtir 29-30

En dix mots très courts Allah montre la profusion de biens qui découle du Dine qui est exprimé, ici, en quatre pivots : l’étude et la mise en application du  Coran comme méthodologie et contenu de la foi, le suivi du modèle prophétique comme modèle de vie, la Salat comme ressourcement spirituel et purification ontologique et sociale, l’aumône comme don de ses biens pour les indigents. Il ne peut y avoir de Dine sans Salat accomplie dans le respect de ses règles cultuelles, ontologiques et sociales. Il ne peut y avoir de Dine sans justice sociale, il ne peut y avoir de Dine sans crainte d’être désavoué par son immoralité ou son injustice, il ne peut y avoir de Dine sans  espérance en la Promesse d’Allah et en l’attente active de cette promesse par la persévérance et la patience.  Il ne peut y avoir de Dine sans implication sociale et tout particulièrement envers les pauvres et les nécessiteux.  Le Dine ce sont l’ensemble des  mœurs sociales fondées sur la foi, la vertu,  convivialité, le partage et la solidarité :

 {La bonne foi ne consiste pas à tourner vos visages vers le levant et le ponant. Mais la bonne foi désigne: celui qui croit en Allah, au Jour Dernier, aux Anges, au Livre et aux Prophètes; et qui donne de son bien _  malgré l’amour qu’il lui porte _ à ceux qui sont proches, aux orphelins, aux miséreux, au passager démuni, aux nécessiteux et pour l’affranchissement des esclaves; qui accomplit la prière, s’acquitte de la Zakàt; et ceux qui tiennent parole s’ils promettent ; et les persévérants lors du malheur et de l’adversité, et au moment du mal de la guerre. Ceux-là sont ceux qui ont été véridiques et ceux-là sont les pieux.} Al Baqarah  177

{… au sujet des criminels: « Qu’est-ce qui vous a acheminés à Saqar? »  Ils diront: « Nous n’étions pas de ceux qui faisaient la Salàt,  et nous ne nourrissions pas le pauvre, nous nous associons à ceux qui tenaient des conversations futiles,  et nous traitions de mensonge le jour de la Rétribution,  jusqu’à ce que nous est venue la vérité évidente (la mort). } Al Moudathir 41-47

 «  Quel est la meilleure pratique de l’Islam O Prophète ?  L’islam est que tu fasses manger ceux qui ont faim et que tu salues (tu accordes la paix) celui que tu connais ainsi que celui que tu ne connais pas » Hadith

« C’est quoi l’Islam  O Prophète ?  L’islam est la bonne parole et l’offre à  manger »

Le Dine peut se résumer en une sorte de contrat entre l’homme et son Créateur.  Chacun est invité à se poser la question en son for intérieur : Si Allah t’a donné et va te donner sans interruption un don  tu ne peux donc que  l’adorer par gratitude, mais tu ne peux l’adorer comme bon te semble, tu dois donc  prier, faire le bien et maintenir le lien attaché à lui d’une manière interrompue et discipliné selon la manière enseigné par Son Prophète.

La sourate Al Kawthar  permet donc de définir le Dine comme l’institution de la prière qui génère les bons comportements et la noblesse du cœur pour que le croyant devienne un agent social qui donne en abondance au lieu d’être un assisté qui ne cherche qu’à prendre ou un corrompu qui spolie autrui. Le Prophète Salomon a reçu l’ordre de distribuer les dons qu’Allah lui a donné à profusion sans compter à ceux qui ont droit et de ne pas les distribuer  à ceux qui n’ont pas droit ou qui ont démérité. Le Dine est la Justice et l’équité  dans la distribution des biens et des ressources sans gaspillage et sans atteintes aux droits légitimes et aux besoins des hommes :

 {Cela est Notre don, distribue-le ou conserve-le sans compter.} Sad 39

Le Dine compris par don espéré en contrepartie des dettes acquittées ne sera valide et authentique que s’il se pratique pour l’amour d’Allah et non par mimétisme social. Il ne peut y avoir Dine ou don à autrui alors que la dignité d’autrui est bafouée. Le Dine est invalide lorsqu’il y a tromperie et leurre dans l’intention ou dans l’acte, même si nous ne pouvons par nous-mêmes dire à un tel que son Dine est valide ou non.  Il y a plusieurs invalidités du Dine nous en citons quelques une :

La première invalidation  est la transgression du devoir d’obéissance à Allah et au Prophète (saws) :

 {O vous qui êtes devenus croyants, obéissez à Allah et obéissez au Messager, et n’annihilez pas vos œuvres.} Mohammed 33

La seconde  invalidation  est l’atteinte à la dignité d’autrui :

 {Ceux qui dépensent leurs biens pour la cause d’Allah, puis ne font pas suivre ce qu’ils dépensèrent de vantardise, ni de nuisance, auront leur rémunération auprès de leur Dieu. Nulle crainte pour eux et ils ne seront point affligés. Un dire convenable et un pardon sont meilleurs qu’une aumône suivie de nuisance. Allah s’en Passe, Il Est Longanime. O vous qui êtes devenus croyants, n’annihilez pas vos aumônes par la vantardise et la nuisance, comme celui qui dépense son bien par ostentation devant les hommes, et qui ne croit ni en Allah ni au Jour Dernier. Son exemple est comme l’exemple d’un rocher couvert de poussière, qu’une averse frappa et laissa tout aride. Ils n’ont aucune prise sur ce qu’ils ont acquis, et Allah ne Guide point les gens mécréants.} Al Baqarah 262 à 264

L’être sensé comprends que si l’ostentation ou le mépris annule une œuvre considérée comme fondamentale dans le Dine alors que dire du meurtre sans justice et sans droit d’un homme, et que dire des appels à prendre les armes contre des tyrans sans avoir épuisé les solutions pacifiques ni avoir pris les précautions pour ne pas mettre leur pays en ruines et ne pas mettre la vie des innocents en danger ou considérer les fonctionnaires de l’armée et de la police comme des mécréants méritant la mort sous prétexte qu’ils défendent le tyran mécréant :

 {Il n’appartient point à un croyant de tuer un croyant sauf par erreur.} An Nissa 92

{Quiconque tue un croyant intentionnellement, sa punition sera la Géhenne où il s’éternisera ; Allah le Frappera de Sa Colère, le Maudira et lui Préparera un immense châtiment.} An Nissa 93

{Si jamais tu tends ta main vers moi pour me tuer, je ne tendrai point ma main vers toi pour te tuer. Je crains Allah, Dieu des Univers} Al Maidah 28

{Quiconque tue une personne sans qu’elle ait tué ou corrompu de par la terre, serait comme s’il avait tué les hommes en totalité, mais quiconque la laisse vivre, serait comme s’il avait laissé vivre les hommes en totalité} Al Maidah 32

« Le Croyant demeure dans la vastitude du Dine tant qu’il n’ pas provoqué l’effusion du sang sacré » Hadith

La troisième invalidation est rompre l’Alliance avec Allah, rompre les liens de parenté et rompre les promesses et les pactes sans justice :

 {Certes, Allah n’est pas embarrassé de fournir en exemple un moustique ou ce qui est davantage plus infime. Quant à ceux qui sont devenus  croyants, ils savent que c’est la Vérité émanant de leur Dieu; et quant à ceux qui sont devenus  mécréants, ils disent : « Qu’a-t-Il voulu, Allah, par cela ? » C’est un exemple avec lequel Il fourvoie énormément et guide énormément; mais Il ne fourvoie que les pervertis, ceux qui violent l’Alliance d’Allah après l’avoir conclu, qui rompent les liens qu’Allah a commandé de maintenir, et qui corrompent de par la terre; ceux-là sont les perdus.} Al Baqarah 26-27

La quatrième  invalidation est le fanatisme et l’extrémisme :

 {O gens du Livre, pourquoi confondez-vous le Vrai avec le faux et taisez-vous la Vérité en le sachant ?} Ali ‘Imrane  71

{Dis : « O gens du Livre, n’exagérez point dans votre religion par la contre-vérité. Ne suivez point les passions de quelques gens qui se sont déjà fourvoyés, qui ont beaucoup fourvoyé, et qui se fourvoyèrent de la rectitude de la voie.} Al Maidah 77

« Faites attention au fanatisme dans la religion. Des nations antérieures ont été anéanties par leur exagération dans la religion »

 « Malheurs aux extrémistes »

La cinquième  invalidation est la subordination idéologique, culturelle  et religieuse aux non musulmans qui place l’ennemi de l’Islam en tuteur sur les esprits et les territoires des musulmans :

 {Et un groupe des gens du Livre dit : « Croyez en ce qui fut Révélé aux croyants, en début de journée, et mécroyez en sa fin, peut-être en reviendraient-il ? Et ne vous fiez qu’à celui qui suit votre religion ».} Ali ‘Imrane  72 à 73

{O vous qui êtes devenus croyants, ne prenez point comme protecteurs ceux qui tournent  votre Dine en dérision et en moquerie, de parmi  ceux à qui le Livre a été révélé avant vous, ni les mécréants. Et craignez Allah, si vous êtes croyants.} Al Maidah 57

L’expérience historique a montré comment les empires et le colonialisme avilissent les élites et pervertissent la langue, la culture, la religion et les mœurs des peuples colonisés livrés à la merci de la paupérisation, de la spoliation et de l’exploitation :

 {Certes, quand les pouvoirs impériaux s’emparent d’une Cité, ils la corrompent et avilissent les nobles de ses habitants. C’est ce qu’ils font toujours.} An Naml 34

Le réquisitoire le plus tranchant contre le colonialisme qui humilie les peuples et corrompt leur religion est celui du Cheikh Mohamed Al Bachir Al Ibrahimi (1889 – 1965):

« Le colonialisme dans sa globalité comme dans ses composants est une souillure provenant de l’œuvre de Satan, ses partisans se rencontrent sur ses propagations perverses celles-là même qui sont poussées par les instincts prédateurs voraces des colonisateurs et animés par les théories du colonialisme expertes dans la construction des instruments impitoyables de prédation et cultivées dans l’art de mettre en servitude les objets de leurs convoitises. Parmi ses moyens les plus redoutables, le colonialisme sape le moral des colonisés et anesthésie leurs sensibilités morales et spirituelles

 La France est venue en Algérie avec son missionnaire évangéliste colonisateur pour corrompre l’islamité des Algériens, les pousser à douter de leur foi et de leurs valeurs, et provoquer la sédition et le désordre au sein des Musulmans. Elle est venue pour effacer de leur mémoire et de leur langue le Nom d’Allah Al Hadi (Celui qui donne la Guidance) par le nom de leur icône déifié « le Rédempteur » en donnant à ce missionnaire l’appui logistique, le soutien militaire après avoir nié Jésus là-bas et décidé de l’imposer ici

 La France est venue avec l’éducation « colonisatrice » et la science « colonialiste » pour corrompre les esprits des fils des Musulmans et semer le trouble dans leurs pensées, pour déposer leur conscience, leur langue et leur littérature au profit de celles de la France, pour falsifier et dénaturer leur histoire et réduire le rôle et l’importance de leurs ancêtres à leurs yeux fascinés par d’autres figures, pour les inciter à renoncer à leur religion. L’enseignement colonial vise à créer une pensée handicapée dont les effets sur la personnalité sont pires que ceux de l’ignorance.

  La France est venue avec le médecin colonialiste dont la vocation première est de préserver la santé de la population européenne et de ce fait il ne s’installe que là ou s’installe la colonie de peuplement européen ou européanisé. Il n’a pas la préoccupation d’être auprès des campagnes, des tribus et des douars peuplés par les millions de Musulmans. Si la médecine colonialiste intervient dans la population musulmane c’est comme si sa vocation n’est pas de soigner mais d’inoculer des maux nouveaux à la place d’un mal ancien, d’éradiquer un microbe en cultivant à sa place d’autres microbes, d’expérimenter ses nouveaux savoirs et ses nouveaux remèdes sur une population musulmane devenue cobaye humain. Tous ces désastres ne suffisent pas, il faut encore que le médecin français s’enrichisse sur le dos des malheurs des autochtones musulmans que le colonialisme a précarisé sur le plan sanitaire par l’instauration de la pauvreté et de l’ignorance.

 « Il est certain que le colonialisme institué sur le soldat, le missionnaire, l’enseignement et le médecin est une structure animale prédatrice marchant sur quatre pattes. C’est par ces quatre moteurs que le colonialisme a mis en panne les talents, les possibilités et le génie de millions de musulmans. Il a ainsi pu saper leur effort, figer leur mental, rendre inerte leur cognition, rendre stériles leurs idées. Il a ainsi privé l’humanité de millions de potentialités en énergie créatrice, en cerveau fécond, en mental imaginatif, en idée généreuse qui sont un prodigieux capital dont l’humanité aurait profité et utilisé pour résoudre ses problèmes mais que le colonialisme a saboté, détruit, détourné du bien pour laisser les collectifs humains sans ressources capables d’ériger des cités, de promouvoir des civilisations et de se mettre au service de l’humanité. Le colonialisme est la forme la plus pessimiste et la plus cynique dans la destruction de l’humain. »

 Des religions à caractère raciste, ethnocentrique  ou anthropomorphique ne peuvent être le Dine d’Allah. Ce type de religion produit le colonialisme et le racisme au nom de la religion.

La culture de la foi, de la vertu,  de l’éthique et de l’esthétique de ce Dine est différente de celle des autres religions et c’est pour cette raison que dès l’ouverture du Coran et à chaque Salat, le Musulman exprime sa rupture  avec le christianisme et le Judaïsme et implore Allah de le préserver de leurs déviations et de leurs prétentions à détenir la vérité alors qu’ils ont trahi et déifié les Prophètes de Dieu :

 {Guide-nous vers le chemin de rectitude, le chemin de ceux que Tu as gratifiés : ni les réprouvés, ni les fourvoyés.} Al Fatiha

Les Juifs et les Chrétiens sont désapprouvés pour leur monolâtrie qui diffère du monothéisme. Chacun d’eux non seulement ne croient pas au Dieu universel, mais à un dieu le leur qu’ils ont confondu avec un des Prophètes de Dieu :

{Et ils disent : « N’entrera au Paradis que ceux qui sont Juifs ou Nazaréens ». Telles sont leurs fabulations ! Dis : « Apportez votre preuve si vous êtes véridiques ».} Al Baqarah 111

{Les Juifs ont dit : « ‘Uzayr est fils d’Allah », et les Nazaréens ont dit : « Le Messie est fils d’Allah ». Ce sont leurs paroles de leurs propres bouches. Ils imitent les dires de ceux qui sont devenus  mécréants auparavant. Qu’Allah les Combatte où qu’ils louvoient !  Ils ont pris leurs savants, leurs moines, et le Messie fils de Marie comme Dieu, à l’exception d’Allah, alors qu’il ne leur a été ordonné que d’adorer un Dieu Unique. Il n’y a d’autre Dieu que Lui, Gloire à Lui, Il Est bien au-dessus de ce qu’ils associent.}  At Tawbah 32

Les Juifs et les Chrétiens sont connus pour leur haine réciproque et leur désaccord religieux :

 {Les Juifs ont dit : « Les Nazaréens ne tiennent sur rien », et les Nazaréens ont dit : « Les Juifs ne tiennent sur rien », et ils récitent le Livre! Ainsi ceux qui ne savent pas disent aussi les mêmes paroles.} Al Baqarah 113

Ils sont entrain de transcender leur clivage religieux et idéologique en s’allieant contre l’Islam sous le masque du sionisme et de l’impérialisme alors que les Musulmans se divisent, se fragmentent et s’entretuent en opposition avec leur Dine :

 {Et qu’il y ait parmi vous une Communauté : qui incitent au bien, commandent le bon usage, et interdisent ce qui est répréhensible. Ceux-là sont ceux qui cultivent.  Mais ne soyez pas comme ceux qui se sont désunis et ont divergé  dès que leur sont venus  les évidences. Ceux-là auront un immense châtiment. }  Ali ‘Imrane 104-105

Notre Dine est celui d’Allah qui nous ordonne l’unité conformément au « Nous » de la Fatiha qui ouvre notre livre et notre Salàt :

{Attachez-vous tous au Câble d’Allah et ne vous désunissez point. Rappelez-vous la Grâce d’Allah envers vous lorsque vous étiez des ennemis, puis Il a uni entre vos cœurs et vous êtes devenus  frères, par Sa Grâce; alors que vous étiez au bord d’un abîme du Feu et qu’Il vous en a sauvé. Ainsi Allah vous démontre Ses Signes, pour que vous soyez guidés!} Ali ‘Imrane 103

Le Câble d’Allah est Son Dine, Sa Parole (le Coran) et Son Messager, l’ultime prophète Mohamed (saws).  Vivre en contradiction ou en opposition avec ce principe d’unité sacrée ce n’est pas seulement invalider le Dine, mais c’est le démolir. Dans ce cas c’est une transgression qu’ hélas nous commettons chaque jour.


 

Signification du Dine. Partie 1

Signification du Dine. Partie 3 – Bientôt

Extraits du livre  » Dine ou Religion » – Omar Mazri -2010 – Édition & Conseil

 

Nasrallah sur le film blasphématoire : Les sionistes poussent les Chrétiens à provoquer les Musulmans.

Mon discours cette nuit aura trait à ce dont nous avons été témoins ces derniers jours concernant la diffusion de 12 minutes de séquences d’un film violemment hostile au prophète de l’Islam Mohammed (s) et les mouvements de protestations qui s’en sont suivis de par le monde et contre les représentations américaines dans le monde arabo islamique. Je voudrais évoquer cet évènement au niveau de sa compréhension, pour en déceler les objectifs et en déduire les moyens qui empêchent sa répétition .

Une offense sans précédent
Premièrement, ce qui s’est passé est que ces quelques minutes ont été diffusées sur tous les sites internet, via tous les médias, sur toutes les télévisions,…, et ont donc été regardées par des millions de gens de par le monde. Ces séquences qui portent atteinte au prophète de l’Islam, à sa personne, à son honneur et ses épouses, au Coran béni, ce livre céleste et à l’Islam en tant que religion, ces séquences qui sont des outrages dans toutes ces directions constituent une atteinte sans précèdent jusqu’à présent. Ni le livre « Versets sataniques » de son auteur renégat Salmane Rushdi, ni les caricatures contre le prophète et l’Islam au Danemark, ni même l’autodafé des copies du Coran n’ont constitué une offense aussi grave

Ces séquences sont certes bien plus dangereuses. Concernant le livre « Verset sataniques », la plupart ne pouvaient l’obtenir ou le consulter, Il fallait se l’acquérir et ce n’était pas à la portée de tous. Il en est de même pour les caricatures, et l’autodafé du Coran…
Alors que ces séquences sont à la portée de tout le monde
Aussi bien dans le contenu que dans la forme, c’est dans la disposition de cette production que réside sa dangerosité, à laquelle s’ajoute l’obstination des sites qui les diffusent de continuer à le faire.

La riposte de la nation doit être à la hauteur de l’offense

Ceci constitue une étape très dangereuse dans la guerre contre l’Islam et le prophète en particulier et exige en conséquence une position de la part de la nation islamique qui puisse être à la hauteur de cet évènement outrageux…
Car c’est une atteinte à ce que les Musulmans ont de plus honorable, de plus cher, c’est une atteinte beaucoup plus grave que lorsque la mosquée d’Al-Aqsa à AlQuds occupée a été incendiée en 1969, qui avait soulevé un énorme tollé, convoqué des réunions extraordinaires dans les instances arabes et internationales, et a été derrière la formation de la Conférence des pays islamiques (CPI).

Le fait de se taire face à une telle offense et humiliation adressées au prophète est encore plus dangereux … cela veut dire que la nation islamique accepte l’offense, qu’elle est endormie, c’est un mauvais message aux Israéliens qui insinue qu’ils peuvent en faire à leur guise … cela veut dire qu’ils peuvent même incendier la mosquée d’alAqsa…
La défense du prophète ramène à la défense de la religion, de la mosquée d’AlAqsa, voire de toutes les religions célestes….
Il ne faut surtout pas se compoter avec cet incident comme si de rien n’était ou comme s’il était passager…

Connaitre les objectifs pour les neutraliser et empêcher la récidive

Deuxièmement : pour faire face à toute agression contre un peuple, une nation, militaire fut-elle ou politique, culturelle, ou économique, … il existe deux lignes à suivre : la première consiste à connaitre les objectifs de cette agression pour la faire avorter et la torpiller et l’empêcher de les réaliser, voire les neutraliser ; et la deuxième ligne est censée empêcher que cette agression ne se répète.

La zizanie entre musulmans et chrétiens

Concernant la première ligne, c’est à dite les visées de cette offense répétitive contre l’Islam, contre le prophète, je voudrai signaler que l’un des objectifs dangereux et de semer la zizanie entre les chrétiens et les musulmans. C’est un but constant pour ce genre de fitna. Bien entendu, ceux qui sont derrière réellement ne sont autre que le mouvement sioniste, les groupes juifs, et avec eux les Musulmans renégats en plus de certains chrétiens. Il en est ainsi pour les caricatures, et surtout pour l’autodafé de Coran commis par le religieux américain Jones. Et dans ce film, voilà qu’un religieux copte est impliqué et à qui le fils est attribué.

Les sionistes poussent les Chrétiens à provoquer les Musulmans

Pourquoi pousser des religieux chrétiens et des associations chrétiennes à perpétrer ce genre de choses contre la nation islamique ? C’est quelque chose qui est prémédité et volontaire.
Ceux qui ont réalisé leurs dessins caricaturales contre le prophète, et ceux qui ont réalisé ce film supposent d’avance que les musulmans vont s’empresser de venger leur religion, et des agressions seraient commises contre les chrétiens dans la région, alors qu’Israël, le mouvement sioniste, et les chrétiens sionistes se contentent de regarder les églises et les mosquées brûlées, les gens de part et autre massacrés…

Dieu merci, grâce aux réactions des dirigeants religieux et politiques face à cet évènement dangereux, la colère des gens s’est versée contre les Etats Unis, ce qui est très positif, car il est le reflet du niveau de conscience des musulmans. Les yeux étaient surtout braqués sur l’Egypte, parce ce sont les coptes étaient visés pour attiser le conflit confessionnel dans ce pays.

La vitesse avec laquelle les dirigeants spirituels chrétiens ont dénoncé ce film a eu un effet décisif pour torpiller cet objectif.

Les séquences de ce film n’ont pas encore fini d’être diffusées et les producteurs menacent de les diffuser entièrement. Il faut confirmer cette prise de conscience pour empêcher la zizanie dans ce monde. Ceux qui devraient être jugés, punis, et sanctionnés sont ceux les auteurs de ce film et ceux qui les défendent à leur tête bien entendu les Etats-Unis et Israël comme il en a été de la part des peuples musulmans ce qui est bon signe.

À cette occasion, je voudrais dire que lorsque des agressions similaires sont perpétrées contre les Chrétiens et attribuées aux musulmans, les chrétiens devraient faire de même, et le circonscrire à leurs auteurs et ravisseurs, car certains d’entre eux sont régis par des services de renseignements étrangers…

Il faut agir pour torpiller cette atteinte à la dignité des musulmans qui vise entre autre à déformer la pensée islamique, ceci aussi nécessite une confrontation sur une deuxième ligne pour empêcher l’agression. Je l’évoquerai plus tard…

 

Faux-prétexte américain: la liberté d’expression

Troisièmement : ce film a été produit aux USA, c’est là-bas que se trouvent les auteurs de sa production, sa réalisation et sa diffusion, les musulmans qui ont été offensés ont demandé au gouvernement américain de faire cesser sa diffusion et de juger ses auteurs. Mais ce gouvernement n’en a rien fait. L’administration américaine argue qu’elle ne peut rien faire et certains dans le monde arabe répètent derrière elle la même chose.

Le monde islamique dont le prophète a été humilié, dont la dignité a été offensée, demande au gouvernement américain de faire cesser la diffusion de ces séquences, mais il ne veut rien entendre. Il dit qu’il n’a pas la possibilité de le faire. Le monde islamique exige que soient traduits en justice ceux qui ont porté atteinte a plus d’un milliard et demi de musulmans, mais le gouvernement dit qu’il ne veut rien en faire, avec pour prétexte comme d’habitude la liberté d’expression et autre

Ici les États-Unis ont donné une nouvelle fois une preuve irréfutable de leur perfidie, leur mensonge et leur double-poids et double mesure… dans le traitement qu’ils réservent aux affaires dans le monde.

La liberté d’expression sélective

Ces questions ont été abordées ces derniers jours qu’il n’en est rien de cette liberté. D’innombrables occasions et évènements ont montré qu’un nombre infini de personnalités, d’associations, de medias, télévisions et sites, que des personnalités publiques et privées, que des États, des forum…, ont été punis, harcelés, bannis en raison de leurs tendances intellectuelles, de leurs choix politiques, de leur positions hostiles au mouvement sioniste, ou celles qui doutent de l’holocauste, ou qui dénoncent les exactions israéliennes…

Il arrive même aux Américains de lier leur soutien à certaines sociétés privées à la position sur l’antisémitisme

En 2004, Georges Bush a promulgué une loi qui incrimine tout ce qui a trait à l’antisémitisme dans le monde entier, et non seulement aux États-Unis, qui châtie toute position, toute production,…, qui puisse porter atteinte aux juifs voire même au sionisme et à Israël… Les Américains ont de surcroit créé une instance exécutive pour surveiller tout ce qui se passe dans le monde, puis rédiger un rapport annuel, en fonction duquel sont punis tous ceux qui sont considérés comme ayant violé cette loi .

Les musulmans estimés à plus d’un milliard 400 milles ne méritent-ils pas une loi semblable ou alors cette liberté d’expression est permise pour les uns et interdite pour les autres ?!

C’est la preuve de la perfidie, de l’hypocrisie et du double poids et mesure des USA sur des thèmes liés au sacro-saints des nations entières. Ceci devrait éveiller toutes les consciences de tous les peuples

Les manifestations ne suffisent pas

Quatrièmement : il faut agir pour empêcher la répétition de ce genre d’agression dans le futur. Les manifestations et les contestations ne suffisent pas, ceci s’est passé dans le passé et n’a pas empêché une récidive.
Dans le passé, avec le livre « Versets sataniques », des mouvements de protestations beaucoup plus importants avaient éclaté et l’imam Khomeiny a alors décrété sa célèbre fatwa qui a été soutenue par la plupart des ulémas du monde arabe : le livre a été assiégé, son auteur aussi, les librairies qui le vendaient de même…
Alors que maintenant ceci reprend de nouveau, la nation islamique est devant une responsabilité historique, les Chrétiens aussi.

Une loi contre l’outrage aux religions

C’est l’occasion plus que jamais de réclamer la promulgation d’une résolution internationale dans toutes les instances qui incriminent les atteintes et outrages portées aux religions céleste ou au moins aux plus grand prophètes, comme Ibrahim, Moussa, Issa et Mohammad (s). De sorte qu’elle soit contraignante et au-dessus des lois nationales…

Le Congrès américain qui a décrété une loi qui incrimine toute atteinte aux juifs peut faire de même avec l’islam ou le prophète de l’Islam, et dans ce contexte, il incombe aux communautés islamiques vivant aux USA une très grande responsabilité. Les communautés juives sionistes ne sont plus nombreuses, mais ont plus d’hégémonie. Cette affaire n’est pas l’apanage d’une confession islamique sans les autres, mais concernent tous les musulmans. Les communautés islamiques peuvent jouer un rôle de pression au niveau des élections présidentielles américaines qui sont aux portes. Ceux qui sont les amis des USA dans le monde arabe aussi peuvent aussi faire pression. Et le monde libre aussi.

Ceci na n’a pas seulement trait à la dignité mais peut aussi menacer la sécurité dans le monde, nous ne pouvons à tous les coups maitriser la colère de ces millions de Musulmans…
Certains parlements européens ont décrété des lois pareilles pour ceux renient tel ou telle chose et peuvent faire de même…

Que les gouvernements arabes et islamiques assument leurs responsabilités

Dans le mécanisme de suivi, la CPI peut très bien en être chargée. Comme l’incendie de la mosquée d’AlAqsa a été derrière sa formation, ce qui se passe mérite une session extraordinaire car c’est bien plus dangereux et plus énorme de ce qui se passe en Syrie.
Je suis sûr que si ce film avait traité d’un quelconque roi musulman ou émir ou autre, comme il la fait avec notre prophète Mohammad (s), la colère de ces dirigeants aurait été différente que celle qu’ils manifestent maintenant.

Une réunion extraordinaire devrait être convoquée par la CPI, au moins au niveau des ministres des affaires étrangères pour rédiger cette loi et exiger aux instances internationales de le généraliser.
Nous sommes une nation qui possède des capacités énormes, pourquoi sommes-nous incapables de de défendre notre prophète et notre religion.
Il ne suffit pas d’exprimer notre colère contre l’ambassade américaine. Il faut demander aux gouvernements arabes et islamiques de faire respecter notre prophète, notre religion et notre dignité
Il faut marcher dans cette direction et le monde devrait comprendre que la nation ne peut rester indifférente face à cet outrage.

le Liban de la cohabitation inter-religieuse peut faire quelque chose

Concernant le Liban, durant ces deux derniers jours, le Liban a exprimé une grande immunité contre ce genre d’agression. Il a fait preuve d’une exemplarité sans faille sur la cohabitation entre musulmans et chrétiens et le respect bilatéral entre ses différentes communautés religieuses, ce que nous avons surtout vu durant la visite de sa béatitude le pape Benedictus au Liban et au cours de laquelle ont participé des membres de toutes les communautés libanaises.

Le Liban de la cohabitation peut jouer un rôle important dans cette confrontation. Car ce qui se passe est une atteinte au prophète de l’Islam et sa religion…
J’adresse mon discours au président de la république Michel Sleimane, au Premier ministre Najib Mikati, au chef du parlement Nabih Berri, aux différents courants politiques, aux chrétiens et musulmans, et dis que durant cette étape peut jouer le rôle du message au niveau mondial.
Le Liban est membre de la Ligue arabe, il est le président du Conseil des ministères des affaires étrangères, et membre du Conseil de sécurité…

Il peut en appeler à une réunion extraordinaire de la ligue arabe, au niveau des ministres des affaires étrangères, au moins, et peut le demander à l’Irak, moi aussi je le lui demande, il peut convoquer une réunion de la conférence islamique pour rédiger une loi qui châtie et incrimine ces atteintes aux livres célestes. les dirigeants spirituels peuvent faire beaucoup, le gouvernement libanais peut prendre une position tranchante, le chef du parlement peut faire quelque chose au niveau des parlements comme il a l’habitude de le faire..

Les musulmans dans le monde et surtout en Occident peuvent faire beaucoup…
Le Liban a toujours eu un rôle plus grand que sa superficie, en civilisation, en culture, en cohabitation inter religieuse…

Prudence des Arabes amis des Américains

Au niveau populaire, les protestations devraient se poursuivre, pour empêcher sa diffusion et empêcher la diffusion de sa totalité et exiger de punir ses auteurs à travers des mouvements de protestation dans le monde entier, à travers les medias, les forces partisanes, en formant des cadres dans chaque pays, avec pour mission de poursuivre ces gens-là et cette affaire, et de mettre à exécution la rédaction de cette loi et sa promulgation dans les instances internationales.
Je voudrais mettre en garde les peuples que les arabes amis des USA dans le monde arabe s’attelleront pour faire refroidir cette affaire, la faire oublier, et ce à la demande de l’administration américaine.
Nous devons à cet égard être prudents.
Une responsabilité considérable en incombe aujourd’hui aux responsables et aux jeunes générations aussi, sinon, cette offense se perpétuera sans cesse, à tous les coups…

Plusieurs manifestations au Liban à partir de Lundi

Au niveau libanais nous aurions dû en appeler à un mouvement de protestation bien avant, mais comme vous le savez, nous étions en pleines cérémonies d’accueil de sa béatitude le pape Benedictus qui a quitté le Liban ce dimanche… et nous craignions qu’une manifestation durant ces jours ne soit interprétée d’une autre façon…

C’est pour cela nous avons choisi comme date le lundi pour manifester, et qui n’est que le début d’un mouvement qui se poursuivra partout. Il ne faut pas se contenter de quelques manifestions dans quelques villes. Toutes les régions devraient exprimer leur courroux à tous les moments, pour que les gouvernements et parlements du monde entier et devraient comprendre que leurs intérêts sont liés au respect pour notre religion…

La manifestation qui aura lieu dans la banlieue-sud est consacrée aux habitants de Beyrouth, et les autres régions devaient avoir leurs mouvements aussi : il y aura une manifestation à Tyr le jeudi, une autre le vendredi à Baalbek, le samedi à Bint Jbeil, …

Un mot aux manifestants

A la fin de cette allocation, je voudrais adresser un mot à ceux qui vont participer aux manifestations et dont nous attendons la présence.

Gens honorables, vous avez toujours été présents sur toutes les scènes pour défendre la dignité et l’honneur, et avez toujours acquiescé lorsqu’il a fallu verser du sang, sacrifier vos âmes et vos prochains les plus chers, et offrir votre argent.

Vous n’avez point été avares. Vous n’avez jamais été en retard.

Gens honorables, chaque année, le jour d’Achoura, vous emplissez les scènes, par millions, pour répondre à l’appel de l’imam Hussein, « n’y a-t-il point un partisan pour me soutenir ? ».

Celui qui vous appelle aujourd’hui est le grand-père d’Hussein, celui dont l’honneur et les épouses ont été offensés.
Il est le plus grand personnage de l’existence.

Répondez à l’appel de votre prophète et messager, le monde entier doit vous voir partout où vous vous trouvez, dans la banlieue-sud, dans toutes les villes du Liban, monde arabe et islamique, voire du monde entier.

Que le monde sache que le prophète Mohammad (s) a des adeptes qui ne se tairont jamais face à son outrage.

A tes ordres, messager de Dieu
Labbayka ya Rassoul Al-lah

Assalamou Alaykom

De la nécessité de créer des instances de cotation des actions bancaires en Algérie.

[L]e journal à sensation As Chourouk rapporte au sujet du  congrès des Savants musulmans à  Oran : « Les experts et érudits, présents à Oran, ont estimé que la création des instances de cotation bancaires constitue « un véritable challenge que doivent relever les pays musulmans pour se conformer aux exigences du marché financier mondial ».

Tout est dit sans pudeur ni honte ni crainte d’Allah par nos « honorables» savants qui depuis longtemps ont fait de leurs opinions une nouvelle religion au-dessus de celle révélée par Allah. Au nom de l’Ijtihad,  des intérêts mondains et du pragmatisme nos Savants ont fait de l’esprit partisan des Frères Musulmans et de leurs aristocraties une nouvelle religion qui ne juge plus selon ce que Allah a révélé, mais selon le «  Fiqh du réalisme» et « nécessité fait loi » allant à rendre licite l’illicite qu’Allah a autorisé en cas de force majeur et pour assurer la survie de l’homme, car la vie humaine est sacrée et le peuplement de la terre par des vivants bien portant est le dessein d’Allah. Allah dit sans équivoque sur la contrainte vitale qui autorise le recours à ses interdits :

إِنَّمَا حَرَّمَ عَلَيْكُمُ ٱلْمَيْتَةَ وَٱلدَّمَ وَلَحْمَ ٱلْخِنزِيرِ وَمَآ أُهِلَّ بِهِ لِغَيْرِ ٱللَّهِ فَمَنِ ٱضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلاَ عَادٍ فَلاۤ إِثْمَ عَلَيْهِ إِنَّ ٱللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ

{Il vous a seulement prohibé la bête morte, le sang, la viande de porc, et ce qui a été immolé à d’autres qu’Allah. Quiconque y a été contraint, sans être outrageant ni transgressant, ne commet pas de péché. Certes, Allah est Absoluteur, Miséricordieux.} Al Baqarah 173

 

Il s’agit de sauver sa vie en matière de nourriture et de boisson. Allah [swt] sait qu’il y aura des « intelligents qui vont faire de l’Ijtihad et tourner le dos à son Livre pour faire prévaloir leurs opinions sur le Livre d’Allah et la Sunna du Prophète et c’est pourquoi Il lance un avertissement juste après ce verset évident :

{Certes, ceux qui taisent ce que contient Livre qu’Allah a révélé puis le troquent à vil prix, ceux-là ne mangent dans leurs ventres que le Feu; Allah ne leur parlera point le Jour de la Résurrection, ne les épurera point, et ils auront un douloureux châtiment. Ceux-là sont ceux qui ont troqué le fourvoiement contre la Direction infaillible, et le châtiment contre l’absolution. Qu’ils endurent le Feu,  car qu’Allah a révélé le Livre, en Vérité, alors que ceux qui divergent à propos du Livre sont certainement dans un schisme profond.}

Le texte coranique est clair, évident. Il ne demande pas d’être un docteur en théologie, un expert en linguistique pour le comprendre ou un spécialiste de l’abrogeant et de l’abrogé. Il ne s’agit pas de la contrainte en matière de transactions commerciales ni en matière de logement, ni en matière de prêts bancaires, ni en matière de viande animale. Si cela était le cas, Allah et Son Prophète auraient ouvert le champ de la permissivité. Nous constatons, avec notre modeste savoir, que ce champ est restreint au vital. Toute transgression pour élargir ce champ à d’autres domaines est une incompétence à trouver des réponses adéquates par paresse intellectuelle.

Par exemple en matière de crédit immobilier la paresse consiste à promulguer une Fatwa autorisant l’accès à la propriété privée incitant les musulmans à recourir au crédit et aux intérêts alors que la logique socio-économique qu’aurait suivi Omar Ibn Al Khattab est d’inciter les musulmans à s’organiser pour mobiliser leurs idées, leurs compétences, leur argent et leurs bras pour construire des logements accessibles, mettre en place des banques du pauvre, innover des solutions inédites en matière d’organisation, d’ingénierie et de management pour résoudre leur crise en restant dans le cadre du halal sans risque d’outrager Allah et de transgresser ses lois.  Le pire de ce genre de Fatwas faites pour le motif « louable » de faciliter la vie des musulmans c’est qu’elle les laisse prisonnier du système en place alors que l’Islam exige la prise d’initiative dans un champ de halal dont les possibilités ne sont pas encore épuisées. Par ailleurs, le recours à ce genre de Fatwas farfelues ne fait que répondre qu’à une minorité qui peut accéder au crédit.  La majorité ne bénéficie pas de cette solution boiteuse, car elle ne remplit pas les conditions du crédit.

Au-delà de la facilitation, j’ai du mal à comprendre la logique d’un savant qui se permet non seulement d’approcher les limites d’Allah, mais de les transgresser alors qu’il sait mieux que nous les « stupides » qui ne pratiquons pas l’Ijtihad la gravité de la situation pour qui nous avons une déclaration de guerre émanant d’Allah :

{Ceux qui consomment des produits de l’usure ne se lèvent que comme se lève, en se débattant, celui que Satan a possédé. Et cela parce qu’ils ont dit : « La vente n’est que semblable à l’intérêt », alors qu’Allah a rendu licite la vente et a interdit l’intérêt. Celui qui a reçu une exhortation de son Dieu et qui s’abstient, gardera ses gains antérieurs et son cas relèvera d’Allah. Quiconque récidive : Il sera alors de ceux-là, les condamnés au Feu, où ils s’y éterniseront. Allah annihile l’intérêt et fait accroître les aumônes. Allah n’aime point tout mécréant-tenace grand-pécheur.}  Al Baqarah 275 à 276

{O vous qui êtes devenus croyants, craignez Allah et laissez ce qui reste de l’intérêt, si jamais vous êtes croyants. Si vous ne le faites pas, attendez-vous alors à une guerre de la part d’Allah et de Son Messager. Si vous vous repentez, vous garderez alors vos capitaux. Ne soyez point injustes et on ne vous fera subir aucune injustice.} Al Baqarah 278 à 279

« Qui consomme le Riba c’est comme s’il a forniqué avec sa mère dans l’enceinte de la Kaaba le jour de ‘Arafa »

J’ai du mal à comprendre comment on peut faire de la surenchère sur la parole d’Allah et de Son Prophète et oser, sans crainte de la gravité de leurs menaces, autoriser leur esprit à imaginer des scénarios que le Prophète n’a pas imaginés comme s’il était un inapte sur le plan intellectuel ou comme si la religion lui a échappé alors que le Coran lui a été révélé et qu’il en est l’incarnation parfaite :

وَنَزَّلْنَا عَلَيْكَ ٱلْكِتَابَ تِبْيَاناً لِّكُلِّ شَيْءٍ وَهُدًى وَرَحْمَةً وَبُشْرَىٰ لِلْمُسْلِمِينَ

{Et Nous t’avons révélé le Livre explicitation de toute chose, Direction infaillible, Miséricorde, et bonne nouvelle pour les musulmans.} An Nahl 89

On trouve dans le monde musulman, depuis longtemps déjà, des prétentieux pris par leur chauvinisme à défendre leur opinion et leur Madhab (école, doctrine) pour dire que grâce à tel savant on a enfin résolu le problème que Mohamed [saw] avait occulté. Honte à eux. L’ego démesuré les rend fermés à l’humilité et à la déférence envers le Prophète dont la vie a pris fin une fois que sa mission a été accomplie :

{Aujourd’hui, les négateurs ont perdu tout espoir de vous détourner de votre religion, ne les craignez donc plus et craignez Moi. Désormais, J’ai parachevé pour vous votre religion, J’ai parfait ma Grâce envers vous, et J’ai agréé pour vous l’Islam comme religion.} Al Maidah 3

Ce parachèvement, cette complétude, cette perfection de l’Islam et du Coran sont immédiatement suivis dans le Livre d’Allah par un verset qui vient confirmer que la seule permission d’outrepasser les limites d’Allah est la famine qui met en danger votre vie vie et celle de vos enfants :

{Mais quiconque sera contraint, lors d’une famine, sans se laisser aberrer par péché, Allah alors est sûrement Absoluteur, Miséricordieux.} Al Maidah 3

Le Coran est inimitable, incomparable et d’une perfection que seul un ignorant ne peut pas suivre ? Regardez, mes frères et mes sœurs,  comment il enchaine après le parachèvement de la religion parfaite et la famine :

{Ils t’interrogent sur ce qui leur est licite. Dis : « Vous sont licites les bonnes choses} Al Maida 4

Nous interrogeons nos savants et nos intellectuels comme ont interrogé les compagnons le Prophète [saw] :

Expliquez-nous comment le Riba peut devenir licite et bonne chose? Avez-vous les ravages du Riba et de l’économie capitaliste dans le monde ? Expliquez-nous comment les cotations bancaires et l’immersion dans le système financier capitaliste et ribawi sont des choses licites et halal?

Expliquez-nous ce que nous avons du mal à comprendre : la logique qui pousse un savant musulman à utiliser les ruses et les syllogismes fallacieux que lui dictent son imagination et sa mauvaise connaissance de la réalité sociale, politique et économique. Nous avons du mal à imaginer un savant musulman tomber dans les mêmes travers que les Bani Israël qui trichent avec la parole des Prophètes et qui écrivent des livres contraires à la loi de Dieu et qu’Allah décrit comme si nous étions leurs contemporains :

Nous vous interrogeons comme le Coran a interrogé les maitres à penser de l’égarement qui étaient contemporains de Mohamed [saw] :

{Dis : « Avez-vous compris ce qu’Allah a fait descendre pour vous comme  subsistances, et dont vous déclaré une part illicite et une autre licite ? » Dis : « Est-ce Allah qui vous l’a permis ou bien controuvez-vous contre Allah ? » Qu’en sera-t-il de la conjecture de ceux qui controuvent le mensonge contre Allah, le jour de la Résurrection ?}  Younes 59

{Ne dites pas, de ce que vos langues décrivent mensongèrement : « Ceci est licite et ceci est illicite », pour inventer le mensonge contre Allah. Certes, ceux qui controuvent le mensonge contre Allah ne cultiveront point.} An Nahl  116

N’est-ce pas que le Prophète [saw] a fermé la porte aux spécialistes ex cathedra qui pratiquent l’innovation pour plaire aux dirigeants ou à leurs partisans dans les partis politiques ou dans les foules surexcitées. Il a montré la voie sur la conduite à tenir devant des mots, des phénomènes, des comportements et des pratiques nouvelles sur lesquels, en apparence, la religion s’est tue :

« Allah s’est tue sur certaines choses, non par oubli, mais par miséricorde pour vous »

« Le licite est évident, l’illicite est évident, entre les deux il y a le doute (la confusion). Délaissez  le douteux (le confus) »

Il a signifié qu’en matière de Halam et de Haram dont la définition est la prérogative exclusive de   Dieu et que se chargent de transmettre et d’expliciter les Prophètes il n’y a pas de place à l’Ijtihad innovateur qui touche à la Parole divine :

{Rien ne peut changer Ses paroles} Al An’âm 117

Nous venons de citer deux versets argumentaires dans les sourates « les bestiaux » et « les abeilles » contre l’illusion de l’Ijtihad qui s’illusionne de changer impunément la Parole d’Allah. Ces deux versets qui abordent, entre autres, les bienfaits d’Allah et le devoir de se conformer à sa Chari’a qui est juste et valide car elle vise le bonheur des hommes posent le problème de la nécessité vitale (Dharoura)  et de la permission à transgresser les lois uniquement en cas de lutte pour la survie :

قُل لاَّ أَجِدُ فِي مَا أُوْحِيَ إِلَيَّ مُحَرَّماً عَلَى طَاعِمٍ يَطْعَمُهُ إِلاَّ أَن يَكُونَ مَيْتَةً أَوْ دَماً مَّسْفُوحاً أَوْ لَحْمَ خِنزِيرٍ فَإِنَّهُ رِجْسٌ أَوْ فِسْقاً أُهِلَّ لِغَيْرِ اللّهِ بِهِ فَمَنِ اضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلاَ عَادٍ فَإِنَّ رَبَّكَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ

{Dis : « Je ne trouve dans ce qui m’a été révélé comme  interdit frappant la nourriture mangée par un homme qu’une  bête morte, du sang qu’on a fait couler ou de la viande de porc. Ce sont des choses souillées, impies, ou immolées à d’autres divinités et non à Allah. Quiconque y a été contraint, sans être outrageant ni transgressant, ton Dieu alors Est Absoluteur, Miséricordieux. »} Al An’âm 145

فَكُلُواْ مِمَّا رَزَقَكُمُ ٱللَّهُ حَلَـٰلاً طَيِّباً وَٱشْكُرُواْ نِعْمَتَ ٱللَّهِ إِن كُنْتُمْ إِيَّاهُ تَعْبُدُونَ  إِنَّمَا حَرَّمَ عَلَيْكُمُ ٱلْمَيْتَةَ وَٱلْدَّمَ وَلَحْمَ ٱلْخَنْزِيرِ وَمَآ أُهِلَّ لِغَيْرِ ٱللَّهِ بِهِ فَمَنِ ٱضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلاَ عَادٍ فَإِنَّ ٱللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ  وَلاَ تَقُولُواْ لِمَا تَصِفُ أَلْسِنَتُكُمُ ٱلْكَذِبَ هَـٰذَا حَلاَلٌ وَهَـٰذَا حَرَامٌ لِّتَفْتَرُواْ عَلَىٰ ٱللَّهِ ٱلْكَذِبَ

{Mangez de ce qu’Allah vous a octroyé de licite, de bon, et soyez reconnaissants envers la Grâce d’Allah, si vraiment vous L’adorez. Il vous a seulement interdit la bête morte, le sang, la viande de porc, et ce qui a été immolé à d’autres qu’Allah. Quiconque a été contraint sans être outrageant ni transgressant, Allah alors Est sûrement Absoluteur, Miséricordieux. Ne dites pas, de ce que vos langues décrivent mensongèrement : « Ceci est licite et ceci est illicite », pour inventer le mensonge contre Allah.} An Nahl 114 à 116

Ces énoncés sur le licite et la contrainte mettent en évidence deux vérités. La première c’est qu’il ne s’agit que du vital et que ce vital se rapporte à la nourriture dans des conditions extrêmes et pour une durée limitée le temps de sauver sa vie. La seconde-vérité est que s’il doit y avoir un fiqh en matière de survie il ne doit pas s’appeler « fiqh ad dharoura », mais « fiqh al Idhtirar » pour rester en conformité avec l’énoncé coranique. Il y a une distinction majeure entre la nécessité ou le besoin ou la contrainte qui met en cause l’existence et met en danger la vie comme l’énonce le Coran :

أَمَّن يُجِيبُ ٱلْمُضْطَرَّ إِذَا دَعَاهُ وَيَكْشِفُ ٱلسُّوۤءَ

{Celui qui répond à l’appel de l’indigent, quand il L’invoque, et écarte le mal} An Naml 62

Nous sommes dans les mêmes deux logiques : celle de l’indigence et de la survie, et celle que c’est Allah qui répond en exauçant l’invocation ou en donnant dans le Coran ce qui préserve la vie. Toute intermédiation dans ce domaine relève de la conjecture blâmée par le Coran ou relève d’un mal encore plus sournois et plus profond qui se résume en trois tares qui se conjuguent :

La première tare est celle du plan depuis Vatican II approuvée par la CIA et le sionisme de créer une sorte de Vatican islamique. Cette formule plait à certains savants imbus de leur suffisance et de leur mégalomanie qui les poussent à régenter le monde musulman et à décréter qui a le droit de vivre ou de mourir. Ceux-là au lieu de fédérer la communauté musulmane sur un projet de renaissance civilisationnelle et mettre fin à leur schisme sont en train de défendre leur posture partisane et lui donner un habit sur mesure qui veut s’imposer comme madhab (doctrine et école) hégémonique, celui de la Wassatiya. Ils font dire au terme coranique de Wassat ce qui plait à leur projet. Nous y reviendrons un jour si Allah nous prête longue vie et inspiration.

La seconde est celle de la quête de légitimité d’un pouvoir qui continue d’instrumentaliser la religion à des fins politiciennes jouant de nouveau avec le feu et la vie des gens. Il ne tire aucune leçon de la tragédie nationale et continue de manipuler les Frères Musulmans après avoir manipulé les confréries soufies de Ghozali à Bouteflika reprenant le schéma colonialiste à leur compte.

La troisième est celle des oligarchies qui utilisent l’islam comme « survêtement » pour donner légitimité à leur savoir médiocre et à leur fortune amassée dans le marché noir et dans les produits financiers. Ces derniers sont les alliés naturels du capitalisme et des monarchies. La religion n’est pas une vocation de libération de la tyrannie et d’édification nationale, elle est le moyen judicieux pour s’insérer dans le Nouvel Ordre Mondial avec son économie de marché et son Riba.

Les trois tares se conjuguent, car leurs intérêts de manipuler la religion et de mettre le peuple à l’écart de la gestion des ressources nationales se croisent. Tous comme les pétrodollars des monarchies décadentes ont besoin d’un cadre légal juridique et religieux en Algérie pour se donner légitimité et faire de la République une monarchie où le pouvoir s’alterne entre les oligarchies et les rentiers faisant fi de la loi divine qui interdit la circulation de la richesse et l’alternance du pouvoir entre les riches :

مَّآ أَفَآءَ ٱللَّهُ عَلَىٰ رَسُولِهِ مِنْ أَهْلِ ٱلْقُرَىٰ فَلِلَّهِ وَلِلرَّسُولِ وَلِذِي ٱلْقُرْبَىٰ وَٱلْيَتَامَىٰ وَٱلْمَسَاكِينِ وَٱبْنِ ٱلسَّبِيلِ كَيْ لاَ يَكُونَ دُولَةً بَيْنَ ٱلأَغْنِيَآءِ مِنكُمْ وَمَآ آتَاكُمُ ٱلرَّسُولُ فَخُذُوهُ وَمَا نَهَاكُمْ عَنْهُ فَٱنتَهُواْ وَٱتَّقُواْ ٱللَّهَ إِنَّ ٱللَّهَ شَدِيدُ ٱلْعِقَابِ

{L’aubaine qu’Allah a accordée à  Son Messager aux détriment des gens de la Mecque, revient à la Cause d’Allah, au Messager, aux proches, aux orphelins, aux miséreux, au passager démuni,  afin que cela ne circule (ne s’alterne pas)  pas exclusivement parmi les riches d’entre vous –  Et ce que le Messager vous a donné, prenez-le, et ce qu’il vous a interdit, abstenez-vous-en, et prenez garde à Allah, car Allah Punit sévèrement –  Et elle revient aux Mouhajirines pauvres, qui ont été  chassés de leurs demeures et de leurs biens, recherchant une Munificence d’Allah et Son agrément, et font triompher la Cause d’Allah et Son Messager. Ceux-là sont les véridiques. Et elle revient également à ceux qui s’installèrent, avant eux, à Médine et dans la foi, ils aiment ceux qui ont émigré auprès d’eux, et ne trouvent, en leurs cœurs, nulle envie pour ce que les autres  ont reçu, les préférant à eux-mêmes, alors qu’ils souffrent de pauvreté. Et quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là alors sont ceux qui cultivent. Et elle revient aussi   à ceux qui viennent après eux, qui disent : « Notre Dieu, Absous-nous ainsi que nos frères qui nous ont devancé dans la foi, et ne laisse pas de rancune dans nos cœurs contre ceux qui sont devenus  croyants, notre Dieu, Tu es Compatissant, Miséricordieux ».} Al Hachr 7 à 10

Combien est grande la Miséricorde de notre Dieu. Comme ses lois sont justes, équitables et bénéfiques aux musulmans. Comme est honteux et vilain le comportement de ces voyous qui se prétendent intellectuels et savants qui veulent détourner à leur profit exclusif l’aubaine de l’indépendance, du pétrole, du gaz, de l’étendue du territoire, du sacrifice des martyrs, de la position géostratégique.

Ils veulent nous refaire le coup des banques pseudo islamiques qui pratiquent la Mourabaha et la cotation bancaire laissant de côté les investissements productifs et le développement économique et social. Ils ne sont pas intéressés par le partenariat islamique qui crée une société de partage, de solidarité et de conjugaison des compétences manuelles, techniques, intellectuelles et financières que permettent la Moucharakah et la Moudarabah.

La mourabaha est licite même si pour l’instant elle se pratique principalement en tant que bay’â bil qist ou bil ajal – vente à terme et à échéance – Il s’agit en termes modernes du leasing bail avec transfert progressif de la propriété. Ce système en pratique dans le monde capitaliste et connu dans le monde musulman n’est pas à la portée de nos « agents financiers » et de nos agents qui n’ont pas de culture économique ni social, mais une culture de bandits, de spoliateur, de rentiers. Il leur manque l’esprit entrepreneurial et la culture du partenariat qui leur donnent du poids social et économique pour élever le peuple vers le haut et hisser le pays au rang qui lui est du. Ils sont trop petits pour être à l’image du Prophète qu’ils renient par leur comportement.

Ils veulent nous leurrer en faisant oublier que la  logique économique de l’islam dans la moudaraba et la moucharaka n’est pas  dans  la banque, mais dans l’opérateur économique ou l’agent investisseur. Si on place la banque en amont et si on focalise notre souci sur les banques privées alors nous aurons trahi les versets coraniques et nous aurons désobéi au Prophète : la richesse ne doit pas rester pas en circulation entre les riches afin que le pouvoir et les richesses ne soient pas entre les mains  des oligarchies et que le peuple se trouve en situation de révolte, poussé à verser son sang ou à verser le sang d’autrui poussé par les affamés de pouvoir et de richesse. L’esprit du Coran et de l’économie est d’empêcher à la fois la thésaurisation de la monnaie et la constitution d’oligarchie qui exclut le peuple des ressources nationales. La  banque doit rester un intermédiaire public qui garantit l’échange, le dépôt, l’encaissement, le  paiement et la défense de la monnaie nationale contre la dévaluation ainsi que la protection de l’économie contre l’inflation. Ce serait encore une fausse piste après celle du socialisme, du libéralisme que de faire croire que la solution miracle est de faire de la banque un agent financier avec l’arrière pensée de financiariser l’économie en l’inondant de produits financiers avec un label halal alors que c’est illicite, anti économique, anti social et anti religieux. La banque n’a pas vocation à être un agent économique, mais un facilitateur de l’activité économique et commerciale. Il faut dynamiser l’économie, l’industrie, l’agriculture et le commerce, dans un esprit de concurrence saine et d’efficacité socioéconomique, et la logistique ainsi que les banques se mettent à suivre par la logique de la dynamique selon la loi de « la fonction crée l’organe ».

Faire un congrès sur la finance islamique pour donner crédit aux docteurs en finances et aux docteurs en « tmarbite » et « takloubite » c’est pire que mettre la charrue devant les bœufs. Dans le cas, d’ailleurs invraisemblable, d’une finance islamique, parler aujourd’hui de finances et de banque islamique alors qu’il n’y a ni économie, ni agent économique ni Etat de droit est une plaisanterie de mauvais gout, une préoccupation pour riches oisifs, un plan d’intégration dans le nouvel ordre mondial qui a besoin d’un islam consumériste qui pratique le crédit et les intérêts ainsi que les jeux, le sexe, la drogue et la télé reality.

Ces gouvernants despotes et incultes au lieu de partir de la philosophie de l’islam et de la coopération avec le peuple et les agents économiques nationaux pour créer des coopératives de production et de services ainsi que des mutuelles de crédit sans intérêt et des agences d’investissements publics ils continuent de recourir à l’étranger pour importer le capitalisme dans sa forme perverse de « produits en main » et de « clé en main » naturelle ou dans sa forme « islamisée  » de banques islamiques avec des capitaux saoudiens et qataris pour éviter l’intimidation et le risque de se voir l’objet d’une saisie par les banques étrangères sous le contrôle de la CIA . Nos banques islamiques vont s’occuper de financer l’immobilier et le tourisme avec la tête et les bras des Chinois, des Français, des Américains et d’autres espèces évolués. Nous autres avec nos têtes nous n’avons que les yeux pour admirer ou pour pleurer, avec nos mains que pour bruler de dépit ou caresser d’envie. Quelle honte .

Pour ne pas me prendre pour un vieux fou aigri et la tête remplie de théories et de chimères, je raconte un fait authentique : Il y a plus de 20 ans quand la Banque al Baraka s’est installée en Algérie je lui ai soumis pour le compte de l’entreprise publique que je dirigeais un projet de coopératives dans le cadre de l’emploi des jeunes. Le projet était ambitieux et je l’ai conduit dans le cadre d’une concertation internationale pour trouver des partenaires financiers et des bureaux d’ingénierie spécialisée dans le montage des coopératives. Allah est témoin et les documents faisant foi sont dans les tiroirs des ministères et des banques algériennes : Les coopérateurs communistes italiens et espagnols ainsi que le numéro un mondial canadien se sont montrés plus qu’intéressés pour y participer sans toucher un mot ou une phrase à mon projet. Allah est témoin : la  Banque islamique Al Baraka n’a pas daigné lire une ligne du projet, car le titre et  l’auteur du projet du projet sont suffisamment révélateurs de son contenu en contradiction avec les intentions de cette banque et de toutes les banques islamiques.

Il ne s’agit pas de prendre tout ce qui brille pour de l’or ni ce qui a le qualificatif d’islamique comme relevant de l’Islam. Si l’Islam était réellement en jeu dans les projets de nos gouvernants, de nos savants et de nos intellectuels, ils n’auraient pas consacré leur temps à débattre de la cotation des banques et du  » véritable challenge que doivent relever les pays musulmans pour se conformer aux exigences du marché financier mondial « . Il ya tellement de priorités occultées :

–        L’effusion du sang des musulmans par d’autres musulmans,

–        L’analphabétisme et la précarité,

–        La prédation impériale et les visées néocoloniales,

–        L’autosuffisance alimentaire absente,

–        Le plein emploi absent,

–        La gouvernance insensée,

–        La Tyrannie et la culture de l’oubli,

–        L’occupation des terres musulmanes par les armées étrangères,

–        Etc.

 

N’est-ce pas que le Prophète [saw] a mis fin au monopole des Juifs sur la monnaie, l’industrie  et  le marché.

N’est-ce pas que Abou Bakr a levé une armée pour imposer de force le droit du pauvre  contre ceux qui ne voulaient plus s’acquiter de leur devoir de zakat envers les pauvres et les nécessiteux.

N’est-ce pas que Omar Ibn al Khattab a développé l’État moderne et  mis en place des opportunités d’investissements dans la petite entreprise au profit des hommes et des femmes en leur prêtant sans intérêt de l’argent en provenance du Trésor public.

Pourquoi alors chercher en dehors du Prophète [saw] et des Khalifes bien guidés les solutions à nos problèmes ?

N’est-il pas plus opportun, plus pertinent et plus rationnel  de faire le bilan sur les cinquante ans d’existences des banques islamiques et de la  décade passée sur les spéculations boursières dans les pays musulmans en termes de développement socioéconomique. Qu’ont apporté  ces pratiques inconséquentes et douteuses aux indigents  et aux investisseurs?

En termes d’investissement la priorité n’est-elle pas de faire des recommandations conformes à l’Islam pour que, conformément à la Zakàt, les investissements productifs et les investissements sociaux ne soient pas imposables. État par la fiscalité peut et doit non seulement favoriser les investissements productifs et prioritaires, réguler le marché, freiner  le luxe et le superflu, mais aussi appliquer la justice sociale et le plein emploi?

Avant de conclure il me vient à l’esprit cette sentence de Malek Bennabi où il rend  Louange à Allah qui a fait de notre décadence notre salut, car ainsi nous sommes parvenus à rester encore indigestes pour l’Occident qui ne parvient pas à nous dissoudre dans son moule. Ceci est vrai. La meilleure preuve est dans cette anecdote toute simple, mais significative. La presse francophone qui a fait l’écho du congrès l’a fait avec des arrières pensées idéologiques. Il s’agit pour les uns animés par la culture éradicatrice laïciste  de présenter le fait islamique et le caractère arabe, alors que pour les autres il s’agit de présenter une ouverture de la pensée rétrograde musulmane vers la modernité et l’économie de marché. La presse arabophone et notamment As Chourouk a montré les désaccords et les attaques virulentes entre les partisans de l’alignement sur l’économie occidentale et les autres qui crient à la trahison des principes de l’Islam accusant les premiers de savants du palais.

Nous sommes dans le dernier carré de résistance qui nous reste et que décrit le Prophète Mohammed [saw] :

«  Jamais ma communauté ne se réunit sur un fourvoiement »

La logique coranique et prophétique exige que ni la communauté ni les savants ne doivent diverger sur des sujets graves. Si jamais il y a divergence ce n’est pas une miséricorde mais une malédiction. Lorsqu’il y a divergence c’est qu’il y une des deux possibilités : un qui a raison et l’autre qui a tort sinon ce sont tous les deux qui ont tort.  L’égarement sera toujours contesté même  si la contestation est timide et minoritaire. Que faire lorsqu’on est gens du commun face à ces divergences qui témoignent que la communauté et ses élites ne se portent pas bien? Le Prophète [saw]  y répond :

« La bonne foi c’est ce qui apporte la tranquillité dans le cœur et l’absence de doute (confusion), la mauvaise foi c’est ce qui cause le trouble dans le cœur et le doute (la confusion). Délaisse ce qui te procure le doute et accroche-toi à ce qui ne te procure pas le doute, et cela même si les gens te donnent des Fatwas.

Ce hadith explique que le musulman doit trancher et se positionner, car le vrai et le faux ne peuvent cohabiter. La responsabilité de notre confusion et de notre situation chaotique est dans deux tares. La première est celle qui fait prévaloir l’opinion du savant et de ses partisans sur les références coraniques et prophétiques que le savant et l’intellectuel doivent transmettre aux gens du commun en leur montrant leur méthodologie d’approche et de raisonnement pour construire leur avis afin que le niveau des gens s’élève leur rendant facile le discernement. Cette démarche aurait permis non seulement de rendre les peuples musulmans responsables de leur destin, mais aurait permis aux savants de se consacrer à des choses plus complexes, car un peuple comprenant sa religion va les soutenir et ne pas les déranger pour des futilités. Par ailleurs cette démarche du savant qui transmet le savoir sans devenir un monopole de la connaissance ou un passage incontournable est la garantie de ne pas devenir comme les Juifs et les Chrétiens avec leur clergé séparé du peuple ou donner crédit au projet de  « créer un Vatican de l’Islam pour modifier l’Islam et le rendre assimilable à l’esprit du commerce.»

Le peuple musulman ne peut rencontrer Allah en lui disant j’ai tué, j’ai mangé du haram, j’ai pratiqué le Riba, j’ai cautionné l’injustice  pour le motif qu’un savant ou qu’un groupe de savants par l’Ijam’â a (le consensus) dit je prends à ma charge les conséquences d’une Fatwa. Chacun de nous est tenu d’apporter ses arguments à Allah sur ses propres actes et ses propres positions. L’Islam est une religion de justice, de responsabilité et de savoir. Il n’y a pas de place à l’insouciance ni à se reposer sur les autres. Chacun ne fait le bien ou le mal qu’à son propre avantage et à son propre désavantage. Même, Satan ne sera pas tenu responsable de ce qu’il nous a inspirés comme pensées et comme actes. Il est déjà maudit depuis Adam. C’est nous qui sommes en cause dans notre lutte contre Satan : vaincu ou vainqueur.

Le seul cas où le Musulman doit se taire et chercher à fuir c’est lorsqu’il est contraint de prendre position pour un camp contre un autre et que chacune de ses position l’amène à ce que un ou plusieurs musulmans dans un camp ou dans l’autre soient tués sans droit ni justice. Allah n’aime pas le désordre.

Sinon que faire ? Nous avons vu que Mohamed [saw] ne nous a pas laissés sans solutions. Le Coran nous a donné en la personne des Prophètes et des gens vertueux un modèle à suivre. Connaissons ces modèles et notre choix n’en sera que plus facile et plus évident. A titre d’illustration, Allah nous décrit Khidr l’homme vertueux qu’Allah a destiné pour être le guide d’apprentissage du Ghyab pour Moïse :

فَوَجَدَا عَبْداً مِّنْ عِبَادِنَآ آتَيْنَاهُ رَحْمَةً مِّنْ عِندِنَا وَعَلَّمْنَاهُ مِن لَّدُنَّا عِلْماً

{Ils trouvèrent un Dévoué d’entre Nos Dévoués, à qui Nous avons donné de Notre part une Miséricorde,  et Nous lui avons enseigné de chez Nous une Science.} Al Kahf 65

Voici un modèle coranique que nous retrouvons chez David, Salomon, Mohamed et les autres Prophètes [saw] : ce modèle conjugue la science et la miséricorde, et tous les deux viennent d’Allah et ne viennent pas de la fabrication médiatique ou de la machination politique. Que le musulman fasse du Coran sa grille de lecture des hommes et des phénomènes. Ce n’est pas un doctorat en théologie ou en linguistique dont nous avons besoin le plus, mais de cette âme, de cet esprit et de ce cœur que Mohamed [saw] a cultivés dans ses compagnons qui n’étaient que de simples cultivateurs, de petits bergers, de petits commerçants illuminés par la foi et la vérité. Allah leur a donné la lumière, le Nour, par lequel ils discernaient. Cherchons cette lumière.  Tout être portant cette lumière et parlant par cette lumière est aux yeux de l’Islam un savant même s’il n’a pas de titre universitaire ni d’insigne honorifique sous forme de  bonnet sur la tête ou de vêtement sur le corps. Allah regarde le corps et Il a décrété que ce qui est utile au gens reste sur terre et que l’écume est condamnée à disparaitre et le Prophète [saw] cherchait la protection d’Allah contre un savoir inutile et un cœur sans recueillement.

Est-ce que nos parents sont tombés martyrs ou en vécus massacrés dans les camps d’internement et nous, leurs enfants, avons sacrifié notre jeunesse à servir ce pays, pour que des oligarques viennent nous dire, alors que nous sommes en crise d’identité, de légitimité, de développement, que « La nécessité est de créer des instances de cotation des actions bancaires en Algérie »

Est-ce  que notre dernier rempart contre le colonialisme et la dépersonnalisation, en l’occurrence l’Islam, va devenir le refuge des renégats qui activent à dépouiller ce qui reste du droit musulman et vassaliser l’Islam et les Musulmans au nouvel ordre mondial inéquitable et injuste ? Allons-nous comme Bani Israël être les adorateurs du veau dès que Moïse a tourné le dos :

{Et quand la colère de Moïse s’est tue, il prit les Tables. Il est dans leur transcription : Direction et Miséricorde pour ceux qui redoutent leur Dieu. Moïse choisit ses gens, soixante-dix hommes, pour Notre temps fixé. Et quand ils furent pris de tremblement, il dit :   « Mon Dieu, si Tu l’avais voulu, Tu les aurais fait périr auparavant, et moi aussi ! Nous ferais-Tu périr en raison de ce que les insensés d’entre nous ont fait ? Ce n’est qu’une épreuve de Ta Part, Tu fourvoies par elle qui Tu veux et Tu guides qui Tu Veux. Tu es notre Protecteur, Absous-nous et fais-nous Miséricorde, car Tu es le Meilleur des Absoluteurs, et prescris-nous un Bien en ce monde et dans la vie Future, nous nous sommes guidés vers Toi. » Il dit : « Mon châtiment, J’en frappe qui Je veux, mais Ma Miséricorde embrasse toute chose.} Al A’âraf 154 à 156

Algériens réveillez-vous. Nous n’avons pas le droit de nous  laisser pas déposséder de notre droit et de notre devoir à l’initiative populaire dans l’économie, la politique et le social par ses insensés qui vont vous faire goûter l’enfer dans un pays qu’Allah a  voulu qu’il soit un Paradis. Il ne s’agit ni de sédition, ni de rébellion ni de violence, ni d’esprit partisan ou sectaire, et encore moins de désir de vengeance,  mais de ne pas nous laisser embobiner et de désirer ardemment le changement. Notre avenir et celui de nos enfants sont en jeu ainsi que notre salut dans l’autre. Faisons preuve de discernement et aspirons à la réforme, celle de chacun de nous,  le reste appartient à Allah [swt] :

{Et Nous avons fait hériter les gens, qui étaient opprimés, les levants de la terre et ses ponants, que Nous avions bénis. Et la Bonne Parole de ton Dieu fut réalisée pour la descendance d’Israël à cause de leur persévérance. Et Nous avons détruit ce que faisaient Pharaon et son peuple, et ce qu’ils ont édifié.} Al Aâraf 57