Crash de l’avion de l’ANP

Mes sincères condoléances aux familles des morts du crash de l’avion militaire de l’Armée Nationale Populaire.  Qu’Allah accorde Miséricorde aux défunts et Sabr aux familles endeuillées.

Que ce tragique événement dans l’épouvantable conjoncture mondiale nous fasse prendre conscience de nos devoirs d’unité et de rassemblement pour résister contre l’Empire qui spolie nos richesses,  sape nos mentalités collectives et rend impossible tout avenir libre et prospère à nos enfants et petits-enfants.

Agression de la Syrie : diversion ou dérision ?

Ce soir ou demain il se pourrait que Damas se couche ou se réveille au son des Tomahawks avec leur lot de décombres, de sang et de larmes encore une fois dans une contrée arabe et musulmane. Encore une fois les infantiles de l’islamisme inculte et « idiot utile » vont crier Allah Akbar en hommage à la hardiesse des Cerbères occidentaux et arabes (chien à trois têtes, sans religion ni identité, gardant l’entrée des Enfers empêchant les morts de s’échapper de l’antre d’Hadès) et en soumission totale et aveugle aux ordres d’Hadès frère aîné de Zeus, ayant la mission  de gouverner les entrailles de la terre et  l’attribut d’invisibilité qui le rend invulnérable comme Satan. Les mythes et les miteux qui jouent aux divinités ne réalisent pas que leur nouvelle agression signifie pour eux la fin de partie dans l’histoire des hommes et du monde post moderne (le monde de la communication, du spectacle et du commerce).

Que la frappe américaine ordonnée par le roi de l’Olympe et approuvée par ses Sbires soit ciblée pour faire diversion et contenter les opinions occidentales fascinées par les médias et aliénées par le crédit ou planifiée pour répondre aux désirs de nuisance maléfique des élites exigeant la capitulation du régime de Damas et l’assassinat du président syrien, la partie est finie, bien finie même si dans le monde visible et immédiat on ne voit pas encore la fin tout occupé à nos querelles idéologiques, à nos sectarismes religieux et à nos attachements partisans. L’humain est en danger et c’est en Homme que nous devons analyser la situation et prendre position.

La partie est finie et perdue pour la simple raison qu’aucun des buts de la guerre subversive contre la Syrie n’a été réalisé même partiellement : le démembrement de la Syrie, la fin de l’influence iranienne et l’élimination des arrières logistiques du Hezbollah. Après les défaites successives et cuisantes de l’opposition armée syrienne et cosmopolite et surtout après la bataille stratégique de la Ghouta l’équation est en faveur du régime syrien et de l’armée syrienne qui reprennent le contrôle de leur territoire, de la Russie qui joue son rôle de leader mondial contre l’ordre établi par l’hyperpuissance américaine et ses alliés, de l’Iran qui instaure sa stature d’acteur régional majeur, et enfin du Hezbollah qui a développé ses capacités de résistance et élargit ses compétences offensives.

Une nouvelle agression ne changerait rien à l’équation militaire sur le terrain tant pour la présence russe et iranienne que pour l’armée syrienne et le Hezbollah. Ces derniers sont décidés à résister et à conserver leurs acquis militaires et politiques. Toute guerre, locale, régionale ou mondiale n’a de sens que si elle consolide des positions militaires pour maintenir son pouvoir ou assoir celui de ses alliés, gagner des avantages économiques, commerciaux et culturels pour accroire son influence et conserver sa prospérité matérielle, ou protéger son propre territoire et celui de ses alliés ou vassaux.  Continuer la guerre en Syrie n’apporte aucun bénéfice matériel, politique ou culturel. La carte kurde dans le projet de démembrement ou dans le projet de reconstruction est une carte brulée : les Kurdes demandent à revenir au giron syrien. Erdogan par arrogance et confusion ne parvient pas à comprendre que le démembrement de la Syrie fait partie du démembrement de l’ensemble de la région pour empêcher le projet Eurasie qui se fera bon gré mal gré car c’est le seul qui peut apporter du bien être aux population et déplacer le centre de gravité financier, économique, culturel et scientifique de l’Occident vers l’Asie. S’il n’a pas compris son intérêt il joue un rôle de confusion au sein de l’OTAN et contrecarre les projets occidentaux. Il va continuer d’apporter de la confusion, mais il ne peut plus être déterminant dans la suite du conflit. Il lui reste à gérer les groupes terroristes d’obédience turcophile, les Kurdes et la crise économique qui est en train de saper son emprise sur la  Turquie.

La question principale n’est donc pas de débattre de l’agression et de juger son caractère immoral ou de faire étalage de ses sentiments, mais de dire sans risque de se tromper que c’est la fin de partie. C’est la fin de partie, elle sera plus dramatique et plus étendue que ce que l’on peut imaginer. Le bloc de la résistance a remporté la partie  après 7 ans de guerre et l’expérience de la résistance va se reproduire en mode élargi et enrichi sur d’autres territoires et d’autres domaines comme l’économie, la finance, la culture. C’est la conjugaison et la globalisation de cette résistance qui va libérer la Palestine.

Si l’agression qui se prépare est juste un fait d’annonce (guerre de communication) avec ses morts et ses destructions sans grande signification stratégique ou tactique alors elle annonce la période de négociation pour le retrait des Américains qui vont une fois de plus faire payer la facture aux Saoudiens et aux bédouins du Golfe. La voix s’ouvre vers la libération de Jérusalem et elle se ferme sur un pouvoir américain en décomposition. D’ailleurs toutes les communications contradictoires attestent que le pouvoir américain n’a plus d’unité, de direction, d’orientation.

Si l’agression qui se prépare devient une agression de longue durée et de haute intensité,alors,  une fois les bombardements terminés, au cas où les Russes n’entrent pas dans le conflit, ce qui est peu probable vu l’état d’esprit général en Russie (politique, militaire et populations civiles) et les forces concentrées en Syrie, la véritable guerre commencera contre les Américains et leurs alliés dans un terrain qui leur échappe totalement par son histoire, sa psychologie, ses ressources humaines et sa soif de se libérer : l’Irak, la Syrie, l’Iran, l’Afghanistan, le Yémen. Si les Russes interviennent vite et fort l’Occident avide de vie et de consommation ne prendra pas le risque d’une guerre nucléaire ou d’une guerre mondiale où il ne gagne ni colonies ni comptoirs commerciaux ni zones d’influence. Si les Russes n’interviennent pas les Syriens (l’armée syrienne et les défenses populaires constituées et en attente d’entrée en action contre l’envahisseur américain et turc), et le Hezbollah interviendront, car il s’agit de leur survie et ils se sont préparés à cette ultime bataille qui visera les Américains, les sionistes et les bédouins arabes. A ce sujet la seconde et grande défaite occidentale en Syrie est la jonction entre la Syrie et l’Irak par laquelle va transiter l’effort de guerre iranien contre les intrus dans la région.

Une fois de plus la France va se trouver hors-jeu ou faisant les mauvais choix faute d’autonomie de décision et de vision sur l’avenir. Le mimétisme en place n’est pas capable de savoir s’il s’agit de diversion ou de diversion. Les gens de raison et de cœur savent par intuition que les forces maléfiques sont à la manœuvre, il s’agit sans doute de la dernière manœuvre avant le changement des règles de jeu imposées par Hadès et protégés par les Cerbères.  Les masques d’invulnérabilité et d’invisibilité vont tomber sinon c’est le règne de la mort et des zombies. Les masques de l’islamisme wahabiste et frériste sont tombés et il est donc temps que les musulmans se réveillent avant que d’autres marionnettes ne les conduisent vers de nouvelles impasses et de nouveaux désespoirs. Il est possible que l’on se réveille sur un coup de bluff ou une fanfaronnade et là la dérision sera sans limite en termes de crédibilité avec les conséquences les plus imprévisibles pour l’établissement d’idiots qui gouvernent la planète. Si par contre la menace est exécutée, la dérision sera plus grande, mais dramatique pour les fous maléfiques  qui ne veulent pas quitter l’histoire dignement. Ils n’ont ni l’imagination délirante d’Homère ni le recours symbolique aux mythes des anciens grecs et perses pour tenter d’expliquer les mystères de l’histoire et conjurer le sort. Ils ne disposent que d’une foi aveugle en leur suprématie technologique et d’une fascination pour les narratives qu’ils se partagent avec leurs relais médiatiques pour s’auto leurrer et se conduire graduellement et inéluctablement vers l’effondrement qu’annoncent la crise de civilisation et le ridicule politico médiatique. Les dieux de l’Olympe sont morts, mais les diables des empires sont vivants encore pour un certain temps. Les simulacres de l’invulnérabilité et de l’invisibilité d’Hadès ainsi que les manifestations de méchancetés et d’épouvante de Cerbère  ne font peur qu’aux miteux.

Cette brève analyse est la soixantième sur la Syrie. Elle intervient deux ans après la dernière analyse  faite le  14 février 2016  sous le titre « Syllogismes fallacieux saoudiens et guerre en Syrie« .

Les mythes des miteux volent en éclats

Nourris de mythes et gouvernés par des miteux nous ne faisons qu’attendre le retour du Messie ou l’arrivée du Dejjal pour surmonter nos difficultés et supporter la nausée qui s’empare de nous lorsque nous tentons de voir la réalité du monde que nous hantons. Nous oublions que chaque jour qui vient il y apporte avec  une proposition de renouvellement qui s’offre à chacun de nous. Il apporte aussi son lot de malédiction. Parfois des choses inouïes se produisent pour réveiller de la torpeur, de l’insouciance ou du dégoût.  C’est ainsi que ces derniers jours nous voyons les syllogismes fallacieux et les artifices mensongers annonçant l’apocalypse non seulement voler en éclat, mais défier toute logique humaine routinière : il y a des forces supra-naturelles qui agissent et un destin qui s’accomplit.  Les événements qui s’enchaînent à une vitesse surprenante et dans une logique irrationnelle nous font penser à la fable de La Fontaine  » La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf »

Une Grenouille vit un Boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n’était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s’étend, et s’enfle, et se travaille,
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : « Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ?
– Nenni. – M’y voici donc ? – Point du tout. – M’y voilà ?
– Vous n’en approchez point. « La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.

Cette allégorie de la vanité, de l’ambition démesurée, de l’arrivisme social et politique, des classes parasitaires va comme un gant au Qatar qui a commencé à enfler et enfler depuis pratiquement 1995 lors de l’arrivée au pouvoir du cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani par un coup d’État contre son père. La force de frappe du pouvoir qatari est constituée de :
– l’argent du gaz : le Qatar est le quatrième producteur de gaz naturel du monde après les États-Unis, la Russie et l’Iran; il est le premier exportateur de gaz naturel liquéfié.
– la diplomatie active,
– la plateforme internationale de l’aviation civile,
– et la chaîne médiatique Al Jazeera.

La chaîne Al Jazeera a réussi à briser le monopole des Saoudiens sur le paysage médiatique arabe. Dans ses rapports aux Saoudiens il faut se rappeler que le Qatar, depuis son indépendance le 3 septembre 1971 a toujours contesté le monopole de l’Arabie saoudite et a toujours refusé de devenir un membre des Émirats arabes unis ou de l’Arabie saoudite. Il faut se rappeler aussi que si la création du Qatar est une création des Britanniques à la suite de la décadence de l’Empire ottoman et de la découverte des hydrocarbures, elle est aussi la suite d’un processus de rébellion contre la tutelle bahreïnienne des Al Khalif. Al Jazeera a « libéré » la domination exclusive des gouvernements arabes sur l’information nationale. Elle a donné la voix aux opposants arabes y compris aux opposants au régime saoudien. Elle a su présenter un nouveau style et une nouvelle compétence fondés par le recrutement des meilleurs journalistes arabophones autour de l’équipe éditoriale en provenance de la Britannique BBC Arabic Television. L’Arabie saoudite a tenté de rivaliser avec Al-Jazeera en créant le 3 mars 2003 la chaîne Al Arabia par le groupe MBC ayant pour siège Dubaï aux Émirats arabes unis. Al Arabia est une chaine de désinformation avec des moyens colossaux (400 salariés et 120 journalistes).

Dans le monde arabe, la chaîne a pu gérer les contradictions du monde arabe : donner la voix au HAMAS, au JIHAD islamique, aux Frères musulmans et aux gouvernants de l’entité sioniste. Mettre en vedette Haykel le nationaliste laïc et Qaradhawi l’internationalisme islamiste. Couvrant la guerre en Afghanistan elle a montré Al Qaeda, Ben Laden, la résistance afghane et l’armée américaine.Elle a couvert la guerre au Kosovo, defendant les bosniaques et justifiant la guerre de l’OTAN contre la Serbie, elle a divulgué les accords secrets entre l’entité sioniste et l’Autorité palestinienne. C’était une révolution médiatique qui a donné de visibilité, de la présence et de la puissance au Qatar. Il appartient aux experts de l’information, du marketing, de la sociologie, de la politologie, de l’idéologie, de la diplomatie et du du renseignement de se prononcer sur ses constructions informationnelles et ses luttes idéologiques dans le monde arabe. Il y a du travail pour les jeunes doctorant.

Les choses se sont corsées lorsqu’Al Jazeera et la diplomatie qatarie sont devenus des acteurs partisans et sectaires lors du « printemps arabe » notamment en Égypte et en Libye. Le Qatar, dont la famille régnante se réclame du wahhabisme, soutient principalement les mouvements liés aux Frères musulmans, ce qui provoque de fortes tensions avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, très hostiles à la confrérie freriste. Les choses se sont aggravées lorsque le Qatar est devenu l’instrument idéologique, financier et militaire contre Maâmar Kaddhafi en Libye et Bachar al Assad en Syrie en plus de sa propagande médiatique. Cet instrument et cette propagande non seulement sont en rivalité avec l’instrument et la propagande des Saoudiens, mais en contradiction sur les tactiques, les stratégies et les finalités. Ce n’était ni une question de démocratie, ni d’Islam, ni de justice internationale, ni de solidarité humaine, mais des convoitises sur les ressources, des manifestations d’egos surdimensionnés, des comportements de pervers narcissiques qui ont instrumentalisé la religion et les valeurs humaines.

Porté par l’audience et la capacité de propagande d’Al Jazeera, les premières réussites en Libye et en Syrie, le régime qatari n’écoutait pas ceux qui le mettaient en garde contre la vanité et l’ambition démesurée qui font enfler jusqu’à exploser comme la grenouille de La Fontaine. Ni les Qataris, ni les Saoudiens ni les autres bédouins ne peuvent comprendre la morale subtile de la fable : un changement nocif qui s’effectue d’une manière suffisamment lente, mais arrogante finit par échapper à la conscience, au sentiment et à la raison. La descente aux enfers provoquée par la mégalomanie et le crime ne suscite ni réaction, ni opposition, ni esprit critique, ni révolte. En s’adaptant à sa folie et au chaos produit, en acceptant l’effusion de sang et en armant les tueurs l’individu, la société et les régimes subissent la loi de l’adaptation qui les conduit à tolérer le mal et à le propager jusqu’aux limites qui conduisent à l’explosion venant de l’extérieur ou à l’implosion venant de l’intérieur. Le pire de l’adaptation au mal c’est d’inverser les valeurs et les principes : prendre le mal pour le bien et le bien pour le mal. Les phénomènes addictifs sont destructeurs. L’addiction au pouvoir et à l’impunité est pire que celle à l’alcool et à la drogue.

وَمِنَ ٱلنَّاسِ مَن يُعْجِبُكَ قَوْلُهُ فِي ٱلْحَيَٰوةِ ٱلدُّنْيَا وَيُشْهِدُ ٱللَّهَ عَلَىٰ مَا فِي قَلْبِهِ وَهُوَ أَلَدُّ ٱلْخِصَامِ
وَإِذَا تَوَلَّىٰ سَعَىٰ فِي ٱلأَرْضِ لِيُفْسِدَ فِيِهَا وَيُهْلِكَ ٱلْحَرْثَ وَٱلنَّسْلَ وَٱللَّهُ لاَ يُحِبُّ ٱلفَسَادَ
وَإِذَا قِيلَ لَهُ ٱتَّقِ ٱللَّهَ أَخَذَتْهُ ٱلْعِزَّةُ بِٱلإِثْمِ فَحَسْبُهُ جَهَنَّمُ وَلَبِئْسَ ٱلْمِهَادُ

{Parmi les hommes, il y a celui dont le discours te plait lorsqu’il parle de la vie de ce monde. Il prend Dieu à témoin de ce que contient son cœur ; mais c’est le plus acharné des querelleurs. Dès qu’il [te] tourne le dos, il s’en va par la terre pour y semer la corruption et détruire les récoltes et le bétail ; mais Allah n’aime pas la corruption. Lorsqu’on lui dit :  » Prends garde à Dieu !  » la superbe s’empare de lui et le pousse au péché. La la Géhenne lui suffira : quel détestable lit !} Al Baqara 203

La descente aux enfers à cause de l’effusion de sang des Libyens, des Syriens et des autres humains ne fait que commencer. Elle a été initiée par un comportement qui ne sied pas à quelconque autorité religieuse : Les « savants » saoudiens ont fait valoir leur appartenance tribale et leur référence à Abdelwahab. Il a été suivi par une guerre médiatique avant de se transformer en rupture diplomatique, embargo économique et ultimatum militaire. Il s’agit tout simplement d’une demande de reddition pure et simple du Qatar aux injonctions saoudiennes sinon un coup d’État ou une invasion militaire. Les conditions de la capitulation sont dictées sous forme de dix commandements dont :
– la fermeture d’Al Jazeera ou son alignement sur celui d’Al Arabiya,
– le renvoi des cadres du HAMAS et des Frères musulmans résidents au Qatar,
– le paiement d’une taxe pour dédommager l’Arabie et les Emirats arabes des nuisances du Qatar. Il s’agit sans doute du paiement d’une redevance sur le gaz pour compenser l’imposition financière de Trump aux Saoudiens et une échappatoire aux futurs dédommagements à verser aux assurances américaines et aux victimes du 11 septembre. Il s’agit de laisser le Qatar endosser tout seul la responsabilité du terrorisme « islamique ». Les lobbies saoudiens aux Etats-Unis ont financé les campagnes médiatiques contre le Qatar l’accusant de soutien du terrorisme. Dans mes livres sur l’Islamophobie et les révolution arabes j’ai montré que la lutte idéologique de l’islamophobie consistait, entre autre, à enlever toute légitimité intellectuelle et morale aux savants musulmans en les poussant à la faute,connaissant leur amour du pouvoir, de l’argent et leur savoir limité à la compilation des livres anciens. Le jour où l’association internationale des savants musulmans serait taxée d’agents de subversion idéologique et de fabricants de terroristes est proche. Cela fait partie de l’ordre des choses. Qaradhawi ni ses disciples ne peuvent réfuter les appels à la rébellion armée et à la mise à mort de dirigeants arabes ni à leur légimitation de l’assassinat de figures religieuses ou politiques ni à leur justification de l’effusion de sang à grand échelle. Les pseudos intellectuels musulmans de France ont ramené l’islamophobie à une haine envers les banlieues françaises alors que les pseudos islamistes ont demandé l’intervention de l’OTAN.

Après le Qatar, chacun jouera en son temps et selon l’agenda de l’empire et du sionisme le rôle de bouc émissaire du terrorisme comme le montre la Fable de Jean de La Fontaine : Les animaux malades de la peste.

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste [puisqu’il faut l’appeler par son nom]
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n’en voyait point d’occupés
A chercher le soutien d’une mourante vie ;
Nul mets n’excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n’épiaient
La douce et l’innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d’amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L’état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J’ai dévoré force moutons.
Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m’est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
– Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d’honneur.
Et quant au Berger l’on peut dire
Qu’il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir.
On n’osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L’Ane vint à son tour et dit : J’ai souvenance
Qu’en un pré de Moines passant,
La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

À notre époque, le scénariste, le moralisateur et l’acteur principal sont sous la direction de Donald Trump qui joue sur la lâcheté, l’arrogance, la servilité et la stupidité des Bédouins arabes. Pour relancer les projets de relance économique aux États-Unis il impose  :

  • au Koweït de verser 50% de son revenu annuel au lieu des 25% versé à l’Amérique en paiement de sa libération et de sa protection contre l’Irak,
  • à l’Arabie saoudite 500 milliards de dollars en achat d’armement américain et en investissements dans les infrastructures américaines.
  • Il va exiger du Qatar le paiement d’une dîme à vie ou du financement de l’autre partie de son projet de relance économique en échange de la protection américaine contre les convoitises de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes. Les positions contradictoires de Trump, souhaitant l’Arabie et accusant Qatar puis demandant à une conférence de paix à Washington,  ne sont pas stupides, elles sont celles d’un cambiste qui fait monter les enchères.

L’argent arabe va continuer de servir à détruire le monde arabe et à donner la suprématie à ses ennemis. Le monde arabe n’a que faire de l’arabité et de l’Islamité de l’imposture  » Serviteurs de deux lieux saints de l’Islam » comme il n’a que faire des luttes interconfessionnelles ou des rivalités de pouvoir : il veut la paix et  le progrès. Le chemin de la paix et du progrès est la liberté assumée par les peuples et la gouvernance sensée des élites.

Nous attendions l’apocalypse d’une guerre américano-arabe contre l’Iran et voila le Qatar ex grenouille enflée qui devient l’âne à dévorer.  Quelle que soit l’issue du Qatar, mangé cru, bouilli ou pourri ou comme une arête de poisson qui coince à la gorge,  l’Arabie saoudite sortira humiliée par sa stupidité et l’Iran grandi par son influence efficace.Les suites attendues de la crise qatarie sont nombreuses. Un coup d’État en Arabie saoudite n’est pas à exclure. la punition du Sultanat d’Oman pour sa neutralité envers l’Iran, le Yémen et Qatar… Gaza et le HAMAS sont cependant les premières victimes de la stupidité arabe. Le grand gagnant est l’entité sioniste qui va normaliser ouvertement ses relations avec les Arabes et arbitrer leur conflit ou faire office de Kawwad (entremetteurs) des Arabes auprès des États-Unis. Il n’y a pas de théorie de complot, mais  il y a des processus logiques. Le destin de Dieu n’est pas un arbitraire, mais des lois en oeuvre. En prenant position contre la Syrie, non seulement les dirigeants du HAMAS se sont montrés ingrats, mais corrompus et stupides. Le chien le plus méchant ne mord jamais la main de celui qui le nourrit, mais les dirigeants du HAMAS se sont détournés de la Syrie alors que Bachar al Assad a refusé les injonctions américaines et saoudiennes de cesser l’aide et la collaboration de la Syrie à la résistance palestinienne et libanaise. Comme on creuse son lit comme on s’y couche. J’ai écris un livre sur Gaza et la résistance du HAMAS dans lequel j’ai exprimé mon admiration et mon soutien pour la résistance palestinienne, mais dans lequel j’ai aussi exprimé ma crainte de voir l’héroïsme et la victoire confisqués par les bureaucrates et les rentiers de l’islamisme politique ou par les diplomates de l’extérieur.  Après le printemps arabe j’ai eu la chance de voir les troubles du camp de Yarmouk en Syrie dans leur tragédie à venir : la défection de HAMAS pour des considérations partisanes. C’est dans le moment de gloire que la tentation et l’épreuve sont les plus terribles. La réalité et la vérité ne manquent jamais d’interpeller un homme, une faction ou un peuple : pour quel principe tu as combattu et tu t’es sacrifié ?

Les changent ne demeurent pas en l’état et les saoudiens vont comme au Yémen s’enliser. Des processus se mettent en place et peuvent aider le Qatar non seulement à refuser la capitulation, mais à accepter la confrontation. :

Les Turcs changent la donne en envoyant leurs troupes d’élite au Qatar et en activant le pacte de défense commune. Ils font de l’offensive la meilleure stratégie défensive contre le plan de déstabilisation qui vise la Turquie et qu’Erdogan a permis par son ambition et ses confusions. Par ailleurs un grand pan de l’économie turque en particulier le secteur du bâtiment et de la construction est en partenariat d’affaire (montage financier et boursier) avec le Qatar et il est difficile de croire que la Turquie va assister impuissante à l’effondrement de son économie ou de sa confiscation d’autant plus que les retombées négatives de la guerre en Syrie se font sentir. La Syrie était un poumon industriel et commercial pour la classe entrepreneuriale turque ainsi qu’un réservoir de main d’oeuvre à bon marché. Par ailleurs la Turquie d’Erdogan a perdu un allié stratégique après le coup d’Etat de Sissi contre le président Morsi et et elle ne va pas se permettre de perdre le dernier allié. Les dirigeants turcs sont persuadés que le même scénario israélo-américano-saoudien appliqué contre les Frères musulmans égyptiens est en préparation au Qatar.

Les Iraniens changent la donne en ouvrant leur espace aérien et leurs ports. La chaîne saoudienne Al Arabia, par désinformation ou par crainte, annonce l’arrivée de troupes d’élite des Gardiens de la Révolution pour protéger le palais et dignitaires qataris. Les iraniens savent que les Saoudiens cherchent, sous impulsion américaine, n’importe quel prétexte pour leur déclarer la guerre, est-ce qu’ils vont donner ce prétexte ?

Les rencontres entre Turcs, Iraniens et Irakiens annoncent peut-être l’émergence d’un front anti saoudien qui va se manifester par le soutien effectif au Qatar. L’Émir du Qatar, jeune et intelligent, peut imaginer un scénario inédit même si la configuration géographique est en défaveur du Qatar.

La visite du MAE qatari à Moscou s’inscrit dans ce cadre. Les Russes ont intérêt pressant à une présence active au Moyen-Orient.

De part et d’autre nous sommes face à des mentalités arabes qui subissent l’affectif au lieu de se soumettre à la raison. Les choses peuvent donc aller vite, trop vite tout en se compliquant dans un sens ou dans l’autre. Dans l’immédiat les Russes, les Turcs et les Iraniens peuvent changer les lignes de confrontation et les échéances, mais ils ne peuvent changer les mentalités et le cours de l’Histoire. Ce qui est sur c’est que les rivalités entre Qatar et les pays du Golfe sont vielles comme le temps, ce qui est vrai aussi ce sont les luttes tribales et l’esprit clanique. À la différence du passé, lointain ou proche, le conflit sort de son cadre golfique pour devenir régional et en voie d’internationalisation.

La crise est installée durablement, son dénouement sera tragique et il viendra davantage de l’effondrement des États-Unis que du renouveau du monde arabe. Pour l’instant on ne peut que se réjouir de l’effondrement de l’OTAN arabe.

Le monde arabe – administrés et administrateurs, gouvernants et gouvernés, pouvoir et opposition, élite et gens du commun, musulmans et non-musulmans, islamistes et nationalistes, sunnite et chiite – doit impérativement penser à sa résistance contre la stupidité des siens et à la cupidité vorace des étrangers. Il doit comprendre qu’il n’y a ni dignité humaine ni autonomie politique ni patrie lorsque les nationaux ne produisent ni leur nourriture ni leur armement, ni leurs idées ni leur devenir. La fin des mythes des miteux doit nous faire prendre conscience qu’avec la mentalité miteuse qui nous habite depuis des siècles nous sommes aptes ni à importer la modernité et la laicité de l’Occident ni à nous propulser en élan civilisateur et libérateur de l’Islam.

Combien est vraie la sentence prophétique :

« Comme tu fais il te sera fait ».

Ivanka au pays des merveilles

Ivanka au pays des merveilles s’est vue offrir 100 millions de dollars pour sa ligne de vêtement en plus des yeux ahuris d’hommes qui ont l’habitude de promettre aux apprentis terroristes et aux fascinés du wahhabisme les houris du paradis. Son père, tonton Miki, s’est vu offrir un demi trillion de dollars. Ahurissant !

Tonton Miki ressemble étrangement à l’héros félin de l’auteur italien Giovanni Francesco Straparola le Chat botté (le Maître chat) qui utilise la ruse et la tricherie pour offrir le pouvoir, la fortune et la main d’une princesse à son maître mal-né et sans-le-sou. Initialement, le maître mal-né et sans-le-sou avait hérité de son père le meunier un chat, ses frères avaient hérité l’un du moulin et l’autre de l’âne. Mort de faim, l’héritier allait manger le chat, mais celui-ci doué de parole le persuada de le laisser vivant, car il allait lui assurer la fortune. Le chat se mit à capturer des lapins et à les offrir au roi au nom de son maître qu’il présentait comme marquis de quelque chose lequel se trouve ainsi et à son insu de renom glorifié. L’histoire « Les Nuits facétieuses » montre l’excellence d’un chat consacré bonimenteur.

Pour ceux qui n’ont pas lu le livre et n’ont pas suivi l’actualité, il faut juste rappeler que les Saoudiens avaient financé la campagne de Hilary Clinton et qu’ils étaient les premiers à être menacés puis humiliés par The Donald Trump. Ils se retrouvent versant 500 milliards de dollars : 200 milliards en achat d’équipements et 300 milliards en investissement sur le sol américain. Ni la Bruyère, ni la Fontaine, ni Kalila et Doumna des Perses (des Arabes) ni Charles Perrault des Français, ni Disney Channel des Américains ne peuvent imaginer ce qui se passe dans la tête des Bédouins devenus roitelets absolus grâce à l’alliance stratégique du wahhabisme, qui a assassiné ou abruti des musulmans, avec l’impérialisme britannique, qui a colonisé et assassiné ces mêmes musulmans.

Le diabolisme du colonialisme ressemble aux ruses de Satan, mais certains colonisés voient en Satan l’ami béni. Le musulman devrait être intelligent et lucide, ne jamais se faire piquer deux fois au même endroit et par le même serpent selon ce qui a été rapporté sur le Prophète (saws).

Donald Trump, Président des États-Unis d’Amérique, n’a pas choisi, par caprice ou saut d’humeur, l’Arabie saoudite comme première station dans sa sortie à l’étranger. Il a mis la pression sur les Bédouins du désert pour les pousser à manifester leur traditionnelle servitude envers le pouvoir politique, médiatique militaire et financier américain. Conduite par des vieux séniles, des jeunes stupides, des rentiers et une idéologie wahhabite, la monarchie saoudienne ne pouvait que répondre au chantage américain : pétrole saoudien en échange de la protection américaine sous l’ancienne dynastie wahhabite et tous les biens saoudiens contre la protection américaine sous la nouvelle dynastie wahhabite. Rien de nouveau sous le soleil !

L’ancienne dynastie, lignée du clan Abdelaziz, sous l’inspiration anglo-saxonne, a créé des mythes : serviteurs des deux lieux saints, organisation islamique, jihad contre l’URSS pour renforcer la présence américaine, céder la Palestine et affaiblir les mouvements nationalistes en quête d’émancipation de l’impérialisme. La nouvelle dynastie, lignée du clan Salmane, sous l’inspiration américano-sioniste parachève la démolition entreprise par les « anciens » et « innove » par la démolition de la Libye, de la Syrie et du Yémen.

Comme rien ne semble arrêter leurs trahisons et leurs félonies, ni peuples ni élites, les voici à l’œuvre pour offrir sur un plateau d’argent ce qu’aucun président américain n’avait espéré : financer la relance de l’économie américaine et agglomérer les armées arabes et musulmanes dans l’OTAN arabe (islamique) sous prétexte de lutter contre le terrorisme islamique. Ce terrorisme qui a frappé davantage les peuples arabes et musulmans qu’occidentaux est le produit de la pensée wahhabite, le résultat de l’instrumentalisation de la religion à des fins mondaines, la mauvaise gouvernance despotique et insensée, la prédation cupide et vorace de la mondialisation capitaliste. Donc avec ou sans l’OTAN arabe et islamique, le terrorisme a encore de vieux et longs jours devant lui, car les causes qui l’ont généré et les acteurs qui l’ont fondé sont en place pour ne pas dire ceux qui prétendent le juguler.

En conséquence de JACTA, l’Arabie saoudite et ses consœurs vont être saignées à blanc pour la gloire de leur idole qui les asservit et les met en situation de « kwawda » (entremetteurs auprès des prostitués, des maquereaux et maquerelles). Pourtant l’Islam criminalise l’intermédiation dans les intrigues galantes, la fourberie ou la maquerellerie. Si la loi républicaine romaine faisait des entremetteurs et des prostituées une caste d’infâmes, la loi monarchique des « Chouyoukhs » et des « Serviteurs des lieux saints de l’Islam » ont fait du maquereautage militaire, politique, financier, médiatique, une pratique licite et bénie. Il ne s’agit plus de plaire à Dieu, mais aux idoles de Washington qui par leurs directives font verser le sang des innocents, appauvrir les peuples et fragmenter des territoires.

Expert en cynisme et en narrative télévisuelle, The Donald a fait casquer les bédouins. Les Bédouins insensés et hostiles à la liberté humaine et à la dignité des peuples ont fabriqué l’audience qui va continuer de démolir ce qui reste du monde arabe et musulman en Syrie et en Irak. Ils ont tout misé sur Donald alors que l’Amérique risque soit d’entrer en guerre civile ou de le destituer. Au-delà de la haine contre Assad et les chiites d’Irak, il s’agit d’interdire la jonction idéologique et logistique entre deux armées arabes et musulmanes qui peuvent remettre en cause la suprématie militaire de l’État sioniste. Il s’agit d’anéantir ce que la République islamique d’Iran a construit sur le plan économique, politique, scientifique et militaire et de l’entraîner dans une nouvelle guerre. Il s’agit de désigner le Hezbollah libanais, le Jihad islamique et le HAMAS palestinien ainsi que l’ensemble des mouvements de résistance à l’occupation et à l’impérialisme comme mouvements terroristes à combattre.

Le gagnant est l’entité sioniste. Elle tire sa force du déchirement du monde arabe et musulman. Elle tire profit de la manne financière qui lui est restituée sous forme d’aide militaire américaine. Elle continue à se déployer grâce au soutien indéfectible et inconditionnel du véritable pouvoir américain : le complexe militaro-industriel.

Nous savions par lecture et par déduction que les monarchies arabes avaient des relations avec l’entité sioniste, maintenant nous savons que leur ennemi déclaré n’est plus l’entité sioniste, mais la République islamique d’Iran. Nous savons aussi que la manne financière accordée à « celui qui n’en croyait ni ses yeux ni ses oreilles devant la compromission arabe facile et gratuite » aurait pu libérer la Palestine, promouvoir la paix et le progrès dans le monde arabe et musulman, aider les paysans africains, asiatiques et sud-américains. Au lieu de cela nous allons continuer de voir l’effusion du sang arabe et musulman présidée directement et ouvertement par les généraux sionistes et américains. Ce qui peut stopper ou augmenter cette effusion de sang c’est la mise en déroute de l’OTAN arabe et musulmane et ses commandements étrangers sur les terrains de combat réels c’est-à-dire la Palestine, la Syrie et le Yémen.

Nous savons tant par l’histoire que par leurs comportements erratiques que leurs cœurs sont dispersés et leurs têtes sont insensées. Ils n’ont ni stratégie victorieuse ni perspective de triomphe. Nous voyons déjà leur échec au Yémen où les Émirats tentent de doubler l’Arabie saoudite. Nous voyons déjà le Qatar jeté en pâture comme bouc émissaire de leur échec en Syrie et comme contradiction entre les wahhabites et les Frères musulmans. Le Qatar va porter l’étiquette de pourvoyeur de fonds du terrorisme pour blanchir l’Arabie saoudite. J’avais prévu que Cheikh Al Qaradhawi finirait par se trouver sur la liste des recherchés par Interpol pour apologie du terrorisme. Il y a une logique implacable qui s’est mise en place dans ce qu’on appelle l’Islamophobie et le printemps arabe.

J’ai essayé de montrer dans mes livres et mes articles depuis 2010 qu’il y avait réellement une machination diabolique avec des visées de guerre et de prédation, cette machination s’appuie sur notre incapacité à comprendre les enjeux du monde et à notre suffisance intellectuelle qui n’arrive pas à distinguer l’accessoire de l’essentiel, l’ennemi de l’ami, le syllogisme fallacieux de la vérité, la narrative de la réalité. Les « élites » prisonnières de leur délire de dénigrement du pouvoir en place (ou son opposition) et de leur quête assoiffée du pouvoir (ou son maintien) n’ont pas voulu se concerter pour une pédagogie de résistance et une pratique de défense contre Satan incarné dans l’impérialisme. Combien étaient nombreux et puérils les Pygmalions, ceux qui avaient soutenu ou justifié l’agression de la Libye, de la Syrie puis du Yémen au nom de l’islamisme ou de la démocratie.

En attendant le dénouement final de la tragédie, cherchons la morale de la fable du chat bonimenteur faiseur de marquis et de rois dans ce monde post moderne où domine le mythe de Hermès, ce demi dieu promoteur du spectacle, joueur de pipeau et protecteur des voleurs et des commerçants. Les pays « démocratiques » sont pris de frénésie pour le spectacle, la beauté des apparences et le superficiel, ils sont en décadence civilisationnelle. On ne peut attendre des pays arabes et musulmans gouvernés par des insensés et habités par des insouciants un changement salutaire.  Au royaume des chats bonimenteurs, des ogres et de la corruption l’homme intelligent et perspicace (al Halim) se retrouve perplexe et étranger. Dans cette situation de perplexité et d’étrangeté, deux angoisses sur lesquelles nous n’avons pas de réponse :

Quelle sera la facture à payer en vie humaines, en années de développement perdu si les insensés poussent leur insenséisme à la guerre contre l’Iran ?

Alors que le monde se dirige de plus en plus vite vers une domination des forces satanique quand les terres d’Islam vont se mettre à produire en qualité et en quantité les forces vives et lucides utiles aux hommes sans sectarisme ni bigotisme ?

Est-ce que les Sunnites ont l’autonomie de penser et le courage d’agir pour se libérer des carcans du wahhabisme, du frerorisme et du maraboutisme religieux et politique et se consacrer à notre véritable vocation de musulman (mouslimine) : croire librement et faire le bien.

Est-ce nous allons continuer à accepter les narrations comme elles se présentent et en faire des dogmes sans les soumettre au bon sens.  Contre la logique évidente de la narration Charles Perrault veut faire croire aux enfants et aux adultes que la morale de l’histoire est :

Quelque grand que soit l’avantage
De jouir d’un riche héritage
Venant à nous de père en fils,
Aux jeunes gens, pour l’ordinaire,
L’industrie et le savoir-faire
Valent mieux que des biens acquis.

Et pourtant le récit est clair : le fils du Meunier n’a aucun mérite par lui-même et le chat n’a été ni industrieux ni laborieux, mais un manipulateur bonimenteur dont la ruse était facilitée par la naïveté déconcertante des paysans, des animaux, du roi…

Il est vrai que la Renaissance et les Lumières coloraient de leur idéologie matérialiste et « progressiste » toute production littéraire ou philosophique et annonçaient le triomphe du capitalisme technologiste. Ce capitalisme n’est pas fondé sur l’industrie et le génie humain mais sur le commerce inégal, la banque casino et l’exploitation des hommes. Le reste c’est du boniment.  L’Occident renaissant et éclairant a façonné notre mentalité, qu’elle se réclame de la république ou de la monarchie, du progressisme ou de l’islamisme, des gouvernants ou des gouvernés. Il fabrique du leurre pour des consommateurs de leurres surtout lorsqu’il s’enveloppe du merveilleux et du fascinant qui appelle à se démettre de son devoir de responsabilité et de lucidité. La réalité historique des bédouins n’a jamais été le travail, mais la rente y compris la rente religieuse. C’est cette rente qui nous rend acceptable les discours méprisants d’Obama au Caire et de Trump à Riyad.

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Omar MAZRI – http://liberation-opprimes.net/ivanka-au-pays-des-merveilles/

Alea JASTA est pour les bédouins

 « Alea jacta est » est une locution latine signifiant « le sort en est jeté », ou « les dés sont jetés » attribué à César franchissant le Rubicon (le fleuve faisant frontière entre la Gaule et Rome) et qui voudrait dire qu’il s’en remettait aux événements hasardeux sur lesquels il n’aurait aucune emprise, et sur l’histoire à advenir, car il n’y a plus de possibilités de revenir sur ce qui a décidé et entrepris. Les gouvernants saoudiens n’ont ni la stature de César ni la grandeur de Rome et de son empire, mais juste de l’argent pour corrompre, une rente religieuse pour fasciner, une arrogance et une sénilité les conduisant fatalement à JASTA – Justice Against Sponsors of Terrorism Act – la loi fédérale américaine votée jeudi 29 septembre 2016 par le Congrès des États-Unis  permettant aux cours fédérales américaines de poursuivre des États étrangers qui auraient aidé ou qui aideraient à commettre un acte terroriste contre un intérêt américain. Comme il était hautement prévisible, l’objectif affiché des législateurs américains est de permettre aux proches des victimes des attentats du 11 septembre 2001 de poursuivre en justice l’Arabie saoudite pour son éventuel soutien aux terroristes en cause (15 des 19 terroristes étaient saoudiens) est devenu réalité tangible. Cette réalité vient de se manifester quelques jours après la visite triomphaliste du dauphin saoudien à la Maison Blanche qui a fait croire que sa visite et ses résultats étaient d’importance historique et de portée stratégique. Le cabinet Kreindler & Kreindler vient de demander des dommages et intérêts aux familles des victimes du 9/11 imputant l’attentant aux Saoudiens et aux puissants et vastes réseaux de bienfaisance dont notamment la fondation Al Haramein.

Les séniles et les arrogants, sans stratégie et sans profondeur historique civilisationnelle, ont dilapidé leurs ressources, leurs crédits religieux et leur temps en vanités et corruption, mais le temps est impitoyable pour celui qui ne sait où aller sauf suivre la voix de son maître alors que ce maître est devenu lui-même inaudible, confus, empêtré dans ses contradictions et son essoufflement. La fin annoncée des Saoudiens et réalisée par leurs propres mains est en achèvement par la conjugaison de plusieurs facteurs dont les plus importants :

  • l’enlisement au Yémen qui devient un gouffre financier pour les Saoudiens, un désastre humanitaire et sans doute un processus qui va les conduire à la cour pénale internationale pour crimes de guerre et génocide si d’ici là les Yéménites ne s’emparent pas d’une ou plusieurs provinces saoudiennes.
  • La défaite humiliante en Syrie qui va sans aucun doute d’une manière ou d’une autre leur renvoyer la facture et les groupes terroristes.
  • La perte de crédibilité saoudienne face à l’Iran. Les manœuvres sectaires et idéologiques vont s’estomper pour laisser apparaître d’un côté un pays usurpateur de l’Islam et imposteur des lieux saints sans vision réaliste du monde et sans édifice politique, diplomatique, économique et technologique, d’un autre côté un pays habile et édificateur.
  • La refondation du Moyen-Orient et la réalisation de l’Eurasie avec l’exclusion des monarchies qui vont de fait se trouver des intrus sans place et sans avenir  dans l’environnement géopolitique en émergence qui les cerne déjà militairement, économiquement et politiquement.
  • L’Egypte et la Turquie ne sont pas des alliés stratégiques crédibles et durables pouvant aider les Saoudiens, car ils ne cherchent que la manne financière et le prestige religieux de l’Arabie qui sont d’ailleurs en train de s’évaporer pour ne laisser que les déceptions et les illusions perdues des peuples en souffrance ou en insouciance.
  • L’Arabie est en crise sociale et financière du fait de son financement de la guerre en Syrie (5 milliards de dollars), de la guerre au Yémen (20 à 30 milliards de dollars), de la course à l’armement (100 milliards). Cette course vaine et hémorragique a fait dire à un général américain qu’il trouvait stupide qu’un de leurs alliés dépense des centaines de millions de dollars (tirs de missiles Patriots) contre des quadricoptères de quelques centaines de dollars (drones yéménites) signifiant par-là l’absence de stratégie, de compétence et de bravoure des va-t-en-guerre. Cette crise en accroissement exponentiel : perte de confiance des troupes et prix du pétrole en chute pour des décennies qui annoncent des énergies renouvelables et concurrentielles. La rente ou plutôt les rentes financières, historiques et religieuses ont formaté les esprits et institué une institution de médiocres serviles à tous les niveaux et dans tous les domaines.

Les Etats-Unis n’ont plus besoin des hydrocarbures saoudiens ni de leur sol, car après l’expansion vient inéluctablement le temps de l’autarcie et de l’effondrement comme ce fut pour tous les empires passés.

  • Les Etats-Unis sont en déclin, ils ne peuvent être « garantie » ou « asile » pour leurs protégés, ils ont besoin de vassaux disciplinés et forts. S’ils ne rentrent pas en guerre civile, ils vont se déchirer intérieurement et déchirer leurs alliés. Avec ou sans Trump, les Administrateurs cyniques et cupides de l’Amérique vont saigner à blanc les monarchies en leur faisant payer à prix fort leur sécurité tout en les engageant dans des guerres inutiles et perdues d’avance.
  • L‘Islamophobie continue de jouer ses cartes : frapper le musulman par le musulman pour les faire apparaître tous hideux et ne méritant ni pitié ni considération. N’inspirant ni compassion ni respect, leurs territoires peuvent être livrés à la cupidité vorace ou à la destruction totale les laissant sans ressources, sans perspectives de développement, sans projet de civilisation, sans force de résistance, sans continuité et cohérence dans les géographies, les mentalités, les devenirs et les économies. La Turquie, gouverné par un « illuminé » est en train de sombrer, malgré ses cadres militaires, politiques et économiques de haut niveau. L’Arabie saoudite ne va pas sombrer, elle va se volatiliser au milieu des morts, des appauvris, des imbéciles et des déçus qu’elle a semé dans le monde musulman. Le reste du monde musulman qui aura suivi sa voie sera relégué à un comptoir commercial, une base militaire, une zone de transit démographique pour l’Europe, ou un terrain d’affrontement

Les Saoudiens ne se rendent pas compte de l’imminence et de la gravité du danger qui pèse sur eux : 800 personnes parmi les proches des victimes du 11 septembre viennent de déposer une plainte auprès du tribunal fédéral de Manhattan (New York) contre l’Arabie Saoudite pour son financement d’Al-Qaïda et réclamer en dommages et intérêts une compensation financière qui va s’élever non à quelques millions de dollars, mais probablement à des centaines voire des milliers de milliards de dollars. Les Saoudiens et la médiocratie dans le monde arabe et musulman s’imaginent que les dizaines de sociétéd arabo américaines et l’alliance avec Trump contre l’Iran vont garantir un avenir radieux et une pérennité aux médiocres. Trump lui-même a des problèmes avec les institutions de son pays, la démocratie occidentale, malgré ses défauts et ses lobbies, ne permet de réaliser n’importe quel deal avec la justice. Dans le cas présent, il ne s’agit pas de la justice d’un pays du quart monde ou d’un dictateur, mais celle de l’Empire et de ses sujets avec ses règles, son éthique et sa transparence « relative ». Dans cette affaire il s’agit du pactole de Crésus tant pour les parents de victimes et de la ville de New-York que des géants américains du barreau qui ne perçoivent pas des honoraires, mais des pourcentages qui annoncent des sommes faramineuses. La vente bradée d’Aramco (société américaine saoudienne), les revenus du « tourisme de la dévotion » et la mise en hypothèque du sol saoudien ne suffiront ni à se prémunir contre les accusations du FBI ni à honorer les dommages et intérêts que la Justice viendra à exiger dans un avenir proche en réponse à la plaidoirie de Jim Kreindler. Le Fisc américain en prélevant sa part du butin, donnerait à Trump ou à un autre locataire de la Maison Blanche les moyens de financement public pour le sauvetage de l’Amérique.

Qui sème le vent récolte la tempête, alea JASTA est : le cabinet Kreindler & Kreindler va franchir le Rubicon et mettre en faillite les Saoudiens. Il s’agit d’un groupe d’avocat fondé en 1950 et dirigé par Jim Kreindler l’expert mondial dans les affaires d’accident d’avion qui gagne pratiquement tous ses procès. Il avait représenté les familles qui ont poursuivi la Libye, dans l’affaire du vol Pan Am 103 de la Pan American Airlines explosé au-dessus de Lockerbie en Ecosse sur son chemin à New York en  1988. Il avait fait casquer la compagnie aérienne pour « faute intentionnelle ».

Alea JASTA est, 80 années de servilité fondée sur protection contre pétrole, islamique wahhabite contre indépendance politique et économique des Arabes et des Musulmans vont être renvoyées à l’oubli. Arbi Arbi wa law kana al coulounel Bendaoud.

Ce qu’on appelle l’Etat profond américain (deep state) n’est pas al coulounel qui a servi la grandeur de la France dans les colonies, mais une mentalité, une idéologie, une vision globale et stratégique qui peut pousser Trump à l’inertie défaitiste lorsqu’il voit le principal allié de l’Amérique contre l’Iran, le Hezbollah et les Russes se faire massacrer par les médias et les juges américains. L’Etat profond peut aussi se servir de la période de confusion et d’incertitude aux USA pour se débarrasser d’un allié arabe devenu encombrant et inefficace tout en apportant bénéfice financier à l’Amérique et aux affaires par la mise en banqueroute d’un Etat aussi riche que l’Arabie saoudite. Il est fort probable que le deep state ait admis l’idée du retrait de l’Amérique du Moyen-Orient et qu’il mette la pression sur l’Arabie saoudite pour qu’elle renforce son alliance puis sa vassalité à l’Etat sioniste qui aurait pour charge d’assurer la sécurité des monarchies qui déclarent la guerre aux mouvements de résistance ou qui accomplissent une guerre par procuration contre l’Iran. Nous sommes dans une époque de spectacles et de narratives, la réalité et la vérité sont difficiles à entrevoir. Il faut oser voir toutes les possibilités. En effet les dés sont jetés et rien n’est sous la maîtrise des hommes, l’histoire est en train de s’accomplir d’une manière accélérée défiant les logiques de systèmes et d’appareils, c’est ce que j’avais qualifié de mystique de l’histoire dans mon livre sur les révolutions arabes  « mystique ou mystification » :

{Nous les emmenons par gradation (vers leur fin) de par où  ils n’ont aucun ressenti}  Coran

Enfermé dans nos débats sur le « halal » et le « haram » nous n’avons ni le temps ni l’envie de nous préoccuper de ce que les puissants de ce monde s’autorisent et s’interdisent pour garantir leurs intérêts et leurs privilèges.

Il nous suffit de continuer à mentir sur Allah et de déclarer qu’Il est le Garant et le Défenseur de nos pays et de nous gouvernants comme si Allah pouvait accepter l’incompétence, la trahison et la corruption du seul fait que nous vivons dans des « terres musulmanes » ou que nous portons des prénoms musulmans. La plus grande faillite des Arabes et des Musulmans est dans la croyance de ce genre de mythe que les rentiers de la religion et du pouvoir ont cultivé dans nos esprits infantiles. Alea jacta est, les Syriens dans quelques années viendront, à leur tour, demander aux Arabes et aux Turques dommages et intérêts, les Libyens aux Français…

{Nous avons destiné beaucoup de djinns et d’hommes pour l’Enfer. Ils ont des cœurs, mais ne comprennent pas. Ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais n’entendent pas. Ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore. Tels sont les insouciants.} Le Coran [7:179]

La déplorable et abominable éviction de Dilma Rousseff

Lorsqu’on voit les stars de la communication-système afficher leurs réjouissances devant le visage défait et les yeux en larmes de Dilma Rousseff quittant le palais présidentiel on doit chercher à trouver la vérité pour se résigner et ne pas devenir obscène.

La vérité est amère et cruelle, mais elle devient sérénité lorsqu’elle est vue dans la réalité du monde tel qu’il est. En réalité il n’y a pas de corruption, car Dilma Rousseff n’a détourné ni deniers publics ni spolié des terres ni abusé de privilèges comme cela est la tradition dans les pays arabes. Elle est une grande militante progressiste à l’instar des grandes figures latino-américaine telles Fidel Castro, Hugo Chavez, Evo Morales et Daniel Ortega. Ces figures n’ont rien à voir avec les bureaucrates du progressisme européen ni avec les manipulateurs du socialisme français, elles sont l’émanation des masses laborieuses et des couches populaires qu’elles ont servies avec dévouement et ténacité au péril de leur vie et de leur crédibilité. Comme un chien accusé de rage pour avoir le droit de le noyer, Dilma Rousseff est accusée de corruption. La corruption dont elle est accusée est en réalité une manipulation des chiffres pour masquer le déficit budgétaire et contenir la crise sociale et économique.

Cette fausse réalité sur la pseudo corruption cache la vérité, celle des alliances diaboliques de l’Empire et du sionisme. Le premier reproche à Dilma Rousseff est son émancipation de l’hégémonie américaine fortement engagée par son prédécesseur et mentor Da Silva. Il lui reproche aussi le dynamisme joué par les BRICS dans l’émergence d’un bloc politico-énonomique  plus ouvert à la Russie et mettant en péril l’hyperpuissance américaine. Le second lui reproche le soutien ferme et non négociable à la cause palestinienne avec des positions hautement courageuses contre l’État israélien: le refus de l’occupation puis le refus de Dani Dayan comme ambassadeur au Brésil en aout 2015. Alors que les Béni Bédouins officialisent leur reconnaissance de l’entité sioniste, les actuels Béni Barzal (arabo-juifs portugais fondateurs du Brésil) dont Dilma Rousseff refusent d’officialiser la nomination de Dani Dayan à cause de ses postes de direction au sein du Conseil Yesha, comité représentant les colonies israéliennes en Cisjordanie.

Dans le rapport des forces mondiales, le départ de Dilma Rousseff est au profit de l’Empire et de ses visées prédatrices et destructrices. Il est dommage que les dirigeants les plus honnêtes et les plus engagés, notamment ceux d’Amérique latine que nous avons évoqués, puissent commettre des fautes politiques en reconduisant des pratiques qui ne siéent pas à leur combat dans l’ordre actuel du monde comme dans le cas de Dilma la manipulation des comptes de L’État. Ces fautes sont exploitées sans pitié par l’Empire qui va empoisonner davantage  la vie de dizaine de millions de gens et introduire les dislocations dans les mentalités, les économies et les sociétés. Les Arabes recommandaient de « ne jamais donner de pierre à son voisin lorsqu’on habite une maison de verre ».

Bien entendu le débat entre partisans d’un coup d’état constitutionnel et d’un respect intégral du vote populaire est ouvert si on fait abstraction des fractures,  des troubles  et des crises qui ne vont pas épargner le Brésil dont la forfaiture ou  l’ambition et l’irresponsabilité  de son vice-président et de sa classe politique ne vont qu’exacerber.  Au delà des considérations politiques, philosophiques et géostratégiques la question morale et humaine est lancinante : peut-on confier aux politiciens ce qui relève de l’éthique, du droit et de la justice ici en l’occurrence la corruption. La véritable démocratie à venir est celle qui soustraira le Juge des autres pouvoirs. Comment avoir une justice au dessus de la politique si le magistrat suprême n’est pas nommé par le peuple ou du moins par ses pairs. Dans ce dernier cas comment valider et reconnaître le grand juge ou la haute magistrature indépendante lorsque les magistrats sont corrompus et  de vils servants des flics et des pouvoirs politiques et économiques. Nous ne pouvons pas réaliser de grands projets d’émancipation de l’impérialisme et du capitalisme si nous restons otage de ses modèles institutionnels et de ses principes.

C’est dans les moments difficiles que la vérité et la réalité doivent s’imposer contre l’esprit partisan pour que notre esprit ne devienne pas otage des manipulations cyniques.

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Omar MAZRI

Source : La déplorable et abominable éviction de Dilma Rousseff

La Tunisie et l’Algérie face aux attentats.

Les attentats perpétrés contre la Tunisie avec l’intensité de leur violence et leur répétition semblent en apparence valider la thèse de la folie de DAESH et consorts qui frappent n’importe où et n’importe quand, d’une manière tant imprévisible qu’insensée. La logique islamiste sans programme politique pourrait laisser croire que la vocation de l’Islam est le terrorisme.

Les individus et les groupuscules qui composent cette armada sont bien entendu des atomes de terreur et de chaos pour multiples raisons : discours religieux immature, situation politique incohérente, désœuvrement mental et social, nihilisme idéologique, fantasme sur une dawla islamique à réaliser par la conquête militaire. Ces tares n’expliquent que partiellement ce qui se passe. En 2010, j’ai écrit deux livres sur l’Islamophobie et la révolution arabe ainsi que des dizaines d’articles et de conférences. Cinq ans après je reste davantage « sidéré » par la lutte idéologique que se livrent les partisans dans le monde arabe que par ma lecture correcte des événements et que le temps a globalement confirmé la justesse. J’ai du mal à comprendre comment la haine d’un régime et la dénonciation de son pouvoir puissent tolérer non seulement le silence, mais l’applaudissement lorsque  les avions et la marine des ennemis de nos peuples détruisent les territoires, font couler le sang des innocents, et éradiquent toute possibilité de développement.

L’islamophobie est littéralement une crainte irrationnelle (relevant de l’affectif) de l’Islam et de ses adeptes. Personne ne peut craindre sans raison un phénomène, un être ou une chose s’il n’a pas auparavant grandi dans l’imaginaire collectif qui cultive cette crainte du fait de l’expérience vécue ou des légendes racontées ou des représentations imaginées et infondées reposant sur l’ignorance. L’Islamophobie est une machine de guerre rationnelle qui instrumentalise les peurs et les ignorances et qui fabrique les expériences de haine, de cruauté et de déraison focalisées sur l’Islam et les musulmans tant dans le monde musulman qu’en Occident. Après le juif errant, l’asiatique jaune, le communiste rouge, c’est au musulman vert de jouer son rôle dans la partition de destruction des mentalités et des diversités. Le drame est que le musulman le fasse parce qu’une partie de lui-même est complice ou otage alors que l’autre partie est inspiratrice de la machinerie diabolique qui fait le travail de sape et de subversion médiatique, idéologique, géopolitique.

Ce travail de sape et de diversion ne peut être joué par des individus ou des groupuscules même s’ils sont l’expression de la cruauté et de la folie la plus inimaginable. Il est joué derrière des paravents par des gouvernements pervers narcissiques qui haïssent l’humain et qui ne sont guidés que par des mobiles bestiaux de prédation vorace et des motivations démoniaques de pouvoir absolu. Les « anges de la terreur » ne sont pas une création ex nihilo spontanée. Cela fait des années que les saoudiens, les turcs, les français et les américains appuyés par des médias, des services et religieux du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ont mobilisé et envoyé en Libye et en Syrie des hordes de « délavés » mentaux pour exécuter leur agenda et brouiller toutes les cartes. Les cercles informés parlent de plus de 7000 tunisiens envoyés au front arabe sans parler de ceux qui attendent de passer à l’action. Ceux qui ont goûté au sang syrien et à la drogue fabriqué en Syrie sont revenus  transformés : plus peur de l’effusion de sang, aguerris au combat et au maniement des armes les plus sophistiquées, maitrisant la rhétorique de l’idéologie takfiriste éradicatrice. Face à leur retour, le terreau est resté toujours fertile. La lutte antiterroriste menée contre les peuples a radicalisé et s’est avérée un échec.  Ce qui aurait dû être fait en matière de développement, de liberté et de changement des mentalités en offrant l’alternative culturelle n’a pas été fait, au contraire ce sont les affaires et la rente qui sont non seulement un argument supplémentaire de révolte, mais une manne pour « le butin de guerre » et les taxes à verser aux seigneurs de guerre. L’attentat de Ben Guerdane, dans le sud-est de la Tunisie, est vraisemblablement l’œuvre de gens de la région qui ont la connaissance du terrain et les réseaux de soutien et d’information. Il n’est ni le premier ni le dernier, mais cette fois-ci ils annoncent des opérations militaires de grande ampleur et de grande durée en Afrique du Nord.

La Tunisie paye le prix du soulèvement des masses populaires, même s’il a été confisqué par les appareils et les petites bourgeoisies. Le potentiel de ce qu’on a nommé le « printemps arabe » pour le récupérer et le soumettre reste intact, car les conditions qui l’ont créé sont toujours présentes : les jeunes et les pauvres exclus de tout avenir et de toute participation au devenir de leur pays. Ben Guerdane est présenté comme un fief islamiste qui a donné des résultats électoraux en faveur des listes islamistes. Cette analyse superficielle occulte le fait que là où le système est défaillant, les populations votent pour les anti systèmes les plus radicalisés. Le vote radical est un prélude à l’action violente. Il serait erroné de croire que la démocratie ne convient pas aux musulmans ou qu’il faut appliquer d’une manière bête et méchante le mot d’ordre guerrier par de liberté pour les ennemis de la démocratie et autres suicides. Il faut revenir à bonne et juste raison et d’accepter la vérité : ce sont les régions les plus déshéritées qui ont en plus des traditions de luttes anti coloniales et de révoltes tribales qui continuent d’être rejetées par les bureaucraties et les rentiers des systèmes post indépendance ou post « révolution arabe ». Bien entendu les administrations occultent l’histoire et la sociologie et imposent des solutions d’en haut sécuritaires ou bureaucratiques oubliant les interpénétrations ethniques et culturelles entre les populations de l’intérieur du Maghreb et en particulier celles du Sud qui communiquent autrement que par la « voix de son maître ». Il n’y a pas d’imperméabilité médiatique et culturelle entre les tribus, nous oublions cette réalité et ses conséquences car nous n’aimons pas le fait tribal qui nous rappelle notre passé et nous nous intéressons à lui que pour corrompre quelques brigands que nous pensons être les chefs de village ou de hameaux. C’est donc très en amont que les Égyptiens, les Tunisiens et les Algériens auraient dû agir pour stopper l’œuvre dévastatrice de l’OTAN et des pervers narcissiques bédouins et turcs. Il aurait fallu d’abord que les trois pays aient suffisamment de liberté de manœuvre, de clairvoyance et de solidarité. La stratégie de la « régression féconde » et du « chaos fondateur » sont connus et suffisamment médiatisés depuis au moins 25 ans pour ne pas jouer à l’imbécile qui découvre qu’il est assis sur une branche sciée et que s’il n’est pas tombé, il ne le doit ni à sa prouesse intellectuelle ni à son agilité physique, mais aux conditions choisies par l’Empire et ses valets.

La Tunisie est, par sa position géographique et par l’implantation des officines étrangères de renseignement et de subversion, le laboratoire par excellence pour exporter le chaos en Afrique du Nord. C’est à partir de la Tunisie que le scénario de « printemps arabe » sous tutelle a été reconduit sur la Libye, l’Égypte et la Syrie avec toutes les conséquences dramatiques que l’on sait.

La Tunisie est, par sa proximité avec la Libye, l’environnement qui subit tous les dommages de la déstabilisation mise en œuvre par les pervers narcissiques arabes, sionistes et occidentaux. Les suites de l’intervention de l’OTAN en Libye avec la bénédiction des élites politiques et religieuses arabes et musulmanes vont continuer à se manifester en Tunisie avec cette fois plus de nuisance puisqu’il s’agit de finir le travail entamé par la liquidation de Maâmar Kadhafi : mettre la Libye sous protectorat militaire, la partitionner et la vider des richesses de son pétrole et de son eau. L’Égypte, la Libye et l’Algérie disposent des plus grandes nappes phréatiques dans le monde pouvant satisfaire les besoins mondiaux  en eau potable et eau d’irrigation. La Tunisie subissant les nuisances à sa frontière et à l’intérieur de ses terres est sans doute invitée à se soumettre et remettre sa souveraineté, son territoire, sa police, son armée et ses services de renseignement aux appareils des pervers narcissiques. Les Algériens doivent se montrer plus vigilants et plus agissants en assistant directement nos frères tunisiens et ne pas les laisser seuls face à l’épreuve. Il ne s’agit pas de les aider symboliquement, mais d’investir des milliards de dollars pour les soutenir socialement et économiquement sans parler du soutien sécuritaire et militaire. C’est dans ce contexte qu’il faut se réveiller et construire le Maghreb des peuples. Même si moralement l’Empire, l’ OTAN et les pervers narcissiques arabes et turcs ont l’entière responsabilité dans l’effondrement (total) de la Libye (et partiellement de la Syrie), leur responsabilité en leur qualité de conquérants ou d’armée d’invasion est toujours engagée sur le plan moral et juridique sur les conséquences humaines, géographiques et socio-économiques de leurs actes.  Chercher un bouc-émissaire c’est dédouaner les véritables criminels et accepter que leur impunité soit totale. Celui qui pense que nous exagérons il faut juste voir comment les DAESH et consorts ont parvenu à instaurer leur suprématie sur l’armée irakienne forte d’un million d’homme équipé et entraîné par l’armée américaine qui a versé une aide militaire de 30 milliards de dollars pour acheter la conscience des irakiens faillitaires qui ont trahi leur nation pour des considérations ethniques et confessionnelles.

L’Égypte et l’Algérie sont visées. Il s’agit d’exercer une pression sécuritaire à leurs frontières pour les pousser à faire des concessions géopolitiques, politiques, sécuritaires et économiques. C’est ainsi qu’on détourne les appareils d’État et c’est ainsi qu’on menace les cadres décisionnaires et qu’on leur arrache les derniers outils de souveraineté nationale.

Il s’agit aussi de les impliquer directement et militairement en Libye en forces armées et sécuritaires agissant consciemment ou inconsciemment pour le compte de l’Empire et de ses alliés occidentaux et arabes. Une fois impliqués dans les engrenages du présentiel en Libye, non seulement le dernier prestige et les dernières ressources s’épuiseront, mais  la subversion interne trouvera les opportunités,  les pertinences et les alliés (conscients ou insensés) pour saper l’édifice fragile. Aucune armée et aucune force de sécurité ne peuvent préserver l’intégrité des frontières ni garantir la paix civile si le peuple continue d’être marginalisé et si les mécontents politiques continuent de cultiver leur ressentiment et leur désir de vengeance.

Nous avons perdu des années en cherchant les faux semblants, les boucs émissaires  et le triomphalisme infantile alors que les pervers narcissiques construisaient  et ajustaient méthodiquement leurs machines de prédation. Il n’est jamais trop tard, l’Algérie a un peuple brave et austère ainsi que des cadres compétents et patriotes qui peuvent faire face à la situation si les bureaucrates et les rentiers trouvaient l’ordre et la rigueur qui mettraient fin à leur nuisance et à leur irresponsabilité.

Si nous continuons d’attendre, la culture de la haine et de la violence qui fabriquent la méfiance et la défiance afin de rendre impossible toute idée de changement vont fatalement miner ce qui nous reste de raison et de rationalité et nous faire croire que le statu quo est la sagesse par excellence et qu’il vaut mieux confier notre destin aux appareils de l’Occident lui-même en déliquescence totale. Ce sont les pervers narcissiques arabes et occidentaux qui ont produit les monstres de DAESH et qui continuent de les manipuler. La lutte idéologique voudrait nous faire croire autre chose. Elle voudrait que la peur et la haine soient telles que nous soyons nous-mêmes qui sollicitons Janus (la divinité à double visage, l’un ouvert à la guerre et l’autre fermé à la paix, les deux visages avec une porte sur le passé et l’autre sur l’avenir abolissant le  présent et la réalité ),  pour nous sauver de nous-mêmes et nous conjurer de nos ennemis faute de saisir la vérité et la réalité.

La lutte idéologique a déjà commencé en Palestine croyant que le régime syrien allait tomber en quelques semaines ou quelques mois.  Elle voudrait que Les monstres, ceux du sionisme et de Daesh et consorts soient l’alternative au HAMAS et au Djihad islamique en Palestine en bloquant toute situation à Gaza et en criminalisant la résistance  à l’occupant dans la région arabe. Tous les événements sont liés par l’histoire, la géographie et la mentalité collective. Au lieu d’appeler l’aide étrangère ou de criminaliser les monstres qui viennent des utérus de nos mères et des semences de nos pères réveillons-nous et osons regarder en face la genèse, les mobiles, les objectifs de ce qui est en train de nous disloquer.  Les luttes idéologiques et les luttes antiterroristes ne peuvent gommer la vérité sur la réalité transnationale qui disloque nos géographies et sapent nos mentalités. Nous ne pouvons nier  la tragédie sur laquelle se tisser les autres tragédies : nos indépendances sont inachevées, nos révolutions sont dévoyées, nos libertés sont confisquées. A partir de là, tous les Janus peuvent nous mener vers leur enfer ou vers leur paradis sans que nous ayons choisi une porte de sortie, un chemin d’accès ou un ticket d’entrée. On nous a tellement rempli notre imaginaire de mythes que nous sommes devenus incapables d’imaginer le désir et  les moyens de nous défendre.

[bctt tweet= »La Tunisie et l’Algérie face aux attentats »]

Omar MAZRI

SOURCE : La Tunisie et l’Algérie face aux attentats

Le Hezbollah confronté aux pervers narcissiques

Les grands pervers narcissiques viennent d’imposer leur folie destructrice aux minuscules et insignifiantes marionnettes du monde arabe :

1 – Ils criminalisent le Hezbollah libanais faisant de lui un terroriste ouvrant ainsi la porte à la négation de toutes les résistances arabes contre l’occupant sioniste actuelle et l’occupant à venir et qui pointe déjà son nez et ses oreilles.

2 – Ils reconnaissent implicitement l’entité « Israël » qui se voit reconnaître comme « État » et non plus comme « ennemi » ouvrant ainsi la normalisation des relations avec le sionisme. En faisant du Hezbollah une milice terroriste, on occulte le terrorisme du sionisme contre les Palestiniens et on passe sous silence la violence et le chaos des mouvements d’inspiration wahhabite contre les Musulmans et les Arabes. Je continue d’affirmer que la guerre menée contre la Libye et celles menées contre la Syrie visent à disloquer la mentalité, le territoire, l’ histoire et l’économie des Arabes pour que Israël reste hégémonique dans la région sans crainte d’une opposition ou d’une rivalité.

3 – Ils condamnent l’Iran lui reprochant d’avoir de l’influence géostratégique reconnaissant ainsi qu’ils sont sans influence malgré leur manne financière et leur puissance médiatique.

4 – Ils préconisent la guerre civile au Liban faisant semblant d’oublier que le Hezbollah est non seulement un constituant majeur de la vie politique, institutionnelle et sociale du Liban, mais le maillon le plus fort, le plus structuré et le plus décisif.

Si en Syrie et en Libye les compromissions ont donné caution morale, religieuse et diplomatique à l’intervention directe ou déguisé de l’OTAN, cette-fois c’est la même caution qui est donnée à l’entité sioniste contre la résistance libanaise et palestinienne. On peut reprocher au Hezbollah la croyance au Faqih dirigeant, c’est sa foi on peut lui opposer une autre vision du monde. On peut reprocher au Hezbollah sa présence en Syrie et dans ce cas on peut lui faire des reproches acceptables et tolérables. Même sur ce plan, assez tôt j’ai expliqué, avant qu’il ne prenne sa décision d’intervenir en Syrie, que le Hezbollah allait être conduit objectivement et inévitablement à se déployer militairement en Syrie. En plus de la nécessité vitale, l’expérience va lui donner une autre compétence militaire contre l’entité sioniste. Par ailleurs il dispose de la légalité d’intervenir, à l’instar des Iraniens et des Russes, puisque c’est le régime syrien, toujours en place et toujours légitime, a fait appel à lui. Les Saoudiens, les Turcs et leurs mentors occidentaux en supervisant la rébellion armée sont en réalité dans l’illégalité la plus totale si on se réfère au droit international et à l’ONU. Comme les camélidés, les gouvernants arabes écrasent sous leurs pattes ce qui leur est donné à cultiver. Leur vocation est de porter les fardeaux d’autrui.

Nos analyses antérieures nous montraient la constitution d’une armée arabe sous commandement de l’OTAN, les choses sont en train de se précipiter : nous assistons à l’émergence d’une arabité sionisante qui est née depuis longtemps déjà en parvenant à cacher sa présence et sa nuisance sous les habillages religieux et nationalistes. Ce qui nous surprend c’est le pourquoi de cette manifestation en ces moments singuliers où l’avenir du monde est en train réellement de se jouer.

Il est vrai que les bédouins pseudo sunnites ont une haine politique, idéologique et militaire à l’égard du Hezbollah chiite qui va les conduire à l’humiliation, car à chaque confrontation ils sortent perdants et sans boussole. La position algérienne devrait revenir à plus d’objectivité et d’impartialité. Les Algériens ne sont pas des mendiants attendant la charité saoudienne.

Les Saoudiens sont en train de révéler chaque jour, après la Libye, la Syrie et le Yémen, leur laideur et leur imbécillité politique et médiatique. Je continue à croire et à défendre mes arguments exposés depuis 2010 : l’islamophobie est la compétence diabolique à saper les musulmans et à les pousser à produire de la méfiance entre eux et à susciter de la défiance de la part des autres dans le seul but : ne plus inspirer de la pitié lorsque leurs territoires seront disloqués et leurs corps mutilés. Humiliés et anéantis ils ne peuvent prétendre à aucun rôle civilisationnel sauf celui d’être comptoir commercial ou base coloniale.

Peut-être que ce qui se passe est un bien pour nous. Ainsi on arrête de vivre les fantasmes que le passé décadent et l’Empire ont cultivé en nous : l’arabisme et l’islamisme. Libérés de nos utopies et de nos instrumentalisations de la religion et de la patrie peut-être  que nous aurions plus de dispositions intellectuelles et géopolitiques à nous fédérer avec les peuples du voisinage sur la base de la proximité des géographies, des aspirations populaires et des interactions sociales et économiques. Les Libanais qui connaissent le prix de la guerre civile ne vont pas laisser les « sunnites » inféodés à l’Arabie saoudite agir comme des insensés et leur retenue va frapper comme une gifle cinglante les « Serviteurs des lieux saints de l’Islam » qui ont trahi Al Qods autre lieu saint, la première Qibla du Prophète (saws). On ne sait plus s’il faut verser des larmes de torrents à force de  pleurer devant tant de malheurs  ou de rire devant tant de stupidités.

Peut-être que nous reviendrons à une compréhension saine et efficace de l’Islam pour lui redonner sa vocation libératrice et civilisationnelle.  Tout change sauf la Parole d’Allah (Acte et  verbe) immuable :

{Si vous vous détournez, Il vous remplacera par un autre peuple, et ces gens ne vous ressembleront pas.} Mohammed 38

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PS : Les médias algériens nous informent que les autorités algériennes, par la bouche du MAE, ne sont pas engagées  par le communiqué de la Ligue arabe et sa position néfaste à l’égard de la résistance palestinienne et du Hezbollah.  Il en serait de même de la Tunisie.

De la culture du management du changement

Pour approfondir la notion de compétence au changement, prenons comme base d’étude la parabole coranique de l’arbre :

{N’as-tu pas vu comment Allah fourni une parabole ? Une bonne parole est comme un arbre bon : sa racine est stable et sa ramure est au ciel. Il donne ses fruits en chaque saison, par le Vouloir de son Dieu. Et Allah fournit les paraboles pour les hommes, peut-être se souviendraient-ils. Et la semblance d’une mauvaise parole est comme un arbre mauvais, qui fut arraché de sur la terre, qui n’a nulle stabilité.} Coran

Cet arbre ou cet homme est d’abord un potentiel voulu par Allah. Il est créé et doté de capacités qui le rendent apte à produire des fruits avec chacun de ses fruits l’aptitude à produire d’autres arbres dans un cycle de reproduction élargie pour davantage de biens. Cet arbre ou cet homme peut ne porter aucune semence d’avenir, car il n’en a pas les capacités. Il végète et il finit par perdre sa vitalité et perdre les raisons mêmes de son existence. La volonté d’Allah est que l’arbre soit bon, stable et utile. Allah ne rattache pas le mauvais arbre à Sa Volonté pour signifier la responsabilité de l’être à se cultiver lui-même et celle de la terre qui le porte à lui apporter ce qui lui donne vitalité et stabilité.

À titre d’exemple, Abraham a utilisé son potentiel pour partir très jeune à la quête de la vérité et se forger une réputation de contradicteur contre le mensonge, Mohamed a lui aussi utilisé son potentiel pour chercher la vérité et se forger une réputation d’honnête homme loyal et digne de confiance. Dans cette production de singularités humaines, Allah va choisir les plus aptes à porter Son Message et à réformer la société en leur donnant des capacités plus grandes et des moyens plus efficaces. Voici ce qu’Il dit au sujet de Moïse :

{Et quand il eut atteint sa maturité et sa forme, Nous lui avons accordé sagesse et science. Et c’est ainsi que Nous récompensons ceux agissent au mieux.} Coran

{Et Je t’ai comblé d’amour de Moi-même, pour que tu sois formé sous Ma Surveillance} Coran

Les Prophètes comme les arbres n’ont pas tous trouvé l’environnement favorable. Il en sera ainsi pour les hommes de bonne volonté. Dans l’existence moderne et sous toutes ses facettes toute capacité réelle ne devient pas une compétence ou une autorité qui conduit un projet, une réforme ou État. Une compétence est une capacité reconnue comme telle par ses pairs ou par son environnement qui lui donne ainsi une légitimité symbolique. Dans une société corrompue et dans un environnement hostile, une capacité non seulement n’est pas investie de légitimité, mais elle risque d’être présentée comme médiocre ou nuisible qu’il faut éliminer :

{Et Pharaon dit : « Laissez-moi tuer Moïse et qu’il invoque alors son Dieu ! Moi, j’ai peur qu’il n’altère votre religion ou qu’il ne fasse paraître la corruption de par la terre ».} Coran

Dans une telle situation, la lucidité ne consiste pas à surenchérir ou à chercher des justifications pour répondre à l’amour propre blessé par un déni de considération et de reconnaissance, mais à adopter la posture musulmane :

{Et Moïse dit : « Moi, j’ai cherché refuge auprès de mon Dieu, et votre Dieu, de tout orgueilleux qui ne croit pas au Jour du Jugement ».} Coran

Moïse va se focaliser sur la défense de la vérité qui terrasse tous les mensonges de Pharaon et de ses courtisans. La reconnaissance viendra de ceux qui reconnaissent la vérité à travers lui. En tous les cas Moïse ne l’a pas cherché.

Souvent, la compétence n’est pas une capacité, mais une imposture que le système crée pour donner l’illusion de légitimité en faisant reconnaitre par lui, par l’environnement ou par quelques rentiers de la société un de ses agents ou un de ses communicants. Pharaon va tenter de faire diversion sur la capacité de Moïse à argumenter sur la vérité et à fédérer le peuple opprimé en donnant légitimité technique et symbolique à son administrateur investi du pouvoir d’atteindre le ciel et de rendre Dieu accessible à sa vision et à celle de ses courtisans alors qu’il sait en son for intérieur l’impossibilité de sa prétention :

{Et Pharaon dit « O Hamana, construis-moi une tour, peut-être atteindrais-je les chemins, les chemins des Cieux, alors je verrai la divinité de Moïse, et je pense sûrement qu’il est menteur ».} Coran

Les diversions sur la compétence sont nombreuses et elles font partie de la lutte idéologique. Une autre diversion consiste à confondre le pouvoir avec l’autorité. Pour un grand nombre de linguistes, l’autorité morale, intellectuelle et artistique est celle d’un « auctor » c’est-à-dire d’un producteur d’idées, d’un fabricant d’événements ou d’un stimulant moral et spirituel qui pousse à agir au sens latin « augeo, augere »  qui signifie « faire croître, développer ». L’auteur et l’autorité sont les initiateurs d’action et de sentiments créatifs et inventifs. L’écrivain, le metteur en scène, l’artiste sont des auteurs parce qu’ils créent des personnages, des décors, des récits. Un personnage exerce une autorité, car il a une influence morale et intellectuelle par son charisme et son savoir qui stimulent la créativité et la coopération dans un groupe et font de l’auteur une référence pour le conseil, l’arbitrage sans qu’il ne bénéficie d’un statut privilégié ni d’une position de commandement. L’auteur et l’autorité sont du point de vue de la créativité la manifestation d’une compétence c’est-à-dire d’une capacité légitime qui donne à son tour l’inspiration à d’autres capacités patentes ou latentes.

La notion d’autorité devient pouvoir exercé sur les autres et commandement du type militaire du fait de la position hiérarchique militaire, sociale ou politique d’un personnage. L’imperator est le général en chef ayant reçu les honneurs pour « imperare » c’est-à-dire ordonner ce qui doit être dit et fait en sa qualité de « princeps » c’est à dire de somment de la hiérarchie que lui confère la Res Publica (chose publique) qui reconnait ainsi sa légitimité de premier. De cette légitimité (par la force et le droit) découlent les attributs de mérite que le premier chef est censé avoir dans sa posture d’élu, de modèle. Dans le dédale des mots il est donc difficile de distinguer le privé du public, le droit de la force et la dérive démiurge de l’homme de la grandeur de la cité. Auctoritas, dans Rome, est le pouvoir judiciaire, militaire et administratif conféré à l’Empereur romain. L’Empire romain a codifié l’exercice du pouvoir dans des principes et des hiérarchies administratives qui sont devenus des principes de jacobinisme et de républicanisme par excellence. Ces principes ont pénétré les colonies de l’Empire romain, l’Église, les Empires musulmans, la modernité occidentale, les colonies européennes, et le mondialisme.

La prédation et le mouvement de l’argent, des idées et des faits scientifiques et techniques qui ont donné naissance au capitalisme ont fait coexister les deux notions d’autorité. Ainsi pouvoir et créativité ainsi que compétences et positions administratives en Occident collaborent ou entrent en rivalité dans une logique cohérente, car elle correspond à la culture, à l’histoire et à l’économique qui façonnent le sol et la mentalité d’une civilisation. Chez nous l’esprit du Janissaire et du colon ont laissé une incohérence telle que nous ne produisons que des autoritarismes et des servitudes y compris dans le domaine de la culture et de la religion. Dans cet esprit ce sont les hiérarchies militaires, administratives et judiciaires héritées du colonialisme qui vont choisir les hommes qui seront aux commandes de l’État, qui vont déterminer le profil des élites des corps de métier, les programmes religieux et éducatifs, et qui vont configurer les cinq maitrises du territoire dans tous les domaines en l’occurrence l’usage, la propriété, la conception, l’exécution et l’expertise du développement, de la culture et des ressources.

Dénoncer un général ou contester un président ne suffit pas à mettre en marche le changement et à libérer l’intellectuel lorsque la mentalité de César et de légionnaire au sommet rencontre celle de la plèbe dans les jeux de cirque et la distribution de pain. Voter pour un président ou pour une assemblée nationale ne change rien à l’organisation et au fonctionnement des institutions ni au rapport des gouvernants aux gouvernés lorsque le principe d’autorité de l’empereur romain, le premier citoyen de Rome, est reconduit en concentrant les pouvoirs militaires, judiciaires, politiques et administratifs, en maintenant leur pyramide et en faisant des parlements et des sénats des chambres de rhétorique et des justificatifs légaux.  Notre bataille ne doit donc pas se focaliser sur les aspects formels, conjoncturels ou personnels, mais sur les dimensions historiques et psychologiques structurelles et les idées qui éclairent les mentalités et les invitent à changer leur mode de représentation des élites et des pouvoirs.  Toutes les notions de droit, de justice, de propriété, de pouvoir, d’administration, de démocratie et de gouvernance doivent être expurgées non seulement de leurs références impériales et capitalistes, mais de leurs sources judéo-chrétiennes et gréco-romaines en tant que prétention à représenter l’universel et le mérite.

En Occident, la question de l’intellectuel se pose dans le jeu de rivalités entre l’autorité du marché et de l’administration et les auteurs qui ont une autre vision de la Post modernité, de la liberté et de la créativité. On ne peut donc poser la question chez nous de la même façon sauf si on opte pour un alignement parfait et définitif sur l’Occident ce qui est impossible, ou bien si on revient à l’esprit originel de l’Islam qui demeure une possibilité réalisable si on parvient à la rendre pensable et souhaitée par une société ou par une élite qui aspire à s’émanciper de l’oppression, de la corruption, de la rente et de la médiocrité. Je ne pense pas que la société doive attendre la venue du Mahdi, le retour du Messie ou l’émergence d’une élite « reconnue » pour connaitre les évidences et les devoirs de sa religion :

« L’image des Croyants dans les liens d’amour, de miséricorde et de compassion qui les unissent les uns aux autres est celle du corps : «dès que l’un de ses membres se plaint de quelque mal, tout le reste du corps accourt à son secours par la veille et la fièvre ».

 « Le croyant par rapport au croyant est comme la construction dont tous les éléments se soutiennent »

La réalité politique et idéologique ainsi que la complexité socio psychologique font que la capacité intellectuelle ne trouve pas le champ favorable pour s’exprimer, ne trouve pas les forces pour agir et ne trouve pas de protection contre le système dominant qui non seulement lui refuse la reconnaissance et la légitimité, mais lui refuse les moyens élémentaires de subsistance et d’expression. Malek Bennabi a décrit la solitude et le doute qui risquent de paralyser la pensée et de la pousser à démissionner, à composer ou à se soumettre. Il a décrit comment la lutte idéologique est armée pour conduire un homme à l’isolement pour qu’il soit facilement mis au silence. L’intimidation et les menaces peuvent renforcer la conviction et l’acharnement d’un homme, mais la frustration peut le plonger dans le désarroi et la désespérance. La quête de légitimité, de reconnaissance, de considération et de reproduction est un sentiment et une revendication sociale qui existe chez l’animal le moins sociable. Comment jouer son rôle d’intellectuel du changement alors que les conditions qui s’opposent au changement sont génératrices d’angoisse, de doute, de déni de reconnaissance ?

Le seul chemin est celui de la foi lorsqu’elle est agissante. Le Coran nous invite à méditer la situation psychologique du Prophète Mohamed (saws) mis au ban. Il faut de la vertu et de la force mentale pour ne pas s’effondrer devant l’arrogance de la bêtise et la laideur de la méchanceté :

{Patiente ! Certes ta persévérance tient d’Allah. Ne t’afflige donc point pour eux, et ne t’angoisse point de ce qu’ils rusent.} Coran

Le seul chemin est celui de la foi lorsqu’elle est réformatrice. Le Coran nous invite à prendre exemple sur le Prophète Choâyb :

{Je ne veux que la réforme autant que je puisse}

Proposer et conduire des réformes n’exigent pas obligatoirement des appareils d’État ou partisans ou des lois et des codes. Bien sûr qu’il faut moderniser les législations et les dispositifs techniques et administratifs, mais chacun peut participer à la réforme de son environnement immédiat. L’usager peut faire usage de façon plus convenable et plus modérée. Le concepteur peut proposer des concepts et des dispositifs plus innovants et plus efficaces. Le réalisateur et l’exécutant peuvent faire des choses plus belles, plus sures et moins couteuses.  A titre d’illustration, les réformes du gouvernement Hamrouche étaient intéressantes, mais elles étaient condamnées à échouer. Le premier échec est dû à l’absence d’assise populaire pour les porter, on ne peut modifier radicalement la devanture d’un pays sans changer son âme et on ne peut imposer des réformes d’en haut. Le second échec était dû à l’opposition des rentiers et des bureaucrates au sein des appareils et dans leur périphérie. Le troisième était dû aux technocrates censés les conduire. Le quatrième était dû à la fragilité et à la dispersion du front national occupé à lutter pour le pouvoir alors que les forces étrangères torpillaient toute idée de changement en Algérie. Le cinquième et non des moindres était l’obstruction du FIS. Le volontarisme politique ne suffit pas.

Le volontarisme a laissé derrière lui des ruines : révolution agraire, révolution industrielle, révolution culturelle (arabisation), restructuration industrielle. Dans quelques années nous verrons d’une manière tragique les catastrophes actuelles que la chute du prix de pétrole va dévoiler malgré les masques de la propagande, de la répression et de la corruption. Pour l’instant les Algériens ne rejettent la responsabilité de l’échec sans que chacun n’assume sa part et ne se réforme lui-même en commençant par l’autocritique. C’est l’autocritique qui aiguise le sens des responsabilités et donne crédibilité à long terme.

La foi donne un sens métaphysique à la lutte et libère le croyant de la réussite mondaine. Son combat n’est pas pour-soi, mais pour une idée et un principe. Son combat n’est pas pour un parti ou un peuple, mais pour l’Homme créature honorée par Dieu, son combat n’est pas pour la seule réussite dans ce monde, mais pour le salut ultime. C’est la finalité à laquelle l’intellectuel a dédié son intelligence et son existence qui le met dans un regard positif sur lui-même, que les conditions soient favorables ou défavorables : il a la conscience du privilège de ne pas être médiocre, de ne pas être corrompu et d’obtenir sa récompense :

{Nous ne faisons pas perdre la récompense de quiconque agit bien} Coran

{Allah ne manque jamais à Sa Promesse} Coran

Il faudrait travailler plus en profondeur pour comprendre les mécanismes qui ont fait des compagnons du Prophète (saws) une élite qui transcende les conditions défavorables et qui parvient à faire du peu de possibilités que leur donnaient le sol et le temps un puissant mouvement historique qui a transformé l’histoire du monde en 20 ans face aux inerties considérables des Arabes, des Perses et des Byzantins. Il faudrait aussi travailler sur la sémantique coranique et civilisationnelle pour voir si leurs possibilités peuvent être les nôtres et sous quelles conditions :

{Vous êtes la meilleure Communauté produite pour les hommes : vous commandez le bon usage, vous interdisez le répréhensible et vous croyez en Allah.} Coran

Lorsque le musulman des temps présents se croit parfait, le légataire des compagnons du Prophète ou le dépositaire exclusif et infaillible de l’Islam il se met dans la situation de celui qui ne peut ni prétendre à la perfection pour réformer les autres, ni avoir l’objectivité de voir les tares et les défauts de sa régression pour se réformer. Lorsque l’esprit partisan ou sectaire vient conjuguer l’empressement et lorsque la démagogie fait oublier le devoir de patience face au déni de reconnaissance et au déni de légitimité, alors la violence et l’effusion de sang deviennent le refuge des désespérés qui deviennent ainsi les artisans de l’immobilisme et de l’entropie alors qu’ils prétendaient être des réformateurs. La politique est un des moyens de la réforme et du changement. Elle ne peut être le seul moyen et encore moins la finalité. Le statut d’imam, d’élite, pour guider intellectuellement ou pour gouverner politiquement est un don qu’Allah accorde, une récompense venant de lui :

{Nous avons établi certains d’entre eux en qualité de Guides qui dirigent suivant Nos Ordres, dès qu’ils se sont montrés persévérants et croyants avec certitude en Nos Signes.} Coran

Dans les priorités du comment et du pourquoi des conditions de l’émergence de l’intellectuel et de son efficacité sociale et intellectuelle dans nos pays il y a donc celles qui consistent à s’impliquer nous-mêmes dans l’effort de purification personnelle, de quête de l’amour divin et de témoignage en faveur de la vertu et de la vérité. Il s’agit de s’inscrire soit même comme un virtuel de pionniers dans la réforme voulue par Allah, de chercher à devenir un arbre bon, créatif et généreux puis laisser la Providence décider si on mérite d’être choisi ou non et confier à l’histoire le soin de conclure si les conditions ont été favorables ou non.  Notre devoir est de mobiliser tout ce qui est dans nos capacités de la manière la plus juste et la plus efficace. Dans l’adversité et le malheur les plus sombres, les portes de l’espérance demeurent totalement ouvertes :

{Quant à ceux qui s’efforcent en Nous, certes Nous les guiderons vers Nos voies. Vraiment Allah est avec ceux qui agissent au mieux.} Coran

Après cette brève analyse sur l’intellectuel nous pouvons revenir à la parabole coranique de l’arbre par laquelle Allah (swt) montre les qualités requises pour devenir un modèle de conduite : être Tayyib c’est-à-dire bon et beau dans son essence, sa forme, sa stabilité, ses effets et dans ses fruits. Cela ne s’improvise pas d’être bon, beau, utile, riche et enrichissant dans sa parole, sa pensée, son comportement et son acte. Cela ne suffit pas d’avoir les qualités requises du tayyib, il faudrait avoir celle du thabàt, la fermeté, l’endurance et la pérennité. Le changement ne se décrète pas et ne se réalise pas comme un coup de baguette magique : il s’inscrit dans une continuité historique et dans une culture qui rendent difficile le déracinement, la discontinuité, le dépérissement, la disparition ou l’anéantissement. La fermeté et la constance sont aussi l’expression d’une foi certaine et d’une science bien établie à propos de Dieu. L’élévation dans le ciel indique la perfection, la pureté et la transcendance alors que l’attachement à la terre indique le réalisme. La production de fruits indique l’utilité intrinsèque et l’efficience. La noblesse et la générosité sont une force d’attraction pour l’ensemble des créatures qui ne doivent pas être rebutées par la stérilité et la laideur qui font fuir.

L’arbre a vocation d’offrir des fruits pour donner envie dans l’immédiat et pour annoncer les récoltes a venir. Le fruit n’est pas seulement le résultat de l’action qui se donne aux autres, c’est aussi le goût esthétique et spirituel que la foi agissante donne à l’être comme une récompense intérieure. Le fruit comme aboutissement de l’arbre est symboliquement la symbiose entre la sensation, la perception et la pensée de la synthèse de la beauté, de la bonté et de l’utilité pour soi et pour les autres. Si la saveur, l’odeur et la vision du fruit peuvent être altérées, oubliées, dénaturées ou assouvies, l’amour d’Allah, l’ardeur spirituelle, et la miséricorde envers les créatures sont inépuisables et extensibles.

L’arbre dont il s’agit est l’Islam indestructible, inaltérable et bénéfique sur tous les plans. Sa vocation est d’être visible sans dissimulation et d’avoir des effets de miséricorde pour tous. Le musulman doit donc s’apparenter au bon et au beau qui inspirent la confiance et l’espoir, à la fermeté et la continuité qui préservent de l’inefficacité et de l’incertitude, à l’élévation qui préserve de la souillure et qui permet d’avoir une vision haute et dégagée, et enfin à l’enracinement dans son milieu hors de toute utopie pour demeurer une offre de paix et de sécurité, une initiative de prospérité…. Le rapport entre la terre et le ciel de l’arbre est aussi dans le rapport entre l’expérience terrestre et le message coranique. L’expérience mobilise les possibilités du territoire de vie alors que le Coran apporte la finalité, la lumière et le sens à l’existence. Pour se déraciner et tomber, il faut donc avoir démérité ou être irrécupérable. Cette parabole sur l’arbre laisse grandes ouvertes les portes de l’espoir que le Coran exprime de différentes manières :

{… comme une semence qui fit sortir ses rameaux, puis les renforce, puis les grossit, puis elle s’égalise sur ses tiges, donnant plaisir aux cultivateurs} Coran

{… comme l’exemple d’une graine qui a germé sept épis de blé, chaque épi renfermant cent graines. Et Allah multiplie à qui Il veut.} Coran

Après avoir énoncé la parabole de l’arbre et les qualités requises qualités de l’arbre, le Coran donne la configuration de l’élite qui peut représenter l’Islam : produire de belles idées et de belles paroles avec la volonté de chercher le salut dans la vie future et le bel avenir dans ce monde :

{Allah affermit ceux qui sont devenus croyants, par la ferme parole, dans la vie terrestre et dans la vie future. Et Allah fourvoie les injustes. Allah fait ce qu’Il veut.} Coran

Lorsqu’un homme se réclame de l’Islam et ne trouve pas de cadre qui le met en valeur et lui donne l’opportunité et la pertinence de s’exprimer et d’agir, il doit s’interroger sur sa propre valeur et se questionner sur les mouvements se réclamant de l’Islam si par hasard ils n’ont pas corrompu le champ social et le monde des idées par leurs divergences et leurs incohérences. Dans un cas comme de l’autre, il y a un travail de culture au sens propre et figuré.

Lorsque l’arbre est contrarié ou menacé dans son existence, alors non seulement Dieu intervient dans l’histoire pour la réguler et la réajuster en accordant des dons et des possibilités favorables à d’autres hommes, mais Il y intervient pour inverser les tendances et changer radicalement le cours et le sens de l’histoire. Il rend ainsi les instigateurs du mal désemparés et impuissants tout en offrant aux bonnes intentions les possibilités inédites du salut et du renouveau :

{Et ils ourdirent un puissant stratagème, mais Nous planifiâmes un autre stratagème sans qu’ils s’en rendent compte. Regarde alors quel est le résultat de leur ruse : Nous les avons détruits, eux et leurs gens, en totalité. Voilà donc leurs demeures désertes, en raison de ce qu’ils furent injustes. Certes, il y a en cela un Signe pour des gens qui savent.}

Il ne s’agit donc pas d’une invitation à la résignation ou au fatalisme, mais d’une méditation sur le sens de l’histoire et sur la finalité de l’activité humaine afin de trouver le ressort spirituel et psychologique pour changer ce qui doit être changé et faire que le changement ne soit pas déboité de la quête du salut ultime. C’est en s’inscrivant dans la quête de salut que le Qui, le Quoi et le Comment du changement deviennent repérables et mobilisables dans le temps et l’espace de leurs expressions.

Les Prophètes incarnent le mieux la symbolique de l’arbre coranique :

{N’as-tu pas vu comment Allah fourni une parabole ? Une bonne parole est comme un arbre bon : sa racine est stable et sa ramure est au ciel. Il donne ses fruits en chaque saison, par le Vouloir de son Dieu.}

Il m’arrive souvent de méditer leurs vies et leurs œuvres en contemplant un jeune plant ou une jeune pousse un jour de givre ou de gel : comment résister à cette pression et à ce froid pour survivre et enfin garder miraculeusement une stabilité et un élancement si majestueux ? Celui qui a donné à ce plant l’énergie et la vitalité pour réaliser sa vocation est Celui qui a donné aux Prophètes le courage et la fermeté d’endurer d’une âme égale et avec constance les coups de l’adversité alors que toutes les forces du mal et de l’oppression se liguaient contre eux. Souvent nous répétons des formules coraniques apprises par cœur sans les situer dans leur contexte et sans tirer profit de leur sémantique. Prenons par exemple cette expression :

وَيَقُولُ الَّذِينَ كَفَرُوا لَسْتَ مُرْسَلًا ۚ قُلْ كَفَىٰ بِاللَّهِ شَهِيدًا بَيْنِي وَبَيْنَكُمْ وَمَنْ عِندَهُ عِلْمُ الْكِتَابِ

{Les négateurs disent : « Tu n’es pas envoyé ! » Dis : « Dieu suffit comme témoin entre moi et vous, Lui et ceux qui possèdent la science du Livre »} Ar Raâd 42.

Il faut se mettre dans la posture sociale et l’état psychologique et affectif de celui qui est sûr et certain de la vérité qu’il transmet sans rien demander en échange, car sa vocation est de transmettre fidèlement la vérité qui lui a été révélée, et qui se trouve nié, démenti, raillé, traité de fou, d’imposteur, de magicien, de menteur alors que sa vie connue de tous est irréprochable sur le plan moral, social et intellectuel. Il y a de quoi perdre la raison et la foi pour celui dont la vérité est incertaine ou pour celui qui poursuit un but mondain.

Que dire et que faire lorsque nous subissons un déni de reconnaissance sociale ou une injustice que personne ne peut ou ne veut réparer. Que dire et que faire lorsque nous sommes désavoués par des sots et des ignorants. Que dire et que faire lorsque nous nous trouvons confrontés à l’impuissance de nos actes et de nos paroles alors que nous avons consacré notre vie au service de la vérité et de la justice. Que dire et que faire lorsque nous voyons les parvenus recevoir des félicitations et des promotions alors que notre travail est demeuré vain, notre sacrifice sans reconnaissance, notre vie sans achèvement, notre vérité occultée ? Se lamenter pitoyablement ou implorer la miséricorde d’Allah comme l’a fait le Prophète (saws) maltraité par les va-nu-pieds que les influents de Taef ont mobilisé contre lui :

« Ô Allah, mon Dieu, je me plains à Toi de ma faiblesse, de mon peu de pouvoir et du peu de considération que les gens ont pour moi.  O Toi Le Plus Miséricordieux des miséricordieux, tu es mon Dieu et celui des faibles. Fais-moi Miséricorde. À qui m’abandonnes-tu ? À un étranger qui m’attaque ou un ennemi de qui Tu me fais dépendre ? Si Tu n’es pas en colère contre moi cela m’est égal. Cependant Ta clémence est plus généreuse envers moi. Je me réfugie vers Ta face pour laquelle les ombres se sont dissipées et qui a ajusté tout ce qui concerne ce monde ici-bas et celui de l’au-delà, contre le fait d’encourir sur moi Ta colère ou de me faire parvenir Ton désagrément. Je supporterai tout reproche jusqu’à ce que Tu sois Satisfait et il n’y a de Pouvoir ni de Puissance qu’en Toi. »

Allah qui lui a inspiré cette prière la plus émouvante qui soit lui dit de répondre à ses détracteurs :

{Dieu suffit comme témoin entre moi et vous}

La quête de reconnaissance est sans doute la plus demandée après celle de l’amour, mais elle s’efface lorsque l’homme fait de la vérité sa préoccupation majeure. C’est la certitude de la vérité trouvée ou acquise qui forge les caractères et c’est la paix intérieure que procure l’accession à cette vérité avec la crainte de la perdre qui rend l’heureux acquéreur tolérant envers l’ingratitude et le déni de reconnaissance. Il ne s’agit pas de devenir insensible, désabusé et cynique, mais au contraire d’être très réaliste en relativisant les choses et en agençant les priorités.

C’est Allah Vérité Réalité qui atteste que Mohamed (saws) dit la vérité et qu’il est et vit dans le réel alors que les autres sont dans le mensonge et la fiction. Cela fait partie de l’ordre des choses même si cela semble absurde et cruel.

Focalisons notre attention sur la précision lexicale et sémantique entre Chahid (شهيدًا) et Chàhed (شاهدًا).

Le Chàhed est le témoin véridique qui témoigne de ce qu’il a vu, entendu ou fait, directement en sa présence ou rapporté à lui par information ou par déduction. Le Chahid est un témoin singularisé par son présentiel et sa proximité. Allah signifie au Prophète qu’Il est témoin, présent et proche : Il est avec lui en permanence même si la réalité perçue par les autres est faillible, car il leur manque tant l’acuité de la réalité totale que la connaissance de la vérité intrinsèque. L’ingrat est privé du bonheur de la gratitude, le client du système est privé de l’effort méritoire, le menteur est privé de la vérité, le fasciné est privé de la réalité. Celui qui s’est approché de la vérité et de la réalité a perçu des secrets indicibles et inimaginables même si la solitude et le désaveu le désignent comme paria social.

C’est bien d’avoir un programme de changement politique et de réformes sociales et économiques, mais c’est insuffisant s’il n’y a pas un courant populaire qui pousse au changement des mentalités et des comportements.

Ne plus dépendre de la reconnaissance sociale est sans doute l’acte libertaire le plus difficile, mais le plus salutaire pour celui qui a pour projet de se réformer et de réformer la cité des hommes : rien n’a prise sur lui sauf la mort et le destin décrété pour lui. Dans ces conditions il n’y a ni empressement qui mène à la guerre civile ni compromissions qui mènent au reniement de soi.

{Dieu suffit comme témoin entre moi et vous}

N’est pas une formule pour afficher son islamité alors que tout notre comportement prouve que nous sommes loin de la vérité et de la réalité ; c’est le comportement par excellence de celui qui se revendique de la voie prophétique même si les mots et les habits pour le dire « islamiquement » font défaut.

Focalisons notre attention sur les subtilités du langage coranique :

{Dis : « Dieu suffit comme témoin entre moi et vous, Lui et ceux qui possèdent la science du Livre »}

Une fois que le Prophète est réconforté par la présence divine qui confirme que la Parole du Prophète est vérité et que cette vérité lui suffit pour s’émanciper de la considération sociale ou de la crainte des négateurs, il est fait appel au témoignage des savants juifs et chrétiens. Ils sont dans le rang de Chahid (شهيدًا) par leur proximité avec l’événement signifiant à la fois que Mohamed n’est pas un plagiaire qui aurait entendu, mais un réformateur qui vient corriger les falsifications, que les Savants savent que Mohamed est bien réel, car la parcelle de vérité qu’ils détiennent l’a annoncé. Mohamed (saws) était attendu et connu, mais la proximité avec la vérité et la réalité n’est pas une garantie pour vaincre les préjugés et amorcer le changement. Les savants juifs et chrétiens ont nié Mohamed alors qu’ils savaient qu’il était le Prophète annoncé et attendu, car il n’était pas « savant comme eux,  n’était pas de leur clan ni de leur confession. Le déni de vérité et de réalité est souvent dû à la persistance des fausses représentations et des fausses attentes. La vérité et la réalité ne sont pas toujours conformes à nos désirs et à nos ambitions. Le rang de savant et la proximité de l’évènement ne sont pas suffisants pour accepter le changement.

Par ailleurs ce verset discrédite les élites juives et chrétiennes qui croyaient se distinguer des Arabes païens par la gnose religieuse et l’attente du Prophète de la fin des temps alors qu’une fois la vérité venue les voici la nier. Les Arabes illettrés et inconnaissants  des réalités religieuses peuvent trouver excuse à ne pas saisir la vérité lorsqu’elle s’annonce à eux, mais une fois que la vérité se cristallise dans leur for intérieur et dans leur champ social ils sont bien obligés de constater le faux témoignage des savants religieux.  On peut transposer cette réalité historique aux expériences « démocratiques » dans le monde arabe pour voir que les élites nationalistes et laïcs se comportement de la même façon que les savants juifs et chrétiens lorsque les choix des populations ne sont pas en leur faveur.

Ce verset nous montre d’une manière magistrale comment un Prophète isolé peut se trouver à contre-courant des idées de son époque et comment par son courage et par la foi il peut surmonter les obstacles dressés contre sa prédication. Il nous montre aussi comment ceux qui prétendent incarner la vérité et représenter l’avant-garde intellectuelle ou religieuse peuvent nier la vérité et la réalité lorsqu’elles ne correspondent pas à leurs ambitions et à leurs systèmes de représentations du monde pour se retrouver fatalement en situation de contre-courant contre l’innovation et la réforme.

Ce verset nous met face à une autre problématique de la pédagogie du changement : le véritable changement ne commence pas par la revendication de changement de régime et la construction d’appareils, mais par la déconstruction des fausses représentations. Nous croyons à tort que la vocation humaine est la politique dans le sens de prise de pouvoir ou d’exercice de pouvoir. Le pouvoir est un accessoire dans le changement. Le changement s’amorce et s’amplifie au niveau philosophique, culturel, artistique, scientifique, technologique, social et économique. C’est la conjugaison des faits progressistes et de la pensée humaniste dans ce qui fait une nation (gouvernants et gouvernés) qui provoque le changement à tous les niveaux de la société et dans tous les registres d’existence et d’expression. Ainsi les couches aisées et les masses populaires sont emportées par la même dynamique, un monarque absolu peut conduire des réformes de progrès, une aristocratie peut approuver des réformes. La prospérité d’un peuple n’est pas obligatoirement liée à une forme singulière de souveraineté (monarchie, anarchie ou république) et de gouvernance  (démocratie, polyarchie ou autocratie). Elle dépend surtout du consensus social sur lequel se construit, évolue et se raffine par la qualité du débat philosophique (artistes, philosophes, scientifiques, religieux, homme d’État…) et le niveau de participation des populations ou du moins des couches moyennes à ce débat.

C’est ainsi que les choses se sont passées en Grèce, à Rome, en Perse, dans la modernité ou dans la civilisation islamique. Accessoirement on peut servir ou dénoncer le pouvoir, mais fondamentalement on débat sur les idéaux de vérité, de justice, de beauté, de liberté et d’efficacité. En Algérie, c’est faire diversion que de se focaliser sur la personne du Président sachant que le pouvoir réel est informel sans centre. Nous sommes face à l’Hydre à plusieurs têtes. Je ne crois pas que la vocation du réformateur est d’être un héros mythologique à l’image d’Hercule accomplissant ses douze travaux. La vocation principielle de l’Homme est de se mettre en quête de sens par sa nature spirituelle. Lorsqu’il établit cette quête alors le pouvoir politique joue le rôle d’adjuvant ou d’opposant, de commanditaire ou de bénéficiaire.

C’est cette quête perpétuelle qui crée le mouvement, l’entretient et l’accélère. Les forces qui expriment le mouvement vont fatalement s’opposer à celles qui préfèrent l’immobilisme. Dans les moments de crise, les hommes de valeur vont se trouver contraints de marcher à contre-courant du système en place (dans ses composantes philosophiques, religieuses, politiques et socio-économiques).  On ne se met pas à contre-courant par mimétisme, par provocation, par goût du désordre ou par intérêt, mais parce que le courant du changement est plus profond, plus juste, plus vrai, plus utile à la société. Croire que la vocation de ce courant est de s’accaparer les appareils et d’exercer le pouvoir c’est fatalement entraîner le mouvement de changement dans la paresse, les sacrifices vains et les luttes de pouvoir. Les Prophètes, les philosophes, les artistes et les vertueux ne se préoccupent pas des appareils, mais de pédagogie de changement. Pourquoi et comment changer ? Il ne s’agit pas d’infantiliser les gens ou de les mettre sous sa tutelle, mais de les aider à explorer les chemins et à expérimenter les méthodes et les usages. L’essentiel étant de parvenir à connaitre et à distinguer laideur et beauté, vérité et mensonge, justice et injustice, liberté et oppression, sens et absurde, réalité et fiction, égalité et privilège.

Les gens sensés ne devraient pas s’autoriser ou autoriser de mener des expérimentations idéologiques et politiques ruineuses et catastrophiques à l’échelle d’une nation ou d’une région. Le bon sens voudrait que les gens qui ont montré leurs capacités raisonnables à expérimenter efficacement sur de petites entreprises et de petits projets puissent progressivement passer à des projets plus grands. À l’inverse si les inexpérimentés doivent faire leurs preuves à échelle réduite, ceux qui ont failli ne doivent absolument pas s’engager sur des échelles plus larges. Cela n’est possible que lorsque la culture entrepreneuriale l’emporte sur la culture de la rente, de la bureaucratie, de la cooptation et du clientélisme. La culture entrepreneuriale ne devient valeur nationale que si et seulement si la notion de bien public et de responsabilité (de responsa : rendre compte, donner réponse sur ses actes et ses décisions) dans tous les registres existentiels et à tous les niveaux hiérarchiques. C’est une autre application du droit et de la justice appliquée à destination d’une personnalité morale en l’occurrence la cité des hommes.

C’est d’abord et avant tout un débat d’idées et de représentations mentales sur le devenir. Il est par essence subversif, car il bouleverse les immobilismes et les conservatismes. Il demande plus d’effort, de courage et de lucidité que les revendications politiciennes ou corporatistes sujettes à la corruption et à la répression. Faire le bien et dire vrai sont l’excellence du comportement, de la parole et de l’idée de l’aspirant réformateur, du pédagogue du changement. C’est la vocation de l’universel. Les conditions des hommes, du lieu et du temps vont colorer localement cet universel humain. La lumière est l’universel, la couleur est le local et le temporaire.

Se focaliser sur le pouvoir politique c’est détruire l’idée, la réalité et la vérité, complexes, du changement. Ignorer les contraintes et les limites imposées par le pouvoir politique c’est manquer de réalisme. Le Prophète (saws) est l’expression de la vérité agissant sur le réel :

« Allah mon Dieu faites-moi voir Al Haqq (vérité-réalité) comme haqq (vrai-réel) puis accordez-moi la faculté de m’y conformer ; fais-moi voir Al Batil (mensonge-faux) comme Batil (mensonger-fallacieux) puis accordes-moi la faculté de m’en détourner »

« Allah mon Dieu! Accordez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses que je peux, et la sagesse d’en discerner la différence »

 Il faut être un homme libre et responsable pour affronter le monde avec autant de courage et de lucidité. Il faut être dans la proximité vraie et réelle pour que le débat qui concerne le devenir des peuples ne soit pas monopolisé par les célébrités médiatiques, les leaders politiques et les rentiers du pouvoir ou de la religion. La proximité –  la capacité à être ensemble et de débattre des valeurs partagées et des intérêts communs ainsi que des divergences et des différences – exige de gommer le clivage idéologique et politique pour se consacrer à la culture du changement dans une orientation à visage humain ouvrant la voie à tous sans exclusion ni exclusive.

Méditer ces implorations prophétiques mène vers la réflexion philosophique même si on n’est ni professionnel de la philosophie ni diplômé de la Sorbonne. La démarche philosophique ou la quête de sens va se retrouver face à la question de savoir si le changement est affaire de masse par une révolution qui détruit l’ordre ancien ou affaire d’individualité par la foi qui attend l’ordre nouveau qui ne manquerait pas de venir lorsque les êtres sont prêts moralement et spirituellement à l’accueillir? La nature nous donne la réponse édifiante. Il faut voir comment des montagnes se désagrègent sous l’effet du soleil, du vent et de la pluie pour se transformer en grains de sable qui vont à leur tour éroder des rochers, des montagnes et transformer radicalement les paysages. Il en de même pour le cycle de l’eau. Même s’il y a une grande masse de granit ou d’eau qui semble donner des résultats, dans la réalité ce sont les grains de sable et les gouttes d’eau qui agissent laborieusement et inlassablement pour façonner de nouveaux reliefs à l’échelle géologique. Pour l’humain c’est la même chose avec un temps historique.

On est en droit de se poser légitimement la question sur le qualificatif du changement, politique et démocratique ou global et socio-culturel ? Bien entendu il faut envisager le changement à tous les niveaux, mais sans perdre de vue que l’intensité, l’amplitude, la profondeur et la pérennité du registre socio-culturel sont plus grande et plus complexes que celles du registre politique. Le moteur du changement est l’être, ontologique et social, alors que les activismes politiques sont des impulsions, des accessoires, des accompagnateurs, des instruments d’observation et de régulation.

Dans cet ordre d’idées on peut se questionner sur la validité et l’efficience d’un élan spirituel pour le changement lorsque le champ politique et médiatique est fermé par la répression ou lorsque la crise ne peut être surmontée que par l’agitation politique et sociale pour donner conscience, mobiliser, informer et revendiquer. Bien entendu les tenants de l’ordre en place vont trouver les « clergés » qui vont émettre des Fatwas pour interdire les grèves, les manifestations, les critiques et les associations citoyennes sous prétexte de la préservation de la sacralité des personnes et des biens oubliant que la liberté, la dignité et la marche vers le progrès sont aussi sacrées et que réprimer la revendication d’un droit ou interdire l’exercice d’un devoir est une violation de l’honorariat confiée par Dieu à l’Homme pour qu’il exerce les fonctions de liberté, de justice, de vérité et de responsabilité sur ses choix et ses actes tout simplement parce qu’il est homme et c’est sa vocation d’être honorée et d’exiger le respect et la liberté. Ce sont nos principes. La réalité peut imposer ses règles, car les contradictions sont exacerbées et ne peuvent trouver aboutissement que par le conflit et le rapport de force. Dans ce cas les principes exigent que la force ne doit pas être démesurée et disproportionnée pour ne pas se transformer en chaos ou en effusion de sang et pour ne pas donner la fausse illusion que tous les problèmes se règlent par la force dans la démarche activiste du « tout ici et tout maintenant » comme si l’histoire humaine pouvait être un achèvement définitif ou un renversement radical.

Le Coran et les implorations du Prophète (saws) s’ils accordent le droit à l’opprimé de se défendre lorsqu’il est agressé, ils refusent l’activisme cynique et l’agitation subversive. L’Islam, les religions et les spiritualités du monde nous disent que le changement est un processus naturel qu’il ne faut pas comprendre comme agression de l’homme devenu idole sur le monde devenu esclave, mais comme transformation de l’homme. Cet homme n’est pas un être abstrait désincarné sur lequel on spécule, mais un être concret, vivant avec un visage et une singularité qui le distingue des autres. C’est cet homme qui doit parler de ses besoins, de ses attentes et qui doit s’impliquer dans le changement des conditions de son existence. Les idéologues du progressisme et ceux du maraboutisme ont gommé l’existence de cet homme et son droit à l’expression. Il faut voir et entendre les gesticulations et les manœuvres des orchestres  du « Panem et circenses » pour se rendre compte que ces malheureux sont loin de méditer où ils ont conduit l’Algérie et où ils ont mené les Algériens.

Le premier acte de transformation est la méditation-contemplation pour comprendre les finalités ultimes et y adapter ses démarches et ses moyens :

{Certes, dans la création des cieux et de la terre, et dans l’alternance de la nuit et du jour, il y a en vérité des signes pour les doués d’intelligence, qui, debout, assis, couchés sur leurs côtés, invoquent Allah et méditent sur la création des cieux et de la terre :  » Notre Seigneur! Tu n’as pas créé cela en vain. Gloire à Toi! Garde-nous du châtiment du Feu.}  Al-Imran, 190-191

L’homme contemplatif et méditatif finit par comprendre que toutes les créatures ont leur place et leur rôle dans la création divine. Personnellement, au cours de mes pérégrinations sur le territoire national et en voyage ou au travail je n’ai jamais manqué de contempler un paysage ou un visage en me posant des questions sur leur vocation, leur richesse, leur diversité, leur sens. Est-il possible que ces gens, ces reliefs et ces moments soient absurdes et que nous-mêmes soyons des insensés au point de ne pas en prendre soin pour les fructifier, pour en faire des symboles de témoignage de notre gratitude et de notre devoir de bien faire. Aujourd’hui, à distance, je médite les gargarismes de ceux qui brûlait le matin ce qu’ils avaient adoré la nuit et qui adorent le soir ce qu’ils avaient brûlé le matin par opportunisme, hypocrisie et nationalisme des canailles. Comme est belle et exacte cette parabole de Jalal Eddine Roumi :

Si ta pensée est une fleur, tu es un parterre fleuri

Mais si elle est faite d’épines, tu n’es que ronces à brûler.

Tu n’es pas un corps tu es un œil spirituel.

Ce que ton œil a contemplé tu le deviens…

Le changement est d’abord qualitatif pour mieux vivre, mieux se respecter, mieux se connaitre, mieux partager. Il est dans l’anagogie c’est à-dire dans l’élan spirituel et la sympathie, l’ardeur psycho-temporelle et la bienveillance, l’intelligence et l’amour… Le changement n’est pas dans la seule alternance politique. Il ne s’agit pas de constituer une alternative à un pouvoir en place, mais une alternative à un système voire plus une revivification de la société qui se remet à produire ses idées, son élite, son argent, son organisation, ses produits. Ce n’est pas la révolution française, c’est l’autogestion lors de l’indépendance nationale, c’est la fraternisation lors de la guerre de libération nationale. L’idée qu’Allah fait changer par le pouvoir (la force ou le gouvernement) ce qu’Il ne change pas par le Coran est fausse même si elle est attribuée au Calife Otman. Cette conception, jacobine et kharijite, est un désaveu de la Puissance d’Allah et une dérive démiurge de la capacité humaine alors que l’homme, par essence, est faible et  imparfait, par sa finitude et sa faillibilité, est limité et impuissant. Cette conception du changement par le haut semblable au centralisme bureaucratique fait croire que le peuple exercerait le pouvoir et que la cité vertueuse se réaliserait en confiant les rênes du pouvoir à une bande de despotes illuminés, laïcs ou religieux, qui ne manqueraient certainement pas d’éradiquer leurs opposants, de remplir les prisons et de vider les caisses de l’État. Ce sont des utopies contre nature et dangereuses. Ces utopies sont des machines à fabriquer le consentement populaire et l’aliénation, car imbues de leur suffisance et de leur arrogance elles vont se couper des réalités et inventer de faux syllogismes idéologiques et religieux pour se maintenir au pouvoir.

On entend des prédicateurs citer David et Salomon comme modèles de changement par le haut et c’est faux, car le pouvoir qu’ils ont détenu est venu comme récompense de leur vertu et de leur sens de la justice et de l’équité. Par ailleurs le récit coranique nous donne leur contexte historique et territorial : le conflit avec des armées puissantes capables de les envahir et de les soumettre. A ce propos, si les Algériens, gouvernants et gouvernés, ne mettent pas le curseur sur la priorité centrale en l’occurrence la prédation étrangère et les retombées géopolitiques des agressions de la Syrie et de la Libye, la lutte du pouvoir sera l’occasion de fragmenter l’unité nationale fragile, de disloquer l’économie nationale précaire et de déchirer le tissu social en décomposition morale. L’ivresse de l’argent facile et de la consommation effrénée empêche les algériens d’écouter la vérité et de voir la réalité : nous sommes un comptoir commercial destiné à devenir une base coloniale. Au-delà du discours triomphaliste et arrogant, nous n’avons pas les moyens de résister dans les conditions actuelles d’immobilisme et d’irresponsabilité.

Le véritable changement commence lorsque chacun refuse la prédation vorace et cupide, la laideur et l’injustice ou s’indigne devant leur spectacle. La plus grande injustice c’est de croire que la laideur et l’injustice des gouvernants autorisent celles des gouvernés. Le plus grand mensonge c’est de croire que les manifestations spectacles ou les actions d’éclat sont une réponse à l’indignation alors que ce qui nous indigne n’est pas suffisamment compris dans sa genèse ni résolu dans sa mesure la plus appropriée pour lui apporter la solution qu’il mérite. Alors quel changement ? Allah y répond :

{ En vérité, Allah ne change point un peuple tant que celui-ci n’a point changé ce qui est en lui} Ar Raäd 11

Les bigots et les moralisateurs ont pensé que le changement s’opère par le zèle cultuel, les soufies par le spiritualisme, les jihadistes par la violence armée, les salafistes wahhabites par le commerce et la mode vestimentaire. Chacun y va de l’interprétation. Nous mettons l’accent sur des pratiques alors qu’il s’agit de transformer l’être c’est-à-dire transformer son rapport à la vérité et à la réalité en transformant ses représentations mentales et idéologiques, ses comportements, sa conscience, son sens des responsabilités. La transformation de l’être n’est pas d’ordre religieux ou politique, mais d’ordre intérieur. C’est l’homme qui doit se libérer de ce qui l’aliène pour se hisser à sa vocation humaine :

{Certes, Allah commande l’équité, la bienfaisance et l’assistance aux proches. Et Il interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. Il vous exhorte afin que vous vous souveniez.}  an-Nahl, 90

Lorsque chacun se discipline à bien penser, à bien agir, à bien aimer, à bien se comporter, à bien croire en Dieu alors il devient un rayonnement spirituel c’est-à-dire une intelligence rayonnante de bonté, d’amour, de vérité. La vérité que nous sollicitons n’est pas un concept abstrait ou une fascination médiatique, c’est un fait qui témoigne de son authenticité et un être qui témoigne de sa véracité. Ce sont ces faits et ces êtres avec les idées qui les génèrent et qui en découlent qui sont les vecteurs du rayonnement moral et spirituel. La dynamique du changement est lorsque l’acte de bien bonifie l’être qui a son tour inspire autrui à bien agir dans le respect des différences qui peuplent la cité. La cité peuplée de gens rayonnants sera alors un pôle de rayonnement universel qui ne connait ni l’humiliation, ni l’insécurité, ni la faim, ni une mauvaise gouvernance :

{Nous avons fait de vous une Communauté centrale (rayonnante) afin que vous portiez témoignage auprès des hommes (sur les hommes), et que le Messager soit témoin auprès de vous (sur vous).} Al Baqara 143

Ce rayonnement n’est pas le fait d’une puissance d’État ou d’un appareil politique qui ordonne d’en haut comme Pharaon, mais le fait d’hommes humbles qui agissent d’en bas avec humilité et dans la proximité des gens et des problèmes de la cité. Nul ne peut témoigner aux hommes s’il n’occupe pas une position centrale, une posture dominante, un rôle rayonnant sur le plan spirituel, moral, social et civilisationnel, ainsi qu’une proximité sociale et affective avec l’humain. Dans nos pays musulmans nous avons le centre de rayonnement par excellence dans la mosquée qui a vocation à fédérer les diversités, à transcender les différences, à établir du lien social de proximité, mais elle est devenue une tribune pour des imams qui y lisent des livres anciens ou des auxiliaires de l’administration qui maintiennent les gens dans le déni de penser et de parler. Le second lieu est la famille, elle est devenue une cellule consumériste. Le troisième lieu est l’école, elle fabrique le mimétisme et la rivalité au lieu de former des esprits à penser librement et efficacement.

Partout où l’homme se trouve, il dispose de moyens d’action s’il consent à agir après avoir médité les fins, s’il fait de la vérité et de la réalité ses critères de décision, de la proximité et de l’amour son périmètre de rayonnement, de ses possibilités la multiplicité et l’ampleur de ses efforts. L’imam, l’enseignant et le parent peuvent, sans éclat, transformer radicalement la société si quelques-uns d’entre eux appliquent scrupuleusement le principe prophétique de refuser le conformisme qui consiste « Il faut faire le bien lorsque la majorité des gens font le bien, mais il ne faut pas faire le mal sous le prétexte que la majorité des gens font le mal ».

Qu’il soit microcosme comme un grain de sable négligeable ou macrocosme comme une multitude incommensurable, Allah le jugera selon l’intention de son œuvre. L’individu croyant rayonnant est pour sa communauté de foi, puis cette communauté de foi est pour l’humanité ce que sont l’arbre pour le jardin et les jardins pour les créatures :

{Une bonne parole est comme un arbre bon : sa racine est stable et sa ramure est au ciel. Il donne ses fruits en chaque saison, par le Vouloir de son Dieu.}

La priorité, en tout lieu, tout temps et toute condition, est de semer sa propre graine, d’entretenir sa germination et d’espérer d’Allah qu’elle produise arbre et fruits avec générosité et bénédiction. Le Coran est cohérent et éloquent dans son lexique, sa sémantique, ses métaphores et sa symbolique : il est toujours question de culture c’est-à-dire de croissance du bas vers le haut, dans son propre milieu et avec ses propres possibilités :

فَأَمَّا مَن تَابَ وَآمَنَ وَعَمِلَ صَالِحاً فَعَسَىٰ أَن يَكُونَ مِنَ ٱلْمُفْلِحِينَ

{Quant à celui qui se sera repenti, qui sera devenu croyant et qui aura pratiqué le bien, certainement il sera parmi ceux qui cultivent…} Al Qassas 67

Le Falah (فلح) coranique est la culture du bonheur et du salut. C’est cette culture qui produit le changement. Il n’y a ni ressentiment ni fantasme, mais labeur assidu et honnête. Il n’y a attente ni de salaire, ni de reconnaissance, ni de gloire, ni de peur, mais exigence impartiale de vérité et respect strict de la réalité. Il serait illusoire de croire que la prise de pouvoir et l’exercice du pouvoir sont la voie la plus efficace du changement. La culture du changement exige une terre fertile, une disponibilité à semer et l’attente espérant que l’effort non seulement ne soit pas vain, mais qu’il soit béni. C’est un peu le sens de la parabole de Jésus fils de Marie :

« Écoutez ! Voici que le semeur sortit pour semer.
Comme il semait, du grain est tombé au bord du chemin ; les oiseaux sont venus et ils ont tout mangé.
Du grain est tombé aussi sur du sol pierreux, où il n’avait pas beaucoup de terre ; il a levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde ; et lorsque le soleil s’est levé, ce grain a brûlé et, faute de racines, il a séché.
Du grain est tombé aussi dans les ronces, les ronces ont poussé, l’ont étouffé, et il n’a pas donné de fruit.
Mais d’autres grains sont tombés dans la bonne terre ; ils ont donné du fruit en poussant et en se développant, et ils ont produit trente, soixante, cent, pour un. »

La démarche intellectuelle consiste justement à manager le changement et la culture qu’il exige et celle qu’il produit. De bonnes intentions ont été horrifiées de me voir utiliser le verbe manager lorsque j’ai abordé la compétence du changement. Le verbe manager issu du latin « maneggiare » signifie manier du latin manus (la main). Le manager a donc pour vocation initiale de prendre la main dans un processus en se chargeant (ou en étant chargé) de se familiariser avec quelqu’un ou de s’occuper de quelque chose pour qu’être et choses arrivent à leur destination, trouvent leur place et prennent leur dû. Le manager c’est aussi celui qui a vocation de faire tourner le manège c’est à dire de huiler les mécanismes pour garantir le fonctionnement, faciliter le mouvement, la cohérence et la fiabilité des dispositifs destinés à l’usage public.

Aussi bien chez les latins que chez les anglo-saxons il y a une différence entre le manager et le director (le directeur). Le manager est un animateur, un conseiller, qui agit par délégation, par représentation sans être le maitre des lieux. Sa conscience peut être le commanditaire de ses idées, de ses paroles et de ses prises de position. Le « directeur » est celui qui, souvent seul, possède la charge et la responsabilité de donner des ordres, d’indiquer la direction à suivre et le cas échéant de rendre compte s’il agit pour le compte d’un maitre d’ouvrage ou d’un maitre des lieux qui le commandite. Il n’y a pas d’équivalent managérial aux statuts de directeur qui peut être directeur de conscience, directeur spirituel, directeur de recherche, directeur d’entreprise, chef d’un directoire ou d’un exécutif. Le directeur est l’autorité hiérarchique à qui revient la décision finale. Le manager n’est pas dans la décision, il est dans la médiation où il peut jouer le rôle de facilitateur dans le transport de l’information et dans l’intermédiation où il peut jouer le rôle de garant entre des parties contractantes pour sceller un accord ou divergentes pour régler un litige. Si la direction renvoie à la notion de maitre qui ordonne, le management renvoie à la notion de servant qui rapproche. Si la direction renvoie à l’imposition pour réaliser un objectif, le management renvoie à la bienveillance pour rendre les choses compatibles et mettre les hommes en harmonie.

Manager implique donc la réflexion systématique, l’information fiable, la responsabilité morale, la connaissance des règles de l’art, la proximité, la médiation et la communication. C’est ce que fait l’artiste lorsqu’il livre son interprétation du réel. C’est ce que fait l’intellectuel lorsqu’il n’est pas auxiliaire de service ou interlocuteur valide des services. C’est ce que doivent faire ceux qui sont concernés par le changement. Les technocrates du capitalisme et les  bureaucrates du centralisme bolchevique convertis aux affaires ont confiné le management au commandement des hommes et à la gestion des budgets. Les « cadres » qui ont coulé le secteur public n’ont retenu du management que  la direction d’une affaire ou d’un service ou l’entretien des relations d’intérêts.

Ne peuvent donc manager les affaires publiques ceux qui sont au service d’intérêts privés ou aliénés par leur appartenance idéologique. Ceux qui veulent concilier et réconcilier les Algériens à faire de la Politique au sens noble du terme doivent s’exclure du pouvoir et des partis pour se consacrer exclusivement au management du changement par lequel on évite l’effusion de sang et la ruine. Pour ceux qui ne parviennent pas à saisir le sens de mes propos et qui m’attribuent des buts inavoués, je dois avouer que la richesse et les subtilités du langage traduisent exactement la pensée de ma pensée et visent à montrer que la culture du changement, la pédagogie du changement ou le management du changement est avant tout une affaire de liberté de parole et c’est cette liberté qui doit transcender les idéologies et les partis pour que la cité devienne un lieu de management ouvert à tous et profitable à tous.

La voie anagogique, aspiration vertueuse dans la cité des hommes et empathie pour la création de Dieu, est difficile à concevoir tant par les partisans de l’immobilisme et de la rente que par les agitateurs extrémistes et nihilistes. Le prophète qui demande la vertu est raillé et expulsé. Le Prophète qui demande la patience est raillé et expulsé.

La clé du changement historique qui met fin à l’injustice et au mensonge du capitalisme et de ses vassaux despotiques dans le monde musulman est la résilience. Le mot résilience désigne la capacité d’un organisme à s’adapter à un environnement hostile, perturbant ou changeant. C’est la compétence de refuser de s’aligner sur le modèle dominant tout en cherchant les formes d’organisation et les mécanisme de production et de répartition qui libèrent l’homme de la prédation C’est la compétence de récupérer son énergie vitale et son fonctionnement normal après un choc, une déformation, une usure ou une panne.

La volonté des populations musulmanes de résister au colonialisme et leur persistance à croire à un autre destin autre que l’indépendance inachevée et confisquée témoigne  que l’âme humaine est indestructible, il suffit donc que cette âme entre en contact avec Dieu et porter fidèlement et efficacement la foi ou que cette âme comprenne les  vocations de l’Islam pour qu’elle devienne l’instrument de Dieu par lequel Allah déjoue et châtie les comploteurs selon un principe irréfutable :

{La Parole de ton Dieu s’est accomplie véritablement et justement. Rien ne peut changer Ses paroles.} Coran

La résilience est sans doute le terme qui traduit le mieux le terme coranique Sabr, cette compétence spirituelle et psychologique d’endurer les épreuves et de réagir avec intelligence et détermination sans empressement ni improvisation. Demeurez constant et persévérant sans céder au mimétisme et à l’alignement exige une élévation morale et spirituelle, une connaissance des vrais enjeux, et l’attente du changement dans l’espérance :

{Suis ce qui t’est révélé et persévère jusqu’à ce qu’Allah juge (décide, Il est le meilleur des juges (décideur).} Coran

Demeurez constant et persévérant sans céder au désespoir est la résilience qui permet de maintenir intact son état moral et de conserver son potentiel d’action pour résister et agir sur son environnement hostile. Elle exige une aspiration spirituelle et un niveau de certitude tel que le renoncement à la corruption lorsqu’il devient un refus collectif provoque la fracture puis l’effondrement de l’oppresseur au moment le plus inattendu et de la façon la plus dramatique :

{Ne faiblissez donc pas, et ne vous chagrinez pas, alors que vous êtes les plus élevés} Coran

Bien entendu l’élévation peut être comprise à tort comme l’arrogance du « peuple élu » et des « bien-aimés de Dieu » alors qu’il s’agit de l’aspiration morale et spirituelle à la perfection dans ce monde et au salut dans l’autre. L’élévation peut être comprise comme un discours moralisateur pour se croire le meilleur, en adoptant quelques postures religieuses ou en mimant quelques socio codes du passé quelques et géocodes d’Arabie, alors qu’il s’agit de créer les meilleures conditions et les meilleures possibilités pour se hisser au rang qu’exige la foi : témoigner avec efficacité et justesse de ce que la foi authentique peut réaliser en termes de libération et de civilisation.

Construire l’ambiance psychologique et spirituelle de sa résilience et de son espérance est aussi important sinon plus qu’agir sur les conditions objectives et les possibilités matérielles de sa résistance ou de son émancipation. Un peuple livré à lui-même ne peut s’organiser en résilience. Il lui faut de la foi et une guidance qui l’éduque et le prépare. Les moyens objectifs doivent être mobilisés, mais ils ne peuvent remplacer la dimension spirituelle et psychologique qui donne la finalité, le sens et le rythme soutenu et assidu de l’effort ainsi que l’acceptation des sacrifices et des épreuves.

Les appareils disposent des dispositifs et des intelligences de corruption et de fabrication du désespoir qui brisent facilement un mouvement dont l’inspiration et l’activité ne sont que politique ou idéologique. Devant la puissance et l’impunité d’un système dominant et arrogant il n’y a que la démission ou la violence à laquelle ceux qui ont oublié Dieu ont recourt par impuissance. Ceux qui ont préparé leur résistance en se remettant totalement à Dieu ne compte pas sur leurs forces et n’escomptent leurs résultats : ils s’inscrivent dans une logique qui transcende l’histoire immédiate en prenant acte des facteurs de puissance et d’impuissance pour adapter leur formes de résistance et construire leur espérance.

Personne n’a de réponse individuelle ni de recette miracle contre le désespoir et le désenchantement. Le Coran invite à l’espoir par la vie spirituelle et la connaissance de la réalité telle qu’elle est sans idéalisme romantique ni nihilisme cynique. L’expérience humaine invite au partage, à la solidarité et à la communion. Lorsqu’on conjugue le Coran et l’expérience on trouve réponse dans l’enseignement prophétique qui demande la coopération de tous pour lui trouver une configuration sociale et politique, individuelle, collective et environnementale faisant transformer le désespoir en mouvement historique de changement :

« Allah mon Dieu ! Je cherche refuge auprès de Toi contre l’affliction et le chagrin, contre l’indigence et la paresse, contre la lâcheté et l’avarice, contre l’endettement et l’oppression des hommes »

Sans ce cheminement nous resterons dans l’importation des utopies et l’improvisation des échecs. La lutte idéologique consiste, sur cet aspect de la résistance intellectuelle et sociale à se focaliser sur une solution qui viendrait comme une recette de cuisine alors que la réalité et la complexité exigent de s’inscrire dans une praxis. La praxis c’est penser et agir socialement hors de l’utopie et de l’idée facile du droit à revendiquer ou du mal à dénoncer. La praxis c’est aussi penser et agir à la fois sur des concepts et sur la conceptualisation du retour d’expériences accumulées. Pour l’instant nous ne produisons pas suffisamment de pensée et d’efficacité dans l’action sociale et politique. Le pire c’est que nous ne faisons ni évaluation ni critique du peu de pensées et d’actions entreprises. Nous sommes des utopies spontanées, atomisées et dispersées sans dénominateur commun, sans lien fédérateur, sans champ social, sans perspective politique.

La foi, l’idée ou la démarche de civilisation ne peut être enfermée dans une mosquée, confiné dans un parti politique, mise en spectacle dans un média, ou instrumentalisé par un pouvoir. Elle a vocation spirituelle, sociale, libératrice et civilisatrice. Elle demande du temps, de l’énergie, du champ social et de la profondeur intellectuelle. La mission de l’intellectuel est de rappeler cette vocation, de l’expliciter, de refuser son instrumentalisation politicienne ou idéologique, de la protéger tant du populisme infantile que de l’idéalisme utopique. L’intellectuel ne peut se limiter à l’instant présent, sa vocation est de s’inscrire dans le temps historique.

Sans la grâce divine, l’homme et la société ne peuvent pas trouver le salut, et sans la raison ils ne peuvent prétendre à la grâce divine qui leur a fait don de la raison pour qu’ils soient des témoins reconnaissants et agissants. Saint Augustin a fait de l’esthétique la manifestation du bonheur. Le beau est aimable, l’aimable est embelli. Le croyant ne peut vider son idée, sa parole et son acte de leur dimension esthétique. Des idées laides, des comportements grossiers et des paroles vulgaires ne peuvent engendrer des projets nobles ou des actions belles :

{Et dites aux hommes de bonnes paroles} Coran

{Vers Lui monte la bonne parole, et l’œuvre vertueuse, Il l’élève.} Coran

Dans les cas désespérés, la belle parole de politesse est un encouragement, une charité, un appel à s’élever vers un sens éthique et du devoir plus élevé fermant la porte aux dérives de l’indifférence et du mépris. Lorsqu’il n’y a rien à donner l’écoute bienveillante et le partage des souffrances est une bonne parole silencieuse qui laissent les coeurs communiquer et se soutenir en attendant que les jours amènent la guérison et la lumière.

Sans l’esthétique, cette conscience du beau, la morale serait austère et froide où il ne se serait question que de châtiment, de malédiction et de renoncement laissant non seulement l’ignorant dans ses ténèbres, mais laissant l’âme et l’intelligence frustrées de ne pouvoir répondre à l’appel intérieur et extérieur vers plus de perfection. Le berbérisme athée qui s’attaque avec laideur et bêtise à la foi du peuple algérien devrait relire l’histoire de l’Algérie. Nos gouvernants qui nous insultent et nous méprisent devraient s’inspirer de la noblesse et de la beauté de ce pays au lieu de la méchanceté et de la médiocrité de leur arrivisme et de leur cupidité vorace.

Au lieu d’opposer berbérité et arabité, modernité et islamité, l’histoire et l’intelligence auraient dû se mettre au service de la conscience algérienne et lui donner le sens du devoir et du travail en montrant comment le sol nord-africain avait enfanté des grandes idées et de grands hommes. Notre solution est dans le débat et dans l’enrichissement mutuel et non dans le dénigrement des autres ou dans le déni de vérité en faisant de notre passé, de notre présent et de notre avenir un tabou dont l’évocation dérangerait nos consciences. Lorsque le premier ministre algérien compare le Coran à de la poésie ou lorsqu’il prétend que le pays n’a pas besoin de poètes et de philosophes, il ne reflète que l’inconscience d’un système moribond et inculte que rien ne vient déchirer, raisonner ou éclairer :

{Leur exemple est comme celui qui alluma un feu, et lorsqu’il éclaira les alentours, Allah dissipa leur lumière et les laissa dans des ténèbres, ne voyant rien : sourds, muets, aveugles, c’est pourquoi ils n’en reviennent pas} Coran

{Certes, les pires des bêtes, pour Allah, sont les sourds, les muets, qui ne raisonnent point. Si Allah avait trouvé en eux quelque bien, Il les aurait fait entendre.} Coran

C’est la désacralisation et la profanation des principes qui font que l’homme au lieu de subordonner ses idées et ses actes aux principes, il subordonne ses fins et ses intentions à ses désirs. Le pire des désirs est la dérive démiurge qui donne l’illusion à l’homme qu’il est un dieu sur terre à l’image de Pharaon ne rendant compte qu’à lui-même ou un esclave de Pharaon soumis aux désirs de Pharaon et de sa cour. Contre Pharaon, Moïse, en plus des Signes annonciateurs de la fin et de l’assistance de son frère avait grandi dans l’amour d’une mère, d’une sœur et de l’épouse de Pharaon. Il avait été comblé par l’amour de Dieu.

Saint Augustin a dit que la mesure de l’amour est l’amour lui-même et que chacun sera rempli à sa mesure comme l’avait dit Jésus (saws). L’amour de Dieu et la compassion pour la créature de Dieu donnent le sens du sacrifice et l’énergie pour imaginer et entreprendre un projet de libération, de dignité, de justice, de solidarité. L’intelligence seule ne peut dépasser le stade de la technique impuissante à saisir l’humain. L’oppresseur fait tout son possible pour amener l’opprimé à son niveau de déshumanisation pour partager avec lui la même malédiction et pour empêcher que les liens d’amour ne se tissent et ne deviennent des liens de solidarité.

L’amour pervers, mégalomaniaque et narcissique conduit au suicide collectif par l’injustice, les souffrances, l’arrogance envers autrui et la spoliation de ses droits et de ses ressources. La miséricorde, l’empathie, la quête du salut, l’attente du Jugement dernier, l’espérance conduisent l’homme à l’humilité c’est-à-dire à prendre conscience de sa petitesse ou du moins de sa position relative dans cette existence. Il n’est ni dieu, ni ange, ni bête, ni démon, mais profondément et tragiquement humain. Il tombe et se relève, il faute et se repent… Il cherche la voie des justes jusqu’à trouver la vérité ou trouver la mort apaisé et réconcilié avec lui-même.

Ce cheminement à la fois spirituel, culturel, intellectuel et actanciel dans la foi et dans l’existence temporelle n’est pas facile, car il est contrarié par les difficultés, les obstacles, les échecs et même par les réussites et les tentations mondaines. Le philosophe peut devenir fou et se suicider lorsqu’il rate la réponse à son questionnement comme Nietzsche : « Comment sortir du désespoir le plus profond l’espoir le plus indicible ». Le croyant peut perdre la foi lorsqu’il ne voit pas la justice divine se manifester derrière la cruauté et le hasard en apparence :

{A quand la victoire de Dieu} Coran

L’intégriste islamiste est empressé à conquérir le pouvoir et à soumettre les populations à sa mode religieuse pour éprouver de la miséricorde ou de l’intelligence envers le monde. Le mécréant transgresseur est dans l’impossibilité intellectuelle et morale d’imaginer sa déchéance tant il est imbu de son impunité apparente comme il est dans l’incapacité totale de voir un instant la victoire de l’opprimé autre que dans la violence révolutionnaire ou dans la loi du marché selon son appartenance idéologique :

{Quiconque croit qu’Allah ne lui donnerait pas victoire (au Prophète), dans le monde et dans la vie future, qu’il tende alors une corde vers le toit, ensuite qu’il se pende, puis qu’il regarde si sa ruse a dissipé ce qui l’enrage !} Coran

L’homme en devenant sa propre mesure, sa propre norme, sa propre valeur s’éloigne des principes et il peut se croire réformateur alors qu’il est corrupteur ennemi de l’humanité et de la création. Lorsqu’il ne trouve pas de contradiction et de résistance pour le freiner dans ses crimes et démasquer ses syllogismes fallacieux, idéologiques et religieux, et ses utopies destructrices alors il se transforme en tyran démoniaque. La société et les élites qui ont laissé faire ou qui ont participé à l’émergence de la monstruosité partagent la responsabilité des crimes avec le tyran et son système corrupteur :

{Que n’y avait-il pas, dans les générations précédentes, des gens de bien qui interdisent la corruption de par la terre : Mais peu nombreux l’étaient parmi ceux que Nous avons sauvés. Alors ceux qui étaient injustes ont été poursuivis par ce qui les a fait périr, car ils étaient des malfaiteurs.} Coran

Si les élites algériennes avaient un sens des responsabilités jamais elles n’auraient laissé le pays sombrer dans la décennie rouge et noire. Les élites libyennes et syriennes n’auraient jamais toléré que leurs pays soient la visée de l’OTAN même si les pseudo savants musulmans ont rendu licite l’effusion de sang et la mise en ruine de ces pays.

Qu’on ne se méprenne pas sur le sens de la résilience. Il ne s’agit pas d’attendre le retour du Messie ou la venue du Mahdi, mais de donner de l’espoir, de semer des initiatives, d’ouvrir de nouvelles perspectives. Si le pouvoir algérien, ses opposants politiques et la classe moyenne lettrée ne lisent pas la violence qui est en train de s’installer en Algérie comme moyen « normal » de négociation pour obtenir un travail, un logement, un investissement, une route, une rente, un droit, cette violence larvée va devenir incendie. S’ils ne voient pas les compétences des maffias de l’économie à recruter des démunis et des désœuvrés pour les mobiliser en des armées de « Baltagia » à l’égyptienne, la violence va devenir l’instrumentalisation politique de la société pour que la rente demeure le monopole des brigands d’autant plus que les sources de la rente sont en train de s’assécher considérablement.

Il est plus que jamais urgent de manager le changement. Les managers du changement sont les semeurs de bonnes paroles et de bonnes intentions. Est-ce qu’ils sont compris ou compréhensibles cela est une autre affaire comme l’explicite Jésus fils de Marie :

« Vous ne saisissez pas cette parabole ? Alors, comment comprendrez-vous toutes les paraboles ?
Le semeur sème la Parole.
Il y a ceux qui sont au bord du chemin où la Parole est semée : quand ils l’entendent, Satan vient aussitôt et enlève la Parole semée en eux.
Et de même, il y a ceux qui ont reçu la semence dans les endroits pierreux : ceux-là, quand ils entendent la Parole, ils la reçoivent aussitôt avec joie ; mais ils n’ont pas en eux de racine, ce sont les gens d’un moment ; que vienne la détresse ou la persécution à cause de la Parole, ils trébuchent aussitôt.
Et il y en a d’autres qui ont reçu la semence dans les ronces : ceux-ci entendent la Parole, mais les soucis du monde, la séduction de la richesse et toutes les autres convoitises les envahissent et étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit.
Et il y a ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre : ceux-là entendent la Parole, ils l’accueillent, et ils portent du fruit : trente, soixante, cent, pour un. »

 Lorsqu’on inscrit ses pas dans la continuité prophétique, alors on se libère des limites actuelles pour se hisser aux possibilités infinies :

{N’as-tu pas vu comment Allah fourni une parabole ? Une bonne parole est comme un arbre bon : sa racine est stable et sa ramure est au ciel. Il donne ses fruits en chaque saison, par le Vouloir de son Dieu. Et Allah fournit les paraboles pour les hommes, peut-être se souviendraient-ils. Et la semblance d’une mauvaise parole est comme un arbre mauvais, qui fut arraché de sur la terre, qui n’a nulle stabilité.} Coran

En effet nous pouvons imaginer le nombre de fruits dans un arbre, les cueillir ou les laisser pourrir, nous pouvons protéger l’arbre ou le détruire, mais personne ne peut imaginer les arbres contenus dans les grains ni les conditions et le moment de leur ensemencement.

[bctt tweet= »De la culture du management du changement »]

Omar MAZRI

Source : De la culture du management du changement