Partie d’échec sur l’armement chimique : les bons et les mauvais joueurs.

Après l’échec du scénario libyen, l’Empire avait activé le  scénario irakien en Syrie et il le réactive ces derniers jours sous d’autres arguments aussi fallacieux que les précédents :

1 – Exécution d’une guerre totale unilatérale immédiate.

2 – Mobilisation d’une coalition internationale après les conclusions des experts de l’ONU sur le «chimique » dans la Ghouta près de Damas et guerre différée.

Contre une  solution politique conditionnelle :

1 – Départ du président Assad

2 – Remise de l’armement chimique à la « communauté internationale ou à la Russie

3 – Engagement de ne plus fournir le Hezbollah en armes.

C’est une plateforme de négociation ou de capitulation selon l’art et la manière de céder sur tout ou partie de ces revendications qui nous rappellent celles tentées en vain contre le Hezbollah pour le désarmer après sa victoire en 2006.

La subversion psychologique-diplomatique-médiatique qui veut croire qu’elle peut gagner sans livrer bataille ou qui veut pousser l’adversaire à céder à la peur et à négocier en position de vassal est à l’œuvre dans l’analyse des prétendus alignements  de l’Union européenne sur la France ou des prétendues propositions de Poutine à la Syrie pour éviter  la guerre.  Il y avait des fuites ou des suppositions depuis quelques jours comme une prière secrète souhaitant que la Syrie fasse une faute comme celle du survol d’un escadrille syrienne sur une base anglaise et qui pourrait inverser la décision des parlementaires anglais, ou attendant un false flag pour déclencher une guerre de représailles s’instaurant comme un fait accompli et faisant taire la crise de pouvoir aux États-Unis.

L’illusion d’une guerre ciblée et limitée ne doit pas faire oublier que les bombardements contre la Libye ont duré sept mois alors que tout le monde connait la faiblesse libyenne de par son armée et sa topographie. Elle ne doit pas faire oublier que les bombardements contre Belgrade ont duré 70 jours et que les Serbes n’avaient capitulé qu’après avoir été poussés par les Russes en quête d’ouverture avec l’Occident. Ni la Syrie ni la Russie ne peuvent tomber dans ce piège et s’ils le font ils auront tout à perdre.

Les experts de l’ONU n’avaient pas pour mission de chercher les auteurs, mais de confirmer l’usage d’armes chimiques. Les rapports déclassifiés affirment sans rien prouver.

Les médias pré embarqués cherchent non seulement  à obtenir l’adhésion de leur opinion qui refuse la guerre, mais elles participent dans l’effort de guerre pour amener les Syriens, leurs alliés et leurs sympathisants à capituler. Les médias dévoilent à leur insu l’intensité de  la guerre diplomatique et politique menée contre Damas pour l’isoler et brouiller son message. Les médias expriment aussi leur peur de ne pas voir les élus américains accompagner leur Président. Ils s’emparent donc de n’importe quel os à ronger que leur envoie l’Administration américaine qui ressemble de plus en plus aux derniers instants du Titanic quelques jours après son inauguration ostentatoire et ostensible.

La confusion sur les objectifs de guerre,  les faux discours conciliant ou abrutissant et la diversion médiatique ne peuvent cacher le premier commandement fondateur des États-Unis que les crétins musulmans et arabes occultent  dans leur analyse sur la Syrie : la violence. Contre cette violence il n’y a pas d’autres choix que refuser de s’y soumettre si nous ne voulons pas tomber sous l’emprise totale et implacable des autres commandements fondateurs de l’Empire : la vassalisation des autres.

C’est dans cette ambiance où les lobbys sionistes se mobilisent pour jouer tous les atouts sur tous les fronts que la Russie, l’Iran et la Syrie réalisent le petit (ou le grand) roque comme le montre le fil des déclarations de la journée de ce lundi 9 septembre en annonçant le désistement de la Syrie sur son armement chimique par la voie de son MAE à Moscou :

« Le ministre Lavrov a mis en avant une initiative liée aux armes chimiques. Je déclare: la Syrie salue l’initiative russe, fondée sur les inquiétudes des dirigeants russes concernant la vie de nos citoyens et la sécurité de notre pays » […] salue la sagesse des dirigeants russes qui essaient d’empêcher une agression américaine contre notre peuple ».

Répondant à la proposition du MAE :

« Nous appelons les dirigeants Syriens à non seulement accepter de placer sous contrôle international leur stock d’armes chimiques, et ensuite à le détruire, mais aussi à rejoindre pleinement l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques »

Il répondait au scepticisme de Kerry :

« Bien sûr, il pourrait remettre chaque élément de son arsenal chimique à la communauté internationale dans la semaine à venir – le remettre, tout cela sans retard et autoriser une vérification totale, mais il n’en a pas l’intention et c’est impossible à faire. »

Kerry – qui s’essouffle devant les voix qui contestent les objectifs et la légitimité de la guerre y compris au sein de l’armée et du renseignement américains – avait poussé son syllogisme jusqu’au paroxysme avec la certitude de ne pas se tromper :

« Les armes chimiques en Syrie (…) sont contrôlées de manière très étroite par le régime Assad. Bachar al Assad, son frère Maher al Assad et un général sont les trois personnes qui contrôlent le déplacement et l’usage des armes chimiques.

Dans cet emballement médiatique l’Iran par la voix de son envoyé à Moscou  intervient pour soutenir la proposition russe :

« Nous espérons que les efforts déployés au plus haut niveau en Russie permettront d’éviter la réalisation d’un scénario militaire », a déclaré M.Amir-Abdollahian lors d’une rencontre avec son homologue russe Mikhaïl Bogdanov.

Ban Ki-Moon saute sur l’occasion ainsi que les Allemands et les Anglais

Les médias déstabilisés un moment reprennent l’offensive pour soit mettre en doute la proposition russe et  l’accord des Syriens soit pour crier victoire et réclamer plus. Qu’est ce qui se passe au juste et que signifie ce retournement ?

Pour y répondre, on n’est pas obligé de faire de la politique ou des analyses militaires que nous laissons aux experts. Nous allons voir la signification du Roque dans une partie d’échecs pour dire la même chose que si c’était une zone de combat sans avoir l’angoisse de la vue du sang arabe et musulman coulant à flots.

Le roque est un déplacement spécial du roi dans le jeu d’échecs. C’est un dispositif de jeu non seulement technique, mais stratégique dans le dispositif de défense et dans l’imposition du changement de dispositif offensif de l’adversaire en modifiant le rapport des forces par la modification de la position des pièces. Il a valeur hautement stratégique pour ceux qui savent transposer l’échiquier sur une carte du monde et qui s’inspirent comme les Russes et les Iraniens, grands joueurs d’échecs, pour mettre en un seul coup le roi à l’abri de la concentration des forces tout en libérant et centralisant une tour qui se trouve mise dans l’axe central pour des opérations de renforcement de la défense ou de contre-offensive.

L’empire, habitué à ne pas trouver de résistance et de stratégie, se croyait seul à décider de la règle de jeu, en l’occurrence la sienne qui ne repose ni sur l’éthique ni sur l’esthétique de la victoire militaire.

Le jeu d’échecs se termine par l’abandon lorsque le roi est mis échec et mat ou lorsque le joueur très élégant et très lucide constate l’impossibilité de gagner la partie face à un adversaire plus fort. Il ne s’agit en aucun cas de tuer le roi ou de le mettre en prison. La bataille s’achève lorsque le roi n’a plus possibilité de se déplacer ou de se protéger. La beauté et l’humanisme du jeu d’échecs sont dans cet art subtil et intelligent de faire l’économie du temps en minimisant les  pertes de pièces maitresses et en élaborant des stratégies pour anticiper sur les coups de l’adversaire. Le Blitz est rarement utilisé, car il dénote un manque de savoir-vivre ou un affrontement entre deux parties inégales qui dans un cas comme dans l’autre n’honore pas le vainqueur. Le perdant qui n’a aucun respect pour ses pièces et qui joue dans la seule perspective de sauver le roi aura lui aussi manqué à la déontologie.

Gaspiller du potentiel et des ressources n’est pas dans l’esprit de la stratégie ni dans l’esprit de la vertu. S’exposer à des risques inutiles ou aller au suicide n’est ni la culture du jeu d’échecs ni celle de la guerre. Le roi peut et doit se déplacer et ne plus occuper l’axe central au profit de la tour latérale n’est pas lâcheté ou reculade, mais manœuvre de jeu. La manœuvre est loyale. Sa cohérence, son opportunité et son efficacité dépendent de trois facteurs qui sont son insertion planifiée ou improvisée dans le dispositif de combat (avant et après le Roque), la capacité de l’adversaire à prévoir ce coup et à lui trouver des parades, et bien entendu l’issue finale de la compétition.

Le jeu d’échec exige de la concentration et de la faculté d’adaptation. Le caractère du jouer, l’accord tacite, ou les impératifs de la partie jouée, peuvent imposer un rythme plus rapide, des sacrifices et une démolition spectaculaire pour que les adversaires puissent s’affronter sur un terrain dégagé et élaboré des stratégies singulières. Quel que soit le cas de figure, il y a des règles et une éthique, il y a des objectifs qui peuvent aller du plaisir de jouer à la gymnastique intellectuelle.

L’Empire et les révoltés partagent la même rage de destruction et le même mode de transgression des règles les plus élémentaires. Le jeu d’échecs, la guerre, la politique se rencontrent pourtant sur de multiples vérités où nous pouvons voir la faillite des révolutions arabes et des politiques américaines dans le monde arabe et musulman :

  • La démarche qui pousse à produire des kamikazes n’est pas la culture  de ceux qui ont à la fois conscience d’avoir de hautes responsabilités et lucidité sur les capacités de l’adversaire. L’acte d’héroïsme isolé et inconséquent ne change pas à l’équation. L’acte violent qui déshumanise ne produit pas toujours des soumis et des vaincus, mais des fragments de haine dont la seule stratégie et le seul désir de vie sont la terreur même si cette terreur ne touche que les mosquées et les souks.
  • L’échange sacrificiel d’entrée de jeu est l’affaire des non-initiés et des machines qui calculent vite sans émotion ni inspiration
  • La perte ou le gain militaire n’a aucune signification si le champ de bataille est un champ de désolation sans perspective politique, économique ou idéologique.
  • Le cynisme et le nihilisme du réalisme politique n’ont pas de place lorsque l’échiquier est une nation et les pièces des êtres humains.
  • Le pouvoir exercé dans l’isolat et la solitude sans gouvernés pour lui donner légitimité symbolique et continuité territoriale et sociale est une chimère.
  • Le respect des règles, l’esthétique et l’esthétique des joueurs sont aussi importants sinon plus que l’issue de la partie elle-même.
  • La mesure et l’humilité tant du gagnant qui ne se montre ni arrogant ni méprisant que du perdant qui surmonte la douleur de son échec en cherchant objectivement les faiblesses de son dispositif de jeu et les forces de celles de son adversaire.

Je dois reconnaitre que le Prophète Mohamed (saws) reste un modèle exemplaire pour celui qui veut comprendre l’efficacité et l’humanisme du vertueux obligé de livrer bataille avec l’art de la rendre économe en temps et en vie humaine. Je dois avouer que les enseignements philosophiques de Sun dans « l’art de la guerre » sont une éthique que l’Occident matérialiste ne peut comprendre. Je dois dire que nous venons d’assister à un Roque (petit ou grand) qui a dérouté les certitudes des uns et qui a confirmé la stupidité des autres. Il faut voir les médias arabes et français experts en manipulation pour évaluer l’impact psychologique de ce Roque politique. Il faut attendre les réactions de la presse américaine et celle des élus américains pour en saisir toute la portée.

Ceci dit on peut comprendre le désappointement du  secrétaire d’État, John Kerry, lorsqu’il réagit de cette manière : «Bien entendu, Bachar Al-Assad pourrait restituer l’intégralité de son arsenal chimique à la communauté internationale (…). Mais il n’est pas prêt à le faire, et il ne peut pas »,

Dans la foulée on peut comprendre la réaction de l’Arabie saoudite et des sionistes par la déclaration précipitée du chef d’état-major de l’Armée syrienne libre, le général Salim Idriss, dans un entretien à Al-Jazeera : « Nous appelons à des frappes et nous avertissons la communauté internationale que le régime d’Assad  dit des mensonges, et que le menteur Poutine est son professeur » […]  « Le régime (syrien) veut gagner du temps pour se protéger » […] « Je dis aux décisionnaires que nous connaissons ce régime, que nous l’avons expérimenté, et nous vous mettons en garde: ne tombez pas dans le piège de supercherie et de malhonnêteté » […] « Ils savent qu’un vote au Congrès américain arrive, et ils (Damas et Moscou)  savent que de telles frappes entraîneront la chute du régime d’Assad.

Je ne crois pas que le régime russe, syrien et iranien  soient des enfants de chœur et des personnes élégantes ayant la haute vertu morale de l’Islam ou l’éthique du jeu d’échecs, mais je suis persuadé qu’ils viennent de réaliser un Roque au sens technique, stratégique et symbolique du terme. L’Empire et le sionisme ainsi que leurs valets n’ont ni vertu ni élégance, et les alliés de la Syrie le savent.

Quel est le sens de ce Roque ?

1 – Acculer l’Empire dans ses propres contradictions et ses mensonges

2 – Gagner la bataille médiatique décisive sachant que les lobbies partent à la conquête des voix du Congrès dont ils connaissent l’importance, cette fois-ci, dans l’échiquier de la guerre du fait de la crise de confiance, d’autorité et de moyens de l’Empire lui permettant de gagner une guerre longue et ruineuse. Dans cette bataille l’armement chimique est comme une pièce dans l’échiquier sacrifiée pour continuer la partie sur un autre souffle, une autre stratégie

3 –  Le Président Assad sait que s’il fait les mêmes erreurs que Saddam Hussein et Kadhafi d’ouvrir ses portes aux experts de la CIA, de livrer son arsenal ou de se mettre à négocier en position de faiblesse, l’armée  et la Syrie, avec ou sans Assad connaitront le même sort irakien. Poutine doit savoir aussi que s’il plie il perdra ses gains internes et externes, car l’Empire lui demandera davantage jusqu’à l’humilier.

4 – Les Russes prennent l’initiative de placer la balle dans le camp américain en  demandant à l’Agence internationale atomique de procéder à une analyse des risques que présenteraient  les frappes américaines sur un petit réacteur nucléaire en Syrie.

5 – Les Russes, les Iraniens, les Syriens, les sionistes et les Américains savent que l’armement chimique syrien était une option ancienne choisie par la Syrie dans l’équilibre de la terreur face au nucléaire. Le pouvoir de dissuasion a le paradoxe de ne pas être d’un grand recours eu égard à ses effets. S’en débarrasser est à la fois se débarrasser de quelque chose qui ne va pas peser dans le rapport des forces, répondre implicitement au Pape François et gagner la communauté chrétienne d’Orient et d’Occident puisque la communauté sunnite semble en marge du conflit, acculer l’opposition qui subit des revers militaires, politiques et médiatiques.

6 – Les amalgames des médias français et arabes sur des arrangements de dernière minute ne peuvent changer la nature des problèmes ni la logique des conséquences de la confrontation ou des armées sur le sol syrien : défaite de l’axe de la résistance ou défaite de l’axe de l’Empire. Celui qui suit le monde arabe et l’entité sioniste sait que l’armée syrienne a changé de doctrine de guerre depuis longtemps : le nombre et la multiplicité des types de missiles embarqués sur véhicules terrestres et sur petites embarcations navales. Il n’est ni dans sa stratégie ni dans son intérêt de gazer des civils ou de faire subir le risque à la population  arabe syrienne, libanaise et palestinienne.

C’est ainsi que j’ai compris la partie qui se joue dans un temps qui avance inexorablement vers la guerre ou vers la paix aux risques et périls de l’Amérique et de la France… Poutine avait déjà gagné la partie symbolique et politique contre le génie champion du monde Kasparov.

Les Français hors du temps semblent planer sur un nuage de certitude scélérate. Ils ne voient toujours pas le monde changer et ils s’enfoncent de plus en plus dans le ridicule. Le dernier vaudeville de la charte de la laïcité comme symbole de la rentrée scolaire témoigne de l’absence de projet, de dimension politique, de consistance intellectuelle. Marie, la poire, et le pot au lait…  à la veille d’une guerre mondiale ! Hier, pourtant, la télévision française nous a gratifiés de reportages fictions romantiques et pathétiques sur le Jihad islamique en Syrie donnant l’envie aux jeunes ingénieurs séduits par le « martyr » sous la bannière de confusion  d’oublier leurs droits et leur devoir en France.  Il faut le faire.

Le grand Roque c’est d’avoir mis la Russie en première position comme garant de la paix mondiale et laisser les autres accoucher d’un serpent qui se mord la queue.

Le jour d’après Saint-Pétersbourg va  montrer toute sa splendeur et dévoiler les bons et les mauvais joueurs dans cette  partie d’échec sur l’armement chimique syrien. En ce qui me concerne, j’ai l’intime conviction que l’Empire et le sionisme ont perdu ce qui faisait leur force redoutable : l’art de cacher leur jeu. Ils sont dans une confusion telle qu’ils ont perdu l’initiative qui faisait leur puissance et leur supériorité. Dans ce jeu, les Chinois et les Iraniens annoncent chacun qu’ils vont lancer leurs plus grandes manœuvres militaires.

Le Congrès américain n’a pas toutes les pièces en main, mais il a la possibilité de changer le rythme  du milieu de la partie qui se joue tant en Syrie qu’aux Etats-Unis : déflagration dramatique ou négociation. Dans un cas comme dans l’autre le roi Obama est dans une position d’échec. Dans un cas comme dans un autre la fin de partie est échec et mat du système.

G20 Saint-Petersbourg : Le jour d’après

En quinze ans, les États-Unis ont mené dix guerres contre huit  pays arabes et musulmans. Ils ont gagné, par leur supériorité militaire et technologique, toutes ces guerres en un temps record. Un grand nombre de ces guerres a été mené avec la collaboration des Arabes dont le devenir  à l’existence et la survie sont liés à ceux de l’Empire et du sionisme.

Les pays arabes et musulmans n’ont, à ce jour, réalisé aucune alliance contre l’Empire ni échafaudé une stratégie de défense ni une doctrine militaire sauf acheter du matériel à l’Empire. La Syrie a des alliances et aurait une stratégie de riposte contre une agression sioniste de grande ampleur. Chacun attend de voir la suite.

Dans cette attente il est bon de rappeler que les États-Unis n’avaient atteint aucun objectif de guerre ni réalisé un gain stratégique autre que semer la mort et la désolation dans les populations arabes et musulmanes qui haïssent de plus en plus l’Amérique.  Lorsqu’Allah (swt) hait un homme ou une nation, il rend ses œuvres et son comportement haïssables. La haine que suscitent l’oppresseur et l’arrogant chez les opprimés puis dans l’ensemble de l’humanité est en soi le signe de leur fin proche et dramatique en dépit de leur puissance sans qu’ils se rendent compte, aveuglés par leur hybris, cette folie arrogante, cette démesure, cette violence passionnelle qui habite les damnés de la terre et de l’Enfer.

Leur guerre meurtrière leur avait couté cinq mille milliards de dollars (5 000 000 000 000 $), les a plongés dans une crise financière, économique et morale sans qu’ils ne prennent conscience que le désordre qu’ils ont semé va fatalement les engloutir comme Pharaon, les pousser au suicide collectif comme l’Empire romain ou les anéantir comme Ad et Tamoud. Ils continuent de tromper les insouciants, les nihilistes et les cyniques en parlant d’une guerre en Syrie ciblée, propre et peu couteuse en vie humaine et en argent dont ils sortiront victorieux. Ils sont menés vers leur fin :

{L’exemple de ce qu’ils dépensent dans cette vie terrestre est comme l’exemple d’un vent chargé de crissement : il frappa la récolte de quelques gens, qui se sont fait injustice à eux-mêmes, et l’a détruite. Allah n’est  point injuste envers eux, mais ils sont injustes envers eux-mêmes.} Al Imrane 119

L’âne de Buridan

La topographie de la région, la défense syrienne et le renseignement russe obligent l’armée américaine à déverser son stock de munitions sur la Syrie et rendent ainsi rédhibitoire le cout de la guerre pour des objectifs que personne ne sait et pour des conséquences que personne ne connait. Nous sommes dans le comble de la confusion entretenue dans la région qui va fatalement se déplacer (elle l’est déjà) dans le cœur du système américain et dans le corps de leurs alliés. Toute résistance et toute riposte syrienne (et ses alliés) sera un facteur d’entropie dans le dispositif de l’Empire qui doute psychologiquement malgré sa supériorité technologique. L’engrenage de la violence sans gain économique et politique sera un désastre pour les Etats-Unis. La question paradoxale n’est plus de savoir si l’Amérique va aller en guerre et si elle va gagner, mais est-ce que la Syrie va accepter la confrontation sans capituler et résister suffisamment.

L’Empire connait cette équation et y va à contre cœur poussé par son arrogance et par des alliés qui ne pèsent rien en termes de stratégie et de combat. Le destin est ironique.

La Syrie et ses alliés ont une autre carte stratégique : décider d’impliquer l’entité sioniste dans la guerre à n’importe quel moment de la bataille. Il leur suffit de résister pendant les 90 jours de guerre et de ne pas s’effondrer puis d’élargir le front ou de cibler l’entité sioniste dès les premières frappes. L’armée syrienne et ses alliés ont des cartes à jouer, des petites cartes qui peuvent changer la règle du jeu. La première et grande carte jouée par l’Empire et ses vassaux avait déjà échoué : faire tomber le régime syrien et livrer la Syrie aux « rebelles » avant de la partager en 3 ou cinq entités.

Le Hezbollah avait apporté la surprise en s’engageant en Syrie. Il peut réserver d’autres surprises. C’est la carte maitresse qui peut éviter le conflit sunnite chiite et faire basculer la guerre médiatique et psychologique. Cette carte peut entrainer des bouleversements dramatiques pour l’Empire qui sera confronté à un assaut sanglant et répété contre ses intérêts au Moyen-Orient et en Asie.

La troisième carte serait l’entrée en jeu de cellules subversives dormantes iraniennes et syriennes dans les pays du Golfe et aux Etats-Unis. Les pays du BRICS et l’Amérique latine auraient alors toute la latitude pour mener à leur tour leur guerre subversive médiatique et économique contre l’Empire ou contre ses périphéries pour l’affaiblir et l’isoler en le présentant comme Néron le suicidaire. Il est impossible d’imaginer la Russie et la Chine se retirer de ce conflit ou de croire que les forces russes en Syrie sont en tourisme. La pauvre Libye et Kadhafi étaient peut-être l’appât que les Russes et les Chinois ont laissé au travers de la gorge de l’OTAN. Les Anglais semblent l’avoir compris.

Le congrès américain peut prendre conscience et refuser cette guerre avec la possibilité d’une guerre intérieure entre les centres de décision aux Etats-Unis. Il peut l’encourager ou exiger plus, mais il va aller vers une impasse lorsqu’on connait l’ampleur du déficit budgétaire, les rivalités économiques mondiales, et la volonté des BRICS de se passer du dollar. Ils ne seront jamais épargnés de la Fitna qu’ils ont semée dans le monde arabe et musulman. Jamais les monarchies arabes ne s’en sortiront indemnes de cette Fitna.

Dans cette Fitna, j’ai eu l’occasion de m’interroger sur les buts de guerre que l’opposition armée avait cherché à obtenir en s’attaquant au système de défense anti aérienne  de l’Etat syrien qu’il a commencé à construire pour passer à la phase de dissuasion contre l’entité sioniste par une doctrine et des installations qui reposent sur les missiles au lieu de l’aviation. Les sabotages réussis ne changent pas grand chose dans le rapport de forces, mais posent de nouveau le rapport à la morale, à l’intelligence, à l’Islam et à la nation d’une opposition qui ne sait pas construire sa révolution ni sa lutte armée et qui sape les capacités défensives de la nation arabe et qui assassinent les généraux qui ont encadré la résistance palestinienne et libanaise contre les agressions de 2006 et 2009. Beaucoup de questions que le temps va poser et leur donner des réponses.

Le compte à rebours a commencé. Les Occidentaux sont confrontés à leurs vieux démons de la mythologie, l’âne de Buridan qui hésite entre boire ou manger et qui finit mort de soif et de faim, le roi grec qui a volé un trésor aux Dieux et qui a été condamné à manger sans satiété, et qui a fini par bouffer son royaume avant de manger sa propre chair pour satisfaire ses appétits.

Obama est dans cette posture contradictoire et hésitante. Il est dans la psychologie du Pharaon qui voit les Signes et les comprend, mais qui continue à défier la vérité et à philosopher avant de prendre en chasse les petites gens conduits par Moïse (saws) qui le mènent au lieu de sa noyade et de ses armées, lieu inscrit dans le Dessein d’Allah (swt).

Même si tout ce bruit médiatique a pour dessein d’amener le régime syrien à capituler, à faire des concessions, ou à partager le Moyen-Orient entre la Russie et les États-Unis, il y a des signes qui ne sont pas trompeurs et qui remontent bien avant la crise syrienne et les révolutions arabes. Ils sont dans la nature même de l’Empire appelé à décliner et dans la nature de la résistance appelée à triompher.

Nous allons voir plus loin que le Coran nous donne la clé pour comprendre ce qui se passe et deviner la suite : la mise en abîme graduelle.

Les deux questions à surmonter :

Bien entendu, les empressés et les désespérés se posent des questions et doutent.

Est-ce qu’Allah donnera la victoire à Bachar Al Assad le tyran? Question fallacieuse qui se focalise sur un homme pour faire oublier l’origine du problème : l’Emprise, le sionisme et leurs vassaux qui s’imposent devant l’incompétence des musulmans à s’éveiller à l’universel de leur religion et au drame de l’humanité se contentant de subir leurs tragédies et celles des autres une fois que le Wahn de la décadence et de la colonisation les a habités.

Pourquoi Allah nous laisse-t-il dans cet état ? Question des ignorants qui refusent de voir leurs responsabilités dans les malheurs qui les accablent ! Question des ignorants qui ne voient pas le Dessein de Dieu se réaliser dans l’histoire humaine selon Sa Volonté et non selon notre volonté. La mystique de l’Histoire que j’ai expliqué dans le livre « Les révolutions arabes : Mystique ou mystification ? » et que nous avons bafouée par des arrangements d’appareils et par la transgression du sacré s’accomplit sur l’hyperpuissance.

La réponse attendue demain ou dans quelques années :

Je n’aime pas recourir aux explications eschatologiques de l’histoire, car le Coran nous donne le cadre suffisant que la raison peut plus ou moins interpréter ou transposer à une réalité semblable :

{Et ceux qui ont démenti Nos Signes,  Nous allons les conduire graduellement (vers leur perte) par où ils ne se  savent pas. Mais Je leur accorde un délai, car certainement Ma manœuvre est infaillible.} Al Aâraf 182-183

La perte inéluctable est vraie. C’est du concret, ce n’est pas de l’abstrait même si les conditions et la manière sont énoncées d’une manière abstraite pour signifier que tout est possible et de la manière la plus inattendue et à laquelle le savoir des transgresseurs, leur intelligence, et leur perception ne peuvent prévoir ni anticiper ni parer. Le Croyant voit, par le regard de la foi, les Signes. Il parvient parfois à un niveau d’abstraction à contracter le temps et l’espace. Il devine les Signes écologiques, psychologiques, politiques, moraux, économiques, géostratégiques et autres qui témoignent de l’entraînement progressif de l’Empire vers sa destruction, destruction qui échappe au contrôle des mégas intelligences de l’Empire comme Catherine leur a échappé.

La Syrie n’a pas les moyens de résister à la force de destruction de l’Empire qui peut frapper de loin sans s’exposer à une riposte qui pourrait  le mettre en échec. Les alliés immédiats de la Syrie (Russie, Hezbollah et Iran) peuvent changer le rapport de force en entrant dans le conflit et en lui donnant les moyens de s’élargir et de se prolonger faisant entrer le système dans une accélération de sa crise.

Même si la Syrie se fait écraser et ses alliés se font contenir, l’Empire commence déjà à manifester les signes de son déclin. Les BRICS qui représentent 50% de la planète s’opposent à l’Empire et vont agir de telle manière que cette agression soit la dernière, car il y va de la survie de la planète. Diplomatiquement, politiquement, idéologiquement, financièrement, économiquement et militairement l’Empire va se trouver dans l’obligation de la retraite.

Paradoxalement que cela puisse se présenter, en Syrie comme à Stalingrad, les experts pensent que le Blitz sur un champ de bataille peut donner un résultat contraire à son effet dévastateur immédiat. Le bombardement de l’entité sioniste contre le HAMAS et le Hezbollah ont montré non seulement  ses limites, mais son effet inverse : le plus puissant a perdu, en ne réalisant pas ses objectifs de guerre à court terme et en donnant l’espoir à la résistance de le vaincre dans une prochaine confrontation. Une fois surmonté l’effet de choc, l’instinct de survie du faible qui refuse le mutisme peut pousser le puissant à l’impuissance.

Dans mon livre « Gaza : la bataille du Forqane », j’ai longuement expliqué ce phénomène et ses conséquences tant sur la résistance que  sur les alliés de l’Empire et du sionisme. Dans « Le dilemme arabe et les dix commandements US », j’ai analysé comment l’Empire allait confisquer les « révolutions «  arabes et semer le chaos dans le monde arabe et tout particulièrement en Libye et en Syrie pour finalement se retourner en Égypte et remettre le chaos. L’Empire est comme un organisme agonisant, mais disposant de moyens titanesques qu’il ne sait plus utiliser et qu’il finira par retourner contre lui-même.

Pour comprendre la logique coranique  et  faciliter sa transposition dans le cas historique contemporain, il nous faut relier les Ayat 182-183 de la sourate Al Aâraf  avec d’autres énoncés coraniques  qui vont éclairer davantage leur sens selon la règle qui dit que le Coran explique ou explicite le Coran :

A –  Les deux énoncés qui viennent en amont disent :

{A Allah appartiennent les plus beaux Noms, invoquez-Le par eux. Laissez ceux qui déforment Ses Noms. Ils seront punis de ce qu’ils faisaient.}  Al Aâraf 181

Ni l’Empire, ni le sionisme ni leurs valets arabes et européens ne sont conscients qu’ils sont en train de bafouer et de déformer les Noms d’Allah en s’attribuant des attributs démiurges de grandeur, de justicier, de puissance, de vengeance contre les peuples et les petits États. Ils s’exposent de plus en plus au Châtiment divin.

Les élites musulmanes et arabes, politiques, intellectuelles et religieuses, parlent au nom d’Allah et se donnent le droit de déclarer un tel croyant et un tel autre mécréant se réservant droit de vie et de mort sur les peuples, accordant légitimité ou illégitimité au pouvoir aux uns et aux autres. Ils rendent licite ou illicite ce que leur dictent leurs opinions,  leurs  intérêts, leurs « médiatiseurs »   et leurs financiers. Chaque jour qui passe, nous les voyons, désavoués par l’intelligence qui analyse et par les faits qui s’imposent.

{Et de ceux que Nous avons créés, il est une communauté : ils guident par la vérité, et grâce à elle ils sont justes.} Al Aâraf  182

Parmi les créatures d’Allah il y a les musulmans et les non-musulmans, les Croyants et les non-croyants, les bons et les méchants. Tous sont soumis à l’épreuve de vérité. La Vérité est absolue lorsqu’il s’agit de la Parole d’Allah, de Son Décret, de Son Dessein que nous pouvons connaitre que partiellement et imparfaitement. Le musulman dispose du Coran, de sa foi et de sa vertu pour accomplir l’effort de se rapprocher de la Vérité. La vérité est aussi relative et globale. Dans ce cas, elle est celle que toute l’humanité partage et qui permet de distinguer le bien du mal, le beau du laid, le vrai du faux, le juste de l’injuste, le sensé de l’insensé. La vérité globale peut être singulière, c’est celle de la vérité que partage l’humanité qui vient à être éduquée et spécialisée par la science ou par la foi.

C’est dans ces multiples rapports à la vérité et dans leurs manifestations dans la réalité sociale et intellectuelle que les Signes de la fin de l’Empire sont mis à la portée du plus grand nombre. Dans l’article « Abou Amama et la future dernière guerre de l’Empire », j’ai analysé les scénarios probables et les positions des différents acteurs à la veille du G20 ainsi que la confusion sur le vote des élus américains. Il faut les reprendre à la lumière de ce rapport à la vérité et à la réalité sachant que le terme coranique Al Haqq désigne à la fois la réalité et la vérité.

Nous voyons que le Pape,  l’Église russe et les Églises arabes d’Orient se sont mobilisés pour refuser l’imposition d’une guerre injuste. Le président français qui est dans les traditions cléricales un officiel de l’Eglise catholique refuse de se joindre à l’appel de paix lancé par les chrétiens du monde comme il refuse d’écouter les 70% de son peuple opposé à la guerre. Il préfère servir l’Amérique et son projet destructeur faute de projet de gouvernance et de rôle à jouer dans le monde. Ce sont des signes qui ne sont pas trompeurs. Ils auront sans doute des répercussions sur la fin de l’Empire qui va se trouver de plus en plus haï, isolé et menacé dans le monde.

Dans ce rapport (vrai ou maquillé)  à la vérité des Églises sur la guerre et ses faux alibis, nous constatons le silence affligeant des élites religieuses et intellectuelles musulmanes et  arabes. Les seules voix sont celles des sunnites syriens qualifiés de savants de palais par les opposants. La grande voix de Palestine, de la Mosquée sacrée d’Al Qods, a été interdite de parole par les infantiles se réclamant des Frères musulmans ou des mouvements djihadistes. Les autres voix ne sont pas crédibles, car elles ne posent pas le problème de témoignage dans un rapport à la vérité, mais un clivage idéologique et dans une vengeance politique : incriminer l’Islam politique.

La vérité est effrayante : les partisans de l’Islam politique sont silencieux. Les vassaux du sionisme et les insensés infantiles et incultes ne se taisent pas, ils parlent au nom de Dieu pour défendre l’Empire et le supplier de détruire un pays arabe et musulman.

Cela fait des années que moralement et intellectuellement je me suis préparé à voir l’inculture géostratégique et la culture d’intrigue saper  nos intelligences et nos émotions comme elles avaient déjà sapé nos territoires avant et après la colonisation.

Louange à Allah qui m’a permis de me questionner,  d’écrire et de faire des conférences sur l’Islamophobie et de la montrer dans ce qu’elle est c’est-à-dire « Deus Machina », une machination diabolique, une fabrication diabolique, un engrenage idéologique, médiatique, diplomatique, psychologique pour mener une subversion et une guerre contre nos mentalités et nos territoires pour le compte de l’Empire et du sionisme qui s’imaginent que la fin de leur déclin est synonyme de la fin de notre éveil. Ils ont bien imaginé et bien exécuté le scénario qui rend l’humanité méfiante envers les musulmans et les musulmans défiants les uns contre les autres. Il n’est pas fortuit que l’appel de paix des Eglises soit suivi et accompagné des exactions contre les chrétiens et tout particulièrement contre  Maaloula en Syrie abritant le site religieux et historique le plus ancien de la Chrétienté. Aucun musulman croyant en Dieu ne peut transgresser le sacré des autres ni attenter à leur vie. Aucun musulman ne peut se taire devant cette transgression. Les officiels et les imposteurs de l’Islam se taisent. La vérité les dévoile, mais comme leurs maitres, ils ne sont plus capables de distinguer la vérité du mensonge.

Lorsque j’ai vu l’acharnement mis pour transformer l’Islamophobie en fonds de commerce et pour la focaliser sur le racisme à l’encontre des banlieues françaises et la déboiter des enjeux stratégiques, j’ai compris combien l’emprise idéologique de l’Empire et de ses vassaux sur les esprits et les sentiments des musulmans était grande. Je dis et je le répète ici ce que j’ai écrit : l’association internationale des savants musulmans confiée à un sénile, financée par les Qataris, impliquée dans l’esprit partisan,  et noyauté par quelques Libyens qui ont conduit leur pays à la ruine, a été mené vers sa ruine pour perdre sa crédibilité dans la gestion des grands dossiers du monde arabe et musulman qui pouvaient rendre  difficile la tâche de l’Empire de mener ses guerres et de se maintenir en vie : la Palestine comme projet de libération, l’éveil islamique comme projet de civilisation,  et le rapport sunnites chiites comme projet de fédération.

Je ne suis pas en train de faire dire au Coran ce qu’il n’a pas dit, mais je décris comment il colore mon imagination et élargit mes évocations lorsque  je tente de lire la réalité, libéré des influences idéologiques et médiatiques. Pour l’instant, je me suis très peu trompé dans mes analyses sur la « révolution » arabe et sur les Pygmalions islamistes et non islamistes à qui l’Empire accorde des tribunes et des honneurs.

Dans ce rapport à la vérité nous voyons la Russie de Poutine, malgré une opposition intérieure pro occidentale, maintenir sa position par rapport au droit international et son soutien à la Syrie. À l’opposé, nous voyons Erdogan s’impliquer dans un délire de fou pour une guerre totale en Syrie. Il est impossible que la Turquie, l’Arabie saoudite, le Qatar et les autres bédouins puissent nourrir une telle haine pour le Président Bachar Al Assad jusqu’à prendre le risque de détruire la Syrie et de se trouvé impliqués dans un conflit qui va mettre en danger la stabilité de leur pays ? Nous pouvons trouver explication dans cette haine dans les mécanismes de l’Islamophobie.

Nous ne pouvons pas comprendre comment un musulman se réclamant du Coran peut s’impliquer dans la haine ou peut avoir de la haine pour un musulman plus que pour l’Empire et le sionisme. Nous ne pouvons toujours pas à comprendre comment un acteur de la vie politique et intellectuelle du monde arabe peut imaginer qu’il y a possibilité d’arrangement avec l’Empire ou de ruse avec le sionisme justifiant la destruction d’un pays arabe comme la Syrie ou la Libye. Nous ne pouvons toujours pas comprendre comment les limbes d’un Arabe et d’un musulman peuvent oublier facilement le colonialisme et ne pas voir l’Irak, le Soudan, l’Afghanistan, la Somalie et tous ces pays marqués par la cruauté et la régression de l’Empire.

En citant ces versets et en les méditant nous comprenons aussi que jamais Allah ne fera tomber un Tyran et son Empire si face à eux la vérité ne se manifeste pas comme alternative crédible et puissante. Dans la résistance globale, j’ai montré comment Moïse a mené le combat contre Pharaon et l’a gagné sur le terrain de la foi et de la vérité qui a dévoilé les mensonges de Pharaon et de son système économique, politique, médiatique et militaire. Le monde musulman et les mouvement islamiques ne sont pas encore prêts à assumer la vérité. Ils cèdent à l’émotionnel, aux arrangements d’appareils, à la dénonciation simpliste ou  à la violence.

B – L’énoncé coranique en aval

L’énoncé coranique en aval de celui que nous venons d’évoquer apporte d’autres clarifications sur ce qui se passe et risque de se passer :

{N’ont-ils donc pas médité ? Leur Compagnon (le Prophète Mohammed)  n’a aucune folie : il n’est qu’un avertisseur évident.  N’ont-ils donc pas contemplé le Royaume des Cieux et de la terre, et toutes les choses qu’Allah A Créées, et que peut-être leur terme s’est rapproché ? En quel discours après cela croiront-ils ? Celui qu’Allah Condamne au Fourvoiement n’a point de guide. Il les Laisse s’aveugler dans leur tyrannie.}

Ainsi dans la crise graduelle qui conduit l’Empire à sa fin nous sommes interpellés sur trois éléments essentiels dans notre foi et dans notre démarche :

Le Prophète (saws) est notre guide. Prendre les conditions politiques et historiques pour justifier la transgression des paroles de Mohamed (saws) c’est le considérer comme un fou, un insensé, un homme du passé révolu, un être qui a oublié de nous transmettre l’intégralité de notre religion, et de nous avertir des conséquences des transgressions. Mohamed (saws) a interdit de porter atteinte à la vie sacrée ou de convoiter le pouvoir.

L’univers, l’Histoire et les Signes témoignent de la fin de toute chose. La fin de l’Empire est inscrite dans l’ordre des choses. La fin du monde et le Jugement dernier sont vérité absolue. Il ne s’agit pas d’en débattre ou d’en faire des émissions qui cultivent la fascination, mais de construire la vigilance et le sens des responsabilités par la quête du salut ultime. Quel est le sens de se salut lorsque le musulman fait alliance avec celui qui opprime les musulmans et les agresse,  lorsqu’il se permet de verser le sang d’un innocent, ou lorsqu’il devient une caricature hideuse, mais fausse de l’Islam.

Les égarés, affichant leur arrogance impériale ou leur bigoterie de vassal, ne peuvent lire et comprendre les signes qui témoignent de leur tyrannie au sens propre du terme ou au sens symbolique.

C’est ce cadre coranique qui nous permet d’entrevoir les évènements comme signes annonciateurs de la fin des uns et de l’émergence des autres. C’est dans ce cadre que nous avons annoncé que la tyrannie de l’Empire risquait de se retourner contre lui et faire en quelque sorte que le vote attendu des élus américains ne devienne un autre signe marquant de la  déroute du système ou le début d’une guerre intérieure, politico idéologique et militaro administrative, accélérant la décomposition et la fragmentation du système. Pour l’instant la presse américaine présente la majorité du  non comme le plus probable. Le oui minoritaire serait par contre extrêmement radical. Le oui et le non peuvent isoler le Président et faire entrer le système en crise prolongée pendant, avant et après la guerre imminente ou différée.

C – L’énoncé de la sourate Al Qalam

Comment seront les prochains jours, les prochaines semaines ou les prochains mois ? La loi de l’Istidraj est vraie, ses circonstances de temps, de lieu et de modalités d’action  ne relèvent que du savoir du vouloir  et du pouvoir d’Allah. La sourate Al Qalam  confirme et explicite la loi de la graduation et ses conséquences :

{Laisse-moi donc avec ceux qui démentent ce Coran, Nous allons les conduire graduellement (vers leur perte)  par où ils ne se savent pas.  Mais, Je leur accorde un répit, car certainement Ma manœuvre est infaillible. Leur aurais-tu jamais réclamé, pour ta mission, un salaire qui aurait pu leur peser? Ou détiendraient-ils le Ghayb pour les inspirer quoi écrire? Persévère donc,  soumets-toi au Décret de ton Dieu et ne sois pas comme l’homme au poisson, lorsqu’il appelait (Dieu) en étant en colère. S’il n’eut été sauvé par une Grâce de son Dieu, il aurait été rejeté et réprouvé sur la côte aride.} Al Qalam  44 à 50

1 – Allah est le seul et véritable agissant.

2 – Ceux qui sont conduits progressivement à leur perte ne peuvent deviner le moment et le lieu de leur perte.

3 – Le Dessein d’Allah est écrit, infaillible et imparable ; Nul ne peut le consulter ou le modifier.

4 – Le Prophète (saws) et ses adeptes doivent attendre la Promesse avec patience, constance, endurance et persévérance. Nul n’est autorisé à se laisser dominer par ses sentiments et croire que le destin s’accomplit selon ses désirs au risque de se voir rejeté et méprisé.

Ceux qui se sont empressés de semer le chaos et à appeler l’Empire pour régler un contentieux politique interne ou réaliser un Khalifat islamique régional au prix de l’effusion du sang et du désordre ne sont ni aptes à gouverner ni aptes à donner des titres de vertu. Ils ne représentent pas la ligne du Prophète. A ce jour, ils n’ont toujours pas fourni des arguments religieux ou politiques pour justifier leur sédition et leur Fitna. Il ne s’agit pas d’être pour ou contre Bachar, pour ou contre la solution islamique,  mais de s’inscrire dans la vérité coranique, sinon dans celle que partage l’humanité qui ne diffère pas de celle du Coran.

Il s’agit de guerre, d’enfants,  de soldats et de combattants musulmans qui vont mourir alors il faut dire la vérité que les arguments fallacieux tentent de masquer en faisant des jeux de mots ou en se cachant sur des hadiths tel que celui qui dit qu’Allah frappe le tyran par le tyran et l’injuste par l’injuste et que par conséquent Kadhafi et Bachar Al Assad comme Saddam Hussein sont des tyrans frappés par d’autres tyrans, et c’est ainsi. Ceux qui réfléchissent et parlent ainsi ont désacralisé la vie humaine et se considèrent comme des pieux, des vertueux, des justes, alors qu’ils sont des fauteurs de troubles qui n’ont aucun crédit moral, religieux ou intellectuel à faire valoir. L’expérience a montré qu’ils sont pires que les tyrans qu’ils veulent combattre quitte à détruire un pays,  exterminer un peuple, et renforcer un Empire pourtant agonisant.

 Graduation et science dans la marche de l’Empire vers sa fin inexorable

istidraj

{Nous allons les conduire graduellement (vers leur perte) par où ils ne se  savent pas.}

L’Isdiraj, la gradation, est le passage de marche en marche dans un sens ascendant ou descendant. L’Empire peut évoluer jusqu’à atteindre l’apogée de sa puissance puis imploser ou se désintégrer comme il peut évoluer progressivement vers la décadence et disparaître en perdant de sa puissance, de son rôle et de sa place dans le monde. Il peut aussi être soumis aux deux mouvements le rendant totalement désorienté, confus et incohérent, présentant le paradoxe d’une puissance en expansion et d’une faiblesse en expansion aussi. Soumis à des forces contradictoires il finit soit par se déchirer de l’intérieur aidé en cela par les  effets extérieurs  de sa force ou de sa faiblesse ou soit se briser à l’extérieur ne pouvant plus compter sur ses forces intérieurs contradictoires. C’est une fin tragique sur le plan historique. L’Amérique porte les symptômes de tous les scénarios de  fin tragique et lamentable.

L’Isdiraj c’est aussi la mise en séquence pour signifier un mouvement qui devient moteur de sa propre dynamique. L’empire est conduit par son propre élan vers l’accomplissement de plus en plus accéléré de l’épuisement de son énergie avant de finir épuisé, sans ressources, sans dynamique. Allah les fait donc courir vers ce qui va provoquer fatalement leur perte.  Allah ne dit pas si ce qui va provoquer la fin de l’Empire sera grand ou petit, dominant ou dominé. Le contexte ainsi que le sens du Coran laisse comprendre qu’il s’agit d’un rapport de force disproportionné entre  le Tyran et son adversaire.

L’Isdiraj c’est aussi l’enroulement. Il faut voir mentalement et symboliquement l’image d’une feuille enroulée sur elle même puis transposer le signe sur une civilisation, une société, un moment historique.

L’Isdiraj c’est aussi une référence à la proportionnalité dans le sens où le châtiment divin qui survient toujours à l’improviste frappe les cités injustes selon le degré de perversités et de crimes commis. Plus les crimes sont grands en nature, en intensité, en durée,  en étendue et en masse de participants plus le châtiment vient différé et dévastateur. Si Allah se comportait avec empressement il y a longtemps qu’il n’y aurait plus de vie sur terre.

Enfin L’Isdiraj appelle du temps. Allah est Créateur du temps et de l’Espace, Il accorde des étendues d’espaces et des délais de temps que nous pouvons appeler répit, répit d’épreuves des hommes les uns face aux autres, et répit de preuves par le principe de justice et d’équité qu’Allah a décrété. Plus la civilisation est grande, plus la mise en abîme est profonde dans le temps, dans l’espace et dans le rapport entre les dons qu’Allah accorde et le mauvais usage que les tyrans en font contre d’autres hommes et d’autres peuples, et bien entendu plus le Châtiment d’Allah est terrible.

Savoir (ya’lamoun) et percevoir, se rendre compte, s’apercevoir, prendre conscience ou ressentir (yach’ouroun) sont deux notions différentes. Le Coran les distingue ;  les traductions ou les commentaires qui  ne le font pas occultent la dimension du Coran et limite la portée de l’analyse sur la réalité.

Le terme savoir est primordial pour comprendre la crise et son issue. Par le savoir on recense,  mesure,  analyse,  compare,  juge et  décide en vue de comprendre, anticiper et  agir pour faire un gain ou se protéger d’une perte dans le domaine scientifique, politique, économique et militaire. L’absence de savoir laisse le ressenti par l’instinct prisonnier de l’inconnu et du doute qui naît de l’impossibilité de comprendre les composants et les circonstances d’un phénomène redouté d’une manière confuse.

Nous savons que le savoir humain est relatif. La construction de ce savoir relatif exige une abstraction sur les facteurs et sur leurs interactions. Le savoir devient nul lorsque les facteurs et leurs interactions ne sont plus contrôlable soit par leur complexité soit par le nombre de leurs inconnues, soit par leur déroulement échappant à la logique humaine et à ses instruments de mesure et de calcul. Sans parti pris, force est de constater que le système mondial est entré dans une logique d’entropie qui le rend incapable de voir l’ensemble des facteurs et  d’agir sur leurs interactions…

{sourds, muets, aveugles, ils ne raisonnent plus} Coran

Par une ellipse, le Coran nous dit que sur le plan cognitif, affectif, idéologique, économique, politique, scientifique, technique, technologique et organisationnel, le système impérial dispose des moyens de puissance, de manipulation et de savoir qui vont s’avérer  impuissants à stopper sa chute et son déclin. Contre le Décret divin tous les stratagèmes s’effacent et contre le Châtiment divin les plus grandes civilisations s’effondrent.

Par ailleurs en se plaçant sur le savoir, le Coran renforce la dramatique de la chute de l’Empire qui se croit invulnérable par sa puissance et son savoir, car le système tyrannique perçoit le danger, vit dans l’inquiétude, subit l’angoisse du haut de sa puissance contre un danger qui le guette et qu’ il a du mal a mesurer scientifiquement et dont il a du mal a s’en prémunir. Il vit dans la confusion totale.

Pour comprendre le rapport de l’Istidraj au savoir  dans cette Aya il faut imaginer un homme, une société, une armée, une civilisation, un phénomène pris dans une torsion, une accélération, un enroulement, une séquence sur laquelle il n’a plus prise et dont il ressent le danger, mais dont il ne sait ni la fin ni la réalité. Le Décret divin avait opéré une « mise en abîme » des Arabes qui avaient persécuté le Prophète (saws) et élaboré des machinations diaboliques contre lui et ses compagnons. C’est le même Décret divin qui gouverne l’histoire humaine.

Pour comprendre le rapport de l’Istidraj au savoir il faut savoir que l’injuste va se déplacer de la sécurité et de la puissance vers l’insécurité et la faiblesse sans savoir comment se fait ce déplacement ni vers où il conduit tout en ressentant de l’inquiétude au fur et à mesure de la vitesse et de la durée du déplacement qui font perdre les repères traditionnels sécurisant sur le plan psychologique sans apporter des réponses objectives.

Par le conflit interne entre le bien et le mal, l’Empire perçoit son  inquiétude ; par la cupidité et la convoitise, il  redoute la fin de ses privilèges. Par l’absence de savoir sur les moyens, les circonstances et les modalités de sa fin, l’Empire est confronté au châtiment de tous les égarés dans cette existence : la perte de sens, l’absence de finalités… Lorsque le savoir qui se construit sur l’étude de faits réels déserte les élites, alors la politique, la sociologie, l’économie et les médias s’inventent des faits tenant lieu de savoir s’impliquant dans le faux et tombant dans le piège de leurs mensonges et de leurs falsifications.

Nous pouvons facilement imaginer le système américain cultivant à son détriment le paradoxe de l’hyperpuissance impuissante,  de l’impuissance dévastatrice, du savoir vain, de la science sans conscience, d’une armée sans objectifs de guerre, sans budget, sans enthousiasme populaire. Nous pouvons voir comment les appareils idéologiques et médiatiques de l’Empire et du sionisme qui façonne la configuration, le contenu et la portée du savoir se trouvent emballés, excités, incapables de délivrer un message cohérent et crédible pour garder sous leur emprise les esprits de l’humanité.

Obama l’élu du système qui a joué au Pygmalion-Homme providence se trouve dans la confusion totale, à la fois  exprimant et entretenant la confusion d’un système qui perçoit sa confusion et sa fin, mais ne sait pas comment conjurer ce qu’il craint alors qu’il déclinant  au sommet de sa grandeur ou agonisant au bas de sa chute.

D’après ce que j’ai lu, personne ne sait d’où viendrait la force de résistance de l’armée syrienne, car nul ne sait de quel armement elle dispose,  ni de quelles fortifications elles disposent, ni de quelle technicité et technologie elles disposent. Les experts non alignés sur l’Empire, le sionisme et les Bédouins arabes avancent l’idée que l’armée syrienne n’a pas mobilisé toutes ses forces contre la rébellion armée car elle savait qu’elle devait faire face à une agression de l’Empire, du sionisme, de la Turquie, des Arabes ou d’une coalition internationale. Nous allons connaitre le dénouement dans quelques jours, quelques semaines ou quelques années, si Allah nous prête longue vie.

l’explication eschatologique de l’Histoire n’est pas un savoir

L’Internet regorge d’explication eschatologique juive, chrétienne et musulmane sur ce qui va se passer. Chaque partie et chaque partisan pro Assad ou anti Assad s’attribuent les bénéfices de la confrontation apocalyptique et du retour du Messie (saws).

Je reste extrêmement prudent pour quatre raisons :

La première est spécifique au lexique et à la sémantique du Coran. Allah (swt) lorsqu’Il évoque la fin du monde, Il utilise le terme avoir conscience, se rendre compte, ressentir (yach’ouroun) pour montrer la fin foudroyante et fulgurante de la fin qui survient sur une humanité totalement ivre et bestiale. Nous avons la différence  lorsqu’il s’agit de la fin des Arabes idolatres et par extension des Tyrans et des Empires.

La seconde  est que nous croyons au  Ghyab y compris dans sa formulation sur le retour du Messie (saws), mais nous croyons selon les termes du Coran que l’heure ultime n’est connu que d’Allah (swt). Certains exégètes citent un hadith où le Prophète (saws) nous demandent de démentir les Waqàtoun, ceux qui fixent une date aux événements futurs annoncés par le Coran ou par la Prophétie.

La troisième est que les Musulmans ont eu recours à ces explications pour expliquer ce qui dépassait leur savoir. Eux même pris dans une forme d’Istidraj du  système de leur époque avaient perdu toute démarche scientifique et ont préféré se réfugier dans les mythes et le fantastique ou faire dire à Allah et à Son Prophète ce qu’ils n’ont pas dit.

La quatrième est que nous assistons à une confrontation militaire possible en Syrie (voire au Moyen-orient) sur un fond de rupture tant  au sein de l’Empire qu’entre l’Empire et le reste du monde qui provoquera des ruptures majeures dans le monde arabe et musulman. Nous n’assistons pas à la préparation ou au lancement d’une guerre mondiale. Nous ne voyons pas la minorité de croyants se fédérer et affronter l’oppression et la perversité mondiale annonçant la venue du mahdi ou le retour du Messie. La crise syrienne dans l’échiquier mondial ou sur la carte du monde arabe et musulman n’est ni la crise majeure ni la crise ultime.

Al Istidraj est cette mise en abîme historique par un séquentiel de rhizomes de crises  non résolues qui échappent de plus en plus à l’entendement de leurs acteurs jusqu’au point de non retour c’est à dire jusqu’à la résolution tragique : la fin du fauteur de troubles. L’Empire américain et le sionisme sont des fauteurs de troubles. La violence et le désordre sont une composante structurelle et essentielle de leur existence.

De l’appel des intellectuels et des universitaires algériens à la solidarité avec l’Egypte.

omar-mazriNous avons lu, tardivement, le communiqué du 4 aout publié par une centaine d’intellectuels et d’universitaires algériens,  et nous n’avons toujours pas compris de quelle solidarité, de quel salut, et de quelle  de Egypte s’agit-il.

Notre réaction de  colère est simple : Se taire sur l’agression de la Libye par l’OTAN est une honte pour ma génération. Se taire sur l’agression de la Syrie est une humiliation pour les futures générations car le feu de la Fitna les atteindra de nouveau. Faire une distinction entre le sang des Arabes et des Musulmans qui coule par haine des militaires algériens et égyptiens n’est pas ce qui est attendu des intellectunnels qui vivent de la rente de leurs titres universitaires comme les autres vivent de leurs grades, de leur savoir religieux ou de leur marché noir.

Alors nous nous posons un certain nombre de questions non intellectuelles et sans détours. Après quelques lectures rapides et non exhaustives,  nous soumettons quelques propositions à l’appréciation des braves gens.

Quelques questions

A – Est-ce qu’un  intellectuel viendrait à prendre position d’une manière sélective s’il n’était pas habité par un esprit partisan, sectaire, rancunier ou fixé comme une cristallisation sur une plaie sans pouvoir expliquer sa blessure, la panser ou proposer autre chose que la dénonciation d’un système algérien présenté comme moribond, sans alternative, en faisant le détour par  la question égyptienne.

B – Est-ce qu’il est impossible de ne  montrer le lien entre  le coup d’Etat consommé en Egypte et la guerre en Syrie.

C – Est-ce qu’il est possible d’expliquer notre drame par autre chose que la démocratie? L’histoire avance très vite, la démocratie est remise en cause en Occident, pourquoi cet attachement à la démocratie et l’attachement tardif et décalé à son processus?

D – Il est difficile de comprendre comment et pourquoi les indigènes de la République en Algérie ou en France se mettent à mille pour faire un communiqué comme s’ils étaient  parlementaires,  ONU,  ONG qui a une quelconque influence médiatique ou politique. Devant la puissance médiatique impériale et sioniste n’était-il pas simple et plus efficient de faire mille analyses, milles questions réponses pour occuper un tant soit peu le petit espace et élargir la résistance. Chacun des signataires a le talent de produire mille articles pourquoi alors s’enfermer dans un communiqué unique au lieu de multiplier les canaux de communication et les angles d’analyse.

E – Au lieu de viser par ricochet, il faut oser dire que l’Algérie risque de devenir une base coloniale après avoir été transformée en comptoir commercial par la faute de son personnel civil et militaire, de ses clercs religieux et intellectuels. Les militaires algériens ou égyptiens à l’instar des civils algériens ou égyptiens sont le produit de la même carence qui nous habite tous sans exception.

F – Il faut oser raconter nos maux et défier nos véritables adversaires. Il faut oser parler de l’échec des mouvements politiques et de l’incompétence des élites intellectuelle à initier ou à conduire le changement. Le militaire est là bien en place, il joue son rôle répressif comme le conçoit le système qu’il représente. Mais le jeune qui sort des universités et des écoles en faillite et qui n’a pas lu tous nos articles et tous nos  livres a besoin d’espérer, de faire des projets, de lutter.

G – Il est peut-être temps de mettre fin à notre délire bavard sur Smain, Lamari, Nezzar, Tewfik et tout uniforme qui passe alors que le jeune hittiste désœuvré ne le fait plus pour ne pas perdre son temps et son esprit. Depuis octobre 88 et tout particulièrement depuis janvier 92 la rente historique est remplacée par un autre fonds de commerce. Sur le plan concret les mères des disparus sont abandonnées à leur sort. Les soldats algériens, musulmans, qui ont tué des Algériens et se sont fait tués par des Algériens, n’émeuvent personne. Il est sans doute temps de passer à l’épilogue et de confier l’histoire tragique aux historiens pour se consacrer à construire différemment et ailleurs que sur la plaie le temps qu’elle cicatrice et sorte de la mémoire.

la  rhétorique, la subversion et la confusion de nos mots ne fait que laisser en place les maux anciens et ouvrir portes et fenêtres aux nouveaux maux.

Le combat déserté par les Algériens

a) Quelles sont les grèves et les communiqués des intellectuels et universitaires algériens pour améliorer les conditions de vie et d’études des étudiants algériens?
Quels sont les cercles d’études initiés sur les programmes, la pédagogie et la didactique dans les écoles et l’université, combien d’heures d’enseignement gratuit ont été données aux enfants de ce pays pour les libérer d’un système qui ne donne sa chance qu’aux pistonnés et aux nantis?
Quels sont leurs projets pour la médecine, la science, l’agronomie, l’hydraulique, l’urbanisme, l’architecture, la défense d’un pays qui ne sait parler ni en arabe, ni en français, ni en berbère. Nous avons du mal à comprendre cette posture algérienne, celle du serpent qui se mord la queue.

b) A moins de se tromper, nous n’avons pas  souvenir d’avoir lu ou entendu, par le passé,  les  intellectuels algériens poser la question de l’Académie de langue en Arabe pour soutenir l’arabisation en Algérie autant qu’ils soutiennent le « cactus arabe » et le « printemps berbère »

La langue est le socle de notre identité, le canevas de nos idées, la fluidité et le sens de notre communication. La démocratie est moins importante. La première libère nos mentalités, la seconde libère nos pratiques. La seconde est inefficace lorsque la première est déficiente, mais lorsque la première a de la vitalité, elle peut imaginer la seconde et son alternative.  La première comme la seconde ont des référents. Quels sont nos référents par lesquels on construit notre devenir et notre ligne d’orientation, et avec quels référents on fédère nos forces ? Ce sont les réponses à ces questions qui permettent de se positionner sur les drames en Algérie et ailleurs dans le monde arabe.

c) L’Islam est utilisé par nos intellectuels  comme l’ Arabe ou le Berbère dans le dialecte FLE algérien, il n’est ni structurant ni structuré. Les référents français sont toujours  le creuset de notre culture, de notre idéologie, de notre terminologie. Lorsque nous parlons de l’Algérie c’est comme si nous parlions à des Pieds-noirs et non à des Algériens… Lorsque nous voulons résoudre nos problèmes c’est à la France et aux Etats-Unis que nous faisons référence et c’est eux que nous appelons pour arbitrer  comme si entre nous il n’y a pas de langue commune, de raison commune, de territoire commun, de destin commun…

Expériences et références
L’expérience nous a montré que les élites algériennes ne s’expriment que pour occuper des positions politiques lorsque le système est en crise afin de se faire coopter. Cela remonte bien loin. Mais nous savons aussi  que Boutef est fini ainsi que son règne, comme nous savons aussi que le nouveau système est déjà en place depuis déjà longtemps même s’il entretient le suspense.

Nous savons aussi que les élites et la bureaucratie sont hostiles à la solution islamique alors à quelle Egypte cet appel veut  apporter sa solidarité, de quelle Algérie il fait référence.  Ceux qui ont dénoncé l’Islam politique et qui ont appelé  à son échec,  à qui vont-ils exprimer leur solidarité en Egypte ? Aux frères musulmans qui sont persécutés, aux élites modernistes qui ont appelé l’armée, aux victimes futurs du terrorisme qui va les chercher dans les marchés et les places publiques fréquentées par la plèbe ?

Nous savons que la démocratie n’est qu’un savoir connu à travers les livres de l’Occident. Ce savoir livresque ne peut  apporter une réelle  contribution à l’éveil des sociétés musulmanes en clarifiant les notions de pouvoir temporel, de gouvernance, d’alternance politique dans la pensée musulmane ou dans le Coran et la Sunna. Les livres des islamistes et des non islamistes ont manqué de savoir cohérent et efficace. Tout nouveau savoir qui met fin aux confusions, qui ajoute des apport à la pensée musulmane  serait le bienvenu. Mais pour l’instant force est de reconnaître que l’intellectuel et l’universitaire algérien n’a pas de projet sur  l’algérianisation de l’Islam à opposer à ceux qui veulent islamiser une Algérie musulmane. Nous ne faisons que parler à l’Occident non seulement dans sa langue, mais dans ses schémas idéologiques. Lorsque nous parlons de l’Algérie, de l’Egypte ou de l’Islam nous reproduisons les mécanismes de servitude ou de confusion, car nous lisons notre réalité et nos valeurs à travers le prisme idéique et culturel de l’Occident ethnocentriste et hybrisique.

Bien entendu les cajoleurs, les professionnels de la dénonciation,  et les fascinés par les titres de professeur et de docteur vont s’indigner de mes critiques à l’encontre de l’intelligentsia algérienne. Alors il faut oser interpeller les intellectomanes  et les boulitiques de l’Algérie indépendante sur quelques thèmes qu’ils ont développer dans leurs livres et laisser l’esprit objectif  deviner l’avenir de l’Algérie si elle venait à leur être confiée.

Les titres universitaires et  les publications et les sujets sur l’Islam ou sur l’Algérie  ne nous intéressent pas dans l’absolu. Ce qui nous intéresse ce sont conclusions de l’analyse ainsi que les références idéologiques et politiques  affichées ou sous-jacentes dans le discours ou dans l’écrit d’un intellectuel qui le conduisent inéluctablement à telle conclusion.

Prendre comme maître de pensée Borhan Ghalioun, l’intellectuel au service de l’agression de la Syrie,ou un autre islamologue de la Sorbonne ou un philosophe politique du Journal le Monde dans l’analyse de l’Islam et de la société arabe non seulement n’est pas une référnce convaincante mais n’est pas un titre de vertu. L’intellectuel ne peut délaisser le  Coran qui est le Bayane, le   Borhane, le Forqane par lequel nous analysons le monde et nous construisons notre pensée pour s’aligner sur des pensées humaines produites dans un cadre civilisationnel qui veut non seulement imposer sa suprématie, mais montrer que le Coran est inapte à produire de la pensée rationnelle, du progrès.

Nous n’avons donc ni complexe ni fascination devant une pensée qui pose l’équation du monde musulman dans les limites idéologiques et culturelles de l’Occident judéo-chrétien, même si cette pensée se veut émancipatrice et si sa parole est parsemé des  mots Islam et Algérie. Il n’y a ni Islam ni Algérie, ni Egypte ni Syrie lorsque l’esprit partisan tolère l’effusion de sang et lorsque l’esprit formaté prend pour vrais les hypothèses et les conclusions de la lutte idéologique contre le monde arabe et musulman

Quel crédit intellectuel et religieux accorder à ceux qui parlent de l’Islam alors qu’ils le désignent comme troisième « rameau monothéiste » ou comme  « le tiers exclus de la révélation abrahamique ». Quel crédit accorder à ceux qui analysent l’Islam et le monde musulman sous la perspective orientaliste française ou anglo-saxonne alors que l’engagement pour ou contre l’Islam et ses rapports à la civilisation devrait objectivement partir de l’analyse de sa cohérence interne, de ses sources internes, de sa confrontation historique avec l’occupation, de la difficulté des musulmans a revenir vers l’Islam originel libéré de la pensée rétrograde produite par les siècles de la décadence et de la colonisation .

La plupart des intellectuels arabes et musulmans ont la fâcheuse manie de monologuer avec l’Occident lorsque ils se penchent sur les problèmes du monde arabe et musulman. Même si leurs discours et leurs thèmes sont « révolutionnaires », ils s’expriment comme les « interlocuteurs valides » de l’Empire.

L’intellectuel n’est pas celui qui manie les mots et les concepts des autres, mais celui qui forge les concepts ou qui apporte des grilles de lecture autonome pour comprendre le drame de son peuple. Nos professionnels de la pensée et de la plume  transposent les concepts, le  drame et l’histoire des autres sur notre  réalité façonnée par la convoitise et la prédation des autres.  Les étiquettes islam, impérialisme, progrès, civilisation, modernité ne sont pas signifiant par eux-mêmes. Il faut les transposer dans leur canevas idéologique, dans leur système de pensée. Les intellectuels musulmans, francophones ou arabophones, sont toujours marqués de l’empreinte franco musulmane.

Présenter  la modernité et la démocratie occidentale comme la quête ultime des musulmans sans faire l’effort de penser et d’expliquer la Choura, l’Etat, le Pouvoir, le despotisme, le salut dans la logique interne du Coran et à travers la démarche des Prophètes c’est servir les objectifs idéologiques stratégiques de l’Occident. Le service peut être inconscient, mais dangereux dans une sorte d’ébullition limbique qui ne voit  la réalité du monde qu’à travers les limites de la pensée. Jésus avait raison de dire  » Bien heureux les faibles d’esprit » pour désigner ceux qui se libèrent de la tempête d’idées confuses dans leur tête comme celles des docteurs des Bani Israël.

Les références lexicales à l’Islam ne sont pas significatives lorsque l’Islam n’est ni le moteur de la pensée ni la visée du cœur. En effet les égyptiens avaient déjà ouvert la voie médiatique, idéologique et politique pour donner l’illusion que les laïcistes et les modernistes ne sont pas ennemis de l’Islam. Ils ont poussé la ruse à  faire croire que les Frères musulmans allaient se dissoudre dans la démocratie occidentale pour les pousser à composer, à fauter tout en avançant dans le projet mondial de sécularisation de l’Islam.

Nous connaissons les prémisses et les suites que les intellectuels algériens occultent. Nous connaissons les auteurs occidentaux et leurs préjugés idéologiques sur les  implications de cette affirmation subversive que nous prenons pour exemple  : « Avec l’avènement de la modernité, la pensée politique arabe se trouve tiraillée entre deux angoisses : d’une part, la peur que les sociétés musulmanes soient exclues du processus de modernisation, et d’autre part, la crainte qu’elles soient obligées de renoncer à leur religion et donc à leur identité. »

Si Ali Belhadj veut nous situer dans la période médiévale de la décadence de la civilisation musulmane, les intellectuels algériens veulent se présenter comme l’alternative entre la « peste et le choléra » alors qu’ils ne font que traduire avec beaucoup de retard la chère idée de Jacques Berque : exporter en Afrique du Nord l’Islam de France. L’école anglo-saxonne a les moyens que l’école française n’a pas et offre plus de moyens d’exportation et plus d’expertise. Les intellectuels algériens ne sont pas des traîtres, mais ils participent, par excès d’intelligence et d’érudition,  à la lutte idéologique que nous mènent l’Empire et ses vassaux. Le Coran nous a montré que l’égarement le plus nocif est celui qui  est revêtu de science. Le Prophète (saws) a montré que le véritable savant est celui qui prend position contre la Fitna même si toute la terre est liguée contre lui.

Les intellectuels égyptiens et algériens se mettent par rapport aux intellectuels et aux médias occidentaux dans une posture  de miroirs déformants. Chacun se renvoie l’image de l’autre tel que ce dernier la véhicule auprès de l’autre sans lien avec la réalité ni la vérité, mais dans un processus itératif aliénant. Musulman, nous nous percevons et nous percevons l’Islam, l’Egypte et l’Algérie  à travers le regard du non musulman  qui nous renvoie sa propre perception sur nous ainsi que sa culture sur notre religion et notre pays avec bien entendu ses préjugés. Nous renvoyons à ce même étranger les biais qu’il nous a inculqué après les avoir intériorisé et enrichi. Il se retrouve face à lui même par un détour sur nous mêmes qui remodèle sa perception, ses fantasmes et ses préjugés. Les aller retour de l’un vers l’autre ne sont que des regards biaisés, tronqués qui finissent par devenir savoir académique, profil adapté et adopté, des occurrences d’illusion de savoir l’autre dans sa connaissance sur soi et vice versa sans objectivité et sans moyens de différencier.

Nous pouvons et nous devons prendre les outils conceptuels de l’Occident dans notre démarche visant à l’universel, mais nous ne pouvons les prendre d’une manière indifférenciée sans distinguer ce qui travaille au service de l’universel de ce qui oeuvre contre  éveil et contre notre émancipation. Nous nous interrogeons donc sur les références idéologiques et sur le  crédit à  accorder à ceux qui  annonce qu’expliquer la religion par la religion c’est tourner dans le cercle vicieux qui consiste à expliquer une chose par elle-même. Le phénomène religieux, le sentiment religieux, la sensibilité religieuse ne seraient, selon eux  que des exacerbations sociales, une quête de dignité. Marx et Engels n’ont jamais osé se prononcer aussi catégoriquement  sur ce qu’ils appellent le mode de production asiatique et les religions non chrétiennes.

L’école française, comme les médias français, sont une catastrophe autant pour la foi que pour l’esprit rationnel qui deviennent otage d’un prêt à penser idéologique, d’un comportement séculier.

Toutes les interventions « islamistes » des intellectuels algériens correspondent souvent à des périodes  de crise. Nos intellectuels en faisant le lien entre les aspirations démocratiques et technologiques des Arabes et des musulmans se sont interrogés, innocemment, sur Kadhafi resté trop longtemps au pouvoir au regard de la démocratie occidentale. Ils évacuent l’analyse sociologique, politique  et historique de la Libye et répètent ce que l’Occident voulait entendre dire pour  donner légitimité et soutien à son agression contre la Libye. Ils évacuent l’Islam dans leur raisonnement et dans leur discours sur l’agression de la Libye et deviennent des boites à musiques, des machines de citation de la propagande occidentale.

Nous avons analysé traité Tarek Ramadhan de Pygmalion dans sa manière de traiter « la révolution arabe » et de donner légitimité intellectuelle pour assassiner le « fou » de Libye. Ce n’est pas un cas isolé. La tragédie du monde arabe que nos intellectuels évacuent de leur champ d’analyse et de leurs discours est dans le nombre impressionnant de grands, de moyens et de petits pygmalions. On les trouve sous les étiquettes islamistes, socialistes, nationalistes, modernistes et autres camouflages. Les peuples arabes, et en particulier les Égyptiens et les Algériens, sont gavés de ce que Malek Bennabi appelle de la fausse monnaie intellectuelle.

Sans citer de noms et de lieux, nous étions agréablement surpris de voir, il y a quelques années,   des personnes, des livres et des articles se trouver ensemble alors qu’idéologiquement ils étaient ennemis irréductibles. Nous avions cru qu’enfin le curseur idéologique s’était déplacé pour se positionner sur l’universel et les dénominateurs communs des Algériens.

Nous avions vite déchanté, car le seul lien  qui les unissait et qui continue de les unir ést la haine du régime algérien et de ses généraux. On ne fait pas une politique crédible et on ne construit pas une gouvernance alternative par la haine, la rancune et la dénonciation. De la même manière on ne devient pas intellectuel en se taisant sur les agressions de l’Empire contre nos pays sous prétexte qu’ils sont mal gouvernés. Il y a une éthique qui doit transcender la quête de pouvoir. La politique n’est pas l’art de faire des  arrangements d’appareils pour accéder au pouvoir et se le partager, mais de servir des valeurs, un peuple. Allah octroie le territoire en héritage aux vertueux et Il l’octroie à titre d’épreuve.  Il y a une logique et un devenir : les tyrans finiront par partir en Enfer, devrions nous les y rejoindre ? Celui qui ne se pose pas cette question, il est préférable pour lui de ne pas être un intellectuel ou un  politique, car un homme du commun a au moins la chance de ne porter que son petit fardeau, mais un homme de religion ou de science porte le fardeau de tous ceux qu’il a mal influencé.

L’Islam et l’Algérie ne sont pas des discours, ce sont des responsabilités religieuses et  morales devant Dieu et devant les Algériens. Les Algériens peuvent ne pas comprendre, ne pas lire, oublier ou s’en foutre. Allah n’oublie pas !

Par ailleurs parler de « régression féconde » pour annoncer ou souhaiter ce que l’Occident désire : l’échec de l’Islam politique n’est pas une conceptualisation, mais du Takharbite. Offrir à la machine médiatique algérienne « la régression féconde » inspirée du « chaos constructif »  des « think tanks » américains est quelque chose de génial. Même les neocons américains n’avaient rien inventé puisque ils avaient emprunté à la psychologie sociale et à l’urbanisme, qui remplacent la sociologie ancienne, les outils qu’elle a emprunté à la thermodynamique dans son analyse sur les déterminismes qui se cachent derrière le chaos apparent. Lorsque les mécanismes de l’entropie sont connus le psychologue, l’urbaniste et l’économiste peuvent anticiper sur la régression d’un système. Ces mêmes mécanismes ont été importés dans les finances internationales et dans la géopolitique et les résultats sont catastrophiques autant pour l’Empire que pour les peuples.

La théorie du chaos reconnait qu’il y a trop de facteurs et trop d’inconnues dans la production du chaos et de sa régression (résolution) alors que dire lorsqu’il s’agit de faire du Tamarbite sur les sensibilités d’un peuple et de son devenir. Le prix du sang et de la destruction est tellement saisissant que nos intellectuels n’osent pas le regarder en face et se dire qu’ils ont participé à sa production entropique et à la régression du peuple algérien et de l’Algérie pour cent ou mille ans.

Confondre islam politique dans le sens de participer à la gestion de la cité sous l’éthique de l’Islam et l’Islam partisan dans le sens d’instrumentaliser la religion à des fins politiciennes n’est pas une démarche sociologique car elle ignore la réalité idéologique, politique et sociale du mouvement politique algérien en général et des mouvements islamiques qui portent les mêmes tares que ce mouvement national. En général l’intellectuel algérien cache ses liens partisans et idéologiques avec un rescapé du mouvement politique national pour jouer un rôle de sape contre les autres mouvements.

Poser l’équation en opposant  l’école hanbalite « politique » de Sayed Qotb à celle de l’école moderniste de Mohamed Abdou c’est une fois de plus importer des clichés sociologiques à une réalité qui n’est pas celle de l’histoire du monde musulman ni de ses aspiration. Nous revenons toujours à cette posture intellectualiste algérienne et égyptienne non seulement simplificatrice, mais prisonnière des références occidentales qui sont la modernité, la démocratie, la sécularisation.

La vérité c’est que Sayd Qotb apologiste de l’Islam et polémiste contre les autres va habiller l’Islamité de la démarche révolutionnaire non musulmane et en faire un instrument de discrimination. Il est sorti de la logique interne de l’Islam en se focalisant sur le pouvoir et en idéalisant la société musulmane.  Cheikh Mohamed Abdou va faire la démarche contraire : il va considérer que l’Islam lui manque les instruments et les choses de la modernité qu’il va importer de l’Occident. Il va, influencé par l’orientalisme, croire entre autres à l’idée répandue que les musulmans étaient inapte à importer l’imprimerie alors qu’en réalité ils étaient devenus inaptes à produire de la pensée à la fois nouvelle et indépendante, car leurs référents coraniques étaient absents ou défaillants.  On veut opposer les deux démarches, alors que Sayed Qotb et Mohamed Abdou ont fait la même erreur en forgeant le renouveau de  l’islamité par référence à l’Occident : la violence révolutionnaire pour Qotb, et   l’importation des choses modernes  pour Abdou jusqu’à l’imitation servile du terme renaissance alors que les conditions idéologiques, politiques, sociales, morales et historiques de la Renaissance sont totalement différentes que celles du monde musulman dominé par la colonisation après qu’il ait consommé sa décadence.

Les multiples  démarches, wahabbiste, confréristes, modernistes, sont  fausses et  ne sont pas la démarche saine  de l’Islam vers l’Islam par l’Islam. Elles ne pouvaient que s’épuiser et finir comme des inachevés, des caricatures, des échecs. Ce n’est pas l’Islam qu’il faut réformer par l’importation en puisant dans les siècles décadents ou en puisant dans la domination impériale, mais ce sont les musulmans qu’il faut réformer par l’Islam.  Les intellectuels égyptiens et algériens s’inscrivent dans le confinement de cet échec qui intéresse l’Occident soucieux de faire de nos esprits, de nos bras,  et de nos ventres une machine d’importation clés en mains et produits en mains de sa technologie, de ses idées.

Nous ne pouvons devenir émancipés aptes à entraîner nos pays dans l’émancipation que si nous nous libérant de la dichotomie maladive qui place les uns dans une posture totalement   fermée  à l’Occident considéré comme l’ennemi, et les autres dans une attitude totalement ouverte à l’Occident considéré comme la panacée. Le paradoxe montre que dans les deux cas, l’Islam lui même n’est  pas le moteur structurant et intégrateur. Il n’est  qu’un ensemble de matériaux livré en vrac sans cohérence et sans dynamique par les uns, et un ensemble de mots pour habiller la lutte idéologique menée contre l’éveil islamique. Intellectuels et religieux, nous sommes des criminels, car nous sapons nos possibilités intellectuelles et nous rendons confuses nos conditions politiques d’émancipation.

Nous devons avoir le courage de  dire la vérité sur notre panne et de  faire l’effort de la rechercher en dehors des lieux communs que nous présente l’Occident. Il est légitime pour l’Occident de nous mépriser, de nous agresser, de nous imposer sa grille de lecture, car il nous convoite. Ce n’est pas légitime pour ceux qui parlent notre langue, pratique notre religion et ont la même couleur de peau que nous de se comporter en proies aveugles.

Nous ne produisons pas en quantité et en qualité suffisante des hommes de religion et  des intellectuels capables de lire  les problèmes de la société avec un mental lucide et pointu. Nous avons face à nous des instruments inconscients de la  lutte idéologique que les experts de l’Occident poussent vers de fausses  prises de  position, vers des arguments fallacieux et vers un bricolent des outils de « salut national ». On ne peut croire que le simple  hasard fait converger les rhétoriques opposées,  les discours divergents et les cynismes des pensées inconciliables sur les impératifs   de la lutte antiterroriste mondiale.

Les intellectuels algériens et égyptiens, lorsque la situation politique et sociale les arrange, ils appellent  l’armée  à la rescousse pour défendre la démocratie dont ils veulent être  les représentants ex cathedra.  Mais lorsque la situation semble « maîtrisée » par l’armée au prix d’une guerre civile, les voilà qui conteste le pouvoir des militaires et qui s’imaginent que leurs artifices vont convaincre l’armée et le peuple (algérien et égyptien) de leur donner le pouvoir.  Ils croient qu’en saupoudrant leurs paroles de quelques « islam » par ci et par là  ils peuvent construire une crédibilité intellectuelle et une confiance populaire.

Le jour où l’école algérienne produire sa propre pensée, autonome, sans influence du regard de  l’Occident sur l’Islam et sans asservissement à l’instrumentalisation de l’Islam par les bureaucraties d’Al Azhar et les rentiers des monarchies du Golfe alors nous pouvons parler d’efforts intellectuels en direction du salut national.

Quelques chantiers 

Pour ne pas sombrer dans la même rengaine de la dénonciation de l’opposition,  nous faisons quelques propositions  Elles n’ont rien à voir avec la démocratie,  les schémas classiques de la France et ses visées post coloniales :

1 – Libérons-nous des faux clivages et du conjoncturel. Inscrivons-nous dans la démarche prophétique de la Réforme et du devoir de bon conseil pour Allah, Son Prophète, Son Livre, les gouvernants et les gouvernés. Ne soyons  otages ni de l’esprit partisan ni de la démarche « classiste » de l’oppositionnel contre le pouvoir, du soutien critique à ce pouvoir ou de l’auxiliariat du système. Restons autonomes et prenons de la distance sur les faits passés ou présents.

2 – Analysons les processus et leur devenir sans passion ni parti pris.

3 – Disons  à celui qui a bien fait tu as bien fait, et à celui qui a mal fait tu as mal fait.

4 – Réalisons ce que quelques-uns d’entre nous ont tenté de faire sans jamais pouvoir le réaliser faute de moyens, de compétence, d’écoute et d’encadrement : des observatoires, des lettres d’analyses, des monographies, des rencontres,  des propositions, des idées, qui font éveiller les consciences, qui apportent des solutions, qui répondent aux interrogations, qui témoignent.

Si les Prophètes ne peuvent nous servir de guide alors nous pouvons trouver exemple dans l’histoire de l’Europe à laquelle nous nous identifions. Machiavel a été présenté comme un être diabolique animé par le pouvoir, mais  pourtant il avait consacré sa vie à l’unité et à la grandeur de l’Italie. Il avait laissé cette expression pour expliquer ses efforts de  mobilisation des compétences au service de l’Etat et de la nation :

« C’est ton devoir d’honnête homme si, par le malheur des temps et de la fortune, tu n’as pas pu faire toi-même le bien, d’en donner aux autres des leçons, à cette fin que, bien des hommes en étant capables, quelqu’un d’entre eux, plus aimé du ciel, puisse le réaliser. »

5 – Montrons nos capacités à gouverner sinon apprenons  à gouverner en montrant l’alternative. Les braves gens du peuple, les fonctionnaires et les techniciens ainsi que les cadres honnêtes et nationalistes doivent garder l’espoir et voir qu’il y a d’autres manières de faire, de penser que celles des cooptés et des abrutis qui encombrent les espaces économiques et politiques de l’Algérie, et qui conduisent l’Algérie vers sa ruine. Il ne s’agit pas de convoiter le pouvoir des insensés ni les privilèges des cooptés, mais de faire son devoir.

6 – Faisons notre devoir et laissons la liberté aux  gouvernants et  gouvernés assumer  leurs responsabilités de nous écouter ou non et de nous suivre ou non, sans  les matraquer idéologiquement et médiatiquement. Notre responsabilité est d’éclairer les uns et les autres pour le bien de tous. Nous ne pouvons être au-dessus du Prophète (saws) :

{Si ton Dieu le voulait, tous les habitants de la terre deviendraient croyants. Peux-tu, toi, contraindre les hommes à être croyants ? Aucune personne ne peut croire si ce n’est avec la permission d’Allah. Il jette l’opprobre sur ceux qui ne raisonnent pas.} Younes 99 – 100

Notre vocation de musulman et notre destin d’Algérien, abstraction faite de  nos sensibilités politiques, de nos titres universitaires  et de nos  performances intellectuelles,  est de faire le bien et de mettre vos privilèges de savoir et de raisonnement au service de la libération de notre peuple et de notre pays. Si les gouvernants ne veulent pas nous écouter, sachons  que les Prophètes n’ont pas été écoutés, mais ils n’ont pas baissés les bras, et ils ne se sont pas contentés de dénoncer. Ils ont éduqués les gens et leur ont appris à être endurants et espérant. Ils ont refusés tout les arrangements d’appareils et toutes les formes de corruption ou d’intimidation.

7 – Il ne s’agit pas de faire des communiqués, mais d’organiser la pensée et l’action sociale, économique, culturelle, technique et scientifique au service de l’Etat, même si le pouvoir est corrompu, au service du peuple, même si ce peuple est soumis au matraquage médiatique et à la culture de la rente. Allah a promis qu’il ne laisserait pas vaine l’œuvre d’une femme ou d’un homme faisant le bien et agissant en solidarité de foi.

Il est impossible de gagner de la crédibilité et de la probité morale et intellectuelle lorsque nous assistons à l’instrumentalisation corporatiste dans la santé publique, l’enseignement supérieur, l’éducation nationale, pour tirer profit de la rente et négocier la paix civile sans que cela ne s’accompagne de mesures positives pour le malade, le scolarisé et l’usager de la chose publique.

8 – L’occident que nous idéalisons ou que nous diabolisons  a la vertu que nous transgressons lorsqu’il s’agit de notre pays : Dès que 2 ou 3 universitaires se rencontrent ils ont objectivement et subjectivement réalisé les conditions de la recherche et de l’ingénierie, même si les moyens leur font défaut. Nous nous contentons de dénoncer le système sinon de colporter les dires des gourous de l’Orient et de l’Occident.

Musulmans et algériens, il est attendu de nous ce qui n’est pas attendu des gens au pouvoir ou des gens du commun, car c’est par notre manière de raisonner et par notre champ de préoccupations que se fera la rupture avec le système d’inertie,  la culture de la rente, la colonisation des esprits, et la décadence des mentalités et des territoires.

Si chacun de nous tous avait accompli son devoir national, moral et religieux envers l’Algérie et les martyrs jamais nous n’aurions contribué,  par nos prises de position insensées,  au naufrage de l’Algérie.

{D’où nous provient ceci ? Dis-leur : C’est l’oeuvre de vos mains}

8 – Prenons garde à Allah : L’école et l’université algérienne sombrent. Montrons  les voies du salut. Nous pouvons   édifier des centres de formation, des universités populaires, des projets de réforme de l’éducation, de l’enseignement, de la santé publique, de l’économie, de l’urbanisme et de la formation. Ceux qui sont  écoutés en Europe, peuvent mobiliser des fonds au profit de la formation professionnelle et des coopératives de jeunes. Les fonds doivent être  mobilisés pour l’amour du bien et pour le bien de l’Algérien, nous ne devons pas en faire un conditionnel idéologique ou un préalable politique :

{Agissez ! Allah fera voir vos œuvres ainsi que le Prophète et les Croyants}

9 – Ne parlons  pas au nom des militaires, laissons-les assumer les fautes de nos jugements,  de nos errances,  de nos mauvais conseils et de nos confusions. Que chacun assume ses propres responsabilités et implore Allah que lui et les autres soient sur la voie du repentir et de la réforme.

10  – Prenons  garde à Allah : Ne restons  pas silencieux sur le drame libyen que nous avons  cautionné, ne restons  pas silencieux sur l’agression impériale et sioniste contre la Syrie. Le silence sur l’effusion de sang aura un prix rédhibitoire sur nos devenirs à tous.

11 – Arrêtons  de croire que l’émeute, la révolution, le clivage idéologique ou que l’histoire française soit notre référence pour construire un Etat de droit.  L’Occident a achevé sa post modernité et va contre le mur alors arrêtons nos fabulations et nos fantasmes. Le Coran, le Prophète et l’histoire passé ou présente montrent que l’empressement à vouloir changer les choses n’about pas au changement escompté et que souvent ce sont les opprimés qui payent de nouveau le prix de la promotion des parvenus au pouvoir. Certes, il est difficile tant pour l’intellectuel nourri à la modernité française et à la Révolution française que pour l’algérien privé de citoyenneté de supporter l’oppression, mais pour atteindre le bon port il faut la patience des Prophètes (saws) et s’en remettre totalement à Allah (swt).

12 – Ne faisons  pas du particularisme affiché par certains  kabyles un problème principal. Nous ajoutons  de la confusion et de la complexité. Nul n’a le droit de se placer sur le terrain des sensibilités  religieuses, ethniques, linguistiques lorsqu’elles risquent de faire voler en éclats le vivre ensemble, les valeurs communes, l’histoire identique et le même territoire. L’Empire et le sionisme sont aux aguets :

{Et prenez garde à une épreuve qui n’atteindrait pas uniquement  ceux qui ont été injustes d’entre vous. Sachez qu’Allah punit sévèrement.} Al Anfal 25

13 – L’Egypte c’est 85 millions de misérables affamés laissés à la merci des monarchies du Golfe. L’engagement humaniste et religieux c’est de demander que l’Algérie libère un ou deux milliards de dollars, bloqués à l’Etranger, pour venir en aide aux plus démunis, aux victimes de la répression. Nous aurons  fait œuvre humanitaire et acte politique hautement symbolique en interpellant l’Algérie qui semble avoir totalement disparue de la scène géopolitique. L’Algérie et ses intellectuels de l’intérieur ou de l’extérieur sont hors du monde. Ils ne pensent pas le monde et n’agissent pas sur le monde, ils sont pensés par le monde et phagocytés par lui.

14 – Il est vrai qu’un grand nombre de signataires apportent des éclairages « intéressants » sur l’Islamophobie, les caricatures blasphématoires, les symboles religieux. Mais la vérité, sans polémique, est que c’est le même schéma mental qui est dominant dans leurs analyses où l’Islam. Ainsi soit est renvoyé dans un enfermement spirituel de religion bouddhiste, soit on est mis dans un montage qui nous met en prises avec les problématiques séculaires de l’Occident. Impossible de nous émanciper de l’emprise idéologique de l’Occident et de sa production intellectuelle coloniale et orientaliste.

15 – Un concept, comme « la régression féconde » n’a de sens que si et seulement si il est vérifié par l’expérience des faits. Les faits montrent que vous vous êtes inscrits dans la régression de l’Occident et vous voulez faire féconder le monde arabe et musulman par son chaos. Les médias peuvent donner des titres de vertus, mais ils ne peuvent se substituer à la réalité du temps et de la géographie qui dévoile l’incohérence derrière la magie des mots, ses conséquences tragiques.

16 – Faisons un appel solennel pour mobiliser les Algériens contre le projet d’agression qui cible le monde arabe et qui  cible notre territoire, nos ressources, notre armée.

17 – Ouvrons un débat sérieux sur la réforme et le changement par la voie prophétique qui implique toute la société par des voies pacifiques, progressives et responsables.

 

Dernier mot

L’intellectuel est celui qui produit de la pensée inédite :

« Il ne s’agit pas d’apprendre des formalismes, mais d’apprendre à formaliser » Emmanuelle Kant.

Nous sommes loin de cette démarche.

 

 

 

Regard sur les projets en Libye après Kadhafi et regard sur le projet apocalyptique contre la Syrie.

Nous avions interpellé les imposteurs de l’Islam d’Algérie et de France sur le caractère antinomique du Coran et du Prophète (saws) avec la doctrine et le comportement de l’Empire ainsi qu’avec l’agression de la Libye, pays arabe et musulman, par l’OTAN.

Nous avions montré à travers les schémas d’édification d’une civilisation comment l’Empire, le sionisme et l’ancien colonisateur sont en harmonie sur l’idée et l’action de provoquer des césures dans nos géographies, nos histoires, nos économies et nos mentalités collectives pour rendre impossible tout effort d’éveil civilisation dans nos consciences et nos organisations, et pour conserver intacte leur capacité de prédation sur nos territoires vus comme des proies faciles.

Nous avions montré les faillites morales, religieuses et politiques des Marabouts religieux et politiques qui conduisent le monde arabe à la disparition par leur inculture géopolitique, leur passion démesurée pour le pouvoir dont ils n’ont ni les moyens de conquérir ni la compétence de l’exercer. Leur esprit partisan et sectaire, contraire à l’unité et à la fédération que demandent  le Coran et le Prophète (saws),  ne les prépare ni à gouverner, ni à libérer, ni  à civiliser.

Hélas,  les fossiles ne sont pas capables de se remettre en cause, ni de faire l’inventaire objectif de leur parcours, ni d’évaluer la situation mondiale et ses conséquences sur le monde arabe en général et sur nos pays en particulier. Ils continuent de fabuler et de tirer des plans sur la comète.  Ils  se préparent à l’après agression sans avoir réellement servi leur dans le passé ni l’avoir pensé dans son avenir. La même fuite dans la même quête de pouvoir, dans la vassalisation à l’Empire…

En Syrie et sur la Syrie, ils continuent la même œuvre de sabotage qu’en Libye. Nous avions montré que les données de l’ONU sur l’indice humain de développement en Libye  étaient bonnes. La Libye pouvait certes, espérer être mieux gouverné et mieux profiter de ses ressources, mais le mieux ne pouvait être obtenu par la confusion et la Fitna.

Le temps a passé, mais l’équation reste posée. La bonne foi et l’enthousiasme ne suffisent pas pour faire une politique, une dawla islamiya, une entrée dans l’histoire comme les Compagnons du Prophètes. L’imitation de l’Occident ne suffit pas pour créer le sentiment démocratique. La confusion sur l’Islam et l’imitation servile sur l’Occident ont produit suffisamment d’impostures, d’échec, de démission qu’il est temps de se poser la question avant de voir la Syrie sombrer dans le chaos : est-ce que la voie des réformateurs peut être confondue avec celle des destructeurs, des empressés, des confus, des insensés.

Regardez l’Irak : chaque jour apportent ces cinquantaines de morts !

Regardez la Libye !

  • Guerre tribale
  • Mercenariat
  • Insécurité
  • Paupérisation
  • Quasi arrêt de la production du pétrole
  • Absence de l’Etat
  • Pas de service public
  • Corruption des élites « islamistes » et « démocratiques »
  • Rapine sur les ressources stratégiques
  • Vente du pétrole sur le marché noir
  • Pillage des côtes
  • Grèves transformées en insurrection
  • Mutinerie dans les casernes de police et de l’armée.
  • Revendications d’autonomie (territoriales, ethniques et linguistiques)
  • Assassinats politiques
  • Démolition et pillage du patrimoine archéologique
  • Fuite des étrangers (personnes physiques et morales)
  • Actes terroristes contre la population
  • Guerre civile larvée

Les pillages et les destructions systématiques en Libye et en Irak que nous voyons en Syrie montrent la haine et la volonté de saper les fondements culturels, économiques, sociaux et intellectuels des sociétés arabes.

Comme en Irak,  la Libye s’installe dans un chaos structurel où la notion d’Etat, de justice, de vie humaine n’ont plus de signification. Ni l’Empire, ni la France, ni le Qatar, ni l’Arabie saoudite, ni les intellectuels musulmans (religieux ou non) ne semblent concernés par ce drame. Ils lui tournent le dos et vont résolument vers d’autres drames en Syrie.

 

Lorsqu’ils évoquent la Syrie, ils font l’impasse sur la Libye et ils prennent des positions sectaires et partisanes (islamistes ou laïcistes) refusant de s’interroger sur la position à prendre face à l’arrogance et au bellicisme de l’Empire,  du sionisme et de leurs vassaux qui ont transformé la vie des Arabes et des musulmans en un enfer sur terre.

 

Où est la démocratie, la dignité de l’homme, la liberté en Libye ? Où est l’Islam, l’Etat islamique, la Charia en Libye ? Il faut répondre à ses questions avant de se lancer dans d’autres aventures qui ont pour prix l’effusion de sang

 

Lorsque les Arabes et les musulmans se focalisent sur les étiquettes (islamistes, démocratie) ou sur les noms des personnes (Assad, Kadhafi, Saddam), ils deviennent manipulables par l’affectif, par l’image, par les mots, par la précipitation et l’improvisation. La religion et la raison nous commandent pourtant de lire l’histoire, d’analyser les processus, puis de nous inscrire dans une pensée et une démarche qui donnent le primat à la globalité et à  la dynamique.

 

Cela semble difficile pour le non croyant, mais la globalité et la dynamique permises à l’homme ne concernent que le caractère variable du spatial des territoires et du temporel des sociétés et de leur histoire comme le souligne le Coran :

 

{Allah ne change point la situation d’un peuple tant que celui n’a point changé ce qui est en lui} Ar Raad 11

 

Le changement concerne l’être ontologique et l’être social dans le contenu de leur façon de croire,  de vouloir, de savoir, de pouvoir, de devoir, de dire, de s’émouvoir, d’imaginer et de faire qui transforment la globalité de l’être lui-même une expression globale et complexe. Se focaliser sur le pouvoir,  sur le changement de Bachar Al Assad ou sur l’assassinat de Kadhafi, ne fait que rendre plus complexe le changement car il éloigne de la ligne des Prophètes.

 

La ligne des Prophètes semble difficile pour ceux qui n’ont pas compris la signification du changement et qui s’imaginent être les « délégués » de Dieu sur terre pour parler en Son Nom et se croire les exécuteurs de Son Dessein au lieu de se concentrer à témoigner et à réformer dans le cadre des invariants qu’Allah a fixés :

 

{Et nul ne peut changer les Paroles d’Allah, et il t’est déjà parvenu une partie du récit des Envoyés} Al-An’âm 34

{Il n’y a pas de changement aux Paroles d’Allah} Younes 64

Nul ne peut changer la religion d’Allah. Nul ne peut engager le changement dans un cadre, une démarche, une éthique autre que celle qu’Allah (swt) a impartie aux Prophètes (saws). Il n’est pas de la tradition des Prophètes de fomenter des coups d’état, de provoquer des Fitna, ou de s’allier aux ennemis de l’Islam pour faire triompher la Parole d’Allah.

Il ne peut être compris ni admis qu’une révolution « islamique » ou un « Djihad » puisse s’édifier sur une bannière de confusion et viser les installations militaires stratégiques, les ressources stratégiques, les infrastructures de l’Etat et les lieux publics. Nous pouvons comprendre l’illusion du changement recherché ou l’illusion de l’instauration de la justice de l’Islam contre un régime totalitaire et répressif, mais nous ne pouvons comprendre l’aveuglement des élites intellectuelles et religieuses qui ne fixent pas de lignes rouges et qui ne prononcent pas pour condamner les abus, les dérives et les déviations ?

Pour qu’il n’y ait pas de fausses interprétations, le Coran est précis :

{Certes, des messagers avant toi ont été accusés de de menteurs. Mais ils ont supporté avec patience d’être traités de menteurs; et ils ont été persécuté  jusqu’à ce que leur vînt Notre secours. Nul ne peut changer les paroles d’Allah, et d’ailleurs il t’est déjà parvenu une partie du récit  des Envoyés.} Al-An’âm 34

{En vérité, les bien-aimés d’Allah seront à l’abri de toute crainte, et ils ne seront point affligés. Ceux qui croient et qui prennent garde [à Allah], il y a pour eux une bonne annonce dans la vie d’ici-bas ainsi que  dans la vie ultime.  Il n’y a pas de changement aux paroles d’Allah. Voilà l’énorme triomphe!} Younes 64

La sourate Younes qui met en exergue un grand nombre d’invariants que nous transgressons, se clôture par :

{Conforme-toi donc à ce qui t’est révélé, et prends patience jusqu’à ce que Allah rende son verdict, car Il est le Meilleur des juges.} Younes 109

C’est la même Parole à laquelle se sont conformés Noé, Abraham, Moise, Salah, Choayb, Houd, le Messie (saws).

Salomon (saws) était gouvernant disposant des moyens de force pour trancher sans entropie l’horreur de la mécré&nce de la reine de Saba et de sa puissante armée.

David (saws)  était un berger qu’Allah a fait remarquer dans la résistance triomphante contre l’envahisseur et qu’Il a institué en gouvernant en dépit des Bani Israël qui cherchait un notable parmi les élites financières, marchandes, sociales, religieuses et militaires.

Ni David ? NI Mohamed (saws) n’ont porté les armes contre leur peuple. Celui qui dit le contraire doit assumer ses responsabilités.

Est-ce que Youssef (saws) s’inscrivait dans une autre démarche? A travers son récit nous verrons dans le prochain article, inchaallah,   les syllogismes fallacieux de ceux qui détruisent leur pays et répandent le sang des musulmans au nom de leur passion tout en se cachant derrière l’Islam.

Nous avons rappelé, pour une nième fois, la voix de la raison qui refuse l’effusion de sang. Ce rappel ne signifie pas que nous croyons que la Syrie aura la même fin que la Libye abandonnée de tous. Le destin a voulu que les enjeux en Syrie soient plus  grands qu’en Libye et qu’elle ait aussi d’autres voisins et d’autres alliances.

Il est fort probable que le mensonge du 11 septembre et sa symbolique s’exprime de nouveau dans une inversion de territoire. Il est possible aussi  que ce soit la symbolique de Yom Kippour qui se déroulera, inchaallah, du 13 septembre, avant le coucher de soleil,  jusqu’au lendemain 14 septembre, après le coucher du soleil. C’est le jour du pardon. Pour les Juifs, après ce jour aucune demande de pardon ne peut alors parvenir à Dieu ni obtenir sa miséricorde. Quatre jours après Yom Kippour il y aura la célébration de Souccot ou «fête des cabanes » pour commémorer les quarante années d’errance dans le désert du Sinaï. A moins que les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans ne se rencontrent autour de l’eschatologie et de l’Apocalypse, il y a de fortes chances pour que l’errance d’Obama et l’arrogance de son système ne finissent dans une accélération de fin de course. Que ce soit le cas ou non, seul Allah connait le Ghayb, il est n’est jamais trop tard de se repentir de l’effusion de sang et de la spoliation des terres et des biens d’autrui, car la Parole d’Allah est immuable :

{Nous avons créé l’homme et Nous savons ce que son ego lui susurre. Nous sommes plus proches de lui que sa veine jugulaire. Lorsque les deux anges envoyés à sa rencontre s’assoient à sa droite et à sa gauche, l’homme ne profère aucune parole sans que se tienne auprès de lui un observateur prêt à inscrire. L’ivresse de la mort survient en vérité : voilà ce à quoi tu voulais échapper ! On soufflera dans la trompette. Voici le jour de la menace ! Chaque être sera accompagnée d’un conducteur et d’un témoin. Tu restais insouciant à cela ; mais Nous avons levé ton voile de sorte que ta vue aujourd’hui est perçante ! Son compagnon dira :  » Voilà ce que je tiens prêt !  » Vous deux, jetez dans la Géhenne tout négateur endurci, qui s’oppose au bien, qui transgresse, qui doute. Celui qui plaçait une divinité à côté d’Allah, jetez-le dans le terrible châtiment ! Son compagnon dira :  » Notre Seigneur ! Je ne l’ai pas incité à la révolte, mais il était dans un profond égarement « . Allah dira :  » Ne vous querellez pas devant Moi ! Je vous avais bien prévenus de la menace.  La Parole, chez Moi, ne varie pas…}  Qaf 17 à 29

La Parole d’Allah est immuable  : tout négateur, tout transgresseur, tout fauteur de troubles, tout associateur qui met une divinité (idole, religion, idéologie ou Cheikh) qui fixe les règles à la place d’Allah ne connaîtra pas la Miséricorde, même s’il a prié, jeûné,  récité le Coran et combattu pour la cause d’Allah. L’effusion de sang est une transgression. Le sang qui a coulé dans le monde arabe et musulman n’est pas du pipi de chat qui va s’évaporer. Le pet de moustique en méditerranée peut provoquer une tempête dans le Pacifique, que dire alors des cris des innocents tués pour le pouvoir des médiocres et pour la survie de l’Empire ?

 

Al Jazeera, les idiots utiles arabes et la subversion sioniste

Comme à l’accoutumé Al Jazeera forte de son audience dans le monde arabe joue sur le Wahn des esprits moribonds et mortifères pour leur vendre de l’information amalgamée en provenance du palais sans que le savantissime Qaradhawi ne dise ce qu’il est tenu de dire

«  Quiconque nous trompe n’est pas des nôtres »

« Quiconque verse le sang d’un musulman ou incite à attenter à sa vie, à sa dignité se présentera le Jour du Jugement dernier, inscrit sur son front : désespéré de la Miséricorde d’Allah »

Elle vend le faux sans preuves ni arguments :

1 – 87% des 70 000 intervenants sur une de ses émissions de télévision approuveraient  la frappe américaine contre la Syrie. Dans le cas où ce chiffre est vrai, que pensent les 300 millions d’arabes et le milliard et demi de musulmans ?

2 – Elle utilise le présent et non le conditionnel pour imputer au régime syrien l’usage des armes chimiques alors que la France et les USA sont discrédités par leurs informations sans preuves. On ne décrète pas une guerre contre un pays souverain sur la base de vidéos provenant de ses opposants ou d’écoutes téléphoniques provenant de son ennemi. On n’applaudit pas à une guerre mené contre son territoire et son peuple. On ne se fait pas porte-parole de ceux que le Prophète a maudit et qui combattent sous l’étendard de la confusion.

3 – Elle pose comme inéluctable et juste la volonté américaine de punir le régime syrien faisant l’impasse sur les questions essentielles :

–          Pourquoi avoir refusé le dialogue et poussé la Syrie à la guerre civile ?

–          Pourquoi ne pas poser le problème moral, idéologique et politique des expéditions punitives de l’Amérique comme si elle était Dieu se réservant le droit de vie et de mort sur ses créatures.

–          Comment des Arabes et des musulmans peuvent-ils tolérer une agression contre un pays arabe et musulman et s’en faire les porte-voix  alors que la religion, la logique et l’honneur l’interdisent.

4 – Elle ne joue pas son rôle de médias, mais s’affiche comme organe de propagande et de désinformation en faisant croire que la Russie par la voix de Poutine a dit qu’il voterait une résolution de l’ONU et qu’il participerait à la guerre contre la Syrie alors qu’il l’avait dit au conditionnel pour mettre au défi les Etats-Unis et Obama d’apporter la moindre preuve. Voici quelques extraits de l’intervention de Poutine

« S’il y a des informations selon lesquelles des armes chimiques ont été employées, et employées par l’armée régulière de Syrie, alors ces preuves doivent être présentées au Conseil de sécurité de l’ONU (…) elles doivent être convaincantes,

(…) Elles ne doivent pas se baser sur des rumeurs ou des informations reçues par les services secrets au cours d’écoutes, de discussions »,

(…) Si des preuves montrent sans équivoque qui a usé des armes chimiques, alors « nous sommes prêts à agir le plus résolument et sérieusement possible.

Ce n’est que lorsqu’il y aurait des preuves convaincantes que Poutine l « n’excluait pas » de soutenir une action armée occidentale, mais faute de preuves toute action militaire serait à considérer comme une « agression » :

   « Selon le droit international, seul le Conseil de sécurité de l’ONU peut décider de l’usage des armes contre un Etat souverain ».

(…)  » L’usage de la force vis-à-vis d’un Etat indépendant et souverain sera inacceptable et ne pourra être qualifié que d’agression ».

Al Jazeera non seulement court le risque d’être poursuivie devant les tribunaux pour faux et usage de faux, mais elle risque de paraitre ce qu’elle est réellement : une collaboratrice de guerre. Même si le bruit de la guerre ne se fait pas entendre, Obama a déclaré la guerre à la Syrie, et l’opinion mondiale le sait. Les journalistes d’Al Jazeera sont en train de jouer leur honneur et leur vie, mais ils sont tellement pris par leur propre mise en scène qu’ils ont perdu non seulement la pudeur, mais le sens des réalités.

Les journalistes d’Al Jazeera peuvent défendre la cause de l’insurrection armée et de l’opposition syrienne pour des raisons idéologiques ou mercantiles, mais ils ne peuvent faillir à leur devoir d’information ni à la déontologie du journalisme en temps de guerre. Ils ne pourront jamais échapper, dans ce monde et dans l’autre, à leur responsabilité dans la Fitna et dans l’effusion de sang.

L’Islam Jihadiste ou l’Islam politique  aux mains des Bédouins arabes et de voie médiatique du Qatar  ne pourra jamais déboucher sur autre chose que la criminalisation et la mise en échec de l’éveil musulman. Les purs produits de l’Empire anglais et les purs vassaux du sionisme et de l’impérialisme américain ne peuvent mener leur mensonge éternellement et effacer la conscience arabe et musulmane. Personne ne sait quand et comment ils seront balayés de la surface de la terre, mais la majorité s’accorde à dire que leur nuisance a trop duré. Si les Arabes et les musulmans ne voient pas comment Al Jazeera a mené les péripéties des Frères musulmans à la confusion puis à la persécution qu’ils s’attendent donc de suivre le même sort.

Al Jazeera pourrait continuer de mentir, mais il suffit que nous prenions conscience des deux sources véritables de nos malheurs structurels et de ne pas focaliser sur le conjoncturel du régime syrien et de l’usage vrai ou faux du chimique pour nous libérer de la propagande :

– Le moi, le notre,  arrogant et ignorant;

– L’Empire et le sionisme en cours d’achèvement historique…

Positions de principes sur la Syrie

Profitant des contradictions internes de l’Empire qui donnent des moments et des espaces de questionnements avant l’inévitable, j’ai procédé à mon mea-culpa sur la Syrie. Je n’ai pas soutenu un régime, mais j’ai refusé l’agression impériale et sioniste contre un pays arabe et musulman. Je ne suis pas opposant à l’Islam, mais je refuse de cautionner  le comportement infantile et belliqueux des mouvements dits islamiques  qui mènent  à la confusion et à la subversion. Je profite de ce répit pour mettre de l’ordre dans mes articles et créer un dossier Syrie.

Je constate que depuis la « révolution » tunisienne j’ai eu la présence d’esprit de voir comment l’Empire et le sionisme avaient pris en charge intelligemment les révoltes populaires, avaient joué de l’affectif des mouvements islamistes et de leur haine envers les régimes despotiques, et avaient manipulé les éradicateurs et les vassaux arabes rivaux entre eux, pour conduire les Arabes vers le chaos en Libye, en Egypte et en Syrie.

L’Algérie était depuis longtemps déja mise KO au sens propre et figuré.

La Syrie, le Hezbollah et l’Iran étaient dans le collimateur. La Syrie est le dernier bastion de la résistance arabe qui de surcroît assure la logistique des  résistances populaires en Palestine et au Liban qui ont triomphé des agressions militaires. Bien entendu il y’ a d’autres raisons dont la plus importante dépasse la Syrie et l’Iran : l’Empire détruit les possibilités d’éveil de la civilisation islamique que promettait le retour des Arabes à la religion. Ne pas voir l’Euroasie et la géopolitique du pétrole dans les stratégies impériales et se focaliser exclusivement sur une divergence entre Sunnites et Chiites ou entre le régime syrien Nosayri et laïc et les Djihadistes islamistes c’est vraiment faire de la manipulation qui ne travaille ni la paix ni le triomphe de l’Islam. L

e bricolage idéologique et politique du pseudo Kalifat islamique ou de la Dawla islamique avec ses déroutes en Tunisie, en Egypte et sa Fitna en Syrie et en Libye est tellement évident que nous nous attendions à un effort salutaire de questionnement, mais force est de constater que la Sahwa islamique ne repose que sur la  fascination du bavardage  et l’inertie des esprits qui continuent de pratiquer la fuite en avant.

Ma grille de lecture n’a pas changé : je vois l’Islamophobie en oeuvre et je vois les dix commandements US à l’oeuvre. Ils s’appliquent sur nos défaillances et nos lacunes, et surtout sur les pygmalions que l’ignorance des peuples et la rationalité de l’Empire ont su installer comme des idoles sur les tréteaux de la boulitique, sur les minbars des mosquées et sur les hauts rangs de l’Administration et de l’armée comme des Moufsidines qui corrompent tout ce qu’ils touchent sans jamais réparer ni réformer.

En faisant le ménage je retrouve des éléments anciens, mais d’actualité pour comprendre l’horreur de ce qui nous arrive et la part de responsabilité des élites musulmanes et à leur tête Qaradhawi. Il est vrai que j’avais écrit plus que par dépit et par colère que  je trouvais ses positions insensées et ruineuses. Ce que je dis je le prouve.

Le nouveau dossier sur la Syrie contient beaucoup d’articles qui viennent remplacer ceux que j’avais effectué sur la Tunisie et la Libye lesquels  se sont avérés cohérents et crédibles. Ici je remets à l’ordre du jour les contradictions et les reniements des principes par  Qaradhawi lui même, le refus de la Fitna que chaque musulman doit avoir devant les yeux s’il craint l’Enfer,  ainsi que quelques objectifs de la guerre contre la Syrie :

L’appel de SalahEddine à l’arrêt de l’effusion de sang en Syrie : le texte

L’appel de SalahEddine à l’arrêt de l’effusion de sang en Syrie : la vidéo

Qaradhawi : Pourquoi ce reniement ?

Al Qaradaoui : la parution des groupes de violence

Le rapport de la Mission d’observation de la Ligue arabe en Syrie Les principaux enjeux en Syrie

L’ensemble du dossier sur la Syrie ici

Abou Amama et la future dernière guerre de l’Empire.

Effet brownien ou chute de potentiel ?

Dans Fitna, j’ai répondu par des détours coraniques sur l’instrumentalisation géopolitique de l’usage criminel des armes chimiques qui d’ailleurs était attendu depuis longtemps. La Fitna et la guerre programmée sont en oeuvre depuis trop longtemps pour débattre du droit, de la justice et du désastre que les Américains risquent de causer au peuple arabe et musulman syrien. Il faut suivre tous les fils et tous les indices pour tenter de voir un peu de lumière dans la confusion  et la méchanceté qui dominent le monde.

Dans Tayhoudite, Takloubite et Takharbite j’ai évoqué les questionnements sur le Hezbollah et l’Iran en cas d’agression américaine sur la Syrie sans y répondre. J’ai évoqué aussi l’effet brownien ou la logique de l’entropie dans la thermodynamique et dans la génétique qui à partir d’un désordre  dans un corps nourrit la faculté d’adaptation pour en devenir fatalement la loi imposant ses règles et ses conclusions. L’Empire en jouant sur le chaos organisé chez les autres est devenu lui-même prisonnier de sa logique chaotique qui est en train de le mener vers sa ruine. Il faut suivre les méandres tortueux pour trouver un fil conducteur qui pourrait déboucher sur le sens caché de l’absurdité de cette guerre et  ses conséquences qui semblent autant  imprévisibles qu’inéluctables.

Nous avons assisté depuis quelques jours à un crescendo médiatique qui rendait l’agression impériale contre la Syrie inéluctable et imminente. Les Arabes opposés à Bachar Al Assad, les sionistes, les faucons néocons américains, l’Angleterre et la France par leurs médias et leurs diplomates s’en donnaient à cœur joie et à l’unisson tout convaincus que les Etats-Unis allaient rayer de la carte la Syrie au cours du week-end passé. Le silence de l’Iran et les déclarations de Lavrov disant que la Russie n’entrerait en guerre contre personne donnaient du crédit au dénouement dramatique et rapide de la crise syrienne.

J’avais dit qu’il devenait  impossible d’imaginer un autre scénario que la guerre sauf si un miracle se produit en dernière minute. Le miracle s’est produit dans la tête d’Obama en une fraction de seconde prenant de vitesse et à contre coup ses conseillers, ses alliés et son propre système. En effet, le discours d’Obama attendu comme déclaration de guerre et feu vert pour le lancement des missiles a montré un Président américain dans l’embarras qui délègue ses pouvoirs au Congrès américain,  qui diffère l’entrée en guerre, et qui en limite la portée et la durée.

Si la France, pourtant négligée dans l’analyse des médias anglo-saxons et arabes, reste attachée à son cocorico guerrier contre la Syrie, les principaux alliés de la Syrie font volteface par des prouesses « démocratiques » : Canada, Allemagne, et Otan. Les monarchies arabes et l’entité sioniste sont douchées et redoublent de haine et d’aboiement ayant peur de ne pas voir leur agenda se réaliser. L’allié traditionnel, l’Angleterre avait déjà fait volteface à la surprise de tous. L’Empire anglais semble  montrer de nouveau la voie à son héritier et maitre américain.

Que s’est-il passé pour chambouler tous les calculs et tous les pronostics ?

Il semble que la machine de guerre se trouve confrontée à des problèmes internes et externes.

Sur le plan interne :

Sur le plan interne il y aurait un jeu de pouvoir qui est en train de laminer l’Empire déjà fragilisé par ses crises financières, économiques, morales, militaires qui le rendent incapables d’affronter les conséquences d’une nouvelle  guerre dont nul ne prévoit les aboutissements. Toutes les options ne font pas l’unanimité et chacun devra payer le prix politique de son refus ou de son soutien à une option dans une Amérique qui a perdu tous ses repères, mais qui se trouve aspiré par le désordre qu’elle a généré dans le monde sans perspective  de sursaut. La fin de l’Empire est en marche. J’espère avoir le temps de faire une comparaison entre le repli de l’empire britannique des colonies et sa fin, entre le suicide collectif des élites romaines et la fin de l’Empire romain, entre les hésitations d’Obama et la psychologie du pharaon d’Egypte face à Moïse tel que le Coran nous décrit le personnage et  le processus de son effondrement ainsi que de son système.

L’Empire est prisonnier de sa propre puissance qu’il ne contrôle plus et d’une logique d’auto destruction qui le dépasse qui le rendent incapables d’apporter des réponses convaincantes sur ses objectifs de guerres et leurs conséquences après qu’il ait mené la planète vers l’inéluctable de la confrontation en Syrie. Ainsi il se trouve dans la position de l’âne de Buridan pour ne pas dire dans celle du roi Midas aux oreilles d’ânes :

  • Action militaire ponctuelle et limitée qui laisserait le régime en place et une recomposition de la région avec les Russes et où chacun trouverait un semblant de victoire. L’armée impériale, par sa culture et ses moyens, n’est pas dans ce deal. Elle va en guerre ou bien elle n’y va pas pour des considérations purement techniciennes de stratégie et de tactique militaire, même si formellement elle obéît aux ordres du politique. Il est difficile de voir l’armée impériale se comporter autrement qu’au Vietnam, en Irak, en Afghanistan…
  • Action militaire et ponctuelle qui laisserait l’Arabie saoudite et ses mercenaires prendre le contrôle de la Syrie et livrer bataille au Hezbollah et à l’Iran sur le sol syrien avec un chaos qui mettrait en péril les intérêts et les vassaux de l’Empire en récession. La crise de la NSA avec les révélations Snowden montrent que l’Empire ne peut plus maquiller les fausses preuves, ni entrainer son armée sur de fausses pistes, ni impliquer les Etats sur des projets inconséquents. L’Empire est en perte de vitesse, en déficit de crédibilité, en otage de son hyperpuissance informationnelle et médiatique
  • Action militaire totale  que l’armée américaine ne veut pas mener car elle n’a pas les moyens d’occuper la Syrie. Aucun politicien américain n’est capable de donner à cette armée les moyens colossaux qu’elle réclame et encore moins lui donner la caution morale, politique et juridique. Même si le système s’est piégé en disant qu’il pouvait se passer de la communauté internationale et du Conseil de Sécurité de l’ONU, il ne peut pas se passer de ses alliés pour une guerre longue et difficile. Il n’y a que l’entité sioniste et les Arabes imbus de l’arrogance que leur donne argent, stupidité et culture de nuisance qui ne semblent pas voir l’expression d’Al Moutanabi : «  les vents ne soufflent pas au gré du voilier »

Sur le plan externe :

Sur le plan externe, beaucoup de choses se sont passés :

1 – Le Hezbollah tient son cap et fait preuve de capacités d’adaptation déroutante qui le rendent, contrairement au scénario prévu, présent et efficace en Syrie, au Liban et face à Israël. Israël  constate à sa surprise non seulement de plus grand  signes de résistance, mais des possibilités offensives, qui ont déjà fait effondrer le front psychologique de la population pourtant militarisée.

La machine médiatique sioniste avait fait emballer la machine de guerre occidentale en disant que Hassan Nassrallah s’est engagé auprès du Président libanais et de ses alliés libanais de ne pas faire exposer le Liban à une nouvelle guerre et donc de ne pas porter atteinte à Israël. Le silence prolongé de Hassan Nassrallah qui a l’habitude de se prononcer a intrigué les experts qui ont compris tardivement qu’il n’est ni dans les traditions, ni dans la politique ni dans l’éthique du Hezbollah de chercher à épargner Israël et encore moins de s’engager à l’épargner.

Personne n’ignore les déplacements de personnalités occidentales pour s’enquérir de leurs intérêts et de leur place au Liban selon que le Hezbollah fasse le mort, qu’il soit mort devant l’Empire et le sionisme ou qu’il se réveille s’opposant à eux. Personne n’ignore les voyages de Fillon et son refus de cautionner la guerre au Liban et en Syrie. Il sait que les conditions nouvelles ne sont pas celles  de la Libye de Kadhafi.

 2 – Les Iraniens, par leur différents commandants de forces, ont fait savoir, par un effort de communication intense et habile, aux Américains et aux Européens, qu’ils refusent n’importe quel scénario et n’importe quel arrangement et qu’ils resteraient au côté des Syriens. Si le détail de la riposte iranienne est caché, les Iraniens ont fait connaitre au monde entier leur engagement, leurs cibles et les conséquences probables dans la Région.

3 – Les Brigades Al Qassam et la résistance palestinienne armée ont fait savoir qu’elles s’impliqueraient activement et durablement dans le conflit.

4 – Le Président syrien n’a fait aucune concession et se montre déterminé à se battre et à endurer les frappes avec la possibilité de ripostes. Al Jazeera, comme à son accoutumé, fait état des défections dans les rangs  des généraux et des soldats de l’armée syrienne.

5 – Poutine, ancien chef du KGB, semble avoir manœuvré habilement. Il a laissé son chef de diplomatie tenir un langage pacifiste qui a été interprété comme un aveu d’impuissance, alors que politiquement et militairement il appuie l’armée syrienne, et médiatiquement il se moque des mensonges et de l’arrogance occidentale. Le matériel de transmission débarqué en Syrie et la marine russe présente avec plus de moyens et de signes guerriers près des côtes syriennes indiquent une présence militaire russe. Les positions russes en faveur de la Syrie  rappellent ses positions en faveur de  Cuba contre l’Amérique et du  Canal de Suez contre la France et l’Angleterre.

6 – La Chine et la Russie n’ont pas cédé au Conseil de Sécurité et rien n’indique qu’ils vont céder. Il y a une bataille qui dépasse la Syrie : c’est la fin de l’hyperpuissance, c’est la fin d’un monde unipolaire. Les pays émergents ont vu les nouvelles possibilités et y ont cru : ils s’impliquent. Les Pays arabes et musulmans ne voient pas comment le centre de gravité du monde se déplace, car ils sont sans projet d’implication, d’émancipation. Certains  resteront en marge de l’histoire, d’autres en sortiront humiliés et maudits, car ils auront financé la Fitna dans leur aire civilisationnelle et ils auront financé les derniers souffles de vie d’un Empire agonisant.

La diplomatie, les médias et le renseignement russe ont remporté une victoire contre l’Occident en montrant les faux américains, anglais et français fabriqués à partir des montages sionistes et arabes. La France officielle et la France médiatique continuent  sa casuistique en proclamant le secret de Polichinelle : « l’usage des armes chimiques en Syrie » alors que la raison de guerre demande de désigner l’usager.

7 – L’ONU, chambre d’enregistrement et boite de résonnance de l’Empire, demande un délai pour ne pas perdre le peu de crédibilité qui lui reste encore. Rien ne dit que les conclusions des experts iront dans le sens désiré par l’Empire.

8 – Même la ligue arabe n’a pas donné mandat malgré que la majorité de ses membres soit contre la Syrie et que ces derniers sont parvenus à faire condamner le régime syrien.

9 – La dernière couverture, religieuse, celle d’Al Azhar, vient de se prononcer contre l’agression. Dans les jours à venir nous allons sans doute assister à une entrée en scène des communautés musulmanes sunnites et chiites pakistanaises. Les nouveaux dirigeants et les élites religieuses au Pakistan ont de lourds contentieux avec l’armée et l’Administration américaine. Des discussions de paix entre l’Inde et le Pakistan prennent des tournures prometteuses pour les peuples de la région.

10 – Les Chinois, les Indiens, les Russes, les Pakistanais et les Russes ont de grands projets communs et de grandes ambitions pour reprendre en main l’Afghanistan après la débâcle américaine. Lorsque les experts français désignent leur Président actuel de Poire ou de notaire de province ils le font par dépit  intellectuel, par nationalisme  et par le sentiment de ratage qui poursuit la France comme une malédiction post coloniale dont elle ne tente l’émancipation qu’en se vassalisant auprès des USA.

11 – Le double jeu de l’Empire lui a fait perdre le soutien de l’Egypte. Les militaires égyptiens sont confrontés à la gestion du canal de Suez vers qui convergent les porte-avions et les destroyers américains.  Nous avons l’habitude, depuis notre jeune âge, de voir l’armada américaine se déployer dans sa superbe puissance, mais c’est la première fois où nous voyons des contradictions, des hésitations, de la confusion qui annoncent des difficultés qui prennent de l’ampleur rendant l’hyperpuissance de plus en plus fragile et isolée. L’histoire a le secret des paradoxes qu’elle cultive pour prendre d’autres chemins et aller vers d’autres aboutissements.

12 – Le Vatican s’unit à la voix des Chrétiens d’Orient qui refusent à l’unanimité l’intervention de l’Empire en Syrie. Les médias français minimise ou occulte l’information. Elle est pourtant capitale. Le Vatican a joué un grand rôle dans la chute de l’Empire soviétique et du mur de Berlin ainsi que dans les révolutions colorées en Europe. Il a été l’artisan étroit de la CIA dans la guerre froide car l’agenda du Vatican, l’évangélisation du monde, rencontrait celui de l’Empire. L’expérience irakienne, l’expérience serbe, ainsi que le dynamisme des Eglises orthodoxes sous l’impulsion de Poutine rendent le Vatican plus prudent. Les Chrétiens de Syrie, de Palestine, du Liban disent haut et fort leur appartenance au monde arabe et musulman que l’Arabie saoudite et ses hommes de main vont détruire jusqu’à mettre en péril leur culte et leur existence. Le laïcisme intégriste français ne peut comprendre le sentiment religieux.

Par ailleurs la psychologie des hommes marquant l’histoire semble jouer un grand rôle dans le devenir du monde.  Obama et le Pape François nous donnent une autre image que celle de Bush et du Pape Benoît XVI. Bon gré ou malgré ils introduisent des contradictions dans leur propre système comme s’ils étaient pris par des limites qu’ils ne peuvent franchir malgré leur fonction symbolique et malgré les fonctions que leur accorde le système qui les emploie et qui les a choisi.

13 – L’Irak interdit la violation de son espace aérien en cas de guerre contre la Syrie. Exsangue et subissant une guerre civile qui fait plus de 50 morts par jours dans des attentats visant les mosquées et les marchés, les Irakiens savent que leur malédiction portent la marque américaine et saoudienne. La logique d’inversion du régime de terreur leur impose d’apporter leur soutien à la Syrie et à l’Iran.

14 – Il est vrai que les Afghans, à l’instar des Palestiniens, n’ont pas fait preuve de vigilance et se sont trouvés été impliqués dans la guerre en Syrie pour le compte des monarchies et des services anglais et américains. Il est vrai aussi qu’ils portent les mêmes contradictions, les mêmes confusions et surtout les mêmes stigmates que leurs coreligionnaires arabes.  La haine du colonisateur et la vision globale de certains mouvements islamiques afghans leur donnent le sens des priorités. Ce n’est sans doute pas un hasard que les embuscades et les coups de main contre les troupes américaines se soient multipliés et intensifiés.

Rien ne dit que dans un avenir proche  les Iraniens, les Russes et les Pakistanais ne vont pas apporter un soutien plus conséquent à la résistance afghane qui rendra le retrait américain sanglant et humiliant. L’Amérique a la puissance et les moyens, mais son armée est vulnérable par son déploiement dans le monde entier. Le cout en vie humaine et en logistique va devenir lourd à supporter et imposer l’abandon des bases et des colonies comme ce fut le cas pour l’Empire britannique. Obama et l’armée américaine sont peut-être conscients des nouvelles équations ainsi que des limites psychologiques, militaires et financières de leurs appareils de puissance mondiale.

15 – L’OTAN,  l’Allemagne, l’Angleterre, le Canada, l’Italie refusent de participer à la guerre.

Tous ces éléments complexes ne permettent pas objectivement de dire qu’il n’y aura pas de guerre ni de dire que la Syrie a les moyens de gagner cette guerre, mais ils autorisent à dire que l’Empire a perdu de sa capacité à anticiper et à innover. Il est face à une résistance intérieure et à une résistance extérieure qui sont, comble du paradoxe, le fruit de sa politique du chaos, chaos qui se retourne contre lui et qu’il ne pouvait ni voir ni prévoir par l’excès de confiance en son invulnérabilité. Il y a d’autres forces en émergences qu’il a méprisées et comme dit le dicton algérien «  la branche que tu ne vois pas risque de crever les yeux ».

Les mouvements islamiques, focalisés sur la force de l’Empire, ont composé avec lui  ou se focalisés sur lui en restant autarcique, et ainsi ils ont négligé le reste du monde. Ce reste du monde a faussé tous les calculs de la manière la plus inattendue. La guerre est encore loin, renvoyée à une dizaine de jours ou à un mois : l’Empire est déjà prisonnier de ses choix guerriers qui le mettent dans le meilleur scénario dans une posture infernale : « le gagnant sera le perdant ». La guerre ne s’inscrit pas dans le seul  rapport des forces en présence ni dans la comptabilité des systèmes d’armes embarqués dans les airs et les mers.

Guerre intérieure,  guerre extérieure et leurs dommages collatéraux sur la France et les monarchies arabes ?

En attendant de voir la guerre et ses conséquences, nous pouvons faire des anticipations en faisant des scénarios de la guerre que vont se livrer les sénateurs américains à Washington. Pour comprendre l’importance de ce débat sur la guerre à l’extérieur sur la vie politique intérieure de l’Empire il faut se rappeler trois commandements sur les dix commandements américains :

  • L’empire est le produit de la violence
  • L’empire est le paradoxe de la  culture insulaire qui donne préoccupation à sa vie intérieure aux dépens des autres, mais dont la profondeur stratégique est l’intérieur des côtes des autres. La politique intérieure et la politique extérieure sont synonymes. La réussite ou l’échec de l’une aura des répercussions inévitables sur l’autre.
  • Israël : en plus de l’attachement biblique et symbolique, sa sécurité fait partie de la sécurité intérieure des Etats-Unis

Il faut aussi se rappeler que le Congrès américain dans ses deux composantes  « républicaniste » et  » démocratiste » est majoritairement sioniste. Les analystes qui suivent de près la vie politique américaine observent l’émergence d’une troisième voix non sioniste et  non interventionniste avec des chefs de files anti système. La lutte politique et idéologique autour de la guerre en Syrie va opposer non seulement les partis traditionnels, mais le système et l’anti système, les sionistes et les non sionistes, les capitalistes purs et durs et les libéraux sur fond de crise, d’incertitude, de doutes, de confusion sur l’avenir de l’Amérique  et sur les résultats de la guerre dont le questionnement  dépasse le simple alignement patriotique traditionnel derrière le Président. L’Amérique semble se poser la question de la crédibilité et de l’efficacité de sa puissance, sous des perspectives différentes voire inconciliables.

L’Empire doute de l’usage de sa force au point d’entrer en crise. Lorsqu’on parle de crise on parle d’une situation nouvelle où les repères, les hommes, les concepts, l’histoire ne parviennent plus à fédérer une entreprise, un parti ou une nation sur des valeurs communes et des perspectives communes. En général les crises favorisent l’Émergence de l’homme providence qui porte le fardeau et qui incarne le changement. Obama élu pour ce rôle semble pétrifié, hésitant, insondable, incapable de conduire son système à surmonter la crise de confiance en y ajoutant la crise d’autorité.

Même si le système est globalement acquis au changement de régime en Syrie, au soutien de l’opposition armée, il est confus sur la nature et les conséquences de son implication, car il doute de lui-même et de ses chefs. Le débat sera davantage un débat psychanalytique qu’un débat politique. Ce débat, quelque soit l’issue de la guerre en Syrie, laissera des stigmates plus grandes en termes de confiance et d’autorité, donc en termes de crises du système.  Selon que  la crise de légitimité se manifeste avant ou après la guerre les conséquences seront plus dramatiques pour la gestion de la guerre ou pour les conséquences de la guerre.

Dans l’Etat de confusion de cette fin de règne – avec d’un côté des pertes de repères et dans l’autre des idées de changement ou de résistance –  il faut imaginer le débat sur la guerre en Syrie comme un débat sur le niveau de violence attendu de l’armée impériale, sur la sécurité et le devenir d’Israël, sur les désirs des sionistes et des lobbies juifs,  sur la gestion des conséquences politiques et économiques dans le monde arabe et dans l’opinion mondiale.

Le débat sera houleux, idéologique et politique. Il y a tellement de facteurs qui entrent en jeu qu’il nous faut juste nous focaliser sur les extrêmes inconciliables entre :

  • Refuser la guerre contre le Président
  • Mener la guerre au-delà des objectifs du Président.
  • Redonner la main au Président pour qu’il s’assume…

Derrière chacun des choix il y a des luttes idéologiques, symboliques  et politiques très complexes. Quel que soit le choix, il ne fera  qu’accélérer la  décomposition du système en exposant les symboles du pouvoir à la crise de confiance, à la crise  d’autorité, à la crise  de continuité. Les symboles sont l’Administration et l’Armée. Le système ne va pas tomber, mais va aggraver ses crises en y ajoutant la crise de pouvoir, la crise de symbole. Plus que la guerre en Syrie qui semble inéluctable, plus que les conséquences de la guerre qui semblent imprévisibles en termes de gains et de pertes pour chaque partie et pour chaque région, la question majeure est la guerre idéologique et politique aux Etats-Unis. Pierre Grasset –  l’expert français sur les questions de  défense et de géostratégie et fin connaisseur du fonctionnement de l’Empire – avait écrit quelque chose qui doit retenir notre attention : lorsque le ministre de la défense ou le chef d’Etat-major des armées démissionne, il faut lire l’évènement comme un coup d’Etat. La crise est telle que les arrangements d’appareils et les modalités de fonctionnement du système ne peuvent plus se faire poussant les éléments du système à entrer en violence contre le système par le refus de le servir.

Les parlementaires anglais se sont défiés de David Cameroun et de Nick Clegg provoquant une crise du système sur des questions de politique internationale. Le fait n’est pas anodin. Il faut faire le rapprochement entre la culture insulaire anglo-saxonne,  la fin de l’Empire et la fin de la colonisation.

La crise protéiforme  interne et externe ne va sans doute pas épargner la foi des Américains dans les   fondamentaux des Etats-Unis. En plus de ses graves conséquences sur l’armée américaine et sur le pouvoir américain, elle va poser, sans moyens de les éviter, le rapport de l’Amérique à l’entité sioniste, comme elle va poser sans moyens de les éviter les rapports de vassalité à l’Amérique impériale. Ces rapports vont se poser à la conscience des gouvernants et de leur opposition.

Si on fait abstraction des dommages de fond ou des dommages collatéraux que vont provoquer les choix des sénateurs il faut imaginer les conséquences de la guerre en Syrie pour le devenir de l’Empire :

–          Comment  l’Empire et ses alliés vont-ils gérer avec la Russie un processus de paix négociée en Syrie  à la suite d’un éventuel d’une frappe limitée qui sauve le régime syrien et qui sauve les apparences de l’Empire ? Qui s’en sortira le plus renforcé : les Russes et l’axe Eurasie ou les Américains ? La question lancinante d’aujourd’hui sera relancée : comment arriver à la solution politique en Syrie  alors que l’Empire et ses vassaux arabes et sionistes ont refusé.

–          Comment  l’Empire et ses alliés vont-ils gérer le chaos si la guerre prend d’autres proportions et s’impose plus longue et plus complexe que prévu. Le chaos  remettra Israël non seulement au cœur du problème palestinien et au cœur du drame arabe, mais comme un viol historique dans la conscience humaine, un problème récurrent qui empoisonne la paix et la sécurité mondiale. L’Histoire s’accélère et ressemble davantage à un embourbement dans les sables mouvants que dans un Blitz  médiatique et militaire. Même s’il y a Blitz, la bataille de Stalingrad a montré les retournements historiques et militaires. Même s’il y a Blitz, l’invasion de l’Irak a montré son absurdité : aucun objectif de guerre n’est atteint si on ne fait pas de l’entropie une politique en soi.

–          Que va faire Obama si le Congrès lui renvoie la balle ou s’il lui impose d’autres choix : va-t-il confier à l’armée ses prérogatives ou va-t-il devenir l’exécutant de la politique de ses rivaux politiques ? Les termes du discours d’Obama montrent la voie : il va vers la guerre, car la décision est prise ainsi que son calendrier. Pourquoi l’imbroglio formel les confusions discursives ?

–          Que vont  faire Obama  et l’Administration américaine  après le G20 si Poutine, les Pays émergents et l’opinion mondiale leur signifie non seulement leur refus de la guerre mais leur font  endosser de nouveau les responsabilités de l’ensemble des conséquences de la guerre dans le monde ? Obama va aller en guerre, alors pourquoi la différer après le G20 tout en n’attendant pas les résulttsq de la commission de l’ONU sur les armes chimiques.  C’est kafkaïen ! Le gouvernement français va-t-il démissionner lui qui a engagé sa responsabilité de suivre l’Administration américaine (ou plus exactement les médias français emballés par les sionistes) si jamais il y a de nouveaux changements de cap à l’horizon ou lorsque la guerre ne se déroulera pas comme annoncée sur le plan de la durée, du budget et de l’étendue du champ des opérations ?

Pour l’instant les médias français continuent leur pressing après s’être remis de leur effondrement que le discours d’Obama a provoqué. Il y a d’autres effondrements en vue qui les attendent et que ni la haine de l’Iran, ni de Bachar Al Assad, ni de Poutine ne pourrait contenir. Les jours sont comptés même si beaucoup ne voient pas que la guerre a déjà commencé et que nous voyons déjà les avancées et les reculades, les percées et les replis sur le champ politique et diplomatique préfigurant le champ de bataille militaire. Dans ce compte à rebours les USA et la France tentent de gagner l’opinion publique et d’aligner les voix officielles sur l’agenda de l’Empire faisant semblant d’ignorer le spectacle désolant de la réalité historique que le romantisme français a sublimé dans «  le radeau de la méduse ». La partie adverse qui ne veut pas connaitre le naufrage est sans doute à pied d’œuvre pour transformer la plaisance guerrière en déluge infernal selon le dicton algérien « si  la porte d’’entrée est facile à trouver, la porte de sortie sera difficile ». Une chose est pourtant acquise et elle défie tout l’imaginaire rationaliste de va-t-en-guerre dans son évolution : l’isolement du régime syrien.

Depuis deux ans le Président syrien et son système étaient isolé sur le plan arabe et international. Les gens les plus honnêtes tentaient de faire des analyses sur l’Empire et ses vassaux du Golfe, alors que certains hommes de religion refusaient la sédition armée et l’effusion de sang, mais personne ne soutenait le gouvernement syrien. La loi du paradoxe ou de l’inversion a voulu que dès que la décision de frappe américaine contre la Syrie s’est affichée comme inéluctable les soutiens de plus en plus massifs au Président Assad et à la Syrie devenaient apparents à Londres, à Washington et dans les capitales arabes. Personne ne sait comment ce sentiment va évoluer ni comment il va s’organiser, mais il existe et il faut faire avec pour l’analyse et pour la conduite de la guerre et de la résistance à la guerre.

L’opposition armée syrienne et ses commanditaires arabes ne voient toujours qu’ils seront les grands perdants, et ce quel que soit le scénario qui va s’imposer : une logique  politique, frappe limitée,  ou guerre totale. Dans le champ des plus grands perdants il y a bien entendu les néo ottomans d’Erdogan qui vont payer un prix rédhibitoire pire que celui payé par les Frères musulmans pour leur acharnement contre la Syrie dépassant toute logique et toute morale. Je ne crois pas que la Turquie sera stable après les premières victimes des frappes américaines et après les premiers dégâts, même si ce sont des soldats et des infrastructures militaires.

Dans le premier cas ni le peuple ni la communauté internationale n’en fera des interlocuteurs politiques valides ou représentatifs. Ils seront dans la situation du cocu magnifique. C’est le scénario qui a le plus de chance de voir le jour.  C’est un scénario qui peut à court terme donner l’illusion à l’Arabie saoudite et aux GIA internationaux de tenter des offensives sur les positions syriennes  détruites ou affaiblies par les frappes américaines et à long terme générer le chaos. C’est un remake de la guerre Irak Iran que les Etats-Unis et leurs alliés arabes et occidentaux ont fait durer le plus longtemps pour épuiser toutes les ressources de la Région. C’est aussi l’expérience réussie en Libye où les frappes ont ouvert des brèches par où l’opposition a pris le contrôle du pays. C’est un scénario possible, mais difficile vus la configuration du terrain, l’organisation de l’armée syrienne présente dans les villes pour faire face à la guérilla, la présence sur le sol syrien de combattants entraînés du Hezbollah et des Gardiens de la révolution iranienne.

Dans la réalité des faits, le scénario libyen a été tenté et a connu un échec. L’armée syrienne a détricoté les ceintures de l’opposition armée qui ont serré l’étau autour des grandes villes syriennes et tout particulièrement autour de Damas ces dernières semaines qui ont permis au monde entier de connaitre la Ghouta et le rif damasqi et d’attendre la chute du régime syrien annoncée pour début septembre. Mais l’armée syrienne s’est déployée avec intelligence et a remporté une bataille non seulement contre l’opposition armée, mais contre les experts occidentaux, arabes et turcs qui encadraient les combattants étrangers. L’arme chimique et la déclaration de guerre qui fait suite viennent comme  recours dramatique. Pour l’instant, les informations parlent de combats violents et de grandes pertes dans les rangs de l’opposition qui rendent le scénario libyen difficile à mettre sauf s’il y a un effondrement total de l’armée syrienne et dans ce cas nous serions dans le cas de figure de la guerre totale.

Il y aura beaucoup d’effusion de sang, mais à long terme rien ne dit que la région ne va pas enfanter du plan diabolique qui lui a été préparé une  expérience inédite de guerre et une pédagogie de formation de chefs de guerre contre l’Empire et Israël. La région est instable politiquement et rien ne permet d’affirmer quelle sera la future couleur idéologique des futurs gouvernants.

Les Russes et  les Chinois ont sans doute pris en considération  cette perspective, ils peuvent sans intervenir officiellement en guerre apporter du renseignement et de la logistique. Les américains ne sont plus seuls en mer méditerranée.

Dans le second cas, ils sont dans une logique de guerre qui se nourrit de sa propre logique et en leur sein. Ils ne trouveront pas le consensus et le rang unifié pour aller à une table de négociation ou pour gouverner  puisque dans les moments de la guerre ils n’ont pas pu unifier leur rang et avoir un projet de gouvernance. Ils vont se réveiller comme les idiots utiles et les pions que l’Empire a fait avancer dans la conquête de l’échiquier régional sans leur accorder un droit au maigre butin.

Dans le cas de la guerre totale, les équilibres et les curseurs actuels vont totalement changer vers trois configurations qui ne travaillent pas les agendas de l’opposition. Ce sera une  lutte impitoyable que se livreront  de petits seigneurs de guerre sur un territoire ravagé. Sinon ce sera une résistance globale contre l’Empire et ses alliés. Le pire des scénarios sera une guerre arabes contre iraniens ou sunnites contre chiites et là aussi il faut avoir le courage de dire que les arabes et les sunnites sont tellement déchirés et insensés sans projet à long terme qu’ils finiront par entre-tuer dans une guerre de cent ans si ce n‘est pas mille ans. Toujours dans cette hypothèse probable de guerre totale, l’Administration américaine, au delà d’Obama, va perdre toute crédibilité car non seulement elle aura menti au monde d’une manière éhontée et aura affichée au monde que le pouvoir américain est divisée avec toutes les conséquences sur les futures alliances et les contrats stratégiques. Les gouvernants vassaux seront mis à nus devant leurs opinions.

Dans tous les cas l’Empire saura se replier sur ses bases arrière avant d’achever son cycle historique et disparaitre comme les empires des Pharaons, des Perses et des Romains. La fin de l’Empire est  historiquement inéluctable. Nos intelligences et nos émotions sont sollicitées pour voir les signes précurseurs  de cette fin.

Saint Pétersbourg : plusieurs  rencontres

Dans l’attente de la fin proche, mais lointaine  de l’Empire il y a urgence à voir ce que réserve la rencontre directe ou indirecte en Obama et Poutine dans le cadre du délai qu’Obama a fixé pour frapper la Syrie : un jour, une semaine ou un mois. Obama peut être considéré comme symboliquement isolé au G20, mais cela ne changera pas sa position sauf s’il se déjuge ou s’il se passe un événement qui force l’histoire à prendre un nouveau chemin. Il est vrai que l’Empire n’a plus toutes les cartes en main et qu’il nage dans la confusion, mais il est vrai aussi qu’Obama va rencontrer Poutine avec deux cartes en main. La première carte est authentique et redoutable : sa déclaration de guerre à la Syrie. Sa seconde carte est la négociation avec le Congrès américain qu’il peut tourner en chantage internationale.

Obama et son équipe vont donc rencontrer les Russes et leurs alliés avec trois éléments : le principe acquis d’une solution politique négociée en Syrie (Genève 1), la déclaration de guerre, l’accord de principe sur Genève 2 pour formuler et conclure les modalités de Genève 1 avec l’Amérique, cette fois-ci  en position de force. La position russe semble fragile.

Si par contre nous envisageons l’hypothèse que les Russes viennent avec une autre carte d’échange : l’engagement des Iraniens à poursuivre un programme nucléaire pacifique qui sera confirmée par la rencontre à l’ONU entre Obama et le président Rohani lors de la prochaine assemblée générale. Obama a déjà un prix Nobel de la paix qui rehausse le prestige d’une Amérique en faillite. Ce serait tentant pour lui d’entrer dans l’Histoire et de donner en même du répit à l’Amérique dot tous les horizons semblent bouchés sauf celui de la guerre. C’est une hypothèse plausible pour un homme qui n’a plus d’ambition politique à la Maison blanche et qui veut jouer un rôle messianique comme l’a préparé l’établissement civil et militaire pour faire sortir l’Amérique de ses crises  insurmontables.

Ce dernier scénario peut trouver écho aux Etats-Unis où commence à se former une opinion au sein des politiques et des civils qui ont de plus en plus conscience de la faillite de leur système et du rôle néfaste du sionisme qui les entraine plus vite dans le sens de sa chute. Les choses ne sont pas simples, car elles sont en devenir.

La rencontre est complexe, elle ne sera ni celle de la politique classiciste ni celle de l’économie et du commerce. D’une manière informelle et sans la présence obligatoire des intéressés nous aurons la rencontre au sommet entre le Tsar et  l’Empereur, entre les chefs des Eglises orthodoxes, catholiques et protestantes, entre les Musulmans et les Chrétiens, entre les forces émergentes et les forces en épuisement, entre la volonté de domination unilatérale de domination exclusive du monde et le partage des intérêts. Je suis prêt à parier qu’il y aura aussi la question du terrorisme islamique.

Le devenir fait partie du Ghayb qui échappe à l’entendement humain qui pourtant doit conserver sa lucidité et sa capacité de prospective pour assurer sa cohérence, sa survie et son déploiement dans un monde où rien n’est gagné ou perdu d’avance, mais où tout se construit.

L’Amérique est une hyperpuissance que des naufragés en provenance d’Europe ont construite  en tuant certes d’autres peuples, mais aussi en mobilisant leur intelligence, leur travail, leurs territoires, leur temps et leur argent. La Russie se relève de la même manière. L’Iran aussi. Ils parviennent à assurer leur survie et à imposer relativement leurs conditions. Dans ce processus, l’histoire humaine peut décider de mettre sur le compte du terrorisme islamique ce que la civilisation occidentale et ses vassaux arabes et musulmans ont permis et ont voulu. Les Frères musulmans sont en train d’en payer le prix. Ce sera peut-être le nouveau prix que les Salafistes devront payer. Ce sera une pause le temps que l’Empire se refasse une seconde jeunesse ou qu’il s’effondre. Est-ce que la pause va profiter aux musulmans pour repenser le monde ? Est-ce qu’il y aura réellement une pause. Je ne sais pas !

Réajuster à temps le curseur idéologique et politique ou disparaitre et ne pas voir la fin de l’Empire.

Je ne sais pas ce que serait le devenir du monde après Saint Pétersbourg et  après le vote du Congrès américain, mais je sais que la France a bouffé son dernier capital. Je sais aussi que faute de pensée autonome et d’observatoire outillé nous restons prisonniers de la lecture des autres et de leurs actes.

Je sais d’une manière intuitive, à travers quelques indices, que  la guerre qui semble livrée à l’extérieur n’est en réalité qu’une guerre livrée à l’intérieur du système américain et au sein des appareils de l’Empire, car il s’agit de sauver leur pays du naufrage qui les attend.

La doctrine américaine qui semble prendre le pas est celle de Brezinski, celle du Soft-Powerment qui prévoit de se retirer du Moyen-Orient et de laisser les Arabes, les Perses, les Turcs  et les Musulmans s’entre-déchirer. La même doctrine semble vouloir chercher une émancipation de l’entité sioniste.  J’avais écrit un pamphlet sur le salamalec  d’Obama au Caire « l’Antéchrist Abou’âmama, l’Amérique et les mondes musulmans« , il annonçait cet article et les événements qui l’ont suscités un an après

Libéré de ses fardeaux au Moyen-Orient, l’Amérique, une certaine Amérique, imagine sans doute retarder l’échéance de son déclin ou reprendre son élan dans un cadre plus restreint et plus « associatif ».  L’école du soft a sans doute formaté Obama et son « softened strike » préfigurant ainsi un système dans le système dominant américain celui du Hard.  Deux doctrines de guerre, deux luttes idéologiques, deux systèmes de gouvernance qui s’affrontent sur deux projets opposés : continuer à dominer le monde ou vivre les changements du monde. Dans les quatre situations nous sommes dans la posture du dicton algérien «  lorsque les aigles se battent dans les air, c’est les épis dans le champs qui reçoivent la raclée »

La doctrine partiellement appliquée a réussi en Libye. Elle a réussi en Egypte. En Syrie, elle semble trouver ses limites. Les Américains vont-ils donc se replier et se mettre à gérer leurs propres limites ou s’engager au-delà de leurs limites et pousser les autres à sortir de leurs limites.  Nous savons d’après la presse spécialisée que l’armée militaire est opposée à toute idée de guerre dans la région. L’épreuve russe, l’épreuve du Congrès et l’épreuve de la guerre en Syrie vont dévoiler les dessous de cartes.

Nous savons aussi, selon la même presse, que les détracteurs de la version officielle du 11 septembre sont de plus en plus écoutés par les officiers américains. Il est vrai que l’armée américaine est une armée impériale, impérialiste, mais il est vrai aussi qu’elle a une éthique et une doctrine de guerre comme toutes les armées du monde. Une armée peut remettre en cause le système qu’elle sert lorsque l’éthique et la doctrine qui lui donnent raison de porter l’uniforme et d’aller sur le champ de bataille sont mises en péril par les civils qui la commandent.  Le général Hannibal ou le  général Marc Antoine peuvent revisiter notre époque sous d’autres formalismes historiques et politiques si nous prenons la peine de les questionner.

Au moment où je termine la rédaction de cette analyse je tombe sur une information qui rend les choses encore plus compliquées pour Abou Amama dans son projet de réformer le système ou de le maintenir avec ou sans la guerre en Syrie.  La chaine TV de Globo, de Rio de Janeiro, vient de réaliser un scoop déstabilisant le Brésil et le système américain à deux jours du G20 en divulguant, dimanche soir, des documents des services secrets américains livrés par Edward Snowden. La présidente du Brésil Dilma Rousseff a fait l’objet d’espionnage de la part de l’Agence nationale de sécurité américaine NSA/USA. Voici ce qu’écrit  le Point et qui annonce un G20 houleux avec Poutine disposant d’autres cartes à jouer rendant les manœuvres américaines difficiles à éviter le naufrage :

Pour la réunion de lundi, la présidente Rousseff a convoqué notamment les ministres de la Défense Celso Amorim, des Affaires étrangères Luiz Alberto Figueiredo, et de la Justice José Eduardo Cardozo. « Si ces faits sont avérés, ce serait une situation inadmissible, inacceptable, qui pourrait être qualifiée comme une claire atteinte à la souveraineté de notre pays », a réagi dimanche soir le ministre de la Justice José Eduardo Cardozo. Si elle est confirmée, l’interception par les Etats-Unis de communications de la présidente Rousseff « représente une violation inadmissible et inacceptable de la souveraineté brésilienne », a déclaré lundi le chef de la diplomatie brésilienne Luiz Alberto Figueiredo lors d’une conférence de presse, réclamant de « rapides explications officielles par écrit ».

D’autres organes ajoutent que « le sénateur Ricardo Ferraco, qui préside la commission des affaires étrangères du Sénat brésilien a créé une commission chargée d’enquêter rapidement sur cette affaire. »

 Je sais aussi que le G20 de Saint-Petersbourg,  dans la continuité de Durban et  dans le prolongement des axes Eurasie et Amérique du Sud, va contribuer à isoler l’Empire sur le plan économique.  Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud vont annoncer la création d’une banque de développement des BRICS et la création de réserves communes de devises. L’Iran et le Pakistan vont certainement se joindre à ce cortège.

L-emergence-des-BRICS-focus-sur-l-Afrique-du-Sud-et-le-Bresil

 Les pays arabes et musulmans (à l’exception de l’Iran) sont loin de comprendre les enjeux et de s’inscrire dans la dynamique. La meilleure preuve est la gestion des « révolutions arabes » confiée à l’Empire avec toutes les conséquences que l’on sait alors qu’elles avaient le devoir de s’ouvrir au monde et de s’inscrire face à l’Empire. 

brics-g7

Conclusion

1 –  Tout conduit  non seulement vers une guerre totale en Syrie, mais vers une confrontation globale dans la région. En effet :

– La Turquie veut  ouvrir des lignes de front terrestre et envahir la Syrie ? Erdogan a fait du régime syrien et de Bachar Al Assad un problème personnel et s’est placé dans l’irrationnel. Le peu de rationalité lui montre qu’il a fait prendre à la Turquie tous les risques sans rien gagner alors que  l’idée de prendre des territoires, de régler des contentieux historiques et idéologiques s’offre à lui.  Que feront les Arabes ?

– Le Hezbollah sait qu’il est visé par l’agression. Il est déjà engagé en Syrie, et il ne peut que continuer de livrer la bataille pour sa survie et pour la survie de l’axe de la résistance. Il peut attendre et gérer le terrain en Syrie, mais la nature de la confrontation est telle qu’il pointera l’entité sioniste. La nature agressive et opportuniste de l’entité sioniste est telle qu’elle cherchera la confrontation au Liban et en Palestine. L’armée américaine va-t-elle laisser l’armée sioniste seule ou va-t-elle s’impliquer au Liban et régler avec le Hezbollah un vieux contentieux ? Tout laisse supposer une implication active et totale du Hezbollah.

– Non seulement les  Alaouites risquent l’extermination, mais également les  Sunnites  majoritaires dans l’armée, la police et l’Administration eu regard de l’expérience irakienne et de  l’expérience algérienne. Quelque soit la nature, l’étendue et la durée des frappes ils n’auront, avec les Chrétiens, que le choix de la fuite ou le combat pour la survie.

2 – Dans quelques jours nous seront face à  l’heure de vérité.  La question reste posée : quels sont les moyens de riposte de l’armée syrienne? Elle n’a pas les moyens techniques et logistiques d’affronter l’armée américaine sur le schéma des guerres modernes technologiques. A t-elle prévu une riposte adaptée sur d’autres cibles dans la région ? A t-elle tiré les enseignements de la bataille de Bagdad et de Belgrad ? Quelles sont les pertes qu’elle peut supporter et quelles sont les pertes qu’elle peut provoquer dans les rangs de l’agresseur et de ses alliés ?  Quel est le rapport de pertes admissibles pour les deux parties ? Le temps accordé par Obama ne joue ni en sa faveur ni en sa défaveur car la construction des lignes de défense et le maniement de systèmes d’armes sophistiqués ne se réalisent ni en jours ni en semaines, mais en mois voire en années.

3 – Si l’armée syrienne et ses alliés dans la région se sont préparés à cette guerre inévitable et prévisible alors il y a beaucoup de chance que le conflit sur le sol syrien ou dans la région arabe devienne une guerre intérieure aux Etats-Unis  fatale pour l’Empire et ses alliés. Sinon l’Empire ne fait que se donner l’illusion de repousser l’échéance de sa fin dans quelques années :

{Vaincus seront les Romains, dans la terre la plus basse (la plus proche), et après leur défaite, eux, ils (les musulmans) vaincront, dans quelques années (dans 3 à 9 ans). A Allah appartient la décision finale, aussi bien avant qu’après. Et ce jour-là les croyants se réjouiront de la victoire d’Allah . Il fait triompher qui Il veut, car Il est l’Invincible , le Miséricordieux.} Ar Roum

C’est une promesse sans cesse renouvelée si nous savons la lire et la traduire dans la réalité. Il nous faut comme Moussa (saws)  ( voir « Résistance globale  » ) démonter les mécanismes de l’oppression en nous plaçant sur le terrain de la vérité pour dévoiler toutes les supercheries de Pharaon et de ses appareils politiques, économiques, économiques et idéologiques. Je reviendrais sur la personnalité de Pharaon pour y voir les Signes de la fin de son Empire plein de similitude avec l’hyperpuissance américaine.

4 –  Un grand nombre d’Arabes et de Musulmans de la Région savent qu’ils jouent une bataille existentielle que leur imposent l’Empire,  le sionisme et leurs vassaux. Ils sont conscients de cette bataille comme ils sont conscients des siècles de Wahn qui leur montrent qu’il n’y a ni pitié ni respect ni prospérité à attendre d’un système qui les écrase et les humilie. Cette bataille gagnée les fera entrer de nouveau dans l’histoire. Cette bataille perdue ne fera pas changer le niveau de Wahn. La mort n’est pas la fin de la vie, mais le début d’une nouvelle vie et la fin du Wahn. L’équation se présente tout autrement pour l’Empire : leur gain est insignifiant dans l’état actuel ou en devenir du monde, mais une résistance qui met en échec leur plan sera une catastrophe dont il ne se remettra pas car il est déjà avancé dans sa chute et il n’en a pas conscience.

5 – Tout l’artifice médiatique, diplomatique et psychologique consiste à faire croire à l’armée syrienne et à ses alliés que les frappes seront limitées ou graduelles sans objectif de changer le régime et ce jusqu’à obtenir l’accord du régime syrien de négocier en position de faiblesse la solution politique. L’erreur fatale serait donc de croire à une issue négociée et de ne pas riposter vite et fort et de la manière la plus surprenante. C’est ce que nous attendons dès le premier missile sur Damas. L’empire est tellement plongé dans son délire de puissance mélangé à de la confusion et du chaos qu’il ne perçoit plus la logique de chaos qu’il est en train de générer contre lui-même et contre ses alliés.

6 – Dans ce cafouillage général dans cette volonté de guerre inéluctable, et dans l’attente du vote du congrès, nous gardons en vue la loi du paradoxe qui semble intervenir rendant les choses  plus confuses, plus absurdes, et plus imprévisibles, nous devons garder en vue que les canaux de communication entre tous les acteurs sont encore ouverts et que toutes les informations ne sont pas dites et que toutes les cartes ne sont pas abattues. Snowden n’a pas divulgué tous ses secrets, Pharaon Abou Amama n’a pas livré tous les mystères de sa psychologie, les intérêts américains et occidentaux dans la région ne se sont pas encore exprimées du moins dans les médias,  l’Histoire ne s’est pas encore achevée…

7 – Est-ce qu’il est logique de croire que l’armée américaine pourrait  frapper Damas impunément et puisse retourner en paix dans ses bases comme si elle revenait d’une colonie de vacances. L’entité sioniste et la France sont les seuls à se montrer illogiques et empressés.

La résistance palestinienne et libanaise joue sa survie et va se redéployer dans une nouvelle configuration régionale. Le sentiment arabe anti américain, anti sioniste et anti saoudien va ressurgir et exploser de nouveau. Le sentiment slave, humilié en Serbie, va s’exprimer au sein de l’armée et du peuple russe qui ont des traidions.

8 – L’Occident a misé sur Rouhani ignorant qu’il est un des promoteurs et le principal gestionnaire du nucléaire iranien et souhaitait le récupérer après le départ de Ahmed Najad l’infléxible.  Rouhani est davantage ouvert aux russes et Chinois. La rencontre Poutine Rouhani à Saint Petersbourg  placera le curseur géostratégique en défaveur des monarchies arabes et des Occidentaux.

9 – L’industrie miliaire et la société d’exportation de matériel de guerre de la Russie ont l’opportunité et la pertinence de profiter de la guerre en Syrie pour exposer à la demande internationale leur offre sophistiquée en matière de défense nationale. Est-ce que les Russes vont rater cette occasion de promouvoir leur technologie et de gagner des marchés  et laisser les Français et les Américains dominants du marché ?

10 – Le triomphe cynique de la puissance militaire et technologique américaine lors de la seconde guerre mondiale s’est accompagné à ce jour d’un nihilisme moral, d’un désenchantement  et d’une crise de confiance et d’autorité qui annonçaient la fin d’un monde. L’Afghanistan, l’Irak et la Syrie vont apporter dans une sorte de réaction en chaines de malédictions la folie et le suicide de l’Empire.

11 –  L’Occident et le monde arabe, opposants tièdes ou farouches à la guerre et partisans modérés ou intégristes de la guerre, ne s’interrogent que sur les conséquences limitées ou débordantes de la guerre. Rares sont ceux qui posent la question du droit. Comme en Irak, en Afghanistan, en Libye, l’Empire se pose en Syrie comme la norme qui décide du juste et de l’injuste, du vrai et du faux. L’humanité est à un niveau de régression morale tel qu’elle ne peut faire l’économie du chaos qui va renverser l’ordre établi et dont elle paiera la facture pour son indolence.

{Et prenez garde à une épreuve qui n’atteindrait pas uniquement  ceux qui ont été injustes d’entre vous. Sachez qu’Allah punit sévèrement.} Al Anfal 25

Tayhoudite, Takloubite et Takharbite : détruire la Syrie et le monde arabe.

Le dialecte algérien désigne par :

  • Tayhoudite, la nuisance sociale sous les apparences de bigoterie morale ; étymologiquement il signifie faire le Yahoudi qui s’est distingué des Bani Israël en transgressant les Prophètes et en les agressant pour s’émanciper de la loi mosaïque et devenir bigot anarchiste.
  • Takloubite, la ruse et la cruauté de l’hyène face à sa proie ; étymologiquement il signifie faire le vassal et l’opportuniste  en rampant et en haletant comme un chien. Il signifie aussi de s’ancrer dans le monde et de refuser de s’en libérer à moins d’en être violemment arraché comme un koulab (tenailles).
  • Takharbite, la diversion, l’amalgame et la casuistique d’un fauteur de troubles ; étymologiquement il signifie provoquer la mise en ruines (kharba) en mettant sens dessus, en brouillant les cartes.

Ensemble, ils sont le Tchitine c’est-à-dire l’implication, l’activation et l’interaction des processus sataniques subversifs et  destructeurs. Étymologiquement il signifie se comporter comme le serpent arabe du nom de Chaytane connu par sa capacité à se tapir, à se faufiler furtivement et à attaquer à l’improviste en injectant du venin mortel.  Le peuple algérien sait conjuguer le Berbère et l’Arabe lorsqu’il  évoque les intrigues et les efforts collaboratifs du maître colon et du colonisé auxiliaire  pour saper l’identité et le territoire de l’Algérien.

[dropcap]P[/dropcap]rofitant à la fois  de la confusion (Fitna)  qui règne dans le monde arabe et musulman et de la vassalité des Européens, le sionisme et l’Empire tentent de rééditer le « coup » irakien. Ils battent les tambours de guerre et sonnent le glas. Nul n’a les moyens d’anticiper sur l’agenda et les objectifs de guerre, sur  l’étendue du champ de bataille et ses conséquences. Les moyens médiatiques, les moyens psychologiques  et les moyens militaires sont mobilisés.

Cette fois-ci ils font preuve de moins d’imagination pour faire valoir leur « preuves » médiatiques. Il leur suffit de proclamer  leur verbe comme « paroles d’Evangile » pour trouver non seulement les capitales occidentales  et arabes consentantes et les opposants syriens empressés de voir leur pays et leur peuple sous le déluge de feu, mais la bénédiction de savants et d’intellectuels séniles et monstrueux. La hargne de la guerre contre la Syrie semble défier celle menée contre l’Irak.

Il faut être sénile ou monstrueux pour croire que le déluge de feu sur Damas, le Président syrien ou l’armée arabe syrienne va trancher un conflit que les séniles et les monstres ont attisé au lieu de régler par le dialogue, faute d’avoir la patience des Prophètes qui accompagnent la réforme globale. Il faut être un eunuque pour supporter de voir un général syrien déserteur ou un général  arabe qui n’a jamais gagné une guerre ni envisagé d’en livrer une contre l’entité sioniste venir expliquer la précision chirurgicale des frappes de l’armée américaine comme d’autres généraux arabes l’ont expliqué pour occulter le nombre de morts et la destruction en Libye.

Rompant avec la patience et l’effort assidu de la réforme, ils encouragent l’effusion du sang et la dislocation du territoire. Faisant fi de l’interdiction du Prophète (saws) de combattre sous un étendard de confusion (false flag) ils se félicitent de l’intervention de l’OTAN en Libye et appellent de tous leurs vœux  l’intervention américaine en Syrie. Sans culture géopolitique ni culture politique ils participent à la destruction d’un Etat croyant ainsi remporter la victoire sur un régime qu’ils ne sont pas capables de gagner politiquement, idéologiquement et militairement.

Prisonniers de leurs passions et de leur culte idolâtrique du chef ils refusent non seulement de voir l’absence d’arguments religieux, moraux et politiques  du recours à la violence armée dans le verbe des incitateurs à la guerre, mais de voir comment ils déchirent leur pays et répandent le sang des innocents au profit des luttes d’influence que se livrent les Bédouins et les Janissaires pour être les favoris du sionisme et de l’Empire.

Nous sommes plusieurs à avoir demandé depuis des mois des arguments religieux attestant de la véracité des Fatwas meurtrières. Nous sommes nombreux à avoir exposé les arguments coraniques et prophétiques contre le meurtre des innocents et contre la violence armée dirigée contre un Etat constitué dans un pays musulman tant que la Salat est respectée et tant que le Kofr n’est pas Kofr Bawah : flagrant, incontestable, admis par tous.

Nous sommes plusieurs à avoir dit qu’il est injuste et immoral, si on admet le recours extrême à la violence armée contre un gouvernant despote et illégitime, de diriger la violence contre la Libye, le Yémen et la Syrie et de la refuser en Arabie saoudite source des Fitna dans le monde arabe, au Bahreïn où on a assisté à une répression sanglante des manifestants, et en Algérie où un parti islamiste a été réprimé après avoir remporté démocratiquement les élections. En Egypte où la Constitution, l’Assemblée, le Sénat, le Président, le gouvernement, les partis politiques et les médias proches des Frères musulmans sont suspendus et réprimés  personne n’appelle au Jihad. Nous sommes en droit moralement, religieusement, intellectuellement et politiquement de nous questionner sur ce traitement discriminatoire.

Le frère Salaheddine est sans doute celui qui a fermé la porte à toute dérive affective et à toute subversion dès le début en refusant de croire que la révolution arabe née d’un acte de désespoir qui a poussé un jeune homme à s’immoler attentant à sa vie propre vie sacrée puisse ne pas donner autre chose qu’un suicide collectif. Tout ce qui est fondé sur le faux est faux et finit par s’écrouler pour le dommage de tous. Personnellement j’ai montré dans mon livre « Révolution arabe : mystique de l’histoire ou mystification », alors que la « révolution était à son commencement, qu’il y avait des possibilités de libération des peuples arabes, mais que l’inculture géostratégique des élites et l’absence de curseur idéologique allait se transformer en cauchemar et donner l’occasion à l’Empire de continuer à provoquer les césures dans nos géographies, nos mentalités, nos économies et nos politiques.

Qaradhawi qui a appelé au Jihad contre le régime syrien, qui donne caution aux assassinats de ceux qui refusent la Fitna et qui appelle ouvertement l’Amérique à bombarder la Syrie est interpellé par la logique : pourquoi épargner l’Egypte de l’appel au Jihad contre les éradicateurs ?

Pourquoi ce Takharbite qui fait fi de la réalité confessionnelle et de l’interaction sociale et spatiale dans le Cham (Palestine, Syrie et Liban). Une guerre menée par les Croisés occidentaux mettra fin à 14 siècle de vie commune entre musulmans et chrétiens avec des répercussions dont seul le Tchitine connait l’ampleur puisque dans ses plans de Takloubite et de Tayhoudite il prévoit plus tard de venir en aide aux populations chrétiennes après les avoir armées pour les sauver de la barbarie des musulmans. La majorité des Chrétiens d’Orient ne sont ni sionistes  ni occidentalistes. Ils font partie intégrale de la civilisation musulmane et de la culture arabe. Les hommes d’Eglise semblent être plus arabes, plus rationnels et plus humanistes que les docteurs en  Fiqh et en Charia. Les gens du Cham utilisent le terme  » la Kharbata » pour désigner le dérèglement hormonal, l’amalgame des mots, le jeu du désordre des choses. Quel que soit le dialecte utilisé,  les Arabes du Maghreb et du Machreq  partagent les mêmes jeux et les mêmes maux. Il était attendu des élites arabes, politiques, intellectuelles et religieuses, de contribuer à mettre de l’ordre dans la pensée, dans les émotions et dans les mots, mais ils n’ont ni le désir, ni la compétence, ni la vocation.

Pourquoi n’avoir jamais mobilisé des hommes, de l’argent et des tribunes pour soutenir les musulmans réprimés et violentés en Afghanistan, en Birmanie, au Nigéria ? Pourquoi criminaliser  la Chine,  la Russie et  l’Iran lorsqu’ils s’opposent à l’intervention américaine en Syrie alors que la religion, la raison et l’histoire nous demandent de voir la réalité et de prendre position en connaissance de cause et avec équité. Faire l’impasse sur les rapports de forces, sur les intelligences et les contradictions économiques en présence sur l’échiquier mondial n’est pas honnête pour un homme de religion.

Est-il possible qu’un savant musulman ait moins de conscience et redoute moins les conséquences d’une agression impériale sur un pays arabe et musulman que les parlementaires anglais et l’opinion mondiale.  Est-il possible qu’un savant musulman refuse d’écouter les arguments contradictoires et de jouer un rôle de juge et arbitre lorsque la justice est absente alors que la Russie est en train de montrer qu’elle conteste les « preuves » américaines, car elle dispose d’image satellites prouvant le contraire et qu’elle disposent d’informations mettant en cause le renseignement  de l’entité sioniste dans la fournitures d’écoutes amalgamées.

Est-il logique que le Tayhoudisme arabe ne soit pas perçu par les Arabes alors que leurs Tayhoudites se taisent sur la judaïsation de la Palestine par les Beni Yahouda ? Est-il normal d’offrir à l’Empire et au sionisme une paix durable,  inconditionnelle et sans contrepartie alors que la Palestine est vidée de ses terres, de son sang, de ses ressources, de son histoire, alors qu’on offre à la Syrie que la capitulation, la guerre civile et le démembrement ?

Est-il possible que le Takloubisme, ce comportement à la fois de chien enragé qui aboie et qui mord, et de chien sournois haletant en quête de rapine ne soit pas perçu par les Arabes qui vivent dans le Wahn qui les laissent comme des gamelles que tous les chiens galeux convoitent et dévorent ?

 Est-il possible que les experts en Fitnalogie, les docteurs en Takharbite, qui sèment la zizanie, la félonie et la confusion persistent à brouiller les cartes et à inverser les rôles sans que la conscience religieuse ne vienne à se ressaisir pour voir et expliquer le sacrilège commis au nom de la religion et de la liberté.

Est-il possible qu’un savant du niveau de Ramadhan Al Bouti soit assassiné pour avoir refusé de cautionner la Fitna sans que cela n’interpelle les hommes de religion.

Est-il possible que le frère Salah Eddine Abou Arfa d’Al Qods soit humilié et chassé de la mosquée sacrée par des excités se réclamant de l’islam parce que Salah Eddine  a assumé ses responsabilités religieuses en  rappelant aux Arabes de ne pas commettre le sacrilège de verser le sang et en osant dire la vérité qui dévoile les Tayhoudites, les Takloubites et les Takharbites dominants le monde arabe. N’est-il pas urgent d’apprendre à dialoguer et de consentir à dire et à écouter tant la parole n’incite pas au meurtre et à la corruption sans que que celui qui parle ne puisse mettre sa vie, sa liberté et sa dignité en périls?

Est-il possible de voir les Arabes et les Musulmans ne pas se réveiller et dénoncer la ligue arabe et l’Association internationale des Savants musulmans  qui non seulement se sont tus, mais qui coopèrent avec l’Empire pour lui donner finances, caution morale et religieuse, territoires, diplomatie, justifications politiques pour détruire les armées et les territoires arabes. Est-il possible que la tyrannie d’un gouvernant et de ses généraux puisse être invoquée pour verser le sang des musulmans, saper leur Etat déjà moribond, et servir les intérêts stratégiques de l’Empire et du sionisme.

Comment comprendre la haine que se portent les Arabes et les musulmans si ce n’est la rencontre entre deux cultures : celle du colonisé et celle du colonisateur qui ensemble tissent la toile idéologique, politique, économique et social du        Tayhoudite, Takloubite et Takharbite.

Comment ne pas voir l’œuvre des Arabes et des imposteurs de l’Islam dans le Tayhoudite, Takloubite et Takharbite lorsque l’Empire se venge du front du refus arabe (Irak, Syrie, Libye et Algérie) contre la normalisation de Sadate avec l’entité sioniste, lorsqu’il agresse l’axe de la résistance, et lorsqu’il sape ce que le Prophète (saws) a béni   :

  • Tabarani rapporte que le Prophète a dit :

« Les Anges d’Ar-Rahman étendent leurs ailes sur la Syrie »

Ceux qui acceptent pour des intérêts partisans et se montrent ingrats devant le sacrifice du peuple syrien à soutenir la résistance libanaise et palestinienne et maintenant encouragent ouvertement ou en cachette l’agression de la Syrie sont des monstres.

  • l’Imâm al-Boukhârî rapporte que Ibn Omar rapporte a le Prophète (saws) a dit :

 « O Allah mon Dieu ! Bénis pour nous la Syrie ! O Allah mon Dieu ! Bénis pour nous le Yémen ».

  L’assistance  lui dit  alors : « Et le Najd ? ».

 Il reprit : O Allah mon Dieu ! Bénis pour nous la Syrie ! O Allah mon Dieu ! Bénis pour nous le Yémen ».

 Ils lui disent de nouveau : « Et le Najd (Est de Médine)? ». Et je crois qu’à la troisième fois il leur dit :

« Dans cet endroit, il y a des tremblements de terre et des séditions. C’est à cet endroit que se lèvera la corne du diable (le fer de lance du mal)».

madinah1

(Le Najd est le territoire à l’Est de la province de Médine couvrant les provinces actuelles de Riyad, Al Qasim et Haïl.)

  • Tabarani rapport que le Prophète (saws) a dit :

« Par Allah, Je vous en conjure par Lui, vous devez vaincre les Egyptiens, car ils seront alors un soutien pour vous et des adjuvants dans la cause d’Allah »

 « Vous trouverez des armées (alliés) : une en Syrie, une autre en Egypte, une en Iraq et une autre au Yémen »

N’est-ce pas que l’Egypte, la Syrie et le Yémen sont sous l’œuvre démoniaque de la sionisation, de la prédation et de l’insenséisme. Je ne suis pas partisan des raccourcis, mais force est de constater que la Fitna en provenance de l’Est de Médine provient de pays et de mouvements œuvrant pour l’Empire et le sionisme. Il suffit de voir la carte du monde et de la projeter dans les temps passés et dans les temps présents pour voir les facteurs se conjuguer depuis des siècles pour détruire l’arabité et l’islamité comme l’avait prédit le Prophète (saws) :

« La fitna viendra de l’est »

 madinah12

Qui  cherche donc  à allumer le feu de la Fitna entre Sunnites et Chiites et entre Arabes et Iraniens, et à détourner la communauté musulmane de ses problèmes majeurs alors que la même carte de géographie et la même histoire impériale anglo-saxonne nous montrent les mêmes  pays et les mêmes régimes façonnés par le satanisme, la cupidité, et la stupidité.

Les divergences doctrinales, idéologiques et politiques internes au monde arabe et au monde musulman ne permettent à aucun Arabe et à aucun Musulman, sous n’importe quel prétexte et sous la conduite d’aucune figure charismatique faisant autorité médiatique ou religieuse, d’accepter l’effusion de sang ou le chaos, lorsque la religion et les impératifs géostratégiques désignent le crime,  le criminel, son commanditaire  et ses complices.

Quelles les sont donc les motivations qui facilitent le Tayhoudite, le Takloubite et le Takharbite si ce ne sont les prétentions à se croire le meilleur rendant licite le sang sacré, les cupidités qui convoitent, et des confusions qui font perdre les repères religieux, moraux et nationaux. Notre Prophète (saws) qui nous a expliqué les petits et grands  détails pour ne pas nous  laissés sans cap et sans sens devant les partisans de la sédition et de la subversion :

Abû Saïd al-Khudri (ra) a dit :

«  Nous étions une fois en présence du Messager de Dieu  alors qu’il était en train de diviser l’aubaine de guerre. Dhu-l-Khuwaysira, un des hommes de la tribu de Tamim, s’approcha de lui et lui dit : « O Messager de Dieu, sois équitable ! ». Le Prophète répondit : « Malheur à toi ! Qui sera équitable si je ne le suis pas ? Tu es bien perdu si je ne suis pas équitable ! ». ‘Umar (ra) dit : « Messager de Dieu ! Permets-moi de me battre avec lui pour que je lui coupe la tête ! ».

Mais il dit : « Laisse-le, car il a aussi des compagnons ; et l’un de vous pourrait détester de faire sa prière en leur compagnie, ou de jeûner en leur compagnie. Ils prononcent le Coran, mais il ne va pas au-delà de leur clavicule. Ils passent à travers la religion comme une flèche passe à travers sa cible ». Abû Saïd continua : Je jure que j’étais présent lorsque ‘Ali ibn Abi Talib lutta contre eux. Il ordonna de ramener cet homme »

Dhu-l-Khuwaysira, est l’emblème personnifié de la Fitna, laquelle peut prendre des formes institutionnelles (pays, parti politique, groupe sectaire). Dans ce Hadith on voit les principales causes qui alimentant la Fitna autorisant le sacrilège :

  • Se considérer plus pieux, mieux informé et plus digne de servir l’Islam que ne l’est le Prophète lui-même. Cette psychologie mégalomaniaque et ce zèle bigot font plus de tort à la communauté musulmane que Satan lui-même. Les savants de la Fitna et leurs vassaux ne donnent ni argument religieux, ni argument moral ni argument politique ou géopolitique, ils se contentent de se poser comme parlant au nom de Dieu comme s’ils étaient dépositaires de  Sa Parole ou des  Justiciers exécutant Son Décret. Dhu-l-Khuwaysira se prétendait plus équitable et plus savant de l’équité que le Prophète. Le Prophète (saws) a annoncé les malheurs et la perdition qu’une telle prétention réaliserait tant au sein des illusionnés qu’au sein de la communauté.
  •  Omar exprime la conscience de la communauté qui doit couper la tête de la Fitna si elle ne pas veut en devenir otage.
  • Ali est leur victime. La nation musulmane fournira des victimes parmi ses plus illustres fils tant que l’ensemble de la communauté restera divisée et en proie aux séditieux qui imposent leur loi et leur idéologie. Le monde musulman et le monde arabe tout particulièrement sont otages de la bigoterie savante et infantilisante.
  • Le Prophète a décrit leur religiosité sans humanité et ses conséquences afin que la communauté ne soit pas otage des apparences et des discours qui instrumentalisent la religion et qui manipulent la crédulité.
  • Le facteur déclenchant est l’aubaine de guerre. La cupidité, la convoitise, la prédation se rencontrent pour désacraliser les valeurs sacrées et rendre nulle et non avenue la parole d’un Prophète même si cette parole est évidente.
    • Nous ne pouvons ignorer les énormes moyens financiers mis en œuvre pour la Fitna dans le monde arabe. Les Arabes stupides se sont empressés d’annoncer la manne qui donne légitimité au coup d’Etat en Egypte. La stupidité la plus grande c’est de voir le gourou des Frères musulmans se préoccupés davantage de la haine des Arabes et des sionistes contre Bachar Al Assad et ne pas voir que les haineux sont en train de détruire son propre pays et qu’ils ont réalisé un coup de maitre en créant de la Fitna en Egypte, en Libye et en Tunisie pour agresser militairement la Syrie. L’Empire et le sionisme n’ont pas oublié le rôle de la Syrie dans leur défaite face à Gaza et dans l’équilibre de la terreur que le Hezbollah a réalisé par l’équation  « Beyrouth /Tel-Aviv ».
    • Nous ne pouvons ignorer les enjeux stratégiques du pétrole et du gaz : les découvertes en Syrie et le transport des hydrocarbures russes via la Syrie.
    • Nous ne pouvons ignorer la manne financière que les Arabes n’arrivent pas à gaspiller dans l’achat de joujoux immobiliers et militaires et que l’Empire capte à son profit et fait dilapider pour laisser les futures générations arabes sans perspectives de développement.

Tayhoudite, Takloubite, Takharbite, et Tchitine œuvrent pour que  chaque clan arabe se fasse voir un ange à magnifier et glorifier, mais présenter les autres comme des démons à blâmer et à éradiquer, alors que la situation est plus complexe sur le plan social, politique, idéologique, et historique. La seule démarcation est géostratégique, pour ou contre l’Empire et le sionisme, pour ou contre la prise en main de la société arabe de son devenir moral, religieux et politique, pour ou contre l’Islam dans sa vocation originelle de libérateur et de civilisateur, pour ou contre  l’indépendance politique et économique, pour ou contre le dialogue et la solidarité des peuples.

Le manichéisme simpliste et infantile ne sert ni la vérité ni les peuples. Il sert Satan, l’Empire, le sionisme et leurs liges.

Il ne s’agit pas d’être pour ou contre un dictateur, contre un parti, ou contre une armée, mais de refuser l’agression d’un pays par une coalition impériale. Allah a promis qu’il ne donnera jamais suprématie des mécréants sur les Croyants, ni des injustes sur les justes. Si les Croyants sont défaits intérieurement ou extérieurement ils doivent chercher les causes de leurs malheurs autrement qu’en se focalisant sur la quête de pouvoir comme si le pouvoir était leur totem ou leur fétiche. Les jours à venir vont dévoiler l’ampleur des dégâts que la quête du pouvoir à n’importe quel prix et dans n’importe quelles conditions a occasionné dans les mentalités, les mœurs, les économies et les géographies. J’implore Allah de protéger la Syrie et le peuple syrien d’une Fitna plus grande que celle qu’ils subissent actuellement.

Si jamais l’Etat syrien s’effondre alors imaginer comment les rivalités des pervers du Qatar et de l’Arabie saoudite vont se transformer en horreur sur le sol syrien. A moins d’un miracle ou d’une guerre mondiale,  il est difficile d’imaginer comment un petit pays avec 9000 missiles sol air et 4000 batteries antiaériennes, encerclé, sans continuité géographique avec son allié iranien peut trouver les ressources pour résister contre une coalition infernale qui a la maîtrise totale de l’air et de la mer et qui ne va sans doute pas livrer bataille au sol ni tenter de l’occuper et donner ainsi à la résistance nationale et régionale l’occasion de lui infliger de lourdes pertes.

Syrie

L’Iran n’a pas d’autre alternative que de frapper les territoires arabes, mais pour quells résultats et pour quelles conséquences. Est-ce que le Hezbollah peut supporter tout seul l’effort de guerre dans un Liban en proie à la Fitna. Tous les pays de la Région ont été conduit  sur un volcan de Fitna, de Takharbite, de Takloubite et de Tayhoudite, pour être neutralisés. Il n’y a pas de complot, mais la démonstration de la faillite des militaires et des civils, des gouvernants et des opposants, des islamistes et des non islamistes qui n’ont ni la morale ni l’intelligence de ne pas voir au delà de leur intérêts immédiaits.

La partie n’est pas encore jouée et le Tchaytine ne se réalise jamais comme prévu, lorsque l’on sait qu’un pet de moustique ou qu’un battement d’ailes de papillon peut provoquer une tempête dans l’océan, dans la mer, dans les terres, dans les airs ou dans les esprits. Il y a une loi statistique sur l’entropie de ce qu’on appelle le mouvement brownien, le mouvement chaotique, qui devient générateur de sa propre dynamique jusqu’à faire oublier par qui, par quoi et comment il est arrivé à ce stade de chaos. Le Takharbite entretenu depuis trop  longtemps est comme le mouvement browinien, il est une seconde nature qui va entraîner dans son sillage les intelligences impériales, sionistes et vassales jusqu’à la  confusion ultime ne voyant ni la finalité de leurs objectifs ni l’issue de leur épuisement et de leur fin qui sera dramatique car imprévisible et soudaine.

S’il y a doute il faut juste voit comment les dominants ont introduit le mouvement brownien observé dans la thermodynamique vers la finance internationale puis ont subi ses ravages sans avoir prise sur ce mouvement. La force impériale et sioniste est entrain d’activer ce phénomène à l’échelle des pays et ce mouvement de désordre programmé finira par n’obéir à aucune logique programmatique sauf la sienne qui engloutira ses auteurs. Le désordre planifié qui échappe à ses auteurs pour les ravager est une imposition historique que le destin exécute par des voies impénétrables et imparables. Qaradhawi avait promis de présider la prière à Damas, il se démène comme un sénile. Les Frères musulmans avaient ouvert les frontières égyptiennes du Jihad contre la Syrie, ils se retrouvent persécutés et emprisonnés.  Obama avait compté sur Camroun et ils se retrouve avec Hollande impuissant à gouverner la France.

Il y a  sans doute une réaction de l’Iran, du Hezbollah, de l’Irak et de la Russie planifiée pour avant, pendant et après l’agression. Personne n’en connait le contenu et la configuration spatiale et temporelle. Il est donc inutile de spéculer. Lorsque les Russes disent qu’ils ne veulent  être les ennemis de personne,  les spéculateurs leur font dire  Russes qu’ils ont abdiqué alors que peut-être ils ont voulu  sous-entendre qu’ils continueront de soutenir le régime syrien sur le plan logistique, diplomatique et informationnelle. Chacun y va de sa manière de broder l’écriture du monde. L’expérience a montré que Hassan Nassrallah est un homme lucide, compétent et crédible. Il ne manquera ni de s’exprimer ni de réagir. Il sait que c’est la résistance à l’Empire et au sionisme qui est visée au delà de la Syrie. Le HAMAS a perdu le cap lorsqu’il a laissé l’esprit partisan prendre le dessus sur les considérations stratégiques et tactiques

Nous implorons Allah le Maître des univers de nous donner un peu d’espoir et de montrer les Signes à l’Empire comme Il les a fait voir à Pharaon et à Hamana avant de les prendre de la manière la plus inattendue et la plus imparable.

Dans l’espoir qu’Allah fasse éteindre les feux de la Fitna et de la guerre et qu’on puisse entamer une réflexion sérieuse sur les signes de la fin de l’Empire,  du sionisme et de leurs vassaux. Il faut le faire car Allah (swt) nous a dévoilé les stratagèmes du Chaytan et l’expérience nous a enseigné comment finit le Tchitine.

La Fitna : sa réalité passée et actuelle dans le monde arabe 2/2.

[Partie 1/2] [Partie 2/2]

fitna00

 {Ils t’interrogent au sujet du combat durant le mois sacré. Dis: « Combattre en ce mois est un vrai sacrilège ! Mais éloigner les hommes de la cause d’Allah, Le renier,  et détourner les fidèles de la Mosquée sacrée,  expulser ses habitants, tout cela est un sacrilège plus grave encore au regard d’Allah ». La subversion est plus grave que le combat. Et ils  n’auront de cesse à vous combattre tant qu’ils ne vous auront pas détournés de votre foi, si toutefois ils y parviennent. Quiconque d’entre vous qui apostasie de sa religion et meurt tout en étant renégat : alors ceux-là sont vaines leurs actions dans ce monde et dans l’autre ; ceux-là sont les hôtes du Feu ; ils y demeurent éternellement.} Al Baqara 217

[dropcap]L[/dropcap]’Islam et les coutumes arabes se rejoignent sur un principe : le respect de la sacralité de la parole donnée, de certains lieux et de certains moments. Il s’agit d’assurer des opportunités et des pertinences  pour apaiser les tensions et renouer le dialogue entre belligérants. Il s’agit aussi de donner aux civils la possibilité d’assurer leur existence. Il s’agit aussi de rendre la guerre plus économe en vies humaines. C’est un sacrilège de transgresser ces principes. Nous avons vu dans le monde arabe, de l’Algérie jusqu’à l’Egypte en passant par la Syrie, comment les éradicateurs, les tenants du tout sécuritaire, et les agents de l’Empire et du sionisme conjuguaient leurs volontés et leurs efforts pour interdire tout dialogue et tout arrêt de l’effusion de sang. Plus le sang coule et moins il y a de passerelles de dialogues et bien entendu plus la subversion se généralise et s’intensifie et plus les conséquences de la guerre sont désastreuses non seulement pour les belligérants, mais pour l’ensemble de la nation.

Il s’est  trouvé qu’un chef d’expédition militaire désigné par le Prophète (saws) pour défendre une position s’est trompé de date et a engagé le combat contre un détachement d’idolâtres. Les Arabes païens de la Mecque avaient suffisamment de poètes, d’argent et de prestige pour mener une campagne médiatique contre le Prophète afin de la déconsidérer aux yeux des opprimés et des faibles retenus à la Mecque.  La guerre idéologique et psychologique voulait montrer les adeptes de l’Islam comme des meurtriers et des  transgresseurs tout en provoquant la zizanie dans leurs rangs. Le Coran a tranché la question en prenant la défense des opprimés et en montrant que le sacrilège le plus grand n’est pas dans le meurtre commis par erreur d’appréciation militaire, mais dans la subversion qui a présidé à la guerre et que tout le monde connait : la persécution des musulmans.

Le terme Fitna signifie dans ce contexte à la fois la subversion et la persécution qui ont conduit les Croyants à se défendre par les armes après avoir été expulsés de leurs demeures et spoliés de leurs biens pour avoir proclamé leur foi et défendu leur droit à croire en Allah (swt) et suivre Son Prophète (saws).

L’analyse historique et l’étude sémantique avec ses subtilités lexicales et ses tournures grammaticales montrent la manipulation et la subversion dans la diabolisation de l’adversaire. Dans les temps présents nous voyons comment les résistances palestinienne et libanaise sont présentées comme des organisations terroristes, comment l’Iran est tenu de renoncer à l’acquisition technologique sous le prétexte qu’il doit fournir lui même la preuve de son pacifisme à la communauté internationale non pacifique, les vainqueurs des élections sont tenus de reconnaître l’interruption du processus démocratique et se soumettre à la dictature, les destructeurs de la Syrie présentés comme des révolutionnaires ou des amis de la Syrie…

Le Coran nous  montre le devoir de s’attacher à la vérité des faits au-delà de l’émotionnel souvent trompeur et de ne pas céder au tapage médiatique facétieux. La puissante médiatique de la subversion peut masquer la vérité pendant un certain temps, mais elle ne peut  détourner le cours de l’histoire qui impose sa loi, sa dialectique et son aboutissement si et seulement si l’homme prend conscience de son devoir de s’éveiller à la vérité et de refuser de se soumettre à l’imposition idéologique :

{Certes, ceux qui sont devenus  croyants et ceux qui ont émigré et se sont efforcé dans la cause d’Allah, ceux-là espèrent la Miséricorde d’Allah; et Allah Est Absoluteur, Miséricordieux.} Al Baqara 218

Il est remarquable de voir que contre la subversion Allah n’utilise pas le terme de Qatala (combattre) mais le terme de Jahada plus large et plus signifiant que lutter. Il s’agit de déployer tous ses efforts dans la limite de ses possibilités objectives et subjectives. Il s’agit de s’efforcer moralement, intellectuellement, spirituellement, socialement, politiquement, économiquement, médiatiquement et militairement s’il le faut et en dernier recours pour mettre fin  à la subversion, à la persécution et à l’injustice.

La réalité des temps présents rappelle celle des temps anciens à une autre échelle de temps et d’espace. Les idolâtres et les hypocrites ainsi que leurs modèles impériaux byzantins et  perses et leurs incitateurs judéo-chrétiens sont toujours là. La différence majeure est que les Musulmans réunis autour du Prophète (saws)  étaient fédérés sur les grands principes de l’Islam : la foi, la justice, la vérité, le savoir, l’unité,  la solidarité sans parler de la constance, de la résilience, de l’endurance devant les épreuves. Ils connaissaient  le sens des Ayat qui leur demandaient le sacrifice de leur vie ainsi que les conditions et les moyens à mobiliser :

{Le combat vous a été prescrit et c’est une abomination pour vous; mais il se peut que vous haïssiez quelque chose et que ce soit un bien pour vous, et il se peut que vous aimiez quelque chose et que ce soit un mal pour vous. Cependant, Allah Sait et vous ne savez pas.} Al Baqara 216

On ne peut militer pour une révolution ou pour une contre révolution si la question de  l’effusion du sang des musulmans échappe à notre problématique. On ne peut ignorer la règle islamique qui dit que ce qui a été fondé sur le faux (injustice) est faux (injustice). On ne peut construire une analyse sérieuse et crédible sur la révolution arabe et ses conséquences sans se poser un instant la question si cette révolution est authentique, juste, crédible dans sa formulation, son déploiement et sa gestion ? Etait-elle dirigée contre l’Empire et le sionisme et leurs agents ? Avait-elle les moyens de s’émanciper de l’Empire, du sionisme, et de leurs vassaux ? Non ! Nous assistons à des gesticulations politiciennes et à des matraquages idéologiques qui rendent de plus en plus lointaine l’émancipation des peuples de l’oppression interne et du colonialisme externe.

Nous assistons depuis des mois davantage à de la subversion qu’à de la révolution. Les médias et  les intellectuels organiques  de l’Empire et du sionisme ainsi que les auxiliaires de la vassalité  nous disent que la révolution n’est qu’au début et qu’il lui faut encore 10 ans au moins avant que le monde arabe n’atteigne la maturité démocratique de l’Occident. Oui l’Empire et le sionisme ont besoin de 10 ans pour saper définitivement nos possibilités sous un déluge de sang et de larmes dont ne sortira que le triomphe de la haine que chacun de nous porte contre autrui et que l’Empire et le sionisme ont su enfouir dans nos esprits et dans nos cœurs mal réveillés de la longue nuit coloniale.

L’islamophobie et les dix commandements US sont la même et seule volonté qui consiste à maintenir éveillés les diables qui transforment notre existence en cauchemar et celle des autres en fantasmes de puissance et de jouissance. C’est sans doute l’annonce de la fin du monde ou de la fin d’un monde. Les choses se déroulent à un niveau de complexité et de rapidité tel qu’il est difficile de comprendre réellement les mécanismes la Fitna et en prévoir la fin. Les chamboulements géopolitiques et politiques dépassent l’imagination d’un homme.

Les Arabes ne sont toujours pas pressés de faire le montage organique, financier et méthodologique de laboratoires d’études… Ils ne sont pas prêts à pratiquer l’auto critique salvatrice. Le salut ne peut venir que d’Allah (swt) qui inspire l’esprit de réforme à des réformateurs, l’esprit de justice à des justes, l’esprit de justesse à des compétents, l’esprit de sens à des sensés qui s’éveillent et éveillent leurs peuples à se tenir loin de la Fitna et de ses partisans experts en syllogismes fallacieux et en casuistiques. Les experts du mensonge lorsqu’ils trouvent l’audience consentante, ils parviennent à présenter l’adepte de la vérité et l’éveilleur de conscience comme des partisans à éradiquer. Ainsi celui qui refuse l’effusion de sang en Syrie est présenté comme un partisan du régime syrien, celui qui refuse l’intervention de l’OTAN en Libye est présenté comme ennemi de l’Islam et de la révolution, celui qui refuse la répression en Egypte est présenté comme partisan des Frères musulmans. La subversion est l’art d’inverser la réalité en contestant ses adeptes et en provoquant des bouleversements psychologique et sociaux tels qu’il devient difficile non seulement  au commun des gens de trouver des repères pour comprendre, mais à l’être le plus noble d’imaginer le niveau de monstruosité atteint par ses ennemis  :

fitna4

{Ils ont déjà, auparavant, cherché la subversion (la sédition), et ils ont fomenté contre toi des complots,  jusqu’au ce que la  Vérité se manifeste et que  le Décret d’Allah s’instaure, en dépit de leur répulsion.} At Tawbah 46

  Il ne s’agit pas d’une illumination mystique ou d’un engagement confrérique, mais de la démarche saine et assidue que le musulman doit entreprendre en faisant l’effort de comprendre le signe divin dans le Coran, dans la réalité du monde. Le Coran devenant la lumière, la guidance, le critère, le recours, l’inspiration pour chercher la vérité, alors les illusions idéologiques et les illusionnistes politiques et médiatiques s’estompent pour fatalement laisser la vérité se confronter au mensonge et le vaincre par la seule logique de la vérité, sa seule nécessité historique et sa seule force :

{Dis : «  La Vérité est venue, et le faux s’est évanoui. Certes, le faux est évanescent. »} Al Isra 81

Al Isra,  la Promesse du triomphe de la vérité, n’est pas un nom de lieu ou de moment, mais    la culture  coranique du salut qui ne distingue pas le salut de l’homme confronté aux ténèbres du nihilisme et à qui elle propose la guidance, du salut de l’homme confronté à l’oppression militaire et politique à qui elle propose la longue marche patiente et assidue dans la nuit pour le conduire à la liberté et à la dignité.

La vérité ne s’énonce pas à l’improviste comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, elle se cristallise (du verbe arabe Hasshassa  حصحص ) tissant un édifice psychologique, social, historique, judiciaire, politique qui vient à bout des stratagèmes les plus élaborés,  les plus secrets, et les plus répressifs  :

{Maintenant la vérité s’est cristallisée} Youssef 54

Séparer la similitude du cheminement nocturne en quête de lumière et de guidance contre l’idolâtrie et du cheminement nocturne en quête de lumière et de  liberté contre l’oppression c’est non seulement ne pas voir le temps et l’élan nécessaires à l’être ontologique et social pour se mettre en quête de la lumière et triompher des ténèbres. Le double  salut dans ce monde et dans  l’autre exige des sacrifices. Ne pas emprunter ce chemin dans la nuit ou croire que la vérité éclate sans forces pour la porter contribuer à la persistance de la  Fitna, à la subversion, à la confusion, aux révoltes incessantes et vaines  dans le monde arabe.

 Si nous refusons d’admettre  qu’il y a mensonge sur la nature des révolutions et des contre révolutions dans le monde arabe et si nous refusons d’admettre qu’il y occultation délibérée de l’intervention de l’Empire et du sionisme dans le détournement de l’éveil islamique alors nous devons en toute objectivité relire le présent à la lumière du passé pour y trouver les mêmes problématiques.

La sourate At Tawbah clôture la dernière expédition du Prophète (saws), Ghazwat Tabouk, contre les Byzantins qui avaient pénétré en Arabie pour menacer la nouvelle civilisation islamique en émergence confrontée aux coalitions formées par les  hypocrites qui se cachaient derrière l’apparat islamique, les ambitieux qui  voulaient faire de l’Islam une rente, les vassaux de l’Empire byzantin et de l’Empire perse qui ne voulaient pas perdre les avantages de leur relation avec les deux Empires dominants, et les Juifs et les Chrétiens dépités par le triomphe de l’Islam qui met en péril leur prestige intellectuel et leur rente religieuse. Nous sommes symboliquement et historiquement  dans un contexte où la Fitna d’hier et celle d’aujourd’hui  se ressemblent :

Après l’indépendance nationale et après les pseudos révolutions il n’y a pas eu de réelle volonté de mener une lutte idéologique, politique, informationnelle  et économique contre l’emprise impériale et sioniste et leur machination. Nous avons assisté davantage à des gesticulations et à des arrangements d’appareils qu’à des stratégies nationales ou régionales :

{S’ils avaient réellement voulu sortir pour le combat, ils s’y seraient préparés avec soin ; mais Allah a rejeté leur prétention  et  les a rendus indolents. Aussi Il leur a été dit : « Demeurez parmi les invalides! » D’ailleurs, s’ils étaient sortis avec vous, ils n’auraient fait qu’ajouter à votre trouble,  ils auraient semé la dissension parmi vous en incitant la discorde dans vos rangs, d’autant que certains d’entre persistent à les écouter. Mais Allah Est Tout-Scient des comploteurs.}  Al Ahzab 44

Les complots, les subversions et les épreuves ne font que traverser notre corps social et politique le déchirant et livrant les plus conscients et les plus compétents à la répression, à la torture, à l’exil, à la solitude sans que cela ne donne lieu à des interrogations, à des remises en cause, à des prises de conscience :

{Ils ont déjà, auparavant,  cherché la subversion, et ils ont fomenté contre toi des complots,  jusqu’au ce que la  Vérité se manifeste et que  le Décret d’Allah s’instaure, en dépit de leur répulsion.} Al Ahzab 45

Après l’indépendance,  après les « révolutions » et les « contre révolutions » nous retrouvons les musulmans se déchirer politiquement et fuir leurs responsabilités au lieu d’unir leurs efforts pour se prémunir du cancer qui ronge le monde arabe ou du moins éviter de succomber à ses métastases. Ainsi une grande partie des classes moyennes n’est pas prête à se libérer de la rente et à s’organiser contre les Baltagias de l’information, de l’économie, de la sécurité publique, de la morale et de l’arrivisme politique. Les élites islamiques et non islamiques refusent de placer le curseur idéologique sur le champ de bataille réel, ils louvoient et se donnent tout prétexte pour saper l’idée de changement salutaire et le programme de résistance crédible et efficace contre l’oppression et le colonialisme. Les plus sournois sont ceux qui cultivent l’inertie tout en occupant le champ de l’oppositionnel par la dénonciation et l’intrigue sans jamais produire de la pédagogie,  de l’ingénierie de résistance  ou une alternative. La Fitna est un fonds de commerce, un alibi qu’Allah met en faillite :

{Parmi eux, il en est qui disent : « Dispense-moi du combat  et ne m’éprouve point ». Mais à l’épreuve n’ont-ils pas failli ?  Certes, la Géhenne  encercle les renégats.} Al Ahzab 46

Une autre lecture du sens des Ayat nous donne une autre traduction, un autre éclairage : la tentation mondaine est une autre forme d’épreuve à laquelle très peu résistent sauf s’ils ont la conviction d’agir à la fois  pour le salut dans ce monde et le salut dans l’autre et que s’ils ratent cette vie éphémère ils ne doivent pas rater la vie éternelle :

{Parmi eux, il en est qui disent : « Dispense-moi du combat  et ne me soumets pas à la tentation». Mais à la tentation n’ont-ils pas succombé?  Certes, la Géhenne  encercle les renégats.} Al Ahzab 47

La Fitna distingue le Croyant de l’hypocrite et du renégat par  l’épreuve de l’adversité pour que chacun ait sa récompense et soit rempli à sa juste mesure par ce qu’il accompli pour son salut ou sa perdition.

L’étude du Coran la plus sommaire met en évidence cette vérité : la Fitna, quel que soit le sens qu’on lui donne (épreuve, subversion, tentation ou discorde) n’est pas une imposition fatale d’un Dieu cruel sur des hommes subissant l’histoire, mais une pédagogie par l’épreuve pour éduquer, responsabiliser l’homme afin qu’il prenne par lui-même son salut dans ce monde et dans l’autre.  La Fitna est une purification sociale et spirituelle si l’être parvient à surmonter l’adversité, la subversion et à s’inscrire dans un projet de sens où la notion de salut est primordiale. Les insensés croient que l’Islam s’impose par le discours ou par la violence. D’autres plus insensés s’imaginent que le salut est dans la fuite hors de l’Islam dans le giron de l’Empire, du sionisme et de la répression des musulmans :

{Si un bien t’arrive, Ils en éprouvent du dépit, mais si un malheur te frappe, ils disent : «Heureusement que nous avions déjà  pris nos précautions », puis ils  se détournent tout réjouis. Dis: « Ne nous arrivera que ce qu’Allah nous a déjà prescrit.».} Al Ahzab 48

La Fitna distingue le Musulman de l’hypocrite, mesure à chacun sa sanction ou sa récompense selon le sens et la masse de ses œuvres, tout en offrant à tous la possibilité du repentir s’ils font l’effort de voir le chemin de rectitude qui les conduit vers le salut dans ce monde et dans l’autre :

fitna5

   {Et il est parmi les hommes celui qui adore Allah avec déviance : s’il est touché d’un bien, il s’en tranquillise, mais s’il est frappé d’une épreuve, il abjure, perdant le monde et la vie Future. Cela est la grande perte évidente. Il invoque, à l’exclusion d’Allah, ce qui ne peut lui nuire et ce qui ne peut lui être utile. Cela est le profond fourvoiement. Il invoque celui dont la nuisance est plus forte que son utilité. Piètre protecteur et piètre compagnon !} Al Hajj 11

Les dérives et les déviations vers lesquelles conduisent la lutte idéologique, le formaliste des bigots et le mimétisme aveugle s’écrivent en torrents de sang dans le monde arabe pour terroriser les croyants et les conduire à abjurer leur foi et à désister de leurs devoirs et de leurs droits au profit de l’Empire, du sionisme et de leurs vassaux. Contre cet immense sabotage la foi est l’ultime recours. D’ailleurs il est remarquable de voir comment  la voie de salut contre la Fitna, dans la sourate al Ahzab,  s’impose inéluctablement à l’esprit et à l’histoire lorsque le croyant se remet  totalement et en toute confiance à Allah (swt) :

{Il Est notre Protecteur !  Que les croyants s’en remettent donc à Allah ! } Al Ahzab 49

La finalité de la Fitna c’est de conduire chacun à épuiser ses recours. Si le renégat désespère de la Miséricorde d’Allah, le croyant espère en Sa Miséricorde et c’est pourquoi la Fitna conduit vers l’arbitrage ultime, le recours ultime, la remise totale et confiante entre les Mains du Maître des Univers. L’islamité comprise comme s’en remettre à Allah est comme la Taqwah : ce n’est pas un sentiment vague pour ou contre un objectif vague, mais bel et bien une foi déterminée, des résolutions fermes et des méthodes éprouvées que le Coran nous livre. Derrière l’absurde il y a un sens pédagogique, spirituel et socio-historique que l’intelligence et la foi doivent découvrir si elles veulent faire régner la paix et la justice dans la cité.

Mais si nous ne faisons pas d’Allah notre recours, du Coran notre méthodologie et notre notre arbitrage alors la Fitna sera notre prédateur. Si nous refusons la démocratie comme  instrument de pacification et de gestion collective de la cité alors l’égarement et l’oppression qui produisent la Fitna ont encore de longues nuits à nous offrir :

{Tout ce qui vous a donc été donné n’est que jouissance de la vie terrestre, mais ce qui est auprès d’Allah est meilleur et plus permanent, pour ceux qui sont devenus  croyants et se fient à leur Dieu, et ceux qui évitent les plus graves des péchés et les paillardises, et qui, s’ils se mettent en colère, absolvent. Et ceux qui ont répondu (favorablement) à leur Dieu, qui ont accompli (correctement) la salat, et dont leur affaire est une consultation entre eux, et qui dépensent de ce que Nous leur Octroyâmes, et ceux qui, s’ils sont frappés de tyrannie, triomphent.} As Choura 36 à 39

Hélas, la Fitna, cultivée pour nous à l’intérieur  et à l’extérieur de nos pays, parvient à nous faire sonner minuit à midi pour ne pas voir la double voie du salut dans ce monde et dans l’autre par le double effort spirituel et temporel et par la double lutte contre l’égarement et contre l’oppression. Il est plus facile de désigner un instrument de gouvernance comme mécréance et ses partisans comme mécréants que de faire l’effort de proposer l’alternative à la démocratie ou de donner un contenu institutionnel, politique, idéologique et constitutionnel à la Choura que les bigots et les formalistes considèrent comme facultative alors qu’Allah l’ordonne en contiguïté avec la Salat. La lutte idéologique menée par l’Empire et le sionisme contre le monde arabe n’est rendue possible que par l’insenséïsme des musulmans.

{La subversion est plus grave que le combat. Et ils  n’auront de cesse à vous combattre tant qu’ils ne vous auront pas détournés de votre foi, si toutefois ils y parviennent.} Al Baqara 217

 Lorsque nous-mêmes nous vidons notre foi de sa substance sociale, politique et idéologique pour ne conserver que le  formalisme bigot ou le verbiage polémiste pour refuser ce que Allah a permis et que l’expérience humaine offre à l’humanité alors nous devenons des pyromanes mettant le feu à leur cité, des  agents subversifs  installant la  Fitna  dans leur esprit, des interlocuteurs valides aux yeux de l’empire, du sionisme et de la dictature militaire qui voient dans les insensés des moyens de parvenir à saper l’Islam.

Alors que les prisons et les tombes se remplissent par les horreurs, les irresponsables et les imposteurs viennent faire de la diversion (Fitna) sur le caractère  haram (illicite) de la démocratie, des droits de l’homme, de la liberté, de la souveraineté du peuple sans qu’ils ne donnent un argument religieux crédible comme si Islam et tyrannie pouvaient être synonymes alors que le Coran et la Sunna les présentent comme antinomiques. La pire des  Fitna est la  mise en situation, au nom de l’Islam,  de marginalisation, d’errance, d’autarcie, d’inertie de  la jeunesse,  cette immense ressource qu’Allah nous a donné.

 La question de la démocratie, de la nature du pouvoir, de la compétence des élites religieuses ont montré l’étendue et la complexité de la Fitna qui tirent les ficelles  de la déstabilisation de la Syrie et de l’Egypte. J’ai eu la présence d’esprit en 2011 déjà de dire que l’empressement de Qaradhawi à nier ses propres écrits pour soutenir l’insoutenable ne visait qu’à une chose : la Fitna. Il s’agissait, entre autres,  d’enlever à la résistance palestinienne tous ses soutiens et tous ses alibis religieux et nationalistes. A cet effet le plan diabolique consistait à  désavouer les savants musulmans et impliquer le Hezbollah qui se verrait jouer un rôle de soutien au régime syrien et un adversaire idéologique aux Frères musulmans en Egypte et en Palestine. Dans le déroulement de  l’opération, l’Empire, le sionisme, les vassaux et les idiots utiles  s’ils ne peuvent  favoriser  une guerre entre sunnites et chiites ils attendront l’occasion inespérée que les événements ne manqueront pas de leur donner pour entraîner les peuples arabes et musulmans dans des guerres régionales effroyables :

fitna3

{Et prenez garde à une épreuve qui n’atteindrait pas uniquement  ceux qui ont été injustes d’entre vous. Sachez qu’Allah punit sévèrement.} Al Anfal 25

Daniel Pipes la tête pensante de l’Islamophobie a un doctorat en littérature arabe à Harvard et en théologie islamique au Caire : il connait la signification des « savants égarés qui égarent » comme il connait celle des « ignorants en religion qui font des dégâts dans leur communauté pire que ne le ferait un loup dans une bergerie ».  Dans le monde arabe, nous avons des docteurs en Fitnalogie qui refusent de voir la haine méthodique et agissante de ce genre de personnage. Face à cette haine les élites musulmanes et arabes laissent continuent de cultiver l’inertie et les syllogismes fallacieux laissant aux autres l’initiative de la politique du  pire qu’ils présentent comme inéluctable à l’instar d’une tragédie grecque. Tout le monde attend que la crise atteigne son paroxysme pour se rapprocher de l’inéluctable qui permet aux uns de vaquer de nouveau à leur infantilisme et aux autres de se débarrasser de l’Empire, de l’Iran  et des tyrans arabes sans livrer bataille laissant à l’effusion du sang musulman et arabe le soin d’en exprimer le prix rédhibitoire. La Fitna est une calamité dont il faut se prémunir contre la malédiction divine. Elle  désacralise le pacte et  la vie humaine et autorise le mensonge :

fitna00

  {Ils t’interrogent au sujet du combat durant le mois sacré. Dis: « Combattre en ce mois est un vrai sacrilège ! Mais éloigner les hommes de la cause d’Allah, Le renier,  et détourner les fidèles de la Mosquée sacrée,  expulser ses habitants, tout cela est un sacrilège plus grave encore au regard d’Allah ». La subversion est plus grave que le combat. Et ils  n’auront de cesse à vous combattre tant qu’ils ne vous auront pas détournés de votre foi, si toutefois ils y parviennent. Quiconque d’entre vous qui apostasie de sa religion et meurt tout en étant renégat : alors ceux-là sont vaines leurs actions dans ce monde et dans l’autre ; ceux-là sont les hôtes du Feu ; ils y demeurent éternellement.} Al Baqara 217

 Le summum de la Fitna c’est se soumettre à la subversion présentée ou vécue comme incontournable. Les hommes ne se posent plus de question sur le droit et le  sens de  la répression des Frères musulmans en Egypte, mais attendent  la réponses à leurs interrogations  :

Les Américains vont-ils frapper Damas dans quelques jours ou quelques semaines ?

L’Iran va-t-il riposter ou  non !

Que vont faire les Russes ?

Quelles que soient les réponses que le temps va donner à ces questions conjoncturelles, la question lancinante est d’ordre structurelle : nos rapport à la foi, à l ‘Empire et au sionisme dans ce combat  entre la vérité et le mensonge qui ne cessera que lorsque cessera toute existence sur terre et commencera le Jour le plus long. Allah (swt) nous expose Ses Signes dans le Coran et dans l’histoire passée et en cours comme une passerelle pour nous conduire vers le sens ultime : le salut final :

{Et ils  n’auront de cesse à vous combattre tant qu’ils ne vous auront pas détournés de votre foi, si toutefois ils y parviennent. Quiconque d’entre vous qui apostasie de sa religion et meurt tout en étant renégat : alors ceux-là sont vaines leurs actions dans ce monde et dans l’autre ; ceux-là sont les hôtes du Feu ; ils y demeurent éternellement.} Al Baqara 217

Le combat ne prend pas nécessairement la forme militaire. Il prend souvent la forme subversive de guerre psychologique, idéologique  et médiatique qui parfois prépare et accompagne la guerre militaire :

{La subversion est plus grave que le combat} 

Si les Arabes et les Musulmans ne font pas l’effort de voir comment et pourquoi l’Empire et le sionisme impliquent leur grands vassaux arabes à mener en même temps une guerre totale contre les Syriens et contre les Frères musulmans après les avoir poussés à se combattre et à se haïr le feu de la Fitna finira par les anéantir tous :

{Et prenez garde à une épreuve qui n’atteindrait pas uniquement  ceux qui ont été injustes d’entre vous. Sachez qu’Allah punit sévèrement.} Al Anfal 25

Lorsque on met les processus et les significations ensemble on voir la gravité psychologique de la Fitna et ses conséquences dramatique sans pourtant s’imposer  fatalité inéluctable ou  destin  implacable. L’espoir du salut est présent, il ne dépend pas de la nuisance du stratagème mis en place depuis longtemps pour que ses moyens  sapent radicalement le moral, la résistance et l’harmonie et détruisent la cause islamique en éveil :

{Et ils  n’auront de cesse à vous combattre tant qu’ils ne vous auront pas détournés de votre foi, si toutefois ils y parviennent.} Al Baqara 217

La formulation du conditionnel dans le contexte de l’énoncé met en exergue la subtilité de l’impossibilité de parvenir à détourner les musulmans de leur foi et de les mettre dans la contrainte de revenir et de revenir incessamment au combat  imposé par la haine, la vengeance et la subversion. Les possibilités de gagner ou de perdre pour les autres n’ont aucune réalité et aucune possibilité si les musulmans y font face par 4 attitudes :

– Compter sur Allah en toute confiance et se remettre à Lui et exclusivement à Lui;

– Mobiliser les possibilités, toutes ses possibilités disponibles pour affronter l’ennemi dans un rapport de force de 1 contre 2 à 4 ;

– Planifier, organiser et accompagner ses possibilités en prenant l’initiative dans le rapport favorable  des intelligences et des sacrifices ;

– Contrer la contre lutte idéologique, psychologique et informationnelle pour clarifier, informer, éduquer, responsabiliser et raffermir les déterminations;

– Épurer les rangs.

 

Retour à la première partie

La Fitna : sa réalité passée et actuelle dans le monde arabe.

[Partie 1/2] [Partie 2/2]

Il est difficile de jouer à l’intellectuel et à l’érudit devant les événements tragiques qui déchirent  le monde arabe et tout particulièrement au Liban, Syrie, Yémen, Soudan, Irak, Tunisie, et Libye. Il est difficile de contenir son émotion devant  l’ampleur, la durée et l’intensité de la Fitna :

« L’homme intelligent et endurant sera dans le désarroi »

Tout semble tellement absurde qu’on est tenté de chercher la solution à n’importe quel prix et avec n’importe qui.  Tout semble tellement complexe qu’on est tenté de ne plus chercher à comprendre. Une voix intérieure parvient à se faire entendre et à se faire comprendre : se soumettre aux apparences du réel est la pire des épreuves. Il faut se libérer et expliquer, malgré les limites, le peu de moyens, l’épuisement des ressources…

Éprouvé par tant de sang versé, de temps gaspillé, de ressources dilapidées, je suis parti en quête du sens de la Fitna :

fitna

 {Toute personne goûtera à la mort, mais Nous vous éprouvons par le mal et par le bien comme tentation, puis c’est vers Nous que vous serez ramenés.} Al Anbiya 35

Nous sommes amenés par le matraquage médiatique à être tentés de prendre position en faveur du dominant sans connaissance ni de la nature du bien ou du mal,  ni de ses conséquences à moyen et long terme. Le sensationnel nous manipule en idéalisant les uns et en diabolisant les autres, en cultivant l’émotion suscitée au détriment de la raison et des faits réels. Soumis à la tentation de la facilité et de la vitesse nous risquons  la confusion qui nous empêche de choisir librement et justement, mais nous risquons aussi de nous ranger derrière le mensonge et  contre la vérité. Pire que cela nous risquons de contaminer notre foi par le doute ou par le cynisme.

Le Prophète Mohamed (saws) nous a montré deux voies de salut contre la grande fitna. La première, lorsque nous sommes dans l’incapacité de discerner, est de refuser de prendre position et de polémiquer. La seconde est de donner les instruments de clarification pour lever les ambiguïtés sur la Fitna, ses origines, son processus et ses conséquences.

Aujourd’hui, la Fitna est alimentée par la conjugaison des facteurs internationaux et des facteurs nationaux que les élites arabes refusent de voir dans leur globalité et dans leur dynamique pour ne pas voir leur faillite morale et intellectuelle dans leur gestion des crises idéologiques, économiques, politiques et sociales.

Il ne s’agit pas de dire tout le monde est responsable pour n’imputer la responsabilité à personne. Il s’agit de dire la vérité : les gouvernants, l’opposition islamiste et non islamiste, les intellectuels et les savants religieux se sont enfermés dans des égoïsmes partisans et sectaires et se sont focalisés sur le pouvoir pour le conserver ou ne pas le céder et cela à n’importe quel prix au lieu de mettre le curseur sur la constitution d’un front national voire international de résistance contre la prédation impériale et contre l’agression sioniste.

Allah (swt) nous ordonne la vigilance, la lucidité, la probité pour voir les phénomènes dans leur genèse, leur déploiement et leur conséquences. La Fitna est ce phénomène que nous pouvons traduire, selon le contexte par subversion, persécution, troubles, discorde, sédition, guerre civile, litiges, conflit, épreuve de force, opposition, désordre. C’est est un cancer idéologique, politique et social qui ronge insidieusement le tissu social et le divise en factions divergentes  avant de le faire plonger soit dans la confusion globale , l’insenséïsme et l’insécurité, soit dans la dictature d’une faction sur une autre  en désacralisant la vie, la dignité, la croyance et les biens  en opprimant par la force physique ou par  la violence morale et idéologique :

fitna3

 {Et prenez garde à une épreuve qui n’atteindrait pas uniquement ceux qui ont été injustes d’entre vous. Sachez qu’Allah punit sévèrement.} Al Anfal 25

On a l’habitude de traduire Taqwa par la crainte alors que celle-ci relève du domaine psychologique (individuel ou social) qui exprime son inquiétude face à un danger qui se manifeste. La lecture attentive montre que ceux qui se croient « justes » ne sont ni inquiets ni susceptibles de s’inquiéter d’un danger dont ils pensent être préservés. On traduit aussi le terme par redouter qui signifie avoir peur des conséquences d’une force qui se déploie ou d’un danger manifeste. Ce n’est pas un exercice de style. Les mots coraniques sont un canevas de sens et d’idées, ils ne sont ni interchangeables ni synonymes comme les mots de la langue courante.

La Taqwah signifie l’espérance dans la crainte, la  crainte dans l’espérance, et le respect scrupuleux de ce que Allah a interdit et a ordonné. Il s’agit de prendre garde à Allah et de prendre garde à Ses prescriptions en développant la connaissance, la lucidité, la vigilance et le sens de l’ensemble des responsabilités qui rendent l’être scrupuleux dans toutes ses démarches, ses paroles et ses actes où il voit le salut ou la perdition selon ce qu’il a visé par son intention et ce qu’il a réalisé dans son existence en bien ou en mal. La crainte seule n’est ni la garantie ni le chemin exclusifs du salut.

La taqwa englobe la peur d’un danger qu’on redoute, l’espoir en une miséricorde et en une promesse ainsi que le mode d’emploi praxique pour éviter la crainte et se remplir d’espoir. Jusqu’à l’instant présent je n’ai pas trouvé un terme plus signifiant que « prendre garde » qui englobe aussi bien  l’étendue des significations psychologiques et spirituelles de l’être ontologique et social que celle des procédures idéologiques et socio-politiques du faire individuel et collectif et les comportements qui s’y associent.

Effectivement l’expérience nous montre que depuis des siècles nous manifestons alternativement nos craintes et nos espoirs ou que les uns d’entre nous expriment des craintes et vivent des peurs alors que d’autres expriment des joies et vivent des espoirs. Mais, sans exagération, presque tous nous avons vécu toutes les formes de peur sans prendre garde aux causes et aux conséquences de nos émotions et de nos actes. La Taqwah a déserté nos cœurs remplis de haine, de mensonge ou de formalisme.

La Taqwah  est l’élan spirituel que confirment les pratiques sociales et qui témoigne de la vitalité, du scrupule de la communauté qui prendre garde à Allah, qui prend toutes les mesures de précaution et qui avance résolument dans sa quête de salut.

La Fitna est la consécration de la peur qui refuse de prendre ses responsabilités, de l’insenséïsme de l’improvisateur qui se laisse guider par les souhaits, de la subversion idéologique, sociale et politique que l’ennemi construit sur les peurs et les vains souhaits d’une société pour ne lui offrir que la peur et les espoirs qui conduisent à la capitulation.    Sans la Taqwah la Fitna non seulement bouleverse chaotiquement l’ordre social et politique de fond en comble, mais rend la religion otage des passions et source de discorde.

Encore une fois il ne s’agit pas d’un exercice de style, mais de  la posture la plus objective qu’il faut tenter de faire pour tirer enseignement de la crise vécue par le Prophète (sws) et ses compagnons face aux mêmes manipulations idéologiques et médiatiques des idolâtres transgresseurs contemporains. Où nous nous plaçons sur le terrain de la psychologie sociale et de la manipulation qui poussent à se soumettre pour se libérer de la crainte, où nous nous plaçons dans le système de précaution raisonnée qui analyse les données opérationnelles pour s’en prémunir et qui implore Allah de lui donner force et lucidité pour trouver patience et espoir à surmonter la crise. Il faut imaginer le Prophète (saws) exilé confronté aux stratagèmes des riches et puissants chefs de guerre arabes.

Nous avons vu en Egypte, ces derniers jours, comment les Salafistes supposés ne pas faire de politique investissent le champ politique, pour le compte de l’Arabie saoudite, et s’unir aux sans religion qui reprochent aux Frères musulmans l’Islam politique. En parallèle nous voyons les démocrates demander et soutenir un coup d’Etat. Chacun vit dans la peur de l’autre et dans la volonté de terroriser l’autre, mais très peu ont de la Taqwah qui leur permet de construire une feuille de route pour sortir de la crise. Joumaa, le grand Mufti d’Egypte, qui avait considéré la destitution de Moubarak comme une Fitna (sédition) contre un gouvernant légitime, considère que la destitution de Morsi et le coup d’Etat sont légitimes au regard de la chariâa. Comment les gens du commun vont-ils trouver leur chemin ?

Nous avons vu les positions diamétralement  opposées des savants sunnites sur la Syrie s’inverser sur l’Egypte comme ceux des partis islamiques et laïcs. La tendance dominante est de soutenir la répression contre les Frères musulmans et d’appeler à une intervention américaine pour renverser Bachar Al Assad qui a utilisé des armes chimiques contre son peuple.

Nous avons vu en Algérie les militaires et les civils, les islamistes et les non islamistes, les gouvernants,  et leurs opposants participer à la Fitna qui a provoqué la sédition armée d’un côté et qui a enraciné la subversion idéologique et le terrorisme comme méthode de gouvernance et comme moyen d’existence politique à ceux qui n’ont pas d’existence sociale dans la société algérienne. Nous avons vu l’émergence du bigotisme infantile religieux et du paternalisme politique qui détourne les Algériens de leurs devoirs et de leurs droits.

Nous avons vu la collaboration des classes moyennes, des parvenus et des spoliateurs dans le partage de la rente et la paupérisation du peuple. La Fitna a mis en marge de l’histoire l’Algérie, malgré ses ressources, son emplacement géostratégique, son capital historique, son unité confessionnelle,  et le sacrifice de ses hommes pour se libérer du colonialisme.

Comme en Algérie, en Syrie et en Egypte nous voyons les Arabes et les Occidentaux refuser le dialogue qui aurait pu permet de surmonter la Fitna ou du moins la résoudre avec moins de dommages.

Dans l’histoire humaine, il n’y avait que les Juifs de Khaybar qui se soient attelés à détruire leur territoire et leur demeure avec autant d’énergie et de stupidité. Trahir ses idéaux et aussi tragique que traduire les serments faits aux martyrs ou trahir le pacte de vivre ensemble en paix. Les Arabes contemporains ont surpassé l’auto destruction des tribus de Khaybar sauf que celle des Arabes dessert leurs intérêts alors que celle de Khaybar les servait.

Nous voyons le même phénomène dans le monde arabe. L’aboutissement dramatique des calculs mesquins et irresponsables visant à s’appuyer sur l’Empire pour instaurer la démocratie (ou l’Islam), visant à attiser le sectarisme et l’esprit partisan pour faire valoir son clan, sa tribu, son école de pensée ou son parti,    visant à placer le curseur d’analyse et d’action sur des divergences idéologiques internes et oublier l’impératif de se fédérer contre l’Empire et le sionisme sur le plan militaire, diplomatique, économique et financier en construisant l’Etat de droit tout  en donnant aux peuples les possibilités de construire leur émancipation, de conjuguer les possibilités de leurs territoires contigus, de leurs mentalités similaires, de leur histoire commune, de leurs économies complémentaires, de leurs réseaux sociaux et culturels, et de mobiliser l’élan libérateur et civilisateur de leur religion.

La Syrie et le Liban plus au cœur du monde arabe, plus au cœur des divergences confessionnelles, plus à proximité de l’entité sioniste, plus impliqués dans la cause palestinienne, plus en relation avec l’Iran, dans la charnière géographique et historique entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe subissent donc davantage les pressions tectoniques de la géopolitique impériale et sioniste.

Les savants musulmans et les élites politiques et intellectuelles se sont avérés minables devant la globalité et la dimension de la Fitna. Ils ont attisé la désintégration des territoires et des mentalités tout en amplifiant l’effusion du sang des musulmans. Ils ne parviennent toujours pas à voir les mêmes facteurs de régression et les mêmes causes de la Fitna qui opèrent en Egypte et en Syrie à titre d’illustration avec les mêmes vassaux du Qatar et de l’Arabie saoudite qui jouent au même jeu de destruction du monde arabe et pour les mêmes intérêts.

Il est remarquable de voir comment les Frères musulmans égyptiens ont été conduits, par leur inconséquence politique et leur esprit partisan, à devenir les amplificateurs de la dislocation de la Syrie et de la Libye et de la rivalité sunnites-chiites avant d’être jetés en pâture à la répression qu’approuvent et soutiennent les Salafistes Egyptiens travaillant pour l’agenda saoudien. Le gouvernement d’Ennahda, plus pragmatique et plus politique que celui des Frères égyptiens, est mis lui aussi dans le choix cornélien de se désister ou de subir la « contre révolution », malgré ses concessions. La gauche et les libéraux tunisiens,  plus immatures que les bigots islamistes, tombent dans l’imitation servile et mécaniste de l’expérience égyptienne au lieu d’en tirer les conséquences.

Il faut être sectaire ou sénile pour ne pas avoir vu et ne pas continuer de voir le « talent » de l’empire et du sionisme à récupérer les « révolutions » arabes menées  sans guide, ni idéologie, ni programme politique, ni planification ni cap, ni boussole, ni cartes de navigation… Il faut être inculte politiquement et pris sous les feux de sa passion pour ne pas voir   l’Empire et le sionisme disloquer la Syrie et la Libye après avoir disloqué le Soudan et l’Irak dans un plan transparent : maintenir le monde musulman et arabe dans les querelles internes le rendant incapable de voir les missiles  de l’Empire et du sionisme lui tomber sur le crâne, le démembrer et piller ses ressources. Il faut être un monstre pour ne pas voir l’acharnement des élites arabes à saper non seulement leur expérience démocratique, mais les fondements sociaux de l’existence de leur pays.

L’Empire et le sionisme ne complotent pas, ils planifient en analysant et en jouant sur nos contradictions internes, sur notre débilité. Ils ont l’intelligence, en plus de leur capacité de nuisance, de préparer tous les scénarios possibles et de s’y adapter. Nous ne préparons ni scénarios ni moyens, mais  nous improvisons, nous importons et nous confondons. L’art des autres est de voir clair dans nos confusions et  de nous conduire vers davantage de confusions. Le Hezbollah libanais semble échapper à cette règle, mais si l’environnement lui impose des choix difficiles, notre paresse intellectuelle et notre convulsion affective nous rendent impossible la compréhension de ses choix. Il faut juste lire les analyses sur les derniers attentats à Beyrouth et à Tripoli.  Certains d’entre nous refusent de se libérer de la Fitna et continuent de lire la tragédie comme des auxiliaires de la lutte idéologique que mènent l’Empire et le sionisme contre l’éveil du monde arabe et sa fédération en une force de résistance régionale.

Brezinski,  Bernard Levy et Daniel Pipes ont tracé les contours et les artifices de la guerre idéologique, médiatique, psychologique et militaire qui permettent à l’Administration américaine et sioniste de conduire les opérations et de fournir la logistique sans manifester leur présentiel sur le champ de bataille. L’Europe vassale joue son rôle traditionnel. L’innovation est de voir le Qatar et l’Arabie saoudite  intervenir d’une manière aussi forte et directe. Ils agissent comme deux rivaux qui veulent montrer à leur maitre qui est l’esclave le plus servile et le plus criminel méritant les faveurs exclusives du maitre.

Il faut suivre les déclarations d’Hussein Barack Obama pour voir que le Soft Powerment qui succède au Hard Powerment de Kissinger est une réalité : l’Administration américaine laisse ses vassaux se manifester donnant l’illusion qu’elle n’intervient que pour répondre à la demande des Européens et des Arabes. Ces derniers ont une capacité de subversion médiatique de l’ampleur des minutions à l’uranium appauvri lancés contre l’armée de Saddam Hussein. Les médias parviennent à réaliser l’effet blitz du jeu d’échec et que les Américains ont introduit dans leur doctrine de guerre après l’avoir importé et modernisé de l’Allemagne nazie : le Blitzkrieg ou effet de concentration massive des puissances de feux focalisées sur un petit point pour l’anéantir et interdire toute possibilité de résistance en terrorisant l’ennemi.

Dans la guerre subversive il s’agit de frapper le plus loin et le plus fort dans le dispositif des arrières de l’ennemi. Dans la guerre médiatique il faut frapper les esprits, les choquer et les maintenir sous un déluge informationnel propagandiste qui rend impossible l’écoute d’une autre voix ou la formulation d’un raisonnement lucide échappant au sensationnel. Dans toutes les guerres, militaires, subversives, médiatiques, psychologiques et idéologiques il faut frapper vite, fort, loin, concentré et avec surprise. Dans le jeu d’échec il s’agit de jouer contre la montre et de faire abandonner la partie à son adversaire en quelques coups. Il ne s’agit pas de faire mat, mais de faire tomber les pièces maitresses et de laisser le roi sans défense.

C’est sans doute une des  dernières batailles qui se jouent en Syrie. La plus grande organisation islamique dans le monde est mise « hors d’état de nuire » en Egypte après l’avoir poussée à la faute et livré au sensationnel médiatique,  Ben Laden est officiellement assassiné afin qu’aucune voix ne viennent dire non au Djihad sous la bannière de la confusion et de l’OTAN : l’Empire et le sionisme peuvent en finir avec la Syrie et commencer à réfléchir aux choses sérieuses : l’Iran, la Chine et la Russie.

L’histoire ne se déroule pas selon le rapport des forces. Il arrive qu’elle se déroule à contrario du rapport des forces et que le détenteur de la puissance et l’acteur offensif le plus déroutant se trouve lui-même dérouté par l’imprévisible et qu’il finisse par connaitre la déroute militaire et historique. Pour l’instant les Arabes et les Européens font tout pour faire oublier que le principal bénéficiaire de l’effort de guerre syrien est le Hezbollah qui a changé l’équation de la terreur non seulement en Palestine occupée, mais dans la région. Les Arabes et les savants musulmans refusent de voir en Syrie la réédition de plus en plus probable de l’intervention américaine en Irak et les mobiles avancés. Les sunnites et les chiites comme les islamistes et les nationalistes continuent de ne pas lire l’histoire, de ne pas regarder une carte de géographie, de ne pas méditer la biographie du Prophète (saws).

Les grands esclaves et les petits esclaves de l’ensemble du monde arabe, esclaves de l’Empire ou de leurs passions, préfèrent écouter et répercuter la voix de l’idole ou de leur inconscience au lieu de chercher à se réveiller et à se libérer de la Fitna. C’est plus facile de se conduire en bêtes animées par l’instinct de prédateurs ou de proies qu’en êtres humains raisonnables et consciencieux. Allah (swt) a montré le lien indéfectible entre d’une part la Fitna et d’autre part les insouciants qui refusent de voir la vérité et les  pervers qui se consacrent à cultiver le faux et l’injustice refusant de dire la vérité après avoir refusé de l’entendre :

{Certes, les pires des créatures, au regard d’Allah, sont les sourds, les muets, qui ne raisonnent point. Si Allah avait trouvé en eux quelque bien, Il les aurait fait entendre.} Al Anfal  22

Ces animaux politiques non seulement ne veulent ni entendre la vérité ni la dire, mais préfèrent la falsifier et préfèrent devenir l’écho de l’Empire et du sionisme.  L’effusion du sang des musulmans écrit le récit, les causes et les conséquences de la Fitna dans le monde arabe : l’Islamophobie. L’islamophobie est la subversion totale qui présente le musulman non comme une victime agressée, mais comme un personnage hideux ne méritant pas la pitié aux yeux de ses prédateurs. L’Islamophobie c’est pire encore : rendre les musulmans méfiants et défiants les uns contre les autres pour les occuper à se déchirer et à déchirer toutes les possibilités de leur développement et à saper toutes les ressources de leur territoire que l’Empire et que le sionisme convoitent en qualité de prédateurs aguerris.

La stratégie d’institutionnaliser la méfiance envers les Musulmans et la défiance entre les musulmans pour les marginaliser après les avoir criminalisés puis les agresser après les avoir dispersés est le processus de l’Islamophobie. C’est une machination diabolique pour mener une guerre totale – idéologique, médiatique, politique, diplomatique, psychologique, culturelle, religieuse et militaire – contre toute forme et tout esprit de résistance, et contre tout espoir d’éveil civilisationnel. Là où notre esprit indolent voit ou trouve raison pour diverger, l’Empire et le sionisme voit et trouve opportunité et pertinence à diviser, à provoquer, à faire de la subversion idéologique, sociale et militaire.

N’est-ce pas que le Coran nous dit que la subversion est pire que la guerre :

fitna00

 {Ils t’interrogent au sujet du combat durant le mois sacré. Dis: « Combattre en ce mois est un vrai sacrilège ! Mais éloigner les hommes de la cause d’Allah, Le renier,  et détourner les fidèles de la Mosquée sacrée,  expulser ses habitants, tout cela est un sacrilège plus grave encore au regard d’Allah ». La subversion est plus grave que le combat. Et ils  n’auront de cesse à vous combattre tant qu’ils ne vous auront pas détournés de votre foi, si toutefois ils y parviennent. Quiconque d’entre vous qui apostasie de sa religion et meurt tout en étant renégat : alors ceux-là sont vaines leurs actions dans ce monde et dans l’autre ; ceux-là sont les hôtes du Feu ; ils y demeurent éternellement.} Al Baqara 217

Lire la suite (Partie 2/2]