Quelques lectures sur les « Dire » dans le Coran. Première partie.

Première partie.

Est-ce que nous pouvons représenter le Prophète Mohamed (saws) sur le plan moral, spirituel, intellectuel et social si la connaissance la Parole d’Allah nous échappe :

وَمَنْ أَحْسَنُ قَوْلًا مِّمَّن دَعَا إِلَى اللَّهِ وَعَمِلَ صَالِحًا وَقَالَ إِنَّنِي مِنَ الْمُسْلِمِينَ

{Qui donc prononce meilleur dire que celui qui convie à Allah, fait œuvre méritoire et dit : « Certes, je suis du nombre des musulmans ? ».} Foussilat 33

Lorsque le lecteur du Coran se met en quête du sens il peut être dérouté par la répétition des verbes, des mots et des phrases et tout particulièrement lorsqu’il constate que le verbe dire est cité près de 1722 alors que la langue arabe a suffisamment de synonymes.

Le nombre et le contexte des formes singulières et plurielles, féminines et masculines, passées et futures, impératives et conjuguées, verbales et substantives, actives et passives du verbe dire sont impressionnants : 1722

قلنا  27  –   قال  529   –    قالت  43  –  قالوا  332  –  قِيلَ  49

 يقول  68  –  تقول  13 –  الْأَقَاوِيلِ  1 –  قول  52

أَقُل   7  –  قُولَا   2  –  تقول  12  –  تَقُولَنَّ  1

يَقُولُونَ 92

قل  333  –   قَائِلٌ  4

تقولون    11

1 – Quelle est la « visée » de la répétition du verbe dire

Quelle est la « visée » du verbe dire dans le Coran qui semble traduire un « générique » de situations et non un caractère particulier ou singulier ? Il semble que le caractère global du verbe dire, eu égard à son nombre et à ses contextes, est en lui-même une singularité qui laisse perplexe et c’est sans doute cette perplexité qui est visée pour qu’elle mette le lecteur dans une quête de sens, un arrêt sur le contexte qui est plus signifiant que le mot.

Le verbe dire cité 1722 fois dans sa formulation lexicale coranique générale, mais varié sur le plan de la syntaxe et de la sémantique, est-il un oubli ou une faiblesse syntaxique ou sémantique qu’il faut combler, ou au contraire un dessein devant lequel il faut s’incliner et se prosterner que l’on parvienne ou non à comprendre tout ou partie de ce dessein.

Lorsqu’on examine, même superficiellement, le verbe dire dans le Coran on ne peut manquer de constater que le Prophète est dans la triple situation, celle passive de celui qui est informé sur ce qu’il ignorait, celle de l’auditeur à l’écoute des interrogations de ses détracteurs ou de ses disciples, enfin et celle plus active où le verbe dire devient un impératif  affirmatif ou négatif : « dis » et « ne dis pas » pour répondre, révéler  ou prendre position. Le Moi Mohammadien est absent, totalement absent. Mohamed (saws) est le réceptacle du Coran et son transmetteur dans une fidélité infaillible :

{… sachez qu’à Notre Messager n’incombe que la transmission évidente.}  Al Maidah 92

{Dis : « Il ne m’est sûrement inspiré que : “Votre Dieu Est, sûrement un Dieu Unique”. Etes-vous donc des musulmans ? » Si alors ils se détournent, dit : « Je vous ai transmis, à tous, ce qui m’a été ordonné. Je ne sais si ce qui vous est promis est proche ou lointain.} Al Anbiya 108

{Notre parole a déjà été transmise à Nos Dévoués, les Messagers.}

Mohamed (saws) était un Prophète « Oummiy » – inconnaissant – envoyés aux « Oummiyines ». , les inconnaissants qui ne connaissaient ni ne pratiquaient les religions, les mythes et les philosophies de leur époque, mais qui maitrisaient parfaitement la langue arabe, langue maternelle, langue d’usage domestique et sociale, langue littéraire et poétique, langue coranique. Mohamed et ses compagnons ne pouvaient donc ignorer toutes les configurations complexes du verbe dire ni les singularités qui font qu’au lieu du verbe dire le Coran a recours à un verbe spécifique comme transmettre, proclamer, déclamer, raconter, discourir, solliciter. Ils ne pouvaient ignorer que le verbe dire dans le contexte coranique signifiait exactement dire et non une approximation ou une singularisation qu’aurait donné un verbe synonyme ou un autre verbe ….

Les détracteurs du Coran et les négateurs de Mohamed (saws) connaissaient parfaitement la langue arabe, mais le défi littéraire, sémantique, stylistique, parabolique et intellectuel du Coran les a anéantis. S’ils avaient trouvé une brèche dans le verbe dire du Coran ils l’auraient suivi.

La multiplicité des formes du verbe dire nous amènent à nous interroger sur ce qu’a voulu dire Allah ? Il ne nous donne pas la réponse comme une formulation à apprendre et à appliquer comme une recette de cuisine, mais il nous met en situation de chercher en nous livrant les indices et l’enchaînement des mots et des énoncés pour que nous pratiquions le Taddabbor, la lecture sensée et méditative qui découvre le sens global et le sens singulier du récit, de ses attendus, de ses conséquences.

Le Taddabbor est un Taffakkor particulier, c’est un raisonnement qui correspond à la logique interne du Coran en étudiant ses Signes (Ayat) alors que le Taffakkor est un raisonnement sur les Signes de la Création (Ayat). Il s’agit de voir la Manifestation de Dieu à travers l’expression de l’unicité de ses Signes qui sont verbe et acte. Le Taddabor est la quête de Signes dans le contenu du Coran, c’est l’effort de comprendre le Coran par le Coran en construisant le réseau de sens entre les mots, les concepts, les énoncés et les contextes du Coran. Par le Taddabbor il y a un effort intellectuel qui libère l’intelligence de la lecture formaliste du Coran et qui fait impliquer la pensée, l’imagination et la mémoire dans une lecture dynamique, globale et signifiante faisant appel à la logique interne du Coran, à sa cohérence et à sa méthodologie singulière de dévoilement et de conjugaison des Signes à partir d’autres Signes.

{N’ont-ils donc point médité la Parole ou bien leur est-il parvenu ce qui n’est pas parvenu aux premiers de leurs ancêtres.} Al Anbiya 68

{C’est un Livre béni que Nous t’avons révélé afin qu’ils méditent ses signes, et afin que les doués d’entendement se rappellent.}  Sàd 29

{Nous avons facilité en fait le Coran pour la réflexion. Y a-t-il donc quelqu’un qui réfléchisse ?} Al Qamar 32

Le Prophète (saws) demandait aux Compagnons d’étudier, d’analyser et de méditer le Coran :

 

أعربوا القرآن والتمسوا غرائبه

« Perfectionnez-vous dans l’étude de la syntaxe (et de la sémantique) du Coran puis chercher à atteindre ses joyaux ».

Nous sommes amenés à lire le Coran comme s’il avait été révélé à nous sans intermédiaire. Nous sommes invités à méditer les dire d’Allah, des Anges, des Prophètes, de Pharaon et des négateurs de la vérité pour que nous puissions dire en notre âme et conscience : Que va me dire Allah le Jour de la Rencontre ? Que vais-je Lui dire ce jour-là ? Que dois-je dire ici dans chaque opportunité de vie et dans chaque lieu d’existence, comment le dire, pourquoi le dire ainsi et pas autrement ?

Dire est une grande responsabilité qui s’éduque, se cultive et s’assume. La multiplicité des dires et les nuances de leurs significations sont la démarche pédagogique du Coran pour éduquer le Croyant à assumer ses responsabilités et à garder en éveil les facultés qu’Allah a déposées en lui :

{N’affirme pas ce dont tu n’as aucune connaissance, car de l’ouïe, de la vue, du cœur, et de tout ceci, l’homme aura à en rendre compte.} Al Isra 36

Dans une série d’articles sur le verbe dire, je vais tenter de livrer quelques pistes de réflexions sur le sens des dires coraniques et dans la foulée, à la lumière du Coran et de l’expérience de la vie, je vais me permettre de pointer quelques traits de notre réalité.

La prophétie de Mohamed peut-elle être prouvée par la raison ?

Dans la série « Études coraniques »,j’avais, entre autres, analysé Le Phénomène Coranique – Malek Bennabi  qui est une réponse magistrale à ceux qui soutiennent que le Coran est d’inspiration chrétienne.  Si Malek Bennabi se positionne sur le plan de l’historicité de la Révélation et du Moi psychologique du Prophète pour démontrer l’authenticité du Coran, Fadel Samaraï, le grammairien irakien, se positionne sur le plan de la syntaxe et du lexique pour montrer la rationalité et l’authenticité du Coran.

Dans son livre « نبوة محمد من الشك إلى اليقين La Prophétie de Mohamed – Du doute à la certitude » Fadel Samaraï raconte sa quête de Dieu, sa quête de vérité qui l’a amené à trouver Allah puis à partir à la quête de la connaissance d’Allah qui l’a amené à étudier les principaux livres sacrés de l’humanité pour se consacrer finalement à l’étude scientifique du Coran qui l’a amené à l’Islam. Ayant trouvé la vérité dans le Coran, il a fait de l’étude de ce livre sa vocation dans l’existence ce qui l’a conduit à produire son propre tafsir du Coran se basant uniquement sur le potentiel intrinsèque de la langue arabe sans influence « religieuse ».

Je livre une synthèse de « La Prophétie de Mohamed – Du doute à la certitude » en lui faisant subir quelques arrangements pour la rendre plus accessible au lecteur francophone et avec quelques ajouts personnels. Il ne s’agit donc pas d’une traduction fidèle, mais d’une appropriation d’une partie du livre de  Fadel Salah Samaraï.

Le Coran nous dit que Mohamed (saws) est Prophète pour la raison qu’il a reçu la Révélation divine (le Coran) transmise par l’Ange Gabriel. Cette révélation est reçue par Mohamed (saws) comme sens compris par le cœur et l’esprit ainsi que comme parole entendue pouvant être transcrite intégralement et fidèlement en écriture :

{Dis : « Qui est ennemi de Gabriel ? », car il l’a Révélé en ton cœur, par le Vouloir d’Allah, corroborant ce qui le précéda, ainsi que Direction infaillible et bonne nouvelle pour les croyants. […] En fait, Nous t’avons révélé des Signes évidents et ne les nient que les pervertis.} Al Baqarah  96 et 98

{Nous le révélâmes un Coran (en langue) arabe pour que vous raisonniez.} Youssef 2

{C’est sûrement la Parole  d’un noble Messager, et ce n’est pas la parole d’un poète, combien peu vous êtes croyants ! Ni la Parole d’un devin, combien peu vous vous souvenez ! C’est une Révélation du Dieu des Univers.} Al Haqqah 40 à 42

{Et c’est sûrement une Révélation du Dieu des Univers, Il a été révélé par l’Esprit digne de confiance, en ton cœur, afin que tu sois du nombre des avertisseurs, en langue arabe pure.} As Shou’ara 194 à 196

{… si un des polythéistes te demande refuge, donne-lui refuge afin qu’il entende les paroles d’Allah, ensuite fais-le parvenir à son lieu de sécurité. Cela, parce que ce sont des gens qui ne savent pas.} At Tawbah 6

Le mécréant ou l’ignorant pourrait dire quel crédit donner à votre Prophète dont la preuve de sa prophétie tient à un livre dont il prétend avoir reçu révélation et qui prétend qu’il est Prophète : ce Coran pourrait-il être rationnellement une preuve logique ?

Oui le Coran pourrait être rationnellement une preuve logique de la vérité ou du mensonge de la Prophétie de Mohamed (saws) puisqu’il affirme sa véracité tout en mettant en défi ses détracteurs de prouver sa fausseté.  Sur le plan de la raison la question se résume ainsi : Si le Livre de Mohamed est incontestablement vrai alors Mohamed est incontestablement Prophète, mais si le Livre de Mohamed est faux ou contient une fausseté alors incontestablement Mohamed est un imposteur :

{O Hommes ! Une Preuve (Borhane) vous est venue en fait de votre Dieu, et Nous vous révélâmes une Lumière évidente.} An Nissa 174

Le Coran se présente non seulement comme argument, signe, évidence, mais comme Borhane c’est-à-dire une preuve éclatante, incontestable et irréfutable en tout lieu, tout temps et sur toute chose. Il suffit donc de présenter un fait, un signe, un témoignage, scientifique ou linguistique, mettant en cause la validité d’une seule assertion coranique pour que  le Coran perde de son caractère d’invulnérabilité et d’infaillibilité qui attestent qu’il est d’origine divine et non mohammadienne. Jusqu’à ce jour le Coran fait preuve d’attaques de la part de nombreux détracteurs, mais aucune de ces attaques n’est crédible.

Il faut être un fou, un faux prophète, ou un drogué vivant au milieu d’ignorants sinon un authentique missionné par Dieu et en avoir la certitude pour affirmer dans la solitude et l’hostilité générale que ses paroles sont une révélation divine, qu’elles sont inattaquables et qu’elles sont une preuve évidente et inaltérable. Contre l’accusation de folie, d’envoutement et de délire, Mohamed avait la Parole d’Allah pour défense :

{Tu n’es pas un fou, par la grâce de Ton Dieu. Et tu auras sûrement une rémunération ininterrompue, et tu es sûrement d’un caractère élevé. Tu verras alors, et ils verront, lequel d’entre vous est le possédé.} Al Qalam 1 à 4

Ce Coran qui défend Mohamed (saws), qui le soutient, qui lui donne ses réponses et qui atteste de sa Prophétie doit sur le plan logique être une pure invention de Mohamed ou véritablement la Parole d’Allah. Il ne peut y avoir d’autres alternatives.

Dans ce Livre, en son contenu, en sa structure et en sa formulation,   doit donc nécessairement se trouver  son mensonge ou sa vérité. C’est ce que les linguistes appellent la cohérence interne. Dans le rapport de ce Livre aux événements historiques et aux personnages doit aussi se trouver son mensonge ou sa vérité. C’est ce que les linguistes appellent la cohérence externe. Il n’existe pas de méthode plus rationnelle pour étudier un livre, un récit, une information.

Le défi à la rationalité c’est lorsque l’objet d’étude devient sujet qui interpelle la raison et lui demande d’être objective et méthodique dans son étude :

{Ne méditent-ils donc pas le Coran ? S’il venait d’ailleurs que de la part d’Allah, ils y auraient trouvé beaucoup de contradictions.} An Nissa 82

Le défi à la rationalité c’est lorsque que l’œuvre présumée de Mohamed témoigne que Mohamed auteur présumé de l’œuvre n’en est que le véhicule de transmission :

{Le Messager a foi en ce qui lui a été Révélé par son Dieu} Al Baqarah 285

{C’est en toute Vérité que Nous l’avons révélé, et c’est comme Vérité qu’il est révélé. Et Nous ne t’avons envoyé qu’annonciateur et avertisseur. C’est un Coran que Nous avons fragmenté afin que tu le lises aux hommes avec pondération ; et Nous l’avons intégralement révélé. Dis leur : « Croyez-y ou n’y croyez pas »} Al Isra 105

{Mohammad n’est rien d’autre qu’un Messager : nombre de Messagers sont passés avant lui.} Ali ‘Imrane 144

{Tu ne peux, toi, guider ceux que tu aimes, mais Allah guide qui Il veut.} Al Qassas 56

Le Coran qui place Mohamed (saws) comme simple réceptacle et véhicule et qui invite non seulement à  examiner sa cohérence interne et externe, mais à l’étudier méthodiquement dans son lexique, sa syntaxe et son style dispose donc intrinsèquement de la preuve rationnelle et évidente de son authenticité, de sa véracité et de son incomparabilité.

Le Coran ne se contente pas de poser l’équation de son authenticité en termes de cohérence logique, interne et externe, et en termes d’auteur réel, mais il se confronte aux Livres sacrés pour les corriger, les compléter ou montrer leurs falsifications

Le Coran en faisant de l’étude de la cohérence interne et externe non une simple évocation accidentelle, mais un principe méthodique qu’on retrouve dans l’ensemble du Coran et sur tous les plans pose le problème de son authenticité et de sa vérité à un niveau inégalé de rationalité :

{Parcourrez donc  la terre et observez…} Ali ‘Imrane 137

{Nous leur Montrerons Nos Signes dans l’Univers et en eux-mêmes, jusqu’à ce qu’il leur soit évident que c’est la Vérité.} Foussilat 53

Lorsqu’Allah dit que ce Coran est un Borhane, preuve incontestable, cela signifie que ce Coran dispose non seulement des éléments de réponses philosophiques, linguistiques et scientifiques à toute quête de Dieu, mais contient l’argumentation logique et rationnelle pour fonder sa vérité et la présenter non seulement comme vrai, mais comme vérité absolue et incontestable.

Pour voir plus en détail la compréhension du Borhane comme Signe vous pouvez consultez l’article : L’intellectuel et le savant entre le Signe et le Sens

philosophiquement et scientifiquement parlant, lorsque le Coran se présente comme vérité et comme preuve, il signifie donc qu’il peut se passer de toute la rhétorique religieuse et de tout le préalable de la foi pour apporter ses preuves à l’esprit curieux animé par la quête de vérité pour la vérité. Bien entendu le manipulateur idéologue qui aborde le Coran avec des préjugés repartira avec ses préjugés et son ignorance avec en plus la frustration d’avoir perdu du temps. Le quêteur de vérité ne trouvera aucun argument philosophique, scientifique, historique ou linguistique pour réfuter le Coran et le Prophète à qui il a été révélé. Les rigolos arabes qui jouent aux athées et aux agnostiques pour appartenir à la modernité occidentale sont des rigolos, car comme dirait Victor Hugo : « le lion qui imite un lion n’est qu’un singe » : il leur manque le parcours du solitaire véridique en quête de vérité et qui la cherche dans la création, les livres et la méditation.

Le Coran interpellant la raison humaine, se libère de la pensée religieuse et s’ouvre à la pensée humaine, aux interrogations de l’humanité. Mohamed (saws) n’avait ni école philosophique, ni groupe religieux, ni parti politique, ni association scientifique, ni académie de langue, il n’avait que le Coran pour affronter les moqueries, les railleries, les doutes, les questionnements et la quête de vérité ou de mensonge des hommes de son époque. Ces hommes étaient divers donc avec des questions diverses traduisant l’esprit du Juif, du chrétien, de l’arabe païen, de l’instruit, du bédouin, du rebelle, du cynique, du nihiliste, du monothéiste, de l’allié aux Perses ou aux byzantins, du vieux, du jeune, du méditant, du pragmatique… Mohamed répondait, car il s’adressait à l’âme humaine avec la Parole du Créateur de cette âme.

Ceux qui voulaient résister au Borhane ont été vaincus. Certains  avaient désisté de leur opposition en embrassant l’Islam ou en refusant de lui être hostile, d’autres avaient refusé l’humiliation de leur raison mise en échec et avaient transféré leur échec en haine contre l’homme qui portait les idées et les paroles qui les ont terrassés intellectuellement et socialement. Contre le doute et la méfiance, Mohamed (saws) offrait la conviction et la confiance que lui donnait le Coran.

Dans ce combat entre la vérité et le mensonge, entre la preuve incontestable et l’opinion, entre l’argumentation et l’insulte,  il n’y a pas de place aux débats secondaires, futiles ou accessoires. Avant de débattre du culte, du licite et de la morale il faut d’abord accepter ou réfuter les fondamentaux : Mohamed (saws) est-il Prophète ou non ? L’Islam est-il la religion de Dieu ou non ? Le Coran est-il authentique ou non ? Le Jugement dernier est-il vrai ou une légende ? Qui mérite d’être adoré : Allah ou une créature ? Combien de musulmans, y compris au sein des élites, inconscients de l’état du monde  et de leur devoir, se trompent de priorités et de combat.

Mohamed (saws), connu par sa société comme un homme intègre, franc, sincère, loyal et ne savant ni lire ni écrire comme la majorité des Arabes de son époque, va donc leur offrir un Coran dans leur langue arabe que presque tous parlent avec éloquence.
J’ai développé longuement la thématique de la langue arabe dans les articles suivants Le Divin « piégé »La Guerre contre l’Arabe

Ce Coran va leur parler de Dieu et de la foi. Il va leur dire que Mohamed est véridique, car ce Coran, preuve incontestable, l’affirme. Il va dire aux Juifs, aux Chrétiens et aux païens d’Arabie et aux hommes de la Planète de suivre Mohamed (saws) le Prophète Oummiy  النَّبِيِّ الأُمِّيِّ :

قُلْ يَا أَيُّهَا النَّاسُ إِنِّي رَسُولُ اللّهِ إِلَيْكُمْ جَمِيعاً الَّذِي لَهُ مُلْكُ السَّمَاوَاتِ وَالأَرْضِ لا إِلَـهَ إِلاَّ هُوَ يُحْيِـي وَيُمِيتُ فَآمِنُواْ بِاللّهِ وَرَسُولِهِ النَّبِيِّ الأُمِّيِّ الَّذِي يُؤْمِنُ بِاللّهِ وَكَلِمَاتِهِ وَاتَّبِعُوهُ لَعَلَّكُمْ تَهْتَدُونَ

{Dis : « O hommes, je suis pour vous tous, en totalité, le Messager d’Allah. A qui appartient le Règne des Cieux et de la Terre ? Il n’y a de Dieu que Lui, Il fait vivre et fait mourir. Croyez-donc en Allah et en Son Messager, le Prophète inconnaissant, qui croit en Allah et en Ses Paroles, et suivez-le, afin que vous soyez  guidés. »}  Al A’âraf 158

Les difficultés de traduction font du Prophète oummiy النَّبِيِّ الأُمِّيِّ un analphabète ou un illettré, avec un sens péjoratif qui ne sied pas au Prophète d’Allah. Avant de trouver le terme exact et sa véritable signification, il faut dire que le Prophète (saws) ne savait ni lire ni écrire comme l’attestent ses biographes et comme le dit le Coran :

{Et tu ne récitais aucun livre, avant celui-là, ni tu ne l’écrivais de ta droite, sinon alors les détracteurs douteraient.} Al Ankabout 48

Le sens véritable n’est pas au niveau de la lecture et de l’écriture, mais au niveau de la connaissance de la foi et de la science sur la religion. Mohamed (saws) était un inconnaissant de la religion et tout particulièrement des religions juives et chrétiennes, il n’avait aucun savoir sur leurs Livres sacrés. Il avait la conscience de Dieu comme un Hanif c’est-à-dire en rupture avec toutes les formes d’idolâtries ou de monolâtries déviantes. Allah l’a élu, car il était le meilleur, puis l’a éduqué pour recevoir Sa Révélation.

Il était inconnaissant donc il ne pouvait ni inventer à partir d’une idée ancienne, ni copier, ni arranger, ni entacher sa foi, ni débattre à partir d’une culture ancienne, ni être versé dans les sciences occultes jouant à l’imposteur ou à l’homme d’opinion en quête de sensationnel. Mohamed n’était pas mécréant puisqu’il croyait en un Dieu unique, il n’était pas idolâtre puisqu’il n’avait jamais rendu le culte à une idole. Il était un Hanif c’est-à-dire un monothéiste qui s’écarte de toute forme de paganisme d’une manière purement intuitive. Même lorsqu’il a été chargé de la Prophétie, il n’avait aucune liberté d’interprétation sur le Coran ni aucune initiative sur l’art et la manière de le manier :

{C’est à Nous qu’il incombe de te l’apprendre et de te le faire réciter. Quand Nous l’énonçons, suis alors sa lecture. Ensuite, c’est à Nous qu’incombe son explication.} Al Qiyama 17 à 19

Tout ce qu’il disait était révélé et lorsqu’il répondait aux Juifs et aux Chrétiens il les informait de ce qui n’existe plus dans leurs Livres ou a été modifié :

أَوْحَيْنَآ إِلَيْكَ رُوحاً مِّنْ أَمْرِنَا مَا كُنتَ تَدْرِي مَا ٱلْكِتَابُ وَلاَ ٱلإِيمَانُ وَلَـٰكِن جَعَلْنَاهُ نُوراً نَّهْدِي بِهِ مَن نَّشَآءُ مِنْ عِبَادِنَا وَإِنَّكَ لَتَهْدِيۤ إِلَىٰ صِرَاطٍ مُّسْتَقِيمٍ

{Nous t’avons inspiré un Esprit, par Notre Ordre : tu ne savais point ce qu’est le Coran, ni la foi. Mais Nous l’avons fait une Lumière avec laquelle Nous guidons qui Nous voulons de Nos dévoués. Et toi tu guides sûrement vers un chemin de rectitude : le chemin d’Allah, à qui appartient ce qui est dans les Cieux et ce qui est en la terre.} As Choura 52-53

L’énoncé coranique suivant s’adresse aux Arabes et au reste de l’humanité en leur qualité d’inconnaissant en matière de foi et de religion, car la religion ne les intéresse pas du fait qu’ils se trouvent pas dans un système idolâtre, clérical ou athée qui a construit une fausse représentation de la divinité ou qui a fait de la foi une affaire de mythologie et de fabulation :

هُوَ الَّذِي بَعَثَ فِي الْأُمِّيِّينَ رَسُولاً مِّنْهُمْ يَتْلُو عَلَيْهِمْ آيَاتِهِ وَيُزَكِّيهِمْ وَيُعَلِّمُهُمُ الْكِتَابَ وَالْحِكْمَةَ وَإِن كَانُوا مِن قَبْلُ لَفِي ضَلَالٍ مُّبِينٍ

{C’est Lui qui a envoyé, parmi les inconnaissants, un Messager d’entre eux, il leur récite Ses Signes, les épure, leur apprend le Livre et la Sagesse, bien qu’ils fussent sûrement, auparavant, dans un fourvoiement évident. Ainsi que d’autres, parmi eux, qui ne les ont pas encore suivis. Et Il Est l’Invincible, le Sage.} Al Jumu’ah 2

L’énoncé coranique suivant s’adresse aux Juifs et aux Chrétiens qui attendaient la Prophétie annonçait par Jésus (saws), mais qui pensaient qu’elle ne concernerait qu’un érudit de leur confession :

{Ma Miséricorde embrasse toute chose. Je la prescrirai pour ceux qui sont pieux, qui acquittent la Zakāt et qui croient en Nos Signes. » Ceux qui suivent le Messager, le Prophète inconnaissant qu’ils trouvent inscrit chez eux, dans la Torah et l’Évangile, qui leur commande le bon usage, leur défend le répréhensible, leur rend licite les bonnes choses, leur interdit les vices, les délivre de leurs faix et des carcans qu’ils portaient.} Al A’âraf 158

Les docteurs en religion des Juifs et des Chrétiens étaient considérés comme des oummiy, car c’étaient de grands lettrés inconnaissant en matière de monothéisme : ils ne suivent que leurs opinions et celles de leurs savants, à l’image de notre communauté en ces temps post-modernes :

{Et il est parmi eux des inconnaissants qui ne savent du Livre que des fabulations, et ils ne font que conjecturer.} Al Baqarah 78

Donc c’est en homme inconnaissant en matière de religion, mais de moralité exemplaire et parlant l’arabe avec éloquence dans une société où la langue arabe était non seulement langue maternelle, mais langue de prestige intellectuel, culturel et social, que Mohamed (saws) va prouver qu’il est Prophète à une société incrédule. Mohamed (saws) tenu pour menteur, fou, poète, magicien, envouté, va mettre, par injonction divine,  en défi les élites, poètes arabes et lettrés Juifs et Chrétiens, de produire un texte équivalent au Coran pour prouver que le Coran est une œuvre humaine. Si un texte humain pouvait être sur le plan lexical, syntaxique, stylistique et sémantique, équivalent au Coran alors celui-ci en perdant son incomparabilité perd de fait sa crédibilité de preuve irréfutable. Nous sommes sur le terrain de la raison pure, de la logique philosophique, de l’exigence linguistique la plus complexe que seuls les lettrés en arabe connaissent lorsque la langue n’est pas seulement un bavardage ou un gagne-pain.

Le Coran va fixer le cadre général en disant aux détracteurs de Mohamed (saws) que la véritable « œuvre » imputée à Mohamed (saws) est impossible à être réalisée   même si toutes les créatures de l’univers se mettaient en chantier :

{Dis : « Même si le genre humain et les djinns se réunissaient pour faire l’analogue de ce Coran, ils ne pourront faire son analogue, même s’ils s’assistaient mutuellement les uns les autres. »} Al Isra 88

Le Coran va dans un premier  temps leur demander de produire dix sourates sachant qu’une sourate peut contenir trois courts versets ou plus de deux cents longs versets. Ils avaient la liberté de choisir la longueur des sourates et de choisir leurs experts littéraires, mais avec la certitude absolue qu’ils seraient dans l’incapacité de relever le défi.

{Diront-ils : « Il l’a controuvé ! » Alors dis leur : « Apportez donc dix sourates qui lui soient semblables, en les inventant, puis faites-vous assister par qui vous pourrez, hormis Allah, si vous êtes véridiques ! ». S’ils ne réagissent pas à votre égard, sachez alors qu’il n’est révélé que par le Savoir d’Allah, et qu’il n’y a de Dieu que Lui. Êtes-vous donc disposés à être musulmans ? »}  Houd 13-14

Le message est clair même s’il peut être compris de plusieurs façons : le Coran est inimitable donc Mohamed est Prophète, Prophète à qui Allah a révélé ce Coran, si vous ne croyez pas en Mohamed et en ce Livre regardez comment  Allah vous rend impossible la tâche de produire quelque chose de semblable et par conséquent ce Livre et ce Prophète qui parlent de Lui sont authentiques, car Allah s’est manifesté contre vous et en faveur de Son Livre et de Son Prophète.

Dans un cas comme dans l’autre, il n’est pas demandé de croire en Mohamed comme un roi, un chef de parti ou un philosophe, mais de le suivre comme Prophète qui conduit vers Dieu. Ce Dieu qui sait et qui connait votre incapacité vous fait savoir qu’Il n’a pas envoyé l’ultime Prophète pour l’humanité sans le doter des preuves de sa véracité et de sa suprématie intellectuelle. Si vous n’êtes pas capables de produire dix sourates avec des lettres que vous maitrisez alors qu’en est-il de la création divine, du Jugement dernier, de l’Enfer et du Paradis…

La puissance de ce raisonnement et sa finesse n’ont pas échappé aux Arabes, aux Juifs et aux Chrétiens, car le discours était focalisé sur l’essentiel sans accessoires pour faire diversion. Le discours de la raison a besoin de deux choses pour être tenu : des gens raisonnables et la liberté pour que les gens raisonnables communiquent et argumentent. Les religieux qui ne travaillent pas pour la promotion de la raison et de la liberté et se jettent corps et âmes dans l’anathème et les détails du Fiqh se retrouvent dans la logique des détracteurs de l’Islam qui ont recours à la violence et aux mensonges pour faire diversion et subversion avant la  guerre. C’est ce qui s’est passé avec Mohamed (saws) : la persécution puis la guerre pour empêcher le triomphe de la raison qui donne ses preuves :

{Apportez vos preuves si vous êtes véridiques}

Avant de le persécuter puis de le chasser de sa ville natale et de lui déclarer la guerre après échecs des tentatives d’assassinat, les élites mecquoises étaient subjuguées par les énoncés coraniques. Ils faisaient du tapage et de l’intimidation pour empêcher les gens d’écouter le Coran, mais eux-mêmes ils venaient à l’aube et en cachette écouter le Prophète réciter le Coran dans son domicile. Ils comprenaient ses paroles et subissaient son influence et c’est pourquoi ils se faisaient des confidences sur leurs venues secrètes et se promettaient de ne plus venir écouter le Coran. Devant l’impossibilité attendue de ne pas produire l’équivalent de dix sourates, le Coran, par la voix de Mohamed (saws) et en conformité avec sa nature généreuse et facilitatrice, va simplifier le défi en le limitant à une seule sourate :

{Si vous êtes dans le doute, de ce que à Notre dévoué, apportez-donc une Sourate qui lui soit semblable et convoquez vos témoins, à l’exclusion d’Allah, si vous êtes véridiques. Si vous ne le faites pas, et vous ne le ferez jamais, alors craignez-donc le Feu.} Al Baqarah 23

L’être sensé voit la qualité du raisonnement logique, ses prémisses et ses conclusions. Nous voyons donc comment l’invitation « Êtes-vous donc disposés à être musulmans ? » qui suivait les dix sourates à produire est devenue un avertissement : « craignez-donc le Feu » lorsque le défi est devenu dix fois moins difficile. Il faut lire ces énoncés non comme un homme de religion « blasé » par le culte, mais comme un pédagogue face à l’échec de l’entêté qui refuse la vérité d’une loi scientifique ou comme un étudiant face à un professeur qui lui donne une autre occasion de se rattraper dans un examen plus facile, mais dont l’échec est de moins en moins permis eu égard à l’accumulation des échecs.

Pour comprendre la dimension rationnelle et la portée psychologique de cet énoncé non seulement il faut le situer dans celui des dix sourates, mais il faut le situer dans son contexte. Ce contexte est celui de Mohamed les invitant à produire une petite sourate comme sourate Al Kawthar ou Al Ikhlass avec l’annonce de l’impossibilité de le faire.

{Et quand tu récites le Coran, Nous mettons entre toi et ceux qui ne croient pas en la vie Future, une barrière qui voile. Et Nous mettons des épaisseurs dans leurs cœurs, pour qu’ils ne le comprennent pas, et une surdité à leurs oreilles. Et quand tu évoques ton Dieu, Seul, dans le Coran, ils s’écartent en fuyant par répulsion. Nous Sommes Plus-Scient de l’état dans lequel ils t’écoutent, car ils t’écoutent en étant en conciliabule, lorsque les injustes disent : « Vous ne suivez sûrement qu’un homme ensorcelé ! » Vois comment ils te fournissent des exemples, alors ils se fourvoyèrent et ne peuvent plus trouver d’issue.} Al Isra 47 à 48

Le Coran les informe donc de leurs réunions secrètes où ils tentaient en vain de relever le défi que leur posait le Coran. Aucun texte ne rapporte que les Arabes avaient démenti cet éclairage coranique. Ici va se poser la question la plus cruciale : le rapport de la foi à la raison. La raison peut conduire à la vérité lorsqu’elle travaille avec méthode et objectivité sans préjugé. La raison et la connaissance de la vérité ne peuvent pas conduire obligatoirement vers la foi : cette conclusion n’est pas irrationnelle, mais confirme que le domaine de la foi ne relève pas de la raison pure. A l’inverse la foi a besoin de la raison  pour ne pas être confondue avec la crédulité et pour témoigner aux autres non seulement de l’expérience spirituelle, de la connaissance métaphysique, mais aussi des champs raisonnables que la foi investit pour leur donner la finalité ultime dans les objectifs et la vertu dans les moyens d’action et de comportement.

Le contextuel de cet énoncé nous met en présence de deux logiques qui s’opposent. La première logique est celle du Coran qui n’offre pas une ou deux, mais des preuves innombrables de sa vérité. La seconde logique est celle des matérialistes qui réfutent tous les arguments sauf ceux qu’ils se fixent comme mesure, car ils se prennent pour la norme et la référence de toute chose. Dans la confrontation de ces deux logiques, il y a la connaissance de la nature humaine et ses esquives pour fuir les impasses de sa propre raison qui refusent de réfléchir, de méditer, de pousser l’esprit de sens et de justesse à ses limites réelles :

{Nous avons varié pour les hommes, dans ce Coran, de toute sorte d’exemples, mais la plupart des hommes mais la plupart des hommes refusent de se départir de leur mécréance. Et ils dirent : « Nous n’aurons point foi en toi jusqu’à ce que tu nous fasses jaillir une source de la terre ; ou que tu aies un parc de palmiers et de vignes, et que tu fasses jaillir à travers eux les fleuves, un vrai jaillissement ; ou que tu fasses tomber sur nous le ciel, comme tu as prétendu, par morceaux ; ou que tu amènes devant nous  Allah et les Anges; ou que tu aies une maison d’or décorée, ou que tu montes droit au ciel, et nous ne croirons point à ton ascension à moins que tu ne nous fasses descendre un livre que nous puissions lire ». Dis : « Gloire à mon Dieu, suis-je donc autre chose qu’un être humain envoyé comme Messager ? » Mais rien n’empêcha les hommes de croire, quand la Direction infaillible leur est parvenue, que d’avoir dit : « Allah a-t-Il envoyé un être humain comme Messager ? » Dis : « S’il y avait sur la terre des Anges qui marchaient confiants, Nous leur aurions sûrement fait descendre du ciel un Archange comme Messager. »} Al Isra 89 à 95

Devant tant d’arguments, les Arabes païens ont trouvé que le court chemin est la persécution et l’effusion de sang. Le chemin plus court et moins périlleux était de contredire le Coran, mais cela leur était impossible. Sur le plan de la raison, les païens étaient confrontés à quatre choix. Le premier était d’embrasser l’Islam, mais il aurait fallu reconnaitre leur échec et regretter leurs moqueries. Le second était de jouer les hypocrites pour saper l’Islam de l’intérieur. Le troisième était de se détourner de Mohamed et le laisser argumenter avec en fin de compte l’islamisation du monde. Le quatrième était de combattre Mohamed. Le choix répond à leur logique du moment, mais il n’était pas historiquement et idéologiquement raisonnable, car on ne combat pas une idée, un amour, une conviction, une foi, une vérité par des armes. Le dicton populaire dit qu’avec un coup de marteau on brise le fer, mais on forge l’acier.

Dans les temps présents l’Empire, le sionisme et le temple satanique, en guerre contre Dieu et contre l’humanité, ont peur de l’éveil de l’Islam qui a la compétence de convaincre n’importe quel humain de sa vérité si cet humain se met à l’écoute de ce Coran en faisant usage de sa raison. Pour que la raison ne soit pas convoquée et que la peur, le sensationnel  et la folie deviennent un rempart contre l’éveil islamique les laboratoires instrumentalisent les infantiles et les anarchistes du monde musulman avec l’argent des pays musulmans pour installer une situation de violence et d’effusion du sang. Les mêmes procédés utilisés par  Arabes hypocrites et idolâtres contre le Coran et le Prophète sont actualisés et amplifiés par la technologie, l’argent et les médias.

Avant de se résigner à le mettre sous embargo, à l’assassiner, à l’expulser puis à lui déclarer la guerre, les Arabes grands polémistes et grands rhéteurs ont posé les grandes questions qui fondent la foi et la  science des musulmans :

{Vois comment ils te fournissent des exemples, alors ils se fourvoyèrent et ne peuvent plus trouver d’issue. Et ils disent : « Quand nous serons des os et des débris, serons-nous vraiment ressuscités en une nouvelle création ? » Dis leur : « Soyez des pierres ou du fer, ou quelque créature qui vous paraisse impossible ! » Alors ils diront : « Qui donc nous reconstituera ? » Dis leur : « Celui qui vous initia la première fois », alors ils  hocheront vers toi leurs têtes et diront : « Quand cela ? » Dis : « Il se peut que ce soit bientôt, le jour où Il vous appellera et que vous répondrez à Son Appel en Le louant,  pensant que vous n’êtes restés que peu de temps. »} Al Isra 49 à 52

Ils ne cherchaient donc pas à s’informer, mais à transformer leur impuissance en triomphe croyant que leurs questionnements métaphysiques ou historiques allaient  pousser Mohamed (saws) à commettre une erreur de style, de syntaxe, d’historicité, de sémantique. Cet aspect étrange témoigne de la rationalité du Coran qui a fait du contexte argumentaire et détracteur des païens, des Juifs et des Chrétiens une pédagogie de la foi tout en les renvoyant à leurs contradictions et aux défis qui leur sont posés en termes de cognition et de logique pure.

Aujourd’hui les orientalistes, les islamologues et certaines officines sionistes tentent de recourir à la linguistique moderne pour étudier la sémantique coranique et ainsi le déconstruire. Le défi est toujours d’actualité ! Pour l’instant, en plus des problèmes de méthodologies et de définition des objectifs les chercheurs sont confrontés à la complexité lexicale du Coran et à l’impossibilité de transférer vers l’Arabe des outils d’analyses conçus pour les langues latines.  Le Coran a inscrit le comportement des anciens détracteurs, semblables à celui des contemporains, nous montrant une fois de plus que le Coran est une véritable et puissante argumentation rationnelle devant laquelle la raison répond lorsqu’elle est libre sans entraves culturelles, sociales, idéologiques, religieuses sinon elle se rebelle et fuit dans le reniement le plus irrationnel :

{Et quand tu récites le Coran, Nous mettons entre toi et ceux qui ne croient pas en la vie Future, une barrière qui voile. Et Nous mettons des épaisseurs dans leurs cœurs, pour qu’ils ne le comprennent pas, et une surdité à leurs oreilles. Et quand tu évoques ton Dieu, Seul, dans le Coran, ils s’écartent en fuyant par répulsion. Nous Sommes Plus-Scient de l’état dans lequel ils t’écoutent, car ils t’écoutent en étant en conciliabule, lorsque les injustes disent : « Vous ne suivez sûrement qu’un homme ensorcelé ! » Vois comment ils te fournissent des exemples, alors ils se fourvoyèrent et ne peuvent plus trouver d’issue.} Al Isra 47 à 48

La puissance du Coran est dans son discours sur Dieu, sur la création, sur les Prophètes, sur le devenir, sur l’homme… Quiconque écoute (au sens sémantique) le Coran se trouve impliqué dans un projet de connaissance, de méditation, de quête des fins, de mise en marche vers la liberté, de devoir de justice et de solidarité :

{Et lorsqu’on récite le Coran, écoutez-le et entendez, afin qu’il vous sera fait Miséricorde.} Al Maidah 204

L’intuition, la ruse, l’intelligence, la perversité et les intérêts des mécréants opposés au Coran savent la puissance du Coran sur la raison et l’émotion du Croyant et de l’inconnaissant et par conséquent ils rivalisent d’ingéniosité pour détourner l’attention :

{Et ceux qui sont devenus  mécréants disent : « N’écoutez pas ce Coran et résistez-lui par le bavardage, peut-être vaincriez-vous ».} Foussilat 26

Il est triste et désolant de voir aujourd’hui les adeptes de l’Islam bavarder et saper le sens du Coran. A titre d’illustration le Coran, parole divine pour la méditation et la quête spirituelle et intellectuelle, est devenu une ambiance sonore dans les souks. Mais le plus navrant est le bavardage des imams qui ont recourent au Coran pour se donner un « look » savant, mais qui ne font du bavardage ou de la récitation d’opinions de savants anciens sans rapport avec nos problèmes contemporains et sans faire l’effort de faire connaitre le Coran aux musulmans. Mohamed (saws) a transformé l’homme puis la société par le Coran : pendant 23 ans il leur récitait le Coran et les Compagnons l’apprenaient, le commentaient et le mettaient en pratique.

Au lieu de parler des dix invalidations de la foi du cheikh Ibn Abdelawahab, de la « trinité » islamique d’Ibn Taymiya (unicité de la divinité, unicité de l’adoration, unicité des Noms et des attributs divins), des marabouts, des soufis, des chiites, des innovateurs et de tout sujet sur lequel il y a divergence ou qui n’est pas prioritaire,  ils devraient s’inspirer des Djinns :

{Et lorsque Nous avons envoyé vers toi un nombre de djinns entendre le Coran, alors dès qu’ils furent présents, ils dirent : « Écoutez ! » Puis lorsque la lecture fut terminée, ils retournèrent auprès des leurs pour les avertir.  Ils dirent : « O notre peuple ! Nous avons entendu un Livre révélé après Moïse, corroborant ce qui le précède ; il guide vers la Vérité et vers un chemin de rectitude ; O notre peuple ! Répondez au héraut d’Allah, et croyez en Lui, Il vous Absoudra de vos péchés et vous Préservera d’un douloureux châtiment ; et quiconque ne répond pas (favorablement) au héraut d’Allah, il ne saurait entraver de par la terre, et n’a nuls protecteurs à l’exclusion de Lui. Ceux-là sont dans un fourvoiement évident ».} Al Ahqaf 29 à 32

Encore une fois, le discours est logique axé sur l’essentiel sur lequel et par lequel se construit une conviction, une posture, une idée.  Beaucoup de musulmans n’ont retenu des Djinns que le surnaturel et l’exorcisme importés des Juifs et des Chrétiens. Beaucoup de musulmans ont exclu la rationalité se contentant d’un discours moralisateur où une audience infantilisée écoute un sermonneur paternaliste sans profondeur spirituelle, sans dimension esthétique, sans méthodologie intellectuelle. L’Islam est devenu un phénomène de consommation de masse où le festif, le rassemblement, l’affectif priment sur la raison et sur l’efficacité sociale face à un monde occidental en quête de fins ultimes.

L’islam n’est pas une idéologie, mais sa confrontation avec ses détracteurs relève de la lutte idéologique dans le sens où il affronte la réfutation de la foi par un discours producteur d’idées, de concepts, de vérités qui déconstruisent les mensonges et les falsifications par des preuves rationnelles tout en affirmant l’impossibilité de lui trouver une faille, une erreur, une contradiction qui invalident le Coran qui est sa source principale. C’est cette force intellectuelle qui a permis aux musulmans de rayonner scientifiquement, philosophiquement et artistiquement sur le monde, de se confronter aux Perses, aux Chinois, aux Grecs, aux Hindous, aux Européens et de l’emporter avec aisance, noblesse et pour le profit de tous.

La langue est le canevas des idées et le ferment de l’esthétique d’un peuple. Plus ses signes sont riches plus ses signifiants sont nombreux, plus sa grammaire est structurée et son style élaboré et plus sa sémantique est riche et subtile, plus son vocabulaire est riche plus ses formes d’expressions sont nuancées, précises, adaptées et ajustables à merveille. Celui qui maitrise une langue riche et complexe maitrise non seulement la communication, mais la production des concepts et la manipulation des idées abstraites qui permettent de formaliser la pensée et l’imagination qui sont des formes immatérielles. Plus la langue est structurée plus elle structure et raffine  la pensée en rendant l’indicible de l’émotion, de la perception ou de la cognition  facile à être transcrit en langage verbal ou écrit. La langue arabe c’est ce potentiel exceptionnel intellectuel et narratif que possédaient les Arabes.

La langue arabe avec ses 29 lettres, ses huit vocalisations, ses 20000 mots et sa grammaire complexe se voit promue comme défi par la langue coranique qui lui ajoute des mots, des métaphores, des syntaxes, des styles et une lecture non linéaire. En plus de ses innovations révolutionnaires, la langue coranique va se définir comme lissan arabi dans le sens de langue correcte, droite, jeune, belle et généreuse si nous prenons le terme « arabe » dans sa signification coranique. Le Coran va aller encore plus loin en disant que cette langue coranique « correcte » est parfaite :

{… ceci est une langue arabe évidente} An Nahl 103

{… en langue arabe pure} As Chou’ara 195

{Un Coran arabe, sans aucune tortuosité} As Zomr 28

Seule la langue arabe remaniée pouvait contenir et véhiculer la Parole divine. Cette Parole, malgré sa complexité et sa richesse, a été « miraculeusement » facilitée pour qu’elle soit accessible et compréhensible tout en restant incomparable. Sa compréhension n’est pas figée, mais élastique : chaque intelligence et chaque expérience de vie permettent à la langue coranique d’offrir davantage de significations :

{Nous ne l’avons rendu facile en ta langue qu’afin que tu puisses, par son intermédiaire, annoncer la bonne nouvelle aux pieux et avertir les gens contestataires.} Mariam 97

{Et Nous avons réellement facilité, en fait, le Coran pour la réflexion. Y a-t-il donc quelqu’un qui réfléchisse ?}

Même si nous nous exprimons en français sur la langue arabe du Coran nous pouvons comprendre la posture des poètes de la période antéislamique devant ce Coran qui s’exprime dans leur langue et qui leur dit je suis difficile, mais facile pour ceux qui sont sincères ; je vous apporte du nouveau, mais vous êtes dans l’incapacité de vous hisser au niveau de son vocabulaire, de sa grammaire, de son style, de sa narration, de sa sémantique, de ses métaphores, de ses vérités, de son raisonnement…

Il est difficile de parler du miracle coranique dans une autre langue que celle du Coran. Pour comprendre l’impact rationnel de la langue coranique sur le processus cognitif et spirituel, nous allons tenter de faire des rapprochements.

À titre d’exemple, imaginons que la langue française permet d’ajouter des affixes (suffixes) pour distinguer grammaticalement un nom en position de sujet du verbe (agissant) du même nom en position de complément d’objet (subissant).  Imaginons le terme Sabiroun (les endurants en position de sujet du verbe) qui reste sujet, mais s’écrivant et se lisant avec une grammaire de complément d’objet (Sabirine). Il n’y a pas de faute grammaticale, car la langue arabe le permet dans des cas exceptionnels. L’exception ici est de montrer la force morale et la patience de l’endurant qui subit son épreuve alors qu’il est sujet d’une action et non subissant l’action d’une autre.

Un autre exemple est celui des Anges saluant Abraham par Salam (Qalou salamo) qui répond à leur salut par Salam (Qala Salama). La langue française ne rend pas la subtilité  du passage du masculin au féminin dans une phrase structurée de la même façon. Le Salam masculin devenant Salam féminin exprime la chaleur, l’abondance et l’insistance. Le suffixe féminin a exprimé un concept tout en montrant que le Coran a la particularité de s’expliquer par lui-même. Le Salamo qui est le salut pacifique de l’arrivant à l’hôte a pour réponse le Salama qui est les mille et un saluts chaleureux de l’hôte manifestant son hospitalité et traduisant l’éthique coranique : « Si vous êtes salués d’une salutation, saluez d’une façon bien meilleure ou alors rendez-la. (An Nissa 86) »

Ainsi le Coran va restructurer la pensée et l’émotion en « jouant » sur la syntaxe et la grammaire pour donner un sens plus précis au mot et à la phrase. Il va conjuguer la polysémie, la richesse lexicale et les tournures de style pour donner à l’imagination la liberté expressive pour l’immersion totale  dans le sens sans toutefois lui permettre d’aller vers des contre sens ou des faux sens :

} هُوَ ٱلَّذِيۤ أَنزَلَ عَلَيْكَ ٱلْكِتَابَ مِنْهُ آيَاتٌ مُّحْكَمَاتٌ هُنَّ أُمُّ ٱلْكِتَابِ وَأُخَرُ مُتَشَابِهَاتٌ فَأَمَّا الَّذِينَ في قُلُوبِهِمْ زَيْغٌ فَيَتَّبِعُونَ مَا تَشَابَهَ مِنْهُ ٱبْتِغَاءَ ٱلْفِتْنَةِ وَٱبْتِغَاءَ تَأْوِيلِهِ وَمَا يَعْلَمُ تَأْوِيلَهُ إِلاَّ ٱللَّهُ وَٱلرَّاسِخُونَ فِي ٱلْعِلْمِ يَقُولُونَ آمَنَّا بِهِ كُلٌّ مِّنْ عِندِ رَبِّنَا وَمَا يَذَّكَّرُ إِلاَّ أُوْلُواْ ٱلأَلْبَابِ {

{C’est Lui qui te révéla le Livre, renfermant des Signes précis, qui sont l’essence même du Livre, et d’autres semblables. Quant à ceux qui ont une déviance dans leurs cœurs, ils suivent ce qui leur en paraît probable, aspirant à la sédition et aspirant à sa mésinterprétation, alors que nul ne sait son interprétation sauf Allah. Et les enracinés dans la Science disent : « Nous y croyons, les deux viennent de notre Dieu ». Et ne s’en souviennent que les doués d’entendement.} Ali ‘Imrane 7

Al moutachabih est un mot complexe. Pour le comprendre il faut voir les subtiles différences dans la langue française entre similaires, semblables,  pareils et analogues par rapport à  identiques  et mêmes. C’est le Coran qui  explique et explicite les mots et les phrases par le contextuel de son énoncé, le sens de ses mots et le dessein de la Sourate. Venir avec les préjugés, les idéologies ou les limites lexicales de sa culture puis les transposer dans la lecture du Coran pour en extraire le sens c’est aller vers la mise en évidence du probable et non du réel. Admettre que le Tachabouh c’est l’équivoque c’est faire dire au Coran qu’il a la faculté d’induire le lecteur vers la confusion.

Le terme le plus approprié pour le Tachabouh est le terme probable.  Initialement le terme probable ne désigne pas le caractère aléatoire d’un fait, mais l’idée qu’une opinion est communément et faussement considérée comme vraie. A la fin du Moyen-âge et au début de la Renaissance, ce terme, focalisé sur les imprécisions des traductions, va désigner la vraisemblance d’une idée ou d’un énoncé. Le probable au sens religieux et  philosophique c’est reconnaitre comme vraie une opinion fausse ou comme certitude une idée vraisemblable alors qu’elle est incertaine, douteuse, mais que l’habitude et le préjugé font paraitre comme certaine. C’est ainsi que le préjugé ou l’analogie simpliste conçoit Dieu comme une idée  anthropomorphique.

Le Coran va donc s’offrir comme un exercice littéraire pour discipliner l’esprit, l’enrichir et le mener vers le sens le plus épuré, le plus précis et le plus riche.

Le féminin et le singulier vont intervenir pour remplacer le masculin et le pluriel donnant au contexte le sens qui convient le mieux, le proche par rapport au lointain, le facile par rapport au difficile, le nombreux par rapport au réduit, le vaste par rapport à l’étroit, le singulier par rapport au général, le ponctuel par rapport au continu… La richesse polysémique va non seulement mettre le synonyme qu’il faut à la place qu’il faut, mais elle va mettre le mot comportant le plus ou le moins de lettres alphabétiques pour signifier la durée ou la vitesse, la simplicité ou la complexité. En choisissant les mots selon leur sonorité la polysémie va permettre de donner de la vitesse ou du ralenti à une action. La conjugaison va signifier non seulement le passé et le futur, mais la ponctualité, l’accomplissement, la récurrence, ou la continuité d’une action ou d’un phénomène.

Ainsi la grammaire, la conjugaison et le vocabulaire vont moduler le sens, le rythmer le nuancer, le préciser, le contextualiser, le singulariser ou le globaliser. Ils vont démultiplier le vocabulaire. Ils vont inciter l’esprit à faire des pauses de réflexion, de quêtes de sens, de lecture contextuelle, de lecture non linéaire. C’est une discipline de l’esprit, lequel va se trouver dérouté lorsqu’il aborde pour la première fois le Coran ou lorsque sa lecture n’est ni méditative ni assidue. Les poètes arabes ainsi que les lettrés juifs et chrétiens étaient littéralement  bouleversés.

Dans des articles antérieurs il y a des développements sur quelques aspects du vocabulaire et de la sémantique coranique : Enseignements sur les Apôtres de Jésus ; Subtilités coraniques sur la reconnaissance et la gratification ; Des sources chrétiennes du Coran (?!)

Devant la conjugaison de l’argumentation rationnelle et de la symphonie lexicale, stylistique et syntaxique, ils n’avaient que le choix de croire au Dieu qui a révélé ce Coran ou s’ils ne refusent l’évidence de la foi de lui donner une origine surnaturelle, magique… Le Jugement dernier est l’annonce la plus rationnelle qui soit pour celui qui ne veut pas croire que vivre puis mourir sans raison ne soit pas absurde ou pour celui qui voit la création se renouveler sans cesse. C’est pourtant la ressuscitation et le Jugement dernier  qui posent le plus de problèmes à la pensée nihiliste alors que ce sont les éléments fondamentaux de la foi pour tout croyant :

{Et si tu dis : « Vous serez sûrement ressuscités après la mort », ceux qui sont devenus  mécréants diront certainement : « Cela n’est que magie évidente ».}

Face à un livre rationnel, une langue prodigieuse et une annonce de la fin du monde, il s’agit de croire avec preuves de sa foi ou de refuser la foi avec preuves de son refus. Des croyants ont effectué le chemin spirituel et cognitif de la foi alors que d’autres ont cru. Les mécréants ont refusé d’effectuer le parcours logique en fuyant dans l’irrationnel. Quels que soient le refus et ses mobiles, le Moi Mohammadien reste  au service d’une œuvre dont il n’est pas l’auteur et devant laquelle il s’efface totalement :

{Dis-[leur]: « Je ne vous dis pas que je détiens les trésors de Dieu, ni que je connais l’inconnaissable, et je ne vous dis pas que je suis un ange. Je ne fais que suivre ce qui m’est révélé. » Dis-[leur]: « Est-ce que sont égaux l’aveugle et celui qui voit? Ne réfléchissez-vous donc pas? »} Al-An’am: 50

{Dis-[leur]: « Je suis en fait un être humain comme vous. Il m’a été révélé que votre Dieu est un Dieu unique! Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur, qu’il fasse de bonnes actions et qu’il n’associe dans son adoration personne à son Seigneur. »} Al-Kahf 110

{Nous savons mieux ce qu’ils disent. Tu n’as pas pour mission d’exercer sur eux une contrainte. Rappelle donc, par le Coran, à celui qui craint Ma menace.} Qaf 45

Même dans la guerre qui l’opposait armes à la main, Mohamed (saws) se comportait comme un Prophète doué d’une éthique et d’un sens des responsabilités exceptionnelles qui interpellent la raison :

{Et si l’un des idolâtres te demande asile, accorde-le lui, afin qu’il entende la Parole d’Allah, puis fais-le parvenir à son lieu de sécurité. Car ce sont des gens qui ne savent pas. Comment y aurait-il pour les idolâtres un pacte admis par Dieu et par Son Messager? À l’exception de ceux avec lesquels vous avez conclu un pacte près de la Mosquée Sacrée. Tant qu’ils sont droits envers vous, soyez droits envers eux. Car Dieu aime les pieux.} At-Tawba 6-7

Voilà la posture du chef de file des païens arabes :

{Il a réfléchi, et il a résolu. Maudit soit-il, en ce qu’il a résolu ! Ensuite, maudit soit-il, en ce qu’il a résolu ! Puis, il a pensé. Ensuite, il fronça les sourcils et s’assombrit. Ensuite, il tourna le dos et s’enorgueillit, alors il dit : « Cela n’est que de la magie transmise, ce ne sont que les paroles des êtres humains ! »}  Al Moudattir

Voilà la posture des Juifs :

{Et lorsque Jésus fils de Marie dit : « O Descendants d’Israël, je suis le Messager d’Allah vers vous, corroborant ce qui me précéda de la Torah, et annonçant la bonne nouvelle d’un Messager qui viendra après moi : il s’appelle Ahmad ». Et quand il leur est venu avec les évidences, ils dirent : « C’est de la magie évidente ».}  As Saff 6

Le Coran ne se contente pas de les mettre en défi, il les dévoile et les informe comme preuve supplémentaire de l’authenticité rationnelle de la prophétie de Mohamed (saws).

Les Arabes connaissaient Mohamed (saws), sa vie, ses fréquentations, sa moralité et savaient donc qu’ils ne pouvaient être un magicien ou un expert en sciences occultes, mais la fuite les pousse de la raison dont ils se réclamaient vers l’irrationnel dont ils accusaient Mohamed (saws) et cela sous l’éclairage du Coran qui les dévoile :

{Celui-là est-il autre (chose) qu’un être humain comme vous ? Vous laisseriez-vous prendre par la magie, alors que vous êtes clairvoyants ? »} Al Anbiya 3

{Et quand on leur récite Nos Signes évidents, ils disent : « Ce n’est qu’un homme qui veut vous rebuter de ce qu’adoraient vos pères ». Et ils dirent : « Cela n’est que du mensonge controuvé ». Et ceux qui sont devenus  mécréants dirent à la Vérité, quand elle leur est parvenue : « Certes, cela n’est que magie évidente ».} Saba 43

Au lieu de débattre sur l’offre de Mohamed d’étudier le Coran et de se prononcer sur sa validité, ils cherchaient la fuite irrationnelle pour aller au rapport de forces. Mohamed (saws) ne passait pas son temps à leur jeter l’anathème, ce n’est pas l’étiquette d’un prophète, il cherchait à les convaincre. Il ne cherchait pas à les convaincre, pour avoir  raison sur eux ; il avait la conviction qu’il pouvait les sauver et il se chagrinait de les voir se diriger vers l’Enfer. Allah lui dit ce que la psychologie sociale vient à peine de découvrir : l’homme est prisonnier de son milieu, de son éducation et de ses préjugés qui le rendent fermé à la logique et à la raison. Le Coran l’invite donc à ménager leur subtilité individuelle et à leur offrir des espaces de liberté en les extrayant de leur milieu pour leur offrir la foi sans la contamination sociale, culturelle et idéologique :

{Dis : « Je ne vous exhorte qu’à une chose : d’agir pour Allah, par deux, ou individuellement, ensuite de réfléchir : Votre compagnon n’est point atteint de folie. Il n’est qu’un avertisseur pour vous, face à un sévère châtiment ». Dis : « Ce que je vous ai demandé comme profit, gardez-le pour vous ! Certes, Ma rémunération n’incombe qu’à Allah, et Il est Témoin sur toute chose ». Dis : « Certes, mon Dieu Lance la Vérité, l’Omniscient des inconnaissables ».  Dis : « Le Vrai est venu, et le faux ni il n’avance ni il ne retarde ». Dis : « Si je suis fourvoyé, je ne me fourvoie qu’à mon détriment, et si je suis guidé, c’est en raison de ce que mon Dieu m’Inspire ».} Saba 46 à 50

En groupe et individuellement les Arabes étaient interpellés avec douceur et intelligence sur la foi et sur leur devenir dans l’autre monde. Dans leur entêtement à nier la Prophétie, le Coran les mettait en défi de lire, de comprendre le Coran, de le réfuter rationnellement et linguistiquement. Ils essayaient donc de relever le défi de produire des énoncés semblables, mais en vain. Ils essayaient de faire diversion, mais en vain. Ils essayaient d’acculer le Prophète (saws) à l’erreur lexicale, syntaxique, sémantique ou historique, mais en vain.

Leur questionnement répondait à la stratégie coranique qui ne se propose pas comme un énoncé formaliste, mais comme une mise en situation socio pédagogique où la connaissance se construit par le questionnement, la quête de réponse, la mise en liaison des informations et l’accumulation de sens.  C’est dans cette ambiance que les Arabes, les Juifs et les Chrétiens venaient à découvrir des faits historiques, métaphysiques, scientifiques, et à voir le déroulement logique et panoramique du Coran qui les saisit d’émerveillement intellectuel et de ravissement esthétique, même si après ils reviennent vers leurs postions traditionnelles de négateurs de la prophétie.

C’est dans cette ambiance qu’ils découvrent donc non seulement les subtilités syntaxiques du Coran, mais aussi le récit coranique. Le récit coranique n’appartient à aucune légende, il est novateur dans son style narratif, ses métaphores et son dessein unique : tisser le réseau de sens vers Allah le Créateur, l’Organisateur, le Décideur, le Juge suprême, la Vérité absolue. Ils connaissent enfin Joseph, Jonas, Moise, David, Salomon, Jésus, Abraham, Noé, Adam… Dans ces récits ils découvrent un Dieu qui ne ressemble pas aux dieux des mythologies grecques ou à celui des monolâtries juives et chrétiennes. Ils découvrent  les dormants de la caverne, Dhoul Qarnayn, la rencontre entre Moïse et Khadr. Dans le récit sur Moïse, ils découvrent la trame subtile du destin ainsi que la  bienveillance de Dieu dans l’exécution de Son décret par la subtilité du langage que la traduction française ne pourrait rendre :

{Ils trouvèrent un Dévoué d’entre Nos Dévoués, à qui Nous avons donné de Notre part une Miséricorde,  et Nous lui avons enseigné de chez Nous une Science. Moïse lui dit : « Puis-je te suivre à la condition que tu m’apprennes de ce qui t’a été enseigné de sensé ? »  Il dit : « Toi, tu ne pourras avoir de la patience avec moi ! Et comment patienterais-tu au sujet de ce dont tu n’as aucune connaissance ? » Il dit : « Tu me trouveras patient, si Allah Veut, et je ne te désobéirai en aucun ordre ». Il dit : « Si tu me suis, ne m’interroge donc sur rien jusqu’à ce que je t’en parle ». Ils s’élancèrent tous deux jusqu’à ce qu’ils s’embarquèrent dans le bateau, il le perfora. Il dit : « L’as-tu perforé pour noyer ses gens ? Tu as vraiment commis une chose condamnable ». Il dit : « N’ai-je pas dis que tu ne pourrais point avoir de la patience avec moi ?! » Il dit : « Ne me réprimande pas en raison de ce que j’ai oublié, et ne m’accable pas au-dessus de mes forces ». Puis, tous deux s’élancèrent jusqu’à ce qu’ils rencontrassent un jeune garçon, alors il le tua. Il dit : « As-tu tué une personne innocente sans qu’elle n’ait tué personne ! Tu as vraiment commis une chose atroce ». Il dit : « Ne t’ai-je pas dis que tu ne pourrais point avoir de la patience avec moi ? » Il dit : « Si je t’interroge sur quoi que ce soit après cela, ne me garde plus alors en ta compagnie, car tu en aurais eu assez de ma part ! » Alors tous deux s’élancèrent jusqu’à ce qu’ils arrivèrent auprès des habitants d’une cité, et demandèrent à manger à ses habitants, mais ils refusèrent l’hospitalité aux deux. Puis, ils y trouvèrent un mur qui allait s’écrouler, alors il l’éleva. Il dit : « Si tu veux, tu peux te faire payer pour cela ». Il dit : « Ceci est une séparation entre moi et toi. Je t’informerai de l’explication de ce que tu n’as pas eu la patience d’attendre : Quant au bateau, il appartenait à des miséreux qui travaillent en mer, alors j’ai voulu le rendre défectueux car ils avaient derrière eux un roi qui prend chaque bateau de pêche par force. Quant au jeune garçon, ses père et mère étaient des croyants, nous avons craint qu’il ne les surmène par tyrannie et mécréance ; alors nous avons voulu que leur Dieu le leur Échange en un meilleur que lui en pureté et plus près en affection. Quant au mur, il appartenait à deux jeunes garçons orphelins, dans la cité, et il y avait en dessous un trésor qui leur appartenait ; et leur père était vertueux, alors ton Dieu a voulu qu’ils atteignissent, tous deux, leur maturité et qu’ils déterrassent leur trésor, par Miséricorde de ton Dieu. Et je ne l’ai pas fait de moi-même : ceci est l’explication de ce que tu n’as pas eu la patience d’attendre. »} Al Kahf  65 à 82

Il ne s’agit pas ici de faire les commentaires sur cet énoncé en matière de pédagogie, de narration, de métaphysique, de stratégie, de destin : des livres en plusieurs tomes n’ont pas épuisé le sujet. Nous allons juste nous focaliser sur deux points.

Le premier point concerne la longueur du mot dans la signification de l’énoncé coranique sur le plan intellectuel et affectif.

Au début de l’épreuve, Khadr a  réprimandé Moïse en soulignant sa difficulté à endurer : قَالَ أَلَمْ أَقُلْ لَّكَ إِنَّكَ لَن تَسْتَطِيعَ مَعِيَ صَبْراً

{Il dit : « Ne t’ai-je pas dis que tu ne pourrais point avoir de la patience avec moi ? »}

A la fin de la troisième épreuve, Khadr a mis fin à l’expérience en expliquant à Moïse les raisons qu’ils ignoraient et qui le rendaient incapable d’endurer tout en lui faisant le reproche de n’avoir pas suffisamment été patient :

قَالَ هَـٰذَا فِرَاقُ بَيْنِي وَبَيْنِكَ سَأُنَبِّئُكَ بِتَأْوِيلِ مَا لَمْ تَسْطِع عَّلَيْهِ صَبْراً

{Il dit : « Ceci est une séparation entre moi et toi. Je t’informerai de l’explication de ce que tu n’as pas eu la patience d’attendre}

En français la différence n’est visible que sur le temps de conjugaison. Dans le premier cas Khadr annonce l’impossibilité de Moïse de se montrer endurant ou patient dans le présent ou le futur du récit. Dans le second cas, il constate l’impossibilité passée de Moïse à se montrer endurant ou patient. En réalité l’énoncé coranique est plus subtil : le premier  تَسْتَطِيعَ  (capable) comporte 6 lettres alors que le second تَسْطِعَ  (capable) ne comporte que 4 lettres. Le même mot avec des lettres plus grandes signifie plus de durée, plus d’effort et plus de difficulté que dans le même mot avec moins de lettres. Non seulement le temps de l’action est différent, mais l’intensité de l’action est différente. L’intensité plus grande signifiait une attente plus grande, alors que l’intensité plus réduite signifiait une déception cachée de Khadr ainsi qu’un empressement plus grand de Moise. Seul Mohamed (saws) Prophète maitrisant parfaitement l’arabe avait compris la différence en disant que si Moïse s’était montré moins empressé, nous aurions eu plus de connaissances sur le destin et ses voies d’accomplissement.

La traduction devrait donc plus précise en étant plus technique si elle veut véhiculer davantage de sens :

{Ne t’ai-je pas dis que tu ne pourrais point avoir suffisamment de (beaucoup de, longue) patience avec moi ?  }

Au lieu de « Il dit : « Ne t’ai-je pas dis que tu ne pourrais point avoir de la patience avec moi ? »

{Ceci est une séparation entre moi et toi. Je t’informerai de l’explication de ce que par ta hâte tu n’as pas eu la patience d’attendre}

{Ceci est une séparation entre moi et toi. Je t’informerai de l’explication de ce que t’a fait perdre patience !}

Au lieu de « Ceci est une séparation entre moi et toi. Je t’informerai de l’explication de ce que tu n’as pas eu la patience d’attendre ».

Bien entendu on ne manquera pas de voir que par le jeu de lettres le mot devient plus évocateur dans le sens où il ne blâme. En introduisant la hâte dans la traduction, on répond à la fidélité du sens tout en  manquant à l’éthique du sens, car la langue française ne permet pas de faire les ellipses de styles par la structure graphique du mot comme le permet la langue arabe. Bien entendu on ne manquera pas de voir le blâme caché d’un Dieu qui s’est fait connaitre comme pudique envers ses créatures et qui a témoigné de l’amour à Moïse :

{Et Je t’ai comblé d’amour de Moi-même, pour que tu sois formé sous Ma Surveillance} Taha 39

Par ailleurs l’empressement de Moïse n’est pas anecdotique ou spécifique à ce récit. Il est constant dans tous les récits coraniques sur Moïse :

{Lorsque Moïse dit à son jeune servant : « Je ne m’arrêterai point de marcher jusqu’à ce que j’atteigne le confluent des deux mers, dussé-je y mettre des  années ». Puis, quand ils ont atteint tous deux le confluent, ils ont oublié leur poisson qui reprit sa voie dans la mer en voguant sur les eaux. Et quand tous deux ont dépassé cet endroit, il dit à son jeune servant : « Apporte-nous notre repas, nous sommes totalement épuisés par ce dur voyage ».} Al Kahf 60 à 62

{Qu’est ce qui  t’a empressé à quitter tes gens, ô Moïse ? Il dit : « comme ils m’ont  témoigné loyauté alors je me suis empressé vers Toi, mon Dieu, afin que Tu sois satisfait. »} Taha 83

{Et Nous avons pris avec Moïse un engagement de trente nuits, puis Nous les avons complété de dix, ainsi le temps fixé à la rencontre avec son Dieu était de quarante nuits.} Al A’âraf 140

Le second point concerne les subtilités pédagogiques et spirituelles des propos de Khadr, l’homme de bien qui a joué le rôle de pédagogue et de révélateur du destin auprès de Moïse pour signifier à ce dernier que même un Prophète de son rang ne pouvait embrasser l’étendue et la portée de la science divine.

Pour le bateau du pécheur Khadr dit : « j’ai voulu le rendre défectueux », pour le jeune garçon il dit « nous avons craint … alors nous avons voulu », alors que pour le mur il dit « ton Dieu a voulu … par Miséricorde de ton Dieu ». Les lettrés arabes se trouvaient face à une énigme : Khadr est le locuteur et l’agent dans les trois récits qui ont respectivement pour thème la destruction du bateau convoité par un tyran, la mort d’un adolescent en apparence innocent,  et la restauration d’un mur alors que l’acte est attribué respectivement à Khadr (je), à Dieu et à Khadr (nous), et uniquement à Dieu (Il).

Sur le plan narratif et philosophique nous sommes confrontés au rapport du moi à l’autre et de l’intentionnalité de l’acte des uns dans le futur pensé des uns et des autres. Le récit introduit toutes les formes d’identité qui n’agissent que subordonnée à un  rapport métaphysique : « Et je ne l’ai pas fait de moi-même ». Al Khadr n’agit pas de sa propre volonté ni par sa propre intentionnalité même s’il est le locuteur et l’acteur agissant en apparence. C’est Khadr le locuteur qui change d’identité (je, il et nous) sur un acte accomplit par Allah (Il) et qui change de posture avec Moïse en lui disant « ton Dieu » alors qu’il était attendu qu’il dise « mon Dieu ».

Si son  discours semble déroutant ou illogique, il répond à la logique du récit sur le phénomène du destin s’accomplissant par des voies impénétrables. La syntaxe et le style coranique deviennent le lien subtil, mais structuré, pour comprendre le destin bien plus compliqué que l’énoncé.

S’il est impossible pour la créature de se vêtir de l’identité du Créateur et de Son intentionnalité afin de comprendre le destin, elle peut en saisir  quelques aspects en s’arrêtant sur les subtilités de l’énoncé.

Ainsi lorsque l’acte semble injuste causant des dégâts matériels il l’impute à lui-même sachant que l’inspirateur de l’acte est Dieu. L’idée est simple : Dieu est trop bon pour qu’Il commette une injustice, mais Il est trop juste pour qu’il ne laisse pas une injustice sans réparation. La justice et la bonté de Dieu autorisent donc l’intervention humaine à agir de son propre gré même si en remontant de cause en cause elle arrive à Dieu.

Lorsque l’acte semble cruel avec mort d’homme comme dans le cas de l’adolescent c’est le même raisonnement, le croyant ne peut imputer la cruauté à Allah, mais il ne peut imputer la mort d’homme à un phénomène naturel ou à une action humaine. La sacralité de la vie et le pouvoir exclusif de donner la vie et la mort ne peuvent permettre à Khadr de s’attribuer la mort de l’adolescent. La cruauté de l’acte ne lui permet pas de l’attribuer à Dieu. Alors il l’attribue au « nous » faisant ainsi bénéficier à Allah le pouvoir suprême de donner la mort et à lui-même le fait cruel de faire mourir un jeune homme en bonne santé. Dans le même énoncé du « nous » le changement de pronom et de sujet sur le prolongement de la même action change en attribuant uniquement à Allah l’échange bénéfique « Dieu le leur échange en un meilleur que lui ».

Lorsque l’acte est un acte de miséricorde, le « je » de l’agent qui répare le mur pour préserver le trésor caché s’efface complètement  pour ne laisser que le décideur suprême.

Glorifier Allah, le purifier de tout ce qui ne sied pas est un acte de foi, d’éthique et d’éthique de cette foi, faudrait-il que le texte fondateur de cette foi éduque cette foi, son esthétique et son éthique. Le Coran l’a fait, car il n’est pas une parole humaine. Le Tasbihe n’est pas une simple formule de « glorification du Seigneur », mais un travail intellectuel, imaginatif et spirituel pour se libérer de toute idée ou de toute parole  sur Dieu qui ne sied pas à Sa Perfection et à Son Absolu.  Lorsqu’on comprend bien le Tasbih et la vocation du musulman alors on doit accepter  l’existence des mécréants comme faisant partie du Dessein d’Allah qui refuse toute forme de contrainte. Le Tasbih refuse par contre toute idée anthropomorphique de Dieu. Allah n’est pas à l’image de la personne humaine ni circonscrit dans une forme, un lieu, un moment. Le plus grand crime envers Allah  est de lui donner des attributs qui portent atteinte à Son Absolu  qui se suffit à Lui-même et qui est nécessaire à l’existence de ce qui n’est pas Lui :

{Et ils disent : « Ar-Rahmàne adopta un fils ! » Vous avez commis une chose inouïe, Peu s’en faut que les Cieux ne se fendent, que la terre ne s’entrouvre et que les montagnes ne s’écroulent avec fracas, d’avoir prétendu un fils à Ar Rahmàne ! Et il n’est pas de mise que Ar-Rahmàne adopte un fils ! Car tout ce qui est dans les Cieux et la Terre viendra terrassé devant Ar-Rahmàne.} Mariam 88

Les subtilités ne s’arrêtent pas là. Reprenons l’énoncé :

{Quant au bateau, il appartenait à des miséreux qui travaillent en mer, alors j’ai voulu le rendre défectueux car ils avaient derrière eux un roi qui prend chaque bateau de pêche par force. Quant au jeune garçon, ses père et mère étaient des croyants, nous avons craint qu’il ne les surmène par tyrannie et mécréance ; alors nous avons voulu que leur Dieu le leur Échange en un meilleur que lui en pureté et plus près en affection. Quant au mur, il appartenait à deux jeunes garçons orphelins, dans la cité, et il y avait en dessous un trésor qui leur appartenait ; et leur père était vertueux, alors ton Dieu a voulu qu’ils atteignissent, tous deux, leur maturité et qu’ils déterrassent leur trésor, par Miséricorde de ton Dieu.}

Nous constatons que lorsque Khadr utilise le « je » dans le récit sur le pécheur il ne mentionne pas Dieu ; lorsqu’il utilise le  « nous » il mentionne Dieu par « leur Dieu » ; lorsqu’il utilise le « Il »   il mentionne Dieu par  « ton Dieu ».

Il est impossible qu’un homme Oummiy (analphabète, illettré et inconnaissant) puisse de lui-même manier le concept philosophique de l’ipséité avec autant de raffinement et de précision alors que les plus grands philosophes d’Aristote aux contemporains comme les linguistes ont du mal à formuler un discours général et cohérent sur les rapport de soi aux autres à travers les pronoms personnels et les pronoms possessifs dans les relations entre les identités, les intentionnalités et les actes.

Pour ce qui concerne le jeune mis à mort par Khadr pour éviter plus tard un  chagrin plus grand à ses parents vertueux et pieux, l’expression « leur Dieu » est la  manifestation de la proximité affectueuse d’Allah à l’égard des parents et Sa justice qui pourrait ne pas être vue ou comprise au premier abord :

{… si Mes Créatures t’interrogent sur Moi : « Je Suis proche, J’exauce l’appel de l’invocateur, s’il M’invoque. Qu’ils M’obéissent, qu’ils croient en Moi, ainsi ils seraient dans la droiture ».} Al Baqarah 186

Elle est aussi la manifestation de la même affection et de la même bienveillance qu’Allah a manifestées  envers la mère de Moise :

{Nous avons alors inspiré la mère de Moïse : « Allaite-le, et si tu es prise de peur pour lui, jette-le dans le fleuve et ne crains rien, et ne t’afflige point. Nous te le ramènerons sûrement, et Nous le ferons du nombre des Messagers ». […] Et le cœur de la mère de Moïse devint vide, de sorte qu’elle faillit le dénoncer, si Nous n’avions raffermi son cœur, afin qu’elle soit du nombre des croyants.  […] Alors Nous l’avons rendu à sa mère, afin qu’elle soit tranquille et ne s’afflige point, et afin qu’elle sache que la Promesse d’Allah est vraie, mais la plupart d’entre eux ne savent pas.} Al Qassas 7, 10 et 13

En ce qui concerne le mur restauré par Khadr il y a la volonté de faire parvenir le trésor des parents à leurs enfants témoignant à la fois la Justice divine, Sa bienveillance et Son Décret de faire aboutir toute œuvre de bien même au-delà du temps et de l’espace imaginés par l’homme. Il s’agit dans ce cas de faire évoquer par « ton Dieu » deux réalités en plus de celle du récit et de sa morale. La première c’est continuer de  rattacher l’amour  singulier d’Allah pour Moise et sa mère à l’Amour général d’Allah pour toutes Ses créatures qui font le bien. La seconde est par le raccourcissement de l’expression « rabouhouma : leur Dieu à tous les deux » en « rabouka : ton Dieu » pour signifier à la fois l’empressement de Moïse et la focalisation sur l’acte qui ne s’est pas encore réalisé dans la réalité et la conscience des orphelins. Entre la décision d’Allah et sa mise en exécution il n’y a pas d’obstacle ni d’attente et la langue doit donbc se plier au principe divin « Soit et il fut ».

L’acte et la Parole d’Allah sont en cohérence mutuelle et sont justes et bienveillants même si nous n’avons ni le recul ni le savoir pour les voir se manifester dans leur dimension réelle.

Je reconnais mes limites dans la compréhension du Coran. Ainsi je n’ai pas d’explications à donner sur l’omission de « Dieu » dans le récit sur le pécheur. Je sais que chaque terme est le terme qu’il faut à la place qu’il faut et ce pour un dessein connu par Dieu que nous devons découvrir par l’étude assidue.

Zamakhchari, connu pour sa maitrise de la langue arabe et son recours à la syntaxe pour commenter le Coran, se contente dans son exégèse « Al Kachaf » d’avouer ses propres limites par cette belle expression : « Il serait surprenant que celui qui croit au destin puisse connaitre le chagrin et le désespoir; que celui qui croit en l’impartition de la subsistance et de la richesse puisse  connaitre l’épuisement ; que celui qui croit en la mort puisse se réjouir de la vie ; que celui qui croit au Jugement dernier puisse vivre insouciant ; que celui qui connait la vie et ses retournements sur ses habitants puisse lui faire confiance. Il n’y a point de Dieu saut Allah, Mohamed est Son Prophète »

Quelqu’un va me dire pourquoi tant d’efforts pour expliquer quelques mots qui ne changent rien à l’ordre des choses. L’erreur magistrale que les musulmans, du moins les Arabes d’entre eux, est de croire que les grandes étiquettes vides de sens et de contenu pouvaient suffire pour donner l’apparat de l’islamité et réaliser le miracle social et politique. L’expérience montre que les Arabes ont failli dans la prise en charge du Coran. La vocation du Coran n’est pas d’être psalmodié dans les concours de « chant » ou  cité lors des circonstances, mais de transformer radicalement la personnalité humaine,  sa façon de penser et de manier les mots pour exprimer ses idées, ses émotions et communiquer avec les autres. Le Coran demande de l’effort, car sa vocation est de nous élever à un niveau supérieur pour que nous soyons dignes de le comprendre et dignes de le transmettre fidèlement et sincèrement :

{Nous ne vous nourrissons que pour l’amour d’Allah, nous ne voulons de vous ni récompense ni reconnaissance : nous appréhendons, de notre Dieu, un Jour d’une noirceur horrible} Al Insane 8

Il n’y a pas de place aux calculs mondains ni à l’arrogance. Chercher les calculs politiciens, les arrangements d’appareils, la manipulation, la démagogie et l’arrogance dans la démarche des mouvements islamistes et vous comprendre leur échec lamentable qu’ils ne sont toujours pas prêts à assumer. Il n’y a pas de place à l’importation eschatologique judéo-chrétienne pour expliquer le monde : le Coran est suffisamment rempli de repères pédagogiques pour éduquer l’esprit sur le plan philosophique, méthodologique, spirituel et esthétique pour ne pas avoir besoin de lui chercher des points de fuite irrationnelle afin  d’expliquer les défaillances de notre raison et les injustices de notre époque.

Lorsque les partisans de l’Islam politique ou de la Salafiya bigote évacuent le Coran  dans leur programme et dans leur action ils évacuent la spiritualité et l’intellectualité de l’Islam sans lesquels le musulman est un être formaliste sans âme, sans devenir, sans esthétique et sans intelligence. La politique et la morale sont nécessaires pour la bonne gouvernance et la vertu d’une société, mais ils ne sont pas suffisant pour transformer un peuple ni pour faire émerger une élite noble et généreuse.  L’intelligence et la liberté mise au service de l’enseignement coranique pour le Gloire d’Allah et pour la promotion de la vérité sont les garants qui reconstruisent la personnalité et la remettent en marche sur le plan de la réflexion, de la quête de solution, de méthodologie, de fin, de salut et de beauté.

C’est cette personnalité qui va vouloir la Charia d’Allah par amour, par raison et par nécessité et non par politique politicienne. C’est la société entière qui va vouloir la Charia d’Allah lorsque les personnalités aimantes, sincères et désintéressées sur le plan politique et social  deviennent plus nombreuses et plus influentes dans les domaines de l’éducation, de l’art, de l’économie et du social. Ce sont ces personnalités qui vont s’imposer comme alternative politique à l’ordre corrompu sans que ces personnes n’aient d’appartenance partisane. Lorsque l’intelligence et la beauté coranique rayonnent sur les esprits et la société elles colorent islamiquement les choix et les perspectives de la société sans bigoterie ni sectarisme.

La culture coranique que nous occultons le plus est pourtant celle dont nous avons le plus besoin pour nous libérer de notre aliénation et de notre décadence. Cette culture minutieuse rend le croyant très scrupuleux envers la Parole d’Allah laquelle va devenir sa norme et sa référence non seulement dans le discours, mais dans la manière de penser, de concevoir, d’imaginer, de craindre et d’espérer. S’il faut chercher le miracle de la foi des Compagnons du Prophète et des Anciens il faut la chercher dans leur rapport au Coran : ils savaient que c’est la parole d’Allah :

{… un Messager d’Allah qui récite des Livres purifiés. Il s’y trouve des Écrits précieux.} Al Bayinah 2

{C’est sûrement un Coran sublime, dans un Livre bien préservé, ne le touchent que les purifiés. C’est une Révélation du Dieu des Univers. Prendriez-vous donc ce discours à la légère} Al Waqi’ah 77

La purification du croyant à l’égard du Coran n’est pas la purification rituelle par les ablutions, mais la purification ontologique et symbolique qui consiste à ne jamais oublier que le Livre entre nos mains est la Parole d’Allah, elle est vraie, juste et parfaite. Elle est la clé à qui nous devons confier la serrure de nos cœurs et de nos esprits pour qu’ils s’ouvrent à l’universel.

Ce sont tous ses éléments avec d’autres aussi sinon plus complexes qui entrent dans la formation du sens, du style et de l’esthétique du Coran le rendant incomparable, éternellement jeune à découvrir et à méditer. Cet exposé assez sommaire que je réalise alors que je ne suis pas ni arabisant ni islamologue de formation me laisse frustré devant les trésors cachés de la langue arabe. Je peux comprendre le miracle coranique littéraire comme un défi à la raison et je peux imaginer le plaisir intellectuel et esthétique des arabisants qui pratiquent le Coran avec virtuosité.

Habitués à la lecture monotone et « inculte » d’un islam versé sur l’accessoire et l’anecdote, nous ne percevons pas le choc cognitif, psychologique et esthétique des Arabes polythéistes et lettrés lorsqu’ils découvrent le Coran et qui, malgré leur hostilité à son égard, y voient l’impossibilité rationnelle d’introduire dans ces trois courts récits tant de subtilités sans se tromper. Les mots dans leur contexte ont un pouvoir évocateur singulier même s’ils ne sont pas  expressifs par eux-mêmes. Ce sont ce pouvoir évocateur et ces nuances qui se répètent dans le Coran d’une manière parfaite en s’adaptant avec précision et pertinence à leur contexte qui déroutent la raison et  la poussent à croire en Allah sinon à évoquer la magie. Dans l’esprit de l’homme cultivé maitrisant la langue il est impossible à la raison humaine de ne pas mettre en exergue l’auteur d’un livre ou son inspirateur.

Autrement dit, il est impossible que Mohamed (saws) puisse raconter des récits sans qu’il ne se mette en valeur ou mette en valeur les héros du récit, car la logique du récit veut que l’auteur ou le héros soit glorifié directement ou indirectement. Il est impossible que Mohamed puisse aussi glorifier son Dieu ouvertement et avec autant de nuances et dans tous les récits sans qu’il ne se trompe sur le maniement de l’ipséité narrative faisant  confondre Dieu avec sa créature dans l’acte et l’intention. Le Coran pour qu’il ne soit qu’un livre de glorification de Dieu en toutes situations de justice, de miséricorde ou d’épreuve il faudrait nécessairement que Dieu en soit lui-même l’auteur. La raison peut déceler une astuce ou un hasard lorsque l’énoncé qui la préside est rare, mais lorsqu’elle se trouve dans une construction précise et infaillible qui se répète malgré le changement de panoramas, de locuteurs, ou de styles alors la cause est divine ou magique.

Voici quelques exemples d’énoncés où l’on voit clairement la distinction entre le bien attribué à  Allah et le mal non imputé à Allah dans le même verset :

{Indique-nous le chemin de rectitude, le chemin de ceux que Tu as gratifiés,  ni les réprouvés, ni  les fourvoyés.} Al Fatiha

{… et nous ne savons pas : a-t-on voulu du mal à ceux qui sont sur la terre ou bien leur Dieu leur a-t-Il voulu une droiture ?} Al Djinn 10

{Celui qui m’a créé, et c’est Lui qui me guide, et c’est Lui qui me donne à manger et me donne à boire, et si je tombe malade, c’est Lui qui me guérit}  As Chou’ara 78

Voici quelques exemples d’énoncés où l’on voit clairement la distinction entre le mal non imputé à Allah et le bien attribué à  Allah dans des versets distincts :

{On a embelli aux hommes l’amour des voluptés} Ali ‘Imrane 14

{Allah vous a fait aimer la foi, et l’a embellie en vos cœurs, et vous a fait haïr la mécréance, la perversité et la désobéissance.} Al Houjourat

Le Coran, lui-même et par lui-même, prouve son authenticité et celle du Prophète qui fait de ce Coran le témoignage auprès de l’humanité de la véracité de la Parole d’Allah :

{Ne méditent-ils donc pas le Coran ? S’il venait d’ailleurs que de la part d’Allah, ils y auraient trouvé beaucoup de contradictions.} An Nissa 82

Le Coran demande donc aux détracteurs de la prophétie d’étudier le Coran et d’y chercher des contradictions. Nous restons stupéfait de voir les élites musulmanes cherchaient l’inspiration et l’argumentation dans les controverses idéologiques et juridiques que les siècles de décadence et de formalisme ont accumulés au lieu de se plonger dans l’exploration du Coran pour le livrer comme outil d’analyse et de pédagogie aux assemblées nombreuses qui viennent chercher la science dans les mosquées et les médias.

Les Arabes, les Juifs, les Chrétiens, les hommes et les Djinns sont invités à méditer et à analyser les récits coraniques sur les Prophètes, sur la création, sur l’embryologie, sur les cieux puis à se déterminer intellectuellement et spirituellement :

{Ne méditent-ils donc pas sur le Coran, ou bien certains cœurs portent-ils leurs scellements ?} Mohamed 24

La rationalité exige de se prononcer avec objectivité sur les promesses coraniques qui se sont réalisées du vivant de Mohamed défiant l’analyse objective du rapport des forces en sa défaveur. La rationalité exige de se prononcer sur le serment d’Allah de préserver ce Coran, d’accorder une glorieuse renommée au Prophète et de faire de l’Islam la religion dominante. Allah a promis la victoire et le triomphe des musulmans dans leur confrontation aux mécréants agresseurs sous certaines conditions : l’histoire témoigne que ceci est une vérité. Lorsque les musulmans sont défaits, ils ne sont défaits que parce qu’ils n’ont pas respecté les conditions de la victoire qui n’ont rien à voir avec le rapport de force.

Allah a promis le khalifat aux musulmans :

{Allah A Promis à ceux qui sont devenus  croyants d’entre vous, et ont fait les œuvres méritoires de faire d’eux, certainement, les successeurs sur la terre, comme Il a fait de ceux qui furent avant eux, des successeurs, et d’accorder plein pouvoir à leur religion, qu’Il a agréée pour eux, et qu’après leur inquiétude, Il la leur changera en sécurité. Ils M’adorent et ne M’associent absolument rien.} An Nour 55

{Certes, Allah donnera sûrement victoire à celui qui fait triompher Sa Cause, en effet  Allah est véritablement Fort, Invincible.} Al Hadj 40

Lorsque les musulmans perdent le Khalifat islamique ou ne parviennent pas à l’instaurer de nouveau ils ne font que confirmer la vérité coranique, car ils prennent les choses à l’envers : en effet, ce n’est pas le Khalifat politique qui fait changer la situation du monde musulman, mais c’est le changement ontologique et social, sur les registres intellectuels, spirituels, éthiques, psychologiques et actanciels qui fait émerger le Khalifat comme  territorialisation de l’Islam ou comme islamisation du territoire. Il ne s’agit pas de convoiter le pouvoir politique, mais de se réformer. Il y a une dynamique des civilisations qui ne relève pas de notre volontarisme politique ou de l’illusion que la revendication islamiste est forcément vraie, car elle est qualifiée d’islamiste.

Le Khalifat est aussi  un don qu’Allah accorde aux opprimés en récompense de leur souffrance et de leur patience :

{Nous voulons faire don à ceux qui furent opprimés de par la terre, en faire des modèles, faire d’eux les héritiers} Al Qassas 2

Nous avons eu des indépendances politiques qui n’ont seulement pas mis fin à la domination coloniale, mais lui ont ajouté la domination des « frères ». Il y a des raisons objectives et subjectives qui expliquent notre décadence et qui justifient notre situation d’opprimés. En cherchant bien nous verrons que le Coran a dit la vérité. Le problème n’est pas dans le Coran, mais dans nos esprits qui ne savent ni lire ni faire les efforts assidus et efficaces.

Le miracle de Badr a bien eu lieu et ce sont les conditions spirituelles, morales et actancielles qui font défaut. Les vainqueurs, les perdants et les observateurs attestent de la victoire des Croyants alors qu’elle semblait impossible. Le Coran avait annoncé la victoire alors que les musulmans n’avaient pas l’intention d’affronter un adversaire mieux organisé, plus équipé et mieux entrainé à la guerre :

{De même que ton Dieu t’a fait sortir de ta maison en toute Vérité, alors qu’un groupe de croyants en étaient répulsifs, ils te controversent sur la Vérité, après qu’elle ait été mise en évidence, comme si on les conduisait à la mort sous leurs propres yeux. Et lorsqu’Allah vous a promis l’un des deux partis, qu’il sera à vous, et vous souhaitiez que celui qui était sans armes vous revienne, tandis qu’Allah Veut que la Vérité s’établisse par Ses Paroles, et qu’ll extermine les mécréants, afin qu’Il établisse le Vrai et qu’Il annihile le faux, même contre le gré des malfaiteurs.  Et lorsque vous imploriez le secours de votre Dieu et qu’Il vous a exaucés :    « Je vous Renforcerai de mille d’entre les Anges se succédant. » Allah n’a fait cela que comme Bonne Nouvelle et afin que vos cœurs en soient tranquillisés, car la Victoire ne vient que de la part d’Allah. Certes Allah Est Invincible, Sage. Et lorsqu’Il vous enveloppa de sommeil comme sécurité de Sa part, et qu’Il vous faisait Descendre du Ciel une eau pour vous en purifier et éliminer de vous les impuretés de Satan, pour fortifier vos cœurs et pour en affermir les pieds. Et lorsque ton Dieu  a inspiré aux Anges : « Je suis avec vous, affermissez donc ceux qui sont devenus  croyants, Je déposerais  l’épouvante dans les cœurs de ceux qui sont devenus  mécréants.} Al Anfal 5 à 12

{Vous ne les avez pas tués, mais c’est Allah qui les a tués. Et tu n’as point lancé, lorsque tu as lancé, mais c’est Allah qui a lancé afin d’accorder aux croyants, de Lui-même, un résultat favorable.} Al Anfal 17

Une victoire impossible par le rapport de forces, d’autres victoires réitérées dans les mêmes conditions défavorables sur d’autres lieux et en d’autres moments appellent la raison à chercher la cause de la victoire des musulmans et celle de la défaite de leurs ennemis. Lorsque le Coran énonce la promesse de victoire et les lois à respecter pour obtenir cette victoire avec la confirmation historique alors la raison doit trouver une explication logique et rationnelle à cette loi qui n’admet pas le hasard. Sayed Qotb a écrit une série d’articles sur les expéditions du Prophète avec une analyse sur l’ambiance spirituelle, militaire, psychologique, morale, topographique et climatologique  qui méritent une étude approfondie.

Chaque jour une caricature, une offense et le même mensonge qui consiste à prétendre que Mohamed (saws) a été inspiré par les Juifs et les Chrétiens ou par la Bible et la Tora. Les postures des Arabes, des Juifs et des Chrétiens face à Mohamed (saws) interpellent la raison. Nous allons en citer quelques-unes :

Abou Lahab de son vivant avait la possibilité de détruire la vérité coranique et la Prophétie de Mohamed. Il écoutait le Coran qui annonçait sa mort :

{Que périssent  les deux mains d’Abou Lahab le perdant! Ses richesses et ce qu’il a acquis ne lui ont servi à rien. Il sera enfoncé en un Feu pourvu de flammes. Et sa femme, porteuse du bois, aura à son cou une corde de fibres rugueuses.} Al Masad

Abou Lahab était l’ennemi le plus acharné du Prophète. Puissant chef de clan, il vouait une haine contre le Prophète au point de lui jeter des pierres lorsqu’il le rencontrait prêchant à la Mecque. Ces versets qui annonçaient sa mort horrible et sa perte totale et irréversible dans ce monde et dans l’autre le rendaient plus hargneux et plus incrédule. Il demandait à Mohamed, s’il était véridique, de lui donner la preuve de sa menace dans ce monde au lieu de lui promettre le châtiment après la mort. Le verset était clair, non seulement il s’est réalisé du vivant du Prophète et d’Abou Lahab.

Abou Lahab a eu une mort effroyable et humiliante. Il avait pourtant la possibilité de saper toute la Prophétie et tout le Coran en faisant semblant de devenir croyant pour démentir ces versets. Si nous pouvons trouver mille et une raisons pour justifier son entêtement à défier Mohamed (saws) il est difficile de ne pas croire que derrière sa mort précipitée il y a une raison qui vient confirmer l’authenticité du Coran. Il est encore plus difficile de ne pas croire ces versets sont d’une rationalité déroutante, car l’intelligence qui les dictés sait que Abou Lahab ne changera pas : il n’aura ni repentir, ni effet de grâce de la foi, ni mensonge hypocrite.

Comme Pharaon il a vu tous les signes annonciateurs de sa fin. Il a vu son fils ennemi irréductible de Mohamed mourir avant lui. Ce fils avait l’habitude d’insulter Mohamed (saws) en public jusqu’au jour où ce dernier épuisé de son harcèlement leva les mains et fit cette invocation «  Allah mon Dieu fasse que la terreur pénètre dans le cœur de ce chien et qu’il meure dévoré par un chien ». Les biographes racontent qu’au cours d’un voyage en Syrie un lion l’attaqua et le dévora, mais ils sont du confondre avec un animal de la famille des canidés aussi grand qu’un lion, mais de même famille que le chien.

De son vrai nom Abdelaziz Abd al-Muttalib ben Hicham al-Qurachî, Abou Lahab a porté dans ce monde et dans l’autre le nom qui lui sied le mieux : l’homme des flammes ou le père du feu. Il est  celui dont lui-même,  la femme, le fils et les biens ont connu la perdition dans ce monde et la perte dans l’autre sans pouvoir se racheter ni nuire au Prophète.

La raison du Coran a non seulement utilisé les mots qu’il faut et prédit la fin qu’il faut, mais elle a introduit deux facteurs dignes d’intérêts pour l’analyse rationnelle.  Le premier facteur est qu’il préserve la dignité du Prophète (saws) envers Abou Lahab qui est son oncle et il ne lui demande pas de dire. Le second facteur est la miséricorde universelle du Prophète qui est préservé, car ce n’est pas lui qui souhaite la mort horrible de son oncle, mais Allah qui l’a décrété. Une fois de plus, le Prophète n’agit pas à sa guise, mais il transmet et exécute les Paroles de son Dieu.

Abou Lahab qui avait l’habitude de dire à Mohamed « Sois maudit, toi et ta religion » meurt, subitement, atteint par une maladie qui a transformé  son corps en une plaie nauséabonde. Sa maladie étrange s’est développée quelques jours après l’humiliation de la  débâcle de Koraichi à la bataille de Badr.

Le refus des rabbins de se souhaiter la mort :

Devant les faux syllogismes des Juifs qui trouvaient chaque fois esquive pour ne pas donner suite aux réponses que le Prophète donnaient à leurs interrogations sur les Prophètes, la foi, les Anges et Dieu, le Prophète a reçu l’ordre divin de leur demander de souhaiter la mort :

{Dis : « Si la demeure Future vous est exclusivement réservée, auprès d’Allah, à l’exception de tous les Hommes, alors souhaitez la mort, si vous êtes véridiques ». Et ils ne la souhaiteront jamais, en raison de ce que leurs mains ont commis. Allah Est tout-scient sur les injustes. Et tu les trouveras les plus avides des hommes de n’importe quelle vie; et parmi ceux qui sont devenus  polythéistes l’un d’entre eux souhaiterait vivre mille ans, mais cette longévité ne le distancierait point du châtiment ; Allah voit tout ce qu’ils font.} Al Baqarah  94 à 96

Demander à quelqu’un ou à un groupe de souhaiter sa propre mort semble irraisonnable, sauf si l’on sait que c’est le défi ultime que le Prophète a lancé aux Juifs leur signifiant que s’ils étaient sûrs qu’il n’était pas Prophète alors qu’ils souhaitent la mort ; s’ils ne meurent pas, ils ont raison et lui a menti, mais s’ils meurent ils seraient devant Dieu qui leur demandera des comptes. Jamais les rabbins juifs  n’ont accepté de souhaiter la mort. Pourquoi  avaient-ils peur de la mort, car ils savaient que Mohamed était Prophète ou bien qu’Allah les as empêchés d’exprimer ce souhait ? Dans un cas comme dans l’autre, ils avaient en leur possession la possibilité rationnelle de confirmer ou d’infirmer la prophétie de Mohamed, mais ils ne l’ont pas fait donnant ainsi raison au Coran qui les a mis en défi de ne pas le faire.

La Moubahala ou l’invocation de la malédiction sur soi :

Malgré tous les efforts du Prophète (saws), les Chrétiens, dans leur majorité, sont restés hostiles à l’Islam. Ayant épuisé tous les arguments, le Prophète a envoyé un message à Abou Haritha le patriarche des Chrétiens de Najrane lui demandant de se convertir à l’Islam. Haritha en envoyé une délégation forte de 60 personnes, dont les prêtres plus versés dans les sciences religieuses et les notables de la communauté chrétienne, pour rencontrer le Prophète à Médine. Après un long débat qui n’a pas abouti, le Prophète a reçu la Révélation suivante :

{La Vérité émane de ton Dieu, ne sois donc pas du nombre des sceptiques. Quiconque te dispute à son sujet, à partir de ce qui t’a été donné de la Science, alors dis : « Venez, convoquons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes, nous-mêmes et vous-mêmes, ensuite invoquons pour appeler la malédiction d’Allah sur les menteurs ». Certes, cela est sûrement le récit véridique. Il n’y a aucun dieu sauf Allah, et Allah Est sûrement l’Invincible, le Sage. Et s’ils s’en détournent, Allah Est sûrement Tout-Scient des corrupteurs. Dis : « O gens du Livre, élevez-vous vers une parole normative entre nous et vous : de n’adorer qu’Allah, de ne rien Lui associer, et que nous ne nous prenions point les uns les autres pour Dieu à l’exclusion d’Allah ». Et s’ils s’en détournent, alors dites : « Témoignez que nous sommes musulmans ».} Ali ‘Imrane 60 à 64

Le Prophète leur a proposé la moubahala à l’issue de l’entretien. Rendez-vous fut pris pour que les deux parties se rencontrent avec des représentants qui vont  maudire la partie adverse s’il elle est menteuse. Comme convenu le Prophète (saws)  s’est présenté, accompagné de sa fille Fatima, de son gendre Ali Abou Taleb et de ses petits-fils Hassan et Hussein, à la date convenue et au lieu convenu pour le cérémonial de la Moubahala institué par le Coran.

La délégation chrétienne s’est montrée admirative devant la détermination du Prophète qui a engagé sa propre famille, mais elle a refusé la confrontation. Dans le cas où la Moubahala n’était qu’une supercherie médiatique et psychologique inventée par Mohamed ou dans le cas où elle était un ordre divin avec ses conséquences tragiques pour le menteur, la question reste posée : pourquoi les Chrétiens forts de leur croyance n’ont-ils pas osé affronter Mohamed et tenter de prendre victoire sur lui  lorsque l’occasion exceptionnelle s’est offerte à eux. Le contextuel coranique de la Moubahala laisse penser que le point de désaccord était sur Jésus (saws)  et sur Abraham (saws) :

{Certes, l’exemple de Jésus, auprès d’Allah, est tel l’exemple d’Adam, qu’Il créa de poussière, puis Il lui dit : «Sois !» et il est.} Ali ‘Imrane 59

{O gens du Livre, pourquoi vous polémiquez au sujet d’Abraham alors que la Torah et l’Évangile n’ont été révélés qu’après lui : Ne raisonnez-vous donc pas! N’est-ce pas que vous êtes de ceux qui polémiquent sur ce dont ils n’ont aucune connaissance, pourquoi donc vous vous disputez sur ce dont vous n’avez nulle connaissance ? Allah Sait et vous ne savez point. Abraham n’était ni juif ni nazaréen, mais il était un pur monothéiste, musulman, et il n’était point du nombre des polythéistes. Certes, les Hommes les plus dignes d’Abraham sont : ceux qui l’ont suivi, et ce Prophète, et ceux qui sont devenus  croyants. Allah Est le Protecteur des croyants.} Ali ‘Imrane 65 à 68

Les élites chrétiennes, du vivant de Mohamed (saws)  avaient en leur possession la possibilité rationnelle de confirmer ou d’infirmer sa prophétie de Mohamed et de confirmer ou d’infirmer leur représentation sur Jésus et Abraham, mais ils ne l’ont pas fait donnant ainsi raison au Coran qui les a mis en défi de ne pas le faire.

Les biographes et les historiens musulmans dans leurs commentaires disent que la délégation chrétienne a demandé conseil à des experts religieux chrétiens d’autres pays qui leur auraient dit que jamais un Prophète ne demande la Moubahala sans que sa malédiction n’atteigne la communauté adverse et qu’ils étaient confrontés au péril de voir le christianisme effacer de la surface de la Terre, et que le mieux était soit de se convertir, soit de laisser ce Prophète tranquille pour sauver le christianisme. Au moment de la rencontre, le chef de la délégation chrétienne a dit au Prophète qu’il ne venait pas pour la Moubahala, mais pour la réconciliation et qu’il s’engageait à lui verser l’impôt chaque année.

La situation décrite par le Coran est suffisamment éloquente pour ne pas lui ajouter les controverses désagréables et hors sujet entre les sunnites et les chiites sur le pouvoir politique, l’imamat et autres considérations. Bien entendu prendre les armes contre les Chrétiens et les Juifs pour la seule raison confessionnelle est une hérésie que condamne l’Islam, car le Prophète (saws) était fort pas sa vérité coranique et par le soutien d’Allah (swt).

Est-ce que les Chrétiens et les Juifs savaient que Mohamed était Prophète ?

Le Coran l’affirme :

{Ceux à qui Nous avons révélé le Livre connaissent le Prophète Mohammad comme ils connaissent leurs propres enfants; mais certes, un groupe d’entre eux taisent sûrement la Vérité en le sachant.} Al Baqarah 146

{Ceux à qui Nous Avons Révélé le Livre connaissent le Prophète Mohammad comme ils connaissent leurs propres enfants.} Al An’âm 20

{Ma Miséricorde embrasse toute chose. Je la prescrirai pour ceux qui sont pieux, qui acquittent la Zakat et qui croient en Nos Signes. Ceux qui suivent le Messager, le Prophète analphabète qu’ils trouvent inscrit chez eux, dans la Torah et l’Évangile, qui leur commande le bon usage, leur défend le répréhensible, leur rend licite les bonnes choses, leur interdit les vices, les délivre de leurs faix et des carcans qu’ils portaient. Quant à ceux qui ont  foi en lui, le secondent, le soutiennent et suivent la Lumière qui a été révélée avec lui, ceux-là sont ceux qui cultivent. Dis : « O hommes, je suis pour vous tous, en totalité, le Messager d’Allah.} Al A’âraf 157

{Et il est  sûrement dans les textes sacrés des Anciens. N’a-t-il donc pas été un Signe pour eux, que les savants des fils d’Israël le connaissent ?} As Chou’ara 196-197

{Et lorsque Jésus fils de Marie dit : « O Descendants d’Israël, je suis le Messager d’Allah vers vous, corroborant ce qui me précéda de la Torah, et annonçant la bonne nouvelle d’un Messager qui viendra après moi : il s’appelle Ahmad ». Et quand il leur est venu avec les évidences, ils dirent : « C’est de la magie évidente ».} As Saff 6

Pourquoi ce refus ? La raison n’est pas religieuse, mais idéologique. La croyance en Dieu et la foi monothéiste commandent par leur logique intrinsèque de chercher le véritable Dieu, car il s’agit de la quête de la vérité dans ce monde et du salut final :

{Ceux auxquels Nous avons Transmis le Livre avant lui, eux, y croient. Et quand il leur est récité, ils disent : « Nous y croyons, c’est la vérité de la part d’Allah. Nous étions déjà musulmans avant sa transmission ».}

Les prêtres et les rabbins en quête de Dieu avaient répondu favorablement, car ils ont trouvé les arguments pour restaurer la foi véritable. Les autres étaient trop attachés à la tradition cultuelle, à la culture de leur communauté et à leur idéologie.  L’idéologie c’est le système de représentation, les opinions, les idées que les hommes se construisent pour argumenter et faire valoir leur croyance et leur sacré. L’islam comme principe monothéiste qui apporte la vérité sur Dieu et sur les Prophètes détruit l’idéologie sur laquelle les temples, les intérêts, les empires, les savoirs, l’ethnocentrisme, et des rentes ont été bâtis et des guerres menées :

{Dis : « Je ne suis pas une nouveauté de parmi les Messagers, et je ne sais ce qui sera fait de moi, ni de vous. Je ne fais que suivre ce qui m’est inspiré, et je ne suis qu’un avertisseur évident ». Dis : « Voyez-vous s’il s’avère être de la part d’Allah et que vous y avez mécru ? » Et un témoin des fils d’Israël témoigna de sa ressemblance [avec la Tora] : il devint croyant et vous vous êtes enorgueillis ! Certes, Allah ne Guide point les gens injustes. Et ceux qui sont devenus  mécréants dirent à ceux qui sont devenus  croyants : « Si c’était un bien, ils ne nous y auraient pas devancés ! » Et lorsqu’ils ne seront pas guidés par lui, ils diront alors : « C’est un vieux mensonge ».} Al Ahqaf  9 à 11

La raison du refus des Juifs et des Chrétiens est idéologique :

{Ni ceux qui sont devenus  mécréants, des gens du Livre, ni les polythéistes, ne souhaitent que quelque bien vous soit octroyé de votre Dieu, mais Allah privilégie de sa Miséricorde qui Il veut.} Al Baqarah 104

{Un grand nombre des gens du Livre souhaiterait vous faire apostasier en mécréants, après que vous ayez été croyants, par une jalousie émanant de leur personne, après que la Vérité se soit manifestée à eux. Pardonnez et faites grâce jusqu’à ce qu’Allah fasse Son Jugement.} Al Baqarah 109

Mohamed, Ahmed, le Prophète ultime est annoncé dans tous les livres sacrés du monde. Les textes sacrés Samavida du Brahmanisme annoncent le Prophète ultime. Sushrava l’être parfait décrit comme Ahmed est annoncé par l’Atharvaveda de l’hindouisme. Le Zend Avesta de la religion mazdéenne de Zoroastre  annonce Soesh Yant comme le Prophète de la Miséricorde universelle qui va appeler à un Dieu Unique incréé, sans campagne ni émule,  l’avant et l’après, l’apparent et le caché, sans forme ni couleur, ni abri ni corps pour le contenir…. Celui qui voudrait entrer dans ce vaste domaine il peut consulter le monument de la pensée arabe  Abbas Al Aqqad dans son livre arabe « Matla’â an Nour » ou sa traduction anglaise « Mohammed in World Scriptures ».

Mohamed ou Ahmed dans les Textes des Juifs et des Chrétiens ainsi que les différences de contenu entre les versions est suffisamment connu pour ne pas citer de nouveau les textes et les auteurs qui le démontrent. Il suffit de souligner que les auteurs musulmans ont remarqué que les références citées par Ibn Taymiya, Fakhr Ar Razi et Ibn Al Jawiziya ont disparus comme s’il y a une volonté d’occulter Mohamed (saws) dans les références judéo-chrétiennes. Cela n’empêche pas le miracle coranique de s’imposer à la raison humaine : la renommée universelle de Mohamed et la préservation du Coran :

{Nous t’avons préservé contre les moqueurs, qui placent un autre dieu à côté d’Allah. Mais ils sauront bientôt. Nous Savons sûrement que ta poitrine se serre à cause de ce qu’ils disent. Exalte donc la gloire de ton Dieu, sois de ceux qui se prosternent, et adore ton Dieu jusqu’à la mort.} Al Hijr 95 à 97

{N’avons-nous pas épanoui ton cœur et  déposé loin de toi ton fardeau qui ployait ton dos, puis élevé très haut ta renommée!} Al-Hashr 4

{… il consiste en des Versets évidents, préservés dans les cœurs de ceux qui reçurent la Science. Et ne renient Nos Versets que les injustes.} Al Ankabout 48

{C’est sûrement un Coran sublime, dans un Livre bien préservé…} Al Waqi’a 77

{… c’est un Coran glorieux, dans une Table  préservée…}  Al Buruj 21

{Le faux ne l’atteint [d’aucune part], ni par devant ni par derrière : c’est une révélation émanant d’un Sage, Digne de louange.  Et la parole de ton Seigneur s’est accomplie en toute vérité et équité. Nul ne peut modifier Ses paroles.} Foussilat 41

{C’est Nous, en réalité, qui avons révélé le Coran, et Nous le préservons à  jamais…} Al Hijr 9

La question que se posent les sceptiques est : le coran est protégé de quoi et de qui ? Il est protégé des falsificateurs, des usurpateurs et des imposteurs. Il est protégé de l’oubli, de l’innovation et de l’erreur. Depuis sa Révélation à ce jour, il continue de témoigner et d’interpeller la raison humaine sur sa vérité, son authenticité, sa crédibilité, sa validité et son efficacité :

{Et Nous avons réellement facilité, en fait, le Coran pour la réflexion. Y a-t-il donc quelqu’un qui réfléchisse ?} Al Qamar 32

Il est sûr et certain que notre monde post moderne caractérisé par la vitesse et la démocratisation de la communication et de la science va apporter des preuves tangibles aux vérités coraniques :

{Nous leur Montrerons Nos Signes dans l’Univers et en eux-mêmes, jusqu’à ce qu’il leur soit évident que c’est la Vérité.} Foussilat 53

Les savants matérialistes de la biologie, de l’embryologie, de la géologie, de l’astrophysique, de l’océanographie  parviennent à la certitude que l’univers et la vie sont l’œuvre d’une intelligence absolue qu’ils décrivent avec les saints Noms d’Allah (al Asma al hosna). Ces savants croient en Dieu, mais sont en quête de la religion qui représente la grandeur, la puissance, la perfection et la majesté de ce  Dieu qu’ils ont connu par la science. Le judaïsme est raciste, le christianisme est mythologique et plein de contradiction, le bouddhisme est une philosophie de vie, l’islam est mal représenté par les musulmans vivant en marge de leur temps. Comment le musulman vivant dans le futile, l’accessoire, la controverse juridique et le culte des anciens pourrait-il devenir le réceptacle de la connaissance de Dieu et le véhicule  de cette connaissance à ceux qui viennent de découvrir Dieu sans découvrir l’Islam, son Coran et son Prophète ?

Qu’il y ait réponse ou non à l’appel et au témoignage du musulman, il lui suffit de s’investir dans la connaissance de la Parole de son Dieu, car c’est un investissement impérissable qui procure de surcroit un émerveillement intellectuel,  un ravissement spirituel et une récompense divine dans ce monde et dans l’autre :

{Certes, ceux qui récitent avec assiduité et minutie le Livre d’Allah, accomplissent la prière et font aumône  de ce que Nous leur avons octroyé, en secret et en public, aspirent à un négoce dont le gain est intarissable, afin qu’Il leur règle intégralement leurs rémunérations, et les gratifie d’un surplus de Sa Munificence. Il Est Absoluteur, Très-Gratifiant.} Fatir 29-30

Ceux qui sont hostiles à l’Archange Gabriel, car il a transmis la révélation à des Prophètes qu’ils n’ont pas voulu et qu’il a exécuté le châtiment contre leurs anciennes communauté ne peuvent accepter que le Coran soit transmis et soit compris :

{Dis : « Qui est ennemi de Gabriel ? », car il l’a Révélé en ton cœur, par le Vouloir d’Allah, corroborant ce qui le précéda, ainsi que Direction infaillible et bonne nouvelle pour les croyants. […] En fait, Nous t’avons révélé des Signes évidents et ne les nient que les pervertis.} Al Baqarah  96 et 98

Il nous faut donc beaucoup de travail et beaucoup d’endurance. Nos agitations et nos convulsions actuelles ne sont ni du travail ni de l’endurance… Il faut être honnête et reconnaître que notre discours enflammé sur l’eschatologie, la morale et les anciens n’est pas le discours rationnel que la raison occidentale peut ou a envie d’écouter. Le Coran n’a pas besoin de nos gymnastiques en matière de rhétorique pour être admis comme la Parole de Dieu. Il faut le livrer aux autres en leur donnant les matériaux qui les aident à y effectuer leur propre quête de sens.

Ce sont tous ses éléments avec d’autres aussi sinon plus complexes qui entrent dans la formation du sens, du style et de l’esthétique du Coran le rendant incomparable, éternellement jeune à découvrir et à méditer. Cet exposé assez sommaire que je réalise alors que je ne suis pas ni arabisant ni islamologue de formation me laisse frustré devant les trésors cachés de la langue arabe. Je peux comprendre le miracle coranique littéraire comme un défi à la raison et je peux imaginer le plaisir intellectuel et esthétique des arabisants qui pratiquent le Coran avec virtuosité. Il faut donc respecter la liberté des autres à croire ou ne pas croire et faire confiance à la puissance intrinsèque du Coran à argumenter et à montrer la voie de la raison, du sens. Son esprit de justesse a pour but de montrer le principe de Justice d’Allah. On peut trouver toutes les nobles qualités de ce Livre pour les Attribuer à Son Auteur.

Avant de terminer cet exposé je tiens à souligner une fois de plus que le Coran s’adresse à la raison :

{Il dit : « Adorerez-vous donc, à l’exclusion d’Allah, ce qui ne peut vous être utile en rien ni vous nuire ? Quelle honte, vous et ce que vous adorez, à l’exclusion d’Allah ! Ne raisonnez-vous donc pas ! »}  Al Anbiya 66

Abraham interpellait la raison humaine qui ne parvient pas à comprendre qu’en adorant une pierre elle fait perdre à l’humain sa dignité. Le Coran nous montre dans plusieurs de ses  récits  que la raison elle-même n’est pas libre pour décider rationnellement. La raison, l’intelligence, la cognition sont prisonnières du cœur cette faculté que la neuroscience commence à percevoir et qui est le pouvoir de décision, la volonté, la motivation que construit l’éducation, la culture, l’idéologie. La raison toute seule ne peut conduire à la vérité et à la foi lorsqu’elle est aliénée :

{… Allah fait revivre les morts et vous Montre Ses Signes, afin que vous raisonniez. Puis, vos cœurs se sont endurcis après cela. Ils sont comme les pierres, ou plus durs encore. Car il en est des pierres desquelles jaillissent les fleuves; et il en est d’autres, quand on les fend, l’eau coule; et il en est d’autres qui s’affaissent par la crainte d’Allah ! Et Allah n’est point inattentif à ce que vous faites. Vous attendez-vous donc à ce qu’ils vous croient, alors qu’un groupe d’entre eux : ils entendaient les paroles d’Allah puis les falsifiaient après les avoir raisonnées, en le sachant ?} Al Baqarah 73 à 75

{N’ont-ils donc pas été de par la terre, de sorte qu’ils aient des cœurs avec lesquels ils raisonnent ou des oreilles avec lesquelles ils entendent ? En fait, ce ne sont pas les yeux qui s’aveuglent, mais ce qui s’aveugle, ce sont les cœurs qui sont dans les poitrines.} Al Hajj 46

Le cœur qui commande l’intelligence doit être sain et libre. Le discours religieux et moralisateur ne peut à lui seul réveiller et entretenir la foi. Il y a un travail de déconstruction et de reconstruction de l’homme, de sa façon de penser, de se comporter et de définir ses priorités, son éthique et son esthétique. Cela semble paradoxale, mais le travail de déconstruction et de reconstruction est un travail qui s’appuie sur la raison en amenant les gens à s’interroger et à chercher les réponses les plus rationnelles tout en leur fournissant l’alternative la plus crédible, la plus rationnelle et la plus efficace qui soit. Ce travail exige le respect de l’homme en refusant de la manipuler ou de l’infantiliser par un discours paternaliste. Il exige aussi la lutte pour la liberté, car elle permet la confrontation des idées et l’émergence des compétences. Le miracle de la foi, une fois les préjugés déconstruit, relève du divin :

{Allah Guide vers Sa Lumière qui Il veut. Et Allah fournit les paraboles aux hommes. } An Nour 35

Si nous pouvions comprendre la Parole d’Allah comme il se doit alors nous comprendrons mieux nos rapports à Allah ainsi que nos rapports aux créatures d’Allah. Est-ce que nous pouvons dans ce cas donner suite, sans analyse et sans responsabilité, prendre pour argent comptant la parole d’un savant, d’un homme politique ou d’un gouvernant alors que cette parole est entachée d’erreur, de fausseté, de mensonge, de calculs et d’oubli… Souvent la parole humaine manque de cohérence, de logique, de finalité bienveillante, de sens… La Parole d’Allah est le véritable chemin vers la liberté…

Si nous pouvions comprendre la Parole d’Allah comme il se doit ainsi que les efforts moraux, cognitifs et spirituels qu’elle exige alors nous comprendrons mieux notre exigence envers la justice et la liberté qui font défaut dans notre monde arabe et dont l’absence fait de chacun de nous, gouvernant, gouverné et opposant, un ennemi de la société, un transgresseur des droits d’autrui. C’est par l’amour, la justice, la vérité et la raison que nous rendons la connaissance sur Allah, Son Coran et Son Prophète accessible à l’humanité. C’est mentir contre Allah et ignorer Sa Parole que croire qu’Il a besoin de notre contrainte sur les gens pour qu’Il soit connu et adoré.

Si nous pouvions comprendre la Parole d’Allah comme il se doit alors nous connaîtrons Allah tel qu’Il a voulu se faire connaitre à nous et non comme nous le présentons aux autres à travers nos idéologies, nos doctrines et nos opinions sectaires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Oumma Wasstà : communauté de rayonnement !

Partie 1 – Wassatiya : communauté de juste milieu ?

Partie 2 – Wasstà : communauté de rayonnement !

 

Le terme coranique Wasstà

Le terme Wasstà est un terme coranique qui pose le clivage entre communautés humaines sur la base de la foi agissante : monothéisme et œuvre de bien d’un côté et culture mécréante et impériale de l’autre. Il ne s’agit pas de la Wassatiya comprise comme juste milieu entre des contradictions ou des confusions.

Nous ne pouvons comprendre le sens véritable de ce mot et tout particulièrement dans son contexte moderne que par le respect de la méthodologie de lecture du Coran en l’occurrence  le Tartil et le Taddabbur. Le Tartil  n’est pas seulement la psalmodie musicale du Coran, mais la lecture attentive et méditative qui prend l’énoncé coranique comme un convoi de sens, un cortège de paraboles, un défilé de récits se suivant les uns les autres et s’auto expliquant. Le Taddabbur c’est de chercher le sens en cherchant à comprendre l’amont de l’énoncé et à découvrir les liaisons de sens permettant de faire sortir le véritable sens qui aurait pu ne pas être apparent si le terme ou l’énoncé était pris comme un isolat lexical ou sémantique . De la même manière qu’on lit une carte en la déployant,  en comparant le relief, en suivant les réseaux, en faisant des agrandissements ou des réductions d’échelles nous lisons l’énoncé coranique comme une topographie permettant de situer le récit et le sens.

Ainsi le terme Wassata :

{Nous avons fait de vous une communauté du « juste milieu »} Al Baqara 143

S’inscrit dans une succession d’énoncés qui font référence à Ibrahim (as) et à sa milla (confession), à la Sibghat Allah (couleur d’Allah) nous permettant ainsi de comprendre que le Wassat signifie l’adoption de l’Islam dans son caractère universel de Dine d’Allah pour l’humanité. Cette succession d’énoncés met en valeur la vocation cardinale du musulman : le témoignage. Cette succession d’énoncés met en exergue le véritable clivage entre monothéisme et polythéisme. Cette succession d’énoncés montre des communautés se réclamant des Prophètes alors qu’elles transgressent la conduite de ces Prophètes. La communauté Wassat est celle qui se conforme à la voix prophétique. Les Prophètes ont appelé à l’adoration d’Allah (swt), à la fédération d’une communauté œuvrant pour la foi et pour le bien. Les Prophètes n’ont pas revendiqué le pouvoir. Les Prophètes et les communautés qui ont bénéficié du pouvoir ne l’ont obtenu que comme un don divin qui vient récompenser les uns devenus héritiers des civilisations anéanties ou qui vient soumettre les autres à l’épreuve de l’existence et de la gouvernance.

Nous pouvons commencer la lecture avant ou à partir de cet énoncé :

{Les Juifs ont dit : « Les Nazaréens ne tiennent sur rien », et les Nazaréens ont dit : « Les Juifs ne tiennent sur rien », et ils récitent le Livre! Ainsi ceux qui ne savent pas disent aussi les mêmes paroles. Mais Allah tranchera alors entre eux, le Jour de la Résurrection, sur ce dont ils divergeaient.} Al Baqarah  113

Puis l’achever après ou juste après  cet énoncé

{Nous vous avons envoyé un Messager de parmi vous, vous réciter Nos Ayats, vous épurer, vous apprendre le Livre et le sens, et vous apprendre ce que vous ne saviez pas, de même, évoquez mon Nom, Je vous garderai; soyez reconnaissants envers Moi et ne mécroyez point. O vous qui êtes devenus croyants , ayez recours à la persévérance et à la prière. Certes, Allah est avec les persévérants.} Al Baqarah  151

Le terme coranique du Wassat appelle donc à l’universel de l’Islam et à la voix immuable des Prophètes alors que le terme qaradhawien de la wassatiya appelle au confinement dans les frontières mentales, sociales et historiques léguées par le colonialisme et par la pensée héritée de la décadence musulmane avec ses déchirements partisans et sectaires. Cet héritage ne parvient toujours pas à se hisser au niveau de l’Islam en se débarrassant de l’esprit d’errance et d’isolement. Cette pensée stérile ne parvient pas à s’inscrire dans un projet de civilisation ou dans une alternative à l’Empire. Et pourtant le Coran fixe le curseur idéologique et les enjeux stratégiques qui nous  permettent de voir les clivages principaux :

{Et ils disent : « Soyez juifs ou nazaréens, vous serez guidés ». Dis : « Bien au contraire : la confession d’Abraham, pur monothéiste, et qui ne fut point du nombre des polythéistes ».

Dites : « Nous sommes devenus croyants en Allah, en ce qui nous a été révélé, et en ce qui a été révélé à Abraham, à  Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, et en ce qui a été révélé à Moïse, à Jésus, et en ce qui a été révélé aux Prophètes par leur Dieu. Nous ne faisons de distinction entre aucun d’entre eux et nous nous remettons à Lui ».

S’ils croient en cela même que vous croyez, ils se sont effectivement bien guidés, et s’ils s’en détournent, c’est qu’ils sont en schisme. Certainement Allah sûrement te Prémunira contre eux, car Il est L’Omniaudient, L’Omniscient.} Al Baqarah 135 à 137

Quelle est notre voie : contre ceux qui ont la même Qibla que nous ou contre ceux qui luttent contre notre foi et qui convoitent nos territoires et nos ressources au détriment de notre existence et de notre dignité ?

{De même, Nous avons fait  de vous une Communauté du centre afin que vous portiez témoignage auprès des hommes, et que le Messager vous soit témoin. Nous n’Avions établi la Qibla vers laquelle tu t’orientais que pour voir qui suit le Messager de celui qui retourne sur ses pas, bien que ce soit une lourde obligation, sauf pour ceux qu’Allah A Guidés. Il n’est pas de mise qu’Il vous Fasse perdre votre Foi : Certes, Allah Est sûrement Compatissant, Miséricordieux, envers les hommes.

Nous te Voyons vraiment chercher du visage dans le ciel. Nous t’Orienterons vers une Qibla qui t’agrée : tourne ton visage vers la Mosquée Sacrée. Et où que vous soyez, tournez vos visages vers sa direction : Certes, ceux à qui le Livre a été Révélé savent bien que c’est la Vérité venue de leur Dieu, et Allah n’Est point Inattentif à ce qu’ils font.

Et même si tu produisais tout miracle, à ceux qui reçurent le Livre, ils ne suivront pas ta Qibla et tu ne suivras pas leur Qibla, ni certains d’entre eux ne suivront la Qibla des autres. Et si jamais tu suis leurs passions, à partir de ce qui t’a été donné de la Science, tu seras sûrement du nombre des injustes.} Al Baqarah 143 à 145

Est-ce-que notre véritable problème ne consiste-t-il  pas à ce que nous soyons devenus des  insensés incapables de savoir que nous sommes atteint d’insenséïsme. Est-il sensé d’être  incapables de discerner nos agresseurs de ceux qui suivent la même Qibla que nous :

{Les insensés d’entre les gens diront : « Qu’est-ce qui les a détournés de leur Qibla vers laquelle  ils s’orientaient ? » Dis : « A Allah appartiennent le levant et le ponant, Il Guide qui Il Veut vers un chemin de rectitude ».} Al Baqara 142

N’est-il pas urgent de chercher le dénominateur commun pour fédérer nos peuples et canaliser nos ressources et nos énergies vers ce qui est le plus efficace et le plus sensé. Allah(swt) accorde le pouvoir à celui qui obéit à Ses ordres et à ceux de son Prophète et qui œuvre pour la cohésion de la communauté et la réforme des mœurs sans viser autre chose que plaire à Allah :

{Leur Prophète leur dit : « Allah vous A Envoyé Saül comme roi ». Ils dirent : « Comment donc peut-il avoir le pouvoir sur nous, alors que nous avons plus de droits que lui au pouvoir, et qu’il n’a même pas l’avantage de la fortune ? Il dit : « Allah l’a élu sur vous et l’a favorisé d’une une étendue de science et de vigueur ». Allah Accorde Son Pouvoir à qui Il Veut.} Al Baqara 247

Le critère islamique n’est pas dans la prétention diabolique à dire je suis mieux que lui donc je mérite sa place, attitude qui ouvre le chemin vers la convoitise et la spoliation des droits d’autrui, mais à agir au mieux en accomplissant son devoir tout en escomptant d’Allah le salut et la récompense. La première chose que le Musulman apprend est la malédiction pour cette  prétention de Satan, créé de feu, à se croire meilleur que Adam (as), créé d’argile puante.

Les textes sont clairs et il appartient aux partisans de la sédition et de la licité  de verser le sang des musulmans pour changer les régimes à n’importe quel prix et puis se trouver dans l’incapacité de gouverner faute d’encadrement et de vision stratégique d’apporter leurs arguments. Je ne suis  ni dans le camp du pouvoir ni dans celui des opposants, je ne fais qu’apporter la détraction à ceux qui parlent au nom de l’Islam et dégager ma responsabilité sur l’effusion de sang qui ne semble pas s’arrêter.

Wastà et l’universel 

Lorsque le musulman lit le Coran et lit le monde, il ne doit pas perdre de vue que les phénomènes physiques, historiques et sociaux à l’instar du texte coranique sont des Signes d’Allah (swt) par lesquels Il manifeste Sa Présence, Sa Justice et Son Ordre. Le long énoncé coranique qui définit, institue et configure le sens et les dimensions de la Oumma wassata est une référence à l’universel dans lequel nous devons nous insérer et nous inspirer si nous voulons que nos pensées et nos actions soient sensées et efficaces :

{Il y a certes dans la création des Cieux et de la terre, dans l’alternance de la nuit et du jour, dans les navires qui voguent sur la mer avec ce qui est profitable aux hommes, dans ce qu’Allah a fait descendre comme eau, du ciel, avec laquelle Il a ranimé la terre après sa mort et y a insufflé de tout être vivant, et dans les effets des vents et les nuages assujettis entre le ciel et la terre, des Signes pour des gens qui raisonnent.} Al Baqara 164

L’universel, la connaissance de ses lois et le devoir de porter l’ultime Message de l’Ultime Prophète à l’humanité plurielle nous obligent à sortir de nos étroitesses de vues et de pensées.

a-  Nous devons garder en vue que jamais Allah ne donnera le pouvoir à celui qui le convoite :

  {Et lorsque Nous avons conclu Alliance avec vous : « Ne répandez pas votre sang, ne vous expulsez pas les uns les autres de vos demeures », vous y avez souscrit en apportant votre témoignage. Puis, voilà que vous vous entre-tuez, vous expulsez un groupe d’entre vous de leurs demeures, vous vous liguez contre eux par la transgression et l’agression; et s’ils vous échoient en captifs, vous les rançonnez, alors qu’il vous est interdit de les expulser. Croirez-vous donc en une partie du Livre et rejetterez-vous en une partie ?} Al Baqara  84 à 86

b-  Je ne peux prétendre connaitre le dessein d’Allah, mais Allah n’accorde le pouvoir, pour qu’il soit exercé à Son Nom, qu’à ceux qui sont préparés à gouverner non en son nom, mais selon ses principes en l’occurrence faire régner l’ordre, la justice, la paix et la cohésion sociale. L’énoncé coranique dans lequel est insérée la communauté Wassat cite des Prophètes qui n’ont ni exercé le pouvoir ni revendiqué le pouvoir. Cet énoncé ne pose pas l’équation humaine ou musulmane en termes de pouvoirs politiques, mais en termes d’universel qui concerne tout le monde et toutes les activités humaines :

 {A chacun une direction vers laquelle il se dirige. Concourez donc en œuvres de bienfaisance} Al Baqara  148

c-  Il ne peut y avoir d’universel, d’humanité ou d’islamité si l’amour mondain est plus fort que l’amour de la vérité  ou si la dévotion à un Cheikh, à un parti ou à une idée est plus intense que l’amour d’Allah :

{Il est parmi les hommes ceux qui adoptent, à l’exclusion d’Allah, des émules qu’ils aiment comme l’amour d’Allah, mais ceux qui croient sont plus ardents dans l’amour d’Allah.} Al Baqara  148

d-  Peut-on raisonnablement croire qu’il suffit de se réclamer de l’Islam et de s’appuyer sur des crédules pour gouverner avec aisance alors que l’époque est celle de la globalisation exigeant une démarche globale et complexe faisant appel à toutes les compétences et à toutes les expériences. L’État confisqué par les maffias arabes s’est entouré de médiocres sur la base du clientélisme et de la cooptation. Les partis dits islamiques, sans expérience de gouvernance,  sans alliés stratégiques  et sans ressources se permettent le luxe insensé de ne pas faire appel aux compétences de la communauté sous prétexte que ces compétences ne partagent pas leur vision ( ?). Nous avons vu que contrairement à la vision aveugle des islamistes, l’énoncé coranique sur la Oumma wassat déroule  l’histoire, sa dynamique et ses conséquences :

{Cette communauté-là a disparu. Elle a ses acquis et vous avez vos acquis; et vous n’aurez pas à répondre de ce qu’ils faisaient.} Al Baqarah 134

{Dites : « Nous sommes devenus croyants en Allah, en ce qui nous a été révélé, et en ce qui a été révélé à Abraham, à  Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, et en ce qui a été révélé à Moïse, à Jésus, et en ce qui a été révélé aux Prophètes par leur Dieu. Nous ne faisons de distinction entre aucun d’entre eux et nous nous remettons à Lui ».} Al Baqarah 136

{Cette Communauté-là a disparu. Elle a ses acquis et vous avez vos acquis, et vous n’aurez pas à répondre de ce qu’ils faisaient.} Al Baqarah 141

e-   Agir et laisser les actes témoigner. Depuis leur arrivée au pouvoir les Frères Musulmans comme les dirigeants du FIS avant leur triomphe électoral ont continué d’escamoter les mesures sociales et économiques leur préférant la rhétorique facile et irresponsable. Le FMI, la dette, l’investissement, le marché, la monnaie, l’économique, les ressources stratégiques, les besoins et les attentes du peuple sont relégués au profit d’un discours partisan. Le Prophète (saws) avait pourtant fait de la subsistance, de l’édification,  du plein emploi, de la scolarité, de l’assainissement urbain et de la libération du marché du monopole financier des Juifs une priorité et un destin qu’il a accompli en peu de temps. L’énoncé coranique sur la Oumma Wassat montre les mesures qui donnent vitalité à cette communauté et à cette « wassatiya » :

{O Hommes ! Mangez de ce qu’il y a sur la terre de licite et de bon, et ne suivez point les pas de Satan : il est pour vous un ennemi évident.} Al Baqarah 168

Au nom d’Allah (swt), de Mohamed (saws) et de l’Islam non seulement les charlatans fuient leurs responsabilités, mais ils continuent de tourner le dos à la réalité amère qu’ils ont fabriquée : les tués sans raison, les orphelins, les invalides, les déscolarisés, les prostitués, les affamés, les sans-logis, les sans-patrie par dizaine de milliers en Syrie. Les Palestiniens en première ligne dans la résistance contre l’Empire et le sionisme sont oubliés et trahis.

Est-ce que c’est ainsi que doit se comporter la Oumma se réclamant du Wassatà

wasata

{Nous avons fait de vous une communauté du « juste milieu »} Al Baqara 143

 

Quel est le sens coranique du Wassat ?

Les énoncés coraniques évidents qui se suivent mettent en exergue le caractère universel de l’Islam dans la succession des Prophètes dans l’humanité,  dans ses valeurs immuables inscrites l’histoire des hommes et dans la confrontation de ses hommes, dans la vocation globale des Musulmans à témoigner de la vérité et de la vertu contre les oppresseurs par amour d’Allah à l’instar d’Ibrahim, de Moïse et du Messie qui ont vécu confrontés à la puissance impériale et à l’idolâtrie.  Mohamed (saws) est l’ultime Prophète, il nous a tracé le chemin : la lutte contre les empires agresseurs. La oumma Wassat est cette continuité historique et civilisationnelle de la vocation de l’Islam qu’Ibrahim a transmis à Mohamed (saws) :

{Et lorsque Abraham élevait les assises de la Maison ainsi qu’Ismaël : « Notre Dieu, Agrée de nous, Tu Es Toi L’Omni-Audient, Le Tout-Scient ; notre Dieu, Fais que nous nous remettions à Toi, et de  notre descendance : un peuple qui Te soit musulman. Montre-nous nos rites, Fais-nous Rémission, Tu Es Toi Le Rémissif, Le Miséricordieux ; notre Dieu, et envoie-leur un Messager d’entre eux, qui leur récite Tes Signes, qui leur apprenne le Livre et le Sens, et qui les épure. Tu es Toi L’Invincible, Le Sage ».} Al Baqarah 127 à 129

Ou bien nous sommes la réponse d’Ibrahim(as), la communauté de réponse à Mohamed (saws), la communauté de continuité des Prophètes, ou bien  nous sommes des insensés. Insensés ou sensés nous ne sommes pas à l’abri de l’épreuve à laquelle est soumise l’humanité pour distinguer le bon du mauvais, le juste de l’injuste, le vertueux du vicieux, l’endurant de l’empressé désespéré :

{Certes, Nous vous éprouvons,  de temps à autre, par la peur, la faim, et la perte dans les biens, les personnes et les récoltes. Mais annonce une bonne nouvelle aux persévérants} Al Baqarah 155

La communauté Wassat est une fratrie de foi vivante. Elle vit et surmonte les épreuves avec une finalité suprême : rencontrer Allah (swt) après avoir accompli son devoir de faire le bien et sa vocation de témoigner. Il s’agit de vivre comme moteur de l’histoire humaine et non comme parasite ou comme marginal ou comme un intrus provoquant corruption, désordre et effusion de sang. Bien entendu l’idée de juste milieu telle que nous la racontent Qaradhawi et les traducteurs du Coran est en deçà du sens coranique.

Suivons les linguistes arabes qui font  la différence entre Wastà et moutawassita

الوسطى #  المتوسطة

Al moustawassita signifie médiane, milieu, moyenne, intermédiaire entre deux entités. Wastà signifie vertueuse, meilleure, excellente au-dessus des autres. Dans le premier cas nous sommes dans un alignement, dans le second cas nous sommes dans une élévation, une aspiration. C’est exactement le sens et le contenu du Coran lorsqu’il qualifie la communauté musulmane de Wasstà. Elle est au-dessus des contingences, des petitesses et des arrangements conjoncturels par sa référence invariable à la Transcendance. Elle est meilleure, elle est élue par la qualité de ses œuvres, la qualité de sa foi, la qualité de son engagement et par sa conformité stricte au sens véhiculé par le terme « Musulman » qui a été porté par tous les Prophètes et tous les Croyants. Toute dérive religieuse, idéologique et culturelle qui met la communauté musulmane dans la même impasse que celle empruntée par les Juifs et les Chrétiens la fait sortir du critère d’évaluation coranique de Wassat ou Wastà :

{Et ils disent : « Soyez juifs ou nazaréens, vous serez guidés ». Dis : « Bien au contraire : la confession d’Abraham, pur monothéiste, et qui ne fut point du nombre des polythéistes ». Dites : « Nous sommes devenus croyants en Allah, en ce qui nous a été révélé, et en ce qui a été révélé à Abraham, à  Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, et en ce qui a été révélé à Moïse, à Jésus, et en ce qui a été révélé aux Prophètes par leur Dieu. Nous ne faisons de distinction entre aucun d’entre eux et nous nous remettons à Lui ». S’ils croient en cela même que vous croyez, ils se sont effectivement bien guidés, et s’ils s’en détournent, c’est qu’ils sont en schisme} Al Baqarah 135 à 137

Sur le plan sémantique et logique on ne peut concevoir que l’énoncé coranique puisse situer la communauté musulmane comme une communauté médiane se situant au milieu d’un schisme religieux, doctrinal ou idéologique à moins qu’elle n’ait perdu ses repères et ses références. Il ne s’agit pas d’un schisme entre Sunnites et Chiites mais d’un schisme sur le credo de la foi, sur la Qibla, sur la vérité ultime du Jugement dernier, sur la vocation des Prophètes.

Sur le plan historique et civilisationnel, on ne peut déboiter l’énoncé et ses références à l’universel de la notion de centre de gravité que doit jouer la communauté de foi dans la guidance de l’humanité, dans la proposition de solutions. En effet le terme Wassat signifie aussi le centre. On dit Wassat al Madina pour désigner le centre-ville même si géographiquement cela n’est pas exact. Il s’agit du centre vital, du centre historique, du centre commercial, du centre urbain, du centre de l’animation, du centre d’attraction, du centre commercial, du centre administratif …

La notion de Wassat est conforme à la nature humaine et à ses quêtes de sens, de liberté, d’amour, de justice, de gloire, d’excellence… En effet, par son choix l’homme peut faire partie d’un mouvement centrifuge qui lui fait chercher son centre de gravité, lui fait trouver ses repères et lui donne cette compétence d’être une force d’attraction qui invite et attire vers lui les bonnes dispositions et les bons comportements ou qui ramène vers lui les conflits et les divergences pour les arbitrer, les aplanir, les régler :

{Il y a cependant, parmi ceux que Nous avons créés, une communauté dont les membres s’attachent à la vérité et jugent avec équité.} Al-A’raf 181

L’islam veut que la communauté de foi soit un pôle de rayonnement spirituel, mais aussi un poids géostratégique qui exerce une influence positive sur le monde et une force de coercition contre le mal et le blâmable :

{Puissiez-vous former une communauté qui prêche le bien, ordonne ce qui est convenable et interdise ce qui est répréhensible. Ce sont ceux qui agissent ainsi qui seront les bienheureux !} Al-’Imrane – 104

{Vous êtes la meilleure communauté qui n’ait jamais été donnée comme exemple aux hommes. En effet, vous recommandez le Bien, vous interdisez le Mal et vous croyez en Allah.} Al-i’Imran – 110.

{Nous avons fait de vous une Communauté du centre afin que vous portiez témoignage auprès des hommes (sur les hommes), et que le Messager vous soit témoin.} Al Baqara 143

Cette communauté n’est pas celle du  « juste milieu », mais celle de ce que la littérature moderne appelle l’avant-garde ou l’élite. Il ne s’agit pas du comportement élitiste ou élitaire du prétentieux et de l’arrogant, mais du don, du sacrifice, de l’offre, du dévouement. Les Prophètes ont ouvert les voies, ils ont surmonté les difficultés, ils ont donné leur vie au service de l’humanité. Bergers, artisans ou gouvernants, ils ont forgé des outils et édifié des communautés. Ils n’ont pas cherché le juste-milieu politicien, le centre tactique. Ils ont été avec ceux qui les ont accompagnés, des forces de répulsion contre le mal et des forces d’attraction du bien. Les mots ne sont pas un gargarisme bavard, mais un canevas d’idées, de comportements et ils doivent être précis et rapportés à leur contexte réel pour ne pas générer de la confusion.

Cette communauté centrale, de rayonnement, de centre de gravité, de foi, de vertu et d’action bienfaitrice ne peut être un électron libre que chacun impulse ou neutralise selon ses intérêts, mais une oumma al wassat, la communauté du centre de gravité qui pèse dans le déroulement de l’histoire. Il ne s’agit pas d’une masse bruyante, mais d’effort consciencieux, assidu et permanent à tous les niveaux et dans toutes les activités.

La notion d’universelle me semble plus pertinente dans une communauté se déployant comme un atome avec son noyau pesant et ses électrons pleins d’énergie gravitant autour sur des couches d’énergies que d’une vision linéaire d’un milieu entre des parties extrêmes. C’est aussi l’image  que nous avons des astres et des galaxies dans le ciel. La balance, elle-même n’est pas obligatoirement une chose linéaire avec un milieu ou une médiane.  Il est évident que la balance est davantage un principe dynamique qu’un instrument chosifié.

La communauté Wasstà ou wassata signifie bien cette force centrifuge qui doit caractériser la communauté musulmane  dans les attractions et les répulsions entre communautés. Elle devrait être le pivot sur lequel s’appuie toute l’humanité pour instaurer la justice et lutter contre l’injustice. Le wassat permet de bien situer la communauté musulmane sur le terrain qu’elle doit investir et sur lequel se fait la démarcation avec les autres communautés et sur lequel se fait la démarcation intellectuelle, politique et sociale en son sein. Ce terrain lorsqu’il est configuré par la foi, l’idée, le comportement, l’histoire et l’acte, il est forcément  celui de la civilisation. Il est particulièrement remarquable de voir la dynamique de l’émergence ou de l’anéantissement des civilisations. La succession des communautés, la succession des Prophètes et le rapport  de ces prophètes avec les civilisations de leur époque invite à voir la question de la communauté wasstà comme un pôle de rayonnement civilisationnel ou comme une alternative à la civilisation en voie de disparition. Il est difficile de voir dans ces références une quelconque crédibilité ou une quelconque validité à ces prétentions confrériques sectaires, du frérisme ou du salafisme,  qui se réclament davantage du maraboutisme politico-religieux et de l’errance socio culturelle que de la démarche. L’expérience vient de confirmer qu’ils ne peuvent pas répondre aux attentes, malgré qu’ils soient dans une posture messianique. Il leur manque non seulement le soutien populaire, mais il leur manque surtout la dimension prophétique qui leur fait voir la vocation de l’Islam et de la communauté centrale.

La symbolique Wasstà dans la Sourate Al Baqarah

Le terme coranique Wasstà se trouve au verset 143 de la sourate Al Baqarah qui comporte 286 versets. Nous ne sommes pas au milieu scriptural de l’énoncé, mais nous sommes au cœur du sens véhiculé par la première sourate du Coran. Cette architecture complexe avec ses signifiants en rhizome exclut la simplification de « juste milieu » qui vide le contenu de la vocation du musulman de toutes ses charges. Nous sommes au cœur du moteur de la foi, nous sommes au cœur du drame humain, nous sommes au cœur des préoccupations du musulman.

La sourate Al Baqara tire son nom de l’immolation d’une génisse dont un des quartiers devient un instrument par lequel Moïse, sur instruction divine, fait  ressusciter un homme assassiné afin qu’il renaisse et dévoile son assassin caché au milieu d’une communauté d’incrédules, de pervers et de transgresseurs. Le sens de la vie et de la mort, la résurrection après la mort, la foi vivifiée par les Prophètes face à la foi pétrifiée par les préjugés, mériter ou démériter l’élection divine selon ce qu’on fait de sa foi et de ce qu’on fait pour sa foi. La sourate al Baqarah construit la foi et l’enracine dans le profond du cœur pour devenir le moteur, le critère, la finalité de l’existence du croyant. La foi est le cœur de l’homme. La vertu est le cœur de la cité humaine. Le savant et les appareils religieux et politiques lorsqu’ils transgressent l’esprit et la lettre de l’enseignement véhiculés par la sourate Al Baqarah, ils deviennent des symboles de discorde et de confusion.

Procédons à une brève analyse lexicale des verbes Baqara et Abqara

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La sourate Al Baqara tire son nom du verbe arabe « BAQARA ». Il  signifie « creuser la terre et y  fouiller profondément et méticuleusement  ». Il signifie aussi immoler un animal et examiner ses entrailles comme le fait un chirurgien vétérinaire. Il s’agit de disséquer un corps et de chercher dans ses entrailles pour faire sortir à l’extérieur tout ce qui est dedans et ensuite l’exposer à la lumière du jour. Les Arabes désignent le savant de « Baqer » car « baqara al ‘Ilm » signifie se consacrer à la science d’une chose par la recherche minutieuse de ses signes, la quête de ses sources et la mise en évidence des faits, des lois et de leurs interactions. Encore une fois il s’agit de références au témoignage avisé et impartial qui ne doit  rien cacher ni rien ménager de l’effort à entreprendre pour puiser au fond des choses, des phénomènes, des problèmes, de l’histoire. Il est attendu de l’homme de foi la vigilance et l’examen attentif, afin d’extirper le mal à sa racine et de mettre en évidence la vérité même si elle est cachée au fond des fonds. Les démarches superficielles et intempestives compliquent l’accès à la vérité par leur capacité réductrice et simpliste des phénomènes ou par l’introduction de biais cognitifs ou de confusion sentimentale ou idéologique.

L’analyse lexicale nous met face à un autre signifiant qui ne contredit pas les sens de la sourate Al Baqara, mais vient les renforcer :

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Baqara signifie aussi s’exiler. La sourate Al Baqarah met en évidence toutes les idées, tous les comportements et tous les faits des Bani Israël présentés comme un spécimen réduit de l’humanité. Il nous invite à prendre pour modèle la vertu des Prophètes, et il nous ordonne de nous détourner des insensés, des pervers et des manipulateurs de la religion qui faisaient légion dans les Gens du Livre et en particulier chez les Descendants d’Israël et chez les Juifs. Il ne s’agit pas de chercher un hypothétique et improbable juste milieu entre des extrêmes et des transgressions, mais de chercher l’alternative quitte à s’exiler. Affronter idéologiquement et militairement le bloc représentant, dans les temps modernes,  le comportement dénoncé par le Coran à travers Bani Israël, exige un travail de reconnaissance, d’identification, d’analyse minutieuse. La rhétorique discursive ne suffit pas.  L’opinion personnelle qui se passe du Coran ou qui lui donne une autre lecture n’apporte que confusion dans le projet de renaissance de la communauté Wasstà.

Dans mes recherches je suis tombé sur une explication qui mérite le respect. Le frère palestinien Salah Eddine Ibn Ibrahim Abou Arafa fait le rapprochement entre Baqara (ou Aqbara) et Qabara (ou Aqbara) qui consiste à enterrer, à mettre sous tombe. Il s’agit donc de déterrer, de redonner vie, de faire resurgir ce qui a été enfouie, de redonner existence à a été occulté. Nous sommes dans le cœur de la Sourate al Baqara : redonner vie à la vérité, ressusciter la foi oubliée,  faire émerger de la torpeur de  l’humanité une communauté de vertu, dynamique et vivifiante.

En examinant toutes ces définitions et en les comparant au sens lexical, sémantique et symbolique, il me semble que le cœur du message coranique se focalise sur le verbe Baqara dans son rapport intrinsèque au témoignage que doit porter la communauté de foi aux autres communautés.  Les Bani Israël ont perdu l’excellence lorsque ils ont perdu le sens du témoignage. Le témoignage est vidé de sa valeur, de son contenu, de son impartialité et de son efficacité lorsque le témoin et le communicant perdent le sens de la vérité au profit de la confusion, de l’amalgame et de l’esprit partisan. Le témoin ne peut être écouté ou entendu s’il vit en marge de l’existence :

{Ne confondez pas le Vrai avec le faux, et ne taisez pas la Vérité alors que vous savez.} Al Baqarah 42

Bien entendu, je n’ai pas épuisé et je ne pourrais pas épuiser toutes les possibilités que permet la langue arabe. Bien entendu ma lecture reste imparfaite et limitée. Je peux me tromper. Je prends le risque de me tromper au lieu de garder le silence, car il y a une vocation que le Prophète (saws) a tracé et que nous semblons ignorer malgré que nous nous gargarisons de versets et de hadiths.

L’évidence de l’énoncé coranique

{ سَيَقُولُ ٱلسُّفَهَآءُ مِنَ ٱلنَّاسِ مَا وَلَّٰهُمْ عَن قِبْلَتِهِمُ ٱلَّتِي كَانُواْ عَلَيْهَا قُل للَّهِ ٱلْمَشْرِقُ وَٱلْمَغْرِبُ يَهْدِي مَن يَشَآءُ إِلَىٰ صِرَاطٍ مُّسْتَقِيمٍ }

{ وَكَذَلِكَ جَعَلْنَاكُمْ أُمَّةً وَسَطاً لِّتَكُونُواْ شُهَدَآءَ عَلَى ٱلنَّاسِ وَيَكُونَ ٱلرَّسُولُ عَلَيْكُمْ شَهِيداً وَمَا جَعَلْنَا ٱلْقِبْلَةَ ٱلَّتِي كُنتَ عَلَيْهَآ إِلاَّ لِنَعْلَمَ مَن يَتَّبِعُ ٱلرَّسُولَ مِمَّن يَنقَلِبُ عَلَىٰ عَقِبَيْهِ وَإِن كَانَتْ لَكَبِيرَةً إِلاَّ عَلَى ٱلَّذِينَ هَدَى ٱللَّهُ وَمَا كَانَ ٱللَّهُ لِيُضِيعَ إِيمَانَكُمْ إِنَّ ٱللَّهَ بِٱلنَّاسِ لَرَءُوفٌ رَّحِيمٌ }

{Les insensés d’entre les hommes disent :  » Qu’est-ce donc qui les a détournés de la Qibla vers laquelle ils se tournaient auparavant ?  » Dis :  » Le Ponant et le Levant appartiennent à Dieu ; Il guide qui Il veut dans une voie droite. Ainsi, Nous avons fait de vous une Communauté du juste milieu pour que vous soyez témoins envers les hommes et pour que le Prophète soit un témoin envers vous. Nous n’avions établi la Qibla vers laquelle tu te tournais que pour distinguer celui qui suit l’Envoyé de celui qui tourne les talons. Cela [le changement de Qibla] a été une épreuve pénible, sauf pour ceux que Dieu a guidés ; car ce n’est pas Dieu qui rendra vaine votre foi ! Dieu, en vérité, est compatissant et clément envers les hommes.« } Al Baqara 142

L’Orient et l’Occident, le Ponant et le Levant, dans une Terre ronde et mobile, ne sont pas des extrémités spatiales dont il faut chercher le centre médian. Ils sont des Ayat qui témoignent de la Présence, de la  Grandeur et de la Puissance d’Allah que les insensés ne voient pas. La communauté wassatà ne se situe pas par rapport à des axes géographiques ou par rapport à des étendues  territoriales ou par rapport à des références temporelles, mais dans son ancrage par la foi et par la raison à ce que les insensés ne comprennent pas : la Qibla. Cette Qibla n’est pas un lieu géographique, mais une histoire permanente depuis l’apparition de l’homme sur terre et qu’Abraham a restauré : la lutte entre le monothéisme et l’idolâtrie dans leurs formes et leurs contenus religieux, sociaux, culturels…  Nul ne peut témoigner aux hommes s’il n’occupe pas une position centrale, une posture dominante, un rôle rayonnant sur le plan spirituel, moral et civilisationnel. Accomplir sa vocation de témoignage et jouer son rôle d’avant garde pour l’humanité  éprouvant, tragiquement éprouvant lorsque les insensés tournent en dérision les sensés.

Conclusion

Le sujet n’est pas épuisé. Louange à Allah qui m’a permis de suivre quelques pistes et de les soumettre pour étude à ma communauté. Bien entendu les erreurs et les fautes dans ce texte sont imputables à moi-même.

Partie 1 – Wassatiya : communauté de juste milieu ?

Partie 2 – Wasstà : communauté de rayonnement !

Wassatiya : communauté du juste milieu ?

Partie 1 – Wassatiya : communauté du juste milieu ?
Partie 2 – Wasstà : communauté de rayonnement !

Dégage Morsi !

مصر

La manifestation  contre le président Morsi, élu démocratiquement, demande son départ. Tous les Arabes sont unanimes pour rejeter leurs gouvernants, mais les élites religieuses n’ont pas la même démarche selon qu’il s’agit de Bachar Al Assad ou de Morsi.

Avant de nous attaquer aux élites religieuses, il nous faut lever un doute sur la capacité de nuisance des forces anti islamiques que les Frères Musulmans n’ont pas évalué à sa juste importance. Ils ont oublié Saïd Saâdi et Khalida Messaoudi promettant à Abassi Madani de ne pas le laisser parvenir au pouvoir. Tous ils font la même faute : sous-estimer leur adversaire et rester confinés dans la démagogie et le clan. Hier, comme aujourd’hui nous sommes face à la même donne. Les islamistes provoquent les césures au lieu de fédérer. Les laïcs et les nationalistes qui accusent les islamistes de ne pas savoir gouverner oubliant qu’ils étaient impliqués, de près ou de loin, dans la gouvernance des despotes et qu’ils ont participé à la paupérisation du peuple et que leurs appels gauchistes ou libéraux ne font que creuser le fossé idéologique. Mohamed Baradai le destructeur de l’Irak et Amr Moussa le destructeur de la ligue arabe ne sont pas qualifiés pour donner des leçons politiques  leurs adversaires. Il ne faut donc se faire aucune illusion sur les enjeux réels ni sur l’issue. Mais il faut de la lucidité et aller au delà de ces épiphénomènes.

Dans mon livre « Les Dix Commandements US et le dilemme arabe », j’ai montré l’impasse de la révolution égyptienne et les contradictions sociales et politiques qui vont conduire l’Égypte à une instabilité structurelle. Je reviendrais, au cours de la semaine, inchaallah,  sur mon analyse et les anticipations de 2011 à qui le temps a donné crédit et validité.

Les Frères Musulmans comme tous les opposants aux régimes despotiques ne sont pas tenus à disposer, à priori, d’une excellence dans la gestion et dans l’administration du fait qu’ils étaient exclus du champ politique. Ils étaient tenus à rester sains et probes sur le plan intellectuel. L’expérience de gouvernance se construit, pour réussir, sur l’analyse objective et impartiale de l’État des lieux et sur la mobilisation de toutes les compétences sans préjugés idéologiques. Les Frères musulmans, comme attendu, se sont isolés dans leur esprit partisan et ont fait le jeu américain en confisquant la révolution égyptienne au lieu de participer à la définition des équations stratégiques et du mode de leur résolution sur le plan national, régional et international. La culture maraboutique de la confrérie et le fonctionnariat de l’université d’Al Azhar n’ont pas favorisé l’émergence d’une élite musulmane qui sait prendre l’initiative historique et élaborer des ingénieries. Il nous manque la démarche scientifique. La démarche scientifique ne part d’aucun présupposé et ne s’enferme dans aucun carcan. Elle définit des hypothèses de travail, un protocole de recherche, évalue, expérimente selon des critères objectifs et selon un traitement des données les plus fiables et les plus efficaces. La Boulitique n’est pas scientifique, elle est maraboutique. Souvent les potions magiques qu’elle concocte sont pires que le remède. L’Islam n’est pas en cause, bien au contraire il est la « victime ».

Pour l’instant, l’armée égyptienne semble tirer leçons du désastre algérien et manœuvre les divergences doctrinales et politiques. Ces manœuvres ont commencé avant la chute de Moubarak. Les temps à venir vont montrer qu’il faut plus qu’un gouvernail et un bon manœuvrier pour tenir longtemps dans la tempête. Il faut une carte, un cap, une boussole et une vigie. Pour l’instant carte, cap, boussole et vigie sont la propriété de l’Empire. De temps en temps il nous livre quelques vieilles fausses cartes, quelques boussoles détraquées et quelques caps chimériques…

Les éradicateurs crient à l’échec de l’Islam politique alors que  l’Islam dans sa vocation sociale, politique, économique ne s’est pas encore exprimée faute de représentants crédibles.

Questions légitimes

Au moment où la gouvernance des Frères Musulmans soulève une tempête générale, je tente d’apporter un éclairage sur la Wassatiya, sur sa gouvernance et ses biais conceptuels sans lesquels jamais leurs opposants laïcs et nationalistes ne se seraient engouffrés. Il est de tradition, depuis des siècles maintenant, de voir les efforts et les espoirs des musulmans dilapidés et détournés par ceux-là mêmes qui veulent parler en leur nom et au nom de leur religion pour des raisons que je vais tenter d’expliciter au-delà de :

  • la fâcheuse habitude de ne pas tirer les leçons du passé,
  • la manie de  ne pas lire les rapports dialectiques et d’agir en conséquence par la prévision, l’anticipation et la coopération,
  • la confusion entre les principes coraniques immuables et les opinions personnelles érigées en règle valide et infaillible.

L’origine de nos problèmes ne peut être confinée au clivage islamiste non islamiste ni au seul refus des laïcs et des nationalistes de jouer le jeu de la démocratie lorsque les résultats ne sont pas en leur faveur.  Nous resterons otage de notre piège tant que nous ne reviendrons à la pratique de la vertu cardinale des compagnons du Messager d’Allah (saws) : l’auto critique,  l’examen de conscience, le sens des responsabilités…

C’est ce que le Coran nous commande de faire dans les moments difficiles :

{Quand un malheur vous frappe, quoique vous ayez infligé le double aux ennemis, vous dites : « Comment cela ? » Dis : « Cela vient de vous-mêmes ».} Al ‘Imrane 165

Souvent les moments difficiles proviennent d’une erreur d’appréciation dans un lointain ou proche passé. C’est le cas de la lecture partisane du Coran comme pour cet énoncé :

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{Nous avons fait de vous une communauté du « juste milieu »} Al Baqara 143

 

Qaradhawi  et la WASATIYA

Qaradhawi  avait depuis longtemps délibérément détourné  l’énoncé coranique pour en faire, à travers son appel à la WASATIYA,  l’apologie du courant des Frères musulmans et pousser les musulmans à  s’en réclamer. Il s’est présenté  comme l’emblème de la Wassatiya qui voulait faire croire qu’elle était le juste milieu entre factions musulmanes. Dans les faits, la Wassatiya était la version frériste  de la Firqa nàjiya, la faction sauvée, des courants salafistes et la culture du Zaïm et du Morchid sunnite face au Waliy Faqih du chiisme. En vérité Qaradhawi a représenté un courant idéologique se réclamant de la Wassatiya comme monopole de la pensée et de l’activisme islamique. Nous n’étions pas dans la seule contradiction et le seul égarement près, mais il était attendu d’un savantissime qui parle au nom des Musulmans ou du moins au nom des « sunnites » de se démarquer de tout esprit partisan, démagogique et paternaliste pour se consacrer à résoudre les problèmes de fond du monde musulman avec sérénité, lucidité et responsabilité.

Au lieu de cela il a eu recours à la  Safsata (la casuistique religieuse et le sophisme bavard) qui consiste à convaincre en recourant soit à des arguments fallacieux soit à des images construites sur des représentations de la réalité sans référence à la vérité. Il a agi comme un vulgaire brocanteur en manipulant les préjugés que les Musulmans ont les uns sur les autres et les uns contre les autres. Il a accepté de se faire porter par les dissensions internes au lieu de les gommer ou de les atténuer.

 

Wilaya du Faqih ou Wilaya du Morchid ?

Autant les « purs sunnites » sont unanimes  pour condamner les chiites et prêts à partir en guerre contre le Hezbollah et l’Iran autant ils sont dans la cécité totale ne voyant pas la gouvernance confrérique du Morchid des Ikhwane. Leur aveuglement ne leur permet pas de voir les progrès réalisés par la République islamique d’Iran en termes de pensée économique, politique et scientifique, en termes de réalisations technologiques et en termes de pratiques démocratiques malgré l’embargo et la menace d’une guerre nucléaire. Leur aveuglement ne leur permet pas de voir les trahisons arabes envers la Palestine.

Le pire c’est qu’ils veulent s’imposer comme une nouvelle Qibla en contradiction avec le dessein coranique :

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{C’est Lui (Allah) qui vous a nommé musulmans afin que le Prophète soit témoin auprès de (sur) vous et que vous soyez témoins auprès des (sur les ) hommes } Al Hajj 78

Notre titre de musulman nous confère une vocation et une mission. Nous remettre totalement et en toute confiance à Allah (swt) et nous consacrer par notre comportement, notre parole et nos actes à témoigner de la vérité du Coran. Il n’est ni logique ni bienséant envers Allah (swt) de faire de la surenchère entre nous et de nous diviser en se faisant appeler salafi, ikhawani, sunni, soufi, chi’i, maliki, hanbali, wassati… Il n’est pas normal d’adopter des postures et des discours qui favorisent la démarcation idéologique et religieuse propice au détournement du devoir de témoigner aux autres.

 

La Jama’â

La communauté musulmane est l’ensemble des citoyens du monde partageant les mêmes croyances, les mêmes valeurs et les mêmes conduites du moins sur le rapport à l’existence et à l’unicité de Dieu, à la circoncision, au halal, à la vérité de Mohamed(saws) et du Jugement dernier. Abstraction faite des degrés de la foi et de la spiritualité de ses membres, le monde musulman partage en commun l’Islam comme référence historique, sociale et civilisationnelle.  Dans les moments difficiles, la sauvegarde de la communauté est un impératif religieux et existentiel. Il ne devrait pas y avoir place aux idées, aux discours et aux démarches qui mettent en péril l’existence sociale, économique ou territoriale de la communauté et qui la disperse ou exalte ses contradictions au lieu de la fédérer autour de valeurs communes, de partage d’intérêts, d’interactions sociales, culturelles et économiques et du vouloir vivre ensemble en paix et dans le respect mutuel. L’idée de la confrérie politico-religieuse ou de la faction sauvée est dangereuse tant pour l’unité du corps social que pour le cap que doivent se fixer les élites pour gouverner, témoigner, éduquer, édifier, fédérer…

L’épreuve du temps a montré que la Wassatiya des Frères Musulmans est en contradiction avec le principe de fédération et d’unité.  Le temps a montré que ses inspirateurs et ses partisans se sont fondés sur des préjugés.   Le plus grand préjugé est de se croire l’élite et de se voir le meilleur puis d’en faire une argumentation voire une référence sans donner des clés ou des instruments d’analyses pour que l’auditoire puisse en toute logique et en toute vérité et en toute responsabilité évaluer et choisir.

Le préjugé entretenu par la manipulation idéologique et religieuse joue sur le pouvoir évocateur des mots sans dérouler les présupposés et les conséquences religieuses, idéologiques et politiques de ses prétentions lorsque celles-ci ont la « chance » d’être entendues, colportées  et suivies par un grand nombre.  Al Qaradhawi et les Frères Musulmans ont cultivé l’esprit partisan et ont développé une rhétorique qui donne aux objectifs de la confrérie suprématie sur la communauté,  aux intérêts du parti préséance sur ceux de l’Etat, et à la doctrine d’une école de pensée et de militantisme prisme déformant les impératifs historiques et géopolitiques. Ce comportement n’est pas spécifique aux Frères Musulmans, c’est le comportement logique de tout mouvement religieux ou non religieux qui vit dans la clandestinité, l’élitisme et le zaïmisme (la dévotion au chef).

La règle coranique à laquelle ont failli les élites musulmanes nationalistes, salafistes ou frériste est évidente pour celui qui refuse l’enfermement idéologique et le confinement partisan :

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{Certes, celle-ci est votre Communauté, une Communauté unie, et Moi Je Suis votre Dieu, adorez-Moi.} Al Anbiya 92

Nous n’avons pas à imposer un point de vue idéologique ou politique qui conduit à la fragmentation de la communauté. Le devoir est de  fédérer la communauté  quitte à supporter les divergences qui sont en son sein et agir avec intelligence et patience sur les conditions objectives et mobiliser les possibilités réelles dans un cadre transparent et ouvert. Le musulman peut et doit faire de la politique comprise comme recherche du bien public et de l’intérêt général, comme devoir de bon conseil et comme mise en application de la commanderie du bien et de l’interdiction du mal si et seulement si son action est épurée de tout esprit sectaire et partisan. Notre militantisme devrait avoir une double visée : chercher l’agrément d’Allah (swt) et la dignité morale, sociale, intellectuelle et économique de l’humain, du citoyen, du croyant sans exclusion ni exclusive. L’esprit partisan et sectaire ne peut se libérer des limites du parti ou de la secte pour se hisser au niveau de l’État impersonnel et impartial.

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{Certes, celle-ci est votre Communauté, une Communauté unie, et Moi Je Suis votre Dieu, prenez-garde à Moi.} Al Mouminoun 52

Demeurer vigilant à l’égard d’Allah (swt) ne peut  tolérer la transgression ni donner légitimité à l’effusion de sang, à la violence, à l’anathème contre les musulmans et à l’approfondissement des clivages confessionnels, idéologiques et politiques. S’inscrire  dans la voie des Anbiyas (les Prophètes) et faire partie de la communauté des Mouminoun (les croyants) consiste à se remettre à Allah(swt) en toute chose, à arbitrer avec  justice et équité, à faire partie de la Jama’â par le bon conseil et la force de proposition du bien.

L’hégémonie de l’Islam à laquelle invite le Coran ne signifie pas l’imposition par la force, mais par le vouloir-vivre ensemble et par les garanties de paix, de sécurité, de prospérité et de liberté qu’apporte l’Islam.  Les fondamentaux de l’harmonie des diversités dans le respect de l’intérêt général sont la justice et la cohésion sociale. La justice est l’arbitrage impartial pour juguler toute transgression et cimenter le corps social :

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{Et Nous t’avons révélé le Livre en toute vérité, corroborant ce qui le précéda comme Livre, et le contrôlant. Juge donc entre eux d’après ce qu’Allah a révélé. Ne suis pas leurs passions au lieu de ce que tu as reçu de la Vérité. A chacun d’entre vous Nous avons fait une Loi et une Méthode. Si Allah le voulait, Il vous aurait fait une seule communauté, mais c’est pour vous éprouver en ce qu’Il vous a donné. Concourez donc en œuvres de bienfaisance. Vers Allah sera votre retour en totalité. Il vous Informera alors sur ce dont vous divergiez.} Al Maidah 48

Ce sont ces rapports sociaux que le Musulman doit construire sur son territoire faisant collaborer toutes les forces, toutes les diversités. Si l’unité religieuse ne peut être obtenue pour réaliser la  fratrie de foi monothéiste, elle peut se contenter de son substitut qui est la communauté du vivre ensemble. Intervenir, au nom de la Wassatiya, pour cultiver la haine, la divergence et l’hégémonie d’un groupe sur un autre n’est ni l’esprit du Coran ni la pratique du Prophète (saws). Le Prophète (saws) a cohabité avec les Juifs et les Chrétiens qui ont refusé de se convertir à l’Islam. Sa mission consistait à transmettre le Message. Son droit consistait à se défendre par la force des armes contre ceux qui l’ont agressé par les armes.

La loi de la dialectique dans l’univers, dans l’histoire et la société exige qu’il y ait des répulsions et des attractions pour que s’accomplisse le mouvement logique des choses et des mondes vers leur devenir. C’est ainsi et pas autrement. Imposer un immobilisme ou une pensée unique, c’est provoquer fatalement un détournement des énergies qui vont se libérer de la manière la plus entropique avant de reprendre le cours normal du mouvement dans lequel chaque corps est inscrit par sa nature et par sa vocation dans un ensemble qui le dépasse. Allah(swt) nous demande de chercher la cohésion, l’harmonie et la fédération pour nous inscrire dans l’universel de Son Ordre. Faire valoir un particularisme ou imposer une hégémonie qui éradique une autre façon d’être n’est pas le « juste milieu ».

 

La machine de guerre contre les musulmans

Est-ce que les brigands qui profanent le nom d’Allah(swt) en commettant leurs crimes sont le modèle de la Wassatiya, l’exemple du changement pacifique et de la voie du juste milieu qui guide vers le modèle prophétique ? Non et mille fois non ! Il n’y a de changement possible que par les moyens légaux et licites qu’Allah (swt) et Son Prophète ont indiqués.  Allah Tayeb (Bon, Beau et Juste) Il n’accepte que le bon, le beau et le juste  dans les actes et les intentions. Toute intention aussi noble soit-elle dans sa  déclaration n’a aucune chance d’être agréé si les moyens qu’elle emprunte sont illicites, laids et hasardeux.

Est-ce que la Wassatiya consiste à devenir une nouvelle religion qui provoque des guerres de religion entre les Musulmans. Est-ce que le dessein d’Allah de créer les hommes différents est absurde ? Est-ce notre vocation de musulman est de contraindre les autres ?

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Le Coran nous dit que la vocation humaine est de se fédérer sur des valeurs, des principes et un partage de la foi et des avantages à vivre ensemble en société

{Les hommes étaient une seule communauté.} Al Baqara 213

Cet énoncé court évoque la sécurité, la paix et la prospérité que procure la vie sociale en fratrie de foi ou en fratrie humaine. Ensuite, le Coran introduit une ellipse pour faire ressortir le drame humain qui se réalise lorsque la société entre en divergences religieuses et idéologiques et la rapidité de la décomposition sociale lorsque la communauté perd les valeurs qui la fédèrent. La fédération exige le recours à une « méta référence », à quelque chose de sacré qui transcende les différences et les opinions :

{Alors Allah envoya les Prophètes annonciateurs et avertisseurs, et révéla avec eux le Livre, en vérité, pour qu’il juge parmi les hommes sur ce dont ils ont divergé.} Al Baqara 213

Les Prophètes et leur Livre ne sont ni opinion ni confrérie ni esprit partisan, mais vérité qui transcende les sectarismes et les intérêts mondains. L’esprit et la démarche prophétique exigent l’effort de fédération. Ils ne peuvent tolérer la culture des dissensions, ni celle de la revanche, ni celle de l’atomisation. Dans la règle générale, les innovateurs et les fabricants d’idoles et de clans ne sont pas les gens du peuple, mais les savants religieux et les intellectuels qui ont le pouvoir des mots et de la fascination sur les masses crédules. La crise sociale et politique prend naissance ou s’aggrave jusqu’à l’éclatement et la disparition de ce qui fait le ciment fédérateur lorsque le religieux et l’idéologique sont instrumentalisés par les opinions, les intérêts mondains, le culte de la personnalité, le sectarisme et l’esprit partisan. Ces tares transgressent l’unicité de référence religieuse et idéologique  et transgressent l’unicité de la communauté :

{Et n’y divergea, par transgression  entre eux, que ceux qui le reçurent, après que leur vinrent les évidences.} Al Baqara 213

Qaradhawi avait le droit de militer pour son parti à condition de le faire sans duplicité, ni fardage, ni incitation au sectarisme, ni provocation de l’effusion de sang. Il avait les compétences religieuses pour lire le Coran et la Sunna et expliquer aux gens du commun ce qui est évident et ce qui fédère. Le moutachabih, l’équivoque, le probable ne peuvent et ne doivent être portés au public. S’il était plus intelligent et plus indépendant, il serait parvenu à la conclusion que l’époque nouvelle est celle du règne inéluctable des Frères Musulmans. Il ne s’agit surtout pas de contrarier le mouvement naturel des choses en s’alliant à l’OTAN ou en s’embarquant dans des guerres civiles.

Tout observateur impartial du monde arabe sait que la faillite du système de gouvernance actuelle du monde arabe dans sa version nationaliste et laïque est consommée et qu’il n’existe aucune alternative crédible qui va s’opposer au courant des Frères Musulmans. Tout observateur impartial sait que l’esprit confrérique dominant chez les Frères Musulmans et les Salafistes va les conduire à l’impasse idéologique, politique, sociale et économique. Ils peuvent faire des alliances tactiques et conjoncturelles,  mais ils ne peuvent cohabiter sur le plan stratégique, car ils ne s’entendent pas sur le contenu de la Wassatiya et ses implications en termes de gouvernance. Le mouvement islamique n’a pas la maturité  idéologique pour construire un curseur idéologique qui fédère non seulement les mouvements islamiques, mais rassemble toutes les forces dans un front d’édification sociale et économique et de résistance contre l’Empire.

Qaradhawi aurait dû avoir l’intelligence  de voir loin et de haut les équations sociales, politiques, idéologiques et poser la Wassatiya comme méthode de règlement des problèmes politiques, de fédération des efforts socio-économiques et d’élan civilisateur pour impulser une alternative au  monde de prédation.  Au lieu de cela il a ouvert la Fitna sur le monde arabe.

Autant les Frères musulmans et les Salafistes monarchistes sont focalisés sur la destruction de l’État syrien au nom d’une certaine idée de l’Islam (idée fausse) autant ils ne voient pas comment un président frériste issu d’un scrutin démocratique est en train à la fois de liquider l’expérience démocratique et de liquider définitivement le rôle géostratégique de l’Égypte. La map de Google nous donne au premier coup d’œil les principaux enjeux de l’Égypte que Morsi et les savants pieds nickelés occultent en se précipitant à rompre les relations diplomatiques avec la Syrie et en ouvrant les portes  du Jihad contre les Syriens.

Ce qui est halal pour les opposants syriens est-il halal pour le peuple égyptien ? Si Bachar Al Assad aurait du partir pour éviter la Fitna pourquoi Morsi ne part pas lui aussi. Les logiques fallacieuses se trouvent prises au piège de leur propre rhétorique. Les savants de la Fitna ne semblent pas vivre sur la même planète que nous ou sur le même espace temps. 

 

La gouvernance  sous le slogan de la Wassatiya.

Le « juste milieu » n’a pas conduit la « révolution égyptienne » mais il en a tiré tous les profits politiciens. La « ligne médiane » qui gouverne l’Égypte au nom de l’Islam et de la démocratie ne voit ni les extrêmes, ni le centre de gravité, ni les paramètres géostratégiques de sa gouvernance. L’empire avait besoin d’une « trêve » avec l’Islam pour liquider la question palestinienne et reconfigurer le monde qui semble échapper de plus en plus au capitalisme occidental et se diriger vers un nouveau centre de gravité politique, économique, technologique, militaire et financier : l’accord de Shanghai  entre Russes et Chinois impliquant deux puissances musulmanes en termes de potentiels économiques, militaires et humains : le Pakistan et l’Iran. La force d’attraction de cet axe est telle que dans vingt à trente ans tout le monde musulman sera partie prenante dans cet axe contre l’axe impérialiste. Malek Bennabi et Garaudy ont développé longuement cette question que les données actuelles confirment. Le juste milieu est de s’intégrer dans cet axe en attendant qu’il y ait suffisamment de forces pour créer une troisième force celle du monde musulman. La bêtise est de ne pas voir l’Empire et le sionisme dans le cours de l’histoire du monde musulman. La catastrophe est de ne pas voir la compétence de l’Empire qui investit sur des mouvements islamiques incompétents sachant qu’ils vont réaliser trois objectifs stratégiques : se déchirer et permettre au sionisme de liquider la cause palestinienne, se déchirer et permettre au monde arabe de se disloquer et se retrouver sans territoires et sans armées face à Israël, se déchirer et dévoiler au monde musulman l’incapacité des élites musulmanes à gouverner.

Cheikh Google va nous montrer la position stratégique de l’Égypte et les jeux de l’Empire :

EGYPTE

L’Égypte est non seulement au cœur du monde arabe, mais elle est la charnière entre l’Afrique et l’Asie, entre le Machreq  et le Maghreb. Se mettre en position de pion avancé contre la Syrie c’est fatalement détruire cette posture de charnière géostratégique.

Se mettre en position de pion avancé contre la Syrie c’est accomplir la césure que l’Empire a déjà accomplie dans nos mentalités, nos économies, nos politiques et nos territoires. L’Égypte et l’Algérie avec l’Iran peuvent remodifier tous les rapports de force et mobiliser toutes les ressources pour constituer de fait un partenariat musulman avec le reste du monde ou une force qui vient se positionner à côté de l’accord de Shangai. La pensée des Frères Musulmans n’est pas dans ce positionnement géostratégique. Elle n’a pas de vision claire sur la Oumma ni sur la vocation de l’Islam. C’est une confrérie remplie de slogans et de bavardage sans plus.

Se mettre en position de pion avancé contre la Syrie c’est de fragiliser davantage sur le plan militaire. L’Égypte des Frères Musulmans comme celle de Moubarak oublie les dangers qui la guettent : face à elle il y a la Turquie de l’OTAN. À côté d’elle il y a la Libye instable. Derrière elle il y a l’Éthiopie et le Nil sous l’emprise d’Israël. Au sud, il y a l’Afrique avec ses guerres larvées entre musulmans et Chrétien, cette Afrique est convoitée pour son pétrole et son uranium. L’allié historique, le Soudan, est partitionné par l’Empire…   La Jordanie est visée pour devenir une confédération palestinienne pour régler définitivement la question palestinienne vidée de son peuple et de son territoire historique. Bien entendu Israël avec sa nature belligérante est toujours en guerre contre l’Égypte. Regardons de nouveau la carte pour voir les bases américaines en Arabie et en Afrique qui encercle l’Égypte. La Wassatiya qui ne fait pas l’effort de voir son environnement historique, économique, géographique, militaire et son devenir n’est que ruines des territoires et des désastres des mentalités.

Se mettre en position de pion avancé contre la Syrie c’est accepter l’idée fallacieuse de l’instauration d’Émirats pseudo islamiques dans une recomposition régionale imposée par l’Empire au lieu d’avoir l’armée arabe syrienne un allié de poids contre l’expansion sioniste et dans une possible confrontation militaire  pour repousser l’agression à venir d’Israël. Nous pouvons continuer à mettre entre parenthèses la libération de la Palestine par les armées arabes.

Se mettre en position de pion avancé contre la Syrie c’est occulter le présent sombre et l’avenir incertain pour une place de strapontin dans la basse-cour des valets de l’impérialisme. Il faut être un insensé ou un  partisan passionné pour ne pas donner la priorité aux règlements des problèmes sociaux, politiques et idéologiques qui sont structurels en Égypte.

Nous posons nos problèmes en termes métaphysiques et nous attendons des solutions métaphysiques. Nos problèmes sont structurelles : l’Etat de droit, l’économie réformée, l’éducation performante, l’investissement socialement efficace. L’Islam est suffisamment riche et réaliste pour apporter les réponses pertinentes et opportunes, mais les islamistes n’ont pas de culture politique, économique, sociale. Ils importent les solutions qui ont fait faillite et qui ont provoqué la décadence du monde musulman. Ils parlent de sources, mais ils ne font pas d’effort de ressourcement de la pensée autre que celle de recopier et de réciter les livres dépassés du Moyen-âge. Sinon ils copient l’Occident sans analyse des fondements idéologiques de la pensée occidentale qui ne peut être importée comme on importe une bicyclette ou un lave-vaisselle.

A force de copier la révolution française et la Renaissance européenne tout en maniant le discours islamique les partisans de la Wassatiya sont en train d’exclure l’Egypte du cœur du monde arabe et de continuer à la marginaliser loin des enjeux de la géographie et de l’histoire.

 

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Partie 1 – Wassatiya : communauté de juste milieu ?|

Partie 2 – Wasstà : communauté de rayonnement !

L’intellectuel et le savant entre le Signe et le Sens

Pour répondre à la question sous-jacente au titre, en l’occurrence les aptitudes et la vocation de l’intelligence institutionnalisée, il faudrait  au préalable avoir une définition consensuelle sur la signification des termes « savant » et « intellectuel ».

Définitions d’usage

Il est très difficile de définir le terme « savant ». L’usage veut que le savant soit celui qui sait beaucoup de choses, qui a un grand savoir, une grande érudition, une grande expérience, une grande  compétence dans un domaine. Le terme compétence est complexe selon les écoles de pensées. La meilleure définition est celle de la capacité d’une personne qui est socialement reconnue. C’est donc la légitimité par la reconnaissance que nait la compétence. Celui qui n’est pas reconnu par ses pairs ou qui ne bénéficie pas d’une grande audience qui lui donne légitimité de parler au nom de cette audience ou parler au sein de sa corporation n’a aucune légitimité et par conséquent aucune compétence.

Il est encore plus difficile de définir le terme « intellectuel » eu égard à ses connotations idéologiques et philosophiques.  Nous allons nous contenter d’une définition générique : L’intellectuel est celui qui exerce une activité mentale, qui met en œuvre son intelligence (esprit), pour dépasser la perception qu’il a d’un phénomène ou l’émotion devant ce phénomène pour parvenir d’une manière objective et logique à une connaissance ou à un savoir sur ce phénomène. Il s’agit de parvenir  par l’intellect, qui n’exclut pas la perception (observation, manipulation, écoute), à la compréhension théorique ou pratique, mais prouvée, des causes, du  déroulement ou des conséquences d’un phénomène tangible ou abstrait. L’intellectuel manie des idées, des concepts, des représentations mentales de la réalité perçue dans le monde tangible ou de la réalité imaginée ou ressentie dans le monde  spirituel.

Mon cadre idéologique d’analyse étant le  Coran. Je vais tenter de définir le savant et l’intellectuel puis de montrer les attendus que le Coran et par conséquent le Musulman attend d’eux.

L’intellect coranique et le Taffakkor

Dans l’usage arabe on parle de mouffakir celui qui fait usage de sa pensée, de son intellect. Partant de cette définition (hypothèse de travail) nous arrivons à plusieurs termes coraniques. Le  « Taffakkor » qui consiste à  faire l’effort de penser, de raisonner, de réfléchir, le « Taddabbor » qui consiste à faire l’effort de méditer, de contempler, d’analyser, de saisir  les aspects cachés, de découvrir le sens qui est derrière l’apparent, le « ‘Akala » qui consiste à faire usage de sa raison pour identifier, connaitre, savoir, le « dhakara » qui consiste à se rappeler, à évoquer, et le « ‘Alima » qui consiste à savoir. La sunna prophétique évoque le terme « Ta’allom » qui est l’effort de partir en quête d’acquisition du savoir sans lequel il n’y pas de constitution de savoir ni de personnalité savante. Bien entendu le Coran évoque d’autres notions complexes qui doivent encore échapper aux neurosciences comme  le « Qalb » l’intelligence du cœur, le « Loub » l’intelligence intérieure,  le « ‘îlma al louddhouni » qui est moins que la révélation et plus que l’intuition….

Nous allons explorer, pour l’instant et pour des raisons méthodologiques,  le terme « Taffakkor » et délaisser les autres notions.

Le lecteur du Coran remarque que le Taffakkor se rapporte  à la création divine, aux phénomènes cosmiques, sociologiques, historiques, comportementaux, ainsi qu’aux révélations. Dans la majorité des cas il se rapporte au Signe (Aya) ou aux Signes (Ayat).

Aya (Ayayt)  et Signe (s)

La langue arabe donne au terme Ayat la signification de marque, d’insigne : آيةً = علامة

La langue arabe donne aussi au terme Aya le sens d’enseignement : آية= عِبْرَة. La ‘Ibra vient de ‘abara (passer) qui donne ‘oubour (passage ou passerelle) signifiant la commutation de sens, du particulier au général ; du caché à l’apparent, de l’allégorique à l’évident, du fait à sa cause…

Le signe a pour vocation de conduire vers un sens. Ainsi quand on lit sur un tableau ou sur un support quelconque le mot chaise ou le dessin de la chaise, le signe « chaise » me renvoie l’idée de la fonction de la chaise qui consiste à s’assoir et elle me renvoie aussi l’idée de l’artisan de la chaise et de ses instruments qui ont façonné cette chaise ainsi que tous les symboles culturels, religieux et sociaux liés à cette signification. Le signe a valeur de symbole, mais aussi de pouvoir évocateur par les images mentales (les signes) que le signe scriptural, sonore ou autre a fait évoquer dans la mémoire ainsi que dans l’attente silencieuse que l’évocation a généré. Il y a donc dans le signe une conjugaison spatiale de plusieurs signes et une conjugaison temporelle d’évocation de ces  signes dans la mémoire (le passé), l’attention (le présent) et le futur (l’attente).

Lorsque le Coran utilise le terme Aya au singulier 84 fois et le terme Ayat au pluriel 148 fois il montre l’étendue de la polysémie du Signe tout en lui donnant à chaque fois une définition propre au contexte de l’énoncé coranique. Il  montre aussi  la compétence singulièrement humaine à potentialiser les signes et à les conjuguer entre eux pour atteindre un « meta » signe c’est-à-dire un sens final, un sens abouti, un sens sublime.

  • Le  Signe désigne l’énoncé divin dans le Coran, l’Evangile, la Thora et autres Livres révélés :

{En fait, Nous t’avons révélé des Signes évidents et nul ne les mécroit que les pervertis.} Al Baqarah 99

Hélas nous avons introduit un biais sémantique dans notre lecture (francophone) du Coran par la confusion  d’Ayat avec verset. Le terme verset est un dérivé latin signifiant petit vers qui a été transposé pour les écritures bibliques. Pour Allah, pour le Prophète et pour nous les Musulmans Aya ou Ayat signifient Signes divins. Ces signes qui manifestent Dieu dans Sa Puissance  et Son Invincibilité prennent le nom de Borhane, de Soltane, de Bayina en fonction du contexte et de l‘importance du signe dans une hiérarchisation coranique précise.

Nous avons introduit un autre biais en croyant qu’il était nécessaire  de débattre sur la foi ou sur le  Coran avec  les prétendus savants Juifs et Chrétiens qui ignorent le Coran et qui veulent l’ignorer. Quelle est la signification d’engager un dialogue entre les religions, 15 siècles après que Mohamed (saws) et le Coran aient  clôt ce débat. Venir nous dire que l’Islam est le troisième rameau des religions monothéistes au même titre que le judaïsme et le christianisme en étant philosophe musulman spécialisé dans l’histoire des religions est non seulement une ineptie, mais une déclaration publique de son ignorance sur ses propres références religieuses.

Il est malheureux de prétendre qu’Allah (swt) ait modifié les Ayat dans le sens de modifier les « versets » coraniques comme si le Coran était d’abord un brouillon ou Allah un écrivain qui fait des ratures puis gomme tout en cherchant de l’inspiration. Sobhane Allah. Le sens de ce verset frappe  pourtant l’esprit :

{Nous n’abrogeons un Signe ou ne le faisons oublier sans en apporter un de meilleur ou de semblable. N’as-tu pas su qu’Allah est Omnipuissant sur  toute chose ?} Al Baqarah 106

Il s’agit de faire succéder les Révélations que le Coran nomme par le terme « Signes ». La signification est que pour Allah ainsi que  pour tous les Musulmans il y a le principe sacré et universel du monothéisme : un seul Dieu, une seule Parole divine, un seul Livre. Les feuillets d’Ibrahim, les Psaumes de David, la Thora de Moïse, l’Evangile du Messie sont issus d’un seul et même livre. En informatique on aurait dit les occurrences d’une seule et même entité, même si ces occurrences se manifestent dans des formes et des conditions différentes.

  • Le  Signe désigne la création divine :

{Il y a certes dans la création des Cieux et de la terre, dans l’alternance de la nuit et du jour, dans les navires qui voguent sur la mer avec ce qui est profitable aux hommes, dans ce qu’Allah a fait descendre comme eau, du ciel, avec laquelle Il a ranimé la terre après sa mort et y a insufflé de tout être vivant, et dans les effets des vents et les nuages assujettis entre le ciel et la terre, des Signes pour des gens qui raisonnent.} Al Baqarah 164

  • Le signe désigne la parabole, l’allégorie, la métaphore

{Certes, l’exemple de la vie ici-bas est comme de l’eau que Nous faisons descendre du ciel qui se mélange aux  plantes de la terre dont se nourrissent  les hommes et le bétail. Jusqu’à ce que la terre ait pris sa parure et s’ornemente, et que ses habitants pensent qu’ils ont plein pouvoir sur elle, alors Notre Décret lui survient de nuit ou de jour. Ainsi  Nous la rendons toute fauchée, comme si elle n’a pas été florissante la veille. Ainsi, Nous détaillons les Signes pour les hommes qui méditent.} Younes 26

  • Le signe désigne les phénomènes existentiels :

{Quelqu’un d’entre vous aimerait-il avoir un jardin de palmiers et de vignes sous lequel coulent les fleuves et qui contienne toutes sortes de fruits, puis, lorsqu’il est atteint de vieillesse en n’ayant que de faibles descendants, alors un ouragan avec du feu frappe et dévaste ce jardin ? Ainsi Allah vous détaille les Signes, afin que vous réfléchissiez.} Al Baqarah 266

{Certes, il est dans la création des Cieux et de la terre, et dans l’alternance de la nuit et du jour, des Signes pour les doués d’entendement.} Ali ‘Imrane 190

  • Les signes désignent les phénomènes existentiels, sociaux et psychologiques :

{Dis : « Dites-moi, si Allah vous supprimait votre ouïe et vos vues, et rendait vos cœurs insensibles à la vérité, quel autre dieu qu’Allah vous les rendrait ? » Vois comment Nous détaillons les Signes, mais eux s’esquivent !} Al An’âm 46

{Et  la bonne contrée, sa végétation pousse grâce au vouloir de son Dieu, alors que dans celle qui fut mauvaise, elle ne pousse que dépérie. Ainsi Nous détaillons les Signes pour des gens reconnaissants.} Al A’âraf 58

  • Les signes sont les catastrophes ou les voies de  salut qui parviennent aux hommes en récompense de leurs œuvres :

{Dis : « Qui vous sauve des ténèbres de la terre et de la mer  »  lorsque vous l’implorer humblement et secrètement : « S’Il nous sauve de celles-ci, nous Lui serons pour toujours du nombre des reconnaissants » ? Dis : « C’est Allah qui vous sauve, ainsi que de toute autre détresse, mais vous voilà devenus polythéistes ! »  Dis : « Il est le Tout-Puissant qui a le pouvoir de vous envoyer un châtiment d’au-dessus de vous, ou d’en dessous vos pieds, ou de vous confondre en sectes et ainsi  faire subir à  certains d’entre vous les brutalités des autres. » Vois comment Nous détaillons les Signes, afin de les amener à  comprendre !}

  • Les signes sont l’annonce ou les preuves tangibles de la manifestation divine contre les sceptiques :

{Et ils ont juré par Allah, de tous leurs serments, que s’il leur venait un Signe, ils y croiraient sûrement. Dis : « Les Signes dépendent d’Allah. » Mais, qui vous fait penser que s’ils leur parvenaient, ils n’allaient pas y croire ? Nous rendons leurs cœurs et leurs vues inconstants, comme ils n’ont pas eu foi la première fois. Nous les délaisserons s’aveugler dans leur tyrannie. Même si Nous faisions descendre les Anges vers eux, et que les morts leur parlaient, et que Nous leur rassemblions toute chose devant eux, ils n’auraient jamais eu foi, sauf si Allah le Voulait. Mais la plupart d’entre eux sont des ignorants.} Al An’âm  109 à 111

  • Les signes sont la manifestation du prélude au châtiment divin  imminent :

{Et Nous avons saisi les gens de Pharaon d’années catastrophiques et d’un manque de fruits, afin qu’ils se rappellent. Mais lorsqu’un bien leur parvient, ils disent : « Ceci est pour nous. »  Et si un mal les frappe ils accusent Moïse et ceux qui sont avec lui de mauvais augure. Cependant, leur mauvais augure dépend d’Allah, mais la plupart d’entre eux ne savent point. Et ils disent : « Quel que soit le Signe que tu nous apportes, pour nous ensorceler avec, nous ne croirons point en toi. » Alors Nous avons déchainé contre eux le déluge, les sauterelles, les poux, les grenouilles et le sang, comme Signes précis, mais ils s’enorgueillirent et furent des gens malfaiteurs. Et quand le supplice s’abattit sur eux ils dirent : « O Moïse ! Invoque pour nous ton Dieu en vertu de l’enseignement que  tu as : si jamais tu nous dissipes le supplice, nous croirons sûrement en toi et nous enverrons sûrement avec toi les fils d’Israël. » Et lorsque Nous avons dissipé  le supplice qui s’abattait d’eux, jusqu’au terme qu’il leur a été échu, et les voilà qui parjurent ! Alors Nous Nous sommes vengés d’eux : Nous les avons engloutis  dans la mer en raison de ce qu’ils ont démenti Nos Signes et y ont été  inattentifs.} Al A’âraf 130 à 136

{Et ceux-là, les ‘Ad, ils ont renié les Signes de leur Dieu, se sont rebellés contre Ses Messagers et ont suivi l’ordre de chaque oppresseur obstiné. Ils furent poursuivis par la malédiction dans ce monde et le jour de la Résurrection.} Houd 59 – 60

  • Les signes sont l’établissement des preuves :

{Et Nous n’avons envoyé de Messager, que dans la langue de son peuple, afin qu’il leur explicite. Allah alors Fourvoie celui qu’Il veut et guide celui qu’Il veut. Il Est l’Invincible, le Sage. Et Nous avons envoyé  Moïse avec Nos Signes : « Fais sans faute sortir ton peuple des Ténèbres vers la Lumière, et rappelle-leur les Journées d’Allah ». Certes, il y a en cela  des Signes pour chaque être constant en persévérance, constant en reconnaissance.} Ibrahim 4 à 5

  • Les Signes sont la manifestation  de la fin du monde et celle du Jugement dernier:

{Qu’attendent-ils ? Que les Anges leur viennent, ou que ton Dieu Lui-même vienne, ou que surviennent quelques Signes de ton Dieu ?  Le jour où viendront quelques Signes de ton Dieu, aucun être ne profitera de sa foi à moins qu’il n’ait eu foi, auparavant, ou qu’il n’ait acquis de bonnes œuvres grâce à sa foi. Dis : « Attendez ; nous    attendons ».} Al An’âm  158

  • Le pouvoir du signe : l’évocation

Dans le Coran là où il y a le(s) Signe(s) (Ayat) il y a la manifestation divine. Le Signe et  les Signes n’ont pas d’autre pouvoir évocateur que celui d’évoquer Allah. En toute logique donc le Coran s’appelle Dikr, mémoire, rappel, évocation.  L’évocation a pour pouvoir l’incitation à l’invocation d’Allah qui est la quintessence de la foi, même si elle est fugace :

{N’as-tu donc pas vu que les navires voguent sur la mer, par la grâce d’Allah, afin qu’Il vous fasse voir de Ses Signes ? Certes, il y a en cela des Signes pour chaque constant en persévérance, constant en reconnaissance. Et si des vagues les couvrent comme des ombres, ils invoquent Allah de tout leur cœur. Puis lorsqu’Il les a sauvés vers le rivage, il en est parmi eux qui s’attiédissent. Et ne renie Nos Versets que chaque persistant dans la perfidie, persistant dans la mécréance.} Luqman 31 à 32

{Et, lorsqu’ils s’embarquent sur le navire, ils invoquent Allah de tout leur cœur, mais quand Il les sauve vers le rivage, voilà qu’ils deviennent polythéistes.} Al ‘Ankabout 64

  • Le signe est à la fois la preuve incontestable et le dernier ultimatum

{L’histoire de Moïse t’est-elle parvenue ? Lorsque son Dieu l’a appelé  dans la vallée sacrée Towà : « Va vers Pharaon, il a outrepassé, et dit : “ Es-tu prêt à te purifier, et que je te guide vers ton Dieu pour que tu Le redoute ?” » Alors il lui montra le grand Signe. Mais il a démenti et s’est rebellé,  ensuite, il tourna le dos pour se préoccuper. Alors il rassembla et appela : il dit : « Je suis votre dieu, le plus-haut » ! Alors Allah lui a infligé le châtiment de la vie future et de la vie terrestre. Certes, il y a en cela sûrement une leçon à méditer pour celui prend garde à Allah.} An Nàzi’ate  15 à 26

Dans cet énoncé ci-dessus on trouve également le pouvoir révélateur du signe. En effet le Signe a une autre signification qui vient s’ajouter à celle de l’annonce du châtiment et à celle de  l’évocation d’Allah : celle du dévoilement. Les Ayats ont pour vocation de dévoiler le sens ultime, la finalité de l’existence : l’épreuve dans la vie et la sanction de cette épreuve dans l’au-delà sous forme de Paradis ou d’Enfer qui sont la récompense ou le châtiment de Dieu.

  • Le signe est la manifestation de l’Omnipotence créatrice de Dieu :

Dans ce rapport au Signe et aux Signes nous sommes mis devant le sublime du Coran  qui parfois déroute certains savants musulmans qui se retrouvent poussés à  spéculer et à formuler des hypothèses farfelues ou même aller à puiser dans le répertoire religieux judéo-chrétien.  Lorsque le Coran évoque le grand Signe ou les grand Signes en plus des neuf signes qu’Allah a adjoints à la prédication de  Moise il y a une sorte de confusion qui fait dérailler la quête de sens pour la placer hors du Coran alors que le Coran est son cadre explicatif. Ainsi sur ces énoncés et leurs explicitations :

{Alors il lui montra le grand Signe} An Nàzi’ate  20

{Et qu’est-ce cela, en ta droite, ô Moïse ? » Il dit : « C’est mon bâton, je m’y appuie, j’abats du feuillage pour mes ovins et je m’en sers pour d’autres usages. » Il dit : « Jette-le, ô Moïse. » Alors il le jeta, et le voici un serpent qui se meut. Il dit : « Prends-le et n’aie pas peur, Nous le rendrons à son état premier. Et rapproche ta main de ton flanc, elle en sortira toute blanche sans défaut : c’est un autre Signe, pour te montrer de Nos grands Signes. Rends-toi chez Pharaon, il a outrepassé les limites. »} Taha 17 à  23

Nos savants, intellectuels et traducteurs  introduisent en arabe et en français la notion de miracle (I’jàz, mou’jiza) pour ce que Allah a nommé Aya ou Ayat al Kobra (les grands signes). Le foi en la science leur a fait perdre le respect du texte coranique comme si Allah ne sait pas faire la distinction entre Signe et Miracle ou prodige ou comme si quelque chose de plus grand que la vie, la notre, ou la création des Cieux et de la Terre pouvait être considéré, dans cette existence comme un miracle, alors que l’ensemble de la création et de la manifestation divine serait une banalité, un fait ordinaire à des « savants » musulmans  désabusés par leur existence ou fascinés par la science et la technologie des mécréants.

Est-ce que la transformation du bâton de Moïse en serpent est plus difficile que la création des univers ex nihilo ? N’est-ce pas qu’Allah dit :

{Êtes-vous plus difficiles à créer ou le Ciel ?} An Nàzi’ate

Le Coran s’auto explique. Il nous donne la réponse :

{Quand alors Nos Signes leur parvinrent visibles, ils dirent : « Cela est de la magie évidente ». Et ils les ont renié, injustement et orgueilleusement, alors qu’en eux-mêmes ils y croyaient fermement. Regarde alors quelle ne fut la fin des corrupteurs !} An Naml  13 à 14

Pharaon et ses courtisans refusent de reconnaitre les grands Signes et  se cachent derrière : « Cela est de la magie évidente ». N’est-ce pas une autre forme de négation des Signes divins que de venir prétendre aujourd’hui que ces Signes sont du miracle même si ces dires ne relèvent pas de la mécréance mais de l’excès d’intelligence et d’interprétation par omission du respect qui est dû à la Parole d’Allah qui n’a rien omis dans le Coran pour qu’un homme ait l’outrecuidance de venir le compléter.

Appeler  les Signes divins de magie est une chose, y croire ou les nier est une autre chose. Lorsqu’on  lit attentivement l’énoncé coranique  on comprend que Pharaon et ses courtisans ont parfaitement compris le sens des Signes et des grand Signes : la fin de Pharaon et de son royaume. Les poux,  le sang, les grenouilles annonçaient les signes précurseurs qui se manifestent d’une manière tangible sans symbolique : le tarissement de l’eau. Seul Allah a le pouvoir de tarir ou de rendre abondant l’eau dans un moment ou dans un lieu de Sa création. L’eau est la vie. L’absence de l’eau signifie la mort par une lente agonie et par l’humiliation des privilégiés qui se retrouvent assoiffés, affamés et pouilleux comme les misérables qu’ils ont mis en esclavage. L’énonce nous donne la clé de la situation : « Et ils les ont renié, injustement et orgueilleusement, alors qu’en eux-mêmes ils y croyaient fermement. ». L’orgueil du pouvoir et l’illusion du savoir et de l’avoir cachent ce qui frappe les yeux non par l’imagination ou par la métaphore, mais par le vécu, par la réalité du Signe qui se manifeste tangiblement.

Bien avant que cela ne se produisent Allah informe Moïse de la fin inéluctable : « Regarde alors quelle ne fut la fin des corrupteurs ».

Quels sont donc les deux grand Signes ? Le frère Salah Eddine Ibn Ibrahim Abou ‘Arafa de la Mosquée Al-Aqsa avance une explication plausible par sa logique sémantique, historique et  linguistique. Le Bâton de Moïse en se transformant en serpent répond au symbole du Cobra sur le haut de la coiffe de Pharaon : la terreur a changé de camp. Ou bien Pharaon se repent et libère les opprimés ou bien il va mourir en perdant sa puissance en l’occurrence son armée et lui-même. Ce qui s’est effectivement passé. Est-ce que le bâton de Moise est un miracle ? Non c’est un grand Signe qui annonce la fin de Pharaon le « grandiose ». La main de Moise répond symboliquement  au bâton  de commandement que  Pharaon tient dans sa main comme signe de son autorité et de sa puissance sur son royaume. La main de Moise en sortant blanche non comme une ampoule ou une main guérie d’une maladie de peau, mais comme une main sans chair, blanche comme une main de squelette, annonçant sans équivoque la fin de Pharaon et de son royaume. Pharaon avait compris et d’ailleurs le récit coranique montre que Pharaon n’a jamais tenté de porter atteinte à la vie de Moïse. Emporté par sa mégalomanie conjuguée à la peur de mourir et de perdre son royaume, il a tenté  en vain de créer de la diversion.

Comme pour Moïse on ne va pas voir les Signes en la possession du Messie comme des témoignages de la manifestation divine, mais on va chercher le miracle. Et pourtant l’énoncé coranique met en évidence le Vouloir divin et les Bayinat (Signes évidents) qui s’exercent à travers le geste prophétique pour faire de ce geste un signe indiquant  Celui qui se manifeste derrière ce Signe :

{Lorsque Allah Dit : « O Jésus fils de Marie, souviens-toi de ma Grâce envers toi et envers ta mère, lorsque Je t’ai soutenu par l’Esprit de Sainteté pour que tu parles aux hommes, au berceau, et dans la force de l’âge. Et lorsque Je t’ai enseigné le Livre, la Maitrise, la Torah et l’Évangile. Et lorsque tu créais de l’argile comme la forme de l’oiseau, par Mon vouloir, et en laquelle tu as insufflé et elle devint oiseau, par Mon vouloir. Et tu guérissais l’aveugle-né et le lépreux, par Mon vouloir. Et lorsque tu faisais ressusciter  les morts, par Mon vouloir. Et lorsque J’ai dissuadé les fils d’Israël loin de toi, quand tu leur es venu avec les évidences, alors ceux qui sont devenus  mécréants d’entre eux dirent : « Cela n’est que magie évidente ».} Al Maidah 110

Comme Abraham, les Apôtres du Messie vont solliciter Allah non pour voir le miracle mais comme Abraham avoir la sérénité du cœur. Les signes accompagnant le Messie  n’ont pas augmenté la foi et la détermination des Apôtres puisqu’elles étaient déjà là avec ou sans « miracle ». De la même façon le doute et la haine des sceptiques et des hypocrites n’ont pas changé qu’il y ait eu ou pas de « miracles ». La logique de la foi échappe à l’entendement humain car elle relève exclusivement du du pouvoir divin. Voici ce qui devrait mettre fin à toute explication excentrique  qui mène à la confusion entre le Signe et le miracle :

{Et lorsque J’ai inspiré aux apôtres : « Croyez en Moi et en Mon Messager », ils dirent : « Nous y croyons, et témoigne que nous sommes vraiment musulmans ». Et lorsque les apôtres ont dit : « O Jésus fils de Marie, ton Dieu peut-Il nous faire descendre une table du Ciel ? » Il dit: « Prenez garde à Allah, si vous êtes croyants ! » Ils dirent : « Nous voulons en manger, pour que nos cœurs soient rassurés, et pour savoir que tu nous as dit la vérité, et pour que nous soyons du nombre des témoins».}  Al Maidah 111 – 112

Allah a voulu que les hommes croient en Dieu sans voir Dieu ni ses anges ni son paradis ni son enfer car ils n’ont pas été crées avec ces facultés de vision dans ce monde. Voir Dieu est la récompense suprême de l’au-delà.  Les Apôtres n’ont pas eu la foi,car ils avaient vu des miracles mais ils ont obtenu la foi, car la foi a été leur récompense : « Et lorsque J’ai inspiré aux apôtres : « Croyez en Moi et en Mon Messager » »

Est-ce que la création de Jésus est plus difficile que celle d’Adam ? Est-ce que le pouvoir de guérison de Jésus est plus difficile que la ressuscitation des oiseaux d’Abraham ? Est-ce que pour Allah il y a une chose relevant de l’ordinaire et une autre relevant de l’extraordinaire ou du miracle ? Est-ce que nous avons le droit de faire de la surenchère lexicale, terminologique et sémantique  sur la Parole d’Allah ? Même si un homme d’un certain niveau peut et a le droit de tenter d’expliquer la Parole d’Allah selon sa propre assise intellectuelle et sa propre culture scientifique, il ne peut se donner pour vocation d’inventer ce qu’Allah n’a pas dit ou de substituer d’autres termes à ceux d’Allah qui  sont à la disposition de l’humanité  dans le Coran. Est-ce que la vocation d’un savant ne consiste-t-elle pas à se conformer le plus scrupuleusement à la Parole divine ? Est-ce qu’Allah a parlé de miracle mathématique ou de miracle scientifique ?

Voici ce qu’Allah dit :

{Certes, l’exemple de Jésus, auprès d’Allah, est tel l’exemple d’Adam, qu’Il créa de poussière, puis Il lui dit : «Sois !» et il est.} Ali ‘Imrane 57

Pour Allah toute création est aisée, Son acte est un verbe : « Soit ! Et il en est ainsi ». Aïssa (saws) n’est pas un miracle, mais le verbe d’Allah. Aïssa n’est ni un miracle ni une divinité, mais un Messager d’Allah :

{Le Messie fils de Marie n’est autre qu’un Messager, tout comme les Messagers qui passèrent avant lui. Sa mère est véridique, et tous deux mangeaient la nourriture. Regarde comment Nous leurs explicitons les Signes, puis regarde comment ils louvoient!} Al Maidah 75

On va jusqu’à dire que les « miracles «  du Messie (saws) sont un défi pour la communauté juive de l’antiquité versée dans les sciences médicales. J’avais personnellement réalisé en ma qualité de concepteur deux produits pédagogiques dans le domaine de l’enseignement médical (anatomie fonctionnelle pour la faculté de médecine de Bordeaux et maladie des yeux pour une association médicale du sud ouest de la France). Au cours de l’étude de conception j’ai été amené à me pencher sur l’histoire de la médecine et rien ne me permet d’affirmer, sans être un spécialiste, que les Juifs étaient versés dans les sciences médicales. La médecine étaient  l’apanage des égyptiens, des grecs, de l’école d’Alexandrie qui a cassé le dogme du Galien et enfin l’école arabo musulmane qui a porté les sciences médicales à leur apogée avant de disparaitre devant l’école occidentale. Les Juifs étaient connus, du temps du Messie, par la magie et la sorcellerie ainsi que par leurs divergences entre serviteurs du temple, intégristes en quête d’un roi, hellénisants et romanisants… Ni Allah ni le Messie ne peuvent être rabaissés au niveau d’êtres « inférieurs » qui défient leurs semblables. Sobhane Allah !

Le Coran nous montre le caractère universel du Signe coranique en exprimant la problématique  de la quête de sens que tout signe doit impulser même si le terme signe est absent parce qu’en réalité tout est signe et tout signe conduit vers Dieu :

{N’ont-ils donc pas observé comment les chameaux, ont été créés ? Comment le ciel, a été élevé ? Comment les montagnes ont été  dressées ? Et comment la terre a été nivelée ? } Al Ghàchiya  17 à 20

Conclusion préliminaire :

A la lumière de la signification des Signes dans le Coran comme passerelle de sens qui amène l’observateur et le méditant vers la manifestation divine qui est en amont de ce signe  je peux conclure, même si cela n’est pas académique sur cette vérité : quiconque  œuvre par la parole, l’esprit et l’action à expliciter les Signes et à les rendre signifiants c’est-à-dire menant vers Allah et Son Dessein est un intellectuel, un savant, même s’il n’a pas fait d’études universitaires et même s’il n’occupe pas de rang honorifique dans les médias ou dans les assemblées scientifiques. Œuvrer par la parole, l’esprit et l’action au service de l’explicitation du signe ne veut pas dire absolument qu’il faut se situer sur le seul terrain du religieux. Tous les signes, cosmiques, phénoménologiques, anatomiques, scientifiques, historiques, sociologiques, ontologiques, sociaux, psychologiques, géologiques, artistiques qui conduisent au sens ultime, à la vérité, à Dieu sont un acte intellectuel un acte de savoir… C’est à ce niveau que se trouvent le savant et l’intellectuel. Le reste n’est que littérature, effet de mode…

Signes et Taffakkor

Il est remarquable de voir qu’au(x) Signe(s) (ٱلأيَٰتِ- آيَةً – خَلَقَ) va correspondre  le Taffakur (تَتَفَكَّرُونَ  –  يَتَفَكَّرُونَ – يَتَفَكَّرُوا – تَتَفَكَّرُوا)

Le Taffakur, le travail intellectuel qui prospecte mentalement les Signes de la création a donc pour vocation de transformer la perception de valeur tangible, esthétique, temporel, matériel en un sens spirituel voire métaphysique. Le Signe (Ayat) est un commutateur de sens, Le Taffakur dans l’homme libéré de l’aliénation de l’idole, du fétiche et du totem est également un commutateur. Ensembles, le Signe et l’interprétation du signe convergent vers une unique quête, celle du sens. Cette quête aboutit à  la découverte de  Dieu. Celui qui ne mène pas cette quête ou la mène dans une direction inversée il abouti fatalement à la perdition dans ce monde et à la perte de soi dans l’autre monde.

Sur des dizaines d’énoncés où les Ayats sont contigües au Taffakur nous avons celui-ci qui résume tout ce que nous venons de dire d’une manière évidente :

{Certes, il est dans la création des Cieux et de la terre, et dans l’alternance de la nuit et du jour, des Signes pour les doués d’entendement. Ceux qui ne cessent d’évoquer  le Nom d’Allah debout, assis ou couchés sur le côté, et de méditer sur la Création des Cieux et de la terre : « Notre Dieu, Tu n’as point créé cela en vain, gloire à Toi. Préserve-nous du châtiment du Feu.} Ali ‘Imrane 190 à 192

Le paysan, le boulanger, l’universitaire, la femme au foyer, le forgeron, l’astronome et tout être humain qui atteint ce niveau de conscience du divin et de  l’universel  dans la contemplation ou la médiation du signe qui le poussent à une quête vers Dieu est coraniquement  un doué d’entendement c’est-à-dire un savant, même s’il n’a ni doctorat en théologie ni en fiqh ni en Hadith.

Celui qui parvient par son âme, son esprit et son cœur à se rapprocher de cette vérité coranique  « Sache ٱعْلَمْ » est un savant. Nous allons l’étayer par plus de détails

{Et lorsqu’Abraham dit : « Dieu, Montre-moi comment Tu Fais Revivre les morts ». Il Dit : « N’es-tu donc pas croyant ? » Il dit : « Assurément, mais pour que mon cœur soit tranquille ». Il Dit : « Prends quatre volailles et dépèce-les, pour toi-même, puis mets-en un morceau sur chaque montagne, ensuite appelle-les : elles s’empresseront vers toi. Et sache qu’Allah est, certes, Invincible, Détenteur de la Maitrise ».} Al Baqara   260

{Et que tu juges entre eux d’après ce qu’Allah a révélé, ne suis pas leurs passions, et méfie-toi qu’ils ne te séduisent dans une partie de ce qu’Allah t’a révéla. S’ils s’en écartent, sache donc qu’Allah veut les frapper en raison de certains de leurs péchés. Certes, beaucoup d’hommes sont des pervertis.} Al Maidah 49

{Sache donc qu’il n’y a point de Dieu sauf Allah} Mohamed 19

En résumé le savoir impératif et sans faute qui pourrait donner le titre de savant et d’héritier du Prophète est articulé sur :

  • Le monothéisme pur qui consiste à savoir qu’Allah est le seul créateur et le seul maitre de la création,
  • Les Noms d’Allah et tout particulièrement sur les Noms Al Aziz (l’Invincible) et Al Hakim (Celui qui maitrise) qui montrent la Puissance et la gouvernance d’Allah dont rien de crée ou de décidé ne sa fait sans sa connaissance, sans sa volonté et sans lui en rendre compte.
  • La justice : il s’agit de rendre justice selon la loi d’Allah et cette mission incombe à ceux qui sont dans la position du Prophète en l’occurrence les juges et les gouvernants qui nomment les jugent et les savants dont la mission est de rappeler la loi de Dieu et le devoir de justice. La foi et la connaissance de la  Justice divine interdit au Musulman et tout particulièrement au savant  de recourir à la violence gratuite, à la vengeance et au désespoir qui souvent pousse à commettre des actes précipités causant plus de maux que  ceux qu’ils pensaient régler.

Ces trois savoirs relèvent  d’une foi en Dieu et d’un savoir  sur Dieu. Cette foi et ce savoir ne s’acquièrent pas seulement par l’étude, les titres universitaires, les publications, mais ils sont un don de Dieu qu’Il accorde à ceux dont les cœurs sont remplis de Taqwah. La Taqwah n’est pas la piété au sens chrétien ni la crainte révérencielle ou révérencieuse de Dieu des traducteurs du Coran elle est ce que le Coran a voulu qu’elle soit : crainte espérant la rémission et espérance craignant l’insuffisance et l’arrogance. Cette crainte et cette espérance qui se conjugue engendrent le scrupule et l’observance des prescriptions divines. Le savoir n’est  par conséquent ni livresque, ni académique, ni pragmatique,  ni théorique ni pratique, mais un ensemble de savoir être, de savoir faire, de savoir penser qui met l’individu dans cette situation de savant qui connait les limites de ce monde et la justice qu’il faut y rendre, le monothéisme et les Noms d’Allah qu’il faut exalter et transmettre avec le cœur rempli de Taqwah.  Ainsi le savant correspond à cette description coranique sublime :

{Mais ne craignent Allah, parmi Ses Dévoués, que les savants. Certes, Allah Est Invincible, Absoluteur.} Fater 28

Parfois il ne s’agit pas de Signes au sens cosmique, historique ou sociologique, mais de référence à la Révélation divine qui est un signe car elle indique que le Prophète ne peut avoir la compétence, le temps et le lieu pour la rédiger puis la transmettre mémorisée dans son cœur et son esprit :

{Et Nous n’avons envoyé, avant toi, que des hommes que Nous avons inspirés avec les évidences et les textes sacrés.  Interrogez donc les gens de la science si vous ne savez pas.  Et Nous ne t’avons révélé le Coran que pour que tu explicites aux hommes ce qui leur a été révélé, afin qu’ils réfléchissent.} An Nahl 43 à 44

Il est important de souligner la subtilité sémantique de « Ahl ad Dikr » que les savants et musulmans contemporains confisquent à leur profit pour se donner une position de rente religieuse et de référence politico religieuse. Allah a qualifié les Rabbins et les docteurs de la foi comme Ahl ad Dikr car la Thora et l’Evangile authentiques sont appelés Dikr dans le Coran comme le Coran lui-même est appelé Dikr.

Cet énoncé détruit la fausse idée que nous nous faisons du religieux, de l’intellectuel et du savant dans la communauté musulmane.  Il ne s’agit pas de croire stupidement par mimétisme social et conformisme culturel, et pour cela il faut  soumettre  le texte religieux à la méditation pour le comprendre et en tirer l’usage le plus efficace sur le plan intellectuel, spirituel, idéologique et  religieux.  Le Coran n’est pas un simple livre religieux ou un traité philosophique : c’est la Parole divine qui s’adresse à l’esprit créé par la Puissance divine pour que cet esprit comprenne et forme son intelligence ainsi que sa lucidité sur les réalités des mondes.

Cet énoncé démystifie le savant religieux. La phrase « Interrogez donc les gens de la science si vous ne savez pas » n’est pas un ordre donné aux musulmans pour aller consulter les savants comme s’ils étaient des rabbins de synagogues,  des  prêtres d’églises ou des membres d’un clergé ou d’un temple d’une secte ou d’une religion inventée par les hommes. Cette phrase demandait aux Arabes (païens, juifs ou chrétiens) contemporains de Mohamed (saws) de confronter ce que Mohamed dit aux dires des savants et des docteurs des Gens du Livre qui ont caché à ces Arabes leur savoir pour en garder le monopole et la rente sociale et religieuse d’une part et pour cacher leurs falsification d’autre part.  Il est évident que nous devons consulter plus instruit, plus probe et plus scrupuleux que soi, mais sans que cela ne fasse de ceux qu’Allah a privilégie de savoir, de piété et d’érudition devienne une institution cléricale dans l’Islam. L’Islam par la parole de son Dieu et par la voix de son Prophète (saws) exige du musulman d’être un homme savant qui partage son savoir ou un homme en quête de savoir qui part à la quête de plus savant que lui comme Moussa (saws) est parti à la recherche de Khadr (saws)

En effet il y va de notre salut en procédant à la démystification du Savant et de l’intellectuel dont les titres relèvent d’études académiques  ou d’aura médiatique qui se rapprochent davantage de l’esprit scolastique judéo-chrétien que de l’esprit islamique originel. Il est navrant de voir des « savants » ou des « intellectuels » contemporains adorés comme des idoles, des fétiches, des marabouts allant jusqu’à mourir pour eux ou du moins prendre leur parole comme parole sacrée, incontestable, au dessus de celle de Dieu (swt) et de celle du Prophète (saws). Allah a opposé les savants judéo-chrétiens aux analphabètes qui ont suivi le Prophète analphabète. Il ne s’agit pas d’analphabétisme ou d’illettrisme au sens  scolaire comme on l’entend aujourd’hui, mais d’ignorance des textes des Juifs et des Chrétiens ainsi que des philosophies byzantines et perses qui entouraient l’Arabie.  Il s’agit aussi d’ignorance complète de la foi et des préceptes moraux de  la Hanifiya, réminiscence de la religion islamique d’Abraham. Voici comment Allah a distingué cette génération d’élus :

{C’est Lui qui a envoyé, parmi les analphabètes, un Messager d’entre eux, qui leur récite Ses Signes, qui les épure, qui leur apprend le Livre et la Maitrise, bien qu’ils fussent sûrement, auparavant, dans un fourvoiement évident. Ainsi que d’autres, parmi eux, qui ne les ont pas encore suivis. }  Al Jumou’â 2

Au sens coranique le « si vous ne savez pas » est évident. Le recours au savoir d’un autre n’est pas la règle. La règle pour le musulman est de constituer son savoir pour vivre en autonomie de pensée et en être responsable qui assume ses responsabilités sans confier son destin à un homme qui est le produit d’une gestation de neuf mois comme lui. Plus une communauté acquiert, produit du savoir et échange le savoir, mieux se porte cette communauté dans sa vitalité, dans sa compréhension de sa religion et de son existence, ainsi que de sa vocation de témoignage aux autres. Il ne s’agit pas de faire gouverner le monde musulman par des ignorants, mais de renouer avec l’esprit sain des Compagnons qui étaient producteurs de savoir sinon consommateurs de savoir mais jamais des assistés qui avaient besoin d’une tutelle religieuse qui leur dicte leur conscience et leur Fatwa sur mesure. Le « « si vous ne savez pas » n’est pas la règle mais l’exception. Cette exception ne signifie pas l’existence d’un savant clérical ou d’un institution qui monopolise le savoir au nom d’un académisme qui ressemble davantage à une rente qu’à un devoir. Le Prophète (saws) a répondu de la manière la plus magistrale aux ignorants qui se complaisent dans leur ignorance et leur insouciance ainsi qu’aux détenteurs de savoirs qui font de la rétention de connaissance ou qui se place au dessus des autres comme s’ils étaient la science infuse :

« Les meilleur d’entre vous dans l’obscurantisme ante islamique  sont les meilleurs d’entre vous dans l’Islam s’ils font l’effort de connaitre leur religion (taffakkoh fil Dine) »

Parfois il ne s’agit pas de Signes au sens cosmique, historique ou sociologique, mais de paraboles ( ٱلأَمْثَالُ ) au sens intellectuel, car l’homme créé  être doué d’intelligence et d’esprit de quête de sens est sensé se mettre à l’abri de tout comportement insensé et de toute dérive contre la raison objective provoquée par la passion, la haine ou l’idéologie. En effet il faut être un sot, un insensé ou un psychopathe pour porter atteinte à l’image et à la réputation de  Mohamed (saws)   alors qu’il est connu par tous et depuis toujours par sa bonne moralité, sa probité, son intelligence, sa bravoure, sa générosité et sa magnanimité envers les humains :

{Dis : « Je ne vous dis pas que je possède les Trésors d’Allah, et je ne connais pas le Ghayb. Je ne vous dis pas que je suis un Ange. Je ne fais que suivre ce qui m’est Révélé ». Dis : « L’aveugle serait-il égal au voyant ? »  Ne méditez-vous donc pas ?} Al An’âme 50

Si on peut douter d’un homme car on est jaloux de lui ou haineux envers lui car il met en péril notre rente illégitime sociale, économique  ou religieuse, on ne peut faire le parallèle entre ce que dit cet homme sur son Dieu et ce que montre son Dieu qui se manifeste à travers ce qu’Il montre dans la création :

{N’ont-ils donc pas médité ? Leur Compagnon n’a aucune folie : il n’est qu’un avertisseur évident.  N’ont-ils donc pas contemplé le Royaume des Cieux et de la terre, et toutes les choses qu’Allah A Créées, et que peut-être leur terme s’est rapproché ? En quel discours après cela croiront-ils ?} Al Aâraf 184 à 185

Au sens coranique pourrait-on qualifier d’intellectuel celui qui cherche la complaisance des mécréants pour avoir une belle image ? Pourrait-on qualifier d’intellectuel un dévergondé alors que notre Prophète a interdit de qualifier de « monsieur » un voyou, un dévergondé ? Pourrait-on qualifier d’intellectuel celui qu’Allah a désigné de chien, d’âne et de bétail parce qu’il a gommé la quête de sens que lui impose son intelligence ? Pourrait-on faire le beau, le gentil et  le savant devant des ignorants qui poussent l’outrecuidance non seulement à nous utiliser comme des faire valoir médiatiques, mais à mépriser l’Islam et les Musulmans ? Le Coran nous invite à réfléchir en nous décrivant  celui qui ne voit pas les Signes divins aveuglé par ses théories, ses croyances et ses idéologies ? Allah en nous montrant l’usage convenable de la raison qui ne peut être confinée dans l’obtention de titres universitaires ou de fonctions honorifiques nous montre le caractère odieux de celui qui se prétend détenteur de savoir et  d’intelligence alors qu’il  ignore d’où il est venu, quelle est sa vocation dans cette existence et vers où il se dirige inéluctablement.

{Et lorsque ton Dieu Prit des fils d’Adam, de leurs dos, leur descendance, et les a fait  témoigner contre eux-mêmes : « Ne suis-Je pas votre Dieu ? » Ils ont dit : « Bien sûr, nous témoignons. »  Afin que vous ne disiez point  le Jour de la Résurrection : « Nous étions inattentifs à cela. » Ou que vous ne disiez : « Mais nos ancêtres ont déjà été polythéistes et nous étions une progéniture après eux. Nous Ferais-Tu donc périr en raison de ce qu’ont fait les    détracteurs ? » Ainsi  Nous détaillons les Signes, afin qu’ils reviennent. Et raconte-leur l’histoire de celui auquel Nous avons fait parvenir Nos Signes et qui s’en départit. Alors Satan l’a  poursuivi et il fut du nombre des égarés. Et si Nous l’avions Voulu, Nous l’aurions élevé grâce à eux, mais il eut un penchant pour la terre et a suivi sa propre passion. Son exemple est comme l’exemple du chien : si tu l’attaques, il halète, ou si tu le laisses, il halète. Cela est comme l’exemple des gens qui ont démenti Nos Signes.  Raconte donc le récit, afin qu’ils puissent réfléchir. Vil exemple que les gens qui ont démenti Nos Signes, et c’est envers eux-mêmes qu’ils étaient injustes.}  Al Aâraf 172 à 177

{Et Nous faisons croître pour la Géhenne beaucoup de djinns et  d’humains : ils ont des cœurs avec lesquels ils ne comprennent pas, ils ont des yeux avec lesquels ils ne voient pas, et ils ont des oreilles avec lesquelles ils n’entendent pas. Ceux-là sont comme le bétail, ils sont même plus fourvoyés. Ceux-là sont les inattentifs.}  Al Aâraf 179

Est-ce celui qui ressemble à un chien haletant qui cherche à être complaisant et servile, un baudet transportant une charge dont il ignore la valeur et le contenu, ou à du bétail, vache, mouton ou chèvre, paissant et ruminant en toute insouciance peut-il être un porteur de savoir, un défenseur de vérité, une lumière éclairante ?

Dans le Coran,  Allah nous fait connaitre d’autres états de la connaissance et du savoir qui rendent  le statut du connaissant, du savant  ou de l’intellectuel plus rare, mais aussi moins confiné dans la sphère scolastique et académique : Un savoir et une miséricorde en provenance de Lui comme un don divin sur qui Il veut et comme Il veut :

{Ils trouvèrent un Dévoué d’entre Nos Dévoués, à qui Nous avons donné de Notre part une Miséricorde,  et Nous lui avons enseigné de chez Nous une Science. Moïse lui dit : « Puis-je te suivre à la condition que tu m’apprennes de ce qui t’a été enseigné de sensé ? »} Al Kahf

Certains de nos « savants » contemporains veulent conserver le monopole du savoir et le privilège de leur titre comme une rente qui leur est due allant jusqu’à distinguer le Dà’îy (prédicateur) du penseur (moufakkar), du Khatib (imam à la mosquée), du Savant. Pratiquant l’exclusion et la distinction ils tombent dans la  faute envers le Coran qui a qualifié  le Prophète de prédicateur :

{O Prophète, Nous t’avons Envoyé comme témoin, annonciateur, avertisseur,  prédicateur appelant vers Allah, par Son Vouloir, et une lumière éclairante.} Al Ahzab  45-46

Le Prophète Mohamed (saws)  est  notre modèle parfait : il appelle à Dieu, il n’appelle pas à un parti, à une doctrine, à une école ou à un clan. Je ne pense pas sincèrement que celui qui appelle à autre qu’Allah puisse mériter le titre de savant même son érudition est phénoménale et son prestige fascinant.

Il reste à la lumière du Coran de dire ce qu’il est attendu de l’intellectuel et du savant dans ses moments de troubles et de doute.

Ils doivent longuement étudier et réfléchir aux injonctions divines au Prophète Mohamed (saws) : « Dis ». Nous avons un travail énorme d’explication du Coran dans la mise en évidence du sens des dires du prophète.

La vocation de l’intellectuel et du savant est donc de dire ce qu’Allah a ordonné à Son Prophète de dire.  Leur vocation est aussi de réfléchir et de faire réfléchir. Dans les versets appelant  au Taffakor (réflexion, pensée, méditation) nous avons la réponse :

{Dis : « Je ne vous exhorte qu’à une chose : d’agir pour Allah, par deux, ou individuellement, ensuite de réfléchir : Votre compagnon n’est point atteint de folie. Il n’est qu’un avertisseur pour vous, face à un sévère châtiment ». Dis : « Ce que je vous ai demandé comme profit, gardez-le pour vous ! Certes, Ma rémunération n’incombe qu’à Allah, et Il est Témoin sur toute chose ». Dis : « Certes, mon Dieu Lance la Vérité, l’Omniscient des Occultes ».}  Saba 46 à 49

Il faut libérer les gens de leur torpeur, de leur insouciance et de leur aliénation. Pour cela il faut les déconstruire et les libérer du système qui les empêche de réfléchir et de s’éveiller à la vérité. Cela passe par le contenu de l’énoncé coranique : libérer l’homme de la foule et des habitudes de groupe et de clan pour l’amener à s’interroger seul ou a débattre avec un autre loin du sensationnel des médias, des foires, des marchés et des fabriques de l’illusion. De la même façon qu’il n’y a pas d’éveil pédagogique dans une classe surchargé, bouillante et dissipée, il n’y a pas de procès de conscientisation dans le cadre du mimétisme ambiant et du cirque forain.  Le prédicateur pour être crédible et percutant dans l’éveil des consciences il ne peut être lui-même embrigadé dans un système partisan ou mercantile ou dans un cadre de propagande ou de médiatisation où la forme et le rendu de la scène importe plus que le contenu du message et la qualité de la communication. Le message pour qu’il parvienne, il doit être vrai. Il ne peut être vrai que s’il parle de la vérité avec sincérité sans louvoiement. Il ne s’agit pas d’acheter les consciences des gens ni de mobiliser pour une armée de révolutionnaires ni pour remplir une salle de conférence pour un chef de parti politique, ni de plaire aux téléspectateurs.  Il s’agit d’être un projectile de vérité entre les mains de la vérité lancée contre le mensonge avec bien entendu bonne éducation, intelligence, respect de la dignité humaine, et savoir que Celui qui guide est Allah, car les cœur sont entre ses mains.

Allah (swt) nous montre plusieurs cas de cœurs fermés à la raison, à la logique, à la foi… Il est remarquable de noter que parmi ces cas celui qui est contigüe à la pensée est inscrit dans le rejet du Signe (ici le Coran) et hors du Taffakor. Il exerce une pensée sans faire l’effort de penser, de produire de la pensée. Le Taffakor est un effort, c’est une quête, une partance vers le sens, la vérité, l’idéal. Le Fikr est un remue méninge à vide ou une pensée autarcique qui ne pense qu’à soi, qu’à l’instant présent, qu’à ce monde ci, qu’aux avantages matériels et sociaux. Prisonnier du ici, du maintenant et de la matérialité de ce monde et de ses formes il ne peut faire l’effort de réfléchir. Il peut vomir ce qu’il a appris à l’école ou ce qu’il a entendu auprès d’un intellectuel ou d’un savant car son but n’est pas d’accéder à la vérité, mais de vivre par des pseudos vérités, des illusions idéiques :

{Laisse-Moi avec celui que J’ai créé tout seul. Et à qui J’ai donné des biens sans fin, et des enfants sous les yeux, et Je lui ai tout facilité. Ensuite, il est avide que Je lui augmente ! Jamais ! Il était hostile à Nos Signes. Je le tourmenterai en lui accroissant. Il a réfléchi, et il a résolu. Maudit soit-il, en ce qu’il a résolu ! Ensuite, maudit soit-il, en ce qu’il a résolu ! Puis, il a pensé. Ensuite, il fronça les sourcils et s’assombrit. Ensuite, il tourna le dos et s’enorgueillit, alors il dit : « Cela n’est que de la magie transmise, ce ne sont que les paroles des êtres humains ! » Je l’ enfoncerai dans Saqar} Al Moudattir 11 à 26

Nous avons en la personne de Walid Ibn Al Moughira le spécimen humain des réfractaires à tout éveil de conscience, à toute réflexion qui incite à la quête de vérité. Nous avons un tableau psychologique d’une rigueur telle que nous sommes capables d’imaginer la scène et de reconnaitre par ce personnage tous les comportements et postures des sceptiques. Le personnage ici a réfléchi longuement en pesant le pour et le contre puis a pris sa décision sur un aspect matérialiste et dans un cadre mimétique par rapport à ses traditions et à son rang social dans la tribu  { إِنَّهُ فَكَّرَ وَقَدَّرَ }

Conclusion :

A la lumière de cette lecture sommaire sur le Fiqr que dire sur l’aptitude mentale et cognitive ainsi que sur la vocation du  savant et de l’intellectuel ? Nous allons dire ce qui est conforme à l’esprit coranique et à son Dessein : le salut dans ce monde et dans l’au-delà. Ce salut se concrétise non dans une foi tiède et passive, mais dans le Jihad compris comme l’effort moral, intellectuel et actanciel, ontologique et social,  de résistance contre sa décadence, son insouciance et l’oppression politique, économique, idéologique, culturel et militaire des ennemis de l’Islam :

{O vous qui êtes devenus croyants, prenez garde à  Allah et soyez avec les véridiques. Il  n’appartenait pas aux habitants d’al-Madinah, ni aux bédouins qui sont autour d’eux, de rester à l’arrière du Messager d’Allah, ni de préférer leurs personnes à sa personne. Cela, parce qu’ils ne seront saisis ni de soif, ni de fatigue, ni de faim, pour la Cause d’Allah ; ni ils ne fouleront aucun sol qui fasse enrager les mécréants, ni ils n’obtiendront nul avantage sur l’ennemi, sans que cela ne leur soit inscrit comme œuvre méritoire. Certes, Allah ne Perd point la rémunération de ceux qui font le meilleur. Et ils ne dépenseront nulle dépense, petite ou grande, ni ne franchiront nulle vallée sans que cela ne soit inscrit en leur faveur, afin qu’Allah les Récompense par le meilleur de ce qu’ils faisaient. Et il n’appartient pas aux croyants de partir tous en expédition. Que reste de chaque troupe d’entre eux, un groupe pour qu’ils fassent l’effort de connaitre la Religion, pour en faire bénéficier  leurs gens après leur retour à eux  afin qu’ils prennent garde.} At Tawbah 119 à 122

C’est cet ensemble de règles qui a permis l’émergence d’une élite dans tous les domaines de l’existence en temps de paix et en temps de guerre. Cette élite est impliquée dans l’existence sociale comme une dynamique qui se renouvelle et s’alterne sans jamais s’enfermer dans des microcosmes en marge de la réalité sociale. Cette élite s’est consacré à servir sa communauté, mais non à chercher la posture de star du système qui combat l’Islam. Cette élite à livré bataille contre les ennemis de l’Islam, contre la faim et le sous développement, mais n’a pas provoqué des troubles entre les Musulmans ni n’a donné caution à l’effusion de sang des Musulmans ou des Juifs et des Chrétiens vivant citoyens parmi les Musulmans…

Inchaallah nous reviendrons sur d’autres aspects de la question dans le prochains article

Signification du Dine. Partie 2

A – Cadre méthodologique d’étude du  Dine dans le Coran.

 [N]ous avons vu, dans la première partie, sur le plan lexical, la signification du Dine comme une polysémie qui diffère des autres religions. C’est un lien avec Allah, une dette de vie, une adoration, une sujétion au créateur, une tradition, une prière et une invocation, un devoir envers Dieu et les hommes, une relation spirituelle et sociale, une rétribution par l’enfer ou le paradis, une justice impartiale et équitable.

Nous avons vu également la prétention à se prévaloir d’une religion qui n’est pas un Dine au sens divin du terme. Toute religion inventée ou falsifiée est une dérive démiurge comme celle de Pharaon qui, confronté au Dine vraie, a eu peur de perdre son trône, son pouvoir de fascination sur les gens et d’oppression des peuples ainsi que sa prétention à la déité : « Je ne vous montre que ce que je vois, et je ne vous guide qu’au chemin de la droiture ». Pharaon exprime bien l’intervention humaine pour instrumentaliser la religion  par les castes magico-politiques et les empereurs à des fins politiques et mondaines :

 {Et Pharaon dit : « Laissez-moi tuer Moïse et qu’il invoque alors son Dieu ! Moi, j’ai peur qu’il n’altère votre religion ou qu’il ne fasse paraître la corruption de par la terre ».} Ghafir 26

Pour répondre définitivement à la  question si le terme Dine peut se confiner à celui de religion nous allons approfondir notre quête de sens par le recours au Coran qui est notre référence suprême et notre méthodologie :

 {Et Nous t’avons révélé le Livre : explicitation de toute chose, Direction infaillible, Miséricorde, et bonne nouvelle pour les musulmans.} An Nahl 89

Dans tout travail intellectuel il y a une démarche épistémologique : quelle est la source de la connaissance, quelle est sa validité, quel est son contenu, quelle est la distanciation nécessaire, quelle est son évolution ? Pour le Dine, le musulman a les réponses à ses questions dans le Coran et la Sunna dont nous allons extraire quelques règles fondamentales :

La première règle : Nous sommes croyants et notre foi repose sur le Ghayb qui échappe à l’intelligence  et à la perception. Nous n’avons vu ni Allah ni le Paradis ni les Prophètes, mais nous y croyons, car cette foi répond à un besoin innée de croire et un besoin innée de la nécessité de Dieu. Les signes divins (Ayat) sont des guides, des repères, des symboles, des manifestations évidentes, éclairantes, témoignant  de la présence de Dieu. Voilà pourquoi les premiers versets définissent la foi ainsi que  la source de la configuration de la religion :

 {Ce Livre-là, sans aucun doute, est une Direction infaillible pour les pieux, ceux qui croient au Ghayb, accomplissent la prière et dépensent de ce que Nous leur Avons Octroyé, et ceux qui croient en ce qui t’as été Révélé, en ce qui a été Révélé avant toi, et qui croient  foncièrement en la vie Future. Ceux-là sont sous une Direction infaillible de leur Dieu, et ceux-là sont ceux qui cultivent.} Al Baqarah 1 à 5

La seconde règle : C’est Allah qui a choisi ce Dine et c’est donc Lui qui  en définit pour nous le contenu, les préceptes,  la méthodologie (Chari’a) et les principales lois (Ahkam) sur lesquelles tout débat n’est que polémique stérile qui ne relève pas de ce Dine :

 

{Dis : « Allez-vous apprendre à Allah quelle est votre Dine, alors qu’Allah Sait ce qui est dans les Cieux et ce qui est en la terre ? » Allah Est Tout-Scient de toute chose. Ils pensent te faire une faveur d’avoir adopté l’Islam ! Dis : « Vous ne me faites aucune faveur avec votre adoption de l’Islam. Mais c’est Allah qui vous Fait une faveur en vous Guidant vers la foi, si vous êtes véridiques ».} Al Houjourate 16

La troisième  règle : Ce Dine est voulu par Allah il n’y a pas de place à l’improvisation, à la confusion,  ou à l’anarchie. A ce titre le premier appel des Croyants dans le Coran va leur dire que tout le Dine repose sur un ordre divin : «Ne dites pas ceci, mais dites cela » :

 {O vous qui êtes devenus croyants, ne dites pas : « Rà‘ina (راعنا)», mais dites : « Veille sur nous (انظُرْنَا) », et obtempérez. Et aux mécréants, un douloureux châtiment.} Al Baqarah 104

Les Juifs avaient l’habitude de taquiner le Prophète (saws) en jouant sur les mots. Les bédouins hypocrites avaient egalement comme les Juifs l’habitude de se montrer sous un visage plaisant alors qu’ils voulaient une religion tissée sur mesure pour eux et non un Dine choisi par Allah pour l’humanité. L’hypocrite a tous les aspects extérieurs du musulman, mais son cœur est imbu du veau et de la mécréance :

 {Les bédouins disent : « Nous sommes devenus croyants ». Dis : « Vous n’êtes pas devenus pas croyants, mais dites : “Nous sommes devenus musulmans ”, car la foi n’est pas encore entrée en vos cœurs ». Mais si vous obéissez à Allah et à Son Messager, Il ne vous Diminuera rien de vos œuvres. Certes, Allah Est Absoluteur, Miséricordieux. Les croyants sont seulement ceux qui croient en Allah et en Son Messager, et après cela ils n’ont point douté, et ont combattu avec leurs biens et par leurs personnes, pour la Cause d’Allah. Ceux-là sont les véridiques.} Al Houjourate  14 à 15

La quatrième  règle : obéissance totale à Allah et au Prophète :

 {O vous qui êtes devenus croyants, ne devancez pas Allah et Son Messager dans le  jugement.} Al Houjourate  1

Cette obéissance impose de prendre distance sur sa propre opinion et ses propres intérêts  et ne pas faire de surenchère sur la parole du Prophète. Le Prophète a transmis ce qu’il devait transmettre. Son silence n’est pas oubli ni incapacité pour que certains s’imaginent comprendre mieux que lui l’époque ou le milieu alors qu’Allah lui a fait voir le passé et l’avenir. Qui élève au sens propre et au sens figuré sa voix sur le Prophète a porté atteinte au Dine. Un hadith ne peut être invalidé que s’il a une source invalide ou si ses termes ou son sens est invalidé par le Coran.

 {O vous qui êtes devenus croyants, n’élevez pas vos voix au-dessus de la voix du Prophète} Al Houjourate  2

La cinquième  règle est le parachèvement, la complétude et le parachèvement de ce Dine :

 {Aujourd’hui, les négateurs ont perdu tout espoir de vous détourner de votre religion, ne les craignez donc plus et craignez Moi. Désormais, J’ai parachevé pour vous votre religion, J’ai parfait ma Grâce envers vous, et J’ai agréé pour vous l’Islam comme religion.} Al Maidah 3

{Rien ne peut changer les paroles d’Allah} Al An’âm 34

Le culte, le rite, la méthodologie, l’idéologie, la morale, le licite, l’illicite, l’esthétique, et tout ce qui permet au musulman de vivre en tout lieu et toute époque en conformité avec son Dine sont achevés. Toute tentative, au nom de l’Ijtihad, du pragmatisme, de la modernité ou de la nécessité pour apporter des compléments à ce Dine sont nuls et non avenus car Allah a parachevé ce Dine et a décrété qu’il n’y a pas de changement à sa Parole :

 {Ou bien auraient-ils des fois des associés (de Dieu) qui leur auraient fait à partir de la religion une législation leur prescrivant ce que Dieu n’a jamais autorisé ?} As Choura 21

 {Interroge les descendants d’Israël : combien ne leur avons-Nous pas apporté de Signes évidents! Celui qui altère la grâce d’Allah, à partir du moment où elle lui a été donnée, certes Allah le punira sévèrement.} Al Baqarah 211

 «Certes, le livre d’Allah véhicule le discours le plus vrai. Le meilleur enseignement est celui de Muhammad. Les inventions sont les pires des choses. Toute invention est une innovation. Toute innovation est une aberration, et toute aberration conduit à l’enfer.» Hadith

Le cadre de réflexion étant posé on comprend tout de suite qu’on ne peut expliquer le Dine par le recours au profane et aux auteurs du positivisme. On comprend également que celui qui n’adhère pas à ce cadre par sa foi ne peut continuer à lire la suite, car il s’agit d’une quête pour mieux comprendre et vivre ce Dine selon la Volonté d’Allah et non selon nos opinions ou les coutumes de nos parents. Le Coran nous donne la clé méthodologique de sa compréhension :

 {Ne méditent-ils donc pas sur le Coran, ou bien certains cœurs portent-ils leurs scellements.} Al Jàtiya 24

Allah [swt] désigne, dans l’ensemble du Coran, le Cœur comme le lieu ou la faculté de l’entendement psycho-affectif de la foi, de l’adoration, de l’amour et de la spiritualité. En français le cœur n’a pas de signification, mais en arabe le coeur (Qalb) signifie le moule et la matrice (le qaleb) et le retournement ( taqaloub) qui fait changer tout le destin. C’est le cœur qui se met en émoi (mouvement) pour croire et pour obéir. Le doute qui rejette la foi (Rayb)provient du cœur. L’intellect est le siège et la faculté de la cognition, de la logique et du  doute logique et pragmatique (Chekk) qui cherche les preuves, les signes, l’argumentation pour confirmer ou infirmer la foi et l’observation. Les deux se conjuguent en harmonie dans une personne équilibrée qui a trouvé le sens et la méthode, sinon c’est la confusion et le désarroi. Les deux se conjuguent en harmonie dans une personne équilibrée qui a trouvé le sens et la méthode, sinon c’est la confusion et le désarroi. C’est par ce message que s’ouvre la sourate al Ahzab :

 {O Prophète, crains Allah et n’obéis pas aux mécréants et aux hypocrites. Certes, Allah a toujours été Tout-Scient, Sage. Et suis ce qui t’est inspiré de ton Dieu. Certes, Allah a toujours été Omniscient ce que vous faites. Et fie-toi à Allah, et qu’Allah te suffise Procurateur. Allah n’a point fait à l’homme deux cœurs dans son for intérieur.} Al Ahzab 1-2

Ni le Prophète ni aucun autre homme ne peuvent suivre ou aimer deux objets contradictoires, deux partis opposés tels que le parti d’Allah et le parti de Satan, le parti des Croyants et le parti des renégats et des hypocrites. Il y a un choix à faire, une position à prendre, un parti à suivre. Nous pouvons aimer Allah, le Coran, le Prophète, nos enfants, nos épouses, nos parents, notre travail, notre patrie, nos amis et nos frères sans épuiser le potentiel d’amour que nous avons, car nous sommes en harmonie et non en contradiction. Ces amours sont recommandés s’ils ne sont pas en contradiction les uns aux autres. S’il y  a contradiction ou priorité alors l »amour et l’obéissance reviennent à Allah [swt] et à Son Prophète [saw].

Notre Prophète (saws) est bien l’incarnation du Coran :

« Nul d’entre vous ne verra ses œuvres dans la rectitude si son cœur n’est pas dans la rectitude. Le cœur ne serra dans la rectitude que si la parole est droite » Hadith

Celui qui se donne le temps de méditer la sourate al Ahzab verra que le critère de l’amour et du cœur est la sincérité, la véracité. Il ne peut y avoir cohabitation entre la vertu et la perversion, entre le mensonge et la vérité, entre la foi et la transgression des limites d’Allah. Allah exige un cœur sincère, un être dévoué qui assume le Dine et le défende :

 {Il est parmi les croyants des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Il est d’entre eux qui (a accompli son vœu et) mourut (en martyr), et il  est d’entre eux qui attendent, et ils n’ont pas changé leur détermination, afin qu’Allah Récompense sûrement les véridiques pour leur véracité, et Châtie les hypocrites} Al Ahzab 23

Allah s’est montré  exigeant envers Son Prophète sur la sincérité et l’amour. Celui-ci doit  se montrer exigeant envers sa famille sur le même principe :

 {O Prophète, dis à tes épouses : « Si vous désirez la vie terrestre et son faste, venez alors que je vous donne (les moyens) de vivre et que je vous libère avec générosité ». Mais si vous aspirez à Allah, à Son Messager et à l’autre Demeure, alors Allah a préparé, à celles qui font le meilleur d’entre vous, une immense rémunération.} Al Ahzab 28 à 29

Il n’est pas permis à un savant ni à intellectuel ni à un guide d’imposer ce Dine alors que lui manque de sincérité et n’a pas accompli ses devoirs envers ses proches pour les inciter à l’amour de la vérité. Lorsque ses conditions sont remplies et que le travail de purification ontologique et sociale est convenablement accompli alors la société est en mesure de suivre ces modèles de vertu et vivre le Dine en conformité avec le Dine :

{Quand Allah Décide d’une chose, ainsi que Son Messager, il n’est pas de mise qu’aucun croyant, ni aucune croyante, aient le choix dans leur affaire. Et quiconque désobéi à Allah et à Son Messager, il s’est fourvoyé un vrai évident fourvoiement.} Al Ahzab 36

Lorsque le cœur est rempli de la foi et éduqué pour être sincère alors sa langue et sa mémoire ne font qu’évoquer Allah en tout lieu et tout moment :

 {O vous qui êtes devenus croyants, évoquez beaucoup le Nom d’Allah, et exaltez-le à l’aube et au crépuscule.} Al Ahzab 41

Allah montre l’assistance et le résultat qu’obtient un cœur dévoué :

 {C’est Lui qui Est Tout-Miséricorde envers vous, et Ses Anges L’implorent de vous Absoudre, pour vous faire sortir des Ténèbres à la Lumière. Il A toujours Été Miséricordieux envers les croyants.} Al Ahzab  43

Ce verset est la récompense des adeptes sincères de ce Dine.

La méthodologie du Taddabur du Coran consiste à utiliser le cœur et la raison. Elle consiste  à aller chercher le sens d’un mot ou d’un signe en allant derrière (dobbor)  le sens initial et isolé de ce mot ou de ce signet  pour lui trouver  à la fois la liaison de sens avec d’autres mots et d’autres versets qui sont en amont ou en aval en tenant compte du contexte non seulement du verset mais de l’énoncé global qui entoure le verset ainsi que la finalité de la Sourate. La lecture est dynamique, hypertextuelle, non linéaire trouvant le sens dans la cohérence interne du Coran qui s’explique par lui-même comme l’a dit le Prophète (saws).  Le contexte de ce verset sur le Taddabur qu’on traduit imparfaitement par méditation nous montre la démarche de l’étude du Coran : la conjugaison de l’intellect et de l’affect qui se cultivent par l’étude et la vision intérieure ou la connaissance innée qui est un don qu’Allah dépose dans le cœur du croyant sincère qui cherche à comprendre la Parole divine par amour de la vérité.

C’est ce travail de recours à l’énoncé coranique qui va nous donner une grille de lecture exhaustive pour voir la différence entre le Dine et la religion et pour dire si le Christianisme et le Judaïsme sont du Dine conforme  à la parole d’Allah. Ainsi lorsque les philosophes musulmans, partisans du dialogue des religions, au lieu du dialogue des cultures ou des peuples, nous disent que l’Islam est le troisième rameau du monothéisme ou nous parlent des religions célestes, nous n’allons pas polémiquer sur leurs inepties, mais les renvoyer aux définitions du Dine dans le Coran. Nos opinions personnelles ainsi que les leurs sont sans valeur et sans crédit lorsqu’il faut se prononcer sur  l’Islam et sur les autres religions en toute objectivité et en toute conformité à la parole divine.

 B – La Fatiha  et ses implications spirituelles et actancielles dans la définition du Dine.

 La Fatiha, le prologue, l’essence du Coran, le cœur du Livre, l’Ouverture  est un contenu qui n’existe dans aucune religion sur cette planète sur le plan de l’énoncé, du  contenu ou du sens. La Fatiha annonce que le Dine est le Jugement dernier signifiant l’acquittement de la dette de vie, de la dette des capacités et facultés accordées, de la dette de la terre assujettie à l’homme et des bienfaits divins évidents ou subtiles

 {Au nom d’Allah, le Miséricordeur, le Miséricordieux. Louanges à Allah, Dieu des Univers ; Le Miséricordeur, Le Miséricordieux ; Maître du Jour du Jugement. C’est Toi Seul que nous adorons et c’est à Toi Seul que nous recourons. Guide-nous vers le chemin de rectitude, le chemin de ceux que Tu as gratifiés : ni les réprouvés, ni les fourvoyés.} Al Fatiha

La Fatiha,  Oumm al Kitab ( la matrice, le moule du Coran), signifie implicitement le respect de l’alliance originelle qu’Allah a fait prendre à l’Homme  dans la prééternité lors de la création de  l’humanité comme des occurrences virtuelles  d’Adam et qu’il les a fait témoigner sur la foi. En en Sa Qualité d’Al Haq Al Wajad celui qui est la seule réalité qui donne existence à ce qui était néant ou à ce qui était virtuel, Allah crée et donne existence réelle ou latente à une ou plusieurs occurrence de Son Acte créateur comme des possibilités qui se manifestent selon Son dessein en des réels potentiels, non actuels pour nous,  puis en des réels actualisés dans un lieu et dans un moment  de notre présence dans ce monde  :

 {Et lorsque ton Seigneur Prit des descendants d’Adam, de leurs dos, leur postérité, et les Fit témoigner contre eux-mêmes : « Ne Suis-Je pas votre Seigneur ? » Ils dirent : « Bien sûr, nous témoignons. » Afin que vous ne disiez point le Jour de la Résurrection : « Nous étions inattentifs à cela. »} Al A’âraf 174

La Fatiha est la sourate qui accompagne la Salàt : Toute Salàt sans récitation de la Fatiha est invalide. Elle est le dialogue direct, sans intermédiaire, entre le Croyant et Son Créateur. Elle est la reconnaissance de la souveraineté d’Allah, et la gratitude pour Ses bienfaits. Elle est la crainte et l’espérance qui forme la piété (Taqwah) dans le cœur et sa traduction dans les faits.

Elle est l’engagement permanent de défendre le « nous » qui forme le collectif sans lequel il n’y a pas de Dine au sens coranique. Le sens social et communautaire est dans cette répétition  tout au long de sa vie des  trois « nous » qui modulent et configurent l’existence du musulman dans l’adoration, la quête de protection et  le suivi de la droiture « C’est Toi Seul que nous adorons et c’est à Toi Seul que nous recourons. Guide-nous vers le chemin de rectitude » qui répondent en écho à ce verset sublime qui ne prête à aucune confusion :

 {Certes, celle-ci est votre Communauté, une Communauté unie, et Moi Je Suis votre Dieu, adorez-Moi. Mais ils divergèrent entre eux. Ils seront tous ramenés vers Nous.} Al Anbiya 92-93

La divergence et le désaccord ne sont pas des facteurs de consolidation du Dine, mais des tares qui conduisent à sa démolition ou à sa perversion. Les musulmans en se dispersant en groupes, en factions, en sectes, en doctrines ont semé les graines de leur fragmentation et de leur lutte intestine qui vont s’ajouter au Wahn de ces siècles passés de décadence. Le texte coranique est évident, il blâme la divergence et ce qui y conduit :

 {Les hommes ne formaient qu’une seule communauté, mais ils divergèrent. Et n’était-ce un Décret préalable de ton Dieu, c’en aurait été fait entre eux sur ce dont ils divergeaient.} Younes 19

Comment être ou espérer être le parti d’Allah alors que chacun de nous est  partisan pour une idéologie, une doctrine, une faction, une secte qui se donne des noms et des prétentions d’être les dépositaires absolus de la vérité favorisant ainsi la divergence et l’éloignement de la culture de la foi, de la vertu, de l’intelligence collective, du territoire de vie, de la félicitée dans l’au-delà :

 {Allah a été  satisfait d’eux et eux ont été satisfaits de Lui. Ceux-là forment  le parti d’Allah. Certes oui, le parti d’Allah est celui qui cultive.} Al Mujudalah  22

Allah nous recommande de ne pas prendre les judéo-chrétiens  comme protecteurs dans un sens global. La protection et l’alliance ne veut pas dire uniquement la tutelle politique ou l’alliance militaire, mais l’alignement idéologique et culturel sur leurs doctrines de vie, leurs modes de pensée, leur organisation et tout ce qui nuit à l’esprit et à la lettre de l’Islam. Nous sommes non seulement en train de leur donner l’accès des terres musulmanes  leur prédation économique et à l’implantation de leurs bases militaires, mais nous les prenons comme modèles d’inspiration de l’Etat et de nos partis y compris ceux se réclamant de l’Islam. Analysons le contenu de l’énoncé coranique et tirons toutes les conséquences en termes de compréhension de notre Dine :

 {O vous qui êtes devenus croyants, ne prenez point les Juifs et les Nazaréens comme protecteurs. Ils sont protecteurs les uns des autres. Quiconque d’entre vous les prendrait comme protecteur, il sera des leurs. Certes, Allah ne guide point les gens injustes. Ainsi, tu vois ceux qui ont une malveillance dans leurs cœurs s’empresser vers eux, disant : « Nous craignons qu’un malheur ne nous frappe ». Mais Allah Apportera la Victoire, ou une chose de Sa Part. Alors ils auront du remords pour ce qu’ils ont dissimulé dans leur for intérieur. Et ceux qui sont devenus  croyants disent : « Sont-ce ceux-là, ceux qui ont juré par Allah, de tous leurs serments, qu’ils sont avec vous ? ! » Vaines ont été leurs œuvres, alors ils furent des perdus. O vous qui êtes devenus  croyants, quiconque d’entre vous renie son Dine, Allah fera venir des gens qu’Il aime et qui L’aiment, humbles à l’égard des croyants, fermes à l’égard des renégats, qui s’efforce dans  la voie d’Allah et ne redoutent point le blâme d’un censeur. Cela est la Munificence d’Allah, Il l’Accorde à qui Il Veut. Allah Est Tout-Largesse, Tout-Scient. Toutefois, votre Protecteur est Allah, son Messager et ceux qui sont devenus    croyants : ceux qui accomplissent la prière, qui s’acquittent de la Zakàt, tout en étant modestes. Et quiconque prend comme Protecteur Allah, Son Messager et ceux qui sont devenus  croyants : c’est le Parti d’Allah qui est  les vainqueur.} Al Maidah  52 à 56

Ces mêmes qui s’alignent sur l’Occident dans leur organisation partisane et les autres qui rejettent l’Occident et se croient la faction sauvée en entretenant l’exclusion, l’exclusive et la partition idéologique et religieuse de la communauté musulmane au lieu de sa fédération, de son unification et de sa fraternisation  ont pris leur Dine pour amusement,  une opinion personnelle, et une visée mondaine oubliant le  un « nous », celui du  collectif engagé dans l’obéissance d’Allah, et l’amour les uns envers les autres.  Allah nous demande de transcender nos différences sociales, intellectuelles et économiques  pour  harmoniser et fraterniser la société et la laisser se concentrer sur sa vocation de « meilleur communauté suscitée pour l’humanité » :

 {C’est Nous qui avons distribué leur mode d’existence dans la vie terrestre, et Nous avons élevé les uns d’entre eux au-dessus des autres, de quelques degrés, afin que les uns soient au service des autres. Et la Miséricorde de ton Dieu est meilleure que ce qu’ils amassent.} As Zukhruf 32

Allah a instauré la différence et la divergence comme moyen de singularité individuelle et facteur d’attraction sociale pour que chacun serve les autres dans le cadre du bénévolat, du salariat, de l’entreprenariat ou de la famille. Par cette attraction sociale qui met les gens en partenariat sur une base de solidarité Allah vise la complémentarité des dons, la promotion du mérite, la mise à l’épreuve de la foi et la synergie qui crée l’unité dans la diversité des aptitudes individuelles et dans les compétences territoriales sur le plan des ressources et des spécialisations en termes de métiers et d’activités.  Ce principe est antinomique avec la divergence des partis et des doctrines dans le même Dine car elle sape l’unité, la cohésion par la rivalité politique et la compétition partisane pour le pouvoir. Il ne s’agit pas de ne plus faire de politique ni de ne pas recourir aux références islamiques en matière de militantisme pour le bien et l’intérêt public, pour la gestion juste et équilibrée de la cité, pour un vivre ensemble reconnaissant à chacun ses droits et ses devoirs, ses libertés et son exercice citoyen dans la souveraineté du peuple sur ses ressources, son devenir. Il s’agit de ne pas laisser la religion instrumentalisée par l’esprit partisan  dans la conquête du pouvoir ou le maintien du pouvoir. Il s’agit de ne pas rendre la politique une dérive vers la discorde au nom de la religion ou contre la religion. Faire de la politique est un devoir religieux, mais s’enfermer dans un cadre partisan c’est dévier de la voie sensée des Prophètes.

Le Croyant doit se poser les questions suivantes et y répondre avec franchise : Est-ce qu’Allah a deux ou plusieurs partis ? Est-ce qu’Il deux ou plusieurs religions ? Est-ce qu’il a dans le Coran des versets qui se contredisent ou qui s’abrogent ? Qui est le parti d’Allah ? Comment démarquer le parti d’Allah du parti de Satan lorsque les musulmans activent dans l’arène politique en rangs dispersés, contradictoires, ennemis les uns des autres ?

Lorsque nous méditons le Coran nous voyons que si le Dine a commencé de nouveau  par la Fatiha pour enraciner la spiritualité, il a commencé de nouveau dans l’histoire des hommes et dans leur méthodologie nouvelle par la lecture. La lecture est la quête de sens et la quête de la finalité de l’existence. Sans lecture il n’y ni livre, ni mémoire, ni inscription et conservation de sens, ni apprentissage, ni libération de l’homme du temps et de l’espace et des limites de sa mémoire qui confinent son existence :

 {Lis, au nom de ton Dieu, Celui qui a créé. Il a créé l’homme de ‘alaq. Lis, ton Dieu est le Sublime absolu,  Celui qui a enseigné par le Calame. Il enseigna à l’homme ce qu’il ne savait pas.} Al ‘Alaq 1

Lorsque nous méditons le Coran nous voyons qu’après la lecture c’est-à-dire la science qui part en quête de Dieu, de la connaissance de Ses Noms, de Son dessein pour l’homme, nous sommes tenus par la seconde sourate révélée alors que Mohamed (saws) venait se blottir auprès de son épouse par peur de la lourde charge de la révélation qui lui demande de porter un livre alors qu’il était un oummi qui ne connait ni la lecture ni l’écriture et qui n’a jamais eu accès à l’écoute des livres religieux ou philosophiques  de son temps et notamment l’Evangile et  la Tora. Le sens coranique de oummi n’est pas celui d’illettré ou d’analphabète, mais celui d’intégrité et de virginité sur le plan intellectuel et spirituel le rendant pure et sain de toute influence extérieure autre que le bon sens naturel et l’idée de Dieu qu’il avait par sa Fitra. Allah va lui confier sa mission qui va d’abord consister à une éducation personnelle le rendant apte à la seconde mission, celle de la prédication :

 {O toi, l’emmitouflé,  lève-toi pour prier la grande partie de la nuit : sinon sa moitié, ou un peu moins, ou un peu plus, et récite le Coran avec beaucoup de soins. Nous Allons te Révéler une parole solennelle. Certes, l’adoration nocturne est plus intense et de meilleure consistance. Tu as certes, pendant la journée, amplement de temps. Et évoque le Nom de ton Dieu, et dévoue-toi à Lui totalement. Dieu du levant et du ponant, il n’y a point de Dieu que Lui, prends-Le donc pour Procurateur.} Al Mouzzamil 1 à 9

Si la première sourate fixe la finalité et la méthodologie du Dine, la seconde en définit le contenu. Ce contenu est la prière, l’étude du Coran, l’adoration,  vivre avec la présence et dans la proximité d’Allah, le dévouement et la remise en toute confiance à Allah qui est le Protecteur.  C’est principalement ce contenu que Mohamed va prêcher durant son existence et l’enraciner dans le cœur des croyants pour les libérer du paganisme, de l’obscurantisme et en faire des prédicateurs libérateurs et civilisateurs.   Le Dine est donc davantage un état d’esprit, une éthique, une esthétique de comportement de l’homme créature envers Allah son créateur. La Salat est le cœur de ce Dine car elle est une intimité avec Allah, une éducation morale et spirituelle, mais aussi  une fédération sociale et une incitation au bien comme le spécifient les versets coraniques dont nous citons quelques versets à titre d’illustration :

 {… qui répondent à l’appel de leur Seigneur, accomplissent la Salàt, se consultent entre eux à propos de leurs affaires, dépensent de ce que Nous leur attribuons, et qui, atteints par l’injustice, ripostent.} As Choura 38

{Récite ce qui t’est révélé du Livre et accomplis la Salat. En vérité la Salat préserve de la turpitude et du blâmable. Le rappel d’Allah est certes ce qu’il y a de plus grand.} Al ‘Ankabout 45

{Cultive, certes, celui qui se purifie, et se rappelle le nom de son Seigneur, puis célèbre la Salàt.} Al A’âla 14-15

L’effort de méditation sur le rapport entre le Dine et la Salat dans leur double configuration spirituelle et temporelle nous amène à la plus courte sourate du Coran dont le  nom est  « l’Abondance » :

 {Certes, Nous t’avons donné l’abondance. Prie donc ton Dieu et immole.} Al Kawtar 1

Nous voyons le lien qui s’établit entre le lien ininterrompu entre Allah, Son don à profusion comme récompense et le croyant invité à l’espérance et à la gratitude  dans une sourate qui est la plus courte du Coran (10 mots arabes sur 3 versets). Le sublime du Coran se révèle dans ses métaphores et ses oxymores. Ici nous sommes en présence d’un nombre minimal de mots qui annoncent l’abondance infinie dans un monde infinie et éternel.

L’imam Ibn Ibrahim abou ‘Araf de la Mosquée Al Aqsa dit dans son commentaire sur cette sourate qu’il n’y a de don à profusion que s’il y a persistance de bienfaits de la part d’un Bienfaiteur immuable et détenteur de toute chose, il n’y a de persistance de bienfaits que s’il y a abondance et il n’y a abondance que s’il y a agreement, agrément de Dieu envers Son dévoué pour sa vertu et satisfaction du Croyant envers son créateur pour lui exprimer sa gratitude et lui rendre grâce  : « Louages à Allah Maitre des univers ».

Symboliquement le Coran nous délivre le message suivant : Allah en échange du peu de vos œuvres Il vous donne l’abondance infinie et éternelle. Le critère n’est pas la quantité des œuvres, mais la qualité, la loyauté et la sincérité :

 {Certes, ceux qui récitent avec assiduité et minutie le Livre d’Allah, accomplissent la prière et font aumône  de ce que Nous leur avons octroyé, en secret et en public, aspirent à un négoce dont le gain est intarissable, afin qu’Il leur règle intégralement leurs rémunérations, et les gratifie d’un surplus de Sa Munificence. Il Est Absoluteur, Très-Gratifiant.} Fàtir 29-30

En dix mots très courts Allah montre la profusion de biens qui découle du Dine qui est exprimé, ici, en quatre pivots : l’étude et la mise en application du  Coran comme méthodologie et contenu de la foi, le suivi du modèle prophétique comme modèle de vie, la Salat comme ressourcement spirituel et purification ontologique et sociale, l’aumône comme don de ses biens pour les indigents. Il ne peut y avoir de Dine sans Salat accomplie dans le respect de ses règles cultuelles, ontologiques et sociales. Il ne peut y avoir de Dine sans justice sociale, il ne peut y avoir de Dine sans crainte d’être désavoué par son immoralité ou son injustice, il ne peut y avoir de Dine sans  espérance en la Promesse d’Allah et en l’attente active de cette promesse par la persévérance et la patience.  Il ne peut y avoir de Dine sans implication sociale et tout particulièrement envers les pauvres et les nécessiteux.  Le Dine ce sont l’ensemble des  mœurs sociales fondées sur la foi, la vertu,  convivialité, le partage et la solidarité :

 {La bonne foi ne consiste pas à tourner vos visages vers le levant et le ponant. Mais la bonne foi désigne: celui qui croit en Allah, au Jour Dernier, aux Anges, au Livre et aux Prophètes; et qui donne de son bien _  malgré l’amour qu’il lui porte _ à ceux qui sont proches, aux orphelins, aux miséreux, au passager démuni, aux nécessiteux et pour l’affranchissement des esclaves; qui accomplit la prière, s’acquitte de la Zakàt; et ceux qui tiennent parole s’ils promettent ; et les persévérants lors du malheur et de l’adversité, et au moment du mal de la guerre. Ceux-là sont ceux qui ont été véridiques et ceux-là sont les pieux.} Al Baqarah  177

{… au sujet des criminels: « Qu’est-ce qui vous a acheminés à Saqar? »  Ils diront: « Nous n’étions pas de ceux qui faisaient la Salàt,  et nous ne nourrissions pas le pauvre, nous nous associons à ceux qui tenaient des conversations futiles,  et nous traitions de mensonge le jour de la Rétribution,  jusqu’à ce que nous est venue la vérité évidente (la mort). } Al Moudathir 41-47

 «  Quel est la meilleure pratique de l’Islam O Prophète ?  L’islam est que tu fasses manger ceux qui ont faim et que tu salues (tu accordes la paix) celui que tu connais ainsi que celui que tu ne connais pas » Hadith

« C’est quoi l’Islam  O Prophète ?  L’islam est la bonne parole et l’offre à  manger »

Le Dine peut se résumer en une sorte de contrat entre l’homme et son Créateur.  Chacun est invité à se poser la question en son for intérieur : Si Allah t’a donné et va te donner sans interruption un don  tu ne peux donc que  l’adorer par gratitude, mais tu ne peux l’adorer comme bon te semble, tu dois donc  prier, faire le bien et maintenir le lien attaché à lui d’une manière interrompue et discipliné selon la manière enseigné par Son Prophète.

La sourate Al Kawthar  permet donc de définir le Dine comme l’institution de la prière qui génère les bons comportements et la noblesse du cœur pour que le croyant devienne un agent social qui donne en abondance au lieu d’être un assisté qui ne cherche qu’à prendre ou un corrompu qui spolie autrui. Le Prophète Salomon a reçu l’ordre de distribuer les dons qu’Allah lui a donné à profusion sans compter à ceux qui ont droit et de ne pas les distribuer  à ceux qui n’ont pas droit ou qui ont démérité. Le Dine est la Justice et l’équité  dans la distribution des biens et des ressources sans gaspillage et sans atteintes aux droits légitimes et aux besoins des hommes :

 {Cela est Notre don, distribue-le ou conserve-le sans compter.} Sad 39

Le Dine compris par don espéré en contrepartie des dettes acquittées ne sera valide et authentique que s’il se pratique pour l’amour d’Allah et non par mimétisme social. Il ne peut y avoir Dine ou don à autrui alors que la dignité d’autrui est bafouée. Le Dine est invalide lorsqu’il y a tromperie et leurre dans l’intention ou dans l’acte, même si nous ne pouvons par nous-mêmes dire à un tel que son Dine est valide ou non.  Il y a plusieurs invalidités du Dine nous en citons quelques une :

La première invalidation  est la transgression du devoir d’obéissance à Allah et au Prophète (saws) :

 {O vous qui êtes devenus croyants, obéissez à Allah et obéissez au Messager, et n’annihilez pas vos œuvres.} Mohammed 33

La seconde  invalidation  est l’atteinte à la dignité d’autrui :

 {Ceux qui dépensent leurs biens pour la cause d’Allah, puis ne font pas suivre ce qu’ils dépensèrent de vantardise, ni de nuisance, auront leur rémunération auprès de leur Dieu. Nulle crainte pour eux et ils ne seront point affligés. Un dire convenable et un pardon sont meilleurs qu’une aumône suivie de nuisance. Allah s’en Passe, Il Est Longanime. O vous qui êtes devenus croyants, n’annihilez pas vos aumônes par la vantardise et la nuisance, comme celui qui dépense son bien par ostentation devant les hommes, et qui ne croit ni en Allah ni au Jour Dernier. Son exemple est comme l’exemple d’un rocher couvert de poussière, qu’une averse frappa et laissa tout aride. Ils n’ont aucune prise sur ce qu’ils ont acquis, et Allah ne Guide point les gens mécréants.} Al Baqarah 262 à 264

L’être sensé comprends que si l’ostentation ou le mépris annule une œuvre considérée comme fondamentale dans le Dine alors que dire du meurtre sans justice et sans droit d’un homme, et que dire des appels à prendre les armes contre des tyrans sans avoir épuisé les solutions pacifiques ni avoir pris les précautions pour ne pas mettre leur pays en ruines et ne pas mettre la vie des innocents en danger ou considérer les fonctionnaires de l’armée et de la police comme des mécréants méritant la mort sous prétexte qu’ils défendent le tyran mécréant :

 {Il n’appartient point à un croyant de tuer un croyant sauf par erreur.} An Nissa 92

{Quiconque tue un croyant intentionnellement, sa punition sera la Géhenne où il s’éternisera ; Allah le Frappera de Sa Colère, le Maudira et lui Préparera un immense châtiment.} An Nissa 93

{Si jamais tu tends ta main vers moi pour me tuer, je ne tendrai point ma main vers toi pour te tuer. Je crains Allah, Dieu des Univers} Al Maidah 28

{Quiconque tue une personne sans qu’elle ait tué ou corrompu de par la terre, serait comme s’il avait tué les hommes en totalité, mais quiconque la laisse vivre, serait comme s’il avait laissé vivre les hommes en totalité} Al Maidah 32

« Le Croyant demeure dans la vastitude du Dine tant qu’il n’ pas provoqué l’effusion du sang sacré » Hadith

La troisième invalidation est rompre l’Alliance avec Allah, rompre les liens de parenté et rompre les promesses et les pactes sans justice :

 {Certes, Allah n’est pas embarrassé de fournir en exemple un moustique ou ce qui est davantage plus infime. Quant à ceux qui sont devenus  croyants, ils savent que c’est la Vérité émanant de leur Dieu; et quant à ceux qui sont devenus  mécréants, ils disent : « Qu’a-t-Il voulu, Allah, par cela ? » C’est un exemple avec lequel Il fourvoie énormément et guide énormément; mais Il ne fourvoie que les pervertis, ceux qui violent l’Alliance d’Allah après l’avoir conclu, qui rompent les liens qu’Allah a commandé de maintenir, et qui corrompent de par la terre; ceux-là sont les perdus.} Al Baqarah 26-27

La quatrième  invalidation est le fanatisme et l’extrémisme :

 {O gens du Livre, pourquoi confondez-vous le Vrai avec le faux et taisez-vous la Vérité en le sachant ?} Ali ‘Imrane  71

{Dis : « O gens du Livre, n’exagérez point dans votre religion par la contre-vérité. Ne suivez point les passions de quelques gens qui se sont déjà fourvoyés, qui ont beaucoup fourvoyé, et qui se fourvoyèrent de la rectitude de la voie.} Al Maidah 77

« Faites attention au fanatisme dans la religion. Des nations antérieures ont été anéanties par leur exagération dans la religion »

 « Malheurs aux extrémistes »

La cinquième  invalidation est la subordination idéologique, culturelle  et religieuse aux non musulmans qui place l’ennemi de l’Islam en tuteur sur les esprits et les territoires des musulmans :

 {Et un groupe des gens du Livre dit : « Croyez en ce qui fut Révélé aux croyants, en début de journée, et mécroyez en sa fin, peut-être en reviendraient-il ? Et ne vous fiez qu’à celui qui suit votre religion ».} Ali ‘Imrane  72 à 73

{O vous qui êtes devenus croyants, ne prenez point comme protecteurs ceux qui tournent  votre Dine en dérision et en moquerie, de parmi  ceux à qui le Livre a été révélé avant vous, ni les mécréants. Et craignez Allah, si vous êtes croyants.} Al Maidah 57

L’expérience historique a montré comment les empires et le colonialisme avilissent les élites et pervertissent la langue, la culture, la religion et les mœurs des peuples colonisés livrés à la merci de la paupérisation, de la spoliation et de l’exploitation :

 {Certes, quand les pouvoirs impériaux s’emparent d’une Cité, ils la corrompent et avilissent les nobles de ses habitants. C’est ce qu’ils font toujours.} An Naml 34

Le réquisitoire le plus tranchant contre le colonialisme qui humilie les peuples et corrompt leur religion est celui du Cheikh Mohamed Al Bachir Al Ibrahimi (1889 – 1965):

« Le colonialisme dans sa globalité comme dans ses composants est une souillure provenant de l’œuvre de Satan, ses partisans se rencontrent sur ses propagations perverses celles-là même qui sont poussées par les instincts prédateurs voraces des colonisateurs et animés par les théories du colonialisme expertes dans la construction des instruments impitoyables de prédation et cultivées dans l’art de mettre en servitude les objets de leurs convoitises. Parmi ses moyens les plus redoutables, le colonialisme sape le moral des colonisés et anesthésie leurs sensibilités morales et spirituelles

 La France est venue en Algérie avec son missionnaire évangéliste colonisateur pour corrompre l’islamité des Algériens, les pousser à douter de leur foi et de leurs valeurs, et provoquer la sédition et le désordre au sein des Musulmans. Elle est venue pour effacer de leur mémoire et de leur langue le Nom d’Allah Al Hadi (Celui qui donne la Guidance) par le nom de leur icône déifié « le Rédempteur » en donnant à ce missionnaire l’appui logistique, le soutien militaire après avoir nié Jésus là-bas et décidé de l’imposer ici

 La France est venue avec l’éducation « colonisatrice » et la science « colonialiste » pour corrompre les esprits des fils des Musulmans et semer le trouble dans leurs pensées, pour déposer leur conscience, leur langue et leur littérature au profit de celles de la France, pour falsifier et dénaturer leur histoire et réduire le rôle et l’importance de leurs ancêtres à leurs yeux fascinés par d’autres figures, pour les inciter à renoncer à leur religion. L’enseignement colonial vise à créer une pensée handicapée dont les effets sur la personnalité sont pires que ceux de l’ignorance.

  La France est venue avec le médecin colonialiste dont la vocation première est de préserver la santé de la population européenne et de ce fait il ne s’installe que là ou s’installe la colonie de peuplement européen ou européanisé. Il n’a pas la préoccupation d’être auprès des campagnes, des tribus et des douars peuplés par les millions de Musulmans. Si la médecine colonialiste intervient dans la population musulmane c’est comme si sa vocation n’est pas de soigner mais d’inoculer des maux nouveaux à la place d’un mal ancien, d’éradiquer un microbe en cultivant à sa place d’autres microbes, d’expérimenter ses nouveaux savoirs et ses nouveaux remèdes sur une population musulmane devenue cobaye humain. Tous ces désastres ne suffisent pas, il faut encore que le médecin français s’enrichisse sur le dos des malheurs des autochtones musulmans que le colonialisme a précarisé sur le plan sanitaire par l’instauration de la pauvreté et de l’ignorance.

 « Il est certain que le colonialisme institué sur le soldat, le missionnaire, l’enseignement et le médecin est une structure animale prédatrice marchant sur quatre pattes. C’est par ces quatre moteurs que le colonialisme a mis en panne les talents, les possibilités et le génie de millions de musulmans. Il a ainsi pu saper leur effort, figer leur mental, rendre inerte leur cognition, rendre stériles leurs idées. Il a ainsi privé l’humanité de millions de potentialités en énergie créatrice, en cerveau fécond, en mental imaginatif, en idée généreuse qui sont un prodigieux capital dont l’humanité aurait profité et utilisé pour résoudre ses problèmes mais que le colonialisme a saboté, détruit, détourné du bien pour laisser les collectifs humains sans ressources capables d’ériger des cités, de promouvoir des civilisations et de se mettre au service de l’humanité. Le colonialisme est la forme la plus pessimiste et la plus cynique dans la destruction de l’humain. »

 Des religions à caractère raciste, ethnocentrique  ou anthropomorphique ne peuvent être le Dine d’Allah. Ce type de religion produit le colonialisme et le racisme au nom de la religion.

La culture de la foi, de la vertu,  de l’éthique et de l’esthétique de ce Dine est différente de celle des autres religions et c’est pour cette raison que dès l’ouverture du Coran et à chaque Salat, le Musulman exprime sa rupture  avec le christianisme et le Judaïsme et implore Allah de le préserver de leurs déviations et de leurs prétentions à détenir la vérité alors qu’ils ont trahi et déifié les Prophètes de Dieu :

 {Guide-nous vers le chemin de rectitude, le chemin de ceux que Tu as gratifiés : ni les réprouvés, ni les fourvoyés.} Al Fatiha

Les Juifs et les Chrétiens sont désapprouvés pour leur monolâtrie qui diffère du monothéisme. Chacun d’eux non seulement ne croient pas au Dieu universel, mais à un dieu le leur qu’ils ont confondu avec un des Prophètes de Dieu :

{Et ils disent : « N’entrera au Paradis que ceux qui sont Juifs ou Nazaréens ». Telles sont leurs fabulations ! Dis : « Apportez votre preuve si vous êtes véridiques ».} Al Baqarah 111

{Les Juifs ont dit : « ‘Uzayr est fils d’Allah », et les Nazaréens ont dit : « Le Messie est fils d’Allah ». Ce sont leurs paroles de leurs propres bouches. Ils imitent les dires de ceux qui sont devenus  mécréants auparavant. Qu’Allah les Combatte où qu’ils louvoient !  Ils ont pris leurs savants, leurs moines, et le Messie fils de Marie comme Dieu, à l’exception d’Allah, alors qu’il ne leur a été ordonné que d’adorer un Dieu Unique. Il n’y a d’autre Dieu que Lui, Gloire à Lui, Il Est bien au-dessus de ce qu’ils associent.}  At Tawbah 32

Les Juifs et les Chrétiens sont connus pour leur haine réciproque et leur désaccord religieux :

 {Les Juifs ont dit : « Les Nazaréens ne tiennent sur rien », et les Nazaréens ont dit : « Les Juifs ne tiennent sur rien », et ils récitent le Livre! Ainsi ceux qui ne savent pas disent aussi les mêmes paroles.} Al Baqarah 113

Ils sont entrain de transcender leur clivage religieux et idéologique en s’allieant contre l’Islam sous le masque du sionisme et de l’impérialisme alors que les Musulmans se divisent, se fragmentent et s’entretuent en opposition avec leur Dine :

 {Et qu’il y ait parmi vous une Communauté : qui incitent au bien, commandent le bon usage, et interdisent ce qui est répréhensible. Ceux-là sont ceux qui cultivent.  Mais ne soyez pas comme ceux qui se sont désunis et ont divergé  dès que leur sont venus  les évidences. Ceux-là auront un immense châtiment. }  Ali ‘Imrane 104-105

Notre Dine est celui d’Allah qui nous ordonne l’unité conformément au « Nous » de la Fatiha qui ouvre notre livre et notre Salàt :

{Attachez-vous tous au Câble d’Allah et ne vous désunissez point. Rappelez-vous la Grâce d’Allah envers vous lorsque vous étiez des ennemis, puis Il a uni entre vos cœurs et vous êtes devenus  frères, par Sa Grâce; alors que vous étiez au bord d’un abîme du Feu et qu’Il vous en a sauvé. Ainsi Allah vous démontre Ses Signes, pour que vous soyez guidés!} Ali ‘Imrane 103

Le Câble d’Allah est Son Dine, Sa Parole (le Coran) et Son Messager, l’ultime prophète Mohamed (saws).  Vivre en contradiction ou en opposition avec ce principe d’unité sacrée ce n’est pas seulement invalider le Dine, mais c’est le démolir. Dans ce cas c’est une transgression qu’ hélas nous commettons chaque jour.


 

Signification du Dine. Partie 1

Signification du Dine. Partie 3 – Bientôt

Extraits du livre  » Dine ou Religion » – Omar Mazri -2010 – Édition & Conseil

 

Signification du Dine – Partie 1


Problématique.

 

« Le Prophète (saws) a dit : Le Dine c’est le bon conseil et la loyauté ». Nous lui avons demandé : « Vis-à-vis de qui ? » Il a répondu : « vis-à-vis d’Allah, de Son Livre, de Son Messager, des guides des Musulmans et du commun des gens». Hadith

 

Ce Hadith sublime a répondu sans faille ni détours ni omission sur le Dine et la loyauté à la Parole d’Allah, à la Sunna du Prophète, à l’exercice du pouvoir légitime et au service des fondamentaux de l’Islam, à la société vivante qui vit miséricordieuse, éclairée et responsable à l’ombre de l’Islam et comme partenaire associé à la gouvernance politique et économique. Mais celui qui ne connait pas l’Islam ou le refuse va se trouver face à des interrogations fallacieuses.

Pouvons-nous avoir une explication épistémologique et religieuse du mot « Dine » et pouvons-nous traduire le Dine par « religion » et donner ainsi à ce Hadith sa véritable résonnance morale et spirituelle sans l’entacher par le Wahn, la faiblesse qui nous rend insignifiant, inconséquent, absurde, une grande coquille vide de consistance ? Pouvons-nous expliquer le sacré par le profane ? Pouvons nous expliquer le Dine dans l’Islam sans  le recours aux sociologues, aux ethnologues  et aux anthropologues du positivisme français ou anglo-saxon ?

 

Étymologie

 

1- Quelle est la signification du mot « Religion » dans la langue française?

 Le mot religion dans la langue française est issu  des termes latins « religio » signifiant conscience et recueil, et « religare » signifiant relier, et « relegere » signifiant recueillir mais aussi relire. Elle est définie philosophiquement comme le rapport de l’homme à l’ordre du sacré (divin ou non divin), tendant à se concrétiser sous la forme de systèmes de dogmes ou de croyances, de pratiques rituelles et morales. Le sacré est par définition indiscutable par rapport au profane discutable. Elle est définie aussi comme culte rendant hommage au(x) dieu(x). Dans un cas comme dans l’autre l’animisme, le fétichisme, le bouddhisme, le paganisme, le Judaïsme, le Christianisme, le communisme, le  républicanisme, le socialisme, le scientisme, l’économisme, le laïcisme, la capitalisme, le mondialisme, le matérialisme, le sionisme et le satanisme sont des religions avec leur sacré, leurs idoles, leurs temples, leurs rites, leurs doctrines, leurs livres et leurs adeptes.

Si on considère le terme  religion sur le plan lexical et sa pratique d’oraison  dans le christianisme on pourrait dire la religion correspond à la prière en sa qualité de relation avec Dieu, de relation entre les orants et d’invocation. En effet le Prophète (saws) a définit la quintessence de l’Islam dans la prière et la quintessence de la prière dans l’invocation.

 أس ال

 « L’ordre suprême est l’Islam, son sommet est le Jihad,  sa colonne  est la Salat »

Si la colonne s’écroule tout l’édifice s’écroule et c’est ainsi que le Prophète et ses compagnons ont considéré que celui qui délaisse la prière a démoli sa religion comme ils ont considéré que le dernier pacte d’un musulman avec la communauté musulmane est la prière. La différence fondamentale entre le Dine islamique et les autres religions est la Salat :

 العهد

« Le pacte qui nous lie est la Salat, quiconque a abandonné la Salat a alors renié »

En comparaison avec religion (religare) l’habitude est de voir  la Salat (الصلاة) dans une proximité lexicale avec Silat (lien, attachement, relation) et ainsi conclure que la religion est la Salat alors que le Dine est l’ensemble des piliers et des prescriptions de l’Islam. Cependant le Coran a nettement  distingué la Salât (الصلاة) de l’invocation (الدعاء) et de ce fait nous ne pouvons pas confondre le Dine compris comme prière et invocation avec la religion comprise comme prière et invocation.

 

{Quand vous avez accompli la Salàt, invoquez le nom d’Allah, debout, assis ou couchés sur vos côtés} An Nissa 103

Par ailleurs un des imams de la mosquée Al Qods, Ben Ibrahim abou ‘Arfa a montré sur le plan linguistique qu’il y a une différence lexicale entre le lien (الصلة) dont la racine est WSL  (و ص ل) lier, atteindre, et la Salat (الصلاة) dont la racine est SWL  (ص ل و).

Que signifie donc le verbe SWL  (ص ل و) ? C’est l’ensemble des mouvements de la tête, du dos et du corps accomplissant le rituel de la prosternation dans des rangs successifs derrière un guide. Ce rituel caractéristique de la Salât est le même que l’ensemble des Prophètes et de leurs adeptes et que nous retrouvons encore sous une forme approximative dans certaines factions juives et chrétiennes attachées aux traditions.

En réalité le terme Salat  ne peut être confiné au  sens cultuel ou de posture de la prosternation, il englobe, au regard du réseau de sens qu’il entretient avec d’autres termes signifiants dans l’énoncé coranique,  l’institution du lien spirituel et social comme le stipule, à titre d’illustration les trois énoncés suivants :

 {… qui répondent à l’appel de leur Seigneur, accomplissent la Salât, se consultent entre eux à propos de leurs affaires, dépensent de ce que Nous leur attribuons, et qui, atteints par l’injustice, ripostent.} As Choura 38

{Récite ce qui t’est révélé du Livre et accomplis la Salât. En vérité la Salât préserve de la turpitude et du blâmable. Le rappel d’Allah est certes ce qu’il y a de plus grand.} Al ‘Ankabout 45

{Cultive, certes, celui qui se purifie, et se rappelle le nom de son Seigneur, puis célèbre la Salât.} Al A’âla 14-15

 

2 – Religion et lutte idéologique contre l’Islam.

 

Dans la recherche des définition il est remarquable de voir que lorsqu’on interroge les dictionnaires français sur christianisme,  judaïsme et bouddhisme on voit la référence à la religion alors que le terme  islamisme au lieu de trouver la logique de religion de l’Islam ou religion islamique nous trouvons « Religion de Mahomet » sachant que le terme Mahomet (celui qui n’a jamais louangé) est la signification contraire de Mohamed (Celui qui est excellent en louanges, qui a la vocation de louanger Allah). Le Larousse qui est le dictionnaire de vulgarisation le plus populaire on trouve une définition qui n’est pas surprenante pour l’esprit averti qui y voit le radicalisme idéologique : « Islamisme : Mouvement regroupant les courants les plus radicaux de l’islam, qui veulent faire de celui-ci, non plus essentiellement une religion, mais une véritable idéologie politique par l’application rigoureuse de la charia et la création d’États islamiques intransigeants. »

 J’ai relevé cet extrait de Wikipedia assez significatif : « À l’instar de quelques auteurs et de quelques polémistes, dans son ouvrage Soufi ou mufti ? Quel avenir pour l’islam, l’islamologue française Anne-Marie Delcambre estime, quant à elle, que « islamisme » et « islam » désignent une réalité indistincte, posant que la nouvelle acception du terme « islamisme » – l’acception politique – puiserait sa source dans l’affirmation du juriste égyptien, Muhammad Sa’id al-‘Ashmawi, qui avait déclaré que « Dieu voulait que l’islam fût une religion, mais les hommes ont voulu en faire une politique ». Elle voit ainsi dans l’islam et l’islamisme une forme de continuité, une réalité inchangée, proposant une vision à laquelle s’oppose son préfacier américain, le journaliste Daniel Pipes qui argue, lui, que l’islamisme est une « manifestation spécifique, moderne et extrémiste de l’islam » s’inscrivant dans une réalité évolutive. »

  Pour ceux qui ne le connaissent pas, Daniel Pipes est un sioniste américain qui affiche son intégrisme et sa haine de l’Islam. Il est l’inventeur dans les années 70 du mot « islamophobia » non pour décrire la réalité de la stigmatisation du musulman mais pour donner un outil sociologique et psychologique de lutte idéologique pour créer la méfiance envers le Musulman et la défiance entre les Musulmans. Écrivain et journaliste il écrit chaque semaine un article contre les Musulmans s’appuyant sur sa haine mais aussi sur sa connaissance de la langue arabe qu’il a étudié au Caire et de l’Islam qu’il a étudié comme doctorant sur la législation islamique à Harvard. Anne-Marie Delcambre est la traductrice et la vulgarisatrice des thèses islamophobes et sionistes de  Daniel Pipes.

 

 3 –  Quelle est la signification du mot « Dine » dans la langue arabe?

 

الدينُ : والشأن العادة Le Dine (Al ‘àda wal chàn) serait l’état naturel et la coutume.

Il s’agit d’une définition qui fait référence à Abraham. Le Dine est la coutume dans le sens où c’est la tradition abrahamique d’adorer Allah en sa qualité de Hanif c’est-à-dire d’être naturellement religieux et monothéiste. L’état naturel vise la Fitra humaine, la religion primordiale. Il vise vise la situation monothéiste des peuplades et des nations depuis Adam ainsi que les circonstances morales, économiques, technologiques, scientifiques, sociales et politiques qui construisent la grandeur, la gloire et la prospérité des adeptes de ce Dine :

 {Et ils dirent : « Soyez juifs ou nazaréens, vous serez guidés ». Dis : « Bien au contraire : la confession d’Abraham, pur monothéiste, et qui ne fut point du nombre des polythéistes». Dites : « Nous sommes devenus croyants en Allah, en ce qui nous a été Révélé, et en ce qui a été Révélé à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, et en ce qui a été Révélé à Moïse, à Jésus, et en ce qui a été Révélé aux Prophètes par leur Seigneur. Nous ne faisons de distinction entre aucun d’entre eux et nous nous remettons à Lui ». S’ils croient en cela même que vous croyez, ils se sont effectivement bien guidés, et s’ils s’en détournent, c’est qu’ils sont en schisme. Allah sûrement te Prémunira contre eux, car Il Est L’Omni-audient, L’Omniscient. La Sibgha d’Allah! Qui donc est meilleur qu’Allah pour donner une Sibgha ?} Al Baqara 135

Le Dine est qualifié dans ce verset de Sibghat d’Allah (صِبْغَةَ اللّهِ وَمَنْ أَحْسَنُ مِنَ اللّهِ صِبْغَةً وَنَحْنُ لَهُ عَابِدونَ), la coloration, la  couleur dans le sens de l’empreinte visible et indélébile qu’Allah a déposé dans l’être humain même si ce dernier nie sa foi ainsi que l’habit le plus esthétique  dans le sens d’habitudela plus conforme à la nature humaine.  Cela signifie aussi qu’il n’ya pas de changement à la religion d’Allah qui est une et unique : l’Islam. Les Feuillets d’Abraham, les Psaumes de David, la Tora, l’Evangile et le Coran sont une seule et même parole conférant aux hommes une seule et même  croyance et une seule et même Char’ia. Quiconque soutient l’idée de trois religions monothéistes ou que l’Islam est un rameau du monothéisme à l’instar du judaïsme et du christianisme a proféré des mensonges contre Allah qui dit sans équivoque :

 {Dites : « Nous sommes devenus croyants en Allah, en ce qui nous a été révélé, et en ce qui a été révélé à Abraham, à  Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, et en ce qui a été révélé à Moïse, à Jésus, et en ce qui a été révélé aux Prophètes par leur Dieu. Nous ne faisons de distinction entre aucun d’entre eux et nous nous remettons à Lui ». S’ils croient en cela même que vous croyez, ils se sont effectivement bien guidés, et s’ils s’en détournent, c’est qu’ils sont en schisme. Allah sûrement te Prémunira contre eux, car Il Est L’Omni-Audient, Le Tout-Scient.} Al Baqara 136

{Aucune altération aux Paroles d’Allah. Cela est sûrement l’immense triomphe.} Younes 64

Pour bien montrer l’importance de la coutume, des habitudes et des relations sociales dans la préservation ou dans la démolition du Dine le Prophète (saws) a dit : «L’homme a la même religion que son ami. Que l’un de vous fasse donc bien attention à celui qu’il prend pour ami!»

 Le schisme qui est le contraire de la Sibghat d’Allah est de quitter le monothéisme pour l’idolâtrie, la monolâtrie ou le sectarisme et adopter des postures de fourvoiement ou de déviation de la Vérité qui deviennent des coutumes erronées,  des préjugés et des croyances contraire au monothéisme :

 {Certes, ceux qui ont séparé  leur religion et sont devenus des sectes, tu n’es des leurs en rien} (al Maidah 159).

La Sibgha est la teinture, la coloration, l’habit, l’habitude, la saine nature qui mettent  le croyant dans sa couleur et sa tradition monothéiste vive sans tâche ni confusion. La Sibgha est la Religion naturelle celle de l’harmonie, de l’innéité, de l’amour, de la voie vers Allah, du gout spirituel de la personnalité de base qui a adopté le monothéisme comme couleur dominante. Dans la réalité la couleur est visible

grâce à la lumière qui comporte les ondes électromagnétiques venant du soleil et qui en se  réfléchissant sur un objet dévoile la couleur de cet objet. Le Dine c’est donc la couleur du  monothéisme qui façonne le regard perceptif, mental, éthique, esthétique et spirituel.

دانهَ : واستعبده دينا،ً أي أذلهًّ  ‘Abada Adorer – se soumettre – être humbles et recueillis

 Ce sens est le plus juste et le plus global car il concilie la Sibghat et l’islam par l’adoration dans tous les actes ontologiques et sociaux :

 

صِبْغَةَ اللّهِ وَمَنْ أَحْسَنُ مِنَ اللّهِ صِبْغَةً وَنَحْنُ لَهُ عَابِدونَ

 En traduisant Sibghat par Religion nous aurons le sens suivant :

 {La Religion d’Allah! Qui donc est meilleur qu’Allah pour donner une Religion ? Nous Lui sommes des adorateurs.} Al Baqarah 138

 

Le Dine  c’est  l’adoration d’Allah :

 

{Je n’ai créé les djinns et les êtres humains que pour M’adorer.} Al Dhàriyàte 46

 

Le Dine c’est la sujétion, la soumission et la servitude non comme le veut la traduction des orientalistes qui fait penser à un Dieu esclavagiste et à des Musulmans soumis, esclaves et serviteurs inaptes à la liberté. Il faut aller plus loin dans le sens étymologique de ‘abada pour comprendre qu’il s’agit d’un état de terrassement de soi par l’évocation et l’invocation d’Allah au point de devenir aplani n’opposant aucune résistance ni arrogance ni suffisance pour entendre avec humilité son message, le porter comme un véhicule libéré de l’accessoire des autres charges, et se diriger comme messager vers les autres pour leur transmettre humblement mais véridiquement la parole divine, mais aussi comme un itinérant allant vers Allah qui est le refuge, le secours, le recours et l’Espérance. Nous sommes par le Dine, compris comme sujétion adorative, dans une allusion à l’humilité, à la facilitation de la voie, à la posture de l’homme comme une Créature acceptant son Créateur, un indigent sollicitant Allah le Riche, le Généreux, un faible implorant l’Omnipotent qui entend et qui répond :

 {A Lui appartient ce qui est dans les Cieux et ce qui est dans la terre. Certes, Allah Est sûrement, Lui, le Tout-Riche, le Tout-Louable. N’as-tu donc pas vu qu’Allah vous a mis à votre service  ce qui est dans la terre, et que les navires voguent sur la mer par Son Ordre, et qu’Il Retient le Ciel de tomber sur la terre, rien que par Son Vouloir ? Certes, Allah Est sûrement Compatissant, Miséricordieux. Et c’est Lui qui vous a fait vivre, puis Il vous fait mourir, puis Il vous fera revivre.} Al Hadj 64

On retrouve d’autres racines qui évoquent la soumission pour  indiquer qu’Allah est le Seul Propriétaire :  المَدينةَ – المَدينُ : العبدُ

 {A Allah appartient ce qui est dans les Cieux et la terre. Certes, Allah Est le Tout- Riche, le Tout-Louable. Si ce qu’il y avait sur terre comme arbre était des calames, et que la mer était approvisionnée, après son tarissement, de sept autres mers, les paroles d’Allah ne s’épuiseraient point. Certes, Allah est Invincible, Sage. Votre création et votre résurrection ne sont que comme l’affaire d’une seule personne. Certes, Allah Est Omniaudient, Omnivoyant.} Luqman 26

 

{O Hommes ! C’est vous qui avez besoin d’Allah, et Allah Est Lui le Tout-Riche, le Tout-Louable.} Fatir 15

 

Tout le Coran est description de ce Dine du ‘Abd ( عبد ) comme comportement d’humilité et de déférence envers Allah en contradiction avec l’arrogance, la laideur et le formalisme de ceux qui se prétendent musulman et qui affichent leur ignorance ou  leur bigoterie avec ostentation :

 {Et annonce la bonne nouvelle à ceux qui sont déférents, ceux qui, si le nom d’Allah Est mentionné, leurs cœurs frémissent} Al Hadj 34

{Dis : « Croyez-y ou n’y croyez pas » : ceux qui ont déjà reçu la Science, auparavant, quand on le leur récite, tombent en prosternation jusqu’aux mentons, et disent : « Gloire à notre Seigneur. La promesse de notre Seigneur sera sûrement accomplie », et ils tombent jusqu’aux mentons en pleurant, et il les accroît en humilité.} Al Isra 107

 

الحساب والجزاء – دانهَ دينا أي جازاه Le Dine signifie aussi récompense, rétribution, jugement :

 

{Le Miséricordeur, Le Miséricordieux ; Maître du Jour du Jugement.} Al Fatiha 2

 

الدينُ : الطاعة فهو أمرٌ ينُقاد له : Le Dine c’est l’obéissance totale, le culte exclusivement voué à Allah sans lui associer un rival, un associé, un enfant :

 

{C’est Toi Seul que nous adorons et c’est à Toi Seul que nous recourons.} Al Fatiha 3

 Le Dine est la direction infaillible, l’alliance avec Allah

{Et ne vous fiez qu’à celui qui suit votre religion. Dis : « Certes, la Direction infaillible est la Direction d’Allah ». Que quelqu’un reçoive ce que vous avez reçu ou qu’on vous dispute auprès de votre Seigneur, dis : « La grâce est sûrement entre les mains d’Allah, Il l’Accorde à qui Il Veut ». Allah Est Tout-Largesse, Omniscient. Il privilégie de Sa miséricorde qui Il Veut. Allah Possède la Munificence immense.} Al ‘Imrane 73

 

{Et lorsque Allah Conclut l’Alliance des Prophètes : « Compte tenu de ce que Je vous Ai Révélé d’un Livre et de Sagesse, puis qu’un Messager vous est venu corroborant ce qui est avec vous, vous devez le croire et vous devez l’appuyer ». Il Dit : « Acquiescez-vous et vous engagez-vous à ces conditions à Mon Alliance ? ». Ils dirent : « Nous acquiesçons ». Il Dit : «Témoignez-en et Je Suis avec vous du nombre des témoins ». Quiconque s’en détourne, après cela, ceux-ci alors sont sûrement les pervertis. Aspirent-ils à une autre religion que celle d’Allah, alors qu’à Lui s’est remis tout ce qui est dans les Cieux et en la terre, de gré ou de force, et que c’est à Lui qu’ils seront ramenés?} Al ‘Imrane 81

 

{Il est parmi ceux qui se judaïsèrent qui altèrent les mots de leurs places et disent : « Nous avons écouté et nous nous sommes rebellés ; écoute, puisses-tu ne rien entendre et rà‘inà », en tordant leurs langues, et en attaquant la Religion. S’ils avaient dit : « Nous avons entendu et nous avons obéi ; écoute et veille sur nous », c’eût été meilleur pour eux et plus correct. Mais Allah les Maudit en raison de leur mécréance, car peu nombreux sont ceux qui croient.} An Nissa 46

 L’expression Rà‘inà راعنا veut dire : “Sacristi, écoute !” Jeu de mots dont les Juifs se servaient pour taquiner le Prophète et exprimer leur désobéissance en jouant sur les mots alors que le Dine est une obéissance scrupuleuse qui ne permet pas le badinage avec le sacré de la Révélation ni avec le respect et la révérence envers le Prophète porteur de ce Message à l’humanité :

 {Allah A Promis à ceux qui sont devenus croyants d’entre vous, et ont fait les œuvres méritoires de Faire d’eux, sûrement, les remplaçants sur la terre, comme Il Fit de ceux qui furent avant eux, des remplaçants, et de Donner sûrement plein pouvoir à leur religion, qu’Il a agréée pour eux, et qu’après leur inquiétude, Il la leur changera en sécurité. Ils M’adorent et ne M’associent absolument rien. Et quiconque mécroit après cela, ceux-ci alors sont les pervertis. Accomplissez la prière, et acquittez-vous de la Zakat, et obéissez au Messager, pour qu’Il vous Fasse  miséricorde.} An Nur 55

Si le croyant perd de son humilité, de sa dévotion et de son observance des prescriptions divines il devient alors chose insignifiante qui part au déchet de l’histoire humaine comme un misérable renégat avili :

{O vous qui êtes devenus croyants, quiconque d’entre vous renie sa Religion, Allah fera venir des gens qu’Il aime et qui L’aiment} Al Maidah 54

Le Dine est aussi de la même racine que « Deyne » qui veut dire dette mais aussi réciprocité.

Pour le croyant il n’y a de Dine que si le Croyant s’acquitte de la dette d’existence envers Son créateur, mais aussi s’acquitte d’une dette de devoirs envers le faible et l’opprimé en contrepartie des biens, de la richesse, des capacités et des aptitudes que la naissance et le destin de vie lui ont octroyé. Il n’y a de Dine que si les adeptes de ce Dine sont en solidarité mutuelle et réciproque :

 {Dis-moi donc, celui qui dément le Dine ! Celui-là, celui qui repousse l’orphelin, et qui n’incite point à nourrir le miséreux. Malheur donc à ceux qui prient : ceux qui sont distraits de leur prière, ceux qui simulent avec ostentation, et qui font obstruction à l’aide d’autrui !} Al Mà’oun 1

Le Dine dans l’Islam, compris comme cause d’Allah, c’est aussi l’exigence de  réciprocité envers l’agresseur :

 {Combattez, pour la cause d’Allah, ceux qui vous combattent et n’agressez point, car Allah n’aime point les agresseurs.} Al Baqara 22

{Allah ne vous Interdit pas – envers ceux qui ne vous combattent pour votre Dine, et ne vous chassent pas de vos demeures, – d’être bienfaisants et équitables envers eux. Certes, Allah aime ceux qui sont équitables. Mais Allah vous Interdit de prendre comme protecteurs ceux qui vous combattent pour votre Dine, qui vous chassent de vos demeures, et qui aident à vous expulser. Et quiconque les prend comme protecteurs, ceux là alors sont les injustes.} Al Mumtahinah 8

Les alliances avec l’agresseur et son protectorat  sont donc incompatibles avec le Dine tel que Allah l’a prescrit pour nous comme religion et mode de vie. Si nous tolérons la soumission à l’agresseur et l’alliance avec les ennemis de l’Islam alors le Dine n’est qu’un culte parmi les autres cultes sans coloration islamique qui le distingue des autres religions.

Le Prophète a utilisé le terme Dine dans le sens de réciprocité, de résultat d’exécution et de rétribution dans ce hadith célèbre :

 تُدان تَدين كما   « Comme tu fais il te sera fait »

 

طاعته في حكمه فِي المَلِكِ دِينِ في : Le mot Dine signifie aussi autorité.

 

Nous avons ce verset se rapportant au frère  de Youssef dans la sourate Youssef :

 

كَذَلِكَ كِدْنَا لِيُوسُفَ مَا كَانَ لِيَأْخُذَ أَخَاهُ فِي دِينِ الْمَلِكِ إِلاَّ أَن يَشَاءَ اللّهُ

 

On trouve dans la littérature plusieurs traductions. Si nous  donnons au terme Dine le sens de loi alors la traduction serait : « autrement, il n’était pas de mise qu’il prenne son frère, selon la justice du roi ». Cependant rien ne dit dans le déroulement du récit qu’il y a eu procédure judiciaire condamnant le frère de Youssef. Cette traduction est meilleure : « Autrement, il n’était pas de mise qu’il prenne son frère, selon la loi (la coutume) du roi ». Mais par cette traduction nous donnons crédit à l’idée biblique que les Égyptiens étaient hostiles aux étrangers et qu’ils étaient tout particulièrement anti sémites. Si la coutume ou la loi du roi était que les étrangers ne pouvaient résider en Égypte le Coran nous aurait dévoilé ou explicité l’arrivée incontestée par le Roi, plus tard, de Jacob et de l’ensemble de sa famille. Les deux meilleures qui ne changement pas le sens du récit ni le sens du mot sont les suivantes si, ici, nous donnons au terme Dine le sens de « servitude », de service ou d’autorité alors le verset change de sens et se comprend  comme le frère de Youssef  devenant, grâce à Youssef,  un serviteur du roi ou un protégé du roi qui le soustrait ainsi  de la justice égyptienne  suite à la diffamation de vol par ses autres frères :

 

{Autrement, il n’était pas de mise qu’il attache son frère, au service du roi} Youssef 76

{Autrement, il n’était pas de mise qu’il mette son frère, sous la protection du roi} Youssef 76

 

Youssef et son frère sont sous la protection du roi Égypte, à son service et lui font confiance. C’est l’attente légitime de n’importe quel sujet vis-à-vis de son souverain et c’est la même attente en plus fort et en plus authentique que le croyant a pour son Dieu.  Dans la sourate Youssef  c’est le stratagème inspiré par Allah pour protéger son jeune frère contre ce qu’il a déjà subi et que son frère pourrait subir lors du chemin du retour vers le père et avec la même jalousie qui ronge le cœur des grands fils de Jacob : l’abandon criminel dans un puits pour se débarrasser de lui.

 

Dans cette compréhension le Dine est plus qu’un culte religieux c’est la mise sous protection de Dieu pour assurer son salut dans ce monde et dans l’autre comme le dit le Coran :

 

{Allah Est Le Protecteur de ceux qui sont devenus  croyants : Il les Fait sortir des Ténèbres vers la Lumière}  Al Baqara 257

{Allah Est leur Protecteur. Que les croyants se fient à Allah} Al ‘Imrane 122

{Allah est votre Protecteur et Il est le meilleur des secoureurs.} Al ‘Imrane 150

{Allah Est Plus-Scient de vos ennemis. Qu’Il suffise d’Allah comme Protecteur et qu’il suffise d’Allah comme Partisan.} An Nissa 45

{Certes, Allah prend la défense de ceux qui sont devenus  croyants.} Al Hajj 38

 

Le Dine c’est aussi le Hokm ( الحكم ), le principe de justice car l’islam exige  d’arbitrer  équitablement, de dire la vérité et de rendre justice avec impartialité et miséricorde aussi bien entre les Musulmans qu’entre les autres confessions ou entre un Musulman et un Juif ou un Chrétien. Le sentiment religieux dans l’Islam n’est ni sectaire ni raciste ni égocentriste:

 

{Et quand tu juges, alors juge entre eux avec équité. Certes, Allah aime les équitables.} Al Maidah 42

{Juge donc entre eux d’après ce qu’Allah A révélé. Ne suis pas leurs passions au lieu de ce que tu as reçu de la Vérité.} Al Maidah 49

{O David, Nous Avons Fait de toi un successeur sur terre, juge donc entre les Hommes en toute Vérité et ne suis pas la passion, autrement elle te fourvoiera de la Cause d’Allah.} Sad 26

{Certes, Allah Commande la justice, l’usage du meilleur, l’exercice de la libéralité envers les proches, et Prohibe l’infamie, le répréhensible et la tyrannie. Il vous Exhorte, afin que vous vous souveniez. Et acquittez le pacte envers Allah si vous concluez un pacte, ne violez point vos serments après les avoir prêtés, en prenant Allah Garant contre vous. Certes, Allah Sait ce que vous faites. Et ne soyez pas comme celle qui a défait son filage, à rebours, après l’avoir solidement filé : Ne prenez donc pas vos serments moyens d’intrigues, si vous voyez une communauté plus importante qu’une autre communauté. Allah vous en éprouve seulement, et Il vous Explicitera sûrement le Jour de la Résurrection ce sur quoi vous divergiez.} An Nahl 90

 

Ces quelques versets témoignent une fois de plus que le mot clé de l’Islam est la justice. D’ailleurs si nous parvenions à respecter à la lettre la justice coranique et à donner aux hadiths et aux invocations du Prophète un contenu social, économique, politique et institutionnel nous mettrons fin à notre façon simpliste et simplificatrice du Dine qui fait de nous et de notre religion une caricature hideuse :

« Quand le Prophète sortait de la maison, il disait :

« Au nom d’Allah. Je m’en remets à Allah. Seigneur Allah ! Je me mets sous Ta protection afin de ne point m’égarer ni égarer personne, afin de ne pas glisser dans l’erreur ni d’y être poussé, afin de ne commettre aucune injustice et de ne pas en subir, de ne point me comporter en insensé ni d’être victime des insensés ! »

Il a appris à ces compagnons cette parole transcendante :

« Allah dit : O Mes Dévoués ! Je Me suis interdit à Moi-même l’injustice et Je l’ai interdite entre vous. »

 Il a montré le summum du Jihad :

« Le meilleur Jihad pour la cause d’Allah est une parole de justice et de vérité prononcée auprès d’un tyran »

 Il a montré le summum de la décadence et de l’avilissement :

 « Oh non par Dieu ! Vous commanderez le bien, interdirez le mal, ferez cesser l’injustice de l’injustice, le ramènerez de force au bon droit et l’obligerez à le suivre, sinon Dieu installera sûrement la haine entre vos cœurs puis vous maudira comme Il a maudit ces Juifs ».

 « Les gens, quand ils voient l’injuste commettre son injustice sans l’en empêcher, ne sont plus loin de voir Dieu les frapper tous, sans distinction, d’un châtiment provenant de Lui »

 « Craignez d’être injustes car l’injustice se traduira le jour de la résurrection en ténèbres. Craignez l’avarice car elle a causé la perte de ceux qui étaient avant vous. Elle les a poussés en effet à faire couler leur sang et à se permettre ce qui leur était interdit. »

 « Ne soyez pas envieux les uns des autres. Ne truquez point les enchères. Ne vous détestez pas et ne vous tournez pas le dos les uns aux autres. Ne faites pas de surenchère et soyez – ô Dévoués d’Allah des frères. Le Musulman est le frère du Musulman Il ne le fait pas d’injustice, ne le méprise pas et ne lui refuse pas son secours ; la piété est ici (en désignant sa poitrine trois fois de suite). Il suffit à quelqu’un, pour être mauvais, de mépriser son frère Musulman. Tout Musulman est sacré pour tout autre Musulman : son sang, ses biens et son honneur ».

 « Dieu a dépêché l’un de Ses prophètes vivant dans le royaume d’un tyran en lui disant : ‘Va retrouver ce tyran et dis-lui que Je lui ai donné le pouvoir non pas pour répandre le sang et amasser des fortunes, mais pour empêcher les voix des opprimés de me parvenir. Je ne négligerai pas l’injustice commise à leur encontre même s’ils sont des mécréants’ ».

 

Dans cette définition de Dine comme Hokm, même si nous sortons du registre lexical,  il faut garder à l’esprit que la vérité et la justice sont indissociables et Allah a pour Nom Al Haqq (La Vérité, Le Vrai, le Réel) et Al ‘Adl (La Justice). Si jamais nous devons résumer le Dine et le Coran à un non musulman par un seul mot ce sera : justice. Justice à l’égard d’Allah (swt), justice à l’égard du Prophète (saws), justice envers soi, justice envers les autres.

 

 Le terme Dine est donc polysémique .

 La polysémie coranique et lexicale de l’Arabe n’est pas contradiction ou confusion,  mais richesse et complémentarité qui montre le défi pédagogique et cognitif du Coran qui explique et  explicite, détaille et synthétique dans des situations  diverses le contenu riche et varié mais complémentaire du Dine dans des situations différentes spirituelles, idéologiques, religieuses et sociales. Le Coran n’est pas un « clé en main » ou un « prêt à penser » mais une méthodologie d’imagination, de cognition, d’apprentissages progressifs, variée qui part à la quête du sens dans le corps du texte coranique ou qui fait jaillir le sens du cœur caché dans le croyant. On peut déjà dire que sur le plan étymologique Dine et Religion ne couvre pas exactement la même réalité et qu’il y a un effort d’innovation en matière de traduction. En ce qui me concerne j’hésite entre adapter la traduction du « Dine » à chaque verset ou se contenter du terme « Religion » ou introduire le néologisme arabe « Dine ». Ma recherche n’est pas achevée.

 

Problématique au-delà de l’étymologie

 Quelle est la place du penseur musulman dans ces définitions? Est-ce que cela le singularise sur le plan spirituel, idéologique et comportemental par rapport aux autres religions qui sont en réalités les unes par rapport aux autres très distinctes dans leurs rites, dans leurs croyances? Laissons le soin à Malek Bennabi de répondre avec l’intelligence et la pertinence que nous lui connaissons et avec sa compétence phénoménale à anticiper sur le mouvement du monde, des idées et des religions :

« Si nous nous penchons sur la carte idéologique du monde, que constatons-nous? La carte idéologique du monde dévoile les réalités suivantes: à l’est, c’est la faillite du brahmanisme et la faillite du bouddhisme; à l’ouest, c’est la faillite du christianisme; Ainsi, la lutte, inévitable, opposera deux religions uniquement: l’islam et le communisme matérialisme.

[…] le communisme matérialisme est une religion, c’est une religion terrestre même si ses adeptes récusent toutes les religions! N’est-ce pas une doctrine avec des adeptes qui militent et meurent pour elle ?

Le judaïsme connaît ces réalités; de même qu’il est conscient de l’évolution du prochain combat direct entre l’islam et le communisme matérialisme. Il surveille de près et avec vigilance. C’est pourquoi il a choisi de frapper l’islam et de disloquer ses rangs de l’intérieur en encourageant l’enrôlement dans le communisme matérialisme! Les juifs croient qu’en fin de compte, le dialogue, ou l’affrontement, avec le communisme matérialisme est plus facile à gérer que le dialogue avec l’islam … Le juif peut à titre d’exemple gravir les échelons des centres de commandement dans le communisme matérialisme. Il en a été ainsi dans le passé (Karl Marx et plusieurs autres cas de son rang), alors qu’en islam, il est impensable de voir un jour un émir des croyants d’origine juive arriver au sommet du pouvoir!

Celui qui adopte l’islam ne peut le répudier alors que celui qui embrasse le communisme peut le récuser même après quarante ans, c’est le cas de Roger Garaudy, le leader communiste connu …

Le communisme matérialisme est loin d’offrir à l’homme l’assurance et la quiétude psychologique, il le

livre plutôt aux angoisses et au désarroi, c ‘ est pourquoi il peut se raviser et le renier. Ainsi – dans la logique du Judaïsme – il faut que l’embrigadement soit pour le communisme matérialisme. Combattre

le communisme matérialisme est à la fin plus aisé et ses résultats plus probants […]

Le judaïsme n’est plus une religion au sens classique du concept. C’est une religion raciste qui ne revendique pas de conversions.

Le christianisme a été abrogé par l’histoire. La masse ne suit plus. Mais il joue son rôle d’embrigadement des Musulmans dans le communisme matérialisme.

Le bouddhisme, il a été rayé par Mao Tsé Toung. Le Bouddhisme est actuellement utilisé pour embrigader dans le communisme matérialisme.

Le brahmanisme a lamentablement échoué. Nous en avons pour preuve son échec à résoudre l’un des plus grands problèmes dans la société indienne qu’est le sort de la caste des «intouchables», bien que Gandhi l’ait exposé à la conscience indienne et qu’il ait explicité son abrogation dans la Constitution.

Une troisième force fait son apparition : le sionisme. Sur toute l’étendue où la stabilité psychologique fait défaut, la domination directe du sionisme s’impose. Toutes les possibilités civilisationnelles sont ainsi la proie du sionisme.

 Il faut juste changer communisme par libéralisme et reposer la question du nouvel ordre mondial qui exige la reconfiguration du monde musulman en fomentant des troubles, des séditions et des alignements contre nature pour voir le monde d’aujourd’hui.  Pour assoir les divergences et les troubles il faut saper les fondements du Dine et créer ou favoriser les schismes qui sont la cause de la décadence des Musulmans une fois que l’élan civilisationnel de Mohamed (saws) et des Califes bien guidés a perdu de sa vitalité dans le cœur et la cité des Musulmans :

 « O Allah ne fais pas de la vie mondaine notre souci principal ni la finalité de notre savoir, ne mets pas notre pire catastrophe dans notre Dine, et ne donne pas pouvoir  sur nous à celui qui n’éprouve aucune miséricorde à notre égard et n’a aucune crainte envers toi par ses agissements sur nous »  Hadith

Malek Bennabi n’aborde pas ici le Christianisme comme une religion mais comme une civilisation avec ses produits idéologiques, ses contradictions, ses courants politiques. Au-delà du Christianisme et des autres religions il pose l’équation du religieux en termes idéologiques et civilisationnels. D’ailleurs il perçoit le destin déclinant de l’Occident à travers le déclin du Christianisme et la promotion du matérialisme nihiliste et cynique :

« La civilisation occidentale s’est mue en une civilisation purement matérielle, c’est pourquoi elle évolue vers le déclin […] La foi et l’esprit peuvent créer une science, mais la science ne peut créer la foi … Cette science que vous constatez est le résultat de la civilisation occidentale (né d’un élan religieux), elle n’est pas sa cause. Et dès que l’homme connaît une déchéance de l’intérieur, c’est la fin. Les apparences ne doivent pas vous subjuguer! Les peuples européens vivent actuellement un grand désarroi et une asphyxie au niveau des âmes … et s’irritent de l’inconnu! Et pour cause, la vie n’a plus de sens et sans finalité! Ils ont tout épuisé !

Une triple menace va les promettre à la ruine: la drogue, le suicide et le crime […]

Et alors que le musulman, le musulman pratiquant s’entend, n’a pas de désarroi au niveau psychologique, il souffre des difficultés de la vie. Le musulman croit au Jour dernier et au Jugement, il croit en Dieu, aussi admet-il les épreuves et les endure avec patience, et il attend constamment la Miséricorde de Dieu et espère atteindre l’autre monde dans lequel la vie est éternelle.

Nous vivons les conditions précaires de la vie, eux vivent le désarroi et attendent le soulagement psychologique, ils attendent la foi du musulman : la voix du Ciel leur fait défaut. »

A la question de la différence qu’il fait entre le communisme [libéralisme] qu’il a considéré comme une «religion» et l’islam qui est incontestablement une Religion, Malek Bennabi a apporté ces clarifications :

  « La différence existe, elle est énorme et profonde et je vais vous l’exposer à travers certains de ces aspects: Les relations économiques et sociales sont fondées et instituées sur le principe selon lequel l’individu demande son «droit» alors que dans l’islam, elles sont fondées et instituées sur le principe que chaque individu accomplit son «devoir». Le «droit» dans ce cas est ce que l’individu prend de la société: c’est une démarche négative tandis que le «devoir» est ce qu’il offre à la société: c’est une démarche positive. La mobilisation sociale dans le communisme est l’œuvre de certaines classes (ouvriers et paysans) alors qu’en islam ce rôle revient aux âmes bienfaitrices et aux oulémas. Je parle des oulémas dans leurs diversités, versés dans la vie spirituelle et matérielle. Le hadith du Prophète dit: «La main haute est préférable à la main basse». Ce hadith met en relief deux vérités: la première c’est que le devoir est plus important que le droit, la deuxième c’est que la production est plus digne que la consommation. Le rapport fondé sur le concept de «droit» exige la «revendication». Autrement dit, il faut militer dans le but de «prendre» et d’accéder aux «droits». Il débouche d’abord sur le conflit, la haine ensuite et la déchéance rapide, enfin. Alors que la relation fondée sur le «devoir» requiert l’accomplissement (de quelque chose) c’est-à-dire «l’offre». La relation s’achève ici sur la concorde, l’amour et l’immortalité. »

 Malek Bennabi par pudeur pour son cercle d’amis étrangers ne disait pas que la culture judéo-chrétienne messianique n’est pas une religion de miséricorde et de concorde mais une religion qui a donné à Jésus le pouvoir divin de Rémission et de Rédemption par le chaos. Que ce chaos soit par la crucifixion et le culte du sang versé ou par le retour du Messie pour qui est enclenché le cataclysme mondial qui donnera le triomphe de la malédiction sur le reste du monde soumis, dompté et écrasé.

Malek Bennabi montre les distinctions essentielles des autres religions avec l’Islam. Ce qui pose la question de l’altération et de la pureté de la religion non seulement sur le plan théologique mais aussi sur le plan praxique. Nous avons l’expérience du nationalisme arabe et de la gouvernance laïque dans le monde Musulman qui ont transgressé la loi de Dieu et ont rendu la société musulmane un obstacle à l’islamisation de la société.

 

Ces distinctions soulignées sont tellement importantes et opposées qu’une question légitime se pose sur le plan sémantique : est-ce que le « Dine » peut-il être traduit imparfaitement par « Religion » et est-ce qu’il revêt cette différence que Malek Bennabi constatait sans pouvoir lui donner une traduction plus appropriée car sa problématique n’était pas celle de traduire sur le plan linguistique mais de signifier sur le plan phénoménologique, culturel et psychologique pour armer le Musulman en outils idéologiques et conceptuels ainsi qu’en  instruments d’édification du renouveau de la civilisation musulmane mise en ruines par la conjugaison de la colonisabilité (acceptation de la colonisation), après la décadence des Musulmans plongés dans la maraboutisme et le fatalisme, de la colonisation et ses ravages sur la destruction de la personnalité de l’indigène colonisé, et de la colonialité (mimétisme des vestiges coloniaux de la modernité et de l’administration coloniale) par l’attachement de l’indigène à la servitude intellectuelle envers le Colon et son système de pensée.

Pour comprendre et vivre le Dine tel qu’il est  institué par Allah et mis en pratique par Mohamed (saws) nous devons tout d’abord nous libérer de la culture de l’auxiliaire de la servitude et de la pensée unique et chercher la solution dans nos référents et nos valeurs islamiques originels sans bruits ni diversion ni culte de la personnalité.

 

Le Dine dans le Coran sera l’objet de notre seconde partie inchaallah

 


Signification du Dine. Partie 2

extraits du livre « Dine ou religion ? » Omar Mazri – Edition & Conseils – 2010

Analyse de l’explication eschatologique de l’histoire

Que dire lorsqu’on est sollicité pour se prononcer sur l’opinion d’une célébrité telle que Cheikh Imran Hossein ? Que dire lorsqu’on ne sait pas si derrière la sollicitude, il y a une sincérité ou une envie de me faire trébucher et me mettre à dos ses sympathisants. Je pourrais me taire pour éviter la confusion, mais j’ai préféré répondre par acquis de conscience après avoir imploré Allah de ne pas faire de mes arguments une atteinte à la dignité d’un savant, mais une participation à la clarification comme l’exige notre Prophète (saws) dont certains laissent, comme dans le Coran, l’évident (al muhkam) pour se consacrer au probable (al mutashabihate) dont le terme de réalisation nous échappe et dont la compréhension ne peut être ramenée à l’opinion personnelle malgré son érudition :

« Allah mon Seigneur je me réfugie vers Toi si je commets une injustice ou qu’on me fasse une injustice, si je trébuche ou fasse trébucher autrui, que je sois ignorant ou que je sois ignoré, que j’égare ou que je me fasse égaré »

Mon opinion personnelle a donc peu de valeurs. Je ne suis pas savant ayant autorité religieuse pour évaluer et juger un homme qui a consacré sa vie à défendre sa thèse, ses convictions. Je tente de faire travailler mes neurones avec ce que j’ai comme culture coranique, quand j’écoute ou je lis car le Coran et la Sunna nous demandent d’être circonspect et de tout soumettre à l’analyse critique. Voici donc ma réponse, après insistance de mes lecteurs, en huit points. Jae la livre à chaud comme un résumé de ma propre lecture du Dine et du monde face à ce que dit Cheikh Imran Hossein qui a sa propre lecture du Dine et du monde sans prétendre répondre à tout son effort de prédication ni à son érudition. Je me sens contraint d’apporter une réponse qui va sortir du consensus et c’est pourquoi il faudrait voir mon intervention comme la contribution d’un musulman au débat et pas plus. Ce débat ne doit pas faire oublier que j’ai de lui une bonne opinion qui ne m’interdit pas d’exprimer des réserves sur sa vision comme je le fais sur d’autres. Moi-même j’en reçois certaines forts déplaisantes. Notre règle ne sort pas celle des anciens pieux : mon opinion a des vérités et des erreurs alors que celle de l’autre a des erreurs et des vérités. Convenons de ce qui nous réunit et que chacun de nous tolère les erreurs et les fautes de l’autre.

Ma modeste expérience de « pratiquer » les Musulmans formatés et cherchant davantage la polémique que le débat me montre déjà les « valeureux cavaliers » de la Fitna m’accuser de tout et de rien. Trop habitués au culte des idoles, ils ne peuvent tolérer qu’un autre puisse s’exprimer et émettre son opinion différente. Allah a créé la diversité et les différences mais les Musulmans ont choisi l’unanimisme, le prêt à penser et cette tendance à faire des hommes des fétiches à adorer. Il est de mon devoir de m’exprimer sur ce sujet et d’éclairer les jeunes sur le défi civilisationnel conformément au Hadith du Prophète (saws) qui ne laisse pas de place au fatalisme ou à la démission :

Interrogé sur l’Heure (la fin du monde), le Prophète (saws) a demandé les raisons de la question. Le questionneur ( homme avisé) a répondu qu’il voulait savoir ce qu’il devrait faire à ce moment là. Le Prophète (saws) lui dit : lorsque survient la fin du monde et si dans ta main se trouve un plant de palmier, alors plante-le!

Sur l’approche eschatologique de l’histoire

Gog et magog sont vrais mais cela relève du Ghayb connu par Allah. La fin du monde est vraie mais connue par Allah. Si on considère comme vrai que la fin du monde aura lieu un vendredi, le prochain vendredi ou celui dans mille ans la question qui reste posé et à laquelle le Coran et la Sunna ont répondu : que faire entre chaque vendredi? Si le Prophète nous demande de planter le plant de palmier qui est entre nos mains au moment de la fin du monde ( les étoiles qui tombent etc…) que devons nous faire entre chaque vendredi. Autrement dit que devons nous faire de chaque jour de notre vie : attendre la fin du monde, la venue du Mahdi et le Dejjel ou œuvrer pour qu’Allah et les croyants voient nos œuvres comme œuvres efficaces qui font du bien aux musulmans et rejettent les nuisances des mécréants. Sur le plan historique la littérature musulmane montre cette dérive morbide et messianique hérité des Juifs à chercher l’Apocalypse dans les moments difficiles comme les Croisades par exemple. J’ai développé ce thème en faisant l’analyse de la sourate al Kahf dans une série de 10 parties  » Salomon et la gouvernance » où j’analyse le défi technologique de Dhul Qarnayn et les leçons civilisationnelles dans ses rencontres différentielles avec des peuplades différentes. Je ne vais pas y revenir. Par contre je vais montrer la vision positive et civilisationnelle d’un homme de la trempe de Bennabi en citant son article sur l’Islam de demain écrit en 1973 :

L’an 2000 semble, dans l’océan des temps, désigné comme le seuil d’une parousie qui réconciliera les hommes ou d’un cataclysme qui abolira leur destin…

Nous n’avons pas à faire de prophétie quant à l’issue de cette alternative…

Par contre, il nous est permis en tant que musulmans, de définir notre rôle en vue de son infléchissement vers une issue favorable. Nous savons déjà quel est notre rôle principal dans tous les cas. Il se trouve défini clairement dans le Coran «C’est ainsi que nous avons fait de vous (musulmans) une nation mitoyenne pour que vous serviez de témoins pour les autres hommes et * que le Prophète soit votre témoin…»’.
Dans une parousie ou dans un cataclysme, voila d’abord notre rôle. Il est déjà superflu de dire qu’il exige de nous toutes les vertus inhérentes à un témoignage valable…

Mais au delà ou en deçà de ce témoignage nous devons aussi, par la nature des choses, assumer notre rôle de frères des autres hommes pour sauver avec eux notre commun destin….

Si le premier problème est essentiellement moral, le second est moral et social à la fois…

Si le premier se pose uniquement en termes d’authenticité, le second se pose en termes d’authenticité et d’efficacité à la fois. C’est ce dernier qui occupe notre attention d’autant plus qu’il recoupe le premier ou le pose immédiatement. Car si nous nous demandons comment être authentiques et efficaces, bien que les deux termes recouvrent deux notions différentes, notre réponse est unique. C’est par l’Islam uniquement que nous pourrons répondre aux deux exigences du problème posé. Mais il nous faut donner à l’Islam pensé et vécu par chacun de nous la dimension d’une «vérité travaillante». Cela veut dire que cette vérité doit se faire promesse d’avenir fraternel pour tous les hommes.
C’est à ce prix qu’une ère où s’accumulent tant de signes d’apocalypse se transforme en ère de fraternité abrahamique et plus largement en fraternité adamique.

Sur le Khalifat comme solution.

Le Khalifat devrait être logiquement le résultat d’un processus de libération du Taghut et de civilisation fondée sur le monothéisme. Il est en contradiction avec la venue du Mahdi ou du Dejel. Le Kalifa relève de la rencontre de nos possibilités civilisationnelles avec les conditions objectives et subjectives de la civilisation alors que l’Heure est indépendante de notre volonté. Le Kalifa est le produit de notre Raghba désir de croyant. Il ne peut y avoir de désir que s’il y un désirant en quête de ce qui lui manque et qui se présente sous forme de désirable avec le désirable perçu comme ce qui manque pour combler notre manque, notre besoin, notre aspiration, notre visée du cœur… L’heure c’est l’arrivée du terme échu à l’existence sur laquelle notre désir de vivre plus longtemps n’a pas de prise.

Le Khalifat est notre désir à tous mais il ne faut pas se leurrer par des mots. Ce n’est pas le Khalifat ou le Calife qui va mettre fin à notre Wahn mais l’inverse. Il faut qu’il y ait une communauté musulmane qui désire le changement ontologique et sociale et qui fait l’effort de s’approcher de Dieu alors le Kalifat et son Calife seront présent comme Salad Eddine a été présent assiégeant Jérusalem pour la reconquérir avec ‘azm (fermeté et intransigeance).

Il y un grand problème de méthodologie et de priorisation dans notre communauté. Nous sommes friands de choses impossibles à mettre en œuvre comme nous sommes prisonniers de l’apologie d’un passé pourtant révolu. Chaque jour Allah renouvelle Sa Création et dans Ses Créatures il n’y a que les Musulmans qui ne réfléchissent pas en devenir mais en retour impossible. Nous manquons du principe de sens, de la cohérence du discours avec la réalité du monde et de l’efficacité de la pensée. On importe nos idées comme on importe nos voitures et nos habits un peu de l’Occident et un peu de l’Orient. On ne peut pas sauter des étapes et parler de Khalifat alors qu’il n’existe aucun état islamique. Il faut passer par des états islamiques puis des confédérations régionales puis mondiales. La chute du Khalifat en dehors des problèmes politiques et religieux était due aussi à la difficulté de gouvernance d’un état central régentant un empire pluri-ethniques, pluri-linguistiques, pluri-géographiques. Ce n’est pas le mot qui est important c’est son contenu et sa faisabilité. Un mot aussi noble et aussi ambitieux ne doit être l’écran fascinant qui cachent nos misères actuelles qui ne semblent pas s’atténuer mais s’aggraver.

Je peux me tromper mais en posant la question d’État islamique nous sommes hors cadre coranique car nous pouvons importer l’empire omeyade, abbasside ou saoudien avec son despotisme ou l’Andalousie musulmane avec ses lumières mais aussi ses luttes de principautés rivales. Le Coran parle de Tamkine Dine Allah : c’est un concept plus complexe et plus large mais plus opératoire que Dawla (État). Il s’agit d’Islamité du temps et de l’espace de vie ou en d’autres termes de la territorialité des principes divins avec ou sans état. Nous continuons à lire notre religion à travers le regard et les idées des judéo-chrétiens et de l’État nation de la modernité même si cette nation est de 1,5 milliard et englobe tous les territoires de la terre y compris le cœur de l’Occident anglosaxon et latin : les états unis et la France. Si nous parlons d’état islamique au troisième millénaire nous serons face à l’équation des minorités musulmanes et surtout face à un devoir plus grand  » Le triomphe de l’Islam sur toutes les autres religion ». Ces religions il faut aller les chercher dans leurs territoires. Il faut avant d’aller les chercher se libérer de la confiscation de la religion par l’Etat et de l’instrumentalisation de l’Islam a des fins politiciennes. L’Islam territorialisé est l’Islam de Mohamed (saws) à Médine ou celui de Youssef en Égypte. L’ingénierie change en fonction de notre vœu volontariste mais des conditions sociales et historiques.

Lorsque nous posons le problème en terme de Tamkine Dine Allah nous élargissons le problème non seulement à la question politique mais à la question sociale. Il ne peut y avoir Tamkine Dine Allah sans Tamkine la Oumma mohammadienne consolidée fratrie de foi, en interaction harmonieuse sur le plan économique, scientifique et culturel. Le Tamkine de la Oumma c’est une communauté qui pèse lourdement quand elle minoritaire et qui a la souveraineté quand elle est majoritaire. Elle n’est pas un débris emportés par les rigoles de l’histoire comme du Wahn insignifiant qui cache sa misère morale, intellectuelle et économique et sa faiblesse devant les autres en se cachant derrière des vérités eschatologiques qui échappent à son emprise.

Les salafistes infantiles et les Juifs sionistes nous demandent de partir et revenir en terres d’Islam et de rêver au Khalifat. Avant de parler de Khalifat il y a des contradictions et des confusions à lever ainsi que des concepts à développer à partir du Coran et de la Sunna. Pour cela il faut qu’on s’inscrive dans un devenir avec un cap, une boussole et un gouvernail sur une carte mondiale. Les débats stériles qui n’apportent rien à la connaissance de l’Islam, à la production des idées pour une renaissance civilisationnelle ou à la résistance contre le mondialisme ne sont que diversion au profit des autres et dispersion de nos efforts au détriment de nos devoirs non accompli hélas trop nombreux pour être cités.

Quand à l’or monnaie.

Ce n’est pas une panacée. Il suffit qu’il y ait un monopole, une pratique franche ou déguisée du riba et de l’injustice pour que l’or soit accaparé par les riches au détriment des pauvres. Il suffit que les pays capitalistes soient en crise pour qu’il nous déclare la guerre et nous prenne notre or. D’ailleurs il y a 50 ans les États-Unis avaient pour étalon l’or ce qui ne les a pas empêchés d’aller vers la mondialisation en exportant leur mode de vie : le fordisme ou le taylorisme industriel, le crédit à la consommation et la fascination de l’appropriation à n’importe quel prix. Le problème économique chez nous est structurel d’ordre institutionnel et politique. Même avec une monnaie de singe les chinois ont une croissance de 8% alors les Algériens avec 150 milliards de dollars de réserve ils ne sont capables ni de produire de l’investissement, ni de la santé publique ni tenter d’acheter quelques actifs industriels en France. Le Privé arabe fait sa prière à la mosquée mais il investit dans le chocolat, les biscuits, la limonade et tout ce qui est facile à l’effet accordéon de la caisse même au détriment de l’emploi, des richesses nationales et des banques internationales qui s’installent pour superviser dans les comptoirs indigène la détérioration des termes de l’échange. Contre le capitalisme, sa prédation et sa loi de l’échange inégal il faut que les Musulmans se mettent à produire, à se libérer du modèle de consommation occidentale et construire des marchés commerciaux régionaux avec un autre système monétaire en rupture avec le dollar et l’euro. Ce n’est pas l’or ou l’argent qui sont important ce qui est important est l’équité du marché, sa transparence, sa monnaie souveraine et protégée même si cette monnaie est une matière première stratégique comme le pétrole (baril), du cacao ou du papier toilette.

Ce qui est important est que les banques deviennent des agents économiques intervenant dans les dépôts et les transactions représentant les flux réels de l’activité économique de production et d’échange de biens et services ou d’épargne et d’investissements que les agents économiques mettent au service de la communauté pour produire d’autre biens et d’autre services réels dans un respect de la règle d’or des rendements : la productivité du travail doit augmenter, les salaires doivent augmenter et le nombre de travailleurs doit augmenter. La productivité du travail et la rentabilité des facteurs de production doivent augmenter plus vite et plus haut que les salaires pour dégager un surplus économique, le salaire moyen annuel doit augmenter plus vite et plus haut que le recrutement de la main d’œuvre pour garantir une élévation du niveau de vie, une redistribution des revenus, une tendance à aller vers le plein emploi. Tous les bras doivent travailler et toutes les bouches nourries est le système de solidarité qui permet de redistribuer par l’emploi et l’aide publique dans un système d’efficacité sociale et non de rentabilité financière. Ceux qui pensent la banque est incompatible avec l’Islam doivent savoir que le terme Sakk qui a donné lettre de crédit, lettre de change puis chèque est une invention arabe quand l’État Musulman était le garant de la vitesse de circulation des capitaux et de leur sécurité pour une économie prospère et ouverte à l’Orient et à l’Occident non comme un comptoir commercial mais comme un exportateur de savoir faire, de sciences, de savoir vivre, d’idées modernes…

Il faut avouer que le Prophète (saws) n’a pas instauré une nouvelle monnaie. La monnaie islamique est apparue du temps des Ommeyades. Mohamed (saws) a fait plus : il a par la Charia et ses qualités managériales enlever le monopole des Juifs sur la finance, sur le marché, sur la production de l’armement et l’outillage et sur le foncier tout en régulant le marché et en developpant la fraternité entre les Musulmans. Quand nous lisons le Coran ce n’est pas l’or et l’argent qui sont visés en eux mêmes mais le processus du Riba et de thésaurisation. Contre le Riba et la thésaurisation le Coran a institué l’investissement fi sabil Allah, la zakat, les sadaqates. Il nous a donné en parabole David et Salomon comme technologues animés par la Justice et la bonne gouvernance. Il nous a donné Qaroun arrogant et méprisant qui croyait que ses trésors lui revenaient par leur possession apparente traitant son peuple mis en esclavage de fainéants qui n’ont aucun droit sur sa fortune. Face à Qaroun (Coré) Allah nous a montré les deux voies possibles. La voie des mimétistes qui entre dans la surenchère du désir mimétique « je veux ce que tu veux » qui est à l’origine de l’avarice, de la cupidité, de l’avidité et des troubles psychiques, moraux et sociaux. Face à cette voie des possédants et des insensés qui les imitent Allah a montré une autre voie celle de la science et du retour à Allah le Riche, le Généreux. Le problème n’est pas que l’argent ou l’or soit monnaie intrinsèque le problème est dans l’homme et la philosophie de la société manipulant l’argent et se comportant envers la richesse.

Aujourd’hui on constate que les agressions impérialistes ont les moyens de spolier non seulement les réserves souveraines en or mais de confisquer un pays et d’assassiner ses dirigeants. Dans cette culture mondiale de la prédation il faut être sérieux : ce n’est ni l’or ni la monnaie en cacahuète qui est le garant mais un front mondial de résistance en attendant que les Musulmans se réveillent et construisent les moyens de leur cohésion, de leur force et de leur résistance : un marché commun, l’absence de passeports, une industrie militaire commune et un pacte de défense. Ce n’est pas l’or qui pose problème ou apporte solution c’est le Coran : Mahjour (délaissé) ou étudié et appliqué.

Je dis et je répète ce que la biographie scientifique du Prophète dit et ce que la science économique dit : Il n’a pas mis en place le Dinar or et le dirham argent. L’or et l’argent sont des monnaies qui existent depuis l’empire romain. Ni l’or ni l’argent ne sont la solution mais les mécanismes financiers et économiques fondés sur l’éthique et hors du Riba.

Quand on étudie, sans être spécialiste, les questions économiques sous l’angle du Coran et de la Sunna du Prophète on constate que l’accent est davantage mis sur le caractère licite ou frauduleux des transactions car le marché est déterminant dans la répartition de la richesse et dans l’incitation à l’investissement. On constate que le monopole est considéré comme injustice grave au rang de péché majeur. On constate que la circulation des richesses ne doit pas se faire exclusivement entre les riches pour ne pas constituer une oligarchie. Enfin on constate que le pire des crimes est le Riba au point qu’Allah a déclaré la guerre aux pratiquants de l’intérêt et que le Prophète l’a considéré comme le péché le plus horrible puisqu’il a comparé la pratique du crédit avec intérêt comme l’inceste commis 60 fois au sein de la Kaaba le jour sacré du Hadj. Ces trois constats sont les fondements du capitalisme qui ont amené le monde à abandonner l’étalon or. Revenir à l’étalon or dans une économie mondiale dominé par les tares capitalistes ne riment à rien. La monnaie n’a de signification économique et morale que lorsque les pays musulmans créent un marché commun, un système de crédit sans intérêt, une justice sociale et une concurrence loyale et transparente. Dans ces nouvelles conditions n’importe quel monnaie d’usage conventionnel deviendrait de droit et de fait une monnaie d’échange et peu importe qu’elle soit en or ou en platine ou en cacahuète ou en papier. La question est la valeur symbolique de cette monnaie et les pratiques économiques et financières qu’elle accomplit.

Il ne peut y avoir économie réelle tant que l’impérialisme et ses vassaux pratiquent l’échange inégal et la confiscation des ressources. Dans le monde, la véritable monnaie est pour l’instant le pétro dollar. Il faut nationaliser les hydrocarbures et donner aux peuples musulmans l’exercice libre et souverain de la politique et de l’économique.

Les civilisations incas et aztèques avaient de l’or mais leur monnaie n’était pas l’or car ils avaient très peu besoin de monnaie du fait de l’économie solidaire. Cet or fut pourtant la cause de leur anéantissement par les Conquistadors espagnols et portugais.

Allez étudier le comportement économique de Mohamed (saws) et ses expéditions et vous comprendrez que toute autre lecture du monde n’est que gesticulation et bavardage qui nous font sortir du champ de bataille.

Celui qui peut conquérir ton territoire et porter atteinte à ta vie peut prendre ton or et ton argent. La monnaie réelle est la valeur travail car elle est la base de la création de la richesse. C’est ce travail qui doit être libéré du capitalisme et de l’impérialisme.

En ce qui concerne la monnaie électronique il ne faut pas voir le Dejel partout. On pourrait  voir le problème sous l’angle de la post modernité qui a permis grâce aux nouvelles technologies une circulation rapide des idées, des marchandises, des hommes et des richesses à travers le monde. La technologie n’a de limite aujourd’hui que notre imagination. L’imaginaire, ce stock d’images mentales, qui alimente notre imagination est peuplé de notre culture, de notre religion, de notre mode de vie. S’il est rempli de monstres et de démons la monnaie électronique continuera à servir le sexe, la drogue, le spectacle, le trafic d’armes et à asservir les peuples comme cela fut le cas avec l’or et avec la monnaie fiduciaire. Si notre imaginaire est construit sur le beau, le juste, le vrai, l’équitable et le vertueux la monnaie électronique sera au service de l’homme pour faciliter et sécuriser ses échanges ainsi que ses biens. Croire que la monnaie électronique est l’argument diabolique trouvé pour piller le monde c’est d’une part oublier le travail des ingénieurs et des créatifs et d’autre part oublier que la nature du capitalisme est le Riba c’est à dire échanger de l’argent contre l’argent en gagnant de l’argent. Le Riba est devenu catastrophique car il n’y plus d’échange de l’argent mais vente et achat des dettes ce qui est selon le Prophète la forme la plus sévère du Riba. Ce n’est pas la monnaie papier qui doit changée c’est d’abord l’esprit humain qui doit être purifié et ensuite le capitalisme qui doit être rayé de la carte du monde.

Par contre je comprends et je partage la crainte de Cheikh Imran lorsqu’il s’agit de la puce électronique qui sera greffé dans le corps humain pour prélever directement ses paiements, gérer son budget, définir son crédit, et surveiller ses achats, ses déplacements ainsi que  sa vie privée ou publique.  Nous entrons dans un domaine où l’humanité va vers une nouvelle d’asservissement jamais connue dans l’humanité : les moyens gigantesques des nouvelles technologies au service de l’exploration de l’homme, de son aliénation et de la domination de l’oligarchie financière et du renseignement au service du nouvel ordre mondial qui consacre la domination de 1% de la population sur les 99% restant

Ce combat nous ne pouvons pas le mener seul en autarcie nous devons travailler avec tous les hommes de cette planète car la mondialisation est telle que la démondialisation est un leurre. La seule alternative est une altermondialisation où l’Islam est dominant. Il faudrait que nous les Musulmans ont redonne un sens à la wassatiya de l’Islam : juste milieu entre deux extrêmes ou centre de gravité, pôle de rayonnement. Le chantier n’est pas ouvert et comme toujours nous passons précipitamment à d’autres chantiers sans résoudre les problèmes conceptuels et méthodologiques en amont.

L’oligarchie mondiale est en train de ramasser tout l’or qu’elle peut accumuler sous les 1.600$, il se dit que ceux qui ramassent vont revendre aux états à 2.000$ à très court terme et à 3.500$ à moyen terme. C’est toujours la suprématie du dollar tant que les États-Unis sont maitre du jeu. En revenant à l’or avant Nixon (1971) on n’a pas changé l’ordre économique mondial. La solution est celle de Mohamed (saws), mettre en place un nouveau marché et briser le monopole.

Quand on sait que les USA et ses principaux alliés qui représentent 20%  de la population mondiale consomment 80% des ressources mondiales? Que peut faire l’introduction de l’or et de l’argent monnaie quand l’or mondial est détenu à 80 % par les réserves étatiques et privés des pays capitalistes dominant? Où est la priorité?

La crise est financière mais son origine est idéologique (le capitalisme) et politique (la domination impérialiste et l’absence de légitimité voire l’absence d’Etat dans le monde musulman abstraction faite de la Malaisie). Je ne peux pas expliquer le complexe par 20 30 ou 300 pages. Voici un des derniers articles où j’évoque une partie de la solution. Je dis bien une partie : L’absence des cinq maitres.

{Ceux qui, si Nous leur Accordons pouvoir sur terre, accomplissent la Salat, s’acquittent de la Zakat, commandent le bon usage et interdisent le répréhensible. Et c’est à Allah qu’appartient l’issue des choses.} Al Hadj 41

Si nous devions étudier le sens et la mise en application de ces versets, nous y passerons notre existence sans épuiser le champ de leur possibilités et leur signification. Je vais juste montrer une application méthodologique et politique en terme de gouvernance moderne à travers le terme coranique de Tamkine (pouvoir sur terre, position territoriale) et ses impacts sur le plan de l’aménagement du territoire, de la planification économique, du développement urbain et industriel, et de l’indépendance nationale.

Quand aux révolutions arabes.

Les peuples ont le droit de réagir dans les limites de l’éthique islamique. Il faut dire les choses clairement et sans détours : les peuples ont le droit de faire bouger les choses à leur avantage légitime. Il serait injuste de condamner une révolte ou une révolution sous le prétexte fallacieux qu’elle servirait les intérêts d’Israël qui mènerait alors une guerre de représailles contre les peuples musulmans et leurs élites islamiques. Nous devons condamner les partisans des fitna qui appellent à la sédition armée et qui manipulent des savants séniles ou convoitant le monde et qui s’empressent d’envoyer les Musulmans tuer d’autres Musulmans pour le compte de l’Empire et de sa prédation vorace :

 » Le perdant est celui qui a troqué son paradis pour la vie ici-bas, mais le pire des perdants est celui qui a perdu son paradis pour la vie des autres ici-bas »

les dérives en Libye et en Syrie car elles avaient pour objectif de nuire à la révolution égyptienne et de stopper les autres mais surtout de mettre en avant des voyous, des agents de la CiA présentés comme islamistes, une horde sanguinaire qu’il faut par la suite réutiliser dans la théorie du « soft powerment » puis combattre plus tard pour arrêter la barbarie comme on a prétendu avoir arrêté les Arabes à Poitiers. Oui l’armée égyptienne dans sa doctrine actuelle et son organisation ne peut pas gagner une guerre contre Israël. Reste les expériences du Hezbollah et du HAMAS qui ont montré leur efficacité.L’ Égypte devrait  se débarrasser de ses maréchaux et de ses généraux et faire pacte avec l’Iran et la Syrie et surtout reprendre l’initiative au Soudan et en Libye si elle veut achever sa révolution et reprendre sa place dans le monde arabe par un rééquilibrage du monde sans attendre le retour du Messie.

Israël n’a pas besoin d’excuse pour déclarer la guerre. Avec ou sans révolution arabe Israël reste agresseur par sa nature sioniste et par ses vestiges de Bani Isräil. L’agression de la Libye montre qu’on peut au nom de n’importe quel principe inventer l’excuse et la forme pour attaquer un pays souverain, assassiner son président et confisquer ses richesses. C’est la nature du capitalisme prédateur. Contre Israël et le mondialisme nous ne pouvons nous passer d’une économie forte. Il ne peut y avoir économie forte sans liberté, sans reconnaissance du travail comme légitimation de la propriété, sans monopole et sans intermédiation commerciale par les banques du Riba international. Toutes ses exigences exigent un état de droit ! Pour l’instant il n’y a pas d’État il y des imposteurs autistes qui monologuent et gaspillent comme les frères de Satan.

Je suis d’accord sur un point : il y a un seul combat qui prend des formes multiples : le parti d’Allah contre le parti de Satan, le mal contre le bien.

Mais dans le monde musulman il n’y a pas le parti d’Allah car les Musulmans se sont atomisés, dispersés et divergés en sectes, en partis partisans, en confréries, en écoles de Fiqh, en confessions, en doctrines, en partisan de tels savants contre tels autres savants, en haine et rancune, en revanche et convoitise du pouvoir. Ni l’or ni la monnaie de singe, ni les révolutions ne vont changer l’ordre des choses. La changement est plus profond et plus complexe :

{Allah ne change point en la situation d’un peuple tant que ses membres ne changent pas ce qui est eux} Ar Ra’âd 13

Il fautdrait changer nos attributs ontologiques : notre volonté, nos motivations, notre savoir, nos capacités d’agir, notre regard sur le devoir, notre façon d’exercer le pouvoir, notre rapport à l’économie et à la politique, nos comportements moraux, notre esthétique, notre spiritualité, notre indolence intellectuelle, notre mimétisme aveugle et stérile, notre infantilisme…. notre état sociopsychologique, notre rapport à la foi et à Dieu…

Sur les Banques islamiques.

Je n’aurais pas la pudeur de Cheikh Imrane Hossein et je dirais donc qu’elles sont un recyclage des pétrodollars, des commissions et rétrocommissions dans l’import export et une arme économique et idéologique pour imposer le modèle de consommation occidentale. J’ai monté des coopératives de jeunes devant créer 30 000 emplois et générer un chiffre d’affaire de 5 milliards de dollars uniquement dans les métiers liées à la mer (la zone côtière) et ni la Banque al Baraka ni une banque mixte koweïtienne n’étaient intéressées par l’investissement productif. Il est scandaleux de voir des prédicateurs saoudiens expliquer qu’il vaut mieux passer par le hallal de la banque islamique même si cela ressemble au riba et coute plus cher qu’une banque classique. Il est encore plus scandaleux de voir des Fatwas autoriser au nom de la nécessité le recours au crédit usuraire. Il faut se méfier de solutions clé en main ou marché en main qui fleurissent en Europe au nom du hallal avec des packagings creux mais fascinants par les mots techniques anglo-saxons qui ne trompent que les non avertis. La solution pour la communauté musulmane est dans la mise sur pied de véritables agences d’investissements islamiques qui mettent en œuvre le principe islamique de mutualisation, de partenariat et de travail coopératif. Le savoir faire, la réglementation et les expériences en France, en Espagne et en Italie sont riches tant au niveau de la droite que de la gauche. Sur le principe mutualiste et coopératif reposant sur le principe de l’usager propriétaire et gestionnaire le système islamique de financement peut être mis en place et se libérer de l’arnaque de la mourabaha pour innover dans ce qui est productif, créateur de valeurs, de force économiques et d’emplois : la moudaraba et la moucharaka. Il est très facile de faire des montages de souscriptions et créer des mutuelles de solidarité sociale comme alternatives licites aux campagnies d’assurances illicites.

AL JAZEERA la chaine qatari

Je rends hommage à Cheikh Imran Hossein d’avoir été le premier à dénoncer le complot d’al Jazeera bien avant qu’il n’émerge en plein jour. L’over dose de la cochonnerie médiatique a fait sombrer un pays dans la guerre civile le poussant à renier son organisation, sa relative prospérité et sécurité et son potentiel d’action à destination de l’Afrique. Elle est devenu le porte voix des savants égarés et des partisans de l’OTAN et des pétrodollars contre le bon sens et l’intérêt suprême du monde musulman. Elle est devenu l’instrument de propagande militaire, de guerre psychologique, de diversion médiatique et de subversion informationnelle contre la Syrie ;

Mohammad Mahatir

Il a fait la promotion de Mohammad Mahatir l’ancien Premier Ministre de la Malaisie. Cela l’honore car ce manager a laissé derrière lui un pays prospère, l’expérience de la couverture en or, en argent, en platine de la monnaie semble bien se dérouler. Les Arabes boudent cet homme d’expérience et lui préfèrent les consultants Anglos saxons. Ils assumeront les catastrophes de leur choix. Mohammad a signifié que pour la Malaisie la comparaison n’est pas l’Arabie mais Singapoore même si nous savons que Singapour est une création impérialiste britannique reprise par l’empire américain pour le contrôle du sud est asiatique et réaliser deux objectifs : contrer la Chine et empêcher l’éveil ou la fédération des pays musulmans dans cette région dont les populations sont méticuleuses, soignées, habiles et intelligentes.

Le Dajjal un scénario probable de guerre nucléaire

Le Huitième point sur lequel je serais d’accord avec Cheikh Imrane Hossein même s’il ne l’explicite pour des raisons liées à sa sécurité ou à son auditoire est de voir à travers le Dejal un scénario probable de guerre nucléaire. La Libye et la Syrie sont la proie des Arabes et des islamistes qui n’ont pas ni vision stratégique ni lecture de la Charia islamique juste une rhétorique entretenu par l’Illusion avec les Arabes, la Turquie et l’Occident à leur côtés pour ariver au pouvoir quitte contre tous les principes de la digité arabe « embrasser le chien sur sa gueule ». La guerre nucléaire redoutée se passera probablement en Asie. Soit en Iran. Les cabinet d’intelligence géostratégiques viennent de signaler que la Russes et les Chinois viennent de reconnaitre que l’Iran possède une dizaine de têtes nucléaires. Les Arabes préoccupés de leur problèmes ne peuvent rien changé à un ordre d’attaque nucléaire contre l’Iran. On parle déja de troupes chinois et russes en état d’alerte.

Il est possible que le le terrain nucléaire ne soit pas l’Iran mais le Pakistan. La guerre contre les Talibans touche a sa fin avec l’évacuation imminente des troupes françaises et américaines défaites avec le risque de laisser l’Afghanistan repris en main par le Pakistan qui a été sa base arrière et qui peut devenir le terrain de son déploiement tactique et stratégique pour qu’il n’y ait plus de retour des Croisés. Nous ne pouvons manquer de citer un texte que j’avais traduit d’un article arabe écrit par Mou’amar al Kadhafi qui dit des vérités incontestables : »le marécage pakistanais » :

« L’occident, en particulier l’Amérique et Israël, n’ont jamais souhaité voir le Pakistan posséder une bombe nucléaire. Mais le 28 mai 1998, ils se sont réveillés mis devant le fait accompli : le Pakistan était devenu une puissance nucléaire. Ils avaient alors blâmé leurs Services de Renseignements dans leur défaillance à prévoir les essais nucléaires et à les empêcher.

Les livres, les articles et les discours innombrables ont nommé la bombe nucléaire du Pakistan « la bombe islamique » la percevant comme menace apocalyptique du monde musulman contre le monde occidental et pouvoir de dissuasion contre leurs intérêts. Dans les écrits contre l’arme nucléaire pakistanaise tout l’imaginaire était mobilisé pour la faire percevoir comme l’annonce du Jugement dernier.

Tous les efforts ont été déployés pour dissuader le Pakistan de posséder la bombe atomique. Le secrétaire d’état américain Henry Kissinger avait franchement menacé le premier ministre pakistanais Zulfikar Ali Bhutto par un langage non diplomatique : « si jamais vous faites la bombe, nous vous châtierons de telle manière que vous serez un exemple à méditer pour le reste du monde ». (Zulfikar Alî Bhutto est le père de Benazir Bhutto, élue premier ministre du Pakistan en 1988 ndt)

M. Zulfikar Ali Bhutto, le fondateur du programme nucléaire du Pakistan, a vu les menaces américaines s’exécuter sur lui : il a fini pendu. Pour les mêmes raisons l’ancien président pakistanais le général Al-Haq Zia, qui a islamisé le Pakistan et consolidé son programme nucléaire, a lui aussi été assassiné. Plus récemment, Benazir Bhutto, fille de M. Bhutto, a été assassinée. D’autres peuvent encore faire face à un destin semblable.

La question, cependant, est : Pourquoi les Américains et les Israéliens refusent-ils que le Pakistan possède la bombe atomique ?

Le Pakistan est un pays musulman. En fait, l’Islam est la base même de la création territoriale et de l’existence politique du Pakistan. Excepté la religion, il n’y a vraiment aucun autre facteur qui unisse les Pakistanais. Ceci explique pourquoi les Pakistanais semblent fanatiques au sujet de la religion. C’est l’essence de leur nationalité

[…] Les Pakistanais se sont dit que leur ennemi est le Hindou, pas le juifs ou les chrétien, et par conséquent il faudrait que leur arsenal nucléaire soit focalisé sur l’Inde et non sur Israël ou les bases américaines. Il a fallu en même temps convaincre les Hindous que leur ennemi réel est bien le Pakistan et non un autre voisin et que celui-ci dispose des capacités de dissuasion dirigées contre les Hindous.

Cette politique vise à préoccuper le Pakistan avec l’Inde et l’Inde avec le Pakistan dans une course à l’armement sans fin et dans l’oubli des autres défis. C’est sans doute la raison pour laquelle on assiste à des regains de tensions entre les communautés musulmanes et les communautés hindouistes et c’est sans doute aussi pourquoi l’Amérique n’a pas été disposée à contribuer à résoudre le problème du Cachemire, tandis que les Israéliens essayeront de le maintenir toujours chaud, inflammable et explosif.

La tension et l’inquiétude continueront donc à planer sur cette région du monde car dans un scénario comme dans l’autre le Pakistan, gouverné par la classe politique traditionnelle ou par les groupes extrémistes nucléaire, restera en permanence un danger et une menace pour les américains et les israéliens. »

Les militaires ont un terme  » la brigade ou la division en offensive dans la foulée » : les forces de la coalition sont en situation d’offensive dans la foulée à partir de l’Irak et des bases arabes où ils ont envahi l’Irak, les troupes en Afghanistan avec des logistiques en Inde et dans les anciennes républiques musulmanes soviétiques, et les troupes en Libye : sur le plan de la logique ils n’ont pas une autre occasion pour tenter de mettre fin à la bombe « islamique » en faisant intervenir Israël, l’Inde et l’Occident. Ce scénario probable n’interdit pas dans la foulée de frapper l’Iran. Ils remettent l’équilibre en leur faveur, ils relancent l’économie par le déficit budgétaire et l’économie de guerre, ils affaiblissent la Chine qui va se trouver avec son ennemi traditionnel l’Inde et le Japon et l’affaiblissement de l’organisation de l’Alliance de Shanghai sino russe où le Pakistan et l’Iran sont membres observateurs appelés à devenir membre à part entière. Avec un Afghanistan réinvesti par la Russie, la Chine, l’Iran et le Pakistan l’alliance de Shanghai met en péril l’économie mondialiste juste par l’insésécurité des approvisionnements et le déplacement du centre mondial vers l’Euro Asie. On entend déjà les bottes de l’armée chinoise et de l’armée russe dès l’agression de la Libye et l’installation du bouclier anti missile en Turquie. Tous les scénarios sont ouverts. Le projet du grand Israël correspond dans le temps et l’espace au projet de survie de l’empire américain et ses vassaux et de la survie des monarchies arabes qui se mobilisent pour servir Israël.

Encore une fois les algériens s’ils avaient une élite héritière de l’ALN et non un pouvoir et une opposition prête à reconnaitre le CNT et servir l’OTAN ils auraient rendu la mission impossible en faisant échouer les plans de l’OTAN en Libye et en fermant la méditerranée en symbiose avec la fermeture du détroit d’Ormuz par l’Iran et couper l’approvisionnement en gaz et en pétrole. La révolution de cactus se transformeraient en révolution de chrysanthèmes pour les amateurs de chromatiques. Il semblent que les Chinois et les chinois avouent que les iraniens possèdent un arsenal de 10 unités balistiques nucléaires. Pourquoi le dire? Enfoncer le monde occidental et récupérer la mise ou menacer le monde occidental et pousser Israel à la faute. Toute faute ou défaite d’Israël est un affaiblissement du bloc anglo saxon et latino germanique en faveur des slaves et des chinois. Le jeu se fait à l’échelle des grands, sur la carte mondiale et en terme de macro régions. Les arabes seront les mammouths disparus dans l’espèce humaine jusqu’à ce que :

Allah fera venir un peuple qu’Il aime et qui l’aiment, miséricordieux entre eux et durs envers les renégats

Ceci dit je respecte son point de vue. Mes remarques doivent être prises dans leurs limites car je ne suis pas anglophone et ses principaux travaux sont en anglais. Je pense avoir répondu à l’essentiel. Pour nos tous l’Islam est un tout indivisible, sa mise en pratique ne peut se passer des règles mohammadienne de la progressivité, de la dynamique et du réalisme. Le réalisme de l’Islam ne veut pas dire se soumettre au fait accompli mais connaitre la réalité pour la changer sachant que le véritable changement commence par soi. Ce changement donne au Musulman le principe du mas’oul (la responsabilité individuelle) qui rend acceptable et désirable le véritable grand chantier du changement global et collectif qu’on appelle le Taklif : le changement social et politique. Dès qu’on donne à une partie plus d’importance qu’à une autre on a fait de l’Islam une caricature, un projet irréaliste, une fuite en avant, des occasions que les experts en lutte idéologique, en manœuvre de diversion et en opérations de subversions ne ratent pas car ils sont en éveil non pas qu’ils soient plis intelligents mais plus conscients des enjeux et des devenirs, les leurs et les nôtres….

La postérité d’Israël et le sens coranique de son second ou dernier retour

وَءَاتَيْنَا مُوسَى ٱلْكِتَـٰبَ وَجَعَلْنَـٰهُ هُدًۭى لِّبَنِىٓ إِسْرَ‌ٰٓءِيلَ أَلَّا تَتَّخِذُوا۟ مِن دُونِى وَكِيلًۭا ﴿2﴾ ذُرِّيَّةَ مَنْ حَمَلْنَا مَعَ نُوحٍ ۚ إِنَّهُۥ كَانَ عَبْدًۭا شَكُورًۭا ﴿3﴾ وَقَضَيْنَآ إِلَىٰ بَنِىٓ إِسْرَ‌ٰٓءِيلَ فِى ٱلْكِتَـٰبِ لَتُفْسِدُنَّ فِى ٱلْأَرْضِ مَرَّتَيْنِ وَلَتَعْلُنَّ عُلُوًّۭا كَبِيرًۭا ﴿4﴾ فَإِذَا جَآءَ وَعْدُ أُولَىٰهُمَا بَعَثْنَا عَلَيْكُمْ عِبَادًۭا لَّنَآ أُو۟لِى بَأْسٍۢ شَدِيدٍۢ فَجَاسُوا۟ خِلَـٰلَ ٱلدِّيَارِ ۚ وَكَانَ وَعْدًۭا مَّفْعُولًۭا ﴿5﴾ ثُمَّ رَدَدْنَا لَكُمُ ٱلْكَرَّةَ عَلَيْهِمْ وَأَمْدَدْنَـٰكُم بِأَمْوَ‌ٰلٍۢ وَبَنِينَ وَجَعَلْنَـٰكُمْ أَكْثَرَ نَفِيرًا ﴿6﴾ إِنْ أَحْسَنتُمْ أَحْسَنتُمْ لِأَنفُسِكُمْ ۖ وَإِنْ أَسَأْتُمْ فَلَهَا ۚ فَإِذَا جَآءَ وَعْدُ ٱلْءَاخِرَةِ لِيَسُۥٓـُٔوا۟ وُجُوهَكُمْ وَلِيَدْخُلُوا۟ ٱلْمَسْجِدَ كَمَا دَخَلُوهُ أَوَّلَ مَرَّةٍۢ وَلِيُتَبِّرُوا۟ مَا عَلَوْا۟ تَتْبِيرًا ﴿7﴾ عَسَىٰ رَبُّكُمْ أَن يَرْحَمَكُمْ ۚ وَإِنْ عُدتُّمْ عُدْنَا ۘ وَجَعَلْنَا جَهَنَّمَ لِلْكَـٰفِرِينَ حَصِيرًا ﴿8﴾

Et Nous avons prédît à la postérité d’Israël, dans le Livre : « Vous corromprez sûrement deux fois de par la terre, et vous opprimerez cruellement les gens. » Et quand le moment de l’accomplissement de la première des deux eut lieu, Nous avons déchaîné contre vous, de Nos créatures, doués d’une forte rigueur, alors ils pénétrèrent tout le pays. Et ce fut une menace accomplie. Ensuite Nous vous avons redonné avantage sur eux, Nous vous avons accru en richesses et en descendances, et Nous vous avons rendu plus nombreux. Si vous faites le meilleur, vous faites le meilleur pour vous-mêmes, et si vous faites le mal c’est à votre détriment. Quand viendra le moment de l’accomplissement de la seconde, ils marqueront sûrement l’horreur sur vos visages et pénétreront sûrement dans le sanctuaire comme ils le pénétrèrent la première fois, et pour démolir totalement ce qu’ils ont dominé. Il se peut que votre Seigneur vous Fasse miséricorde. Et si vous récidivez, Nous Recommencerons. Et Nous avons fait de la Géhenne un emprisonnement pour les mécréants. (Al Isra 1 à 8)

Les savants spécialistes de l’exégèse à travers le temps et les écoles du Tafisr ne sont pas parvenus à se prononcer d’une manière décisive sur le sens de ses versets :

Ces bani Israël sont-ils le peuple de Moise ou tous les Juifs ?
La promesse divine (’accomplissement de la seconde) s’est-elle déjà réalisée pour eux ou est-elle encore à se réaliser ?
Quand a eut lieu la première ?
De quel sanctuaire s’agit-il ? Celui de Salomon, celui de Jérusalem, celui de Babel ?

Mille et une questions ont été soulevées par les Savants et en toutes les époques et parmi ces savants certains sont allés à fixer les événements dans leur époque, les autres dans une époque révolue et d’autres encore dans une époque à venir. Mais les savants contemporains comme les anciens buttent sur la question des Bani Israël qui sont antérieurs aux Juifs. Le Coran aborde la question sous différentes périodes : celle de Jacob, celle de Moise, celle de Jésus, celle de Mohamed avant l’Islam, celle durant l’Islam. Les Bani Israël sont les ancêtres des Juifs et des Chrétiens sur le plan religieux, une minorité d’entre eux ont été des Musulmans qui ont suivi et soutenus les Prophètes Moussa et Aissa. Est-ce que le danger ne vient-il pas des néoconservateurs et des évangélistes sionistes américains?

Entre Zamakhchari, Ràzi, Ibn Kathir, Sayed Qotb, Al Qortobi, At Tabari et des dizaines d’autres j’ai du mal à fixer un choix définitif. Si Cheikh Imrane Hussein vous a apporté la réponse qui manque à votre savoir qu’Allah bénisse sa connaissance et la votre et qu’Il m’apporte la lumière pour distinguer la vérité malgré sa complexité et son caractère de Ghayb n’appartenant qu’à Allah. J’avoue n’avoir aucune connaissance en eschatologie. J’avoue mon modeste savoir : Mohamed (saws) envoyé comme ultime Prophète a agit armé de la Révélation et de la raison. Je n’ai pas connaissance qu’il ait demandé à un de ses compagnons de se référer à l’eschatologie ou au Ghayb pour construire une bonne gouvernance, affronter un ennemi ou aménager un territoire. Par contre en lisant Hassan al Bassri ou Abu Hamad al Ghazali je constate que dans les époques de troubles, de confusion et de foi bigote les musulmans ont recours aux mythologies judéo-chrétiennes et au fatalisme pour ne pas assumer leur responsabilité et se donner explication à leur Wahn. Le sujet est fermé pour moi. Je n’ai plus rien à ajouter sur ce qui dépasse mes compétences.

Gog et Magog

Le Hadith rapporté par Zeinab Ben Jahch où le Prophète se réveille paniqué disant malheur aux arabes et citant la brèche dans la muraille des Gog et Magog est-il une parabole, c’est à dire une passerelle entre l’injustice et la cruauté des envahisseurs et sa cause qui est la perversité des arabes  » kathoura al Khobt ». Gog et Magog sont-ils une vérité eschatologique que décrit le Prophète qui a vu une partie du Ghayb et il nous en informe pour que le jour où le phénomène se passe les Musulmans tenant fermement au Livre et à la Sunna ne faiblissent pas et ne se laissent pas emporter par le mimétisme et la démission nées justement de la perversion des Arabes. le Quand nous échappe : demain, le mois prochain, dans un an ou dans plusieurs siècles?

Gog, Magog et Dajjal relèvent de la métaphysique qui nous prépare à affronter la fin du monde et à nous préparer au Jugement dernier. Mohamed (saws) a fait de l’invocation le dernier recours une fois qu’il a mis en place son dispositif de combat. Il était positif et optimiste. Cheikh Imrane n’est ni positif ni optimiste ni rationnel. Ce n’est ni mon école ni mon idole.

Les talmudistes qui attendent le retour du Messie et l’apcalypse pour nous exterminer le font avec dessein et planification : Ils travaillent, ils produisent de la pensée efficace, ils mettent en oeuvre des systèmes d’armes sophistiqués. Ce ne sont ni des Djinns ni des Gogs ni des Magogs. A moins que la prochaine bataille nucléaire contre l’Iran mettre en première lignes les chinois qui vont déferler sur les terres arabes pour s’emparer des richesses de pétrole et de gaz à cause de la perversité des Arabes. C’est encore une lecture géopolitique et allégorique du hadith.

La vie nous a montré que contre « Gog et Magog » talmudique, le HAMAS et Hezbollah ont résisté et gagné. Les somaliens ont gagné, les Irakiens ont gagné, les Afghans sont entrain de gagner.
La Sourate al Kahf est une sourate de dynamique, de mouvement, d’espoir et de destin : Ne pas se soumettre à la fatalité. On ne peut pas aller contre l’évidence du Coran qui montre Dhul Qarnayn libérateur et civilisateur. On ne peut pas aller contre l’évidence du Hadith qui dit

 » Epuisez tous vos efforts, ne faiblissez point ensuite dites ainsi soit-il « .

Epuiser c’est mette fin aux ressources d’un puits et se retrouver sans ressources, contraints d’aller chercher les ressources au fond de soi qui sont inimaginables en termes d’efforts cachés, d’ingéniosité, de courage et de lutte. Allah ne charge chacun que selon son Wasa’â. Le Wasa’â n’est pas la capacité ou la possibilité mais l’aptitude à devenir expansible. Al Wasa’â est la vasteté ou la vastitude de l’effort du croyant, de sa patience, de son endurance, de sa constance dans l’épreuve. Seul Allah connait notre potentiel que revèle l’expérience de lutte ou de résistance. Seul Allah peut mettre en expansion le cœur (l’intériorité) qu’Il détient entre Ses doigts. Pourquoi aller loin et hors sujet.

Notre modèle : le Prophète (saws)

Nous devons nous libérer de toute explication eschatologique de l’histoire, de tout mythe messianique, et de toute haine qui nous ferait prendre l’ombre pour la proie, sonner midi à quatorze heures et prendre l’anti thèse de l’Islam comme l’allié stratégique des Musulmans. Nous devons conserver la vision positive, libératrice et civilisatrice de Mohamed (saws) qui a trouvé la force, le courage, l’imagination et l’inspiration pour innover et faire face aux contraintes objectives qui rendaient à priori sa mission à Médine impossible :

• Une démographie galopante d’exilés sans argent et sans métiers,
• un foncier aux mains des Juifs,
• la pratique usuraire,
• le capital financier aux mains des Juifs,
• le marché aux mains des Juifs,
• l’industrie (fabrication d’outillages et d’armements) aux mains des juifs,
• insalubrité de Madinah,
• les voies commerciales et les routes d’approvisionnement sous contrôle des tribus païennes arabes hostiles,
• la mobilisation de troupes militaires arabes financées par les riches commerçants arabes, les Juifs et les Chrétiens d’Arabie ou du Yémen, les Perses et les Byzantins,
• la trahison des Juifs et des Hypocrites qui n’ont pas respecté le pacte citoyen de Médine,
• les menaces d’envahissement de l’Arabie par les Perses et les Byzantins,
• Toutes les civilisations en Asie, en Europe, en Afrique étaient antinomiques avec le monothéisme de l’Islam,
• un peuple musulman pas encore totalement libéré de l’héritage païen et chargé d’entrer dans l’histoire comme libérateur et civilisateur…

Mohamed (saws) et ses compagnons ont réussi en s’appuyant sur une foi qui conjuguait « soumission » à Allah et mission pour Allah.

  • Je ne pose pas le problème en terme de juifs. J’ai parlé du monopole sur les finances, l’économie, le marché et l’industrie. A Médine il était entre les mains des Juifs, en 2012 il est entre les mains du nouvel ordre mondial. La situation de Mohamed (saws) était pire que la notre et il a travaillé avec le Coran et son intelligence en agissant sur le territoire, les hommes et les idées.
  • Le verset que je viens de citer plus haut sur le Makane (territoire) et le Tamkine (la territoiralisation) par une communauté de foi passe par la bonne gouvernance c’est à dire le politique qui met en œuvre l’économique, l’éthique et le spirituel. La communauté musulmane sans prendre les armes ni fomenter des troubles peut contraindre le gouvernant à changer en commençant à changer elle même et à prendre possession de son territoire, de son temps, de sa volonté les soumettant à la conformité du Coran et de la Sunna
  • l’Islam est global, dynamique et réaliste. Il ne s’agit pas de trouver la solution dans la salât ou dans un rite mais dans l’intégralité de l’Islam.

Omar Ibn Al Khattab sur les pas du Prophète (saws)

Lorsque Omar (ra) a été investi du Khalifat il s’est consacré au bonheur et à la dignité des Musulmans ainsi qu’à leur sécurité sans jamais tomber dans des explications eschatologiques ni débattre de questions métaphysiques. Il avait eu l’honneur du vivant du Prophète (saws) de souhaiter des lois divines qui ont été exaucées en devenant des révélations de versets coraniques immuables, et il avait eu le don de prémonition et de vision lors des conquêtes puisqu’il « voyait » le champ de bataille et envoyait les renforts et les hommes les plus adéquats pour remporter la bataille compromise. Il a gouverné avec réalisme et efficacité et conduit des armées avec victoire et miséricorde tant pour les Moudjahidines que pour les vaincus. Si les Khalifes bien guidés et à leur tête Omar Ibn Khattab ont agit en conformité avec les exigences du rapport des forces et d’intelligence stratégique et tactique je ne vois pas pourquoi nous devrions affronter nos ennemis avec des slogans et des discours apocalyptiques sans prendre avec notre esprit et avec nos mains les conditions objectives et subjectives de la victoire et de l’émancipation. A titre d’illustration voici quelques grandes réalisations de Omar qui témoignent de son réalisme, de son efficacité, de sa connaissance des desseins du Coran, des exigences de la communauté musulmane :

  • Instauration de la justice, de l’équité et du droit,
  • Promotion du travail, augmentation de la productivité du travail et accroissement de l’efficacité sociale,
  • Mise en place du crédit pour le développement de l’innovation et de la production ainsi que la multiplication des entreprises individuelles ou participatives,
  • Mise en place et organisation des fondations pieuses et du Waqf pour garantir la cohésion sociale et des revenus conséquents pour supporter l’effort de guerre et promouvoir le progrès social et économique,
  • Réalisation de grands chantiers en matière de santé publique, de solidarité sociale et d’éducation
  • Planification et conduite de la réforme agraire (extension de la production, mise en valeur des terres, confiscation des terres non travaillées)
  • Édification de l’État avec une administration scientifique, un budget équilibré, un Trésor public, une comptabilité
  • Garantie de la sécurité des peuples, musulmans et non musulmans, et respect de la sacralité du sang et des biens tant qu’il n’y a pas transgression du droit,
  • Amélioration des revenus et mise en place d’un système socio-économique contributif et redistributif selon des critères transparents fondés sur les trois aspects suivants
    • le mérite,
    • l’effort,
    • le besoin
  • Consolidation et préservation de la religion sans laxisme ni rigorisme
  • Fédération et mise en synergie de toutes les forces vives de la communauté sans exclusion ni exclusive

Ce que dit le Coran est plus important que ce que disent tous les savants réunis

Nous croyons au Ghayb mais nous n’en connaissons pas le terme qui appartient à Allah. Faute d’agir sur une vérité métaphysique nous devons, par respect pour l’humanité qui nous habite et le Coran qui nous guide, agir avec intelligence et détermination sur les conditions objectives et subjectives tout en étant confiant en Allah. Il ne s’agit pas d’agir par improvisation ou par arrangement d’appareils comme l’ont fait les élites musulmanes dans ce « printemps arabe » qui est devenu par leur incapacité un torrent de sang, une transgression de la vie sacrée et un auxiliariat de l’agenda de l’OTAN. Il nous faudrait agir en conformité avec les Sunnanes (lois) d’Allah qui gouvernent d’une manière immuable l’histoire des hommes, l’émergence ou la décadence des nations et des civilisations

سُنَّةَ ٱللَّهِ ٱلَّتِي قَدْ خَلَتْ مِن قَبْلُ وَلَن تَجِدَ لِسُنَّةِ ٱللَّهِ تَبْدِيلاً

{C’est la Loi d’Allah qui a déjà eu lieu auparavant. Et tu ne trouveras point de modification à la Loi d’Allah.} Al Fatah 23

Cette loi d’Allah immuable est explicitée par le Coran et par la biographie du Prophète, et elle est livrée par l’Histoire sans besoin d’aller puiser dans la métaphysique :

وَأَقْسَمُواْ بِٱللَّهِ جَهْدَ أَيْمَانِهِمْ لَئِن جَآءَهُمْ نَذِيرٌ لَّيَكُونُنَّ أَهْدَىٰ مِنْ إِحْدَى ٱلأُمَمِ فَلَمَّا جَآءَهُمْ نَذِيرٌ مَّا زَادَهُمْ إِلاَّ نُفُوراً ٱسْتِكْبَاراً فِي ٱلأَرْضِ وَمَكْرَ ٱلسَّيِّىءِ وَلاَ يَحِيقُ ٱلْمَكْرُ ٱلسَّيِّىءُ إِلاَّ بِأَهْلِهِ فَهَلْ يَنظُرُونَ إِلاَّ سُنَّتَ ٱلأَوَّلِينَ فَلَن تَجِدَ لِسُنَّتِ ٱللَّهِ تَبْدِيلاً وَلَن تَجِدَ لِسُنَّتِ ٱللَّهِ تَحْوِيلاً أَوَلَمْ يَسِيرُواْ فِي ٱلأَرْضِ فَيَنظُرُواْ كَيْفَ كَانَ عَاقِبَةُ ٱلَّذِينَ مِن قَبْلِهِمْ وَكَانُوۤاْ أَشَدَّ مِنْهُمْ قُوَّةً وَمَا كَانَ ٱللَّهُ لِيُعْجِزَهُ مِن شَيْءٍ فِي ٱلسَّمَٰوَٰتِ وَلاَ فِي ٱلأَرْضِ إِنَّهُ كَانَ عَلِيماً قَدِيراً

{Ils ont juré par Allah de tous leurs serments, que s’il leur parvenait un avertisseur, ils seraient sûrement mieux guidés qu’aucune des communautés. Alors, quand un avertisseur est venu à eux, il ne les accrut qu’en répulsion : orgueil de par la terre, et ruse de nuisance. Mais la ruse de la nuisance ne retombe que sur ceux qui la fomentent. Pourquoi ne devraient-ils pas regarder autre chose que la coutume des Anciens. Tu ne trouveras point d’altération à la Loi d’Allah, et tu ne trouveras point de déviation à la Loi d’Allah. N’ont-ils donc pas parcouru la terre puis regardé le sort de ceux qui étaient avant eux, lesquels étaient plus forts qu’eux en puissance. Allah n’A jamais Été Entravé par quoi que ce soit dans les Cieux ni en la terre. Il A toujours Été Omniscient, Omnipuissant.} Fater 42

وَإِن كَادُواْ لَيَفْتِنُونَكَ عَنِ ٱلَّذِي أَوْحَيْنَآ إِلَيْكَ لِتفْتَرِيَ عَلَيْنَا غَيْرَهُ وَإِذاً لاَّتَّخَذُوكَ خَلِيلاً وَلَوْلاَ أَن ثَبَّتْنَاكَ لَقَدْ كِدتَّ تَرْكَنُ إِلَيْهِمْ شَيْئاً قَلِيلاً إِذاً لأذَقْنَاكَ ضِعْفَ ٱلْحَيَاةِ وَضِعْفَ ٱلْمَمَاتِ ثُمَّ لاَ تَجِدُ لَكَ عَلَيْنَا نَصِيراً وَإِن كَادُواْ لَيَسْتَفِزُّونَكَ مِنَ ٱلأَرْضِ لِيُخْرِجوكَ مِنْهَا وَإِذاً لاَّ يَلْبَثُونَ خِلافَكَ إِلاَّ قَلِيلاً

{Peu s’en faut qu’ils ne t’aient dérouté de ce que Nous t’avons inspiré, pour que tu controuves contre Nous autre chose que ceci (le Coran); à ce moment là, ils t’auraient sûrement pris comme un bien-aimé. Et si Nous ne t’avions affermi, tu aurais failli pencher quelque peu vers eux. Dans ce cas, Nous t’aurions fait subir la double durée de l’épreuve de la vie et la double durée de l’épreuve de la mort, ensuite tu ne trouverais point contre Nous de protecteur. Peu s’en faut qu’ils ne t’aient fait fuir de la terre, pour t’en chasser ; dans ce cas, ils ne seraient demeurés que peu de temps après toi. C’est la Loi s’appliquant à Nos Messagers que Nous avons envoyé avant toi. Et tu ne trouveras point de changement à Notre Loi.} Al Isra 76

Il faut se donner le temps de voir comment s’est manifestée cette Sunna dans le rapport de force prouvant une fois de plus que le chemin tracé pour Mohamed (saws) et les Prophètes (as) est le chemin que nous devons suivre sans tomber dans les dérives eschatologiques des talmudiques ou de ceux qui s’en inspirent et qui croyant bien faire cultivent la paresse, le sensationnel, le fatalisme et l’attente messianique au lieu de cultiver l’ingénierie de résolution des problèmes tant politiques et sociaux que géopolitiques et stratégiques. Voici la Loi d’Allah à l’œuvre mettant à l’épreuve les uns et les autres :

قَدْ خَلَتْ مِن قَبْلِكُمْ سُنَنٌ فَسِيرُواْ فِي ٱلأَرْضِ فَٱنْظُرُواْ كَيْفَ كَانَ عَاقِبَةُ ٱلْمُكَذِّبِينَ هَـٰذَا بَيَانٌ لِّلنَّاسِ وَهُدًى وَمَوْعِظَةٌ لِّلْمُتَّقِينَ وَلاَ تَهِنُوا وَلاَ تَحْزَنُوا وَأَنْتُمُ الأَعْلَوْنَ إِنْ كُنْتُمْ مُّؤْمِنِينَ إِن يَمْسَسْكُمْ قَرْحٌ فَقَدْ مَسَّ ٱلْقَوْمَ قَرْحٌ مِّثْلُهُ وَتِلْكَ ٱلأَيَّامُ نُدَاوِلُهَا بَيْنَ ٱلنَّاسِ وَلِيَعْلَمَ ٱللَّهُ ٱلَّذِينَ آمَنُواْ وَيَتَّخِذَ مِنكُمْ شُهَدَآءَ وَٱللَّهُ لاَ يُحِبُّ ٱلظَّالِمِينَ وَلِيُمَحِّصَ ٱللَّهُ ٱلَّذِينَ آمَنُواْ وَيَمْحَقَ ٱلْكَافِرِينَ أَمْ حَسِبْتُمْ أَن تَدْخُلُواْ ٱلْجَنَّةَ وَلَمَّا يَعْلَمِ ٱللَّهُ ٱلَّذِينَ جَاهَدُواْ مِنكُمْ وَيَعْلَمَ ٱلصَّابِرِينَ

{Combien de Lois ont réglé le sort de ceux qui vous ont précédé. Parcourrez donc la terre et regardez quel ne fut le sort des négateurs! Ceci est un Manifeste pour les hommes, une Direction infaillible et une exhortation pour les pieux. Ne perdez donc pas courage, ne vous affligez point alors que vous êtes les supérieurs, si vous êtes croyants. Si une blessure vous atteint, les autres furent aussi atteints d’une blessure pareille. Et ces jours, Nous les alternons parmi les hommes. Allah connait certainement ceux qui sont devenus croyants, et Il élit des Martyrs d’entre vous – Allah n’Aime point les injustes – afin qu’Il purifie ceux qui sont devenus croyants, et qu’Il anéantisse les mécréants. Ou bien pensiez-vous entrer au Paradis sans qu’Allah ne confirme ceux qui ont lutté d’entre vous et ne confirme les persévérants ?} Al ‘Imrane 137

وَمَن يُطِعِ ٱللَّهَ وَرَسُولَهُ وَيَخْشَ ٱللَّهَ وَيَتَّقْهِ فَأُوْلَـٰئِكَ هُمُ ٱلْفَآئِزُون وَأَقْسَمُواْ بِٱللَّهِ جَهْدَ أَيْمَانِهِمْ لَئِنْ أَمَرْتَهُمْ لَيَخْرُجُنَّ قُل لاَّ تُقْسِمُواْ طَاعَةٌ مَّعْرُوفَةٌ إِنَّ ٱللَّهَ خَبِيرٌ بِمَا تَعْمَلُونَ قُلْ أَطِيعُواْ ٱللَّهَ وَأَطِيعُواْ ٱلرَّسُولَ فَإِن تَوَلَّوْاْ فَإِنَّمَا عَلَيْهِ مَا حُمِّلَ وَعَلَيْكُمْ مَّا حُمِّلْتُمْ وَإِن تُطِيعُوهُ تَهْتَدُواْ وَمَا عَلَى ٱلرَّسُولِ إِلاَّ ٱلْبَلاَغُ ٱلْمُبِينُ وَعَدَ ٱللَّهُ ٱلَّذِينَ آمَنُواْ مِنْكُمْ وَعَمِلُواْ ٱلصَّالِحَاتِ لَيَسْتَخْلِفَنَّهُمْ فِي ٱلأَرْضِ كَمَا ٱسْتَخْلَفَ ٱلَّذِينَ مِن قَبْلِهِمْ وَلَيُمَكِّنَنَّ لَهُمْ دِينَهُمُ ٱلَّذِي ٱرْتَضَىٰ لَهُمْ وَلَيُبَدِّلَنَّهُمْ مِّن بَعْدِ خَوْفِهِمْ أَمْناً يَعْبُدُونَنِي لاَ يُشْرِكُونَ بِي شَيْئاً وَمَن كَفَرَ بَعْدَ ذٰلِكَ فَأُوْلَـٰئِكَ هُمُ ٱلْفَاسِقُونَ

{Et quiconque obéit à Allah et à Son Messager, et craint Allah et s’efforce d’être pieux, ceux-ci sont les gagnants. Et ils ont juré par Allah de tous leurs serments que si tu le leur ordonnais, ils partiraient sûrement (pour le combat). Dis : « Ne jurez pas ». C’est une obéissance connue. Certes, Allah Est Omniscient de ce que vous faites. Dis : « Obéissez à Allah et obéissez au Messager ». Si alors ils se détournent, il ne lui incombe que ce dont il fut chargé, et il ne vous incombe que ce dont on vous a chargés. Et si vous lui obéissez vous serez guidés, et il n’incombe au Messager que la transmission évidente. Allah A Promis à ceux qui sont devenus croyants d’entre vous, et ont fait les œuvres méritoires de faire d’eux, certainement, les successeurs sur la terre, comme Il a fait de ceux qui furent avant eux, des successeurs, et d’accorder plein pouvoir à leur religion, qu’Il a agréée pour eux, et qu’après leur inquiétude, Il la leur changera en sécurité. Ils M’adorent et ne M’associent absolument rien. Et quiconque renie après cela, alors ceux-ci sont les pervertis. Alors accomplissez la prière, et acquittez-vous de la Zakat, et obéissez au Messager, ainsi il vous sera fait miséricorde. Et ne pensez surtout pas que ceux qui devinrent mécréants sauraient entraver de par la terre, leur refuge sera le Feu, piètre destin !} Al Nour 52

Ces énoncés montrent qu’il n’y a pas de place à la démagogie ni à la culture de la fascination par l’évocation du surnaturel, mais détermination, endurance, intelligence et effort soutenu et assidu par toute une génération de croyants. Salah Eddine a libéré Al Qods en suivant les Lois divines, en faisant des analyses objectives et subjectives puis en s’appuyant sur Allah une fois sa décision prise avec rationalité éclairée par la foi.

Le terme et le délai appartiennent à Allah, le quand n’appartient ni aux Prophètes ni aux croyants

Cheikh Imran Hosein s’appuie pour son explication eschatologique sur la sourate al Kahf qui pourtant énonce sur le Ghayb du passé sa complexité qui a laissé le Prophète (saws) dire à ses compagnons que si Moïse (as) s’était montré plus patient nous aurions eu plus d’informations sur le Ghayb. Focalisé sur le passé et non sur celui de l’avenir davantage plus complexe et moins intelligible, la sourate Al Kahf aborde la question de la foi à travers les jeunes dormants de la caverne et nous fait acquérir cette règle fondamentale : Allah (swt) a fait découvrir les jeunes gens de la caverne pour manifester Ses signes aux contestataires et aux négateurs.

{De même, Nous avons fait qu’on les découvre afin que les gens sachent que la promesse d’Allah est Vérité, et que l’Heure ne fait aucun doute, lorsqu’ils contestent leur affaire entre eux} Al Kahf 21

En manifestant les signes qui témoignent que Sa Promesse est vraie et que la fin du monde est proche, Allah (swt) met toute sa création dans l’impossibilité de deviner le terme et le délai de la fin du monde en faisant allusion qu’il est impossible de deviner le nombre de personnes ni de prévoir comment demain sera fait :

{Ils diront : « Trois, leur quatrième : leur chien », et ils diront : « Cinq, leur sixième : leur chien » par divination. Et ils diront : « Sept et leur huitième : leur chien ». Dis : « Mon Seigneur Est Plus-Scient de leur nombre, et ne le connaissent que peu nombreux. Ne discute alors sur leur sujet qu’une discussion globale, et ne demande l’avis de personne d’entre eux à leur propos. » Et ne dis surtout pas d’une chose : « Je ferai ceci demain », sauf : « Si Allah Veut ». Evoque le Nom de ton Seigneur, si tu oublies, et dit : « Mon Seigneur me Guidera sûrement vers ce qui est plus proche de cela en droiture ». Et ils demeurèrent dans leur Caverne trois cents ans qui augmentèrent de neuf. Dis : « Allah est Plus-Scient de ce qu’ils restèrent. A lui Appartient le Ghayb des Cieux et de la terre} Al Kahf 22 à 26

Nous sommes invités à nous informer et à nous rappeler la vérité du Ghayb de la fin du monde en des termes globaux et ce dans le but de nous rappeler la promesse d’Allah (swt) et de craindre Son Châtiment. Mais nous ignorons le processus réel, le terme exact (al ajal) et le délai final (al amad) qui n’appartiennent qu’à Allah (swt). Le quand n’est ni du ressort du Prophète ni des Croyants les plus érudits et les plus illuminés. Les compagnons du Prophète (saws) n’ont pas développé une science eschatologique ni consacré leur temps à débattre de la fin du monde, de l’arrivée du Dajjal et du retour du Messie. Je ne suis pas qualifié pour dire que le faire aujourd’hui est une innovation (bid’âa) mais j’affirme à la lumière du Coran que c’est prendre un risque énorme de déviance que de se consacrer à l’art divinatoire à partir des Hadiths et un penchant vers l’astrologie et les sciences occultes. Le risque le plus grand c’est de laisser le Coran derrière soi et de refuser d’affronter le monde en se mettant sur un terrain et un savoir dont nous n’avons aucune certitude ni science car ils relèvent exclusivement d’Allah :

{A chaque terme un Décret. Allah efface et maintient ce qu’Il veut, et Il possède l’essence même du Livre du destin. Soit que Nous te montrions une part de ce que Nous leur promettons, ou que Nous te rappelions, il ne t’incombe que la transmission, et à Nous incombe le jugement.} Ar Raâd 38

Chaque fin, chaque issue, l’échéance de toute chose, de toute vie, de toute civilisation, de tout être, de tout phénomène y compris celui de l’existence des univers est consigné dans le Livre du destin inaccessible car il est écrit par Dieu. Nous savons qu’il y a une fin mais nous ne connaissons pas son terme. Le Prophète (saws) lui-même n’avait pas vocation à poser la question du quand ni à y répondre pour fixer le terme et le délai de ce qu’Allah a annoncé :

{Dis : « Il ne m’est sûrement inspiré que : “Votre Dieu Est, sûrement un Dieu Unique”. Etes-vous donc des musulmans ? » Si alors ils se détournent, dit : « Je vous ai transmis, à tous, ce qui m’a été ordonné. Je ne sais si ce qui vous est promis est proche ou lointain. Il Sait le manifesté de vos paroles et Il Sait ce que vous taisez. Et que sais-je, peut-être est-ce une épreuve pour vous et une jouissance pour un certain temps ? »} Al Anbiya 108

{Dis : « Je ne dispose pour vous ni de mal ni de droiture ». Dis : « Moi, personne ne me préservera contre Allah, et je ne trouverai, à l’exclusion de Lui, aucun abri. Je ne dispose que d’une transmission de la part d’Allah et Ses Messages. » Et quiconque désobéit à Allah et à Son Messager, il aura le Feu de la Géhenne : ils s’y éterniseront à jamais, jusqu’à ce qu’ils voient ce dont on les menace, ils sauront alors qui est le plus faible en soutien et le moindre en nombre ! Dis : « Je ne sais s’il est proche ce dont on vous menace ou si mon Seigneur lui donnera un délai ? » Très-Scient du Ghayb, Il ne révèle Son Ghayb à personne, sauf à celui qu’Il agrée comme Messager, Il l’entoure de toute part d’Anges gardiens, pour voir qu’ils ont transmis les Messages de leur Seigneur, et Il Domine ce qu’ils détiennent, et Il a recensé toute chose avec une parfaite et totale exactitude.} Al Djinn 21 à 28

Conclusion

La différence entre moi et Cheikh Imrane est dans trois points fondamentaux :
a – je n’ai pas recours à l’analyse eschatologique ni messianique ni talmudique pour lire l’histoire ou l’économie
b – l’or et l’argent ne sont pas une panacée pour la monnaie ni pour la justice sociale. Il faut étudier l’histoire des faits et de la pensée économique.
3 – Je suis un praticien de l’économie, je ne suis pas un conférencier théologique. L’Inspection générale des Finances (IGF) de l’Algérie en début 90 m’a donné un quitus : j’ai pris en charge une entreprise avec 12 Milliards de dinars anciens et j’étais renvoyé en la laissant avec 3 Milliards anciens de bénéfice. J’ai conjugué foi, probité, compétence et confiance aux jeunes Algériens qui ont travaillé sous ma direction dans un système pourtant corrompu et inéquitable.

Nous pouvons faire mieux si nous reprenons possession de nos compétences humaines : réfléchir, nous concerter et agir.

En dehors du fait que le Ghayb nous échappe, le Coran nous demande de renvoyer le mutashabih ( compris comme probable dans le sens philosophique et non statitique) au Muhkam (l’évident). Toutes les évidences coraniques donnent la victoire aux croyants s’ils respectent un certain nombre de conditions dont  » préparez leur tout ce que vous pouvez… »

Allah nous a demandé d’aller observer sunnan al Awaline : Les faits historiques et tirer enseignements. Il faut lire Hassan al Basri, Ibn Taymiyya ou Ibn Khaldoun pour voir que les explications eschatologiques et les attentes messianiques sont toujours apparus dans les moments troubles et confus lorsque la crise morale, politique et religieuse dure trop longtemps rendant toute lecture objective confuse. L’être humain, paresseux et avide de sensationnel, s’empresse à trouver une explication qui le dégage de ses responsabilités et qui fait taire sa conscience : la fuite vers le surnaturel ou vers le Ghayb qui pourtant est inaccessible à notre entendement :

قُل لَّا يَعْلَمُ مَن فِي السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ الْغَيْبَ إِلَّا اللَّه

{Dis : « Ceux qui sont dans les Cieux et la terre ne connaissent point le Ghayb, sauf Allah. »} An Naml 64

قُل لاَّ أَمْلِكُ لِنَفْسِي نَفْعًا وَلاَ ضَرًّا إِلاَّ مَا شَاء اللّهُ وَلَوْ كُنتُ أَعْلَمُ الْغَيْبَ لاَسْتَكْثَرْتُ مِنَ الْخَيْرِ وَمَا مَسَّنِيَ السُّوءُ إِنْ أَنَاْ إِلاَّ نَذِيرٌ وَبَشِيرٌ لِّقَوْمٍ يُؤْمِنُونَ

{Dis : « Je ne détiens pour ma personne ni bien ni mal, sauf ce que Veut Allah. Si je connaissais le Ghayb, j’en aurais accru les biens et nulle nuisance ne m’aurait touché. Je ne suis qu’un avertisseur et un annonciateur pour des gens qui croient. »} Al A’âraf 188

وَعِندَهُ مَفَاتِحُ الْغَيْبِ لاَ يَعْلَمُهَا إِلاَّ هُوَ

{Il Possède les clés du Ghayb, nul n’en a la savoir sauf Lui} Al An’âme 59

 

Encore une fois, je ne vise pas Cheikh Imrane Hossein qui a la liberté d’exprimer son opinion, mais j’ai le devoir, par amour de l’Islam, de dire ma vérité : notre bataille n’est pas dans l’ordre de la mythologie ou de la métaphysique, mais de l’ordre idéologique, idée contre idée, et de l’ordre praxique, action contre action :

{Préparez-leur tout ce que vous pouvez}

Nous devons nous inscrire dans le rapport d’intelligence et dans le rapport des forces et non dans le rapport des opinions et des interprétations sur lesqeulles nous n’avons aucune prise.

 

L’Apocalypse est vraie mais chacun le lit selon sa grille idéologique et culturelle :

 


Cours d’économie et d’apocalypse par le Rav Ron… par MinuitMoinsUne

 

 


René Girard – L’apocalypse a-t-elle commencé ? par MinuitMoinsUne

Mars 2012 ou le début de l’apocalypse? – Rav… par MinuitMoinsUne

 

 

Omar Mazri

Témoin, mémoire, culte et Jihad 1/2

{وَالسَّمَاءِ ذَاتِ الْبُرُوجِ وَالْيَوْمِ الْمَوْعُودِ وَشَاهِدٍ وَمَشْهُودٍ}

Le Chahed et Mashhoud (وَشَاهِدٍ وَمَشْهُودٍ ) évoquent le serment solennel de la sourate « Les Constellations (Al Bouroudj سورة البروج) qui vient dans une série de serments qu’Allah fait sur Ses Créations qui témoignent de Sa Présence, de Sa Grandeur, de Sa Sagesse, de Sa Science, de Sa compétence à créer, à existentialiser et à innover selon le Dessein qu’Il s’est fixé dans les Univers.

Nous avons les traductions suivantes parmi les plus « respectables » :

« Par le ciel aux constellations, et par le Jour promis, et par un témoin et ce dont on témoigne »
« Par le ciel orné de douze signes du zodiaque, par le Jour promis, par un témoin et par le témoignage »

Après celle de Jacque Berques dont le titre est titre : les chateaux :
« par le ciel et ses châteaux ; par le jour et la promesse ; par témoignant et témoigné »
Sur le plan littéral le Chahed est le témoignant celui qui témoigne alors que le Mashhoud est le témoigné celui contre qui qui on apporte le témoignage.

Pour l’instant laissons la complexité de la traduction, de sa sémantique et de son style et consacrons nous à décoder le sens de ce verset.
La mémoire, la mienne, revient et je me rappelle avoir lu et entendu des sermons, des prêches, des analyses sur la Sourate Al Bouroudj et sur ses Chahed et Mashhoud (وَشَاهِدٍ وَمَشْهُودٍ ). Faisant du Tadabbur, la recherche du sens caché dans le Coran et par le Coran, non plus une conjugaison de sens mais une liaison de termes lexicaux les analyses parviennent à donner plusieurs explications.

La première catégorie d’explication repose sur le sens d’être présent que la langue arabe donne au verbe Chahada. Par le présentiel l’homme marque son consentement à un rite, à une pratique, à un comportement et il devra en rendre compte. Ainsi l’Islam a marqué de son sceau plusieurs présentiels dans la vie du croyant :

  • Le Chahed َشَاهِد est l’ensemble des créatures qui viennent témoigner après la Résurrection alors que le Mashhoud مَشْهُود est le jour du Jugement dernier.
  • Le Chahed َشَاهِد est l’ensemble des créatures dans leur rapport de lecture et de compréhension du Coran alors que le Mashhoud مَشْهُود est le Coran lu ou délaissé.
  • Le Chahed َشَاهِد est l’ensemble des Musulmans qui ont adopté l’Islam comme religion alors que le Mashhoud مَشْهُود est le Prophète Mohamed (saws) suivi ou délaissé en sa qualité de modèle par excellence
  • Le Chahed َشَاهِد est l’ensemble des Orants priant en assemblée collective (Djama’a) alors que le Mashhoud مَشْهُود est la fratrie de foi qui lie et fédère les Croyants à travers l’acte de prière qui est une Iqama c’est-à-dire une édification mystico temporelle, une institution socio spirituelle, une résidence permanente dans une socialité colorée par l’islamité, la Sibghate Allah ou esthétique d’Allah qui colore l’existence du Musulman et tous ses registres ontologiques et sociaux. Le Mashhoud مَشْهُود est tout particulièrement le Vendredi au moment où l’imam prend place sur la tribune instituée par le Prophète (saws)
  • Le Chahed َشَاهِد est l’ensemble des Musulmans accomplissant en communauté de foi la prière de l’Aïd pour célébrer un rite musulman celui du sacrifice du mouton et de l’évocation d’Abraham et d’Ismaël alors que le Mashhoud مَشْهُود est l’oraison de l’Aïd ainsi que les premières gouttes de sang versé par la bête immolé au Nom d’Allah.
  • Le Chahed َشَاهِد est cette communauté internationale de Musulmans de Pèlerins qui accomplissent le cinquième pilier de l’Islam, le Mashhoud مَشْهُود est le pèlerinage lui-même, la Kaaba, Arafa, les différents rites du Hadj, les dix premiers jours du mois sacré de Dhu-al-Hijja ou le mois sacré dans lequel faire couler le sang ou livrer bataille est interdit. Si nous prenons l’énoncé coranique dans son intégralité nous trouvons un serment divin qui fait allusion directe aux dix premiers jours de Dhu-al-Hijja, dont le moment culminant est pèlerinage, et s’achevant quasiment par la fête qui suit le sacrifice d’une bête :

 {Par l’aube, et par dix nuits, et par le pair et l’impair, et par la nuit quand elle passe, y a-t-il en cela un serment pour tout Homme doué de bon sens ?} Al Fajr 1

D’autres savants ne se focalise pas sur le présentiel physique de la Chahada. Il lui donne le sens d’une vision ou d’une audition qui permet d’établir le témoignage en faveur d’une victime, contre un coupable, apporter une assistance favorable ou défavorable à un accusateur ou à un accusé. Il s’agit de prendre position et d’apporter un témoignage vrai et authentique :

{Et n’usurpez pas vos richesses entre vous, illicitement, et ne vous en servez pas pour soudoyer les juges, afin d’usurper une partie des richesses des Hommes, par iniquité, alors que vous savez.} Al Baqara 188

{O vous qui êtes devenus croyants, si vous contractez une dette à terme déterminé, écrivez-la : qu’un scribe l’écrive parmi vous en toute équité. Qu’aucun scribe ne se refuse à l’écrire comme Allah le lui A Enseigné. Qu’il écrive, et que le débiteur dicte, qu’il prenne garde à Allah son Seigneur et qu’il n’en diminue rien. Si alors le débiteur est insensé ou ignorant, ou qu’il ne puisse pas dicter personnellement, que son tuteur dicte en toute équité. Et faites témoigner deux témoins de vos hommes; et à défaut de deux hommes, alors un homme et deux femmes parmi ceux que vous agréez comme témoins, de sorte que si l’une d’entre elles travestit les faits, l’autre les lui rappelle. Et que les témoins ne se refusent point s’ils sont convoqués. Ne vous lassez pas de l’écrire, petite ou grande, jusqu’à son terme. Cela est plus équitable auprès d’Allah, plus efficace pour le témoignage, et plus susceptible d’épargner le doute. A moins que ce ne soit un commerce présent que vous négociez entre vous. Là alors nulle faute ne vous incombe de ne pas l’écrire. Et si vous faites une transaction, prenez des témoins. Que nul scribe ou témoin ne subisse une nuisance. Et si vous le faites, ce sera alors de la perversité en vous. Prenez garde à Allah, afin qu’Allah vous Enseigne. Allah Est Omniscient de toute chose.} Al Baqara 282

{Et si vous vous faites confiance, que celui à qui on a fait confiance restitue ce qu’on lui a confié et qu’il prenne garde à Allah son Seigneur. Ne taisez pas le témoignage, car celui qui le tait a sûrement un cœur pécheur. Allah Est Omniscient de ce que vous faites.} Al Baqara 283
{Accomplissez le témoignage envers Allah. C’est à cela qu’est exhorté quiconque croit en Allah et au Jour Dernier. Et quiconque prend garde à Allah, Il lui Procurera une issue, et le Pourvoira par où il ne comptait pas. Et quiconque se fie à Allah : Il Est sa suffisance. Certes, Allah Réalisera Sa Parole. Allah A Établi une mesure pour toute chose.} At Talaq 2

Il ne peut y avoir commerce équitable, relation durable, contrat respecté, progrès social ni civilisation durable sans justice ni équité ni confiance ni le témoignage qui apporte les preuves et les arguments pour la justice, l’équité, le bon conseil et l’expertise. Quand une société cultive le faux témoignage ou le refus de témoigner donc de prendre position non par intérêt mais par esprit de justice, par souci de vérité, par conscience sociale et morale alors s’installe la corruption, la perversité et la haine dans les cœurs. Quand une communauté refuse d’exprimer sa voie pour refuser l’oppression et la régression et soutenir le libérateur ou le civilisateur alors Allah lui fera subir les affres de la tyrannie, des fléaux sociaux et des catastrophes sanitaires et écologiques. En effet des cœurs devenus pêcheurs, dans le sens où ils deviennent laxistes, insouciants, perfides, fourbes, déloyaux, corrompus, lâches et veules, produisent une société qui vit dans la défiance et la méfiance. Sans confiance c’est la fin de la sécurité et de la solidarité mais c’est le règne de l’individualisme le plus bestial, de la peur et de la mise en autarcie de la société qui se ferme sur elle-même puis se divise en groupuscules sectaires, en fragments de Wahn que l’ennemi vorace dévore les uns après les autres :

{Nous ne tairons point le témoignage d’Allah, sinon nous serions du nombre des pécheurs} Al Maidah 107

{Qu’ils jurent par Allah : « Notre témoignage est plus vrai que leur témoignage, et nous n’avons point transgressé, sinon nous serions des injustes ».} Al Maidah 107

Dans ce cadre les savants partisans du témoignage ne se placent plus sur l’aspect cultuel mais sur l’aspect fondateur de la société : la Justice et le témoignage avec ce qu’il sous-entend comme culture intellectuelle, sociale et politique qui ne peut coexister avec l’ignorance ni avec l’insouciance ni avec l’insenséisme ni avec le cynisme ou le nihilisme.

  • Le Chahed َشَاهِد est le voyant ou l’audient par lequel se réalise le témoignage c’est à dire l’attestation de vérité sur le vrai ou l’attestation de mensonge contre le faux. C’est le Chahed qui va confirmer ou infirmer un accusateur ou un accusé, un persécuteur ou un persécuté, un coupable ou une victime, un mensonge ou une vérité. Dans ces conditions le Mashhoud مَشْهُود est ce qui donne foi au témoignage, ce qui reste en mémoire pour faciliter et donner crédit au témoin même si le témoignage est différé dans le lieu, le temps et les circonstances. Le Mashhoud مَشْهُود est ce qui va valider, donner crédit par sa mémoire, sa respectabilité, son historicité, sa fiabilité, sa tangibilité irréfutable.

Dans ces conditions le Chahed َشَاهِد est compris, dans la Sourate Al Bouroudj, comme étant Allah alors que le Mashhoud مَشْهُود est ce qui donne attestation de foi en l’occurrence le Tawhid, le monothéisme pur et parfait. Les savants parviennent à cette déduction par le lien lexical :

قُلْ أَيُّ شَيْءٍ أَكْبَرُ شَهَادَةً قُلِ اللَّهُ شَهِيدٌ بَيْنِي وَبَيْنَكُمْ

{Dis : « Quel est le plus grand en témoignage ? » Dis : « Allah. Il Est Témoin entre vous et moi. Il m’A Inspiré ce Coran pour vous en avertir, vous et ceux à qui il parviendra. Allez-vous donc témoigner qu’il y a d’autres dieux avec Allah ? » Dis : « Je ne témoignerai point ». Dis : « Il n’Est qu’un Dieu Unique et je suis innocent de ce que vous Lui associez ». Ceux à qui Nous Avons Révélé le Livre connaissent le Prophète Muammad comme ils connaissent leurs propres enfants. Ceux qui ont perdu leurs âmes, eux, ils n’ont pas foi.} Al An’âme 19

Allah témoin de la lutte entre les partisans de la foi et les renégats met Ses Signes (le Coran et la Création) comme médiateurs manifestant l’authenticité du monothéisme sinon on serait présence d’un faux témoignage que le cœur, la raison, la science et la foi intime vont contredire. Tout indique dans ce Livre et dans cet Univers l’esprit de justesse, d’équité, d’harmonie, d’Unicité le monothéisme comme « ce dont on témoigne » et qui n’est en réalité que le Signe divin qui se manifeste sous forme de Dikr (mémoire, souvenir, rappel, évocation de l’existence et de la présence d’un Dieu Unique, Créateur et le Seul à être Adoré comme le Seul a énoncer ce Coran et à la préserver). Ce même signe divin se manifeste non seulement dans la diversité des lettres, des mots et des énoncés mais il se manifeste à travers les signes cosmiques mémorables et les panoramas inoubliables de l’inerte et du vivant mis sous nos yeux pour être vus et devenir prétexte à témoigner de la Perfection, de l’immuabilité, de la Grandeur, de l’Omnipotence, de la Sagesse, de la Justice, de l’Équité et de la Miséricorde d’Allah.

Effectivement ce qui est frappant c’est que ces Serments interviennent à la fin du Coran et au sein d’une série de sourates qui se suivent pour exprimer à la fois des Serments divins et des panoramas inoubliables tant dans l’impact de notre imagination que lors de la réalisation du cataclysme final et ce qui le suit. Il s’agit donc de signifier l’importance, la gravité et le caractère solennel et véridique de ce Coran qui est entre nos mains mais aussi de l’énoncé qui suit ces serments et ce panorama mémorable de l’Apocalypse en l’occurrence la Résurrection et le Jour du Jugement dernier auquel fait allusion la contemplation des cycles incessant de la vie et de la mort dans la création assujettie à notre vision et à notre entendement :

{Quand le soleil sera ployé, et quand les étoiles s’effondreront, et quand les montagnes seront mises en mouvement, et quand les chamelles deviendront stériles, et quand les fauves seront rassemblés, et quand les mers seront enflammées, et quand les âmes seront unies aux corps, et quand l’enterrée vivante sera questionnée : « Pour quelle faute a-t-elle été tuée ? » Et quand les registres seront ouverts, et quand le ciel sera ôté, et quand la Géhenne sera embrasée, et quand le Paradis sera rapproché, chaque personne saura ce qu’elle a fait ! Je Jure formellement par les planètes qui s’éclipsent, qui courent, qui disparaissent ; et par la nuit quand elle envahit ; et par le matin quand il éclot ; c’est la parole d’un noble Messager} At Takwir 1

{Par les Anges qui arrachent avec violence, et par ceux qui enlèvent avec douceur, et par ceux qui se meuvent dans le ciel en voguant, puis, par ceux qui devancent à toute vitesse, puis, par ceux qui exécutent par derrière les ordres ultimes : Le Jour où tremblera la terre} An Nazi’ates 1

{Quand le ciel se fendra, et quand les planètes se répandront, et quand les mers seront explosées, et quand les tombes seront dispersées, toute personne saura ce qu’elle a fait et ce qu’elle a délaissé.} Al Infitar 1

{Quand le ciel sera fissuré, répondant aux ordres de son Seigneur avec obéissance consentante, et quand la terre sera aplanie, et qu’elle rejettera ce qu’elle renferme et en sera vidée répondant ainsi aux ordres de son Seigneur avec obéissance consentante. O Homme ! Toi qui t’efforces avec ardeur de rencontrer ton Seigneur, tu vas alors Le rencontrer.} Al Inshiqaq 1

{Je Jure formellement par le Crépuscule, et par la nuit et ce qu’elle englobe, et par la lune quand elle s’accomplit, vous passerez sûrement d’état en état. Qu’ont-ils donc à ne pas croire ?} Al Inshiqaq 16

{Par le Ciel et par la Pulsatrice ! Et que sais-tu de la Pulsatrice ? C’est l’étoile perforante. Certes, chaque personne a certainement un gardien. Que l’Homme regarde de quoi il a été créé ! Il a été créé d’une eau éjaculée, qui sort d’entre le dos (de l’Homme) et les côtes (de la femme). Quant à le ressusciter, Il en Est sûrement Tout-Puissant.} At Tariq 1

{Le récit du Cataclysme t’est-il parvenu ? Des visages, ce Jour-là, humiliés, bâtés et épuisés, seront enfoncés en un Feu brûlant. On leur donnera à boire d’une source bouillante. Ils n’auront de nourriture que des épines, qui n’engraissent ni n’apaisent la faim. Des visages, ce Jour-là, resplendissant de joie, satisfaits de leurs efforts, seront dans un Paradis élevé} Al Ghachiya 1

Avant de continuer à citer ses versets qui vont donner le sens profond du Chahed َشَاهِد et du Mashhoud مَشْهُود ainsi que ses conséquences spirituelles et idéologiques poursuivons l’analyse faite par les savants dans les livres d’exégèse coranique :

  • Mohamed (saws) est « l’auxiliaire » d’Allah pour le témoignage monothéiste. Nous lui devons le même amour et la même obéissance qu’Allah en sa qualité de médiateur, de transmetteur de la Révélation sans jamais lui attribuer un caractère divin. Dans ces conditions le Chahed شَاهِد est compris, dans la Sourate Al Bouroudj, comme étant Mohamed (saws) alors que le Mashhoud مَشْهُود est l’humanité appelée communauté d’appel à l’Islam. D’ailleurs le Coran et le Hadith le spécifient explicitement cette vocation islamique :

فَكَيْفَ إِذَا جِئْنَا مِنْ كُلِّ أُمَّةٍ بِشَهِيدٍ وَجِئْنَا بِكَ عَلَى هَؤُلاءِ شَهِيدًا
{Qu’en sera-t-il alors lorsque Nous Apporterons de chaque Communauté un témoin, et que Nous t’Apporterons comme témoin contre ceux-là?} An Nissa 41

أنتم شهداء الله في الأرض
« Vous êtes les témoins d’Allah sur terre »

La communauté qui répond devient une communauté de réponse et donc une communauté qui a la charge de témoigner aux autres le monothéisme en « auxiliaires » du Prophète (saws). La communauté qui refuse de réponde devient mécréante et elle devient la communauté contre laquelle Mohamed (saws) et la fratrie de foi communicante prendront communauté contre laquelle ils témoigneront devant Allah le Juge Expert, Impartial, Juste et Équitable. Ce qui est confirmé par les versets suivants :

هُوَ سَمَّاكُمُ الْمُسْلِمِينَ مِنْ قَبْلُ وَفِي هَٰذَا لِيَكُونَ الرَّسُولُ شَهِيدًا عَلَيْكُمْ وَتَكُونُوا شُهَدَاءَ عَلَى النَّاسِ

On trouve dans les traductions de ce verset cette expression qui est un parti pris contre les gens, un préjugé qui sape la valeur pédagogique, idéologique et morale du Coran : « afin que le Messager soit témoin contre vous, et que vous soyez vous-mêmes témoins contre les gens ». Nous ne pouvons être témoin contre les gens à priori ni nous ne pouvons certifier ce qui relève de la foi car il relève du cœur et le cœur relève d’Allah. Nous témoignons sur une chose ou sur quelqu’un dans le sens ou à la fois nous lui transmettons la vérité, les informations et les faits qui sont en notre possession et plus tard nous déposons comme des témoins justes pour révéler ce que nous savons en toute objectivité et vérité. Dans l’immédiat nous ne pouvons savoir si notre témoignage sera en faveur ou sera contre quelqu’un mais par contre nous devons savoir que notre devoir est de témoigner sur notre religion aux autres et de témoigner sur nos forces et faiblesses entre nous pour ne pas être otage des prédateurs ni proie de nos égos et de nos intérêts égoïstes. Notre vocation s’inscrit dans le prolongement fidèle de celle de Mohamed (saws) :

C’est Lui [Allah] qui vous A déjà Nommés musulmans, auparavant, et dans ceci [le Coran] : afin que le Messager soit témoin sur vous et que vous soyez témoins sur les Hommes.} Al Hadj 78

Cette vocation de témoignage du monothéisme à l’humanité est partie intégrale et indissociable de l’Islam. Nous ne pouvons accomplir cette vocation de témoignage que si nous accomplissons l’Islam dans sa globalité ou du moins si nous visons, malgré les difficultés du temps et les iniquités des dominants, à demeurer sur le plan de l’intention, de la réflexion, de l’organisation, du comportement et de l’action le maximum de cohérence avec le cadre religieux, spirituel et idéologique de notre vocation :

{O vous qui êtes devenus croyants, inclinez-vous, prosternez-vous, adorez votre Seigneur et faites le bien, afin que vous cultiviez. Et luttez pour Allah comme il se doit de lutter pour Lui. Il vous A Élus et ne vous Imposa nulle gêne en religion, la confession de votre père Abraham. C’est Lui [Allah] qui vous A déjà Nommés musulmans, auparavant, et dans ceci [le Coran] : afin que le Messager soit témoin sur vous et que vous soyez témoins sur les Hommes. Accomplissez donc la prière, acquittez-vous de la Zakat, attachez-vous à Allah, Il Est votre Protecteur, le meilleur Protecteur et le meilleur Défenseur.} Al Hadj 77

Ceci dit nous devons conserver deux mots que nous avons utilisé dans notre argumentaire : mémoire et révéler sur lesquels nous allons consacrer quelques lignes. Tout d’abord il faut rappeler le cadre général de la sourate al Bouroudj : Allah fait le serment sur des créatures objets ou phénomènes grandioses par leur grandeur, leur conséquence, leur complexité réelle et leur impression dans notre imagination, notre pensée, notre intelligence et notre conscience. Tous les versets que nous avons cités évoquent des panoramas cosmiques, des cataclysmes qui ont la particularité de s’inscrire dans notre être à la fois comme mémorable et comme révélateur d’une vérité ignorée, oubliée ou considérée comme sans importance par manque de vigilance, par manque de certitude dans la foi. Dans ces conditions et avec tout ce qu’on a dit sur le témoignage des Signes du Coran et du Cosmos sur l’ultime vérité celle de la fin du monde et sa révélation sur notre mémoire qui va nous revenir pour témoigner sur nous et sur les autres le Jour du Jugement dernier je peux apporter, par la Grâce d’Allah, une nouvelle pierre à l’édifice de traduction du sens des versets du Coran. Si nous devons accepter toutes les pistes offertes par l’exégèse coranique de la Sourate Al Bouroudj, il nous faut aller à un terme générique sur le Chahed َشَاهِد compris alors comme le témoin, et sur le Mashhoud مَشْهُود compris alors comme mémorable ou révélateur.

Le verset suivant
بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَٰنِ الرَّحِيمِ والسماء ذات البروج واليوم الموعود وشاهد ومشهود
Devrait par conséquent se lire sous l’une des deux formes :

{Par le ciel aux constellations, et par le Jour promis, et par un témoin et un mémorable} Al Bouroudj 1
{Par le ciel aux constellations, et par le Jour promis, et par un témoin et un révélateur} Al Bouroudj 1

La déduction logique, l’analyse exégétique ainsi que les versets coraniques qui tissent avec la sourate Al Bouroudj un réseau de significations sur la gravité et la dimension des Serments divins qui s’enchaînent militent pour que le Mashhoud مَشْهُود soit le mémorable ou le révélateur ou les deux en même temps. Si nous prenons le plaisir spirituel et intellectuel de continuer notre lecture sur ces Serments divins énoncés à la fin du Coran nous trouvons des clés de compréhension confirmant que le Coran s’explique par le Coran mais qu’il reste hermétique aux mécréants même s’ils maitrisent la langue source et la langue cible dans la traduction du Coran. En effet les versets suivants mentionnent les notions de mémorabilité et de révélateur tout en confirmant la notion de témoignage le Jour du Jugement dernier :

{Par l’aube, et par dix nuits, et par le pair et l’impair, et par la nuit quand elle passe, y a-t-il en cela un serment pour tout Homme doué de bon sens ? N’as-tu donc pas vu ce que ton Seigneur A Fait des ‘Ad ? […] l’Homme se souviendra} Al Fajr 1 et 23

{Je Jure formellement par cette Cité ! Et toi tu es présent en cette Cité. Et par un père, et par ce qu’il a engendré ! En vérité, Nous Avons Créé l’Homme capable d’endurer peine et efforts. Pense-t-il que personne n’aura de prise sur lui ? Il dit : « J’ai anéanti des biens immenses ». Pense-t-il que personne ne l’a vu ?} Al Balad 1

{Par les destriers en sueur, puis, par ceux qui font jaillir des étincelles, puis, par ceux qui foncent au matin, en y soulevant une poussière, et en pénétrant avec au milieu des troupes : l’être humain est sûrement ingrat envers son Seigneur ! Et il est sûrement témoin de cela. Et de l’amour des richesses, il est sûrement avide ! Ne sait-il donc pas que lorsque ce qui est dans les tombes sera bouleversé, et que ce qui est dans les cœurs sera dévoilé, que leur Seigneur, ce Jour-là, Est certes parfaitement Renseigné?} Al ‘Adiyat 1

{Par le Ciel et son remaniement, et par la terre et ses fissures, c’est une parole décrétée, et ce n’est point une plaisanterie. Eux, sans doute, ils projettent de perfides ruses, mais Je Planifie d’invincibles stratagèmes. Accorde donc un délai aux renégats, accorde-leur un long sursis.} At Tariq 11

En méditant le lynchage et la sodomisation de feu Mouammar Al Kadhafi que des savants, prédicateurs et foules fanatisés par l’instrumentalisation de l’Islam par la CIA et l’Otan considèrent comme Youm Mashhoud مَشْهُود je me suis encore posé la question qui me traverse l’esprit depuis des années déjà : Est-ce que nous vivons dans une époque mémorable par une Sahwa chantée comme fut chanté la Nahda et l’Islah qui ont comme la montagne stérile accouché de poussières et de tempêtes de sables ? Est-ce que nous vivons des moments révélateurs de notre déshumanisation qui font que malgré l’habillage islamique de nos discours, de nos apparats vestimentaires, de nos temples nous sommes loin voire à l’opposé de ce qu’Allah a gratifié l’humain dans son Honorificat originel, dans son Khalifat sur terre et dans son adoration monothéiste. Mohamed (saws) a montré que l’Islamité se rajoute à l’humanité pour produire l’excellence: « Le meilleur d’entre vous dans l’obscurantisme pré islamique est le meilleur d’entre vous dans l’Islam s’il fait l’effort de comprendre son Dine ! »
Est-ce que ce ne sont pas les pires d’entre nous qui ont pris en otage la religion pour l’instrumentaliser à des fins partisanes, mondaines sans faire l’effort d’en comprendre et d’en appliquer ses fondamentaux en terme d’humanisme, de respect de la vie humaine, d’humilité ? Est-ce que l’arrogant, le triomphaliste, l’allié des ennemis d’Allah peut devenir un libérateur puis un civilisateur ? Est-ce que le voyeurisme mis en scène médiatiquement, militairement, idéologiquement et religieusement relève de l’éthique et de l’esthétique musulmane du  » Chahed et Mashhoud »? Quel est le sens et la validité d’un témoignage, d’une accusation qui détruit un pays et tue des milliers de personnes par les forces de l’OTAN appuyé par des troupes « musulmanes » pour le libérer de la dictature d’un seul homme?

J’ai apporté, par la Grâce d’Allah, quelques réponses opportunes, pertinentes et cohérentes mêmes si elles sont incomplètes et imparfaites dans mon dernier livre « Les Révolutions arabes : Mystique ou mystification ? ». Je ne suis ni optimiste ni pessimiste, je suis un réaliste qui pose les problèmes dans leur globalité, leur dynamique et leurs interactions comme l’exige la culture islamique. Je ne revendique ni le statut de savant, ni de penseur, ni de guide, ni de représentant du peuple ni d’élu dans l’opposition. Je fais parti des Ghorabas, les gens étrangers à leur époque, à leur communauté, les sans patrie, sans parti et hors système mais en quête de la vérité ne la sollicitant qu’auprès d’Allah.

Cette parenthèse m’amène à aborder l’autre élément flagrant dans la sourate al Bouroudj que les prédicateurs et savants anciens et nouveaux occultent est qui se rapporte au récit mémorable et révélateur à la fois de la cruauté des païens envers les croyants et de la patience courageuse des croyants persécutés et massacrés. Pour cela il faut faire une lecture globale de la sourate sans perdre de vue les liens de sens avec les Serments coraniques des autres sourates :

وَٱلسَّمَآءِ ذَاتِ ٱلْبُرُوجِ ﴿1﴾ وَٱلْيَوْمِ ٱلْمَوْعُودِ ﴿2﴾ وَشَاهِدٍۢ وَمَشْهُودٍۢ ﴿3﴾ قُتِلَ أَصْحَـٰبُ ٱلْأُخْدُودِ ﴿4﴾ ٱلنَّارِ ذَاتِ ٱلْوَقُودِ ﴿5﴾ إِذْ هُمْ عَلَيْهَا قُعُودٌۭ ﴿6﴾ وَهُمْ عَلَىٰ مَا يَفْعَلُونَ بِٱلْمُؤْمِنِينَ شُهُودٌۭ ﴿7﴾ وَمَا نَقَمُوا۟ مِنْهُمْ إِلَّآ أَن يُؤْمِنُوا۟ بِٱللَّهِ ٱلْعَزِيزِ ٱلْحَمِيدِ ﴿8﴾ ٱلَّذِى لَهُۥ مُلْكُ ٱلسَّمَـٰوَ‌ٰتِ وَٱلْأَرْضِ ۚ وَٱللَّهُ عَلَىٰ كُلِّ شَىْءٍۢ شَهِيدٌ ﴿9﴾ إِنَّ ٱلَّذِينَ فَتَنُوا۟ ٱلْمُؤْمِنِينَ وَٱلْمُؤْمِنَـٰتِ ثُمَّ لَمْ يَتُوبُوا۟ فَلَهُمْ عَذَابُ جَهَنَّمَ وَلَهُمْ عَذَابُ ٱلْحَرِيقِ ﴿10﴾ إِنَّ ٱلَّذِينَ ءَامَنُوا۟ وَعَمِلُوا۟ ٱلصَّـٰلِحَـٰتِ لَهُمْ جَنَّـٰتٌۭ تَجْرِى مِن تَحْتِهَا ٱلْأَنْهَـٰرُ ۚ ذَ‌ٰلِكَ ٱلْفَوْزُ ٱلْكَبِيرُ ﴿11﴾ إِنَّ بَطْشَ رَبِّكَ لَشَدِيدٌ ﴿12﴾ إِنَّهُۥ هُوَ يُبْدِئُ وَيُعِيدُ ﴿13﴾ وَهُوَ ٱلْغَفُورُ ٱلْوَدُودُ ﴿14﴾ ذُو ٱلْعَرْشِ ٱلْمَجِيدُ ﴿15﴾ فَعَّالٌۭ لِّمَا يُرِيدُ ﴿16﴾ هَلْ أَتَىٰكَ حَدِيثُ ٱلْجُنُودِ ﴿17﴾ فِرْعَوْنَ وَثَمُودَ ﴿18﴾ بَلِ ٱلَّذِينَ كَفَرُوا۟ فِى تَكْذِيبٍۢ ﴿19﴾ وَٱللَّهُ مِن وَرَآئِهِم مُّحِيطٌۢ ﴿20﴾ بَلْ هُوَ قُرْءَانٌۭ مَّجِيدٌۭ ﴿21﴾ فِى لَوْحٍۢ مَّحْفُوظٍۭ ﴿22﴾

 

  • اليوم الموعود : يومِ القيامة

Le Jour promis : le Jour du Jugement dernier

  • شاهد : من يَشهدُ على غيرِه فيه

Chahed : Celui qui témoigne contre autrui lors du Jugement dernier et prend le statut d’accusateur qui demande justice, qui incrimine, qui révèle

  • مشهودٍ : من يَشهدُ عليه غيرُه فيه

Mashoud : Celui est qui est l’objet de témoignage, l’objet d’une plainte, l’objet d’une accusation. Celui dont on exige que justice soit faite contre lui. Il est l’accusé des crimes, des torts, des dommages et des préjudices qu’il a commis dans cette vie.

 

Cette lecture juste met en liaison dans un procès juste et équitable l’accusé face à son accusateur et traduit la justesse du témoignage qui met en scène la confrontation de deux parties l’accusation et la défense sauf que le Jugement dernier Allah est le Procureur, le Témoin et la Défense et tous les participants au procès qu’ils soient coupables ou victimes ne diront que la stricte vérité face à Allah qui s’est défini par ses Versets :

{N’as-tu pas su qu’Allah est Omnipuissant sur toute chose ? N’as-tu pas su qu’à Allah appartient le Règne des Cieux et de la terre, et que vous n’avez à l’exclusion d’Allah ni protecteur ni Défenseur ?} Al Baqara 107

{Les injustes n’ont point de Défenseurs.} Al Baqara 270

{Certes, ceux qui mécroient en les Signes d’Allah, qui tuent les Prophètes sans aucune juste cause et tuent ceux parmi les Hommes qui commandent l’équité, annonce-leur alors un douloureux châtiment. Ceux-là, vaines ont été leurs actions dans le monde, et dans la vie Future, ils n’auront point de Défenseurs.} Al ‘Imrane 21

{Sans aucun doute, Allah Est votre Protecteur et Il Est le meilleur des Défenseurs.} Al ‘Imrane 150

{Ceux-là sont ceux qu’Allah A Maudits, et celui qu’Allah Maudit, tu ne lui trouveras point de Défenseur.} Al Maidah 52

{Quiconque commet un mal en sera puni et ne trouvera, à l’exclusion d’Allah, ni protecteur ni Défenseur. Et quiconque fait des œuvres méritoires, que ce soit un homme ou une femme, tout en étant croyant, ceux-là entreront au Paradis et ne subiront point un micropyle d’injustice.} Al Maidah 123

Omar Mazri

[information]Lire la partie 2 : Témoin, mémoire, culte et Jihad  2/2[/information]

Arafa : enseigné en post graduation comme tourisme de dévotion et enjeu néo colonialiste!

A la veille de ‘Arafa nous devons revenir aux fondamentaux de l’Islam car ce jour résume le Hadj et le Hadj nous rappelle notre fin prochaine par le contenu de la Sourate Al Hadj et par le sermon d’adieu du Prophète (saws) qui a signifié son départ pour rejoindre le Compagnon le Très Haut et signifier la fin de sa mission avec le parachèvement de l’Islam qui n’attend que des vocations pour le porter et le servir.

Dans ce cadre je reviens sur un thème ancien que j’ai déjà traité en 2006 et sur lequel je reviens en l’actualisant car la situation a régressé et il est du devoir de chacun de rappeler :

{Certes, Allah A Racheté des croyants leur vie et leurs biens, par le Paradis qui sera à eux.} AT Tawbah 111

Faisant le commentaire de ce verset, dans une thèse de doctorat, sous la direction d’un islamologue non musulman, un doctorant arabe et musulman s’interroge sur la signification de l’échange inégal qui puisse exister entre l’homme et Dieu. « L’humain donne sa vie et tout ce qu’il possède pour un paradis incertain ? » Le même universitaire continue en faisant l’inventaire des fardeaux infligés par Dieu au Musulman :

{Ils combattent pour la Cause d’Allah, ils tuent et ils sont tués. Promesse qu’Il A Faite, en vérité, dans la Torah, l’Évangile et le Coran. Qui donc tient promesse mieux qu’Allah ? Voyez alors un augure favorable dans votre échange, par lequel vous avez fait acte d’allégeance. Cela est sûrement l’immense triomphe. Ceux qui se repentent, adorent, louangent, méditent, s’inclinent, se prosternent, commandent le convenable, interdisent le répréhensible et observent les Ordres d’Allah : annonce la bonne nouvelle aux croyants.} AT Tawbah 112

Et plus loin il s’interroge dans un paradoxe qui montre que lui et son encadreur ont perdu leur latin : « Sacrifices de quelques jours éphémères en échange du Paradis  eternel ?»

Cet universitaire est à la fois un pur produit de ce qu’on appelle l’Islam français et son futur véhicule.  D’une masse coupée de ses sources authentiques on extrait des élites pour la  fragmentation de l’Islam sachant que le monde musulman fasciné par l’Occident, ses produits et ses élites sera peut-être attiré par des théologiens de nuisance théologique, idéologique qui iront plus loin que les partisans du dialogue des religions qui affirment que l’Islam est le troisième  rameau du monothéisme. Des savants Musulmans de renommée mondiale mais pourtant interdit de séjour en France deviennent les chantres de l’intervention étrangère contre un pays musulman sous un prétexte que la Charia réprouve. Nous devons donc veiller à la formation des jeunes théologiens et aux capacités cognitives et morales des jeunes imams puisque les anciens ont une nouvelle fois failli et montré leurs limites.

Ces nouveaux théologiens prêcheront l’unité cherchée par Vatican 2 : l’Islam est une religion asiatique qui doit s’effacer devant le Christ Rédempteur dans toutes ses significations religieuses, idéologiques, géostratégique, ethnologique, politique, militaire et économique. Pour le moment on veille à l’émergence d’un  Islam spiritualiste, intellectualiste, consumériste, aristocratique, clérical, sans praxis social et politique  ni effort ni sacrifice ni obligations à respecter. Ce spécimen n’est pas un atome libre mais le produit d’une lutte idéologique qui consiste à vider l’Islam de sa substance et à remplir les Musulmans de confusions, de spéculations, de scepticisme.

C’est une thèse qui a se rapporte au pèlerinage sécularisé, laïcisé, consumériste et qui part du vécu de la communauté à travers l’étude sociologique, économique et mercatique des pèlerins et des   agences de voyage qui encadrent le pèlerinage en France renvoyant une fois de plus l’origine de nos malheurs, de nos souffrances et de notre Wahn non pas à la supériorité des autres mais à notre propre inconséquence, à notre propre insenséisme, à la loi de Dieu telle qu’Il l’annonce dans la Sourate du pèlerinage:

{C’est ainsi, en raison de ce que tes mains ont commis et, certes, Allah n’Est jamais Injuste envers Ses Créatures.} Al Hadj 10

La plus grande injustice qui amène à l’égarement est non seulement d’apprendre sa religion de non musulman et de s’appuyer sur un Coran mal traduit par les orientalistes et leurs disciples pour en faire un instrument de lutte idéologique qui fausse la compréhension du Coran et sème le doute dans l’esprit du Musulman non arabophone en quête de sa religion pour servir son maitre de conférence ou son directeur de thèse et non  se mettre au service de la Religion d’Allah et de Sa communauté monothéiste. En effet il continue à s’interroger sur le sens du pèlerinage qui devient un chemin de croix  dans la jungle des voyagistes et des guides sans scrupules comme il s’interroge sur ce Dieu qui ne donne aucune garantie au pèlerin malgré tous les sacrifices consentis :

« O vous qui avez cru, inclinez-vous, prosternez-vous, adorez votre Seigneur et faites le bien, peut-être récolterez-vous le succès » Coran 22, 77

Quand on revient au Coran dans sa version originale :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا ارْكَعُوا وَاسْجُدُوا وَاعْبُدُوا رَبَّكُمْ وَافْعَلُوا الْخَيْرَ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ

On voit de suite les biais cognitifs et spirituels d’une traduction fallacieuse :

Les Croyants sont  affublés de ce titre « O vous qui avez cru » signifiant insidieusement et perfidement la fin de l’Islam : le statut de foi  est un passé achevé, accompli, fini, révolu, terminé. La communauté de foi monothéiste est au musée de l’histoire sans présent ni devenir !

Tous les efforts et les croyances du Musulman sont vains et  douteux car le Livre des Musulmans est un Livre qui n’annonce pas l’amour et l’espérance chrétienne mais  « peut-être récolterez-vous ».

Les Musulmans à travers leurs pérégrinations et leur culte ostentatoire ne sont que des hommes mus par la quête mondaine « récolterez-vous le succès » et dans d’autres traductions on trouve « Peut-être réussirez-vous! ». La vision matérialiste du monde ne peut voir l’action humaine, ses motivations et ses ambitions que dans un cadre mondain : le succès dans une compétition mondaine ou la réussite sociale. Le pèlerinage sous ses apparences de dévotion n’est qu’un culte païen pour gens crédules ou pour bigots qui cherchent à réaliser les visées profanes de l’économie de dévotion ou du tourisme religieux. Alors que la traduction non littérale mais celle du sens des versets coraniques changent complètement l’optique de compréhension de l’Islam et de son pilier le Hadj qui n’est pas un der nier pilier accessoire mais un pilier fondamental qui est un apprentissage de l’universalité de l’Islam, de l’humilité et du Jihad dans son sens le plus large y compris son aspect physique, comportemental :

{O vous qui êtes devenus croyants, inclinez-vous, prosternez-vous, adorez votre Seigneur et faites le bien, afin que vous cultiviez.} Al Hadj 77

Tout le travail de sape est de vider les mots arabes de leur sens coranique  pour leur enlever le cachet divin de Révélation, de vérité. L’expérience de l’Occident dans sa lutte contre l’Église est mise à profit : profanation, désacralisation ses valeurs, laïcisation de ses préceptes, nationalisation de sa dimension pour lui enlever l’universel de son message. D’ailleurs je garde souvenir d’un débat que j’ai eu avec un jeune sous la tente à Mina qui tentait d’expliquer que le Hadj est une foire internationale donnant un sens consumériste et marketing aux versets suivants car il s’est attaché à une lecture littéraliste focalisé sur le terme « مَنَافِعَ bienfaits, utilités, avantages » comme si nous étions une civilisation fondée sur l’utilitarisme ou sur le culte du veau d’or et non sur le monothéisme pur et sincère. Les avantages dont il s’agit sont relatif à la consolidation du monothéisme, à l’ancrage historique et civilisationnelle à Abraham (saws) et Mohamed (saws), à la  spiritualité, aux liens sociaux et fraternels entre Musulmans issus de l’humanité plurielle et se fédérant par l’Islam et pour Allah :

وَأَذِّنْ فِي النَّاسِ بِالْحَجِّ يَأْتُوكَ رِجَالًا وَعَلَىٰ كُلِّ ضَامِرٍ يَأْتِينَ مِنْ كُلِّ فَجٍّ عَمِيقٍ لِيَشْهَدُوا مَنَافِعَ لَهُمْ وَيَذْكُرُوا اسْمَ اللَّهِ فِي أَيَّامٍ مَعْلُومَاتٍ عَلَىٰ مَا رَزَقَهُمْ مِنْ بَهِيمَةِ الْأَنْعَامِ فَكُلُوا مِنْهَا وَأَطْعِمُوا الْبَائِسَ الْفَقِيرَ

{Et appelle les Hommes au pèlerinage, ils te viendront à pieds et sur toute monture, ils viendront de tout ravin éloigné. Afin qu’ils participent aux avantages qui leur reviennent, et qu’ils invoquent le nom d’Allah en des journées connues, pour ce qu’Il leur A Octroyé du bétail de bêtes. Alors mangez-en et nourrissez l’infortuné et le miséreux. Ensuite, qu’ils se délient de leurs interdits, qu’ils accomplissent leurs vœux, et qu’ils fassent la circumambulation autour de la Maison antique. » C’est ainsi, car quiconque magnifie les choses sacrées d’Allah, cela est un bien pour lui auprès de son Seigneur. Et le bétail vous est rendu licite, sauf ce qui vous est signalé. Évitez donc l’infamie des idoles, et évitez le faux parler, en purs monothéistes à l’égard d’Allah et non comme polythéistes.} Al Hadj 28

Si nous avions une lecture correcte de l’Islam nous aurions vu, par exemple, que le titre de « Serviteur des Lieux Saints de l’Islam »  est une usurpation hérétique, une imposture idéologique pour détacher la Palestine de la cause islamique. Au lieu de voir le pèlerinage comme marché où s’exhibent les marchandises des chinois, des indiens, des anglo-saxons et où la production arabe et musulmane brille par son absence nous aurons pu voir le pèlerinage comme un congrès universel qui redonne du ciment fraternel, de la cohésion,  de la spiritualité et du Jihad pour défendre la Oumma de la prédation capitaliste et colonialiste. Vu comme Jihad alors les trois millions de pèlerins auraient marché comme un seul homme, Salah Eddine,  sur Jérusalem pour la libérer au nom d’Allah Akbar au lieu de voir aujourd’hui sur les chaines publiques et privées un homme se faire lyncher par des énergumènes dont la bouche est souillée par un esprit inculte et fanatique et qui profanent le Nom d’Allah. Si nous avions la culture monothéiste et le sens des responsabilités jamais nous n’aurions dérogé, en Libye ou ailleurs, aux règles instituées par le Prophète (saws) :

« Votre sang, vos biens et votre honneur sont sacrés comme l’est votre jour-ci, dans votre pays-ci, en votre mois-ci. Certes, toute chose qui existait du temps de l’ignorance, est rejetée sous mes pieds, ainsi que le sang qu’on a fait couler durant cette période »

« La vie d’un Musulman est plus sacrée que la Kaaba »

« Celui qui sort de l’obéissance, quitte le groupe des croyants et meurt, il meurt d’une mort préislamique. Et celui qui meurt sous une bannière égarée par l’orgueil, se fâchant pour un sectarisme ou appelant pour un sectarisme ou cherchant à faire triompher un sectarisme, sa mort est une mort préislamique. Et celui qui combat ma Oumma, frappant ses innocents et ses corrompus sans éviter ses croyants, et qui ne tient pas ses promesses, celui là, il n’est pas de moi et je ne suis pas de lui. »

« Le tué viendra [le jour de la résurrection] accroché au tueur, le sang coulant de ses jugulaires et disant : Ô Seigneur ! Demande à celui-ci pourquoi il m’a tué ! »

« La perte de l’ici-bas a moins de valeur pour Allah que le meurtre d’un musulman. »

 

« J’ai invoqué mon Seigneur en faveur de ma communauté, en Lui demandant de ne pas la faire périr pour cause de sécheresse ou de famine, qu’elle ne soit pas dominé par un ennemi qui leur soit étranger, et qui dévaste leurs territoires. Allah a dit: « O Mohammad! Quand Je lance un décret, il est irrévocable et J’exaucerai ton invocation en faveur de ta communauté, Je ne les ferai pas périr par la sécheresse ou la famine et ils ne seront pas dominé par un ennemi qui leur soit étranger, et qui dévaste leurs territoires, sauf s’il essaye de les encercler de tous côtés, jusqu’à ce que les membres de ta communauté s’entretuent et se capturent les uns les autres. »

 

Nous ne pouvons faire l’impasse d’une lecture idéologique et socio politique de la Sourate Al Hadj. Quand on voit les Frères Musulmans dans le monde organiser des châines caritatives et des oeuvres de bianfaisance on pourrait croire qu’il respectent scrupuleusement les principes de l’Islam et notamment ce verset :

{Alors mangez-en et nourrissez l’infortuné et le miséreux.} Al Hadj 29

Mais lorsque nous entendons Cheikh Al Albani ou Malek Bennabi les traiter de pestiférés à l’exception de certaines figures emblématiques comme Hassan Al Banna on est frappé par la rudesse du ton et ce qui semble l’iniquité des propos. Mias lorsqu’on observe leur comportement d’aristocrate ou de bourgeois qui se rassasient et qui entre dans des arrangements d’appareils tout en affichant avec grande publicité la charité on est amené à se poser des questions. Est-ce la vocation de l’Islam de faire de la charité et de laisser en l’état les conditions socio économiques qui créent la pauvreté? Est-ce la vocation de l’Islam de refaire ce que la charité chrétienne a fait en se mettant du côté des puissants?  L’Islam ordonne de lutter pour changer l’ordre injuste et installer à sa place un ordre de justice, de solidarité sociale, de plein emploi, de redistribution équitable des richesses et des revenus. Maintenant que la lutte du Prophète contre les idolatres de la Mecque est achevé le Jihad contre l’impérialsme, le capitalisme, les inégalités sociales, l’absence de droit sont des priorités. Est ce que composer avec le FMI, la Banque mondiale, le nouvel ordre mondial et l’hégémonie américaine est comptabilbe avec l’esprit et l’énoncé de la sourate al Hadj  :

{Certes, Allah Prend la défense de ceux qui sont devenus croyants. Certes, Allah n’Aime pas celui qui persiste dans la traîtrise, qui persiste dans la mécréance.Il a été permis à ceux qui sont combattus, de se défendre, en raison de l’injustice qu’ils ont subie.} Al Hadj 38

Si nous avions une lecture correcte du Pèlerinage en tant que pilier de l’Islam ou en tant que Sourate du Coran nous aurions vu l’harmonie et la concordance du rite avec les thèmes des versets dont une partie a été révélée à la Mecque pour enraciner la foi et une partie révélée à Madinah pour édifier le Moujahid libérateur et civilisateur. Nous aurions vu les versets révélés de jour comme de nuit, dans l’urbain comme dans le rural, dans le repos et le mouvement. Le pèlerinage comme rite ou comme sourate est l’Islam en mouvement : une communauté de foi agissante et combattante qui a prise sur le monde avec vertu et conscience de l’Au-delà avec crainte et espérance. Ce qui est frappant c’est que la Sourate al Hadj comme Arafat, Mouzdalifa et Mina sont le rappel du Jugement dernier et la subordination de notre existence non à une lecture eschatologique de l’histoire mais à vivre pour rencontrer Allah ayant accompli Ses Commandements, désiré Sa Rencontre et craint Son Châtiment. En tous les cas  si notre imagination était remplie des ces images coraniques ou mecquoises sur le Hadj et l’évocation de la Résurrection nous ferons des thèses, des agences de voyages, des guides, des intellectuels, des gouvernants sur la praxis islamique et non sur des approches modernistes  sur la théo politique, la théo économie, la théo mercatique, l’économie de dévotion,  le tourisme islamique,  la banque islamique,  l’islam apolitique, le tourisme cultuel, le marketing   théo-politique à la Mecque…

Cette réaction est la même devant ce qu’on appelle l’islamologie qui croit que  la rupture épistémologique, la linguistique moderne générale de Saussure jusqu’à la grammaire générative de Chomsky ou l’analyse narrative de Greimas et des néo constructivistes permet de mieux comprendre le Coran pour proposer une nouvelle islamique sans la foi et le cœur des musulmans captivé par l’Ijtihad qui veut non pas réformer l’homme et la cité corrompue mais réformer le Coran et la Sunna non plus Révélation mais production littéraire, création  intellectuelle, œuvre humaine que le génie de la Sorbonne peut comprendre.

Il est vrai que notre comportement festif et irresponsable travestit le culte et le rend aux yeux de l’étranger à l’islam  presque une forme de carnaval païen. Nous fabriquons notre propre échec en fabriquant par notre comportement ridicule l’argumentaire des détracteurs de l’islam. Ces derniers sans probité préfèrent confondre la faille des musulmans avec l’islam et refuse de voir l’islam dans sa globalité lequel ne se reconnait pas dans notre misère morale, sociale, politique et économique. Nous devenons des faussaires, des fabricants de fausses monnaies, et nous l’injectons dans le circuit de la culture mondiale et elle nous revient en pire par effet pygmalion inversé. Le microbe c’est nous-mêmes qui le produisons, les détracteurs ne font que le mettre en incubation puis le propager et l’inoculer à plus grande échelle et à dose plus nocive. Le Coran  énonce cette vérité sans détours :

{Ce qui vous arrive de néfaste provient de vous-mêmes (de vos propres agissements et comportements}

Ce verset expliquer la défaite des Musulmans à Ohod. Nous ne pouvons taire la mort de Hamza à Ohod et ce qui s’est passé en libye à l’approche du mois sacré du pélérinage. On rapporte que Hamza Ibn ‘Abd AI-Muttalib expliquait sa conversion à l’islam par cette méditation : « J’ai erré des nuits durant dans les immensités du désert et j’ai pu me convaincre que Dieu ne peut être confiné dans un temple (La Ka’ba). » Hamza Ibn ‘Abd AI-Muttalib, l’oncle du Prophète, surnommé le seigneur des martyrs après sa mort et  le lion du désert de son vivant a été assassiné par  Al  Wahchi, l’ esclave abyssin,  en échange de sa liberté. Wahshi   l’ a frappé par traitrise par une lance qui lui a transpércé le dos. Alors qu’il était agonisant Hind l’épouse du chef des idolatres Abou Sofiane à ouvert ses entraille et a dévoré son foie par haine pour Mohamed (saws),  par dégout de l’Islam et par esprit de vengeance puiqu’elle avait une haine envers Hamza qui a tué dans la bataille  son père, son frère, son oncle et son fils.  Mohamed (saws) pris de chagrin et révolté par l’horreur du corps mutilé de son oncle il jusra : « Si Dieu me donnait la victoire sur Quraysh n’importe où, je mutilerais trente hommes parmi eux. » Mais Allah lui fixa les limites à ne pas transgresser :

{Par la sagesse et la bonne exhortation, appelle les gens au sentier de Ton seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c’est Ton seigneur qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés. Et si vous punissez, infligez à l’agresseur une punition égale au tort qu’il vous a fait. Et si vous endurez… cela est certes meilleur pour les endurants. Endure, ton endurance ne viendra qu’avec l’aide de Dieu. Ne t’afflige pas pour eux. Et ne sois pas angoissé à cause de leurs complots. Certes, Dieu est avec ceux qui Le craignent et ceux qui sont bienfaisants. » An Nahl 125

Des années plus tard entrant triomphant à la Mecque Mohamed est resté le Prophète de la Miséricorde il n’a donc porté atteinte ni à la vie, ni à la dignité, ni aux biens ni à la vie des assassins des siens : il les laissa libre en échange de leur conversion à l’Islam sans chercher à sonder la sincérité ou la fausseté de leur conversion :  » le Jugement appartient à Allah ». Mohamed reste le Prophète de la Miséricorde et notre modèle et par conséquent jamais les revenchards, les haineux ne pourront se réclamer de lui ni tenter de donner justification religieuse ou légale  à l’assassinat horrible de Kadhafi sans jugement ni aux milliers de morts et de torturés qui ont servi loyalement l’état libyen contre ce qu’ils considéraient une sédition armée, une collaboration avec l’ennemi. Au delà des hommes nous devons rester aux principes de l’Islam. Le cynisme manifesté par certains Frères Musulmans se retournera contre eux comme il s’est retourné contre eux en Algérie. Les Algériens qui, au nom de l’Islamisme, soutiennent ce traitement ignoble à un chef d’état par l’OTAN et ses vassaux ne doivent pas oublier que le peuple algérien n’a pas oublié ses morts ni oublié l’absence de ces monstres qui se réjouissent de la mort d’un homme comme si cet homme, apostat ou musulman va faire oublier les milliers ou dizaine de milliers de morts libyens sous prétexte d’une vidéo amalgamée ou ancienne dans laquelle Kadhafi aurait tourné en dérision le rite du Tawwaf. Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ou d’apostasie.

Notre responsabilité est de continuer à témoigner et à chercher des arguments et des moyens de défense en attendant l’éveil islamique qui s’annonce déferlant sur le monde comme une marée spirituelle salvatrice.   Notre responsabilité nous devons la faire partager en priorité par les jeunes qui ont un potentiel de cognition car ils sont la relève capable de vivre son temps et de prendre en charge ses défis. Ces jeunes, en particulier ceux qui traitent de l’islam et des musulmans doivent se libérer du regard des orientalistes et des islamologues français pour former leur propre regard à la lumière du Coran et de la Sunna tels qu’ils s’offrent à eux sans la falsification du détour par autrui. Le Coran met en relief l’importance du rôle de la jeunesse dans le projet de libération contre la Tyrannie et contre l’idolâtrie : Abraham, Salomon, Joseph, Moise, Jésus, Mohamed, leurs disciples et compagnons sont dans leur majorité des jeunes remplis de foi et de vitalité.  Leur science et leur force sont au service d’une cause juste.

Ceci dit nous allons revenir au thème central de notre analyse : l’influence de la pensée cléricale et laïque dans les thèses sur l’islam (français). Dans notre analyse nous  n’allons pas jouer le jeu de la polémique et  faire le parallèle entre le voyage à Lourdes et le pèlerinage à la Mecque  et comparer les aspects festifs, conviviaux ou les   objets de souvenirs. La raison simple et objective est que les deux processus sont incomparables. Celui qui a fait le pèlerinage  à la Mecque constate qu’il n’ya aucune comparaison à faire entre le pèlerinage au Vatican ou à Lourdes. Chez les civilisés de l’Occident on ne trouve pas la même ferveur, le même émerveillement que manifestent les misérables musulmans, ces  petites gens illettrés qui viennent par exemple des arrières pays de l’Afghanistan et qui n’ont connu ni la civilisation ni  ses gadgets et qui n’éprouvent aucun besoin de porter leur regard autre que sur la Kaaba, la Mosquée sacrée ou la Mosquée du Prophète. Malgré leur rudesse et leurs coutumes, parfois, contraires à l’esprit de l’islam leur foi est sincère, leur vénération pour les lieux saints est sans défaut, leur amour pour Mohamed est sans commune mesure et leur ferveur religieuse est exemplaire. Chez les civilisés de l’Occident on trouve de grands mots théosophie, théophanie, rationalité, liberté vide de contenu, de vertu, de spiritualité.

Nous allons plutôt  nous situer là où ça fait mal et là ou la dérive est  généralisée dans ce que nous avons pu lire sur ce sujet.

La première dérive est  l’influence de la culture française dont le juridisme excessif déforme  la lecture et l’interprétation du texte coranique et de la pratique rituelle du musulman.  Vidant le texte coranique de son essence on lui fait faire une lecture en opérant un transfert sémantique du sens spirituel subtil du Coran  vers  l’aspect formel transactionnel et contractuel du code de commerce de la  République française.  Nous restons étonnés par cette prolifération de lois pour régenter la vie et la conscience des citoyens comme fut le cas du foulard islamique. Notre étonnement n’est pas seulement dans la nature de certaines lois mais dans les sources d’inspiration idéique de cet esprit qui veut tout légiférer au mépris de l’amour supposé des chrétiens pour leurs semblables.

Nos  étudiants d’extraction musulmane sous la direction  d’islamologues et d’orientalistes laïcs  et religieux s’interrogent donc    sur l’échange inégal et inique entre le Dieu des musulmans et l’Homme   au regard des efforts financiers et physiques de ce dernier dans  l’accomplissement  de son  pèlerinage. Nous assistons à des débats byzantins du type «Comment croire en une égalité et en une équité dans une transaction  entre un divin supposé supérieur et absolu et un homme supposé inférieur et relatif ?».

La seconde dérive dans  la quête de l’égalité entre Dieu et l’homme est née du  mythe de l’égalitarisme laïciste qui refuse la loi de la différence qui gouverne le monde et le principe général de la réalité tant de la foi que de la réalité du monde : l’Unicité du Créateur sans rival, sans intermédiaire, sans associé, sans oubli ni fatigue ni somnolence ni accident ni hasard. Tout est en harmonie selon le principe de l’unité gouvernant la diversité et de son corolaire la variété assemblée dans l’unité de sens, de finalité, de causalité.

L’esprit du musulman pris dans le piège de la rhétorique du verbe occidental devient sensible au principe de Saint Thomas «  je ne crois qu’en ce que je vois » et sensible à l’utopie (le non lieu) de l’égalitarisme  qui au nom du droit à l’égalité devient une négation du droit à  la différence et se laisse entraîner dans le plus grand matraquage moral, social et idéologique de la société : l’indifférenciation. C’est l’indifférenciation  qui  crée l’inégalité par l’indifférence, le nivellement démocratique par l’appartenance de classe créant une société à deux collèges : d’un côté les égaux indifférenciés mis dans le même système impersonnel d’éducation, d’évaluation, de compétition, de travail, de promotion, de droit et de devoirs et d’un autre côté une élite  de privilégiés en compétition de passe droits, de bonne grâce, de facilité, de différenciation de traitement et de considération selon la fortune, la renommée et le pouvoir.

Comment un esprit « rationnel » formaté dans l’idéologique égalitariste peut-il voir l’équité et l’égalité (ou l’inégalité)  entre les sacrifices et les risques du Pèlerin d’un coté et les Bienfaits divins de l’autre :

{C’est ainsi, et quiconque honore les rites d’Allah, cela fait alors partie de la piété des cœurs. Vous y avez des avantages jusqu’à un terme fixé, ensuite son lieu de Pardon  est la Maison antique. Et à chaque communauté Nous Prescrivîmes un lieu d’offrande, afin qu’ils mentionnent le nom d’Allah sur ce qu’Il leur A Octroyé de bétail de bêtes, car votre Dieu Est un Dieu Unique, remettez-vous donc à Lui. Et annonce la bonne nouvelle à ceux qui sont déférents, ceux qui, si le nom d’Allah Est mentionné, leurs cœurs frémissent, ceux qui persévèrent face à ce qui les atteint, ceux qui accomplissent la prière et qui dépensent de ce que Nous leur Octroyâmes.} Al Hadj 32

{…mangez-en et nourrissez le pauvre et le mendiant. De même, Nous vous les Avons Assujettis, pour que vous soyez reconnaissants. Ne parviendra point à Allah ni leurs chairs, ni leurs sangs, mais Il lui parvient la piété de votre part. De même, Il vous les A Assujettis afin que vous glorifiiez Allah pour ce qu’Il vous A Guidés. Et annonce la bonne nouvelle à ceux qui font le meilleur.} Al Hadj 36

{Certes, Allah Prend la défense de ceux qui sont devenus  croyants. Certes, Allah n’Aime pas celui qui persiste dans la traîtrise, qui persiste dans la mécréance. Il a été permis à ceux qui sont combattus, de se défendre, en raison de l’injustice qu’ils ont subie. Certes, pour leur donner victoire, Allah Est sûrement Omnipuissant. Ceux qui furent expulsés de leurs demeures sans aucune juste cause, rien que pour avoir dit : « Notre Seigneur Est Allah ». Et si Allah ne Faisait réagir les Hommes les uns par les autres, que de cloîtres, d’églises, de synagogues et de mosquées, dans lesquels le nom d’Allah Est beaucoup Invoqué, ne seraient démolis ! Certes, Allah Donnera sûrement victoire à celui qui fait triompher Sa Cause. Certes, Allah Est sûrement Fort, Invincible.} Al Hadj 38

{Ceux qui, si Nous leur Accordons pouvoir sur terre, accomplissent la prière, s’acquittent de la Zakat, commandent le bon usage et interdisent le répréhensible. Et c’est à Allah qu’appartient l’issue des choses.} Al Hadj 41

Quand les musulmans non seulement tournent le dos au cadre de la Sourate Al Hadj mais font  du zèle en transformant la vocation du pèlerinage « parcours du combattant » pour la défense de la foi, de l’islam, de la communauté musulmane en  supplices, en arnaques, en mensonges, en négligence, en business…ils perdent les bienfaits et la récompense.

Tous à un titre ou à un autre nous sommes redevables du bon accomplissement du Hadj. Dans le passé les véritables serviteurs (servants) des lieux saints étaient les Moutawifs et les Zamzami qui se consacraient au service du pèlerin par amour de Dieu et par respect des traditions abrahamiques et mohammadiennes. Pourtant le Coran, du vivant du Prophète,  ne leur a pas donné un statut égal à ceux qui se consacrent à la cause de la vérité et de la défense des opprimés:

{Comment pouvez-vous assimiler celui qui est chargé de distribuer l’eau aux pèlerins ou d’entretenir la Mosquée sacrée à celui qui croit en Dieu, au Jugement dernier et qui combat pour la Cause de Dieu? Non, ils ne sont pas égaux devant Dieu, et Dieu ne guide point les injustes.} At Tawbah  19.

Aujourd’hui tout est devenu rentabilité, productivité, gain, bénéfices sous  la domination de la culture  capitalise qui favorise l’émergence de courtiers, de rentiers, de traders de voyagistes attirés par le gain facile et la naïveté des pèlerins souvent vieux et ignorants des rites. Sur ce terrain les associations musulmanes, les représentants de l’état, les imams méritent un procès verbal de carence et d’incompétence. Sur le plan de la pensée politique et économique nous sommes en réalité loin des problèmes essentiels que les véreux ne peuvent cacher en l’occurrence les ravages de l’économie mondiale dans les esprits du musulman qui est amené sur l’autel du monothéisme du marché à renier sa foi et ses valeurs par l’adoption d’un modèle consumériste et financier fondé sur le Riba et l’exploitation de l’homme. On ne peut poursuivre un but aussi noble soit-il que celui du Hadj si on se trompe de priorité et de cibles en tentant de redresser l’ombre au lieu de l’arbre tordu.

Les représentations officielles les plus connues en France, portent la responsabilité la plus importante. Nous en portons une partie moindre certes car nous n’avons ni mandat ni représentativité mais en vertu du fard kifaya la défaillance des uns engage la responsabilité des autres. Dans l’islam la communauté en aucun moment de son existence et des ses circonstances ne peut être dégagée de ses responsabilités car sa vitalité, sa considération, sa promotion, son déploiement, sa survie même dépendent de sa vigilance et de sa compétence à assumer ses responsabilités. Par cette contribution nous participons au débat et nous invitons chaque musulman et chaque être libre et conscient d’y souscrire pour la dignité de l’homme, pour la promotion de la vérité, pour donner sens à la parole…

Notre défaillance, nos problèmes hérités de la décadence de la civilisation musulmane et de la colonisation ne peuvent nous faire oublier que la raison éclairée ne peut construire un argumentaire fallacieux sous prétexte qu’une agence de voyage ou un guide mal intentionné a arnaqué de vieux pèlerins. Il est honteux sur le plan intellectuel de confondre intentionnellement le contrat entre le pèlerin et le voyagiste ou le guide et le contrat avec Dieu. Il est honteux pour un intellectuel de profiter de ces défaillances pour étaler notre misère que nul n’ignore et oublier l’essentiel : la défaillance de l’état français qui laisse les musulmans français ou résidents sur son sol vivre comme des citoyens bannis des lieux de la loi et livré aux trafiquants de tout genre dans le marché du hallal et dans l’accomplissement des rites du Hadj et de la Omra.

Il est encore plus inadmissible de voir un jeune soucieux de l’accomplissement du pèlerinage se voir attaquer en justice par un voyagiste véreux et se voir réclamer 100 000 euros de dommages et intérêts pour diffamation ou atteinte à l’image de marque. Où la communauté des justes, de la communauté centrale, de la communité du droit, de la communauté du Jihad pour se mobiliser autour des compétences musulmanes qui les défendent au péril de leur vie, de leurs intérêts. Il est navrant de voir cette même communauté réagir avec fougue devant un mouvement musulman infantile ou de montrer de la servitude de colonisé quand  celui qui se met en avant n’est pas arabe ou n’est pas musulman. Jamais Allah ne vous donnera de la dignité tant que vous ne savez pas choisir vos élites, les promouvoir et les défendre comme harba (avant garde).

Ce sont les conditions sociologiques et l’amalgame entretenu qui font que l’esprit rationnel du mécréant perfide et la foi raisonnée du croyant  sincère se trouvenr face à la même énigme devant l’organisation et le déroulement du pèlerinage chaque année mais avec des mobiles opposés : «  sacrifices de quelques jours éphémères en échange du Paradis  eternel ?»

On veut nous faire croire que notre religion est aussi une utopie spirituelle dont la réalité n’est que magouilles et intérêts sordides. Dans la lutte idéologique contre l’islam rien n’est gratuit. Il s’agit sans doute de faire  perdre aux piliers de l’islam leur crédibilité en s’appuyant un peu sur la  dérive de certains de nos coreligionnaires et beaucoup plus sur la  dérive sémantique et le matraquage idéologique des écrivaillons sur l’islam. Les démagogues de l’islam ont tout fait pour présenter Mohamed comme un miracle impossible à réaliser. Un passé fabuleux, certes, mais un passé dépassé qu’il faut surmonter en s’ancrant dans la modernité et l’Occident. Les musulmans francisés pris dans les limites de la connaissance de leur propre langue et de la langue française qui n’est pas leur langue maternelle tombent dans le piège de la raison et de la traduction qui devient arme idéologique de subversion contre la foi. Ils ne peuvent comprendre le pacte, la transaction, l’Alliance et surtout être sensible du privilège d’avoir été créé, honoré et ennobli par Allah le Créateur qui leur parle et leur accorde des Promesses alors que rien ne l’oblige puisqu’il est le Riche, le Nécessaire et nous sommes les indigents, les nécessiteux :

{Hâtez-vous de mériter l’absolution de votre Seigneur et un Paradis aussi vaste que les Cieux et la Terre, destiné à ceux qui prennent garde à  Dieu} Al-i’Imran – 133.

{Voilà ceux qui, en récompense de leur endurance, occuperont les lieux les plus élevés du Paradis, et y seront accueillis par des vœux de salut et de paix.} Al-Furqan – .75.

Ce devenir promu est occulté par l’amalgame des détracteurs de l’islam mais aussi par les partisans de la lettre qui ont tout fait pour donner au culte et au Fiqh (jurisprudence islamique) plus d’importance que la lutte du musulman pour le savoir, la liberté, la dignité humaine et la foi sincère. En mettant l’accent sur la morale et la loi ils ont oublié l’essentiel de l’islam : la conscience des  responsabilités qui découlent de la foi et l’amour de Dieu qui donnent à la morale une justification, une conduite, un pathos. Dans la décadence des uns et l’expansionnisme raciste des autres  le colonisable rencontre le colonisateur dans la même supercherie et les mêmes dérives qui dénaturent le sens et briment les vocations. Le terme Fiqh – qui signifie compréhension du verbe faqiha comprendre et tafaqaha faire effort de comprendre – est galvaudé dans les traductions qui en font jurisprudence islamique et dans la routine mimétique  du musulman qui en fait une doctrine ou des écoles doctrinaire focalisés sur le rite. Et pourtant le Coran qui est le référent vise autre chose de plus complexe et de plus vital pour la communauté : comprendre pour être guidé vers ce qui est sensé,  pour témoigner de la vérité et s’acquitter de sa mission de libérateur, d’édificateur, de civilisateur monothéiste:

C’est l’invocation de Moise qui résume la trame de la vocation du Musulman répondant aux Injonctions divine :

{Rends-toi chez Pharaon, il a outrepassé les limites. Il dit : « Mon Seigneur, Épanouis mon cœur, facilite ma mission, et délie une défectuosité de ma langue, afin qu’ils comprennent ce que je dis, et Donne-moi un assistant de ma famille, Aaron mon frère, pour me donner courage, et Fais-le participer à ma Mission, afin que nous T’exaltions beaucoup, et que nous T’invoquions beaucoup, Tu As toujours Été Omnivoyant à notre égard. »}Taha 24

C’est le sens du hadith :

« Le meilleur d’entre vous dans la Jahiliya (le paganisme ante islamique) est le meilleur d’entre vous dans l’Islam s’il fait l’effort de comprendre sa religion »

L’évidence simple et concise. C’est la même évidence pour la Chari’a qu’on a déformée en ahkam (lois islamiques, code pénal) alors que les lois ne représentent qu’une infime partie du Coran qui est lui-même dans son intégralité Shari’a dans sa signification arabe de « Minhaj » la Méthode, la Voie ou la Direction à suivre dans son intégralité :

{Ensuite, Nous t’Avons Mis sur une voie claire en ce qui concerne la constitution de la Religion. Suis-la donc et ne suis pas les passions de ceux qui ne savent pas.} Al Jatiya  18

Après les premières fascinations devant le  Hadj et devant l’ampleur du phénomène des jeunes qui effectuent le pèlerinage pour compléter leur religion et non comme des vieux retraités qui vont laver leurs os,   l’Occident a compris ce que nous n’avons toujours pas compris : la force de fédération internationale des musulmans lors de ce congrès annuel des musulmans qui se regroupent transcendant sans les nier ou les indifférencier toutes les différences ethniques, géographiques, linguistiques, sociales, sexuelles, générationnelles pour proclamer la grandeur d’Allah, pour témoigner de l’Unicité de la Oumma islamique, pour accomplir un pilier de l’islam qui est le dernier pilier de l’islam qui couronne l’appartenance à l’islam et non une corvée ou un accessoire de l’islam. L’Occident avait compris ce phénomène lors de la colonisation et il avait mis ses espions, ses orientalistes, ses experts de la guerre psychologique pour encadrer, profaner et détourner les saintes pérégrinations des indigènes qui pourraient devenir porteur d’un projet fédérateur de résistance comme l’ont été ceux qui les ont précédé dans les mouvements insurrectionnels et qui tous portaient le titre de Hadj comme symbole de purification de toute souillure y compris celle de la colonisation. La situation, aujourd’hui,  est plus névralgique car il ne s’agit pas de vieux os mais de jeunes cerveaux qui vont accomplir le pèlerinage comme pilier porteur de l’islam.

Il faut lire la seule Sourate qui porte le nom d’un pilier porteur de l’islam en l’occurrence Al Hadj pour comprendre la portée de ce pilier dans le Jihad an nafs et le Jihad contre l’ennemi : Satan dans ses version de Djinn et d’Ins. Nous les musulmans de notre temps nous ne voyons que la parie visible en l’occurrence le rite. L’esprit occidental cartésien, rationnel et efficace voit la portée du pèlerinage, son influence, sa dynamique sociale et politique. Il a ses officines qui lui traduisent les commentaires de la Sourate al Hadj où il est question de monothéisme et de Jihad, de résurrection et du devoir de témoignage :

{Évitez donc l’infamie des idoles, et évitez le faux parler, en purs monothéistes à l’égard d’Allah et non comme polythéistes. Et quiconque associe à Allah, c’est comme s’il s’affalait du ciel et que les oiseaux le ravissent, ou comme si le vent le faisait choir en un gouffre profond.} Al Hadj 31

{Et Nous n’Avons point Envoyé avant toi de Messager ni de Prophète sans que Satan n’insinue aux gens  d’autres paroles, que lui inspire ses souhaits, pour jeter le doute dans les pensées. Alors Allah Abroge ce qu’insuffle Satan, puis Allah Confirme Ses Versets. Allah Est Omniscient, Sage. Afin qu’Il Fasse de ce qu’insuffle Satan une épreuve pour ceux qui ont une malveillance dans leurs cœurs, et ceux qui ont les cœurs endurcis. Certes, les injustes sont dans un schisme profond. Et afin que ceux qui reçurent la science sachent que cela est la Vérité de ton Seigneur, alors ils y croiront et leurs cœurs en seront déférents. Et Allah Guidera sûrement ceux qui sont devenus  croyants vers un chemin de rectitude.} Al Hadj 52

{Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués de se défendre – parce que vraiment ils sont lésés; et Allah est certes Capable de les secourir} al hadj 39

Décryptant nos signes, nos symboles, nos textes et nos références ils anticipent pour nous livrer à toutes les sauces de leur propre signification pour créer écran entre nous et le principe de sens. La colère qui nous anime ici n’est pas contre le procédé qui est légitime pour eux puisque nous sommes perçus comme un danger potentiel, des infidèles, des insoumis mais contre le liant de la sauce qui la rend attrayante et digeste : notre propre chair (jaldatina). Elle est non seulement  liant mais aussi  ingrédient et servitude aux ordres de son maitre par inconscience, par incompétence ou par concupiscence. Notre Wahn ils le connaissent, ils l’entretiennent et le cultivent en cultivant nos déchirements, notre cupidité, notre hypocrisie, nos désirs mondains, nos divergences doctrinales, nos prétentions arrogantes à la surenchère y compris celle de refuser de nous nomme comme Allah a voulu que nous soyons nommés : Musulmans :

{Et efforcez-vous pour Allah comme il se doit de faire l’effort  pour Lui. Il vous A Élus et ne vous Imposa nulle gêne en religion, la confession de votre père Abraham. C’est Lui [Allah] qui vous A déjà Nommés musulmans, auparavant, et dans ceci [le Coran] : afin que le Messager soit témoin sur vous et que vous soyez témoins sur les Hommes. Accomplissez donc la prière, acquittez-vous de la Zakat, attachez-vous à Allah, Il Est votre Protecteur, le meilleur Protecteur et le meilleur Défenseur.} Al Hadj 78

Le dernier verset de la sourate « le Pèlerinage » montre la Finalité du Hadj, la fratrie de foi, ce que nous transgressons chaque jour par nos postures partisanes, nos schismes doctrinaux, nos infantilismes, nos Fatwas  fondées sur des opinions, notre irresponsabilité qui nous rend agent de Fitna, de discorde, de diversion et de subversion contre nos intérêts moraux, religieux et communautaires pour finir comme des débris, des fragments d’insignifiances emportés par les rigoles du temps et piétinés par le colonialisme et le néo colonialisme.

Nos apprentis intellectuels doivent se réveiller et comprendre que lorsqu’Allah nous gratifie d’un énoncé sublime comme celui-ci :

{Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis.)

L’énonciation qui parle d’achat, de vente et d’échange est de l’ordre de l’allégorique pour rendre l’énoncé accessible et attirant a l’âme et a la conscience. Allah nous a créé avec en nous le désir faisant de nous des êtres désirant attirés par ce qui est désirable. Quel est le plus grand désir que de vivre dans le bonheur sans finitude, sans imperfection. Nous portons la mémoire collective, l’inconscient collectif de l’humanité légué par nos parents Adam et Eve qui ont édifié le premier temple, la première mosquée, le premier sanctuaire destiné à l’adoration exclusive d’Allah et à l’orientation unique de tous les monothéistes en quête de ressourcement spirituel, en quête de donner prise à ce désir inassouvi sur cette terre condamnée  à l’anéantissement des désirs, des existences. Même si la suite des versets donne l’impression qu’il y ait une transaction d’égal a égal il ne peut y avoir entre Dieu et l’homme dans leur essence, leurs attributs, leur offre et leur demande ni égalité ni inégalité ni différences mais incomparabilité totale. L’allégorie est la pour rendre l’incomparable (donc l’inaccessible, l’invisible,  et l’indicible) facilement imaginable et compréhensible mais aussi pour rendre le désir ultime de l’homme une Promesse divine qui va s’accomplir :

{Certes, Allah A Racheté des croyants leur vie et leurs biens, par le Paradis qui sera à eux. Ils combattent pour la Cause d’Allah, ils tuent et ils sont tués. Promesse qu’Il A Faite, en vérité, dans la Torah, l’Évangile et le Coran. Qui donc tient promesse mieux qu’Allah ? Voyez alors un augure favorable dans votre échange, par lequel vous avez fait acte d’allégeance. Cela est sûrement l’immense triomphe. Ceux qui se repentent, adorent, louangent, méditent, s’inclinent, se prosternent, commandent le convenable, interdisent le répréhensible et observent les Ordres d’Allah : annonce la bonne nouvelle aux croyants.} At Tawbah 111

Il y a incomparabilité entre les cocontractants en leurs qualités respectives d’Etre divin et d’être humain. Même si nous prenons au sens littéral l’échange celui-ci demeure inégale et cette l’inégalité est tellement grande qu’elle devient incomparable, non mesurable. Quelle est la valeur de la vraie vie éternelle dans le bonheur ? Inestimable ! Quelle est la valeur de notre dévotion, de nos sacrifices, de nos souffrances éphémères face à l’étendue d’un Paradis eternel aussi vaste que les cieux et la terre avec des délices incomparables en beauté, en goût, en innovation  à ceux connus sur terre ? Quelle est la signification de la transaction quand Celui qui propose la transaction incomparable est le créateur de l’homme partenaire de la transaction, de ses œuvres objet de la transaction et du Paradis  récompense de la transaction ? La miséricorde divine ! Quel est notre part dans cette transaction ? Un infiniment petit de patience dans le malheur et de gratitude dans le bonheur sur cette terre qui ne vaut pas l’aile d’un moustique ou d’un moucheron comparativement à la valeur de la vraie vie. Mathématiquement parlant notre part est équivalent au rapport d’une valeur par rapport à l’infini c’est-à-dire zéro ce qui ne signifie pas rien ou le vide absolu mais l’absence  de valeur.

Dans la question de l’échange égal ou inégal avec Dieu nous ne devons jamais perdre de vue l’humilité et la Taqwah que nous devons avoir dès qu’il s’agit de Dieu. II est incomparable et son incomparabilité même dans les Attributs divins qu’il a fait connaitre dépasse notre entendement car nous proclamons Allah Akbar : Dieu est le plus grand dans toutes nos conceptions, nos imaginations et nos rapports à Sa Beauté, a Sa Perfection, a Sa Puissance, a Sa Science, a Sa miséricorde. Allah est plus grand que tout ce que nous pouvons imaginer, il est au dessus de toute comparaison, il est comme le dit l’imam Ali créateur du lieu et du temps sans être soumis lui-même aux notions de temps et de lieux sur lesquels nous construisons notre jugement et notre système de comparaison et d’évaluation. Dire Allah Akbar sans éprouver de l’humilité, de l’indigence, de la miséricorde c’est se montrer arrogant, inculte, bruyant, vide de sens et vide de spiritualité. Il est dommageable pour l’esprit, le cœur et la conscience du croyant de voir des insensés non seulement profaner le Nom d’Allah mais participer par leur insenséisme à la lutte idéologique et médiatique mené par Satan contre l’Islam et les Musulmans pour les diaboliser à son image et en faire des objets de répulsion, de dérision, de manipulation. Et pourtant notre Prophète (saws) nous a recommandé l’humilité, la miséricorde, la sagesse, la constance, l’intelligence et l’efficacité toutes ces qualités que les pérégrinations du Pélérinage inculquent au Croyant quand il est à la Mecque contemplant la Kaaba, les montagnes encerclant la Mecque et cette masse humaine tournant en communion avec l’univers et attestant qu’elle n’est ni le cntre de l’univers ni le nombril du monde mais un grain atomique qui a besoin de la Miséricorde divine et de la sagesse prophétique :

« Annoncez la bonne nouvelle et ne faites pas fuir les gens »

C’est la Miséricorde d’Allah qui nous fait entrer au Paradis, ce ne sont pas nos œuvres. Nos œuvres ne sont rien en égard aux bienfaits de la vision des formes et des couleurs de ce monde bien avant celles du Paradis, de l’amour, de l’intelligence libérée de toute forme de bridage, des sens nouveaux pour apprécier l’odeur, la vision, le  gout des saveurs et de ce qui est impossible a recenser car il relève encore du Ghayb auquel nous croyons. Voici comment Allah décrit la qualité des Musulmans qui ont ouvert la Mecque sans livrer bataille ni faire couler une goutte de sang :

{Tu les vois inclinés, prosternés, aspirant à une Munificence de la part d’Allah et un agrément.} Al Fatah 29

Ce sont ces qualités qui permettent cet échange incomparable. Le Paradis lui même n’est rien devant  la rencontre de Dieu et la vie en  sa proximité et le contempler sans voile pour bénéficier à chaque contemplation d’un amour plus grand et d’une beauté plus grande sans que les précédents ne soient imparfaits ni les à venir la limite :

{Dis : « Vous annoncerai-je quelque chose de mieux que tout cela ? ». Pour ceux qui ont craint se trouvent, auprès de leur Seigneur, des Paradis sous lesquels coulent les fleuves : ils s’y éterniseront, auront des conjointes purifiées et l’agrément d’Allah.} Al ‘Imrane 15

Parler d’échange égal ou  inégal c’est faire preuve de manquement d’égard a Celui qui nous a créés et ne pas comprendre la vocation et la mission pour laquelle nous avons été existenciés.

{Ils n’ont pas considéré Allah à Sa véritable considération) Az-Zumar 67

Quand la langue s’inspire des fondements mythologiques grecs ou romains qui la sous tendent elle ne peut traduire l’exactitude de la foi comme elle ne peut empêcher à la raison de dériver et au sens de se corrompre. La langue véhicule un imaginaire c’est-à-dire une compétence symbolique à évoquer le passé, à explorer le présent et à anticiper sur l’avenir puis à tisser des liens vers ce qui est plus signifiant, plus sensé. Lorsque cet imaginaire est peuplé de mythes il ne peut logiquement se prévaloir d’une suprématie de rationalité sur la langue d’autrui et son système de pensée. Quand l’imaginaire sur lequel s’appuie l’expression de la foi et de la raison s’investit dans le devenir de l’homme depuis Adam jusqu’à Mohamed (saws) en passant par les chemins empruntés par tous les Prophètes et Messager alors il devient Lumière qui éclaire la compétence de nommer de tous les hommes de foi par laquelle passent et la parole et le savoir :

{Et Il apprit à Adam tous les noms} al Baqara 31

Cette réflexion ayant pris son essor dans la défense d’un pilier de l’Islam, Al Hajj, il est important de souligner que le pèlerinage est valide s’il a rempli les conditions cultuelles et celles de son intention. Seul son acceptation par Dieu  en fait un rite agrée et méritoire. Dieu dans Sa Bonté nous a montré les signes de l’acceptation du Hajj : se cultiver c’est-à-dire agir après l’accomplissement du pèlerinage comme un croyant qui a renouvelé son alliance avec Dieu et qui fait effort de cultiver sa foi, son savoir, sa probité, sa sincérité, son devoir, ses relations humaines, son travail avec la même ferveur que celle qu’il avait manifesté lors de son séjour aux Lieux saints. Une fois de plus ce n’est pas notre interprétation qui fait foi mais le Coran :

{Dépensez pour la cause d’Allah et ne vous jetez pas, de vos propres mains, dans la perdition. Et faites le meilleur, car Allah Aime ceux qui font le meilleur. Accomplissez le Pèlerinage et la Visite Pieuse pour Allah.} Al Baqara 195

{Le Pèlerinage : ce sont des mois connus. Quiconque s’y impose le Pèlerinage, alors pas de jouissance, de perversité ou de controverse durant le Pèlerinage. Ce que vous faites de bien, Allah le Sait. Et approvisionnez-vous. Oui, sans doute, le meilleur approvisionnement, c’est la piété. Et prenez garde à Allah, ô doués d’entendement.} Al Baqara 197

Notre démarche avait un but didactique :  prendre pour prétexte quelques  lacunes et non sens trouvés dans des travaux universitaires pour attirer l’attention sur la vigilance que l’esprit musulman doit avoir pour traiter des problèmes relevant de sa religion et de sa communauté musulmane pour que la lutte idéologique ne le coopte pas et en fasse un clerc au service de la manipulation ou le coupe de sa base populaire qui attend l’émergence d’élites nobles et généreuses portant  en charge les soucis, les désirs et les ambitions d’une communauté qui n’arrive pas à constituer sa conscience de communauté du fait des séquelles de l’émigration, de la colonisation et de l’exclusion. La discrimination positive ne consiste pas à reconnaitre la communauté mais à l’écrémer, en garder ce qui est bon pour le capitalisme et le néo colonialisme puis rejeter le reste dans le ghetto urbain, culturel et social au nom de Liberté, Égalité, Fraternité.

Nous avons le choix, dans l’acquisition et le maniement de la langue et du verbe. En faire une servitude, une manipulation ou un constat qui frise le ridicule et l’inconséquence comme par exemple ce   communiqué de la Fédération Nationale des Musulmans de France : « Cette nuit, les locaux de Charlie Hebdo ont fait l’objet d’un incendie criminel et son site internet a été « piraté ». Comme de nombreux citoyens français, nous avons été choqués par ce drame et je souhaite, au nom de la Fédération Nationale des Musulmans de France, condamner ces actes sans la moindre réserve possible. » Ou bien en faire une suite de revendications, comme font les Gouvernants Arabes et  Musulmans auprès de l’ONU, pour demander à la République de devenir chose (Res) publique (publica) et de traiter les voyagistes et agences de voyages qui gèrent ou administrent le culte musulman de les contraindre à fonctionner avec la même transparence, déontologie et performances en termes de métier que les voyagistes français. Ou bien nous passons à une étape supérieur, celle de la dignité, exercer nos devoirs de Musulmans. C’est la voie la plus difficile mais la plus sincère pour ceux qui veulent un Paradis aussi vaste que les cieux et la terre.

Pour exercer nos devoir, à tous les niveaux des hiérarchies, des registres spirituels et temporels, des domaines d’activité nous devons briser la culture de l’inertie et du Wahn et répondre à la loi de Dieu : en décolonisant notre pensée, notre décision ainsi que celle  de la langue et des mots. Malek Bennabi a montré le changement de paradigme par le changement des mots et son exemple a toute sa signification ici : « Les mots marquent des positions idéologiques déterminées… Si on les modifie, le changement d’un terme ne marquera pas seulement l’abandon d’une position idéologique qu’il désignait, mais il marquera aussi un changement dans le comportement révolutionnaire lui-même. Quand le combattant cesse de se nommer « El Moudjahid » c’est le comportement du « troufion » qui réapparait, comme dans un régime de tirailleurs »… Certaines licences de langage – qui se veulent audaces révolutionnaires – ne sont en fait que des trahisons de la révolution dans son objet essentiel : la transformation de l’homme selon la loi coranique. »

إِنَّ اللَّهَ لَا يُغَيِّرُ مَا بِقَوْمٍ حَتَّىٰ يُغَيِّرُوا مَا بِأَنْفُسِهِمْ وَإِذَا أَرَادَ اللَّهُ بِقَوْمٍ سُوءًا فَلَا مَرَدَّ لَهُ وَمَا لَهُمْ مِنْ دُونِهِ مِنْ وَالٍ

{Allah ne Modifie rien en un peuple jusqu’à ce qu’ils changent ce qui est en eux-mêmes. Et si Allah Veut quelque mal à un peuple, rien ne peut le repousser et ils n’ont, à l’exclusion de Lui, aucun protecteur.} Ar Ra’âd 11

Le Changement est à la fois ontologique pour récupérer et exercer sa responsabilité individuelle (Mas’ouliya) et sociale pour exercer sa responsabilité collective qui est d’exercer la vocation de l’Islam (Taklif).